Ô Cameroun! Je voterai à cause d’un maquereau pas frais
Hier soir, alors que le froid enserrait notre douce capitale, un ami et moi (Salut JBK!) avons décidé d’aller croquer du maquereau braisé dans un restaurant de la place. Vous savez, ce genre de snack à ciel ouvert où on vous sert du poisson braisé et épicé accompagné de bâton de manioc ou de frites de plantain mûr.
Après avoir fait la queue pour s’asseoir, pour passer nos commandes pour se rasseoir, pour avoir nos boissons etc. mon pauvre ami et moi avons enfin pu manger au milieu de la cohue ambiante. Après tant de souffrance, je m’attendais à découvrir le paradis, à avoir des hallucinations, à planer, mais hélas, de la première à la dernière bouchée du plat, je me suis retrouvé en pleine banalité, poisson banal, moutarde ordinaire, mayonnaise bas de gamme (pour ne pas dire chinoise), piment sans piquant et même du détergent dilué dans de l’eau en lieu et place du savon liquide annoncé.
J’ai rigolé en lorgnant la facture exorbitante servie sur un plateau en faux inox (encore une chinoiserie). J’ai d’autant plus ri que ce n’est pas moi qui l’ai payée. Mais j’ai moins ri en rentrant, lorsque mon ventre s’est mis à faire des bruits bizarres. J’ai moins ri lorsque le chauffeur de taxi a fait asseoir une personne supplémentaire sur le siège sur lequel j’étais installé (vous vous croyez seul, mais vous ne l’êtes pas). Je n’ai pas du tout rigolé lorsque après un 60 mètres d’anthologie, j’ai pas pu faire mon affaire à cause d’une coupure d’eau.
Je ne vous raconterai pas comment je m’en suis sorti. Je veux juste vous dire pourquoi j’irai voter lors des présidentielles d’octobre prochain. J’irai voter pour que les pratiques normales ne soient plus un luxe dans ce pays.
Je suis sérieux!
Vous allez dans un restaurant bouffer le poisson le plus ordinaire du monde. Pour peu que les plats sont bien lavés, que de l’eau et du savon sont fournis et que les chaises ne sont pas bancales, on vous facture le plat au prix fort.
Vous prenez le bus (interurbain). pour peu qu’il respecte le nombre de places assises, qu’il dispose de ceintures de sécurité, d’une clim’ poussive et surtout qu’il parte à l’heure, on vous facture le voyage au prix fort, entendez catégorie VIP!
Vous empruntez un taxi. Vous payez le tarif normal pour une destination ridiculement courte. l’arrière étant plein, vous commettez l’erreur de vous vous asseoir à l’avant. Vingt mètres plus loin, le chauffeur décide de vous adjoindre un compagnon, comme si vous vous sentiez seul. Si vous osez vous plaindre il vous demande de payer pour la « place assise » à côté de vous. Résultat des courses vous payez votre place deux fois, tout ça pour n’avoir pas voulu faire le trajet sur une fesse.
Ma mère! C’est quoi ce pays? Quelqu’un me reprochait de le comparer à une « foire à saucisse ». Celui là n’a jamais vécu la scène surréaliste suivante.
Vous êtes dans un bus en partance pour Douala Vous avez sué toute l’eau de votre corps dans l’attente du départ (normal il faut remplir les 70 sièges du bus qui ne devrait en compter que 35). Vous partez enfin lorsque: priiiiiiiiiiit! barrage de police. Un officier entre. Il ne dit dit rien en rapport avec les gens assis sur des bancs dans l’allée, il ne dit rien quant aux ceintures de sécurité absentes (j’ai bien dit absentes). Il ne dit rien en rapport avec les issues de secours condamnées. Lorsqu’il ouvrira son bec ce sera pour susurrer : « Passagers à bord, présentez vos cartes d’identité ». On en a besoin pour entrer en Enfer?
J’ai failli pleurer cette nuit. La douleur de mon estomac ravagé, mais aussi la haine. La haine contre ces députés irresponsables et somnolents qui se réveillent dans l’hémicycle seulement lorsqu’ils faut parler de football ou d’Eto’o (paraît que c’est la même chose) et prêt à proposer d’autres noms pour l’équipe de foot nationale tandis que le choléra -oui je parle bien du choléra!- décime les populations du Nord et du Sud Ouest depuis des mois dans l’indifférence générale.
La haine vis-à-vis d’un Ministre des Transports qui n’arrive pas à punir les transporteurs qui suppriment les ceintures de sécurités dans les bus et qui propose comme panacée aux accidents de la route la suppression pure et simple des voyages de nuit. Il a sûrement confondu arithmétique et statistiques. Dans tous les cas, on peut dire qu’il est ignorant du calcul politique vu la façon dont il s’est fait ramasser.
Oh ma Mère! J’irai voter en octobre! Je voterai pour la première fois de ma vie, j’arrêterai de rendre les autres responsables de mon sort, je prendrai mon destin en main. Je sais que c’est peu probable que mon unique bulletin change quelque chose à la donne. Peu probable même qu’il aille au candidat à qui je l’aurai destiné, mais ce faisant, je me dirais que j’ai essayé, oui ma Mère ce sera mon premier shoot, le shoot à la liberté, le shoot à l’espoir!
Peace mes frères! Peace ma Mère!
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