Rijaniaina







Confinement à Madagascar : un choc psychologique, un difficile défi

Le mot « confinement » est nouveau dans le vocabulaire des malgaches. Chaque crise dans le pays apporte son lot de nouveaux vocabulaires : on avait auto-proclamation lors de la crise de 2002, le délestage lors des pénuries consécutives d’électricité et les négociations de la longue crise de 2009 à 2013 avaient aussi vu l’apparition de nouveaux vocabulaires.



État de l’e-commerce à Madagascar

Je prends la plume pour écrire rapidement ce billet car j’ai longtemps étudié et analysé la possibilité d’essor de l’e-commerce à Madagascar. On ne va plus parler d’un des freins de ce secteur qu’est le faible accès à l’internet qui est certes le premier blocage face pour un rapide décollage de ce secteur. Ce blocage fait que la compréhension de l’e-commerce par la plupart des gens se résume aux petites annonces entre particuliers sur Facebook car l’accès à ce dernier est très abordable voire gratuit pour les fournisseurs internet à Madagascar.

Le véritable E-commerce est en fait toute une « supply chain » (traduit chaîne d’approvisionnement) et aussi une chaîne de valeurs:

L’organigramme évoque 3 principaux éléments  dans la chaîne : 1) Portail numérique d’e-commerce (site web), 2) Le paiement en ligne et 3) La livraison. (le point 4 et 5 à la fin)

Prédominance du cash

L’utilisation de l’argent en espèces (cash) est encore trop prédominante à Madagascar. La première cause c’est bien évidemment le faible taux de bancarisation. Le pays est classé parmi les moins performantes dans ce domaine en Afrique subsaharienne. Selon la Banque Mondiale, seul 1 malgache sur 10 possède un compte de dépôt. Et selon ce sondage (https://stileex.xyz/malgaches-banques/) effectué à priori en zone urbaine, seuls 39% des sondés possèdent un compte bancaire.

Sur ces personnes ayant un compte bancaire = une carte bancaire, au moins 98% des opérations réalisées par les cartes bancaires sont des retraits de cash auprès des distributeurs automatiques. L’achat en ligne via carte bancaire est loin d’être une pratique courante et il est rare de trouver des marchands ayant un terminal de paiement électronique pour effectuer un achat avec sa carte.

L’avènement du mobile banking avec MVola, Orange Money et Airtel Money a plus au moins augmenté le taux de bancarisation. Ce service se substitue petit à petit aux banques traditionnelles. Des vingtaines de millions d’opérations sont effectués chaque mois avec le mobile money mais 2 types d’opérations sont prédominants : 1) l’achat de crédit téléphonique prépayé et 2) le retrait d’argent en espèce. Le 1) est encourageant et le 2) est décevant.

Pour l’instant, Madagascar est loin d’être « cashless ».

La question du paiement en ligne

C’est l’une des interrogations fréquentes des marchands physiques qu’un éclaircissement des moyens les persuaderaient ou non à lancer leurs portails web e-commerce ou voire de totalement migrer en mode « online ». Ces question: comment les malgaches locaux et les résident pourront payer leurs achats en ligne ? et comment le marchand pourrait recevoir les paiements ?

Pour la réception du paiement pour le marchand, les banques locales faillissent sur ce côté-là. Il n’est pas encore possible de lier un compte bancaire local à des plateformes de paiement en ligne comme Paypal, le plus populaire. Les marchands doivent créer un « compte marchand » sur Paypal mais seuls ceux qui ont un compte bancaire basé en Europe ou aux USA qui peuvent l’avoir.

Heureusement, les établissements de mobile banking proposent des API de paiement en ligne via des comptes de mobile banking. De plus, ils facilitent pour les marchands la création de « compte marchand » nécessaire pour recevoir un paiement.

Les sites web arborant une multitude de moyens de paiement en ligne commencent à apparaître :

La logistique de livraison, l’ultime défi

Une fois que la commande est payée, la question qui se pose c’est comment va-t-on recevoir le produit. Le produit doit être livré au client, le produit devient un colis dans la chaîne e-commerce. Sachez qu’en France,  62% des acheteurs sur Internet évaluent la livraison comme le premier critère e-commerce.

Normalement, le premier service d’expédition de colis dans un pays c’est la poste (Paositra Malagasy). L’e-commerce devrait être une aubaine pour la PAOSITRA MALAGASY mais le service postal malgache est défaillant :

La livraison jusqu’au point final est compliquée en Afrique pour plusieurs raisons : un système postal peu développé et surtout  un réseau routier en mauvais état. Un autre grand souci aussi c’est le « système d’adressage » à Madagascar, c’est trop compliqué. Un facteur a souvent des difficultés à repérer les endroits où il doit déposer un colis, il a souvent recourt à l’assistance d’un responsable du « Fokontany » pour y arriver.

Des sociétés spécialisées autres que la poste doivent se créer. En Zambie, j’ai un ami (on était dans la même cohorte de Mandela Washington Fellowship 2017), Njavwa Mutambo a créé sa société spécialisée en livraison en Zambie pour aider à la croissance de l’e-commerce zambien : avec « Musanga Logistics », une sorte d’Uber de la livraison adapté à la réalité de son pays

Les consommateurs  n’ont pas l’habitude d’acheter en ligne

Même si toute la chaîne est bien en place mais les gens ne vont pas utiliser le système. Les efforts entrepris ne serviront à rien. L’achat en ligne n’est pas encore dans les mœurs. Les entrepreneurs digitaux dans le secteur e-commerce doivent se montrer convaincants en offrant dès maintenant des services impeccables.

J’ai évoqué au début que l’e-commerce n’est pas seulement le paiement en ligne mais c’est une chaîne. Pour la concision de l’article, ces points suivants n’ont pas été dissertés : 4) le « marketing », consistant à accroître l’audience présente sur le site et à convertir cette audience en ventes et 5) le « service client », ayant un rôle fort de réassurance et de fiabilisation des commandes.

La sécurité des données sur les sites e-commerce doit être garantie. Le site doit être obligatoirement être en HTTPS.

La gestion de stock doit aussi se synchroniser avec les transactions en ligne, il faut éviter que le client ait payé un article qui n’existerait plus en stock.

