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Pino, révélation surprise : le pari fou de Timbuktu

Pino, Ibrahim Ahmed, meilleur acteur africain, grâce à son tout premier rôle au cinéma
La belle histoire d’un guitariste tamasheq démarché à partir d’une simple photo dans le studio où il enregistrait à Bamako.

Apologie d’une rencontre…

Si quelqu’un m’avait dit quand j’ai eu cette chance inouïe d’être de la dernière sélection Mondoblog, « tu sais, il va t’arriver des trucs fous »,  je ne l’aurais pas cru. Et puis, voilà, il arrive un truc fou à l’ami de l’ami d’un ami et je me retrouve pour mon plus grand bonheur, le vôtre aussi espère, dans la confidence d’une histoire incroyable, qui me relie une nouvelle fois à Kidal.

C’est lors de l’avant-première de Timbuktu à Pontivy, que je découvre grâce à « Voix du Sahara » un artiste tamasheq dont le jeu libéré de toute autre nécessité que celle de rendre une émotion sincère et juste à l’écran me remue profondément.

Une semaine plus tard, ô magie de la rencontre, Pino, l’acteur en question, et moi, étions déjà en grande conversation trois heures durant, comme si nous partagions la même table à la terrasse d’un café, au soleil évidemment. Vous préférez que je pose le décor comme le fait si bien Abderrahmane Sissako, heureux amant de la lumière et du silence ? Soit, vous avez raison, soyons exigeants et goûtons sans modération la coquetterie du fantasme à portée de clavier.

Après tout, comme j’aime à le dire, à chacun de mettre ce qu’il veut derrière cet adage personnel qui interroge l’urgence à posséder plutôt que renoncer à devoir choisir, à s’établir plutôt qu’à s’évader, à s’infirmer quand vivre c’est d’abord s’affranchir : le désir a valeur d’existence. Fanchon

Je soigne les préliminaires, patience, encore quelques lignes et je vous laisse en compagnie d’Ibrahim Ahmed, alias Pino de son nom d’artiste, mon héros du jour, propulsé meilleur acteur africain par une caste professionnelle à laquelle il appartient désormais presque malgré lui. Là encore pas question de bouder notre chance, la sortie nationale de Timbuktu donne enfin à ce récit cinématographique toute sa profondeur de champ, éminemment politique. Un récit qui tel un chant révolutionnaire appelle à l’indignation populaire et solidaire, toutes nations confondues, au nom d’une humanité en danger. Ce chant nous hantera longtemps et marquera, c’est mon espoir, l’histoire du cinéma.

Avant de sentir l’impact de cette onde de choc invisible d’une puissance salvatrice, dont le monde a besoin pour réveiller responsabilités et consciences, faire cesser le bruit des fourchettes qui s’activent devant l’écran de TV rythmant l’indifférence d’une époque narcissique et boulimique, je vous invite à entendre une voix du Sahara, celle d’un beau petit gars de Kidal, originaire de Gao. Dans son désert, loin là-bas, tout le monde connaît Pino, mais peu savent ce qu’il vit d’extraordinaire aujourd’hui. Combien savent qu’à travers lui, grâce à la magie du 7e art, tout un peuple sort de l’anonymat ? Pour les Kel tamasheq, ceux qui parlent tamasheq, la langue vaut territoire et ce territoire a pour nom Poésie. Tout autant que l’Azawad, cet espace désertique qui nourrit hommes et bêtes, loin des rares bandes de goudron, la langue et la culture sont la fierté de cette société nomade ancestrale,  éclatée, minorée, relevant administrativement de plus d’une dizaine d’Etats, lourd héritage de la décolonisation française.

Ado, Pino s’adonne au rap puis fonde avec d’autres musiciens Tamikrest, un groupe qui connaît aujourd’hui une belle carrière internationale. De cette époque, gravée à jamais dans la pierre, il reste une belle et solide amitié avec Moussa,  lui aussi à l’origine du groupe. Moussa vit toujours à Kidal, Pino a fait le choix de quitter la zone de conflit. S’il endosse aujourd’hui avec une aisance surprenante le costume de star de cinéma internationale, au moins le temps de se prendre au jeu, c’est suite à ce choix difficile. Cependant, la grâce qu’il incarne à l’écran, cette beauté d’âme qui s’imprime comme une caresse dans nos rétines éblouies, vient tout droit de ce désert qui ne le quitte jamais;

C’est un des nombreux talents de ce film que d’avoir su rendre si sobrement des gestes, des postures, des regards qui se passent de toute parole superflue, ne cherchant jamais à nous piéger dans une situation ou un jugement, pour ne garder que l’écho d’une présence plus forte que la violence. C’est par ce jeu subtil, par cette intelligence du coeur mise en scène en lieu et place des clichés que recycle à l’infini l’industrie du spectacle, qu’Abderrahmane Sissako et son équipe parviennent à emporter l’adhésion. Nous toucher intérieurement, de façon sensible et universelle, s’intéresser d’abord et surtout à l’humain, filmer chacun, adulte, enfant, djihadiste, habitant, à travers ce prisme-là : voilà le pari fou de Timbuktu.

Pino aurait tellement aimé que Moussa, l’ami, le frère, soit associé au projet, il a tout fait pour. Le contexte a rendu la chose impossible. Mais une fois terminée la tournée de promotion du film événement de l’année, ces deux-là feront tout pour se retrouver et finaliser leur prochain album : Amawal. Pari tenu !

Enfin je plante le décor, comme au cinéma. Je suis en Bretagne, Pino en Andalousie, Moussa à Kidal, et alors ? Nous voilà, Pino, Moussa et moi, à partager le plaisir d’une belle et longue causerie, comme si le rythme du rituel touareg pouvait transfigurer mon clavier et mon monde virtuel en invitant dans ma cuisine toute la beauté du fleuve Niger.

la Dune Rose, dite "Koïma Hondo" dans la langue Songhaï,  "Koïma" évoque le lien aux liégendes transmises pr les sorciers "allez et écoutez" C'est là que Pino nous invite à le rejoindre pour nous dire son histoire, en compagnie de son milleur ami, Moussa, resté à Kidal.
La dune rose, dite « Koïma Hondo », près de Gao ville natale de Pino. Dans la langue songhaï, « Koïma » évoque le lien aux légendes transmises par les sorciers « allez et écoutez ».

Une invitation à prendre le thé sur la dune rose de Koima, ça vous dit ? Ibrahim et Moussa nous attendent…

 

Silence, on tourne, désert, oublié bonheur, même là-bas il devient difficile de vivre hors du temps…

Fanchon : d’abord merci Pino d’accepter de te confier, dans ce moment de ta vie si important, à la veille de la sortie nationale en France de ton premier film « Timbuktu »

Pino : merci à toi qui me donnes l’occasion de remercier sur Mondoblog tous ceux qui ont cru en moi et m’ont donné la chance de m’exprimer par le 7e art.

Fanchon : elle commence comment l’histoire de ce meilleur acteur africain, qui disait il n’y a pas si longtemps  » Si c’est ça le cinéma, ben je continue » ?

