Traore Amos Joel Yohane



Covid-19 au Burkina Faso : quelles leçons (déjà) pour le système de santé ?

Au cours de son histoire, le Burkina Faso n’a jamais été confronté à une crise sanitaire majeure de l’ampleur de celle du Covid-19. Cette pandémie de coronavirus nécessite un dispositif sanitaire des plus performants. Certes, le pays a toujours connu des épidémies mais rien ne préparait le pays des hommes intègres à faire face à un nouveau type de virus, très contagieux et virulent.


#Askip : À ce qu’il paraît, l’OMS aurait homologué le remède malgache, le Covid-Organics

« Allô mon type, tu es connecté ? Je viens de voir une publication du Directeur Général de l’OMS qui a enfin accepté le remède de Madagascar. C’est un grand jour pour l’Afrique Big Amos ! » J’ai décidé d’aller sur internet afin de voir ce qui rendait si heureux mon pote Steve.








A la rencontre des jeunes maracaniers du Burkina Faso

Conakry, la capitale de la République de Guinée sera jusqu’au 28 septembre l’épicentre du maracana. La compétition bat actuellement son plein avec des rencontres aussi palpitantes les unes que les autres. L’ambiance est très fraternelle et conviviale. Le maracana est en vogue dans de nombreux pays de l’Afrique de l’Ouest et notamment au Burkina Faso. Alors que le pays des hommes intègres est représenté à Conakry, des jeunes maracaniers de la ville de Bobo Dioulasso, la deuxième ville du Burkina Faso, s’expriment sur la place qu’occupe le maracana dans leur quotidien. Deux jeunes bobolais, Traoré Ismaël, entrepreneur évoluant dans le domaine de la prestation de services et Tou Abdoulaye, soudeur mécanicien nous livrent leurs impressions sur ce sport.

Ah le maracana !

En cet après-midi, Traoré Ismaël jeune trentenaire, s’affaire à la rédaction d’un devis pour un de ses gros clients. A peine fini, il nous déclare sa flamme pour le maracana.

Ismaël dans son entreprise de prestation de service – crédit : Amos Traore

« Si le maracana n’existait pas, il faudrait obligatoirement le créer. C’est un sport magnifique qui permet à nous les jeunes de se retrouver tous les soirs pour partager de bons moments sur le terrain. L’objectif principal dans le maracana, ce n’est pas la performance. Ce sport permet de décompresser. Les maracaniers de Bobo viennent de partout, toutes les professions sont représentées. Il y a même un député dont je tairai le nom qui vient souvent jouer avec nous : il n’y a que le maracana qui permet cela.

La jeunesse bobolaise est confrontée à de nombreux défis et ce n’est pas toujours facile, le stress et la démotivation ne sont jamais loin. Donc lorsque nous nous retrouvons tous ensemble le soir, on fait tout pour mettre de l’ambiance et chasser toutes les ondes négatives. Nous avons tous un petit surnom lorsque nous jouons, le mien c’est « Black Panther »(rires). Franchement, le maracana doit être pratiqué par plus de personnes. Il y a souvent des vieux de 60-70 ans qui viennent jouer avec nous à cause de l’ambiance et pour se maintenir en forme et cela crée un formidable brassage générationnel.

Le maracana me permet à titre personnel d’être en pleine forme. Les maladies telles que le paludisme ou l’hypertension ont peur de l’organisme d’une maracanier car il est très sain (rires). Je pense que notre gouvernement et même tous les autres pays du monde doivent inscrire le maracana sur la liste des traitements  à  utiliser  contre  certaines maladies », a déclaré notre très cher Ismaël, qui après l’entretien a fermé les portes de sa succursale pour aller rejoindre ses copains maracaniers.

Cap est ensuite mis sur le quartier historique de la ville de Bobo Dioulasso, Colsama. A Colsama, on retrouve le jeune Abdoulay Tou qui a 24 ans et qui est un inconditionnel du maracana. D’ailleurs lorsqu’on le retrouve, il est tout heureux car lui et son équipe viennent de remporter un tournoi organisé par un grand frère du quartier. Tout heureux, il nous parle de son amour pour le maracana.

Abdoulay, de retour après une compétition de maracana – crédit : Amos Traoré

« Le maracana c’est vraiment super. Nous venons de remporter la 3e édition de la coupe maracana organisé par un de nos grands frères. Depuis que j’ai l’âge de 12 ans, je joue au maracana. Cela a un aspect positif sur mon quotidien en me permettant d’éviter de nombreux ennuis. Quand nous jouons ensemble au maracana, les grands frères nous prodiguent des conseils pour que nous soyons des jeunes exemplaires.

Ce que j’aime dans le maracana c’est la surface du terrain. Elle n’est pas grande et on peut y faire de nombreuses actions pour fatiguer l’adversaire (rires). C’est vraiment génial, les règles sont simples et on se fait plaisir seulement.

Je suis mécanicien soudeur de profession et jouer fréquemment au maracana me permet de trouver un équilibre. J’aimerais qu’il y ait plus de terrain à Bobo où de nombreux jeunes pourront jouer au maracana. Nos autorités doivent valoriser la pratique du maracana. Cela pourrait booster le tourisme et avantager notre économie à travers la venue de touristes qui vont découvrir ce merveilleux sport. »

 

Le maracana, une affaire de potes – crédit : Amos Traoré

 

 

Ismael et Abdoulaye, par leurs témoignages, nous montrent que le maracana va perdurer dans le temps et va continuer à rassembler diverses couches sociales. C’est ça la magie du maracana.



L’humanité se dirige-t-elle vers le précipice ?

Il y a quelques semaines, le groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) a tiré la sonnette d’alarme. Selon le GIEC, le réchauffement des terres émergées a atteint 1,53°C. De ce fait, pour ce groupe d’experts, l’humanité doit revoir en urgence son mode de consommation. En outre, le réchauffement climatique est à un point critique et si rien n’est fait notre monde court tout droit vers la catastrophe. Par conséquent, le groupe d’experts préconise avant tout un changement notoire dans la gestion des terres, la production agricole et l’alimentation.

Pour en savoir plus : les détails du rapport du GIEC sont disponibles ici.

Quelques jours avant la publication du groupe d’experts sur le climat, l’Institut des ressources mondiales (World Ressources Institut, WRI) faisait aussi un constat très préoccupant. En effet, le WRI a indiqué qu’un quart de la population mondiale est en situation de pénurie hydrique grave, c’est-à-dire proche du jour zéro. Selon l’Institut, 17 pays pourront se retrouver sans eau dans un avenir très proche. Connaissant le rôle vital de l’eau dans le cycle de la vie, si cette denrée précieuse venait à manquer, on n’ose imaginer les conséquences qui en découleront à l’échelle planétaire.

