Togo: Quel avenir pour le pays avec les formations BTS?
Au cours de mon récent séjour à Lomé, au Togo, j’ai eu, un soir, l’idée d’inviter quelques amis à la maison pour un dîner. Ils répondirent presque tous présents, et le petit vacarme que nous faisions obligea mon père à sortir dans le jardin pour voir un peu ce qu’il s’y passait. C’est alors qu’il sortit son fusil de chasse et chassa toute la bande hors du domicile sous prétexte qu’elle l’empêchait de se reposer après une journée très éprouvante. Dites-moi donc, avait-il raison de se comporter de la sorte? N’ai-je pas le droit, à plus de 20 balais, d’organiser une petite soirée chez moi ? Hein ? N’ai-je pas le droit de vous baratiner un peu avant de relater les faits tels qu’ils se sont véritablement déroulés ? Bon, on efface tout à partir de la troisième phrase et on reprend.
C’est alors que mon père se présenta dans le jardin, prit le soin de saluer, d’une ferme poignée de main, chacun des invités, et distilla ensuite quelques conseils à notre encontre, nous, jeunes d’aujourd’hui et relève de demain. Dans son discours, un point sur lequel il ne s’attarda pas vraiment retint mon attention.
Je ne serais en mesure de citer exactement ses mots mais il posa la problématique suivante : comment notre génération pourrait-elle prendre la relève et assurer le développement du pays si la plupart des jeunes d’aujourd’hui se contente d’une formation BTS* ? Avant d’ajouter que, très vite pointera du nez un problème encore plus criard de manque de professeurs qualifiés pour garantir la formation des générations qui suivront.
Alors j’aimerais bien savoir comment nous comptons nous y prendre pour arriver à cet idéal que représente le développement. J’aimerais bien savoir comment nous pourrons créer, innover, et produire des richesses sans de solides formations. Penserions-nous un peu trop que Jésus viendra résoudre tous nos problèmes ?
Etudier, innover, développer…
C’est à juste titre que nous pouvons tenir ceux qui gouvernent le pays pour responsables de cette situation « fukushimatique » de notre système éducationnel et de ses infrastructures. Cependant, il serait aussi trop facile de nous exempter de tout reproche. Je fais une formation BTS (BAC + 2) dans une école aux méthodes et qualité d’enseignement douteuses et je m’en contente parce que je vais pouvoir décrocher un job qui garantira mon loyer et mes bières du weekend. Oui, on sait bien que Lomé est dur et que chacun se cherche, mais qui viendra la rendre douce ? Cela commence par moi, par toi, par nous et ainsi de suite. C’est en innovant qu’on se développe, mais l’innovation ne s’obtient pas au bout de seulement deux ans d’études et/ou de recherches. Il en faut plusieurs et il est donc important que nous imprégnions cette culture de la bosse dans nos gènes afin de nous donner des chances d’atteindre nos objectifs.
Ainsi donc, tout ce que nous aurons demain si nous continuons de courir après les formations à cycles courts, c’est la certitude de stagner dans les conditions actuelles, de n’avoir uniquement que des enseignants issus de ces écoles, qui eux, s’assureront que la qualité de la formation des générations à venir dégringole un peu plus.
Si je reviens assez souvent sur la question de l’éducation, en prenant par la même occasion le risque de me répéter, c’est parce que je crois dur comme fer que c’est à travers elle que nous changerons positivement notre pays, région économique et continent.
Sinon, pensez-vous aussi que mon père a raison ? Le débat est ouvert…
NB: BTS = Brevet de Technicien Supérieur.