Mireille Flore Chandeup

Comment reconnaître une vraie veuve ?

Dans plusieurs pays du monde, le veuvage est un état que l’on aime (ou que l’on veut) marquer par de nombreux signes. Il est fréquent d’apercevoir dans nos rues des femmes vêtues de couleurs particulières. Au Cameroun, les couleurs bleu et blanc sont celles que les veuves arborent souvent fièrement, souvent par peur du « qu’en dira-t-on ». Eh oui ! « Que va dire ma belle-famille si je ne porte pas le blanc de mon mari ? », me demandait encore une amie dont le mari est décédé à l’âge de 34 ans. Une jeune femme de 31 ans, pleine de vie et obligée d’arborer que du blanc pendant un temps relativement long qui est censé représenter le temps de faire le deuil de l’être cher.

On a d’un côté les femmes dites évoluées, qui suivent l’exemple des femmes occidentales (c’est elles qui le disent). Elles disent aussi qu’elles n’ont besoin de personne à qui dire qu’elles souffrent autant que les autres. Elles disent surtout qu’elles sont des veuves libérées, car elles ne font pas semblant. Elles vivent leur chagrin comme ça vient. On a d’un autre côté les femmes qui respectent les lois sociales et s’habillent fièrement de bleu ou de blanc (c’est au choix) pour crier à tout le monde qu’elles viennent de perdre l’homme aimé. Ce sont des vraies veuves, celles qui, selon nos appréhensions, ont encore la force de respecter la dépouille de leurs maris.

Une vraie veuve  pleure en se roulant par terre

A la mort du mari, la veuve se doit d’offrir en spectacle dans la démonstration de son chagrin. C’est elle qui donne le pouls du deuil. Elle rythme les pleurs de toutes les personnes touchées de très près par la mort du mari. Elle doit pleurer à chaudes larmes et se rouler par terre. Elle doit pleurer de plus belle chaque fois qu’elle voit se pointer des personnes très proches, surtout sa belle-famille. Ainsi, elle envoie la preuve qu’elle aimait sincèrement son époux. On peut le vérifier lors des levées de corps, des veuves qui veulent se jeter sur le corps de leurs maris et le déchiqueter de colère, au sens littéral hein. De plus, et c’est crucial pour faire passer le message, la veuve doit s’asseoir à même le sol jusqu’à l’enterrement de son mari, et souvent plus. Elle ne doit pas changer de vêtement pendant la même période. Elle ne doit pas se laver, ni se déplacer à souhait. Elle s’assied sagement dans un coin du salon et rythme les pleurs. Bon, il faut reconnaître que ces rituels sont moins difficiles à respecter que ceux d’ailleurs. C’est pas comme le Sati pratiqué autrefois chez les hindous de l’Inde. Bref, il faut les respecter si on ne veut pas être taxée de fausse veuve.

Une vraie veuve ne s’occupe pas du sort des biens du couple

La veuve ne doit pas se soucier du sort des biens de son défunt mari. Polygamie ou monogamie, communauté ou séparation des biens, à la mort du mari, tout cela ne doit plus avoir d’importance. La veuve doit restée concentrée sur les pleurs et laisser les questions d’héritage entre les mains de sa belle-famille. Cette dernière décide pour elle comme elle le fait pour les enfants du défunt. La vraie veuve n’aura jamais le courage de solliciter la dissolution de la communauté l’ayant lié à son mari pendant leur mariage. Le sort de tous les biens du couple est remis entre les mains de la belle-famille. Celle-ci se réunit en conseil de famille et désigne les héritiers du défunt, en l’absence de la (des) veuve(s). Dans la plupart des cas donc, le procès-verbal de conseil de famille est soumis au tribunal pour homologation, comme étant la volonté de toute la famille, y compris la veuve car on lui fait apposer sa signature sur le document. C’est ainsi que mon amie de 31 ans s’était retrouvée à la mort de son mari entrain de signer un procès verbal de conseil de famille où il était mentionné que son époux a laissé 2 veuves et 10 enfants, que ceux-ci sont tous cohéritiers de leur père, et que les veuves sont usufruitières de la succession. Ce qui signifie en français d’une mère au foyer que les veuves perçoivent les loyers des maisons laissées par leur mari…..

Mon amie était en réalité la seule épouse de son mari et ils ont eu 4 enfants. Ce qui s’est passé, et ça se passe ainsi lors de ces conseils de famille, c’est que sa belle-famille savait que son défunt mari avait une résidence secondaire et une seconde femme avec qui il a eu 6 enfants.

La vraie veuve accepte les choses telles qu’on les lui présente et ne saisit pas la justice pour réclamer ses droits. D’ailleurs, mon amie était mère au foyer. Allait-elle scier une branche à laquelle elle était suspendue?

Une vraie veuve se soumet volontiers aux rites de veuvage

La femme mariée est considérée comme la propriété de la belle-famille.  A la mort du mari, elle doit subir des rites pour lui permettre de demeurer l’épouse de sa belle-famille. Dans le village Bamena dont je suis originaire, dans l’Ouest Cameroun, elle doit subir le rite du lavage. Amenée dans une rivière dans le village, debout les jambes écartées, elle doit tenir une poule qu’elle jette dans l’eau devant elle, dans l’espoir que la bête nage et vienne passer entre ses jambes. Si c’est le cas, on conclut que la veuve est lavée de tout soupçon et qu’elle peut avoir un autre mari parmi les frères du défunt. On dit alors que son beau frère l’a « lavée ». Dans le cas contraire, elle est répudiée, à défaut d’être lapidée comme c’était le cas auparavant. Une femme qui veut refaire sa vie ailleurs peut très bien se dire qu’elle n’a pas besoin d’un tel rite et qu’elle n’a rien à prouver. Cependant, je suis toujours ébahie par le nombre de femmes qui demandent elles-même à prouver leur innocence dans la mort de leurs maris. Je parle ici de mort mystique bien sûr, parce qu’on meurt toujours pour une raison surnaturelle.

Les mères au foyer acceptent volontiers cette façon de pratiquer le lévirat car c’est un moyen sûr de continuer  d’élever leurs enfants. Certaines ont même déjà, du vivant de leurs maris, leur préférence parmi les frères de celui-ci. Je les entends dire souvent dans leurs kongossas : «ma copine, mon beau-frère ci est gentil jusqu’àààààà. Au nom de Dieu, à la mort de mon mari, c’est lui qui va me « laver »».

Une vraie veuve  porte du bleu ou du blanc

Le jour de la levée de corps du mari, la veuve est vêtue de blanc par la belle-famille. Il faut absolument qu’elle soit reconnaissable parmi toutes les conquêtes de l’homme d’autrui. «Voilà la veuve», dit-on dès qu’on l’aperçoit. «Elle ne pleure même pas hein», disent certains. Pourquoi en fait le choix du blanc?  Primo, il faut marquer le choc émotionnel par cette couleur vive. Secundo, il faut qu’on voit que le vêtement se salit car la vraie veuve va forcément se rouler par terre. Elle arbore cette couleur jusqu’à l’enterrement. Après, elle continue de se vêtir de cette couleur spécifique pendant une période déterminée par la belle-famille, période jugée suffisante pour faire le deuil de son mari. Cependant, la veuve qui ne se sent pas capable d’entretenir une couleur aussi difficile peut se vêtir de bleu. A la fin de cette période de deuil qui peut dépasser un an, on organise une cérémonie pour annoncer à toutes les connaissances qu’on cesse de porter du bleu ou du blanc.

Par ailleurs, une veuve ne doit surtout pas se vêtir de pantalons. C’est un affront à la mémoire de son mari. C’est dire : «je suis libre et à nouveau sur le marché». Pas la peine d’ailleurs. La vraie veuve est déjà l’épouse du frère choisi pour elle. Attention, il ne s’agit pas de célébrer une autre union civile avec le beau-frère hein. On considère seulement que c’est une suite, relativement à la dot versée par le mari défunt lors du mariage. Autrement dit, doter une femme équivaut pour sa belle-famille à l’avoir pour toujours.

Une vraie veuve ne sera jamais suspectée d’avoir « tué » son mari pour devenir une veuve joyeuse

Etant donné qu’on meurt généralement pour une raison mystique, la veuve est toujours la première  suspecte de la mort de son mari. En fonction de son comportement du vivant de celui-ci et après sa mort, la belle-famille peut la « récompenser » par un « lavage » par un frère du défunt. Une amie dès la mort de son mari s’était précipitée dans leur demeure de Kye-Ossi, dans le Sud Cameroun, pour récupérer les titres fonciers de tous les immeubles du couple. Du coup, sa belle-famille a tenté de la forcer à manger le corps de son mari, au sens littéral. Il a fallu une intervention de la police pour la sécuriser pendant toute la cérémonie d’enterrement. Elle a fait le choix de vivre avec l’étiquette de « veuve joyeuse ». Des cas comme celui-ci sont très nombreux.

Pour une mère au foyer par contre, il est crucial de toujours respecter la belle-famille. Dans ses calculs, elle se demande toujours : «qui d’autre va accepter de s’occuper de mes enfants?».

Ahhhh, nos chers veuves, on a fini par leur consacrer une journée internationale (le 23 juin), sans doute pour magnifier tous ces calculs qui filent la migraine.

 


Cameroun : code pénal, infractions et lien de famille

L’infraction pénale  désigne une atteinte aux lois pénales sanctionnée par une peine d’amende, d’emprisonnement ou de mort, doublée dans certains cas de la confiscation des objets ayant servi ou facilité la commission de l’infraction, de la fermeture du lieu de la commission de l’infraction et du prononcé des interdictions à l’encontre de l’auteur et/ou des coauteurs et complices. L’application des sanctions est la conséquence de la reconnaissance de culpabilité, mais celle-ci n’est pas prononcée toutes les fois qu’une personne commet une infraction. Il faut en plus, pour être reconnu coupable, que les circonstances de la commission de l’acte soient telles que la personne concernée puisse être considérée responsable de l’acte commis aux yeux de la loi. Le lien de famille fait partie des circonstances qui, pour certaines infractions, soit libère de la responsabilité pénale, soit aggrave la responsabilité, soit encore la réduit.

Lien de famille et absence de responsabilité pénale

Dans un premier temps, le lien de famille exonère totalement de la responsabilité pénale. De ce fait, les infractions de vol simple, d’abus de confiance simple et d’escroquerie simple ne sont pas retenues entre conjoints, entre ascendants et descendants légitimes ou adoptifs, entre ascendants et descendants naturels jusqu’au 2ème degré s’ils vivent ensemble ou sont reconnus, à l’encontre du veuf ou de la veuve pour les biens de 1ère nécessité ayant appartenu au conjoint prédécédé. Il est de bonne méthode de définir tout d’abord ces infractions. Les éléments qui aggravent le vol et qui font qu’aucune cause d’irresponsabilité pénale ne soit envisageable sont l’utilisation de la violence, d’une arme, d’une fausse clé (ou de la vraie clé sans autorisation du propriétaire), d’un véhicule automobile (pour le déplacement des objets volés par exemple), l’entrée par effraction et l’escalade. Le vol est dit simple si aucun de ces détails ne ressort des circonstances de l’infraction. Il n’y a donc pas de vol simple entre mari et femme (et non entre fiancés, même s’ils vivent sous le même toit). Un fils (ses descendants…) ne peut être condamné pour un vol simple commis à l’égard de son père (ou ses ascendants).

Les éléments aggravants de l’abus de confiance et de l’escroquerie sont les mêmes. Ces infractions sont dites aggravées lorsqu’elles sont commises par un avocat (si un père est financièrement abusé par son fils alors qu’il était censé assurer sa défense, le lien de famille ne protège plus le fils), notaire, commissaire priseur, huissier, agent d’exécution ou agent d’affaires au préjudice de son client, également par des personnes faisant appel au public (le cas par exemple des personnes qui utilisent les médias pour faire croire à un recrutement alors qu’il s’agit d’une escroquerie. Si le conjoint ou un ascendant se voit extorqué de cette manière, l’auteur de l’infraction ne pourra plus bénéficier de la protection légale qu’est l’existence du lien de famille), également par un employeur au préjudice de son employé et vice versa. Si l’escroquerie ou l’abus de confiance a eu lieu dans le cadre des relations de travail entre mari et femme, ascendants et descendants, le lien de famille cesse de protéger l’auteur de l’infraction. Vous vous doutez certainement qu’il faut que le lien de travail soit véritable (existence d’un contrat de travail, subordination véritable de l’employé à l’employeur, rémunération véritable) et non une simple collaboration professionnelle non rémunérée comme on l’observe dans de nombreuses familles. Qui plus est, l’infraction de violation de correspondance n’est pas retenue lorsqu’elle est commise par les parents sur la correspondance de leurs enfants mineurs ou par un époux sur celle de son conjoint.

