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Le vélo, le cheval moderne des Burkinabè

« O kutaamo ». C’est ainsi qu’on appelle le vélo dans ma langue maternelle. Cela signifie « le cheval en fer » en gulmancema. Cette langue est parlée surtout dans la partie est du Burkina Faso. Cette appellation, à elle seule, montre comment  ce moyen de locomotion a pris place dans la vie des Burkinabè. Aujourd’hui le vélo occupe la place qu’occupait le cheval dans la vie de nos grands-parents. Le vélo est omniprésent dans la vie du Burkinabè. L’un des plus grands cadeaux qu’un enfant attend c’est certainement un vélo.

Photo Slatesafrique.com Le vélo est adapté pour tout le monde.
Photo Slatesafrique.com
Le vélo est adapté pour tout le monde.

Un usage diversifié du vélo

L’usage du vélo a pris diverses formes au pays des hommes intègres. C’est sur ce moyen de locomotion que le petit garçon ou la petite fille part à l’école, dans les zones urbaines comme rurales. Les enfants qui se déplacent à vélo pour aller à l’école sont nombreux. Cet usage est encore indispensable dans les zones rurales du Burkina Faso. Les élèves peuvent parcourir plusieurs km pour rejoindre leurs écoles, au primaire comme au secondaire. Pour ces enfants le vélo devient le moyen de déplacement le plus adapté. Et surtout le disponible car moins cher et plus facile à entretenir.Il ne demande pas de dépenses, notamment pas de carburant. C’est également avec son vélo que le paysan rejoint son champ très tôt le matin, en saison pluvieuse. Quand il revient le soir, c’est avec ce même vélo qu’il transporte du bois pour sa femme. Et en saison sèche, c’est au moyen de sa bicyclette qu’il parcoure les marchés des villages environnants pour faire son petit commerce. Il transporte alors friperie, cola, sel ou autres marchandises afin de les vendre, village après village. L’utilité du vélo en milieu rural est devenue même un fait de socialisation. Il y a quelques années de cela, certains villageois partaient travailler dans les pays voisins comme la Côte d’Ivoire ou le Bénin, afin de s’offrir ce moyen de locomotion.

Évènements sportifs liés au vélo

Le vélo occupe une place primordiale dans la vie du Burkinabè. Il est rare de trouver une famille burkinabè sans bicyclette. Cet usage du vélo dans le pays a contribué à l’appellation de la capitale, Ouagadougou : la capitale des engins à deux roues.

L’amour et la pratique du vélo au pays des hommes intègres ont favorisé l’émergence de sports comme le cyclisme. Le pays organise, depuis 1987, l’un des plus grands événements sportifs africains : le Tour du Faso. Chaque année des équipes venues des continents africain et européen parcourent les villes et les campagnes du pays. Le Burkinabè Abdoul Aziz Nikiema est d’ailleurs le vainqueur de la dernière édition, celle de 2013. Les caravanes du tour du Faso reçoivent toujours un bel accueil de la part des populations des localités traversées. En plus du Tour du Faso, d’autres compétions de vélo sont organisées à travers le pays. C’est le cas du championnat burkinabè de cyclisme.

Le commerce

La forte demande de la population en vélo est aussi une bonne affaire pour les commerçants. La marque Peugeot n’a plus son monopole d’antan au Burkina Faso. Aujourd’hui on trouve une grande variété de marques de vélo au Burkina Faso. A cela s’ajoute les vélos dits « Au revoir la France ». Ce sont des vélos usés mais qui sont appréciés par les cyclistes burkinabè. Ils ne sont pas très chers, en général, mais très résistants et pratiques selon l’objectif visé. Les vélos paniers ont fait leur apparition au Burkina, il y a quelques années. Aujourd’hui, ces vélos ont acquis la sympathie des Burkinabè.  Aux débuts réservés aux femmes, aujourd’hui les « vélos paniers » plaisent aux hommes aussi. Ils sont accessibles: autour de 30 000 francs CFA.

Aujourd’hui, le Burkinabè peut s’offrir un vélo sans trop de difficultés. Le prix du vélo baisse année après années grâce à leur multiplicité. Malgré tout, ce sont les commerçants qui se frottent les mains.


Visite d’un site d’orpaillage: « il y a l’or ici »

Nous sommes à environ 3 km de la ville de Djibo, dans la région du Sahel au Burkina Faso. Cette région est réputée pour ses nombreux sites aurifères. On peut citer facilement Essakane, Enatan qui font l’objet d’une exploitation industrielle.  Mais là où je me rends, c’est plutôt une exploitation artisanale. L’homme essaie par tous les moyens d’extraire le métal jaune. Ici on ne pense pas aux risques. On reste positif, et espère qu’on sortira indemne un jour de son trou, d’une profondeur de plusieurs dizaines de mètre. Et surtout qu’on sortira avec de l’or pour enfin sortir de sa misère séculaire parce qu’on est certain « qu’il y a l’or ici ».

Les femmes aussi sont presents sur le site souvent avec leurs enfants
Les femmes aussi sont presentes sur le site souvent avec leurs enfants

L’entrée

Je suis à l’entrée du site. Ce lieu qui, quelques jours avant, ne recevait presque pas de visite grouille de monde. C’est tout un village qui s’est constitué au versant Est de la colline. La cause, c’est que « l’or y a fait son apparition ». Alors on afflue des quatre coins du pays pour « tenter sa chance », dit-on. Je me rends compte que l’entrée du site c’est plutôt le centre des « affaires ». C’est là que les marchants se sont installés. Celui que je vois le premier, un vendeur d’eau chaude. Oui en cette période où il fait encore froid au Sahel, c’est lui qui offre l’eau chaude à ceux qui sortent des trous. Ils leur donne l’eau mais aussi met à leur disposition des toilettes de fortune. Je continue ma visite et je croise une dame, Alima. A la question de savoir si elle gagne l’or, elle répond : je ne monte pas chercher l’or, je suis là pour vendre mon riz. Et ça marche un peu. Je comprends par-là que son commerce marche très bien. Les commerçants ne disent jamais que tout va bien surtout pas à des inconnus. Peut-être que la mairie entendra ? Son voisin est beaucoup plus coopérant. Salif, une vingtaine d’années, son travail est « simple » : « laver le sable et extraire l’or ». Mais il faut passer par plusieurs étapes.Il essaie de m’expliquer la procédure. Moi je trouve ça long. Étonné de mon ignorance quant à ce travail, Il décide de me faire démonstration. Il saisit alors un des tapis sur lesquels il lavait le sable et il verse la boue dans une eau. Puis dans une autre plus propre visiblement. Avec un plat, il réussit à séparer la boue. Et j’aperçois des débris de couleur jaune. Plus besoin de poser la question, c’est l’or. Mais que pour cette « poussière jaune te rapporte il t’en faut beaucoup » lui dis-je. On me fait signe que ce n’est que le premier tapis. Je comprends que « l’or est là ».

Photo/J.Lompo Les trous, très proches les uns des autres ne resistant pas aux éboulements
Photo/J.Lompo
Les trous, très proches les uns des autres ne resistent pas aux éboulements

Le centre du travail

Je décide alors d’aller à la source de ce métal jaune. C’est là que se fait le travail le plus difficile.  Il faut creuser plusieurs mètres, souvent les trous atteignent une dizaine de mètres. Là je trouve deux jeunes, parmi la masse. Après avoir travaillé pendant plusieurs heures, ils se sont donné une pause. Notre conversation est rythmée par des coups de pioches des trous voisins. A la question de savoir s’il y a l’or. Ils n’hésitent : « il y a l’or ici ». Mais il y a un problème. « Nous avons atteint une roche. C’est après cette roche que l’on trouve l’or. Mais la force humaine dépasse cette roche difficilement. Et le travail n’avance plus », M’ont –ils répondu, fatigués et couverts de poussière. J’ai compris qu’ils veulent utiliser les dynamites pour leur faciliter le travail. Les trous sont proches les uns des autres. L’utilisation de ces dynamites peut provoquer des éboulements et causer des morts. C’est le lieu le plus dangereux du site. On pourrait même tomber dans un trou si on n’y prend garde. Mais c’est là aussi que je vois des enfants aidant leur parents ou faisant du petit commerce ou encore mendiant. Mohamed, une dizaine d’années, vend de la cola. Il a quitté l’école et soutient que c’est mon père lui a obligé. Il faufile entre les trous et fait son commerce sur le site, comme les autres. Non loin de là, une fillette aide sa maman à concasser des morceaux de pierres à la recherche du même métal.

