aidara

Service Internet : Sélibaby coupé du monde

L’ONG ADIG (Association pour le développement intégré du Guidimagha) a adressé le 20 février 2018 une lettre de protestation à l’Autorité de Régulation des télécommunications dans laquelle elle se plaint de l’absence de toute connexion Internet au niveau des trois opérateurs nationaux, MATTEL, CHINGUITEL et MAURITEL  Se trouvant dans la région pour une mission avec le BIT, l’organisation déclare qu’il est impossible d’envoyer de Sélibaby un simple mail sans attache. La situation de déconnexion de la région dure depuis plus de 3 mois. L’absence d’un tel service qui continue cependant de générer des revenus substantiels à ces trois opérateurs est une véritable arnaque pour les populations et les organisations travaillant dans la région.

«Nous vous saisissons en tant qu’autorité compétente en matière pour remédier à cette situation qui enclave toute une région déjà meurtrie par plusieurs obstacles » souligne l’ONG dans sa lettre, citant les dommages portés à des usagers qui se font escroquer par l’achat d’un service inexistant.

L’Etat, à travers l’Autorité de Régulation, doit ainsi cesser de se suffire seulement des pénalités qui lui rapportent un argent que les opérateurs s’empressent de payer, car empochant le double en vendant du vent. Il doit obliger les opérateurs à rendre le service Internet opérationnel dans toutes les régions du pays conformément à leurs cahiers de charges ou leur retirer leur licence. Pour des opérateurs qui opèrent pour certains depuis plus d’une quinzaine d’années, une telle situation est tout simplement insupportable et impardonnable selon les usagers du Guidimagha.

Cheikh Aidara


Marche et répression contre IRA : le président Birame Dah Abeid interpellé par la police

Nullement habitué à une telle frénétique campagne de dénonciation que les militants d’IRA ont soutenu pendant trois jours d’affilée contre la hausse des prix, la dévaluation de la monnaie et les souffrances du monde rural frappé par la sècheresse, dans les Moughtaas d’El Mina, Dar Naim, Arafat et Tevragh-Zeina, avec des dizaines de blessés dont certains graves et autant d’incarcérés dans les différents commissariats de Nouakchott, la Direction régionale de la Sûreté d’Arafat a envoyé ce mardi 20 février 2018, un officier et un sous-officier de la police pour cueillir vers 22 heures à son domicile, le président du mouvement, Birame Dah Abeid.

Les militants d’IRA sont les seuls à ne pas fuir devant la police d’où les blessés et les arrestations

Pour la énième fois, le militant anti-esclavagiste et président de l’Initiative de résurgence du mouvement abolitionniste (IRA),Birame Dah Abeid, candidat déclaré à la Présidentielle de 2019 et lauréat de plusieurs prix internationaux dont le Prix des Nations Unies 2013 pour les droits de l’homme, vient d’être interpellé par les services de police. C’est à 22 heures que la Direction régionale d’Arafat lui a envoyé à son domicile, un officier et un sous-officier.

Cette interpellation fait suite à trois manifestations particulièrement musclées que les militants d’IRA ont mené pacifiquement dans quatre grands départements de Nouakchott. La répression policière a été sauvage, brutale et disproportionnée avec ses lots de blessés graves et d’incarcérations accompagnés de tortures dans les commissariats, selon le témoignage des militants.

Militants d’IRA face à la Police près du marché de la Capitale

Toutes ces marches dénonçaient la hausse vertigineuse des prix des denrées de première nécessité qui affichent depuis le début de la démonétisation en janvier 2018 des seuils intolérables pour les ménages mauritaniens. Elles dénonçaient également une démonétisation qui cacherait une dévaluation non déclarée mais également la situation particulièrement difficile du monde rural confronté à une sècheresse sans précédents et des risques de famine.

