Stanislas NTAMBWE


La RDC vers une crise institutionnelle

Un nouvel épisode dans ce qui pourrait bien être un conflit latent au sein de la coalition au pouvoir ? Les nouvelles affectations dans l’administration publique signées par la ministre de la Fonction publique, pourrait bien être le déclic d’une crise qui n’a pas sa raison d’être pendant que l’ennemi commun du coronavirus tue dangereusement. Le Directeur de cabinet adjoint du Président de la République, Kolongele Eberande a, dans une…


Les sept erreurs de Vital Kamerhe

L’incarcération de Vital Kamerhe bouleverse la scène politique congolaise. Artisan de la victoire de Félix Tshisekedi aux présidentielles de 2018, le co-leader de la plate-forme CACH qui dirige le pays dans une coalition avec les FCC voit son avenir et celui de ses partisans mis en péril par une procédure judiciaire qui pourrait le conduire à une longue peine d’emprisonnement dans un scandale de détournement des deniers publics. Depuis longtemps,…


Greenpeace accuse le groupe Bolloré de menacer les forêts africaines

Exploitation illégale de bois en RDC dans la forêt équatoriale
Exploitation illégale de bois en RDC dans la forêt équatoriale

Greenpeace publie « Menaces sur les forêts africaines », une enquête sur les plantations de la Socfin, détenue à 38,75% par le groupe Bolloré.

L’Ong internationale Greenpeace-France a publié, mardi 23 février 2016, à Amsterdam (Pays-Bas), un rapport sur les investissements du groupe Bolloré dans des plantations africaines. Greenpeace interpelle son PDG, Vincent Bolloré et l’exhorte à s’engager « immédiatement contre la déforestation ».

Par la même occasion, cette Ong a lancé, dans le cadre de sa campagne « Zéro Déforestation », une pétition demandant à l’homme d’affaires Breton, d’« user de son influence pour que la Société financière des caoutchoucs (Socfin) et le groupe Bolloré rendent publique, une politique de plantation zéro déforestation, crédible et respectueuse des droits des communautés locales couvrant l’ensemble de ses investissements dans le secteur ».

Le lancement de cette campagne a donné lieu à une première mobilisation des militants de Greenpeace-France autour d’un support original, les « autolib », chères à Vincent Bolloré. « Plus de 300 véhicules ont été décorés dans la nuit de lundi à mardi ».

Vincent Bolloré interpellé

Le jeudi 25 février 2016, à Amsterdam, une quinzaine de militants de Greenpeace-France ont déployé une banderole de 100 mètres carrés devant le siège du groupe Bolloré à Puteaux pour interpeller son PDG.

« Bolloré : dur en affaires, pas tendre avec les forêts », ainsi pouvait-on lire sur la banderole. Ce, pour signifier que le groupe Bolloré détient « 38,75% de la Socfin qui gère 185 000 hectares de plantations de palmiers à huile et d’hévéas en Afrique et en Asie du Sud-Est », l’Ong britannique.

Or, affirme Greenpeace, « contrairement aux plus importantes entreprises de plantations, la Socfin n’a pas de politique visant à prévenir la déforestation dans ses projets ».

« Notre objectif est que les forêts africaines ne connaissent pas le sort des forêts indonésiennes et malaisiennes. Les investisseurs doivent s’engager dès aujourd’hui à adopter des politiques zéro déforestation et le Groupe Bolloré ne peut pas se dédouaner de sa responsabilité à l’égard des pratiques de la Socfin », a insisté Cécile Leuba, chargée de campagne pour Greenpeace-France.

Menace sur le climat

Selon Greenpeace, les projets d’expansion des plantations de la Socfin dans une dizaine de pays, majoritairement africains, « menacent des forêts denses et écosystèmes » indispensables à la préservation des équilibres climatiques, à la sauvegarde de la biodiversité ainsi qu’au maintien des conditions de vie des populations locales.

Les plantations de palmiers à huile et d’hévéas constituent l’un des principaux moteurs de la déforestation. L’Afrique ne représente encore qu’un faible pourcentage de la production d’huile de palme ou de caoutchouc au niveau mondial, mais, on assiste actuellement à une véritable ruée sur les forêts africaines.

Au premier rang des planteurs en Afrique, la Socfin. Présente depuis plus d’un siècle sur le continent, ses principaux actionnaires sont le groupe Bolloré et l’homme d’affaires belge, Hubert Fabri (via des participations directes ou indirectes).

De nouvelles investigations de Greenpeace-France en République démocratique du Congo (RDC) et à Sao Tomé-et-Principe, démontrent que les concessions de la Socfin incluent des forêts primaires, mais aussi des forêts secondaires ou en régénération qui stockent d’importantes quantités de carbone. La Socfin serait également impliquée dans de nombreux conflits avec les communautés riveraines.

« Nous avons constaté que certaines concessions jouxtent des écosystèmes uniques comme à Sao Tomé où les plantations de la Socfin s’étendent au sein de la zone tampon d’un Parc naturel national abritant une biodiversité remarquable », souligne Cécile Leuba.

A Sao Tomé, les analyses réalisées par Greenpeace montrent que l’ensemble du carbone stocké dans les zones déboisées par Agripalma, la filiale de la Socfin, s’élevait à « plus de 600 000 tonnes d’équivalent CO2 ». C’est l’équivalent des émissions annuelles d’une petite centrale à charbon.

 


Tshikapa : le centre de santé Lumuka, un mouroir potentiel d’enfants malnutris

Au moins 173 enfants souffrant de la malnutrition sont traités au centre de santé Lumuka, situé à Tshikapa dans la province du Kasaï. Cela avec l’appui du Programme alimentaire mondial (PAM). Ces enfants de moins de cinq ans souffrent de la malnutrition aiguë sévère. Une intervention rapide est vivement souhaitée pour ne pas allonger inutilement la liste des cas de décès.

La sécurité alimentaire, à plus long terme, dans le Kasaï, doit être rétablie et les pratiques d’alimentation et de soins améliorées, afin que les enfants puissent avoir accès à la nourriture de qualité dont ils ont besoin. Les humanitaires qui voudraient intervenir ont d’ailleurs besoin de 1,68 milliard de dollars américains.

La mission qui a conduit une équipe de la presse de Kinshasa, du 8 au 11 janvier 2018, à Tshikapa (dans la province du Kasaï) pour évaluer la situation humanitaire, a permis de visiter le centre de santé Lumuka qui traite la malnutrition des enfants, des femmes enceintes et allaitantes.

Il convient de signaler que, dans la seule zone de santé de Kanzala (à Tshikapa-centre), au moins 3 000 enfants malnutris y sont admis, alors que les intrants pour les traiter font défaut.

Au centre de santé Lumuka, dans l’aire de santé Sammy I-Kanzala, situé dans le quartier Sammy II en plein centre-ville de Tshikapa (province du Kasaï), au moins 173 enfants souffrant de la malnutrition modérée sont traités avec l’appui du Programme alimentaire mondial (PAM), en collaboration avec l’ONG ADRA. Ces enfants trouvés sur place et, pour la plupart, des déplacés, affichent une santé qui laisse à désirer. D’après le responsable de ce centre de santé, Eric Lumu, plusieurs autres enfants sont dépistés chaque jour. Mais « il n’y a pas d’intrants », a-t-il déploré

Un témoignage qui fait pleurer

Annie Beleshayi, une jeune fille rencontrée au centre de santé Lumuka et qui, manifestement, présente des signes graves de malnutrition, nous raconte comment elle est arrivée ici. « Ma mère a été tuée pendant les affrontements entre les militaires et la milice Kamuina Nsapu. Mon père, ma jeune sœur (1 an) et moi avions fui vers Tshikapa. Mais arrivés à Shakafutshi (un village tchokwe situé sur le tronçon Tshikapa-Kamonia), mon père a été lui aussi égorgé par les Tchokwe », a confié Annie Beleshayi avec des larmes aux yeux.

Cette jeune fille de 10 ans, dit avoir effectué 65 Km jusqu’à Tshikapa, portant sa jeune sœur au dos. Traumatisée et visiblement abattue, Annie Beleshayi garde encore le souvenir de la mort tragique de son père. À ce jour, elle suit le traitement contre la malnutrition dont elle souffre au centre de santé Lumuka.

La situation d’Annie Beleshayi est un cas parmi tant d’autres dans les deux provinces du Kasaï, cruellement secouées par des violences tribales, opposant les communautés Luba à celles de Tchokwe et Pende. Mais aussi, par le conflit armé entre la milice Kamuina Nsapu et les forces de l’ordre de la RDC.

Au-delà des enfants, plus de 200 femmes enceintes et allaitantes souffrant aussi de la malnutrition sont également traitées dans le centre de santé Lumuka. Léon Mukenge, le chef du quartier Sammy II dans lequel se trouve ce centre dit avoir enregistré « 2 705 personnes dont plusieurs enfants » dans sa juridiction.

La passivité des autorités

« Ces personnes peinent à trouver leur pain quotidien. Je demande aux autorités et les ONG de venir au secours à cette population de Sami 2 en détresse qui manque à manger, à boire, de quoi se vêtir et se faire soigner. Aux centres de santé, les enfants malnutris ne sont pas bien servis à cause de l’insuffisance de produits. Le corps médical qui reçoit ces enfants n’est pas bien payé et ils manquent même des lits dans leurs établissements pour héberger les patients », a lancé Léon Mukenge.

Interrogé sur une éventuelle assistance des victimes par les autorités provinciales, Léon Mukenge affirme : « J’ai écrit à plusieurs reprises aux autorités hiérarchiques compétentes pour leur faire part de la situation. Mais, à ce jour, aucune réponse n’a été réservée à mes correspondances, même dans le sens d’apporter un appui à ces déplacés », a-t-il répondu sans ambages.

Une réponse urgente s’impose

Les conditions sanitaires de ce centre de santé renseignent sur la majorité d’autres centres et établissements hospitaliers dans l’ensemble de l’espace Kasaï après les conflits. Il faut reconnaître qu’avant ces conflits, les deux Kasaï étaient exposés aux sérieux problèmes d’insécurité alimentaire. Mais, c’est pendant et après les conflits que la situation a empiré avec des chiffres inquiétants. L’état nutritionnel des enfants est particulièrement critique dans la région. Selon l’Unicef, « au moins 400 000 enfants de moins de cinq ans souffrent de malnutrition aiguë sévère ».

Pour le représentant par intérim de l’Unicef en RDC, Tajudeen Oyewale, « à moins de recevoir de toute urgence une aide en matière de santé, d’eau, d’assainissement et de nutrition, ces enfants risquent de mourir. »

Dans un communiqué conjoint publié mercredi 17 janvier à Kinshasa, le PAM, l’Unicef et la FAO ont tiré la sonnette d’alarme sur la nécessité de « nourrir la population du Kasaï, combattre la malnutrition parmi ses enfants et renforcer la résilience ». Mais ils sont butés à plusieurs obstacles : « Infrastructures limitées, sécurité médiocre et moyens financiers insuffisants », ont dénoncé les trois agences onusiennes.


RDC : la crise alimentaire au Grand Kasaï atteint son paroxysme

Au moins 97 millions USD sont requis, d’ici à fin juin 2018, pour couvrir les besoins des populations affectées par la crise généralisée dans l’espace Kasaï. Environ 400 mille personnes ciblées dans les provinces du Kasaï et Kasaï Central sont dans une insécurité alimentaire accrue. Plusieurs personnes, en majorité les enfants et les femmes, risquent leur vie si rien n’est fait.

