Didier Ndengue

Après la chute de Blaise Compaoré: Les burkinabè du Cameroun s’expriment

En plus du retour des civils au pouvoir, ils souhaitent la lumière sur les assassinats de Thomas Sankara et Norbert Zongo.

Enfoncé dans le fauteuil de son bureau ce mercredi 05 novembre 2014 à l’Ecolerégionale de sécurité incendie (Ersi), Christophe Kaboré pense que toucher à l’article 37 de la Constitution burkinabè était la pire erreur de Blaise Compaoré. Cet ancien responsable des Comités de défense de la révolution (CDR) se souvient toujours de ce fameux août 1983. En cette date, l’actuel instructeur pompier, alors âgé de 22 ans, était membre de la clique dirigée par Thomas Sankara pour la libération de leur pays, le Burkina Faso. Blaise Compaoré faisait lui aussi partie de ce mouvement des jeunes engagés. L’histoire apprend que c’est lui qui est à l’origine de la mort de son compagnon militaire Thomas Sankara. Mais les burkinabè installés dans la capitale économique camerounaise ne s’attardent pas trop sur ce triste passé. Depuis l’avènement du printemps arabe, Christophe Kaboré était persuadé que le déclin de Blaise Compaoré, à la tête du Burkina Faso, était proche. « Qu’il nous dise ce qui s’est passé pour qu’il élimine son ». Le pompier apprend que M. Compaoré a modifié la Constitution trois fois et en était à sa énième tentative. D’où le courroux du peuple burkinabè. Les jeunes, qui préparaient un large mouvement de riposte depuis plus de trois ans, sont montés au créneau pour dire leur ras-le-bol. Un courage que salue Christophe Kaboré depuis le Cameroun. « Tout le monde sentait venir la chose. On savait que ça allait se terminer de la sorte. Blaise devait renoncer à la modification de la Constitution et terminer son mandat. Depuis trois ans, la société civile et l’opposition ne voulaient pas qu’on touche à l’article 37 de la Constitution qui prévoit deux mandats », soutient celui qui a démissionné du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP), parti de Blaise Compaoré.

Compaoré, ivre de sang

De mémoire, Blaise Compaoré a épuisé deux septennats et deux quinquennats. Visiblement, il en voulait encore. Pourtant, après son accession à la magistrature suprême à la suite de son coup d’Etat de 1987 contre Thomas Sankara, les burkinabè rencontrés dans la capitale économique camerounaise se souviennent que Compaoré avait confié à un confrère qu’il n’avait jamais rêvé du pouvoir et qu’il ne s’y accrocherait. Sa décision de se retirer du palais présidentiel sain et sauf ravit Michel Ouédraogo. Seulement, il déplore le bain de sang de la semaine de la révolution au Burkina Faso. « La volonté d’un seul individu ne devait pas plonger le pays dans un si grand chaos. On a enregistré plus d’une trentaine de morts. Des morts en trop depuis l’assassinat de Norbert Zongo », s’indigne-t-il. Gravé dans les mémoires de tous les burkinabè, Norbert Zongo, brillant journaliste, « avait été assassiné et brulé avec quatre de ses compagnons par un commando de la garde présidentielle, il y a plusieurs années ». Jusqu’à ce jour, les burkinabè souhaitent que lumière soit établie sur ce macabre coup du régime Compaoré. Basé au marché Congo, lieu commercial de la capitale économique camerounaise, le styliste modéliste Maré Ibrahim n’a pas encore totalement oublié sa terrible frayeur occasionnée par la révolution des jeunes de son pays pour débarquer Blaise Compaoré. « Il a beaucoup travaillé, mais le pouvoir se partage. L’homme n’est pas parfait, il a des bons et des mauvais côtés, et Blaise Compaoré est un homme ». Membre du parti au pouvoir, il s’était rendu au Burkina le mois dernier pour rendre visite à sa famille. A Ouagadougou, où il a fait un crochet avant de fixer le cap sur son village natal, il rapporte qu’il a beaucoup entendu parler du journaliste Norbert Zongo et de Thomas Sankara. Les quatre jours passés avec les jeunes lui ont permis de conclure que le sort de Blaise Compaoré était scellé.

Peuple intègre

Le maintien de la paix sur l’ensemble du territoire national burkinabé est le principal vœu de Roger Tassembedo. Et pour lui, il faut restituer le pouvoir aux civils, pense-t-il. Même s’il a quitté le pays de ses aïeux à l’âge de 15 ans pour la Côte d’Ivoire où il a passé 25 ans de sa vie, Roger Tassembedo maîtrise parfaitement l’état d’esprit du peuple burkinabè. Il sait qu’il est inoffensif. Raison pour laquelle, il recommande aux journalistes des médias internationaux de ne pas exagérer dans le traitement des informations sur le Burkina Faso., comme ils l’ont souvent fait sous d’autres cieux, laissant croire que les populations se regardent en chien de faïence. C’est également le même son de cloche chez Lesgo Souleymane, opérateur économique. Cet homme n’est pas contre l’appui de la France ou de la Communauté internationale au Burkina Faso. Seulement, chacun doit normalement faire son travail et éviter des troubles ou des divisions. « Je lui souhaite bon vent et demande à tous les burkinabè d’accepter le prochain président de la République. Ils doivent faire preuve d’intégrité », recommande Lesgo Souleymane. Dans le même sillage de la paix, Christophe Kaboré exhorte la société civile et l’opposition à maintenir l’union sacrée qui existe au Burkina Faso. « Les militaires doivent rester dans les casernes. Ça serait bien pour la démocratie au Burkina et en Afrique », conclut l’un des membres les plus influents de la communauté burkinabè du Cameroun.

Didier Ndengue

 


J.RAVI KUMAR : « Comme l’Inde, le Cameroun peut atteindre son émergence avant 2035 »

Récipiendaire de la médaille de l’ordre de la valeur décernée le 20 mai 2013 à l’occasion de la célébration de la 41e fête de l’unité nationale camerounaise, le consul honoraire de l’Inde au Cameroun dit sa gratitude à l’endroit des autorités de son pays d’accueil. Le diplomate en profite pour faire le point de la coopération entre les deux États.

 Bonjour Excellence, merci d’accepter de répondre à nos questions. Pour commencer, pouvez-vous dérouler votre identité à nos lecteurs?

Je suis le consul honoraire de l’Inde au Cameroun et directeur général d’entreprise. Chez nous, il y a un proverbe qui dit que dans chaque grain d’aliment, il est écrit le nom des personnes qui vont le manger. J’étais d’abord en poste en France pour cinq ans avant de venir ici. A cette époque-là, j’étais avec le ministère du commerce de l’Inde pour les relations entre la France, les pays du Maghreb et l’Inde. Après mon poste, je suis rentré en Inde et je travaillais toujours avec le gouvernement. Après, je travaillais avec le secteur privé. Mais mon affection pour les pays francophones m’a poussé à venir au Cameroun, non parce que c’est un pays francophone, c’est un pays bilingue et moi, je suis né anglophone mais j’ai une affinité pour la langue française. Je suis arrivé au Cameroun en 1990. A mes débuts au Cameroun, j’étais directeur général d’une société. On menait des actions dans les produits industriels, au même moment j’étais membre du conseil d’une usine qui fabriquait le câble à Douala. Après on a commencé « Nakira-Kam » qui est ici depuis 1990. Nous sommes dans le secteur industriel, nous faisons des produits consommables mécaniques. Dans le domaine électrique, nous représentons la maison internationale qui s’appelle Aston. Nous sommes dans l’équipement électrique de haute tension et moyenne tension. Nous avons aussi un autre département qui fait dans le domaine de l’aviculture ici au Cameroun.

 A l’occasion de la 41è fête de l’unité nationale camerounaise, vous avez été décerné. Que représente cette médaille à vous épingler sur la poitrine le 20 mai dernier par les autorités de la région du Littoral ?

J’ai été décoré de la médaille du chevalier de l’ordre de la valeur. C’est une reconnaissance de la part du Cameroun pour toutes mes contributions dans ce pays depuis des longues années. J’ai accepté cette distinction avec beaucoup d’humilité et avec beaucoup de joie. J’ai discuté avec mon Haut Commissaire qui est basé au Nigéria, il m’a félicité et m’a dit que c’est une reconnaissance pour mes contributions avec beaucoup d’effort.

Comment jugez-vous la coopération entre l’Inde et le Cameroun ?

