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Alternatiba Dakar : faire face au changement climatique

Lancé en fin octobre 2015, le collectif Alternatiba Dakar – qui a initié des rencontres mensuelles populaires et festives appelées Ndadje’Tiba – prépare activement un festival des alternatives qui aura lieu au mois d’octobre 2016. Etant convaincu de l’existence de solutions pour faire face aux changements climatiques, Alternatiba propose de mettre en lumière et de valoriser les nombreuses alternatives qui existent. Alternatiba veut favoriser l’accès à toutes ces initiatives en permettant leur appropriation par un large public. 

Entretien avec Mariama Diallo, membre du collectif qui fonctionne avec un mode de gestion horizontale sans hiérarchie.

1-  Sentez-vous une implication plus forte des populations depuis le lancement du collectif à Dakar ?

Il faut savoir que le collectif est encore très jeune, il a été lancé fin octobre 2015 mais il a commencé à être pleinement actif qu’en mars 2016. Oui certains sont très impliqués, notamment les militants, mais aussi tous ceux qui sentent que les changements climatiques menacent leur quotidien.

Il n’est pas très simple de mobiliser sur des questions d’écologie au Sénégal. On n’a pas la culture du bénévolat, mais le vrai frein est surtout dû au fait qu’il y a toute une tradition bâtie sur la séparation entre les problématiques socio-économiques et les problématiques environnementales. c’est un vrai problème, car, en réalité, ces problématiques vont ensemble, elles sont imbriquées les unes aux autres.

De ce fait, nous essayons de plus en plus de partir des problèmes socio-économiques des populations, en leur montrant à quel point les changements climatiques les menacent et posent avant tout des enjeux de justice sociale. Avec cette façon d’aborder le problème, nous constatons que les populations s’intéressent de plus en plus à ce que l’on fait. Nous travaillons aussi à l’inclusion des nouveaux arrivants, des non militants, des catégories sociales défavorisées (qui sont les plus touchées et les plus vulnérables).

2-  Est-il vraiment nécessaire de s’engager dans une dynamique de justice climatique dans un pays du sud qui n’a ni richesse et encore moins pouvoir?

Justement, c’est parce que l’on est dans un pays du sud que l’on doit se battre pour la justice climatique et cela pour deux raisons :

Premièrement, il ne faut pas oublier que les changements climatiques posent avant tout la question de la responsabilité historique et de la dette écologique de l’occident. Nous subissons un dérèglement auquel nous avons très peu contribué.

Deuxièmement, s’engager dans une dynamique de justice climatique n’est pas seulement une question de militantisme, c’est un enjeux de survie. Si l’on veut continuer à vivre, il faut bien que l’on s’adapte. Ce sont les pays qui sont au bas de l’échelle – les plus pauvres, comme nous – qui sont les plus impactés. A mon sens, nous ne pouvons plus rester dans l’inaction ou dans une attitude de victimisation. Il nous faut agir, car s’engager dans une dynamique de justice climatique, c’est tout bonnement un instinct de survie.

3-  « Alternatiba Dakar » n’est elle pas simplement une association de plus ?

Précisément Alternatiba n’est pas une association qui vient grossir davantage le milieu associatif sénégalais. Il existe déjà une myriade d’associations qui font de belles choses et d’autres qui en font moins. Dans ce paysage, Alternatiba se positionne comme une convergence de citoyens et d’organisations partageant des valeurs communes d’échange et de partage fondées sur la justice sociale et la solidarité. Nous travaillons ou militons tous  pour la même chose, c’est-à-dire une meilleure société, qui soit plus durable, avec moins d’inégalités et de précarité. Et cette convergence est une belle façon de créer des synergies, des complémentarités, de se renforcer mutuellement et d’éviter le cloisonnement ou le chevauchement de certaines actions.

Cela permet également de fédérer des gens qui sont dans des secteurs très divers, de relier et de connecter les alternatives entre elles et de les penser comme un système. 

4-  Concrètement, que propose Alternatiba pour faire face aux changements climatiques ?

Des solutions concrètes pour lutter activement contre le changement climatique existent déjà, elles sont là, elles fusent et fleurissent de partout et sont mises en œuvre par des citoyens, des collectifs, des collectivités locales. Quelques exemples : l’agriculture saine et durable, la consommation locale et responsable, la relocalisation de l’économie, la pêche durable,  la valorisation de la récupération et du recyclage des déchets, les énergies renouvelables ou encore l’ éco-habitat et j’en passe !

Mais ces solutions sont souvent très cloisonnées, peu diffusées, ignorées ou très peu connues de tous. Alors ce que propose Alternatiba, c’est justement de mettre en lumière et de valoriser ces nombreuses alternatives afin de permettre l’accès à celles-ci, en favorisant leur appropriation par  le public. Déjà, ça permet de rompre avec le sentiment d’inertie et les discours fatalistes concernant le changement climatique. Notre démarche c’est aussi de mettre en lien les alternatives, de les renforcer et de les diffuser pour qu’elles soient à la portée de tous.

L’appropriation des solutions est essentielle car elle permet de populariser la question du changement climatique tout en montrant clairement que chacun à son niveau peut relever le défi climatique. On est tous en capacité de faire face et de gagner la bataille climatique.

5–  Et dans ce cas, c’est aux populations de vous suivre ?