Pino : j’étais en studio pour enregistrer mon album solo à Bamako, je voulais rendre hommage par mon travail à mon peuple, pris en otage par les djihadistes et l’amalgame avec le problème politique Nord-Sud au Mali. Quand j’ai été sollicité pour jouer dans le film d’Abderrahmane Sissako, j’ai vu tout de suite que je correspondais au personnage souhaité, le scénario portait sur le même sujet que mon album. C’est parce que je suis un jeune Touareg qu’il fallait que je le fasse. Qui mieux que moi peut comprendre l’amertume de mon peuple ?

J’étais à Kidal quand les djihadistes ont commencé à venir s’installer pacifiquement. Personne ne se doutait à cette époque qu’ils allaient imposer l’inadmissible. La religion chez nous n’a jamais été une barrière entre les populations. Je côtoie chrétiens et musulmans sans distinction. Ce qui importe dans la culture que mes parents et ma communauté m’ont transmise, c’est qui tu es, pas ta croyance religieuse. Ce n’est pas un sujet de discrimination entre nous. Que tu sois peul, bozo, sonrai, touareg, ici tout le monde partage cette idée qu’une cohabitation est possible dans l’amour, le pardon, la fraternité.

Aussi différents que soient ces hommes venus d’ailleurs, ils ont été accueillis dans cet esprit de tolérance au sein de la population. En quoi l’homme est différent d’une bête au zoo si tu lui enlèves sa liberté d’exercer la religion, le métier ou la passion de son choix ? J’ai conscience d’être né dans une culture aussi vieille que Rome, jamais on a lapidé, jamais on a exécuté qui que ce soit au nom de la religion. Cela veut dire quoi interdire la musique, l’art, la poésie ? Ma langue, le tamasheq, est en soi poésie. Quant à la musique, demande à Moussa ce qu’elle représente pour nous, peuple du désert.

Moussa : la musique, pour un Kel tamasheq, c’est beaucoup plus qu’une passion, c’est une philosophie, un art qui nous pousse à nous aimer les uns les autres. Que tu sois pauvre ou riche, ça nous unit, ça nous rapproche. La musique, c’est une invitation au partage qui s’adresse à toute la communauté. J’ai grandi avec cette philosophie. Je n’ai que 29 ans, mais en fait, je suis, comment te dire, le premier professeur de musique professionnel à Kidal. J’encourage les jeunes à aller de l’avant, à oser s’engager dans des voies professionnelles même si c’est difficile pour nous tous, surtout avec cette guerre. C’est à eux maintenant de faire découvrir toutes ces belles choses qui font notre culture, notre manière d’être avec les autres,  à travers le monde. Je n’ai pas fait d’école de musique comme ça existe chez vous, juste un petit stage de six mois, mais je n’ai pas mon pareil pour taquiner le manche d‘une guitare, pour reconnaître un bon guitariste à la souplesse de ses doigts, un bon poète à ses paroles, quand elles nous unissent tous.

Le fait que Pino ait été choisi pour jouer dans ce film Timbuktu, c’est génial, pas seulement parce que la communauté internationale doit ouvrir les yeux sur nos souffrances. Aussi parce que c’est un musicien qui tient le rôle principal. Notre communauté s’est éclatée à cause de l’évolution des mentalités, c’est vrai, mais aussi parce qu’aujourd’hui les familles sont séparées et qu’après les rébellions de 1990 et de 2006, c’est comme si la vie et le deuil ne faisaient plus qu’un. A Kidal, tout a été détruit, la maison de culture, les boîtes de nuit des jeunes, nos familles… Tout a été détruit. La musique, y avait pas. J’ai vécu tout ça, les rébellions, les massacres sous mes yeux, la violence sous mes yeux, la peur je ne la sens plus dans mon cœur. Tu comprends, qu’un réalisateur donne la parole à Pino, qu’il permette par son talent et celui de son équipe de faire que notre langue soit entendue dans les cinémas du monde entier, alors que notre voix ici semble ne jamais être entendue, c’est vraiment très important.

Fanchon : en acceptant ce travail si nouveau pour toi, Pino, tu n’imaginais pas que ce film aurait une telle notoriété internationale grâce au Festival de Cannes. Dans quel état d’esprit étais-tu pour ne pas te mettre la pression et rester à la fois toi-même et serein ? Je sais que ce qui te préoccupe en marge de cette belle aventure,  c’est de retourner à ton projet d’album, de trouver la façon de pouvoir faire venir Moussa sur l’enregistrement.

Pino : pendant le tournage, j’étais zen, tranquille, j’ai retrouvé mes dunes et un Abderrahmane simple comme bonjour qui m’a dit : » Pino, joue comme tu le sens », alors tout s’est bien passé. Le film raconte tout ça, ce que Moussa t’a expliqué, je veux dire. Le film est là pour ça, pour témoigner de l’horreur sans s’éloigner de la réalité du quotidien, sans s’éloigner de la réalité des gens et c’est pour ça que le film parle à tout le monde. Aussi radical que soit n’importe lequel de ces djihadistes, il reste en lui une flamme qu’il ne pourra jamais éteindre, celle-là qui caresse la beauté de la peinture, de la sculpture, de la poésie, de la musique. Le sel de la vie, il est dans tous ces (ses) langages. C’est quoi vivre loin de l’émotion que procure le verbe, le langage de l’art ?

Les Touareg sont les seigneurs de la patience, l’immensité du désert forge l’homme qui l’habite. Chez moi le temps n’existe pas, ce que tu ne peux pas faire aujourd’hui, demain tu le feras. Le silence est roi, tu apprends à aimer son décor. C’est l’absence de perspective d’avenir qui est à l’origine de ce fléau au nord du Mali. Tu sais, quand l’homme n’a plus d’espoir, il est une cible facile, car il est bon marché. Dans le film, on voit des jeunes, des musiciens qui ont rejoint ce mouvement, car donner un sens à sa vie est humain. Certains l’ont trouvé dans le djihad. Pino

Fanchon : mais toi, quand tu vois cette scène du jeune rappeur qui a rejoint le djihad, est-ce que tu t’identifies comme si son destin aurait pu être le tien ?

Pino : oui, car ne je ne peux pas vivre sans ma musique. Je suis allé loin de tout ça, je suis heureux de savoir que je n’ai le sang de personne sur les mains. Sur scène, je suis dans mon désert, à croire que tout le public parle ma langue. Les concerts, c’est vraiment des moments magiques où je viens devant la foule accompagné de mon désert et de son soleil. On a tous besoin de ces moments où l’harmonie se crée comme par magie.

Alors tu peux comprendre comme je suis triste d’être faible, triste de ne pas pouvoir agir, triste de l’indifférence des politiques, triste de voir l’oppression taper à la porte de mon havre de paix. Je suis triste aussi de ne pas pouvoir aller là-bas, rendre visite aux réfugiés dans les camps. Dès que l’occasion se présentera, je veux pouvoir m’y rendre. Grâce au film, j’ai récupéré beaucoup de ballons de foot et des tonnes de T-shirts pour les enfants qui vivent loin de leur campement.

