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L’Aeemci sollicite le statut d’organisation d’utilité publique

Le 18è congrès de l’Association des Elèves et Etudiants Musulmans de Côte d’Ivoire (AEEMCI) a refermé ses portes lundi 02 janvier 2017 au lycée classique d’Abidjan. C’était l’occasion pour les  »aeemcistes » de procéder au toilettage de leurs textes, de formuler des propositions et surtout de renouveler les instances dirigeantes.

Après 3 jours d’instances travaux en commission, les congressistes ont fait des propositions pour le bon fonctionnement de leur organisation. « Recommandons au nouveau président, de solliciter auprès de l’Etat de Côte d’Ivoire, l’obtention du statut d’organisation d’utilité publique pour l’AEEMCI ; sollicitons le concours des sympathisants et anciens de l’AEEMCI, particulièrement celui du Parrain de ce XVIIIème congrès, à l’effet de soutenir cette démarche, pour le bonheur de la jeunesse ivoirienne ; engageons les ‘’Aeemcistes’’ a toujours demeuré des modèles, pour donner force à cette sollicitation » a lu une congressiste, Bintou Fall.

Le congrès, c’est aussi le bilan du mandat du président sortant Koné Mamadou. Un bilan marqué par plusieurs actions dont l’organisation en 2016 des festivités des quarante ans de l’AEEMCI, l’acquisition de plusieurs matériels. Toutefois des défis restent à relever. « Ensemble nous avons avec détermination et persévérance, posé des pas, encore d’autres pas ; nous avons tenu à gagner chaque pas. Nous avons mis un point d’honneur à essayer d’exercer un rôle rassembleur afin de consolider les acquis des 40 ans d’existence de notre association ».

Plusieurs cadres musulmans ont pris une part active à ce 18è congrès dont les ministres El Hadj Abdallah Albert Mabri Toikeusse et Sidiki Konaté. Ils ont tous promis de faire le plaidoyer pour la reconnaissance du statut d’utilité publique de cette structure de jeunesse musulmane.

Le nouveau président se nomme Soungalo Coulibaly, étudiant doctorant en Sciences et Techniques de l’Eau à l’université Nangui Abrogoua.

Né en 1982, Soungalo Coulibaly a entamé son cursus scolaire à Korhogo. En 2002, il débarque à Abidjan pour poursuivre ses études au lycée ISPM Adjamé où il obtient avec brio le baccalauréat série scientifique. Bien avant cela, il côtoie pour la première fois l’AEEMCI à Jacqueville en 1998 par le biais de sa sœur aînée. Une histoire qui dure jusqu’aujourd’hui. « Dès le retour du séminaire de Jacqueville, je me suis rendu compte que l’AEEMCI avait changé ma vie. Et depuis lors je me suis engagé pour toujours » se souvient-il.

Après le poste de secrétaire chargé de la Formation et de la culture, il est désigné pour deux ans à la tête de l’AEEMCI. Une nomination qu’il prend avec beaucoup de modestie. « Des sentiments de reconnaissance envers ce 18ème congrès qui a placé sa confiance en ma personne pour conduire la destinée de cette belle structure. Je sais compter sur le concours de tous pour mener à bien ce mandat » a-t-il dit.

Pour Soungalo Coulibaly, le principal défi à relever est celui de la reconnaissance du statut d’association d’utilité publique. « Cela fait 40 ans que l’AEEMCI milite dans les lycées et universités de Côte d’Ivoire. Et elle a contribué à apaiser le climat scolaire et estudiantin. Elle n’a jamais été menée à une quelconque violence. En plus, elle a participé à la formation de plusieurs cadres ivoiriens qui occupent des postes de responsabilité de notre pays » a-t-il ajouté.

Soungalo Coulibaly est marié et père d’un enfant.

Lama


Front commun contre la malnutrition

Selon l’Unicef, un enfant sur trois souffre de la malnutrition chronique en Côte d’Ivoire. Et 25% des femmes à Abidjan sont victimes d’obésité.

Le Ministère de la Santé et de l’Hygiène Publique  a procédé vendredi 30 décembre 2016 au lancement de la caravane pour la  promotion des Bonnes Pratiques Nutritionnelles dans la commune d’Attécoubé. Cette caravane mettra l’accent sur la communication de proximité, pour promouvoir les Actions Essentielles en Nutrition. C’était également l’opportunité de célébrer la 24ème édition de la Semaine Mondiale de l’Allaitement Maternel.

La deuxième édition de caravane pour la  promotion des Bonnes Pratiques Nutritionnelles vient comme un cadeau de fin d’année. Elle sera l’occasion de sillonner toute la Côte d’Ivoire durant deux mois aux fins de sensibiliser les populations des zones reculées sur la Nutrition. Le représentant du ministre de la Santé et de l’Hygiène Publique, Dr Etekou Aka Valentin, appelle les populations à une mobilisation exceptionnelle : « donner à manger aux ivoiriens et surtout au couple mère-enfant qui doit pouvoir bénéficier d’une bonne alimentation afin de faire naître des enfants en très bonne santé pour la Côte d’Ivoire. La bonne santé requiert la santé mentale et physique. Donc cette cérémonie est une occasion d’être plus proche de la communauté pour faire passer le message de la santé » a-t-il indiqué.

Pour le maire d’Attécoubé, Dahon Paulin, mieux vaut prévenir que guérir : « nous devons adopter les bonnes pratiques alimentaires en ces fêtes de fin d’année, pour avoir la santé et apporter notre force, notre intelligence et tout notre poids au développement de notre pays et à la consolidation de nos familles. C’est pourquoi en tant qu’autorité locale, nous sommes au cœur du dispositif et nous sommes sensible à cette action du gouvernement d’aller dans la proximité pour toucher les populations qui ont besoin de changer de réflexe ».

Pour lutter contre la malnutrition, les médecins recommandent l’allaitement maternel exclusif pour les 6 premiers mois du bébé, et le respect de la pyramide alimentaire pour les adultes. Et surtout la pratique régulière d’une activité sportive.

Lama


Mahoulid, à la recherche de bénédictions dans le Gontougo

La région du Gontougo est située dans l’est de la Côte d’Ivoire. C’est une région connue pour sa religiosité, surtout son ancrage dans l’Islam. Pendant le Mahoulid, une ambiance tout aussi particulière s’installe dans les villes et villages. Les villages de Talahini Sokoura et de Yorobodi ne restent pas en marge de cette ferveur spirituelle. La période est mise à profit par de nombreux ressortissants de ces contrées de retourner au bercail en vue de la recherche de bénédiction.

Justement, le mot est lâché. Rechercher la bénédiction. C’est ce qui pousse de nombreuses personnes à effectuer le déplacement, notamment à Talahini Sokoura. Village où repose depuis plus de 30 ans, un érudit musulman. Il s’agit de Cheick Badroudine Ouattara, décédé en 1982. Les morts ne sont pas morts, dit-on. Malgré la disparition de l’homme, son esprit demeure. Des centaines de personnes arpentent son caveau à l’effet de rechercher des bénédictions susceptibles de résoudre leurs difficultés. Avant cela, qui est l’homme ?

Cheick Badroudine, la lumière de l’Islam

Le savant musulman Cheick Badroudine Ouattara de Talahini Sokoura

Mahama Ouattara, alias Badroudine est né en 1920 à Bondoukou. Né de famille musulmane, Mahama commence son initiation à l’Islam auprès de son oncle Karamoko Fabakary, jusqu’à son départ pour Kessé au Ghana, où il va s’adonner à des activités commerciales pour gagner sa vie. La confiance acquise, des parents lui envoyèrent leurs enfants pour leur apprendre l’Islam. A son départ de Kessé, il encadrait une centaine d’enfants.

Quelques instants plus tard, il décide de s’installer à Talahini Sokoura auprès de sa grand-mère. C’est là que sa notoriété va connaître son essor dans les années 70 lorsqu’il va encadrer des centaines de jeunes gens sur la science coranique. A son décès, on comptait plus de 300 talibés formés et 36 livres écrits. Parmi ses talibés les plus célèbres, Youssouf Ouattara géniteur du Mufti de Yorobi, Cheick Mounir Ouattara.

En outre, l’homme de Dieu ne manque pas d’anecdote. « un jour, une femme était sous l’emprise de trois djinns masculins. Après des traitements à la médecine prophétique, deux djinns ont pris la fuite. Le dernier,  teigneux, voulait assassiner la dame. Face à cette situation, Cheick Badroudine entra dans sa maison. A sa sortie, le djinn fut tué par deux lions, selon le témoignage de la dame envoûtée », relate son neveu, l’imam Abdoul Malick Ouattara.

Un héritage spirituel jalousement gardé

Quelques livres écrits par Cheick Badroudine Ouattara

Après la mort du Cheick, Talahini Sokoura est devenu un site touristique spirituel où des centaines de fidèles musulmans viennent de partout pour venir se recueillir sur le caveau du saint homme dans le but d’obtenir des bénédictions. Et ces bénédictions sont exaucées. « En 2015, j’ai demandé un véhicule pour effectuer mes déplacements. Après quelques mois seulement, j’ai vu mes vœux exaucés » a témoigné un de ses disciples, Sehifoullahi Ouattara. C’était à l’occasion de Mahoulid, le dimanche 11 décembre 2016, organisé chaque année depuis des décennies dans la cour familiale de Badroudine dont l’héritage spirituel est jalousement gardé par ses enfants et petits-enfants. Ceux-ci se sont donné pour objectif de faire l’histoire et les œuvres de leur patriarche à toute la nation ivoirienne, voire au-delà.