Pour l’instant les autorités n’ont pas permis aux orpailleurs d’utiliser les dynamites à cause de la dangerosité de ces explosifs. Mais ceux-ci vont-ils garder leur mal en patience et ne pas dynamiter la roche ? Rien n’est sûr. Chaque plusieurs personnes meurent dans des éboulements de trous à la recherche de l’or.  Et nombres d’élèves abandonnent les classes pour l’or. Ma visite s’arrête là.

Mais sur le chemin de retour on m’apprend aussi d’autres activités moins officielles se dérouleraient sur le site à la tombée de la nuit. Alors que j’étais en train de tracer ces lignes, on apprend qu’un autre filon a été trouvé. Et là, des explosions de dynamites ont été entendu. Ces sites d’exploitation artisanale sont souvent sources de beaucoup de dangers pour ceux qui y travaillent surtout les enfants. Exploitation, abus sexuels et consommation de drogue sont légion dans ces sites. Mais rien n’arrête un orpailleur pourvu qu’«il y ait de l’or ici».


Mes vœux de 2015: Une autre Afrique

L’Afrique est considérée, à tort, comme le continent de tous les maux. La guerre, la famine, les maladies ont fait parler d’elles plus que ce que le continent noir a de bien. Pour moi, l’Afrique a plus que tout cela. Mon souhait c’est qu’à partir de cette année 2015, l’Afrique commence à manifester ce qu’elle a de meilleur.

Une autre Afrique. C’est mon vœu pour tous les pays du continent noir. Une Afrique dans laquelle les maladies, les conflits ne sont plus le quotidien de ses habitants. Mon vœu pour cette Afrique, c’est de voir Ebola éradiquée. Que tous les pays touchés par cette maladie infernale se voient libérés et soulagés. Que la crainte, l’angoisse et la psychose que cette maladie a semées dans les esprits des populations africaines disparaissent. Je souhaite que les familles endeuillées par cette maladie soient consolées et restaurées.

2015 est une année pleine de defis mais aussi d'espoir
2015 est une année pleine de defis mais aussi d’espoir pour le continent africain

Mon vœu c’est que les dirigeants africains fassent preuve de responsabilité dans la gestion des affaires de leur pays. Qu’enfin ils décident de travailler pour le bien des populations qui les ont portés au pouvoir. Qu’ils aient une considération pour leur peuple outre que celle de « bétail électoral».

Mon vœu, c’est aussi de voir les populations africaines vivre en paix les unes avec les autres au cours de cette année 2015. Que plus jamais elles ne se laissent entrainées dans des conflits politico-ethniques ou religieux. Je voudrais que la République centrafricaine connaisse une paix durable. Que partisans des différents camps posent les armes et construisent ensemble leur pays : la République centrafricaine. Je souhaite que les frères maliens s’entendent une fois pour toutes. Qu’ils trouvent une solution afin que les fils et filles de ce pays vivent ensemble et se regardent comme citoyens d’une même patrie. Je souhaite que les frères sud-soudanais s’entendent et que l’on aide le Nigéria et le Cameroun à trouver une solution face la menace commune : boko haram !

Mon vœu c’est que cette année 2015 voit des élections libres et transparentes au Burkina Faso. Que la transition se fasse dans les conditions dictées par la charte de la transition et que le pays retrouve une nouvelle dynamique de développement. Un développement dans lequel les enfants du pays seront acteurs et non des victimes.

Aussi mon vœu, c’est que les dirigeants africains écoutent la voix de leur peuple. Plusieurs pays organisent des élections en cette année. Les présidents devraient comprendre qu’ils doivent respecter leur Constitution. Ils ne doivent pas attendre que des soulèvements et des pertes en vie humaine pour respecter une Constitution qui leur a permis de venir au pouvoir.

Enfin une je souhaite une bonne et heureuse année à tous mes lecteurs. Ceux qui m’encouragent par des petits commentaires ou par des « j’aime » ou encore par des tweets.

 


2014 dans mon rétroviseur

Beaucoup d’évènements se sont passés  au cours de l’année 2014 au Burkina Faso. Et le pays a même a été à deux doigts du chaos. Quand je regarde dans le rétroviseur, je retiens quelques éléments qui nous ont marqué. De la démission des anciens ténors du CDP à celle du président du Faso, on peut que le pays a été mouvementé surtout sur le plan socio-politique.

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La chute du regime de Blaise Compaoré et la mise en place du gouvernement de transition sont les évèments marquants de 2014 au Burkina Faso

Je me rappelle qu’en début d’année 2014, parlant de la situation socio-politique, un spécialiste du droit constitutionnel affirmait que tout allait se jouer en 2014. Il a effectivement eu raison puisque dès le début de l’année la démission des ténors du Congrès pour la démocratie et le progrès a été un signe. Cet évènement annonçait déjà l’affaiblissement et l’isolement du parti de Blaise Compaoré et surtout la création d’un parti capable de s’opposer au CDP. Roch Marc Christian Kaboré, Salif Diallo Simon Compaoré et les autres quittent le navire CDP et se positionnent aux côtés du Chef de file l’opposition politique.

Toujours sur le plan politique, Zéphirin Diabré et les autres membres de l’opposition politique ont organisé d’importantes marches-meetings contre la mise en place du Sénat et la modification de l’article 37 de la Constitution burkinabè. Le but étant de permettre à Blaise Compaoré de se représenté en 2015. L’opposition politique a organisé de ces marches en vue de manifester son désapprobation quant à la volonté de la majorité de tripatouiller la loi nationale au profit d’un seul individu : Blaise Compaoré. Ces nombreuses manifestations sans de véritables débordements, sont aussi le fruit des efforts du chef de file de l’opposition. Il peut se féliciter d’avoir pu réunir autour de lui toute l’opposition au moins pour dire non à un pouvoir à vie de Blaise Compaoré. Une société civile de plus organisée et déterminée qu’auparavant

L’évènement de l’année est sans doute le soulèvement populaire des 30 et 31 octobre 2014. Alors que le gouvernement a annoncé sa ferme volonté de porter le projet de loi devant l’Assemblée nationale en vue de modifier la Constitution, la population oppose une farouche résistance. Jamais un soulèvement n’avait atteint une telle ampleur. Les manifestants évacuent les députés de l’Assemblée nationale avant de l’incendier. Dans la capitale et plusieurs villes du Burkina, c’est le soulèvement. Les biens des dignitaires du régime sont détruits et le peuple exige tout simplement le départ de Blaise Compaoré du pouvoir. Il résiste mais finit par céder face à la pression populaire. Le lendemain Blaise Compaoré signe sa démission et c’est la débandade dans le camp CDP et alliés. Après de multiples négociations un gouvernement est mis en place pour assurer la transition et organiser les élections de 2015.

Le 13 décembre 2014. Le peuple burkinabè commémorait pour la première l’assassinat du journaliste Norbert Zongo, sans le régime mis en accusation. Et pour la première fois des membres du gouvernement se joints aux manifestants pour demander vérité et Justice pour Norbert Zongo, ses trois compagnons mais aussi pour d’autres crimes. L’espoir d’avoir justice pour les différents crimes renait avec la chute du régime. Une nouvelle perspective s’ouvre pour le pays au cours de l’année 2014, mais de nombreux défis restent à relever.