Amawal, c'est le projet sur lequel Pino espére trouver des soutiens  professionnels pour retrouver son ami Moussa,  sans qui il n'envisage pas de sortir son premier album solo.
Amawal, c’est le projet sur lequel Pino espère trouver des soutiens professionnels pour retrouver son ami Moussa.

Pour te parler de l’album, qui m’attend aussi, c’est juste ma partie qui est enregistrée. Pour Moussa on n’a pas pu, il avait des problèmes pour me rejoindre à Bamako avec tout ça. Ce qu’il nous faut, c’est un producteur pour nous mettre en studio et finir le travail. Je ne me vois pas faire la musique sans lui, c’est pas juste un ami, c’est mon frère, avec lui j’ai tout partagé et je suis triste de le savoir là-bas. Pour moi, c’est le meilleur, c’est avec lui que j’ai créé Tamikrest au tout début. Ce nouveau groupe s’appelle Amawal, et on fait du blues du désert bien sûr, mais aussi du reggae, en tamasheq, en français,  même en anglais.

Comme pour la sortie de ce disque qui me tient tant à cœur, le Prix du meilleur acteur africain qui m’honore aujourd’hui, c’est à ma communauté et à tous les gens au Nord-Mali que je le dédie, à cet immense Azawad. Je voudrais y être et partager ma joie avec eux.

C’est bien que tu me parles de ce jeune rappeur dans le film, j’adore cette scène. En plus du jeu entre les personnages qui est extraordinaire, je suis touché par la réalité de l’instant filmé dans ce qu’il a de plus comique et banal, alors que tout est si grave dans cette façon de se renier soi-même. Comme je le dis sur un des titres de mon album, un chien a vu son ombre et l’a prise pour un loup. C’est une image pour dire que parfois l’individu se trompe, se perd, mais notre nature revient nous dire qui nous sommes.

Fanchon : tu veux bien nous dire justement ce que cette première expérience de tournage t’a appris en particulier ?

Pino : du cinéma, j’ai appris une chose. Tout est chez l’autre, ton interlocuteur a le pouvoir de sortir de toi toutes les émotions souhaitées. J’ai juste fait le vide, j’ai écouté. J’étais sans les caméras, juste en débat avec des gens super qui m’ont fait pleurer, ce qui n’arrive pas souvent. J’ai aimé ça, l’écoute a un pouvoir sur nous. Si tu comprends ton personnage, tout est facile au cinéma.

Fanchon : à  t’écouter, c’est vrai que ça a l’air vraiment facile !

Pino : ma nature, on la retrouve dans mon personnage. Je suis comme ça, tranquille. Tu sais, Abderrahmane m’a choisi sur une simple photo, on ne s’était jamais croisé avant de se retrouver à Nouakchott, en Mauritanie, pour aller sur le lieu du tournage. Même s’il avait dit, « c’est lui que je veux », moi je ne croyais pas être pris. Après le casting, j’ai même oublié tout ça jusqu’à ce qu’on m’appelle. Je suis comme tout le monde sur l’autoroute de la vie, je force rien, je prends ce qui s’offre à moi. L’an dernier, j’étais chez toi en Bretagne, au Festival du bout du monde, avec mon groupe Terakaft… C’est sympa la pluie (rire). Pour revenir à « Timbuktu », les superbes critiques qui parlent du film,  ça me touche énormément, comme ce prix bien sûr. « Meilleur acteur africain », tu parles d’une surprise !

Sur chaque scène, j’ai essayé  de trouver le père en moi, de me mettre dans la peau de tout père qui doit laisser derrière lui ce qui lui est le plus cher au monde. Le trophée d’une vie, c’est ta famille. La tragédie, la vraie, c’est celle que vivent toutes ces familles détruites par la guerre, c’est l’exil des uns et l’exil que cela crée tout autant chez celles et ceux qui sont restés derrière. En Kel tamasheq, on a une expression qui n’a pas d’équivalent en français pour dire à la fois le temps qui dure, le temps de ta propre génération : AZAMAN. Apprendre à vivre avec le désert, c’est pas possible si tu ne portes pas en toi l’idée que nous sommes tous liés les uns aux autres et tous reliés à une même destinée. Personne n’est à l’abri et tout le monde participe à veiller sur la sécurité de l’autre, même et surtout si c’est un étranger.

Transmettre la culture tamasheq, un enjeu lié à la diversité culturelle qui intéresse l'ensemble de la communauté internationale
Transmettre la culture tamasheq, un enjeu lié à la diversité culturelle

Fanchon : le dernier mot te revient, Moussa, qu’aimerais-tu ajouter pour que tout le monde sache que « Timbuktu » est l’occasion unique de découvrir ce que tu vis, toi, en étant resté à Kidal ?

Moussa : toutes mes compositions sont inspirées du folklore touareg, même si je joue dans différents répertoires du blues au funk. Ma vie d’artiste a été pour moi une aventure et un rêve brisé au fond de moi. Mais ça a nourri quelque part ma singularité, mon style musical… Quand je chante les rêves brisés, la chance, la malchance, le bonheur, le malheur, je sais que ça parle à tout le monde, chacun apporte sa signature par sa propre histoire, unique.

J’aimerais que les jeunes Touaregs soient tous unis et travaillent tous à sauver notre culture, à la transmettre à leur tour comme l’ont fait avant eux des centaines de générations. Les anciens nous ont légué cette si belle poésie et toutes ces histoires ancestrales tamasheq vouées à la disparition, si notre mode de vie disparaît avec  nous à cause des problèmes. Il y a le sous-développement et puis maintenant cette guerre qui fait qu’ailleurs dans le monde, les gens mal informés font vite l’impasse sur qui nous sommes, sur l’histoire d’un peuple millénaire, pour ne retenir que les images chocs qu’ils voient dans les journaux. « Timbuktu » permet à chacun de se faire une autre idée et de refuser que tout un peuple, que toute une génération de jeunes artistes, soient pris en otage à cause d’une minorité de terroristes en quête de territoire et d’aura médiatique.

A l'époque des débuts de Tamikrest, le plus jeune devant c'est Zeidi Ag Baba, derrière lui, Moussa, Pino est celui qui tient la guitare à bout de bras.
A l’époque des débuts de Tamikrest, le plus jeune devant c’est Zeidi Ag Baba, derrière lui, Moussa, Pino est celui qui tient la guitare à bout de bras.

Fanchon : un très grand merci à tous les deux, Pino, Moussa, et franchement, quelle riche idée ce rendez-vous rêvé au bord du fleuve Niger sur cette dune rose de Koima, tout près de l’endroit où tu as vu le jour, Pino. Evidemment tous les lecteurs du Modoblog vous souhaitent par ma voix de réaliser très vite ce projet d’album pour venir nous le présenter en Bretagne et ailleurs, dès que possbile.