Lien de famille et aggravation de la responsabilité pénale

Dans un 2ème temps, le lien de famille constitue une circonstance aggravante lorsqu’un meurtre, des blessures graves ou des coups mortels sont commis sur ses père et mère légitimes, naturels ou adoptifs ou sur tout autre ascendant légitime. Ici, les sanctions appliquées sont plus graves.

Lien de famille et atténuation de la responsabilité pénale

Dans un 3ème temps, le lien de famille constitue une circonstance atténuante en cas de meurtre ou d’assassinat d’un nouveau-né, dans le mois de la naissance, par sa mère. Ici, la peine appliquée est réduite.

      NB : les causes d’exonération de responsabilité pénale, les circonstances aggravantes et atténuantes ne s’appliquent pas aux complices et coauteurs qui ne sont pas de la famille de la victime. Ainsi, alors que vous avez soustrait ou extorqué de l’argent au père d’un ami, en complicité avec celui-ci, vous obtiendrez entre 5 et 10 de réclusion, tandis que votre ami sera purement et simplement remis en liberté. Vous obtiendrez une peine plus élevée qu’une dame que vous avez aidée à assassiner son nouveau-né. Celui qui vous aide dans le meurtre de votre père obtiendra une peine moins élevée que la vôtre.


Attention, Aliou a obtenu son permis de conduire

D’abord, c’est vrai ce qu’a dit Ecclésiaste Deudjui. Au Cameroun, on obtient son permis avant d’apprendre à conduire. Ensuite, je vous raconte l’histoire de Aliou, mon voisin, et de son apprentissage de la conduite.

Aliou est un homme tête en l’air

Aliou est un homme avec beaucoup de problèmes. Son épouse est décédée à la fleur de l’âge, le laissant avec leurs 5 enfants à élever. Le chagrin a fait de lui un homme désorienté et très très très peu sûr de lui. Il oublie tout partout. Lorsque tu parles avec lui, tous les mots que tu prononces lui rappellent une chose oubliée quelque part. Tenez! Un jour pendant que nous bavardions à l’Agora (c’est comme çà qu’on appelle le parlement de mon quartier), une vendeuse d’avocats est passée près de nous. Le gars s’est souvenu qu’il en a achetés quelques uns 2 semaines auparavant et qu’il les a conservés dans un tiroir de sa cuisine. Imaginez vous-même si ces avocats seront encore en état d’être consommés! Un autre jour, il s’est souvenu avoir oublié des beignets de farine dans son sac à dos depuis 2 jours. Un jour encore, il a oublié le repas en cuisson sur le réchaud à gaz et est allé dormir. Bref, c’est un homme tête en l’air.

Aliou a décidé d’apprendre à conduire

Aliou décide un jour de se mettre à la conduite. Il obtient d’ores et déjà son permis, comme ça se passe. Il faut à présent apprendre à conduire. Il fait alors appel à un ami du coin qui a une voiture. Lui donner des cours s’est avéré être un véritable parcours de combattant. Non seulement il ne parvient pas à mémoriser les différentes manettes du véhicule, mais il veut apprendre à conduire pieds nus. Avec les chaussures, la voiture ne lui serait pas « sensuellement » perceptible. Manœuvrer alors relève pour lui de la sorcellerie. Lorsqu’il y parvient un peu, il a si peur des rigoles et caniveaux qu’il roule pratiquement dans le sens interdit. Même les milliers de klaxons derrière lui ne le convainquent jamais de se ranger sur le côté pour laisser passer les autres.

Aliou a de toute façon déjà son permis. Je le vois finalement au bord de sa Toyota Avensis un jour. Je suis si choquée que des personnes meurent sur nos routes à cause des Aliou qui veulent à tout prix être véhiculés. Un type qui sort de son véhicule tous les jours en oubliant systématiquement de fermer la portière. Un type qui gare ou fait un débordement avant de se rappeler qu’il devait actionner le clignotant…

La morale de l’histoire

Les permis de conduire sont délivrés à la va vite. Les moniteurs des auto écoles avancent au rythme de l’apprenti qui vient un jour et zappe le lendemain. Il sait qu’il apprendra par la suite au quartier, avec son permis en poche.

Nous devons prendre conscience chacun à son niveau que les mauvaises attitudes et habitudes ont des répercutions sur tout le monde. La blogueuse camerounaise Carole Leuwé nous le montre fort bien, ICI. Un moniteur devrait donner son avis, lorsqu’il est défavorable, avant l’attribution du permis à un usager. Une enquête de moralité devrait être faite sur la personne. C’est possible. Ce serait utile et sauverait des vies. La conduite n’est pas une aventure. C’est sérieux!

Des Aliou, nous n’en voulons plus.

#StopAuxAccidentsRoutiers

Ma contribution.

 


Témoignage d’un séjour à l’hôpital (2) : mes rencontres avec la mort

C’est bien connu ! L’hôpital est le lieu le plus indiqué si on veut comprendre tous les malheurs du monde. Tous les hasards et barbaries de la terre viennent y échouer. D’un côté, on sauve le coup et on redonne la vie. D’un autre côté, on constate la mort et la vie n’est plus. Mon séjour dans un de nos hôpitaux pendant que je donnais la vie m’a permis d’en apprendre plus sur la vie et la mort.

Je me remets peu à peu de 24 heures d’immobilisation après une césarienne réussie. L’infirmier major m’informe que je dois me lever et faire quelques pas. Je ne savais pas que c’était possible après seulement 24 heures. J’ai cette grande entaille sur le bas du ventre qui me fait un mal de chien, mais si je veux me remettre plus vite, je dois suivre les conseils des infirmiers. Le corps baissé par crainte de faire saigner mon pansement, j’avance doucement dans les couloirs du service de chirurgie. Des gens s’affairent çà et là, chacun son souci. Je grimace de douleur. Cependant, mes oreilles sont attentives aux problèmes des autres. Ils m’ont tout de suite l’air plus difficiles à surmonter que les miens. Comme je devais faire de tels petits pas dans le couloir régulièrement, je décidai d’en revenir à chaque fois avec quelque chose à raconter dans mes écrits.

Une jeune femme meurt en donnant la vie

J’ai fait la connaissance de cette femme à la maternité le jour où j’y ai été admise. Elle avait les contractions depuis 24 heures. Le col de l’utérus était complètement dilaté, mais le bébé ne venait pas. J’entendais l’infirmière lui dire que le bébé était en souffrance. Le médecin était venu lui expliquer quelques heures avant mon arrivée qu’elle ne pouvait pas donner naissance par voie basse. C’était un cas de disproportion céphalopelvienne comme le mien. En bref, le verdict du médecin était clair : la tête du bébé étant plus grosse que le bassin osseux, une césarienne devait être pratiquée sans plus attendre.

Cette femme de 34 ans, déjà mère de 4 enfants, avait refusé d’envisager la césarienne (c’est pourquoi je l’avais trouvée en souffrance à mon arrivée à l’hôpital). Elle ne comprenait pas comment elle avait pu accoucher « normalement » quatre fois de suite, et qu’on lui dise cette fois-ci qu’elle devait être opérée. Je me souviens l’avoir entendu dire à mon égard, alors que je me dirigeais vers le bloc opératoire : «elle vient d’arriver avec ses petites douleurs (j’étais en travail depuis 6 heures de temps seulement) et elle accepte de se faire opérer ? Moi je préfère mourir plutôt que d’accepter l’opération, parce-que les sorciers de mon village me guettent pour m’achever sur la table d’opération. Jamais !»

J’arpentais donc tout doucement les couloirs de la chirurgie lorsque subitement des femmes se mirent à pleurer et se roulèrent par terre. «C’est fini ohhh ! C’est fini ! Ils l’ont eue. Ils l’ont achevée», disaient-elles en pleurant. Des bouches murmuraient déjà ce qui était arrivé à la dame qu’on pleurait. «C’est une dame qui est morte sur la table d’opération», entendis-je près de moi. Qu’a-t-il bien pu lui arriver ? L’infirmier major m’expliqua alors qu’il s’agissait de la dame qui refusait depuis 48 heures de subir une césarienne. Les contractions, de plus en plus douloureuses, doublées de la tension en nette augmentation, ont provoqué une crise d’éclampsie. Les médecins ont dû alors préparer le bloc pour extraire le bébé. La mère est malheureusement décédée dès l’entrée dans la salle qui lui faisait si peur. La mort de cette femme m’a fait réaliser à quel point la frontière entre la vie et la mort est mince et comment prendre une décision utile à temps peut sauver une vie.

Un enfant meurt étouffé par un aliment

L’hôpital était calme cet après-midi là. Trois jours que j’avais subi ma césarienne et j’avais désormais assez de force pour me balader jusqu’au service de pédiatrie situé à quelques mètres de l’entrée de l’hôpital. Tandis que je raccompagnais une amie jusqu’au portail de l’hôpital, une voiture se gara brusquement et une femme en sortit avec un enfant d’environ 10 mois dans les bras. Elle s’écriait de toutes ses forces : « sauvez mon enfant, s’il vous plait ! Il s’étouffe. » Une infirmière du service des urgences lui prit l’enfant dans les bras en lui demandant si elle savait ce qui l’étouffait ainsi. La dame jura que non. L’infirmière s’affaira à lui sauver la vie, en lui introduisant une sonde, je crois, dans la gorge. L’enfant vomit du coup quelque chose de pâteux et d’une blancheur étonnante. A la vue du vomis, la mère se souvînt que son fils jouait près d’une cuvette pleine de farine de manioc.

Vous vous souvenez peut-être que j’ai récemment publié un billet Journal d’une mère au foyer, dans lequel je vous parlais de cette manie que nous avons de tout laisser traîner, au détriment de la santé et de la sécurité des plus petits, qui testent tout avec leur bouche. Eh bien, cette maman là faisait partie de ces femmes qui laissent tout traîner, y compris des aliments solides comme la farine de manioc. C’est une farine obtenue à base de tubercules de manioc trempés, découpés en petits morceaux et séchés, avant d’être écrasée. Elle est conservée de préférence en morceaux, qu’on écrase le jour où on veut la cuisiner. Ces petits morceaux séchés présentent un degré de dangerosité avancé pour un bébé. La maman l’a appris à ses dépens ce jour-là. Son fils finit par mourir étouffé.

Là je dois avouer que cette mort ci m’a fait plus de peine que la première. L’événement m’a poussé à me terrer dans la salle d’hospitalisation pour le reste de la journée et de mon séjour.

Une femme qui meurt de suffocation

Lors de ce riche séjour, je suis allée de rencontres en rencontres. Arrive le 5ème jour, il est prévu que je regagne la maison mais je tombe encore nez à nez avec la mort. Mince ! Lorsque je suis sur le point de passer le portail de l’hôpital, je vois deux gaillards qui portent une dame visiblement inconsciente. « Elle s’est évanouie dans sa boutique. Elle s’est évanouie, je vous dis. Elle ne respire plus. » L’un des hommes qui la portaient était nettement plus affolé que l’autre. C’est lui qui criait ainsi pour ameuter les infirmières qui avaient pris leur pose. Il était 13 heures et 30 minutes. Je me demande encore aujourd’hui comment les infirmières d’un service d’urgences peuvent prendre leurs poses toutes au même moment.

L’homme criait donc si fort qu’un infirmier sorti de nulle part vint s’enquérir de ce que la dame avait. Il comprit que c’était grave. Je le sus parce qu’il fronça le visage. La dame fut transportée dans la salle des urgences proprement dite. L’infirmier sortit 5 minutes après pour annoncer sa mort aux hommes qui l’avaient emmenée. Pendant qu’ils laissaient éclater leur peine, je m’attelais à glaner des informations sur les causes de sa mort. Il fallait vraiment que j’en ai plus à vous raconter.