Burkina Faso: le parti de Blaise Compaoré suspendu !

Le gouvernement de transition a suspendu le Congrès pour la démocratie et le Progrès (CDP). C’est le parti du president, de l’ancien président du Faso, Blaise Compaoré. Son allié l’ADF/RDA a subit la même sanction.  

Photo lefaso.net Les CDP, l’ADF/RDA et la FEDAP-BC sont suspendus

Le gouvernement, par la voix du Ministère de l’administration territoriale, de la décentralisation et de la sécurité, a annoncé la suspension du parti de l’ancien président Blaise Compaoré. Le Congrès pour la Démocratie et le Progrès (CDP) a été suspendu ainsi que son ex puissant allié, l’Alliance pour la démocratie et la fédération, Rassemblement démocratique Africain (ADF/RDA). L’ADF/ RDA avec à sa tête Me Gibert Noel Ouédraogo avait fortement soutenu le projet de révision de l’article 37 de la Constitution pour permettre à Blaise Compaoré de se représenter en 2015. Le Ministère de l’Administration territoriale, de la décentralisation et de la sécurité (MATDS) soutient que ces structures se sont rendues « coupables d’activités incompatibles avec les textes et lois en vigueur dans notre pays ». Pour le MADTS, ces formations politiques se sont livrées à des activités de tous ordres alors que la nation est encore en train de panser ses plaies et de pleurer ses martyrs. Cette suspension s’appuie sur l’article 30 de la loi portant charte des partis et formations politiques au Burkina Faso :

« En cas de violation des lois et règlements de la république par un parti ou une formation politique et en cas d’urgence ou de trouble de l’ordre public, le Ministre chargé des libertés publiques peut prendre un arrêté de suspension de toutes activités du parti concerné et ordonner la fermeture de son siège », Article 30 de la LOI N° 032-2001/AN PORTANT CHARTE DES PARTIS ET FORMATIONS POLITIQUES AU BURKINA-FASO.

Une troisième structure proche de l’ex-président du Faso a été également suspendue. C’est la Fédération associative pour la paix et le progrès avec Blaise Compaoré, FEDAP-BC. Cette association, créée depuis 1992, s’est surtout préoccupée du maintien de Blaise Compaoré que de la paix sociale. Alors que la paix était menacée par la modification de l’article 37 et le maintien de Blaise Compaoré au pouvoir, les membres de l’association ont plutôt soutenu la modification. Les responsables des formations peuvent encore contester cette décision. Ils pourront, s’ils le désirent, saisir le tribunal administratif dans un délai de 60 jours après notification de la suspension. Mais cette sanction va certainement sentir comme une massue sur la tête de ces formations et partis politiques. Alors que tous les partis s’apprêtent pour les batailles électorales de 2015, l’ex-parti au pouvoir, de Blaise Compaoré, vient d’essuyer une nouvelle défaite, après celle du 30 octobre 2014. Selon certains observateurs, on parlait déjà de nouvelles stratégies, de restructuration, pour relever la tête de l’ancien « méga parti », comme ils aimaient l’appeler. Cette suspension va finir de convaincre certains militants qui n’ont peut-être pas encore « sali leurs noms » de mettre les voiles. Alors que c’est justement sur ces derniers que reposait l’espoir du parti. Il faudra donc s’attendre, dans les semaines ou mois à venir, la création de partis issus de l’ancienne majorité. A bien regarder, ce qui restait c’était surtout la FEDABC. Ce qui rendait fort ce parti, c’était Blaise Compaoré. Et ce qui les unissait, Blaise Compaoré. Blaise Compaoré : c’est ce qu’ils avaient en commun. Maintenant, les brebis vont-elles survivent après la fuite du berger ? L’avenir nous le dira. .


Le Burkina Faso rend hommage aux héros de la révolution !

Les autorités de la transition ont organisé une cérémonie d’hommage national à tous les fils et filles tombés les armes à la main lors de la révolution du 30 octobre 2014. Cette commémoration s’est tenu à la place de la nation, rebaptisée « Place de la révolution ».

Ambiance de tristesse, de deuil à la Place de la révolution à Ouagadougou. L’émotion a atteint son comble lorsque la veuve d’un des martyrs a intervenu. C’est donc ce mardi 02 décembre 2014 que le pays tout entier rend hommage à tous les enfants du pays tombés sous les feux alors qu’ils luttaient pour sauver le pays de la patrimonialisation du pouvoir de Blaise Compaoré.  Ces hommes et ces femmes sont élevés au rang de héros de la révolution par les autorités de la transition. Au-delà des parents, des amis des défunts, c’est tout le peuple burkinabè qui a rendu un hommage mérité à tous ses enfants qui ont bravé la forfaiture d’un régime à savoir celui de l’ancien président Blaise Compaoré. Ils ont affronté les forces armées à mains à nues pour éviter le pouvoir à vie de Blaise Compaoré. Voici les dernières paroles de l’une des victimes, une jeune fille :

« Maman, tu vois ma respiration ne descend plus. Je suis en train de mourir. Mon seigneur Jésus, sauve- moi.  Maman marie sauve-moi. Dieu est grand priez pour moi ».

Les responsables religieux ont tour à tour intervenu pour consoler les familles et le peuple tout entier, et surtout pour que ces les intérêts égoïstes ne plongent plus jamais le pays dans une telle situation.

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Le monument aux héros nationaux portera désormais le nom de Panthéon des martyrs de la revolution

Les corps de six héros de la révolution ont, par la suite,  été inhumés au cimetière municipal de Gounghin dans la ville de Ouagadougou. Ils ont été élevés au rang de héros de la révolution par les autorités de la transition. Désormais le monument aux héros nationaux, portera le nom de Panthéon des martyrs de la révolution en mémoire de tous ceux qui sont tombés ce jour-là. C’est là qu’ils y reposeront de façon symbolique.

L’insurrection populaire des 30 et 31 octobre a coûté, au total, la vie de 24 personnes et plus de 600 blessés.


Burkina Faso: Et si les militaires avaient volé la révolution du peuple?

Le 30 octobre 2014, le peuple burkinabè s’est levé comme un seul homme pour dire non à un pouvoir à vie du président Compaoré. Non à une patrimonialisation du pouvoir. Mais après différentes tractations, l’armée semble profiter le plus de cette révolution.

Les president de transition, Michel Kafando, en compagnie des représentants de l'armée
Le président de transition, Michel Kafando, en compagnie des représentants de l’armée

Dans les tractations qui ont suivi la démission du président Blaise Compaoré, c’est le lieutenant-colonel Isaac Zida qui a assuré la fonction de chef de l’Etat pendant deux semaines. Les différentes négociations ont permis par la suite la signature d’une charte qui prévoit que le président de la transition doit être un civil. Ce qui est fait. Le civil, c’est Michel Kafando qui a eu la confiance du conseil de désignation. Il faut noter que Michel Kafando est le candidat de l’armée. Il a été proposé par l’armée pour assurer les fonctions de président de transition d’une durée de 12 mois. Et le président de transition a nommé, sans surprise, l’ancien chef de l’Etat le lieutenant-colonel Zida, comme premier ministre.

Le tandem Zida-Kafando

Ce qui  me fait dire qu’en fait, c’est l’armée qui sort gagnante d’une révolution qu’elle n’a pas initiée. Certes la présence de cette armée est nécessaire pour le maintien de l’ordre pendant la transition et donne une force militaire à la transition. Mais elle inquiète beaucoup. Surtout que parmi les six présidents qui ont dirigé le pays depuis les indépendances, seul le premier, Maurice Yaméogo était un civil. Il a d’ailleurs été renversé par une révolution populaire en 1966. Et depuis, ce sont des militaires qui se succèdent au pouvoir.