Non, on ne leur demande pas de nous suivre, c’est tout le contraire de notre démarche. Nous ne faisons pas pour ces populations, mais avec elles. On a une démarche qui part du bas et qui est inclusive. D’ailleurs on a un mode de gestion horizontale sans hiérarchisation. On travaille sur la base de l’intelligence collective où tous les impliqués ont le même statut.

Nous ne sommes pas dans des types de démarches « top-down », mais plutôt dans de la valorisation communautaire, ces populations le savent. Elles savent qu’elles doivent faire face aux conséquences des changements climatiques et qu’elles doivent surmonter les énormes pertes que cela engendre. Mais en même temps, elles en ont un peu marre des discours qui ne changent rien, que l’on pense pour elles, que l’on décide à leur place et que l’on conçoive des choses sans véritablement les associer. Elles ont envie d’être acteurs de leur changement et c’est toute la démarche d’Alternatiba qui place les communautés locales au cœur du processus de mobilisation pour la justice climatique.

Il faut absolument populariser la question du changement climatique, surtout ne pas en faire une affaire d’experts ou de scientifiques et donner l’opportunité à tout un chacun de se prononcer sur ces sujets et d’agir pour faire bouger les choses.

6-  Vous avez prévu d’organiser un festival des alternatives au Sénégal en octobre 2016. Quelle est votre stratégie de mobilisation ? 

On sait que le plus grand défi c’est la mobilisation du grand public, à la fois ceux qui sont convaincus mais qui restent dans des logiques cloisonnées, et les autres à qui le changement climatique ne parle pas forcement. Partir des problèmes, des besoins réels des populations est une bonne entrée pour mobiliser, ça permet de susciter leur intérêt.

Lancement « NDAJE’TIBA » 

En amont de l’événement nous avons lancé un concept nommé « NDAJE’TIBA » , ce sont des rencontres mensuelles qui auront lieu dans divers endroits de Dakar (les jardins publics, les centres socioculturels ou encore les espaces jeunes), pour susciter une appropriation citoyenne et collective de la problématique des changements climatiques et préparer en amont le festival. Cela se passera dans un cadre convivial et festif pour attirer le grand public et ne pas limiter le processus de mobilisation pour la lutte contre le changement climatique Alternatiba aux seuls militants convaincus et aux organisations. Cela permet donc d’élargir et de diversifier le cercle des participants.

Au festival des alternatives, il y a aussi des concerts…

Nous misons beaucoup sur le côté festif et convivial de l’événement pour pouvoir mobiliser tout le monde, car le festival des alternatives c’est aussi des concerts et du théâtre, bref beaucoup de prestations culturelles et artistiques, donc un bon cadre pour conscientiser les participants et leur donner envie de s’engager dans la bataille climatique.

7-  Espérez-vous avoir un impact au lendemain du village des alternatives?

Oui bien sûr ! Nous espérons une meilleure connaissance et une prise de conscience par rapport aux enjeux du changement climatique et surtout une appropriation des solutions concrètes qui y seront présentées. Evidemment, nous sommes conscients que cela ne se fera pas en un claquement de doigts mais dans le temps, comme pour tout changement social. Les changements de comportements impliquent un processus de transformation sociale et d’apprentissage qui peut prendre du temps. Donc le village des alternatives sera un point départ, un moment d’apprentissage pour les participants, car au delà des solutions qui seront présentées, il y aura aussi tout un ensemble de démonstrations et d’ateliers pratiques participatifs.

Justement le fait d’être en action est une belle façon de faire comprendre aux participants qu’il est possible de faire quelque chose, de changer la donne. Et ça permet de rompre avec le sentiment d’inaction, de redonner confiance aux citoyens et de mettre en marche notre pouvoir d’agir citoyen.


Le Sénégal  interpelé sur la Fraude sur le Tonnage des Navires de Pêche Industriels

En 2006, la Cellule d’Études de Planification (CEP) du Ministère des Pêches et de l’Economie  Maritime du Sénégal avait commandité un Audit du pavillon de la flotte de pêche démersale côtière. Dans le rapport, il avait été soupçonné des fraudes sur le tonnage déclaré de certains navires de pêche. Cette même situation confirmée par l’Ong Greenpeace suite à une investigation en 2015, semble ne pas inquiétée les autorités Sénégalaises qui sont à fond dans le processus de renouvellement  des  licences de  pêches.

Conscients des  conséquences économiques, sociales, financières et écologiques que peuvent engendrer cette pratique illégale, des acteurs de la pêche et de la société civile exigent du gouvernement du Sénégal une réponse immédiate vu qu’il semble faire la sourde oreille face cette interpellation.

̎Selon le Chargé de Campagne Océans à Greenpeace Afrique Ahmed Diamé « L’absence de réponse, de la part du Ministère, à nos nombreuses interpellations sur la question nous fait craindre que le Ministre n’a pas pris la pleine mesure de la gravité de l’état de nos ressources marines. Vu la situation actuelle de surexploitation de ces dernières et l’absence d’une gestion régionale de nos ressources, nous exigeons que le Ministre intervienne et adopte une approche proactive dans la résolution de ce problème »  a-t-il déclaré sur un communiqué rendu public par l’ONG Greenpeace.

« Une pratique illégale dont les conséquences économiques, sociales, financières et écologiques sont énormes. Elle consiste à sous-déclarer la capacité d’un navire de pêche dans le but de contourner la loi afin de bénéficier de privilèges tels que de pêcher dans des zones interdites et de payer des redevances réduites pour la licence » est la définition de la fraude sur le tonnage d’un navire, fournie par la dite ONG qui a d’ailleurs lancé une pétition pour exiger une politique de pêche transparente et limiter la fraude au tonnage.

