Didier Makal

« Droits de l’homme », cela n’existe pas dans le dico chinois

Les bons Chinois qui prêtent merveilleusement à l’Afrique, à mon pays la RDC, ont beau raconter qu’ils sont dans un partenariat « win-win », gagnant-gagnant ! L’histoire finit par les rattraper. Oh les têtus ! La plus grave des erreurs qu’ils commettent en Afrique c’est qu’ils ignorent que c’est une terre qui partage des valeurs occidentales et qu’ils devraient se référer à cela.

vlcsnap-2014-12-28-22h24m27s108A Congo Dongfang international Mining (CDM), une entreprise minière chinoise implantée à Lubumbashi on va bientôt licencier plusieurs employés. Un protocole d’accord a été signé, ou est sur le point de l’être avec les syndicats des travailleurs. Les concernés ne sont pas au courant de cet accord. En tout cas, un grand nombre. Je n’ai pas pu avoir un seul contact avec les responsables de l’entreprise. En attendant, plusieurs de ces employés qui travaillent nuit et jour aux fours subissent des humiliations.

Des scènes d’humiliation

Les employés avancent en file, avec derrière eux, un des leurs, commandant. En rang, un peu comme à l’armée, ils doivent marcher durant de longues heures, pour passer le temps, et comme l’heure de sortie c’est après huit heures de travail (enfin, huit heures au travail dans ce cas !) la journée est longue et pénible. Au moins deux Chinois pour surveiller, comme vous pouvez le voir dans cette vidéo. Ils tournent alors ! Vous appelle-t-on ? Répondez « Oui chef ! » avec un salut comme un soldat.

Des agents (fondeurs de CDM) subissant des exercices physqiues
Des agents (fondeurs de CDM) subissant des exercices physqiues

Il y a aussi des exercices physiques improvisés et obligatoires, comme si cela devait servir à rédiger un certificat d’aptitude physique. On impose alors un nombre de « pompes » à exécuter. A ceux qui n’y arrivent pas, un chef chinois hurle « fainéant, paresseux » ou marmonne « en langue incomprise ». Ils entendent parfois crier : « vous Congolais, petit, petit… ! » ou « pas malins » répète un employé qui mime. Un des deux employés visiblement épargnés que l’on voit dans la vidéo s’exclame « en vérité, les frères souffrent ! »

Il y a un peu plus de deux semaines, sur un chantier de construction à l’aéroport de Lubumbashi, un Chinois s’est attiré la colère des ouvriers congolais en battant un des  leurs. Ce dernier avait été boire alors qu’il ne devait pas arrêter son travail. Il a eu droit à un violent coup de pied aux testicules et a dû être envoyé à l’hôpital. Lire à ce propos : « Quand les Chinois succèdent aux Belges ».

Des licenciements arrivent

CDM ouvre des succursales minières sur de nouveaux sites au Katanga, mais l’usine de Lubumbashi doit réduire ses effectifs. Seule la main-d’œuvre qualifiée sera maintenue. Il faut parfois passer par des arrangements avec divers services de l’Etat pour avoir moins de charges à supporter pour ces départs qui s’annoncent massifs. La première vaque prévue pour mars 2015 prochain.devrait comprendre au moins 80 employés.vlcsnap-2014-12-29-10h08m51s81

Le « win-winiste » ignore les droits de l’homme

Il faut savoir sauver son emploi, lorsqu’un jour on vient à en décrocher un, dans une RDC où près de 90 % de la population active est au chômage. Mais comment faire ? Pas toujours quand en face, l’employeur vient d’un pays où les droits de l’homme sont un concept qui n’existe pas dans son dictionnaire.

« Partenaires privilégiés » en RDC, les Chinois prêteurs sans condition jouissent d’une espèce de « laisser-faire ». Un agent du service de l’environnement explique que plusieurs fois il est allé pour des contrôles dans une entreprise chinoise, chaque
fois, il a été court-circuité par des appels téléphoniques de ses supérieurs. On ne sait jamais dans quelles conditions les employés travaillent.  En 2008, le ministre des Mines a toutefois fermé un entrepôt de CDM pour «  fraude minière et non-respect des conditions environnementales et d’hygiène requise. »

On ne s’accoutume jamais à un traitement humiliant ou dégradant en tant qu’humain. On a toujours besoin d’un peu de dignité. J’espère que je n’exagère pas quand je dis que par moments, la Chine exerce son tour de colonisation du monde, même si cela se fait au niveau économique. Surtout, ils commettent une erreur lorsqu’ils ignorent que l’Afrique est occidentalisée. Ici, c’est le Congo !


Même Père Noël n’a pas de solution pour Beni

Père Noël était à Beni au Nord-Kivu, mais pas de joie malgré tout. Le roi de « paix » est né, Jésus-Christ, pas non plus de paix! Paix. Si seulement ce mot avait un sens, l’unique partout sur la terre. Je pensais en ce jour de noël à mon frère, à ma sœur à Beni sans être vraiment béni. Je me disais « si seulement noël peut passer en paix ! » Des coups de machettes, un nouveau massacre dans la nuit du 25 décembre près de Beni.

A Lubumbashi, à Kinshasa comme plus près à Goma, j’en suis sûr, on a chanté on a dansé, et Père Noël a fait tellement de bonheur que plusieurs ont même déversé le trop plein de leurs fêtes. Quelqu’un boit encore ses larmes, à Beni. Il a perdu tout ce qu’il avait : père, mère, frère ou enfants… sa paix.

Même Père Noël n’a pas de solution pour Beni
Photo Salésiens, source: www.kipa-apic.ch

Peu d’attention Je suis sorti voir comment ça se passe à Lubumbashi. J’ai vu des militaires bien habillés, armes en bandoulières, dégustant une cigarette tous les trois, l’un après l’autre. C’était peut-être leur repas en attendant la nuit…, qui sait ! J’ai vu aussi des gens en fête. Des enfants en pleuraient, des cadeaux ne leur plaisaient pas. J’ai vu des musulmans présenter leurs vœux aux chrétiens, j’ai vu un hâté crie « folie »… j’ai vu ! J’ai vu enfin, des chrétiens. Une église en extase, une chorale en furie, un intercesseur en effusion de joie… ils accueillaient le roi, le Seigneur de paix !

Jamais deux sans trois ?

Pendant ce temps, un père noël très peu attendu est arrivé à Beni, le nouveau ministre de l’intérieur Evariste Boshab. Tout donnait l’air d’aller, disons qu’il ne se passait rien de pareil à des visites précédentes des dirigeants congolais dans la région. La première était celle du chef de l’Etat Joseph Kabila. Aussi tôt il quittait la région, un massacre se perpétrait. Plusieurs personnes étaient assassinées. Deuxièmement, le ministre Richard Muyej, alors ministre de l’intérieur. La fin de son séjour était suivie par un nouveau massacre, comme cette fois celle de Boshab est ensanglantée elle aussi.

Il fallait peut-être y penser par anticipation. « Jamais deux sans trois », je ne sais qui l’a dit ainsi, mais cela me paraît prudent de le savoir. Ma façon de voir certains de ces massacres qui ont lieu à Beni est simple, dommage si elle vous parait forcée. Je parle de trois ci-haut notées. Ils servent de message aux autorités de Kinshasa qui passent dans la région. Je l’ignore, ce foutu message. Mais il est là. C’est comme si on leur disait qu’on n’a pas besoin de leurs présence, de leurs discours. Mais des actes. On parle de paix (« combat classique »), mais on  continue à mourir.

Car en effet, le seul discours qui vaille, face à un ennemi aussi non repenti, têtu et obscur, il faut les feux. Et l’armée est là, la police armée elle aussi, toutes soutenues par la Monusco ! Père Noël, si bon qu’il est pour le monde, ne peut-il pas bénir Beni ? Même avec cette triple présence « sécuritaire » ? Le ministre de l’intérieur a beau se satisfaite de la collaboration entre les services de sécurité et la population. On a besoin d’actions concrètes.


Penalty au Congo Kinshasa

On dit « Non » à un arbitre qui accorde injustement deux, puis un troisième penaltys à une même équipe. Le football transposé en politique. Pourquoi pas ? Cela fait mouche en RDC depuis le discours du populaire gouverneur du Katanga, Moïse Katumbi, de retour le 23 décembre dernier. Coup de crayon du dessinateur Thembo Kash.

Moïse Katumbi de retour de Londres où il a fait soigner sa tentative d’empoisonnement, lance une anecdote, mieux une énigme. Un arbitre siffle un penalty, puis un deuxième contre une équipe de football. Tous sont repoussés par le gardien de but. Il est congolais et c’est la finale de la CAF. L’arbitre accorde un troisième pénalty à la même équipe. « N’allez-vous pas descendre sur le terrain? », interroge-t-il. La foule crie « Nous descendrons. »

Un penalty

Le caricaturiste Thembo Kashi s’inspire de cette histoire. Pour lui, l’opiniâtre arbitre c’est la Céni, Commission électorale nationale indépendante. On est en RDC. La Majorité présidentielle, mieux Joseph Kabila passe pour bénéficiaire de la faveur de l’arbitre. Les deux penaltys accordés sont les deux élections gagnées par Joseph Kabila en 2006 et en 2011. Moïse Katumbi qui donne cette énigme est identifié à la population sur qui il s’appuie. « Allez-vous accepter un troisième penalty ? » interroge-t-il.

« Non ! »

« Non ». Ce non est celui opposé à la révision de la Constitution, sujet qui divise ces derniers temps en RDC. Le dessinateur imagine même la suite : « Non à un penalty imaginaire, hors du temps réglementaire. »  En effet, en décembre 2016, Joseph Kabila aura achevé son deuxième mandat autorisé par la Constitution. A défaut d’une modification de la Constitution, cela fait peur après le « Burkina-Faso », l’opposition redoute une manœuvre visant à obtenir « une prolongation » du mandat en créant un vide institutionnel qui maintiendrait Joseph Kabila à la tête du pays « jusqu’à l’installation d’un nouveau président élu » comme prévu par la Constitution.

