Isidore KWANDJA NGEMBO

COP21 et défis climatiques : Quelle contribution attendre de la Francophonie?

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L’année 2015 sera déterminante pour la protection de l’environnement. Du 30 novembre au 15 décembre 2015, sera tenue à Paris, en France, la 21e Conférence des Parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (COP21), suivie de la 11e Conférence des Parties siégeant en tant que Réunion des Parties au Protocole de Kyoto (CRP-11).

Rappelons que le texte de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC) a été adopté au siège des Nations Unies à New York en mai 1992. Il a été ensuite ouvert à la signature au Sommet de Rio de Janeiro en juin 1992 et est entré en vigueur en mars 1994. Actuellement, 195 États sur les 197 reconnus par les Nations Unies l’ont déjà ratifiée. Mais la CCNUCC ne comprenait pas des cibles juridiquement contraignantes. C’est pourquoi les États-Parties tentent, au travers de différentes conférences, de fixer les engagements contraignants pour limiter le réchauffement climatique.

Les précédentes conférences s’étaient tenues successivement à Bali en Indonésie (2007), à Poznań en Pologne (2008), à Copenhague au Danemark (2009), à Cancún au Mexique (2010), à Durban en Afrique du Sud (2011), à Doha au Qatar (2012), à Varsovie en Pologne (2013) et à Lima au Pérou (2014).

La conférence de Paris (COP21) sera cruciale à plusieurs égards. Premièrement, il s’agit d’une importante conférence internationale sur les changements climatiques, sous l’égide des Nations Unies, jamais organisée auparavant dans un pays francophone, membre effectif de l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF). Deuxièmement, il s’agirait pour la France d’assurer non seulement la facilitation, en français on l’espère en tout cas, entre les États-parties aux négociations, mais surtout de réussir à faire adopter un accord contraignant pour relever, une fois pour toutes, le défi du réchauffement climatique.

La France peut-elle alors compter sur l’appui indéfectible de plus d’un tiers des États membres des Nations Unies qui composent l’OIF? Voilà une question que mérite d’être posée au moment où l’Organisation est appelée à connaitre des changements paradigmatiques avec l’entrée en fonction de la nouvelle secrétaire générale de la Francophonie, madame Michaëlle Jean, donc d’un nouveau leadership.

Contribution des organisations internationales à la COP21

Les rapports de recherches du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) nous renseignent avec des preuves scientifiques que le réchauffement changement résultant de l’activité humaine est un défi énorme pour l’environnement et l’économie mondiale.

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L’OIF, comme toutes les autres organisations internationales, devrait offrir sa contribution pour protéger l’environnement, en encourageant les États membres à contribuer à la recherche des solutions durables pour réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES). L’OIF a tout intérêt à contribuer sérieusement à la réussite de cette conférence sur les changements climatiques, dans la mesure où, plusieurs de ses États-membres attendent beaucoup leur juste part des Fonds souvent promis et toujours pas décaissés, pour protéger l’environnement, notamment préserver les forêts humides d’Afrique centrale qui constituent le plus grand bloc mondial de forêt tropicale après le bassin de l’Amazonie au Brésil et qui contribuent énormément à la réduction les GES.

Forêt du bassin du Congo : deuxième poumon vert au monde

Point n’est besoin de rappeler ici que le bassin du Congo est le deuxième massif forestier tropical au monde. Plus de 10% de sa superficie a été classé en aire protégée par l’UNESCO et inscrite sur la liste du patrimoine mondial en péril. Cette forêt humide d’Afrique centrale joue un rôle important, au niveau mondial, par sa biodiversité exceptionnelle et ses écosystèmes qui contribuent à la régulation du climat avec la séquestration du carbone.

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Au niveau régional, plusieurs initiatives ont été mises en place pour la gestion et la préservation  des écosystèmes forestiers du bassin du Congo. La Commission des Forêts d’Afrique Centrale (COMIFAC) réunit 10 États qui, de surcroit, sont tous également membres de l’OIF. Ceux-ci ont besoin des moyens financiers et techniques pour lutter contre la déforestation qui cause des dommages énormes à cette biodiversité exceptionnelle.

Un Partenariat pour les Forêts du Bassin du Congo (PFBC) a été mis en place lors du Sommet mondial sur le développement durable de Johannesburg en 2002 et reconnu auprès de la Commission pour le développement durable des Nations Unies. Ce Partenariat  regroupe plusieurs États et organisations internationales d’aide au développement pour protéger les écosystèmes forestiers du Bassin du Congo.

Contribution de la Francophonie à la COP21

Au vu des enjeux internationaux liés au réchauffement climatique mondial, une attention particulière doit être accordée dans l’élaboration d’un agenda commun francophone aux négociations de Paris. L’OIF, avec la volonté de la nouvelle secrétaire générale, peut faire les choses autrement, en accompagnant, notamment les pays en développement de l’espace francophone dans l’élaboration de leurs priorités de négociations.

Si tel est le cas, ce travail doit se faire maintenant plutôt que d’organiser, à la va-vite, des rencontres la veille du sommet, alors que les différents États auront déjà fixé leur agenda longtemps en avance et que les délégués n’ont plus beaucoup de marge de manœuvre.

À l’exemple du Secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki-moon, qui vient de nommer son « Monsieur changements climatiques » pour mener des actions cohérentes à l’échelle du système des Nations Unies et mobiliser les efforts pour la COP21 d’ici le 30 novembre 2015, en vue d’un accord consensuel pour le climat, espérons également que la nouvelle secrétaire générale de la Francophonie aura son « Monsieur changements climatiques ». Avec l’appui technique de l’Institut de la Francophonie pour le développement durable, celui-ci devra sensibiliser les 80 membres, coordonner et rapprocher leurs points de vue afin que l’OIF sache parler d’une seule voix à la conférence de Paris et facilite un accord consensuel et contraignant pour l’environnement.

Tout compte fait, le succès de la COP21 sera au rendez-vous si et seulement si l’ensemble des États-Parties ont à cœur l’enjeu majeur de protection de l’environnement. Un tel succès sera à l’honneur non seulement de la France, membre éminent de l’OIF, mais aussi de toute la communauté francophone qui devra se réjouir d’avoir réussi, là où les autres ont échoué, à relever le défi important du réchauffement climatique.

Isidore KWANDJA NGEMBO, Politologue


Journée mondiale des migrants et des réfugiés : Et les victimes du climat?

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Ce dimanche, 18 janvier 2015, le monde célèbre la 101e Journée mondiale des migrants et des réfugiés, à l’initiative de l’Église catholique. Le thème qui a été retenu cette année est « Église sans frontières, Mère de tous ».

Rappelons que l’initiative d’une « Journée mondiale des migrants et des réfugiés » est née en 1914, à la veille de la Première Guerre mondiale. Le Pape Benoît XV voulait mettre en place une procédure internationale d’arbitrage pour restaurer le primat du droit sur la force des armes. Il invita alors les évêques à sensibiliser les fidèles catholiques aux besoins des émigrants et à instaurer dans toutes les paroisses une quête annuelle en faveur des œuvres qui les soutiennent.

À l’occasion de la 101e journée mondiale, le Pape François a lancé un appel pathétique qui, non seulement touche les fidèles catholiques, mais aussi toute personne qui a un sens de l’humanité et de bienveillance envers l’autre dans ce qu’il a d’humain — la dignité inhérente à la personne humaine.

En effet, tout individu mérite un respect inconditionnel et indépendamment de sa condition sociale. De toute façon, le fait d’être en situation irrégulière dans un pays autre que le tien ne fait pas perdre à un individu ses droits fondamentaux.

« À  une époque de si vastes migrations, un grand nombre de personnes laissent leur lieu d’origine et entreprennent le voyage risqué de l’espérance avec un bagage plein de désirs et de peurs, à la recherche de conditions de vie plus humaines. Souvent, cependant, ces mouvements migratoires suscitent méfiances et hostilités… avant même qu’on ne connaisse les parcours de vie, de persécution ou de misère des personnes impliquées … Les mouvements migratoires demandent qu’on approfondisse et qu’on renforce les valeurs nécessaires pour garantir la cohabitation harmonieuse entre les personnes et entre les cultures. » Message du Pape François.

Comme en 1914, les migrants fuient la violence, les guerres et conflits armés, la persécution par des régimes totalitaires et non démocratiques dans leurs pays d’origines. Mais il y a aussi ceux qui fuient les conséquences des changements climatiques.

Victimes du climat : migrants ou réfugiés?

Notre terre brûle parce que nous avons accepté d’appliquer la politique de la terre brûlée, par notre inaction à agir sur les causes réelles qui sont à la base du réchauffement climatique.

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Les responsabilités à ce sujet sont connues et documentées par le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC). Ce dernier a démontré dans ses différents rapports que l’intensification du dérèglement climatique due à l’activité humaine et ses effets, notamment à l’augmentation de la fréquence des catastrophes naturelles est une certitude. Et que, l’inaction aurait des conséquences catastrophiques autant sur le plan humain qu’économique pour le monde entier.

Il est également connu que les répercussions dues au réchauffement climatique n’épargneront aucun territoire sur cette planète terre. Néanmoins, tous les pays ne subissent ou ne subiront pas de la même façon ces répercussions. Les pays riches du Nord peuvent avoir des moyens financiers et technologiques pour du moins atténuer les effets du climat, mais ceux du Sud sont plus vulnérables et n’ont pas les moyens pour faire face à la rigueur du climat.

Nous ne pouvons plus nous voiler la face, à l’allure où progresse le réchauffement climatique, toutes sortes des catastrophes naturelles — montée du niveau des mers, inondations, tempêtes, ouragans, sécheresse — sont prévisibles et peuvent causer d’innombrables maladies et épidémies dues au manque d’eau potable et à la famine.

Il est temps que la communauté internationale se préoccupent sérieusement du sort de migrants climatiques et protéger leurs droits fondamentaux, en agissant ensemble pour trouver des voies et moyens appropriés pour garantir les droits des personnes victimes du climat.

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En novembre prochain aura lieu à Paris en France la 21e conférence des parties à la Convention-Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques  (CCNUCC), communément appelée (COP21).