Les effets du réchauffement climatique – CC Ken Kitsler

Tous les signaux sont au rouge

Comment le monde en est-il arrivé là? voici une piste de réponse du patron du WRI, Andrew Steer qui livre ceci:

« L’agriculture, l’industrie, et les municipalités absorbent 80 % de la surface disponible et des eaux souterraines lors d’une année moyenne. »

En sus, M. Steer se désole ensuite du fait que l’humanité dans son ensemble ne prête aucune attention à la terrible catastrophe qui se profile à l’horizon. Là aussi, dans le rapport du WRI, l’humain doit prendre ses responsabilités pour ne pas s’organiser des funérailles de première classe. Une pénurie en eau serait désastreuse pour notre monde car cela va entraîner irrémédiablement des conflits alimentaires, des flux migratoires conséquents et des périodes d’instabilités financières.

Pour un savoir plus : un article sur le rapport de l’Institut des ressources mondiales

Des perspectives effrayantes

La planète terre ne s’est jamais portée aussi mal, mais le plus aberrant c’est qu’une grande partie de la population n’y prête pas attention, pire, certains décideurs politiques et des acteurs du monde de la science tentent de faire croire que le dérèglement climatique n’est qu’une grande farce. Pitié, quand est-ce que l’hypocrisie générale va cesser ? Quand est-ce que l’humain va comprendre qu’il n’est absolument rien sans dame nature ? Quand est-ce que nous allons comprendre que si la terre décide de dire stop, nous serons tous réduit à néant ? Jusqu’à preuve du contraire, la terre est la seule planète habitable du système solaire et si elle disparaît, l’espèce humaine appartiendra au passé…

La jeune génération a décidé de passer à l’action

Grève des jeunes pour le climat à Zagreb, Croatie – CC pixabay

La nouvelle génération a compris qu’il faut agir au plus vite. Un mouvement spontané de jeunes gens, dont la figure de proue est Greta Thunberg, a décidé de prendre ses responsabilités pour essayer d’inverser le terrible processus qui a été enclenché par leurs aînés. Oui, ces gamins ont pris les devants, ils ne veulent pas voir notre planète se transformer en un gigantesque cratère qui nous engloutira tous. Dans l’un de mes articles précédant, j’évoquais l’urgence de la situation, j’y ai fait cas de l’engagement du célèbre acteur américain, Leonardo Dicaprio. Alors qu’il s’adressait à la tribune des Nations Unies, l’acteur plusieurs fois oscarisé a livré un témoignage édifiant… A revivre dans la vidéo ci-dessous:

Aussi, pour ne rien arranger à la situation de notre planète, l’Amazonie, qui est considéré à juste titre comme le poumon vert de la terre est en train de brûler depuis plusieurs semaines. Il ressort que les incendies furent allumés délibérément par des exploitants agricoles et par des structures agroalimentaires sans scrupules, parfaitement inconscients. Le rôle que joue la forêt amazonienne dans le cycle de la vie est cruciale. C’est l’une des dernières forêts sauvages du monde. L’oxygène que nous respirons tous est régulé en grande partie par la forêt amazonienne et voilà comment des humains la remercient…

La vidéo ci-dessous doit tous nous interpeller !

Des décideurs politiques interpellés

La foret Amazonienne avant qu’elle ne brûle, vue de la tour d’observation du MUSA, à Manaus, Brésil (2018) – flickr.com/SebMar

Raoni, figure internationale de la défense de l’Amazonie et ancien chef du peuple kayapo a lancé un vrai cri de cœur pour que la déforestation très avancée de l’Amazonie cesse. Il a aussi interpellé le président brésilien climato-sceptique affirmé, Jair Bolsonaro pour qu’il prenne conscience que sa politique est un véritable danger pour le poumon vert de la planète. A noter que la forêt de l’Amazonie appartient à 60% au Brésil.

Pour en savoir plus :

« Ils n’arrêtent pas de détruire la forêt amazonienne » : le chef Raoni tire la sonnette d’alarme

Forêt amazonienne : que serait la Terre sans son « poumon » ?

Mettre en place les solutions qui se trouvent sous nos yeux

Des solutions existent bel et bien pour tenter d’inverser la courbe du dérèglement climatique. En outre, Nous devons abandonner la production et l’utilisation des énergies fossiles qui ont bâti notre société contemporaine et aller vers les sources d’énergie propres.

champs d’éoliennes – CC pixabay

Certains lobbys ont réussi avec brio à faire ancrer dans les mémoires collectives le fait que la production des énergies renouvelables est coûteuse et n’arrivera pas à couvrir les besoins en énergie de la planète, ce qui n’est pas du tout vrai. En effet, selon une récente étude scientifique publiée dans la revue scientifique américaine Energy Policy, l’installation d’un vaste parc éolien sur des terres libres en Europe permettrait d’ali­men­ter le monde entier en électricité jusqu’en 2050.

Cependant, pour que cela se matérialise, il faut qu’il y ait un véritable engagement politique au niveau mondial. Notre terre n’a cessé de nous envoyer des signaux d’alertes que nous avons refusé de prendre en compte, maintenant il est plus qu’évident qu’elle est à bout de souffle.

Agir au plus vite

L’espèce humaine n’échappera pas aux conséquences de son inconscience et on le constate déjà. Malgré les faits, nous refusons toujours de voir la réalité en face et nous nous berçons d’illusions et de faussetés alors que nous flirtons dangereusement avec la zone du point de non-retour. Le défi est immense, mais si l’humanité dans son son ensemble décide de réagir nous pourrons aider la terre à se régénérer.

Aussi, ce combat n’est pas celui de Greenpeace et des organisations de défenses de l’environnement, encore moins celui de la courageuse et vaillante Greta Thunberg et de tous ces jeunes qui se sont mobilisés en faveur de la terre, non ce combat est celui de tous les habitants de la terre sans exceptions. Chaque humain doit prendre ses responsabilités à son niveau en mettant en place des actions pour sauver notre monde. En étant solidaire et en travaillant main dans la main, à l’échelle du globe, nous pourrions arrêter ce processus infernal et du même coup sauver notre espèce d’une extinction.