On comprend alors l’appel de Kyungu wa Kumwanza, président de l’assemblée provinciale du Katanga qui accueillait ainsi le gouverneur : « Que Malu Malu fasse vite, vite pour qu’on en finisse. »

Sur le terrain, mais attention…

Cette énigme du gouverneur sportif, président de Mazembe est commentée diversement à Lubumbashi ce mercredi. « Savez-vous ce qui vous attend lorsque vous descendrez sur le terrain en plein match ? » interroge un détracteur qui répond lui-même : « Vous serez sanctionnés. Votre équipe pourra être exclue de la compétition. » Pour contredire cette réaction, un pro Katumbi répond : « Le peuple reste le plus fort. Même la FIFA ne peut s’opposer au peuple et à la vérité. Un arbitre injuste, ne mérite-t-il pas de sanction ? »


Il veut que l’on respecte le peuple

« Jamais un homme politique n’a été reçu comme aujourd’hui (Moïse Katumbi) » a lancé péremptoirement Kyungu wa Kumwanga, ancien gouverneur du Katanga et actuel président de l’Assemblée de cette province. Voilà qui peut exprimer ce qui s’est passé ce mardi 23 décembre. Des marées humaines de l’aéroport au centre-ville où il tenu un bref discours plein d’insinuations et inédits. « Je ne mourrai pas aussi longtemps que vous resterez en vie » lance le gouverneur du Katanga.

Tout le monde attendait ce jour, depuis l’annonce du retour de celui qui a été parfois donné mourant de suite d’un empoisonnement à l’arsenic (2011). « Qu’il a grossi ! » s’exclame une femme (environ 50 ans) venue l’attendre à la route. Un jeune homme crie comme dans les films de catch américain « Yes, Yes ! » lorsqu’il voit arriver le gouverneur. Un homme, une quarantaine, dit : « Je lui souhaite la bienvenue dans la terre ya bakaboyake katanga yetu, baba moise (…) akuna bongo, katanga niyako. Baba, songa bele… Tuko na wewe muro yetu. Nibia mudamu mungu aku barik. » (Traduction : « Bienvenue au Katanga, terre de tes ancêtres. Papa Moïse, on est au Congo. Dans ton Katanga, pas de mensonge, le Katanga t’appartient. Papa, vas de l’avant ! Nous sommes avec toi, tu es dans nos cœurs, c’est dans le sang. Dieu te bénisse ! »

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Moïse Katumbi à la descente de l’avion, 23 décembre 2014 à Lubumbashi. Ph. Top Congo FM

Un discours bref, mais…

De l’aéroport au centre-ville de Lubumbashi, il a dû passer un peu plus de 4 heures (12 h 20 à 16 heures). Le long de la route, un itinéraire de 7 km, les foules se massaient pour l’accueillir. Et, le lieu aménagé pour le discours grouillait de mondes à son arrivée. Plusieurs y étaient déjà à huit heures. Un discours interrompu plusieurs fois par la foule en effervescence qui n’arrêtait pas de scander des slogans.

Moïse Katumbi fait observer une minute de silence en mémoire des victimes d’une rencontre sportive entre équipes de RDC, il y a quelques semaines à Lubumbashi. Mais aussi il appelle à penser à celles de l’incendie de Kasumbalesa, du naufrage sur un lac à Kalemie ; des victimes d’Ebola, de l’insécurité au nord du Katanga et dans les Kivu, etc. Katumbi semble étendre son envergure.

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Des jeunes lushois à l’accueil de M. Katumbi à Lubumbashi. Photo M3 Didier

Son premier test en effet, vient de réussir. Et c’est Kyungu wa Kumwanza, un tribun katangais qui le dit : « Jamais un homme politique n’a été reçu comme aujourd’hui (Moïse Katumbi) » Cette déclaration est vue comme percutante. Il y a eu récemment Félix Tshisekedi. Une autre de taille remonte à la dernière campagne électorale, en 2011 où des candidats se sont succédés : Kamerhe, Tshekedi père, Joseph Kabila, etc.

Respecter Dieu et le peuple

Katumbi dit au peuple que c’est lui qui est fort. « J’ai lu votre ultimatum sur internet, je suis rentré vite avant qu’il n’expire » a-t-il lancé. « Il faut respecter Dieu et le peuple ». Et comme dans une digression, il se fait beaucoup applaudir : « De l’aéroport jusqu’ici, j’ai observé (les foules). Je me dis, ces images dépassent Burkina-Faso ». Enfin, c’est par une devinette qu’il clôture son propos et invite la population à réfléchir. C’est aussi à lui qu’il remet sa sécurité. Il sait que son retour ne plait pas à plusieurs. « Je ne mourrais pas aussi longtemps que vous resterez en vie ». Applaudissements !

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Moïse Katumbi était attendu sur la révision de la Constitution. Ph. Top Congo FM

« On joue la finale, au Maroc ou au Gabon. Le gardien de but congolais c’est Kidiaba. L’adversaire tire un ballon, Kidiaba le dévie, il est sorti. L’arbitre siffle : pénalty. Il siffle encore un pénalty et Kidiaba dévie. La troisième fois… On ne va pas descendre sur le terrain ? » Demande-t-il. Et la foule répond par l’affirmatif, applaudissant.

Allusion faite selon toute vraisemblance à des excès de la part de certains poilitiques. Katumbi semble vouloir attaquer de front.

Mais il y a eu aussi ces mots de Kyungu wa Kumwanza : « On a beaucoup dit, beaucoup raconté. Il est là. Est-ce lui ou un autre ? (la foule répond c’est lui !) … Kyungu n’est jamais fini, Katumbi jamais, et vous le peuple, jamais fini… ce que nous demandons maintenant, que Malu Malu fasse vite, vite, qu’on en finisse. » Voilà qui place le tout dans un contexte électoral ou de succession. Reste à savoir la vraie interprétation de ces mots on ne peu plus flous « qu’on en finisse ! » Et à ce propos, Vital Kamerhe qui félicite le retour de Katumbi écrit dans un tweet : « Bon retour à Moïse K. Les lushois vont lui réserver l’accueil mérité.Qu’il réponde à leurs attentes.NON à la révision constitutionnelle! »

Une présence qui taraude les esprits

Un grand succès, le retour de Moïse Katumbi. Mais un peu édulcoré par la présence du chef de l’Etat dans la ville. Joseph Kabila est arrivé lundi dernier à 19 heures, heure de Lubumbashi. Presqu’un embarras pour la mairie et certains responsables du PPRD à la tête de l’organisation. Le maire passera un message à 20 heures pour appeler la population à rester à la maison contrairement à l’appel fortement médiatisé lancé un jour avant. Mais cela n’aura sans doute rien changé, à part réduire la portée de l’évènement.

Mais le président lui, est venu pour passer noël au Katanga. Il semble qu’il procède ainsi depuis quelques années. Ce matin, on signale qu’il est allé dans une de ses fermes, un peu loin de Lubumbashi. Mais certains esprits restent probablement taraudés. Malgré tout cela, la poste grouillait déjà de monde à 10 heures lorsque je suis allé faire un tour.

Katumbi victime de jalousie, ça porte bien. Enfin, jusqu’ici.


Paix sur mon téléphone portable!

Je me rappelle encore bien, il y a deux mois. Je venais de divorcer d’avec mes premiers amours. Dans une polygamie bien conjuguée ! La règle est simple dans cette prostitution : à chaque fois trouver un nouvel amour sans toutefois répudier le premier. Pourquoi, en effet, répudier si l’on peut prendre son temps de se venger ? A chacune je rends le mal pour un mal.

Comme je le fis cinq ans avant lorsque Vodacom me dépitait, je venais donc de payer mon numéro Orange. Pauvre de moi ! C’est mille fois la même femme avec les mêmes infidélités. Quelle galère ! J’avais appris des mois avant, les merveilles que réalisait cette entreprise ! Appels pas follement chers, internet stable haut débit et beau marché, … Je croyais ne plus jamais me remettre à genoux pour supplier des moments idylliques.

On cherche le moins cher

Un jour, je rechargeais 1 USD de crédit téléphonique. Il fallait rapidement me connecter à internet sur mon portable. Sans avoir rien réalisé comme application, tout mon crédit était parti. Même les 1.50 USD (150 unités de crédit de téléphones) d’avant ! Où se trouve son amour, ce n’est jamais loin disent les Lunda. Je sortais en pleines 22 heures pour un point de vente.

J’arrive à 3 USD lorsque je recharge deux cents unités pour ne pas rater mon rendez-vous sur un réseau social. Tout était à nouveau parti. Me voici porté à consommer plus que ne me le permet ma bourse. Je pense déjà à mon premier amour (Vodacom) qui, il y a un temps, ne m’a plus produit pareille recette. Au pic de mon courroux, lorsque j’aurai réussi à appeler le service client, je venais de mettre mal à l’aise une pauvre employée au service client en ligne. Je lui j’exigeais, comme si c’était elle qui gérait les machines, de restituer illico « les crédits volés ! »

« Je remarque effectivement que vous avez rechargé 150, 100 puis encore 50… mais je ne comprends pas comment ce crédit n’est pas là. Permettez-moi d’adresser votre requête au service technique qui vous contactera » répondit l’agent pour qui subir parfois des folies sans rouspéter était un quotidien. Je rallumer donc mon phone après l’avoir éteint comme indiqué en ligne. C’était la première fois qu’il m’arrivait de recouvrer du crédit perdu.

Téléphone portable ou médias public ?

Avec Vodacom et Airtel, c’est parfois pis qu’Orange. Je ne considère pas les perturbations des réseaux souvent sans peine de présenter des excuses aux abonnés. Un amour à sens unique où je me sens fort dépendant.DSCF4279

Ce qui me choque c’est finalement de constater que le téléphone portable, privé surtout, est assailli des publicités impitoyables. On se croirait sur une radio ou une télévision.

« Gagnez des prix avec Toleka afriradio 91.4 FM à 9h30. Appeler ou envoyer des SMS au 1070 pendant la journée à 2U et augmentez vos chances » écrit le 1070 Africell.

« Offre exceptionnelle du projet PEMU/REGIDESO[1] à Kinshasa, Lubumbashi et Matatdi : branchement social au prix promotionnel de 46.500 FC ».