Cette conférence est cruciale dans la mesure où les États membres des Nations Unies devront se mettre d’accord pour une solution durable, en adoptant un traité international afin réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES).

Les défis du climat sont mondiaux et les solutions également. Les États doivent agir davantage maintenant pour prévenir qu’attendre plus tard pour réagir aux catastrophes naturelles. Ils doivent tous faire des efforts considérables, tant sur le plan financier que sur le plan de connaissances technologiques et leurs transfèrements vers les pays moins nantis.

Mais aussi et surtout de reconnaitre légalement aux victimes des changements climatiques un statut juridique internationalement reconnu. En effet, la situation des migrants ou refugiées climatiques est complexe. Le manque d’une convention internationale spécifique qui reconnaisse légalement la particularité de ces personnes victimes entraîne des conséquences néfastes en termes des droits, notamment les droits économiques, sociaux et culturels.

Migrants, réfugiés ou exilés économiques?

Bien que la mondialisation ait favorisé énormément la mobilité des biens et flux financiers, il reste que celle des personnes, notamment des pays pauvres vers les pays riches est parsemée de beaucoup d’embûches. Les politiques et réglementations en matière d’immigration (contrôles aux frontières, régimes de visa, permis de travail, etc.) de nombreux États riches érigent des barrières difficilement franchissables pour dissuader les migrations illégales. Dans certains pays, la migration est au centre des préoccupations nationales et source d’amalgames dans l’opinion publique.

Malheureusement, devant cette évidence, certaines personnes désespérées recourent à la migration clandestine pour la recherche de la survie, avec toutes les conséquences que cela comporte.

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L’Organisation internationale pour les migrations (OIM) a publié récemment un rapport « Fatal Journeys: Tracking Lives Lost During Migration » sur le nombre des décès de migrants dans le monde, pour la période de 2000 à 2014. Elle note que plus de 40 000 migrants ont trouvé la mort à travers les frontières terrestres et maritimes.

« Des migrants meurent et leur mort peut être évitée… il est temps de faire plus que compter le nombre de victimes. Il est temps d’appeler le monde entier à arrêter cette violence à l’encontre de migrants désespérés. », a déclaré William Lacy Swing, directeur général de l’OIM.

Les États aussi bien d’origine et d’accueil doivent agir ensemble pour rechercher des solutions efficaces et des alternatives possibles pour retenir dans leurs pays ces jeunes gens désespérés qui n’ont d’autres choix que de partir. Mais aussi pour attirer des cadres biens formés qui peuvent constituer une ressource humaine importante pouvant se mettre au service du développement socio-économique de leurs pays d’origine. À vouloir fermer les yeux et se pincer le nez, la réalité finit toujours par nous rattraper.

Isidore KWANDJA NGEMBO, Politologue


Et si c’était le stratagème du PPRD pour conserver le pouvoir?

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Le retour triomphal, le 23 décembre 2014, de Moïse Katumbi, gouverneur de la riche province du Katanga, après une absence prolongée de sa juridiction pour, officiellement, des raisons de santé, fait la Une de tous les journaux à Kinshasa et dans l’arrière-pays. Les médias congolais  y consacrent l’essentiel de leurs analyses au discours que le gouverneur Katumbi a adressé à ses administrés venus nombreux l’accueillir en liesse à sa descente de son jet privé à l’aéroport international de Lubumbashi.

Plus spécialement, les médias congolais décryptent les bouts de phrases « assassines » prononcés par le gouverneur du Katanga, pour conclure rapidement que le « mariage Kabila-Katumbi » est consommé. La métaphore sportive du « troisième faux penalty » utilisée par l’intéressé pour mettre en garde l’arbitre, que les supporters de l’équipe adverse n’accepteraient plus un faux penalty et pourraient descendre sur le terrain pour en découdre, est interprétée différemment. Les médias ont directement fait allusion aux deux mandats de Joseph Kabila et à l’éventualité d’un troisième qui ne passe pas aux yeux de nombreux congolais.

Ce n’est un secret pour personne que le Parti du Peuple pour la Reconstruction et la Démocratie (PPRD) veut à tout prix modifier la Constitution pour permettre à son président de se représenter pour un troisième mandat. Mais dans l’éventualité où toutes les tentatives de modification n’aboutiraient pas, étant donné que la Constitution en vigueur dans son pays ne permet pas à Joseph Kabila de se représenter pour un troisième mandat, le parti présidentiel chercherait une alternative crédible pour tenter de conserver le pouvoir.

LIRE AUSSI : Le PPRD de Joseph Kabila risque de subir le sort du MPR de Joseph-Désiré Mobutu.

Dans une telle éventualité, le gouverneur du Katanga apparait, à plusieurs égards, comme celui qui pourrait gagner ce pari en 2016. Ainsi, il permettrait au parti à la fois de conserver le pouvoir et de garantir la sécurité du président sortant et de ses biens.

En effet, Katumbi est très populaire au Katanga et pas seulement. Sa popularité dépasse même les limites de sa province qu’il administre depuis les élections de 2006. Il n’hésite pas de venir au secours des congolais en dehors de sa province. Pour preuve, lorsqu’il a demandé à ses administrés venus l’accueillir, d’observer une minute de silence, il a parlé de toutes les victimes que le pays a enregistrées.

Grand mécène, Katumbi est bien connu dans le monde du sport tant national qu’international. Il est le manager du Tout Puissant Mazembe, une équipe de football qui a déjà remporté deux fois la coupe d’Afrique des clubs, respectivement en 2009 et en 2010. Son Tout Puissant Mazembe est le premier club africain à jouer une finale de la Coupe du monde des clubs en 2010.

En plus, Katumbi est issu d’une famille de riches commerçants du pays et lui-même en a les moyens financiers pour battre campagne dans un pays habitué à offrir des petits cadeaux aux électeurs pour gagner leurs voix.

Mais le grand handicap de Katumbi serait celui de se présenter sous la bannière du PPRD. Il aurait alors à devoir justifier toutes les décisions, bonnes ou mauvaises, prisent par son parti au pouvoir pendant près deux décennies, ce qui risquerait fort d’entamer sérieusement sa popularité.

En effet, il ne fait aucun doute qu’après deux mandats consécutifs de Joseph Kabila, précédés de 6 ans depuis qu’il est arrivé au pouvoir après la mort de Laurent-Désiré Kabila qui en avait déjà fait 4 ans, le candidat du PPRD aurait certainement du mal à présenter un bilan convainquant face à toutes les promesses faites et aux attentes légitimes que les congolais avaient de ce régime, tant sur le plan sécuritaire, économique et social.

Katumbi : candidat du parti ou un affranchi?

En politique, tous les stratagèmes sont bons pour conquérir et conserver le pouvoir. Ceux qui ont lu « Le Prince » de Nicolas Machiavel savent que l’art politique consiste à dompter la fortune en combinant la ruse et la force. Et, Machiavel recommandait au prince d’être rusé comme un renard et féroce comme un lion dans l’exercice du pouvoir.

J’ai aimé une analyse faite par Rémy Ngoy Lumbu, un natif du Katanga et professeur de droit à l’université de Kinshasa qui a écrit sur son compte Facebook : « Le retour de Chapwe Katumbi Moïse : un discours communiquant et distrayant ».

R. Ngoy Lumbu note que le gouverneur Katumbi devra clarifier sa pensée dans les jours à venir, car cela pourrait signifier effectivement qu’il s’opposerait à un troisième mandat de JKK, son patron jusqu’à preuve du contraire. L’auteur de ces propos dit n’est pas être naïf au point de penser que la déclaration du gouverneur Katumbi suffirait pour distancer les deux poids lourds de la politique congolaise. S’opposer publiquement à ce fameux troisième mandat n’est pas un indicateur de la déloyauté.

R. Ngoy Lumbu s’étonne par ailleurs que les congolais continuent à être distraits au lieu de revendiquer leur droit d’exiger la régularisation des mandats qu’ils ont confiés aux élus du peuple. Il met en garde tous ceux qui se réjouissent des zélotes et lance un appel aux congolais d’être exigeant en matière des « termes et délais ».

En effet, plusieurs analystes politiques qui s’intéressent à la situation en République démocratique du Congo (RDC) ne semblent pas croire à l’idée que par ces petites  phrases, Katumbi se serait réellement affranchi de l’autorité morale de son parti politique. Nombreux sont ceux qui pensent qu’il s’agirait d’un stratagème monté par son regroupement politique, avec l’appui probable de sa province pour conserver le pouvoir, en misant sur la popularité de Moïse Katumbi comme alternative possible.

Cela pour plusieurs raisons que nous ne saurons détailler présentement. Toutefois, il est nécessaire de noter que le Katanga est la province du chef de l’État congolais. Là où on a élu Joseph Kabila à 100 % en 2011.

Lorsque le président de l’Assemblée provinciale du Katanga – fervent défenseur de  Joseph Kabila – demande au président de la Commission électorale nationale indépendante (CENI) d’accélérer les préparatifs pour que le pays aille rapidement aux élections, alors que le gouvernement congolais voudrait d’abord recenser la population avant toute élection, qu’est-ce qui se trame derrière?

Les hommes politiques utilisent souvent la ruse d’une façon ou d’une autre pour convaincre et conserver le pouvoir. Le commun de mortel détecte difficilement ou en retard cette ruse, étant donné qu’elle est souvent voilée, protéiforme et omniprésente dans toute action de l’homme politique.

La ruse de l’homme politique est d’autant indétectable pour le commun de mortel, parce qu’elle est hautement une vertu intellectuelle qui consiste à adapter ses moyens à ses fins. C’est une habileté à tirer parti de l’ignorance du peuple, entretenue souvent par la dissimulation et la simulation des intentions de l’homme politique « l’être et le paraître ».

Si le gouverneur du Katanga a les intentions réelles de se présenter aux élections présidentielles de 2016, gageons que dans les jours à venir nous en saurons davantage sur les jeux politiques préélectoraux.

Isidore KWANDJA NGEMBO, Politologue


DUDH, soixante-six ans après : quel bilan?