Signez la pétition pour exiger une politique de pêche transparente et limiter la fraude au tonnage


Bons Plans: Lancement d’un MOOC-GAP sur la gestion des aires protégées en Afrique

L’ UICN, Union internationale pour la conservation de la nature‪#‎Papaco‬lance la 2e session de son ‪#‎MOOC‬-GAP (cours en ligne) sur la gestion des aires protégées en ‪#‎Afrique‬. Ce cours vous aidera à comprendre les défis de la conservation en Afrique et comment les aires protégées peuvent aider à y faire face, du niveau local à l’échelle globale. Pour vous inscrire c’est ICI


Sénégal: Si vous voulez manger bio et local, partez à Nguindor

Face à l’agriculture industrielle, intensive et souvent nuisible à la santé, pratiquée par des hommes puissants mais conscients de son impact, il existe d’autres alternatives initiées par des communautés défavorisées et pourtant moins averties des statistiques de la dégradation de la planète. Parmi ces communautés qui participent à la préservation de la planète, retenez « Nguilor». Dans  ce  village  du Saloum composé de 21 ménages et situé dans la région de Kaolack, les populations ont opté pour une alimentation Bio.

Grace à l’appui de l’ONG APROFES (Association pour la promotion de la femme sénégalaise), les braves dames de ce village situé à  coté  de la Gambie, ont mis en place un périmètre d’agriculture destiné à la culture Bio. « Il y’a l’aspect santé. Le bio n’a pas de risque, c’est naturel. Les femmes deviennent autonomes, car il n y’a pas  de  charges. Tu as  tes  propres  semences et la fertilisation est naturelle. Le problème  de l’agriculture c’est le cout. Et nous  travaillons à  réduire  le  cout et à  alléger le  travail des femmes. Avec le puits solaire installé dans ce périmètre, elles sont  à l’aise dans l’arrosage» explique  Arame Sarr la Présidente de l’APROFES et par ailleurs altermondialiste.

Cette nouvelle dynamique qui favorise le consommer local dans cette  partie du Sénégal, a fini par changer le comportement des habitants de Nguilor. « Toute personne qui t’amène un projet d’assainissement, t’apporte la bonne santé. En plus de ce périmètre qui nous permet de consommer ce que nous produisons, le village est devenu agréable à vivre. On ne pouvait pas traverser sans voir des excréments ça et là. Actuellement, on a des latrines dans toutes les  maisons grâce à ce projet », s’en réjouit une femme qui grâce à l’alphabétisation, note tranquillement mon nom sur du papier. De la citronnelle aux légumes sans oublier les fruits, tout est bio sur ce périmètre de moins d’un hectare.

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Les techniques de cette agriculture qui lutte contre l’utilisation des engrais chimiques doivent être vulgarisées à l’heure des changements climatiques.

Manger bio c’est faire le choix d’une alimentation de qualité qui garantit des produits sans pesticides, engrais chimiques de synthèse ni OGM.

 


Alerte : Un vent fort et une houle dangereuse ce weekend

Selon le septième numéro du BMS (Bulletin Météorologique spécial) paru ce 26 février 2016, un vent fort et une houle dangereuse sont à prévoir sur les domaines maritimes : Grande Cote et Dakar .

« Un vent fort de secteur Nord pouvant atteindre ou dépasser les 40 km / h sur la Grande côte et Dakar et une houle dangereuse de secteur Nord pouvant atteindre et dépasser les 2.5 M sur la Grande Côte et Dakar », telles sont les prévisions annoncées par  la Direction de la Météorologie de l’Agence Nationale de l’Aviation Civile et de la Météorologie (ANACIM).

Ces prévisions sont valides jusqu’au dimanche 28 février 2016, à 03H UTC pour le Vent et 09H UTC pour la Houle.

Comme les tableaux de signalisation sont au Jaune alors « Soyez très vigilant; des phénomènes dangereux sont prévus ; tenez-vous au courant de l’évolution de la situation et suivez les conseils de sécurité émis par les pouvoirs publics.


Changements climatiques: Chaleur inhabituelle du mois de Janvier 2016

Si vous ignorez encore les impacts des changements climatiques, c’est surement que vous n’étiez pas sur la planète terre au mois de Janvier 2016.

Ce mois (Janvier 2016) reste le mois de janvier le plus chaud jamais enregistré sur le globe. Selon l’Agence américaine océanique et atmosphérique « Janvier 2016 a été le premier mois de l’année le plus chaud sur le globe enregistré depuis le début des relevés de température à la fin du XIXe siècle ».  L’année 2015 qui était annoncée,  par la même  agence, comme l’année la plus chaude après 2014, risque d’être battu au record.

Pour montrer son inquiétude face à cette chaleur inhabituelle  au mois de janvier, l’Agence Nationale de l’Aviation Civile et de la Météorologie du Sénégal, a même pondu un communiqué. «  Le réchauffement anormal des eaux de surface des océans depuis le printemps  passé (Avril 2015) a eu un impact très particulier sur le climat et le temps observés dans le monde ces derniers mois. Dans la zone sahélienne notamment au Sénégal, des températures record ont été relevées en cette période d’hiver boréal. Le mois de janvier 2016 sera inscrit dans les annales des trois années les plus chaudes depuis 1980 pour la plupart des régions du pays. La moyenne des températures maximales (en milieu de journée) de janvier 2016 dépasse de 1 à 3°C la normale climatologique (moyenne statistique) de ces 35 dernières années sur la majeure partie des régions (Podor 34.9°C, Saint-Louis 35.6°C, Dakar 28.9°C, Thiès 34.8°C, Diourbel 37.6°C, Kaolack 36.4°C, Cap-skirring 32.6°C, Ziguinchor 36.9°C, …). » lit-on sur le communiqué de cette Agence que les Sénégalais appellent « Wa Météo ».