Arnaque, spam ou téléphonie mobile

Quelques mois avant, je recevais une pub du genre, signée par une brasserie de RDC. Vodacom et Airtel se sont particulièrement illustrés dans les réclames du type PMU avec un harcèlement ennuyeux. « Votre numéro a été choisi pour gagner 100.000.000 des francs congolais », « Il vous reste deux heures. Appelez le… à 1 USD pour gagner un billet pour le Mondial au Brésil. »

J’ai beau appelé pour demander d’arrêter ces messages qui remplissent mon téléphone et me dérangent parfois même au milieu de la nuit. En vain l’intervention d’un  parlementaire à l’assemblée pour que le gouvernement fasse arrêter ces messages. Ils ont repris de plus bel. Plus grave encore, lorsque vous appelez, tout le monde le fait aujourd’hui, on vous propose de copier une mélodie « d’attente » payante. Parfois sans jamais appuyer sur une touche comme demandé, on vous facture déjà. Vous êtes parfois surpris par ce message « merci d’avoir copié cette mélodie. » Le processus pour se désabonner est parfois ennuyeux.

Publicité. L’ère de la communication. Si on n’en meurt pas, au moins on en sera malade. Les entreprises deviennent folles et se foutent du respect de la vie privé. He bien, allez-vous pendre si vous ne pouvez briser votre puce électronique ou carte SIM. Et puisqu’on ne peut plus ne pas communiquer, on se résigne. Alors on change de SIM à tout moment : on prend un peu de tout ! Orange pour appeler en interconnexion puisque moins chère, Vodacom pour une certaine stabilité, Airtel pour des SMS. L’ennui c’est qu’il faut trimballer 2 ou 3 bazars.

 

[1] Regideso, Régie des eaux : une compagnie de distribution d’eau en RDC.


Vous avez miné notre génération

Nous sommes allés loin, notre temps aura été celui des « trop » ! Trop d’inventions technologiques, trop de violence et des peurs. Trop de promesses non tenues, trop des rêves et chimères, trop d’interdits.

Très forts

On a marché sur la lune, on a visité les espaces inimaginables. Nous avons violé l’intégrité de l’espace : bientôt nous aurons tous ses secrets. Aussi les regrets? La mer est désormais habitable. Et les entrailles de la Terre remontent jusqu’à nous, tous les jours. Nous quantifions l’air, nous maîtrisons l’électricité, nous pouvons connaître chacun des vivants à partir d’un brin de cheveu. Nous savons courir, nous envoler à la vitesse supersonique ! A la même vitesse, nous avons joint les bouts de la planète. Bientôt, nous connaîtrons toute chose. Nous voici démiurges, peut-être même plus.

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Source: www.gaboneco.com

Très forts, très casseurs

Mais hélas ! Jamais le monde ne s’est aussi mal porté qu’aujourd’hui. Comme des cailloux de cuivre, nous allons fondre dans ce fourneau. Il fait chaud. Il fait si chaud qu’au 17 décembre, pas de « pluie de Noël » comme on le dit chez nous à Lubumbashi. La pluie est épuisée : les cieux sont asséchés ! Nos mines se stérilisent, des entreprises ferment.

Il y a Ebola, les frontières sont fermées. Il est interdit de tripoter avec nos sexes comme à l’ère de nos grands-parents. Sida oblige ! La paix a déserté notre monde. Il n’y a plus qu’Al Shebab, Al Qaïda, Aqmi, Etat islamique et les drones de l’OTAN. Pendant ce temps, l’ONU est hypnotisée, réduite à des rêves.

La pauvreté n’a pas été réduite de moitié, nous voici en 2015. Alors qu’on crie liberté, on ne peut pas aisément se baigner au bord des océans ni voguer dans les eaux du Pacifique ou de la Méditerranée. Lorsqu’on dit égalité entre peuples, il y a la démocratie pour l’Occident, la dictature pour l’Afrique et ce que je ne saurais qualifier tellement c’est dur pour mes frères les orientaux.

Voilà le monde dont nous héritons. Arrêterons-nous notre folle course à la puissance et à la découverte ou irions-nous jusqu’à l’extinction de notre temps ?


La mode rend folles les femmes

Entre élégance, « classe », mode et santé, on choisit de perdre la dernière. Mais on arrive après tout à s’en plaindre. Étonne, l’idée d’une chose pareille. Ce weekend, j’ai eu une formidable compagnie. Comme il plaît à mon cœur.

Ce que l’ami qui s’est marié a demandé était clair : « être là. » Bien entendu, là présent, près du couple marié, en habits de fêtes, il va de soi. Un pantalon, une chemise, une cravate, … j’étais prêt. Savez-vous quoi pour ma compagne ? Il a fallu quatre jours de randonnées au centre-ville de Lubumbashi, les trois premiers étant copieusement consacrés à l’identification des « bons coins ». Puis, celui de l’achat venu, il fallait choisir. Je vous conseille de ne pas compter le temps d’essayages, des cogitations sur la nature des tissus, des coutures et des modèles définitifs à prendre. Ah, les vendeuses du coin ! Elles n’en finissaient pas d’admirer, de proposer de nouveaux modèles !

Source: plus.google.com
Source: plus.google.com

A la soirée, toutes semblaient avoir maîtrisé les règles de jeux jamais dictées à quiconque. Des plus croquettes aux moins préoccupées par la mode : robe de soirée fixée juste au-dessus des seins, têtes coiffées à l’occidental avec des cheveux artificiels savamment laissés tomber sur le visage. L’exception était là, mais qui pouvait la voir !

Assez régulièrement un doigt passe sur le visage pour redresser quelque cheveu tombé près de l’œil. Ou carrément on hoche la tête ou on la secoue par un mouvement de demi-cercle remuant par l’arrière. Ah, il faut voir avec quelle naïveté inquiétante on veut absolument ressembler aux cousines blanches. Oh télévisions étrangères et cinémas, si vous saviez ce que vous avez fait de nous !

Source: www.imatin.net
En tout, on veut ressembler aux cousines blanches. Photo : www.imatin.net

Les  talons hauts

Arrive le moment où la piste est déclarée ouverte. Par peu de grâce, je ne suis pas bon danseur. On y est malgré tout. Les mariés aussi. Curieux ! Les hauts talons sur lesquels plusieurs sont juchées deviennent un calvaire et sujet des plaintes, aussitôt le premier tub fini. « Pourquoi alors as-tu mis ces trucs »? Ai-je demandé. « Tu ne vois donc pas que c’est beau? Regarde, toutes les femmes ne mettent que des talons hauts ». Se vêtir pour les autres. C’est toute une sociologie innovante. Mais quelle vie éphémère que cette élégance !

Une jeune fille raconte comment sa copine est tombée alors qu’elle se rendait à la faculté, il y a quelques mois. « Elle n’avait pas prévu des talons plats. On était pressées, car il y avait interrogation. C’était à la descente du bus. J’avais pris quelques pas d’avance et elle tentait de me rejoindre. Elle est tombée très mal. » Heureusement pour elle, seule sa mini-jupe avait sauté, déchirée en plein campus, devant des étudiants curieux et voyeurs venus « secourir ». C’est finalement une autre fille, moins coquette mais habillée en pagne, qui la couvrira de son pagne de plus. Un pagne de sécurité, comme on l’appelle. Mais tout cela disparaît progressivement. J’ai eu un témoignage d’une autre qui aurait subi une entorse à l’occasion d’une chute causée par un faux pas avec des talons hauts.

Enfin, qu’elle est folle, la mode. Ces chaussures qui donnent une taille de plus aux moins grandes blessent assez rapidement. On ne peut longtemps les porter, on ne peut marcher longtemps avec… on les porte juste pour un temps. Quelle drôlerie d’élégance ! Un tout petit temps qui ennuie, oui. Mais cela a été un long moment de découverte. Mais je me demande si j’ai compris les femmes de ma ville.


Le président Bobo Babimbi un démocrate aux crocodiles (Partie I)

Le Botswanga, un pays où tout est « botswangisé » (un peu comme dans une zaïrianisation), tout est taillé à la mesure de son président et à son image. Bobo Babimbi, un président pas seulement incompétent. Il est aussi un fou qui se croit lucide ! Ironie sulfureuse, raillerie sur les pouvoirs d’Afrique… Voici « Le crocodile de Botswanga » un film où, au-delà de la fiction, on parle des quotidiens des palais présidentiels et sans les mortels perdus dans les bidonvilles et villages.

Thomas Ngijol, Bobo Babimbi dans le film Le crocodile de Botswanga mimant Mobutu
Thomas Ngijol, Bobo Babimbi dans le film Le crocodile de Botswanga imite Mobutu en pleurant

« Le Crocodile de Botswanga » dit exactement ce que nos dirigeants font » commente un jeune congolais qui vient de regarder ce film avec moi. Un film de Légende Films (production), Chez Félix, M6 Films et Mars Films écrit par Fabrice Eboué et réalisé par  lui-même et Lionel Steketee. Durée : 1 heures 28 minutes, 29 secondes.

Le film commence par une séquence assez fort-éprouvante pour Didier, le manager du jeune footballeur accueilli en pompe, sur le tarmac de l’aéroport du Botswanga. Didier fredonne quelques airs de l’hymne de ce pays qui le renvoie à une chanson populaire de « Jacques Brelle ». « Notre hymne national vous fait rire ? » interroge Bobo, air grave. « C’est juste qu’il me renvoie à une chanson » … « Un dimanche matin ». « Un dimanche matin avec qui ? » interroge-t-il presque stupide. La musique est coupée. Didier est sidéré. « Chantez ! » ordonne le président. Comment fait-il pour passer si aisément de l’extrême colère à l’extase, ce Bobo ! « Il crie c’est mon chanteur préféré, Jacques Brellé ». Il salue chaleureusement. Il en sera ainsi à plusieurs endroits dans ce film. Bobo est versatile, un peu fou comme ça.

Le Botwanga

Le Botswanga est en plein dictature militaire conduite par un président incompétent et fou. Bobo Babimbi n’a pour toute sa vie intellectuelle que sa formation de militaire en Allemagne où il a appris quelques mots de l’Allemand. Il est pourtant président à la suite d’un coup d’Etat. Un pays selon certaines indications géographiques du film, non loin du Cameroun et de la Côte d’Ivoire. Ce choix n’est sans doute pas anodin. Il détermine les Afriques centrales et de l’Ouest. Appelons cela Afrique francophone. Des régions des plus instables du continent. La dictature ? Ah oui, c’est là aussi la capitale.