La dame était propriétaire d’une cafétéria en face de l’hôpital. Très bon emplacement pour ce business. Un achalandage important, des malades, mais aussi une grande clientèle de médecins, infirmiers, sages-femmes… La dame faisait aussi restaurant l’après-midi. Elle travaillait ainsi depuis une dizaine d’années. Dix ans au contact de la chaleur. Elle avait été cambriolée par des hors la loi sans scrupule quelques semaines avant sa mort, cela l’avait décidée à sceller la fenêtre par laquelle ils étaient passés pour pénétrer dans la boutique. En le faisant (et sans le savoir), elle empêchait ainsi l’air de sa boutique habituellement très chaude de se renouveler à souhait. Le jour de sa mort, le soleil était très chaud. Elle a fini par s’évanouir dans sa boutique où elle fut découverte par un client venant se régaler devant un plat de Bongo Tchobi.

J’en avais assez entendu. Je montai finalement à bord du taxi que j’avais appelé et qui commençait à s’impatienter.

Prendre les bonnes décisions, avoir les bons gestes, c’est crucial.

Des rencontres avec la mort, j’en ai eues lors de ce séjour pendant lequel j’ai donné la vie. La vie est ainsi faite. Il y a la vie et il y a la mort.

 


Sous l’emprise d’un « bonbon » pasteur

«Il y a des bons pasteurs et des bonbons pasteurs. La bouche sucrée, il prêchait comme jésus. Mais ne soyez pas surpris! Vous-même vous le savez. Y a des gens à Abidjan qui ne peuvent pas voir église passer». Ce refrain d’une chanson autrefois célèbre venant de la Côte d’Ivoire n’a jamais cessé de résonner dans la tête. Des gens qui ne peuvent pas voir église passer, on n’en trouve pas qu’à Abidjan malheureusement. Il m’arrive régulièrement de vérifier près de chez moi au Cameroun ce qui est dit dans la célèbre chanson. En effet l’arrivée massive des églises dites « de réveil », mais que nous appelons volontiers « églises réveillées », a dévoilé une catégorie de citoyens faibles d’esprit. Des personnes tellement fragiles qu’elles croient qu’un être humain peut les conduire à la droite de Dieu.

Les meneurs de ces églises de réveil trouvent leur arme dans la manipulation des consciences. Maîtres dans l’art de la stratégie et de la démagogie, se disant inspirés par Dieu, ces hommes réussissent à amener des personnes visiblement saines d’esprit à s’immoler par le feu pour rejoindre Dieu. Chose surprenante, les adeptes de ces églises n’accordent aucun crédit aux mises en garde données à travers les médias. Des informations passent en boucle à la télé, avec images à l’appui, mais ces adeptes n’en ont rien à foutre. Elles sont convaincues d’être sur le seul vrai chemin pour parvenir à Dieu.

L’histoire de ma voisine Kuinkam

Kuinkam fait partie de ces personnes qu’un meneur d’une église dite des « vrais et uniques enfants de Dieu » a réussi à entraîner dans sa folie. Elle est femme au foyer, mère de 5 enfants. Le dernier a tout juste un an. Son mari travaille à des centaines de kilomètres de leur maison et ne réside par conséquent pas avec sa famille. Loin des regards et du cœur de son mari, elle a réglé son horloge journalière sur celle de son église. Son « prophète » organise des séances de prière tard dans la nuit. Partie tous les soirs de sa résidence vers 18 heures avec son plus jeune enfant, elle n’y revient que vers 5 heures du matin, laissant ses autres enfants passer la nuit seuls, sans surveillance. Selon elle, ses enfants dorment avec Dieu dans la maison pendant qu’elle se rend à ses séances de prière nocturnes avec le même Dieu. Dieu n’est-il pas omniprésent de toutes les façons?

les femmes en avant lors des prières nocturnes. Elles sont très nombreuses, des Kuinkam.
les femmes en avant lors des prières nocturnes. Elles sont très nombreuses, des Kuinkam.

Kuinkam mène une vie solitaire. Elle vit repliée sur elle-même et n’adresse plus la parole qu’à son pasteur et autre fidèles de son église. Famille, voisins, amis et autres connaissances ont été mis sur liste rouge. Elle est désormais convaincue que le diable se cache parmi ces personnes. Elle n’a plus jamais, je dis bien jamais, dévoilé le joli sourire qu’elle arborait avant avec nous, ses amies mères au foyer. J’ai retourné la chose plusieurs fois dans ma tête. Je me suis résolue à me dire que ce n’est pas de sa faute.

Délaissée par son mari, elle a trouvé refuge dans les bras de son pasteur et de Dieu

Non, ce n’est pas de la faute de Kuinkam si elle s’est laissée dérouter par cet homme dit pasteur. A un moment de sa vie où elle escomptait beaucoup d’amour de la part de son mari, ce dernier a trouvé du boulot dans une autre région du pays d’où il ne revient que tous les 3 à 4 mois. Elle se sentait seule et le pasteur de son église y a trouvé une brèche. De fil en aiguille, le pasteur s’est installé dans sa vie. C’est lui qui lui dit avec qui elle doit communiquer, qui elle doit même regarder. Il l’amène à éviter les personnes susceptibles de la dérouter de leur Dieu si prenant. La vérité c’est que le meneur pousse les adeptes à vivre coupés de leurs anciennes connaissances car ces dernières ne trouveront pas normal le changement radical de mode de pensée et de vie observé. Le meneur pour continuer de faire passer sa pilule a besoin de maintenir ses adeptes dans une sorte de dormance et de latence.

cette femme sait que ce pasteur est son seul moyen pour résoudre ses multiples problèmes
cette femme espère une délivrance. Elle est persuadée que ce pasteur est le seul moyen pour résoudre ses multiples problèmes

Comment comprendre en effet qu’une personne encore lucide puisse confier les clefs de sa maison, les coordonnées de son compte bancaire, les clefs de voitures à un pasteur rencontré il y a peu?

Ce qui est arrivé à Kuinkam arrive tous les jours à de nombreuses personnes, surtout des mères au foyer. La raison est que les femmes sont plus enclines à écouter des gens qui leur promettent le ciel dans leur vie de tristesse et de douleur. Elles ressentent constamment le besoin d’être cajolées, chouchoutées, rassurées. Les mères au foyer croient à ces pasteurs comme elles croient aux marabouts de chez nous, et je ne parle pas des oiseaux là. Les blancs pourraient les appeler les médiums, ces gens-là qui lisent votre avenir sur des cartes, ou qui vous font croire qu’on peut lire l’avenir d’un être humain. Mais les marabouts utilisent plusieurs objets divers pour vous lire l’avenir et prédire le mal absolu et la mort certaine jusqu’à ce que vous vous résolviez à leur donner de l’argent pour changer cet avenir. Lorsque je parle de marabouts, je sais un peu de quoi je parle.  Le cousin marabout de ma mère, voyant que je suis devenue une mère au foyer, a récemment voulu tester son venin sur moi. Imaginez-vous tranquille chez vous, que votre frère que vous respectez vous appelle pour vous dire que vous avez été empoisonné, que vous allez mourir dans un mois grand max, et que si le poison ne vous tue pas, vous mourez des suites d’un accident de la circulation! Voilà! C’est de ça que je parle, cette façon d’utiliser la peur, surtout de mourir, pour endoctriner des centaines de personnes. C’est le point commun entre les pasteurs des églises dites de réveil et les marabouts. Dès que vous croyez fort que vous serez victime d’un accident de la circulation, vous avez peur de circuler dans la rue et êtes obligé de vous remettre à Dieu ou au marabout, ou aux 2 pour certains. Et c’est bien dommage!

En réalité, l’Etat a démissionné de la protection de ses citoyens

Pour moi, le plus grand fautif c’est l’Etat. D’un côté, un pasteur a son visage placardé sur une surface de 6 mètres carrés, à 10 mètres du sol, dans tout le pays. D’un autre côté, le mal être des populations est tel que : soit tu développes assez de cran pour aller mourir ou te faire cueillir à Lampédusa par des pêcheurs têtus qui ne respectent pas la loi, soit tu t’en remets au marabout de ta famille qui connait le nom de celui qui te maintient dans ta pauvreté, soit encore tu suis un bonbon pasteur manipulateur qui utilises Dieu pour te contrôler et t’extorquer le peu que tu possèdes.

Des personnes faibles d’esprit existent partout. L’Etat devrait prendre certaines mesures pour les protéger des prédateurs tels que les meneurs de nombreuses églises. Corser par exemple les conditions d’ouverture de ces églises par la vérification de la moralité des pasteurs est possible, puisque les gars fouillent grave sur toi quand il s’agit de recruter dans l’armée. On pourrait aussi légiférer que les pasteurs ne devraient pas recevoir des fidèles au-delà de certaines sommes d’argent, où que les personnes âgées devraient faire approuver leurs dépenses dans ces églises par leurs enfants majeurs…Notons surtout que des fragiles gens sombrent dans la dépression pour des raisons tellement variées qu’elles ne devraient pas être livrées à elles-même dans la vie, face à ces gourous.

Moi je dis aussi ce que je pense hein. D’ailleurs, j’ai dit au cousin de ma mère, manipulateur sadique, d’aller chasser ailleurs. Je jouis encore de toutes mes facultés mentales. Ce qui n’est pas le cas de Kuinkam qui a commencé à prier partout : en prenant sa douche, sur le chemin du marché… Lorsque tu la regardes, elle fronce le visage comme pour dire « halte à toi, démon! ». Je crains qu’elle ne sombre dans la folie.

Ces pasteurs de folie en folie, partout dans le monde : un pasteur nigérian embrasse les fesses nues de ses fidèles

un pasteur américain prêche nu et encourage ses fidèles à venir nus aux réunions

Un pasteur sud-africain prêche dans un cercueil

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Lettre à ma coépouse

«Stp, laisse « notre mari » rentrer à la maison! C’est la rentrée scolaire! Les enfants n’ont toujours pas été inscrits».

La coépouse désigne l’autre épouse de mon mari, dans un mariage polygamique. Le mari s’y sent comme un roi. Il fait le tour des différentes résidences de ses femmes à un rythme qu’il choisit en fonction de plusieurs paramètres. Si les résidences sont distantes les unes des autres, le mari peut passer une semaine, voire plus, chez chacune de ses épouses. Si les résidences constituent juste des chambres dans la même grande maison, le mari peut passer une ou deux nuits chez chacune de ses femmes. Lorsqu’une femme a accepté d’être dans ce type de mariage, elle multiplie les artifices pour passer plus de temps avec son époux, tout pour léser les autres femmes, ses coépouses.

Dans la culture africaine, celle qui n’est pas corrompue par les mots occidentaux tels que l’envie et la jalousie, chacune des femmes respecte la relation du mari avec les autres. Toute femme mariée sait qu’à tout moment une coépouse peut venir remettre en question l’harmonie de son couple. Une femme africaine, une vraie, sait qu’elle ne peut s’opposer à l’arrivée d’une coépouse. D’ailleurs, dans les coins où la femme doit faire les champs pour nourrir la famille, tandis que le mari lit son journal en buvant son vin de palme ou de raphia, il peut être surprenant pour les esprits non avertis de voir une femme souhaiter l’arrivée d’une coépouse pour alléger les travaux champêtres. De même, la femme qui ne souhaite plus avoir d’enfant cherche elle-même celle avec qui son mari devra continuer à en faire.

La maîtresse ou 2ème bureau : une coépouse à part entière

Ce qui est surprenant dans la conception de la polygamie c’est qu’on considère aussi comme coépouse la maîtresse attitrée du mari. La femme cocue sait que c’est elle la fautive. C’est elle qui a poussé son mari dans les bras d’une autre femme. Elle a par conséquent intérêt à accepter la nouvelle situation qui s’impose à elle, si elle ne veut pas être abandonnée. L’épouse connait le domicile de sa coépouse illégitime. Elle respecte les jours que son époux y passe. La situation est encouragée par la société. Ce qui donne souvent des ailes à la maîtresse qui use de stratagèmes pour devenir l’épouse, la légitime. La maîtresse n’a pas autant de patience que sa coépouse légitime. Elle n’en a rien à faire des allées et venues du mari chez l’autre femme.