Et au mois  de  février, la fraicheur fait  son come back Dakar quelques semaines après son « au revoir ». Du coup je ne comprends plus rien dans ce monde qui semble perdre sa tête avec les changements climatiques.


Changements climatiques: Dégats de l’avancée de la mer à Bargny

 

Coincé à l’Est par la sococim et rétréci à l’ouest par l’avancée de la mer, Bargny risque d’être rayé de la carte si la centrale à charbon voit le jour. C’est du moins mon sentiment depuis que j’ai refoulé la plage, jadis sablonneuse de Bargny Guedj, qui m’a vu grandir.

Alerté plus de mille fois, l’état du Sénégal semble toujours faire la sourde oreille, face à l’avancée de la grande étendue bleue.

 
Reportage Cassis — Montages: Laye Mou Baye

Des vagues de plus de 3 mètres, sèment souvent la panique dans cette contrée leboue victime d’érosion côtière. Des filets qui partent en lambeaux, des murs qui s’écroulent, des pirogues en mille morceaux, bref telles sont les pertes qui hantent le sommeil de cette population de pécheurs.

Une simple ballade de Gouy Dioulancar à Minam, suffit pour comprendre que l’état est resté insensible malgré les cris de détresse lancés ça et là. Combattants des dérèglements climatiques, Bargny ma ville a besoin de vous.


Bargny: L’impact des récifs artificiels sur la pêche

Située à 30 km de la capitale Sénégalaise (Dakar), la ville côtière de Bargny a une économie essentiellement rythmée par la pêche. Classée parmi les secteurs les plus dynamiques de l’économie, cette pêche est aujourd’hui menacée au Sénégal. Dès lors, la gestion durable et la restauration des ressources halieutiques sont devenues primordiales, à l’heure où la résilience semble être le seul moyen pour faire face aux dérèglements climatiques. Avec l’aide de quelques partenaires stratégiques, le Sénégal a entamé des programmes pour la restauration des ressources halieutiques.

Malgré le triste décor laissé par le dernier ras de marée du 31 Aout 2015, les habitants du quartier pêcheur de Bargny Guedj gardent toujours le sourire en cette matinée ensoleillée. Certains enfants venus se baigner, jouent le « petit pêcheur » sur les pirogues amarrées tout au long de la berge. Devant les restes de maisons et à coté des déchets éparpillés ça et là, un groupe de jeunes savourent la brise matinale autour du « barada » (théière). A quelques mètres de ces pêcheurs artisans, Ibrahima attend derrière sa canne à pêche sa première prise (poisson). D’après ce militaire pêcheur du dimanche, « on m’a dit que la plage était poissonneuse la semaine passée. Et là, j’en suis à ma première journée de pêche. L’année dernière je n’étais pas au Sénégal, j’étais parti en mission. Je ne savais pas qu’il y’a un récif par ici, mais quand même, c’est une bonne chose», confit ce militaire très jovial qui tournait de temps en temps le dos  à sa canne, pour jouer avec les jeunes filles d’à coté, à la marelle.

Retour de la ressource

Avec un parc piroguier composé de plus de 482 pirogues motorisées et 95 pirogues à rame, la localité de Bargny a eu la chance d’abriter un récif artificiel grâce au PRAO (projet régional des pèches en Afrique de l’ouest). Ce projet qui  consiste à réhabiliter les habitats marins, notamment le récif artificiel existant, est confié aux acteurs par le biais du CLP (Comité Local des Pêcheurs  de Bargny). « Il est important de rappeler qu’il y’avait un récif  piloté par les japonais de la JICA. Ce projet était là de 2001 à 2004, mais par manque de moyens de surveillance, il a été un échec », souligne t-il. Cet ensemble de structures immergées volontairement dont le but est de créer, protéger, accroitre la population des poissons, et de restaurer un écosystème en danger, le récif artificiel de Bargny « fait au large 6 kilomètres avec un diamètre de 30 mètres et 15 mètres de rayon, avec une couverture de 500 mètres sur lequel on interdisait tout type de pêche», précise Latyr Seck, animateur communautaire du CLP de Bargny trouvé dans les locaux de la structure, un bureau situé hors de la plage de Bargny et ses nombreuses pirogues. Selon toujours ce relais qui joue le rôle d’intermédiaire entre les communautés et le projet dans l’aire de cogestion de Bargny « nous avons réhabilité l’ancien récif avec le financement du projet PRAO en identifiant les sites et en sensibilisant les acteurs».