« La route de la honte »

Représentation d'un village du Botswanga
Représentation d’un village du Botswanga

La Chine et la France bataillent pour arracher le contrat d’exploitation de bois. Les deux représentent la bataille hégémonique qui se passe en terres africaines. « Un français n’hésite pas facilement de lancer à un chinois « Colonisateur », regrettant qu’il n’ait aucunement honte de détruire une forêt pour y bâtir un stade de football. En tout cela, le peuple lui, reste très pauvre mais ses ressources naturelles elles, sont pillées tous les jours.

Un ministre vient d’être limogé pour avoir retardé la construction d’une route. Un retard à dessein. Cette route devrait passer par une forêt. Le pays devait au moins indemniser les villageois. Rien n’a été fait. Pas de centres de santé et écoles comme promis. C’est honteux ! Faut-il se rendre complice d’une telle destruction ? Voilà où peut conduire une route de la honte.

Capitaine Yaya aura bien compris, avec preuve à l’appui (par un enregistreur, l’avatar du président) que Bobo allait le liquider lorsqu’il n’aurait plus besoin de lui. Didier qui lançait « ne le laisse pas détruire ton pays » a éveillé en lui la conscience et le sens du devoir. Le pauvre ministre du cabinet de la nation aura au moins marqué une résistance. Sera-t-il offert en pâture aux crocodiles que l’on nourrit des opposants politiques ? (à suivre)


Associations socioculturelles ou partis politiques ?

L’octave des félicitations et fêtes post-nominations a commencé ce lundi 8 décembre. Les nominations au gouvernement se fêtent. Surtout, on « rend hommages au chef de l’Etat » « pour avoir pensé à un fils de « chez nous » » …! On ? Qui donc ? Les associations socioculturelles.

Bravoure, mais surtout puissance. Voilà comment je comprends les attitudes qu’affichent les associations qui célèbrent l’entrée d’un ou plusieurs des ressortissants de leurs origines au gouvernement. Cela se fête. On passe aussi à la radio et à la télévision, des messages de félicitation « au chef de l’Etat » et au nouveau « fils du terroir ». Cela « témoigne de l’importance que nous témoigne le chef de l’Etat à notre peuple » dit un message que j’ai suivi ce matin à la radio.

Ces communiqués et messages sont répétés parfois sur des médias très périphériques qu’ils n’ont jamais de chance d’être suivis par les concernés qui d’ailleurs sont à 2000 km de Lubumbashi. Voilà qui rend encore drôle ce cérémonial. Mais on en raffole à chaque sortie de gouvernement et à chaque fin d’année.

Un jeu dangereux

Ennui et déception pour les associations sur qui le soleil de la « bienveillance » ne brille pas. Que ressentent-elles lorsqu’elles voient se succéder des gouvernements sans elles et surtout quand ils subissent des Mbudie Lubakatgiga-octets de sons, images et textes diffusées par la presse ? Je parle de certaines associations aux groupes ethniques « peu influents » ! Arrivera-ton un jour à satisfaire toutes les associations ? Je m’en doute ! Car, autant il y a des tribus dans une ville comme Lubumbashi, autant on dénombrera des associations dites socioculturelles. Les villes me paraissent du coup, le lieu par excellence des exclusions tribales et ethniques. Le comble est que ce jeu apparemment normal, porte les germes du mal : des inimitiés entre associations. Ici se rencontrent en face-à-face à peine voilée, les associations omniprésentes dans les gouvernements et celles qui n’y sont que rarement ou pas du tout représentées.

Associations socioculturelles ou politiques ?

Les hommes ont créé des associations socioculturelles dans le dessein de faire revivre leurs cultures, loin des lieux de diffusion. La diversité ne devrait jamais faire peur en effet. Et revenir à ses sources est toujours agréable. Mais vite, ces associations sont politisées et deviennent parfois plus puissantes que certains partis politiques. A part des groupes folkloriques, on n’y fait pas grand-chose que de parler de politique.

Les spécialistes en géopolitique tribale savent, à Lubumbashi, vous dire quel ministère est attribué à quelle association ou tribu. Et à l’approche des formations des gouvernements ou durant les élections, elles sont très courtisées. Leurs responsables finissent souvent en politique. Ce sont en quelque sorte, des ponts. Mais c’est plus que cela. Pendant ce temps, la culture est reléguée au second plan parfois au tiers.

D’abord la tribu

Dans un tel monde, la nation mieux la république vient après la tribu. Et le ministre se sent assez redevable à sa région, à sa tribu qu’au reste du pays. Et s’il s’avise parfois à jouer l’universel, il finit par se fragiliser. Ce que peu des politiques sont près d’accepter. Exception faite au moins pour ceux qui sont nommés sur base de leurs propres efforts, de leurs savoir-faire qui les propulsent jusqu’aux ministères. Si non, on est nommé sur base des appartenances politiques qui en réalités, sont assises sur la planche de la tribu.

Les villages, les concepts ethnie, tribus sont fort remarquables, par les regroupements suffisamment claniques ou familiaux. En ville, elles ont une virulence exclusionniste. Le culturel a changé de nature ! Pourquoi pas ! La politique reste l’unique secteur de vie qui paie bien.


Les sexes des mots, le français à l’épreuve

Le français tel que nous l’aimons, tel que nous l’avons appris à l’école, avec ses règles, ses lois générales et ses exceptions parfois drôles… qu’en restera-t-il avec les femmes et surtout les Canadiens ? Parité homme femme, genre, féminisme : voilà la porte par laquelle entrent des idées qui chamboulent notre langue.

Les règles de la langue changent

Mais les mots exclusivement masculins vont disparaître et notre langue va sans doute devenir autre. Appelons cela changement ! Mais ça gêne ! J’accuse le Canada et le féminisme !

Je me rappelle encore, j’ai été puni un jour à l’école pour avoir dit avocate alors que ce mot était uniquement masculin. Un avocat, que vous portiez M ou F à l’état-civil, insistait le prof de français, fidèle à la tradition d’hommes de son genre qui voulait qu’il fût rigoureux, qu’il tînt aux normes, aux règles… Ah, tout cela est fini ou presque. Que j’ai été inutilement puni ! Que toutes les règles sont simplement des fantaisies. Et la grammaire, que deviendra-t-elle sans normes rigoureuses ?

Les sexes des mots

Le féminisme chamboule les règles du français. Source: theoriedugenre.fr
Le féminisme chamboule les règles du français. Source: theoriedugenre.fr

Féminiser ? C’est peut-être décidément le premier produit de l’esprit d’importation canadien en termes du français. Loin des évolutions néologiques par lesquelles l’Afrique enrichit sans bruit le français, les Canadiens inventent des sexes pour les mots.

Le mardi dernier, alors que je finalise mon reportage vidéo sur la grève des magistrats, je lance à un ami pour rire : « Dis-moi, quelle qualité je donne à cette femme : une magistrate, vais-je paraître trop vieux ? » « Quoi ? Tu devrais relire ta grammaire », lance-t-il, ironique. Dans la foulée, il avoue qu’il ne suit pas trop ce qui se passe de l’autre côté de l’Atlantique. Je lui parle alors de magistrate, avocate, professeure, etc. Ces mots qui se féminisent désormais. Il aura à peu près ces mots : « Les femmes avec leurs genre et parité viennent tout nous prendre ! » Pour un vieil enseignant de français, c’est simplement « du bordel » ces changements ! « On ne féminise pas tout. On n’arrivera pas à donner à tous les mots féminins de nouveaux sexes ! »

Les femmes, plus puissantes que les mots

Déjà les dictionnaires avalisent des néologismes, les Parlements créent des lois à l’image des femmes de plus en plus puissantes. Mais elles restent loin de s’avouer vainqueurs. « Vainqueuses » ? Le Canada trouvera sans doute un féminin à cet adjectif. (Ça sonne déjà très moche !) Trouver des féminins aux mots monosexués, il sait le faire, en effet ! Je ne suis pas misogyne. Je ne hais point ce pays formidable qui enrichit le français.

On ne parle plus que de la femme. Avoir une femme présidente de la République, comme en Allemagne, au Liberia … paraît bien plus commode. « Quand on dit liberté ou égalité, c’est en faveur de la femme. Mais lorsqu’il faut se mettre en première ligne au front, ce sont les hommes ! Nous voilà les moins nombreux » ironise un journaliste. Demain, les hommes ne vont-ils pas courir après les femmes, comme elles aujourd’hui, pour demander quelques droits perdus avec le vent canadien et de manière générale, américain de féminisme !


Les noms des vaillants, des flics en RDC

Le nom. Rien de plus commode qu’en avoir un. C’est même un pour tout humain reconnu par la déclaration universelle des Droits de l’homme. Les braves, les vaillants et les voyous eux aussi en rajoutent. Des surnoms, des épopées. Des noms qui les caractérisent ou presque. Un flic ? pourquoi pas lui aussi !

Un nouveau chef du village s’identifie toujours par rapport à un autre bien plus glorieux que lui avant. Le monde religieux occidental, même les papes n’échappent pas à cette règle. Un Nzuzi (déformation de juge ?), généralement, rend justice où qu’il se trouve.

La famille

Non, on ne va pas parler de grammaire française. Le nom n’est pas souvent un fait anodin chez nous au Congo, chez nous en Afrique. La logique veut que le nouveau porteur de nom ressemble à son aïeul, à son « majina » (du swahili : à peu près « homonyme »)! Les noms alors font de nous des fils et filles de nos parents, de nos familles… fils et filles de chez nous. Ils rendent forts ou faibles, bénissent ou donnent moins de grâce.

Bonsco Ntaganda, chef du M23. Source: angarrison.com
Bonsco Ntaganda, chef du M23. Source: angarrison.com

Les flics se surnomment

Cobra, Matata, Ntambo, Terminator, Chinja-Chinja, Katata-katata… des noms bien connus des militaires et policiers congolais. Des noms qui comme le boomerang, les faiblissent plutôt que de les rendre réellement puissants.

Un militaire s’appelle « Fort ». Un autre « Ntambo » (lion, en Kiluba) un nom de famille. Drôlement, il y en a un qui s’est fait célèbre en bon « vidéomane » (comme mélomane) en s’appelant « Terminator » comme ce héro impitoyable du film joué par Arnold Schwarzenegger. Les Rambo et Chuck Noriss ne manquent pas! Un chef rebelle s’appelle Cobra et montre son caractère venimeux ou sa létalité ; Matata (caprice, compliqué en swahili) pour dire qu’il est intraitable. En combinant Combra et Matata (Cobra Matata), le même individu, au plus haut de son hyperbole, appel presque l’enfer ! « Chinja-Chinja » (charcuter, égorger, en swahili), un autre nom d’homme armé, pour dire qu’il ne laisse rien à son passage.