Lorsqu’une mère au foyer se fait finalement voler l’homme qui s’occupe d’elle financièrement, elle en vient à supplier sa désormais coépouse de le lui laisser par moment, surtout lorsqu’il s’agit de payer les factures. Quatre jours après la rentrée scolaire du 5 septembre dernier, elle se résout à adresser cette lettre à sa coépouse, le nœud dans la gorge.

 «Ma sœur, mon amie, je sais que notre mari a choisi de passer désormais toutes ses nuits chez toi. Je sais que par le passé je t’ai rendu la vie difficile. Puisse Dieu fendre ton cœur et y mettre la force de me pardonner ! Ceci est le cri d’une femme qui souffre. Tu es une femme. Et je sais que tu ne permettrais pas que je subisse ce que tu ne voudrais pas subir toi-même. C’est vrai que tu as des enfants aussi avec notre mari. Mais mes enfants sont lésés depuis plusieurs mois. Ils ne voient plus leur père. Ils sont insuffisamment nourris, faute de moyens. Voici déjà 4 jours que leurs camarades vont à l’école. Je commence sérieusement à me demander si notre mari a l’intention de payer leur scolarité. Le bailleur commence désormais sa journée en menaçant de me mettre à la porte. S’il te plait, ma chère coépouse, tu sais que notre mari a les moyens de s’occuper de nous tous. Demande lui de m’envoyer de l’argent pour ses enfants!

Je te promets que je ne mettrai plus en doute l’amour qui vous unit. Je ne te demande pas de lui dire de revenir vers moi. Je sais que ce serait mission impossible. Je te conjure juste d’intercéder en ma faveur pour que nos enfants aillent à l’école. Tu sais, ce sont nos enfants, ce sont TES enfants. Si je pars avant toi, c’est toi qui sera leur tutrice. Ne les laisse pas tomber! Fais quelque chose pour TES enfants, STP!»

Suppliée comme çà, la coépouse illégitime se voit pousser des ailes. Elle sait qu’elle n’est pas légalement unie à l’homme qu’elle aime. Cependant, elle sait aussi que le vrai problème c’est de savoir qui profite de la présence et des revenus du mari.

Si vous trouvez çà improbable, c’est que vous n’avez pas encore compris de quoi je parle. Cette souffrance incessante qui est celle des mères au foyer chez nous.


Témoignage d’un séjour à l’hôpital (1) : le jour où j’ai donné la vie

Ce séjour a duré une semaine. Une semaine de joie et de colère en même temps.  Une semaine pleine de surprises et de découvertes. Une semaine de rencontre avec la vie.

Tout commence 2 semaines avant mon admission à l’hôpital lorsque le médecin m’annonce que je vais devoir subir une césarienne parce que le bébé que je porte en mon sein est très gros. Il fixe alors une date à laquelle je dois venir subir l’intervention chirurgicale. Le bébé décide de venir 5 jours avant. Je perds les eaux à un moment où je m’attendais le moins car j’étais encore à 2 semaines de la date présumée d’accouchement. Je n’avais pas encore réuni la somme d’argent qu’il fallait avancer pour pratiquer la césarienne. Cependant, je ne vais pas rester à la maison avec le liquide amniotique qui me mouille. J’arrive à l’hôpital vers 2 heures du matin ce vendredi là, en appréhendant ce qui allait m’arriver sans un sous en poche.

1ère surprise, 1ère colère : mon mari n’avait aucun sous en poche, pas un seul radis

Lorsque nous arrivons à l’hôpital, les infirmières appellent le médecin qui m’a suivie pendant toute la grossesse. Il n’est pas disponible car il savait qu’il allait s’occuper de moi dans 5 jours, pas maintenant. On appelle un autre médecin qui accepte de prendre mon cas en charge. A son arrivée à l’hôpital vers 6 heures du matin, je lui explique que c’est une césarienne programmée et qu’elle (le médecin en question était une dame) doit régler les détails financiers avec mon époux qui attend sur un banc dans le couloir qui longe la maternité. Lorsqu’elle lui demande s’il a déjà acheté tout le nécessaire pour aller au bloc opératoire, il lui demande s’il faut vraiment opérer.

2ème surprise, 2ème colère  : c’est seulement à cet instant là que mon mari comprend qu’on va vraiment m’opérer

C’est exactement ça les hommes. Un professionnel de la santé te fait savoir que ta femme va devoir subir une césarienne. Tu restes dans ta bulle à espérer un miracle de tes ancêtres, jusqu’au jour où ta femme perd les eaux. Tu n’as pas pris la peine de réunir la somme nécessaire pour pratiquer l’intervention. Et après, tu t’étonnes lorsqu’on te le demande. L’homme d’autrui court de tout son souffle vers la banque, fait le pied de grue jusqu’à 9 heures et effectue un retrait conséquent. Donc, il avait quand-même des économies.

Je suis admise en salle d’opération vers 10 heures ce vendredi là. J’ai l’occasion de vérifier ce qui me semblait jusque là anormal.

Découverte hallucinante : Ce n’est pas que dans « Grey’s Anatomy » que les chirurgiens ont des conversations hors sujet pendant l’intervention

L’anesthésiste avait constaté que j’appréhendais plutôt bien le fait de subir cette intervention chirurgicale et a proposé de me faire une anesthésie locorégionale. Il voulait, m’a-t-il dit tout souriant, me donner la chance de dire comment je me sentais au fur et à mesure que les chirurgiens pratiquaient la césarienne. J’ai alors confirmé que chez les femmes, il n’y a pas de lieu pour le kongossa, comme dans « Grey’s Anatomy ». A peine elle avait saisi le bistouri que la respectable docteur, en complicité avec sa gentille collègue, se lança dans une causerie à couper le souffle.

1- passe-moi le bistouri stp!

2- comme je te disais là, depuis le jour où tu es venue ici avec ta Hummer, elle s’est calmée un peu (je comprends très vite qu’elle parle de leur collègue de service qu’elle juge trop impertinente).

1- elle croyait qu’elle peut se mesurer à moi? elle compte sur son salaire et sa petite clinique de sous quartier et sans patientes, alors que moi, mon mari vend les voitures.  Je peux prendre celle que je veux pour venir ici.

2- elle t’a tellement regardée ce jour-là. Elle était dépassée.

1- (interloquée car elle a sans doute fait un mauvais maniement de la lame), j’ai failli blesser l’enfant-là, tellement il était déjà tout près de la voie de sortie. Heureusement qu’il a beaucoup de cheveux!

(Continuant son kongossa comme-ci de rien n’était) C’est comme ça que quand je travaillais encore à l’hôpital X, j’avais une collègue qui voulait toujours qu’on sache qu’elle est là. Mais je l’ai remise à sa place. Tu sais que quand une collègue fait des bêtises, le jour où elle n’est pas disponible, tu refuses de prendre ses patientes. Comme les femmes enceintes aiment grogner là, on saura qu’elle est absente. Et elle ira s’expliquer devant le directeur de l’hôpital.

(Après une quinzaine de minutes et s’adressant à moi) Félicitations Madame, vous avez fait un beau garçon. Lui avez-vous déjà trouvé un prénom? Si non, je vous suggère de lui donner un prénom biblique car il a échappé au Bistouri grâce à ses cheveux, c’est le miracle de Dieu!

Une trentaine de minutes plus tard et après extraction du placenta et autres manœuvres :

(S’adressant de nouveau à sa collègue) Suturons-là rapidement! Je vais te laisser finir. Je vais aller prendre ma « bière du travail » à son mari dehors.

Et oui, après avoir avancé les frais exigibles pour commencer l’intervention, il faut prévoir la « BIÈRE » du chirurgien

Mon mari fait les 100 pas dans le couloir. La porte du bloc opératoire s’ouvre. Alors qu’il s’attend à me voir sortir sur le brancard, la chirurgienne s’approche de lui, l’air sérieux, tout en retirant son chapeau de service, signe que l’intervention est terminée. Là, c’est lui qui me raconte par la suite. Il voit toute sa vie défiler devant lui en à peine 15 secondes. Il se pose toutes les questions qu’on puisse se poser en pareille circonstance. Surtout, si l’opération s’est bien déroulée, pourquoi la chirurgienne ne sourit-elle pas un peu? L’homme retient son souffle pendant les 15 plus longues secondes de sa vie. Le temps s’est arrêté pour lui. Le pire c’est de pouvoir expliquer à ma famille ce qui s’est passé. Comment va-t-on dire au père de sa femme qu’en lieu et place de la dot tant attendue et de la célébration civile de l’union, on lui ramène le corps de sa fille?

La chirurgienne : où est le mari de la dame qui est au bloc?

Mon mari (s’adressant à ma tante qui attendait avec lui) : maman, va écouter ce qu’elle va dire.

Elle : Non, je veux parler au mari.

Lui : (terrifié, muet comme une carpe et tremblant comme une feuille)

Elle : Tu sais que vous m’avez empêchée d’aller déposer ma fille à l’école le matin? J’ai du accourir ici pour m’occuper de ta femme. Et tu vas voir que je lui ai fait un type d’incision à la une de nos jours. C’est l’incision dite du BIKINI qui ne laisse voir aucune cicatrice sur le ventre. Donc, s’il te plait, donne-moi la bière du travail!

 Le gynéco-obstétricien de votre femme vous joue cette carte. Votre femme est encore au bloc opératoire pour une raison inconnue. A la place de mon mari, que faites-vous ?


Journal d’une mère au foyer

Je sens que j’aurais du commencer par là. Quoi de mieux décrire la journée-type d’une mère au foyer pour commencer un blog qui lui est consacré ?

Je ne sais pas ce qu’il en est pour les mères à l’étranger, mais je sais d’expérience qu’une mère au foyer chez nous ne tient pas de journal. Pour la plupart, elles sont trop épuisées pour le faire. Certaines ne sauraient même pas le faire car elles n’ont pas les outils nécessaires. Elles n’écrivent aucune des langues qu’elles parlent : ni la langue de leurs ancêtres, ni la langue des Blancs. Mais si elles le faisaient, elles noteraient dans le journal, comme tout le monde, ce qu’elles font de leurs journées.

Toutes les phrases d’un journal intime commencent par le mot « aujourd’hui », je crois. Voici à quoi ressemblerait celui d’une mère au foyer qui a eu la chance de passer le cours moyen de 1ère année. Elle y marquerait les moments phares de sa journée.

Aujourd’hui, j’ai encore été violée par mon mari

Les hommes, de retour à la maison, se couchent très tôt, dorment profondément. Ils se réveillent aussi généralement vers 4 heures 30, pris par une violente sensation de fraîcheur qui a le don de les exciter. La femme, quand à elle, se couche plus tard. Cependant, elle est sollicitée par son époux à 4 h 30 du matin pour une partie de jambe en l’air. Trop fatiguée, car n’ayant pas assez dormi, elle est toujours tentée de refuser. Cependant, c’est sans compter sur la robustesse et la pugnacité d’un homme excité. Et hop, un autre viol à mentionner dans le journal intime.

Aujourd’hui, je me suis encore chamaillée avec mon mari à cause de la ration alimentaire

Après avoir fait usage de sa force, le gars lui jette ses 1350 FCFA et lui précise que c’est pour 2 jours, hein. Et re-chamaillerie, re-insultes à gogo, tous les mots possibles, afin qu’il passe la pire journée de sa vie. Elle le maudit et finit en pleurs, comme d’habitude. Mais, elle n’a aucun autre choix : elle a des enfants à nourrir et aucune autre source de revenus. Elle est obligée de les prendre, les 1350 FCFA. Au cas où ça ne suffirait pas, elle peut compter sur autre chose ou quelqu’un d’autre. C’est à chacune de voir.

