Didier Makal

La danse de la liberté du congolais Kidiaba Robert

Les fesses, pour danser,  les fesses pour joueur au football, puis rebelote la danse ! Les fesses pour une liberté… On dit surtout: « On reconnaît la valeur des fesses lorsqu’il est temps de s’asseoir », dit un proverbe congolais. Mais pas seulement. Kidiaba, ce désormais populaire gardien de but de l’équipe de football de RDC le sait bien. Les fesses, on a aussi besoin dans le football, et ça va plus loin. Ça inspire beaucoup de choses, en effet !

Les Tunisiens imitant la danse de Kidiaba. afriquefoot.rfi.fr/Reuters
Les Tunisiens imitant la danse de Kidiaba. afriquefoot.rfi.fr/Reuters

La danse !

Qui a dit qu’elle s’accompagnait toujours d’une musique, en fait, d’une musique chantée ? Roger Mila aurait été le premier à danser après avoir marqué un but. Depuis, on danse à chaque but, et ce ne sont pas les styles qui manquent. Styles ou caprices, cela dépend. En tout cas, chaque pays, chaque équipe se fait le sien dans le football. Même les cousins occidentaux chez qui, semble-t-il, il n’y a pas de danse dans le sang. Là, en effet, on va à l’école pour apprendre à danser !

Si les Magrébins eux s’obstinent à s’incliner fesses en l’air en direction de la Mecque, au risque de bombarder par malheur tous ceux qui sont derrière eux, le reste de l’Afrique, peut-être plus ou moins laïcisée (ou laïque) danse.

Kidibuaké, danse remarquable

Au pays de Koffi Olomide, Papa Wemba et Luambo Makiadi, on sait souvent quelle musique dansent les léopards ou les clubs lorsqu’ils ont marqué de but. Mais pour Kidiaba, on ne peut le savoir. Serait-il devenu anonyme, je veux dire de musique inexprimable ? Car, si généralement en dansant les stars du foot ne chantent pas, dans leurs cœurs montent quelques airs. Encore que leurs pas de danse sont des styles souvent à la mode dans la capitale Kinshasa, aussi capitale de danses et musique.

Robert Kidiaba, gardien de but de l'équipe de football de RDC célébrant une victoire. Archives. Sources: www.nyota.net
Robert Kidiaba, gardien de but de l’équipe de football de RDC célébrant une victoire. Archives. Sources: www.nyota.net

La danse sur les fesses de Kidiaba, elle, mérité d’être couverte d’une licence. A Abou Dhabi à la coupe du monde des clubs où Mazembe faisait sensation en arrivant en finale face à Inter de Milan, Kidiaba avait alors au monde, présenté sa marque déposée : le « Kidi buaké » qui, d’après ses explications, est une danse de la liberté. Alors qu’ils battaient au CHAN la RDC dont le TP Mazembe de Lubumbashi avait humilié l’Espérance de Tunis (5-0) en 2010, les Aigles de Carthage (majoritairement Espérance de Tunis face aux Léopards TP Mazembe en majorité) célébraient leur revanche en imitant la danse de Kidiaba. Une manière de narguer! Seulement, il s avaient échoué le morceau parce qu’ils n’avaient pas payé de licence!

Dans de la liberté

Ah, seulement plusieurs ignoraient comme moi, que les fesses avaient affaire à la liberté. Mais tout de suite, je me rends compte que dans toute danse, surtout à Kinshasa mais aussi en Afrique de l’ouest, ça bouge les fesses en pleine danse. Même lorsqu’on chante « ma chérie a des lolo » (de gros seins assez admirés à l’ouest au point que le groupe Magic System en a été inspiré dans une chanson), on ne manque pas de les filmer, les fesses.

Pour les porteuses des lolos, il me semble que le derrière assez fourni serve de contrepoids pour éviter de tituber. Et le grand artiste qu’il est, le bon Dieu a composé tout cela avec justesse. Les deux phénomènes sont aussi en proportions égales chez des hommes normaux, délestés des derrières chargés, étant donné que le devant est sec. Chez les miss, cette classe au milieu entre les lolos et les poitrines sèches masculines, il y a délestage de !, à la mesure du poids de la poitrine.

« On reconnaît la valeur des fesses lorsqu’il est temps de s’asseoir »

Il est vrai que Kidiaba voulait attirer l’attention du monde sur sa danse. Alors que tout le monde court, Kidaiba lui, roule sur ses derrières. Et le contraste marche et attire. Ce qui est frappant c’est qu’il ne danse que quand cela signifie victoire ou délivrance. Lorsqu’on a été mené au score et couvert de honte, comme dans cette rencontre revanchiste RDC vs Congo, la danse de Kidiaba trouve son sens de liberté : on est libre de marcher, de sauter, et les fesses, quelle que soit leur poids, s’assouplissent et on roule dessus! Le « On reconnaît la valeur des fesses lorsqu’il est temps de s’asseoir », sonne ici alors comme une reconnaissance tardive du potentiel de cohésion sociale à travers le sport, ici, le football. Et en RDC, malheureusement, ce sport boîte au grand dam des fans qui croient en leurs joueurs.


Le secret-taire, très particulier

Vous ne comprenez pas toujours pourquoi les secrétaires ne lâchent jamais facilement des morceaux, quelque aimables qu’ils soient ? Cela fait partie de leur essence même.

groupe detravail cardes dynamiques
Secretaire_Patron. Source: www.secretaire-inc.com

Tout le monde demande presque la même chose : un secrétaire polyvalent, un bras droit, accueillant, mais surtout discret. Bref, une véritable boîte noire où se taisent des secrets. Un secret-taire, en effet, m’a fait remarquer un ami, est avant tout celui qui se taire des secrets. Chaque grand homme, grande dame, traîne toujours des secrets, histoires qu’on voudrait qu’elles ne sortent jamais ou qu’elles ne sortent qu’au moment voulu.

Celui qui tait les secrets
Mais quand on a la charge de mijoter fureter dans les dossiers des cabinets politiques, financiers ou d’avocats, ou entendre des « stratégies » et noter des « correspondances », on ne manque pas de pouvoir sur le chef. Le secrétaire peut faire peur. La confiance alors, mais aussi la méfiance, s’invitent ! « Aime ton prochain, mais plante ta haie», disent lesbelges.  Comment en effet dire à son cœur qu’il ne retienne rien de ce qu’il a vécu, que ses yeux n’aient pas vu ce qu’ils ont pourtant vu et à ses oreilles de n’avoir rien ouï ?

Alors au secret-taire, on ajoute un secret-taire particulier. Parfois, à celui-ci, on ajoute un autre très particulier, une espèce de disque dur amovible, quoi ? Une clé USB ou des données estoquées dans le Cloud. De plus en plus, c’est devenu commode de donner ce boulot-là aux femmes. Ça fait de très bonnes secrétaires très particulières. Peut-être parce qu’elles savent toujours offrir ce sourire que ne peuvent les Sec et Parsec masculins ! Mais quel dommage si toutes leurs journées elles ne devraient que recevoir des femmes, ou plus de visites féminines que le contraire !

Une secret-taire au Vatican, ça par exemple !

Il semble que la féminisation de cette profession des plus ardues réside surtout dans le fait que les Parsecs et Secs féminins soient plus maîtrisables par le fait qu’elles arrivent parfois, assez souvent, à entrer réellement dans les secrets. Obligées de gérer les leurs, mais aussi ceux du boulot, elles sont super.

Mais il y a des mondes où qui dit secret-taire dit presque exclusivement masculin. Mais les fuites et les déceptions (encore quand elles frappent des octogénaires !), comme ce majordome de Benoit XVI, n’ont de cesse. Je vois bien le monde religieux, ici, Vatican. Une secret-taire, ça pourrait changer les choses. Pourquoi pas là aussi ?


Cette nouvelle toux, toute une mathématique

Il y a peu, en marge d’une cérémonie de remise et reprise à la tête d’un service public, un journaliste me parlait de « tousser », savoir tousser ou non. On peut en vivre ou en souffrir en effet. Quels caricaturistes, les journalistes ! Il faut les suivre dans quelques digressions et ragots : humour et réflexion teintés de révolte se mêlent !

corruption_bribery_extortion_ah_23429 www.access-info. orgUn petit groupe se forme parmi tant d’autres devant un bureau où depuis près de trois heures on attend un nouveau chef pour une remise et reprise. On vient à parler de ce qui va arriver après la prise des fonctions du nouveau chef ; que ce qui va se passer est moins important que les rendez-vous à venir en off, dit un confrère.

Rendez-vous en off? « Oui », répond Felly[1] qui a la parole. « Surtout ne crois pas que ce sera sans parole », précise-t-il. Ça alors ! Les subalternes vont se succéder au noir pour « tousser », ajoute-t-il.

Ne pas tousser sec

On ne tousse pas de n’importe quelle manière, en effet. C’est le principal. Malheureusement, il y en a qui toussent sèchement, malgré plusieurs exemples qui pouvaient pourtant dissuader et servir de jurisprudence. Seuls vivent, ceux qui savent tousser. « On tousse lourd et profond » un peu à la manière d’une tuberculose d’un vieillard perdu au fond d’un village loin des médecins. Aussi, on ne tousse pas qu’une fois. On peut alors bénéficier d’un œil qui se ferme  sur une disgrâce,  lorsqu’on vient un jour à rater une marche de l’escalier du building rocailleux de la fonction publique aux gratifications qui suggèrent « la pourriture » (au premier sens du terme : corruption !). Il suffit alors de vite descendre vite chez le chef et tousser. Plus fort ! La contagion ? Pas un mal, en effet.

Corruption www.yabiladi. comLes petits-chefs des chefs

Il y a de petits chefs qui sont en fait des chefs aux racines très inébranlables. Ils toussent à tous les âges et sous tous les mandats. C’est aussi comme ça que les nouveaux chefs se font des amis et surtout, se tapent belle jeep, belle DB[2] et enfin, achètent parcelles et construisent sans toucher au salaire frais de mission logement et installation ou frais de fonctionnement. Oh, être chef dans ce paradis des tousseurs! Le discours est alors des plus faciles : « chef, je suis venu tousser! » Et c’est des maths algèbre, parfois modernes : on manie des chiffres !