La journée du 20 février 2018 qui a eu pour théâtre d’opération le département d’Arafat a été particulièrement féroce, avec des instructions qui auraient été données tôt le matin par le Directeur général de la police, le Général Ould Meguett, à ses troupes, pour mater avec toute la violence requise les manifestants. Résultat, plusieurs blessés graves détenus au commissariat d’Arafat et à qui les policiers auraient refusé tout soin. Ces blessés dans les rangs d’IRA s’ajoutent aux dizaines d’autres blessés recensés au cours des deux jour précédents à Dar Naïm, El Mina et à Tevragh-Zeina, avec des dizaines sous les verrous.

La manif d’IRA à Dar Naïm

L’escalade déclenchée par le mouvement IRA  intervient dans un contexte marqué par un caractère particulièrement répressif du régime de Mohamed Abdel Aziz qui ne tolère aucune manifestation sauf celle destinée à le glorifier. Ainsi, si les étudiants, les médecins, et même de pauvres populations réclamant la réfection de routes devenues des hécatombes où de l’eau à boire sont battus et traînés sur les macadams de la Capitale sans aucun ménagement, le rassemblement organisé par des sympathisants demandant un 3ème mandat devant les grilles de la présidence n’a  subi aucun acte répressif. Il n’y avait même pas de forces de l’ordre.

Militant férocement tabassé à Arafat

Les Mauritaniens n’ont plus le droit de manifester leurs souffrances ni de réclamer le moindre droit à un régime politique militaro-affairiste qui compte bâillonner les consciences et neutraliser toute opposition, à quelques encablures de consultations électorales décisives pour sa survie. Après la guerre menée contre la presse, celle menée contre les étudiants, les médecins, les riverains de routes nationales devenues des routes de la mort, contre les populations rurales tannées par la pauvreté et la misère, le régime de Mohamed Abdel Aziz tire sur tout ce qui bouge, même contre ses alliés d’hier, à l’image du parti APP, dialoguiste et complice de ses dernières manœuvres qui a permis l’émiettement de l’opposition et sa balkanisation.

Aujourd’hui, ce régime compte museler l’un de ses plus coriaces ennemis, Birame Dah Abeid, dont le mouvement est la seule force contestataire populaire capable de tenir tête à ses bataillons, et qui jouit d’une forte assise internationale.

Cheikh Aïdara


Caravane médicale d’Atar : l’équipe du Dr.Sneiba du CHU Ibn Rochd de Casablanca au secours des malades mauritaniens

Ils sont des centaines de malades indigents venus de plusieurs régions de la Mauritanie (Nouakchott, Aïoun, Atar, Bababé, Kiffa…) qui se sont donné rendez-vous dans la Wilaya de l’Adrar. Ici, une équipe composée d’une vingtaine de médecins spécialistes marocains, sous la houlette du Dr.Sneiba, chirurgien au Centre hospitalier universitaire (CHU) Ibn Rochd de Casablanca, les prend en charge depuis le 19 février 2018. Ils y subissent une série d’opérations chirurgicales, allant des plus simples aux plus compliqués, en cardiologie, urologie, ophtalmologie, ORL, gynécologie, pédiatrie, etc. D’où une forte affluence de malades pauvres laissés en rade par un système médical public aux coûts élevés.

Dr.Sneiba et son équipe à leur départ de Casablanca

Ces malades ont été convoyés par bus et pris en charge dans des sites à Atar, grâce à l’action conjuguée de l’ONG ASPOM et sa président Seyide Mint Yengé, ainsi que ses jeunes volontaires de l’initiative «La Mauritanie d’Abord » et ceux du Réseau de la Jeunesse à l’Heure d’El Mina dirigée par Moussa MBareck. Plusieurs hommes, femmes et enfants souffrant de diverses pathologies et qui n’ont que peu d’accès aux hôpitaux publics ont ainsi bénéficié de cette caravane et de l’action des ONG sur le terrain.

L’hôpital d’Atar offre ainsi à l’équipe médicale marocaine son plateau technique, pour les opérations de chirurgie, alors que les autres services (consultations, radiologie, médecine générale…) sont effectués au Centre médical de la ville.