Aujourd’hui, j’ai encore volé l’oignon au marché

Certaines mères au foyer finissent par se convaincre qu’elles n’ont pas d’autre choix. C’est hallucinant, le nombre de femmes qui se font huer dans les marchés. La kleptomanie n’est pas l’apanage des mères au foyer, mais ces dernières croient avoir des raisons de s’y adonner. D’ailleurs, qui dit que le fait de voler un oignon (qui coûte en moyenne 50 FCFA) au marché relève de la kleptomanie ? J’en ai marre de l’entendre. Le kleptomane subtilise inconsciemment des objets de moindre valeur, des objets qu’il peut s’offrir par lui-même. Les mères au foyer, elles, subtilisent consciemment l’oignon parce que les 1350 FCFA dont elles disposaient ont déjà servi à acheter les autres ingrédients de son repas.

Le soir au coucher, une mère au foyer qui tient un journal intime noterait qu’elle a encore du voler quelque chose, mais demanderait à Dieu de l’aider à mieux faire avec ce qu’elle a. Mama, qui dit qu’il faut à tout prix de l’oignon dans la soupe?

Aujourd’hui, un gars m’a extorqué 10 000 FCFA

Voilà! Elles se disent obligées de voler l’oignon. Cependant, elles donnent volontairement de l’argent aux bons parleurs qu’elles rencontrent sur la route. « Madame, vous avez marché sur du poison. Vous avez besoin d’être lavée et détoxifiée. Je vois que vous n’avez pas assez d’argent. Je vous prendrai juste 15000 FCFA pour le faire. Il en va de votre vie. » Le gars le dit avec tellement de cérémonie et de conviction qu’elle négocie à 10 000 FCFA, revient chercher l’argent sous le matelas, va lui remettre et attend qu’il aille chercher les produits pour la détoxifier. La mère au foyer, prise au piège, s’en rend compte quelques heures après car elle ne le revoit plus. Les escrocs de nos dames utilisent de nombreuses techniques tout aussi différentes qu’efficaces. Malheureusement, certaines dames se font avoir plusieurs fois.

Aujourd’hui, j’ai accidentellement versé de l’eau chaude sur ma fille

Après une matinée tendue à cause de la perte de ses 10 000 francs, elle manque de concentration et oublie que sa fille de 10 mois la suit partout dans la maison. Pour finir, l’eau chaude qui était destinée à la casserole de réserve se retrouve sur la tête de la pauvre petite. Et hop, au dispensaire du quartier.

Les accidents de maison sont très nombreux dans notre environnement. Nos maisons ne sont pas construites avec des dispositifs anti-accidents comme chez les Blancs. Nous, on construit seulement wassa wassa. On laisse tout traîner : de l’eau chaude à l’huile chaude, en passant par les produits ménagers, des petits objets et aliments solides, le pétrole, le gasoil, le ciment, les clous, le couteau, les fourchettes, et j’en passe. Tout est mélangé chez nous. L’enfant joue avec tout à la fois. Lorsqu’un accident survient, on dit que c’est normal que l’enfant se blesse de temps en temps, que ça fait partie de son éducation. Les allées et venues à l’hôpital font partie du quotidien d’une mère. A mentionner le soir au coucher.

Aujourd’hui, j’ai encore mis trop de sel dans le repas

Si une journée commence aussi mal : viol, chamaillerie, vol d’oignon, perte de 10 000 francs, eau chaude sur bébé, c’est clair que le repas sera finalement trop salé. Et papa va râler le soir de retour du boulot, surtout lorsqu’il recevra la visite de la voisine qui vient se plaindre du mauvais comportement de sa femme.

Aujourd’hui, je me suis encore chamaillée avec une voisine

Oui oui, une mère au foyer peut être calme et très enragée quand il le faut. Il n’est surtout pas question de laisser une autre femme se mêler un peu trop de ses affaires. Si tu veux voir de quel bois elle se chauffe, rapporte ce que tu l’as vue faire quelque part. Ses petites manies, celles que tu connais, garde-les pour toi !

Aujourd’hui, mon mari s’est encore mis en colère parce qu’il a trouvé les enfants tous sales

Lui aussi, il rentre à 19 heures. C’est clair que les enfants ne seront pas encore douchés. Entre le petit séjour à l’hôpital avec la dernière, le retour au marché pour remettre 10 000 FCFA à son escroc, le temps d’être huée au marché à cause du vol d’oignon, la petite chamaillerie avec la voisine, la mère au foyer n’a pas eu le temps de les doucher. Messieurs, il faut rentrer au moins à 20 heures si vous voulez trouver vos enfants propres !

D’ailleurs, j’ai vu que chez les Blancs (je veux dire dans leurs émissions), c’est le mari qui rentre le soir doucher les enfants. Dis donc !

Aujourd’hui, Monsieur a encore refusé de manger à cause de l’excès de sel

Oui, ça arrive tout le temps que le sel déborde. C’est le stress et la pression du faire vite. Il faut être clément Monsieur !

Voilà une journée comme les autres, d’où la récurrence du « encore ». C’est ce qui arrive aux mères au foyer pratiquement chaque jour. Il y a des jours un peu plus insolites, avec plusieurs autres événements à noter.

Aujourd’hui,

j’ai reçu une visite de mon beau-frère qui me drague carrément.

J’ai revu un ancien camarade de la classe de 5ème qui m’a avoué qu’il était et est encore amoureux de moi.

Je n’ai pas pu me coiffer les cheveux comme je le souhaitais, faute de moyens suffisants. Je vais devoir encore me coltiner cette tête de vieille fille.

Je n’en ai toujours pas appris davantage sur l’actualité liée au terrorisme, comme je me l’étais promis, pour surprendre mon mari pour une fois.

J’aurai souhaité aller prendre ce pot avec le voisin pour détendre un peu mes nerfs.

J’ai reçu un coup de fil de mon père qui m’a demandé à quand le mariage, vu que je vis le « viens on reste! » depuis 14 ans.

Aujourd’hui, aujourd’hui, aujourd’hui………ouf, le sommeil…


Triste, il était en manque d’amour d’une femme

Triste, oui il était devenu triste. L’amour l’avait quitté et il était redevenu cet homme horrible que j’avais connu. Recroquevillé sur lui-même, il regardait les autres avec condescendance. L’air supérieur et sûr de lui, rattrapant ses frasques avec audace, il avait toujours raison sur tout, jusqu’au jour où j’arrivai dans sa vie. Prête à lui donner raison sur tout pour lui plaire, je tentai de découvrir ce qu’il cachait au fond de lui. Je compris qu’il était juste en manque d’amour, pas d’une mère, ni d’un père, mais d’une femme.
Il avait grandi dans la campagne, où les femmes sont respectables et respectées, où les femmes ne volent pas de branche en branche telles des guenons… où les femmes sont des Femmes. Il y avait connu une femme, une vraie, qui l’aimait comme il était, sans chercher à tout le prix à le changer. Une femme qu’il avait malheureusement perdue. Ne dit-on pas que les bonnes choses ne durent jamais ?
Il s’était ensuite retrouvé dans ce monde dont les lois sont si dures et où les femmes ne jurent que par l’ « intérêt ». Il avait néanmoins choisi de rouvrir son cœur et s’était mis à aimer de nouveau, à m’aimer. Mais moi je l’avais déçu en me laissant malencontreusement aspirée par ce monde de débauche.
J’ai grandi dans ce monde-ci, où tout est calculé. J’ai eu l’habitude des relations de débauche. Je n’avais pas vu que, par mon comportement, je le faisais souffrir. Il avait choisi de me quitter et était alors redevenu triste, affichant malgré lui l’horrible et le pâle visage de la déception et de la solitude. Et il choisit une solution pour fuir définitivement la  souffrance. Non, il n’allait plus jamais souffrir. Il décida de mettre fin à ses jours et de quitter à jamais ce monde qui lui avait retiré ce qu’il avait de plus cher : sa foi. Il avait perdu foi en la vie et en ses bienfaits.
Et maintenant, c’est moi qui suis triste, d’avoir perdu un homme, d’avoir perdu l’homme, le vrai.


Cameroun : les droits successoraux de l’enfant naturel

A la mort d’une personne, l’enfant naturel est souvent victime des conséquences plus ou moins désastreuses des actes de ses parents. Le législateur a essayé de trouver un juste milieu entre l’intérêt de l’enfant et  la réparation d’un potentiel préjudice causé.

Définitions de notions

La filiation naturelle est la transmission de la parenté qui caractérise les enfants nés de parents libres, c’est-à-dire non mariés ni l’un ni l’autre, pouvant donc se marier a posteriori. L’historique de cette construction légale est disponible ICI.

La définition précédente traduit exactement la filiation naturelle dite simple. Il existe des cas où l’un des parents est déjà engagé dans un mariage. On parle de filiation naturelle adultérine. Les droits de l’enfant né dans cette condition sont différents. Il existe aussi des cas où les deux parents de l’enfant sont eux-mêmes proches parents, ceci à un degré proscrit. Sur le plan juridique, les relations intimes sont interdites en deçà du 4ème degré de parenté ou d’alliance. Pour le décompte des degrés de parenté, je vous renvoie ICI. L’alliance c’est le lien qui nous unit à la famille de notre époux. Un degré de parenté entre 2 personnes signifie un degré d’alliance entre l’une des 2 personnes et l’époux de l’autre. Lorsque les parents de l’enfant naturel sont parents ou alliés au 1er, 2ème ou 3ème degré, on parle de filiation naturelle incestueuse. Ce qui emporte des conséquences différentes.

En droit camerounais, les droits successoraux de l’enfant naturel sont réglés par les articles 756 à 765 du code civil napoléonien de 1804 applicable au Cameroun.

Condition légale pour succéder : la reconnaissance de l’enfant

L’enfant naturel ne vient à la succession de ses père et mère que lorsque sa filiation a été légalement établie. Concrètement, il doit avoir été reconnu par le défunt de son vivant. A l’égard de la mère de l’enfant, l’accouchement vaut reconnaissance, tout simplement. A l’égard du père, la reconnaissance passe par une déclaration écrite de celui-ci. Les droits successoraux de l’enfant naturel, par rapport à ceux reconnus à l’enfant légitime, sont très réduits et une distinction doit par ailleurs être faite entre l’enfant naturel simple d’une part et l’enfant naturel adultérin ou incestueux d’autre part.

Avant d’entrer dans le vif du sujet, il faut noter qu’à l’égard de la mère, l’enfant n’est ni naturel, ni légitime. Il n’est donc pas fait de distinction lors du partage de la succession d’une femme, entre ses enfants, nés dans un mariage ou pas. C’est à l’égard du père que ces notions sont évoquées pour distinguer le fils né de son ou de ses nombreux mariages de celui né en dehors d’un mariage.

La part successorale de l’enfant naturel

L’enfant naturel simple bénéficie, en présence d’enfants légitimes, de la moitié de ce qu’il aurait eu s’il eût été légitime. Ceci signifie que si le défunt laisse 4 enfants légitimes et un enfant naturel, les biens sont répartis en 5 parts égales. Les légitimes recueillent chacun tout d’abord un cinquième des biens. Le cinquième restant est divisé en deux parts égales : la moitié est attribuée à l’enfant naturel et l’autre moitié redistribuée entre les enfants légitimes.  Le calcul serait le même quand bien même on aurait un seul enfant légitime et 10 enfants naturels. L’enfant naturel simple bénéficie des trois quarts de la succession lorsque le défunt ne laisse pas d’autres descendants, mais bien des ascendants, des frères ou sœurs ou des descendants légitimes de ceux-ci. Enfin, il a droit à la totalité des biens lorsque le défunt n’a laissé aucun des héritiers précités. Il ne dispose cependant de droit que sur la succession de ses père et mère, à l’exclusion de tout autre parent.

L’enfant naturel adultérin ou incestueux est frappé d’une incapacité de recevoir à titre gratuit. Il ne peut lui être fait aucune donation entre vifs (de son vivant) ou par testament. La loi ne lui accorde que des aliments sur la succession de son géniteur. Cette prescription légale a été instituée pour décourager d’une part les personnes mariées coupables d’adultère ; d’autre part les mariages au sein de la famille comme dans l’antiquité et le moyen âge. Les dirigeants ont déclaré dès les temps modernes que c’était immoral d’épouser sa nièce. De plus, avec l’évolution de la médecine, on a découvert que certaines maladies osseuses dites orphelines telles que la fibromyalgie et génétiques sont la conséquence du degré très proche de parenté entre les parents de l’enfant. Mais, jusqu’à quel degré donc?

