Stanislas NTAMBWE

Bertrand Bisimwa (M23) : « Nous avons été tous désarmés, cantonnés dans un lieu accessible à tout le monde »

Bertrand Bisimwa, président du M23
Bertrand Bisimwa, président du M23

Le président du Mouvement du 23 mars (M23) Bertrand Bisimwa a démenti mercredi 15 janvier 2014 les accusations du chef de la Monusco selon lesquelles son mouvement serait « en train de recruter au Rwanda et en Ouganda ».

« Tous nos militaires, à commencer par moi-même comme président du mouvement jusqu’au petit soldat, le nombre est connu. Nous avons été tous désarmés, cantonnés dans un lieu accessible à tout le monde. Et le nombre de nos militaires est connu de tous », a-t-il déclaré à RFI.

Devant le Conseil de sécurité, le chef de la mission de l’ONU en RDC Martin Kobler a affirmé lundi 13 janvier que « des sources crédibles font état de la poursuite du recrutement militaire après la signature de cette déclaration (du M23 annonçant à Nairobi la fin de sa rébellion) et d’une résurgence d’activités du M23 en Ituri, dans le nord-est du Congo ».

Il a en alors appelé « au gouvernement congolais pour qu’il mette en application la déclaration de Nairobi et qu’il accélère le processus de désarmement et de démobilisation des ex-combattants du M23 », et « également aux gouvernements du Rwanda et de l’Ouganda pour qu’ils fassent tout pour empêcher le M23 de se réfugier et de s’entraîner sur leur territoire ».

« Nous n’allons pas tolérer une reprise des opérations du M23 », a-t-il averti.

Le M23 réclame des preuves

« Ce qu’on appelle aujourd’hui +informations crédibles+ ne peuvent pas être crédibles par le seul fait de le dire ; il faut qu’on le démontre. Je crois que nous, nous apportons la preuve de ce que nous disons, parce que ce que nous disons est vérifiable et connu de tous », a confié à RFI le président de l’ex-rébellion du M23 défaite par les Forces armées de la RDC (FARDC) en novembre 2013 au Nord-Kivu.

Ces accusations, consignées dans le rapport des experts de l’Onu sur la situation dans l’Est de la RDC, évoquent un soutien « constant » du Rwanda aux rebelles du M23, renforcé en période de combats. Ils parlent d’« aide au recrutement, de fourniture d’armes et même, ponctuellement, d’une participation directe de l’armée rwandaise aux côtés des rebelles du M23 ».

« Recruter pour les amener où, exactement ? Qu’on nous dise là où nous amenons ceux que nous recrutons. Et nous les amenons à qui ? Qui les gère là où on les amène ? », a réclamé Bertrand Bisimwa.

Le nombre des éléments du M23 « non vérifié ni certifié »

Le représentant spécial adjoint du secrétaire général de l’Onu en RDC, le  général Abdallah Wafy, a affirmé mercredi 15 janvier au cours de la conférence hebdomadaire de la Monusco à Kinshasa qu’ « à partir des éléments qui ont quitté Chanzu (Nord-Kivu) lors de la défaite militaire du M23 (le 5 novembre 2013) jusqu’à ce jour, nous n’avons pas vérifié et certifié leur nombre».

« Nous avons des informations selon lesquelles, ces éléments qui, dans un premier temps, auraient été désarmés et cantonnés dans un camps militaire, on les voit en train de circuler dans des véhicules officiels. Certains bénéficiant en Ouganda, les traitements qui n’ont rien à voir avec ceux réservés aux gens qui sont en résidence surveillée ou dans un camps », a-t-il précisé.

Il a cité « le cas de Sultani Makenga  quiest en train de se promener dans cette zone là, alors qu’il « est recherché et devrait être arrêté ».

« C’est un criminel de guerre. Il y a un mandat d’arrêt contre lui et des demandes de son transfèrement », a souligné le général Abdallah Wafy qui a appelé tous les Etats à « respecter leurs engagements consignés dans l’Accord-cadre pour la paix en RDC et dans la Région des Grands Lacs », signé le 24 février 2013 à Addis-Abeba.