Stanislas Ntambwe, de retour du Grand Kasaï

Les bénéficiaires en liesse accueillent la cargaison des vivres distribué par le PAM à Lubondaie-Kankenke

Tel un ouragan qui laisse des traces sur son passage, le conflit interethnique entre les communautés luba et tshokwe, dans l’espace Kasaï, ainsi que la guerre entre la milice Kamuina Nsapu et l’armée congolaise, laissent également les conséquences incalculables et des pertes irréparables. Mais, le plus grand défi c’est la conservation des survivants de ces événements malheureux qui ont endeuillé les deux Kasaï.

Une récente mission de terrain, effectuée du 8 au 15 janvier 2018, dans les deux provinces du Kasaï, nous a permis de nous enquérir de la situation humanitaire dans cette région. Mais aussi de connaître les vrais défis auxquels sont confrontés les humanitaires qui cherchent à atteindre les populations affectées par ces conflits en vue d’une éventuelle assistance. Le constat est amer : des faits choquants, des témoignages horribles, des chiffres inquiétants et des défis majeurs.

Sur la route qui mène vers la cité de Kamonia (à 65 km de la ville de Tshikapa), dans le territoire de Tshikapa (Kasaï), a eu lieu une distribution de vivres par le Programme alimentaire mondial (PAM), en partenariat avec l’ONG OXFAM, au profit de plus de 10 mille personnes affectées par la crise. Sur le chemin, au moins quatre villages fantômes s’étaient vidés de leurs populations, a-t-on constaté.

À l’arrivée de la délégation sur le site de distribution à Kamonia, la joie était perceptible sur les visages des bénéficiaires qui chantaient et scandaient des cris de réjouissance. Les bénéficiaires se recrutaient parmi les familles d’accueil, les retournés et les déplacés.

En termes de commodité, cette ration est composée de semoule de maïs, de haricot, d’huile de palme neutre, d’huile végétale et du sel. Chaque bénéficiaire a reçu « 6 kg de semoule de maïs, 1,8 kg de haricot, 0,45 kg d’huile et 0,45 kg de sel », a indiqué Jean-Martin Mulumba, officier chargé des urgences à l’Oxfam GB dans l’espace Kasaï.

Et le nombre de personnes ciblées dans le quartier Cité où cette distribution a eu lieu, est estimé à 10 081 personnes, a-t-il ajouté.

« Tshikapa est l’un des territoires qui a été le théâtre d’affrontements entre les éléments des Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) et les miliciens Kamuina Nsapu », a confié par ailleurs Jean-Paul Kuzu, l’administrateur du territoire de Tshikapa en séjour à Kamonia. Il a ajouté que sur les neuf secteurs que compte sa juridiction, outre la commune rurale de Kamonia, sept ont été « sérieusement secoués » par les conflits et deux ont été épargnés.

Ainsi, a notamment déclaré Jean-Paul Kuzu, « les populations ont été contraintes de quitter leurs milieux d’origine pour se réfugier à Tshikapa, Angola, Kinshasa et Bandundu. Seul 1% de la population de Kamonia était resté sur place ».

Avant les événements, a-t-il rappelé, la commune rurale de Kamonia comptait « 70 mille habitants. « Pendant les événements, il n’y avait que les militaires et policiers pour maintenir la sécurité », a-t-il indiqué sans en dire plus sur ces événements malheureux.

L’administrateur du territoire a relevé que plusieurs villages ont été « incendiés et pillés », avant de faire remarquer que plus de 5 millions de personnes vivaient dans le territoire de Tshikapa. A ce jour, il estime à seulement 30% le nombre de personnes retournées. a-t-il ajouté. D’autres hésitent encore de rentrer, selon lui.

3,2 millions de personnes en proie à l’insécurité alimentaire grave

Des femmes bénéficiaires reçoivent avec joie des vivres du PAM, à Kamonia (Province du Kasaï). @Photo: Stanis

Les conflits au Kasaï ont amplifié l’insécurité alimentaire qui était déjà prévisible dans la région. Car plus de 90% des communautés rurales dépendent entièrement de l’agriculture. Ayant tout perdu, les agriculteurs qui ont fui les affrontements et les conflits entre les communautés luba et tshokwe ont raté trois saisons agricoles successives. L’aide alimentaire ne pouvant pas combler le vide, seules 400 mille des 3,2 millions de personnes souffrant d’insécurité alimentaire grave au Kasaï ont reçu une aide en décembre 2017.

Plus de 750 000 personnes sont déplacées. Environ 630 000 déplacés sont retournés dans leurs villages incendiés, après s’être cachés dans la forêt. Ils doivent dorénavant être assistés pour reprendre la production agricole.

Le PAM a enregistré environ 60 000 bénéficiaires des vivres pour la seule zone de Kamonia. Ce qui fait un équivalant de 500 tonnes de vivres qui seront distribuées dans les prochains jours, selon le coordonnateur des urgences du PAM dans l’espace Kasaï, Matteo Perrone.

97 millions USD nécessaires pour répondre aux besoins

Rencontrée sur le site de distribution du village de Lubondaie-Kankenke (près de 150 km de Kananga), dans la province du Kasaï Central, la cheffe de bureau du PAM dans cette région, Annie Tchowa, a déclaré que « la population est dans une extrême insécurité alimentaire dans certaines zones de santé du Kasaï Central ».

Avant de préciser que les aires de santé les plus touchées sont celles de Lubondaie, Dibaya, Tshikula et de Muetshi, dans le territoire de Dimbelenge. « Depuis le début de l’opération dans le Kasaï Central, en novembre 2017, nous avons assisté environ 142 000 bénéficiaires pour un tonnage de presque 3 000 tonnes », a révélé Annie Tchowa.

Il sied de noter que le PAM est limité financièrement, au-delà de tous les efforts fournis, dans les limites de ses possibilités, pour assister les populations affectées dans le Kasaï. Pour répondre aux besoins d’environ 400 mille personnes affectées par l’insécurité alimentaire, le PAM a besoin d’au moins 97 millions de dollars américains d’ici à juin 2018. D’où l’appel à fonds.

« Il y a un problème de disponibilité de fonds pour apporter l’assistance. Au niveau du PAM, nous n’en disposons pas suffisamment pour distribuer l’aide alimentaire à tous les bénéficiaires », a avoué Mme Annie Tchowa. Et d’ajouter : « Nous avons le souci avec les fonds à notre disposition, nous mettons tout en œuvre pour que la communauté internationale nous soutienne au plus vite. Si nous avons suffisamment de fonds, nous allons nous étendre sur d’autres zones et couvrir le plus de monde possible », a renchéri le coordonnateur des urgences du PAM dans l’espace Kasaï.

Il a poursuivi en disant que ce que nous faisons, c’est d’« atteindre les populations qui ont des difficultés alimentaires et distribuer la nourriture aux +zones 3+, c’est-à-dire celles qui sont déficitaires du point de vue alimentaire. Une fois que ces populations aient été servies pendant trois mois, nous devons absolument nous déplacer vers d’autres zones qui n’ont pas encore été servies ».

« Nous avons des limites dans les fonds et dans ce que nous avons dans nos entrepôts », a-t-il conclu.

Dans la même optique, les trois agences du système des Nations unies ont, dans un communiqué conjoint publié, le mercredi 17 janvier, tiré la sonnette d’alarme et considèrent que « le temps presse pour sauver des centaines de milliers de vies en République démocratique du Congo ». Il s’agit notamment du Programme alimentaire mondial, de l’Unicef et du Fonds des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO).

Défis

Les défis se situent à plusieurs niveaux. Au-delà du défi financier, les humanitaires sont butés à plusieurs autres problèmes, notamment ceux liés à la « sécurité et l’accessibilité » aux populations concernées.

S’agissant du défi sécuritaire, « il y a des zones que nous ne pouvons pas atteindre à ce jour, car nous et nos partenaires n’avons pas de garantie d’exercer nos activités en toute sécurité », a expliqué Matteo Perreno.

« Dans les territoires de Dibaya et Tshikula, on rencontre souvent des incidents sécuritaires pour accéder aux sites de distribution », a ajouté, pour sa part, Annie Tchowa.

Un autre défi est celui d’accessibilité. Ce défi est un sérieux et un réel problème dans plusieurs régions de la RDC en général et dans l’espace Kasaï en particulier. Cela, à cause du délabrement avancé, mieux de l’absence d’infrastructures routières qui sont dangereusement impraticables. Ce qui fait que la livraison des vivres sur les sites prend « trop de temps » pour arriver aux localités où ces vivres doivent être distribués.

Parvenir à l’auto-prise en charge

Par ailleurs, en dépit de l’assistance et de la présence ponctuelles des humanitaires sur le terrain, les populations vulnérables qui sont soulagées pour un temps, par l’aide humanitaire, retombent souvent dans une insécurité alimentaire intenable, faute de suivi et d’accompagnement à leur auto-prise en charge. Or, cet accompagnement est avant tout de la responsabilité du gouvernement congolais qui a le devoir de garantir à ses citoyens des conditions de vie acceptables, les humanitaires et autres ONG lui venant en appui.

Au niveau des Nations unies, le PAM et la FAO ont conjointement développé des projets communs dans l’objectif d’amener les déplacés et retournés à l’auto-prise en charge alimentaire. C’est question de mettre fin à la dépendance et contribuer au développement rural. La FAO fournit une assistance alimentaire complémentaire à celle du PAM dans toutes les zones de santé où le PAM intervient (Kamwesha, Kamonia, Kalonda et Tshikapa). Les deux agences onusiennes ont reçu du gouvernement belge, en décembre 2017, un financement d’environ 10 millions de dollars américains en vue d’améliorer les conditions de vie et la sécurité alimentaire et nutritionnelle de près de 18 000 ménages, soit plus de 111 000 personnes de la région du Grand Kasaï.

Dans ce cadre, la FAO appuie la relance agricole grâce à la distribution d’outils aratoires, suivie de formations en techniques agricoles. La combinaison de l’aide alimentaire et agricole vise à permettre aux familles bénéficiaires de s’alimenter de manière autonome et de dégager un revenu. Cela leur offrira la possibilité soit de s’intégrer dans la communauté d’accueil, soit de retourner dans leurs villages après l’accalmie.

Tirer profit

De ce qui précède, les efforts de tout le monde sont nécessaires pour mettre la main à la pâte et aider les populations vulnérables. Le gouvernement congolais devrait prendre ses responsabilités en mains en construisant ou en réhabilitant des routes viables qui permettent un trafic normal sur l’ensemble du territoire national. La communauté internationale et les bailleurs de fonds sont aussi encouragés à financer les projets de développement et les interventions des agences et Fonds des Nations unies pour arriver à bout de l’insécurité alimentaire et assister les plus vulnérables.

Enfin, les bénéficiaires devraient, à leur tour, tirer profit de l’aide humanitaire et chercher à s’assurer une auto-prise en charge en cultivant le sol, sachant que l’assistance humanité n’est que ponctuelle et non pérenne.

(À suivre)


N’ayons pas peur, agissons !

Souvent, on n’ose pas agir par peur de l’échec. Cette crainte légitime cache, parfois, une autre peur : celle du ridicule et la crainte de ne pas être à la hauteur ; mais cette crainte est honorable. Je vous rassure, nous avons tous cela en commun !

La peur du ridicule

La peur du ridicule est une preuve d’intelligence et de grande sensibilité, ces deux qualités honorent la personne qui les manifeste.

Aussi, je vous demande de ne pas avoir cette peur quand vous agissez dans un sens positif et généreux pour votre bien ou celui des autres.

Quand on agit ainsi, on n’est jamais ridicule. Et d’abord : ridicule par rapport à qui ? Car, dans ces cas-là, on n’est pas ridicule dans l’absolu, mais souvent on se sent ridicule par rapport à une ou plusieurs autres personnes !

Or, quand cela arrive, si on se sent ridicule, il faut se demander : «  Je me sens ridicule mais par rapport à qui ? »

Une histoire vécue?