Financé à hauteur de quatre vingt millions de Francs CFA, ce programme de restauration des récifs artificiels de Bargny commence à produire des effets intéressants. « Depuis la création de ce récif qui fait environ 10 à 11 mois, on a noté une prolifération des ressources halieutiques dans la zone », confie Laty Seck qui décèle cependant quelques difficultés dues à l’incompréhension de certains acteurs. Certains pêcheurs de Bargny étaient contre l’immersion des pierres dans la mer, soulevant que ce projet est venu nuire leurs activités. « Tout projet a des problèmes. Dès fois on rencontre des difficultés dues à un manque de compréhension avec les acteurs. Mais lorsqu’on fait une assemblée générale et on met en place un comité directeur  avec un bureau exécutif qui représente le comité  local des pêcheurs de Bargny, il ne devrait pas normalement y avoir de problèmes », dit-il. Et pour lui « d’habitude, ceux qui créent les problèmes sont ceux qui font la pêche illégale. Le vrai problème n’est pas le récif, mais c’est un site qu’on appelle aire de cogestion qui est la zone délimitée. Dans le cadre de la gestion des ressources, le CLP est habilité à prendre des initiatives au niveau de cette zone pour réglementer la pêche ».

Problème de surveillance? 

« Le récif ne profite qu’aux initiateurs »

Avec la rareté des ressources, certains pêcheurs qui font près de 70 kilomètres pour pêcher estiment que « le récif ne profite qu’aux initiateurs. Ce n’est pas une nouveauté. Il y’avait un récif très  productif, mais au final c’est un projet qui n’a pas réussit à cause des gestionnaires. L’engouement c’est juste au début, car c’est en ce moment qu’il y’a des fonds disponibles. Mais ils ne feront rien pour la préservation. Ils ne  se fatigueront jamais pour la surveillance», regrette Modou Diagne, un pêcheur à filet tournant, trouvé avec sa canne à pêche à la plage de Bargny Guedj.

Abondant dans le même sens, Abdoulaye Seck ne voit même pas l’importance des récifs à Bargny «car ceux qui doivent assurer la surveillance, complotent avec d’autres pêcheurs qui y vont piller la ressource, pour ensuite passer au partage du butin. Cela, on l’a déjà vécu ici. En plus, ça ne nous arrange pas. On a plus de 90 filets tournants qui valent plus de 20 millions l’unité. Imaginez que nos filets soient déchirés par les pierres immergées, ce serait une catastrophe », assène ce pêcheur qui boit tranquillement son thé sous la brise de Bargny Guedj (sur mer) avec ses amis venus faire la pêche en ligne, en cette journée de repos.

Pourtant le bureau exécutif du Comité Local des pêcheurs semble déjà prendre les devants. S’agissant des moyens pour la surveillance, « le projet nous a donné une embarcation équipée, du carburant ainsi que les personnes pour faire ce travail. Nous ferons au moins 08 à 10 sorties par mois avec des partenaires. Et en même temps, il est interdit d’y accéder entre18 heures et 07 heures du matin », a précisé l’animateur communautaire du CLP de Bargny.

Mais  malgré les efforts déployés par le Comité Local de Pécheurs pour  la  conservation  de ces  récifs, Pape Doudou reste convaincu que « la surveillance fait défaut, car on voit des gens pêcher tranquillement dans les zones dites interdites. Il devait avoir une équipe de surveillance pour veiller  aux normes établies par la commission» persiste ce pêcheur reconverti en docker. Ce débardeur qui s’occupe du déchargement des navires de pêche, a trouvé refuge dans ce métier depuis que la ressource devenait de plus en plus rare. Trouvé à quelques mètres  de l’embarcation destinée à  la surveillance des récifs artificiels, ce jeune qui salue l’initiative, trouve inopportun notre visite sur site dans la mesure où il n’existe plus de balises pouvant servir de repères « Ne  vous  fatiguez  même pas. Vous ne verrez rien, à moins que vous partiez avec un caméraman plongeur. Tous les  bouées qui matérialisaient l’infrastructure ont  disparu », rajoute- t- il.

Pour la pérennisation de ce  projet, le CLP de Bargny est doté d’une quincaillerie maritime financée à hauteur de 57 millions.  D’ailleurs, c’est cette AGR (activité génératrice de revenus), qui va permettre aux acteurs de gérer les dépenses liées à la surveillance.  Après avoir procédé au nettoyage des fonds marins avant d’y immerger plus de 12 camions de pierres avec  tout le matériau nécessaire, le Comité local des Pêcheurs de Bargny, est à l’attente d’un arrêté préfectoral. Cette décision qui doit émaner du préfet du département de Rufisque va définir la réglementation applicable dans la surveillance des récifs artificiels qui ont pour objectif : la gestion durable et la restauration des ressources halieutiques à l’heure de la recherche de solutions face aux changements climatiques.

Ibra Seck Cassis

 


Audio-Doc:Les Sénégalais disent non au charbon

La MARCHE MONDIALE POUR LE CLIMAT qui regroupe des citoyens et des communautés affectées par le dérèglement climatique, était prévue dans tous les pays, le 29 novembre 2015, quelques heures avant l’arrivée des chefs d’État à Paris pour le sommet.
Au Sénégal cette date coïncide avec le Grand Magal de Touba qui mobilise des millions de personnes.
Pour cette raison les communautés affectées ou vulnérables aux dérèglements climatiques et aux pollutions, se sont données rendez vous à Bargny pour profiter du rayonnement politique et médiatique de la COP21, pour s’organiser et se mobiliser largement afin d’adopter « la déclaration de Bargny » destinée au Chef de l’État

Audio-Doc:Les Sénégalais disent non au Charbon by Ibra Seck Cassis on Mixcloud


COP21 : Des enseignants outillés sur l’impact des centrales à charbon

Un atelier de partage et de plaidoyer sur les centrales à charbon a été organisé par Waterkeeper Sénégal ce 12 décembre 2015.Cette rencontre qui a regroupé les enseignants des localités de Bargny, Kayar, et Mboro et quelques personnes ressources, a été pour ces activistes, une occasion pour mieux comprendre les impacts du charbon.