A+


Présidentielles malgaches 2018 : l’abc de la fraude électorale en Afrique

Les Malgaches sont allés aux urnes le 19 décembre 2018 dans le cadre du second tour de la présidentielle pour élire l’un des deux candidats : Andry Rajoelina et Marc Ravalomanana. Deux noms très connus. Ce sont les deux belligérants de la longue crise politique qui a plongé Madagascar dans un chaos socio-économique de 2009 à 2013. Le président élu sortant Hery Rajaonarimampianina n’est pas arrivé au second tour, il est arrivé à la 3ème place en récoltant seulement 8% des voix contre 39% pour Rajoelina et 35% pour Ravalomanana. C’est une situation assez inédite en Afrique.

Pour le 2ème tour de la présidentielle, la Commission Électorale Nationale Indépendante (ou CENI) a déjà proclamé ses résultats provisoires le 27 décembre dernier, annonçant Rajoelina victorieux avec 55,66% des voix, contre 44.34% pour Ravalomanana. Près de 520 000 voix d’écart. Ses résultats sont ceux de la CENI et ne sont pas officiels. Ils doivent être passés à la loupe à la juridiction suprême qu’est la Haute Cour Constitutionnelle (ou HCC) pour être validés et officiellement proclamés. Ce qui n’est malheureusement pas évoqué par les médias internationaux c’est que ce 2ème tour est entaché de fraudes électorales, il ne s’agit même plus de suspicions. Est-ce que les fraudes sont « massives » ? Seule la HCC jugera mais les manipulations vont en tout cas au bénéfice de Rajoelina.

Les suspicions de fraudes, on en parle à chaque élection à Madagascar mais il n’y a jamais eu de preuves concrètes ou personne n’a osé porter plainte. C’est vrai que Madagascar est l’un des pays les plus corrompus au monde, les médias français s’amusent à faire des reportages là-dessus en réussissant à filmer des transferts de pot-de-vin en plein jour entre policiers et particuliers. Cette corruption envenime le climat électoral depuis longtemps et il est temps de commencer à lutter contre ce fléau à Madagascar.

En tant que jeunes leaders, à partir de maintenant, on fait faire attention à cette citation de Joseph Staline :

Ce qui compte ce n’est pas le vote, c’est comment on compte les votes.

Les fraudes ! Il faut que cela s’arrête, que les fraudeurs soient punis, et les fraudes dénoncées.

Je suis fier que de mon vivant (je ne suis pas encore vieux!), les fraudes électorales ne restent plus que des rumeurs. C’est maintenant prouvé. Les preuves de fraudes électorales que j’énumère ici sont celles déjà relayées sur les médias sociaux malgaches mais que je partage ici pour attirer l’attention de mes amis africains que de telles manipulations se passent également chez vous. Un clin d’œil à mes amis de la RDC ! Pour information, après une requête à la HCC, l’équipe juridique du candidat lésé avait eu l’autorisation de confronter un échantillon des matériels électoraux utilisés par la CENI (les plis électoraux et les procès-verbaux ou PV) pour confronter les PV physiques qu’ils ont avec ceux de la CENI. Déjà avec ce petit échantillon, plusieurs anomalies ont été avérées. La plupart des documents utilisés dans cet article seront en « malgache » du fait que c’est la langue administrative compréhensible partout dans le pays donc utilisée par la CENI.

Confrontations de PV

La première requête a été la confrontation des procès-verbaux du candidat lésé et ceux de la CENI. Le premier constat est que la CENI ne disposait que de versions scannées (donc numériques) de PV. Dans les photos qui suivent : le papier de couleur rose est la copie de PV que les délégués des candidats reçoivent et celui en blanc est celle de la CENI. Voyez les manipulations constatées :

A part le changement de voix obtenues par un candidat, il y a aussi l’augmentation d’inscrits dans la liste électorale ce qui est totalement impossible car entre les deux tours la liste électorale est la même.

Image issue des réseaux sociaux

PV rose => Candidat 1 = 16 & Candidat 2 = 45. Dans la PV scannée, le changement : ils ont ajouté le chiffre 2 avant le 16 donc Candidat 1 = 216 & Candidat 2 = 45

Image issue des réseaux sociaux

Augmentation du nombre de votants ce qui est totalement illégal : PV rose => Nombre d’inscrits = 248, PV scanné => Nombre d’inscrits = 298. Cette augmentation va bien sûr en faveur d’un candidat.

La CENI a joué la transparence après la proclamation de ses résultats en permettant d’accéder les résultats par bureau de vote sur leurs site web mais cela met bien sûr en flagrant délit les manipulations :

Augmentation du nombre d’électeurs inscrits alors que la loi stipule clairement et strictement que la liste électorale du 2ème tour est la même que celle du 1er tour :

Des bureaux de vote (ou BV) ayant un taux de participation de 100% dans des zones très très enclavées dans le Sud de Madagascar. Le tableau suivant montre un échantillon de BV très louche où connaissant les lieux il est impossible que le taux de participation est à 100% voire plus (oui il y a des votants supérieurs au nombre d’électeurs dans ces BV).

Non-respect de la loi

La loi stipule que chaque bulletin unique doit comporter un numéro de série unique :

Ce qui n’est pas le cas, le numéro de série est seulement sur la souche. Il n’y a donc aucune possibilité pour prouver qu’un bulletin unique est propre à un BV. En tout cas, la commission électorale n’a pas respecté la loi. Cette situation jugée grave par l’équipe du candidat lésé est une preuve que l’élection n’est pas crédible.

Inspection des plis électoraux

Une des suspicions de fraudes courantes depuis le premier usage des bulletins uniques à Madagascar en 2013 est la technique des bulletins pré-cochés et aussi le fameux bourrage des urnes. C’est une requête  à laquelle la HCC a répondu positivement pour demander plus de transparence de la part de la commission électorale. Ainsi, l’équipe du candidat lésé a pu inspecter sous le contrôle de la CENI les matériels rendus par les bureaux de vote (les bulletins et les listes des votants signés).

Image issue des réseaux sociaux

L’ouverture d’un seul pli a permis de mettre à nu un cas évident de bulletins qui ont été cochés par une seule personne. Même sans expert graphologue, on peut constater cela. De plus, cela devrait être des empreintes au lieu de croix dans des régions où 90% de la population sont analphabètes.