Cela me rappelle une anecdote. J’ai rencontré, un jour, une personne qui n’arrêtait pas d’agir et de réussir dans sa vie. Elle connaissait le succès dans tout ce qu’elle entreprenait : les affaires et la vie sentimentale. Elle avait une bonne santé et tout ce qu’elle touchait se transformait en or !

Ce même jour, je lui ai demandé d’où lui venaient cette force intérieure, ce courage d’entreprendre et cette cascade de réussite qu’elle connaissait.

Elle me regarda en souriant et me dit de sa voix ferme et douce à la fois :

« Je réussis parce que, quand j’étais petite, je n’osais pas agir par timidité et peur du ridicule. J’ai eu le déclic un jour en classe.

Un matin, j’ai pris mon courage à deux mains et j’ai posé une question au professeur sur quelque chose que je ne comprenais pas ! Ma question a déclenché les rires d’une petite demi-douzaine d’élèves.

Je me suis sentie d’abord humiliée, j’ai rougi et, si j’avais pu ramper sous terre, je l’aurais fait.

Oser agir, c’est avancer dans la vie

Puis je ne sais pas ce qui m’a pris. D’un seul coup, je fus pleine d’une assurance que je n’avais jamais connue et j’ai demandé à ceux qui s’étaient moqués de moi s’ils connaissaient la solution à la question que j’avais posée.

Ils m’ont tous regardé en disant que non et j’ai eu une révélation : en fait, je m’étais sentie ridicule auprès de personnes qui n’en valaient pas la peine ! Des gens intelligents auraient pris note de la réponse et ne se seraient jamais moqués de moi. Au contraire, ils m’auraient remerciée ! »

Ainsi, quand vous avez peur du ridicule, demandez-vous par rapport à qui. Cela vous donnera la force d’entreprendre et vous connaîtrez la réussite.

 


Les bonnes affaires de la CAN 2017 à Kinshasa

Supporters des Léopards à la CAN 2017

Les Congolais suivent avec passion la CAN 2017. La qualification des Léopards est une bonne chose pour tout le monde, surtout pour les commerçants. Vivent les affaires.

Depuis le coup d’envoi de la 31e Coupe d’Afrique des Nations, le 14 janvier 2017, au Gabon, les Congolais et autres expatriés ont trouvé une opportunité de faire des affaires dans la capitale, à Kinshasa. Les férus du ballon rond et supporters de l’équipe nationale, les Léopards, s’y procurent toutes sortes de gadgets aux couleurs du drapeau.

Dans ces lieux sont vendus des tee-shirts, maillots, autocollants, chapeaux, écharpes… aux couleurs de l’emblème national et des autres nations participant à la prestigieuse compétition en terre gabonaise. On peut également observer l’accroissement du nombre de vendeurs ambulants, communément appelés « chayeurs », le long du Boulevard du 30 Juin, dans le centre-ville. Ils proposent aux passants des gadgets qu’ils nomment « elembo » entendez « symbole ».

Au marché central de Kinshasa, le plus important lieu de négoce de la capitale, une forte demande de ces gadgets est observée. Chacun tient à s’en procurer au moins un. Autre fait, les propriétaires des débits de boissons font de bonnes recettes.

Un verre – une chaise

Interrogé, le tenancier d’un débit de boissons à Binza (ouest de la ville), quartier Cité des anciens combattants dans la commune de Ngaliema, se réjouit d’«avoir constaté une augmentation de ventes depuis le début de la CAN, laquelle a entraîné une augmentation des recettes journalières». Cela, surtout le jour où les Léopards jouent, précise-t-il. Car, explique-t-il, pour suivre le match à la télévision qu’il vient d’installer, et s’asseoir sur une chaise, il faut consommer une boisson.

Cela tombe bien. Dans la mesure où une grande partie de la capitale vit dans le noir, à cause de coupures intempestives du courant électrique ou du délestage.

De son côté, un supporter des Léopards de la RDC affirme qu’il « aime suivre à la télé les rencontres de la CAN dans un endroit public, tels les débits de boisson« . Raison évoquée : l’ambiance qui prévaut lors des rencontres est différente de celle qui prévaut lorsqu’il suit le même match à la maison.

Autre raison avancée. C’est « se prémunir contre les interruptions intempestives du courant électrique devenues monnaie courante en République démocratique du Congo ».

Les Congolais fêtent la qualification

Les Léopards de la RDC ont validé leur ticket pour les quarts de finale, en battant les Eperviers du Togo (3-1), le mardi 24 janvier, au stade de Port-Gentil. Une qualification historique qui a mis tous les Congolais en effervescence.

Comme lors de la première rencontre contre le Maroc, le peuple congolais a une fois de plus répondu à une grande mobilisation d’avant, pendant et après le match face aux Eperviers. On pouvait apercevoir une foule de gens dans les artères de la capitale, à la place Victoire, Kintambo magasins, gare centrale, etc. La fête était totale et tout le monde cherchait à porter un insigne, traduisant sa solidarité avec l’équipe nationale qui continue à faire des merveilles au Gabon.

Chaque jour que les Léopards jouent, les ouvriers cherchent à quitter le centre-ville et à regagner la cité à partir de 14 heures, pour ne pas avoir de problèmes de transports.

« Edem Kodjo paie »

Le mardi dernier, terrasses, bars, bistrots, étaient saturés parce que tout le monde cherchait à vivre la chaleur et l’ambiance après la qualification des Léopards en quarts de finale. Cette qualification acquise de la plus belle des manières, les Congolais ont manifesté leur joie dans la folie. Cris de joie et danses, c’est à ce rythme que la population a salué la victoire.

Cette victoire est, pour certains fanatiques, « une punition infligée au peuple togolais dont l’un des fils (Edem Kodjo) a très mal conduit le dialogue politique en RDC » et qui serait, selon eux, la cause de la crise politique actuelle dans le pays.

Des chants ont été même improvisés. A la fin de chaque victoire, tout le monde exécute la danse du moment « Fimbu (chicotte)». C’est le même engouement observé sur toute l’étendue du territoire national, au point de perturber la circulation routière.

Le jour de la qualification pour les quarts de finale, quelques échauffourées ont été même enregistrées entre les forces de l’ordre et la des supporters excités. Cela n’a pas gâché la fête.


Rudes tractations chez Samy Badibanga

Samy Badibanga
Samy Badibanga

Des nouvelles en provenance des dialoguistes du camp Tshiatshi ne sont pas du tout rassurantes. Des tractations s’annoncent déjà très rudes pour espérer trouver un poste au sein du gouvernement dit de large union nationale que devra former Samy Badibanga Ntita, Premier ministre nouvellement nommé par Joseph Kabila en remplacement de Matata Ponyo.

Des indiscrétions font état d’un nombre impressionnant de coups de fil reçus par le Premier ministre ces dernières 48 heures. On signale même certains « surdoués » parmi les nouveaux demandeurs d’emploi.

Autre chose, c’est que Samy Badibanga n’aurait pas besoin de « curriculum vitae » pour identifier les bons candidats ministrables. Seulement, les prétendants aux différents postes oublient que  Badibanga n’a pas le plein pouvoir de nommer. Ils ne peuvent que prendre leur mal en patience, le temps que les quotas soient définitivement définis par différentes forces politiques en présence.

Aussi, il faut bien s’assurer que l’on ne viole aucune disposition de l’accord politique conclu à l’issue du dialogue politique, organisé à la cité de l’Union africaine. Ne sont éligibles aux postes ministériels que ceux qui ont signé l’accord politique.

Mais seulement voilà, la nomination au sein du gouvernement Badibanga sera faite non seulement au regard du poids politique, mais aussi en fonction de la capacité des uns et des autres à apporter des solutions aux problèmes de l’heure. Tout compte fait, ceux qui ont la boulimie des postes ministériels n’ont que leur foi pour figurer sur la liste des heureux élus.

Qu’à cela ne tienne, le gouvernement Badibanga sera confronté à d’énormes défis. Entre autres l’organisation des élections libres, démocratiques et transparentes dans un temps relativement court. Une tâche qui s’annonce difficile, surtout quand on sait qu’à ce jour, la Commission électorale nationale indépendante (Céni) a besoin des moyens conséquents pour l’organisation d’un cycle complet des élections.

Le prix de la traitrise

La trahison. S’il fallait encore rechercher une preuve  au sein de la classe politique congolaise, la voilà : Samy Badibanga, fraichement nommé Premier ministre, l’est devenu de ce fait. Inconnu dans la sphère politique congolaise, le successeur de Matata Ponyo va se faire remarquer  lors des législatives nationales de 2011. Sous la casquette du candidat de l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS), parti politique de l’opposant historique, Etienne Tshisekedi.

Elu dans la foulée des élections caractérisées par de graves irrégularités, ce « Congolais de la diaspora » – comme Kinshasa appelle ceux qui vivent à l’extérieur – refuse d’obéir  au mot d’ordre du président de son parti demandant à tous les députés de l’UDPS de ne pas siéger  à l’Hémicycle du Palais du Peuple. Premier acte de traitrise. L’homme a changé. Le décor aussi.

Alors que tous les députés « indisciplinés » de l’UDPS ont été officiellement désavoués par leur parti, l’homme qui a trouvé grâce aux yeux de Joseph Kabila, continue toujours de se faire valoir la qualité du député national de l’UDPS, soufflant de ce fait, le chaud et le froid. Au point qu’il est  devenu une arme stratégique que la Majorité présidentielle peut à tout moment brandir, pour abattre « politiquement » le Sphinx de Limete. C’est d’ailleurs ce qui vient de se produire.

Nommé à la tête de la Primature dans un contexte politique aussi grave que la Majorité présidentielle minimise, cet ancien homme de confiance de « Tshitshi » aura, une fois de plus, porté un coup d’estocade à son maître.  Deuxième acte de traitrise.

Jusqu’au bout, le nouveau Premier ministre n’aura pas fini de trahir. Ce qui n’est une vertu ou une pratique à encourager dans le jeu politique, où la discipline et la loyauté sont de mise.

Schéma Birindwa

Pris dans le contexte de l’indiscipline politique, beaucoup s’interrogent sur l’avenir ou même le kilo de l’équipe gouvernementale dirigée par  celui qui  ne résiste pas devant la tentation. « Qui a trahi trahira ». Pas étonnant que cet adage s’applique sur ce nouveau  Premier ministre, dont la nomination intervient à un mois de la fin du mandat du président de la République.

Cette décision tient d’une tactique politique. C’est Etienne Tshisekedi et le Rassemblement qui sont visés. Comme en 1993, Joseph Kabila s’est inspiré de la recette Mobutu qui, pour le même objectif, s’était servi de Faustin Birindwa.

Curieusement, comme en 1993, Samy Badibanga se retrouve parfaitement dans le schéma de Faustin Birindwa. Les deux ont quelque chose en commun : leur appartenance à l’UDPS. Tous deux ont dû se détourner de Tshisekedi pour se faire nommer Premier ministre. L’histoire retiendra que le mandat de Birindwa a été chaotique.

En misant sur Badibanga, Kabila ferait-il mieux que Mobutu, il y a 23 ans ? Que dire du deal Kabila – Badibanga ? Wait and see. Mais, le plus évident est que le chef de l’Etat a fini par se plier au schéma tracé par les caciques de la Majorité présidentielle (MP).

 

 

 


De Kinshasa à Luanda : politique et sous-développement éthique dans la gestion de la crise congolaise

De gauche à droite: Le Sud-africain Jacob Zuma, l'Angolais Edouard Dos Santos et le congolais Joseph Kabila
De gauche à droite : le Sud-africain Jacob Zuma, l’Angolais Edouard Dos Santos et le Congolais Joseph Kabila

Après le sommet des chefs d’État à Luanda sur la République Démocratique du Congo, ceux qui avaient encore de doute sur l’incapacité des leaders africains à résoudre véritablement les problèmes de l’Afrique savent maintenant ce qu’ils devaient savoir depuis longtemps : notre continent souffre d’un sous-développement éthique incarné principalement par ceux qui conduisent sa destinée politique.