Anou, le peintre qui interpelle par ses tableaux

Anou le reconnaît lui-même, il n’est pas du tout facile de vivre du métier de peintre au Burkina Faso et plus particulièrement dans sa ville natale de Bobo Dioulasso. Selon ce talentueux peintre, qui est un vrai passionné, pratiquer la peinture est mal vu dans la ville de Sya (nom local, de la ville de Bobo Dioulasso). Le peintre y est considéré comme une personne qui n’a rien à faire, un rêveur qui n’a aucune perspective pour son « avenir » comme le disent couramment les bobolais.

A l’occasion d’une exposition à l’Institut Français, le jeune artiste peintre Anou a dévoilé ces nouvelles œuvres. À travers cette exposition, l’artiste a voulu attirer l’attention du grand public sur un thème qui lui tient particulièrement à cœur, l’éducation. C’est donc autour de ce thème qu’il a proposé divers tableaux aux visiteurs, afin de faire comprendre à tout un chacun l’importance de l’éducation dans toute société. D’après Anou, l’éducation est le socle de tout développement durable. Allons donc à la découverte de ce peintre qui a fait de son art un style de vie, une arme pour faire changer les mentalités et faire bouger les choses. À cœur ouvert, il nous livre son quotidien de peintre, ses expériences acquises au fil des années et ses ambitions.

Anou, merci pour votre accueil ! Qui est Anou?

Mon nom c’est Sanou Moustapha à l’état-civil et mon nom d’artiste c’est Anou. Anou, c’est tout simplement le diminutif de mon nom de famille, Sanou. Je suis artiste peintre et à mes heures perdues je joue de la musique.

Quand et comment avez-vous commencé la peinture ?

Il faut dire que j’ai commencé à peindre très tôt, depuis le bas âge. Quand j’étais enfant, de nombreux membres de ma famille s’adonnaient à la peinture par passion et ils m’ont influencé dans mon choix de faire de la peinture. Quand j’étais enfant, j’ai aussi toujours été émerveillé par les dessins. Au fil du temps, j’ai commencé à fréquenter des ateliers de peinture dans la ville de Bobo, dans le but d’apprendre cet art.

Vous êtes un passionné de peinture, comment vous la vivez au quotidien ?

La peinture, c’est toute ma vie. J’ai coutume de dire qu’on ne choisit pas la peinture pour en faire un métier, l’art de peindre est un don. Le simple fait d’avoir vu des membres de ma famille peindre des tableaux m’a fasciné. En plus de cela, de grands peintres tels que Picasso, Van Gogh ou Matisse m’ont émerveillé. Donc au quotidien je me nourris des différentes œuvres de ces grands peintres qui ont marqué l’Histoire de l’art.

D’où tirez-vous votre inspiration pour vos tableaux ?

Je tire mon inspiration de la vie de tous les jours. D’ailleurs, la majeure partie de mes œuvres parle de faits liés à la vie quotidienne, j’aime aborder des thèmes qui touchent un large public. Par exemple l’exposition que je donne actuellement à l’Institut français a pour thème l’éducation. Pour moi, l’éducation est le fondement de notre vie. Donc, à travers mes tableaux je cherche à atteindre le maximum de personnes, je dénonce à ma manière les maux qui minent notre société. De plus, je veux qu’à travers mes tableaux, la jeunesse africaine -et particulièrement celle du Burkina- prenne conscience de son fort potentiel. Je veux faire comprendre à nos parents qu’il est primordial que les enfants aillent à l’école, afin qu’ils puissent devenir à l’avenir, des hommes et des femmes responsables qui respectent nos valeurs et sur lesquels le pays pourra compter.

Quelle est généralement la réaction de ceux qui voient vos tableaux ?

J’évolue dans un milieu assez particulier. Il faut bien le dire, la population bobolaise, du fait de leur méconnaissance de l’art de la peinture, n’a pas un œil assez averti. Quand je peins, certaines personnes ne voient qu’un mélange de couleurs. Ils n’essayent pas de voir au-delà des couleurs. Durant mes expositions dans différents lieux de la ville, je prends donc le temps de bien expliquer les différentes subtilités de la peinture afin que le maximum de personnes puisse comprendre mes tableaux. Sinon, il y a aussi des personnes qui ont un œil averti, qui leur permet d’apprécier pleinement mes tableaux. C’est ainsi qu’il m’arrive régulièrement de recevoir des compliments et des encouragements pour les thèmes que j’aborde.

Crédit photo: Amos Traore
A l’école. Crédit : Amos Traore

Au cours de vos différentes expositions, avez-vous rencontré d’autres artistes peintres et qu’est-ce que ces rencontres vous ont apporté ?

La peinture sourit et est universelle. La peinture m’a ouvert de nombreuses portes, j’ai ainsi pu rencontrer des personnes qui m’ont beaucoup apporté. J’échange régulièrement avec des peintres du Burkina Faso et de la sous-région et il arrive qu’on collabore ensemble sur différents œuvres artistiques. Cela me permet d’acquérir de nouvelles expériences.

Quel regard portez-vous sur la place qu’occupe la peinture au Burkina et particulièrement à Bobo Dioulasso ?

Vous savez, dans un passé récent, Bobo Dioulasso était le centre de la culture au Burkina Faso. Il y avait une vraie impulsion dans différents domaines de la culture, mais aujourd’hui la richesse culturelle du Burkina Faso est en train de s’effriter. La peinture, à l’instar de nombreuses autres activités culturelles, n’a pas encore basculé dans le professionnalisme. Le statut du peintre n’évolue pas au Burkina Faso, ce qui est vraiment dommage. Dans ce pays, on n’a pas conscience des avantages que pourrait apporter la peinture à l’économie et à l’image même de la nation. Il faut que nos autorités aient de la vision et mettent en place des mécanismes qui permettront aux artistes peintres de faire connaître leur art à l’intérieur puis à l’extérieur du pays. C’est vrai qu’il y a des manifestations comme le SIAO (Salon International de l’Artisanat de Ouagadougou) ou la SNC (Semaine Nationale de la Culture) qui nous permettent de présenter nos œuvres au grand public, mais c’est largement insuffisant. Il faut une nouvelle impulsion, une nouvelle dynamique qui permettra à une nouvelle génération d’artistes peintres de s’approprier l’histoire de notre pays et de la mettre en valeur à travers des tableaux.

Quelles sont les difficultés que vous rencontrez au quotidien dans vos activités de peintre ?