Le Cameroun et l’Inde sont deux pays amis depuis plus de cinquante ans. L’Inde est l’un des premiers pays qui a reconnu le Cameroun après l’indépendance. Il y avait toujours un lien entre les deux. Pour commencer, c’était les films indiens que tout le monde appelle « films indous » qui étaient très populaires au Cameroun. Le premier ambassadeur de la culture indienne au Cameroun était le film. Les camerounais aimaient beaucoup nos films. Il y avait même certains qui chantaient « pia pia pia ! » Les premiers grands pas dans les relations Inde-Cameroun étaient dans le cadre de l’installation du Consulat Honoraire de l’Inde à Douala. Ma nomination a été faite par le président de l’Inde en 2007 et j’ai eu mon exéquatur de la part du président Paul Biya en 2009. Avec ça, nous avons eu à installer une antenne diplomatique. Nous avons mené beaucoup d’activités dans le sens de la coopération bilatérale entre nos deux pays. Premièrement, nous avons, à l’occasion du cinquantenaire de l’indépendance du Cameroun, l’Inde a fait un cadeau qui était sous la forme télé éducation, télémédecine. Un de nos présidents a toujours dit : s’il y a l’éducation et la santé, le reste suit. Donc, nous avons donné la télé éducation avec toutes les infrastructures qui liaient l’Université de Yaoundé1 avec la meilleure école en Inde et les étudiants étaient assis dans une classe virtuelle. Les étudiants de Yaoundé1 suivaient les cours et obtenaient les diplômes de l’Inde. Il y avait des possibilités de poser des questions et de recevoir des réponses. Ça était très bien reçu par le peuple camerounais. Nous avions cinq à six cours avec plus de trois cents étudiants qui ont suivi les cours d’informatique et data management et dans le tourisme. La télémédecine est installée dans le centre hospitalier de l’Université de Yaoundé(CHUY) dans lequel nous avons plusieurs volets. Le premier volet : le malade avec le médecin camerounais peuvent faire une téléconférence directement avec les meilleurs experts disponibles en Inde. Par exemple, s’il y a quelqu’un qui a des problèmes de cœur ici, il y a un moyen de transmettre des données instantanément de l’autre côté et une décision concernant la thérapie peut-être immédiatement prise. Jusqu’à récemment, quand on suspectait qu’une personne a un cancer, on prenait les souches et on les envoyait en Europe, les résultats prenaient plusieurs semaines pour revenir. Imaginez qu’on dise à quelqu’un après quarante cinq jours qu’il n’a pas le cancer alors qu’il était à moitié mort de peur. Nous avons donné un microscope qui est lié à Internet. Avec cette technologie, les techniciens camerounais regardent les souches avec le microscope, ça se lit simultanément par l’expert indien. Les deux peuvent alors décider s’il y a le cancer ou non. C’est un grand pas avec la technologie. L’Inde a fait beaucoup de progrès dans la Technologie de l’information et de la communication ces dernières années. Le deuxième volet dans la télémédecine est la formation continue des docteurs. Ceux de l’Inde partagent leurs expériences avec ceux du Cameroun et vice-versa. S’il y a un médecin qui dit qu’il connait tout, je crois que c’est la mort. Il faut toujours apprendre pour s’améliorer et pour une contribution importante. Pour donner un goût de seconde génération à l’agriculture, nous avons fait un don de 60 tracteurs. Nous avons donné une ligne de crédit de quarante millions de dollars qui fait à peu près dix neuf milliards de francs Cfa pour la fourniture des engins comme tracteurs pour moderniser l’agriculture et aider le Cameroun à s’équiper des éléments de montage d’usine. Donc, il y aura une usine de montage de tracteurs qui sera disponible à la zone industrielle d’Ebolowa. C’était le deuxième pas en agriculture. Plus tard, nous avons vu que le secteur manioc très fort au Cameroun, n’a pas un niveau commercial dans le monde. Ici, on mange le manioc partout, ça se cultive toujours de façon artisanale. Au Cameroun, on ne conserve pas bien le manioc, après deux ou quatre jours ça prend des tâches noires et ça moisit. Nous avons eu une discussion avec le gouvernement sur le secteur du manioc, la production commerciale, la conservation et la valeur ajoutée dans la ligne du manioc. C’est très important. Nous avons aussi donné une autre ligne de crédit avec très bas intérêt et avec un moratoire de paiement sur vingt ans pour vraiment développer le secteur. C’est une ligne de crédit d’à peu près 22 milliards francs Cfa qui font 42 millions de dollars pour développer le secteur manioc. Autre information, l’amidon qui est un produit qui sort du manioc a beaucoup d’utilisation dans le secteur pharmaceutique et dans le secteur alimentaire. En fait, tout ce que le Cameroun peut produire, l’Inde peut acheter. Nous avons parlé de l’agriculture, des TIC. Venons à présent sur la santé. Comme je le disais, nous trouvons la santé comme un facteur très important dans la plupart des pays en voie de développement. Le président Clinton disait à un moment, quand il a visité le Ghana, qu’il était choqué parce que pour chaque job, il y a deux personnes. On ne sait pas quoi va venir de quelle personne et à quel moment. C’était le problème du Sida. Vous vous souvenez, il y a cinq ou dix ans, la thérapie du Sida coûtait à peu près trois cent mille francs CFA par mois. Ce qui n’était pratiquement pas à la portée de plusieurs personnes. Les laboratoires indiens et les pharmacies ont agit très rapidement en fabricant des antirétrovirales dans la forme générique. Les prix ont largement été réduits. En ce moment, l’Inde est l’un des plus grands fournisseurs de remèdes au Cameroun et aussi, j’étais récemment dans un conclave Inde- Afrique, il y avait plusieurs pays africains qui disaient que l’Inde est le premier producteur de médicament pour l’Afrique. Donc dans ce sens, nous sommes entrain de contribuer énormément pour le développement de la santé avec la médicine de qualité à des prix abordables.

Quelles impressions faites-vous du développement du Cameroun et de son émergence à l’horizon 2035 ?

Je pense que le point fort du Cameroun se trouve dans ses ressources humaines. Le peuple camerounais est intelligent, capable et en plus, il y a beaucoup d’entrepreneurs dans ce pays. Le plus grand point de la population camerounaise d’aujourd’hui est la jeunesse. Les gens de moins de trente ans représentent à peu près 70 pour cent de la population. Je suis convaincu que cette population peut travailler pour le bien du Cameroun. Si les jeunes s’y mettent tous, je pense que l’émergence en 2035 est trop loin. Ça pourrait arriver plus tôt parce que vous avez tout ce qu’il faut dans ce pays. Il faut juste travailler sans cesse. Une autre chose que je voulais dire et que je dis toujours : au Cameroun, on regarde vers le gouvernement pour tout et rien. En Inde, c’est quand on a stoppé de dire « le gouvernement doit tout faire », que la jeunesse s’est investie dans les TIC et les industries, nous avons eu nos progrès. Je crois que chaque jeune camerounais devrait penser à être un entrepreneur en contribuant pour le pays au lieu de continuer à regarder le gouvernement. Chacun doit se demander ce qu’il fait pour son pays ou pour lui-même. S’ils parviennent à avoir cette approche, je vois l’émergence du Cameroun plus tôt. Le président Biya a vraiment pensé à un objectif.

Le Cameroun, selon vous, est-il un territoire où il fait bon vivre ?

Franchement dans notre communauté, nous disons que quelqu’un qui a bu l’eau du Cameroun reviendra toujours. Parce que c’est un pays où il fait bon vivre. C’est un pays de paix. Si vous regardez partout dans le monde, il n’y a pas beaucoup de pays de paix. Ici, on traite tout le monde en égalité, les gens sont très amicaux, très ouverts. Je pense que c’est un pays que le monde doit de plus en plus connaitre parce que c’est un pays accueillant, contrairement dans plusieurs pays où des fusils sortent de partout. Ici au Cameroun, c’est toujours la fête avec des bouteilles de champagne qui font des bruits (rire). Il n’y a pas beaucoup de pays dans le monde qui ont cet avantage. Donc, je pense que c’est un très bon pays.

Les investisseurs indiens sont-ils séduits par les ressources de ce pays sous-régional ?

Depuis quelques années, nous sommes entrain d’amener les hommes d’affaires indiens à entrer en contact avec le gouvernement camerounais ainsi qu’avec les hommes d’affaires camerounais. Les récentes offensives étaient pour vendre l’image du Cameroun en Inde. Il y a eu une délégation commerciale dirigée par son excellence le premier ministre Philémon Yang qui était accompagné de plusieurs ministres pour vraiment faire la promotion du Cameroun en Inde. Nous avons fait un conclave entre l’Inde et les pays africains pour discuter des projets. Il y avait une forte participation du Cameroun. On comptait 40 à 50 hommes d’affaires dirigés par la chambre de commerce. Certes, en Inde, l’Afrique n’était pas bien connue il y a plusieurs années. Sauf l’Afrique du Sud, le Nigéria et l’Est de l’Afrique où il y a beaucoup d’indiens. A partir de 1990, le Cameroun était connu comme pays de Roger Milla. Il était connu pour son football. Pendant les dernières années, avec toutes les interactions entreprises dans plusieurs secteurs d’activités, il y a de plus en plus de connaissance des richesses du Cameroun dans les secteurs minier, agricole, et dans plusieurs autres. Cela attire l’intérêt indien. Pour votre information, le projet de la bauxite est un projet de plus de six milliards de dollars US qui peut donner des emplois directs et indirects à des milliers de personnes. Maintenant, le Cameroun comprend que l’Inde est devenue un pays important dans le monde avec la nouvelle géopolitique qui se présente. D’autre part, il y a beaucoup de camerounais qui vont en Inde pour des affaires, l’éducation, les soins médicaux, etc.

Sortons de notre entretien avec les informations de votre communauté de votre ville de commandement. Combien de ressortissants indiens vivent-ils dans cette région du Cameroun et quelles sont leurs principales activités?