Depuis de longues années, à partir de l’Union Africaine jusqu’aux organisations régionales chargées de résoudre les crises à l’intérieur des pays et les différends entre les nations, il est difficile de trouver des cas avérés où l’Afrique a résolu radicalement ses problèmes sans intervention étrangère, soit à l’échelle financière, soit à l’échelle des médiations politiques, soit même à l’échelle des interventions humanitaires fondées sur des principes éthiques clairs qui devraient être respectés par tous.

On avait espéré que la RD Congo serait le point de départ d’une nouvelle dynamique où, sous l’impulsion de l’UA et des États voisins, le continent montrerait au monde sa détermination à prendre en charge ses problèmes et à trouver des solutions fertiles à une crise interne de grande envergure. Le dialogue conduit par Edem Kodjo à Kinshasa et le sommet des Chefs d’État sur la RDC à Luanda, viennent de montrer à quel point le chemin de la prise en charge des problèmes de l’Afrique par l’Afrique est infiniment long à parcourir. Tout donne l’impression qu’il faudra encore faire recours aux grandes Puissances et aux Organisations internationales pour pallier les insuffisances politiques et les incompétences africaines face aux crises qui surgissent au sein du continent.

Une question essentielle

Pourquoi en est-il ainsi ? Que faut-il faire pour que les leaders du continent africain comprennent qu’ils ont la responsabilité de trouver des solutions africaines fertiles aux problèmes de l’Afrique, au lieu de s’enfermer dans la vision dictatoriale du pouvoir politique qui n’a plus d’avenir dans un monde où les droits des individus et des peuples sont le socle de la paix, de la prospérité et du bonheur partagé ?

Cette question est essentielle. Toutes les forces de l’intelligence devraient actuellement s’y pencher pour trouver en Afrique, le limon pour construire des politiques africaines dignes des rêves, des attentes et des espoirs de nos populations.

Imaginaire politique d’autocratie autiste

Ce qui fait problème avec nos Chefs d’État et les responsables qu’ils placent à la tête des institutions africaines pour gérer l’Afrique et ses pays, c’est leur vision du pouvoir politique. Ils sont tributaires du système qui domine nos territoires depuis le temps de l’esclavage jusqu’à nos jours. Selon ce système, le pouvoir n’est redevable à personne d’autre qu’à lui-même, avec des chefs qui développent des réflexes autocratiques basés sur la violence physique et le mépris de ceux sur qu’ils règnent.

Dans un tel contexte,  toutes les personnes qui gravitent autour du Chef ont un comportement de caniches qui ne laisse aucune possibilité d’une attitude critique face au pouvoir, encore moins d’une perspective d’un développement du sens de l’initiative pour baliser la voie d’une politique qui ait le bien commun et le vivre-heureux-ensemble comme étoile polaire.

Les régimes militaires qui ont sévi longtemps en Afrique après les indépendances africaines, ont été le modèle même de cette vision de l’Afrique, avec des Chefs autistes et autocratiques qui ont laissé leurs marques dans l’esprit des populations pour longtemps. Ces marques n’ont pas disparu de l’imaginaire de leurs successeurs, malgré toutes les luttes démocratiques qui ont réussi dans certains pays africains, sans changer profondément l’orientation du leadership dans beaucoup d’autres pays, particulièrement en Afrique centrale où l’idée du pouvoir politique est dominée par le souci de durer à la tête de l’Etat le plus longtemps que l’on peut.

Démocratie, contre-pouvoirs, alternance, volonté du peuple, libertés fondamentales, droits de l’homme et toutes les exigences qui sont aujourd’hui dans l’air du temps en matière de gouvernance des Etats modernes, passent sur l’esprit de nos Chefs d’Etat comme l’eau sur les ailes du canard. Le système politique que l’on promeut est plutôt celui du règne perpétuel de l’Homme qui a la chance d’être à la tête de l’Etat : il doit se doter de tout l’appareil sécuritaire pour terroriser son peuple et assurer sa pérennité au pouvoir. Cette mentalité est devenue une véritable structure anthropologique dont l’effet le plus visible est le sous-développement éthique des acteurs politiques en Afrique.

Il faut entendre par sous-développement éthique, le refus de prendre pour socle de la gouvernance quatre principes fondamentaux du système de valeurs à respecter. A savoir :

  • La primauté des normes communautaires sur les visions individuelles du pouvoir politique à quelques niveaux qu’il s’exerce.
  • La primauté des intérêts publics sur les intérêts des personnes, quel que soit le niveau de responsabilité auquel se situent ces personnes dans la pyramide du système de gouvernance.
  • La primauté des rêves et utopies collectifs sur les ambitions privées des détenteurs des rênes de la direction des nations.
  • La primauté des générations futures sur les générations actuelles dans la vision de ce que le pays doit être pour léguer à l’avenir un héritage politique, économique et culturel fécond et riche de nouvelles possibilités du mieux-vivre ensemble.

Le dialogue congolais de la Cité de l’OUA et le sommet des Chefs d’Etat à Luanda, ont mis en relief le manque manifeste du respect de ces principes et de la radicalité de leur mise en œuvre dans le leadership africain, globalement parlant.

Ce n’est pas au nom de ces valeurs de base que la question de la crise politique congolaise a été posée pour qu’y soient apportées des réponses décisives, mais en fonction d’une vision archaïque de la gouvernance et de la gestion autiste et autocratique du pouvoir.

Ce n’est pas non plus en fonction de la condition de la population et des peuples que les solutions qui ont été proposées l’ont été. Mais, en fonction des intérêts des détenteurs du pouvoir et de la volonté qu’ils ont  de tout soumettre à leur volonté, même si, dans les déclarations finales exhibées pour le grand public, la rhétorique des bémols, des euphémismes et du langage diplomatique laisse croire que les réalités ne sont pas aussi carrées ni les horizons aussi fermés qu’on pourrait le penser.

En profondeur, derrière le jeu de mots dans la parole publique et la neutralisation de ce qui est dit par les non-dits à géométrie variable incrustés dans la prose officielle, il faut savoir que c’est le pouvoir en place qui tire son épingle du jeu et rafle la grosse partie de la mise face aux espoirs du peuple et à la radicalité d’une certaine opposition qui veut des changements radicaux.

Au dialogue tenu à la Cité de l’Union africaine à Kinshasa, on a vu à quel point l’idée de la politique qui a structuré tous les débats, a détruit la dignité de ceux-là même qui voulaient sortir le Congo de la crise. Par exemple, beaucoup ont fait des per diem leur raison de vivre ; certains ont usurpé l’identité des autres pour récupérer frauduleusement leurs rémunérations ; la corruptibilité infinie de l’homme congolais s’est déployée à ciel ouvert pour des positionnements en vue des postes à pourvoir dans un éventuel nouveau gouvernement ; des hommes qui devaient être libres et dignes ont pris les allures de gens prêts à se laisser asservir pour rester au sein du système  qui règne au pays.

Avec de telles personnes face à lui, comment le Maître du jeu politique congolais peut-il imaginer que la liberté, la dignité, l’alternance, la redevabilité auprès des populations, l’exigence de doter le pays des contre-pouvoirs, le respect de la parole donnée et le souci des attentes des populations sont des valeurs fondamentales qui valent la peine d’être considérées comme des balises incontournables dans la manière de gouverner un pays ?

A Luanda, il n’y a pas eu volonté d’analyser en profondeur la crise congolaise et de penser au peuple congolais, dans ce à quoi il a droit en termes de politique des valeurs. Les Chefs d’Etat n’ont eu d’autre projet que de consolider l’idée du pouvoir politique qu’ils ont, chacun dans son propre pays, en prenant le Congo comme le miroir d’une crise qu’il convient de juguler ou par la force, en solidifiant le système sécuritaire, ou par l’achat de conscience, en distribuant des espèces sonnantes et trébuchantes, ou par de dialogues piégés où le système régnant sort gagnant, ou par la marginalisation de tous ceux qui n’entrent pas dans le schéma du président qui règne et du système qui est en place, ou par la médiation étrangère sous l’œil complaisant de la communauté internationales.

Dit ou pas dit, le présupposé de base de Luanda a été celui-là. A aucun moment, il n’a été question de savoir s’il est possible de gouverner autrement, de changer la vision et l’ordre de la gouvernance ou d’unir le peuple dans un vivre-ensemble autour des valeurs citoyennes respectées par tous. Même si dans la rhétorique du communiqué final, on évoque les valeurs à respecter pour éviter la violence et le chaos, il faut être naïf pour ne pas voir que tout cela est présenté sous le mode de simple figure de style.

C’est cette manière de réduire les valeurs de vie à une simple figure de style en politique, tout comme la réduction des acteurs politiques d’un pays à l’état de simple caisse de résonnance des positions du pouvoir en place, comme cela a été le cas à la cité de l’UA, qu’il convient de dénoncer comme sous-développement éthique.

Ce refus de mettre les valeurs au cœur de l’engagement et de l’action politique au profit de l’épanouissement de tout citoyen comme membre d’une communauté sociohistorique responsable de sa destinée dans le monde, pour aujourd’hui et pour les générations futures, il faut le considérer comme l’une des pathologies contre lesquelles les nouvelles générations congolaises et africaines devraient fermement s’inscrire en faux pour inventer une autre vision et d’autres pratiques de la politique placées sous le signe du développement éthique, purement et simplement.

Modernité démocratique

Tant que l’esprit qui règne dans la politique africaine est majoritairement celui dont les lignes de fonds sont celles qu’ont révélées le dialogue de la cité de l’UA et le Sommet des Chefs d’Etat à Luanda, l’Afrique n’ira nulle part. Elle tournera en rond dans un archaïsme politique dont les effets seront, à court, à moyen ou à long terme, la stagnation de l’esprit créateur africain dans tous les domaines qui compteront dans le monde en train de se construire autour de la modernité démocratique comme force d’avenir.

  • Une force capable de renouveler le génie politique congolais par l’alternance qui apporte du nouveau sang dans la gouvernance et ouvre de nouvelles orientations à toute la société.
  • Une force capable de mobiliser les jeunes générations autour de la construction d’un ordre de paix qui laisse à chaque citoyen la possibilité de se lancer dans des initiatives de développement et de se lier avec d’autres citoyens créateurs d’autres initiatives pour ouvrir à la nation l’horizon de l’émergence.
  • Une force capable de mobiliser toutes les dynamiques qui veulent le changement en profondeur dans la société pour que surgisse une culture de la mise en question permanente de l’ordre social, et de la recherche, tout aussi permanente, de ce qui est nécessaire à un peuple pour qu’il devienne un peuple responsable de lui-même et de son besoin de grandeur parmi d’autres peuples.
  • Une force capable de mettre l’éthique au cœur de la politique et d’éduquer les générations montantes dans cette vision du vivre-ensemble, en rupture avec l’idée autiste et autocritique qui a enfoncé beaucoup de pays africains dans un sous-développement chronique, comme c’est le cas en République démocratique du Congo, pays détruit depuis son indépendance par des laves dictatoriales complètement insensées.

Si un Africain cherche aujourd’hui à construire une Afrique capable de résoudre ses propres problèmes ; si un Congolais veut aujourd’hui s’engager dans un Congo capable de sortir de la pauvreté et de l’indigence où les populations congolaises croupissent maintenant, la voie qui s’ouvre est celle de la promotion du développement éthique par l’éducation de nouvelles générations à l’esprit de la modernité démocratique contre les archaïsmes dictatoriaux des pouvoirs autistes.