A titre de droit comparé, le code civil français a évolué jusqu’à l’abolition de la distinction entre les enfants légitimes et ceux naturels lors de la détermination des héritiers. L’article 733 du Code civil français, issu de la loi n° 2001-1135 du 3 décembre 2001 relative aux droits du conjoint survivant et des enfants adul­térins et modernisant diverses dispositions de droit successoral, dispose désormais : « La loi ne distingue pas entre la filiation légitime et la filiation naturelle pour déterminer les parents à succéder ».



Grossesse, quand tu nous sauves

La grossesse n’est pas facile à supporter. Cependant, elle peut nous tirer de diverses situations ambiguës.

C’est vrai, je dis tout le temps que la grossesse fout les boules. Nausées matinales, pieds enflés, reins en miettes, prise de poids souvent astronomique. Mais, comme tout ça doit durer 9 mois, autant essayer de vivre sa vie et de profiter des avantages que ça peut procurer.

A la banque, lorsque tu trouves un rang kilométrique – chez nous, on ne prend pas forcément rendez-vous comme dans le pays de Benjamin Yobouet hein – tu n’as pas à attendre car on voit clairement que ton ventre te précède. « Madame, venez par ici! Je vous reçois tout de suite. » De quoi faire des jaloux.

A la préfecture, sous un soleil virulent, avec des dizaines de documents à la main, tu peux recevoir la pitié des autres personnes alignées qui te laissent passer devant elles. Une femme enceinte qui ne cède pas à la paresse et continue de résoudre ses problèmes, c’est encourageant.

A la poissonnerie, les gens sont alignés, des assiettes de poisson à la main, attendant de les faire peser pour en payer le prix. Lorsque tu veux te décourager, tu es interpellée par un vendeur qui respecte les consignes du chef. Les femmes enceintes ne doivent jamais attendre dans les rangs.

A la pharmacie, tu es reçue en priorité. Une femme enceinte et malade, vaut mieux pas la faire attendre. On ne veut surtout pas la voir perdre les eaux devant nous.

A l’école, lorsque tu veux rencontrer un directeur, proviseur, principal de l’établissement où vont tes enfants, il te reçoit sans te crier dessus. Faut préciser que chez nous, il n’est pas évident de rencontrer le chef d’un établissement scolaire. Ce dernier préfère éviter les contacts avec les parents d’élèves pour ne pas avoir à répondre à leurs questions sur le coût de plus en plus élevé de la scolarité. Donc, lorsque tu te pointes avec un ventre qui parle pour toi, sa secrétaire sent qu’elle est obligée de t’annoncer et de préciser à son boss : « patron, elle est enceinte hein, humm. »

A la boulangerie, lorsque tu commences à grogner parce tu n’es pas encore servie, tu entends tout juste une voix venant de quelque part : « s’il vous plait, donnez à la femme enceinte là ce qu’elle veut! Ne lui faites pas perdre les eaux ici! »

Lorsque tu portes une lourde charge, dans cette société où les mœurs sont de plus en plus corrompues, tu as au moins la chance d’être soulagée de ta charge, même par un inconnu.

Bref, pendant la grossesse, partout où tu vas, tu as le sentiment de n’entendre que cette phrase : « les femmes enceintes d’abord ».

Cependant, chez le gynéco, tu es obligée de t’aligner comme les autres car tu as en face de toi des femmes enceintes, comme toi.

J’ai tellement profité des états de grossesse que ça me manque des fois. Comme le hasard a fait que j’ai un ventre plutôt volumineux depuis mon dernier accouchement, je n’hésite pas à en profiter, et même à le rappeler à qui fait semblant de ne pas le voir. Partout où il faut attendre que les autres soient servis, je crie haut et fort : « laissez-moi passer! Ne voyez-vous pas que je suis enceinte ? ». Là c’est l’aspect cool de la chose. Ce n’est plus cool du tout lorsque tu tiens ton bébé de 8 mois dans les bras et qu’on te demande comment tu peux déjà être à nouveau enceinte alors que ton bébé est encore si petit. Là, tu comprends que tu as plutôt intérêt à avoir un petit ventre si tu n’es pas enceinte et d’en avoir un bien gros si tu l’es.

 


Je rêve de grandeur

Parmi les rêves que je fais régulièrement, il y a celui-ci : mon mari a 1m80, est très riche et mon fils a 35 ans. Je suis folle hein? c’est pas grave. Je raconte quand-même mon rêve.

Dans la vie, il y a les rêves qui se réalisent et ceux qui ne se réalisent pas. Mon rêve d’avoir un mari qui mesure 1m80 est irréalisable car à son âge, la taille ne peut certainement pas faire un grand bond. C’est possible d’être très riche s’il arrête enfin de faire le sassayé avec l’argent de notre ménage. Le rêve d’avoir un fils de 35 ans est réalisable si j’ai la patience nécessaire. Si j’ai toutes ces visions dans le même rêve c’est que je rêve de grandeur. Ah oui, j’aime voir les choses en grand, dans tous les sens du mot.

Je rêve d’une vie avec un homme d’1m80…

Je vous assure que c’est aussi le rêve d’une bonne partie de la gent féminine. Un homme grand de taille, ça donne l’impression de dominer le monde. On fait des envieux lorsqu’on entre dans une salle de cérémonie. Moi, je suis obligée de me coltiner l’homme de petite taille que j’ai épousé. Je suis coincée dans des ballerines à ne pas vouloir paraître plus grande que lui. « Mais, chérie, pourquoi ne mets-tu pas les chaussures à talons que je t’ai offertes l’autre jour? ». « Non, chéri, j’ai mal à la cheville, je ne pourrai pas supporter les talons ». S’il savait combien je déteste paraître plus grande que lui!

… de surcroît riche

Qui n’aime pas l’argent? Qu’est-ce qui gouverne le monde? Mon homme fait partir d’une catégorie d’hommes qui claquent leur argent dans les jeux de pari. Le pari sportif est son nouveau passe temps. Pendant ce temps, je vais à pied au marché tous les jours. Des fois, lorsque je traverse la route, je risque de me faire écraser par une jolie Toyota Avensis, la voiture de mes rêves. Qui je vois en sortir ? Une voisine mère au foyer comme moi. Elle fait un quart de tour, gare sa voiture aux abords du marché et entre faire ses achats de la semaine. Toute médusée, je regarde ébahie jusqu’à ce qu’elle ressorte, mette ses sacs dans la malle arrière avant de s’installer au volant et de démarrer en trombe. Je l’avoue, j’en suis jalouse. C’est ainsi que toutes les nuits, je suis obligée de rêver que mon homme me sorte de cette galère. Je rêve de goûter tous les plats de nourriture présentés dans les émissions de cuisine comme les émincés de quelque chose… je me refuse de retenir la suite pour ne pas sombrer dans la dépression. Est-ce ma faute?

Je rêve du jour où mon fils sera grand

Pourquoi suis-je pressée? Pourquoi ne pas savourer tous les moments que je passe avec lui dans les bras avant qu’il n’atteigne l’âge de ne plus être porté ? Pourquoi suis-je si pressée de le voir passer par l’adolescence, cet âge où l’enfant devient incontrôlable et se comporte de façon à donner le tournis ? Eh bien, j’ai hâte que quelqu’un me souhaite enfin « bonne fête ». Je ne reçois jamais de joyeux anniversaire, ni de bonne fête de la femme, ni même de bonne fête des mères. Chaque année à l’approche de ces 3 événements, je me dis que ce sera la bonne, que cette année-ci, quelqu’un se souviendra de moi. Mes frères peut-être, mon père ou mon mari! Non, rien, personne. C’est surprenant n’est-ce pas?

La raison n’en est pas que les hommes oublient de souhaiter ces événements, mais qu’ils les souhaitent surtout à une personne particulière : leurs mères. Faut voir sur les réseaux sociaux à quel point les hommes encensent leurs mères à l’occasion de la fête des mères. Maman travaillait dans un boîte de nuit, dormait toute la journée et ne s’est par conséquent pas occupée d’elle-même de ses enfants : maman était une femme extraordinaire, elle s’est battue toute sa vie pour que nous puissions manger et aller à l’école. Maman fouettait si fort qu’on en a encore aujourd’hui des cicatrices sur tout le corps : maman était une femme formidable, elle a tout fait pour que je ne devienne pas un voleur.

A l’occasion des fêtes de la femme dans mon foyer, je faisais souvent ce reproche à mon époux de ne mot dire, sa façon à lui de dire que cette fête n’a de sens que de pousser les femmes à se dévergonder le temps d’une journée avec un uniforme avilissant qui sert seulement les intérêts de la classe dirigeante. Mais un jour de 8 mars, je le surprends entrain de téléphoner à sa mère pour lui souhaiter une bonne fête et lui demander si la robe qu’il lui a fait faire avec le fameux uniforme lui va bien.

Là je me suis dit qu’un jour, mon fils aussi sera grand et enfin je recevrais cette attention que je réclame finalement à tort à mon mari.

Lorsque mon fils sera grand, il me souhaitera un joyeux anniversaire, une bonne fête de la femme, une bonne fête des mères, ……… m’achètera la voiture que je n’arrive pas à obtenir de mon mari et……… me fera manger ces fameux émincés de quelque chose, j’ai oublié la suite.

 


Mes profils de marabouts 2.0

J’ai été interpellée par le billet de Christine Djafa. En matière de dérangeurs du net, il y a 2 types de profil que j’ai l’impression de rencontrer tout le temps : celui des dragueurs de l’invisible et celui des fausses filles sympathiques.

Les dragueurs de l’invisible

Ces gars arpentent internet pour traquer les filles naïves en manque d’amour. Leur cible est constituée surtout, c’est mon point de vue hein, de filles nouvellement inscrites sur les réseaux sociaux. J’en rencontre régulièrement sur Facebook, vu que j’ai mis comme photo de profil une vieille photo où je suis toute mignonne et naïve. La plupart du temps, le gars entame la conversation avant même de cliquer sur ta liste d’amis pour voir qu’en réalité, tu n’es pas une petite nouvelle. Ça donne souvent ceci :

-un dragueur : bsr princesse, tu es très jolie, tu me plais bcp.

-moi : bsr   (puis silence!)

-lui : Alllooooo, tu es là? Réponds-moi stp! Je voudrais vraiment faire plus ample connaissance avec toi. Tu as kel âge stp? (Je fais 20 ans sur ma photo de profil hein, souvenez-vous en!) Moi, je suis âgé de 28 ans. Je suis célib. Et je rêve déjà de faire de toi la femme de ma vie.

-moi : tu veux faire d’une inconnue la femme de ta vie? Internet va tt ns montrer finalement. Pr répondre à ta kestion qd même, je suis âgée de 31 ans, je suis mariée et j’ai 2 enfts. En plus, si tu me rencontrais en route, tu ne me reconnaitrais même pas. J’ai kelke kilo de plus ke sur ma photo de profil.

Entretemps, il va faire un tour sur ma liste d’amis et se rend compte que j’en aurai bientôt 5000. Oups, il vient de réaliser qu’il n’a pas affaire à une nouvelle sur facebook.

-lui : Je vois ke tu es encore naïve hein. Keske ça peut faire ke tu sois mariée ou ke je ne te reconnaisse pas si je te vois en route? On te parle de choses de grands, toi tu parles de mariage. Si tu es mariée, keske tu fais sur le net à 2 h du mat? (Mireille d’autrui est entrain de terminer un billet pour Mondoblog). Tu veux me dire ke tu n’as jamais trompé ton mari? Nous n’avons pas besoin de petite fille ici. Vas-t-en stp! Tsuiiiip!

Je ne sais pas pourquoi il se met en colère, ou même s’il est en colère ou il fait semblant, mais ça vaut mieux ainsi. Tsuiiiip aussi!