 


Martin Kobler : « Seule une action concertée avec les FARDC permettra de venir à bout des FDLR et les ADF/Nalu »

Martin Kobler, lors de la journée des Nations Unies à Kinshasa
Martin Kobler, lors de la journée des Nations Unies à Kinshasa

Le représentant spécial du Secrétaire général de l’ONU en République démocratique du Congo (RDC), Martin Kobler, a déclaré lundi 13 janvier 2014 devant le Conseil de sécurité des Nations que, « seule une action concertée avec les Forces armées de la RDC permettra de venir à bout des Forces démocratiques pour la libération du Rwanda (FDLR) et les rebelles ougandais des ADF/Nalu ».

Martin Kobler a fait mention des acquis de 2013, dont la signature de l’Accord-cadre d’Addis-Abeba et la création de la Brigade d’intervention au sein de la Mission de l’Onu pour la stabilisation en RDC (Monusco). Il pense aussi qu’ « il faut concrétiser les espoirs forgés » par cet Accord-cadre signé par 11 pays de la région des Grands Lacs en février 2013 dans la capitale éthiopienne, sous la supervision de l’Onu et de l’Union africaine.

Il a souligné que la Monusco ne laissera pas les rebelles du M23 reprendre leurs opérations. « Nous ne devons tolérer aucune résurgence militaire du M23. Nous ne devons pas tolérer de remise en cause des progrès accomplis jusqu’ici », a-t-il  insisté,  avant d’inviter les gouvernements ougandais et rwandais à refuser tout refuge aux éléments du M23 pour « ne s’entraînent pas sur leurs territoires ».

Des informations « crédibles » sur le recrutement au Rwanda par le M23

D’après le dernier rapport du groupe d’experts de l’ONU sur la RDC, non encore publié, le M23 serait en train de recruter au Rwanda et en Ouganda, après sa défaite militaire en novembre 2013. Des recrutements que Martin Kobler juge « d’informations crédibles », ajoutant que « la Monusco ne laissera pas le M23 reprendre ses opérations ».

« Des sources crédibles font état de la poursuite du recrutement militaire après la signature de cette déclaration. Il y a aussi des sources crédibles qui font état d’une résurgence d’activités du M23 en Ituri, dans le nord-est du Congo », a déclaré Martin Kobler au Conseil de sécurité.

Il a par ailleurs souligné la nécessité de poursuivre le processus de démobilisation et de réintégration des anciens combattants, de réformer l’armée et la police nationale ainsi que celle d’instaurer des îlots de stabilité en vue de rétablir l’autorité de l’Etat.

C’est ainsi qu’il appelle le gouvernement congolais à « mettre en application la déclaration de Nairobi et qu’il accélère le processus de désarmement et de démobilisation des ex-combattants du M23 ».

Pour sa part, Mary Robinson, envoyée spéciale du secrétaire général de l’Onu pour la Région des Grands-Lacs en séjour à Kinshasa et intervenant par vidéoconférence, a aussi réitéré la détermination à appliquer l’Accord-cadre.

Elle invoque, « l’optimisme suscité par la défaite du M23 et la conclusion du processus de Kampala (qui) semble avoir disparu après les attaques de fin décembre 2013 à Kamango et à Kinshasa ».

En réaction à ces déclarations, l’ambassadeur rwandais à l’Onu a dénoncé devant le Conseil de sécurité des « allégations non vérifiées » et accusé la Monusco de « négliger » les opérations contre les FDLR.

En réponse à ces accusations, Martin Kobler a assuré que le démantèlement des FDLR est toujours une priorité, mais que « ces petits groupes dissimulés dans une épaisse forêt vierge sont plus difficiles à traquer que le M23 qui s’apparentait à une petite armée, très structurée et très visible ».


RDC : la population de Goma dans la rue pour fêter la «mort» de Kagame

La population de Goma manifestent leur joie sur la rumeur de la mort de Kagame
La population de Goma manifestent leur joie

L’ambiance est inhabituelle depuis 9 heures du matin de ce vendredi 10 janvier 2014, à Goma (Nord-Kivu), en République démocratique du Congo (RDC). La population de cette partie du pays est descendue dans les rues : cercueils vides sur les épaules et croix en mains, chantant et accueillant avec joie la rumeur selon laquelle, le président rwandais Paul Kagame serait mort, assassiné dans sa résidence, dans la nuit du 8 au 9 janvier 2014, à Kigali. La rumeur va bon train.