C’est un chemin exigeant et dur dans nos sociétés africaines habituées aux autocratismes tropicaux et aux démocraties d’opérette. Mais c’est le seul chemin d’avenir. Nous ne pouvons pas ne pas le prendre aujourd’hui.


Pour une politique imaginative, et une économie créative en RDC

Carte de la RDC
Carte de la RDC

Rallumer la flamme éthique de la Révolution-Comparaison

Les jeunes congolais d’aujourd’hui n’ont pas l’idée de ce que fut au Zaïre (actuel République démocratique du Congo) de Mobutu, la dynamique que l’on désignait du beau nom de Révolution-Comparaison. A force d’être confrontés à une situation de crise politique permanente, d’obstruction de tous horizons économiques pour des emplois sûrs et de toute force morale pour penser l’avenir avec optimisme et confiance, ils croient que notre pays a toujours été ce qu’il est maintenant dans ses blocages et son chaos. Ils pensent que l’image de notre nation dans le monde a toujours été celle d’une société incapable de résoudre ses problèmes de fond et inapte à maîtriser les grands enjeux du présent et de l’avenir.

J’aimerais dire ici à ces jeunes générations que notre destin n’a pas toujours été celui qu’ils connaissent. Il fut un temps où le peuple congolais fut un peuple d’espérances fertiles : avec une ardente foi en lui-même et un fervent attachement à son potentiel de transformation de toute l’Afrique. Nous vivions sous la houlette d’un leadership ambitieux et dynamique, dans un mental de fer qui avait fait de notre pays une grande nation : le pays de toutes les possibilités de grandeur, de dignité et de liberté. Nous rêvions d’être le Zaïre engagé dans une gouvernance démocratique, porté par des ambitions de modernisation de ses infrastructures, soucieux de construire des institutions solides dont il respecte les normes et désireux d’être le fer de lance d’une dynamique scientifique et technologique dans un monde où il compterait comme une terre  de grands espoirs.

Ce temps-là était celui de la Révolution-Comparaison : une sorte d’âge d’or où notre nation brillait de toutes les splendeurs d’une société qui avait tout en elle pour réussir une grande destinée dans le monde.

Un esprit dont l’inintelligence des leaders brisa les ailes

C’était quoi la Révolution-Comparaison ? Le moment fulgurant d’une révélation : celle de l’essence et de la vocation de notre pays en Afrique et dans le monde. C’était au début des années 1970. Mobutu était au pouvoir depuis cinq ans. Ce que l’on appelle aujourd’hui la communauté internationale l’avait placé à la tête de l’Etat et voulait faire de lui le fer de lance de la lutte contre le communisme pendant la guerre froide. Il était l’ami de l’Occident et le rempart contre l’Est et son idéologie. On avait fabriqué en lui la figure de la dictature heureuse dont l’Afrique devait s’accommoder. Le peuple l’aimait et l’adulait sans avoir aucune idée du projet pour lequel il était formaté. Comme il avait en lui l’art de la mise en scène de lui-même et un don inné d’acteur de théâtre, il théâtralisa son pouvoir dans un cinéma politique de grande ferveur et finit par croire qu’il était vraiment l’incarnation réelle du rôle qu’il devait jouer : l’homme providentiel doté d’un immense pouvoir, un Messie.

C’est là qu’il a inventé la Révolution-Comparaison comme principe de la politique imaginative et de l’économie créative. Cela consistait à gouverner et gérer le pays en exaltant son diorama d’harmoniques de supériorité par rapport à tous les autres pays d’Afrique, réalisations concrètes à l’appui.

Aucune nation africaine ne devait être au-dessus du Zaïre. Le Président zaïrois rêvait d’être le plus grand leader du continent. Ses réalisations devraient être, comparativement à celles d’autres pays, les plus prestigieuses et les plus retentissantes. Sa diplomatie devait rayonner comme le soleil de la grandeur. Sa monnaie, il déclarait lui-même qu’elle était la deuxième du monde, après le dollar, avec pour perspective de dépasser vite la monnaie américaine pour la gloire mondiale du pays du grand fleuve.

Le cuivre se vendait bien et à un taux fort élevé. L’argent coulait. Le Chef pouvait se permettre de lancer des projets pharaoniques comme le barrage d’Inga, la sidérurgie de Maluku, la raffinerie du Bas-Congo et même le programme spatial zaïrois pour conquérir l’univers. Le Grand Léopard a organisé, en 1974, le grand combat du siècle entre Mohamed Ali et George Forman, pour célébrer sa puissance aux yeux de toutes les nations. Il avait même organisé un tournoi mondial de catch en plein Kinshasa et fait un retentissant discours aux Nations Unies pour impressionner les Grandes puissances de la planète et fasciner les petits pays qu’il rêvait de mettre en orbite autour de son propre centre.

Le Zaïre, il le voyait comme le nombril de la planète et la terre bénie des Ancêtres. Mobutu avait inventé aussi la culture de la joie de vivre : une énergétique populaire des chants et des danses pour le Chef et pour le peuple lui-même qui baignait dans le bonheur d’être zaïrois. Ce fut là le cœur de la Révolution-Comparaison : une imagination politique débordante et une économie de puissance et de permanente allégresse dans un pays inondé par la bière et le champagne. Il fallait vivre heureux, il fallait en mettre plein la vue aux voisins et à tous les pays, il fallait imposer l’image de la nation glorieuse où coulent le lait et le miel, dans une mythologie aux harmoniques resplendissantes et aux rythmiques de grandes espérances pour tout le continent africain.

Tout cela, les Zaïrois l’ont vécu comme dans une bulle de rêve, en oubliant qu’on ne peut pas vivre éternellement dans un tel rêve sans qu’un jour ou l’autre le réveil soit rude et brutal. Ils ont surtout oublié que tout rêve est une révélation et qu’il est important d’en saisir et d’en comprendre le sens, si l’on veut le relier à la réalité et s’engager dans la construction de l’avenir à partir de ce sens.

Il manquait au pays un génie de l’intelligence et de l’interprétation forte du grand rêve, qui aurait pu dire au « Grand Léopard » Mobutu qu’il y a toujours dans la vie d’une nation l’alternance des cycles d’abondance et des cycles de disette. Il manqua un visionnaire capable de faire de l’ère de l’abondance un temps opportun pour penser l’avenir et le regarder avec esprit de clairvoyance et d’anticipation des temps durs qui ne manquent jamais d’arriver, en politique comme en économie.

Le souffle des temps fastes a été brisé par les crises économiques et financières mondiales qui dévoilèrent au Zaïre, l’inintelligence de la gestion de ses richesses et l’étroitesse de sa perception de la géopolitique de la guerre froide dont les ressorts, un jour ou l’autre, devait se briser. A la politique imaginative et à l’économie créative succédèrent le Zaïre de l’imbécillité politique et de la gouvernance chaotique d’où la République démocratique d’aujourd’hui n’est pas encore sortie.

De cette période, l’essentiel n’est pas dans les rêves vécus et dans le bonheur éprouvé. L’essentiel est dans la conscience que le Zaïre devait construire pour son rôle de moteur du développement de l’Afrique et du cœur de l’émergence du continent dans le monde, grâce au souffle de la Révolution-Comparaison. Si nous avions eu cette conscience dans notre leadership politique et économique, nous aurions construit une culture d’ouverture à l’avenir dans un esprit d’anticipation des années dures et de préparation des périodes de crise grâce à des modes de pensée et d’action dignes d’une nation intelligente.

Nous n’avions pas cette sagesse et cette perspicacité de nations fortes. La « Révolution-Comparaison » s’est éteinte comme un feu de paille dont Mobutu emportait les beaux souvenirs en enfer où certains Congolais l’ont précipité afin qu’il y grille pour ses crimes, au purgatoire où certains autres Congolais l’ont envoyé pour qu’il y expie ses péchés, ou même au ciel où certains humoristes et certains compatriotes de la grande miséricorde l’ont confié à Dieu, en pardonnant tout le mal qu’il avait commis, cela au nom des temps fastes qu’il fit vivre à son pays, notamment le temps de la « Révolution-Comparaison ».

Pour une nouvelle Révolution-Comparaison

Quand on tourne les yeux vers l’avenir du Congo sans se laisser aveugler par les ténèbres des années de dictature mobutiste, il arrive que s’éveille dans l’homme congolais une lucidité nouvelle pour recueillir les héritages grâce auxquels le pays reste encore debout pour affirmer le courage de croire en l’avenir.

L’un des plus beaux de ces héritages, c’est l’idée même de la Révolution-Comparaison telle qu’il faut aujourd’hui la repenser, la revitaliser et en relancer la flamme dans l’imaginaire congolais.

Avant tout, il faut prendre conscience de la dérive de la première « Révolution-Comparaison ». Cette dérive était due au fait que celui qui voulut l’incarner est resté dans son être une petite fabrication politique de ses maîtres d’Occident, malgré les apparences gonflées et les postures de grandeur qu’il prenait devant son peuple. En plus, il n’avait aucune éthique du dévouement face aux intérêts de son peuple qu’il trahit de fond en comble en se mettant au service des enjeux de la guerre froide, cette opportunité qui le fit demeurer au pouvoir pendant 32 ans. En plus, il y avait en lui une impréparation et une incompétence politiques qu’il ne put jamais juguler, de même qu’il ne put jamais sortir de la légèreté de sa personnalité dans la vie de tous les jours.

Avec ces pathologies, il a inventé une classe politique qui lui ressemblait et faisait de la Révolution-Comparaison une mauvaise pièce de théâtre sans concrétisation en termes de construction d’un pays moderne et d’une nation dont le peuple pouvait vivre conformément aux valeurs d’humanité véritable. Aujourd’hui, notre pays a besoin d’une autre Révolution-Comparaison : elle partirait de la décision des Congolaises et des Congolais à vivre et à projeter dans leur avenir leur propre sens de la grandeur concrète, autour des valeurs citoyennes et dans des initiatives de promotion d’une politique imaginative et d’une économie créative.

De ce peuple jaillira une nouvelle classe politique au service de la nation, une classe décidée à atteindre une haute dimension de personnalité et de gouvernance en vue de construire un Congo qui tienne debout dans la comparaison avec les autres nations, dans tous les domaines. Plus encore que de tenir le coup dans la comparaison avec les autres, il s’agit de rejoindre le peloton de tête des nations africaines émergentes et même de devenir tout simplement la locomotive de l’Afrique dans le monde. Cette perspective dépend des décisions et des choix que chaque Congolaise et chaque Congolais est appelé à faire pour être une citoyenne et un citoyen de la nouvelle Révolution-Comparaison.

Ensuite, il faut dire que ce qui manquait à Mobutu et à sa classe dirigeante, ce fut une méthode d’action digne d’une vraie « Révolution-Comparaison ». Quand on veut se hisser au sommet des nations en matière de politique imaginative et d’économie créative, il est important d’être attentif aux paramètres essentiels de la puissance. Notamment :

  • Les paramètres du développement humain dont on peut mesurer chaque année l’évolution dans chaque pays en matière d’éducation, de santé, d’infrastructures et de bonheur d’être et de vivre chez soi, sur la terre de ses ancêtres.
  • La force scientifique et la puissance technologique qui se calculent par le nombre de chercheurs et le niveau des moyens financiers et matériels alloués aux centres et instituts de recherche dans le budget de l’Etat.
  • Le soin accordé dans la gouvernance globale du pays aux libertés et aux droits individuels et communautaires.
  • Les utopies exaltées face à l’avenir pour féconder l’esprit des populations dans leur volonté de devenir le meilleur de tous les peuples dans le concert des génies créateurs.
  • Les actions pour concrétiser ces utopies afin qu’émerge un autre monde possible dont les normes puissent rayonner autant dans son propre pays que dans les autres nations.