Les fausses filles sympathiques

Ce sont ces profils avec pour photos des filles hyper canons. On en rencontre de nombreux comme ça avec des photos de nombreuses stars féminines d’Hollywood comme photos de profil. En réalité, ce sont des garçons qui se cachent derrière ces profils. Ils guettent les proies facilement manipulables d’Internet. Ils s’adressent surtout aux filles et commencent par vouloir être leur correspondante et souhaitent des échanges platoniques. La fille du profil réside en Occident. Dès que l’amitié est bien ficelée, elle vous propose des produits en vente qui vous seront livrés sur place au pays par son ami qui est en réalité le gars du profil.

Attendez, ça pourrait donner ceci avec moi :

-la fausse fille sympathique : salut, je suis Natasha L’oiseau, française, 20 ans, en Licence 3 de Droit à L’université de Paris I Panthéon-Sorbonne (les gros noms quoi, dont tu rêves depuis que tu es entrée au lycée). Je voudrais devenir ton amie afin de pouvoir effectuer des échanges dans le cadre de mes études. Enchantée.

-moi : (mon profil affiche une photo de mes 20 ans) Mireille Flore Chandeup, 20 ans, licence 3 de Droit à l’université de Douala. Enchantée aussi.

-elle : waouh! C’est la providence qui m’a guidée vers toi alors…

… après une semaine de correspondance…

-elle : comme je te l’ai dit, si tu as réuni les fonds pr te lancer ds le commerce dè pagnes, j’ai un ami camerounais ki va régulièrement au Bénin. Tu as de la chance kil peut te faire kelke achats là bas pr ke tu puisses faire directement de meilleurs bénéfices. Je te passe son n°, il est actuellement au Bénin mais il est en roaming, çà passe.

Au téléphone avec l’ami camerounais qui se trouve actuellement sur le sol béninois : « oui, Mireille, je suis ravie de faire ta connaissance. Natasha m’a expliqué ton problème. Pour ne pas que je rentre au pays et que tu sois obligée d’attendre mon prochain voyage, tu peux faire un dépôt d’argent dans mon compte dans les livres de Bank of Africa Cameroon. Je retire cet argent dans mon compte dans les livres de la Bank of Africa Benin. Je vais effectuer tes achats et on se voit dans 2 semaines à mon retour… »

Je vous laisse imaginer la suite…  les victimes de ces faux profils sont hélas nombreuses. Tout comme celles de ces autres faux profils qui se font passer pour des membres de gouvernement du pays, les secrétaires particuliers des ministres et assimilés, directeurs généraux, personnes publiques, et bien d’autres.

Maintenant, lorsque je suspecte un de mes correspondants du net d’être un de ces faux profils, je le laisse dévoiler ses cartes et puis, je lui sers le bon vieux discours du croyant :

« Mon frère, j’espère que tu es assis. Si non, assieds-toi et sois prêt car Dieu va te frapper tout de suite. Il te fera prendre quand tu t’y attendras le moins. Marche désormais en regardant autour de toi! Je ne te connais pas, mais Dieu, lui te connait. Il sera sans pardon pour toi. »

Et vous ? Quels sont les profils de marabouts 2.0 sur lesquels vous êtes déjà tombés sur Internet ?

Merci à notre Community Manager, Christine Djafa, allias tata Twitter !

 

 

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Une journée en enfer : réconciliation avec ma belle-mère

Répudiée par ma belle-famille, bien que athée, je sens qu’il faut faire appel à Dieu pour me tirer d’affaire.

En matière de croyance divine, il existe plusieurs catégories de personnes : ceux qui croient en Dieu et l’affirment haut et fort, ceux qui croient mais n’osent pas le dire parce qu’ils ne respectent aucun précepte biblique, ceux qui ne sont pas sûrs d’avoir besoin de croire en Dieu, ceux qui ne croient pas mais disent le contraire pour ne pas recevoir les foudres de la société, ceux -moins nombreux- qui ne croient pas et le font savoir fermement. Je faisais partir de cette dernière catégorie dite des athées jusqu’à ce je me retrouve dans les griffes de ma belle-famille.

Je me retrouve malgré moi chez ma belle-mère, réunion familiale oblige. Je refuse de m’en aller comme il me l’a été demandé, toujours sans mot dire. Et je me dis que si je me mets au travail tout de suite, on me pardonnera mes erreurs passées. Oui, chez nous, c’est une erreur -et je le comprends tout juste- de croire qu’on peut vivre sans se soucier de la belle-famille et de son influence sur son couple. La belle-famille te pourrit la vie par des rapports, mensonges, techniques avancées de manipulation et autres. Je découvre en prenant de l’âge qu’il vaut mieux faire semblant de se plier à ses volontés pour maintenir son couple dans la stabilité.

Être maman d’un garçon a tout bousculé dans ma tête

maman de garçon, via pixabay.com

En fait, depuis que je suis maman d’un garçon, j’ai beaucoup réfléchi. Le garçon est plus capricieux, t’oblige à prendre plus soin de lui. Il te suit partout où tu te rends, en pleurs. Il ne veut être porté que par sa maman. Un tel attachement rend la mère plus attachée à lui. Le jour de la circoncision, il pleure tellement que toi, maman, tu te demandes : « après tout ça, une arriviste viendra me manquer de respect ? ». Je commence à me poser cette question, en temps que mère. C’est la raison pour laquelle j’ai décidé de me rapprocher de ma belle-mère et de lui faire comprendre peu à peu que je respecte tout ce qu’elle a enduré sur mon mari afin qu’il devienne cet homme que j’aime aujourd’hui.

Ceci dit, face à toutes les attaques verbales de ma belle-famille, je suis muette comme une carpe. Il avait été décidé avant mon arrivée de concocter du kondrè, rôti de plantain très prisé chez nous lors des regroupements de tous genres. Je décide alors de me mettre à éplucher le plantain que j’ai aperçu dans la cuisine. Au bout de trois plantains épluchés, je suis stoppée nette par une série de reproches. Je suis gauchère et je n’avais pas encore eu l’occasion de découvrir que c’était une tare.

« Donc tu es gauchère. C’est un sérieux problème pour l’éducation des enfants. Comment leur feras-tu comprendre qu’il n’est pas bon d’utiliser la main gauche? Les gauchers ne vont pas bien loin dans la vie. Comment peux-tu faire la cuisine de la main gauche ? Comment vas-tu réussir l’assaisonnement du repas de la main gauche ? Ma fille, être gaucher c’est comme être handicapé. Je n’ai jamais souhaité avoir une belle-fille handicapée. Je comprends pourquoi tu te caches depuis tout le temps que tu es mariée à mon fils. »

Je demande pardon à Dieu

amour de Dieu, via youtube.com
amour de Dieu, via youtube.com

Venir invoquer Dieu maintenant est-il mal ? Je me rappelle alors tous les enseignements de mon amie Priscille Seing, témoin de Jéhovah. Elle me dit toujours que Dieu est bon et miséricordieux. Il pardonne à tous ceux qui décident de lui faire confiance maintenant et de remettre en lui leur vie. Pour lui, il n’est jamais trop tard. Devant tous les reproches de ma belle-mère, je décide de m’en remettre à Dieu pour m’aider à lui faire comprendre qu’être gaucher n’est ni une maladie héréditaire, ni un handicap. Dieu me fit avoir une vision lointaine. Je me remémore soudainement des propos de mon mari qui m’a dit il y a 9 ans lorsque Nicolas Sarkozy arrivait à la tête de la France que sa mère était fascinée par ce candidat juste parce qu’il est gaucher et qu’elle était très surprise de voir qu’un gaucher pouvait aller si loin. Et que un an après, elle avait été fascinée par le candidat Obama à la maison blanche parce qu’il était noir et par dessus tout gaucher. Je décide qu’une fois qu’elle serait calmée, je lui en parlerai.

Devant ce reproche d’être une gauchère, je ne dis toujours mot et je continue d’éplucher le plantain. Puis j’entame la cuisson. Pendant que je surveille ma marmite sur le feu, je décide d’aller parler à ma belle-mère. Cette dernière se révéla moins sévère que je ne l’avais toujours pensé.

-Moi : maman, dis-moi! tu connais Nicolas Sarkozy et Barack Obama?

-Elle : bien sûr que oui.

-Moi : tu sais qu’ils sont gauchers n’est-ce pas ?

-Elle : oui oui, je m’en souviens justement

-Moi : Voilà deux gauchers qui sont allés bien loin, maman !

-Elle : Mais, c’est là-bas, aux pays des blancs. Il savent éduquer l’enfant, le guider vers ses désirs et ses souhaits et faire de lui un Président.

-Moi : Et que dis-tu des présidents africains ? Abdoulaye Wade, l’ancien Président du Sénégal, est gaucher…

-Elle : Ma fille, les présidents africains sont des enfants qui ont été élevés dehors, ou qui ont fait des études supérieures dans les pays des blancs. Je te le dis, ma fille, un enfant gaucher n’a aucune chance chez nous. Il subit trop de stigmatisation pour pouvoir élever la réflexion et comprendre de lui-même que ce n’est pas une tare. Avec une maman gauchère, ça n’arrange pas les choses pour lui. Je te le dis, tes parents auraient du t’apprendre à être droitière. Ne permets pas à mes petits enfants d’être gauchers !

A cet instant, je me souviens que le sage est prompt à écouter et lent à réagir. J’estime que c’est Dieu qui m’inspire ainsi hein. Je décide d’acquiescer aux derniers propos de ma belle-mère. Aujourd’hui, de longs mois après cette journée, comme j’aurai aimé lui répondre et lui dire que ma fille aînée est droitière, que je lui apprends tout de même ce qu’est la stigmatisation afin qu’elle considère comme normaux ses camarades de classe gauchers, que mon fils cadet sera peut-être gaucher et que sa sœur aînée sera là pour lui dire qu’il est un enfant normal. Bref,  ce jour de réunion familiale, j’ai préféré me taire pour ne pas être taxée d’intellectuelle d’aujourd’hui qui croit qu’avoir parcouru 100 villages -grâce à Internet hein- vaut un siècle de vie sur terre.

Paroles de sage

A la fin de la journée, après la fameuse réunion familiale et alors que je m’apprêtais à effectuer le chemin du retour, ma belle-mère me prit à part et je l’ écoutai avec attention.

« Ma fille, une belle-mère, ça ne mord pas. C’est naturel chez une mère de vouloir ce qu’il y a de mieux pour son fils. Tu le comprendras lorsque ton fils se mariera. Peut-être que toi -avec le sourire-, tu voudras choisir son épouse pour lui. Ce que je n’ai pas fait. Sois très sage ! J’attendais juste de toi que tu me respectes, me passe le bonjour de temps en temps, que tu me racontes ce que mon fils devient. D’ailleurs, est-il toujours aussi capricieux? Aime-t-il toujours autant le couscous de maïs à la sauce gombo? Aime-t-il toujours manger le torse nu? Comprends-tu ma déception de ne plus pouvoir rien savoir sur mon fils? »

 Que celui qui a des yeux pour lire lise !

Tout le meilleur à toutes les belles-mères !

 

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Un vendeur atypique


Ce vendeur d’insecticides au langage mielleux surfe sur la grande sensibilité des femmes et leur promptitude à effectuer des achats pour se défaire d’un produit sans aucune efficacité, ni utilité.

Il est un rituel (parmi plusieurs) chez une mère au foyer : partir à pieds pour le marché en prenant des chemins des plus tortueux pour éviter de passer trop près d’une voie goudronnée à grande circulation. Natasha fait partie de ces femmes qui passent plusieurs heures de la journée à faire le marché et la cuisine.

C’est un matin de samedi ensoleillé. Lorsque Natasha arrive au marché, elle est si épuisée par ses 45 minutes de marche qu’elle s’assied sur le 1er tabouret qu’elle aperçoit. C’est le tabouret d’une vendeuse de banane plantain qui lui fait aussitôt savoir que ce tabouret est posé là pour celles qui veulent effectuer un achat. Elle acquiesce en hochant simplement la tête. Une fois reposée et alors qu’elle s’apprête à se lever, un homme vient poser une table devant elle. Il pose deux tableaux sur ladite table. Des cadavres de souris secs étaient collés sur l’un des tableaux, tandis qu’une chauve-souris vivante mais affaiblie se débattait sur l’autre tableau…

La vue d’une chauve-souris n’est jamais anodine. Elle annonce toujours un événement lié de très près à la mort. Elle fait partie des animaux porte-malheur à abattre à tout prix. Le vendeur savait que ça drainerait des foules car tout le monde vient faire ses achats pour plusieurs jours, voire pour la semaine. Les questions commencent à fuser dans tous les sens. Le vendeur sourit car il sait que sa cible mort à l’hameçon.