Jusque-là, le lieutenant-colonel a rempli son rôle avec satisfaction et reconnaissance du peuple burkinabè. Il aurait pu se retirer tranquillement mais il a préféré poursuivre la gestion de la transition, comme premier ministre de celui que lui et ses frères d’arme ont proposé comme président. Est-ce une passation à la Poutine-Medvedev ? S’interrogent certains citoyens burkinabè et observateurs de la révolution populaire d’octobre dernier. Et si le vrai président, c’était toujours le Lieutenant-colonel Isaac Zida ? Dans tous les cas l’un et l’autre ont annoncé des mesures populistes. Le président s’est engagé lutter contre les maux tels que la corruption, la gabegie, le népotisme qui minent le pays. Il promet régler les comptes à tous ceux qui pensent qu’ils peuvent piller l’Etat sans crainte. Zida de son côté avait déjà mis fin aux fonctions de directeurs en mettant l’un aux arrêts.

Un gouvernement à forte présence militaire

Dans le nouveau gouvernement aussi les bérets rouges sont légion. Le premier ministre Yacouba Isaac Zida s’est emparé du ministère de la sécurité alors que son « bras droit » depuis les évènements du 30 octobre 2014, Auguste Dénise Barry, dirige le ministère de la sécurité et de l’administration territoriale. Il avait déjà occupé ce poste avant la crise mutinerie de 2011. C’est un autre bidasse qui est au ministère des mines et carrières, un secteur florissant au Burkina Faso depuis plusieurs années. Et c’est le colonel Boubacar Ba qui a la charge de ce ministère. Le ministère des sports de ce gouvernement ne rompt pas avec la tradition de Blaise Compaoré. Il est confié à un militaire à savoir le colonel David Kabré qui remplace le colonel Yacouba Ouédraogo à la gestion des sports au Burkina Faso.

Il me parait donc évident que l’armée sortira encore gagnante surtout si la transition se passe comme prévue par la charte.  Le tandem Kafando – Zida peut donc renter dans l’histoire de cette révolution. Et le colonel pourrait revenir comme candidat un jour. Candidat à la ATT, au Mali.


Au Burkina, l’on s’apprête à l’identification du corps de Thomas Sankara

Le président de la transition au Burkina Faso, Michel Kafando, s’est engagé à travailler pour libérer le pays des fléaux qui le minent depuis des décennies. Lors  de la cérémonie officielle de passation de charges, il a clairement exprimé sa volonté de faire la lumière sur l’assassinat de Thomas Sankara.

Le président de transition, Michel Kafando, veut lutter contre les maux qui minent le Pays des hommes intègres. Et pour cela il a pris des décisions très fortes notamment la poursuite des enquêtes pour l’identification du corps de Thomas Sankara. C’est la décision ou l’une des décisions principales, que je retiens de son discours de passation de charges. Elle a d’ailleurs été fortement applaudie par l’assistance. «J’ai aussi décidé que les investigations pour identifier le corps de Thomas Sankara ne seront plus assujetties à une décision de justice, mais seront du ressort du gouvernement et d’ores et déjà, aujourd’hui même, à cet instant même, l’autorisation est accordée », a soutenu le président Kafando.

Le processus d’identification du corps du leader de la révolution d’août 1983 peine à démarrer à cause d’une décision de justice. En avril dernier le tribunal de grande instance de Ouagadougou s’était déclaré incompétent sur la demande d’exhumation du corps de Thomas Sankara. Cette décision avait provoqué une vive colère de la famille et des partisans du leader de la révolution d’août 1983.

Aujourd’hui, l’espoir de voir la lumière sur cette affaire renaît pour la famille de « Thom Sank » et pour tous ceux qui attendent que justice soit faite sur cet assassinat. Sur cette affaire, le Comité des droits de l’homme de l’ONU avait demandé, entre autres, à l’Etat burkinabè, de clarifier l’assassinat de Thomas Sankara, de prouver le lieu où il a été enterré et de dédommager sa famille. Mais cela n’a jamais été fait. La question inquiétait certainement le régime de Compaoré. Sinon pourquoi n’a-t-elle pas été exécutée ?

Cette mesure n’est pas la seule annonce de cette soirée historique. Le président Michel Kafando s’est aussi engagé à rompre d’avec les maux de l’ancien régime. «  Plus jamais d’injustice, plus jamais de gabegie, plus jamais de corruption ». « La morale » sera « à la première place dans l’exercice du pouvoir politique », a-t-il ajouté.

Ce que le peuple attend maintenant, ce sont les actes. Le président Kafando a fait ces déclarations sachant qu’il a seulement un an pour les réaliser. Autant dire que les 12 prochains ne seront pas de tout repos pour celui qui avait déjà pris sa retraite. Il doit non seulement se donner les moyens de réaliser ces promesses, mais aussi et surtout conduire le pays à des élections libres, équitables et transparentes. Mais une chose me paraît évidente : en une année, quelle que soit sa volonté, sa tâche sera rude après les dégâts causés sous l’ère Compaoré l. Les Bburkinabè doivent surtout se préparer à élire un président qui puisse répondre à leurs aspirations profondes.


Smockey: De l’artiste engagé au héro de la révolution burkinabè

Il est l’un des responsables du « balai citoyen », un des mouvements de la société civile ayant milité contre la mise en place du Sénat au Burkina et la modification de l’article 37 de la Constitution burkinabè. Smockey a été un acteur également dans la révolution burkinabè qui a conduit au départ de l’ancien président, Blaise Compaoré.

Je le savais déjà rappeur engagé. Il est même l’un des précurseurs de la musique Hip-hop au Pays des hommes intègres. Lui, c’est Smockey, Serge Bambara, à l’état civil. Mais ces dernières années, j’ai découvert que son engagement est allé au-delà des studios de production et des salles de concert. Smockey n’a pas hésité à rendre hommage au capitaine Thomas Sankara, en présidence de Blaise Compoaré et son épouse. C’était, lors de la remise de son trophée de meilleur rappeur africain aux koras 2010. Obligeant ainsi le couple présidentiel à applaudir le capitaine. Ses morceaux, « A qui profite le crime » ou « Votez pour moi », pour ne citer que ceux-ci, démontrent que ce rappeur n’a pas sa langue dans sa poche. Il critique les hommes politiques et son engagement, sans faille pour la promotion de la liberté et de la démocratie dans son pays, se ressent dans presque tous ses chants. En 2005 son titre « Votez pour moi » a connu un succès alors que le pays entrait dans une campagne présidentielle. Par ce titre il critique le mépris des hommes politiques vis-à-vis des populations qui les portent au pouvoir. En 2010 alors le pays célèbre le cinquantenaire de son indépendance, le propriétaire du studio Abazon chante « 50 ans 2 dépendance » pour dénoncer 50 ans d’incompétence sans autre conséquences des dirigeants africains. Et Son titre, « à qui profite le crime », parlant de l’assassinat de Thomas Sankara, a fini de convaincre ceux qui doutaient encore de son engagement. Aux côtés de son ami Didier Awadi, Smockey a chanté entre autres « Les misérables », le « Capitaine Thomas Sankara ».

Crédit photo : Yanick Létourneau  Le rappeur Smockey sur la tome du capitaine Thomas Sankara
Crédit photo : Yanick Létourneau
Le rappeur Smockey sur la tome du capitaine Thomas Sankara

L’engagement du rappeur ne s’est pas limité au chant. L’homme s’est impliqué physiquement dans la lutte, au côté du peuple burkinabè, contre une présidence à vie du « Blaiso ».