 

Lama, envoyé spécial à Talahini Sokoura


Le Mahoulid aux couleurs électorales

Le Mahoulid marque la commémoration de la date anniversaire du prophète de l’Islam Mohammed chaque 12 Rabioul Awal du calendrier musulman. Cette année, l’événement sera célébré ce lundi 12 décembre.

En Côte d’Ivoire, le Mahoulid est l’un des grands moments de retrouvailles entre les membres de familles. Surtout un retour aux sources, au village pour réaffirmer le pacte familial. C’est ainsi que chaque année, des centaines de convois quittent les différentes villes à destination des villages et campements à la recherche de bénédictions auprès des grandes familles. La migration interne est marquée par un fort taux de déplacement des ressortissants du Nord vers le Sud du pays, principalement à Abidjan. Une forte communauté de nordiste s’est installée pendant des décennies dans le sud de la Côte d’Ivoire. Le Mahoulid, encore appelé « Domba » est l’occasion de retourner au village natal.

Cette année, l’événement coïncide avec la période électorale pour les législatives prévue le 18 décembre. La campagne elle démarre à partir du samedi 10 décembre. 255 sièges sont à pourvoir sur les 1 104 candidats. Malgré les mots d’ordre de la coalition au pouvoir, le RHDP, on note plusieurs candidats indépendants. Cela n’est pas sans conséquence. Deux ministres ont perdu leur poste pour avoir décidé de se présenter aux législatives. Albert Mabri Toikeusse et Gnamien Konan. Ce cas emblématique n’est que la partie visible de l’iceberg. Plusieurs cadres de la fonction publique ont perdu leur poste justement pour avoir décidé de se présenter de façon indépendante aux législatives ivoiriennes. On a l’impression qu’en Côte d’Ivoire, la démocratie, qui est l’exercice du pouvoir par le peuple et pour le peuple, est bradée par une oligarchie. Qui veut imposer ses décisions à tous les corps sociaux. Ailleurs, on organiserait des primaires dans chaque parti afin d’exprimer le choix du peuple. Mais que nenni ! En Côte d’Ivoire, on réfléchit par substitution. On croit être les seuls capables de penser, de respirer, de choisir à la place des autres : la majorité silencieuse. Là n’est pas le sujet du jour.

Le Mahoulid cette année sera teinté de campagne électorale pour les législatives. En Côte d’Ivoire, plus de 40% de la population est de confession musulmane, selon le dernier recensement de la population. Et la plupart est ressortissante du Nord. Dans la cartographie sociale actuelle, les nordistes, dont le président Alassane Ouattara, détiennent les postes clés au sommet de l’Etat. Ainsi nombreux vont mettre à profit cette période d’effervescence religieuse pour battre leur campagne et celle de leur chapelle politique. Parmi les personnalités qui ont annoncé les couleurs, on peut citer pèle mêle le ministre de la Construction et de l’urbanisme, Mamadou Sanogo, candidat à Touba. Le ministre de l’Intérieur, Hamed Bakayoko, qui se présente à Séguéla. Le ministre des Transports, Gaoussou Touré, à Odienné. Le secrétaire général de la Présidence, l’emblématique Mamadou Gon Coulibaly à Korhogo. Le ministre des Postes et de l’Economie Numérique, Bruno Nabagné Koné, candidat à Kouto. La liste n’est pas exhaustive.

Le Mahoulid, dont le fondement est la spiritualité, va laisser place aux programmes électoraux. Certains candidats vont user de tous les moyens pour arriver à convaincre leurs frères et sœurs, cousins, oncles, patriarches etc. à voter pour eux. Les billets de banque vont couler à flots. Les imams et autres talibés seront transformés en griot pour l’occasion, émerveillés tant par les moyens financiers dégagés par chaque candidat. D’ailleurs, la concurrence sera rude dans ce sens. Il faudra obtenir le soutien sans faille des leaders religieux les plus influents dans la région. Souvent ces derniers vont se substituer aux candidats-députés eux-mêmes. Certes, certains imams ne vont pas se laisser distraire par les liasses de billets, mais combien sont-ils ? Quand on connait les conditions de vie misérable des guides religieux musulmans en Côte d’Ivoire, personne ne voudra laisser passer cette occasion pour se refaire une santé financière.

Vive le Mahoulid 2016, vive les législatives à la sauce ivoirienne !

Lama

 


Le monde musulman à l’épreuve de l’Unité

Le monde musulman est plus que jamais à la croisée des chemins. Les nombreuses divisions internes mettent à mal son Unité.

En prélude à la semaine de l’Unité Islamique célébrée du 12 au 17 décembre prochain, l’ambassade de la République islamique d’Iran en Côte d’Ivoire a organisé samedi 03 décembre 2016 à Cocody une conférence autour de la cohésion dans le monde musulman. L’objectif est de favoriser un rapprochement entre les différents courants islamiques.

Pour l’ambassade de la république islamique d’Iran à Abidjan, l’objectif de cette rencontre est de réfléchir sur des voies et moyens afin de créer un pont au sein des musulmans à travers le monde. « Cette conférence qui est organisée avec le concours du Forum Mondial des rapprochements des écoles de pensée islamique représente une bonne occasion d’échange de point de vue, sur le sujet de l’unité des confessions islamiques. La question de l’unité islamique est une nécessité dont le monde islamique a aujourd’hui plus que jamais besoin. La république islamique d’Iran, qui a de tout temps été à la base des initiatives en faveur de l’unité islamique, porte cela comme l’une de ses préoccupations majeures et de ses projets » a déclaré au cours de son allocution, le diplomate iranien Mansour Shakib Mehr.

Autour d’un panel, plusieurs leaders religieux ivoiriens et iraniens ont dressé un tableau sombre du climat au sein de la communauté musulmane rongée par les divergences idéologiques. Selon Cheick Chérif Oumar Abdoul Aziz, une seule raison explique ce conflit « le musulman d’aujourd’hui a tourné dos à Dieu. L’union est donc une manière de nous redresser et nous rapprocher d’ALLAH. Cette union ne sera possible tant que nous n’allons pas purifier les cœurs. On va beau se rassembler, on ira de pays en pays, si notre cœur n’est pas purifié, on ne pourra être uni »  

Pour retrouver l’unité islamique, Cheick Ahmad Tidiane Diabaté propose une éducation spirituelle. « L’union veut dire évidemment de laisser derrière soi beaucoup de chose, pour voir la valeur de l’autre, la qualité, l’importance de l’autre. Si les âmes ne sont pas éduquées, si les cœurs ne sont pas purifiés, on ne pourra pas atteindre cette dimension »

En somme pour les panélistes, la différence loin d’être une menace, est une opportunité à saisir.

La semaine de l’unité Islamique a été initiée par l’imam  Khomeiny en marge de la commémoration de la date anniversaire du prophète Mohamed, chaque 12 Rabiou Awal.

Lama

 


Décembre, le mois de tous les dangers

Nous sommes entrés de plein pied dans le mois de décembre. Qui te dira ce que c’est que le mois de Décembre ?

Décembre est le dernier mois de l’année, marquant ainsi le début d’une nouvelle année, une nouvelle ère. Pour beaucoup de personnes, ce moment mérite d’être célébrée de façon particulière.

Certains passent ce mois dans le recueillement, soit à l’église ou à la mosquée. Histoire de remercier le Seigneur pour cette grâce. Dans leur entendement, être témoin d’une nouvelle année mérite reconnaissance et célébration. Pas n’importe laquelle. Les chrétiens arpentent les églises pour chanter et prier. « Chanter, c’est prier deux fois » disent-ils. Personnellement, j’ai vécu un 31 décembre dans une église catholique à Bingerville. J’avoue que j’ai encore de très beaux souvenirs de ce moment plein de communion, de fraternité, même si je suis musulman.

Justement parlant des musulmans, les avis sont partagés quant à la célébration de ce mois. Pour certains, les plus extrémistes, décembre n’est pas un mois du calendrier hégirien, musulman. Alors pas question de lui accorder un intérêt. Le calendrier hégirien, pour eux, est suffisant et mérite encore d’être promu auprès des musulmans eux-mêmes.

D’autre part, nonobstant les critiques acerbes, d’autres célèbrent le mois de décembre au même titre que leurs coreligionnaires chrétiens. En estimant que c’est une occasion de remerciement de Dieu, à travers les prières et invocations dans les mosquées. L’objectif surtout de cette initiative est d’occuper sainement la jeunesse pendant cette période où la débauche sexuelle devient un habit des jeunes, mais aussi l’abus de l’alcool.

En effet, dès les premiers jours de décembre, certains jeunes ivoiriens se lancent un défi : « à partir du 2 décembre jusqu’au 2 janvier, je ne boirai plus d’eau. Uniquement que l’alcool » disent-ils fièrement.