Image issue des réseaux sociaux

Constatez dans l’exemple ci-dessus de liste d’émargements issu d’un BV où l’on voit un pseudo taux de participation à 100%. Regardez les émargements par imposition d’empreintes, c’est évidemment une seule personne qui émarge toute la page montrée ici.

Lors des vérifications des plis, sachant que chaque bureau de vote (BV) doit rendre les carnets de bulletins uniques non utilisés à la fin du scrutin, l’équipe de vigilance du candidat lésé ont constaté dans la presque totalité des échantillons vérifiés une absence de 25 à 50 feuilles par BV. Comment la CENI expliquerait-elle ces absences ?

Les morts ont également voté

Le grand défaut de cette élection a été la liste électorale qui a été critiquée par bon nombre d’observateurs avant les élections. La liste a été très mal conçue où beaucoup de personnes n’ont pas été inscrites alors que le nombre d’électeurs a augmenté de 20% par rapport à la liste utilisée durant les présidentielles de 2013. Le plus drôle c’est que des personnes déjà décédées il y a longtemps sont encore inscrites dans la liste.

Plusieurs témoins confirment que leurs proches décédés ont émargé et signé dans la liste électorale donc « les morts ont réellement voté à Madagascar ».

Irrégularités le jour du scrutin

A part ces manipulations, des irrégularités ont été constatées par les observateurs durant la journée du 19 décembre. Il y a eu des manœuvres de déstabilisations visant à décourager les gens d’aller voter : à priori, quelques personnes ont déjà déposé des plaintes sur ces situations-là. Quelques personnes ont été arrêtées durant le scrutin en train d’utiliser de fausses cartes d’identité nationale ou de fausses cartes d’électeur pour voter à la place d’autres personnes !

Ce bureau de vote n’était ouvert qu’à la fin de l’après-midi du jour du scrutin à cause d’une attaque de « dahalo » (bandits) dans le quartier toute la matinée mais il enregistre quand même un taux de participation de 95%. Incroyable !

Est-ce que le candidat Ravalomanana est totalement « clean » dans cette élection ?

Réponse : je ne sais pas. Je ne suis pas membre de son équipe, je suis juste un citoyen qui dénonce les fraudes. L’équipe de Rajoelina a totalement le droit de déposer des plaintes. J’ai vu ceci sur les réseaux sociaux et si c’est vrai, ils doivent déposer une plainte :

Traduction : un supporter de Ravalomanana dans le Nord essaie de corrompre les chefs de quartier dans cette zone !

La balle est maintenant dans le camp de la Haute Cour Constitutionnelle.

Les membres de la HCC ©Midi Madagasikara


Six semaines en pleine Silicon Valley

Cela fait un an qu’un groupe de jeunes africains a été sélectionné pour vivre une expérience américaine de six semaines dans le royaume du numérique qu’est la fameuse « Silicon Valley ». Venus suivre une formation sur le leadership et l’entrepreneuriat, 25 jeunes leaders africains étaient placés dans un collège communautaire dénommé Skyline College, à San Bruno, un comté situé au sud de la ville californienne de San Francisco. C’est là que s’ouvre la vallée du numérique, dans laquelle on trouve par exemple le siège social de Youtube, un important bureau du géant Oracle et la branche informatique de Walmart. Avec un profil majoritairement passionné des nouvelles technologies, ces jeunes leaders et moi nous sentions comme lors d’un pèlerinage vers la terre sainte du numérique !

Remise de diplômes avec les Mandela Fellows de Skyline College – Crédit: Skyline College

Les autres comtés comme Palo Alto, où se trouve le siège de Facebook et de l’Université Stanford (l’Harvard de l’Ouest), Mountain View, qui accueille celui de Googleplex ou Cupertino, où l’on trouve le parc de la firme à la pomme (Apple Park) se trouvent plus au sud de notre institution hôte. Pour s’y rendre, il nous fallait réaliser un trajet de 15 à 35 minutes en Uber ou Lyft, les VTC à la mode aux Etats-Unis.

Nous étions là-bas pour apprendre les rudiments de l’entrepreneuriat, à travers une intense formation académique et des ateliers, mais surtout des visites d’entreprises. Et il n’y a rien de plus excitants que de visiter les sociétés de la Silicon Valley !

Visite chez Lyft le concurrent d’Uber – Crédit photo: Skyline College
Visite de Square et Uber – San Francisco. Crédit photo: Celemusa
A l’intérieur de Facebook HQ – Crédit photo: Jennifer Fong
Jack Dorsey au milieu (fondateur de Twitter) – Crédit photo: unknown

Écosystème des startups dans cette région

La Silicon Valley reste l’écosystème entrepreneurial le plus dynamique au monde, cette région attire les start-ups innovantes du monde entier. Nous tentons de profiter de notre passage dans la région pour nouer des partenariats mais surtout de trouver des investisseurs : les 24 autre jeunes leaders et moi sommes tous des jeunes créateurs d’entreprises, ou au moins porteurs de projet.

Six d’entre nous ont eu la chance d’être sélectionné pour participer à un « LIVE SHARK TANK », primant les 3 premières start-ups dans un concours de pitch de 3mn chacun devant de réels « angel investors » (investisseur providentiel dirait-on en Français) le temps d’une soirée dans un club de San Francisco :

Une pitcheuse – Crédit photo: Margy Anne
Les pitcheurs de la soirée – Crédit photo: Mwape

Les deux premiers ont été deux camarades africains ayant des petites entreprises qui tournent déjà dans leurs pays respectifs, le Sénégal et la Zambie, car ils étaient impressionnants dans leurs pitchs et leurs idées étaient les meilleures de la soirée. Le prix du vainqueur devait être un investissement de 50 000 dollars, mais du fait que les start-ups de mes camarades n’ont pas leur siège aux USA, le lot fût transformé en 50 000 dollars de coaching et de marketing. En résumé, les africains savent pitcher mais n’attirent pas!

Les investisseurs de la Silicon Valley ne croient pas aux start-ups africaines, prétextant n’avoir aucune connaissance du marché africain et évoquant l’instabilité politique sur le continent pour éviter des les soutenir. Nous avons discuté avec de grosses pointures en la matière, là-bas, mais c’est toujours le même refrain !