La peinture est un domaine où il faut innover et, qui dit innovation, dit acquisition de matériel adéquat. Il n’est pas du tout aisé de se procurer le matériel pour la peinture ici à Bobo Dioulasso, ce qui nous cause diverses contraintes. En plus de cela, il y a les facteurs sociaux qui peuvent démoraliser très rapidement. Faute d’organisation et de cadres où les peintres peuvent écouler leurs tableaux, nous devons nous battre pour survivre au quotidien. Ce n’est pas facile, mais la passion et le soutien de personnes ressources et de structures comme l’Institut français nous aident à faire face un tant soit peu aux difficultés. Je lance encore un appel à nos autorités, il faut qu’ils prennent conscience de ce qui est en train de se jouer et qu’ils adoptent une nouvelle stratégie, sinon, dans quelques années, je crains fort que la peinture ne disparaisse du paysage culturel burkinabé. C’est avec un pincement au cœur que je le dis, mais c’est la vérité.

Êtes-vous membre d’une association de peintres ?

Oui, je suis membre d’une association de peintres ici à Bobo Dioulasso. L’association se nomme « Couleurs Pinceaux ». Nous essayons à chaque fois de convoquer quelques rencontres afin de discuter sur nos différentes activités artistiques. Par la même occasion, nous essayons d’échanger sur un certain nombre de problématiques liés à notre activité qu’est la peinture. Ensemble, nous souhaitons faire revivre la peinture à Bobo Dioulasso. L’association existe depuis 2012 et son siège est situé au sein du musée national Sogossira Sanou de Bobo Dioulasso.

Crédit photo: Amos Traore
Des élèves sur le chemin de l’école. Crédit Amos Traore.

À l’ère de la révolution numérique, comment vous utilisez les réseaux sociaux pour mettre en valeur votre art ?

Effectivement, comme on a coutume de le dire, le monde est désormais un vaste village connecté, presque tout se passe dorénavant sur Internet et l’art de la peinture n’échappe pas à cette règle. C’est fort de ce constat que j’ai en projet de mettre en place une page Facebook et un compte Instagram, spécialement dédié à la valorisation de mes œuvres. Sinon, j’ai un compte Facebook et Whatsapp personnel où je parle souvent de mes œuvres. Cependant, l’idéal serait que je crée un espace numérique spécialement dédié à mes activités. Les autorités locales peuvent aussi nous aider en mettant en place un site web référencé et régulièrement mis à jour, afin que tous les artistes peintres puissent y avoir un espace pour faire connaître leurs différentes œuvres. Si nous arrivons à exploiter au mieux Internet, nous pourrons être beaucoup plus efficaces en matière de visibilité. J’aimerais aussi profiter de votre présence pour remercier tous les promoteurs artistiques qui nous aident dans nos activités. Spéciale dédicace, au promoteur du festival « Murmures » qui est un ressortissant étranger et qui fait de son mieux pour permettre une meilleure valorisation des œuvres des peintres au niveau régional.

Crédit photo: Amos Traore
Richesse et diversité au sein de la communauté. Crédit : Amos Traore.

 Avez-vous déjà participé à des expositions hors du Burkina Faso ?

Oui j’ai eu à faire quelques expositions à l’étranger. En 2014 par exemple, j’ai  exposé à l’École Nationale de danse en Côte d’Ivoire, à la Riviera, cela m’a permis de participer au festival « Massa » où j’ai pu aussi exposer des tableaux. En 2016, j’ai eu l’opportunité de réaliser une exposition au Maroc.

Quels conseils donneriez-vous aux jeunes qui souhaitent se lancer dans la peinture ?

Le conseil que j’ai à l’endroit de mes petits frères qui veulent embrasser une carrière dans la peinture, s’est de s’armer de passion. Ils ne doivent pas venir dans ce domaine avec l’idée de se faire rapidement de l’argent. Être peintre, c’est d’abord être un vrai passionné, le peintre c’est celui qui veut toucher l’âme d’autrui par son talent. Le peintre c’est celui qui crée, pour faire passer un message et défendre une cause. Aux jeunes qui veulent peindre et qui sont passionnés, lancez-vous, écoutez ce que vous dit votre instinct car il se trompe rarement, cherchez des conseils auprès de vos grands frères et formez vous continuellement.

Le thème de votre exposition actuelle c’est  l’« éducation »,  pourquoi avoir choisi ce thème ?

Le thème sur l’éducation me tient spécialement à cœur, pour moi c’est le commencement de toutes choses. J’associe aussi l’éducation aux valeurs culturelles, pour aller loin, il faut connaître d’où l’on vient et s’approprier sa culture. Sans une éducation de qualité,  l’homme n’est pas en mesure d’exprimer son plein potentiel. Il faut se former, se tester, apprendre et découvrir continuellement afin de devenir  meilleur au quotidien. Dans la vie de tous les jours, j’essaie de sensibiliser mon entourage sur les bienfaits de l’éducation. C’est ainsi que j’ai choisi l’éducation comme thème pour mon exposition ici à l’Institut Français pour montrer que l’éducation est la base de toute société qui veut aspirer au développement

Quelles sont vos ambitions pour l’avenir ?

Petit à petit l’oiseau fait son nid. Actuellement, j’ai à mon actif à peu près 200 tableaux et j’en suis très fier. Chaque tableau que je peins à une histoire. J’espère qu’à l’avenir, je pourrai être un exemple, que mes tableaux touchent un large public au Burkina Faso, en Afrique et un peu partout dans le monde. Un de mes vœux les plus chers, c’est d’avoir l’opportunité d’exposer mes œuvres dans les plus grandes salles du monde.

Credit photo: Amos Traore
Anou devant l’un de ses tableaux phare. Crédit Amos Traore.


#MondoCorrespondance : au Burkina Faso, la corruption à la vie belle

Mon frère Ritzamarum Zetrenne la corruption, ce serpent de mer qui a la faculté de se faufiler dans tous les rouages de la société doit être combattu avec vigueur. Malheureusement, ici, au Burkina Faso, la corruption se porte bien, tellement bien qu’elle touche tous les secteurs d’activité du pays.

Il est devenu fréquent de voir dans les différents médias de la place des faits de détournements de fonds, d’enrichissements illicites, de trafic d’influence et bien d’autres choses encore. Eh oui au Burkina Faso, pays supposé des hommes intègres, la corruption a encore de beaux jours devant elle. En effet, les principaux faits de corruption se déroulent au plus sommet de l’État.