Amawal c’est un très bon choix pour ce projet qui joue avec les racines, la force du symbole (Amawal veut dire Turban) et cette volonté affirmée d’ouvrir la nouvelle génération d’artistes tamasheqs avec d’autres influences musicales, à l’image de ce qui se fait aussi beaucoup chez nous en Bretagne, où la musique traditionnelle est très créative. Respect!

Que cela ne t’empêche surtout pas, Pino, de bien étudier les futures propositions de tournage, parce que tu as déjà un sacré fan club international, prêt à suivre cette carrière cinématographique le plus loin possible. Au fait, tu nous le montres avant de nous quitter ce trophée international ?

Et le nominé est ... PINO

Et le nominé est … PINO ! BRAVO !!!

Image promotionnelle du film TIMBUKTU
Image promotionnelle du film TIMBUKTU

 

Timbuktu à la Une du Monde, à la veille de sa sortie nationale en France
Timbuktu à la Une du Monde, à la veille de sa sortie nationale en France

B comme Bonus

Awal dag amawal veut dire la parole sous le masque du turban. C’est un geste de respect, par lequel les hommes se couvrent le nez et la bouche.

Pour soutenir le projet « Voix du Sahara », en Bretagne, merci d’aller de temps en temps faire un tour sur la page facebook. Prochain rendez-vous le 22 janvier 2015 pour le coup d’envoi symbolique, dans sa version bretonne, de la Caravane pour la paix, lancement qui sera officialisé, cela va de soi, aux portes du désert dès le lendemain à l’occasion du très beau festival de Taragalte

Sur Timbuktu, un reportage pour revivre le tournage

Le site officiel du film

La page facebook

A découvrir sur ce blog, rencontre avec Zeidi Ag Baba

 


Did you say «Francophonie»?

Bel exemple d’initiative qui illustre la richesse de la Francophonie comme vecteur de dialogue entre les cultures

1er au 7/12, Sikasso, MALI – Demandez le programme !

 

Quel plus bel hommage rendu à la Francophonie que de choisir la représentante d’une minorité linguistique d’un pays anglophone de l’hémisphère nord pour présider au destin de cette ambition internationale ?

Quel meilleur signal international pour nous tous, militants et militantes de la diversité culturelle et pour ces décideurs qui continuent à détricoter les politiques publiques à contre-courant d’une époque, avec la hargne de ceux qui ne veulent pas démordre de la pensée unique, du modèle unique, quand il suffit d’être pragmatique et connecté pour constater que nous gérons nos vies à la lumière d’identités plurielles, choisies ou subies, mais omniprésentes ? FANCHON

Oui, nos combats sont légitimes et pertinents au regard de ce  que retiendra l’Histoire des civilisations, s’il reste encore assez de cerveaux disponibles pour s’intéresser à ce qui fait sens dans une communauté « VIVANTE », dans un écosystème « SENSIBLE », parmi l’amoncellement de chiffres jetés en pâture à l’opinion publique comme on jette les pelures aux cochons, parmi les gravats d’images aussi furtives qu’inutiles, mais ô combien intrusives et violentes, qui nous dispensent au quotidien d’un laborieux face-à-face avec nous-mêmes, avec la vie.

« Oui, le temps est venu de dire notre terre, pour chanter les vertus et les richesses du divers », Jean-Michel Le Boulanger

Ce matin, l’Obs  publiait un article intitulé  « Non, défendre la langue française n’est pas réac ! », signé Jacques Drillon qui se termine sur cette phrase  » En attendant, commençons par ne pas traduire en anglais ce qui existe en français. » Oups, moi qui trouvais que le mot Francophonie ressortait mieux sur fond de crème anglaise dans mon titre ? Surtout pour évoquer l’élection de l’ancienne gourverneure du Canada, grande nation anglophone, et ce sur un site comme Mondoblog dédié justement à faire du langage une bannière, belle et scintillante, que l’on hisse fièrement pour faire porter plus loin sa voix, pour dire sa différence dans le respect de toutes les différences !

Bref, pas un truc flashy, fluo, fun qui vous donne l’impression d’être en boîte de nuit même en plein jou plus vulgaire qu’attractif, d’ailleurs, au premier regard comme au second, si par malheur vous clignez des yeux en réaction à la violence de l’impact. Mais je m’égare routière, maritime, TGV, l’euphorie sans doute ! Ce soir, une femme, Michaëlle Jean, est à la Une de l’actu. Elle succède dans le rôle de première dame 2014 à Jane Campion, présidente du jury du Festival de Cannes, mais il y a certainement toute une longue liste de noms plus ou moins anonymes à recenser.

Par première dame je veux traduire le sens littéral de « c’est la première fois qu’une femme… », ne pas confondre avec les trois drôlesses de l’invisible Charly, toute allusion à un ou des candidats devenus ou non-présidents français, voire re-devenu candidat puis président, relève d’une intoxication aux médias qui nécessite de consulter immédiatement.

Alors une fois n’est pas coutume, l’heure plus que tardive est solennelle. Je voudrais donc, pour vous, cher lecteur, chère lectrice, rendre hommage à ce choix révolutionnaire, comme si la langue française se prenait à oublier qu’elle avait dressé des monolithes pour en faire des temples de la Culture, afin d’éduquer le peuple ignare, désignant de fait comme sous-culture tout ce qui ne rentrait pas dans le vocable académique du bon penseur culturel, de préférence formé à Paris, assujetti aux rois et autres roitelets, cela va sans dire.

Pour saisir toute l’importance du changement que la Francophonie peut susciter dans la sphère des « décideurs unissez-vous contre les peuples », à travers l’image de cette femme de tête et de pouvoir née à Haïti,  je vous suggère de lire les mots d’un homme, un Breton qui sillonne inlassablement la campagne armoricaine pour poser un peu partout cette étrange question : « Etre breton ? »

Le « to be or not to be » version beurre demi-sel si vous préférez, tout aussi savoureux dans le texte et dans la conviction du bonhomme qu’une scène de Shakespeare, comme  siJean-Michel Le Boulanger, l’auteur de ce discours d’accueil d’une assemblée réunie à Rennes le 26 novembre 2014 voulait nous dire…

img_1026 » Nous sommes de Bretagne et du monde. Nous sommes français, citoyens de cette République qui est nôtre, nous sommes européens, nous sommes en fraternité avec tous les peuples de la terre. Le temps me semble venu de lever des hypothèques, au nom d’une petite musique que nous trouvons belle, la musique de la diversité, du respect, de l’égale dignité de toutes les formes de culture. Notre Bretagne est ouverture aux autres et ouverture au contemporain. Notre Bretagne est de grand large, et son chant court au-delà des horizons.

Nous entendons ce que disent certains qui nous méconnaissent tant et qui nous jugent cependant. La Bretagne, notre Bretagne serait close sur elle-même, sur son passé et frileuse devant les avenirs, se rabougrissant sur son identité. Les Bretons seraient « communautaristes », nous dit-on encore quand nous réclamons des droits qui semblent évidence en Allemagne, en Grande-Bretagne, en péninsule ibérique… Pire, l’écho de la collaboration d’une poignée de militants bretons avec la barbarie recouvrirait d’un voile brun toute déclaration d’amour à ce petit pays du bout du monde.