YO – Une application pour s’envoyer des Yô reçoit des millions d’USD

C’est vraiment dommage pour l’attractivité du marché africain à l’Ouest des États-Unis, géographiquement très éloigné de l’Afrique tout de même. Car en parallèle, les capital-risqueurs de cette région osent investir sur tout et n’importe quoi comme des start-ups qui échouent au bout d’une année ou des apps qui ne proposent pas de réelle valeur ajoutée – on pense ici à l’application Yo (logo ci-dessus), qui ne sert qu’à dire «Yo», mais a réussi à lever plusieurs millions de dollars à ses débuts. pourtant, à l’époque, elle n’avait pas encore défini de modèle d’affaires clair (depuis, l’entreprise a pu diversifier ses activités). Il y a aussi l’histoire de «Skully», qu’on nous racontait là-bas comme un exemple pour faire rire: il s’agit d’une start-up sensée fabriquer des casques moto à réalité augmentée, et dont le fondateur était juste un incroyable pitcheur. Il a ainsi épaté les investisseurs et ces derniers, bluffés, lui ont ouvert leurs porte-monnaies (Le Figaro résume bien cette histoire: La start-up Skully est partie avec la caisse).

Chers investisseurs, par ici les yeux => l’Afrique est en bonne voie de devenir un continent de start-ups innovantes !

En tout cas, malgré tout cela, ce pèlerinage en terre sainte du numérique fût plus qu’enrichissant. Nous, le groupe de jeunes africains invités pour cette expérience, avons réussi à marquer de notre passage l’existence d’un écosystème entrepreneurial grandissant en Afrique.

Auteur: Rijaniaina Randrianomanana


Un vivier d’électeurs malgré eux à Madagascar

Les élections présidentielles arriveront bientôt à Madagascar et les dates sont déjà connues : ce sera le 7 novembre pour le premier tour et le 19 décembre 2018 pour le second tour.

Madagascar ? C’est l’un des pays les plus pauvres du monde. Une pauvreté avec un contraste « ville » VS « campagne ».

En ville

Une ville malgache c’est un bal des SUV et des 4×4 dans un océan de pauvreté. Dans la capitale Antananarivo, la pauvreté urbaine se présente sous la forme de ces enfants des rues qui mendient partout et auxquels seuls les touristes ont la gentillesse de donner des sous. Mais ce sont surtout les BIDONVILLES, que l’on nomme communément « bas quartier » (Ambany tanàna) dans le pays.

En campagne

L’extrême pauvreté est surtout présente dans les zones rurales. Dans le Grand Sud de Madagascar, la famine frappe presque saisonnièrement, chaque année. L’Éducation fait aussi défaut à la campagne : soit il n’y a pas d’établissements scolaires, soit les écoles sont très éloignées des lieux d’habitation, soit elles existent mais il n’y a pas d’enseignants.

Eh bien, cette frange très démunie et majoritairement analphabète de la population malgache représente bel et bien « des électeurs » inscrits dans la liste électorale.

C’est un vivier d’électeurs que personne ne prend en considération dans les débats sur le développement. Les politiciens ne les considèrent que pendant les campagnes électorales, en les réunissant pour des spectacles gratuits et ensuite pour les photos de foule. Un meeting électoral se termine souvent par une distribution de casquettes, de t-shirts mais surtout de produits de première nécessité (riz, sucre, huile etc.). C’est en quelque sorte une « arnaque » électorale. Voilà où vont les élections à Madagascar. Nos élections sont tout sauf DÉMOCRATIQUES. Et ces personnes sont les premières oubliées dès que le candidat est élu.

Je ne connais pas le pourcentage exact de ce vivier d’électeurs, mais ils représentent un taux assez conséquent pour assurer au moins l’arrivée au second tour de ceux qui ont le moyen matériel et financier de s’adonner à cette arnaque électorale.

Pour Madagascar, il est temps de sortir de son complexe insulaire perpétué par nos politiciens véreux qui profitent du défaut d’éducation de la population et d’oser s’inspirer des réussites africaines souvent non francophones : l’Éthiopie, le Rwanda, l’Ile Maurice, etc… Osez un compromis, une vraie « refondation » dirigée par une nouvelle génération de leaders.


Macron avait raison sur Madagascar

En disant que :

Quand des pays ont encore sept à huit enfants par femme, vous pouvez décider d’y dépenser des milliards d’euros, vous ne stabiliserez rien.

Le président français Emmanuel Macron a totalement raison pour le cas de la Grande Île. A propos de son autre déclaration disant que  le défi du continent est « civilisationnel », je peux comprendre que c’est dégradant de le généraliser pour le cas de tout le continent car il y a beaucoup de pays africains qui avancent bien mais encore pour le cas de Madagascar, c’est bien visé : non pas seulement sur les transitions démocratiques (le coup d’Etat de l’année 2009 suivi d’une longue crise) mais surtout sur la transition démographique. Il est très commun de voir à Madagascar des ménages à plus de dix (10) enfants dans les régions rurales. Faire des enfants est presque devenu un passe-temps. C’est pour moi presque un crime de naître un enfant sans penser à comment subvenir à ses besoins. Il faut oser dénoncer cela !

La population malgache est trop trop trop jeune : elle est estimée à près de 25 millions d’habitants actuellement et 60% de cette population ont moins de 20 ans. L’institut national de la statistique (INSTAT) estime à 20% le taux de la population active c’est-à-dire seulement 20% des Malgaches travaillent pour le 80% restants qui sont soit des vieux (seulement 4% de plus de 65 ans), soit des enfants ou soit des chômeurs.

La cause de tout cela, il y a le manque d’éducation de la population avec officiellement 46% d’analphabètes (et « être éduqué » ne signifie pas uniquement savoir lire et écrire). Bref, ce n’est pas vraiment leur faute si faire des enfants leur est devenu un passe-temps, c’est le cumul des échecs des dirigeants qui se sont succédé au pays. Madagascar est le 5ème pays le plus pauvre au monde (après le Sud Soudan, Malawi, Burundi et la Centrafrique) avec un PIB de seulement 390 dollars US par habitant. Ce classement est évident en voyant que seulement infime partie de la population paie des impôts et des taxes pour la majorité restante.