Avant la date du 30 octobre 2014, il s’est lui-même impliqué dans différentes actions visant à sensibiliser et la conscientiser la population notamment la frange jeune. Avec Sam’K le Jah et bien d’autres ils ont créé le mouvement « Le balai citoyen ». Sous la bannière de ce mouvement ils ont parcouru plusieurs villes du Burkina Faso pour alerter le peuple sur les velléités du pouvoir en place de rester en vie. Mais engagement de l’artiste n’a pas plu à tous, comme lui-même se souvient : « Je me rappelle en 2011, lors d’une manifestation, lorsque j’étais avec ma pancarte sur laquelle était écrit « Blaise Dégage », on m’a traité de tous les noms d’oiseau. Il se disait que comment un artiste peut se permettre de tenir de tels propos. Un journal a même titré : « Smockey, artiste engagé aux vulgaires hypocrites ».

Aujourd’hui, il est l’un des héros de la révolution burkinabè. Des millions de Burkinabè se sont battus contre un régime à vie du président Blaise Compaoré pour ouvrir une nouvelle ère démocratique au Faso. Il peut se féliciter d’avoir contribué à cette lutte historique du peuple burkinabè.


Burkina : Compaoré a manqué le rendez-vous avec l’histoire

Dans un communiqué lapidaire, le gouvernement a annoncé, le 21 octobre, que le projet de loi « portant révision de la Constitution sera soumis à l’Assemblée nationale, en vue de la convocation du référendum ». Une révision qui permettra à Blaise Compaoré de se représenter à l’élection de 2015.
Ainsi le président du Faso, Blaise Compaoré, a fini par afficher clairement ses intentions. On le savait hésitant ou très prudent sur cette question de référendum, mais cette semaine il a été on ne peut plus clair sur le sujet. Il avait longtemps laissé les autres parler à sa place. On nourrissait donc le secret espoir de voir la raison ou l’intérêt général l’emporter. Mais non, cela n’a pas été le cas. Ce mardi 21 octobre le président a convoqué un Conseil des ministres extraordinaire à l’issue duquel il ressort que le projet de convocation d’un référendum en vue modifier l’article 37 de la Constitution sera porté à l’Assemblée. C’est cet article qui porte limitation du mandat présidentiel à 2, soit 10 ans au plus.

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Blaise Compaoré est à la tête du Burkina Faso depuis 1987.

Blaise Compaoré est au pouvoir depuis 27 ans et devrait terminer son mandat en novembre 2015. Il a choisi d’entrer dans l’histoire autrement, alors que le pays allait gravir un autre pan démocratique et stable. Depuis plusieurs mois le parti au pouvoir, le Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP) militait pour sauter le verrou du mandat présidentiel alors que l’opposition et une partie de la population marchaient contre cette initiative qu’ils jugent antidémocratique. Cette annonce pénètre comme un couteau dans le cœur de ceux qui espéraient une alternance en 2015 et voir le pays se renforcer en matière de démocratie. Le Blaiso n’a pas fini ses chantiers, comme le disait l’autre. Comment un président peut-il achever tous les projets pour un pays ? L’administration n’est-elle pas une continuité ? Quelle leçon Blaise Compaoré peut-il encore donner aux autres présidents, lui qui est l’un des doyens des chefs d’Etat africains ?

Un maigre espoir

Tous les yeux se tournent donc vers l’Assemblée nationale. Les députés devraient voter dans les jours ou les semaines à venir « pour » ou « contre » ce projet de modification. Si le « pour » remporte au ¾, les partisans de la modification de l’article 37 n’auront même pas besoin d’aller au référendum. Si c’est seulement la majorité, alors le peuple sera consulté à travers un référendum. Mais dans une Assemblée nationale où le parti présidentiel et ses alliés ont déjà la majorité, il ne serait pas étonnant que le « pour » l’emporte. Le CDP dispose de 70 députés à l’Assemblée sur 127. Si l’Alliance pour la démocratie et la fédération Rassemblement démocratique africain (ADF-RDA), qui a 18 députes, se joint au CDP, ce qui est fort probable, alors le « pour » remportera au ¾. Et l’on n’ira même pas au référendum. Dans cette situation, c’est l’ADF/RDA qui peut encore fait durer le suspense. Ce qui est évident, c’est que Blaise Compaoré ne s’engage pas une dans bataille d’où il sortira perdant.

La suite ?

Le parti au pouvoir et ses partisans se sont réjouis de cette décision : « Que ce soit le conseil national du CDP, que ce soit également au niveau du groupe parlementaire, l’appel des 81 députés, nous sommes satisfaits parce que le gouvernement a répondu à l’ensemble de ces sollicitations en prenant la décision d’introduire au niveau de l’assemblée un projet pour aller au référendum afin de départager les Burkinabè sur des questions politiques d’importance », a déclaré Assimi Kouanda, secrétaire exécutif national du Congrès pour la démocratie et le progrès.

De son côté le chef de file de l’opposition, assure que la lutte va se poursuivre contre la modification de ce fameux article 37 de la Constitution burkinabè. « En tant qu’opposition, nous restons sur la position que nous avons toujours défendue, à savoir que c’est un référendum inutile et inapproprié dans le contexte actuel de la vie de notre pays. Par conséquent, nous allons nous organiser pour le mettre en échec », assure Zéphirin Diabré.

Dans le même temps, une dizaine d’organisations de la société civile appelle, à une « grève de zèle ». Elles invitent les populations à refuser de participer à des célébrations officielles, et appellent au boycott des structures qui soutiennent ce « pouvoir à la légitimité finissante ».

Les jours à venir seront donc décisifs, mais une fois de plus peuple burkinabè doit éviter tout dérapage vers une escalade de violence. Et choisir les moyens légaux de lutte.


Thomas Sankara : les tops et les flops de sa révolution

En ce 15 octobre, beaucoup de Burkinabè pensent à l’assassinat du leader de la révolution burkinabè, le président Thomas Sankara. Une mort qui marquait également la fin de « sa révolution». Vingt-sept ans après, les Burkinabè reconnaissent que le pays a connu un grand bond en avant durant la période révolutionnaire, 1983-1987, mais ils admettent aussi que cette période a eu ses limites. On ne peut épuiser l’œuvre de l’homme en un billet, mais je propose donc ici les tops et les flops de cette révolution.

1. Assainissement des finances publiques
L’une des premières mesures entreprises par Thomas Sankara, était de réduire le train de vie du gouvernement. Il baisse donc son propre salaire, celui des ministres et réduit leurs avantages. Les ministres sont obligés de prendre la classe affaires lors de leur voyage par avion. Selon Thom Sank, les passagers des deux classes atterrissent en même temps. Donc il n’y a de raisons de dilapider l’argent du contribuable pour avoir seulement des commodités en plus. Les dépenses inutiles dans les différents ministères sont proscrites. Les finances publiques sont assainies et des dispositions sont mises en place pour éviter les malversations. Les fonctionnaires sont tenus d’être à l’heure dans leur lieu de travail sous peine de tomber sous sanction. Les fonctionnaires « pourris » sont punis.

2. Réhabilitation de la fierté nationale
Une année après sa prise de pouvoir, Thomas Sankara change le nom du pays. A la place de l’appellation, « Haute-Volta », plate et insensée et pour beaucoup et léguée par la colonisation, il donne le nom de Burkina Faso qui signifie « Pays des hommes intègres ». Ses habitants s’appellent désormais des Burkinabè (ce mot est invariable, il n’est soumis à aucune règle de la grammaire française). Il redonne au peuple sa dignité, son identité culturelle et enclenche du même coup un regain d’amour des habitants pour leur nation. « La patrie ou la mort, nous vaincrons » devient la devise du pays. Le « consommons burkinabè » prend alors tout son sens. Il valorise la production locale et appelle le peuple à consommer ce qu’il produit, à produire ce qu’il consomme. Cela va des produits alimentaires aux vêtements avec le port obligatoire du Faso Dan Fani. Le peuple est appelé à prendre une part active dans la construction du pays. Ainsi de grands travaux tels que la construction de barrages, des routes, des écoles sont réalisés. La bataille du rail qui a permis la prolongation du chemin de fer en est aussi un exemple.