Durant décembre, les maquis (espaces de divertissement à l’ivoirienne) refont peau neuve. Dans tous les coins d’Abidjan, les maquis pullulent, la nuisance sonore devient subitement la chose la mieux partagée, même au sein des domiciles. On foule au pied les droits du voisinage.

Au dehors, les femmes se font plus belles que jamais. Pour celles qui ont des amants, le shopping connait sa vitesse de croisière ! Pire, à chaque semaine suffit sa peine. Pas de répit pour le portefeuille de l’homme. Ce dernier accepte tous les caprices de sa « copine » de peur qu’elle n’aille voir ailleurs. A l’heure où la gente féminine, subitement, devient le bien le plus précieux de la terre !

Au dehors également, il y a ces hommes, célibataires, qui mettent le bouché double pour conquérir des cœurs ambulants. « A Abidjan, quand tu n’as rien, tu n’es rien ». Cette phrase est devenue une obsession pour les hommes. Quand on est pauvre, il faut être malin. Certains usent de malice, pour tromper des jeunes filles et assouvir à leur besoin sexuel. Au point que des hommes se rivalisent dans la conquête des jeunes filles.

Chacun est maintenant prévenu. A bon entendu, salut !

Lama

 


Mabri Toikeusse, victime de l’alliance RHDP

Je le disais dans une de mes dernières chroniques : la nouvelle constitution ivoirienne ne pourra en aucun cas enterrer « la guerre de leadership » ou encore la bataille pour la chaise présidentielle, malgré les arrangements politiques aux contenus douteux et hypocrites.

Récemment c’est avec aberration que nous avons appris depuis le palais présidentiel au Plateau le limogeage de deux alliés du RHDP (Rassemblement des Houphouétistes pour la Paix et la Démocratie) ; notamment Albert Mabri Toikeusse, ex ministre des Affaires étrangères et Gnamien Konan, ex ministre de l’habitat et du logement social. Le premier est leader de l’UDPCI (Union Démocratique pour la Paix en Côte d’Ivoire) et le second issu des rangs de l’UPCI (Union pour la Paix en Côte d’Ivoire).

Le RHDP est l’alliance au pouvoir depuis 2010 grâce notamment au soutien de l’UDPCI et UPCI  qui ont appelé leurs électeurs à soutenir la candidature de Alassane Ouattara au second tour de l’élection présidentielle. Après 6 ans de gestion commune du pouvoir, Alassane Ouattara décide de mettre fin à sa collaboration avec ses deux alliés d’hier. Quelle est la principale raison évoquée ?

Pour les observateurs de la scène politique ivoirienne, il s’agit d’un désaccord relatif aux élections législatives du 18 décembre 2016. Les deux dissidents ont décidé de faire cavalier seul malgré la liste proposée par l’alliance. Justement sur cette liste, aucun des leaders de l’UDPCI et de l’UPCI n’a bénéficié de l’investiture de l’alliance.

En plus, la grogne se faisait de plus en plus ressentie au sein des partis, car leur avis n’était pas forcément pris en compte dans la désignation de leurs futurs représentants à l’hémicycle. Encore que la part belle revient au RDR d’Alassane Ouattara et au PDCI d’Henri Konan Bédié.

Ce conflit de leader au sein du RHPD n’est que la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. Pendant longtemps, en effet, le RDR considère le PDCI comme son véritable adversaire, que dis-je, son véritable allié capable de changer la donne à tout moment.

On comprend donc les campagnes de séduction d’Alassane Ouattara vis-à-vis de ce parti, à travers des concessions énormes : les postes clés comme la primature, la défense, la santé, l’industrie, l’inspection générale, et j’en passe.

Le troisième pont porte d’ailleurs le nom du président Henri Konan Bédié. Et le comble, depuis quelques temps, on voit la renaissance du droit d’aînesse au sommet de l’Etat. Alassane Ouattara appelle affectueusement Henri Konan Bédié, « mon aîné ». C’est comme si Henri Konan Bédié était le véritable président de la Côte d’Ivoire.

Ma position sur tout ce qui précède est claire : la scène politique ivoirienne est jonchée d’hypocrisie, de calculs, d’intérêts égoïstes. En un mot, le jour où le PDCI ne vaudra plus rien du tout en termes de « bétails électoraux », le RDR va simplement s’en débarrasser comme ce fut le cas des autres alliés du RHDP. A travers cette stratégie, il veut arriver coûte que coûte à s’imposer et noyer à petit feu les autres leaders politiques.

L’opposition politique est inexistante à l’heure actuelle. S’il devait en avoir une, elle serait issue de l’alliance RHPD. Les frustrés devront donc se mettre ensemble pour proposer une autre alternative. Car la population dans sa majorité a soif d’une véritable alternative capable de porter haut ses préoccupations.

Lama

 


Deux amants restent « collés » après des ébats sexuels à Abobo

A Abobo, un fait divers a retenu toutes les attentions cette semaine. Il s’agit d’une histoire d’adultère qui tourne au drame. Les deux amants sont restés collés l’un à l’autre toute la nuit après avoir accompli l’acte sexuel dans un hôtel de passe. Les faits remontent dans la nuit du mardi au mercredi, à Abobo Avocatier. Les détails avec Lama….


Daloa, plaque tournante du réseau d’immigration clandestine

Daloa, capitale du haut Sassandra, est la troisième ville la plus peuplée de Côte d’Ivoire avec 266 000 habitants. Elle est située au centre ouest de la Côte d’Ivoire à plus de 400 km d’Abidjan. Daloa s’est illustrée depuis 2015 comme la plaque tournante de jeunes migrants en partance pour la Libye en passant par le Niger grâce à un réseau de passeurs bien ficelés. Chaque semaine, des dizaines de convois composés de jeunes gens et de jeunes filles prennent la route de l’El Dorado à la recherche d’un espoir perdu dans leur propre pays. Dans le courant du mois d’octobre 2016, je me suis rendu au cœur de ce réseau dans la capitale du Haut Sassandra.

Daloa. Quartier « garage ». Sanogo Youssouf, la trentaine révolue, est vendeur de pièces détachées d’engins roulants. Assis devant son magasin, un dimanche 23 octobre 2016, les clients se comptent du bout des doigts. C’est peu dire. Aucune mouche n’approche son magasin ne serait-ce que pour se renseigner sur le prix des matériels. La mine joyeuse, Youl, comme l’appellent ses amis, passe le clair de son temps, assis devant son magasin avec d’autres voisins commerçants. Pour eux, il semble que la vie a marqué un coup d’arrêt. On attend un brin d’espoir en provenance de l’Europe où se trouvent leurs frères qui ont bravé toutes les difficultés de la traversée de la mer pour aller se « chercher ».

A ce sujet, un phénomène a pris de l’ampleur à Daloa : les jeunes gens sont prêts à tout pour se rendre en occident, même en franchissant l’interdit. L’interdit, il s’agit de l’endettement, du viol, de l’agression, du vol pour obtenir son ticket pour l’El Dorado. Sanogo Youssouf en est une victime. Son frère cadet a vendu à son insu sa motocyclette en vue de rallier le Niger. Une fois au Niger, il l’appelle pour le mettre devant le fait accompli. Le lien de parenté oblige. Youl s’est même vu obliger de donner un autre coup de main à son voleur pour l’aider à rejoindre l’Italie à coup de millions de F Cfa. Aujourd’hui, il dit ne plus en vouloir à son frère. «  Mon petit était tailleur. Vu son travail ne marchait pas, mon père m’a demandé de le faire venir auprès de moi pour vendre les pièces détachées. Un jour, assis dans mon magasin, il me demande la permission de prendre la moto pour aller faire une course de notre père. Aux environs de 17h, on m’appelle sur mon téléphone portable pour m’informer de la mise en vente de ma moto. J’intimai tout de suite l’ordre de mettre fin à la transaction au quartier Tazibo. Le temps que j’arrive sur les lieux, je viens trouver qu’il n’y avait plus personne. Et jusqu’à ce jour, je ne sais pas où mon petit frère a vendu la moto », se souvient-il.

« Je n’ai pas de ressentiment contre mon frère. C’est quelque chose qui l’a poussé à faire cela. Aujourd’hui je prie Dieu pour qu’il puisse atteindre son objectif en allant en Europe.  Si demain ça va chez lui, moi je pourrai bénéficier davantage en plus de toute la famille » dit-il fièrement.

Si Youl se sent fier de l’acte de son voleur, ce n’est pas le cas pour Sanogo Sindou, ex-combattant. Après la démobilisation, il bénéficie d’une subvention de 800 000F Cfa qu’il a investi dans l’élevage de bœufs. Après moult efforts, il finit par avoir 5 bêtes dont l’entretien est assuré par un jeune homme de 20 ans ; en contrepartie d’un salaire mensuel de 10 000F Cfa. Cependant un jour, un mercredi précisément, il est alerté par sa grande mère de la disparition de 4 de ses bœufs, en plus du jeune berger. Après plusieurs jours de recherche, il découvre que l’adolescent en question a vendu ses bovins et se trouvait déjà en Libye. Malgré plusieurs tentatives, Sin (de son surnom), n’arrive plus à joindre les deux bouts au point qu’il est obligé de vendre l’unique bœuf restant pour se reconvertir dans le transport. Sa reconversion s’est soldée par un échec cuisant : le secteur est déjà miné par des milliers de jeunes, qui eux-mêmes, vivent de débrouillardise. Soit en étant « syndicat », soit en devenant « gnambro » (jeunes chargeurs à la gare).