Matheux, surdoués tousseurs

Mais les véritables matheux, que dis-je, mathématiciens savent dessiner. C’est mieux que les caricaturistes qui ne peuvent jamais effectuer un rabattement dans les proportions exactes. Ils maîtrisent surtout les maths modernes. On dessine une maison au crayon maigre, ça passe au gras puis en 4D ou 6D. On s’y meut. Dessine-t-on une voiture ? Plus qu’en jeux vidéo adulte, il sort même de l’écran du PC, et du site japanese cars et ça arrive à Lubumbashi !

Mais si vous ne toussez pas ou que c’est assez rarement, faites-vous anges et surtout sachez que le chef appliquera la tolérance zéro sur zéro, ce qui égale à l’infini maths modernes. Il semble finalement que quoique l’on fasse, un jour ou l’autre, vous tousserez. Mon ami de la fonction publique, là il faut adopter la méthode de conjugaison et l’équation devient plus encore dure et longue. Mais surtout si demain, le nouveau chef n’est pas un tousseur : que feras-tu? Aller tousser ? J’ai pas de toux moi.

 

[1] Le nom mentionné dans ce billet est imaginaire, mais l’histoire bien réelle, bien entendue, mise en forme et commentée.

[2] Un néologisme congolais, « deuxième bureau » désigne la maîtresse, la deuxième femme non officielle ou officieuse.


CAN 2015 : Une victoire revanchiste de la RDC sur le Congo

Quatre buts à deux entre le Congo et la RD Congo, le délire a continué ce dimanche, cette fois, dans les débits de boissons ce dimanche. Que cela soit le Congo de Sassous ainsi battu, surtout après « Mbata ya mokolo » (ces expulsions de Brazzaville), la victoire du Congo-Zaïre sur son voisin sonne comme une revanche et la colère des brazzavillois, une récrimination contre cette réplique.

Rencontre RDC vs Congo
Dieumerci Mbokani (en blanc), joueur de RDC à côté d’un autre du Congo le 31 janvier 2015. Source: Reuters

On s’était finalement habitué à échouer depuis plusieurs CAN auxquelles la RDC a participé. Des congolais croient que c’est faute d’organisation. On a sans doute gagné le CHAN, il n’y a pas longtemps, Mazembe et Vita ont fait parler de ce pays, mais tout cela est fort différent de la CAN. C’est peut-être cela qui a expliqué la grande euphorie à Lubumbashi où nuitamment, des étudiants en nombre impressionnant sont sortis du campus pour exprimer leur joie d’être congolais et surtout, victorieux sur un Congo qui a énervé. Mais c’est aussi une surprise, cette qualification des congolais, mais pas un succès démérité. Les faibles performances des léopards ont jusqu’ici été ressentis comme un manque de préparation à fond et non une absence d’une équipe qui fasse pétiller de joie son peuple.

Un moment de cohésion, le football

La joie d'être congolais!
Un supporter de l’équipe de RDC. Source: sosquare.net

Au moins, durant une soirée, et peut-être jusqu’au matin ce dimanche 1er février, on a oublié nos problèmes. On a oublié pouvoir et opposition qui ont tendance à s’être entendus pour ne jamais s’entendre. On n’a pu voir que la RDC et, je le crois bien, se sentir congolais comme cela arrive rarement à plusieurs si non à tous à la fois dans ce pays meurtri par des tensions sans fin et à la pauvreté invincible. J’ai eu peur du silence qui a frappé Lubumbashi après les deux premiers buts. Peut-être les bruits rapportés à Brazza pouvaient nous importuner si l’on n’avait changé le cours du match. Mais les folies, ce grand brouhaha qui a éclaté dans la ville après le but égalisateur, puis ceux de la qualification. Plusieurs n’ont pas attendu le dernier coup de sifflet pour rejoindre la rue. Ce que j’ai vu est délirant : des jeunes à moitié habillés, sautillant et chantant, têtes saupoudrées et mouillées d’eau. Un autre s’était couvert du drapeau de la RDC, l’embrassant, tel qu’on le ferait avec sa chérie !

Zut !

Une expulsée de Brazzaville rapatriée à Lubumbashi. Samedi ‎2 ‎août ‎2014, ph. M3 Didier
Une expulsée de Brazzaville rapatriée à Lubumbashi. Samedi ‎2 ‎août ‎2014, ph. M3 Didier

Mais, on est au Congo, hélas. Tel un cultivateur qui a arrêté de fréquenter son champ pour un temps le retrouve où il l’a laissé le dernier jour, avec le risque de trouver envahie par les herbes sa culture, nous sommes revenus à nos moutons. On se pose la même question au réveil : de quoi on va manger ? Si au moins cette joie du 31 janvier pouvait durer un mois, si cette fougue pouvait nous plonger dans une finale heureuse, on s’y habituerait très vite peut-être, et la joie serait alors devenue notre partage, le succès notre nouveau départ.

Mbata ya mokolo molayi ou la riposte du géant

Eh bien, Kinshasa a eu son tour. En battant les congolais de Brazza par 4 buts à 2, alors que tout le monde croyait à la victoire du Congo, les congolais-zaïrois ont administré à leurs voisins une « Mbata ya mokolo, molayi », la gifle du grand, du géant. En réponse à ce conflit jamais effacé : « mbata ya mokolo » (la gifle du grand !). Les brazzavillois, frustrés (ou mieux humiliés ?), s’en sont pris à eux-mêmes. Des scènes des violences à Brazza, des liesses un peu partout en RDC. Voilà qui arrive quand les tensions politiques croisent le football.


Cette France rebelle, Mende sait par où l’avoir

Kinshasa n’est pas content de « la complaisance » dont bénéficient les adversaires politiques de Joseph Kabila dans les rédactions de France médias monde, c’est-à-dire, à Radio France internationale et à France 24 en l’occurrence. Le porte-parole du gouvernement congolais l’a dit au cours de l’interview diffusée sur France 24 le 26 janvier, disponible sur Youtube. Seulement Mende oublie qu’en France, la presse n’est pas malmenée comme en RDC.

Mende sur France 24
Lambert Mende, à gauche, invité de France 24 le 26 janvier 2015. Capture d’Ecran.

Ce que les français ne comprennent pas en entrant en territoire sous occupation c’est qu’il faut respecter le droit ou la justice du premier occupant. Si avait la possibilité d’arrêter ces ondes tapageuses qui immigrent clandestinement de Paris à Kinshasa au point d’agacer les dirigeants, il les aurait supprimées définitivement. Les français sont peut-être convaincus que les libertés sont sans frontières, un peu comme les ondes, sans couleurs et surtout que tout le monde y a le plein droit. Mais au Congo-Zaïre, on sélectionne ce que l’on peut accorder.

Répandre la honte à l’échelle internationale

Quand par exemple ça crie dans les rues « #Telema » (debout, arrête-toi), on sort des chars de combats que Beni désire ardemment ! Les cameras, dictaphones et œil et oreilles des reporters sont déjà les malvenues. C’est une loi qui doit se connaître quand on est journaliste. Mais elle n’est inscrite nulle part.

La presse locale ainsi tétanisée, on a affaire aux adversaires politiques du président. Lambert Mende n’échappe pas à un amalgame. Tout le monde revoudrait à Kinshasa, même la presse française : « Nous sommes surpris de la complaisance dont ils (les adversaires politiques de Joseph Kabila) bénéficient dans vos rédactions (de France média monde). » Pour lui, être non complaisant c’est ne pas faire parler les opposants, ou faire entendre des voix discordantes. Vive la « démoncratie »!

Mende
Lambert Mende, à gauche, invité de France 24 le 26 janvier 2015. Capture d’Ecran

Une conspiration française contre Kinshasa ?

Kinshasa est donc convaincu qu’il se trame un projet de sape contre le régime de Kinshasa. France médias monde énerve. La journaliste qui menait l’interview de Mende le 27 janvier sur France 24 a été un peu décontenancée par l’attitude du ministre Mende qui l’a plus de deux fois interloquée, comme cette fois lorsqu’elle donne le bilan des violences des derniers jours en RDC : « 12 morts selon le gouvernement congolais… », Mende lance sèchement, non sans ironie : « 14 ! ». La journaliste poursuit : « 42 selon la Fédération internationale de la justice… », Mende insert encore : « qui est à Paris », pour confirmer son opinion hostile à ce qui se passe à Paris.

Regardez ici la vidéo de France 24: RDC – Lambert Mendé : « Ceux qui voulaient faire du Congo un nouveau Burkina-Faso ont eu tout faux »

En réalité, lorsque Mende parle de France média monde à juste un œil sur le Quai d’Orsay sous la tutelle duquel sont placées RFI et France 24. Mais ce n’est pas exactement comme la tutelle qu’il exerce lui sur la RTNC et sur les médias privés en RDC. RFI fait déjà des frais de l’appel de Paris à respecter la constitution. Ses émissions ont été coupées en FM à Kinshasa durant plus d’un jour. C’est la pression qu’il sait exercer pour obliger le gouvernement Français à desserrer l’étau sur Kinshasa.

Double face

Parler sur RFI ou sur France 24 comme Mende l’a fait, cela plaît à tous les dirigeants africains, si non grand nombre d’entre eux. Cela leur donne une certaine visibilité et un accès auprès d’un public que n’offrent pas les médias locaux qu’ils ont facilement à leur guise. Mais lorsque la même opportunité est donnée à l’opposition ou à ceux qui critiquent, c’est la pagaille. On arrive alors à couper le signal du média du pays qui dérange, comme cela est arrivé plusieurs fois à RFI en RDC ou à BBC au Ruanda. C’est souvent une preuve qu’il y     a des choses à cacher. L’essentiel est de diriger selon le droit et non la volonté des dirigeants. Les médias étrangers n’ont rien de mal : ils ne sont pas à l’origine de nos maux. Ils sont souvent appelés par ceux-ci.