Une forte affluence de malades à Atar

Ces opérations chirurgicales, ainsi que les autres services, soins médicaux, analyses et médicaments se poursuivront jusqu’au 24 février et sont  totalement gratuits. Un geste humanitaire qui a été saluée par les populations bénéficiaires. Ainsi, quelques témoignages audios ont été envoyés par Ismaëla, l’un des jeunes bénévoles de «La Mauritanie d’Abord». Dans l’un d’entre eux, la mère de la petite Roghaya Mint Mouhamane, 11 ans, venue de Zrayib à Atar pour se faire opérer, s’est dit satisfaites des soins subis par sa fille, elle qui n’espérait pas une telle providence. «Nous n’avons rien déboursé, même pour les médicaments » témoigne-t-elle. Même témoignage de la part de Sultana Mint Kaber, 39 ans, qui est venue de Nouakchott avec sa petite fille qui souffre d’oreillons. Moyah Mint Jidou, 9 ans, est une autre enfant  en provenance de Nouakchott qui souffre d’une complication au pied

La petite Moya souffre du pied

Pour le Dr.Soufiane Harbi, cardiologue, il s’est dit honoré d’avoir participé à cette expédition médicale et que tout se passait bien. Il a tout simplement relevé quelques moyens techniques non disponibles, telle présence d’un échographe. A part cela, il déclare que tout va bien et que la plupart des malades souffrent d’hypertension

A noter que c’est la 12ème année consécutive que le Dr.Sneiba, convoie des équipes médicales marocaines qu’il prend totalement en charge (billets, hébergements, nourritures) pour soulager la souffrance des malades mauritaniens.

Cheikh Aïdara

PHOTOS REPORTAGES

L’équipe de l’initiative La Mauritanie d’Abord en réunion avant le voyage d’Atar
L’équipe de jeunes bénévoles avec un chirurgien marocain
Un enfant malde transporté par sa mère
Les patients dans un site d’hébergement assuré par l’ONG ASPOM


Faire revivre l’aéropostale de Saint-Exupéry : la Mauritanie, une étape décisive

L’équipe de «CITADELLE, l’aéropostal du cœur et de l’esprit» sera demain, lundi 19 février 2018, l’hôte de la Mauritanie. Parti de Toulouse, un groupe de pilotes français compte revivre et ressusciter l’esprit du grand navigateur Saint-Exupéry, ce pilote et écrivain dont les histoires se sont beaucoup inspirés de la Mauritanie, notamment «Le Petit Prince» et «Terre des hommes ».

Une soirée riche et dense est prévue à cet effet à l’Espace Diadié Camara, sis à la Socogim PS. Un groupe de jeunes mauritaniens y réciteront quelques passages des titres fétiches de Saint-Exupéry dont ceux déjà cités plus haut, mais aussi «Vol de nuit» ou encore «Courrier Sud », des récitals en solo et en duo, le tout entrecoupé de sketchs et de poèmes.

L’évènement est encadré par plusieurs institutions et organisations, l’Institut français et l’Ambassade de France, Traversées Mauritanides, Globe, Festival à Sahel Ouvert, Espace Camara, notamment.

Comme à l’époque de l’aéropostal, les pilotes emporteront avec eux, du courrier que les jeunes mauritaniens adresseront à leurs camarades de Saint-Louis, l’une des nombreuses escales que Saint-Exupéry et son équipe, Jean Mermoz et Henri Guillaumet en particulier, ont sillonné tant et tant de fois de 1927 à 1932 pour le compte de la compagnie Latécoère, entre Toulouse (France), Casablanca et Cap Juby (Tarfaya, Maroc), Port-Etienne (Nouadhibou, Mauritanie), Saint-Louis et Dakar.

Cheikh Aidara


Sommet Exécutif de la FIFA à Nouakchott : aucune décision prise mais d’importants chantiers pour le football mondial

Même exténué par un emploi du temps super chargé lors de son séjour à Nouakchott dans le cadre du Sommet Exécutif de l’instance faîtière du football mondial, qui a eu lieu le 18 février 2018, Gianni Infantino, président de la FIFA, accompagné par Ahmed Yahya, président de la Fédération mauritanienne de football (FFRIM), a répondu aux questions des journalistes nationaux et étrangers présents à la conférence de presse qu’il a animée à la fin des travaux.