Tout est parti de l’université de Goma. Les artères et routes principales ont été prises d’assaut par une marée humaine constituée d’étudiants, élèves, ouvriers, motocyclistes,  charretiers, etc. Ils manifestent tous leur joie en apprenant l’éventuelle « mort » du président Paul Kagame. La rumeur s’étend.

Cette même situation est constatée à Bukavu (Sud-Kivu) et à Beni (Nord-Kivu), affirme notre correspondant à Goma.

Une rumeur lancée jeudi 9 janvier sur le réseau social Twitter, concernant cette fameuse mort de Paul Kagame a fait le tour du monde. Le message publié par le site de microblogging jeudi à 14 heures indiquait que, »Paul Kagame vient de nous quitter. RIP ».

Les manifestants transportant le Cerceuil représentatif du corps de "Kagame"
Les manifestants transportant le cercueil représentatif du corps de « Kagame »

« Ces rumeurs sont totalement fausses. Le président rencontre actuellement des étudiants américains dans le cadre d’audiences de routine. Vous êtes libres de venir assister à l’audience et de le rencontrer », a déclaré à l’AFP, un responsable de la présidence rwandaise, sans autres détails.

 


La Monusco confirme la présence des éléments de la Seleka en RD Congo

Abdallah Waffy représentant spécial du S.G de l'ONU en RDC
Abdallah Waffy représentant spécial du S.G de l’ONU en RDC

Le représentant spécial adjoint de l’ONU en charge des opérations à l’est de la République démocratique du Congo (RDC), le général Abdallah Wafy, a affirmé mercredi 8 janvier 2014 à Kinshasa que, « les éléments incontrôlés de la Seleka (Centrafrique) sont déjà sur le territoire congolais ».

« Ils sont en train de traverser dans certaines localités de la Province orientale,  au point où les populations locales ont eu peur et sont en train de fuir ces zones », a-t-il indiqué au cours de la conférence hebdomadaire de la Monusco (Mission de l’Organisation des Nations unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo. .

 La Seleka, dont la dissolution a été décidée par l’actuel régime en place à Bangui, est une coalition rebelle qui a porté Michel Djotodia au pouvoir en Centrafrique, en mars 2013. Le général Abdallah Waffy a souligné que « la Monusco craint une éventuelle déstabilisation de la RDC et qu’il est  nécessaire de prendre des dispositions pour que ce qui s’est passé à l’est de la RDC ne se reproduise pas aujourd’hui dans l’Equateur ou dans la Province orientale ».

S’agissant de l’Equateur, « les ex- Forces armées centrafricaines (FACA) se sont enfuies avec armes et bagages pour se réfugier de l’autre côté du fleuve », aux premières heures de la prise de Bangui par la Seleka en mars 2013. Cette situation a créé une insécurité accrue dans cette province. Au Nord-Kivu et au Sud-Kivu, les Congolais ont été victimes de leur hospitalité en 1994 pour avoir accueilli sur leur territoire les réfugiés venus du Rwanda.

 « Nous sommes en contact avec les FARDC pour voir quelles mesures mettre en place en vue de prévenir de tels événements malheureux » a indiqué le chef adjoint de la Monusco.

 A la suite des événements qui se sont produits à Kinshasa et à Lubumbashi le 30 décembre 2013 et ont causé officiellement 103 morts, l’ONU  réalise qu’il est impérieux de ne pas seulement concentrer l’essentiel de ses troupes (90 %) à l’est du pays. Elle estime que l’ouest de la RDC attire l’attention dans la mesure où ces événements malheureux interpellent aussi bien la Monusco que les autorités congolaises.

La situation dans la province du Katanga considérée comme une province stable inquiète. Abdallah Wafy a relevé qu’il ne se passe deux semaines sans que la ville de Lubumbashi ne fasse l’objet d’attaques des éléments armés Bakata Katanga ».

 « Le moment venu, nous allons voir au niveau de la Monusco comment nous adapter pour appuyer les autorités nationales afin de  faire face à ces différentes menaces », a dévoilé le général Wafy. Selon lui,  aujourd’hui, il ne s’agit pas de groupes armés à l’est du pays, mais de tentatives de déstabilisation de la situation sécuritaire ».