On compte plus de 800 indiens au Cameroun. La majorité réside à Douala, à Yaoundé et ils sont aussi dans les autres coins du pays. Leur principale activité c’est le commerce général. Nous avons des sociétés qui ont changé la façon de faire du shopping. La plupart des supermarchés aujourd’hui sont tenus par des indiens. À part ça, les indiens sont dans le secteur de l’industrie. Il y a au moins trois unités qui transforment la ferraille en fer de béton. Avant, les indiens exportaient la ferraille du Cameroun. Tout ce qu’il y avait comme voitures cassées, ils ramassaient avec l’accord de la communauté urbaine et nettoyaient les routes. Maintenant, il y a les fonderies pour la fabrication de fer de béton sur place. Je suis fier de vous dire qu’il y a des sociétés indiennes qui veulent venir fabriquer des médicaments ici au Cameroun. En ce moment, il y a aussi des sociétés qui fabriquent des alcools dans le secteur alimentaire. Le plus grand exportateur du café et du cacao du Cameroun est une société indienne, nous sommes dans

Le consul et une famille indienne
Le consul et une famille indienne

plusieurs secteurs d’activités. Il y a beaucoup d’indiens qui sont nés ici, il y en a qui vivent ici depuis plus de quarante à cinquante ans. Ils ont fait du Cameroun leur deuxième nation.

Propos recueillis par Didier Ndengue


Alerte Ebola : Des chauves-souris survolent Bonanjo

Seuls les effets pervers de ce virus donnent des sueurs froides aux populations camerounaises. Curieusement, les porteuses de celui-ci sont sont visibles dans le ciel du quartier administratif de Douala.

Val, une amie ne veut pas entendre parler de cette maladie qui fait rage en Afrique de l’Ouest. Elle considère la fièvre hémorragique Ebola comme un vrai monstre, engendré pour exterminer les hommes. La maladie grimpe à une vitesse surprenante et pourrait se retrouver sur tous les territoires du monde. Une situation qui n’arrange pas du tout mon amie. Hier vendredi, nous avons eu des échanges sur Facebook à ce propos.

En temps que journaliste, je pensais que l’information devait l’intéresser. Et qu’elle allait l’utiliser pour faire un article pour le compte de son quotidien. Mais Val est restée sur sa soif lorsque je lui ai annoncé que la fièvre à virus Ebola guette notre pays. Elle est restée sans écrire pendant plus de deux minutes pour une conversation qui se voulait rapide. J’ai compris aussitôt qu’elle était effrayée par cette annonce. Quelques secondes plus tard, elle me fait savoir qu’ « Ebola est la mort en personne. On ne devrait même pas prononcer ce nom ici au Cameroun ».

Même son de cloche pour Rachel, ma voisine. Pour elle, le coup scientifique ( ?) est une belle réussite. Rachel et sa sœur Frida ont rompu tous liens de contact avec la viande de brousse qu’elles consommaient abondamment autrefois, de peur d’être contaminées. La consommation du bitter kola et oignon, selon une certaine expertise pour se préserver du virus, est devenue leur priorité.

Il parait que les chauves-souris sont aussi à l’origine d’Ebola. Et pourtant, elles sont nombreuses à survoler plusieurs domiciles administratifs de Bonanjo, dans la cité économique camerounaise. « La présence des chauves-souris quelque part est un mauvais signe », m’explique Ousmane, le taximan qui me transporte ce vendredi après midi. Ousmane ne fait pas allusion à Ebola plutôt aux « totems de ceux qui nous gouvernent ». Incroyable. Comment le savez-vous ? Le taximan m’apprend qu’il a passé presque toute sa jeunesse dans son village natal sis de l’autre côté de la région du Centre. « En zone rurale, les chauves-souris et les hiboux sont considérés comme des animaux sorciers qui entretiennent de très bonnes relations avec le monde mystique», conclut-il. Sachant qu’Ebola est une maladie mystique, parce que toutes les maladies sont des démons, on est tenté de croire que ce monstre guette les camerounais depuis des lustres via les chauves-souris de Bonanjo.

Didier Ndengue


Trafic d’enfants: Les sales besognes du Minas

Dans un  documentaire projeté Samedi dernier à Douala, le Collectif SOS Enfants Volés pointe un doigt accusateur sur le ministère des Affaires sociales.

Le cas le plus flagrant et le plus vieux de ses dossiers est celui de Josépha Kileba. Il y a 17 ans, elle souffrait de Tuberculose. Mère d’un garçon de deux ans et d’une fille de cinq jours, elle place ses enfants au centre d’accueil des enfants en détresse d’Obobogo sous le conseil et la procuration verbale de la responsable régionale des affaires sociales de la région du Centre. Au début, dame Kileba rend visite à ses deux enfants sans problèmes. Mais plus tard, il lui est interdit de revoir ces derniers. Les agents du ministère des Affaires sociales (Minas) avaient déjà trouvé une autre famille aux deux enfants de la malheureuse Josépha Kileba. Le 23 mai 2013, le conseil de Cameroon Ô Bosso, une organisation de la société civile, se saisit du dossier et sert une lettre au Minas « pour retrouvailles des deux enfants de Mme Kileba et solution institutionnelle légale ». On se souvient que la patronne du département ministériel de l’époque était le Docteur Marie Madeleine Fouda. Et le collectif constitué pour la cause pense que les deux gamins ont été donnés à leurs familles d’accueil contre une forte somme d’argent qui, sans doute, est tombée dans les caisses du Minas. La principale raison qui laisse conclure cette thèse du Collectif SOS Enfants Volés est que « les enfants sont curieusement volés dans des institutions contrôlées par l’Etat et aucune mesure n’est prise pour stopper la montée en puissance du phénomène », explique Georges Ekona, Coordonateur de l’organisation. A contrario, on tente de banaliser la tragédie. Seulement en 2014 qui s’achève, trois cas de vol d’enfants ont été signalés à Douala, une dizaine à Yaoundé et trois autres au Sud-ouest du pays. Il s’agit là uniquement des cas sur lesquels le collectif s’est donné pour mission de traiter jusqu’à ce que lumière soit faite. Mais l’idéal serait que les enfants soient restitués à leurs familles d’origine.

Certains parents victimes craignent encore de se signaler. Entre temps, l’affaire opposant dame Kileba Josépha à l’Etat du Cameroun se poursuit dans les tribunaux. Et Catherine Bakang Mbock qui a hérité de ce département ministériel est dans des sals draps. Car le Collectif SOS Enfants Volés ne compte pas s’arrêter en si bon chemin avant avoir vu leurs efforts se concrétisés. Dans très peu de temps, l’organisation va étendre ses enquêtes dans les dix régions du Cameroun, question de traquer tous les trafiquants d’enfants.

Enfants volés au Cameroun : Un scandale d’Etat

Le documentaire, d’une durée de 27 minutes 24 secondes, passe en revue le vécu quotidien des familles victimes de vols d’enfants au Cameroun. Dans cette réalisation du Collectif SOS Enfants Volés, organisation constituée de 16 associations de la société civile, 05 avocats, 04 médecins, leaders politiques, leaders d’opinion et autres acteurs, il ressort que le trafic d’enfants dans les hôpitaux, les quartiers et les institutions contrôlées par l’Etat se port bien. « Ces atteintes à l’intégrité physique et morale de la personne humaine et de l’enfant en particulier se multiplient et tendent à se banaliser, dans une quasi –indifférence générale », constate le collectif. Dans le film qui a été projeté le week-end dernier dans la capitale économique, interviennent tour à tour plusieurs personnalités y compris Mgr Samuel Kleda, Shanda Tomne, Maître Meli, Kah Walla, Sam Baka et beaucoup d’autres. Tous condamnent la croissance de ce phénomène à la briqueterie à Yaoundé, Beedi à Douala, etc. « Le trafic d’enfants en cours dans notre pays est un crime contre l’humanité. Celui-ci remet en cause le caractère sacré de la vie de façon générale de la société. Dans ce contexte, l’enfant et la mère sont des couches fragiles et vulnérables donc la protection devrait être le minimum garantie par notre société », interpelle le Collectif SOS Enfants Volés.

Didier Ndengue  

La projection du documentaire interdite

Les quelques 250 invités attendus par le « Collectif SOS Enfants Volés » au restaurant la chaumière à Bonapriso, samedi 1er novembre, dans le cadre de la projection du documentaire « Enfants volés au Cameroun : Un scandale d’Etat », ont été contraints, une fois arrivés sur le lieu où l’événement devait se tenir à 16 heures, de se rendre plus tôt au siège de l’Ong Cameroon Ô Bosso à Bali, pour suivre le film. Le Préfet du département du Wouri, Paul Naseri Béa, accompagné de cinq commissaires, deux gendarmes et une trentaine d’hommes en tenue, informe-t-on, se sont opposés à la projection du documentaire qui expose les lacunes du gouvernement face au trafic des enfants camerounais en quadrillant le lieu de la projection. Le motif de ce refus de l’autorité administrative est que « le Collectif SOS Enfants Volés n’a eu aucune autorisation pour la projection de son  documentaire », explique Edith Kah Walla, leader du Cameroon People’s Party (CPP) et membre de la coalition. Au finish, la projection du documentaire a eu lieu en plein air à Bali, sur la grande véranda de l’immeuble abritant les services de Cameroon Ô Bosso en présence des familles victimes de vol d’enfants, des représentants des partis politiques et de la société civile. Invités, le Gouverneur, le Préfet et le ministère des Affaires sociales (Minas) n’ont pas honoré à l’invitation du collectif.

DN


Doing Business: Cacophonie autour du rapport 2015

La lecture du 12ème classement annuel de la Banque mondiale sur l’environnement des affaires dans le monde diverge selon les acteurs. La Banque mondiale explique.