Gianni Infantino et Ahmed Yahya lors de la conférence de presse clôturant le Sommet Exécutif de la FIFA à Nouakchott (Crédit Aidara)

La première question était relative à l’organisation de la Coupe du Monde Qatar 2022. Le président de la FIFA s’est dit satisfait de l’avancement des travaux, soulignant que le gouvernement qatari et les organisateurs sont à pied d’œuvre depuis 2010 pour préparer l’échéance. Selon lui, les travaux avancent bien et vite. «Je suis satisfait» a-t-il précisé.

Une autre question portait sur les projets futurs que la FIFA envisagerait de planter en Mauritanie. Gianni Infantino a tenu d’emblée à remercier le président de la FFRIM et son staff ainsi que le gouvernement mauritanien pour la réussite de l’organisation du Sommet Exécutif de la FIFA à Nouakchott qui a réuni vingt présidents de fédérations et leurs secrétaires généraux issus de trois continent (Europe, Amérique du Sud et Afrique). Il a jugé d’exceptionnel le travail abattu par la FFRIM. Pour lui, c’est un exemple à suivre non seulement sur le plan local ou africain, mais aussi sur le plan mondial. «C’est pourquoi j’ai tenu à venir ici  et amener les autres fédérations à voir ce qui se fait au niveau de la FFRIM», a-t-il ajouté.

Pour les projets que la FIFa mène et compte mener encore en Mauritanie, il a cité les travaux en cours pour l’agrandissement de la capacité d’accueil du Stade Cheikha Ould Boidiya et le Centre technique ainsi que l’organisation des compétitions. Il a aussi évoqué son entretien avec le Premier Ministre, Yahya Ould Hademine qui l’a informé de la construction par l’Etat mauritanien de 9 stades régionaux. «Ce fait remarquable pour le développement du football se poursuit depuis quelques temps » a-t-il ajouté.

Sur une question relative à une déclaration choc qu’il aurait prononcé et selon laquelle, la FIFA compte mener une opération «Zéro tolérance en matière de corruption et de détournement des fonds du football », Gianni Infantino signe et persiste. «C’est une déclaration que j’ai toujours faite et les tribunaux dans les différents pays ont commencé à sanctionner » a-t-il souligné, précisant que tout le monde au sein de la FIFA et des fédérations membres sont aujourd’hui conscients qu’on ne peut plus continuer à agir comme avant. Il a promis la tolérance zéro en matière de gestion financière du football mondial.

Sur l’organisation de ce sommet FIFA, Ahmed Yahya a reconnu que c’est la 1ère fois que la Mauritanie accueille une  rencontre de haut niveau de la FIFA. «On a essayé avec nos modestes moyens d’être à la hauteur » a-t-il affirmé, tout en renouvelant ses remerciements aux dirigeants de la FIFA pour avoir choisi la Mauritanie pour cette rencontre. «Mais ce n’est pas fini, car en mars prochain, Nouakchott va également abriter un Séminaire FIFA sur le développement » avec la présence de plusieurs présidents de fédérations. On veut également gagner des challenges sur le terrain » a-t-il conclu.

Les journalistes nationaux et étrangers (14 pays) Crédit Aidara

Est-ce que des décisions ont été prises aux termes du Sommet de Nouakchott ? Aucune décision n’a été prise, selon le président de la FIFA. «L’objectif était d’écouter les présidents des fédérations sur leurs préoccupations et par rapport à leurs opinions quant aux décisions envisagées par la FIFA, car nous ne comptons plus prendre de décisions sans avoir écouté les membres » a-t-souligné. Pour lui, c’est là, la nouvelle politique de la FIFA dont les décisions passent d’abord par la base avant d’être tranchées au niveau du Bureau Exécutif.