Des hautes autorités épinglées

Des ministres, des directeurs de grandes institutions et d’importantes compagnies ont plusieurs fois été épinglés pour détournement de fonds. En 2017 par exemple, Éric Bougouma, ministre des infrastructures, a du répondre de plusieurs cas de corruption. Il lui était reproché une gestion mafieuse dudit ministère où les pots-de-vin étaient monnaie courante…

Malheureusement l’affaire n’est pas allée bien loin malgré les preuves évidentes qui pesaient contre lui car le sieur Bougouma est un membre influent du Parti au pouvoir MPP (Mouvement du peuple pour le progrès). Ces accusateurs ont été traité de calomniateurs et il a vite été lavé de tous soupçons et continue de jouir de son poste de ministre avec les avantages. Tu retrouvera ici tous les dessous de l’affaire : https://lefaso.net/spip.php?article78266

Nathalie Somé, présidente du CSC (Conseil Supérieur de la communication) a été il y a quelques mois, écroué à la MACO (Maison d’Arrêt et de correction de Ouagadougou) pour fait de détournements de fonds s’élevant à quelque 600 millions de FCFA environ 91 millions d’euro. Elle médite actuellement sur son sort en attendant son jugement si jugement il y en a car le secteur de la justice est l’un des secteurs les plus corrompus du pays.

D’ailleurs à la fin de l’article je te livrerai le classement des secteurs d’activité les plus corrompus du pays. Tout dernièrement c’est le directeur général du FAFPA (Fonds d’Appui à la Formation Professionnelle) qui a été éclaboussé par une affaire de corruption mais qui a été relaxé dans des conditions pas du tout claires. Lisez l’article ci-dessous:

FAFPA: l’ancien DG s’octroierait un bonus frauduleux de 10 millions par mois

Des affaires comme celles-ci, il y en a beaucoup et ceux qui ont été appréhendés ne représentent que la face visible de l’iceberg. Il est vraiment dommage que les plus hautes autorités du pays soient les principaux acteurs de cette corruption qui a vraiment gangrené mon pays. Cependant lorsque ces corrompus sont pris la main dans le sac, ils ne sont malheureusement jamais inquiétés car gravitant autour du Parti au pouvoir.

Les pauvres citoyens qui assistent à ces faits honteux, n’ont que leurs yeux pour pleurer car ils pensaient avoir élu des hommes et des femmes honnêtes, intègres et vertueux pour les guider. Malheureusement ces autorités n’en ont cure et ne pensent qu’à leur propre intérêt, une fois arriver au pouvoir.

La responsabilité des citoyens

La corruption est devenue un vrai fléau social tant, elle joue un rôle actif dans la vie de tous les jours. Aujourd’hui il est devenu pratiquement impossible de se procurer un document administratif sans, comme on le dit chez nous ‘’ gratter la poche  » c’est-à-dire essayer de corrompre quelqu’un pour avoir un service en retour.

En effet pour se procurer rapidement des documents comme les extraits d’acte de naissance, les jugements supplétifs, les certificats de nationalité… il suffit d’accoster un agent administratif et lui tendre un billet de 2000 FCFA (soit 4 euro) et le tour est joué, vous aurez vos documents en quelques heures. Allez-y sans l’intention de corrompre et il vous faudra une semaine, voire plus pour entrer en possession de vos documents.

Je vais te raconter un cas personnel. Il y a quelques jours je me suis rendu au commissariat de police de ma ville pour y faire légaliser mon extrait d’acte de naissance, j’y trouvai une foule de personnes et donc naturellement je me suis mis dans le rang. À 12h30mn, les agents arrêtèrent la réception des dossiers, ils devaient prendre une pause de 30 minutes et reprendre à 13 h. J’ai donc cherché un endroit pour attendre patiemment l’heure de reprise.

Quelques minutes plus tard un autre usager vînt vers moi et me demanda si le commissariat était fermé. J’ai répondu par la négative et lui signifia que les agents de police étaient justes en pause et qu’ils reprendraient le service dans 30 minutes. L’usager prît donc place à mes côtés. Vu le temps qui défilait et devant l’absence des agents de police mon voisin s’impatientait et me dit :

« mon frère, j’ai beaucoup à faire, regarde les 30 minutes sont passées et ils ne sont toujours pas là, je vais aller voir l’agent qui est à côté de la voiture ».

En effet, juste quelques mètres devant nous, il y avait un agent de police adossé à une voiture qui était en communication. Mon voisin se dirigea donc vers lui, ils échangèrent quelques mots et se mirent à l’abri des regards derrière la voiture. J’essayais de les observer et quelques instants plus tard, le policier avec un dossier en main se précipita à l’intérieur du commissariat. Mon voisin revînt vers moi et me dis tout heureux :

« mon frère, c’est bon j’aurai mon document dans peu de temps, j’ai gratté la poche, tu ne vas pas gratter pour toi aussi, ça fait longtemps que tu es là, me demanda-t-il »

Moi, comme tu peux l’imaginer j’étais ahuris et je lui répliquai : « mon frère c’est honteux ce que tu as fait, nous nous plaignons à longueur de journée que nos dirigeants sont corrompus, et c’est avec de tels agissements que tu crois que nous allons vaincre la corruption. Nous devons avoir de bonnes habitudes et montrer à nos autorités que le peuple est honnête et intègre »

Tout amuser le monsieur répondît :

« mon frère, c’est quel gros français tu as parlé comme cela, dans ce pays-là c’est comme ça qu’on fait et on va continuer à faire comme ça. Toi qui es propre là ça fait combien de temps tu es assis ici »

Au même moment, l’agent de police ressortait du commissariat et appela le monsieur. Mon voisin venait ainsi d’obtenir ses documents en un temps-record. Ce dernier me fit un signe de la main en guise d’au revoir, le tout avec un sourire narquois. J’étais vraiment sonné par les propos de mon voisin et la scène à laquelle je venais d’assister m’a refroidi. Je venais d’assister à un acte de corruption, qui plus est, un acte de corruption envers un agent de police. Quel paradoxe

Quant à mon extrait d’acte de naissance je n’ai pu l’établir que 2h plus tard avec toute la mauvaise foi des agents de police. Tous les domaines d’activité du pays sont touchés. Ainsi, sur le plan de la santé quand on se rend dans les formations sanitaires si on ne « gratte pas la poche » on n’est pas pris en charge, idem pour l’éducation. C’est tout dire de l’ampleur du fléau.

L’on voit clairement que les responsabilités sont partagées et, chaque citoyen joue un rôle majeur dans ce cercle vicieux, d’où l’impérative nécessité de changer de comportements. Il faut que les Burkinabès comprennent qu’ils doivent jouer un rôle essentiel dans la lutte contre la corruption et ce à tous les niveaux. Certes, éliminer totalement la corruption relève de l’utopie car il y aura toujours des brebis galeuses, mais nous pouvons travailler à l’amoindrir.