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Le 10 décembre 2014, le monde entier célèbre le soixante-sixième anniversaire (66 ans) de la Déclaration universelle des droits de l’homme (DUDH). Celle qui n’était en 1948 qu’une simple Déclaration non contraignante de 58 États-membres qui constituaient l’Assemblée générale des Nations Unies d’alors, suite aux atrocités de la deuxième guerre mondiale, est devenue la pierre angulaire du droit international des droits de la personne.

Pour la première fois dans l’histoire de l’humanité, un instrument juridique non contraignant est soigneusement élaboré pour promouvoir et protéger les droits de la personne. Celui-ci énonce les principaux droits civils, politiques, économiques, sociaux et culturels dont tout individu devrait pouvoir bénéficier pleinement.

Au fil du temps, la DUDH a inspiré un corpus important de traités internationaux légalement contraignants qui garantissent les droits fondamentaux de la personne, notamment :

La DUDH est donc considérée comme la pierre fondatrice et le document de référence indispensable pour l’élaboration de tous les instruments de protection des droits de la personne du système des Nations Unies. Elle a inspiré aussi bien le droit international coutumier que les Conventions régionales des droits de la personne, et même les Constitutions et législations nationales de nombreux États.

Qui protège les droits de la personne?

La DUDH énonce les droits fondamentaux de l’individu et leur reconnaissance; le respect des droits inaliénables et leur protection par un régime de droit respecté par tous les États, comme fondement même de libertés, de justice et de paix.

Il n’y aura pas de paix sur cette planète tant que les droits de l’homme seront violés en quelque partie du monde que ce soit, déclarait René Cassin, rédacteur de la DUDH et Prix Nobel de la paix 1968.

Conformément au droit international, en ratifiant les traités internationaux, les États s’engagent à assurer leur respect effectif et leur application dans les systèmes juridiques internes. Ils ont donc le devoir et l’obligation non seulement de respecter mais aussi de protéger les droits et libertés de la personne.

Cette Déclaration est universelle. Elle ne reconnaît aucune frontière, et chaque société peut trouver au sein de son propre système et de sa propre culture le moyen de la mettre en œuvre […] on entend souvent dire que les droits de l’homme ne seraient pas un concept africain, asiatique ou latino-américain. Mais ce sont les leaders qui affirment cela. Pas les peuples. Les gens savent bien, eux, que les droits énoncés par cette Déclaration sont essentiels, intrinsèques à la personne humaine […], disait l’ancien secrétaire général des Nations Unies, Kofi Annan.

En effet, l’obligation de respecter suppose que l’État doit se retenir d’intervenir dans l’exercice des droits de la personne ou de les restreindre. Il doit protéger les individus et groupes d’individus contre les violations de leurs droits fondamentaux. Il doit prendre des mesures positives pour faciliter l’exercice des droits fondamentaux de la personne. Il doit mettre en place des législations nationales compatibles avec les obligations et les devoirs inhérents à ces traités. Bref, son système juridique national doit fournir une protection juridique principale des droits de la personne garantis par le droit international.

Quels sont les droits que l’État doit protéger?

Les droits contenus dans la DUDH sont nombreux et clairement définis dans le PIDCP et le PIDESC, et dans les sept autres Conventions internationales spécifiques énumérés ci-hauts. Ils constituent le socle même des traités internationaux des droits de la personne.

L’article premier résume très bien l’esprit et la philosophie de la DUDH :

Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits. Ils sont doués de raison et de conscience et doivent agir les uns envers les autres dans un esprit de fraternité.

En effet, tout être humain peut se prévaloir de tous les droits et de toutes les libertés sans distinction aucune. Il a droit à la vie, à la liberté et à la sûreté de sa personne. Il ne peut être tenu en esclavage ou en servitude; ni soumis à la torture, aux traitements cruels, inhumains ou dégradants.

Tous les êtres humains sont égaux devant la loi. Ils ont droit à la justice et à un procès équitable. Ils ont le droit à la reconnaissance en tous lieux de leur personnalité juridique. Nul ne peut être arbitrairement arrêté, détenu ou exilé de force. Toute personne accusée est présumée innocente jusqu’à ce que sa culpabilité soit légalement établie. Tout être humain a le droit à la protection de la vie privée. Il a droit à une nationalité, est libre de circuler à l’intérieur de son pays et de chercher asile dans d’autres pays.

Tout être humain a le droit à la liberté de pensée, de conscience et de religion; à la liberté d’opinion et d’expression; à la liberté de réunion et d’association pacifiques. Il a le droit de prendre part à la direction des affaires publiques de son pays.

Tout être humain a le droit à la sécurité sociale; droit de travailler dans des conditions équitables et satisfaisantes et de s’affilier à un syndicat; droit au repos et aux loisirs. Il a droit à un niveau de vie suffisant, à la santé, à l’éducation, à un logement décent et à un environnement sain. Il a droit de prendre part à la vie culturelle de sa communauté.

La DUDH est venue marquer clairement l’universalité et l’unicité des droits civils, politiques, sociaux culturels et économiques. Ainsi donc les droits de la personne sont non seulement universels, ils sont inaliénables, interdépendants et indivisibles. Aucun État, groupement ou individu n’a le droit de détruire ces droits ou même de les restreindre arbitrairement.

Encore beaucoup de violations des droits contenus dans la DUDH

Soixante-six ans après, qu’avons-nous fait effectivement pour faire progresser les droits de la personne afin qu’ils deviennent une réalité pour tous? Certes, beaucoup a été fait sur le plan théorique, conventionnel et légal, tant au niveau international qu’au niveau des États, mais dans la pratique, il reste encore du chemin à parcourir. Nous vivons dans un monde marqué encore par beaucoup des préjugés qui parfois justifient certains actes d’injustices et d’inégalités structurelles.

Les femmes, par exemple, continuent de subir encore des actes de torture et autres traitements inhumains et dégradants. Dans certaines régions du monde, pour paraphraser le gynécologue congolais, Denis Mukwege, lauréat du Prix Sakharov 2014 :

Le corps des femmes est devenu un véritable champ de bataille, et le viol est utilisé comme une arme de guerre .

Pour atteindre l’idéal commun exprimé dans la DUDH, nous avons tous le devoir et la responsabilité de nous s’efforcer à respecter et promouvoir les droits et les libertés fondamentaux de nos semblables. Nous devons agir les uns envers les autres dans un esprit sinon de fraternité, au moins d’humanité.

En terminant, je ne peux pas m’empêcher de souhaiter bon anniversaire à tous ceux et celles qui sont nés à cette date mémorable du 10 décembre, pour la dignité humaine. Et, de faire un clin d’œil également à tous ceux et celles qui travaillent inlassablement pour la promotion et la protection des droits de la personne.

Isidore KWANDJA NGEMBO, Politologue


Michaëlle Jean apportera un vent nouveau à l’OIF.

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C’est avec beaucoup de consternation que nous avons lu la chronique de Monsieur Joseph Facal dans le Journal de Montréal du 25 novembre 2014, plein d’amertume et de rancœur. Elle ressemble à un cri d’un désespéré.

Si l’auteur de cette chronique en vient à supplier les lecteurs d’être gentil et de lui donner une chance de pouvoir lire sa chronique, c’est parce qu’il est très conscient que les âmes sensibles seraient obligés d’arrêter la lecture dès le premier paragraphe.

En lisant l’intégralité de sa chronique, on peut conclure rapidement que s’il y a quelqu’un qui ne doit pas être pris au sérieux, c’est bien lui, M. Facal. Ce qu’il y a d’ironique dans sa chronique c’est qu’il semble plus obsédé par la couronne britannique que par la Francophonie qu’il prétend pourtant vouloir sauver en empêchant Michaëlle Jean d’y accéder.

Mais, la bonne nouvelle c’est que, ni sa voix, ni la mienne ne compte dans la balance, seules les voix de 57 chefs d’État et de gouvernement membres de l’OIF qui comptent.

Si M. Facal est conscient que l’élection du Secrétaire général de la Francophonie est importante pour le Québec, il devrait également d’avouer sincèrement qu’elle serait encore beaucoup plus importante avec la victoire d’une Québécoise à la tête de l’Organisation.

Les trois gouvernements (Canada, Québec et Nouveau-Brunswick) ont de commun accord présenté et appuyé la candidature de Mme Jean pour diriger l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF).

En effet, si M. Facal, en tant que Québécois très attaché à la promotion de la langue française, avait pris la peine de parcourir le cursus des autres prétendants à la direction de l’OIF, je suis sûr que son choix, même s’il ne compte point, serait Michaëlle Jean.

Toutefois, s’il reste toujours campé dans sa position idéologique et tenté de rire en regardant la candidature de Mme Jean, je peux lui assurer que des millions de francophones, dont plusieurs chefs d’État et de gouvernement la prennent très au sérieux et fondent beaucoup d’espoir sur la possibilité que Michaëlle Jean soit élue à la tête de l’OIF.

C’est le cas particulièrement des femmes et des jeunes, qui seront au cœur des discussions qui animeront le XVe Sommet de la Francophonie.

Isidore KWANDJA NGEMBO, Politologue


Francophonie : changement de paradigme au Sommet de Dakar

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L’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) est à un tournant décisif de son histoire. Le paradigme qui a vu le jour au Sommet d’Hanoï avec l’élection de Boutros Ghali en 1997, suivi de celle d’Abdou Diouf en 2002 au Sommet de Beyrouth a produit ses effets.

Le nombre des locuteurs francophones ne cesse d’augmenter. Le dernier rapport de l’OIF mentionne 274 millions de personnes qui parlent français, soit un bond de 7 % en quatre ans. Il est donc important de veiller à ce que la jeunesse puisse acquérir une éducation en français à la fine pointe du savoir scientifique et technologique, pour garder le cap.

Le renouvellement, au mieux le choix judicieux du secrétaire général, est une véritable opportunité pour impulser cette nouvelle dynamique. Il ne s’agit pas d’ignorer complètement l’ancien paradigme basé sur les fondamentaux de l’OIF, mais bien d’opérer un changement dans la continuité, en tenant compte des réalités actuelles et futures.