Ils font fausse route. Notre porte est ouverte, et nous les invitons sur les chemins de nos bohèmes. Notre Bretagne est un pays de vents. Un pays de ponts qui lient les rives de nos fleuves. Un pays de quais et de pontons qui invitent aux voyages et accueillent l’étranger. La Bretagne a toujours été terre rebelle, résistante face à l’oppression et les Bretons en grand nombre ont rejoint le camp de l’honneur quand le vol noir des corbeaux imposait son ombre sur les champs de nos pères. Ces coquelicots de la liberté, nous les portons haut à la mémoire.

Bretons nous sommes, de racines, de coeur et de désir aussi. Français nous sommes, d’héritage, de volonté et de passion aussi. Nous ne supportons pas, nous ne supportons plus que la France centralisatrice, la France jacobine, nous assigne à résidence du passé, nous entoure de ses préjugés et se contente de cartes postales aux tons sépias pour illustrer notre pays.
Nous ne supportons pas, nous ne supportons plus que notre République caricature la diversité, s’en méfie encore et n’ose s’engager avec vigueur et enthousiasme sur les chemins de la confiance. Nous ne supportons plus que la France, notre France, ne s’engage enfin vers une décentralisation ambitieuse de son organisation administrative et politique donnant à ses régions – et à la Bretagne qui le souhaite si ardemment – les compétences et les moyens dont bénéficient toutes les grandes régions d’Europe.

Soyons justes. Notre critique ne s’adresse pas à la France. Elle s’adresse à quelques-unes de ses élites, des dirigeantes d’une technostructure si centralisée, repue de chiffres, de taux et de dogmes, qui, à grands coups de certitude et de morgue, persistent à penser la diversité comme un outrage à leur propre grandeur et toute régionalisation comme une atteinte à leur pouvoir. Oui, le temps est venu de dire notre terre, pour chanter les vertus et les richesses du divers. Pour dire, surtout, que l’universel de la condition humaine demande des racines, toutes différentes, toutes entremêlées, et des rêves fraternels d’avenirs à construire. Être Breton est une promesse. Être Breton est un autre nom de l’universel.

Voilà ma conviction essentielle et le grand combat à mener au XXIe siècle : l’invention d’un humanisme de la diversité qui répondra aux fermetures des nationalismes. Un humanisme de la diversité adapté aux identités composites de notre temps, basé sur les droits culturels des personnes. Les pluriels sont si féconds quand nos racines sont rhizomes et nos langues, nos langues, sont toutes porteuses d’une histoire et d’une manière singulière d’être au monde, toutes porteuses aussi d’un universel de notre humaine condition. Ces langues, ces cultures, ces pluriels, aidons-les à vivre et à se transmettre.

Le sentiment d’appartenance à un territoire, en l’occurrence la Bretagne, est un levier essentiel de son développement. Laissons-le s’épanouir. Il est le terreau qui féconde les engagements citoyens, associatifs, collectifs. Il est plaisir et fierté parfois. Il faut être bien riche – ou vraiment très inconséquent – pour s’en priver. A une région abstraite, technocratique, dessinée sur une carte de papier, privilégions un espace vécu, rêvé, approprié, un espace de mobilisation. La Bretagne est bien plus qu’une région administrative. C’est un pays, un univers. Un désir. Oui, c’est cela, la Bretagne d’aujourd’hui et sans méconnaître les risques des « identités meurtrières», le temps semble venu d’affirmer qu’il n’y a pas de fatalité au nationalisme, à la fermeture, à la nostalgie.

Être Breton, c’est être à la fois Breton, citoyen français, Européen et humain, évidemment. Etre de Bretagne et du monde. Identités composites, identités plurielles. Qui parle de communautarisme ? Être breton, c’est à la fois être enraciné et être ouvert, aux autres, comme au contemporain. Qui parle de repli ? Nous sommes de Bretagne et du monde, comme une évidence. Ce projet humaniste des identités composites tranquillement affirmées est une réponse à tous les Eric Zemmour de la terre, qui clivent, qui expulsent et qui excluent. Ce projet humaniste de la diversité est le nôtre. Nous souhaitons qu’il soit demain le projet de la France. Ce projet humaniste est évidemment posé sur un socle culturel fécond.

Il ne peut y avoir de projet global de développement durable de nos territoires sans une présence artistique et culturelle intense.  Le poète Yvon Le Men résume parfaitement notre propos : « A quoi servent les artistes dans ce monde qui préfère les chiffres aux lettres et dont la folie des chiffres menace de nous faire chavirer dans le chaos ? Que celui qui n’a besoin ni de chansons, ni d’images, ni de poèmes, ni de romans, ni de films, ni de pièces de théâtre, ni de musique afin que se dise sa vie quand il ne sait plus la dire, pour que s’écoule son chagrin quand il ne sait plus pleurer, que celui-là tranche la gorge aux oiseaux. Que celui qui n’a pas besoin d’artiste retienne ses larmes à jamais et brise par avance ses éclats de rire »

Ce projet humaniste viendra de nous. De nos expériences et de nos combats. Car nous le savons : contrairement aux affirmations trop souvent entendues en France métropolitaine, l’histoire a construit une grande diversité de réponses administratives et institutionnelles dans nombre de nos territoires – et tout particulièrement dans les territoires ultramarins. Mais la France ne sait pas suffisamment analyser ces expériences et s’en enrichir. Comme si elles avaient été concédées et n’avaient pas de véritable légitimité.

Ces journées ont le grand mérite d’aider à faire connaître, à analyser, et à mettre en perspectives ce divers : ces réussites, ces échecs et les conseils que vous, représentants de ces institutions, pouvez donner. Ces journées ont aussi pour grand mérite de mieux fédérer ceux qui portent en eux, au plus profond de leurs actions, les vertus du divers, la chance des compositions bigarrées. En oeuvrant ensemble, nous serons plus forts. Pour conclure, un très court extrait de Moi, laminaire, d’Aimé Césaire :

« J’habite une blessure sacrée
J’habite des ancêtres imaginaires
J’habite un vouloir obscur
J’habite un long silence
J’habite une soif irrémédiable
J’habite un voyage de mille ans ».

La Bretagne est un voyage de mille ans. J’ai l’honneur de vous y accueillir, au nom du président du conseil régional de Bretagne.  Merci à vous tous d’être là. Vous êtes ici chez vous. »

Discours tenu lors des « Rencontres interrégionales des langues et des cultures régionales », au Conseil régional de Bretagne,

par le vice-président en charge de la Culture et des pratiques culturelles Jean-Michel Le Boulanger

 

 

 


Mehdi Nassouli, vibrante rencontre

Avant de se produire le 4 décembre au Liban, à l’occasion de la 2e édition du Festival Beirut & Beyond, Mehdi Nassouli quittera le studio d’enregistrement où il travaille actuellement pour s’inviter avec Titi Robin, chez nous, en Bretagne.  Degemer mat Mehdi, ma mignon !