Ce sera un long processus. Ritzamarum, Si les Burkinabés veulent voir leur pays emprunter le chemin du développement, et sortir du marasme économique dans lequel il est actuellement plongé, ils sauront se réveiller car la corruption est grandement responsable, de la léthargie dans laquelle se trouve le pays. Des signes annonciateurs prouvent que la donne est en train de changer.

Les syndicats, commencent à mener des campagnes de sensibilisation et dénoncent de plus en plus les faits de corruption au sommet de l’État.

manifestations de la CCVC(Coalition Contre la Vie Chère et l’Impunité) pour dénoncer la mal gouvernance et la corruption

Il y a de cela trois mois un mouvement d’humeur du syndicat de police avait défrayé la chronique. En effet les policiers protestaient contre la gestion gabégique de l’institution et dénoncèrent avec preuve à l’appui les actes de corruption dont se sont rendus coupables plusieurs hauts gradés. Des enquêtes ont été menés mais, comme toujours, dans ces genres d’affaires impliquant des autorités les accusés n’ont pas été inquiétés et continuent d’occuper confortablement leurs fonctions.

 

des policiers de la brigade anti criminalité en grève pour réclamer plus de transparence et de probité de la part des hauts gradés
des éléments de la compagnie républicaine de sécurité rejoignent ceux de la BAC

 

Comme j’ai eu à le dire, c’est un long processus et il faudra plus d’audace, de détermination, de volonté pour mener à bien cette lutte.

Pour finir,  Ritzamarum je te livre le classement des secteurs d’activité les plus corrompus selon le rapport 2016 du REN-LAC (Réseau National de Lutte Anti-Corruption)

1er: Marchés publics

2e: Douane

3e: Police municipale

4e: DGTTM (Direction Générale des Transports Maritimes et Terrestres)

5e: Impôts

6e: Justice

7e: Administration générale

8e: Enseignement secondaire

9e: Trésor public

10e: Gendarmerie

11e: Police nationale

12e: Santé

13e: Mairies

14e: Enseignement supérieur

15e: Education nationale

16e: SONABEL (Société Nationale d’Electricité du Burkina Faso)

17e: CNSS (Caisse Nationale de Sécurité Sociale)

18e: CARFO (Caisse Autonome de Retraite des Fonctionnaires)

19e: ONEA (Office National de l’Eau et de l’Assainissement)


le terrorisme societal

1er Octobre 2017 Stephen Paddock, retraité âgé de 64 ans ouvrait le feu sur une foule venue assister à un concert en plein air à Las Vegas aux Etats Unis. Bilan, au moins 58 morts et des centaines de blessés. Mardi 31 octobre 2017 toujours aux Etats Unis 8 personnes meurent à New York après une attaque terroriste au véhicule bélier qui faucha des cyclistes et des passants. L’auteur de l’attentat est un jeune Ouzbek de 29 ans installé aux États-Unis depuis 2010. Plus récemment, toujours aux États-Unis dans une petite ville de l’État du Texas, un homme entre dans une église et ouvre le feu, faisant 26 morts et 20 blessés.

Le point commun entre ces différents attentats, c’est qu’ils ont été perpétrés par des individus que rien ne pouvait identifier comme de potentiels terroristes. L’État islamique a revendiqué l’attentat de Las Vegas mais tout porte à croire qu’en réalité, le sexagénaire a agi seul.

De plus, l’EI qui est actuellement en guerre profite de toutes ces situations tragiques pour montrer son influence. Quant au jeune Ouzbek qui a perpétré l’attentat de New York, s’il a affirmé agir au nom de l’État islamique, rien ne montre qu’il ait pu bénéficier d’un quelconque soutien venant de la nébuleuse terroriste. Nice et Marseille en France, Barcelone en Espagne ont aussi connu ce genre d’attaque.

Ces actes isolés, imprévisibles et très difficile à anticiper risquent de s’enchaîner dans le futur. Qu’est-ce qui pousse donc ces individus, qui n’ont aucun antécédent criminel et qui se sont bien intégrés dans leur communauté, à commettre de telles atrocités ? Les réponses sont multiples et évidentes: les inégalités et la dégradation de notre société sont des exemples.

Il n’est un secret pour personne que notre société moderne est en train de créer des individus sans repères, complètement désorientés, qui se transforment en prédateur. L’Afrique continent de toutes les inégalités deviendra sans doute l’épicentre des attaques de ces terroristes nouveaux genres.

                                                         Le mal être des oubliés

À mon humble avis, les attentats à la voiture bélier et les fusillades risques de devenir fréquents dans plusieurs pays du monde. Bien vrai que dans un passé récent, les attentats étaient menés par des commandos terroristes très bien entraînés, endoctrinés, et prêt à tuer au nom « d’Allah » il est évident, aujourd’hui, que monsieur tout le monde est un potentiel terroriste.

Notre société n’a jamais été aussi mal en point, les jeunes sont désemparés par les perspectives obscures qui s’offrent à eux. Laissés à eux-mêmes ils sont des millions à se battre chaque jour pour survivre, ils n’ont plus d’ambitions, leurs rêves s’éteignent et il ne leur reste plus qu’une seule option : la survie

D’autres, voulant échapper à cette existence, succombent à l’appel des vendeurs d’illusions. Ainsi ils sont des millions à prendre, chaque année, des risques terribles, dans le but d’aller chercher un minimum de dignité ailleurs. Malheureusement, ceux-ci déchantent très vite.

Ils sont nombreux, ceux qui périssent aux larges des côtes occidentales ou dans le désert du sahel ou d’Amérique centrale, notamment à la frontière États-Unis Mexique. Récemment, une vidéo montrant des migrants qui étaient vendus aux enchères en Libye, devenu la plaque tournante de l’immigration clandestine en Afrique a suscité stupeur et indignation.

Nous savons tous que ces pratiques étaient monnaies courantes et il aura fallu cette vidéo pour que nous commencions à nous indigner. Voilà tout le paradoxe.

Les migrants, qui malgré tous ces obstacles réussissent l’exploit d’arriver à destination sont vite appréhendés par les autorités sur place et renvoyés quelques jours après vers leurs pays d’origine.