Apres  la marche  pour  le climat  tenue  le 21  novembre  à Bargny ,  les  communautés  affectées par le dérèglement  climatique se sont une fois de plus  retrouvées à Thies pour un atelier d’échange et de partage sur les différentes causes du réchauffement climatique, particulièrement les gaz à effet de serre provoqués par le charbon minéral.

 



Keur Baye Boss : une garderie qui sombre dans la décrépitude

Garderie : Keur Baye Boss
Garderie : Keur Baye Boss

De loin, des fresques murales qui commencent à perdre leur éclat indiquent qu’on est en face d’une garderie d’enfants. Dans la cour aux murs vétustes tout est calme. Ce n’est pas encore l’heure de la récréation dans cette école nichée à Gorée près des champs de « Ndogol », un quartier traditionnel de Bargny guedj. Des enfants très souriants nous accueillent avec un « bonjour Monsieur » dans une salle très triste.

Dans leur nouvelle blouse, les enfants reprennent fidèlement les phrases prononcées par la maîtresse Fatou Gueye qui y travaille comme volontaire de même que moi. « Nous sommes des relais communautaires évoluant dans une zone défavorisée. Notre objectif : récupérer les enfants qui traînent dans les rues de Bargny guedj, moyennant une petite somme à la fin du mois » confie Fatim Seck, responsable de cette garderie depuis 2006.

« Notre inscription est fixée à 4 000 francs y compris la blouse. Et la mensualité qui s’élève à 1 500 francs n’est souvent pas versée par certains parents.Mais on est obligé de faire avec, car nous sommes conscients du niveau de vie des populations. Les parents ont la volonté d’inscrire leurs enfants à l’école, mais souvent les moyens font défaut », explique Fatim Seck qui cherche désespérément un mécène pouvant les aider à rénover l’école.

Selon la responsable qui n’arrête pas d’investir ses propres moyens : « Il est impossible d’engager des réfections, encore moins de la peinture. Il faudrait tout repeindre et dresser une tente dans la cour de l’école pour protéger les élèves contre la chaleur, mais il d’autres charges. Outre la location, il faut motiver la femme de charge et le maître coranique ».

En attendant l’arrivée d’un sauveur, Fatim Seck compte trouver des parrains. Dans l’immédiat, elle estime que c’est  » l’unique solution pour permettre à cette garderie de survivre dans un milieu très hostile ».

 


Le ‪réchauffement climatique expliqué en vidéo animée ‪#‎Cop21‬

Ce sujet qui ouvre beaucoup de discussions est souvent non maîtrisé par ses débatteurs. Pour le  moment, je me contente de la définition donnée par Wikipedia.org  « . Le réchauffement climatique, également appelé réchauffement planétaire, ou réchauffement global, est un phénomène d’augmentation de la température moyenne des océans et de l’atmosphère terrestre, mesurée à l’échelle mondiale sur plusieurs décennies, et qui traduit une augmentation de la quantité de chaleur de la surface terrestre. Dans son acception commune, ce terme est appliqué à une tendance au réchauffement global observé depuis le début du xxe siècle ». Et pour ceux qui n’ont toujours pas compris, cette vidéo du Monde.fr pourra vous guider.


« Les pieds dans l’eau » : Habiter dans une maison pareille, n’est pas un luxe à Bargny Guedj

Pour croquer la belle vie, toute personne aisée n’hésiterait pas à acheter une maison au bord de la plage. D’ailleurs pour vendre le littoral, les promoteurs utilisent souvent le terme « Maison, les pieds dans l’eau » pour  démontrer l’emplacement paradisiaque de leurs belles bâtisses.

Situé entre Rufisque et la ville émergeante de Diamniadio, ma ville Bargny est sauvagement agressée par l’avancée de la mer. Ici habiter dans une maison « Les pieds dans l’eau » est un véritable cauchemar.  A l’heure où on nous parle de globalisation, de mondialisation, de conférences internationales sur le réchauffement climatique par ci, de symposium sur solidarité par là, pendant ce temps là, il existe sur terre des parties où il ne fait pas vraiment bon vivre. C’est le cas de Bargny, une commune située dans la capitale du Sénégal, qui est sauvagement attaquée par l’avancée de la mer.

Un pied sur terre et un pied dans l’eau, les populations des quartiers populaires de Bargny Guedj qui vivent dans la précarité et la promiscuité totale, se sentent délaisser par les politiques publiques.  Cette population essentiellement composée de pécheurs a en même marre des journalistes et de leurs reportages « A chaque fois les médias viennent nous rendre  visite. Nous avons beau fait de déclarations, mais rien n’a été  fait.  Nous  n’avons  même  plus de toilettes. Nous  vivons pires que ceux qui sont affectés par les inondations. Les Journalistes viennent toujours et n’apportent rien » crache Amy Seck sur mon dictaphone. Tout en essayant de lui faire comprendre que le rôle des journalistes était de conscientiser l’opinion et de faire parvenir leurs problèmes auprès des autorités et bonnes volontés, la dame poursuit « Les gens nous tympanisent avec les inondations alors que nous vivons pire. Ils sont certes des sinistrés, mais ils ont choisi d’habiter dans des zones inondables alors qu’ici, c’est l’eau qui nous rejoint. Beaucoup de familles se divisent. Ceux qui ont des moyens optent pour le déménagement, mais nous qui n’arrivons pas à joindre les deux bouts, on est là », rajoute-t-elle.