Peu importe qui va gagner cette bataille électorale pour la succession à Abdou Diouf, qui a marqué l’OIF pendant ses douze ans de règne, il est certain que le prochain secrétaire général devra définir un nouveau paradigme et assurer un nouveau leadership. Elle ou il devra apporter des idées nouvelles, imprimer une nouvelle dynamique, et surtout avoir une nouvelle représentation du monde qui repose sur le courant de pensée actuel.

Comme nous le savons, l’OIF intervient principalement pour la promotion de la langue française et de la diversité culturelle au plan international. Elle œuvre également pour la promotion de la paix, de la démocratie, de l’État de droit et des droits de la personne, et pour la promotion de l’éducation et de l’enseignement. Elle contribue de façon substantielle à la prévention, la gestion et le règlement pacifique des conflits dans l’espace francophone.

L’OIF agit aussi dans le domaine des relations internationales, notamment pour mobiliser les États membres face aux défis qui secouent notre monde, tel que le changement climatique, dans le but de dégager un point de vue consensuel lors de négociations multilatérales.

De ce fait, l’OIF est devenue un terrain d’action en plus d’être une tribune pour les États membres qui débattent de sujets d’intérêt commun, recherchent des solutions efficaces et font entendre leur voix sur la scène internationale où le multilatéralisme est plus que jamais souhaité.

Mais pour agir efficacement dans une dynamique commune et répondre aux besoins présents et futurs des francophones du Nord comme du Sud, l’OIF doit avoir un pouvoir économique et financier qui lui permette d’exercer avec beaucoup de succès son influence sur le plan international.

Au Sommet de Kinshasa en 2012, les chefs d’État et de gouvernement avaient décidé de prendre un virage économique. Il va de soi qu’il faudrait revisiter l’ancien paradigme, basé sur les idées traditionnelles de l’OIF, qui obéissait à une logique bien spécifique, et aménager une place pour une nouvelle vision du monde, cette fois, basée sur l’économie comme dénominateur commun sans, bien entendu, délaisser l’acquis culturel et linguistique, et l’idéal démocratique – avec toutes ses différentes déclinaisons.

Une OIF influente : quel candidat peut relever ce défi?

Avec la mondialisation, on assiste à une montée en puissance de la diplomatie multilatérale au détriment du modèle bilatéral. Les organisations internationales sont devenues des acteurs principaux qui interviennent dans différents domaines autrefois réservés aux seuls États concernés. Elles sont des enceintes au sein desquelles sont débattues les questions internationales et recherchées des solutions aux défis mondiaux.

Mais les rapports de forces et d’influence des organisations multilatérales dans les processus de décision internationaux reposent également dans leur capacité d’ouvrir le chéquier. Une organisation internationale qui n’a pas un pouvoir économique et financier à la hauteur de ses ambitions ne peut exercer une réelle influence sur l’échiquier international.

Si les États membres de l’OIF veulent que leur Organisation soit parmi celles qui comptent dans le système multilatéral afin de veiller sur leurs intérêts, ils doivent alors désigner une ou un secrétaire général qui peut se tenir debout, sans complexe, devant les acteurs importants de la gouvernance mondiale pour donner le point de vue de l’OIF sur la marche du monde.

Mais surtout, une ou un secrétaire général crédible et écouté qui puisse garantir à l’Organisation une viabilité financière tout en accompagnant les États membres à relever les défis que leur impose un monde où se créent suffisamment de richesses mais où le nombre de pauvres, notamment en Afrique francophone, ne cesse de croître.

Au Sommet de Dakar qui a lieu les 29 et 30 novembre 2014, on espère donc que les chefs d’État et de gouvernement de l’OIF devront non seulement définir les grandes orientations d’une Francophonie centrée sur le développement économique et social, mais aussi choisir une personnalité qui répond à l’opportunité politique et économique du moment.

Sans vouloir faire ici l’éloge du Canada, je me limiterai à noter que ce pays s’en est bien sortie, sans beaucoup de tracas, face à la crise économique et financière de 2008 qui a frappé le monde entier et qui continue de faire ses effets.

En présentant une candidate à la tête de l’OIF, le Canada et ses différents gouvernements provinciaux (Québec et Nouveau-Brunswick) membres de la Francophonie ont une réelle volonté d’apporter leur soutien à la recherche des solutions innovantes pour une OIF dynamique tant sur le plan économique que sur les plans politique et diplomatique.

Michaëlle Jean présente une stratégie économique viable qui saura accompagner notamment les pays d’Afrique francophone dans leurs efforts de développement et qui répond au vœu de chefs d’État et de gouvernement exprimé au Sommet de Kinshasa. Si ces derniers lui accordaient leur confiance, certainement qu’elle saura « livrer la marchandise », comme nous disons au Canada.

Isidore KWANDJA NGEMBO, Politologue


Canada – Île Maurice : deux candidats en vue pour prendre la direction de l’OIF

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L’île Maurice et le Canada sont deux pays avec des parcours historiques similaires. Comme le Canada, l’île Maurice a été successivement colonisée par les Français et les Britanniques avant d’accéder à l’indépendance en 1968.

Les deux pays sont à la fois membres du Commonwealth et de la Francophonie. À la différence que le Canada reconnait légalement l’anglais et le français comme les deux langues nationales du pays, alors que l’île Maurice ne reconnait que l’anglais comme seule langue du pays qui a le statut de langue officielle et langue de l’administration publique, non pas le français.

À l’île Maurice, seule la version anglaise de textes législatif, exécutif et judiciaire est considérée comme la version officielle. Dans le secteur de l’éducation mêmement, l’anglais est l’unique langue obligatoire d’enseignement secondaire et la seule langue des manuels scolaires.

Et pourtant, il est beaucoup plus facile pour la majorité des Mauriciens d’apprendre le français que l’anglais en raison des affinités linguistiques avec le créole mauricien, un mélange de langues maternelles des descendants d’esclaves africains et du français.

Le candidat de l’île Maurice à la tête de la Francophonie devrait convaincre son pays à reconnaitre officiellement le français comme une deuxième langue du pays. Par ce geste, l’île Maurice lancerait un message positif à l’égard des autres États membres de l’OIF, notamment le Québec qui est très sensible à la question de langue. L’île Maurice a un défi énorme à relever dans la promotion de la langue française.

Depuis le début de cette campagne pour la succession à l’OIF, tous les spécialistes et stratèges politiques qui s’intéressent à cette Organisation, les diplomates et les médias n’ont cessé de le dire que tant et aussi longtemps que l’Afrique avancera en ordre dispersé, elle n’aidera aucun candidat du continent.

Jean-Claude de l’Estrac est très conscient de ce handicap sur le chemin de son accession à la direction de l’OIF. Dans une entrevue qu’il a accordé au journal L’express, du groupe La Sentinelle, dont il est le grand patron,  M. De l’Estrac reconnait implicitement que ses chances sont minces pour succéder à Abdou Diouf :

« Je ne sais pas si on peut considérer que nous sommes dans la position de favori, m’enfin nous sommes un de candidats principaux avec ses difficultés qui, on a même peut-être encore trop de candidats. Nous sommes au moins quatre candidats officiels africains pour l’instant, à moins deux mois du sommet, et si arrivée à Dakar, nous sommes toujours quatre, par exemple, face à une candidature canadienne qui a faite aussi une belle campagne, l’Afrique ne passera pas » disait-il.

Effectivement, la multitude de candidats africains profitera à Michaëlle Jean qui, il faut le dire, est la seule candidate dans cette course qui a un accès privilégié aux acteurs clés de la gouvernance mondiale.

De plus, elle est la seule à proposer une vision porteuse et réaliste pour une Francophonie économique qui saura accompagner résolument les pays africains dans leurs efforts de développement.

Michaëlle Jean est également la seule qui a compris que la Francophonie n’est pas qu’africaine, elle est aussi européenne, américaine et asiatique. Elle est la seule qui est allée dans tous ces continents pour faire campagne.

Elle est présentement en visite dans trois pays membres de la Francophonie d’Asie du Sud-Est (Vietnam, Cambodge et Laos) du 13 au 18 novembre 2014 pour présenter sa vision pour la Francophonie du XXIe siècle.

Tout compte fait, dans deux semaines sans doute, l’un ou l’une de deux candidats sera couronné(e) à la tête de la Francophonie.

Isidore KWANDJA NGEMBO, Politologue


Michaëlle Jean n’a jamais été la représentante du Commonwealth

images (12)C’est avec beaucoup d’étonnement que j’ai lu l’article rédigé par monsieur Jules Robin, publié dans le journal Contrepoints le mercredi 5 novembre 2014 coiffé du titre : «Michaëlle Jean : une ancienne représentante du Commonwealth à la tête de la Francophonie?»

Cet article contient malheureusement de nombreuses inexactitudes et plusieurs affirmations fallacieuses pour ne pas dire carrément fausses.  Par conséquent, une mise au point s’impose.

Tout d’abord, Michaëlle Jean a été la 27e gouverneure générale et commandante en chef du Canada, et non pas la représentante du Commonwealth, comme l’écrit monsieur Robin dans son article.  Oui, le Canada est membre du Commonwealth (tout comme de la Francophonie), mais cela ne signifie pas pour autant que son gouverneur général est le représentant de tous les États et gouvernements membres de ces deux organisations.  De toute évidence, monsieur Robin semble ne pas avoir une connaissance suffisante des réalités canadiennes et québécoises, encore moins du Commonwealth.

D’autre part, en prétendant que la désignation de Michaëlle Jean à la tête de la Francophonie « pourrait avoir de nombreuses conséquences néfastes pour l’organisation elle-même mais également pour l’Afrique », l’auteur fait preuve d’une méconnaissance et d’un mépris éhonté non seulement de la candidate, mais aussi de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) et de l’Afrique.

Au contraire, la désignation de Mme Jean à la tête de l’OIF serait non seulement bénéfique pour l’Organisation mais aussi pour le continent africain.  Elle est la seule candidate dans cette course qui a un accès privilégié aux acteurs clés de la gouvernance mondiale.  De plus, elle est la seule à proposer une vision porteuse et réaliste pour une Francophonie économique qui saura accompagner résolument les pays africains dans leurs efforts de développement.