Mobutu n’avait aucune idée de ces rationalités, de ces valeurs et de ces dynamiques de sens qui sont le cœur de la méthode pour une révolution fondamentale dans un pays comme celui qu’il a gouverné pendant 32 ans. Aujourd’hui, le Congo de la « Nouvelle Révolution-Comparaison » doit se construire cette méthode et la réussir. C’est la mission des générations actuelles et des générations futures.

Enfin, il faut savoir que la force de la Révolution-Comparaison au Zaïre était d’avoir impulsé un imaginaire congolais spécifique : chaque Congolais, chaque Congolaise avait acquis la conviction que son mental ne devait pas être le mental d’une petite personnalité de pacotille, mais d’un habitant qui doit, comme dirait Théophile Obenga, réveiller le colosse qui est en lui pour s’affirmer comme citoyen dans son pays et personnalité libre partout dans le monde.

Partout rayonnait la fierté d’être congolais, avec une certaine prestance, un regard fier et aigu, une volonté de réussir et de s’affirmer pour se faire respecter. A un certain moment, avec le chaos où le pays a été plongé au cours des dernières décennies, l’imaginaire de la détermination et de la prestance congolaise s’est fracassé. Nous avons commencé une descente aux enfers de la dévalorisation de nous-mêmes et du dénigrement de notre propre nation. Il faut dire que tout s’effritait sous les yeux de tous et que la sphère politique était devenue sans vertèbres éthiques ni cerveau de première grandeur. De même, l’économie était plongée dans le gouffre du vol, du mensonge, du détournement de fonds et de l’impossibilité de voir des industriels et des grands hommes d’affaires congolais s’affirmer avec énergie et fermeté dans le monde d’aujourd’hui. L’heure est venue de reprendre force dans notre imaginaire de colosse pour un Congo nouveau.

Cela exige que notre « Révolution-Comparaison » se centre sur une réorientation de notre regard vers des pays africains qui représentent aujourd’hui un modèle d’émergence et que nous visions à les dépasser par une nouvelle politique que mèneraient de nouveaux leaders politiques différents de ceux qui se donnent en spectacle actuellement, incapables de respecter leur parole d’homme, les lois de leurs pays, les institutions qu’ils ont créées et les exigences pour construire l’avenir et les valeurs pour se respecter eux-mêmes et se faire respecter dans le monde.

De même, l’état déplorable de délabrement et de chaos où se trouve notre nation exige l’émergence des hommes d’affaires et des agents financiers qui aient l’ambition de s’imposer dans l’économie mondiale par leur sens éveillé de la compétition économique, sans aucun complexe d’infériorité ni aucune peur de batailles pour gagner les marchés partout où cela est possible.

Une telle idée de la politique, une telle idée de l’économie engage une nouvelle culture : celle de la « Révolution-Comparaison » justement. Elle signifie :

  • Penser et être de telle manière que le souci du respect de soi et du respect de son pays soit la ligne directrice de la vision que le fait d’être congolais fait rayonner dans le monde.
  • Vivre et agir de telle manière que chaque geste que l’on pose puisse être un geste de valorisation du génie congolais de la grandeur et du rayonnement du Congo dans le monde, dans tous les domaines.
  • Rêver et imaginer l’avenir du Congo selon l’ordre du colosse qu’il y a dans chaque Congolaise et de chaque congolais.

S’il y a une éthique à enseigner partout dans le système éducatif congolais, c’est bien cette énergie vitale pour faire du Congo le phare de l’humanité qu’il faut viser, ni plus ni moins, dans la nouvelle « Révolution-Comparaison » à penser, à rêver et à vivre.

 


Dialo en RDC-Comité préparatoire : Edem Kodjo entre forcing et boycott

Le Facilitateur Edem Kodjo entouré du Groupe de soutien au Dialogue
Le Facilitateur Edem Kodjo entouré du Groupe de soutien au Dialogue

L’ouverture des travaux préparatoires du Dialogue présage du climat pas du tout paisible dans lequel se déroulera celui-ci.

Le train aurait-il, enfin, quitté la gare pour la tenue effective d’un Dialogue voulu « inclusif » en République démocratique du Congo (RDC) ? En tout cas, le coup d’envoi des travaux préparatoires a été donné, mardi 23 août 2016, à Béatrice Hôtel de Kinshasa, par le facilitateur togolais Edem Kodjo, émissaire de l’Union africaine.

La séance d’ouverture a été marquée par une certaine agitation. En effet, après l’allocution d’Edem Kodjo, un membre de la société civile s’est mis debout. Et a ensuite demandé avec insistance une motion. Kodjo fait la sourde oreille puis lève la séance. S’ensuit un vacarme qui se propage crescendo dans la salle. Des menaces sont proférées par les membres de la société civile, exprimant leur envie de boycotter le Dialogue et d’y faire échec.

Boycott

« M. Kodjo est mal parti. Il se substitue à la société civile en prenant la liste des membres de son cabinet pour les reconduire dans le quota de la composante société civile », a dénoncé Joseph Zababe de la société civile qui dit ne pas comprendre comment Edem Kodjo peut se permettre de prendre une telle initiative. « Nous le récusons et rejoignons le Rassemblement dans sa position», a-t-il crié.

Sur un ton révoltant, Dr Bonganga Diema, président de l’Organisation des leaders des forces sociales et démocratiques, affirme que « M. Kodjo avait nommé quelques personnalités de la société civile pour son bureau de travail à la préparation du Dialogue. Il les a donc assimilées à la composante +Société civile+. Kodjo est resté égal à lui-même : générateur et producteur des conflits », a-t-il expliqué. Et ce, en dépit de plusieurs recommandations et listes qui lui ont été envoyées par les acteurs de la société civile.

Et si Kodjo ne reconsidérait pas leur liste ? « S’il persiste dans son endurcissement, nous allons statuer maintenant pour le récuser comme l’a fait le Rassemblement. Car, la Majorité et l’Opposition qui sont avec Kodjo, ont fait de nous des radicaux. Et dans ce pays on n’écoute que des radicaux », a déclaré Bonganga Diema. Voilà pourquoi, ajoute-t-il, « nous demandons le départ immédiat et sans condition d’Edem Kodjo »

Forcing ?

Le porte-parole du gouvernement, Lambert Mende, dit n’avoir « aucun commentaire sur l’initiative qui n’est ni de la Majorité ni du gouvernement ». Il estime que « ce n’est pas le moment de renouveler ces manifestations infantiles de rejet de toute recherche d’un consensus ».

Pour la jeunesse congolaise, oubliée à ces assises, le message est clair : rien ne se passera en RDC sans elle. « Il faut que toutes les parties impliquées dans la crise congolaise (Majorité, Opposition, Société civile) soient représentées dans leur ensemble. Et la jeunesse ne peut pas être mise à l’écart de ce processus. Nous n’accepterons pas et nous ne nous laisserons pas faire », a indiqué pour sa part, Dezy Masadi de la Coalition de la jeunesse congolaise.

De l’avis de certains observateurs, Edem Kodjo ayant refusé d’entendre la société civile en levant la séance, sans rien dire, veut « à tout prix » aller à un forcing. Comme qui dirait : « le chien aboie, la caravane passe ». Et c’est là le danger.

En tout état de cause, le début agité des travaux du Comité préparatoire, ce mardi, est un signal fort qui présage un avenir sombre pour l’aboutissement du Dialogue. Kodjo et les autres parties prenantes ont encore le temps d’apaiser les esprits des futurs participants pour un atterrissage en douceur des travaux. Au cas contraire, le pire est à craindre.

 


56 ans après son indépendance, la RDC peine à décoller

Carte de la RDC
Carte de la RDC

30 juin 1960-30 juin 2016, il y a donc 56 ans que la RD Congo est indépendante. Est-ce que les 70 millions de citadins et de villageois ressentent, au même degré, la fierté d’être ce qu’ils sont ? Ont-ils connu des dirigeants modèles ? Rétroviseur.

En 1960, Joseph Kasa-Vubu devient le premier président du Congo indépendant, après sa colonisation par la Belgique. Et Patrice Emery Lumumba, un personnage imprévisible, Premier ministre. Inexpérimentés et manipulés, ils engagent un bras de fer qui sacrifiera Lumumba. Kasa survivra aux turbulences politiques : sécessions, rébellions. En 1965, néanmoins, il tente d’ériger des obstacles à la victoire virtuelle de Moïse Tshombé à la présidentielle. Le lieutenant Mobutu écarte l’un et l’autre.

Soutenu par la CIA, Joseph Désiré Mobutu règne sans partage durant 32 ans. Mais, sous la pression populaire et la perestroïka, il feint l’ouverture démocratique en 1990. Peu après, le réflexe autoritaire le rattrape et il multiplie des manœuvres dilatoires pour s’éterniser au pouvoir. Sa chute et sa fuite, en mai 1997, seront lamentables. Dans l’imagerie populaire, il est passé, sans transition, de bâtisseur au démolisseur du Zaïre.

En 1997, le rebelle Laurent Désiré Kabila sort du maquis et sonne le glas pour Mobutu. Il est porté au pouvoir par la coalition armée rwando-ougandaise, supervisée par Washington. Visiblement adepte de l’image de «l’homme fort», Laurent Désiré Kabila est assassiné trois ans plus tard. La conspiration porte la signature de ceux qui l’avaient fait roi.

Joseph Kabila hérite du pouvoir en janvier 2001. Le jeune président, lucide, relance le processus démocratique. Une Constitution est promulguée. Des élections libres sont tenues en 2006 et 2011. Curieusement, à l’approche de la fin de son deuxième et dernier mandat constitutionnel, Joseph Kabila est tenté par Joseph-Désiré Mobutu. Les mêmes causes, dit-on, produisent les mêmes effets. Quid d’un pays plus beau qu’avant le 30 juin 1960 ?

56 ans après

56 ans après l’indépendance de la RDC la souveraineté nationale n’existe que sur papier. Il est ridicule de se voiler la face pour ne pas reconnaître que ce pays n’a jamais joui pleinement de sa souveraineté. Laquelle n’est d’ailleurs qu’un vain mot. Et lorsque que les politiques congolais, chantent la souveraineté nationale et internationale de la RDC, faut-il en rire ou en pleurer ? Car, de Joseph Kasa-Vubu à Joseph Kabila, en passant par Joseph-Désiré Mobutu et Laurent-Désiré Kabila, la souveraineté du pays a toujours été mise à rude épreuve. C’est dire que, du 30 juin 1960 égale à avant 30 juin 1960.

On a la nette impression que, depuis le départ des colons belges jusqu’au régime actuel, le  Congo est pratiquement sous-tutelle. L’immensité du pays, sujet à la balkanisation jusqu’aujourd’hui, et ses inestimables ressources aussi bien du sol que du sous-sol font de la République démocratique du Congo (RDC) une « chasse gardée » de l’Occident tant politique qu’économique, même s’il est bousculé un peu par la Chine, notamment sur le plan économique.

Néo-colonialisme

Ce qui fait que la plupart de pays africains, dont la RDC, ne sont pas épargnés par le néo-colonialisme. Les puissances, notamment occidentales, se sont toujours ingérées dans les affaires intérieures des États, surtout africains où leurs intérêts doivent absolument être préservés.

Aussi, au nom de ces intérêts, soutiennent-ils les chefs d’État qui leur obéissent au doigt et à l’œil. Au cas contraire, souvent par multinationales interposées, les pays occidentaux leur créent des insomnies en suscitant une ou des rebellions pour chercher à chasser les têtes de mule du pouvoir. Ou pour exploiter illégalement les richesses naturelles, les conflits armés aidant dans les parties du pays convoitées. La RDC en fait les frais.