Malgré cela, on ne doit pas se lamenter sur ces statistiques effroyables, on doit définir des stratégies de développement en fonction de cela. Maintenant que l’on sait que notre population est trop trop jeune, on doit avoir une vision pour l’avenir par rapport à cela. Le pays doit créer des emplois, le pays doit éduquer cette jeunesse et le pays devrait avoir un dirigeant visionnaire. Le pays est obligé de s’ouvrir aux investisseurs extérieurs.

C’est le premier billet que j’ai écrit en 30 minutes après avoir écouté un reportage de la radio RFI Afrique sur la statistique démographique de Madagascar aujourd’hui.


Récit de voyage: RDC vs Madagascar

J’ai récemment voyagé dans quelques pays africains ce début d’année 2017 et depuis que ce blog ait été renommé « Madagascar rien ne bouge », je n’ai pas écrit de billets à ce propos. Eh bien, c’est le moment.

Mon dernier voyage était en République Démocratique du Congo, plus exactement dans la partie Est du pays. La beauté d’un pays je la mesure par sa nature c’est-à-dire sa biodiversité et non pas par ses infrastructures et ses bâtiments. Ainsi, la RDC est pour moi un très beau pays autant que Madagascar : deux pays avec des paysages à couper le souffle, de vraies attractions à touristes mais malheureusement ce n’est pas le cas.

Deux pays très riches en ressources naturelles

Lisez les pages Wikipédia concernant ces deux pays RDC et Madagascar pour savoir qu’ils ont un sous-sol très riche. Madagascar = pierres précieuses, gisements pétroliers (onshore et offshore), uranium, ilménite, nickel, cobalt, niobium, fer etc. La RDC = cuivre, cobalt, diamant, gaz méthane, or, bauxite, manganèse, schistes bitumeux, charbon, coltan etc. Effectivement, le Congo démocratique est le fournisseur mondial du coltan, ce minerai important dans la fabrication des téléphones portables. Cette richesse presque unique de ce pays ne le rend pas ce pays aussi riche qu’il le devrait, ce serait même la cause des guerres civiles permanentes à l’ouest du pays jusqu’à le surnommer : le minerai du sang.

Avec toutes ces ressources, la RDC et Madagascar font encore partie des moins développés au monde : selon un dernier classement de la Banque Mondiale basé sur le PNB par habitant, RDC est la 10ème nation la plus pauvre au monde et Madagascar est la 5ème.

Corruption

Je ne vais pas trop parler de l’existence ou non de la corruption en RDC mais les tentatives de me soutirer des dollars à l’aéroport international en sont la preuve : les Bobs à badges qui essaient de t’aider en disant des montants plus élevés et des frais inexistants. Les Congolais avec qui j’ai travaillés confirment l’existence de ce problème dans ce pays.

Je connais mieux le problème de la corruption dans mon pays qu’est Madagascar. Le dossier chaud durant mon séjour en RDC était lié à une enquête pour corruption d’une richissime femme d’affaire malgache [lien RFI] à la fois conseillère spéciale du Président de la République qui était en pseudo-évasion à l’Ile Maurice, officiellement en évacuation sanitaire là-bas mais désormais rapatrié dans un hôpital du pays. Le Syndicat des magistrats ainsi que plusieurs membres de la société civile avait demandé l’extradition de cette dame. Elle ne serait plus aussi intouchable qu’elle l’était mais laissons maintenant la justice faire son travail. A Madagascar, il y a un site web où l’on peut dénoncer anonymement [lien RFI] des actes de corruption : les statistiques montrent que presque tous les secteurs en sont gangrenés commençant par la police de la circulation routière, en passant par la justice et surtout dans l’éducation elle-même.

Manque de volonté de nos dirigeants

Montage photo – Wikimédia

La décadence d’un pays ne peut selon moi être imputée qu’à son instance dirigeante et aussi à l’inaction des élites. C’est comme si nos dirigeants n’ont aucune vision d’avenir pour leurs pays. Les deux pays semblent avoir les mêmes problèmes : ils n’appliquent jamais les solutions évidentes pour développer leur pays et sortir leurs pays de l’impasse. La RDC devrait élire un nouveau dirigeant au mois de décembre de cette année mais la situation ne semble pas mener vers cet objectif et pour Madagascar ce sera l’année prochaine : il sera grand temps de ne plus élire de lamentable dirigeant improvisé !

Les gens me parlaient de l’exemple du basketteur congolais Dikembe Mutombo qui jouait à la NBA : il est venu financer la construction d’un petit hôpital, il a souffert avant d’avoir pu réaliser ce projet d’hôpital, on lui aurait mis des bâtons dans les roues, ce genre de situation décourage beaucoup d’investisseurs qui veulent venir en RDC.

Délestage de courant électrique (et d’eau)

Barrage Inga 1 – Wikimédia

Dans les pays que j’ai sillonnés récemment, je peux affirmer que le délestage est le mal commun de beaucoup de pays africains. La longue coupure de courant fait presque partie de mon quotidien à Madagascar. Et je ne pensais pas revivre cela dans un autre pays mais ce fût le cas en RDC, le délestage y fait également rage : cela peut durer plus de dix heures par jour de coupure dans certain endroit de Kinshasa.

Je trouve cette situation très triste pour ce pays ayant le plus grand potentiel hydro-électrique au monde. Le fleuve Congo qui traverse à la fois l’hémisphère nord et sud et est arrosé tout au long de l’année possède un flux presque constant d’eau peut servir à abriter le plus grand barrage hydroélectrique dans le monde et fournir l’électricité à toute l’Afrique. Il s’agit des barrages d’Inga dont la maintenance n’étant pas bien assurée, ils fonctionnent à capacité réduite.

Pour terminer, les embouteillages et l’incivilité dans la circulation routière, c’est le même désordre à Kinshasa qu’à Antananarivo. C’est également le même problème à Conakry l’autre capitale africaine que j’ai récemment visitée. L’état de la plupart des ruelles et des routes je n’en parle même plus. Pourquoi en est-on arrivé à ce point en RDC et à Madagascar ??


Bienvenue à Antananarivo, 3 faits sur cette ville

Antananarivo, la capitale de Madagascar, s’est fait un peu connaître avec le dernier Sommet de la COMESA (Marché commun de l’Afrique orientale et australe) au mois d’octobre dernier. Mais ce mois de novembre, la ville sera de nouveau au centre de l’attention avec le 16ème Sommet de la Francophonie.