L’âge d’or du terrorisme en Afrique: des ministres dans le sac!

Tout le monde est égal devant les terroristes. Mais lorsqu’il s’agit des dirigeants politiques, he bien, la pêche est miraculeuse ! Le terrorisme vient de franchir un nouveau cap en Afrique avec la capture de deux ministres en Egypte et en Centrafrique. Pendant ce temps, l’Afrique reste toujours d’une réactivité des plus amorphes : on regarde vers le père.

L’âge d’or de la terreur

11e sommet de l'UA.
11e sommet de l’UA. Source: www.afrikcaraibmontreal.com

Serrez vos ceintures, on est zone de tribulations ! L’Afrique ne s’est jamais aussi mal portée. On n’a jamais réussi à sortir de l’esclavage sexuel près de 200 lycéennes maliennes parties avec des terroristes. Les Shebabs profitent encore de l’impunité, les FDLR et cousins pullulent toujours dans la partie orientale de la RDC, les Anti Balaka paralysent toujours la RCA, Boko Haram nargue Paul Bya, Ebola se tait à peine grâce au père… l’Occident ! Et comme si cela ne suffisait pas, bing, deux ministres captifs des terroristes ! Un centrafricain et un égyptien. Voici enfin l’âge d’or de la terreur ! L’Afrique peut chanter ! Malheureusement, il faut dialoguer cette fois avec les ravisseurs des ministres ! Quelle honte ? C’est presqu’une légitimation du terrorisme. Il fallait y penser avant, en effet. Désormais le précédant est là, la jurisprudence est née.

L’Afrique dort

Finalement, dites donc, le fils ne grandira jamais ? Notre mal n’est pas que nous soyons un maillon faible sur la planète. Mais, que 50 ans après l’indépendance on reste toujours dépendant de l’Occident même pour la sécurité de nos dirigeants. Si alors un ministre tombe dans les mains des terroristes, qui donc résistera sur le sol africain ? Sans doute, certains pays tiendront le coût, mais jusqu’où ? Vivre heureux chez soi, n’est finalement qu’un rêve lointain pour plusieurs pays, même l’Egypte longtemps vue comme une stabilité !  On a parfois l’impression que l’Afrique brûle, fume et sent mauvais partout. Pourtant, elle est en passe de constituer el principal des bonnes senteurs et des parfums qu’on a hâte à aller humer ailleurs !

On regarde le père

Le manque de réactivité à certaines attaques a renforcé sans doute les extrémistes dans leurs peaux.Du Kenya à l’Egypte, du Sinaï au désert Sahel, en passant par l’Afrique centrale et sans oublier l’Afrique de l’ouest, les fanatiques et fous de Dieu ont érigé leurs sanctuaires. Il est même conseillé de ne pas y aller ! En Somalie, parfois on est en droit de se demander si l’Etat n’est pas dicté par les islamistes. L’UA est aphone, en réalité, les organisations sous-régionales sans geste. Nous regardons le père, l’Occident qui mène pour nous cette lutte. Pourtant, il a avant tout l’obligation de sécuriser ses intérêts et peut-être exclusivement cela.

Les terroristes dopent, aiguisent davantage leurs appétits. Un, deux ministres dans le cas des gens à traquer, c’est quasiment un renversement de situation. Les terroristes vont sans doute bénéficier de plus de publicité, mais surtout, ils comprennent que la porosité des frontières et même de la sécurité de l’Afrique leur donne le droit à tout. Désormais, ce sera de l’agitation en Afrique, mais je le crois bien, plus rien n’arrêtera les islamiste.


Sans vélo, chez nous, vous faites la honte (II)

Je vous ai dit dans la première partie de ce billet, tout le bien que fait le vélo et ce que nous en faisons à Kapanga, un territoire aussi vaste que la Belgique, situé au nord-ouest de Lubumbashi, proche du Kasaï-Oriental. Ce vélo, expression d’un certain bien-être social, attribut d’une « évolution » ou carrément réservé aux « évolués », cette classe sociale sous le Congo des belges, s’est démocratisé, devenant simplement un des nôtres. Vous avez une automobile, mais pas de vélo ? Vous aurez honte de vous ! Aussi, faut-il le souligner, un vélo ça doit savoir « tindiker », faire le « moustrongue. » Le mien ne pouvait pas le faire. Ceci n’est qu’une exclusivité partagée par certains milieux ruraux congolais où le vélo remplace l’automobile.

Vélo au Kasaï Oriental
Un « moustrongueur » au Kasaï-Oriental, RDCongo. Source: grandkasai.canalblog.com

Un peu de vocabulaire à propos du vélo

Je préfère vous fixer d’abord dans le contexte social et temporel. Entre 1993 et 2007, et même jusqu’ici, le vélo a pris des allures assez inquiétantes, et en même temps salutaires, à Kapanga et dans les environs. Le vent a soufflé au Kasaï, et comme la perestroïka, il est arrivé à Kapanga, à près de 200 km à l’est de Mbujimayi, la capitale du Kasaï Oriental. Durant ce temps, le Kasaï, qui a une longue tradition minière avec son diamant vertigineux, a oublié la culture des champs. La faim avait copieusement frappé des villes entières, principalement Mbujimayi, Mwene-Ditu, Ngandajinka et même Tshikapa, au Kasaï Occidental.

Des hommes ont pris leurs vélos jusqu’à Kapanga et les environs, où sans mines, l’agriculture vivrière ne faisait pas une population malheureuse. Pourtant, elle avait besoin de sel, de sucre, et de bien d’autres articles de luxe. Bienvenue alors les « moustrongueurs » ! Salut les « tindikeurs » !

Moustrongueur, tindikeur

Vélo
Deux « Tindikeurs » sur une route vers Mwene-Ditu. Source: abk.over-blog.com

Ces mots qui ne sont pas à chercher dans le Larousse, n’existent qu’en RDC et exclusivement chez ceux qui en ont la pratique. Vous avez de la chance sur Mondoblog ! Enfin, vous le méritez bien ! Un « moustrongueur » est cet homme qui charge démesurément son vélo des marchandises au point qu’il ne peut plus monter dessus pour le conduire ou rouler, à certains moments. Il pousse et parcourt des kilomètres, gambadant des collines et bravant le soleil « méchant » et la pluie. Le mot est probablement une déformation de l’anglais « stronger », le plus fort, au comparatif. En Lunda, comme en Tshiluba, langues respectivement des vendeurs des produits agricoles (peuple de Kapanga) et des acheteurs (venant du Kasaï), ont agglutiné ou déformé, c’est selon, « stronger » en « moustrongueur. »

Le « Tindikeur », lui, reste la même personne, mais cette fois, avec une charge telle qu’il est impossible de monter sur son vélo. On le pousse et on ne peut y aller seul. Les tindikeurs se soutiennent donc à des collines ou sur des tronçons routiers malaisés. Le guidon du vélo est remplacé par un autre en bois, capable de faciliter la position debout, moins malaisée à ce transport dangereux. Du Lingala, une langue parlée à l’ouest du pays et un peu partout dans une moindre proportion, « tindika » est un impératif du verbe « ko tindika » qui signifie, pousser.

Des vélos spéciaux

Vélo maide in RDC
Le vélo spécial en bois en vogue au Kivu, RDCongo. Source: grandkasai.canalblog.com

Le besoin crée l’organe. Ce principe s’applique aussi chez les trafiquants à vélo, chez les tindikeurs et moustrongueur. Les vélos ordinaires, comme celui que j’avais jusqu’en 2008, ne peuvent servir au moustrongue (la pratique des moustrongueurs). Ils sont fort légers pour cela. Les connaisseurs cherchent des cadres de vieux vélos, des fabrications anciennes donc, vus comme efficace, et en fer dur et mûr. A défaut, les vélos légers sont renforcés par des bâtons durs le long du cadre et des fourches. Parfois, et c’est de plus en plus en vogue, des forgerons et ajusteurs ou soudeurs en fabriquent.  Cela vient de Mwene-Ditu et ça marche bien. A l’est de la RDC, la pratique semble aussi avoir cours, avec des vélos en bois, sans chaîne de transmission. On les pousse seulement, un peu comme chez les tindikeurs.

Tout cela, malheureusement, pour le ventre seulement. Plusieurs en sont tombés malades, d’autres en sont morts. Mais il y en a quand même qui ont annoncé en avoir tiré des profits considérables. Oui, c’est le vélo, en effet, sans lequel cette riche expérience n’aurait pas existé. Moyen de transport des pauvres, mais aussi indépendant, le vélo a régné en cette période aussi à cause d’un mauvais état des infrastructures routières. Les camions, peu nombreux  dans la région, évitaient leurs routes presque impraticables. Aussi, leurs tarifs étaient prohibitifs.

Le vélo reste sans conteste, le moyen de transport le plus employés dans plusieurs milieux ruraux congolais que j’ai visités : Kapanga, Sandoa, Mutshatsha, Lubudi, Kamina, Kasaji, Lwiza, Mwene-Ditu, etc.


Sans vélo, chez nous, vous faites la honte (I)

Le vélo est une fortune. Chez nous, si vous avez un véhicule, mais vous manquez d’un tout petit vélo, vous êtes nul. Il y a en effet, le vélo au commencement de tout.

Vélo
Kananga, RDCongo. Source: www.archi-kananga.org

Kapanga, un territoire aussi vaste que la Belgique, situé au nord-ouest de Lubumbashi proche du Kasaï-Oriental, est simplement un don du vélo. Le vélo reste en effet, le moyen de transport par excellence, si ce n’est le principal. Pourtant, il n’est pas accessible à tous.