Défis 

Le 30 juin 1960, les Congolais avaient poussé  un ouf de soulagement, au motif qu’ils venaient de sortir du joug colonial avec son cortège d’humiliations. «… Longtemps courbés. Et pour de bon, prenons le plus bel élan… ». Une lecture attentive de notre hymne national suffit pour se rendre compte de la détermination des Congolais à retrouver leur dignité. Une prise de conscience qui devrait se manifester par un travail ardu. Avec l’impréparation des cadres, le changement tant souhaité a été une utopie.

Cela a été perceptible pendant la première et la deuxième Républiques. La raison est simple. Les colonisateurs n’avaient pas formé suffisamment d’intellectuels qui devraient prendre la relève. Une situation qui a eu des répercussions sur la gestion de la chose publique des années durant. Le peuple congolais, jadis brimé intellectuellement et soumis à l’obéissance aveugle pendant la colonisation, a perdu son esprit d’initiative et une grande partie de sa créativité naturelle. Après l’indépendance du pays, loin de chercher à corriger cet état de choses, les dirigeants se sont, au contraire, appuyés sur les conséquences des brimades coloniales pour renforcer cette soumission aveugle afin d’asseoir le pouvoir dictatorial.

Ce manque d’initiative persiste jusqu’à nos jours. Il a tellement envahi l’esprit des dirigeants qu’aucun fonctionnaire ne peut prendre une décision ou une initiative dans quelque domaine que ce soit, sans en référer préalablement à la hiérarchie qui en référera plus haut, jusqu’au sommet de la pyramide sociale où un homme débordé ne peut que donner des réponses approximatives et insuffisamment mûries.

Contre toutes attentes  

Au lieu de bâtir «un pays plus beau qu’avant»  comme souhaitéles  dirigeants du Congo indépendant l’ont plutôt plongé dans le gouffre. Conséquence : la misère et les conflits armés ont refait surface, surtout dans l’Est de la RDC. Entre-temps, le pays peine à décoller. En lieu et place de la réconciliation nationale, les acteurs politiques se livrent à des conflits de positionnement.  Malheureusement, c’est le peuple congolais qui paie les frais. Actuellement, le pays est en train de sombrer. Dans ces conditions, l’on se demande si l’on peut être fier de commémorer le 56ème anniversaire de l’indépendance.

Si l’on compare la RDC à un homme de 56 ans, il y a lieu de soutenir que le pays accuse un grand retard par rapport à son âge chronologique. Pire encore, on se rend compte que le Congo-Kinshasa qui devrait servir de modèle aux autres États de l’Afrique éprouve des difficultés pour son émergence. Que ce soit sur le plan politique, économique, social…, le pays de Lumumba est encore au stade de balbutiement. Bref, l’ancienne colonie belge est un pseudo adulte. Les Congolais doivent regretter le chemin parcouru, au regard du bilan enregistré jusqu’à ce jour.

Cette année 2016, qui est une année bilan, pour le deuxième et dernier mandat de Joseph Kabila, voit les performances économiques se dégrader continuellement. Ce qui a poussé le gouvernement à réduire de 22% (de 8 à 6 milliards USD) son budget 2016 et baissé le taux de croissance économique de 9% à 6,6%. Sur le marché de change, le franc congolais se change à plus de 1000 FC pour 1 dollar américain contre 900 à 920 FC pour 1 dollar américain en janvier 2016.

Pauvreté

La conséquence de la contraction des recettes est notamment la faiblesse du pouvoir régalien de l’Etat. En 2016, le gouvernement a moins de moyens financiers pour faire face  aux besoins sociaux-économiques de la population. Déjà, dans le budget rectificatif 2016, il a été pris en compte la basse de train de vie des institutions de l’Etat. Il va s’en suivre logiquement cette année peu de projets accordés aux petites et moyennes entreprises qui contractent avec les institutions publiques.

En 56 ans d’indépendance, la pauvreté frappe toujours la grande majorité des Congolais, soit 63% des Congolais. Le chômage touche 52% de la population active. Le taux d’électrification reste en deçà de 10% alors que la moyenne en Afrique sub-saharienne est de 26%. La desserte en eau potable et en courant électrique accuse aussi un faible taux de 26%.

La RDC n’a pas atteint un seul des 8 Objectifs du millénaire pour le développement (OMD) en 2015. Les négociations sur le SMIG (salaire minimum interprofessionnel garanti) n’ont jamais abouti. Le fonctionnaire congolais le plus bas touche jusqu’à ce jour à peine 90 USD. Et le militaire approche à peine ce montant. Malgré l’âge de maturité atteint, la RDC n’est pas en mesure de remettre sur les bons rails toutes ses entreprises structurantes (SNEL, REGIDESO, SNCC, GECAMINES, SCPT, MIBA, RVA, RVF, LAC,


L’esprit de mort de Kinshasa dans le viseur de Washington

Le commissaire provincial de la Police de Kinshasa, Célestin Kanyama
Le commissaire provincial de la Police de Kinshasa, Célestin Kanyama

Les Etats-Unis ont décidé de geler les avoirs du commissaire de la Police de Kinshasa, général Célestin Kanyama. Kinshasa estime que c’est une atteinte à la souveraineté nationale.

Les autorités congolaises sont dans le viseur de la Communauté international. Le Bureau du département du trésor des Etats-Unis d’Amérique a décrété, jeudi 23 juin 2016, le gel des avoirs du général Célestin Kanyama,  commissaire provincial de la Police nationale congolaise (PNC) de Kinshasa.

L’administration de Washington accuse le général Kanyama d’être lié à au moins, trois opérations de police ayant utilisé une force excessive. En l’occurrence, l’opération « Likofi (coup de poing)» lancée contre les brigands urbains, dans laquelle la Police aurait sommairement tué au moins « 51 jeunes et 30 autres personnes auraient disparu ». Kanyama est aussi impliqué directement ou indirectement, dans des attaques meurtrières contre les manifestants pacifiques depuis octobre 2015.

Esprit de mort 

Général Célestin KanyamaLe Trésor américain a également interdit toute relation économique des ressortissants américains avec l’officier appelé communément « esprit de mort », tenu responsable de violences politiques depuis plusieurs années. Selon le gouvernement américain, le pouvoir de Kinshasa « s’est engagé sur le chemin de répression à outrance à l’approche de la fin du mandat du président Joseph Kabila. Et ce, «  pour éviter d’organiser les élections à venir », prévues en novembre 2016, souligne le communiqué de l’Administration américaine.

« Il est très important de comprendre qu’il s’agit de sanctions individuelles basées sur ses décisions et ses activités et qu’il y a des conséquences à ses actions », a précisé à RFI, l’Envoyé spécial des Etats Unis pour la Région des Grands lacs, Tom Periello. Il affirme que « nous allons continuer à surveiller la situation et verrons si d’autres personnalités peuvent être tenues responsables de la même chose ».

« Nous sommes très préoccupés par la violence politique permanente autour de cette crise politique en République démocratique du Congo », a poursuivi Tom Periello. Il estime que « cette année pourrait être historique, la première transition démocratique pacifique de la longue et difficile histoire de la RDC ». « Nous continuerons à faire pression sur ceux qui accentuent les violences ou à ceux qui font obstacle à ce processus politique », a-t-il ajouté

Atteinte à la souveraineté ?

En réaction, le Gouvernement congolais condamne les mesure prises par Washington et considère que cette décision de l’Administration américaine est « une atteinte inacceptable à la souveraineté nationale et cela met en péril nos relations bilatérales », a déclaré le conseiller principal diplomatique du président Kabila, Barnabé Kikaya.

« Il n’est pas question que quelqu’un puisse se permettre de gérer nos services qu’ils soient de police, armée ou de l’administration à la place du gouvernement légitime de la RDC, surtout en matière de sanctions. », a renchéri le porte-parole du gouvernement, Lambert Mende. Toutefois, reconnaissant que la RDC est confrontée à d’ « importants défis », Barnabé Kikaya fait remarquer qu’« en dépit de cette décision, nos efforts pour coopérer et travailler avec nos partenaires américains se poursuivent ».

Barnabé Kikaya est déjà à Washington pour consulter les responsables politiques américains, concernant les mesures prises par la RDC pour faire avancer à la fois, le dialogue national et le processus électoral.

Résolution

Le général « esprit de mort » s’est distingué par la répression des manifestants contre la loi électorale, le 19, 20 et 21 janvier dernier à Kinshasa. Selon les manifestants, au moins 21 personnes ont été tuées et plusieurs autres blessées. L’homme est très critiqué par les organisations de défense des droits de l’homme. Une plainte a été déposée dernièrement à la CPI par le Mouvement citoyen « LUCHA », demandant au procureur de la Cour d’enquêter sur l’Opération Likofi et autres violences perpétrées en RDC.

Un analyste américain estime que, ces sanctions est « un message au président de la République Joseph Kabila, que tout comportement abusif aura des conséquences graves ». « Elles poussent également le gouvernement congolais d’organiser des élections en temps opportun et à mettre un terme à la répression et prévient que d’autres membres de l’entourage de Joseph Kabila pourraient aussi être sanctionnés », croit-il savoir.

Par ailleurs, l’occasion faisant le larron, le Conseil de sécurité des Nations Unies a voté le même jeudi, une Résolution qui renouvelle le mandat du groupe d’experts sur la RDC et le régime des sanctions auxquelles est soumis Ancara. Cette fois-ci, les diplomates ont décidé de glisser des références à la situation politique et à la tendance accrue à la répression du gouvernement Kabila. Le régime des sanctions est également étendu pour couvrir toutes les violations des droits de l’homme dans ce contexte pré-électoral.

En outre, dans les rues de Kinshasa, l’on pense que Kanyama n’est qu’un exécutant et les USA devraient accentuer leurs sanctions sur les véritables commanditaires. Ce qui pourra servir d’une leçon contre l’impunité.


Le Secret des Cordelettes à Nœuds

Cordelettes à Nœuds
Cordelettes à Nœuds

En l’absence d’écriture, les Incas d’Amérique du Sud utilisaient un système de cordelettes à nœuds pour communiquer, compter et se transmettre des informations. Le décryptage de ce procédé appelé Quipu a permis d’en savoir plus sur cette civilisation avancée et de découvrir des secrets stupéfiants sur elle.

Le système des cordelettes à nœuds, le Quipu

Le langage des cordelettes fut traduit au 16ème siècle par un quipocamayo (interprète du langage des quipus) du nom de Catari.

Le décryptage de ce langage a permis de savoir que Tiahuanaco, une des plus prestigieuses villes de la civilisation pré-inca avant l’arrivée des Espagnols au 15ème siècle, n’était pas la cité qu’on croyait.

Une ville souterraine immense

La traduction des quipus, ou système de cordelettes à nœuds de Tiahuanaco, a permis de savoir qu’en fait la ville à l’air libre, qui s’appelait Churaca, n’était que le village des ouvriers et des tailleurs de pierre. Ils travaillaient en surface pour construire la ville souterraine !

Une fois ce mystère dévoilé, les archéologues purent accéder à la cité enterrée où les Incas de cette civilisation disparue au 11ème siècle pouvaient vivre à une température plus supportable qu’à l’extérieur.

Malheureusement, quand les archéologues découvrir la ville souterraine, il n’en restait que des ruines et des galeries sombres.

Or, selon la traduction des cordelettes, cette ville était magnifique et la capitale d’un royaume immense dans la Cordillère des Andes, chaîne de montagne s’étendant le long de la côte ouest de l’Amérique du Sud.

Mais le plus étrange dans cette traduction fut le signalement de nombreux hommes blancs vivant tout autour du lac Titicaca bien avant l’arrivée des Espagnols au 15ème siècle !

Une civilisation blanche très développée ?

Les cordelettes à nœuds révélèrent, en effet, la présence de colons blancs des siècles avant la découverte officielle de l’Amérique en 1492 par Christophe Colomb. D’autres civilisations précolombiennes attestent aussi de leur présence dans toute l’Amérique du Sud actuelle !