Le Cameroun a-t-il gagné ou perdu des places dans le Doing Business 2015 ? La 12ème édition du rapport de la Banque mondiale qui mesure la facilité à faire du business dans 189 économies, répond qu’il en a perdues. Le document indique en effet que le Cameroun est passé de la 148ème place à la 158ème perdant ainsi 10 places. Sauf que, lors de la publication du Doing Business 2014, le Cameroun occupait plutôt le 168ème rang. Ce qui a d’ailleurs fait dire au « Quotidien de l’Economie » mercredi de la semaine dernière que le Cameroun a gagné 10 places. Contactée, la représentation de la Banque mondiale au Cameroun indique que « ceux qui disent que le Cameroun a perdu 10 places ont raison et ceux qui affirment qu’il en a gagnées 10, n’ont pas totalement tord ». En fait, explique-t-on au sein de l’institution, les critères du Doing Business ont changé cette année. C’est donc en appliquant ces nouveaux critères aux données du Doing Business précédant, qu’on a obtenu le rang de 148ème pour le Doing Business 2014, au lieu de 168ème comme indiqué lors de sa publication en fin d’année dernière.

Rapport Doing Business 2015
Rapport Doing Business 2015

Malgré tout, le 12ème classement annuel de l’institution monétaire internationale relève que le Cameroun, bien qu’ayant perdu dix places, a amélioré son système d’accès à l’information sur le crédit en adoptant des réglementations qui prévoient la création et l’exploitation d’une base de données sur le registre du crédit. Le pays a aussi, renchérit l’analyse de la BM, renforcé la protection des investisseurs minoritaires en introduisant des conditions additionnelles pour révéler des opérations entre personnes ou entités apparentées au conseil d’administration et en permettant aux actionnaires de consulter les documents relatifs à ces opérations et de nommer des commissaires aux comptes chargés de l’examen et de la vérification de telles transactions.

Le Gabon, bon élève de la Cemac

Selon le rapport publié sous l’intitulé : « Doing Business 2015 : au-delà de l’efficience », le Cameroun, 158ème du classement, est deuxième des six pays de la zone Cemac avec une note de 49, 85/100, derrière le Gabon, premier de la sous-région, est à la 144ème  position avec une note de 53, 43, reculant ainsi de six places sur le classement 2014 (138ème).  Le Tchad quant à lui, arrive à la 185ème place mondiale avec une note de 37, 25 ; la Guinée vient à la 165ème position avec une moyenne de 49, 01 ; la République du Congo 178ème avec 43, 29 et la République centrafricaine à la 187ème place avec une note de 34, 47/100.

Doing Business est un baromètre qui analyse les réglementations qui s’appliquent aux entreprises au cours de leur cycle de vie. C’est un concept de la Banque mondiale (BM) effectué dans 189 économies. Il est donc question de prendre en compte les critères suivants : création d’entreprise, octroi de permis de construire, raccordement à l’électricité, transfert de propriété, obtention de prêts, protection des investisseurs minoritaires, paiement des taxes et impôts, commerce transfrontalier, exécution des contrats et règlement de l’insolvabilité. Globalement, la Banque mondiale qui réalise cette étude, apprécie les performances des pays d’Afrique subsaharienne qui « ont fait des progrès notables ces dix dernières années en réduisant les contraintes réglementaires relatives à l’environnement des affaires ». Melissa Johns, Conseillère à la Banque mondiale qui fait cette déclaration, ajoute que les données de l’institution montrent à suffisance que l’Afrique subsaharienne a enregistré le plus grand nombre de réformes sur 2013-2014.

Didier Ndengue 

 


Climat des affaires : La CEEAC renforce ses capacités

La capitale économique camerounaise abrite une réunion de sensibilisation du Projet régional de facilitation des affaires du 11 au 12 novembre prochain.  

La séance de travail vise à faire face aux enjeux et défis de la mondialisation. De cette rencontre, la Communauté économique des Etats de l’Afrique centrale (CEEAC) souhaite se doter des éléments d’analyse lui permettant de créer des conditions plus favorables du développement des entreprises et améliorer leur compétitivité. Organisée par le Secrétariat général de l’institution communautaire avec le support de la Facilité Climat des Affaires ACP ( BizClim), la concertation s’inscrit dans le cadre plus large d’une réflexion sur la définition d’un Programme régional sur l’amélioration de l’environnement des affaires (PRFA) qui passera notamment par la simplification des procédures administratives et leur publication en ligne (eRegulations).

CARTE DE LA CEEAC
CARTE DE LA CEEAC

Les 11 et 12 novembre, les participants discuteront et valideront les premiers résultats de l’étude diagnostique et orienteront les travaux de l’équipe projet, rapporte le communiqué de presse de la réunion, non sans préciser que la Facilitation Climat des Affaires (BizClim) est une initiative conjointe ACP-UE financée par le 10ème FED qui vise à améliorer le climat des affaires et des investissements dans les régions d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique. BizClim veut stimuler la réflexion dans les domaines des partenariats publics-privés, la reforme et la privatisation des entreprises publiques, la réduction de la pauvreté.

Didier Ndengue


Insécurité routière : La note est salée en zone Cemac

 

Ambiance très studieuse au cours de la rencontre de Douala
Ambiance très studieuse au cours de la rencontre de Douala

Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), le Cameroun, la République centrafricaine et le Tchad ont enregistré 7969 décès suite aux accidents de circulation en 2013. La Commission de la Cemac et la Banque mondiale se mobilisent pour éradiquer les drames à répétition sur les voies routières des trois pays.

C’est par une note optimiste que M. Mahamat Ahmat Ismaïl, représentant le Commissaire en charge du développement des infrastructures et du développement durable auprès de la Commission de la Communauté économique et monétaire d’Afrique centrale (Cemac), a clôturé l’atelier de formation en sécurité routière et de promotion de mesures de sécurité et bonnes pratiques dans la gestion du transport routier de marchandises tenu la semaine dernière dans la capitale économique du Cameroun. Du 20 au 24 octobre, les responsables des associations de transporteurs et de conducteurs, autorités administratives et de polices…venus du Cameroun, du Tchad et de la République Centrafricaine (RCA) ont été très attentifs aux enseignements des experts de la Banque mondiale en matière de sécurité routière. De fait, l’insécurité routière tue plus que le VIH SIDA. Elle cause notamment de grands dommages tant au sein des familles que de la société civile. Cet état de fait va en s’amplifiant avec le développement des pays de la sous-région Afrique centrale.

L’Oms rectifie les chiffres des gouvernements 

Le Cameroun est devenu une « boucherie humaine » depuis quelques temps. Il enregistre « une succession d’accidents graves, avec des pertes humaines et matérielles importantes, plus d’une vingtaine de vies perdues en moins de deux semaines », remarque M. Peter Taniform de la Banque mondiale. En réalité, ce chiffre est loin du nombre exact de décès enregistrés ces derniers jours entre Douala et Yaoundé, pour ne citer que ces deux métropoles. La vérité est que les autorités tâtonnent régulièrement sur le nombre de morts. Par exemple, l’année dernière (2013), des sources officielles disent que le Cameroun a enregistré mille cent cinquante trois (1353) décès suite aux accidents routiers. À la même période, l’Organisation mondiale de la santé (Oms) fait état de trois mille neuf cent trente trois (3933) décès. L’Oms estime qu’il y a 20, 1% de décès pour 100 000 habitants au Cameroun. Au Tchad voisin, les autorités compétentes ne communiquent pas le nombre exact de morts au regard de celui donné par l’Oms. En 2013, le pays d’Idriss Deby Itno dit avoir eu trois mille deux cent vingt six (3226) décès. L’Oms quant à elle, situe le nombre de morts à trois mille trois cent trente neuf (3339). En Centrafrique, les sources officielles situent le nombre de morts suites aux accidents de circulation à cent cinquante neuf (159). L’Oms révèle par contre six cent quatre vingt dix sept (697) morts en 2013.        Soit un total de sept mille neuf cent soixante neuf (7969) vies fauchées l’an dernier sur les routes des trois pays.

La situation, selon la Banque mondiale, pourrait empirer dans les prochaines années dans la zone Cemac, à cause d’un manque de vision globale de la problématique, d’objectifs, d’actions et mesures à court, moyen et long terme d’amélioration. D’où l’urgence de l’élaboration d’une bonne stratégie de sécurité routière qui devra passer par la prise en compte exhaustive de l’influence de trois principaux facteurs déterminants : l’usager, l’infrastructure et le véhicule. Cette élaboration, renchérit le représentant de la Commission de la Cemac, doit se faire suivant une démarche systémique, mettant au centre la prise de conscience de l’usager. « Le succès d’une telle stratégie nécessite un cadre institutionnel impliquant les plus hauts décideurs, mais aussi et surtout la mise en place d’une structure dédiée qui ne s’occupe que de cela », argumente M. Mahamat Ahmat.

En effet, la Banque mondiale estime que la question de la sécurité routière en zone Cemac se caractérise par le manque de cadre institutionnel et organisationnel efficace pour la gestion et la coordination de la Sécurité routière (SR) au plan national ; le manque crucial de compétences techniques pour la gestion et la coordination, la faiblesse de l’appareil statistique sur les accidents et les victimes ; enfin le manque de cohérence entre les actions entreprises et de synergie entre les acteurs. Bien outillés, les acteurs de la sécurité routière doivent s’efforcer à joindre la parole aux actes. La Banque mondiale de son côté, a réaffirmé son soutien à la Cemac dans la lutte contre l’insécurité routière.

Didier Ndengue

 


Récompense: Des innovations aux Presse sportive Awards

L’évènement qui prime les meilleurs journalistes sportifs camerounais se tiendra le 21 novembre prochain avec des surprises.