La population colle aussi des sobriquets. « Esprit de mort » pour marquer la peur qu’un flic inspire ou le deuil qui suit les missions conduite par un soldat. Par le passé, un commandant se faisait appeler « Mufu » (du swahili, revenant). Je n’oublie pas des « Ben Laden » qui n’ont de commun avec le vrai que le nom ; des François qui n’ont que de lointains liens avec le saint italien et dont parfois ils édulcorent la teneur comme l’encens noircit l’idole ; des congolais Poutines, Saddams, Sankara, Kadhafi, Mugabe, … rarement des Mobutu ! Pourtant, ils sont légions en actes !

Tout le monde est vaillant

Vous savez que l’armée congolaise s’est appelée successivement, dans l’histoire récente : Léopard, Simba (lion) puis encore Simba par totem. Nous-mêmes, on est devenu un peu tout cela. Léopards ou Simba en sport, en troupe de théâtre nationale en compétition, etc. Cela pour montrer réellement que l’« on est fort et comme » ces félins dans la forêt ou dans la savane, quiconque s’amuse en aura pour son compte. Mobutu, ce grand Léopard d’Afrique et dictateur du Zaïre, était de l’ordre de léopard. Non, il était lui-même Léopard et se couvrait de sa peau de la tête aux pieds. Il se posait sur le Léopard. Vrai therianthrope, il savait osciller entre les deux natures : hommes et félin.

Pour une armée, disons que c’est plutôt pas mal. Ressembler à un léopard ou l’être carrément. Je ne parlerais pas ici de nos déboires sur plusieurs fronts. C’est profondément politique. Je sais au moins que, Simba ou Léopards, on a gagné très peu. Surtout dans les sports. Même les Eperviers nous ont dévorés, que dis-je, ont picoré et mangé les léopards. Non, ce ne sont pas des charognards. Ils les ont tués eux-mêmes !

Un chef militaire au Nord-Kivu. Source: safarilodges.com
Un chef militaire au Nord-Kivu. Source: safarilodges.com

Noms et violences en RDC

Fini ma vadrouille. Revenons à ceci qui me tient vraiment à cœur : les flics de mon pays et leurs noms. Un dicton lunda dit que « ce sont, le plus souvent, les oiseaux sans graisse qui font beaucoup de bruit. » Et les français disent que « le tigre ne chante pas sa tigritude, mais il saute. »

J’ai l’impression que ces noms aux tintamarres infernaux  ne collent pas réellement aux identités, comme en Afrique de nos ancêtres. Un Cobra Matata, un Saddam, un Kadhafi, un Léopard… devraient l’être face à l’ennemi. Malheureusement il semble que peuple, assez souvent, les porte sur son dos. Toute cette férocité, c’est son propre peuple qui le subit. Alors des viols, des pillages, des massacres.

Bien entendu, de bons citoyens parmi les flics sont là et font du bon boulot. Et parfois, c’est sans des noms pompeux. Mamadou Ndala. On croirait entendre un religieux! Bahuma ou Mbuza Mabe, restent aussi de ces braves silencieux même si dans Mbuza Mabe, il y a un « mal » (Mabe en lingala = mal, mauvais) ! Lui au moins, en ramenant les rebelles pro-rwandais du CNDP de Laurent Nkunda Batware au Rwanda, a honoré dignement son nom.


15e sommeil de Francofolies

Français ma chère la langue, je t’aime mais…

C’est parti pour le 15e sommeil de Francofolies ! Devant mon petit écran ce 29 novembre, entré par effraction (je n’y ai pas trouvé ma place) dans Dakar tout séduisant j’ai vu des femmes, des hommes, des enfants. J’ai entendu chanter, j’ai entendu crier, j’ai vu parler Joseph Kabila, François Hollande, Paul Bya, Abdou Diouf et Macky Sall. Je les ai tous entendu, puis je me dis : voici nos folies. Il n’y a pas du mien, pas du nôtre. Même notre français n’y était que partiellement. La première est le français ! La francophonie sommeille. Le français, ma langue, notre langue. Je t’aime et nous te nourrissons de nous-mêmes : nous voici en toi, es-tu entré en nous ? Kirundi, Uruund, Swahili, Lingala, Kikongo, du wolof… ! Zaïre, Cameroun, Sénégal, Madagascar… voilà qui t’embrassent ! Le bon et beau français, il a les tonalités de nous, de chez nous, de partout. Il est universel mais n’oublie pas Paris. Je ne l’ai pas vu, on ne l’a pas dit là… il est resté à Beni, en Guinée forestière, très loin de Bambari…

Dakar, Source: @africa24tv
Dakar, Source: @africa24tv

Tu es beau comme ça, tu es drôle comme cela, le Français langue comme le Canada l’aime, une culture comme l’Hexagone l’entend. Tu es une vie comme l’Afrique le veut. Pourtant, tu n’es qu’une langue. Voilà une folie. Comprendras-tu enfin, un jour, qu’une langue ceint et fait un ? Tu es une glissade qui moule dans un métissage christoforme, allahïforme : Antananarivo, Kinshasa, Libreville, Bamako et même le Caire ! Voilà jusqu’où tu me mènes. On peut aussi s’envoler, on peut aussi voir dans la nuit la Ville lumière, on peut arriver au pays du genre et dire sans honte « une avocate » sans gifler Molière ! Tu es aussi aimé des fils de Shakespeare et ta beauté va croissant… Chant, danse, photos, cocktail Mais regarde ô notre passion, combien on est simplement « diseurs » et rarement « faiseurs ». Mon cœur me dit une chose, la même qui te colle ma très chère : à Dakar comme il y a quatorze sommeils de Francofolies, on va danser, chanter, se photographier et enfin, des photos vont circuler sur la toile. Elles sont là déjà avant même que tout ne commence, vois-tu ? Du folklore et c’est tout. Deuxième folie.

Ecole, Dungu-centre, en Province Orientales. ource radiookapi.net
Ecole, Dungu-centre, en Province Orientales. ource radiookapi.net

On sommeille il y a voici 15 ans De Gaul, D’Estaing, Chirac, Hollande, Gabon, Zaïre, Côte d’Ivoire… bien trempés dans le Gabon-France de la France-Afrique ou de l’Afrique-France-Gabon-Zaïre ivoiriens… tout est pareil ma belle ! On sommeille encore. Le 15e sommeil de Francofolies est une honte, une drôle des folies, un mal qui nous ronge. On a cité des lieux, annoncé des intentions, c’est fini. On n’a rien dit ce samedi. Kabila n’a rien dit, Hollande non plus. Macky Sall commence somme ses pères de Francofolies. Cela ne te dit rien ? Le Mali pourrait ne pas venir, Dakar 15e sommeil pouvait capoter si les urines de la chauve-souris, si la salive du singe de la Guinée en quarantaine, était venue à la Francophonie. Oui, ici chez nous en Forestière, c’est une folie. Nous n’avons pas regardé le direct de RTS. Seul moi, je me suis entêté. Mais j’ai eu tort. Puisque je m’ennuie de voir tout ce beau lux d’une beauté qui n’existe qu’en capitales et aux jours de séduction et de parfums ! De la poudre aux yeux, on connaît la chanson. Cette beauté n’est pas pareille à la tienne, ô ma langue. Tu es cette beauté qui, en trois mots, tu appelles mieux qu’une espérance : démocratie. D’ailleurs, c’est ta francophonie qui est le cimetière, le cimetière où repose ce qui depuis 1879 a porté toute ta beauté : liberté, égalité, fraternité. C’est à jamais fini. Tu les a couvert d’un linceul lugubre : la stabilité. Tu sais ? On me dit souvent que tu fais la honte au monde. Tes enfants sont des plus indisciplinés, au top de l’instabilité, de la pauvreté et de gouvernance peu recommandable.

S’il te plaît

Je t’en prie,

réactive nos liens,

revivifie ce mariage

Reconstruis cette famille et surtout

Fais que la langue engendre une communauté

Que la communauté vive

Par des actes.


Un incendie de la honte à Kasumbalesa

Un grave incendie a consumé 46 camions dont plusieurs contenaient du carburant et de l’huile végétale. Au moins deux personnes y ont péri. Le bilan reste encore à préciser, puisqu’on annonce plusieurs blessés dont certains viennent d’être acheminés à Lubumbashi. Une délégation du gouvernement de la province du Katanga a tenu une réunion dans l’avant-midi avec les responsables de la douane et le chef de cité de Kasumbalesa limitrophe de la Zambie, à environ 80 km de Lubumbashi.

Ne vous étonnez pas si je vous dis que pour venir à bout des flammes qui ont consumé les 46 camions remorques il a fallu solliciter le secours les services de Lubumbashi. Mais pour quel résultat ? Le pire a été évité. Mais de justesse et pas de la manière des plus enviables, même si 150 camions chargés de carburant principalement étaient en ligne de mire. Que seulement 46 aient brûlé, il y a à dire « gloria ! » Mais pas si vite. On devrait plutôt pleurer, à mon sens.kasumbalesa-4

Un eldorado oublié

Kasumbalesa se trouve à environ 80 km de Lubumbashi, un peu plus au sud du Katanga, limitrophe donc de la Zambie. A ce jour, il reste le plus grand poste frontalier de la RDC avec des rentrées estimées à plusieurs milliers de devises étrangères par jour. Moïse Katumbi, alors épris de transparence et d’honnêteté en aurait fait l’expérience en début de son mandat, raconte-t-on à Lubumbashi, en s’étant arrêté un jour quelques heures regardant passer et dédouaner des marchandises. Que tout ait été raflé par Kinshasa après cette révélation du nouvel eldorado du pays, tout a été nationalisé, là n’est pas mon propos.

source: @FreeDiomi Twetter
source: @FreeDiomi Twetter

C’est bien donc ce grenier économique et ce terreau du bien-être de certains citoyens qui n’a pas pu mâter les flammes quand, vers 18 heures, un camion-citerne portant du carburant, par fausse manœuvre, a percuté un autre. Du carburant a coulé, coulé, jusqu’à atteindre des paisibles camionneurs qui cuisinaient sur un brasero. Puis, les flammes. Elles remontent jusqu’à l’expéditeur, puis encore visitent tous les cousins.