3. Un dynamisme de développement jamais égalé
En quatre ans de révolution, le Burkina Faso a connu une véritable avancée en matière de développement avec la contribution des populations. « Notre révolution signifie aussi donner à boire aux populations. Pour cela, nous avons réalisé des forages. Nous avons réalisé des barrages avec la contribution des populations », disait le camarade. De grands travaux ont été aussi lancés dans les tous les domaines. Il fallait loger, soigner, nourrir et éduquer le peuple. Dans le secteur de la santé, le gouvernement révolutionnaire a rapproché les centres de santé des populations. A une époque où les maladies tuaient de plus en plus en Afrique, Thomas Sankara met en place une opération dénommée « vaccination commando ». Plus de deux millions de Burkinabè sont vaccinés en une semaine contre la rougeole, la poliomyélite et la méningite.  L’OMS félicite le capitaine pour ce succès. Les réformes agraires entreprises permettent au pays d’atteindre l’autosuffisance alimentaire en quatre ans. Par des actes concrets, Thomas Sankara a montré que la pauvreté n’était pas une fatalité en Afrique. Il a été le premier président à sensibiliser ses concitoyens aux problèmes de la désertification : plusieurs millions d’arbres sont plantés pour stopper le désert.

4. La place de la femme
Thomas Sankara s’est illustré en œuvrant pour l’émancipation de la femme à travers une lutte contre les facteurs socioculturels ((mariage forcé, excision) qui limitaient l’épanouissement et la participation à la marche du pays. Ainsi les femmes accèdent à de véritables postes de responsabilité et mènent des activités qui autrefois étaient réservées aux hommes. On les voit aussi bien dans la formation militaire que dans le gouvernement. Thomas Sank invite même les hommes à faire le marché pour leurs épouses à l’occasion de la célébration de la journée internationale de la femme. Les femmes reprennent alors confiance et apportent leur part dans les grandes réalisations  du gouvernement révolutionnaire.

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Photo www.paixetdeveloppement.net Thomas Sankara, l’homme qui avait une vision meilleure pour le Burkina et l’Afrique.

5. Une force anti-impérialiste
L’une des caractéristiques fortes de la révolution sankariste est bien sa lutte anti-impérialiste. La capitaine n’allait pas avec le dos de la cuillère pour brocarder l’impérialisme. A une époque où les « pères de la nation » cherchaient des relations privilégiées avec l’ex-colonisateur, même au détriment de leurs peuples, Thomas Sankara n’hésitait à critiquer publiquement les stratégies des Occidentaux qui visent à maintenir l’Afrique dans une mendicité perpétuelle. « Nous encourageons l’aide qui nous aide à nous passer de l’aide, mais pas une politique d’assistance », a déclaré le camarade. Il s’insurge contre le gouvernement apartheid d’Afrique du Sud et milite pour que l’Afrique ne paye pas la dette contractée depuis des années. Cette lutte anti-impérialiste a causé son isolement et multiplié les « ennemis ».

6. Les Comités de défense de la révolution (CDR) :
L’instauration des Comités de défense de la révolution avait un objectif noble, ais dans la mise en œuvre les CDR n’ont pas pu jouer leur rôle de défense la révolution. Beaucoup de jeunes étaient attirés par le port de l’arme, mais n’avait pas assimilé l’idéologie révolutionnaire. C’est pourquoi certains se sont livrés à des comportements qui ne répondaient pas à l’idéal sankariste. Armés de Kalachnikov, ils ont abusé de leur pouvoir et se sont fait détester par une partie de la population. Ce sont eux qu’on appelait les CDR « brouettes ». Thomas Sankara a essayé de recadrer les choses en initiant la formation idéologique.

7. Les tribunaux populaires révolutionnaires
Les tribunaux populaires révolutionnaires sont institués dès 1983. Les TPR, comme on les appelait avaient pour objectif de juger les « ennemis de la nation.». C’est le cas des membres des gouvernements précédents accusés de détournement d’argent et de corruption. Les accusés doivent se justifier en public, à la radio et à la télévision. Les peines sont minimes, mais il n’était pas possible de se faire assister par un avocat. La condamnation pour les fonctionnaires allait de la suspension à la radiation. Cette justice permettait de lutter contre la corruption, mais beaucoup d’innocents sont passés par là. Toute personne qui n’était pas pour l’idéologie révolutionnaire pouvait être taxée de réactionnaire ou de contre- révolutionnaire.


Politique burkinabè : des chiens ravalent leur vomissure

Il y a des hommes politiques qui militent dans des partis pour leurs idéaux. Il y en a aussi pour qui la satisfaction des besoins du ventre prime sur toute autre chose et ceux-ci vont de parti afin de s’enrichir.

Quand la politique du ventre prend le dessus, l’intérêt général est refoulé au second plan. C’est ce que je constate aujourd’hui quand je regarde certains militants de partis politiques. Ils passent de parti en partis à la recherche de meilleures positions pour se remplir les poches.. C’est ce que l’on appelle le « nomadisme politique » au Pays des hommes intègres. Ce phénomène est devenu monnaie courante au Burkina Faso depuis plusieurs années. Son expression récente est celle des démissionnaires du Mouvement du peuple pour le progrès (MPP). Après avoir quitté le parti au pouvoir, le Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP) en les traitant de tous les noms d’oiseaux, ils y reviennent seulement quelques mois après. Les déclarations de Bakary Traoré, si elles sont vraies, donnent les véritables motivations des démissions.

Mais ils ne sont pas les premiers ni les derniers à agir ainsi. L’afflux de certains militants vers le MPP prédisait déjà cela. D’ailleurs la plupart des leaders de ce parti ont quitté le CDP parce qu’ils sentaient qu’ils ne seraient pas positionnés pour 2015. La ruée vers le MPP n’était donc pas seulement motivée par une envie de changer les choses au profit du peuple burkinabè. Pour certains, il était surtout question d’occuper rapidement des postes juteux. C’est pourquoi les frustrés, les rejetés et les oubliés de beaucoup d’autres partis, qui étaient « politiquement morts », ont vu dans ce nouveau parti politique une occasion de revenir aux affaires.

Mettre les intérêts personnels et égoïstes au-dessus de l’intérêt du peuple. C’est là tout le problème de la politique burkinabè. Aujourd’hui tout homme politique averti sait que rien n’est plus important pour le pays qu’une transition politique apaisée sans besoin de modifier quoi que ce soit. Mais comme il y a longtemps qu’ils « mangent » dans ce système, alors ils n’ont pas intérêt à ce qu’il y ait changement. Ils ne sont pas sûrs d’avoir une position privilégiée avec un autre. Donc ils se battent comme ils peuvent souvent avec des arguments ridicules, pour que l’actuel reste, pas pour le bien du pays, mais pour son propre bien. Le PF a « des chantiers à terminer », comme si l’administration publique n’était pas une continuité.

Mais la vie d’un pays ne peut se résumer aux intérêts égoïstes d’une seule personne ou d’un clan. La construction d’un pays est l’œuvre de tous les habitants et s’étale sur une durée plus longue que celle de la vie d’un individu.

Cette transhumance politique, constatée depuis plusieurs années au Faso, nous montre qu’au fond, les gens n’ont aucun d’attachement à leur parti politique. Ce qui leur importe, c’est leur « ventre ».


Burkina : Djibo sous contrôle de manifestants

La ville de Djibo située à dans la région du Sahel du Burkina Faso est en proie à une manifestation depuis le lundi 1er septembre 2014. Les protestataires réclament le bitumage de la route qui relie cette ville à la capitale, Ouagadougou.