Avec les pieds dans l’eau, Bargny Guedj se rétrécit de jour en jour. D’ailleurs cette situation me rappelle, le blogueur Ouseynou Seck qui disait souvent « La mer mange. Nous voulons que l’Etat trouve des solutions pour parer à l’avancée de cette mer », souligne t-il très souvent pour attirer l’attention des autorités.

Impossible d’être arrêtée par les bras de Bargny Guedj, l’avancée de la mer hante le sommeil des habitants de Bargny Guedj (Bargny sur mer).

 


Inceste environnemental : Le Sénégal viole sa propre fille

La métaphore risque de choquer plus d’un,  mais il en est ainsi. Toujours cité en exemple en matière de respect des normes, le Sénégal  a pourtant produit des lois qu’il ne respecte pas.  Pour combler son déficit énergétique, l’Etat du Sénégal veut installer des centrales à charbon dans une petite contrée lébou  appelée Bargny, une ville de pêcheurs, menacée par l’élargissement des carrières de la cimenterie (Sococim) au nord, et l’avancée de la mer, qui n’arrête pas d’engloutir les quartiers traditionnels de Bargny guedj, au Sud Ouest.

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Crédit photo: Cassis Pictaz

En cours de travaux,  ce projet consiste en la mise en place et à l’exploitation d’une centrale thermique d’une puissance de 125 MW, fonctionnant au charbon, dans la zone de Bargny.

En plus de ne pas se soucier des problèmes environnementaux et sociaux, plusieurs dispositions légales semblent  être ignorées par cet Etat qui, a pourtant  produit l’article L13-2001 de la loi 2001-1 du 15 janvier 2001 portant le code de l’environnement. Et de surcroit, le décret d’application n°2001-282 est sorti depuis le 12 avril 2001.

 Pourtant dans l’exposé des motifs du code de l’environnement, il est bien mentionné « La mise en place d’un cadre juridique rénové pour une bonne gestion de l’environnement constitue l’une des préoccupations des pouvoirs publics au Sénégal ».

Parmi les installations qui présentent des dangers, par ailleurs mentionnées dans l’article L9, cette centrale à charbon classée établissement de catégorie 1, doit être disposée sur une emprise éloignée des endroits cités dans l’article L13 dudit code.

ARTICLE L 13:

Les installations rangées dans la première classe doivent faire l’objet, avant leur construction ou leur mise en service, d’une autorisation d’exploitation délivrée par arrêté du Ministre chargé de l’environnement dans les conditions fixées par décret.

Cette autorisation est obligatoirement subordonnée à leur éloignement, sur un rayon de 500 m au moins, des habitations, des immeubles habituellement occupés par des tiers, des établissements recevant du public et des zones destinées à l’habitation, d’un cours d’eau, d’un lac, d’une voie de communication, d’un captage d’eau.

Les installations rangées dans la seconde classe doivent faire l’objet, avant leur construction ou leur mise en service, d’une déclaration adressée au Ministre chargé de l’environnement, qui leur délivre un récépissé dans les conditions fixées par décret. L’exploitant doit renouveler sa demande d’autorisation ou sa déclaration soit en cas de transfert, soit en cas d’extension, ou de modification notable des installations. En cas de mutation des droits d’exploitation, le nouvel exploitant est tenu de faire une déclaration adressée au Ministre chargé de l’environnement.

Comme le défend à mort Ibrahima Diagne, président de l’association Takko Art Jerry qui porte le combat engagé par le collectif des communautés affectées par les centrales à charbon « la confrontation de cette disposition légale à la réalité géographique et urbaine du site de la centrale découragerait avec juste raison tout autre promoteur d’un si grand projet. En effet Dame Nature n’a pas du tout plaidé en faveur des initiateurs du projet. Car le site en question est bien limité à l’ouest par la rivière Khouloupe(cour d’eau). Cette cour d’eau qui prend sa source depuis le bassin de rétention du Nord de Bargny, qui arrose son passage agricole pour se déverser dans l’océan atlantique au Sud par l’embouchure hivernale Banoukhba. Donc la marge de 500m demeure  incertaine voir impossible par rapport aux positionnements des établissements recevant du public(ERP) » souligne ce fervent environnementaliste. Mais n’oublions pas le site de transformation des produits halieutiques situé à zéro mètre, les lotissements de Miname 1 et Minam 2, le terrain de football, l’école, les cimetières entre autres…

Maintenant,  n’a-t-on pas le droit de dire que l’Etat du Sénégal a violé sa propre fille, la loi.


Bienvenue à l’herboristerie de Bargny : « J’ai 13 ans et je suis Docteur»

A l’entrée du marché de Bargny, se dresse un étal, unique en son genre, qui a vu défilé bon nombre de personnes à la recherche d’un médicament capable de panser une douleur. Le service thérapeutique de cette table bien garnie en écorces, racines, feuilles  de plante, poudre, bref en médicaments traditionnels, précède même la naissance de  l’herboriste qu’on peut appeler « pharmacien traditionnel » trouvé sur place.