L’entêtement de l’auteur à vouloir présenter Michaëlle Jean comme la candidate d’un « pays anglophone » et une personne « complètement imprégnée de la culture britannique » laisse encore une fois transparaître une malhonnêteté désarmante.  Soit monsieur Robin fait de l’aveuglement volontaire, soit il ne sait pas que la candidature de Mme Jean a été officiellement présentée non seulement par le Canada, mais aussi par le Nouveau-Brunswick et, plus particulièrement, par le Québec, tous membres de plein droit de l’OIF.

Monsieur Robin devrait à tout le moins savoir que Mme Jean a grandi, étudié et travaillé une grande partie sa vie à Montréal, où elle a baigné dans une culture francophone et non britannique.  Faut-il aussi rappeler à l’auteur que Michaëlle Jean est d’origine haïtienne, un pays avec une histoire intimement liée à celle du continent africain.

Dans son article, l’auteur cite l’ancien premier ministre du Québec, Bernard Landry, pour remettre en question les convictions de Mme Jean pour la défense et le rayonnement de la langue française.  Malheureusement, monsieur Robin oublie de souligner qu’en 2003, c’est ce même Bernard Landry, alors qu’il était premier ministre du Québec, qui a remis à Mme Jean l’insigne de Chevalier de l’Ordre de la Pléiade en reconnaissance de son expression et de son travail en faveur de la langue française.  Cherchez l’erreur.

Qui plus est, l’auteur devrait savoir que le candidat qu’appuie monsieur Landry dans la course au secrétariat général de la Francophonie est issu d’un pays où la langue française n’a pas le statut de langue officielle.

Quant aux questions que soulèvent l’auteur relativement à l’avenir éventuel de l’actuel administrateur de l’OIF, monsieur Robin a tort de laisser entendre que, si Michaëlle Jean était désignée Secrétaire général de la Francophonie, la balance à la tête de l’Organisation « tomberait à la renverse ».  Sur ce point, Mme Jean a été très claire tout au long de sa campagne : elle tient mordicus au principe d’équilibre Nord-Sud à la tête de l’OIF.

Chacun est libre de soutenir le candidat de son choix, mais nous avons tous une responsabilité de débattre honnêtement et de ne pas verser dans la désinformation.

Monsieur Robin peut être en désaccord avec la candidature de Michaëlle Jean, sans pour autant remettre en question la légitimité d’une personne ayant occupé la plus haute fonction de l’État canadien à se porter candidate au poste de Secrétaire général de la Francophonie.

En terminant, je souhaite rappeler à l’auteur que la nomination du futur Secrétaire général de la Francophonie se fera les 29 et 30 novembre prochains, et non pas les 19 et 20, comme ce dernier l’affirme à la fin de son article.

Isidore KWANDJA NGEMBO, Politologue


Francophonie : Michaëlle Jean favorite pour diriger l’OIF

99À trois semaines de la date fatidique du sommet de Dakar, le ciel s’éclaircit de plus en plus, même s’il est encore trop tôt de considérer avec certitude que la messe est déjà dite pour la succession d’Abdou Diouf à la tête de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF).

Les chefs d’État et de gouvernement membres de l’OIF s’activent présentement afin de trouver un consensus, avant le 29 novembre, pour la nomination du nouveau secrétaire général. Il s’agit de tout faire pour éviter que cela ne vienne polluer le débat au sommet de Dakar, laissant ainsi trop peu de temps pour aborder d’autres sujets d’importance.

En effet, plus les jours avancent, plus il est évident qu’un seul candidat fait consensus face à tous les autres. Tout chemine donc doucement mais surement vers la nomination de Michaëlle Jean comme la prochaine secrétaire générale de la Francophonie.

Une visite d’État déterminante pour Michaëlle Jean

Lors de sa visite d’État au Canada du 2 au 4 novembre, le président français, François Hollande, a prononcé un discours devant les députés et sénateurs au Parlement du Canada à Ottawa et devant les députés québécois à l’Assemblée nationale du Québec. Lors de ces deux discours, il y avait parmi les invités d’honneurs l’ex-gouverneure générale du Canada et candidate au secrétariat général de l’OIF, Michaëlle Jean. Elle était allée écouter l’allocution du président français, notamment en ce qui concerne sa vision et ses priorités pour la Francophonie.

Le président Hollande a exprimé sans équivoque le souhait que la Francophonie prenne un virage économique :

« Je veux que ce rendez-vous (…) soit utile pour que nous puissions soutenir davantage la jeunesse francophone, protéger davantage le droit des femmes francophones, que nous puissions aussi développer les technologies nouvelles dans l’ensemble de l’espace francophone (…) nous voulons faire une Francophonie qui soit à la fois culturelle mais qui puisse être économique », a déclaré le président français devant le parlement canadien.

La vision énoncée par le président français est en parfaite concordance avec celle de Mme Jean. Les similitudes de points de vue de la France, du Canada et du Québec sur des questions fondamentales permettent de conclure que la prochaine secrétaire générale s’appellera sans doute Michaëlle Jean. Les trois dirigeants se sont d’ailleurs engagés à donner une nouvelle impulsion à l’OIF lors du sommet de Dakar.

L’avenir de la Francophonie est en Afrique

Il est certes vrai que l’avenir de la Francophonie est en Afrique. Mais la Francophonie n’est pas seulement africaine, elle est aussi asiatique. C’est d’ailleurs lors du VIIe Sommet de la Francophonie à Hanoï au Viêt Nam qu’on avait décidé que l’Agence de coopération culturelle et technique (ACCT) deviendrait désormais l’OIF et réunirait au sommet, les chefs d’État et de gouvernement membres.

La Francophonie est aussi européenne. C’est en effet en Europe qu’est née la langue française et où se trouve le siège de l’OIF.  La Francophonie est aussi américaine. C’est là, en Amérique du Nord essentiellement anglophone, qu’on retrouve des communautés francophones actives qui se battent pour la survie et la pérennisation du fait français.

L’OIF étant donc composée d’États et gouvernements issus de différents continents, il va de l’intérêt de l’Organisation de privilégier l’alternance pour inciter ses membres à y demeurer actifs et mener à bien les missions fondamentales de la Francophonie.

D’ailleurs, le Canada et Québec n’auraient pas pris le risque de présenter une candidature s’ils étaient convaincus que le poste était réservé exclusivement au continent africain.

Avec Michaëlle Jean à la tête de la Francophonie, les pays africains auront une alliée de taille qui sera sensible à leurs besoins et qui saura les accompagner résolument dans leurs efforts de développement. Michaëlle Jean a un accès privilégié aux acteurs clés de la gouvernance mondiale. Elle a des habiletés à convaincre et a déjà fait ses preuves dans la mobilisation de ressources et de partenaires multilatéraux, notamment pour la reconstruction d’Haïti.

La visite de François Hollande au Canada à la veille du XVe Sommet de la Francophonie a été une occasion pour les premiers ministres du Canada, Stephen Harper et du Québec, Philippe Couillard, de lui faire part de leur volonté de donner une nouvelle impulsion à l’OIF avec Michaëlle Jean.

Le choix de la France a toujours été déterminant à l’OIF.  Il y a un bon espoir que le président Hollande a compris que le Canada et le Québec soutiennent résolument leur candidate.

Isidore KWANDJA NGEMBO, Politologue

 


Francophonie: après le choix du secrétaire général, il y a les comptes

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À moins d’un mois, l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF) aura un nouveau secrétaire général. À peine investi, celui-ci aura du pain sur la planche pour réaliser des nombreuses promesses électorales. Étant donné que le budget de l’OIF est très modeste, que certains États ne payent pas à temps leur quote-part et que les contributions volontaires au Fonds multilatéral unique (FMU) ne cessent de diminuer d’année en année.

Qu’arrivera-t-il alors si les États et gouvernements membres jetaient leur dévolu sur un candidat qui ne requiert pas l’assentiment de grands bailleurs de fonds de l’OIF? Voilà une question qui mérite de retenir l’attention de décideurs.

Quand on se rappelle bien qu’en avril 2014, le Canada venait de suspendre sa contribution volontaire annuelle de dix millions de dollars au Commonwealth, en protestation contre les violations des droits de la personne au Sri Lanka, un pays qui assure le secrétariat de cette organisation, il y a de quoi s’inquiété. Les mêmes causes produisant les mêmes effets, l’après 30 novembre 2014 risque de nous réserver des surprises.

Pour rassurer, le prestigieux Magazine, proche du milieu politique et économique franco-africain,  AFRICA Intelligence, La Lettre du continent, a révélé dans son numéro 692 du 22 octobre 2014 que : « Pour obtenir le soutien plus franc de Paris envers Michaëlle Jean, le premier ministre canadien, Stephen Harper, pourrait s’engager à augmenter la quote-part de son pays au Fonds multilatéral unique (FMU), le budget de l’OIF, en baisse depuis 2009, notamment en raison des restrictions budgétaires de la France qui empêchent de maintenir son niveau habituel de participation. »

En effet, bien que la France n’ait pas officiellement une préférence pour un candidat, il y a lieu de croire que le sujet sera au menu des discussions que François Hollande aura avec les premiers ministres du Canada et du Québec la semaine prochaine.

Déjà, le dimanche dernier, 26 octobre, la secrétaire d’État français au développement et à la Francophonie, Annick Girardin, était l’invitée d’ « Internationales », un rendez-vous hebdomadaire de TV5Monde, RFI & Le Monde. Dans une réponse à un journaliste, sur le choix de Paris pour succéder à Abdou Diouf à l’OIF, elle a ouvert une brèche : « Jusque-là on avait un représentant de pays du Sud à l’OIF, c’est quelque chose qui peut changer, mais il faut en discuter ». On peut donc déduire qu’il n’y a rien qui soit coulé dans le béton, n’en déplaise à ceux qui pensent que le poste doit absolument revenir à un Africain.

En choisissant délibérément le thème du XVe sommet, les chefs d’État et de gouvernement voulaient faire honneur aux femmes et aux jeunes pour leur contribution à la paix et au développement.