En principe, la date limite de dépôt des candidatures comptant pour la troisième édition des Presse sportive Awards portées  par l’Association des journalistes sportifs du Cameroun (AJSC)-coordination du littoral, était fixée au 15 octobre dernier. Elle a dû être rallongée jusqu’à à la fin de ce mois pour permettre aux participants de faire le plein des urnes avant le délibéré du jury le 21 novembre prochain. Les résultats seront alors révélés au cours d’une soirée prestige à Douala-Bercy, dans la capitale économique camerounaise. Le concours récompense en effet les meilleurs travaux dans le domaine du journalisme de sports au Cameroun. Les candidatures à soumettre pour cette nouvelle édition des Presse sportive Awards doivent avoir été réalisées entre novembre 2013 et septembre 2014. Le public a également le droit de voter les sportifs camerounais qui, selon eux, ont marqué l’année 2014. Les modalités de participation ont d’ores et déjà été communiquées par le comité d’organisation. « Le concours est ouvert aux journalistes de sports et aux professionnels des métiers connexes exerçant au Cameroun. Pour concourir, il convient de justifier la diffusion ou la publication du travail soumis au concours dans un média national ou international, ceci dans l’espace retenu », explique Eric Martial Djomo, président de l’AJSC-coordination du littoral lors de la conférence de presse donnée à cette occasion à Douala.

Au cours de la rencontre avec les confrères, le président du comité d’organisation promet de faire de son mieux pour que les couacs observés l’an dernier ne soient plus au rendez-vous le 21 novembre. Pour combler le tout, il a annoncé beaucoup de merveilles. Premièrement, le nombre de catégories à primer parmi lesquelles le Meilleur commentateur de matches a été élargi. Du coup, pour cette nouvelle catégorie, les pronostics vont d’office à l’endroit de Martin Camus Mimb, promoteur de Radio sport info (Rsi). C’est le seul journaliste camerounais a avoir commenté la phase finale de la récente coupe du monde de football tenue au Brésil. Parlant justement de cette grande messe footballistique mondiale, après la débâcle des Lions indomptables, les partenaires des Presse sportive Awards ont pris du recul. Cette année, ils sont moins nombreux à soutenir la troisième édition en préparation. Mais cela ne décourage pas l’équipe d’Eric Martial Djomo. Ils ont décidé de faire avec le peu de moyens mis à leur disposition par leurs partenaires « fairplay ». Les œuvres primées, rassure le président du comité d’organisation, devront également être projetées dans la salle de spectacle. « A chaque catégorie, les photos, reportages, émissions etc. seront projetés à Douala-Bercy avant la remise du trophée. Nous avons aussi prévu des enveloppes pour chaque gagnant», rassure le leader de l’AJSC-coordination du littoral.

Aimé Moukoko tendant le micro au président Eric Martial Djomo
Aimé Moukoko tendant son micro au président Eric Martial Djomo

Didier Ndengue   


République Centrafricaine : Kongo Foncy convoite la magistrature suprême

Depuis le Cameroun, une sympathisante de la politique de Catherine Samba-Panza se croit capable, elle aussi, de gérer le pays après la transition.

Actuellement, le train de vie est devenu beaucoup plus cher en République Centrafricaine (RCA). La nourriture manque et l’action humanitaire ne satisfait pas toutes les bouches. Kongo Foncy croit qu’il n’y a qu’une ménagère pour résorber cette situation de famine. Seulement, pour mieux gérer son panier, elle n’a pas besoin de l’homme. C’est également dans cette logique que la Centrafricaine pense que Catherine Samba-Panza a le potentiel requis pour mener à bout la transition en RCA.

Pour ce qui concerne les détournements des fonds publics dont la présidente de transition est accusée, elle pense qu’il s’agit des manœuvres de ses détracteurs. Depuis 2006, cette jeune C

Drapeau de la République Centrafricaine
Drapeau de la République Centrafricaine

entrafricaine de quarante ans a toujours souhaité que les femmes accèdent à la magistrature suprême dans son pays.

Elle n’a cessé de répéter ses ambitions politiques le 23 octobre dernier aux autres femmes de la sous-région Afrique centrale réunies autour d’un thème portant sur la participation des femmes à la vie politique et aux élections dans leurs pays respectifs. « C’est l’une de mes ambitions. J’avais projeté cela parce que j’avais beaucoup milité dans les activités de participation politique des femmes. Je me suis engagée depuis 2008 et jusqu’aujourd’hui, je continue. J’ai mis un impact positif sur la participation politique des femmes en Centrafrique », explique celle-là qui est persuadée que la crise dans son pays n’est pas une manœuvre occidentale, mais plutôt « une affaire centrafricano-centrafricaine ».  

Avant, les affaires politiques étaient étranges aux yeux des femmes centrafricaines. Aujourd’hui, elles se croient capables de diriger la RCA en toute quiétude. « A l’heure actuelle, malgré la situation sécuritaire du pays, les femmes sont toujours au devant de la scène politique pour chercher à ramener la paix».

L’autre constat clair est que les hommes ont vidé la scène, laissant tout entre les mains de Catherine Samba-Panza. « La réalité en Centrafrique est que, en temps de paix, on voit les hommes. Mais en temps de crise, on retrouve les femmes pour mener des négociations, les plaidoyers, les marches… ». Pour que la paix et la démocratie triomphent une fois pour toute en Centrafrique, Kongo Foncy a décidé de se présenter aux élections présidentielles, après celles de 2016. Le temps pour elle de se préparer, de structurer son parti politique baptisé : « Parti centrafricain pour la justice (PCJ) ». Présidente actuelle de l’Association femmes solidaires, la fondatrice du PCJ se donne encore quelques années de négociation avec ses partenaires nationaux et internationaux.

Didier Ndengue


Douala: Le modèle économique allemand fait école

Le Club des amis d’Allemagne a mené une réflexion la semaine dernière sur la puissance de l’économie allemande même après la chute du mur de Berlin.

La toute première action forte de « la dynamique innovante», après sa prise de contrôle du Club des amis d’Allemagne (CAA) en 2013 était placée sous le signe du développement de l’Afrique centrale en s’appuyant sur l’expérience légendaire de l’Allemagne, classée première puissance économique européenne. Selon les camerounais qui y ont résidé, étudié ou encore travaillé, est un modèle à suivre pour la construction du Cameroun et ses voisins de la sous-région. Ce pays européen est convoité pour plusieurs raisons qui ont été expliquées le 15 octobre dernier dans la capitale économique du Cameroun. Pour mener à bien la réflexion, le CAA a initié un thème : Réunification et puissance allemande : « Les secrets de performance de l’économie allemande, même après la chute du mur de Berlin ». Pour en parler, des hommes triés sur le volet, ayant une parfaite connaissance de la reconstruction de la République fédérale d’Allemagne (RFA). Il s’agit notamment du Dr. –Ing. André Kwam, président du Club des amis d’Allemagne CAA) et ancien d’Allemagne, du Dr. Christian Ruck, directeur général de la KFW (Banque allemande pour la Reconstruction) au Cameroun, de nationalité allemande et de S.E. Dr. Klaus-Ludwig Keferstein, Ambassadeur de la République fédérale d’Allemagne au Cameroun. Le journaliste Jean Vincent Tchienehom modérait les débats.

Au cours des échanges, tous les raisonnements convergent vers une idée : malgré la chute du mur de Belin, l’Allemagne reste économiquement puissante. C’est ce que conforte la suite, c’est-à-dire la projection d’un documentaire de 18 minutes portant sur « L’économie allemande, un modèle positif pour tous ». Celui-ci révèle globalement que l’économie allemande tient débout grâce à la bonne gouvernance. Pratique d’ailleurs que Dr. Christian Ruck, directeur général de la KFW recommande aux dirigeants africains. L’expert de la finance et de la politique économique allemande, lui-même, ébloui par le miracle économique de l’Allemagne, reconnait que son pays a été au bord de la faillite après l’écroulement du mur de Berlin. Les régions de l’Ouest et de l’Est se regardaient alors en chien de faïence. Minée d’incompréhensions à l’époque, il a été rappelé le 15 octobre dernier à Douala que l’Allemagne, malgré la chute du mur de Berlin le 9 novembre 1989, il y a presque 25 ans, et de nombreuses crises auxquelles elle a fait face, a toujours gardé son leadership sur les autres pays européens.

L’économie nationale a été relancée à hauteur de plusieurs milliards d’euro. Les investissements ont étés faits pêle-mêle de l’Ouest à l’Est. Dans la foulée des propos du Dr. Christian Ruck, il ressort que l’Allemagne, pour être au sommet, a misé sur la gestion durable des ressources naturelles, la bonne gouvernance, les finances publiques, la décentralisation, la formation bien structurée, la solidarité, la bonne rémunération des employés entre autres bonnes pratiques dignes d’un pays exemplaire. Comparativement à la France, la locomotive de l’Europe observe dix fois moins de grèves au travail. Les allemands du Cameroun s’en félicitent tout en recommandant à la communauté camerounaise et africaine de copier le bon exemple. Dr. Ruck croit au Cameroun. Pour lui, le secret se trouver au fond de la bonne gouvernance.

le Président du CAA, représentant du gouverneur de la région du littoral, ambassadeur de la RFA et le Directeur KFW
le Président du CAA, représentant du gouverneur de la région du littoral, ambassadeur de la RFA et le Directeur KFW
Dr. André Kwam, président du CAA
Dr. André Kwam, président du CAA

Didier Ndengue


A DOUALA : Les doléances du patronat centrafricain

En plus de la crise politico-militaire qui perdure et rend les activités commerciales infructueuses, les importations à partir du Cameroun sont au poids mort.