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Il n’y a pas que le rock fusion pour surprendre son monde. Celles et ceux qui ont croisé l’alchimie incroyable servie sur un plateau par un Titi Robin particulièrement heureux de cette dernière création, Taziri, en ont les oreilles encore toutes brûlantes. Pour celles et ceux qui aiment jouer avec le feu et les émotions fortes, réservez votre soirée pour venir voir ce groupe à Langueux samedi 29 novembre, au Grand Pré.

La surprise ne devrait pas être si grande,  les instruments traditionnels, en matière de fusion, c’est le must, pourtant elle est totale. Car pour s’inventer alchimiste des sonorités à la croisée des chemins, encore faut-il connaître les règles de mise à feu avant de prétendre mettre tout un public en orbite.

C’est justement à la croisée des chemins, du festival du même nom, que j’ai eu la chance de croiser Mehdi Nassouli et son étonnant guembri, en août dernier. J’avais suivi, un rien étonnée d’abord, puis rapidement subjuguée, la façon dont Mehdi et ses acolytes faisaient monter crescendo/ decrescendo leurs dialogues complices aux limites de la transe, dans un cocktail savant, explosif, pour le plus grand bonheur d’un public en surchauffe.

Voir un extrait vidéo du concert du festival des Houches

Cette musique est une bombe. Sans mentir, l’onde de choc de ce trio imparable avait soulevé ce soir-là corps, âmes, poussières d’étoiles,  m’amenant à reconsidérer ce que je croyais de bonne foi savoir de la musique.

Quand ces trois-là ouvrent les portes de leur univers, c’est pour en dessiner les paysages qui se déplient comme des fractales à l’infini. Immensément grand, immensément petit se confondent dans un flot de sonorités qui chatouillent l’oreille jusqu’aux entrailles, à la manière d’un piment inoffensif sur la langue qui vous torture l’estomac en deux secondes, à cette différence près qu’ici la torture est délicieuse, et la perspective vertigineuse comme les abysses créés par un puits de lumière au coeur d’une forêt primaire.

Allez, vous vous dites là, « elle en rajoute » ! Peut-être ou peut-être pas, allez savoir !

Difficile de servir avec des mots justes le rêve devenu réalité musicale d’un Titi Robin aventurier et généreux, dans l’intention, dans  la vie et sur scène. Difficile de rendre compte de l’enthousiasme que dégagent ses compagnons tout aussi talentueux, puissants dans leur jeu, dans leur présence, pour ne pas dire positivement fous. Il y aurait bien une image, folle elle aussi, une image à emprunter à nos amis du Festival au désert, car si nous vivions dans les contrées sahariennes de Tombouctou, vous verriez samedi, grâce à la musique de Taziri va se créer en Bretagne une chose peu commune, à savoir  le premier chameaudrome* du genre sur le continent européen.

Au passage, merci à vous trois d’avoir choisi un prénom de femme, un prénom berbère, pour ce spectacle : Taziri.

*appellation déposée, Illily, Festival au désert

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B comme Bonus

Conseil de lecture  article paru la semaine dernière dans TEL QUEL, hebdo marocain

Et pour partager un autre moment de complicité avec Mehdi

https://www.youtube.com/watch?feature=player_detailpage&v=jjeLH0mX0fE

https://radioafrika.over-blog.com/2014/03/radio-afrika-rencontre-medhi-nassouli.html


Vous avez dit Droits à l’essentiel ?

Reportage au nord du Niger où les tribus de Touaregs sont confrontées au terrorisme islamiste. Pourtant quelques touristes viennent encore visiter cette région quadrillée par les policiers et l’armée. Les islamistes, de leur côté, offrent de l’argent et un idéal aux jeunes touaregs.

Ou comment la question du djihad se traite en 3’14 au 20h ? Nous sommes en 2010. Flash back

[ Aujourd’hui « Djihad » sur Youtube = 750 000 résultats ]

https://www.ina.fr/video/4291240001010/la-situation-des-touaregs-au-niger-video.html

Séquence d’archive TV où il est bien sûr question du djihad et de la façon dont la misère, sciemment entretenue par les Etats contre les peuples, fait le lit de ce qui semble déstabiliser aujourd’hui nos sociétés occidentales, quand les mises en garde n’ont pas manqué. Mais il n’est encore question ni de décapitation en série, ni de barbarie, tout juste d’argent.

Dans ce reportage, il est par contre déjà question du travail fait par les touaregs eux-mêmes pour mettre en garde leur jeunesse contre le djihad.
Seulement 4 ans plus tard, étrange paradoxe, ce sont des français dont on ne peut limiter les déplacements et empêcher le passage aux frontières qui posent problème à la sûreté nationale.

Dans le même temps, la même administration française empêche de jeunes touaregs de faire leur travail de sensibilisation, au nom du risque d’émigration, alors qu’ils militent à visage découvert en faveur de la paix et rappellent que nier sa culture, basée sur l’accueil, la tolérance, la solidarité, c’est se tuer soi-même.

En Afrique, en ce moment, les pouvoirs publics sont bien contents de pouvoir compter sur les artistes pour faire la propagande sanitaire afin de lutter efficacement contre Ebola, c’est sûrement pour ça que l’autorité qui défend nos intérêts par ambassade interposée ne leur reconnait pas le droit à la mobilité quand il s’agit de faire en sorte que ces artistes sortent de l’anonymat où les confine l’état de délabrement de leur pays ?

Et que disent les nouvelles en Europe ?

Ben que le bicorne de Napoléon  qui s’arrachait aux enchères au prix de 97 000 euros, à Londres en 2005 – PEANUTS (pour parler comme chez Christie’s), cacahuète ! – est désormais propriété d’un roi du poulet pour la modique somme de 1,8 millions d’euros.

https://www.lorientlejour.com/article/896658/le-roi-du-poulet-sud-coreen-achete-le-bicorne-de-napoleon-en-hommage-a-son-esprit-dentreprise.html

bicorne_271115_largeCe week-end en effet, ce couvre-chef qui ne nous fait pas oublier que les guerriers du XXIème siècle continuent à racourcir des têtes comme au Moyen-Age, trônait en bonne place parmi d’autres merveilles et reliques napoléonniennes, visibles à Fontainebleau pour leur vente aux enchères par la famille Grimaldi de Monaco.

J’imagine que ce n’était pas pour contribuer au succès de la semaine de la Solidarité internationale !

Non mais dites-moi que je rêve !

Pour voir les archives INA sur le thème DJIHAD (18 vidéos)

Pour voir le programme de la Semaine de la Solidarité internationale

 


Prix Goncourt : « Pas pleurer » alors !