Un attribut du bien-être social

Filles et garçons, tous ont droit au vélo. Il y a un vélo dame, un autre homme. Déjà à 6 ans, les plus téméraires le poussent avec un pied sur la pédale, un autre sur la terre. A dix ans, on court vite et on peut parcourir quelques kilomètres. Et ceux qui ont franchi cet âge sans jamais rouler, ils sont simplement ridicules. Et pour éviter à la famille la honte, on les mène hors du village pour leur apprendre ou on attend la nuit, au clair de la lune, pour des leçons accélérées.

Ce ne sont pas pourtant des cyclistes ces Kapangais ! Le vélo reste encore, à ce jour, un des attributs d’un certain bien-être social. Cela vient de la colonisation, où les évolués avaient le vélo comme moyen de transport. Je veux dire, être vu à vélo était simplement délirant pour les compatriotes noirs. Il fallait pour tout le monde qu’un jour, son fils et plus tard sa fille, apprît à conduire et qu’il en acquît un.

Heureusement, l’accès à cet outil s’est démocratisé. Tout le monde y a droit aujourd’hui, mais plusieurs n’en n’ont pas encore. Le vélo se prête, il se prend en location. On se marie, le vélo est demandé comme dot ! Votre épouse est-elle morte ? Sa famille vous demande un vélo en signe d’affranchissement. Aussi, lorsqu’on vous coince en adultère, l’époux offensé demande aussi un vélo ! Le vélo est simplement l’un des nôtres dans ce territoire.

Le moyen de transport

Vélo
Deux tindikeurs (transporteurs!) vers Mwene-Ditu, RDCongo. Source: abk.over-blog.com

Quoi que vous ayez, même une automobile, on ne doit pas manquer de vélo. On se ferait moquer. Il aide à transporter les récoltes, les bois de chauffage, l’eau pour le ménage, lorsque la femme ou les enfants ne peuvent les porter sur leurs têtes… ce pour quoi un camion ne peut pas être mobilisé. Mais le vélo est aussi un luxe. J’en ai eu un jusqu’en 2008, lorsque j’étais enseignant. Il était souvent considéré « pas comme les autres ». Un peu chic, cher ou luxueux. Pourtant, il n’avait rien de spécial. Je jouissais juste d’une considération qui se prolongeait jusqu’à mes avoirs ! Mon vélo avait la particularité de garder ses couleurs d’origine, d’être assez régulièrement lavé, et n’avait pas perdu ses garde-boues. Pourtant, je le trouvais moins performant que plusieurs du coin. Pourquoi ? Il ne pouvait servir à un « Moustrongueur » ou à un « Tindikeur. » (à suivre) !


RDC, fin de notre séjour dans la caverne

Vodacom mpesa 1
Une application téléphone pour le transfert d’argent sur mobile. Capture d’écran

Internet est roi, les internautes sacrés à l’heure qu’il est. Seulement, pas au Congo-Kinshasa. Ici, on s’aveugle en roulant sur les clous. Depuis mardi 20 janvier, internet vient d’être rétabli ce vendredi 23 janvier dans l’après-midi, mais privé de sa substance primordiale : les réseaux sociaux. Facebook et Twitter ne passent pas. Les SMS ne passent pas toujours, comme cela fut le cas en 2011, la veille des élections.

Pendant la coupure d’internet

Vous vous demandez sans doute ce que j’ai fait, et plusieurs comme moi, pendant qu’internet et ses réseaux (toujours coupés à ce jours) ? J’ai subi la rumeur, je l’ai avalé jusqu’à en avoir le ral bol. Finalement, j’ai vagabondé entre les « Journaux Afriques » de RFI et BBC en train de chercher à comprendre ce qui se passait dans mon pays, à Kinshasa.

J’ai aussi téléphoné, mais très peu. Surtout, j’ai reçu des appels au point de me retrouver irité. La psychose à Lubumbashi était telle qu’un moindre passage d’une camionnette des militaires, bien armés et roulant à tombeau à moitié ouvert, c’était mercredi, les gens ont couru dans tous les sens. Moi qui ai le boulot d’informer, j’étais en passe d’être un média public ! J’ai aussi regardé les télévisions étrangères, et surtout, j’ai eu l’impression de me trouver au fond d’un gouffre, d’une caverne platonicienne. Je me demandais si la lumière du grand jour, du monde rééel, celui des « Charlie », n’allait aps m’envoyer au sol en signe d’une reconversion. Heureusement, cela s’arrête à moitié ce vendredi.

Kinshasa n’est pas Charlie

Cette situation énerve et fait rigoler de tristesse. On se croirait dans un film où le héro meurt ou finalement devient méconnaissable. Qui perd en tout cela ? Et surtout, croit-on punir les citoyens ou l’opposition ? Car il suffit que cela arrive au 30 du mois, les salariés seront dans la rue.

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Un kinois face aux policiers le 19 janvier 2015 à Kinshasa. Source: Rfi.fr

En tout cas, Kinshasa a réussi à mettre à nu ses pratiques parfois plus graves qu’à la deuxième république. Les radios, télévisions, journaux et aujourd’hui internet et SMS coupés au même moment, sans compter la pression que cela fait sur les médias qui s’autocensurent, … c’est presqu’inacceptable en plein 21e siècle. Ceci, à peine que les congolais viennent de crier, même Lambert Mende, « Je suis Charlie ! » Non, Kinshasa n’est pas Charlie. S’attaquer à ces structures, c’est s’attaquer au peuple ! C’est de la terreur. En pleine République qui se targue de « démocratie », ceci rebute.

Lourd déficit économique

Cette décision devrait être la pire que le pouvoir de Kinshasa n’ait jamais prise depuis l’éclatement des contestations. Elle est le thermomètre des libertés dans ce pays en agonie. L’affaire fait tâche d’huile. En quatre jours, la vie économique a été perturbée dans toutes les provinces et les premiers à tapager sont les banquiers. Toutes, même la sclérosée banque centrale du Congo, ont numérisé des services phares : messagerie financière, transferts, paies, etc. Rien de tout cela n’a marché durant près de trois jours. La pression des entrepreneurs a dû sans doute jouer en faveur de ce rétablissement partie de l’accès à Internet.  

Au Katanga, poumon économique du pays, plusieurs miniers n’ont pas pu accéder à leurs comptes pour des opérations. Après un weekend long de trois jours fériés, plusieurs congolais n’ont pas pu retirer du cache aux banques pour des provisions ; puis est venue la marche qui a tout chamboulé. La seule excuse : « internet ne passe pas ! » L’ennui c’est que les provisions se vident et la psychose est grande partout. Les entreprises de téléphonies, les fournisseurs d’accès, les cybercafés… sont paralysés. Cela a continué jusqu’à ce vendredi. Les cybercafés n’ont servi presqu’à rien à part le traitement des textes de moins en moins sollicité, avec la massification des ordinateurs et androïdes il faut compter aussi nombre des magasins qui ont fermé par peur des troubles et surtout, comme à Kinshasa, des pillages.


16 janvier: Une manifestation obligatoire à Lubumbashi

Les lushois ne répondent pas assez facilement à certains rendez-vous, surtout quand elles sont politiques. Or, les politiques eux, ils ont besoin des foules. Où en trouver beau-marché ou « manipulables ? » Les marchés centraux et périphériques. En tout cas, il y en a plein à travers les sept communes de la tentaculaire ville de Lubumbashi.

vlcsnap-2015-01-19-17h55m36s221On pourrait s’y perdre à première (sur la photo ci-contre) : cette église pleine,  ne l’est pas des véritables fans de Laurent-Désiré Kabila, le troisième président de la RDC assassiné le 16 janvier  2001 et dont la mémoire était célébrée dans cette église. Sans les vendeurs des marchés, obligés, elle est sans doute à moitié non remplie.

Des méthodes pas démocratiques

vlcsnap-2015-01-19-17h57m52s51Dans plusieurs marchés, comme à « Rail », au quartier Gambela, plusieurs vendeurs n’ont pas eu l’accès au marché ou ne pouvaient travailler, le 17 janvier dernier. Ils devaient débourser jusqu’à 10.000 FC, environ 11 USD pour avoir été absents de la messe. L’administrateur du marché est assez formel, même un peu scandaleux ! La « loi »?

« Personne n’est au-dessus de la loi… Les chefs nous ont instruit que ceux qui ont refusé d’aller à la messe subissent des mesures disciplinaires. Ces mesures sont : ou bien nous te renvoyons du marché durant trois eu quatre jours sans vendre, ou bine tu paies une petite amande… 2000 FC, 1000 FC pour réveiller la mentalité (…) C’est ce que nous allons faire aujourd’hui. Tous ceux qui n’ont pas de jeton, nous savons ce que nous allons faire. »

Dans une « République démocratique… », cette méthode est plutôt drôle. L’administrateur du marché semble en tout cas sûr de lui et de son action.

« Tu ne veux pas obtempérer aux prescrits de la loi ou des chefs, prends tes effets et va l’endroit où … au pays où l’on accepte que quelqu’un refuse les affaires de l’Etat. »

Des stéréotypeskatanganewsphoto Marché mZEE

Il y a risque en tout cela, de déboucher sur des stéréotypes dangereux. Je veux dire, des considérations du type, les absents boudent ou sabotent l’anniversaire du héro national. En tout cas, ce propos de l’administrateur du marché Rail s’en éloigne péniblement.

« Je le dis souvent et je n’ai pas peur : il y a près de 90% de vendeurs d’une même tribu [probablement les Kasaïens]. Je dis qu’ils ne comprennent pas ! Hier, par exemple, ils ont refusé d’y aller (à la messe). Ils ont fait sciemment, ils ont vendu… »

La tracasserie se répète chaque fois qu’il y a des manifestations publiques, explique un vendeur. « Parfois, cela devient insupportable. Mais on n’a rien à faire, on doit vendre ici pour vivre. » Le 30 juin 2014, la mairie de Lubumbashi avait mobilisé un nombre impressionnant des entreprises et organisations, presque toutes, pour l’anniversaire de l’indépendance du pays. Seules quelques unes, a lors qu’elles étaient déjà en rangs, avaient défilé ; la file ayant été coupée juste après le passage des entreprises de presse, soit environs 30 minutes après le défilé même.