  • Connaissez-vous Antananarivo ?

Nombreux sont les Mondoblogueurs qui ont déjà griffonné des billets sur cette ville que j’aime faire bouger : ils sont des locaux ou des expatriés qui ont travaillé au pays ou bien des touristes de passage.

Antananarivo est une mégalopole qui a besoin d’un sérieux lifting. Si je la comparerais à « une fille », elle ne serait ni jolie ni sexy mais c’est une fille dont vous pourriez tomber facilement amoureux. C’est ainsi que je présente les derniers billets en date sur #Antananarivo, ceux du Mondoblogueur Roger Mawulolo : Tongasoa* à Antananarivo, mon amour (Partie 1 & Partie 2).

Encore un autre, cette fois d’une Mondoblogueuse de passage dans la ville : à la découverte d’Antananarivo ! L’un des blogueurs qui tague souvent #Antananarivo dans ses publications, c’est d’Andriamialy. Rien de mieux qu’un de ses riverains pour la décrire. Voici un de ses articles : Antananarivo, la patiente. Et enfin, le premier billet sur la plateforme de Soahary, une blogueuse malgache : Chez moi c’est Antananarivo.

Je reviens avec un angle banal: un angle « touristique » de cette ville, la capitale de l’un des 10 pays les plus pauvres au monde (selon la Banque Mondiale). Ainsi, je vous présente trois (3) faits sur Antananarivo ; oui uniquement trois, cela devrait suffire. Et en bonus à la fin de ce billet, je vous laisse contempler la capitale de Madagascar d’en haut à travers des vidéos filmées par des drones partagées sur Youtube.

  • 1) Le Rova (ou « Palais de la Reine »)

Si vous n’avez pas visité ce lieu historique de Madagascar, c’est un peu comme si vous n’étiez jamais passé à Antananarivo.

C’est comme venir à Paris et ne pas aller voir la Tour Eiffel :

Vous êtes venus à Antananarivo et vous n'avez pas visité le "Rova"
Vous êtes venus à Antananarivo et vous n’avez pas visité le « Rova »

C’est juste une blague! Je vous invite seulement à visiter ce monument visible de loin :

Rova/Palais de la reine (Manjakamiadana) sous construction, janvier 2010. Crédit photo: Alain Rajaonary
Rova/Palais de la reine (Manjakamiadana) sous construction, janvier 2010.
Crédit photo: Alain Rajaonary

Cet ancien palais royal malgache culmine au sommet de la colline d’Antananarivo.

Le pays vient de commémorer ce mois-ci, le 5 novembre plus exactement, l’incendie criminel d’il y a 21 ans (en 1995). 4. Sa reconstruction est encore en cours.

  • 2) Ses moyens de transport en commun: ses fameux « taxi-bé »

Montage photos - Les taxi-bé d'anciens fourgons Mercedes Sprinter et des minibus du japonais Mazda
Montage photos – Les taxi-bé d’anciens fourgons Mercedes Sprinter et des minibus du japonais Mazda

Effectivement, la plupart des « taxi-bé » sont d’anciens fourgons (« Mercedes Sprinter ») aménagés.

D’ailleurs, les taxis de la Commune d’Antananarivo sont encore majoritairement composés de vieux modèles comme les 2 CV de la marque Citroën et les 4L de la marque Renault.

  • 3) Rizières et cressonnières en pleine capitale

Antananarivo est l’une des rares capitales dans le monde où la culture de riz et de cressons se font encore. Vous y pouvez encore admirer des rizières et des cressonnières:

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Enfin, quelques vidéos pour découvrir la ville :


Apprendre à des séniors à utiliser internet

Je reprends la plume pour écrire un article qui a l’allure d’un tutoriel informatique « pour les nuls ». Je vous partage une expérience que j’ai vécue récemment en formant des  personnes âgées à utiliser internet : de comment se connecter jusqu’à Facebook. J’ai présenté la formation depuis un tableau blanc, feutre à la main.

Pour commencer, j’espère que ce n’est pas insolent voire discriminatoire de catégoriser les 60-70 ans de « sénior » ??? Dans un pays où l’espérance de vie est inférieure à cette fourchette-là, avoir plus de 60 est considéré comme « vieux ». Avec 30% de la population malgache étant analphabètes, la réduction de la fracture numérique n’est pas près de devenir une priorité étatique. Toutefois, le ministère chargé du numérique mène son combat sous le slogan « Le numérique, moteur de la diversité ». L’essor de l’usage d’Internet ne fût pas aussi rapide comme l’était l’adoption du téléphone portable dans un pays où la plupart des gens possède un téléphone portable. En effet, l’accès à Internet à Madagascar demeure problématique. Eh oui, moins de 5% des Malgaches savent effectuer des activités sur internet : ce faible taux de pénétration est d’ailleurs composé essentiellement de jeunes, les plus âgés (les séniors) semblent ne pas s’y intéresser.

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Certes, il n’est jamais trop tard pour apprendre à utiliser Internet mais l’apprendre à des séniors ce n’est pas une mission facile. J’ai formé des fonctionnaires retraités âgés entre 60 et 70 ans sachant déjà un peu se servir d’un ordinateur juste avant leurs départs en retraite. [Cliché] Un fonctionnaire ne sachant pas jouer à Solitaire/Freecell, ça existe ??? « Plus insolent que cela, tu meurs !! »

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Définition de l’internet

Pour entamer l’apprentissage, je débute par le commencement : qu’est-ce que c’est INTERNET? J’ai commencé par les définitions standards dans les dictionnaires, plus exactement par deux définitions : la première tirée de Larousse et la seconde de Wikipédia. Mais je ne m’attarde pas sur ces définitions, j’enchaîne immédiatement par : « Internet c’est l’ensemble de tout ceci : Google, Facebook, Youtube, Skype, Instagram, Whatsapp, Twitter, Envoyer/Recevoir des e-mails, … et d’autres millions de services, des milliers de services se créent tous les ans voire même tous les jours ». J’imagine bien que la plupart d’entre vous qui me lisent ont sûrement appris à utiliser internet sans jamais méditer sur des définitions. Pour la génération qui a grandi avec Internet (personnes nées entre 1985 à 2000), l’Internet a grandi avec eux, surtout les très jeunes c’est psychologiquement naturel pour eux d’appréhender les nouvelles technologies, il ne faut pas s’étonner de nos jours de voir un enfant de 5 ans manipuler aisément un smartphone.