Aculé de toute part, Sanogo Sindou crie à l’aide. « Au moment où la crise postélectorale battait son plein à Daloa, aucune personne n’est sortie. Mais aujourd’hui après la guerre, on enregistre des milliers de départs par semaine de Daloa. La jeunesse ne sait plus à quel saint se vouer. Partout c’est le chômage surtout pour nous qui ne sommes pas allés à l’école ». Ses propos seront renchéris par un autre citadin. Soumahoro ben Daouda est ferrailleur.

Pour lui, la raison principale qui explique le départ des jeunes de Daloa, c’est la pauvreté. « Ça ne va pas. Les activités génératrices de revenus sont en baisse. Il est difficile de couvrir les besoins familiaux. J’exerce une activité qui a du mal à décoller. Nous sommes plusieurs jeunes à avoir entrepris. Mais ça ne va pas. Moi-même je suis sur le point de partir, si je ne trouve pas d’alternative », conclut-il.

A côté de ceux-là, un autre phénomène pousse à Daloa comme une épine : le départ des jeunes filles mariées ou célibataires. Elles n’imaginent pas leur vie à Daloa tant justement l’espoir y est perdu. En l’espèce, nous rencontrons au quartier « Sissoko » une jeune dame, Kourouma Fatoumata, mariée depuis 5 ans et mère d’un garçon de 2 ans. L’espoir a quitté son existence depuis quelques temps par la faute de son époux et la situation précaire de ses géniteurs. « J’ai de la peine pour mes parents. J’ai du mal à accepter leur situation. Ma mère est malade. Parfois il n’y a rien à manger à la maison. C’est pourquoi je veux partir pour aller me débrouiller là-bas. Moi-même je suis mariée. Mon mari non plus n’assure pas. Il ne me donne rien. Il sort tôt et rentre tard à la maison. » Avec toutes ces difficultés, Kourouma Fatoumata veut partir à tout prix. « Je vais confier mon fils à ma mère qui va s’en occuper. Je vais aller à Abidjan chercher un travail de servante. Une fois que j’aurai suffisamment d’argent, je partirai pour l’Italie. C’est là-bas que tout le monde veut partir non ? » dit-elle ironiquement. « On dit que l’aventure pour les femmes n’est pas facile. Mais on va faire comment ? »

A Daloa, une famille sur deux a au moins un parent en Hexagone.  Dans le quartier Dioulabougou, on enregistre le plus fort taux de départ. Selon nos informateurs, dans la famille Kanté par exemple, une vingtaine de jeunes gens sont partis. Pour la plupart, l’âge varie entre 18 et 25 ans.

Une  situation qui préoccupe au plus  haut niveau les autorités locales. Le préfet de la région du haut Sassandra, Brou Kouamé, et l’imam central de Daloa, el Hadj Abass Diaby. Pour le premier, il faut un changement de mentalité chez les jeunes. « Les jeunes doivent se débarrasser de tous complexes et aborder toute sorte d’activité afin d’avoir leur autonomie. Parce que aborder l’immigration clandestine dans les conditions difficile qu’on sait. Et lorsqu’ils arrivent, ils sont obligés d’exercer des activités très humiliantes. Je pense qu’ici l’environnement est favorable pour préserver leur dignité. On peut réussir sur place pourvu qu’on soit patient » a-t-il conseillé. Par ailleurs, l’imam Abass Diaby estime que la sensibilisation ne portera ses fruits tant qu’il n’y aura pas l’implication de toutes les parties prenantes. « Les jeunes nous disent qu’il n’y a pas de travail à Daloa. Ils préfèrent aller sur l’eau dans l’espoir de rejoindre l’Europe. La situation nous préoccupe. C’est pourquoi nous demandons aux autorités ivoiriennes de se pencher sur la question du chômage à Daloa. Du jour au lendemain, on entend que quelqu’un est parti à l’aventure.

Nous faisons des prêches dans les mosquées pour sensibiliser. Mais force est de constater que les jeunes continuent de partir. C’est dommage ! » avoue-t-il.

Au moment où nous mettons sous presse cet article, le phénomène migratoire avait sensiblement baissé à Daloa grâce aux actions fortes menées par les autorités locales. Une dame, impliquée dans ce trafic humain, a été mis aux arrêts. En revanche, la tentation reste forte. D’ailleurs, selon nos sources, le réseau semblerait se déplacer à Yamoussoukro, la capitale administrative.

Lama, envoyé spécial à Daloa  

 


Vive la 3è république, vive la monarchie à l’ivoirienne

Selon les résultats provisoires proclamés par la Commission Electorale Indépendante (CEI), la nouvelle constitution a été adoptée à 93,42% contre 6,58% pour le « non ». Le taux de participation, serait de 42,42%.

Sur les six millions d’électeurs convoqués dans les urnes, dimanche 30 octobre, seuls deux millions quatre cents quatre-vingt mille deux cents quatre-vingt sept (2.480.287) sont sortis pour aller dire oui ou non à la nouvelle constitution.

On le sait. Le véritable enjeu de ce référendum, c’était le taux de participation. Personnellement le dimanche, je n’ai pas mis le pied dehors pour aller voter, parce que je suis contre ce projet. Cependant, selon les observations des blogueurs sur le terrain, les bureaux de vote ont manqué d’affluence. Dimanche jour de prière chez les chrétiens, beaucoup ont choisi l’appel de Dieu plutôt que l’appel du président Ouattara.

En tout état de cause, le jeu était gagné d’avance. L’opposition, même si elle donne un autre chiffre autre que celui de la CEI, est peu crédible d’autant plus qu’elle a appelé au boycott. Donc ses observateurs n’étaient pas sur le terrain.

Là où se situe mon inquiétude, c’est bel et bien le contenu de cette nouvelle constitution. Je vais m’attarder ici sur la création du poste de vice-président. La coalition au pouvoir (RHDP) veut à travers cette disposition pérenniser sa main mise sur la gestion de l’Etat, à l’image de Poutine et Medvedev en Russie. Les mêmes causent produisent les mêmes effets, dit-on. La gestion intemporelle du pouvoir par une personne ou une oligarchie conduit toujours dans des abîmes profonds.  On me dira que la nouvelle constitution accorde un statut au chef de l’opposition. Cependant cet opposant ne deviendra jamais président. Il sera considéré comme un « OPPOSANT HISTORIQUE », jusqu’à son dernier souffle.

Par ailleurs, l’ancienne constitution était on ne peut plus claire sur le mode de succession à la tête de l’Etat : le président de l’Assemblée national remplace le président en cas de vacance du pouvoir jusqu’à la tenue des élections présidentielles. En quoi cette disposition est source de conflit de succession ?

Lorsqu’on veut abattre son chien, on l’accuse de rage, dit-on. En réalité, le président Ouattara n’a pas digéré sa mise à l’écart en 1993 après le décès de Félix Houphouët Boigny. Où le poste de président revenait légalement à Henri Konan Bédié, président de l’Assemblée nationale à l’époque, par ailleurs, dauphin constitutionnel.

En tout état de cause, le pouvoir se contrôle par le pouvoir. C’est-à-dire il faut un contre pouvoir au pouvoir pour éviter les abus, le favoritisme, le népotisme, l’exclusion, la frustration d’une partie de la population. La nouvelle constitution semblerait favoriser tous ses vieux démons où la quête du pouvoir est la chose la mieux partagée par les hommes.

Et à l’état actuel, la coalition au pouvoir (toujours le RHDP) a une image peu reluisante auprès des populations ivoiriennes. Le dernier signal en date les manifestations éclatées contre les factures de la CIE (Compagnie Ivoirienne d’Electricité) en juillet 2016. Le désespoir se lit sur beaucoup de visages. La vie devient de plus en plus chère. Le chômage est toujours en hausse. Récemment je me suis rendu à Daloa, centre-ouest à 400 km d’Abidjan, pour un reportage sur le réseau d’immigration clandestine. Tous les jeunes que j’ai rencontrés ont les mêmes mots à la bouche : « PAUVRETE, CHOMAGE ».

En définitive, le développement durable d’un pays repose sur le bien être social et économique des populations. A force d’encaisser les coups, on finit un jour par riposter de la mauvaise manière. Tôt ou tard, on aura marre, si ce n’est déjà le cas, de la gestion actuelle du pouvoir RHDP.

Lama

 


Les 3 A de Daloa, un modèle de développement communautaire

L’Amicale des Anciens de l’Aeemci (3A) n’est plus à présenter dans la sphère communautaire en Côte d’Ivoire. Par ses actions, elle contribue au développement communautaire dans notre pays. Créée en 1995, les 3 A font parler d’elles de la bonne manière. Dans cette perspective, elle a mis en place des représentations locales dans les différentes régions du pays afin d’assurer une proximité avec les populations, les communautés de base.