Vous n’avez pas dit que Mondoblog est aussi Charlie!

Excusez-moi chère Liliane Mondoblogueuse, que je parle de vous dans ce billet. Vous êtes aussi Charlie. Il fallait enfin parler de Mondoblog. Non, je ne vous parle pas de ce qu’il fait de vous, chers membres, comme blogosphère. Ce que vous avez fait de lui, mais en fait ce que vous êtes, ce que nous sommes depuis l’attentat du  8 janvier contre Charlie Hebdo. Voilà mon propos.

Mondoblog est Charlie
Capture d’écran du site Mondoblog, le 16 janvier 2015

« Je suis Charlie ! » Je n’ai pas pu ainsi titrer déjà dans la soirée, lorsque j’arrivais à 20 heures heure de Lubumbashi à la maison. J’avais un œil sur Mondoblog, un autre sur Twitter et mes oreilles sur RFI en train de comprendre ce qui s’est passé ce jour-là, des heures avant.

Le lendemain ? Tout était aussi presque pris. Ces mondoblogueurs, ils sont aussi prompts que le vent et, les billets arrivent en trombe, presqu’à mach deux. Je suis Charlie, je ne le suis pas, Allah, terrorisme, attention… J’ai dû finalement renoncer à l’idée d’un peu de moi sur Charlie hebdo. J’ai alors eu la belle idée de raconter ma déception pour Kolwezi où j’arrivais en pleine fête du nouvel an. Mais il y en a eu avant moi avec la même idée.

Mondoblog « Charlie »

Sur la Une de Mondoblog, tout était Charlie, ou presque : du Slide au ventre même de la plateforme. Sauf quelques rares billets qui, m’a-t-il semblé, m’ont volé l’idée que j’ai eu peut être après eux.

Du 8 au 16 janvier à 19 heures de Lubumbashi, lorsque j’ai eu la folle idée de faire mon « Je suis Charlie » que vous m’avez arraché avec espoir que cette fois se serai le seul à avoir vos attentions, j’ai dénombré page après page dans les archives de la plateforme, au moins 140 articles. Quelle richesse et surtout quelle fécondité pour cette famille ! Il y en a même qui ont produit deux, trois (et qui sait si quatre na pas manqué) « Je suis Charlie. »

Liliane est aussi « Charlie »

Mondoblog est Charlie
Capture d’écran du site Mondoblog, le 16 janvier 2015

Lundi 12 janvier, soit au lendemain de cette marche qui a trompé certains congénères de ceux que RSF (Reporter sans frontière) appelle « les prédateurs » (de  la liberté d’expression), à marcher parmi les Charlies blessés profondément dans leur essence, 18 articles étaient publiés. Un record ! Ce jour-là donc, Mondoblog recensait au moins 18 articles sur des sujets qui avaient directement des liens avec Charlie hebdo. Je n’ai pu recenser que des titres qui disaient clairement leurs contenus.

L’équipe Mondoblog avait de la matière à craquer, je crois. « Liliane a pris la main. » Vous avez probablement déjà reçu ce message de Mondoblog lorsque voulant corriger un billet plutôt publié, vous voulez le modifier alors que de l’autre côté, l’équipe Mondoblog met sa touche à l’article. Il est alors verrouillé et la modification difficile.

Liliane débordée

Liliane, quelque Charlie quelle a été, devait oublier de marcher avez les autres à Paris. Mondoblog était saturé. Sa rapidité de tous les jours ne pouvait rattraper la vitesse des billets posés, en la journée du 12 janvier. D’ordinaire, des billets « bien élus » remontent à la Une dans deux ou trois heures qui suivent la mise en ligne. « Liliane » n’a pas pu rapidement prendre la main sur mon billet « Ils (journalistes) craignent plus les politiques que les terroristes ». C’est seulement près de deux jours après que je me rendrai compte que mon article était apparu en Une. J’ai vu d’autres encore remontés avec presque le même retard.

Jeff et Maloji Charlies aussi têtus

Charlie chez Mondoblog
Capture d’un dessin en Une de Mondoblog, le 16 janvier 2015

Mais il y a deux billets qui m’ont merveilleusement frappé. C’est le propre du dessin de presse. C’est pourquoi Jeff Ikapi et Maloji auront drôlement été Charlies. Ils ont eu des images merveilleuses, même si celle de Maloji, encore en Une jusqu’au 17 janvier, s’est rapproché de Charlie Hebdo en ce qu’il a « crayonné » mon pape François et a pris le risque d’énerver ma sensibilité et « la mère du pape » que je suis, bien qu’étant homme. Enfin, j’exagère un peu.

Je fais partie de cette mère, l’Eglise. Seulement ce qui est heureux pour mon cher Maloji, il sait exactement ce que le pape lui réserve comme message : c’est le même qu’il tient à propos de Charlie. « Le Pape est donc Charlie », voulait conclure ironiquement le dessinateur. Pourquoi pas ! La gêne est simplement que Maloji prend le risque de faire de tout le monde un « Charlie ». Vous comprenez bien que lorsque je dis tout le monde, il y a risque d’y trouver même les citoyens de l’Etat Islamique.

Pour finir, si Maloji avait été zaïrois, que dis-je, si le pape avait été Mobutu, il aurait dit simplement ceci que tous les dessinateurs de Kinshasa et d’ailleurs savaient par cœur : « On ne crayonne pas le chef ! » Heureusement, le pape lui est catholique, c’est-à-dire, universelle. Et nous mère du pape, catholiques et non calotins, sommes Charlies !


RDC: La guerre en douceur au Katanga

Je ne suis pas en train de vous dire qu’il se passe en ce moment une guerre au Katanga. Mais c’est en tout cas quelque chose de pareil. Pas de sang, pas d’armes, pourtant il y a des victimes.

Joeph Kabila, président de la RDC
Joseph Kabila, président de la RDC

Depuis le retour triomphal de Moïse Katumbi de Londres où a il fait soigner sa tentative d’empoisonnement datée de 2011, la vie politique, principalement à Lubumbashi capitale économique de la RDC, il y de l’agitation un peu partout. Galvanisé par un accueil « comme aucun autre homme » avant lui, selon Kyungu wa Kumwanza, Katumbi a eu des mots qui ont beaucoup changé au cours des choses depuis. Ses propos étaient alors compris comme opposés à un nouveau mandat (pénalty injuste) de Joseph Kabila, interdit par la constitution.

La réplique de Joseph Kabila

Joseph Kabila, le 5 janvier dernier, bien toisée aux leaders politiques katangais « rebelles », a relevé une mauvaise gestion économique de la province. Un peu comme pour charger Moïse Katumbi, et une absence de contrôle parlementaire, cette fois, pointant le président de l’assemblée provinciale Kyungu wa Kumwanza qui a soutenu Moïse Katumbi. Un discours assez bien accueilli par les détracteurs du populaire gouverneur, fort critiqué par ceux qui le soutiennent. La principale réside en cette question plusieurs fois reprises : « Pourquoi venir dénoncer cette mauvaise gestion en ce moment, après le discours de Katumbi. »

Katumbi subit des attaques, du moins verbales, pour avoir osé dire haut ce que plusieurs parmi les membres de la mouvance présidentielle disaient sous une voix malheureusement aphone. Ah oui, c’est le langage lorsqu’on appartient à un mastodonte, pareille à la grande muette, où seuls quelques rares à qui l’on met des mots dans la bouche, peuvent parler.

Mises en garde ou intimidations ?

Moïse Katumbi, gouverneur du Katanga. Source: www.lobersvateur.cd
Moïse Katumbi, gouverneur du Katanga. Source: www.lobersvateur.cd

Il n’y a pas que Moïse Katumbi. Kyungu wa Kumwanza est lui aussi dans l’œil du cyclone. Certains pensent que Joseph l’a pris à parti dans son adresse aux notables katangais, en l’accusant d’entretenir « une milice. » Il demandait alors une autodissolution avant qu’il n’agisse. A chacun, il semble avoir trouvé un  moyen de pression ou de faire changer.

Il y a aussi Vano Kiboko, cet ancien député du PPRD et défenseur de la lutte de Kolwezi comme province à part entière, opposé donc au découpage territorial tel qu’à ce jour adopté au parlement. Joseph Kabila lui a aussi envoyé un message dans la prison de Makala où il se trouve. Il est accusé d’avoir tenu des propos incitant à la haine tribale à propos de Kolwezi, quelques jours avant son voyage annulé à l’aéroport, à Kinshasa. Lors de son point de presse qui lui a valu cette séquestration, Vano Kiboko affichait son soutien à Moïse Katumbi en qui il voyait un dauphin du chef de l’Etat et pour la MP. Après le discours de Lubumbashi, surtout « le troisième pénalty injustes » de Katumbi, cet appel de Vano pouvait exacerber. Bon, comprenez dans quel état d’esprit !

Le silence

Il faut dire qu’à Lubumbashi, hormis l’actuel ministre de la défense et ancien gouverneur du Katanga, le professeur Aimé Ngoy Mukena, il ne restait plus de grande figure qui soutenait une nouvelle candidature de Joseph Kabila, du moins publiquement. Certains allèguent que Katumbi aurait alors acheté plusieurs.

Jean-Claude Muyambo, cet ancien ministre dans le premier gouvernement de Joseph Kabila en 2006, a claqué la porte de la MP en annonçant qu’il n’était pas entré dans cette plateforme pour accorder un troisième mandat à Joseph Kabila. Sa télévision qui lui permettait de porter aux katangais sa voix a été brutalement fermée par le ministre Mende dans une procédure fort critiquée par les professionnels de la presse.