-Natasha : « Est-ce une vraie chauve-souris ? »

-Le vendeur : « Oui ma sœur, c’est une vraie chauve-souris »

-Elle : « Où a-t-elle été arrêtée ? »

-Lui : « Sous le comptoir d’une femme au marché d’Abobo »

-Elle : « Avec quoi l’a-t-on arrêtée ? »

 Elle a posé la question à laquelle toute la mise en scène devait conduire. Nous sommes au marché d’Adjamé, le plus grand marché de notre chère Abidjan. Un marché bouillonnant de femmes frileuses d’histoires saugrenues comme celle de notre vendeur vedette, une chauve-souris qui aurait été arrêtée sous le comptoir d’une vendeuse au marché d’Abobo. Le temps de la vérification, d’Adjamé à Abobo, la manipulation et le mensonge auront porté leurs fruits. En réalité, toutes les dames présentes se sont posées la même question à voix basse : avec quoi a-t-on arrêté la chauve-souris ?

Le public-cible de notre vendeur, les femmes, est prompt à acheter à chaque fois qu’on présente les choses de façon aussi spectaculaire. Devant l’impatience des dames encore plus nombreuses qu’il y a 5 minutes, le vendeur sourit et dévoile sa recette attrape chauves-souris.

« Mesdames, découvrez ici le super produit que je vous propose ce samedi ! C’est un insecticide très puissant. Il élimine cafards, souris, moustiques, abeilles, fourmis. C’est un comprimé qu’il faut écraser avec du hareng saur et le répandre sur une surface définie. Dès que le visiteur indésirable se pose sur ladite surface, il est immobilisé par le produit, exactement comme vous le voyez avec cette chauve-souris. J’ai déjà fait le tour de plusieurs marchés dont celui d’Abobo où j’ai attrapé cette chauve-souris devant des témoins. J’y ai vendu le comprimé à 500 francs, mais je vous le laisse ici à 200 francs car je vois bien que vous êtes plus intéressées que mes acheteuses du marché d’Abobo. Il ne m’en reste plus assez. Dépêchez-vous de prendre votre comprimé avant que je ne sois en rupture de stock ! »

Le vendeur le sait. Les femmes achètent plus lorsqu’elles se savent uniques et privilégiées. Il utilise la bonne ruse du produit moins cher et en rupture de stock. Sa technique marche très bien. Les femmes se ruent sur lui telles des abeilles et le dévalisent de tout son stock. Comme tout bon manipulateur, il sait qu’il doit rapidement lever le camp avant d’être démasqué.

Natasha a acheté quelques comprimés dudit insecticide. Soudain, elle réalise qu’elle a besoin d’informations supplémentaires sur l’utilisation du produit. Doit-on ajouter de l’eau ou quelque chose d’autre au mélange du comprimé et du hareng saur écrasé afin qu’il puisse coller la proie sur le tableau telle la chauve-souris du vendeur ? Si non, le produit a-t-il des propriétés de colle forte ? Hélas, le vendeur est déjà parti chasser ailleurs. Il n’y a plus personne pour répondre aux questions de nos acheteuses excitées. Pauvre chauve-souris sacrifiée pour les besoins de la cause !

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Le meilleur des insultes entre partenaires de vie

Entre partenaires de vie, dur dur de ne pas péter les plombs, n’est-ce pas ? Il est des moments où la vie devient pesante et on commence à tenir l’autre pour responsable. Lorsque la mauvaise humeur atteint son paroxysme, comme il devient plaisant de vivre les moments qui suivent…

Les insultes entre partenaires ne sont généralement pas proférées méchamment. C’est juste des phrases choc choisies exprès pour booster l’autre et le faire réfléchir à son comportement ou à son laxisme. A la fin, le résultat obtenu est celui escompté. Ce qui est donc bien c’est que le couple en sort plus uni qu’avant.

Personnellement, j’ai vu des couples, y compris au cinéma, résister à çà :

1- De l’homme à la femme

Les hommes sont souvent moins disants par la bouche. Cependant, lorsqu’ils s’y mettent, ils savent choisir ce qui va faire effet

– Tu es une bordelle

C’est sûr que si un homme te considère comme une bordelle, je parle de ton homme de maison hein, pas des aventuriers, il ne te touche plus jamais. Donc, s’il te traite de bordelle, c’est qu’il veut te secouer un peu, c’est tout.

– Tu ne me mérites pas

Les filles aiment penser qu’on doit continuer de les mériter toute la vie. Le gars qui dit cette insulte à une fille sait forcément qu’elle le prendra mal.

– Tu ne ressembles plus à rien

Aaah ça, c’est fort. Les filles plus que les mecs redoutent le changement de leur physique et les conséquences sur leur vie de couple. Si une fille se prend un peu trop la tête, tu utilises ça pour la remettre à sa place. Elle va se calmer à coup sûr.

– Tu es une femme sale

Affaire de propreté là, les filles aiment qu’on dise d’elles qu’elles sont propres. Les gars l’ont compris depuis et peuvent l’utiliser comme une arme.

– Tu n’es pas une vraie femme

Je ne sais toujours pas ce qu’est une vraie femme. Mon meilleur ami me dit qu’une vraie femme est souriante tous les jours avec la famille, les amis et connaissances de son mari (!). De plus, j’ai entendu un mari un jour dire à sa femme qu’elle n’était pas une vraie femme parce qu’elle accouche par césarienne (!)… But atteint : la faire réfléchir.

2- De la femme à l’homme

Lorsque les femmes s’y mettent, elles veulent sur le moment te faire faire une attaque, même si par la suite la réconciliation est au rendez-vous.

– Tu es un gros fainéant

C’est le 1er réflexe lorsque tu mets ta femme en colère. Petite colère, allez, hop, gros fainéant. Elle s’en fou.

– Tu es un pauvre

Elle supporte depuis plusieurs années une pauvreté qui disparaîtra à coup sûr. C’est ce qu’elle croit. Elle est constamment à bout de nerfs et attend le moyen de rappeler à son mari qu’il est un pauvre. Oui, pauvre c’est une insulte forte chez les femmes.

– Tu as un petit engin

C’est comme ça qu’une fille pousse le vice un peu plus loin. Cette insulte-ci, c’est lorsque tu te prends pour un petit dieu, lorsque tu te crois plus beau que la moyenne et que tu as osé lui dire qu’elle ne te mérites pas.

– J’ai couché avec tous tes frères

Malheur à celui qui est pris en flagrant délit d’infidélité avec une sœur de sa femme, il recevra une dose adulte d’insulte. Bien, mon cher époux, je te surprends avec ma sœur, mais toi sache que j’ai couché avec tous tes frères. Demande-le leur!

– Tu n’es pas le père de mes enfants

Alors là, c’est la cerise sur le gâteau. C’est ce à quoi a droit le mari qui ose dire que sa femme pourrait partir librement parce qu’elle lui a au moins fait des enfants. Donc, madame, pour se venger, lui demande de quels enfants il parle, de ceux-là qui ne sont pas les siens ? Pour bien remuer le couteau dans la plaie -on sait qu’on s’en va- elle te demande si avec un si petit engin, tu croyais vraiment que tu la faisais prendre son pied au point de vouloir faire des enfants avec toi.

Pendant qu’on prononce ces mots, on croit que c’est fini, qu’il n’y a plus rien à sauver…mais on se réconcilie. C’est la magie de l’amour.

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Une journée en enfer (1)

L’enfer pour moi, et pour la plupart des femmes mariées, c’est de séjourner dans sa belle famille.

En Afrique, le mariage signifie 9 mois sur 12 chez soi et 3 mois chez la belle-mère. L’épouse doit être prête à voyager. Au claquement de doigts de la belle-famille, elle doit répondre présente. C’est avec la belle-mère qu’on est mariée en réalité. Elle connait souvent mieux sa belle-fille que le mari lui-même. Lorsqu’on fait un décompte des heures passées avec elle, on se rend compte qu’elle ravie la médaille à son fils. Pas que celui-ci ne soit pas d’accord, mais qu’il est trop aimable pour dire non à sa chère maman. Avant même que le mariage ne se fasse, la femme est envoyée en formation chez sa belle-mère pendant souvent plusieurs années. Lorsque je dis formation, ce n’est pas une métaphore; c’est une réelle formation. La fille est censée  ne rien connaître. Sa mère n’a rien foutu depuis sa naissance et c’est à sa future belle-mère de faire tout le travail.

Adolescente, je m’étais jurée que ça ne m’arriverait jamais, d’être obligée de passer presque toute l’année chez ma belle-mère, à la seule demande de celle-ci. Je voyais mes sœurs ainées faire des allers-retours réguliers dans leurs belles-familles et revenir avec les nerfs à vif. 3 mois, 3 longs mois à supporter les reproches et les railleries de toutes sortes. Si tu es droitière et que tu as le malheur que ta belle-mère est gauchère, tu dois apprendre à tout faire comme elle, de la main gauche. Alors moi, je m’étais dit que je n’aurai pas à subir tout çà car j’allais forcément avoir un boulot qui me permettrait d’échapper haut la main aux vacances chez la belle-mère.

J’avais toujours fait croire à ma belle-mère que je ne pouvais pas venir passer les vacances avec elle jusqu’à ce qu’elle initie une réunion familiale annuelle pour regrouper toute sa descendance. Je fus moralement contrainte d’y assister au nom de mes enfants. J’allais me retrouver à court de prétextes pour une réunion prévue un samedi, normalement jour de non travail. Je fis donc mes prières et partis de chez moi avec les enfants vendredi dans la nuit pour y arriver vers 5 heures du matin après 6 à 7 heures de route. Objectif clair : juste une journée en compagnie de ma belle-famille. Je ne devrais pas en mourir. Cependant, j’ignorais que tout le monde savait que mon fameux travail était une invention de mon esprit de femme qui redoute une seule seconde en compagnie d’un membre de la belle-famille.

A peine mes pieds avaient foulé le sol de sa demeure qu’un air glacial m’envahit soudainement et me figea pendant une trentaine de secondes. Elle avait prononcé des mots que je ne redoutais pas. Je n’avais pas mal compris. Elle venait bien de me demander si j’ai pu me libérer de mon travail, non sans le ton moqueur et méprisant qui la caractérise. Je compris de suite que mon séjour n’allait pas être de tout repos. Le bébé que je portais oblige, je dus me dessouder du sol pour m’empresser de chercher une âme aimable pour alléger mes bras et mon épaule. J’avançai vers elle en lorgnant la porte d’entrée de la maison restée entrouverte, dans l’espoir de voir quelqu’un -n’importe qui au point où j’en étais- sortir. Quelqu’un qui viendrait faire cesser ces minutes de traversée du temple du mal lui même.

Une silhouette se dessina peu après sur le seuil de la porte. Avant que je ne pus jubiler de ne pas être obligée de répondre à la question que ma belle-mère venait de me poser, je vis le visage de ma belle-sœur, la 1ère d’une fratrie de 14. Elle a été élevée à la dure par sa mère et a fini par être son portrait craché en tous points. Je sus en la voyant que le couteau  serait remué dans la plaie de façon à la laisser bien béante. « Mais, que fais-tu ici? N’as-tu pas dit que tu ne viendrais jamais chez nous parce que tu es la collaboratrice personnelle du Président Biya« . Oui, elle remua le couteau dans la plaie. Un ton aussi moqueur et méprisant que celui de sa mère. Je ne dis toujours mot. Dès qu’elle se rendit compte que je n’avais pas l’intention de répondre, elle me prit les enfants et me fit comprendre que je pouvais m’en aller car il s’agissait d’une réunion familiale. A ce moment précis, je compris que seul Dieu pouvait venir à mon secours. Cependant il y a un hic : ça fait trop longtemps que je suis athée. Vais-je m’en sortir ?

A suivre…

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