Apres avoir utilisé ses doigts pour compter, l’enfant qui  y fait, aujourd’hui, office de vendeur, annonce  « j’ai 13 ans et je suis Docteur » dit-il.  Bien assis derrière son étal, ce « Docteur » assez particulier de 13 ans, n’a jamais aimé les études, surtout celles très poussées, qui  peuvent faire d’une personne, un bon Docteur.  « Il n’aimait pas les études. A l’école française, il séchait les  cours et  se cachait  dans la brousse  jusqu’à 13 heures, d’ailleurs c’est ce qui explique son bref passage à l’école coranique. Mais malheureusement, il  répétait aussi  la même chose. Incapable de lui  forcer les études, je lui ai tout simplement inculqué ce métier que m’a laissé son défunt père » nous souligne la dame Haalpular, Mère Datt qui n’arrive toujours pas à bien communiquer dans la langue locale malgré son long séjour à Bargny.

Très prisée par les personnes souffrantes, cette pharmacie qui n’est pas entre quatre murs, propose des médicaments de la rue, pas ceux contestés par l’ordre des pharmaciens du Sénégal, mais ceux appelés traditionnels. Ces plantes médicinales obtenues à bas prix et consommables sans danger sont vendues sans ordonnance. « Les personnes qui arrivent ici, connaissent souvent les médicaments dont elles ont besoin. Nous ne faisons pas la consultation mais nous donnons souvent des conseils par rapport à telle ou telle maladie » nous précise la mère du petit Docteur de 13 ans.

Cet herboriste de 13 ans du nom de Cheikh Tidiane Hann, qui a usurpé la fonction des Docteurs sans le savoir,  lance fièrement « Ici on se soigne à bas prix. Pour moi, ce métier est plus noble que la maçonnerie et autres. On ne se fatigue pas  et on a de l’argent. Avec ma mère nous nous en sortons financièrement ».


Pêcheurs artisans de Bargny : entre froid et injustice

Malgré le froid et le vent, les pêcheurs mènent toujours leurs activités. Avec la rareté du produit, certains d’entre eux n’hésitent pas à braver les dures conditions météorologiques pour aller au- delà des eaux sénégalaises.

Cette rareté du produit, n’épargne pas les pêcheurs de Bargny, une contrée lébou située à l’entrée de Dakar. « Dès l’instant qu’on entend qu’il y a du poisson à St-Louis ou à Joal, on quitte Bargny. Ce qui nous intéresse, c’est de remplir nos pirogues de poisson. S’il le faut, nous irons jusqu’en Mauritanie pour avoir du produit » martèle Mamadou Diagne Diop, un jeune pêcheur habitant la commune de Bargny.

Ces voyages communément appelés campagnes permettent aux pécheurs de faire des économies. « Lorsqu’on est loin de nos parents, on peut mieux faire des économies » laisse entendre ce petit lébou trouvé à la plage de Bargny Guedj, au quartier Gouye Dioulancar situé au bord de la mer. Mais ces pêcheurs qui vont en campagne pour réaliser des économies sont souvent victimes de l’injustice de certains propriétaires de pirogue.

Mamadou Diagne indexe son capitaine qui a agi de la sorte « après trois mois de campagne, le capitaine nous a donné que 25 000 F CFA, une somme vraiment dérisoire par rapport au travail que nous avons fourni ». Malgré le froid et le vent, les pêcheurs qui mènent toujours leur activité demandent aux propriétaires de pirogues d’être un peu plus souples avec eux et surtout plus justes et plus humains.

 

 


Centrales électriques à charbon : «Bargny est ironiquement victime de la richesse de son sous sol »

Située à 35 kilomètres de la capitale du Sénégal, la ville de Bargny risque d’abriter deux centrales électriques à charbon malgré l’opposition des populations. D’ailleurs le collectif qui porte ce combat est actuellement à Saly, pour deux jours de renforcement de capacité. Cet atelier  qui a démarré ce 08 décembre 2014, est l’occasion pour les communautés affectées de rendre plus efficace, la lutte contre l’installation des centrales à charbon de l’entreprise suédoise Nykomb Synergetics Development AB et celle coréenne Kepko.

Fortement opposée à ce projet controversé de l’état du Sénégal, la communauté locale, sous l’égide de l’association environnementale Takkom Jerry, est plus que déterminée à stopper ce projet qualifié de « mensonge d’état.  Quand le directeur de la Senelec  nous  parle  de  centrale  de  Sendou à la télé.  C’est  vraiment  dommage  quand le DG de  la  Senelec  nous  parle de la collectivité  locale de Miname alors  que  Minam  est  un quartier  de  Bargny. Et en plus, ils disent qu’ils vont financer les femmes du site de transformation situé à quelques mètres. Comment  peut-on  faire  de  l’alimentation à  coté  d’une  centrale  à  charbon ,  c’est  impossible» fustige Daouda Lary Gueye,  qui a d’ailleurs rappelé que même l’ancien Maire était contre ce projet cautionné par Abdoulaye Wade, ancien Président du Sénégal.

Soucieux de l’impact négatif de ce projet, le Président de l’association environnementale Takkom Jerry déduit que Bargny  est « ironiquement  victime  de la  richesse de  son sous  sol. Avec les carrières de la  sococim,  on  a  plus  où  cultiver. Bargny est  le deuxième  site  le  plus  agressé par l’érosion côtière, donc parmi  les  zones  le  plus  vulnérables . Et au finish, on veut  nous  imposer  deux  centrales à charbon ».