Tous les candidats dans la course pour la succession à l’OIF ont de riches expériences qui peuvent servir au bon fonctionnement de la Francophonie. Mais tout compte fait, la parité homme-femme devrait faire partie de critères de sélection pour être cohérent avec le thème du sommet.

D’ailleurs, peu importe les programmes d’action de candidats, une chose est vraie, ce sont les chefs d’État et de gouvernement qui déterminent la feuille de route que le secrétaire général doit respecter et rendre compte.

Isidore KWANDJA NGEMBO, Politologue


Francophonie : dernière ligne droite pour une élection historique à l’OIF

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À un mois du sommet de Dakar, le compte à rebours a commencé en vue d’une élection historique qui pourrait marquer à tout jamais un pas important vers la modernité et l’ouverture d’esprit à l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF). Une élection qui, on espère, peut possiblement faire d’une pierre deux coups : à la fois faire progresser l’égalité de genre, l’équité et la représentativité continentales.

En effet, lorsqu’on analyse simplement l’intitulé du thème du XVe sommet de la Francophonie : « Femmes et jeunes en Francophonie: vecteurs de paix, acteurs du développement », on peut conclure d’emblée que, pour la toute première fois de son histoire, l’OIF s’apprête à marquer un tournant, en prenant une décision historique.

Les cinq candidats déclarés continuent de battre campagne sans désemparer, pour succéder à Abdou Diouf à l’OIF. Mais à entendre tout ce qui se dit au sujet de l’élection du prochain secrétaire général, dans les médias les mieux informés, dans les chancelleries diplomatiques et dans les arcanes du pouvoir des États membres, il y a fort à parier que la prochaine secrétaire général de la Francophonie s’appellera Michaëlle Jean.

Elle fait une campagne exceptionnelle, loin des polémiques et à un rythme tel qu’aucun de ses concurrents n’a pu la rattraper dans les pronostics. Elle est allée à la rencontre de plusieurs chefs d’État et de gouvernement, non pas pour quémander des voix, mais pour présenter sa vision pour la Francophonie du XXIe siècle. Un projet qui intéresse beaucoup des chefs d’État et de gouvernement, qui se sont par ailleurs formellement engagés à soutenir sa candidature.

Sont-ils prêts à désigner une femme à l’OIF?

La quasi-totalité des chefs d’État et de gouvernement, à l’exception de Catherine Samba-Panza de la République Centrafricaine, sont des hommes qui vont élire le nouveau secrétaire général de la Francophonie. Vont-ils choisir une femme? Il y a lieu de croire que oui. Parce qu’ils n’auront aucune excuse de faire en sorte que leur décision ne soit pas cohérente avec le thème qu’ils ont librement choisi pour le XVe sommet.

En effet, ils ont une bonne opportunité de jeter leur dévolu sur Michaëlle Jean, d’autant plus qu’elle est la seule femme candidate à l’OIF et qu’elle a l’étoffe qu’il faut pour assumer le mandat du secrétaire général. Ex-gouverneure générale (chef d’État) et une excellente communicatrice, Michaëlle Jean a des qualités intellectuelles et professionnelles, des compétences et expériences en diplomatie bilatérale et multilatérale nécessaires pour la fonction.

Non seulement elle est l’unique femme, elle est également la plus jeune de tous les candidats dans la course à l’OIF. Plus important encore, elle est la seule candidate qui est au fait des réalités quotidiennes des États du Nord comme du Sud et peut rapprocher les deux.

En effet, avec une candidature comme celle de Michaëlle Jean et surtout le projet qu’elle porte pour la Francophonie du XXIe siècle, on peut s’imaginer sincèrement que les chefs d’État et de gouvernement n’auront aucune hésitation à élire une femme à la tête de l’OIF. Bien au contraire, son élection serait sans aucun doute considérée comme une étape importante aux efforts de l’OIF pour faire progresser effectivement l’égalité des sexes.

C’est d’ailleurs le vœu de beaucoup des francophones qui pensent que l’élection de Michaëlle Jean aurait une importante répercussion et serait une source de fierté tant pour les femmes en générale que pour les jeunes filles qui sont sur les bancs de l’école, d’avoir d’ambitions et l’audace d’espérer.

Les chefs d’État et de gouvernement ont donc une bonne opportunité d’envoyer un message positif aux femmes et jeunes francophones que l’égalité des sexes est un droit qui n’est pas seulement consigné sur papier, mais elle est une réalité à l’OIF.

Que peut apporter une femme à l’OIF?

On ne le dira jamais assez, mais une chose est vraie, une femme à la tête de l’OIF peut s’avérer être un atout majeur pour cette organisation qui est appelée chaque fois à faire de médiations dans des conflits armés qui secouent encore certains États membres. Les femmes ont souvent une approche différente pour le règlement des différends.

Il y a lieu de croire que les chefs d’État et de gouvernement qui s’apprêtent à choisir le prochain secrétaire général, garderont à l’esprit que la reconnaissance et la valorisation de l’apport des femmes et des jeunes pour la paix et le développement passe par leur implication dans la gestion effective de l’OIF.

Qu’on le veuille ou non, la présence d’une femme à l’OIF va certainement apporter une touche spéciale et parfois différente que celle qu’apporterait un homme. Les femmes sont naturellement sincères dans leurs propos et dégage souvent une image positive. Elles sont animées d’un désir profond de paix, de justice et de dialogue, à la place des armes, pour régler les conflits.

Michaëlle Jean est pleine d’énergies et prête à servir l’OIF et à lui insuffler une nouvelle dynamique. Elle croit fermement que l’OIF peut jouer un rôle important en créant les conditions favorables aux États et gouvernements membres qui souhaitent développer leurs économies, intensifier leurs capacités de production, maximiser leurs échanges économiques et commerciaux.

Michaëlle Jean a une réelle volonté de faire progresser les droits et libertés de la personne, de rechercher de solutions efficaces pour engager la Francophonie sur le chemin de la prospérité économique.

Il serait donc temps qu’une femme prenne les rênes de l’OIF. Mais est-ce que les chefs d’État et gouvernement vont-ils effectivement briser le plafond de verre pour choisir une femme, pour la première fois, à l’OIF? Rendez-vous est pris dans un mois.

Isidore KWANDJA NGEMBO, Politologue


Francophonie : une femme en passe de devenir la prochaine secrétaire générale

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L’Organisation internationale de la francophonie (OIF) amorce un tournant décisif de son histoire, avec l’élection de son prochain secrétaire général. La campagne qui s’est déroulée dans le respect mutuel des candidats, tire à sa fin. À moins d’être surpris par les ouvriers de la onzième heure, sinon la course à la tête de l’OIF se jouera définitivement à cinq, après que Dioncounda Traoré du Mali a décidé de jeter l’éponge.

Sur les cinq restants, quatre viennent du continent africain, tandis que la cinquième est la synthèse de trois continents. Si aucun d’entre eux ne se retire avant le sommet, il est fort probable que la seule femme dans la course soit élue prochaine secrétaire générale de la Francophonie.

Il y a des signes qui ne trompent pas. La semaine dernière, Michaëlle Jean était en France pour promouvoir sa candidature. Après une présence très remarquée à New York, en septembre, lors de l’Assemblée générale des Nations unies où elle a eu des entretiens fructueux avec un bon nombre de chefs d’État et de gouvernement, des ministres des Affaires étrangères de pays francophones et différents autres leaders mondiaux.

Le 8 octobre 2014, elle a prononcé un vibrant discours à Paris devant un parterre de plus de 120 personnes, triées sur le volet. Parmi lesquelles, on a noté la présence des représentants personnels des chefs d’État et de gouvernement auprès de l’OIF, des ambassadeurs de pays membres de l’OIF accrédités à Paris et à l’Unesco, des membres des cabinets du premier ministre français et de la ministre française en charge de la Francophonie, des hauts fonctionnaires du ministère français des Affaires étrangères, des membres de l’Assemblée parlementaire de la Francophonie, des députés et sénateurs de groupes d’amitié France-Canada et France-Québec, des opérateurs de l’OIF (TV5, AUF, AIMF), ainsi qu’une douzaine de médias français et internationaux.

Un discours qui avait des allures de programme d’action du prochain numéro un de l’OIF. Dans ses propos, Michaëlle Jean entend être la secrétaire générale du Nord et du Sud, qui veut moderniser la Francophonie, pour qu’elle réponde présente aux défis du 21e siècle. Elle veut engager la Francophonie sur le chemin de la prospérité, du respect des droits et des libertés, de l’État de droit et la démocratie, de la transparence et la bonne gouvernance, de l’imputabilité et la lutte contre la corruption, de la promotion des principes de responsabilité sociale et environnementale des entreprises, etc.

Comment se fait le choix du secrétaire général de l’OIF?

En réalité, il ne s’agit pas d’une élection au sens propre du terme. Les chefs d’État et de gouvernement privilégient le consensus, au travers des discussions, concessions et compromis. Ainsi, pour ne pas polluer le débat sur d’autres enjeux majeurs du sommet de Dakar, les 57 chefs d’État et de gouvernement membres sont conscients de la nécessité de trouver un accord avant le sommet de novembre prochain, pour la nomination du nouveau secrétaire général. Tous comptent sur les arbitrages de la France, État autour duquel a été fondé l’OIF, pour les départager.

Pour ce faire, les diplomates s’activent à convaincre les gouvernements membres de se mettre d’accord sur une personne qui sera en mesure d’exécuter la feuille de route qui sera définie à Dakar, et cela, tout en tenant compte du fait que le 15e sommet veut valoriser le travail des femmes et des jeunes pour la paix et le développement.

L’objectif n’est pas de trouver absolument une personne qui ait la carrure d’Abdou Diouf pour le succéder. Le président Diouf a fait ses marques, tout le monde le reconnaî. Il a doté l’organisation des institutions centrées sur les missions premières et fondamentales de l’OIF, à savoir la promotion de la langue française et de la diversité culturelle, le soutien à l’éducation et la formation, la promotion des droits de la personne et la prévention des conflits, etc.