Le Prix de 5 continents de l'Organisation internationale de la Francophonie sera remis à Kamel DAOUD  le 28 novembre à Dakar, dans le cadre du XVe Sommet de l'organisation. Et pour le Goncourt ? Allez, encore un peu de patience...
Le Prix de 5 continents de l’Organisation internationale de la Francophonie sera remis à Kamel DAOUD le 28 novembre à Dakar, dans le cadre du XVe Sommet de l’organisation. Et pour le Goncourt ? Ben, non , pas cette fois !

« Le français est une langue d’infraction, de dissidence, d’imaginaire et de libération. »

KAMEL DAOUD

« Et après la libération, il faut de la liberté »

A écouter en podcast sur France Inter, l’interview de Kamel Kaoud à la veille d’un prix Goncourt qui rapelle que la littérature « française » a tout à gagner à se réclamer de la littérature en langue française, pour lutter contre le nombrilisme grandissant et l’obscurantisme qui se réclament des mêmes frontières qu’ils transgressent sans gêne pour nourrir violence, mépris de la différence, avec ou sans visage, mais au coeur même souvent des institutions censées défendre les libertés individuelles, l’égalité et la diversité.

La culture n’a pas de jambes, c’est pour cela qu’il faut la porter, l’humanité n’aura que l’avenir qu’elle saura défendre au prix de sa capacité de lutter au présent, collectivement contre toutes les agressions qui ternissent et méprisent jusqu’à la définition même du VIVANT. Kamel DAOUD par son parcours, par ses choix, rend le plus bel hommage qui soit à la construction du sens de la vie.

Ecrivain et journaliste, Kamel DAOUD décrit parfaitement la question des enjeux qui sont les nôtres en ce début de XXIème siècle quand il dit, si simplement, où se situe la différence entre le travail de l’écrivain et celui du journaliste : fabriquer du sens, fabriquer de l’actualité, ce n’est pas la même chose. Il serait urgent que nos sociétés dites modernes revendiquent, comme au temps des indépendances, une nouvelle forme d’émancipation pour redonner du sens à ce qui n’est, en fin de compte, que notre histoire peu commune, ou en tout cas de moins en moins perçue comme telle, quand elle tend à la médiocrité, au renoncement, au lieu de nous garder confiants et avides d’imaginaire, plus prompts à grandir qu’à hair.

https://www.franceinter.fr/emission-boomerang-kamel-daoud-nomme-linvisible-dans-meursault-contre-enquete

A écouter également, une interview réalisé à Marseille le 27 octobre dernier

https://www.journalzibeline.fr/programme/meursault-contre-enquete-un-entretien-avec-kamel-daoud/


VOIX DU SAHARA : rencontre avec Zeidi Ag Baba

La projection de « Woodstock in Timbuktu » aura lieu ce jeudi à 20h30 au Cinéma REX à Pontivy et sera suivie d’un échange avec Zeidi AG BABA, chanteur-compositeur, fondateur du groupe HORIYA (Liberté) et Marc Abel pour le Collectif des Festivals bretons engagés dans le développement durable.

https://www.facebook.com/events/369813353168295/

Fin septembre, je suis montée à  Paris, comme on dit, pour ramener un ami tamasheq sur le chemin du retour et attendre l’arrivée d’un autre ami tamasheq rencontré lui aussi l’an dernier dans ma ville, au fin fond de la Bretagne : Pontivy. A cette occasion, j’ai revu un jeune diplômé originaire de Tombouctou installé aux portes de la capitale française suite à sa titularisation dans une de nos grandes entreprises, choix professionnel résultant d’une incapacité à  durée indéterminée : celle de pouvoir retourner dans son pays, en guerre, pour y concrétiser les projets  de développement qui l’avait amené à s’orienter vers des compétences de management.

Ce qui m’avait frappée d’emblée chez ce jeune homme, c’est sa très grande maîtrise de la langue française et son souhait d’être bien compris dans les réponses qu’il apportait à nos questions suite à la projection d’un très beau film d’une réalisatrice allemande Désirée von Trotha, « Woodstock in Timbuktu ». Cette réalisatrice a fait le choix de partager la vie des hommes et des femmes du désert, plutôt du côté du Niger, mais le film qui était projeté ce jour-là au pied du Mont-Blanc, lors du Festival « La croisée des chemins » mettait en lumière habilement ce qui fait sens entre artistes, organisateurs, bénévoles, habitants, à l’occasion de la mise en place du Festival au désert, dans la région de Tombouctou, dont la dernière édition remonte à 2012.

Chanteuse de Tamikrest, dimanche dernier en concert à Norwich. Magnifique cliché de Richard Shashamane
Chanteuse de Tamikrest, dimanche dernier en concert à Norwich. Magnifique cliché de Richard Shashamane

Depuis cette date, du fait du conflit armé, les artistes ont fui comme une grande partie de la population du Nord-Mali dans les camps de réfugiés et aujourd’hui encore, si vous allez sur le site du Festival au désert, vous y lirez l’expression « en exil ». L’équipe organisatrice continue à œuvrer pour défendre les valeurs de ce festival, notamment en mobilisant pas mal d’énergie et de logistique pour, en marge des nombreux concerts organisés à l’étranger,  mettre sur pied  pour la 2ème année consécutive la Caravane pour la paix, dont le lancement est prévu le 16 novembre prochain à Taragalte au Maroc. Ce projet culturel dans lequel coopèrent trois festivals africains s’adresse directement aux populations réfugiées.

C’est la raison pour laquelle, en solidarité avec ces artistes, ces populations, ces organisations qui ont appris à faire avec les difficultés, le manque de moyens, l’incertitude, j’ai souhaité  faire venir ce film « Woodstock in Timbuktu » à Pontivy et faire témoigner un des musiciens qui était sur la scène de ce festival international en 2012. Après avoir suivi les carrières internationales de TINARIWEN et autres pionniers du blues touareg, comme beaucoup d’autres jeunes de cette région de Kidal d’où il est originaire, Zeidi Ag Baba découvre aujourd’hui qu’il est en mesure de proposer à son tour ses propres chansons, sa propre musique, et de trouver les façons  de partager sa passion sur des scènes qu’il lui est impossible de conquérir pour le moment, en restant dans son pays.

Zeidi Ag BABA en concert à Pontivy, le 24 juillet 2013, avec TADALAT
Zeidi Ag BABA en concert à Pontivy, le 24 juillet 2013, avec TADALAT

https://saforatadalat.wix.com/zeidi-ag-baba

L’an dernier, Zeidi était déjà présent sur la région de Pontivy avec le groupe TADALAT, dont il était alors le bassiste, discret, curieux, ouvert,  et incroyablement communicatif sur scène. Contrairement à Mamatal dont j’évoquais l’éloquence et la maîtrise du discours, Zeidi n’est pas allé suffisamment longtemps à l’école pour s’émanciper, autrement que par la musique, de la condition de sous-développement qu’il partage avec son peuple. Mais aux Houches, au pied du Mont-Blanc, j’ai pressenti qu’il avait en lui une force précieuse, un visa indispensable pour franchir les obstacles nombreux sur la rampe de lancement de tout jeune artiste : une VOIX.