Entre rumeurs et réalités

Dans les rues de Lubumbashi et dans celles des réseaux sociaux sur internet, c’est la rumeur qui circule et parfois qui finit par frustrer. Elle court dans tous les sens et porte particulièrement sur les rapports entre Joseph Kabila et Moïse Katumbi et ses soutiens. Porté à rompre cette rumeur qui l’annonce en fuite, le gouverneur du Katanga de moins en moins médiatisé a fait une fugace apparition publique mercredi 14 janvier dernier ? Il visitait le siège du gouvernement provincial qu’il a réhabilité, un bâtiment qui était devenu presque symbole de la malpropreté au centre-ville de Lubumbashi. Ovationné, Moïse Katumbi est reparti dans une jeep fumée noire.

Il y a une semaine, dans la rue toujours, on a rapporté plusieurs cas de personnes agressées d’autres tabassées par des inconnues pour avoir porté des vareuses estampiées « TP Mazembe », la célèbre équipe de football congolaise dirigée par le gouverneur du Katanga. Un animateur de la radio-télévision Jua de Jean-Claude Muyambo a été gravement battu par des inconnus, le président de la jeunesse du Katanga, autrefois de la jeunesse du PPRD, George Mawine, a lui aussi subi quelques jours avant, le même traitement des personnes toujours inconnues.

La traque dans les régies financières

Le premier ministre Matata (cravate rouge) à Kasumbalesa douane. Source: @PrimatureRDC/Twitter
Le premier ministre Matata (cravate rouge) à Kasumbalesa douane. Source: @PrimatureRDC/Twitter

Il y a aussi et surtout, des changements opérés dans les régies financières et dans les services de sécurité. A la douane de Kasumbalesa (à la frontière avec la Zambie), plusieurs responsables, à commencer par le numéro un, ont été limogés le 13 janvier dernier par le ministre national des finances sur ordre du premier ministre qui s’est rendu sur le terrain. Ils sont frappés pour fraude, évasions fiscales, corruption, ou laisser-aller, etc. De novelles « purges » sont annoncées pour les jours à venir. On ignore où elles tomberont.

La police a de nouveaux chefs au Katanga comme dans quelques autres provinces. On annonce aussi des changements dans le renseignement. D’autres encore sont à venir. Rien de gratuit en tout cela, estime un analyste qui y voit une opération de « purge » de la part du pouvoir. Moïse Katumbi très populaire au Katanga n’arrête pas d’inquiéter depuis sa prise de position on ne peut plus claire.

Tout le monde semble n’attendre qu’une chose, dans la majorité comme dans l’opposition : la prise de position de Moïse Katumbi sur qui semble reposer désormais toutes les attentions. L’homme a le vent en poupe, en effet, capable donc de faire changer les choses ou d’en précipiter d’autres dans plusieurs débats en cours. Que dira-t-il ? On l’ignore. Mais il semble penché du côté de l’opposition, le divorce semble entre lui et Joseph Kabila à qui il n’est pas allé répondre, lors de l’adresse aux notables katangais.


Ils ont plus peur des politiques que des terroristes

Chacun a sa bête noire. Lorsqu’en Occident la presse tremble de peur devant les menaces des terroristes, dans plusieurs pays d’Afrique, c’est toute autre chose. Les politiques sont parfois plus dangereux pour la liberté d’expression. Il semble que la presse soit aussi devenue leur bête noire.

Ils ont plus peur des politiques que des terroristes
Journalistes congolais. Source: radiookapi.net

Vous êtes simplement aveugle si vous n’avez pas compris que l’Afrique a besoin des libertés, d’une presse libre, c’est-à-dire, qui sait parfois, comme Charlie Hebdo placer des plumes dans des plaies et faire exploser des rires et des colères.

Ils font plus peur que les djihadistes

Je pense à ces rédactions qui par peur non pas des kamikazes bourrés d’explosifs, mais des dirigeants impitoyables, s’interdisent alors jusqu’à appeler par leur nom des politiques. Ils s’enferment dans des épithètes drôles : « Excellence », « honorable », « Son excellence monsieur le chef de l’Etat ». Face aux monstruosités du genre détournements, crimes de sang, mensonges, complicités… les journalistes pensent à la prison ou à « comment va vivre la famille après » s’il venait à mourir. Ils capitulent. Le choix étant souvent clair, la liberté d’expression et la vérité meurent à la place.

Certains politiques font tellement peur et tuent impitoyablement que Reporter sans frontières leur réserve une partie de la Une de son site avec ce titre révélateur : « les Prédateurs ». Ce sont principalement pour l’Afrique, Kagame, Mugabe, Obiang Nguema, Mswati III, Yahya Jammeh. Mais la liste peut s’allonger.

Le silence de certains pays africains ou leur retard à condamner ce qui est arrivé en France traduit bien la confusion dans laquelle ils se trouvent lorsque de partout ou presque, des anonymes ont crié « Je suis Charlie ! »

« Je suis Charlie » est loin d’ici

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Source: www.echos-grandslacs.info

« Je suis Charlie » résonne encore comme une honte pour ce peuple que nous sommes. Quelques semaines avant, Robert Chamwami, journaliste de RTNC, était assassiné par des hommes armés. Aucune information ni sur les mobiles de cet acte ni sur les commanditaires ou auteurs. Pis encore, tout le monde s’est tu ou presque. Il y a une semaine, des journalistes lançaient « une journée sans radio », seule Goma a bougé. Les autres, en commençant par la RTNC, média de Robert Chamwami, ont ignoré cet appel. Un bel exemple de solidarité bien inscrite dans le code d’éthique et de déontologie du journaliste congolais.

Savez-vous pourquoi ? Parce qu’il vaut mieux faire la paix avec les politiques. C’est la seule peur, enfin, la principale que portent les professionnels de la presse ! Ils créent des médias, ils les paient ou les financent, les entretiennent… S’ils le veulent, ils obtiennent le départ des journalistes qui dérangent. Voilà comment RDC ne peut pas être Charlie ! Pourtant, des individus le sont ou aspirent à l’être.

Vers une mondialisation de la lutte pour les libertés

Pas du tout de mimétisme. Ce qui s’est passé autour de l’attaque à Charlie Hebdo rappelle que l’Afrique a besoin d’une expression libre. L’ère de la lutte mondialisée pour les libertés a commencé, j’ignore exactement quand et où. Elle s’est néanmoins manifestée le 12 janvier à Paris.

A un terrorisme en voie de mondialisation, le monde propose ce que j’estime moi, une liberté d’expression mondialisée. L’idée me semble nouvelle et séduisante pour une Afrique particulièrement intéressée par l’attaque contre Charlie Hebdo. Des rassemblements plus ou moins symboliques à Dakar, Bujumbura, Kinshasa soutiennent cette thèse.

Pas de base

La solidarité mondiale manifestée à la France va-t-elle se propager en Afrique ? Je ne suis pas très optimiste. Cette révolution est bâtie sur des idéaux bien entretenus par les Français eux-mêmes, dirigeants et citoyens ordinaires. Surtout ceux-ci. Or en RDC, mieux dans plusieurs pays d’Afrique, descendre dans la rue pour crier « droit » ou « liberté » est une faute grave. Voilà comment, même lorsque des journalistes meurent, la nation tout entière ne peut rien organiser.

Il a fallu que les Français marchent pour que le lendemain, des journalistes se réunissent au tour d’une messe dans une église, pour rendre hommage à Robert Chamwami  et à (surtout) Charlie Hebdo. Il n’y avait pas du tout de monde, en effet ! Est-ce parce que la population ne pactise pas avec la presse ? Pas du tout faux. Certains pensent que les journalistes cachent des vérités. D’où le soutien plutôt faible ou inexistant de la population.


Cette informatique qui se moque des études

Décidément, le progrès de l’informatique aura fabriqué en même temps qu’une communauté des épanouis, un monde des fous moqueurs. C’est un principe simple d’économie : pourquoi payer plus cher quand on peut payer moins ? Un diplôme d’Etat (bac) ou d’université, ça peut se rafistoler dans cinq minutes. Et du coup, malheureux ceux qui vont se morfondre dans les facs !

Document contrefait dans une bureautique
Un diplôme saisi dans une bureautique à Lubumbashi par la police. Ph. M3 Didier

Ils ne sont pas des as de l’informatique. Pourtant ils font des merveilles : à ceux qui n’ont jamais obtenu de diplômes, à ceux qui n’ont jamais parfois été à l’université, ils délivrent des diplômes. La pratique est courante à Lubumbashi. On s’en plaint, mais il n’est pas facile d’endiguer cette nouvelle criminalité qui pousse parfois plus loin à l’aune de l’éclosion sans cesse innovante de l’informatique et des TIC (Technologies de l’information et de la communication).

Des contrefacteurs

Il ne restait que trois jours et noël arrivait. La garnison de Lubumbashi de la police nationale congolaise organisait une parade. Toutes les unités de cette police y étaient. Alors qu’il achevait sa « causerie morale », le chef de la police au Katanga recevait comme en cadeau, une démonstration de force de ses flics : dix personnes. Parmi eux, deux mordus de l’informatique. Voilà qui a attiré mon attention.vlcsnap-2015-01-10-18h55m53s119

La police les a surpris entrain de produire des diplômes d’Etat, l’équivalent du bac. Comme c’est simple de s’y prendre! Scanner un diplôme au pourcentage intéressant, avec un logiciel de traitement de texte ou d’images, les identités du vrai candidat et les remplacer par celles du demandeur. Ils sont nombreux qui recourent à ce procédé parmi les employés qui n’ont pas pu aller loin dans leurs études. Souvent, ce sont des gens qui trouvent de bons emplois et conscients de leurs limites pour atteindre certains barèmes salariaux, ils croient trouver des solutions en obtenant ces documents beaux-marchés.

Plusieurs se lancent dans cette activité périlleuse sans en mesurer les conséquences. Pas du tout d’intention criminelle. On croit trouver un emploi, disons une occupation qui rapporte un repas et si possible, un loyer ou qui résolve quelque problème.