Voyez par vous-même, un individu qui n’a plus d’espoir, qui souffre le martyre, qui n’a fait que subir durant toute sa vie, que lui reste-t-il ? la vengeance et la haine. Vous me direz sans doute envers qui ? Envers sa société, cette société qui n’a pas pu ou qui n’a pas voulu le soutenir. Il s’évertuera dès lors à faire subir à sa société ce qu’il a subi.

Constat terrible, imaginer le nombre d’individus qui sont dans de telles situations et vous conviendrez avec moi pourquoi le spectre du terrorisme va planer pendant encore longtemps sur l’avenir du monde.

De plus notre société actuelle a tendance à stigmatiser, à marginaliser des individus qui deviennent des reclus sociaux. L’injustice, l’intolérance, la méchanceté sont autant de facteurs qui contribuent à radicaliser beaucoup de personnes.

                                     A quand la prise de conscience collective

Aujourd’hui, on a une image trop caricaturale du terroriste. Le prototype du terroriste dans l’esprit des masses est le suivant : individus de confessions musulmanes à forte pilosité faciale prêchant un islam radical et commettant des tueries au nom « d’Allah ». Il est vrai que les images et vidéos de propagande d’Al Quaïda avec en chef d’orchestre le sinistre défunt Oussama Ben Laden, et les vidéos de décapitation d’otages de l’EI ont renforcé l’image de ce terrorisme dans les consciences collectives

Cependant, force est de constater qu’aujourd’hui le terrorisme est partout. Je suis désolé de le dire,  mais chacun d’entre nous est un potentiel terroriste. Nous avons tous des limites et si nous les franchissons, nous pouvons vite devenir incontrôlables.

Il nous revient donc à repenser totalement nos mœurs, nous devons absolument arrêter de mettre à l’écart, des personnes qu’on juge trop instable pour la société, il faut écouter et aider sans relâche ces personnes.

Comme le disait le président français dans l’hebdomadaire Jeune Afrique N°2962 du 15 au 21 octobre : « notre réponse au terrorisme doit être à la fois sécuritaire, économique, culturel, social, éducative » c’est tout dire de l’immense chantier qui nous attend.

  •  La responsabilité des dirigeants

Je lance cet appel aux chefs d’État du monde entier :

Messieurs les Présidents, nous vivons actuellement une période trouble de notre histoire commune. Vos concitoyens n’espèrent plus et ne croient plus en vos discours. Lasser de se sacrifier au profit de vos politiques économiques incohérentes, ils n’en peuvent plus et ils se sentent trahis pendant qu’au même moment, une poignée d’individus extrêmement privilégiés bénéficient à outrance de vos politiques et s’enrichissent de jour en jour.

Allez-y comprendre donc le sentiment d’injustice qu’éprouvent vos compatriotes. Si à cela on ajoute vos discours haineux, empreints d’animosités à l’égard de certaines couches sociales de vos pays, vous renforcer ce sentiment d’injustice et par ricochet vous formez de futurs terroristes.

Des présidents, au nom de la puissance de leurs nations, se permettent de taxer les citoyens d’autres pays, de terroristes interdisant ces derniers de séjourner dans son inoubliable patrie.

Imaginer donc le ressentiment de ces millions de gens accusés à tort et sans preuve. Messieurs les présidents, vous vous rencontrez à chaque fois lors des sommets internationaux, vous vous enfermez dans des bureaux à huis clos, et vous décidez d’octroyer des moyens colossaux à vos différentes armées pour selon vos dires endiguer le terrorisme.

Ce que vous oubliez Messieurs les présidents, c’est que le terrorisme est partout. Un étudiant, un fonctionnaire, un ouvrier, un artisan, bref tout citoyens que nous sommes, pouvons décider à tout moment d’aller acheter une arme, prendre une voiture, sortir dans la rue et commettre l’irréparable.

À moins de vouloir perpétrer  des tueries jamais encore vu, je ne vois pas actuellement comment vous voulez combattre le terrorisme en vous focalisant sur le plan sécuritaire.

Messieurs les présidents, nous avons trop souvent l’impression que vous êtes en déphasage très avancé avec les réalités de ceux qui vous ont élu, vous devez revoir urgemment vos politiques, soyez à l’écoute de votre peuple, comprenez votre peuple, et surtout respecter votre peuple.

Ce n’est qu’ainsi, que s’il y a une confiance réciproque entre gouvernants et gouvernés que l’on pourrait commencer à trouver des pistes de solutions au terrorisme.

Sinon, pour l’instant à chaque jour qui passe nous perdons du terrain face au terrorisme car le désespoir, la peur, la frustration, l’injustice font le lit du terrorisme.


L’ennemi de l’Africain, c’est l’Africain lui même

Il y a quelques jours, une attaque terroriste à la bombe faisait plus de 276 morts et quelque 300 blessés en Somalie. Cette tragédie a mis une fois de plus en lumière la cruauté, la barbarie, l’ignominie de ces criminels qui se font appeler « envoyés de Dieu ».  L’absence totale de réactions de la part de nos dirigeants m’a particulièrement fait honte et marqué. En effet, ils ont encore montré toute l’étendue de leur sournoiserie et hypocrisie. L’Union Africaine, qui dit être une institution qui défend les Africains et défend des valeurs de solidarité entre États membres, a brillé par sa terrifiante inertie. Je doute fort qu’elle a daigné adresser un message de condoléances aux peuples Somaliens très meurtris par tant d’années de violence et d’anarchie. L’Afrique forme une gigantesque famille et il est de coutume, quand des événements d’une telle ampleur surviennent, d’aller au chevet du pays frère touché pour lui apporter aide et réconfort. Cette absence de réaction montre à quel point les pays d’Afrique ne sont pas solidaires les uns envers les autres. Comment pouvons-nous mener des combats collectifs si nous ne sommes pas unis ? Le vrai problème de l’Afrique, c’est la solidarité entre États.

  • Je suis Charlie

Janvier 2015, Paris, la capitale française, vient d’être frappée par une attaque terroriste. L’hebdomadaire satirique Charlie Hebdo a subi la barbarie des terroristes. Bilan : 12 morts et plusieurs blessés. La France est alors frappée par l’une des pires attaques terroristes de son histoire. Cet attentat a vite provoqué l’émoi et la consternation au sein de la communauté internationale et le slogan « Je suis Charlie » est devenu le symbole de cette attaque tragique. Au même moment, plusieurs chefs d’État africains ont adressé leurs condoléances au peuple français. Plusieurs d’entre eux se sont rendus à la marche de commémoration aux victimes, on y a vu certains verser des larmes. Voilà tout le paradoxe de l’Afrique.