Kasumbalesa, une cité bien plus vielle

Qu’y avait-il à Kasumbalesa pour arrêter à temps une hécatombe ? Pas grand-chose, en tout cas. Un seul camion anti-incendie appartenant Pacific Trading, une société qui gère l’entrepôt de la DGDA (Direction générale de douane et accises) où l’incendie a eu lieu à Whisky, un village situé à 7 km de Kasumbalesa douane. – Cette société de sous-traitance, Pacific Trading, travaille sans minimum de service de sécurité garanti.- Les camions anti incendie sont arrivés bien après 18 heures. Au moins, elles ont servi à quelque chose.

Mais n’est-ce pas là un archaïsme si non une sclérose dommageable ? Qu’une cité comme Kasumbalesa par où passent et repassent des camions chargés de toutes sortes de dangerosités ne dispose que d’un seul camion contre les incendies ? Et Lubumbashi même, savez-vous de combien de ces engins dispose il-t-il? Pas plus de dix. On peut les citer. La mairie de cette ville en a 2, la Société de l’assurance deux dont un est sous pression ; il a 1 pour une brasserie, 2 ou trois pour l’aéroport international de Lubumbashi… et si je n’ai pas compté d’autres, ils ne dépasseraient 3. J’en parle dans un article sur les incendies à Lubumbashi.

Dangers permanents

Des véhicule en attente de départ à Kasumbalesa. source: zedchronicle.com
Des véhicule en attente de départ à Kasumbalesa. source: zedchronicle.com

Finalement, il n’y a que le hasard ou le ciel, pour les croyants, pour protéger les habitants de nos villes et cités où pullulent les engins de mort. Il y a quelques années, un camion chargé de matières radioactives se serait renversé dans une rivière sur la même route Kasumbalesa-Lubumbashi. Les acides divers et des explosifs à usage industriel se déversent de temps sur des routes de la province. En 2012, un gros sac de souffre était tombé d’un camion juste devant le gouvernorat du Katanga et y avait passé plus de deux heures.

Regardez la photo ci-contre. C’est bien à Kasumbalesa. Comment, dans ce cadre, éviter le pire lorsqu’un incendie arrive? Il est même difficile, sur cette route, qu’une ambulance aille dépêcher un malade.Elle reste une des plus dangereuses de la province. Il ne se passe pas une semaine sans qu’on ne rapporte trois ou quatre accidents. Etroite et fort serpentée, cette route réhabilitée par la Banque mondiale en 2008, connaît un grand trafic. Elle reste celle qui conduit à l’Afrique australe. Les carburants ainsi tous les produits dont le Katanga et les Kasaï ont besoin passent par là. Et il n’est pas étonnant que demain on connaisse pire que ce qui vient d’arriver à Whisky.

Ce lundi à Whisky-Kasumbalesa, l’écosystème a pris une dose de létalité sans mesure. Aucune mesure immédiate n’est prise en vue de dépolluer l’environnement. Sans doute on rependra de la chaux mais sera pour la forme. Puisque désormais, le mal est dans l’air. On le respire, on le hume et lorsqu’il va pleuvoir, il coulera jusque dans les rues, les maisons et dans nos cœurs. Bientôt nous mourrons comme des insectes.


La Radio-télévision Lubumbashi a arrêté d’émettre

Les dessous de la suspension du ministre des Médias

La radiotélévision Lubumbashi Jua (RTLJ) a arrêté d’émettre ce lundi 24 novembre 2014 dans l’avant-midi. Ce média de Jean-Claude Muyambo qui vient de basculer à l’opposition tout récemment est accusé d’inciter à la haine et à l’insurrection. Mais beaucoup voient en cette interdiction, une atteinte à la liberté d’expression et surtout, une volonté politique de contrer son patron qui est désormais un opposant et qui voudrait, d’après ses propres mots « aider Kabila à partir » du pouvoir.

Le CSAC mis de côté, supplanté par le ministère

RTLJ, Radio télévision Lubumbashi Jua. Ph. M3 Didier
RTLJ, Radio télévision Lubumbashi Jua. Ph. M3 Didier

« J’ai compris que c’était une décision qui n’était pas administrative et qui est plus politique… ce n’est pas au ministre Mende de se saisir d’office pour interdire ou arrêter le signal de la RTLJ. On devrait se référer à notre organe régulateur qui est le Conseil supérieur de l’audiovisuel et de la communication (CSAC), puisque c’est lui qui gère le contenu » estime Guellord Mukanya, directeur général intérimaire de RTLJ.

Le CSAC se sent supplanté, court-circuité en clair. Il n’a voulu donner aucun commentaire sur cette décision. Pas non plus l’ONG de défense de la liberté de la presse Journaliste en danger. Un silence qui cache mal le malaise entre institutions autour des médias. Il s’agit d’une affaire de contenu des médias diffusé et qui pose problème. D’office, c’est sa matière, estiment les professionnels des médias.

En plus, la procédure ne plaît pas du tout. Le CSAC prévient toujours avant de sanctionner, sauf en cas de récidive. Ce que n’a pas fait le ministère des Médias. C’est d’ailleurs pour cela que Jua a continué à diffuser jusque ce lundi avant-midi. Samedi, son directeur intérimaire, Guellord Mukanya disait attendre une notification « Je vais émettre jusqu’à ce que j’aurai la notification, et surtout la preuve qui démontre que nous avons incité à la haine ou à l’insurrection. »

Un journaliste de RTLJ ne plein travail. Ph. M3 Didier
Un journaliste de RTLJ en plein travail. Ph. M3 Didier

Malheureusement, cette preuve n’arrivera pas et Jua n’émet plus. La Division provinciale de la communication que le ministre a chargée de faire exécuter cette décision n’a pas rencontré de résistance.

Les employés de ce médias dénoncent eux aussi un mélange du politique et de l’administratif. « Nous n’avons que ça comme travail. Vous venez fermer, qu’allons-nous devenir« .  « Cette décision signifie que la démocratie est agonisante en RDC » estime un collègue, et le directeur général d’ajouter: « On attendait la notification. Elle est arrivée, mais adressée à monsieur Muyambo, promoteur de la chaîne. Le promoteur ne gère pas la chaîne. Il y a une administration et c’est à elle qu’on devait écrire, ce qui prouve que cette  décision est politique. »

Un problème de contenus de média

La direction de la RTLJ dénonce un amalgame et une décision politique dont la visée est de contrer l’action de Jean-Claude Muyambo qui a quitté la Majorité présidentielle. Il y a un peu plus d’une semaine, Jean-Claude Muyambo claquait la porte de la Majorité présidentielle et devenait un opposant. La nouvelle a fait grand écho, même si Muyambo n’a pas de poids au Parlement. Au Katanga en revanche, il est un des leaders populaires et écoutés.

Lubumbashi, le siège de al RTLJ. Source: RTLJ
Lubumbashi, le siège de la RTLJ. Source: RTLJ

Les messages diffusés par la RTLJ et qui sont de nature à pousser à l’insurrection et à la haine, sont constitués selon toute vraisemblance, de l’interview donnée par Lambert Mende à TV5. On y voit un Mende qui annonce le retrait de Joseph Kabila du pouvoir à la fin de son mandat en cours et, « un passage de flambeau civilisé » entre Kabila et son successeur élu. Cette interview passe assez régulièrement sur la télévision. Elle s’alterne parfois avec des séquences de Sakayonsa, cette célèbre et historique danse populaire imposée à toute la nation durant le mobutisme et à la gloire de Mobutu. Qui n’a pas dansé le Sakayonsa ! Peut-être les âges venus après le 24 avril 1990 qui a sonné « le glas du parti unique » au Congo-Zaïre.

C’est bien ces images qui sont suivies aussi d’autres, tirées d’un film sur l’esclavage ou la traite des Noirs. La séquence où un « nègre » fatigué de supporter les folies de son maître le renverse et le roue de coups est des plus récurrentes. On peut voir alors Muyambo, toujours dans les images, apparaître et lancer sommairement : « Nitobole ? » (Que je dévoile ? voulez-vous que je parle ? » et une foule qui répond enthousiaste « Tobola » (Dévoile, parle).

Il y a aussi des chansons des reggae mans ivoiriens Tiken Jah Fakoli et Alpha Blondy qui sont diffusés régulièrement à la radio : « Quitte le pouvoir », « venez nous sauver, ils veulent nous tuer », « Tout change, sauf les imbéciles ne changent pas », et bien d’autres du genre que d’aucuns estiment « révolutionnaires ». Cela a suffit du coup pour interdire un média, quand bien même il appartiendrait à un opposant qui ne sait parfois pas se taire et ruminer sa colère.

Une décision politique ?

Une affiche de Jean-Claude Muyambo, patron de la RTLJ. Ph. M3 Didier
Une affiche de Jean-Claude Muyambo, patron de la RTLJ. Ph. M3 Didier

J’estime pour ma part que tout cela est bien suggestif. C’est de la communication, en effet. Mais s’il n’y a que cela qui constitue les seuls griefs retenus contre RTLJ, alors il y a à craindre une décision loin du seul souci de redresser ou de corriger une déviation. Car en réalité, à travers ces messages, suggestifs, on a du mal à croire qu’il y ait des messages de nature à soulever des populations. Ou que la population soit réellement devenue dépourvue de toute jugeote. Ce serait d’ailleurs un manque de considération que d’estimer les publics des médias impulsifs. Ils sélectionnent et filtrent.

A l’inverse, et c’est cela qui choque dans la décision du ministre des Médias. Les médias proches du pouvoir ou du pouvoir font de la propagande tous les jours. Il y en a même qui ont le goût des  louanges et de l’adoration envers les personnalités dirigeantes. Malheur à ceux qui sont opposés à leur religion y compris les médias frères qui se font injurier. Jamais ceux-là n’ont été sanctionnés. Sauf, je l’avoue, lorsqu’il fallait punir Jua, alors en pleine escalade par médias interposés, entre Muyambo et Moïse Katumbi. Là au moins, certains autres médias avaient été sanctionnés.

Et donc, que la direction de RTLJ estime que la mesure du ministre Mende est politique, il y a de quoi lui accorder quelque crédit. On se rappelle que le ministre Mende a été cité dans les événements de Lodja (le fief de Mende) où des jeunes présentés comme membres de son parti ont tabassé des prêtres. Muyambo, alors sur la voie de l’opposition, avait pris position en faveur de l’Eglise catholique qui, disait-il, a raison de refuser toute modification de la Constitution. C’est sans doute cette dernière problématique à laquelle est opposé Muyambo qui a coûté la fermeture de son média, croit-on.