Pour la suite des choses, nombreux diplomates, mais aussi d’analystes qui s’intéressent à l’OIF, estiment que la croissance économique et la prospérité de l’espace francophone peuvent certainement apporter des réponses efficaces et renforcer les efforts de l’OIF dans la réalisation de ses missions fondamentales. Par conséquent, l’OIF ferait mieux d’être dirigée par une personnalité qui a une bonne compréhension des nouveaux enjeux et de l’évolution du monde contemporain, pour la positionner parmi les acteurs indispensables sur l’échiquier mondial.

Nous sommes reconnaissons que tous les candidats ont des riches expériences qui peuvent servir au bon fonctionnement de l’OIF. Néanmoins, il serait mieux d’aller au-delà, de tenir compte également des paramètres qui ont été longtemps marginalisés, notamment la parité homme-femme, afin de choisir celle ou celui qui réunit suffisamment d’atouts pour porter la voix de l’OIF auprès des instances internationales, pour une mondialisation plus équitable.

Est-ce possible une femme à l’OIF?

Quarante-quatre ans après la création de cette organisation intergouvernementale, nombreux chefs d’État et de gouvernement membres de l’OIF sont d’avis qu’il est temps de nommer, pour la première fois, une femme à la tête de l’OIF. Cela, non seulement pour être cohérent avec la thématique choisie pour le 15e sommet, mais aussi pour démontrer que l’organisation a atteint la maturité et est tournée définitivement vers la modernité et l’ouverture d’esprit.

Le choix probable de Michaëlle Jean, la seule femme dans la course présentement, ne doit pas être vu comme une faveur faite aux femmes. N’en déplaise à tous ceux qui s’évertuent à véhiculer des inepties dans le seul but de nuire, Mme Jean incarne le renouveau et la modernité dont a besoin la Francophonie du 21e siècle.

Nul n’arrive à ce niveau – gouverneure générale, envoyée spéciale de l’Unesco, chancelière de la plus grande université bilingue au monde -, qui veut. Se voir honorée d’une trentaine de Doctorats honoris causa des plus grandes universitaires au monde n’est pas un hasard. Il faut avoir des connaissances, des compétences, des expériences de vie et de travail qui inspirent confiance, pour se voir confier de telles responsabilités. Mme Jean possède une grande expérience diplomatique pour diriger l’OIF.

Comme elle ne cesse de le répéter : « Je suis à la fois du Nord et du Sud … je suis de la diaspora africaine, d’Haïti et du Canada ». Elle a un charisme et est très proche de gens, petits et grands. Sa feuille de route pour la Francophonie du 21e siècle résume bien les préoccupations de nombreux États et gouvernements, du Sud comme du Nord. Elle a la volonté et l’enthousiasme de faire bouger les choses à l’OIF, dans le sens de la volonté exprimée par les chefs d’État et de gouvernement à Kinshasa et très probablement de celle qui sera dégagée à Dakar.

Pendant sa campagne, elle a rencontré plusieurs chefs d’État et de gouvernement. Dans leurs conversations, l’économie a été le maître mot du virage que doit prendre la Francophonie dans les années à venir. Nombreux la soutiennent justement pour l’action qu’elle veut mener pour relever ce défi.

Michaëlle Jean n’est pas la seule candidate que parle de l’économie. Le candidat mauricien, Jean-Claude de l’Estrac, qui la talonne dans cette course, a présenté, il y a deux semaines, ses « douze propositions pour la Francophonie de demain ». Celles-ci ressemblent à la « vision pour la Francophonie du 21e siècle » qu’avait déjà présentée Mme Jean dans son plaidoyer rendu public sur son site Internet https://www.michaellejean.ca/

Les deux candidats misent sur la dimension économique de la Francophonie et s’appuient largement sur les progrès et performances économiques réalisés par leurs pays respectifs, pour servir de modèle de succès économique à d’autres pays membres de l’OIF. Mais, ce qui les différencie est que, Mme Jean a une vision claire et une bonne compréhension des préoccupations des pays du Nord et ceux du Sud dans cette organisation. Elle s’engage avec passion et enthousiasme pour servir à la fois pour les intérêts des uns et des autres au sein de l’OIF.

De plus, elle pourra faire bénéficier l’OIF de son aura, de son charisme et de son carnet d’adresses pour porter la voix de pays membres sur toutes les tribunes, au cœur de toutes les institutions et arènes décisives où se discutent les grandes réformes des systèmes multilatéraux.

Isidore KWANDJA NGEMBO, Politologue

 


RD. Congo : le PPRD de Joseph Kabila risque de subir le sort du MPR de Joseph-Désiré Mobutu

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Depuis quelques mois en République démocratique du Congo (RDC), l’enjeu du débat politique tourne autour de la candidature de Joseph Kabila qui, en 2016, totalisera 15 ans de pouvoir. La question au centre du débat est : « va-t-il se représenter pour un troisième mandat? »

Normalement, si la RDC portait réellement son nom de – Congo démocratique -, cette question n’allait même pas se poser et faire l’objet d’un débat public. C’est comme si l’on demandait à Barack Obama, s’il vaudrait un troisième mandat. Mais rien n’y fait, le débat s’éternise : doit-on réviser ou non la constitution?

Il y a, d’un côté, les tenants du pouvoir qui tiennent mordicus à faire sauter le verrou constitutionnel pour permettre à leur champion de briguer un énième mandat. De l’autre, la grande majorité de la population ne trouve pas la nécessité et l’urgence de toucher à la constitution à quelques mois de la joute électorale.

Élection présidentielle de 2016, avec ou sans Kabila?

La constitution en vigueur en RDC ne laisse aucune possibilité de briguer un troisième mandat présidentiel, mais une franche des partis politiques de la majorité présidentielle veulent faire du forcing pour réviser ces dispositions intangibles.

Les partis politiques de l’opposition sont complètement en désaccord à l’idée de modifier les règles de jeu à la veille des élections. Même certaines personnalités de la majorité au pouvoir ne sont pas du tout à l’aise avec cette proposition de leur famille politique.

La deuxième personnalité dans l’ordre constitutionnel de la RDC, le président du Sénat, Léon Kengo Wa Dondo, s’oppose catégoriquement à la révision des dispositions intangibles de la constitution en vigueur:

Si l’on modifie ces dispositions, on détruit, par le fait même, tout l’édifice constitutionnel construit dans la peine. On n’est dès lors plus dans la même constitution, mais dans une autre. Il ne faut pas tirer prétexte de la révision pour aboutir à un changement de constitution. Cela n’est pas prévu par la constitution en vigueur.

Les confessions religieuses, notamment les princes de l’église catholique du Congo, n’ont pas raté l’occasion pour enfoncer le clou contre toute révision constitutionnelle.

Les partenaires internationaux, bilatéraux et multilatéraux de la RDC, ont également emboîté le pas. Ils sont opposés à toute modification de la constitution au stade actuel.

Le secrétaire d’État américain, John Kerry, lors de son dernier passage en RDC, avait signifié clairement son opposition à la révision constitutionnelle dans l’unique but de permettre au président actuel de briguer un troisième mandat.

L’Organisation des Nations Unies (ONU), par la bouche de l’envoyé spécial du secrétaire général, Ban Ki-moon, pour la région des Grands Lacs, Saïd Djinnit, a indiqué clairement au respect de la loi fondamentale du pays:

La position de principe de l’ONU sur ce sujet, c’est d’encourager les États à respecter les constitutions et à créer les conditions les plus propices pour la tenue de l’élection démocratique et pacifique.

Comme on peut l’imaginer, tous ne demandent qu’une chose, le strict respect de la constitution en vigueur.

Y aurait-il alors un candidat du PPRD en 2016?

Le jeudi 25 septembre 2014, du haut de la tribune des Nations Unies à New-York, où il a assisté à la session annuelle de l’Assemblée générale, Joseph Kabila a réaffirmé sa volonté d’organiser les élections conformément au calendrier prévu pour 2016:

Je réaffirme la tenue prochaine des élections conformément au calendrier arrêté par la commission électorale nationale indépendante. Toutes les dispositions sont prises pour que notre pays en sorte plus apaisé, plus uni et plus fort.

En effet, bien que le président Kabila dont mandat achève en 2016, ait réaffirmé que son gouvernement allait organiser les élections apaisées conformément au calendrier électoral, on observe malheureusement qu’aucune disposition n’est prise au sein de son parti politique, le Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie (PPRD) et de sa Majorité présidentielle (MP), pour conserver démocratiquement le pouvoir.

Joseph Kabila qui achève son deuxième et dernier mandat présidentiel, ne peut normalement plus se représenter pour un troisième mandat, mais il laisse planer des doutes sérieux sur ses intentions profondes, au point qu’on soupçonne qu’il veut, coûte que coûte, s’accrocher au pouvoir.

Pour preuve, le 21 mars dernier, lors d’une rencontre avec les membres de sa famille politique, dans sa ferme privée de Kingakati, dans la banlieue de Kinshasa, Joseph Kabila aurait clairement affirmé à qui veut l’entendre :  » Il n’y a pas de Dauphin. Et, il n’y en aura pas […] 2016, c’est de la distraction « . Du coup, tous ceux qui, au sein de son parti politique et dans sa majorité présidentielle, voulaient prendre des ailes pour prétendre à la magistrature suprême, ont reçu un message clair et net de tempérer les ardeurs.

Mais même dans la certitude, un manager qui ne prévoit pas des alternatives de sortie éventuelles est un imprudent. On a beau être sûr et certain, prévoir avec minutie et dans les petits détails tout ce qu’on aimera faire pour réussir son coup, c’est toujours rassurant d’avoir un plan B pour se protéger d’un éventuel échec.

Y a-t-il un plan B au PPRD?

Je ne peux pas m’imaginer un seul instant que le PPRD n’ait pas des stratèges politiques qui réfléchissent sur des scenarios possibles et imaginables pour conserver le pouvoir qu’ils ont acquis par les armes avec de l’Alliance des forces démocratiques pour la libération du Congo (AFDL) et conserver par un processus démocratique avec deux élections en 2006 et 2011, bien qu’une franche importante de la population congolaise a toujours douté de la transparence de ces élections.