Dans le Haut Sassandra, au centre ouest de la Côte d’Ivoire, plus précisément à Daloa, la RLS (représentation locale spécialisée) se démarque par ses actions sur le terrain. Hôpital islamique, micro-finance Al Barakat, IFED (Institut de Formation et d’Education de Daloa), cellule Zakat et actions sociales, ce sont entre autres les réalisations des 3 A dans la capitale du Haut Sassandra. Comment cela est-il rendu possible ? D’où provient le financement ? Comment tout a commencé ? Qui sont les précurseurs de ce vaste projet ?

Le grin « Ibadou Rahamane », là où tout a commencé

Le "grin" est un espace public informel
Le « grin » est un espace public informel

Daloa. Quartier Gbeulville. Dans le grin « Ibadou Rahamane ». Chaque vendredi soir entre 14h et 20h, une vingtaine de personnes se réunissent. Fonctionnaires, enseignants, couturiers, menuisier, toutes les catégories socioprofessionnelles se retrouvent dans cet espace public informel pour échanger. Contrairement aux autres « grins », ici la causerie est teintée de religion.

En effet, autour d’un thé, les hommes discutent, bavardent, échangent sur des sujets islamiques en vue d’être éclairé sur certains aspects touchant à leur foi. Cet endroit servait d’abord d’atelier de couture appartenant à un certain Bakoroba Toungara. Nous sommes en 1985. Vu l’affluence, l’atelier de couture se transforme en un lieu de retrouvailles. Mieux, l’espace sera agrandi pour accueillir d’avantage de personnes. La solidarité va ainsi naitre entre les membres. Chaque mois de Ramadan, le repas de la rupture du jeûne est pris ensemble. On immole une bête afin de remercier le Seigneur Tout Puissant.

Un jour, au cours des échanges, ils décident de créer une tontine en vue de soutenir les membres dans le besoin. Les cotisations s’élèvent à 10 000F. Baptême, mariage, décès, tous les événements heureux comme malheureux sont pris en charge. Vu l’engouement, ce premier projet connait un franc succès. L’organisation du « grin » se met en branle. On choisit un président à la faveur d’une Assemblée Générale. Le président est élu pour un mandat de deux (02) ans renouvelable une fois. L’actuel dirigeant est Diabagaté Ladji Baba, enseignant de mathématiques.

L’Institut de Formation et d’Education de Daloa (IFED), la renaissance

Ibadou Rahamane (c’est le nom du grin) s’est bâti autour de la confiance. On décide alors d’aller plus loin en ouvrant une école pour inculquer les valeurs morales à la jeunesse de Daloa. Nous sommes maintenant aux années 2000.

Chaque membre fondateur  (13 au total) contribue à hauteur de 50 000F par mois pour le financement de l’Institut de Formation et d’Education de Daloa (IFED). En 2006, le collège accueille ses premiers élèves. Et depuis 2015, il bénéficie de la subvention de l’Etat de Côte d’Ivoire qui y oriente des élèves.  10 ans d’existence (2006-2016), beaucoup d’eau ont coulé sous le pont. « Nos difficultés ont commencé à la 3 année scolaire. On n’avait que 10 élèves et une seule salle de classe (4è). On continuait de payer les enseignants vacataires, en plus du personnel (une secrétaire et un éducateur). A partir de la 4è année, et grâce aux idées réformatrices du frère Coulibaly Adama PCA de la micro-finance Al Barakat, nous sommes sortis la tête de l’eau. A ce jour, nous sommes à 638 élèves inscris, et nous comptons 10 salles de classe » a déclaré el Hadj Diabagaté Ladji Baba, PCA de l’IFED.

Micro-finance Al Barakat, l’alternative

La micro finance "Al Barakat" est située au quartier Texas à Daloa
La micro finance « Al Barakat » est située au quartier Texas à Daloa

Le grin « Ibadou Rahamane » ne s’arrête pas là. Après une expérience douloureuse vécue par un membre, on décide de monter le projet de la microfinance islamique dénommée Al Barakat. « Nous sommes en 2007. La Coordination des Enseignants du Secondaire (CESCI) entre en grève. Et nous faisons l’objet de suspension de salaires de deux (02 mois). Cela coïncide avec la période de la tabaski.

Je suis à l’école quand un frère m’aborde pour m’annoncer qu’une structure financière de la place permet aux musulmans de faire des prêts pour acheter des moutons à 60 000F. Prêts qu’ils vont rembourser à 70 000F. Dérangé par cette offre puisque l’Islam interdit l’intérêt (Riba), je décidai alors qu’il était temps de proposer une alternative à nos frères et sœurs. C’est ça le déclic : la recherche d’une alternative ! » avoue Coulibaly Adama, PCA de Al Barakat.

L’idée est murie. Le même système de la tontine est employé. Une trentaine de personnes adhère au projet. En 22 mois, chaque membre a réuni la somme de 222 000F. Le lancement en 2010 s’effectue avec un capital de 70 millions F Cfa.

Al Barakat accorde des prêts quel que ce soit le montant. Des prêts de tout genre. En espèce comme en nature. M. Yéo, instituteur, a pris un prêt de 500 000 F pour achever sa maison familiale. Père de 4 enfants, il payait le loyer à hauteur de 35 000F par mois. Grâce à la micro-finance, il dort depuis quelques mois sous son propre toit. Il n’est pas le seul à avoir bénéficié des prestations d’Al Barakat. Coulibaly Moussa, la cinquantaine révolue, est un monstre du transport à Daloa. Evoluant à son propre compte, il est à son 4è prêt auprès de la micro-finance islamique. Les montants varient entre 4 millions et 6 millions F Cfa. Toutefois, il souhaite que les prêts soient revus à la hausse en fonction de la taille de l’entreprise des souscripteurs.

Le premier hôpital islamique en Côte d’Ivoire

Vu d'ensemble de l'hôpital islamique achevé à 90%
Vu d’ensemble de l’hôpital islamique achevé à 90%

Par ailleurs, l’aventure du grin « Ibadou Rahamane » ne s’arrête pas là. La tête dans les nuages. Les pieds sur terre. Toujours autour du thé, l’idée de construction d’un hôpital islamique germe dans les esprits. « On s’est rendu compte que la plupart des patients des centres de santé sont nos frères et sœurs sont de confession musulmane. Il est inconcevable que les musulmans n’aient pas d’infrastructures sanitaires. C’est pourquoi nous avons décidé d’en construire une qui va, sans nul doute, servir de projet pilote », estime Coulibaly Adama, PCA de l’hôpital islamique. Ainsi en 2011, les travaux commencent. L’espace est offert gracieusement par un homme qui a requis l’anonymat. Le centre est bâti sur une superficie de 4 000 m². En cinq (05) ans, tous les bâtiments sont sortis de terre ; mosquée, salles d’attente, d’accouchement, d’opération, les laboratoires, garderies etc. Le chantier est presque terminé à 90%. Coût global : 160 000 000 F Cfa. En revanche, reste l’équipement du centre sanitaire qui nécessite l’appui des cadres musulmans. « Nous allons présenter à nos frères professionnels de la Santé nos stratégies en matière d’équipement. Nous allons également ouvrir le capital de l’hôpital à tout le monde afin de mobiliser davantage de ressources financières. Nous lançons également l’appel à nos frères de la diaspora à travers la radio en ligne ‘‘Samatiguila’’ pour que tout le monde s’implique dans la construction de ce premier hôpital islamique en Côte d’Ivoire » a exhorté M. Coulibaly.

Cellule Zakat et Actions sociales, ou la Maison du social

Cellule Zakat & Actions sociales
Cellule Zakat & Actions sociales

Chemin faisant, le « grin » Ibadou Rahamane fait face à une autre problématique : celle de la prise en charge des personnes vulnérables à Daloa.

En mars 2011, on procède au lancement de la Cellule Zakat et Actions Sociales (CEZAS). L’institution fonctionne grâce aux Zakats (obligation annuelle), aux aumônes, aux dons et legs. A ce jour, elle comptabilise plus de quatre (04) millions F Cfa. La Cezas traite différents cas en fonction du besoin. « Je m’appelle Cissé Abdoul Djalil, livreur de pains. Je voulais agrandir mon commerce. J’ai donc sollicité l’aide de la Cezas qui n’a pas hésité un seul instant. Elle m’a offert 45 000 F Cfa pour l’achat de box à pains. Grâce à ce coup de main, je suis aujourd’hui à mon 6è box » dit-il reconnaissant.

De l’hôpital islamique à la micro-finance Al Barakat, en passant par l’Institut de Formation et d’Education de Daloa (IFED) et la Cellule Zakat et Actions Sociales (CEZAS), les 3 A de Daloa montrent l’exemple à toute la communauté musulmane nationale qu’il faut joindre l’acte à la parole. En un mot, poser des actions concrètes, susceptibles de propulser le « changement qualitatif ».

Lama


Trafic d’organes humains, comment y mettre fin ?

Depuis 2005, l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé) a promulgué la journée mondiale du don d’organes et de la greffe. Cette journée est partie d’un constat alarmiste : en 2005, il n’y a eu que 4 238 transplantations d’organes pratiquées alors que près de 12 000 malades avaient besoin d’une greffe.

Des milliers de patients subissent toujours l’angoisse de l’attente, alors qu’on sait que chaque jour passé sur la liste dans l’espoir d’une greffe est une perte de chance.