Aujourd’hui, ce média devrait remuer terre et ciel pour arriver à convaincre que les faits présentés contre lui sont dénués de toute arrière-pensée politique. Mais, que l’on cherche à museler les médias de l’opposition, là il y a un problème. Je crois qu’il y avait d’autres moyens de sanctionner ou de corriger.

 


Industrie des rêves (suite)

Faire comme en Occident, être journaliste comme sur France 24, sur Rfi … voilà en quoi je résume enfin mon observation sur certaines pratiques qui ont cours dans l’audiovisuel en République démocratique du Congo. On parle « comme des blancs », on veut que sa télévision s’affiche « comme France 24 », … Le journaliste rêve et fait rêver et la télévision elle, devient sans conteste, une industrie ou fabrique des rêves.

Alors que j’étais encore étudiant en journalisme, un professeur décryptait un jour la gestuelle et l’interaction que cette dernière produit dans l’espace communicationnel entre les vedettes des télévisions et les téléspectateurs (la proxémique). C’est un cours de sémiologie de la communication. Je me rappelle encore ce qu’il disait :

Jt présentation
Une des positions les plus reprises par les présentateurs des JT. Photo M3 Didier

« Voyez ! Pourquoi les journalistes froncent-ils les sourcils lorsqu’ils présentent les journaux? [C’est pour imiter des gestes naturels, propres à un journaliste bien connu] Remarquez bien que de plus en plus, tout le monde a désormais tendance à se tenir, pas droit en face de la caméra, mais un peu comme en diagonal ou incliné en ¾ … Et encore, tout le monde change de position des bars : un bas avance lorsqu’on lit un chapeau (l’introduction d’une information) pendant que l’autre bras recule en formant un V, et vis-versa… »

Et si ce n’est pas cela, on se tient débout. Cela fait plus confortable encore. Mais plusieurs prennent aussi presque la même position une fois de plus, cela renvoie à des postures affichées par des présentateurs vedettes bien connus sur les télévisions étrangères (occidentales). On écarte les bras en V inversé, vers la table sur laquelle, on s’appuie légèrement.

Un problème de profil des journalistes

Je ne verse pas dans la lecture sémiologique pour ressortir les dits et non-dits de cette gestuelle ou proxémique (toute une communication). Mais ce qui est intéressant c’est de constater que l’idée de faire absolument « comme sur… » ou « comme les blancs », recèle des stigmates d’une colonisation qui a longtemps présenté comme meilleures, les productions des blancs et les producteurs eux-mêmes. Pardon, j’ai peur de verser dans des considérations raciales. Le ciel m’en garde !  « kizungu » qui signifie modernisme mais surtout « ce qui est des blancs » est opposé à « kisenji » qui pour sa part désigne ce qui est relatif aux noirs vus alors comme « singes » ! (C’est du Swahili de Lubumbashi que je traduis).

Cette considération n’a jamais disparu malgré la décolonisation politique (encore sujet à caution). Il faut sans doute une décolonisation culturelle et celle-là devrait partir du profil même des journalistes. Les journalistes les plus « intègres » se livrent rarement à ces genres d’imitations, ai-je constaté. La première partie de cet article m’a rapporté ces réactions sur Facebook :

Bilbert Kyungu, Journaliste. Source: facebook/kyungugilbert
Bilbert Kyungu, Journaliste. Source: facebook/kyungugilbert

« …Pourquoi ne voir des modèle que de l’autre côté ? Nous ne sommes pas soumis aux mêmes conditions ni au même contexte, et nos sociétés sont largement différentes…ainsi donc doit-on servir différemment. Soumettez ces journalistes-là à mes conditions et je verrai bien leurs limites ! Je reconnais volontiers les qualités que j’aimerai bien avoir, mais cela ne veut pas dire que la perfection est occidentale, pas du tout. » (Fidèle Bwif Lenoir, Journaliste)

« … Ce qui manque dans les médias Rd congolais pour ne pas citer tout le continent africain, c’est seulement ce manque d’esprit de créativité. Localement à Lubumbashi si vous voyez toutes les radios et télévisions qui ont existé après 1994, eh bien sans peur d’être contredit, la majorité a tablé sa programmation sur Zénith RT. Je me réserve le respect de citer les noms des chaînes, les émissions et mêmes le générique. Aujourd’hui encore, avec un œil d’observateur, vous serez d’accord avec moi par exemple que lorsque le sport passe sur telle chaine, c’est en même temps que ça passe sur telle ou telles autres chaines. Ça signifie quoi? Ça signifie que le directeur de programme ou le journaliste producteur-présentateur et même le réalisateur sont dépourvus du pouvoir de penser (réfléchir). Par conséquent on ne peut que se référer ailleurs, ce qui n’est pas du tout mauvais mais quels jours les autres se référeront aussi à vous? Et parce que la radio-télévision est une invention occidentale, je pense à mon humble avis qu’il y a des bonnes raisons que se référer à l’occident. D’ailleurs cela est tributaire même des « écoles » qui forment les « journalistes ». La référence des formateurs c’est quoi? Si pas l’Occident !!! Si le maître est nourri scientifiquement par l’Occident, que dire de son élève? J’estime qu’il faut repenser objectivement le travail du journaliste, partant de sa famille, passant par sa formation avant de chuter par sa vie active, afin de l’adapter dans les contextes qui sont nôtres. » (Gilbert Kyungu, Journaliste)

Les fabriques des rêves

Ces pratiques de plus en plus commodes et qui semblent trouver un écho favorable sur certaines télévisions qui simulent bien France 24 ou Télé 50 elle-même imitatrice de France 24 cache mal une rêverie assez drôle. « Il faut faire comme chez les occidentaux pour être au top ou attirer »… ai-je fini par constater. Alors c’est la course à l’imitation. Difficile de se poser parfois des questions sur les plagiats dans lesquels on plonge lorsque dans une revue de presse par exemple, on se contente de copier et de lire in extenso les revues de presse des médias français ou d’autres médias un peu plus rigoureux qui produisent leurs propres contenus. Tout cela, sans les citer d’ailleurs ! Même pratique pour des reportages audiovisuels diffusés tels quels dans les émissions sportives ou dans les corps des journaux, sans citer les sources ni moins encore traiter l’info.

Cette vision du monde du journalisme ou de la pratique journalistique est à la base de la trop grande propension des jeunes à rêver d’un Occident toujours plus beau. Les journalistes eux-mêmes et partant la presse (pas forcément toute entière) vendent des rêves ou en fabriquent. Il n’y a certes pas de mal à imiter les bons exemples ou ceux qui réussissent. Que gagnerait-on, en effet, à imiter la télévision nationale, par exemple ? En tout cas, elle reste des plus critiquées. Peut-être parce plongée dans le pouvoir ou coincée par ce dernier. Mais elle se met difficilement à jour, et malgré l’imposant matériel dont elle disposerait actuellement, elle s’éloigne fort du temps de ce dernier.

Anne-Marie Coudray, TF1. Source: Le Figaro
Anne-Marie Coudray, TF1. Source: Le Figaro

Le contenu ne suit pas

Mais l’écart entre le séduisant audiovisuel occidental et les copies qu’on en fait en RDC reste le contenu. Du coup, cela démontre la pauvreté de l’audiovisuel congolais et par là, celle de ses animateurs. La réaction de Gilbert Kyungu sur Facebook en dit long. Il me semble en effet que plusieurs sont incapables d’imiter le contenu des médias français par exemple ou leurs principes de traitement de l’information (garder une distance avec le pouvoir quand bien même il s’agirait de l’audiovisuel mis sous la tutelle du ministère des affaires étrangères, le cas de Rfi et France 24).

Sans doute parce qu’on ne recrute pas toujours de manière objective. Et comme il faut fabriquer des stars et peut-être des chantres et cantatrices à la place des journalistes, on passe alors à côté du principal. Et lorsqu’on peut constater la beauté du contenu étranger, on se limite alors à le dupliquer ou le pirater sans se soucier ni de crédit photo, droits d’auteurs ou des poursuites judiciaires qui pourraient résulter de l’usage de certains contenus, etc. Sans doute, plusieurs auront du mal à aller sur satellite quand bien même on leur donnerait l’opportunité, même à vil prix, faute de contenu solide.

Ceci renforce une fois de plus, lorsque les gens auront aimé ces fanfaronnades ou ce mimétisme ou lorsqu’ils l’auront détesté, le sentiment de se tourner vers les productions étrangères. Dans l’un ou l’autre cas, la conclusion reste la même. Comme les meilleurs vont demeurer du côté de l’Occident, alors on nourrira toujours les rêves de se rendre là, où il fait beau vivre et où l’on réussit tout. La presse devrait intéresser par ses analyses et l’éveil de l’esprit critique, j’ose croire. Ceci ne veut pas dire forcément faire de la presse d’opinion. Si l’on pouvait au moins produire des contenus de chez nous qui intéresseraient nos publics, certains n’iraient pas mourir en mer dans l’espoir d’habiter le paradis.


Industrie des rêves (1re partie)

Faire comme en Occident, être journaliste comme sur France 24, sur Rfi … voilà en quoi je résume enfin mon observation sur certaines pratiques qui ont cours dans l’audiovisuel en République démocratique du Congo. On parle « comme des blancs », on veut que sa télévision s’affiche « comme France 24 », on copie la programmation des médias étrangers, même si le contenu ne suit pas toujours. Le journaliste rêve et fait rêver et la télévision elle, devient sans conteste, l’industrie des rêves.

Les productions locales en termes de programmes radio ou télé sont moins abondantes et souvent de faible attraction pour les publics. Ce sont des productions de plateau ou de studio. On les retrouve sur toutes les chaînes et à des heures presqu’identiques, et les mêmes jours. A Lubumbashi, par exemple, tous les lundis à 21 h 00, on trouve : Tour d’horizon sur Jua Télévision, Equipe du lundi sur Mwangaza, Sportissimo sur Nyota et Sport MAG sur Kyondo. Dimanche matin, entre 8 heures et 10 heures, c’est le sport sur toutes les radios.