En séjour de travail en fin de semaine dernière à Douala, le président de l’Union nationale du patronat centrafricain, Gilles‐Gilbert Gresenguet, n’est pas resté sans mot dire sur la situation qui prévaut dans son pays. Il s’est notamment exprimé sur la question des entreprises centrafricaines qui traversent une période extrêmement difficile. «La situation des entreprises en Centrafriqueest dramatique», a‐t‐il confié. Pendant la période de crise, ajoute‐t‐il, beaucoup d’entreprises ont été pillées, les outils de production détruits, les matériels et les machines emportés «par les soidisant libérateurs». Les entreprises centrafricaines ont subi de plein fouet les actes de vandalisme qui ont mis à terre la petite économie qu’elles généraient avant la déchéance de François Bozizé en mars 2013. Le patronat chiffre les pertes à plus de cent milliards de Franc CFA. L’Etat centrafricain, appelé à soutenir le secteur privé dans la relance de l’économie nationale, est sans voix. «Il s’agit actuellement de reconstituerles unités de production. Les entreprises attendent leur argent des pouvoirs publics qui, malheureusement, eux aussi n’en disposent pas», regrette Gilles‐Gilbert Gresenguet. Avec des dossiers déjà constitués,les créateurs de richesses centrafricains n’attendent plus que le soutien des pouvoirs publics et de potentiels investisseurs étrangers.

D’autres goulots d’étranglement

 Au‐delà du territoire national, les frontières centrafricaines subissent sûrement le plus grand coup de la décennie. «Nousavons un problème de goulots d’étranglementau niveau de l’approvisionnement au niveaudu Cameroun». Depuis l’arrivée des aides humanitaires, la fluidité du trafic des marchandises est devenue très difficile. «Çanous pose aussi des problèmes». Actuellement, les entreprises centrafricaines, minées par l’absence des fonds de trésorerie et de garanties, ne pourront pas facilement bénéficier d’un soutien bancaire. Il est «difficilepour les banques aussi de faire desprêts, parce que nous n’avons pas de garantiesnécessaires, toutes nos garanties ont été emportées», explique le président du patronat centrafricain. Et de conclure que les investisseurs ne s’engagent que dans un pays en paix.

La Centrafrique en crise
Les entreprises centrafricaines ont tout perdu

 Didier Ndengue


MOBILISATION : L’union sacrée des patrons africains

La première rencontre des organisations patronales d’Afrique centrale et de l’Ouest s’est tenue du 9 au 10 octobre à Douala. Occasion pour le secteur prive africain d’éplucher ses difficultés et de proposer des pistes de solution visant à être en phase avec le train de l’émergence de l’Afrique.

L’Afrique est en proie grandissante des investisseurs. Selon le Pr. Roger Tsafack Nanfosso, président du Cercle de réflexion économique du Gicam (CREG), «elle bouge, elle renait mêmede ses cendres. Son émergence est imminente ». A en croire ce dernier, tous les investissements au sein du continent africain, étrangers ou des africains, contribuent à son émergence. Mais une expertise locale démontre que les investisseurs étrangers envahissent en majorité le continent. Il importe donc aux africains de s’engager fortement dans l’investissement de l’Afrique.

Coalition des entreprises africaines

Les organisations patronales de l’Afrique centrale et de l’Ouest se sont réunies autour de deux plateformes: l’Union des patronats d’Afrique centrale (Unipace) et la Fédération des organisations patronales d’Afrique de l’Ouest (Fopao) sous le thème: «Contribution dupatronat à l’émergence de l’Afrique». Elles ont opté pour une stratégie d’action commune des entreprises africaines pour mieux structurer le développement économique de l’Afrique. La finalité étant l’organisation unanime des investisseurs africains pour ne pas rater le train de l’émergence du continent. «L’Afrique est au cœur de toutesles convoitises. Et donc, l’Afrique vaêtre dans les prochaines décennies laprincipale destination des investisseursdu monde entier. C’est le premier constat. Si les entreprises africaines ne s’organisent pas, ce rendezvous risque de se faire sans elles», explique André Fotso, président de l’Unipace et du Groupement interpatronal du Cameroun (Gicam). C’est en février dernier à Abidjan que le président de la Fopao, Jean Kacou Diagouet André Fotso concluent qu’il est important d’ouvrir un pont entre les entreprises de l’Afrique centrale et de l’Ouest. «L’autre constat, c’est également l’initiative du BIT en septembre 2012 qui rappelait qu’il était important que les organisations patronales africaines renforcent leurs gouvernances de manière à être un interlocuteur incontournable visàvis des pouvoirs publics dans la définition des politiques économiques ». Du 9 au 10 octobre au siège du Gicam dans la capitale économique camerounaise, les patronat sont jeté les premières bases de ce qui devrait désormais être une nouvelle dynamique. Avant toute autre chose, ils se sont partagé des expériences de manière à permettre une mise à niveau de chaque patronat dans chaque pays.A l’issue, la modernisation du secteur de l’agriculture du continent qui devra croître d’ici 2050 afin de nourrir les 2,4 milliards de la population mondiale dont la moitié en Afrique et le renforcement du dialogue public – privé également.

 Construire l’Afrique avec les africains

Selon un constat formel, la plupart des grands chantiers d’infrastructures se réalisent en Afrique sans les entreprises africaines. «Nouspensons qu’il est temps que les entreprisesafricaines s’impliquent en semettant ensemble pour améliorer leurposition à travers un échange de savoir-faire,à travers une amélioration deleurs capacités de financement et à traversune vision de taille qui soit continentale », renchérit André Fotso. Conclusion de Bernard N’doumi, Vice‐président de la Confédération générale des entreprises de Côte d’Ivoire (CGECI): «on a vu que nosentreprises deviennent de plus en plusfortes certes, mais elles sont encore tropseules pour l’être. Il y a un vieux proverbeque vous connaissez: «L’Unionfait la force». En étant donc réunies,elles seront plus fortes, car on sait aujourd’huice que nous représentonsdans les PIB de nos différents pays.Mais si chacun reste dans son coin, çane produira aucun effet pour le développementde nos entreprises. Et maintenant,on a compris qu’il fallait mettreensemble les forces, créer unesynergie et être un opérateur de poidsdevant les pouvoirs publics ».

Didier Ndengue 


INTÉGRATION AFRICAINE : Plaidoyer pour la libre circulation des personnes et biens

Les opérateurs économiques de la Communauté économique et monétaire d’Afrique centrale (Cemac) et de l’Union économique et monétaire ouest africaine (Uemoa) appellent à l’ouverture des frontières pour le développement économique et l’émergence de l’Afrique.

Le Camerounais Dieudonné Tietse, comme plusieurs autres opérateurs économiques africains, rencontre toujours d’énormes difficultés de transfert d’argent pour faire tourner ses affaires: «De l’autre côté de l’Afrique del’Ouest, je ne peux pas transférer del’argent d’Abidjan pour le Cameroun.Il devient impossible de changer leFranc CFA d’Afrique de l’Ouest enFranc CFA d’Afrique centrale». De même, pour se déplacer à travers le continent pour signer des contrats de travail pour son entreprise, il fait tout le temps face aux procédures d’obtention du visa devenues de plus en plus complexes et difficiles. «Pour se rendreau Gabon, il faut une lettre d’invitationsignée dans une mairie, avoir uneréservation d’hôtel au Gabon, un certainnombre de papiers médicaux, le relevéde compte bancaire et d’autres papiersencore… Tout ça rend les chosescompliquées» s’indigne le Camerounais qui, sans cesse, se révolte au sujet de «l’intégration sous régionaleafricaine» qui reste encore dans les grandes théories des langages des hommes politiques et dirigeants africains. Patron de la société Paness implantée à Abidjan et à Libreville, spécialisée dans la formation, conseil et informatique, Dieudonné Tietse voit ses activités en constante régression au fur et à mesure que les jours passent. Son rêve d’élargir ses activités en Afrique et de transmettre son expertise à d’autres Africains est donc voué à l’échec. Et également, depuis un certain temps, Dieudonné Tietse broie du noir. A l’origine de ses difficultés, la libre circulation des biens et des personnes qui n’est pas totalement effective dans les différentes sous‐régions d’Afrique. Ceci constitue un frein au développement et à l’émergence de l’Afrique. «Pour qu’uneéconomie fonctionne et s’intègre correctement,il faut que les hommes circulent,et il faut que l’argent circuleaussi. Et pour que l’argent circule, ilfaut que les gens n’aient pas d’obstaclesliés aux échanges, aux droits de transfert, à la limitation du volume du montant à circuler», renchérit- il.