Plusieurs sont encore bleus

Des jeunes gens arrêtés pour contrefaçon. Ph. M3 Didier
Des jeunes gens arrêtés pour contrefaçon. Ph. M3 Didier

Un jeune homme est entré en clandestinité, en fuite devant la police qui le traque. Il a obtenu en effet, des documents d’accès plutôt rare et en a profité durant de longs jours avec une rémunération assez salée dans une entreprise publique. Un petit contrôle d’un pro, le voilà en fuite. Il y a une année, aux facultés catholiques de Kinshasa, renseigne un ancien étudiant, de jeunes gens étaient renvoyés pour falsification des résultats des examens d’Etat. L’inscription à cette institution des plus sérieuses de la capitale de RDC est ouverte seulement à ceux qui ont réalisé 60% ou plus aux examens d’Etat. Voilà qui inspire des raccourcis à ceux qui en sont exclus d’office.

Il faut être rodé pour ne pas tomber dans les pièges des contrefacteurs. Les deux informaticiens de la veille de noël à Lubumbashi étaient accusés de contrefaçon, de faux et usage de faux. Cela devrait leur valoir quelques années de réclusions. La pratique elle, n’est pas nouvelle. Des diplômes ont souvent été copiés. Si le collage de la photo passeport du récipiendaire permettait de déceler facilement le vrai du faux avant, aujourd’hui, le collage et le sceau électroniques rendent difficiles l’opération. Un PC, des logiciels comme Photoshop et une imprimante suffisent pour vendre de vrai faux diplômes à ceux qui n’en ont pas eux à l’école ou à l’université.


Kolwezi m’a déçu

Comment ne pas résister de se rendre à d’aller à Kolwezi lorsque vous en avez l’occasion ? Deuxième ville du Katanga, Kolwezi inspire le fric, surtout le fric facile et une vie bien. Difficile de ne pas penser aux mines et à ces nombreux minings qui gonflent les rêves.

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Les érosions sont multiples à Kolwezi. Cette photo a été prise au quartier Kasulo. Source: Dominique Kasolo/Katanganews

Jai donc décidé de visiter quelques quartiers de Kolwezi. Mes randonnées me conduisent le premier jour à la cité Manika, une espèce de la commune de Kenya à Lubumbashi. Populaire. Il y a du monde, même un peu loin du marché dont on ne sait pas du  tout facilement établir  les limites. On vend presque partout. Une jeune femme étale des fripes « au prix de Kenya à Lubumbashi » crie-t-elle sans arrêt. Tout son capital ne dépasse pas 60 USD. Elle n’arrive même pas à nouer les deux bouts.

Vie chère

A huit heures du matin, les magasins n’ouvrent pas encore. Peut-être parce que c’est la lundiose.  Plusieurs articles y sont vendus au double, voire au triple des prix de Lubumbashi. Pour deux giga octets d’une carte mémoire, je dois débourser 15.000 FC, environ 17. Je sors donc sans la pièce. « On croit que tout le monde descend dans les carrières pour « ramasser » de l’argent » ironise un compagnon.

La tendance reste la même pour le reste. La farine de maïs, même les poissons frais du Lualaba sont relativement chers. Le loyer galope à la vitesse de l’exode rurale et des émigrations internes. Les entreprises minières et sociétés de services y sont nombreuses, mais les jeunes à la quête d’emploi sont de plus en plus nombreux. « Je suis ici depuis la fin de mes études à l’université, il y a trois ans, je n’ai rien trouvé jusque là », explique un jeune homme. Pourtant, on rencontre quand même ceux qui travaillent et qui donnent l’air de se plaire de leur situation. « Mais ils ne sont que très peu », insiste la même personne.

Difficile aussi de ne pas voir cette crasse tellement lancinante quelle donne l’air de vous traquer un peu partout. Et où elle diminue ou disparaît, apparaît du sable mouvant.

A Mwangeji, un quartier situé à l’entrée de la ville sur la route vers le Lualaba, le fleuve Congo, un petit marché mal rangé et où l’on vend aliments et quelques fringues anime le coin. Un rondpoint coiffe le coin. Il porte deux camions, une pelle et un chargeur, juchés sur des pilonnes de façon à ne pas manquer d’être vus à première vue. Le message semble à peu près « bienvenue au royaume du cuivre et du cobalt » ou « ici on exploite du cuivre. » Tout au tour du carrefour, une station service, des échoppes et surtout, une poignée de taxi bus qui se rendent à Manika, en ville et à Kasulo.

Kasulo dragon

Kolwezi, digitalcongo net
Un creuseur artisanal se plonge dans un puits minier à Kolwezi. Source: www.digitalcongo.net

Un frère et une amie me dissuadent de me rendre à Kasulo, ce quartier depuis environ une année, transformé en carrière minière artisanale, détruisant des maisons, à la recherche de cuivre te cobalt. Surtout, il est le quartier où l’on meurt « en abondance » commente un jeune home dans le taxi bus qui nous ramène au centre-ville. L’hécatombe dans laquelle 15 personnes ont péri, il y a trois semaines,  anime encore les conversations et les peurs. Certains ont décidé de ne pas se rendre dans ce quartier fortement terrifié.

Pour expliquer la mort de ces 15 personnes qui portaient des marques de brûlures en sortant de la terre, on raconte que ces victimes (creuseurs artisanaux) ont touché aux fétiches qui se sont retournés contre eux. Un dragon pour exploiter plus de minerais. D’ailleurs, les convoyeurs des taxis bus crient en appelant leurs clients « Kasulo dragon » devenu une épithète tantôt laudative (pour les creuseurs qui se sentent forts comme un dragon), tantôt péjorative (pour dénoncer le recours aux fétiches pour s’enrichir.

Une ville vieillissante

Je retourne donc en ville. Près de la SNCC, un parc des jeux réjouit les enfants durant plusieurs  heures. C’est le lieu  où tout semble en ordre. Des routes gardent encore leur éclat à plusieurs endroits. Mais l’image globale du centre de Kolwezi est celle d’une ville vieillissante. Elle se déplace alors un peu partout et va jusqu’en annexe, au quartier Gécamines bâti pour des employés, il y a plusieurs décennies. Certaines maisons paraissent abandonnées, pourtant, il y a du monde.  De nouvelles, il en a très peu de bonne qualité et on en trouve à Joli site, vers le Lualaba. D’autres qui naissent, gonflent des bidonvilles et témoignent d’une pauvreté sans nom.

Je dis alors Kolwezi ne change pas du tout. « Il ne changera pas maintenant, oubliez ça ! » réplique-t-il. Voilà qui fait mal. La région de Kolwezi prodigue à la RDC la grande part du cuivre et du cobalt que l’on vend au monde. Plutôt que de profiter aux foules, les individus s’en repaissent !


Islamistes, venez à la lumière

Il  n’y a pas d’autres mots : ce que l’on a fait à Charly Hebdo est abject et voyou. Des gens civilisés expriment courageusement leurs opinions. Un homme, comme on le dit chez moi, sait porter ses couilles, même si elles viennent à peser. Quelque islamiste ou fanatique qu’on soit, on ne devrait l’ignorer.

Je n’admets pas que l’on s’en prenne à des journalistes ou à des maisons de presse pour punir des politiques quelque voyous qu’ils soient eux aussi.

Islamistes, venez à la lumière
Manifestation en faveur de Charlie Hebdo en 2011 à Paris./©AFP. Source: www.ladepeche.fr

Fou et impitoyable

Je ne trouve pas finalement ce qui convient à ce monde. Le journaliste, même les terroristes en ont besoin. Malgré le fait qu’ils se trouvent du côté facilement à ranger comme mal, ils bénéficient de couverture médiatique même si cela sert dans une large mesure de publicité. Les journalistes humanisent les revendications de tout le monde, ici, les islamistes. Mais voilà qu’ils sont décapités, humiliés pendant que de l’autre côté, certains régimes les prennent pour complices des terroristes. Que la nuit sur notre temps ! Chers islamistes, sortez donc de vos cavernes. Le monde ne sera jamais tout entier musulman, pas non plus chrétien ou bouddhiste. Mahomet, Jésus-Christ et Bouddha ne l’ont jamais eux-mêmes réalisé de leur vivant. Cessez alors de voir votre nombril. Sachez que nous ne vous laisserons jamais détruire ce monde ni répandre l’obscurité. Jusqu’ici se prolonge 1889 (Liberté, égalité, fraternité), une révolution depuis San Francisco avec Lincoln, nos indépendances tchatcha malgré les larmes et le sang qui coulent encore…

Notre monde a connu Mahatma Gandhi, il vous ressemble chers islamistes, Mandela qui me ressemble, Sartres que vous importunez à travers Charlie Hebdo malgré ce grand plaidoyer qu’il tient en votre faveur… ! Je vous conjure, venez au jour !

La pensée unique contre la pensée unique

Mais hélas, je suis obligé de changer de ton. Mais je ne peux vous embrasser oh, chers voyous d’Allah ! Dans mon billet « L’Occident à l’évidence du Djihadisme », je criais presque, disant que l’Occident était en train de surexciter le reste du monde. Trop de leçon, trop d’ingérence, trop de maladresse lorsqu’il intervient où l’on a peu besoin de lui ou où il est attendu. On finit sans tort par se convaincre à un moment que l’on veut coûte que coûte dominer, coloniser, recoloniser.

Voyez moi ça : Aqmi, Al-Qaïda, Boquo Aram, Shebab, Etat islamique, Esbola, … rien que des frustrations. L’Occident a fabriqué une machine qu’il ne sait plus commander. Pour combattre la pensée unique, ici l’islam vu comme une obligation pour le monde par les « fanatiques », l’Occident impose une pensée unique : une démocratie vue comme solution à tout problème de toute société ! Quelle erreur ! Pourtant, entre la France, l’Allemagne et les USA, on a trois et non une démocratie ! Sans doute, il y a  un fondamental dont on ne peut pas manquer : Liberté, égalité, fraternité, même si parfois nous rêvons.On a un seul monde, mais nous le voyons différemment. Et pour harmoniser nos vues, je vois mal que l’imposition des idéologies produise des fruits.