Le souci avec les séniors c’est qu’ils abandonnent mentalement se disant que ce n’est plus de leur temps et que c’est seulement pour les jeunes. Ce qui est totalement faux, surtout de nos jours où l’on peut naviguer sur Internet depuis une multitude de supports : ordinateur, tablette numérique, smartphone et simple téléphone portable. Internet rime avec « accès à l’information » : jeune ou vieux, on voudrait toujours être informé.

Internet, réseau des réseaux Crédit : Mozilla Foundation
Internet, réseau des réseaux Crédit : Mozilla Foundation

Mes élèves d’un jour risquaient de me hurler d’un moment à l’autre : « Trêve de blablabla, dis-nous comment avoir internet sur cet ordinateur !!! », car ils ont amené leurs ordinateurs portables et leurs tablettes.

Comment connecter ces supports à Internet ? Que faire pour que ces supports aient un accès à Internet ?

De nos jours, nous pouvons connecter plusieurs types d’appareil à internet (ordinateur, tablette numérique, smartphone ou simple téléphone). Ces appareils doivent ensuite se situer dans un réseau informatique/de télécommunications pour se connecter à internet : réseau local connecté, Wifi, 3G, 4G, ADSL, Fibre optique, Wimax, FH, etc. Il y a une multitude de technologies au choix, cela varie  selon la région ou le pays.

Un FAI c’est quoi ? Fournisseur d’Accès à Internet. Ce sont les entreprises qui permettent à ses abonnés de se connecter à Internet. A Madagascar, ce sont les opérateurs de téléphonie qui sont les FAI, il y en a donc quatre (4) à savoir Telma (et Moov), Airtel, Orange et Blueline.

Pour se connecter à internet, un européen me dirait : il suffit de prendre un abonnement internet chez un FAI qui va vous fournir un « box » par la suite. Et ben, à Madagascar comme sur le continent africain : plus de 95% de la clientèle achètent des forfaits prépayés, les abonnements (postpayés) n’intéressent pas grand monde faute de pouvoir d’achat et de stabilité financière. De plus, ce fût une formation d’un jour donc pas besoin d’un abonnement : chacun achète un forfait que l’on appelle dans le jargon technique un « bundle » valide pour une journée de connexion chez leur opérateur.

Forfait que j'ai prépayé ce jour-là
Forfait que j’ai prépayé ce jour-là

Quel opérateur fournit le Wifi comme offre ? Et c’est quoi Wifi ?

Lequel d’entre vous a déjà eu à expliquer ce qu’est le « Wifi », diminutif du terme « Wireless Fidelity »  à quelqu’un ? C’est quelque chose que nous avons peut-être compris presque naturellement (comme le Bluetooth) mais c’est tellement compliqué de l’expliquer à un sénior, surtout avec le fait que l’un de mes formés avait une tablette dont la seule connectivité externe est le Wifi, pas de 3G/4G => il a fallu que l’un d’eux partage sa connexion :

Un des élèves devait partager sa connexion 3G
Un des élèves devait partager sa connexion 3G

D’ailleurs, le Wifi n’est pas une technologie pour se connecter à Internet mais une technologie permettant à des maillons d’un réseau de s’interconnecter de manière « sans fil » (=wireless en anglais), et si ce réseau est connecté à Internet c’est là que l’appareil le pourra également.

Les Hot Spots Wifi? Des fournisseurs de services ainsi que des opérateurs téléphoniques mettent en place la connexion Internet sans fil dit « nomade », permettant de se connecter à Internet dans leur show-room, dans la rue, au restaurant, dans un aéroport et même dans un train. Et il y en a des hot spots libres d’accès.

Maintenant, qu’est-ce que l’on peut faire sur Internet ?

Maintenant qu’il est affiché sur leurs laptops et leurs tablettes qu’ils ont une connexion internet. Ils veulent maintenant s’atteler à l’utilisation proprement dite d’Internet.

Internet activé sur une tablette sous Android
Internet activé sur une tablette sous Android

Leur notion d’Internet est influencée par ceux qu’ils voient à la télé : le support numérique le plus apprécié des séniors. « Comment avoir accès à Facebook ? », « Montrez-nous comment utiliser un hashtag ? » oui carrément, etc. Doucement, doucement on va voir tout cela pas à pas.

« On veut visiter le site web de … ? ». Enfin, la bonne question : je passe alors à l’explication d’une adresse internet, d’un serveur web et d’un navigateur web ! « Et l’adresse e-mail c’est pour quand ? ». Vieux mais indétrônable, apparu au tout début d’internet, le courrier électronique reste toujours l’un de ses services les plus usités. « Je ne sais quel site web visiter !? », cette question/exclamation est également arrivé au bon moment car la diapositive suivante était effectivement sur « Google » : j’avais décidé d’être partial, je voulais leur éviter un mal de tête avec le refrain « les moteurs de recherche, il y a d’autres alternatives ! ».

Finalement, ma journée n’a pas été si éprouvante que cela : les séniors n’ont pas l’aisance de prise en main des « nouvelles technos » comme les enfants mais ils ont une capacité d’écoute active.

Pour terminer, je leur ai présenté cette infographie qui montre les millions d’activités qui se produisent sur internet chaque minute, c’est hallucinant :

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Crédit: www.excelacom.com


Vers la gratuité de l’internet ?

Un débat sur l’utilité ou non de Free Basics doit-il avoir lieu à Madagascar ?

Depuis l’avènement des offres de connexion Facebook avantageuses pour les opérateurs mobiles locaux, nous entendons toujours le même refrain de la part des experts IT : « Internet n’est pas seulement Facebook ». Ces mêmes experts expriment aussi leurs dégoûts de l’offre d’ordre philanthropique Free Basics by Internet.org : ils disent que c’est une atteinte à la « neutralité du net », c’est de l’accès internet gratuit pour des sites internet sélectionnés par la compagnie californienne, peut-être même que Facebook voudrait se substituer à Internet.