Entre manque de volonté et lenteur des procédures

 Régis Loussou Kiki, secrétaire général de la Confédération patronale gabonaise, apprend que le débat pour une monnaie unique en Afrique centrale et de l’Ouest est sur la table des experts économiques. En Côte d’Ivoire, on pense que ce problème de monnaie unique, bien que relevant du domaine économique, est d’abord politique. Selon un observateur, la mauvaise foi des autorités compétentes ou alors la lenteur des procédures y relatives sont à l’origine de ce malaise économique qui commence déjà à secouer les deux régions. «Sur le plan économique pur, permettezmoi l’expression, c’est une absurdité d’avoir une monnaie en zone Cemac et d’en avoir une autre en zone UEMOA. La vérité est qu’on devrait avoir la même monnaie. D’ailleurs,ce sont les mêmes billets, à part les couleurs qui changent. Derrière tout ça, il y a une question de volonté politique.Pour l’instant, il n’y en apas», s’indigne Bernard N’doumi, Vice‐président de la Confédération générale des entreprises de Côte d’Ivoire (CGECI). Pour certains patrons africains en conclave la semaine dernière dans la capitale économique camerounaise, les deux monnaies, pourtant rattachées à l’Euro, devraient librement circuler sans conditions. «En réalité,vous ne pouvez pas avoir une intégration véritable et un développement harmonieux et solide entre l’Afrique centrale et l’Afrique de l’Ouest si la question de la monnaie n’est pas réglée », conclut un leader d’une organisation patronale d’Afrique de l’Ouest. La crise économique n’étant plus d’actualité aujourd’hui, il est donc important d’envisager revenir à la case de départ et que les banques fonctionnent de manière harmonieuse pour qu’on ait une seule monnaie, pense M. Bernard N’doumi. «Ça devrait permettre aux deux zones économiques qui sont toutes engagées dans les APE, d’être véritablement solides et d’engager cette évolution vers la croissance de façon durable et de façon soutenue»,conclut Dieudonné Tietse.

Didier Ndengue


Carte postale : Douala otage des matières fécales

Les drains et caniveaux de la cité économique sont de vrais gouffres de déchets qui exposent les populations au choléra, au paludisme…

Scène courante dans les rues de la ville de Douala. Sous une forte pluie ce lundi 11 août, une bande d’enfants dont la tranche d’âge varie entre 3 et 8 ans, reviennent tout joyeux des cours de vacances organisés à l’école anglophone « Government Bilingual Primary School » basée à Bonapriso, dans le deuxième arrondissement.Comme à l’accoutumée depuis le retour des pluies, ils plongent leurs pieds dans le courant d’eau débordant des rigoles. La pression d’eau est forte et les tout-petits ne semblent pas s’en rendre compte.

Là où ils s’amusent à puiser l’eau des pluies avec leurs mains et à s’asperger les uns les autres, se trouve un large trou ouvert. L’une des fillettes du groupe tente de mesurer sa profondeur à l’aide de sa jambe gauche. Fort heureusement, une jeune femme assise sur un banc public à l’entrée de l’école décide de l’interrompre dans son élan en tonnant d’une voix forte : « Hé, sortez vite de là ». Sans succès. Comme des sourds, les enfants n’obéissent pas. Mais la jeune femme ne lâche pas prise. Elle insiste : « Je vous ai demandé de sortir de ces eaux ». Le message est passé. Les gamins courent dans tous les sens.

Le courant d’eau peut librement circuler jusqu’à se déverser dans le grand drain mal en point, basé au niveau de l’ancien collège des nations, vers la rue des pavés. Ici, la dégradation se voit à l’œil nu. Les maisons construites au bord de ce passage d’eau, au niveau de la chefferie de Bonapriso y vidangent tous leurs déchets, y compris ceux des WC. Les tuyaux d’évacuation et quelques morceaux de selles y sont perceptibles à tout moment. A chaque saison des pluies, comme c’est le cas actuellement dans la capitale économique, les eaux stagnent ici, les populations et les enfants s’y baignent régulièrement. Les maisons sont inondées.

La circulation des véhicules n’est pas possible sur cette voie qui relie les quartiers New-Bell et Bonapriso. Depuis plusieurs années, le gouvernement tente en vain de trouver une solution à ce problème. La dernière, un immeuble r+8 a été présenté comme la véritable cause des inondations au quartier Bonapriso. Après concertations entre le propriétaire de l’immeuble et le délégué du gouvernement auprès de la Communauté urbaine de Douala (Cud) Fritz Ntonè Ntonè, ledit obstacle, qui aurait été construit sur le trajet fluvial de Douala, a été démoli à l’aide des explosifs par le génie militaire.

Seulement, quelques jours après la démolition de cet immeuble, plusieurs interrogations collent aux lèvres de certains riverains. « Vu que cet immeuble était entouré de plusieurs maisons et autres grands immeubles, que va faire le gouvernement pour les autres pour faire passer l’eau? Est-ce qu’il va aussi détruire toutes les maisons des lieux? » s’interroge-t-on à Bonapriso.

Pollution de l’environnement

Tous les caniveaux de la ville de Douala sont bouchés par des déchets, sans exception de quartier. Même le quartier administratif Bonanjo y passe. La présence régulière des eaux pendant les pluies tout autour des services du gouverneur de la région du littoral en est une preuve. Dans les quartiers mal famés, les victimes des inondations se battent avec les eaux souillées. Pelle à la main ce 15 août, Maman Judith tente de redéfinir un passage aux eaux qui stagnent devant sa porte. « Je veux qu’elle coule, parce que quand elle reste là, je me sens mal à l’aise », lance la vieille dame. A en croire cette dernière, le coin pue à chaque inondation. De l’autre côté, c’est une autre femme qui marche en esquivant l’eau qui stagne. « Il y a une fosse septique là-bas que le gouvernement ne voit pas. Elle est construite en pleine route et les enfants jouent sans cesse tout autour. J’ai peur qu’ils y tombent », s’inquiète cette autre riveraine qui craint le pire. La fosse, située vers le « Petit marché » de Ngangué, alimente les inquiétudes.

Le chef des services d’hygiènes et salubrités de la mairie de Douala 2e apprend à ce propos que son département est sur le terrain et veille aux grains. Une voisine de la fosse septique confirme : « J’ai souvent vu les agents de la communauté venir là-bas à cause de cette fosse, mais cela n’a jamais abouti puisque la fosse est encore là et vous-même vous le constatez »

De l’intérieur, le marché central de Douala brille de mille feux. Mais les drains et caniveaux environnants mettent un bémol à l’ambiance. Le grand bluff des autorités de la contrée. Une esquisse de pont du camp Bertaud, qui lorgne jusqu’au camp Yabassi, remet l’hygiène en cause dans cet arrondissement. Pincer le nez à cet endroit est obligatoire pour celui qui traverse les lieux. Souleymane, le réparateur des ceintures y a trouvé un bon endroit pour son business. Il est basé sur le pont. A sa droite se trouve un bac à ordures à moitié vide, alors que les ordures inondent le sol. « Les gens d’ici sont très sales, ils urinent, font caca et jettent les ordures partout et pourtant, il y a un bac à ordures », s’indigne Souleymane. Derrière lui s’ouvre un grand ravin recouvert d’herbes et de bouteilles d’eau minérale vides. Ses substances non biodégradables, d’un nombre incalculable, ne bougent pas d’un seul trait, même pendant les fortes inondations que connaît la zone ces derniers jours.

Bonjour choléra, paludisme…

Les eaux des pluies (qui circulent à travers les drains, caniveaux et autres rigoles) sont forcement utilisées ailleurs dans le cadre des travaux domestiques. Elles servent même de boisson à certaines personnes à travers des forages, puits, etc. Leur utilisation n’est pas sans conséquences. « Cette eau peut causer le choléra, des infections cutanées et peut aussi favoriser la multiplication des anophèles femelles qui engendrent le paludisme », indique un membre du personnel médical du centre de santé de Bonapriso groupe 2 ». Profitant des inondations, certains propriétaires des maisons ouvrent leurs fosses septiques pour laisser évacuer les déchets.

Carte postale : Douala otage des matières fécales
Des poubelles en vogue
Une ville bouchée par des ordures
Au coeur de la poubelle

« Avant, quand j’étais petite, les services d’hygiène passaient régulièrement vérifier nos toilettes. Ils montraient l’attitude à tenir à mes parents et rappelaient que la fosse septique allait être bientôt pleine et qu’il fallait prendre rendez-vous avec un vidangeur. Aujourd’hui, chacun fait ce qu’il veut et pourrit l’environnement », renchérit notre interlocuteur du centre médical. Face à leurs responsabilités, les pollueurs ne savent que dire : « On va faire comment ? »

Didier Ndengue


A partir du Cameroun: 120 sénégalais rapatriés d’Afrique centrale

Leur chef d’Etat, Macky Sall, a affrété un avion vendredi 3 octobre pour ramener au bercail tous ceux qui ont fuis la guerre civile en République centrafricaine et d’autres cas en détresse au pays de Paul Biya.

La présidence de la République sénégalaise suit de très près l’évolution des activités de ses compatriotes en Afrique centrale. Ceux vivant sur les territoires instables préoccupent singulièrement Macky Sall. En Afrique centrale, la situation humanitaire des sénégalais de la République centrafricaine (Rca) est préoccupantes depuis le déclenchement de la guerre civile. Plusieurs d’entre eux sont entrés au Cameroun avec les délégations des personnes ayant fui la Rca à cause de l’insécurité qui y a fait son nid. Tous se sont réfugiés à l’Est du pays de Paul Biya, où ils ont bénéficié du soutien du Haut commissariat aux réfugiés (Hcr). Mais la crise humanitaire de cette région du pays est préoccupante. Même le Hcr est débordé. L’ayant donc constaté, l’Etat sénégalais est monté au créneau pour venir en aide à tous ses ressortissants en situation de détresse. D’où l’idée de les recenser et de les rapatrier.