Flash back sur la tournée du groupe TADALAT en 2013 : https://www.terristoires.info/societe/du-desert-malien-au-centre-bretagne-le-bel-espoir-de-tadalat-1403.html


Ce festival « Voix du SAHARA »  se déroulera jusqu’à la prochaine saison des festivals d’été. La soirée de lancement du 6 novembre sera suivie le 27 novembre par la projection de « TIMBUKTU », en avant-première, une fiction cette fois qui nous plonge dans les affres du conflit et du djihad. Le film a créé l’événement au Festival de Cannes cette année, et son réalisateur, Abderrahmane Sissakogui, n’est pas passé loin de la Palme d’or.

Ecouter le reportage sur le projet « Voix du SAHARA » https://www.radiobreizh.net/fr/episode.php?epid=13379


 

 

 

 

 

 

 


02/11/13 : Ghislaine Dupont et Claude Verlon lâchement exécutés dans le désert

« L’Etrangère » est un texte que j’ai écrit dans l’émotion de la nouvelle de l’assassinat à Kidal de deux journalistes français travaillant pour Radio France Internationale, kidnappés alors qu’ils sortaient d’une interview avec l’un des leaders du MNLA.

Voilà de quoi revenir sur cette tragédie du 2 novembre 2013 avec deux articles publiés le 13/11/13 et le 05/03/14

https://www.rfi.fr/afrique/20131114-enquete-sur-les-deux-journalistes-rfi-tues-mali-these-une-prise-otages-ratee-est-privilegiee/

https://www.rfi.fr/afrique/20140305-enquete-assassinat-journalistes-rfi-avance-pas-mali-kidal-claude-verlon-ghislaine-dupont/

Quand je relis ces articles et cette histoire de panne de voiture, je ne peux m’empêcher de faire le lien avec le témoignage de Zeidi Ag Baba, artiste de Kidal qui était présent lors de l’attentat contre la banque de Kidal, en décembre dernier : « le terroriste s’est explosé dans une TOYOTA toute neuve ».

https://www.lexpress.fr/actualite/monde/afrique/mali-au-moins-deux-soldats-de-l-onu-tues-a-kidal_1307597.html

Situation absurde affligeante, s’il en est ! Combo picture of the two Radio France International journalists Dupont and Verlon, who were killed by gunmen in northern Mali

Dis-moi qui tu hais  (L’étrangère)

 

Que tu sois riche trader de la nouvelle Chine

Franc-tireur d’une armée de moudjahidin

Prince de sang condamné à l’exemple

Fantôme sans nom à la porte du  temple

Il y a un cri tout au fond

Tout au fond de l’oubli

C’est ce qu’il cache, lui là-bas,

C’est ce que tu m’arraches, toi ici

Etranger à la peur

Etranger à l’horreur

Juste une ombre, un reflet rebelle

D’une vie qui ne fait que passer

Ne te dérange pas

Je sais, c’est par là

Dis-moi qui tu hais

Je saurais qui tu es

Je hais la fièvre des marchés

Je hais l’exil des réfugiés

Je hais le poids des traditions

Je hais la foule sans nom

Un  cri tranchant,  à vif,  un laser

Pour chaque balle brûle mes chairs

Les chiens  sont à l’affût de leur goût amer

Les yeux brillent, les crocs mordent poussière

Quand l’écho repus sonne la fin du festin

Kidal, ma belle,  je hais ce sang sur tes mains

Kidal, ma soeur, savent-ils que c’est le tien ?

Une femme s’est tue dans le désert

Elle était là pour le cri de tes frères

Etrangère, au prix de la peur

Etrangère, au prix de l’horreur

Que tu sois riche trader de la nouvelle Chine

Franc-tireur d’une armée de moudjahidin

Prince de sang condamné à l’exemple

Fantôme sans nom à la porte du  temple

S’il te reste un cri tout au fond

Tout au fond de l’oubli

Pour ton salut, je t’en supplie

D’une étrangère, chante le nom

Pondi, le 8 novembre 2013


Ecrire pour se faire plaisir : nouvelle rencontre Happylab

Invitation Happylab 2 novembre 6ème rendez-vous initié par le collectif « Les Elles du désert »

Les bretonnes et les bretons ont fêté ce week-end Kalan-gouianv, moment emblématique dans les traditions paysannes mises au ban de nos sociétés dites modernes aussi gourmandes et gaspilleuses que déconnectées du rythme des saisons. Le temps des moissons est derrière nous, mais l’automne fournit aussi son lot de récolte avant l’hiver, un hiver où la nature va se recentrer pour préparer l’éclosion d’un prochain printemps.

Lors du Happylab de mai 2014, Marie-Pascale Boré, habitante de St-Martin-des-Prés, était venue nous parler de cette pertinence à nous reconnecter à l’énergie des cycles, il était donc normal de nous recentrer aujourd’hui même, à l’approche des jours moins ensoleillés que nous venons de connaître, sur l’intimité singulière qui s’explore chaque fois que nous nous autorisons à écouter cette musique intérieure que personne d’autre que nous ne peut mettre en mot.

Je vous invite à prendre le temps de découvrir quels sont les thèmes retenus dans les 4 autres lieux qui accueillent cet après-midi un Café HAPPYLAB, mais bien loin de nos campagnes rieuses quoique de plus en plus désertes : Paris, Lyon, Marseille et Toulouse.

https://www.happylab.fr/rendezvous/

 


B comme Bienvenue [Degemer mat]

Quelle meileure occasion que ce nouveau rendez-vous HAPPYLAB à Pontivy pour vous donner l’envie de suivre les billets de ce  blog qui me permet de rejoindre la communauté de Mondoblog (merci RFI) ?Invitation 5 octobre

Nous en sommes à notre 5ème rencontre et peut-être que vous aussi vous aurez l’occasion de lancer cette initiative originale dans votre ville ou votre campagne. C’est grâce à deux autres femmes dont j’ai fait la connaissance cette année que j’ai pu réaliser ce rêve tout simple : créer un espace d’échange où chacun pourrait venir pousser la porte quand ça lui chante, proposer un sujet ou une activité, sans autre contrainte que se souvenir que chaque premier dimanche du mois à 17h, il y aura du monde pour partager, échanger. Merci donc à Marie-Christine et Marie-Pierre que je vais retrouver tout à l’heure au Marrakech Breizh, sous la tente berbère. Aujourd’hui, nous allons évoquer avec une autre femme, qui habite tout près de Pontivy, la façon dont nous gérons nos énergies. Anke est allemande, mais c’est en Bretagne qu’elle a choisi de vivre.

Pour en savoir plus sur cette belle aventure humaine, voici trois articles, dont celui publié par la revue web TERRISTOIRES, qui offre un beau point de vue sur le monde, celui qui nous montre sous notre meilleur profil, ouvert, positif et créatif ! https://www.terristoires.info/societe/pontivy-les-elles-du-desert-prennent-leur-envol-avec-le-premier-happylab-1630.html

 

Article PJ Article PJ 9 mai 2014