Chaque jour, des hommes, des femmes et des enfants meurent faute d’avoir pu être transplantés à temps, alors que la médecine aurait été en mesure de les sauver.

Cette situation est essentiellement due à un déficit d’information du grand public. Raison pour laquelle nous avons décidé d’évoquer ce thème assez important.

Définition de la greffe

Une greffe est la transplantation dans le corps d’une personne d’un organe étranger, mais nécessaire, soit parce qu’il est vital, soit parce qu’il va servir à retrouver une existence normale, dans le cadre par exemple des greffes de rein pour les personnes sous dialyse. Il existe deux types de greffes : l’autogreffe, où le greffon vient de la personne elle-même ; et l’allogreffe, quand il est prélevé sur un autre donneur. Les greffons peuvent être prélevés sur des organismes vivants (reins, fragments osseux, peau…) ou après la mort (cœur, poumons, pancréas, cornée… )

Définition de l’organe

Un organe est un ensemble de tissus spécifiques capable de remplir une (ou plusieurs) fonction déterminée. Le corps humain possède 78 organes et ces organes peuvent être regroupés en systèmes (il en existe 11) afin de remplir des fonctions plus complexes. Par exemple, les bronches et les poumons sont des organes qui appartiennent au système respiratoire. Les organes sont nécessaires pour vivre en bonne santé et certains organes sont indispensables. Il s’agit du cerveau, du cœur, des poumons, des reins, du foie et du pancréas.

Besoin et pratique

Le besoin est énorme en matière d’organe ou de greffe. Vu ce besoin élevé, plusieurs réseaux de trafic se sont développés et continuent de prospérer contre vents et marées.

Comment ces réseaux opèrent-ils ?

On constate que pendant les grands événements d’un pays, plusieurs phénomènes malsains comme par hasard se font parler d’eux de la mauvaise manière. Il s’agit d’enlèvement d’enfants, de femmes, d’albinos, de rouquins etc. On se rappelle en Côte d’Ivoire, le phénomène des enlèvements d’enfants a connu son apogée à l’approche de l’élection présidentielle de 2015. Les autorités ont même signalé plusieurs cas de disparition d’enfant, pendant qu’ils se rendaient ou revenaient de l’école. Cette triste période avait créé la méfiance entre les individus au point qu’on n’hésitait pas à lyncher des gens soupçonnés d’être impliqués dans des trafics d’enfant.

Par ailleurs, un autre trafic se fait aujourd’hui sur les réseaux sociaux, notamment des femmes. Tout ce qui brille n’est pas de l’or, dit-on. Pourtant nombreuses sont les jeunes filles qui tombent dans ce piège. En effet, sur les réseaux sociaux, des jeunes filles ne tardent pas à placer leur confiance en des individus rencontrés sur Facebook, par exemple. Et à partir de ces échanges, ils se rencontrent physiquement pour nouer une amitié dite solide. Cependant c’est de là que survient toute sorte de dégâts.

On m’a raconté l’histoire d’une jeune dame qui a rencontré un homme sur Facebook. Cet homme était impliqué dans un vaste réseau de trafic humain. Après quelques rencontres, la jeune fille accepta sa compagnie. Et une fois en visite dans un endroit très suspect, il viola la jeune fille et lui trancha la tête. Malheureusement pour l’individu, il était suivi par un agent de police. C’est ainsi qu’on découvrit le corps de plusieurs autres jeunes filles découpées, et rangées en ordre, en partance pour d’autres horizons.

Également, l’un des endroits fréquentés par ces personnes, c’est bel et bien les maquis, les espaces de grand divertissement. A la sortie d’une virée nocturne, plusieurs jeunes filles vendent leurs âmes au diable.

C’est l’histoire d’une jeune fille, qui se trouvait dans un besoin financier. Elle rencontra par hasard un individu dans un maquis. Après une première rencontre, le jeune homme lui tend deux billets de 10 mille francs Cfa.  A la deuxième rencontre, l’homme lui donne 50 mille francs Cfa. A la 3è rencontre, la jeune fille, déjà appâtée par la générosité de son nouvel ami, décida de lui confier ses difficultés. Elle voulait en fait monter un projet dont le coût s’élèvait à 500 mille F Cfa. L’homme accepta de lui donner cette somme en contrepartie qu’elle couche avec lui. Chose qu’elle accepta sans hésiter. Arriver à l’hôtel, l’homme décida de doubler la mise à un million de francs en condition que la jeune fille accepte de se faire déféquer la dessus.

Après quelques hésitations, elle accepta la proposition. Une fois terminé, la jeune dame se rend dans la douche pour se nettoyer. A son retour, elle ne vit ni l’argent, ni l’homme en question. Les deux avaient tout simplement disparu dans la nature. Depuis lors, la malheureuse dame sentait l’odeur de l’excrément humain, jusqu’à l’éloigner de tout le monde, sa famille, au point d’en mourir.

A travers donc cette histoire, nous voudrons sensibiliser les uns et les autres à faire attention à nos fréquentations sur internet, dans les espaces publics, à veiller sur l’éducation des enfants pour ne pas qu’il soit des moutons de sacrifice de ces malfrats.

Enfin dire aux personnes qui souhaitent donner de leurs organes tel que le rein pour sauver des vies, eh bien c’est une action à encourager, à motiver, à promouvoir d’ailleurs afin de combler l’insuffisance en la matière. Car si le trafic d’organe humain perdure, cela veut dire que nous négligeons un grand devoir envers les nécessiteux, ces personnes malades qui pourraient recouvrir la santé grâce à notre générosité. N’oublions pas que des milliers de personnes meurent chaque année par manque d’organe vital. Alors soyons solidaire les uns vis à vis des autres afin de contrer les trafics illicites et dangereux pour notre société.

Lama


Nouvelle constitution / l’ivoirité refait-elle surface ?

Pendant la campagne présidentielle d’octobre 2010, le candidat Alassane Ouattara avait promis de modifier la constitution pour, dit-il, enlever tous les articles confligènes. Notamment l’article 35.

En effet, cet article controversé serait à la base du concept de « l’ivoirité ». Une sorte de classification des ivoiriens en fonction de leurs différentes origines. En clair, « Le candidat à l’élection présidentielle doit être ivoirien d’origine, né de père et de mère eux-mêmes ivoiriens d’origine. Il doit n’avoir jamais renoncé à la nationalité ivoirienne. Il ne doit s’être jamais prévalu d’une autre nationalité (…) ». En tout cas, cet article a servi de prétexte pour commettre et admettre les pires crimes dans le pays ; un pays coupé en deux. Une grande partie contrôlée par la rébellion armée et le reste par le gouvernement Gbagbo.

Après son installation en 2011 dans le fauteuil présidentiel à la suite d’une crise post électorale, Alassane Ouattara dit n’avoir pas eu le temps de procéder à la modification de la loi fondamentale. C’est seulement au cours de son second mandat qu’il va tenter de rattraper cette promesse de campagne. Cependant là encore, beaucoup d’ivoiriens se trouvent confus entre révision de la constitution et nouvelle constitution. Tans pis pour ceux qui ne l’ont pas compris. Il s’agit bel et bien d’une nouvelle constitution. Une constitution faite à la hâte. En pratiquement trois (03) mois, les experts juristes d’Alassane Ouattara ont tout bouclé. Le nouveau projet compte 184 articles.

Dans ma lecture, j’ai relevé plusieurs incongruités. Cependant, j’aimerais m’arrêter sur l’article 35 de la défunte constitution où il était question d’éligibilité du président. La nouvelle constitution consacre cet aspect à l’article 55 : « Le Président de la République est élu pour cinq ans au suffrage universel direct. Il n’est rééligible qu’une fois. Il choisit un vice-Président de la République, qui est élu en même temps que lui. Le candidat à l’élection  présidentielle doit jouir de ses droits civils et politiques et doit être âgé de trente-cinq ans au moins. Il doit être exclusivement de nationalité ivoirienne, né de père ou de mère ivoirien d’origine ».

Le terme « exclusivement » me dérange personnellement. Cela va encore créer des frustrés. Des ivoiriens qui ont la double nationalité se voient déjà écarté du pouvoir. M. Ouattara, lui-même qui a souffert de cette exclusion, est entrain de provoquer une nouvelle forme d’ivoirité. Si cette constitution se dit nouvelle, consensuelle, moderne, alors elle doit éviter de catégoriser les ivoiriens.

Par ailleurs, l’idée de créer un poste de vice-président et qui est choisit par le président lui-même ne vient pas résoudre la guerre de leadership dans le pays. En effet, on le dit souvent avec plein d’humour : « il n’y a pas deux capitaines dans le même bateau ». Pire, un vice-président viendra alimenter la bataille pour le siège. A tout moment le regard sera tourné vers lui, en cas de mutinerie, de soulèvement populaire. Il sera soupçonné à tord ou à raison comme celui qui veut renverser le président en place. Les événements en cours au Brésil achèvent de nous donner raison. Dilma Roussef jure sur tous les toits que Michel Temer, son vice-président, est à la base de tous ses malheurs.

 Lama


Concept de l’Ivoirien Nouveau, une illusion ?