Le rapatriement est volontaire et ne concerne en majorité que les sénégalais qui ont fui la République centrafricaine. C’est depuis plus de cinq mois que le dispositif lié à cette opération de rapatriement est mobilisé par la présidence de la République sénégalaise. Après récemment au camp de réfugiés à l’Est du Cameroun, la première vague de 70 sénégalais a quitté le sol camerounais en fin de semaine dernière. Les 50 autres suivront plus tard. L’action gouvernementale est menée par l’ambassade du Sénégal au Cameroun sous la férule de S.E. Aliou Ndao Fall. Afin de s’assurer du bon fonctionnement de cette opération, l’ambassadeur accompagne personnellement ses compatriotes dans le même vol jusqu’au pays natal.

Les cas nécessiteux

Pour être à l’heure à l’aéroport international de Douala au moment de l’embarquement dans l’après-midi, le diplomate et son premier conseiller Boubacar Sow ont quitté Yaoundé très tôt en matinée avec les sénégalais à rapatrier. Sur place à Douala, madame le consul honoraire Mareme Malong Salb remplissait toutes les formalités liées à cette opération auprès de la compagnie Sénégal Airlines et de l’antenne Douala du ministère camerounais des Relations extérieures (Minrex). Selon des confidences du personnel du consulat à Douala, très mobilisé depuis le lancement de l’opération, on retiendra que tous les frais liés au rapatriement sont entièrement pris en charge par l’Etat du Sénégal. « L’opération entre dans le cadre de la protection des ressortissants sénégalais de l’étranger ».

Macky Sall
le président de tous les sénégalais
En plus de ceux recensés avec le concourt du Hcr, certains sénégalais malades vivant dans la précarité ou en situation d’errance dans les autres régions du Cameroun sont également bénéficiaires de cette largesse, qui leur permettra de retrouver en toute quiétude le pays natal. D’autres sénégalais ont toutefois préféré attendre sur place au Cameroun que la paix et la stabilité soient restaurées en Rca pour y retourner. Car, là-bas, ils ont abandonné tous leurs biens et parfois leurs familles.

Didier Ndengue


Franc CFA, APE, néocolonialisme : le ras-le-bol de Joe La Conscience

Le combattant camerounais s’apprêtait à manifester devant le consulat de France à Douala vendredi dernier lorsqu’il a été arrêté par les services de renseignements généraux. Il croupit actuellement dans des geôles secrètes de la capitale économique du Cameroun.

Ce vendredi 03 octobre 2014 à Bonanjo au consulat général de France, il est 11 heures. Six policiers lourdement armés, sont assis sous le manguier devant le consulat. En face, de l’autre côté de la route où se trouve la villa abritant les services consulaires français, les demandeurs de visa forment une longue file d’attente. Les activités vont apparemment bon train au sein de la représentation diplomatique française de la capitale économique camerounaise. Mais au regard de l’atmosphère générale des lieux, quelque chose ne tourne pas rond. La présence soudaine des agents de la police sur le site annonce sûrement un événement. « C’est depuis hier jeudi qu’ils sont là. Je crois qu’ils sont venus sécuriser les lieux, certainement à cause de ce qui s’est passé à Bamenda », explique un vendeur clandestin rencontré devant le consulat.

Vers 13 heures, le dispositif sécuritaire va se renforcer. Plusieurs véhicules de police et des agents de renseignement vont arrivés de façon à attirer tous les regards. A l’intérieur du consulat de France, la pression se fait de plus en plus ressentir. Les employés vident les bureaux. Chacun sort avec sa voiture et fonce vers une direction inconnue, pour ne pas faire face à la manifestation qu’un combattant engagé camerounais a promis d’engager sur les lieux cet après-midi. A 14 heures précises, l’extérieur du consulat ne grouille plus que de policiers armés de matraques et de fusils. Tout un arsenal de guerre déployé devant le consulat pour traquer « les rebelles » annoncés.

Joe La Conscience arrêté

Au regard de la forte mobilisation policière devant le consulat général de France vendredi, on s’attendait à de costauds adversaires. Curieusement, c’est un jeune homme, le seul manifestant d’ailleurs, nommé Joe La Conscience, tout vêtu en vert rouge jaune, couleurs du drapeau de la République du Cameroun. Il entend manifester contre les Accords de partenariat économique (APE), le Franc CFA et d’autres accords signés entre la France et le Cameroun « visant à maintenir son pays esclave ». le combattant, comme il aime affectueusement se faire appeler, demande une rupture totale de la coopération franco-camerounaise. A en croire ce dernier, « le Cameroun ne peut pas vouloir être émergent en restant lié à ces charognards » de Français. Pour remplacer le Franc CFA, Joe La Conscience propose le « Um » aux autorités camerounaises, en mémoire au nationaliste Um Nyobe. A peine arrivé devant le consulat, le combattant va aussitôt être arrêté par les policiers. Il n’a eu que quelques petites minutes pour dérouler et brandir sa banderole conçue pour la circonstance.

Pour Joe La Conscience, le message est passé. Selon les Renseignements généraux qui l’ont auditionné après son coup, le jeune homme n’avait pas obtenu une autorisation de manifestation. Lui de répliquer lors de son interpellation : « a-t-on besoin d’une autorisation pour dire son mécontentement ? » Aux dernières nouvelles, Joe La Conscience, que nous avons au téléphone dimanche matin, était gardé dans l’une des cellules secrètes de la ville de Douala. Il a demandé à être auditionné en présence de son avocat. Les autorités sécuritaires attendent vraisemblablement l’ouverture des services administratifs compétents ce lundi pour le mettre à la disposition de la justice. Affaire à suivre.

Joe la conscience
Celui qui veut libérer son pays de la France
Didier Ndengue


Douala : Les abeilles de l’église ont disparu

Un essaim d'abeillesCela après avoir fait un bon miel aux fervents chrétiens de la chapelle.
Elles sont reparties d’où elles sont venues, laissant derrière elles un fruit impérissable. Plusieurs témoins ont assisté à leur évasion mardi 23 septembre 2014, mais nul ne sait avec exactitude quelle direction elles ont pris.
La sœur Huguette était sur les lieux à l’heure des faits. S’étant rendue à l’église pour des raisons d’hygiène, elle témoigne que c’est aux alentours de 13 heures qu’elle a vu l’essaim d’abeilles disparaitre dans les nuages. Un voisin, n’appartenant pas à la même assemblée chrétienne, a confirmé les faits.
En effet, l’essaim d’abeilles avait une mission précise qu’elle a entièrement accomplie. Pêchées sur une latte soutenant les tôles d’une petite maison de prière sise au lieudit New-Bell Bassa dans le deuxième arrondissement de Douala pendant plus de deux mois, les abeilles ont produit un miel qui a été dégusté par l’ensemble des chrétiens de l’église en question.

Didier Ndengue


Morgue de Logbaba : Des corps en décomposition

Morgue de Logbaba

Le manque d’un dispositif approprié dans la morgue est à l’ origine de ce drame qui perdure depuis quelques semaines.

Vendredi 26 septembre 2014, il est 11 heures environ. A l’hôpital de district de Logbaba, sis à Douala troisième dans la cité économique camerounaise, l’ambiance est morose. Une musique religieuse jouée en douce par une gérante d’un débit de boisson anime allégrement les lieux. Des personnes venues à la levée des corps ont le regard braqué à la morgue. L’attente est très longue. Toute vêtue de noire, Clarisse Kengne patiente depuis prés de deux heures de temps. « Il y a trop de retard. La première levée de corps prévue à 9 heures a finalement eu lieu à plus de 11 heures. Nous sommes impatients d’attendre », souligne la jeune femme. Plus loin, vers le marché des cercueils de la morgue, la douleur est perceptible sur les visages des proches des défunts gardés dans cette morgue. Gerbes de fleurs en mains, las d’attendre, certains membres des familles éprouvées tournent en rond. D’une jeune femme venant solliciter une chaise auprès d’une vendeuse de cercueils pour un moment de repos, on apprend que la longue attente résulte des longs traitements des corps qui sont en phase de décomposition. L’on fait état de ce que, depuis plusieurs jours, des corps en putréfaction sortent de la morgue, accablant les familles. Ngogoue Claire est dans tous ses états. Sa petite sœur décédée le 12 septembre 2014 et dont le corps avait été gardé dans cette morgue, présente plusieurs parties dégradées (bras, poitrine, abdomen…). « Le corps n’avait pas de problèmes quand nous l’avons déposé ici à la morgue. Il a été mal conservé et maintenant, il a pourri au point ou le voyage pour le village natal est prévu, sans plus attendre, ce jour même après la levée du corps », explique Ngogoue Claire, abattue.

Les raisons du drame

Le directeur de l’hôpital de district de Logbaba, Dr Charles Soffeu, donne plusieurs raisons à l’origine de cet état de choses. Il fait premièrement allusion au dépôt tardif des corps à la morgue par les proches des défunts, ensuite aux coupures intempestives d’électricité, enfin a l’insuffisance criarde de chambres froides au sein de l’hôpital. En lieu et place d’une chambre froide, la morgue de Logbaba dispose des caisses frigorifiques. En vue de remédier à ce problème, Dr Charles Soffeu informe que « l’hôpital est en chantier depuis un mois. Le circuit électrique est en train d’être refait. Nous attendons également un groupe électrogène de dix millions de franc CFA d’un partenaire ». En attendant le parachèvement du chantier qui avance visiblement à pas de tortue, des corps continuent d’être amenés par dizaine à la morgue de l’hôpital de district de Logbaba et ressortent en mauvais état.

Didier Ndengue