Selon les traducteurs des quipus, ces hommes blancs avaient des pouvoirs extraordinaires et les Indiens les vénéraient comme des dieux.

Ces hommes blancs auraient d’ailleurs transmis leur savoir avancé aux Incas. Ce qui leur permit de développer une civilisation très développée dans beaucoup de domaines.

Les récits précédant l’arrivée des Espagnols parlent ainsi d’êtres à la peau blanche et aux cheveux blonds et ayant de grandes connaissances astrologiques, mathématiques, scientifiques…

Cette révélation est stupéfiante dans la mesure où, avant l’arrivée des Conquistadors, les Incas à la peau brune et aux cheveux noirs n’étaient pas supposés officiellement avoir vu d’hommes blancs !

Certains chercheurs considèrent même que ces hommes blancs étaient des Atlantes ou des descendants de l’Atlantide !


Comment créer de l’Amour en permanence?

Comment créer de l’Amour en permanence

 Vous devrez créer votre propre forme d’amour, celle capable de vous emplir d’un sentiment de puissance et de susciter en vous un bien-être infini. Une fois trouvées les conditions qui vous auront permises de manifester l’amour à votre façon, reproduisez-les pour retrouver cet état de félicité intérieure : les mêmes causes créant toujours les mêmes effets !

Quelqu’un a dit: « Il est toujours difficile d’être aimé que d’aimer. Être aimé n’est jamais le symbole d’un sentiment partagé ». Mais, comment jouir pleinement à la fois de ces deux possibilités: « Aimer et être aimé » ? Tentative de réponse dans les lignes qui suivent.

S’aimer soi-même pour aimer les autres !

« Vous aimez-vous vous-même ? » C’est la question de base pour savoir si vous êtes capable de manifester les formes d’amour vous concernant !

Si vous ne vous aimez pas vous-même, il vous sera, en effet, logiquement très difficile d’aimer les autres. S’aimer soi-même ne veut pas dire ressentir un sentiment de supériorité et/ou du mépris par rapport aux autres !

S’aimer soi-même signifie tout d’abord s’aimer tel que l’on est ! C’est-à-dire s’aimer avec ou, plus exactement, reconnaître ses qualités sans se surestimer et admettre ses défauts sans culpabiliser.

Ne cherchez pas à atteindre la perfection dans votre existence ! Voyez-vous comme que vous êtes actuellement et ensuite imaginez-vous exactement comme vous aimeriez être dans votre existence. Puis, faites tout votre possible pour passer de votre état actuel à celui auquel vous aspirez !

Faites tous vos efforts possibles pour y parvenir car aucun autre être ne le fera à votre place ! Vous êtes la seule personne responsable de votre vie

Changez surtout les idées qui ne vous permettent pas de progresser. Éliminez-les sans pitié et appliquez au plus vite les principes qui vous correspondent. Vous les trouverez avec l’expérience.

Le principe est simple : si une idée ne vous fait pas progresser et ne vous apporte pas de la joie : chassez-la de votre existence le plus vite possible Au contraire : si une idée vous fait progresser et vous apporte de la joie, appliquez-la dans votre existence le plus possible !

Êtes-vous Amour ?

La base pratique de ce changement dans votre existence consiste à vous demander quotidiennement : « Suis-je Amour dans ce que je fais en ce moment ? » Si la réponse est oui : continuez dans la même voie, sinon changez ! L’idée est d’apporter de l’amour dans tous vos actes et surtout de le partager avec les autres.

Pratiquez votre vision de la forme d’amour qui vous convient de façon générale ou dans des secteurs particuliers.

Ainsi, même en essayant de gagner plus d’argent, vous pouvez vous demander: « Est-ce que la façon dont j’essaye de gagner de l’argent est pratiquée avec amour pour améliorer mon bien-être et celui des autres ?« 

Si ce n’est pas le cas, mettez de l’amour dans vos actions en pensant au bien que vous ferez avec cet argent et vous constaterez vite la différence !


Wembamaniaques

Papa Wemba
Papa Wemba

Papa Wemba est «parti un peu». La métaphore signifie qu’il s’est tout juste endormi. Son immense œuvre discographique et son côté bling-bling sapologique lui survivront pour témoigner de sa présence à jamais parmi ses fans. Ça prendra des décennies, des siècles. Comme c’est le cas de ses illustres prédécesseurs Grand Kallé, Franco ou, sans complexe, les Bach, Mozart.

«Parti un peu», Shungu Wembadio a suscité une véritable wembamanie. Et créé des Wembamaniaques supplémentaires en Afrique et dans le monde. En tout cas, les télévisions satellitaires, que nous suivons depuis le dimanche fatidique, sont là pour confirmer ce témoignage.

Wembamanie ? Peut-être un néologisme. Mais un mot courant pour des millions … et des millions de fans : ceux qui ont dansé sur les airs de sa rumba, sa world music, son folk. Ceux qui ont fredonné ses chansons, faute de copier son inimitable voix. Ceux qui ont, par contagion, adopté la sape.

Quelle leçon d’humilité l’immortel artiste transmet-il aux générations ? À force d’admirer la spontanéité avec laquelle hommes et femmes, jeunes et vieux, noirs, blancs et jaunes se sont brusquement sentis orphelins, je comprends Mao Tsé Toung.

Parlant de la mort, le géant Chinois écrit qu’elle n’a pas le même poids pour tous les vivants. Celle d’un égocentrique, antipatriote, prédateur, … pèse moins qu’une plume de poule. A contrario, celle d’un altruiste, patriote a le poids d’un moellon.

Entre nous, celle de Mandela pesait deux moellons .Où classeriez-vous celle du politicien de la Majorité, ou de l’Opposition, le plus en vue au pays ? Et celle de l’activiste de la Société non civilisée le plus bruyant ? Et la vôtre ?

 

 


Papa Wemba, un géant de la musique congolaise

Papa Wemba au Festival, peu avant l'incident
Papa Wemba au Festival, peu avant l’incident

Passionné de la sape, Papa Wemba a marqué la musique par son oeuvre et sa voix particulière. Wemba est né sur scène à Kinshasa, il meurt sur scène à Abidjan.

Jules Shungu Wembadio, dit Papa Wemba, est né le 14 juin 1949 à Lubefu, dans l’ex province du Kasaï Oriental, en République démocratique du Congo (RDC). Appelé communément, Pene Kikumba, vieux Bokoul, Kouru Yaka, Maître d’école…, Papa Wemba est de la génération de Zaïko, celle-là même qui est à la base de l’émergence de la troisième grande ligne musicale au Zaïre.

Fils d’un ancien soldat de la force publique, c’est dans la carrière musicale, à l’âge de 20 ans, que Wembadio se fait remarquer. Il est auteur et compositeur de talent, chanteur très apprécié par les mélomanes congolais et étrangers. Dans son ouvrage « Dictionnaire des immortels de la musique congolaise moderne », Jean-Pierre François Nimy Nzonga soutient que la maman de Papa Wemba, « pleureuse de profession », peut être considérée comme l’élément détonateur de la vocation musicale de cet artiste.

En 1969, Wemba Shungu intègre le groupe Stukas Boys, au sein duquel il a composé sa première chanson inédite, « Madrigal ». Par la même occasion, il participe à la fondation de l’orchestre Zaïko.

Viva la Musica

Papa Wemba
Papa Wemba

En 1977, avant de créer « Viva la musica », Papa Wemba a créé, avec d’autres chanteurs, les groupes « Isifi Lokole et Yoka Lokole ». La star congolaise est aussi reconnue comme le « roi de la Sape » (Société des ambianceurs et des personnes élégantes) pour son goût prononcé à la mode. Il a ainsi imposé un style vestimentaire qui caractérise les amoureux de la bonne apparence. Il se résume par la formule : belle coiffure, bon parfum, habillement sophistiqué et goût effréné des vêtements de haute couture.

Devenant un model et une source d’inspiration pour de nombreux Kinois, Papa Wemba avait créé une représentation aussi symbolique qu’émotionnelle, autour de ce qu’il va nommer le « Village Molokaï ». Cet espace est la combinaison de cinq avenues du renommé quartier Matonge où il se fait introniser « chef coutumier ». Après avoir reçu plusieurs prix de la musique à travers le continent, Papa Wemba est décoré en décembre 2015, avec 90 autres opérateurs culturels, de la médaille du mérite des arts, science et lettres, par le ministère congolais de la Culture et des Arts.

« Chanteur jusqu’à ma mort »

PAPA WEMBA s'écroule sur scène
PAPA WEMBA s’écroule sur scène

De son vivant, le Kourou Yaka avait des rêves. Près de 50 ans de carrière musicale, Papa Wemba est l’une de grandes figures de la musique congolaise, le père de la Rumba. Surnommé formateur des idoles, il a servi de tremplin à plusieurs autres musiciens qui lui sont reconnaissants. Le « maître d’école » aura vécu presque toute sa vie comme artiste musicien. Il se définissait moins comme cinéaste, malgré ses multiples interventions dans différents courts et longs métrages dont le célèbre « La vie est belle ».

« Je ne prendrai jamais de retraite. Je souhaiterais rester chanteur jusqu’à ma mort. Je me verrai très mal embrasser une autre carrière. Car, je me sentirais très mal dans cette peau », a-t-il déclaré dans l’une des émissions à la radio Okapi.

« Il y a deux semaines, Papa Wemba a annoncé qu’il voulait mourir sur scène. Son vœu s’est réalisé », a affirmé A’Salfo, le chanteur de Magic System, commissaire général du Festival des musiques urbaines d’Anoumabo (FEMUA).

Après la disparition terrestre de King Kester Emeneya, Tabu Ley Rochereau, Pépé Ndombe Opetun, Madilu, Bimi Ombale, Mbuta Mashakado, Debaba, Pépé Kale, Lwambo Makiadi… et aujourd’hui Papa Wemba, crée un grand vide se crée au sein de la famille musicale congolaise.

Tel un soldat au front, à 66 ans Papa wemba est décédé dimanche 24 avril à Abidjan, en Côte d’Ivoire. Alors qu’il jouait et participait comme parrain à la 9e édition du FEMUA, organisé par le groupe Magic système, Papa Wemba quitte définitivement la scène, laissant derrière lui une veuve, Maria Rosa alias Amazone, qu’il n’a jamais voulu quitter depuis plus de quarante ans d’union conjugale ainsi que des nombreux enfants et petits-enfants.

Comme Molière

Papa Wemba entre donc dans l’histoire comme Molière qui, le 17 février 1673, est mort suite à un malaise, après avoir joué l’acte 3 de sa pièce « Le malade imaginaire ». Comme Molière, Papa Wemba s’est écroulé après avoir chanté 3 titres. Comme Molière qui avait refusé d’annuler le spectacle alors qu’il était malade, Papa Wemba ne se sentait pas bien avant de monter sur scène. Il était encore en convalescence.

 Polémique

Fin février dernier, il est resté dans le coma durant trois jours, dans un centre hospitalier de Paris, suite à une crise de malaria cérébrale. Arrivé à Abidjan, mercredi 20 avril, il enchaîne avec les interviews et autres mises en scène. 15 minutes avant de monter sur scène, il paraît anxieux, nerveux et refuse les photos. Il se pompe une sorte de ventoline au nez. À 5h 10′, il commence la scène dans une salle suffocante. À 5 h 24′, il recule comme pour faire place aux danseuses. Micro en main, l’immense ombre vacille, se penche et s’écroule tel un baobab, mais sans faire de bruit.

C’est à ce niveau que la négligence, l’inconscience et l’incompétence crèvent les yeux. Quand on voit un secouriste de la Croix-Rouge arriver sans défibrillateur, et qui de surcroît, ignore l’acte élémentaire qui est le massage cardiaque, on retourne à l’époque de la prestidigitation du siècle de Molière.