Le concept d’Ivoirien Nouveau a été entendu pour la première fois pendant la campagne présidentielle du président sortant Alassane Ouattara en octobre 2015. Après sa réélection à la tête de l’Etat, ce concept est devenu un véritable sacerdoce pour non seulement les autorités, mais aussi pour la société civile qui tentent tant bien que mal de faire la promotion de cette idéologie. Pour notre part, avant de parler du concept, nous allons faire l’état des lieux de la mentalité de l’ivoirien, avant de faire des propositions.

Bilan moral de l’Ivoirien 

“L’ivoirien nouveau” intervient dans un contexte de sortie de crise. En effet, la crise post électorale de 2011 reste encore vive dans les esprits de nombreux ivoiriens. D’autant plus que certains maux de la société ont été accentués après le conflit, notamment la délinquance juvénile appelée encore “microbe”, la cybercriminalité, la prostitution, en un mot le chômage, le désoeuvrage de la jeunesse ivoirienne. En plus, au lendemain de la crise, la réconciliation des fils et des filles du pays est devenue une préoccupation majeure pour les uns et les autres. Même si chacun y va de sa manière.

En revanche, 05 ans après cette période trouble, comment se porte l’ivoirien ?

A cette question, disons tout de suite que les chosent avancent même si quelque fois lentes.

D’une part, au plan national, les 05 dernières années ont été marquées par l’ouverture de grands chantiers à travers tout le pays. Par ici des ponts, par là des routes, boulevards. Encore loin, construction d’école, réhabilitations des universités. Avec en prime, une croissance économique de 9%, selon le Fonds Monétaire International (FMI)

D’autre part, 05 ans après, si le progrès national est visible à travers les infrastructures, force est de constater que beaucoup reste à faire au niveau de la mentalité de l’ivoirien. En effet, le citoyen ivoirien se trouve à la croisée des chemins. L’on constate de plus en plus l’incivisme, le bafouement des symboles de l’Etat, la non tolérance, l’indiscipline caractérisée par le non respect du code de la route. La délinquance juvénile à travers le phénomène social des “microbes”, la cybercriminalité ou encore le “broutage” qui perdure, la recherche du gain facile par l’homosexualité et la prostitution etc., sont autant de maux qui minent notre quotidien. Bref, en un mot comme en cent, l’ivoirien nouveau est à l’épreuve de la morale au sein de la société.

Justement, c’est quoi l’ivoirien nouveau ?

Cela consiste à dépouiller l’ivoirien de ses mauvaises habitudes pour le faire renaitre dans un nouveau corps, qui le prédispose à l’émergence de la Côte d’Ivoire. L’émergence requiert que l’on fasse des sacrifices. “L’enfant naît dans la douleur, mais quand il vient, on lui sourit” dit le célèbre intellectuel Aimé Césaire. L’ivoirien nouveau est une vision, tout comme l’émergence. Il s’agit donc d’une longue marche, un processus qu’il faudra chaque jour mettre en pratique dans nos actes, pour que dans 05 ans ou plus, nous venions faire le bilan. Corriger les erreurs et poursuivre le combat. Car la vie est un perpétuel combat.

Pour me résumer, l’ivoirien nouveau c’est le changement de mentalité tout d’abord. Tout processus de changement intervient d’abord par l’esprit, l’éducation, la formation. Lorsque notre cerveau est bien imprégné de ce concept, nous allons pouvoir réellement mesuré le sens et la portée.

Pour notre part, nous appelons les uns et les autres à épouser ce concept qui ma foi, permet à chaque ivoirien de faire son propre bilan. Son bilan moral vis-à-vis de son pays. Ne posons pas la question de savoir : qu’est-ce que le pays a fait pour moi ? Mais posons-nous celle-ci : Qu’est-ce que j’ai fait et je fais pour que mon pays avance ? Car en lavant notre linge, nos mains deviennent propres sans qu’on s’en rende compte.

Soyons donc disciplinés vis-à-vis de la loi. Propageons la paix et la réconciliation. Désarmons notre cœur et acceptons de nous pardonner dans la sincérité. Et surtout sachons que nous sommes riches dans notre différence, notre diversité.

Lama


Quel bilan social du Ramadan ?

Pendant 30 jours, nous avons été nombreux partout dans le monde à jeûner le mois de Ramadan, comme Allah nous le recommande dans le but d’atteindre la piété. Pour atteindre cette piété, nous avons posé plusieurs actions sociales.

En effet, du riche au pauvre, en passant par l’homme au revenu moyen, nous avons tous au moins partagé un repas avec l’autre. Qu’il soit musulman ou non. Le Ramadan est un mois par excellence où la communauté musulmane fait parler de son cœur. En tant que journaliste reporter, nous avons pu assister ainsi à plusieurs cérémonies notamment de rupture collective de jeûne avec les différentes catégories de la société ivoirienne : gouvernement, organisation caritative, leader d’opinion, jeunesse, tous ont fait parler leur cœur soit par des remises de vivre aux personnes vulnérables, soit par le partage d’un repas de l’Iftar, rupture collective du jeûne.

Le prophète Mouhammad (paix et bénédiction sur lui) nous enseigne que les 7 portes de l’enfer se ferment pendant Ramadan, et les portes du paradis restent grandement ouverte pour accueillir le maximum de personnes. C’est à juste titre qu’on constate également que les mosquées se remplissent aux heures de prières et pendant les exégèses du Saint Coran par les imams. On accorde une attention toute particulière à notre voisin. On s’assure qu’il goutte à la bouillie de mil concoctée pour les jeûneurs. Bref.

En clair, le Ramadan nous montre que nous sommes capables de sortir de nous-mêmes, de nous intéresser aux autres, à leur vie quotidienne, à leurs joies et peines. N’est-ce pas l’exemple concret de l’acte du jeûne ? En effet, lorsqu’on passe toute la journée sans boire ni manger, on se rend compte combien il est difficile pour des personnes démunies de se nourrir, de passer des jours dans la faim. Pendant qu’on y est, le Ramadan nous enseigne une valeur universelle, à savoir l’humanisme.

On pourrait le définir tout simplement comme la philosophie qui place l’homme au cœur des préoccupations. En d’autres termes, c’est la philosophie qui recherche le bien être de l’homme.

Ainsi à travers Ramadan, nous cherchons à satisfaire les moindres besoins des autres, pour un monde plus juste et équitable.

En un mot comme en cent, le mois béni de Ramadan a forgé l’humanisme en chacun de nous.

En revanche, cette valeur doit-elle se limiter uniquement qu’au mois de Ramadan ?

NON. Allah nous a signifié que l’objectif du jeûne du Ramadan est d’atteindre la piété. Cette piété doit se laisser transparaître davantage après Ramadan. A travers nos actes de tous les jours. Se soucier de l’autre, s’enquérir de ses nouvelles, lui apporter assistance et réconfort au moment opportun.

L’adage africain le dit si bien et je cite : “en lavant nos linges, les mains deviennent propres sans qu’on y prête attention”. En clair, la générosité, la solidarité, le partage, l’assistance aux autres ne diminuent jamais les biens, au contraire, il le fortifie, lui accorde la baraka (bénédiction), et nous protège contre les vicissitudes de la vie. Le bienfait n’est jamais perdu. Nous sommes récompensés d’une manière ou d’une autre. C’est en cela, que je voudrais insister sur le sacrifice, l’aumône. Ayons la main facile. La main qui donne est toujours au dessus de celle qui reçoit. Bonne fête de l’Aïd el Fitr à toutes et à tous !

Lama


Violences universitaires, à quand la fin ?

Depuis 26 ans, l’école ivoirienne souffre des violences universitaires. Depuis l’introduction des loubards sur les campus d’Abidjan, on assiste, le cœur meurtri au déclin de notre école. Notre école qui a pourtant formé la plupart des intellectuels ouest-africains. Mais aujourd’hui la violence a atteint son niveau de paroxysme. Comment expliquer ce phénomène ?

Tout d’abord, je pense que la cause provient des mauvaises conditions d’étude des étudiants. En effet, le début des années 90 a été marqué par la crise économique en Côte d’Ivoire. Finie la période dorée où les étudiants étaient entretenus comme des rois. Les universités commençaient à déborder d’étudiants. Et les chambres s’amenuisaient. Les débourses et prises en charge se faisaient rares. Cela augmentait de plus en plus la pression sociale.

En outre, profitant de cette atmosphère de colère, la politique s’est immiscée dans les affaires estudiantines. L’an 1990 marquait également le déclin du pouvoir de Félix Houphoüet-Boigny qui sonnait son glas. Se voyant menacé, l’État introduit alors des loubards, ces gros bras vagabonds qui sèment la terreur dans les gares routières à Abidjan, pour faire taire les étudiants par la force. Malheureusement, c’est là que la violence prit une autre envergure. C’est ainsi qu’on assista à l’introduction de la machette à l’université.