Jamais manifestation n’a été aussi partagée par la population d’une localité. Djibo est située à plus de 200 km de la capitale, Ouagadougou, dans la région du Sahel. Cette localité est difficilement accessible à cause de l’état défectueux de la route. Lassés des promesses non tenues des gouvernants et hommes politiques, les jeunes ont pris les devants pour manifester. Ils exigent le bitumage du tronçon Kongoussi-Djibo. Ils estiment qu’ils ont été victimes de multiples promesses non tenues de la part des dirigeants. Maintenant, ils veulent que des actions concrètes soient prises pour bitumer cette voie. Les manifestants ont commencé depuis lundi dernier par un sit-in devant le Haut-commissariat de la province du Soum, avant de se positionner à l’entrée de Djibo sur la route menant à Ouaga en passant par Kongoussi. Depuis Mardi, impossible de rentrer à véhicule à Djibo ou d’en sortir. Sauf les ambulances et les fonds peuvent passer. Mercredi 3 septembre, la route menant à Dori, la capitale de la région du Sahel a été aussi bloquée. Les commerces aussi ont été fermés.

De nombreux cars et camions sont empêchés de rentrer à Djibo
De nombreux cars et camions sont empêchés de rentrer à Djibo

Les manifestants attendent justement l’arrivée du gouverneur de la région pour en discuter. Le Haut-commissaire et le maire n’ayant pas réussi à les convaincre  de lever l’ancre.

Ce sont de nombreux manifestants, soutenus  par la population, qui ont bloqué la route de Ouagadougou. Ils ont installé des tentes et beaucoup ont passé la nuit sur la route. Ils ont reçu des sacs de riz, du sucre, de l’eau et du thé de la part de certains habitants de la ville de Djibo. Alors que les discours de Thomas Sankara passent en boucle sur le site, les contestataires attendent sous les tentes ou les arbres.

La localité est riche aussi bien en sites miniers qu’en bétail. Chaque semaine ce sont des dizaines de camions qui viennent des différentes localités du pays et des pays voisins pour le marché de bétail de Djibo, l’un des plus grands du pays. A chaque campagne électorale, la population n’a reçu que des promesses et cela depuis plusieurs années. Malgré la déception, la manifestation est pacifique et aucun affrontement n’a été constaté pour le moment.

Depuis quelques temps les populations n’hésitent pas à manifester pour dire leur besoin de bitumage des voies de circulation. Une attitude qui n’est pas sans conséquence pour les usagers de la route. Ils voient leurs affaires ralenties ou leurs activités entravées.


Mandé ou l’engagement pour le bonheur d’enfants réfugiés

Il est l’un des animateurs les plus connus au camp de réfugiés de Mentao, à Djibo (Burkina Faso). Il s’appelle Mandé. Son engagement pour la cause des enfants l’a conduit à s’investir dans l’humanitaire en collaborant avec une ONG internationale. Mais bien avant, artiste en herbe, Mandé oeuvrait déjà à l’épanouissement des enfants à travers ses chansons.

Il est jeune, pas plus de la vingtaine. Son sourire lumineux est symbole d’un espoir pour tout le continent africain. Passionné de musique, Mandé est aussi animateur dans un camp de réfugiés à Mentao. Rien ne vaut le sourire d’un enfant pour ce talentueux artiste qui chaque jour organise des animations au profit des enfants réfugiés maliens. Sa seule préoccupation : leur redonner de la joie. Djimbé, guitare et chants retentissent dans  » l’Espace amis des enfants », un espace créé pour l’épanouissement des petits à travers différents jeux de sensibilisation. Mandé leur apprend, avec calme et douceur, à jouer à différents instruments de musique et à chanter. Il confie que : « Ce n’est pas si facile que ça, mais il faut savoir s’y prendre seulement », ajoute-t-il en connaisseur.

Cela fait maintenant un peu plus de deux ans que ce jeune homme travaille avec les enfants réfugiés de plusieurs ethnies (Arabes, Sonrai, Bella, Touareg). Et l’important c’est qu’aujourd’hui, tous ces enfants arrivent à s’amuser ensemble, ce qui n’était pas le cas au début. C’est donc un point de gagné pour Mandé  » celui aime amuser les enfants « . A leur contact il a même appris le tamachek, langue dans laquelle il fredonne quelques titres.

Outre ces deux activités principales, animation et musique, Mandé exerce un autre métier qui lui permet d’avoir quelques revenus dans les camps de réfugiés. Il fait de la sérigraphie. En situation d’urgence, les ONG qui œuvrent au profit des réfugiés ont souvent envie d’être visibles. Alors Mandé leur offre ses services, soit pour établir des logos sur des réalisations, soit pour faire de banderoles à l’occasion d’évènements sur les camps ou dans la ville de Djibo. « Juste un peu d’argent pour subvenir à mes petits besoins », répond-il modeste quand on lui demande combien il gagne dans cette affaire.

Son amour de la musique l’a même amené à installer un studio. Entre camp de réfugiés et studio de musique, Mandé essaie de contribuer à l’épanouissement des enfants tout en vivant sa passion : la musique.


Explosion à Ouagadougou: On a craint l’acte terroriste!

Une forte explosion  a eu lieu à Ouagadougou le 15 juilletaux environs dans la soirée aux environs de 18 heures. Une explosion a causé au moins 5 morts, plusieurs blessés et de nombreux dégâts matériels engendrant du même coupe diverses allégations sur son origine.

Photo/ Yemp Ouoba
L’explosion a soufflé des maisons sur un rayon de 100 mètres

La déflagration qui a eu lieu dans le quartier Larlé de Ouagadougou a donné lieu à de nombreuses thèses sur son origine. Dans une ville qui fait déjà face à une atmosphère sociopolitique un peu tendue, les gens se sont laissé aller dans leur imagination. Surtout que les enquêteurs avaient déclaré ne pas connaître l’origine exacte de l’explosion et n’écarter aucune piste dans leur enquête.

Alors dame rumeur, comme à son habitude, n’as pas attendu le début de l’enquête. L’explosion a eu lieu non du domicile d’un dissident du parti au pouvoir et membre du MPP, le Mouvement du peuple pour le progrès. Cela a suffi à certains de conclure qu’il pourrait s’agir d’un acte visant à éliminer le dignitaire coutumier. Conclusion hâtive. Les militants de son parti ont meme monté la garde devant sa cour.

L’autre piste qui a traversé l’esprit de plus d’un à Ouagadougou, c’est la piste terroriste. Avec la situation sous régionale et tout ce qui se passe comme acte terroriste, certains habitants de la capitale burkinabè ont cru que cette explosion était un attentat terroriste. L’on se demandait si des terroristes n’avaient décidé de frapper surtout que des rebelles maliens ont séjourné dans la capitale notamment dans le cadre du dialogue entre le gouvernement malien et les groupes rebelles du Nord.

Les thèses et hypothèses fusaient donc un peu partout jusqu’à ce que les enquêteurs écartent totalement ces deux pistes grâce à leurs premiers résultats. « Les informations recueillies au cours de l’enquête ont révélé l’existence d’un lieu de stockage de produits ou matières destinées à l’usage des carrières et mines et recherchés par les orpailleurs. Ces informations ont initialement permis d’émettre l’hypothèse d’une explosion accidentelle », a indiqué le Lieutenant Issa Paré chargé de l’enquête sur cette explosion.

L’interpellation du propriétaire a permis de préciser la nature des produits explosifs. Il s’agit de quinze (15) cartons de gomme (GOMA 2 ECO), cinq (5) rouleaux de fils électriques de couleur jaune : Riocord (detonating Cad 6 mg) et safety fuse, deux (2) cartons de charges explosives : Electric detonator et Plain detonator (chaque carton contenant environ 5000 têtes explosives). Je n’ai pas une grande connaissance en matériel explosif, mais ce doit être une quantité assez importante pour passer inaperçu. En plus l’achat, la détention, le stockage et l’utilisation des explosifs de toutes natures obéissent à des règles strictes et demandent une certaine technicité et des autorisations préalables. La question que je me pose c’est comment il a pu importer et stoker tout ce matériel sans être inquiété ?


Drôle façon de délivrer les fumeurs de la cigarette !