Les notions même de « internet » ou de « neutralité du net », sont inconnues de 97% des malgaches, ils ne connaissent rien de cela et c’est compréhensible quand on sait que notre taux de pénétration internet est de moins de 3%  (chiffres de la Banque Mondiale), mais je pense qu’on est maintenant environ 5% vu le nombre de comptes Facebook basés à Madagascar.

La plateforme Free Basics avantagerait son initiateur et bailleur, c’est sûr, mais nous devons aussi constater que c’est une des solutions au problème du fossé numérique en Afrique (et à Madagascar en particulier). L’abonnement internet est un luxe inaccessible pour les foyers malgaches : un abonnement coûte au minimum 50 dollars dans un pays dont le salaire moyen est inférieur à cela. Plusieurs autres critères font que l’arrivée de Free Basics est une véritable manne pour la découverte d’Internet (Internet à la « Big Brother » certes) : réduire la fracture numérique ne sera pas une priorité étatique d’aussitôt, le taux élevé d’analphabétisme (les gens ne savent même pas lire et écrire) et l’accès à électricité est la véritable priorité étatique.

L’initiative Free Basics est fournie à Madagascar par un nouveau 4ème opérateur téléphonique, lancé au mois de mai dernier. Pour l’instant, il y a quarante-six sites web accessibles depuis le pays dont quelques sites web malgaches :

Publication de bip

Et oui, il n’y a pas que Facebook, nous pouvons aussi nous informer avec BBC Afrique (dommage : pas de RFI.fr pour l’instant),  AccuWeather pour la météo et Supersport pour les actualités sportives, il y a aussi l’encyclopédie participative Wikipédia. D’ailleurs, pourquoi Mondoblog.org ne ferait pas une demande pour intégrer la plateforme ? La procédure est tellement simple :

Mondoblog sur Free Basics, une utopie?
Mondoblog sur Free Basics, une utopie?

Zuckerberg est peut-être en train de coloniser numériquement le « tiers monde » mais soyons suffisamment intelligents pour exploiter ce qu’il offre et savoir dire stop à un certain moment, plus tard.


Hery, parti pour s’éterniser au pouvoir

Je prends de nouveau la plume pour parler de politique. Oups ! Un sujet qui peut fâcher à Madagascar. Je vais parler de la HVM-isation du pays.

C’est quoi HVM ? « Hery Vaovaon’i Madagasikara » (littéralement la Force Nouvelle de Madagascar) est le parti politique de Hery Rajaonarimampianina le président de la République investi démocratiquement en janvier 2014 après cinq ans de transition catastrophique pour l’économie du pays. C’est maintenant que cette période de vide institutionnel, qui a duré un lustre, se fait sentir. Tout va mal : insécurité, inflation, diminution du pouvoir d’achat, dégradation des infrastructures, corruption, refus d’autorité, etc.

 Comment ça, Madagascar se HVM-ise ?

La majorité des projets de loi soumis aux parlements que le pouvoir concocte sont tous polémiques car souvent avantageux à sens unique, celui des dirigeants. Ils semblent avoir été conçus dans l’esprit que ce seront toujours eux qui dirigeront le pays pour plusieurs mandats. Effectivement, le premier mandat de Hery expirera dans deux ans en 2018.

Code de la communication : jugé « liberticide » par beaucoup de gens, des premiers concernés les journalistes du secteur privé, la société civile, par les chancelleries internationales (Union Européenne, les États-Unis, la France et le PNUD qui a financé sa conception) et des syndicats internationaux (RSF, FIJ Fédération internationale des journalistes) etc.

Code minier, code foncier, projet de loi sur la Réconciliation Nationale, loi sur les collectivités territoriales décentralisées etc.

Des codes concoctés depuis des années dans divers ateliers, modifiés une fois arrivée au gouvernement.

Bref, « dans la politique, personne ne se soucie vraiment du petit peuple ».

L’attitude de la famille du président : un cabinet spécial de la première dame et les œuvres de charité médiatisés de ses fils ainés montre qu’ils ne comptent pas quitter le pouvoir d’aussitôt.

Le syndrome des chaises (« seza » en malagasy)

Le constat est aussi que des personnalités humbles qui dénonçaient haut et fort dans les médias les mauvaises pratiques et dérives du pouvoir se taisent quand ils obtiennent une « chaise », ce sont des journalistes et membres influents de la société civile. Je ne citerai pas de noms mais ils sont devenus président de haute cour, ministre de la population, ministres, directeurs de cabinet de ministère, membre de commission électorale.

Le HVM peut-il rester longtemps au pouvoir

"Prouvez-moi que les Malagasy se sont appauvris" dixit Hery R.
« Prouvez-moi que les Malagasy se sont appauvris » dixit Hery R.

En trois ans de pouvoir, Hery n’a rien accompli d’exceptionnel qui le distinguerait jusqu’à maintenant.

Est-ce que le pouvoir HVM est si nul que ses opposants le disent ?

Non, je ne suis pas de leur avis car ce n’est pas Hery qui est la cause de l’état lamentable du pays actuellement. Tout a commencé avec la transition 2009-2014 qui a tout de même duré 5 ans qui a plongé les malgaches dans le déni. Mais Hery n’est pas étranger à cette période car il en a été l’argentier en chef (ministre des finances).

Les opinions favorables à Hery sont au plus bas dans les grandes villes surtout dans la capitale Antananarivo. Mais sachant que 80% de la population vit en milieu rural, ils sont historiquement favorables au pouvoir en place (faute d’ignorance peut-être ? de la peur ?). Hery est donc assuré de gagner facilement les élections de 2018. Avec un Sénat composé à 90% de HVM et d’une chambre basse certes sans aucun député HVM mais très versatile, le pouvoir ne devrait avoir aucune inquiétude.

Voilà un aperçu de la situation à Madagascar. J’espère que je ne me ferai pas taxer de partisan du « Vondrona Andrefan’Ambohijanahary » (mouvement de l’opposition) après ça, un groupement dont je ne cautionne pas.

A Madagascar, le pouvoir change mais les pratiques demeurent.

Mon slogan c’est « Madagascar, j’aime la faire bouger » mais malheureusement « ça ne bouge pas ! », c’est pour ça que j’ai décidé de me lâcher un peu.