Hormis les sports, les débats politiques et les chroniques musicales, cela recoupe presque tous les médias, les programmes intéressants sont imités ou copiés sur les radios et télévisions étrangères. Dans Tout va bien programme de Mwangaza comme d’ailleurs dans Relaxe infos de Malaika considéré comme une copie du programme de Mwangaza, l’essentiel des rubriques sont des productions étrangères tirées des chaînes de télévisions cryptées ou des sites internet.

Plusieurs responsables des médias audiovisuels sont assurés du désintéressement progressif du public au sujet des contenus des médias locaux. A l’inverse, ils se tournent vers médias étrangers accessibles à faible coût, jusqu’à 2 USD. Ces médias proposent des contenus plus intéressants et de plus en plus concurrentiels. Les journaux sur France 24, France 2, TV5 ou sur Rfi ou BBC… sont très suivis. J’en parle dans mon livre Le numérique, vecteur des mutations culturelles. Regard sur les usages à Lubumbashi qui présente les proportions de cette ouverture des habitants de Lubumbashi aux médias étrangers.

Adam Shemisi -Directeur des informations de la RTVS1.  Ph.Dr.Tiers
Adam Shemisi -Directeur des informations de la RTVS1. Ph.Dr.Tiers

Comme … sur France 24 et sur Rfi

Il faut écouter la radio ou voir se produire sur les plateaux des télévisions, les vedettes des télévisions : présentateurs des journaux, tranches et émissions. Chacun a sa star préférée sur qui il prend modèle dans l’audiovisuel occidental. Et puisqu’il s’agit d’un Congo francophone et surtout Lubumbashi ayant la réputation d’une ville des meilleurs des journalistes congolais, alors on vote pour les médias français. Ceci sous-entend une référence à Laurent Sadou, Sonya Rolley, Alain Foka (journalistes de rfi), pour ce qui est de modèles des reporters ou présentateurs des journaux parlés. Et en télévision, il y a David Pujadas de France 2, Pierrick Leurent de France 24, etc.

« Mesdames et messieurs, il est … heures à Lubumbashi, … heures à Fungurume. L’info, c’est l’heure ! Au sommaire de ce journal… » voilà comment Patrick démarre son journal sur une chaîne locale. Si vous êtes fort branché sur Rfi il y a longtemps, sans doute vous direz « c’est du Laurent Sadou » journaliste de Rfi.

« C’est mon préféré. Je l’écoute depuis plusieurs années. Chaque fois, je me dis : comment forger mon propre style ».

Ils ne sont pas nombreux, ceux qui pensent comme Patrick. Il ne s’est pas forgé la voix du journaliste de Rfi. La pratique courante conduit sans doute à ce qu’un professeur en journalisme appelle « mimétisme aveugle » ou ce qu’un étudiant en droit, Antoine, a appelé « imitation servile ». Il s’agit, dans le contexte lushois et congolais, de manière générale, de reproduire, du moins dans le timbre de la voix et plus ou moins tout le parler de Laurent Sadou ou tout autre journaliste adulé. Mais c’est en télévision où il y a plus d’imitation encore étonnante.

Inadéquation entre forme et contenu des programmes

La conséquence pour cette pratique c’est la propagation de l’idée que le meilleur journalisme se pratique en Occident. Mais ce qui reste drôle c’est de constater surtout que plusieurs journalistes, parmi les présentateurs des journaux télévisés ou parlés (même chose pour les animations et autres émissions), se limitent à l’apparat des vedettes des télévisions de l’Occident. On copie la forme, la gestuelle ou ce qui convient d’être appelé le rituel informatif et pas le contenu des informations ou les principes de travail.

A la fin de tous, nos journaux ont beau ressembler à France 24 ou Rfi dans la présentation. Les contenus restent souvent congolais et parfois pauvres, et de plus en plus de public se détache des audiences de nos télévisions pour l’audiovisuel occidental. Par cette pratique, enfin, passe des rêves… Et puisqu’à défaut du contenu qui devrait suivre la forme, comme sur les bien adorés médias étrangers manque, on copie, on plagie parfois ! C’est la voie balisée aux rêves qui parfois débouchent sur des images irréelles de l’occident ou d’ailleurs.

(…) La suite de ce texte ce 18 novembre 2014.


Moi, l’impôt?

Quoi, l’impôt ?

Pas aujourd’hui, de grâce !

Videz le camp, je veux de l’air

Je suis asphyxié.

Partez !

Je ne le paierai pas à vous.

Où est Tonton

RDC: Un homme victime d'une fusillade. Source: afriquemonde.org
RDC: Un homme victime d’une fusillade. Source: afriquemonde.org

Et Tantine ?

Où sont-ils ?…

Sans sépulcre :

Là dans les gosiers des vautours !

L’impôt que j’ai payé hier,

La dot pour sa 7e

Une kalachnikov,

Une boîte de minutions !

je baigne dans un fleuve de larmes.

Demain …

Non ! Pas pour creuser ma propre tombe

Finir dans les entrailles des bêtes

Disparaître sans mémoire ni stèle !

Je n’en veux pas, vos impositions

Hors d’ici cher monsieur l’impôt.

Je vais vivre sans vous

Longtemps on vit sans vous.

Hier la tempête a rasé mon quartier

Avec mon impôt,

Ta maison est vite debout

Ma case ne peut reprendre

Je suis en errance, nous voilà foutus!

 A quoi servent-ils, nos impôts?

nos écoles, nous les bâtissons seuls

nos deuils nous les tenons sans vous

nos obsèques, c’est loin de vos yeux

boulimie ou impôt?

sans cesse nous on est avili !

Sans impôt

Égale sans arme.


Chut! RDC, Ebola n’est pas mort : plus de singe alors dans vos plats!

Voulez-vous vivre ? Ebola passé, plus de singe dans vos plats désormais ! Sauf changement, ce 15 novembre, Ebola 2014 sera déclaré fini en République démocratique du Congo.  » Ebola 2014  » ? Oui en effet ! C’est par édition. Là, c’est la 7e qui s’achève. Et comme chaque fois, la panique, des morts puis le calme… et on revient encore à ses singes et chauves-souris ! On dirait qu’on ne se fatigue pas du tout de mourir et de voir surgir cette maladie. Pas assez d’efforts, de toute évidence !

Le temps d’agir

Des employés de l’OMS s’apprêtant à entrer dans un l’hôpital. Photo AFP
Des employés de l’OMS s’apprêtant à entrer dans un l’hôpital. Photo AFP

A propos de mon billet « Chacun pour soi Ebola pour tous moins l’Afrique » dans lequel je dénonce l’inaction de l’Union africaine, Daniele Castaigne un lecteur occidental me faisait ces observations à mon avis amicales :

« Ebola est transmis par les singes, qui eux-mêmes le tiennent des chauves-souris, pourquoi ne pas commencer par faire comprendre aux Africains qu’ils ne doivent pas ni commercialiser ni manger du singe. Il semblerait que l’on trouve encore sur les étals en Afrique des singes morts ouverts comme des carcasses de moutons, pauvres petites bêtes. Ne suffit-il pas des poulets, des moutons et des porcs ?

C’est bien sûr le travail des gouvernants d’interdire et de contrôler ce massacre d’animaux, mais c’est aussi la responsabilité de chaque Africain, de ne plus en consommer et de rejeter les chasseurs et vendeurs de singes. Ebola est une bonne leçon pour les Africains comme la vache folle le fut pour nous, à qui nous donnions à manger des carcasses de bœufs en poudre à des végétariens !

La nature est intelligente et elle trouvera toujours des ressources pour se défendre, mais les hommes têtus et orgueilleux s’imaginent pouvoir la dompter, il suffit de regarder les cataclysmes pour vérifier que la terre est plus forte que nous.

On ne peut arrêter ni un cyclone, ni un tsunami, ni un tremblement de terre, ni une éruption volcanique. Les épidémies cesseront quand les hommes changeront de niveau de conscience. »

Un agent de santé. Image d'origine: AFP
Un agent de santé. Image d’origine: AFP

Plus de singe dans vos plats

Le singe et la chauve-souris sont réellement consommés dans plusieurs contrées de la RDC. Le singe par exemple, est fort apprécié et facile à trouve dans presque toutes les forêts. C’est une longue pratique qui reste, pas du tout facile à changer. Mais rassurez-vous, les conséquences corrigent mieux que les conseils. A Boende, la leçon pourrait bien vite passer. Mais lorsqu’il s’agit des habitudes, il faut de nouvelles stratégies. Que chaque fois, après un temps, réapparaisse cette maladie, il y a de quoi s’interroger sur la sensibilisation que réalise à ce propos le pouvoir public, une fois l’épidémie passée.

Pourquoi ne pas carrément interdire la consommation de singe, comme le suggère ci-haut Daniele Castaigne ? Les milieux ruraux sont concernés par cette consommation des primates et même des chauves-souris. La responsabilité de l’Etat en même temps que pour les citoyens eux-mêmes qui doivent s’assumer, c’est d’arriver à admettre que ces cousins, les primates, refusent qu’ils soient consommés par nous. C’est un peu comme cette vache européenne à qui on a donné de la vache pour se nourrir ! Elle en était folle et la panique était grande ! Mon propos n’est pas ici que les primates soient devenus humains. Loin de là. Mais ils s’en rapprochent profondément.

Ebola reste non ébranlé

La 7e crise d’Ebola, depuis 1976 en RDC, avec une ampleur sans précédent en 2014 sur le continent et dans le monde, fait redouter une crise plus grande encore à venir. Pendant ce temps, le monde n’a pas toujours trouvé des soins curatifs contre cette maladie qui vient de tuer 5 000 personnes et en a infecté plus de 12 000.

Cette maladie n’arrête pas de galoper, en effet. Les deux dernières éditions, quoique moins létales que celles de 1976, 1995 et 2007 marquent une évolution de la maladie. Les chiffres provisoires donnent 43 morts sur 71 cas suspects pour 2014,  soit environ 61 % de létalité.

Tableau: chronologie des précédentes flambées de maladie à virus Ebola

AnnéePaysSous-type du virusNombre de casNombre de décèsTaux de létalité
2012RDCEbola Bundibugyo572951%
2008RDCEbola Zaïre321444%
2007RDCEbola Zaïre26418771%
1995RDCEbola Zaïre31525481%
1977RDCEbola Zaïre11100%
1976RDCEbola Zaïre31828088%

 Source: OMS.