Je crois toucher une explication de cette folie meurtrière qui ameute les islamistes. Mais je ne vois pas une raison qui justifie la boucherie islamiste. S’en prendre à des journalistes comme à des innocents, c’est inepte.


Il a besoin de repos au Katanga

Joseph Kabila a bel et bien reçu les messages de Moïse Katumbi. Lundi 5 janvier il a envoyé des messages forts. Il promet que l’autorité de l’Etat se fera sentir davantage dorénavant au Katanga et met en garde contre tout dérapage. Un discours assez applaudi par des notables katangais que le chef de l’Etat a réunis. Moïse Katumbi et Antoine-Gabriel Kyungu, le président de l’assemblée provinciale du Katanga n’y étaient pas.

Il veut  du repos au Katanga
Joeph Kabila, président de la RDC

« Je me  nourris et me rassasie de politique à Kinshasa. Au Katanga, je viens me reposer » pas parler de politique ni polémiquer a dit Joseph Kabila. Sans les nommer, il s’est adressé au gouverneur Moïse Katumbi qui a fait entendre dans une énigme son opposition à un troisième mandat (« 3e pénalty injuste ») de Joseph Kabila. Mais aussi à Antoine-Gabriel Kyungu, président de l’assemblée provinciale du Katanga qui a sympathisé avec le gouverneur du Katanga.

Il s’adresse alors « aux responsables katangais. »

Joseph Kabila rappelle qu’il est aussi katangais et que personne ne peut se croire plus katangais que les autres. En plus, ce n’est qu’une province comme les autres et jamais un pays, et que désormais l’autorité de l’Etat devra s’y « faire sentir davantage. » A-t-il remarqué qu’il a perdu davantage de vue auprès des Katangais ? Pas moins sûr, il a glissé une phrase qui peut donner à interpréter : « Pour moi c’est un challenge, si non un défi, être aussi présent ici (au Katanga).»

En tout cas, l’accueil de Moïse Katumbi de retour de Londres où il s’est fait soigner d’une tentative d’empoisonnement daté de 2011 y est pour quelque chose. Kyungu wa Kumwanza annonçait que jamais un homme politique n’avait été accueilli au Katanga comme Katumbi.

A la perspective d’un envahissement du terrain dans un match de football au « 3e pénalty injuste » selon l’énigme de Moïse Katumbi, Joseph Kabila répond que ce n’est pas la première fois que l’on a promis l’hécatombe dans ce pays, souligne-t-il en citant le conflit de 2006 autours de la présidentielle et celui de 2011. « Il n’y aura rien du tout en 2016. » pour lui, les débats autour de la fin de son mandat sont une distraction ; il a encore deux ans devant et  un bilan à présenter au peuple. « Je ne laisserai personne répandre le sang dans cette province, dans ce pays. » Il ironise même « on dirait que la guerre manque à certains ! »

Et ceci semble partir à l’endroit d’Antoine-Gabriel Kyungu dont le parti a été accusé d’entretenir une milice. « S’il y a une milice, qu’elle se dissolve elle-même! »

Kabila accuse de mauvaise gestion

Il y aurait aussi une mauvaise gestion de la province sur le plan économique. Le Katanga a reçu bien plus d’investissements, principalement dans le secteur minier. Des dizaines des milliards des dollars US, a dit Joseph Kabila. L’assemblée qui devrait contrôler l’exécutif semble ne l’avoir pas fait alors que la pauvreté et la misère s’accentuent dans la province. Le chef attend des comptes de ceux qu’il a nommés et n’en a pas à leur rendre. Même avec peu de rétrocession des recettes nationales, on devrait présenter des réalisations, fait-il remarquer.

Il prend l’engagement de réduire cette pauvreté. « Si tu reviens de Kolwezi, passant par Likasi, Lubumbashi et Kasumbalesa, tu es frappé par deux faits : le nombre (impressionnant) des trucks qui transportent les minerais, et la pauvreté des populations le long de la route » fait observer le chef de l’Etat. Il veut que la sous-traitance revienne aux nationaux pour ainsi renverser le taux de cette pauvreté. Une véritable campagne de reconquête des cœurs des katangais, ce discours économique. Portera-t-elle ? Laissons voir.

Un politicien s’étonne que ce soit seulement maintenant que pareil discours vient du chef de l’Etat. Est-ce pour couler Katumbi ? Difficile de le savoir. Il y a de la matière. En 2011, Jean-Claude Muyambo publiait des « lettres ouvertes » dans lesquelles il décriait une gestion scandaleuse du Katanga par son allié d’aujourd’hui, Moïse Katumbi. La stratégie peut viser à faire éclater le remariage entre Jean-Claude Muyambo et Moïse Katumbi qui se sont détestés cordialement il y a deux ans.

Les tensions ethniques

Le chef de l’Etat parle aussi de Kolwezi, c’était même le sujet en tête. Vano Kiboko qui a affiché son soutien à Moïse Katumbi, le présentant comme « dauphin du chef de l’Etat », est vu en ligne de mire. La justice le poursuit pour « incitation à la haine tribale » dans l’affaire qui oppose les Basanga, communauté dont il est originaire, et les autres communautés du Lualaba notamment les Lunda (Aruund) dans l’affaire « Kolwezi province. »

L’association Luanzo lwa mikuba que Vano Kiboko préside refuse que Kolwezi soit le chef-lieu de la future province du Lualaba. Elle exige que l’actuel district urbano-rural de Kolwezi soit érigé en province dans la perspective du découpage territorial annoncé par la constitution de 2006.

Joseph Kabila annonce que la loi est déjà votée et la suite est logique : histoire finie. Il s’étonne que l’on en vienne à des divisions et même à un quasi bras-de-fer avec le pouvoir central alors qu’aucun débat n’a eu lieu à l’assemblée provinciale pour exprimer une opposition à une disposition de la constitution qui prévoit ce découpage territorial.


Il n’y a de l’emploi que pour peu de citoyens

« Beaucoup sont appelés, seulement peu sont élus. » N’ouvrez pas l’évangile. De l’emploi et cette parole du Christ, c’est pareil. Si l’on ne fait pas attention, les gens sérieux vont disparaître de cette terre. Il y a offre d’emploi : comment figurer parmi ces heureux élus ? Vous ne le croiriez pas. Cette histoire n’est pas une fiction.

Parti politique pour un emploi

Près ded 90% des congolais actifs n'ont pas d'emploi
Une demandeuse d’emploi remplit son CV au Jobdays de Lubumbashi, septembre 2014

Il y a environ deux semaines, j’ai croisé par un hasard une « liste », au cours d’une visite chez un ami. Elle contenait les noms des personnes prétendument « qu’on va embaucher. » Dieu merci, je rêvais d’une carrière dans la fonction publique. Même si ça ne paie pas bien, mais ça dure !

Mais hélas, je n’en avais pas le droit ! Pourquoi ? « C’est réservé aux membres de notre parti. » La chance était là encore, à condition j’eusse voulu payer une carte de membre, « membre d’honneur » par exemple. Cela implique des contributions financières mensuelles conséquences « pour les activités du parti ». Comme je ne peux pas entrer en politique, je dois oublier que j’ai rencontré « une belle opportunité. »

Lorsqu’il y a un nouveau gouvernement, c’est l’occasion pour les partis qui y sont représentés, de gratifier des militants « fidèles. » Quant à la signification de cette « fidélité », il faut entrer dans  le cœur, si non dans la tête des leaders influents. Car les cousins, copines et membres de « chez nous » parfois passent avant toute chose.

« Le sérieux », une espèce menacée de disparition

Il y a plusieurs mois, le ministère du travail lançait une campagne de recrutement pour l’Ecole nationale de l’administration (ENA). Dans son message, le ministère insistait sur « la méritocratie » comme unique base de recrutement. Déjà le départ était douteux. « A bon vin, disent les français, point d’enseigne ! » Cela ne valait donc pas la peine, il fallait juste agir.

Près ded 90% des congolais actifs n'ont pas d'emploi
Une demandeuse d’emploi remplit son CV au Jobdays de Lubumbashi, septembre 2014

Le jour du test, à Lubumbashi, deux occidentaux, homme et femme, supervisaient les épreuves. Ça donnait l’air sérieux ! Respect de l’heure, silence, pas de triche… Mais que savaient-ils du déverrouillage de tout ce sérieux ? Les pauvres!

J’attendais donc la sortie des candidats. Arrive un jeune homme bien habillé que je connaissais depuis le campus. Il me confie : « mon oncle m’a demandé de l’appeler et de lui envoyer le numéro de ma copie après le test. » Les candidats en effet, avaient à la place de leurs noms, des codes chiffrés. Cela devait éviter des influences sur les correcteurs. Mais code était déjà décrypté avant même le test !

Un autre, visiblement faible, compatit sur les connexions fortes de sa tente. Enfin, le dernier lui, appartenait à une jeunesse d’un parti politique qui l’avait recommandé et y croyait fort comme pierre. Encore une fois, il faut entrer en politique pour trouver un emploi. Déjà ma caméra faisait de moi  un type à éviter. Vint alors un illustre inconnu qui ne comptait que sur ce qu’il sait. « On a dit que seule la méritocratie compte. Si c’est pareil, alors je réussirais. J’ai la foi, surtout que j’ai vu les blancs… ». Là était enfin ouverte.

SOS

Ah, les autres ! Qu’ils aillent se faire voir. Ils peuvent aussi prier Dieu ou aller se rabattre sur les « petits travaux » de misère. Nous reste-t-il encore des citoyens sérieux ? Sans doute que oui ! Mais très peu. Unesco, que dis-je, ONU Population, vient sauver cette espèce en voie de disparition.