C’est connu, l’abus de la cigarette a nombreux inconvénients dans sur la santé des fumeurs. A ceux qui voudraient s’en débarasser, Sidi propose sa méthode. Je l’ai rencontré à Ouagadougou. Celui qui se définit comme un « tabacologue », revenait de Bobo Dioulasso la deuxième ville du Burkina.

Les fumeurs ont souvent du mal à arrêter
Les fumeurs ont souvent du mal à arrêter

Il a une méthode simple pour vous enlever l’envie de fumer. Si vous le souhaitez, bien sûr. Lui, c’est Sidi. Il dit avoir fait ses preuves à Tombouctou, au Mali. Je l’ai rencontré dans une station de radio à Ouagadougou alors qu’il revenait de Bobo Dioulasso. Et voici son procédé :

La méthode consiste tout simplement à écrire sur 7 cigarettes des mots prouvant que vous renoncer à fumer. Ensuite, les sept cigarettes sont fumées et jetées dans l’air. Une fois que vous finissez les sept cigarettes, l’envie de fumer est coupée avec votre volonté bien sûr.

Selon lui par ce simple procédé il arrive à faire dégager un peu de nicotine. La personne qui décide d’arrêter de fumer va cracher ou vomir beaucoup de nicotine. Quand elle va aller aux selles, là aussi la nicotine va « descendre », selon les termes du « tabacologue », comme lui-même se définit. Cette méthode ne semble pas académique mais pour ceux qui sont sceptiques, Sidi est catégorique : « La dépendance est finie dès l’instant où la personne crache ou vomi. Il n’y a aucun effet secondaire ». Seulement  la personne va beaucoup manger et beaucoup dormir.

Selon son promoteur, cette méthode a déjà permis à de nombreuses personnes de se séparer de la cigarette. Il avoue avoir facilité la déconnection de plus de 200 personnes à Bamako. «  J’ai les numéros de toutes ces personnes et il y a en qui m’appellent souvent. A Bobo j’ai été dans une banque où on peut attester de l’efficacité de cette méthode », assure-t-il.

D’abord environnementaliste, cet homme a viré vers la lutte contre le tabac. Il se dit motivé par la seule envie de contribuer à la lutte contre les effets néfastes de la cigarette. Mais pas pour de l’argent.


Retour à une vie normale ou le rêve de Khadija

Les enfants sont les plus vulnérables lorsque les guerres se déclenchent. Séparés des parents ou non, ils subissent les conséquences des conflits dont ils ne sont pas responsables. C’est le cas d’une fillette que j’ai rencontrée sur un site de réfugiés, à Mentao dans la région du Sahel burkinabè.

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De nombreux enfants vivent dans des conditions précaires dans les camps de réfugiés

 

Elle s’appelle Khadijda. Elle vient de Tombouctou, au Mali. Elle s’est retrouvée à Djibo, au Burkina Faso avec sa famille après le déclenchement de la guerre au Mali. Aujourd’hui, elle fréquente une école provisoire construite par une ONG au sein du camp de Mentao, à 15 km de la ville de Djibo. Cela fait déjà deux ans qu’elle habite ce site. Mais elle se souvient toujours des vicissitudes de ce brusque départ. « Lorsque ma famille a quitté le Mali, nous étions avec plusieurs autres familles. Je ne savais pas où on allait. J’ai vu des militaires aussi sur la route et j’ai beaucoup pleuré et  vomi », raconte-t-elle.

Celle qui était habituée à une vie normale devait se résoudre à vivre sous une tente après avoir passé deux jours en plein air. Une vie qui tranche avec celle qu’elle avait à Tombouctou. Une belle maison avec toutes les commodités. « A Tombouctou, nous avions dans notre chambre un téléviseur, un ventilateur, des jeux, etc. Ici nous avons dormi plusieurs nuits dehors avant d’avoir des tentes. C’était la première fois que je dormais sous une tente ».

À Mentao, elle a pu s’adapter et surmonter les angoisses de la guerre. Mais son plus grand désir, c’est de retourner chez elle, à Tombouctou au Mali. Elle voudrait que cela se fasse le plus tôt possible afin de revoir ses amies. « Maintenant je me suis habituée au camp, mais je veux retourner à Tombouctou. Je pense à mes amies de Tombouctou : Leila, Tenty. Grâce à l’ « Espace amis des enfants, je m’amuse beaucoup ici ». Il s’agit d’espaces réservés aux enfants, où ils ont des activités récréatives sous la conduite d’animateurs. Elle aime particulièrement jouer au djimbé, un genre de tam-tam répandu en Afrique de l’Ouest.

Khadidja pourrait sans doute rentrer dans pays avec le calme relatif qu’il y a au Mali. Ainsi elle pourrait retrouver ses amies et vivre dans de meilleures conditions. D’ailleurs, beaucoup de réfugiés maliens ont commencé à retourner dans leur pays.


Ouagadougou : ville de la « moto stop »

Dans la capitale des engins à deux roues, la « moto stop » prime sur l’auto stop. Alors qu’ailleurs on préfère le second terme, à Ouagadougou le premier, peut-être moins académique, est plus pratiqué, avec des risques tout de même.

18 h 30, je reviens déjà de la radio.  Sur le Boulevard de l’Indépendance, non loin de l’Assemblée nationale,  un jeune homme m’interpelle : « S’il vous plaît, est-ce vous pouvez me déposer vers la pédiatrie Charles De Gaule ou m’avancer un peu ? ». Vous appellerez cela de l’auto stop ? Sauf que j’étais sur une motocyclette. Moi, je crois que c’est tout simplement de la « moto stop ». A Ouagadougou, où la place des engins à deux roues n’est plus à démontrée, c’est une pratique très répandue. Ils sont étudiants, élèves ou même travailleurs. Ils ont raté le bus ou sont en cours de sous pour prendre un taxi. Alors ils font appel à la générosité des autres usagers de la route, surtout ceux qui sont sur les motos (ils font appel rarement aux cyclistes, ce serait un peu compliqué avec les vélos). Ils vous interpellent, vous vous arrêtez et si vous partez dans la même direction, vous les amenez. Si vous n’arrivez à exactement à l’endroit souhaité, vous « l’avancez un peu» quand même. Et quelqu’un d’autre pourra le remorquer encore jusqu’à ce qu’il arrive à sa destination. Dans une capitale où la moto est le moyen de locomotion le plus utilisé, c’est comme cela que se traduit la solidarité entre citoyens.

Moto2
Photo: Yemp Ouoba
C’est dans de telles situations que certains Ouagalais font appel à la générosité des res autusagers de la route pour arriver à leur destination

Il ne faut pas confondre cette pratique avec les taxi-moto qui ont fait aussi leur apparition dans le pays depuis quelques années seulement, surtout dans les provinces où les taxis « auto » se font rares. Ici le propriétaire de la moto fait preuve de générosité pour réduire gratuitement la distance d’un compatriote. Un de mes amis disait que dans cette affaire, les filles sont souvent les plus chanceuses. Autrement dit, il est plus facile pour une fille de se faire déposer qu’un garçon. Mais là n’est pas le problème. Cette pratique à l’avantage d’aider des gens qui sont dans le besoin, mais elle présente aussi de gros risques pour les motocyclistes. En voulant rendre service, des honnêtes citoyens ont vu leurs engins retirés. Certains de ceux qui vous demandent : « pouvez-vous me déposer ? » sont  des « loups déguisés en agneaux ». Lorsque vous les prenez, ils vous conduisent dans un endroit isolé avant de vous dépouiller de votre argent et bien sûr de votre motocyclette. Ces acte de mauvaise foi font que les Ouagalais se méfient maintenant de rendre service aux partisans de la « moto stop ». Pour revenir à celui qui m’interpellait, je n’allais pas vers la pédiatrie Charles De Gaule, mais j’ai réduit un peu sa distance en le déposant à l’Université de Ouagadougou. Une autre personne a dû le déposer à l’endroit souhaité.