Que je sache, aussi bien les stratèges politiques que militaires élaborent toujours deux plans pour conquérir le pouvoir ou pour gagner la guerre.

Le premier, plan A, est le principal qui consiste à y aller avec certitude pour gagner. Le second, plan B, est une pièce de rechange dans le cas où le plan A ne fonctionnait pas.

Cette stratégie est utilisée même dans la gestion des organisations. Les managers rompus dans la gestion de la chose publique ou privée, planifient toujours en tenant compte des risques éventuels et en prévoyant des issues de secours.

Les partis politiques se battent pour prendre le pouvoir ou s’y maintenir. C’est tout à fait normal dans un jeu démocratique que la lutte pour le pouvoir soit au centre de la vie politique.

Mais pour les analystes avertis de la situation politique en RDC, le débat constitutionnel qui fait rage actuellement n’augure pas de lendemain meilleur pour ce pays. Même les plus naïfs savent que le PPRD-MP actuellement au pouvoir prépare un coup de force qui risque de replonger le pays dans le chaos.

De deux choses l’une, soit ils veulent tout foutre en l’air et replonger le pays dans un climat d’incertitude générale; soit ils engagent une épreuve de force avec tous ceux qui s’opposent à un troisième mandat présidentiel et de se maintenir par la force des armes, en faisant fi de la volonté majoritaire de forces vives du pays et du souhait de la communauté internationale qui demande de respecter strictement la loi fondamentale du pays.

La morale de l’histoire, c’est qu’il ne faut jamais sous-estimer la capacité de l’homme politique congolais à se métamorphoser. Aujourd’hui, presque tous les anciens mobutistes du Mouvement populaire de la révolution (MPR), qui avaient poussé le président Mobutu jusqu’auboutisme, se sont recyclés au kabilisme. Ils ont réussi même à déloger les « libérateurs » qui avaient accompagnés Laurent Désiré Kabila au pouvoir.

S’il y avait un conseil à donner : il faut savoir quitter le pouvoir avant qu’il ne vous quitte. Il y a une vie après la présidence de la république. L’exemple de l’ancien président du Sénégal, Abdou Diouf, illustre bien cette réalité. Mais pour cela, il serait mieux de préparer la relève, voire l’alternance démocratique pour le bien de son pays, de son peuple, mais aussi de tous ceux qui vous ont servi.

Isidore Kwandja Ngembo, politologue


Francophonie : Y a-t-il un candidat qui s’impose comme celui de large consensus?

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À huit semaines du sommet de la Francophonie qui va élire son prochain secrétaire général, la campagne bat son plein et a atteint sa vitesse de croisière. Les candidats poursuivent sans relâche leurs efforts pour obtenir les appuis nécessaires auprès des États membres de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) afin de prendre la direction de celle-ci. Ils sillonnent le monde à la rencontre des chefs d’État et de gouvernement pour les convaincre du bien-fondé de leur candidature.

Mais au-delà de parcours exceptionnels, de riches expériences de vie et de travail de chacun de candidats, qui peuvent s’avérer très utiles pour la bonne marche de l’OIF, les grands électeurs – chefs d’État et de gouvernement – ont leurs priorités.

Ce sont généralement les priorités traditionnelles de l’OIF, notamment la promotion de la langue et de la diversité culturelle; de l’éducation et de la formation; de la démocratie, l’État de droit et les droits de la personne; de l’égalité des sexes, etc.

Au fil du temps, l’économie, l’environnement et le développement durable, les nouvelles technologies de l’information et de la communication ont pris de plus en plus de places et se sont avérés comme des priorités indispensables à la bonne marche de l’OIF et au bien-être des populations francophones.

Dans la Déclaration de Kinshasa, les chefs d’État et de gouvernement membres de la Francophonie ont exprimé la volonté de s’investir pleinement dans le processus de réforme du système financier et monétaire international pour permettre un ordre mondial juste et équitable.

Nous encourageons la poursuite des échanges entre les pays industrialisés et les pays en développement en vue de réduire les déséquilibres macroéconomiques entre les États ainsi que les inégalités sociales et économiques entre les populations.

Cela suppose que les chefs d’État et de gouvernement devront choisir une personne qui soit en même de parler franchement, en tête-à-tête, avec les grands de ce monde, sans complexe, pour faire valoir leurs préoccupations. Mais également, une personne digne de confiance, avec qui ils peuvent se sentir à l’aise pour discuter de toutes les questions d’importances pour l’OIF.

Cela suppose également que ce choix devra tenir compte du fait que l’OIF est composée des États et gouvernements issus de cinq continents, avec les niveaux de développement et les priorités différents. En d’autres termes, choisir une personne qui comprend mieux les préoccupations des uns et des autres.

En effet, le choix du secrétaire général de l’OIF n’étant pas une élection traditionnelle, avec un bulletin de vote ou une élection à mains levées, il serait sage de privilégier l’alternance, d’éviter à tout prix de monopoliser la direction de l’organisation, au risque de froisser certains États membres qui s’investissent énormément au bon fonctionnement de l’OIF.

Il serait donc souhaitable que les chefs d’État et de gouvernement tiennent compte de tous les paramètres qui rassemblent beaucoup plus, y compris la parité homme-femme, pour choisir une personne qui fera le plus large consensus.

Qui s’impose comme candidat de tous les consensus?

Tout le monde convient que la Francophonie est devenue un des acteurs majeurs du système multilatéral, susceptible de jouer un rôle significatif sur la scène internationale. Il serait donc nécessaire que la personne qui sera choisie soit en même d’assurer la visibilité, la crédibilité et le rayonnement de la Francophonie comme un acteur majeur sur la scène internationale.

En 48 heures de travail à Dakar, les chefs d’État et de gouvernement n’auront certainement pas le temps nécessaire pour commencer la discussion sur le choix du prochain secrétaire général. Le choix se fait maintenant avant d’aller au sommet. À Dakar, il sera question simplement d’entérinement et de couronnement du nouvel élu.

En effet, des échos qui nous parviennent de la campagne de différents candidats, il y a incontestablement l’un d’entre eux qui sort du lot et recueille un accueil favorable du plus grand nombre des chefs d’État et de gouvernement. Il s’agit de la candidature de Michaëlle Jean qui s’affirme de plus en plus comme celle de tous les consensus.

Mme Jean réunit suffisamment d’atouts pour contenter nombreux États et gouvernements du Sud comme du Nord pour succéder à Abdou Diouf. De plus, elle est seule qui pourrait apporter une valeur ajoutée et une touche féminine qui a longtemps manqué à l’OIF.

En plus de ses immenses expériences, son engagement et son dévouement pour la promotion des valeurs fondamentales de la Francophonie, Michaëlle Jean est transcontinentale et multiculturelle. Elle est, à la fois, une femme du Nord et du Sud, du Canada et d’Haïti. Elle a d’arrières grands-parents africains et elle est Française par alliance. Elle incarne donc une diversité et transpire le multiculturalisme francophone.

Elle est une candidate de l’alternance continentale, qui comprend mieux les réalités, les attentes et préoccupations de deux hémisphères du monde – des États, de la société civile et des francophones en général. Elle s’impose comme la personne idéale et de consensus pour occuper le poste de secrétaire général.

Michaëlle Jean à la Francophonie pour quoi faire?

Michaëlle Jean a une vision moderne de l’OIF. L’économie est l’axe principal de son action pour agir efficacement sur les autres domaines de prédilection de la Francophonie. Elle est convaincue qu’il est possible de faire de l’OIF un espace catalyseur de création de richesses, de prospérité et d’emplois de qualité, si tous les États membres agissent ensemble, maximisent tous les acquis et potentiels de l’espace francophone pour combattre la pauvreté et les inégalités sociales qui engendrent les violences et guerres civiles dans le monde.

Michaëlle Jean a présenté sa vision pour la Francophonie du XXIe siècle, disponible dans https://www.michaellejean.ca/

Dans son plaidoyer, elle croit fermement que la paix et la démocratie ne sont possibles qu’avec la participation de tous – hommes, femmes et jeunes – et l’amélioration des conditions de vie de la grande majorité de la population.

Elle qui a milité pendant plusieurs années pour la défense des droits des femmes, elle sait combien elles ont lutté pour obtenir des changements importants dans les systèmes juridiques tant nationaux qu’internationaux pour promouvoir l’égalité des droits. Elle est tout autant convaincue que les femmes et les jeunes doivent faire partie de l’équation dans la Francophonie du XXIe siècle, pour réaliser ensemble des projets et le développement socio-économique de l’espace francophone.

Mme Jean croit également au vieil adage qui dit : «l’avenir appartient à la jeunesse». Elle croit fermement que la jeunesse constitue la relève de la Francophonie de demain. Et que, l’OIF a le devoir de donner aux jeunes toutes les raisons d’espérer, de les accompagner dans leur formation, tant professionnelle qu’universitaire, afin qu’ils aient le bagage intellectuel nécessaire pour participer activement au développement et à la prospérité de l’espace francophone, dans un monde de plus en plus compétitif.

En tant que Chancelière de l’Université d’Ottawa, Michaëlle Jean a conclu des accords de partenariats interuniversitaires avec différents pays francophones, d’Afrique notamment, pour alléger le fardeau financier des jeunes francophones. Maintenant, il est possible pour les étudiants internationaux francophones qui choisissent d’étudier en français à l’Université d’Ottawa, de payer les mêmes droits de scolarité que leurs collègues Canadiens. Ce sont des économies d’au moins 10 000$ par étudiant par année académique.

En adoptant le thème du XVe sommet de la Francophonie, les États membres de l’OIF ont reconnu le rôle important que joue la femme et la jeunesse, en tant que vectrices de paix et actrices de développement.

Il y a lieu de croire que cette candidature, qui recueille présentement un accueil favorable dans plusieurs pays francophones, va se concrétiser par son couronnement en novembre prochain. Que les chefs États et gouvernements vont saisir l’opportunité qu’offre le XVe sommet de Dakar pour faire honneur à une femme de présider pour la première fois, en 44 ans d’existence, à la destinée de l’OIF.