En plus, chaque association estudiantine, pour survivre, s’est inféodée à des partis politiques, loin des idéaux de revendication des conditions d’études. A l’époque, le MEECI (Mouvement des Élèves et Étudiants de Côte d’Ivoire) était proche du pouvoir de Félix Houphouët-Boigny. La bouillante FESCI (Fédération Estudiantine et Scolaire de Côte d’Ivoire) a eu son heure de gloire sous le règne de Laurent Gbagbo. Aujourd’hui, on assiste à la création du Conseil des Étudiants, qui, quoi qu’on dise, reçoit les grâces du pouvoir en place. Cette discrimination crée des frustrations au sein des différents syndicats. A tel point qu’on assiste de façon récurrente à des affrontements entre étudiants. A la machette. Des blessés. Souvent des morts. A côté de ce climat interne délétère, le voisinage avec l’école de police vient surplomber la situation. En effet, à chaque manifestation des étudiants, on assiste à une véritable chasse à l’homme sur le campus. Des étudiants battus à sang, parfois violés. La dernière en date, c’est le fameux délogement des étudiants du campus de Cocody pour les Jeux de la Francophonie en 2017. Des étudiantes crièrent au viol. Des propos balayés du revers de la main par les autorités. Plusieurs étudiants furent battus, emprisonnés, rien que pour avoir refusé de quitter leurs chambres universitaires. Récemment encore, un véhicule de police a percuté un étudiant, décédé par la suite. Malgré les appels au calme des autorités, les vieux démons peuvent refaire surface à tout moment. L’étudiant lambda est toujours sur le qui-vive. A tout moment et en tout lieu, les cours peuvent être perturbés.

En un mot comme en cent, la situation dans les universités ivoiriennes est loin de l’apaisement. Le spectre de la violence est lisible dans les comportements.

Lama


Mon parapluie, mon compagnon…

Je viens vous raconter une belle histoire entre moi et mon parapluie, mon ami. C’est mon compagnon saisonnier. A chaque saison des pluies, il devient automatiquement mon meilleur copin, comme beaucoup de personnes d’ailleurs.

Je ne suis pas le seul à vanter ses mérites, son utilité. Lorsqu’il pleut, je ne peux me séparer de lui. Abidjan, on dit que la pluie fait plus peur que les bruits des armes lourdes. C’est tellement vrai. En effet, au bruit de la pluie, les gens se dispersent comme une zone attaquée. Personne ne veut “essuyer” les gouttes de pluie. Comment comprendre cette psychologie ? Voici une explication.

La ville d’Abidjan, malgré les nombreux efforts, manque d’infrastructures routières. Encore que les existants ne sont pas mieux entretenus. A tout bout de champ, des nids de poule, de canard, de cafard etc. A tout moment, le citoyen peut se faire éclabousser par un véhicule insolant. En plus, avoir accès à son domicile devient un parcours du combattant, en saison pluvieuse. Tellement les voies sont dégradées. Les eaux usées quittent leur lit dans les caniveaux remplis par des déchets plastiques et solides, pour se déporter sur la surface et entrer dans les domiciles pour provoquer d’énormes dégâts matériels et humains.

Une autre raison, c’est que la saison des pluies à Abidjan rime avec une montée en puissance des agressions. Les véhicules de transport en commun se font rares. Humiliés par la pluie, on préfère s’abriter sous un hangar. Malheureusement les petits bandits et délinquants raffolent de ces endroits pour s’en prendre aux gens.

Revenons à mon histoire avec mon parapluie. Comme on le dit en Afrique : “la langue et les dents s’embrouillent parfois malgré qu’elles vivent ensemble”. Autrement dit, mon parapluie n’est pas exempt de tout reproche. Il devient surtout encombrant quand il ne pleut pas. Le porter devient un fardeau lourd à supporter. Et la plupart du temps, je l’oublie soit au travail ou dans un véhicule. Malheureusement c’est après l’avoir égaré quelque part que la pluie me fait rappeller le pacte signé entre moi et mon compagnon !

Lama


“Moi, microbe…”

Lundi 09 mai 2016. Abidjan se réveille sous une forte pluie. La journée sera ainsi émaillée de quelques averses. Aux environs de 15h, je mets le cap sur la commune d’Attécoubé, une commune réputée pour être un bastion des enfants « microbes », ces gamins qui agressent et dépouillent les populations à l’aide de couteaux, machettes ou armes blanches. Je vais à la rencontre d’un ex-microbe, que je nomme ici T.K par mesure de sécurité.

Après plus d’une semaine de recherche, mon guide, Tiama Mahamadou, leader de jeunesse, arrive à mettre la main sur un jeune homme qui s’adonnait à cette pratique. Après avoir été mis en confiance, T.K accepte de me raconter sa vie dans ce cercle vicieux. C’est dans un « djassa » (magasin de vente de vêtements) que les échanges se déroulent dans une ambiance surchauffée par la musique. De peur d’attirer des regards.

T.K a les yeux bridés, la coupe de cheveux un peu désordonnée. Il est paré d’un tee-shirt rouge qui lui colle la peau. A 25 ans, il est l’aîné d’une famille de 6 enfants. Aujourd’hui, c’est un jeune homme qui mène correctement sa vie, grâce à une entreprise spécialisée dans les Travaux Publics. Il gagne 3 000 F par jour. Il est à l’abri des besoins. Toute la commune ne croyait pas en sa reconversion, lui qui s’était illustré autrefois par le vol, les attaques à main armée, etc. Au début, en le voyant, certains même n’hésitaient pas à se moquer de lui. D’autres sont allés jusqu’à dire à son patron qu’il avait affaire à un « bandit ». Malgré toutes « ces méchancetés », T.K a continué à travailler de façon assidue, si bien que son patron a placé toute sa confiance en lui. Au bout de d’un an, il a gagné l’estime des autres, puisque visiblement il s’était résolu à tourner la page de cette triste parenthèse. D’ailleurs, des passants lui offrent parfois un pourboire en signe d’encouragement. Marquons une pause. Qu’est-ce qui l’a poussé à se détourner de cette vie de débauche ?

Pour en savoir plus, il faut faire un pas en arrière. En 2005. T.K était encore en classe de 5è au collège Saint Bernard d’Adjamé. Le phénomène « Bôrô d’enjaillement » (escapade sur les autobus) battait son plein. Lui et ses copains s’illustraient toujours de la mauvaise façon ; en classe comme dans la rue. Et les parents n’étaient nullement informés de sa mauvaise conduite, et manquaient de contrôle sur lui. D’ailleurs, il sera renvoyé de l’école. Se retrouvant dans la rue sans contrôle parental, il avait désormais libre cours pour faire ce qu’il voulait. C’est ainsi qu’il forme un « gang » pour agresser et débarrasser les populations de leurs biens, sous l’effet d’un excitant appelée “Roche”, qui le rendait insensible et presque inconscient des actes posés.

Leur mode opératoire ? Par exemple, « on décide de viser un immeuble tout entier. 4 personnes se trouvent en haut et 4 autres en bas. Et nous commençons à dépouiller toutes les familles sans exception », avoue-t-il. Avant de poursuivre : « à cette époque, nous agressions sans arme. Mais c’est après la crise post-électorale de 2011 que nous avons eu des armes entre les mains. Ce qui nous facilitait la tâche ! », s’exclame-t-il. “On avait même un véhicule à notre disposition. Nous embarquions pour Cocody, Marcory, les quartiers riches pour aller braquer les gens”, confesse T.K.

Qu’est-ce qui l’a motivé à arrêter ? C’est en 2012 que tout va se déclencher. Au cours de la chasse aux « microbes », T.K va assister à la mort de plusieurs de ses amis « microbes » tombés sur « le champ d’honneur » en pleine opération. « A un moment, les forces de l’ordre ont entamé une véritable offensive contre nous. Et au fur à mesure, je voyais mes amis s’en aller les uns après les autres. En 2011, j’ai perdu près de 10 amis. Etant dans leur viseur, je me faisais rare dans la rue. Et un jour, j’ai eu l’envie de travailler. J’ai d’abord commencé avec un oncle commerçant, qui détenait une quincaillerie. J’y ai fait plus de 8 mois. Depuis cette expérience, je ne voulais plus m’asseoir sans rien faire. Je ne voulais plus perdurer dans ce que je faisais avant. La rue était comme une maladie pour moi. Mais par la grâce de Dieu, j’ai été retenu dans un projet de réinsertion pour travailler avec des opérateurs de Travaux Publics. Et je gagne bien ma vie aujourd’hui », lance-t-il fièrement.

Occasion pour lui de lancer un appel à tous les jeunes gens qui attaquent sans état d’âme d’honnêtes citoyens. Pour lui, la vie dans la rue est souvent provoquée par les parents qui n’accordent aucun loisir et ne communiquent assez avec leur enfant. Du coup, celui-ci peut se retrouver dans la rue avec des oiseaux de mauvais augure, mais qui comprennent ses besoins. “Depuis mon enfance, je n’avais pas le droit de demander quelque chose à la maison. C’est ce qui m’a poussé vers la rue, à m’éloigner des parents” regrette T.K. « La rue est une maladie. Donc pour ceux qui peuvent, qu’ils arrêtent dès maintenant. Agresser les gens ne fait jamais avancer dans la vie. Même si tu gagnes beaucoup d’argent, ça ne pourra pas te servir. Le bien mal acquis ne profite jamais », exhorte-t-il ses jeunes frères.

Aux autorités, il demande de résoudre la question de l’emploi, car « l’oisiveté est la mère de tous les maux ». « Des jeunes savent exercer des métiers, mais il leur manque la plupart du temps des financements pour faire germer leurs idées et leur savoir-faire », souligne T.K.

Lama