  • Les Somaliens seuls face à l’horreur

Quand les Occidentaux ont su faire taire leurs divergences le temps d’un moment et faire bloc autour de la France pour la soutenir, nous Africains, qu’avons-nous fait pour la Somalie ? Livrée à elle-même, elle continue d’enterrer ses morts. J’ai vraiment honte pour l’Afrique. Les Somaliens doivent se demander si leurs frères Africains sont au courant du malheur qui les frappe. Tout dernièrement, les Somaliens se sont rassemblés pour manifester contre ceux qui perpètrent ces actes ignobles. Dans la douleur, le peuple de Somalie a trouvé les ressources nécessaires pour dire non au terrorisme, comme pour montrer que même s’il vit depuis plusieurs années au rythme des attaques terroristes en tous genres, et malgré le fait qu’il est quasiment abandonné par tous, il demeure un peuple courageux et digne. De mon côté, j’ai honte, honte que le Président de mon pays, monsieur Roch Marc Christian Kabore, n’ait pas montré sa solidarité envers la Somalie, pas même signé une lettre de condoléances. J’ai honte aussi de mes concitoyens. Quand je parcourais les rues de ma ville, Bobo Dioulasso, j’ai essayé de recueillir des avis sur l’attentat en Somalie et le constat était saisissant. La plupart des sondés trouvaient normal ce qui s’était passé, car pour eux, la Somalie est devenu un no man’s land où les populations sont en partie complices des terroristes, notamment le groupuscule al Shebab. Je vous livre le témoignage d’un monsieur.

« La Somalie ne peut plus être sauvée, elle est devenu un État voyou, donc l’attentat qui s’y est produit ne me surprend pas, on peut rien n’y faire, c’est la vie. » Interloqué, je lui demande son avis sur l’attitude de la plupart des chefs d’État africains vis-à-vis de la Somalie. Voilà ce qu’il m’a répondu : « Sincèrement, ils ont mieux à faire. Certes, il y a eu des pertes en vies humaines, mais ils n’y peuvent rien, ils n’ont aucun intérêt à se rendre là-bas. » Scandalisé, je lui dis : « Vous n’avez donc aucune compassion pour les femmes, hommes et enfants qui sont morts. Imaginez une seconde si le Burkina était frappé par une pareille attaque, oseriez-vous dire que c’est normal ? C’est à cause des réflexions dans ce genre que l’Afrique aura toujours un genou à terre. »

Devant ma réaction outrée, l’homme a continué son chemin. Il est vrai que chacun à sa propre pensée et il faut respecter les opinions des autres, mais il était aussi de mon devoir de faire prendre conscience à cet homme. Tout ça nous montre que l’Afrique est très loin du compte. Avec de telles réflexions et de tels comportements, nous n’irons nulle part. Nous passons tout notre temps à trouver des responsables à nos problèmes, nous indexons l’Occident de tous nos malheurs alors que nous sommes le vrai problème. L’Africain ne tire aucune leçon de son histoire. Nos divisions et nos querelles d’ego nous ont toujours porté préjudice et aujourd’hui encore nous continuons sur la même lancée. Nous devons prendre nos responsabilités, assumer et comprendre que la clé se trouve entre nos mains. Nous avons une formidable richesse ici en Afrique, c’est l’esprit de famille. Si nous arrivons à exploiter efficacement cette richesse, rien, je dis bien rien ne pourra arrêter l’Afrique. Pour revenir au cas de la Somalie, je voudrais dire aux Somaliens qu’ils ne sont pas seuls dans cette douloureuse épreuve. Mes prières et mes pensées vous accompagnent chaque jour, peuple frère, et sachez que d’autres frères Africains sont avec vous.


Eliud Kipchoge, l’homme qui défia le temps

« L’être humain n’a pas de limite ». C’est ainsi qu’Eliud Kipchoge , athlète Kényan et champion olympique du marathon qualifia sa performance extraordinaire lors du marathon organisé par la firme Nike. L’objectif de cette course dénommée « breaking 2 » était d’établir un nouveau record du monde du marathon et descendre sous la barre mythique des 2h de course.

Performance qui jusque-là, n’a jamais été effleuré. Kipchoge réalisa un temps de 2h 00mn 25s. Il s’est fallu de peu pour que cet athlète, humble et travailleur réalise le temps de 1h 59mn 59s temps de référence fixé par Nike. L’objectif n’a pas été atteint et ces quelques secondes de trop semble faire tache sur cette performance exceptionnelle car jamais aucun athlète n’avait réalisé pareil exploit, ça dépasse l’entendement. De l’aveu même de l’athlète, des spécialistes de la médecine du sport lui ont affirmé qu’il pouvait mourir en voulant essayer de descendre sous la barre des 2 h.

Il n’y a eu que quelques secondes qui l’ont séparé de l’exploit et il est toujours vivant. Certes l’athlète a bénéficié de l’expertise technologique, nutritionnelle,  de la firme et de conditions optimales le jour de la course, il n’en reste pas moins que tout le mérité lui revient car il n’a compté que sur ses deux jambes pour parcourir les 42,195 km d’une piste spécialement aménagée pour l’occasion non loin de l’emblématique circuit de formule 1 de Monza en Italie  soit 17 tours de circuit à une vitesse moyenne de 21 km/h.

Pour mieux cerner les contours de cet exploit vous pouvez vous referez à ces articles : www.trackandlife.fr/eliud-kipchoge-casse-record-2h  www.trackandlife.fr/au-coeur-de-breaking-2/

La vidéo de l’exploit est aussi visible ici :

https://www.youtube.com/watch?v=axzw2vTtPC8

Vous pouvez aussi revivre ici pas à pas l’entraînement de l’athlète:

https://www.youtube.com/watch?v=V2ZLG-Fij_4

L’homme est un être incroyable, pour réaliser des œuvres exceptionnelles il est capable d’aller explorer des sphères inconnues. Eliud Kipchoge a banalisé l’irrationnel et j’avoue que j’étais parcouru de frissons quand je regardais la vidéo de son exploit. Il m’a fait comprendre que chacun à cette flamme en lui. Cette flamme qui peut nous pousser à aller réaliser nos rêves les plus fous.

Quand on lui a posé la question à savoir s’il serait possible un jour de descendre sous la barre des 2 h, voici la réponse du champion : « j’ai couru en 2h 00mn 25s, mais vous pouvez être sûr que quelqu’un arrivera très bientôt à effacer ces 25 secondes de trop, car l’être humain n’a pas de limites »