Par contre, a-t-il ajouté en substance, de quoi a-t-on discuté à Nouakchott ? Selon lui, le conclave de Nouakchott a abordé plusieurs sujets, dont les compétitions des petites catégories en filles et en garçons. Outre des propositions pour l’augmentation du nombre d’équipes participantes chez les garçons qui devra  passer de 24 à 48 et chez les filles de 16 à 32, les fédérations auraient aussi proposé d’organiser les coupes du monde de ces deux catégories au lieu de deux ans, tous les ans. Il s’agira aussi de ne plus organiser qu’une seule compétition pour une seule catégorie d’âge au lieu de deux.

L’accent a également été mis selon lui sur le football féminin, avec la proposition d’organiser une Ligue mondiale du football féminin qui permettrait à toutes les fédérations de participer avec les équipes ayant le même niveau.

Le président de la FIFA a aussi parlé du Programme Forward de la FIFA dans le futur avec des aménagements à faire.

Le Sommet a aussi abordé le calendrier des matchs internationaux et l’éligibilité des joueurs, notamment le problème des binationaux pour voir comment un joueur qui s’est engagé pour une équipe nationale pourrait changer d’avis. «Des dispositifs comme ça sont difficile à changer » a déclaré le président de la FIFA. C’est également vers une révision du marché des transferts que le sommet a débattu, avec une réglementation stricte surtout pour les agents des joueurs, des indemnités à prévoir dans l’avenir pour ceux qui sont à la base de la formation des joueurs qui sont récupérés par les clubs européens notamment. «La fenêtre relative aux transferts des joueurs doit être revue pour protéger la régularité des compétitions et préserver les valeurs du football » a-t-il conclu.

Cheikh Aïdara


Sommet de la FIFA Nouakchott : la presse sportive OUT !

Les journalistes sportifs nationaux, mais aussi ceux venus du continent, comme le Sénégal, le Cameroun, la Guinée, la République Démocratique Congo, entre autres, n’ont pas été conviés au Sommet Exécutif de la FIFA dont les travaux battaient leur plein au Centre des Conférences (Palais de Congrès) de Nouakchott, ce dimanche 18 février 2018.

Arrivée des deux présidents, FIFA et CAF à Nouakchott,accueillis par le Ministre des Sports et le président de la FFRIM (Crédit FFRIM)

Tous se morfondaient à l’Hôtel Mauricentre de Nouakchott, s’ils ne profitaient de leur oisiveté pour faire des courses au marché de la Capitale. Une conférence de presse animée par la Secrétaire Générale de la FIFA, la Sénégalaise Fatma Samba Diouf Samoura était programmée aux environs de 14 heures au siège de la Fédération mauritanienne de football (FFRIM).

La veille, le Stade Cheikha Ould Boidiya avait abrité un match entre la FIFA et la FFRIM. Ils étaient tous en maillot et l’avaient bien mouillé, le président de la FIFA, Infantino, le président de la CAF, Ahmad Ahmad, plus les vingt présidents de fédération conviés au Sommet de Nouakchott, sans compter le staff de la FFRIM, avec son président, Ahmed Ould Yahya en tête. Ce match dont le résultat n’a pas été communiqué, s’étant joué à guichet fermé et portes closes, avait cependant enfreint toutes les règles élémentaires du football, un joueur pouvant sortir puis rentrer de nouveau après avoir recouvert son souffle. C’est vrai que l’enjeu n’était pas de disputer un vrai match de foot, mais de se faire plaisir.

En attendant d’avoir les résultats de la rencontre de Nouakchott, la 3ème à avoir lieu en Afrique, rappelons que les débats porteront essentiellement sur les compétitions des jeunes, des filles et des femmes, du programme de développement de la FIFA et d’autres sujets d’actualité, tels que le calendrier international et les transferts de joueurs à travers le monde.

Quelques journalistes ont pu cependant approcher le président de la FIFA, Gianni Infantino lors de sa présence à la FFRIM pour lui poser quelques questions. Parmi celles qui ont retenu l’attention, l’intérêt que le patron de l’institution faîtière du football mondial dit accorder aux préoccupations des fédérations nationales. ‘’Nous voulons, à travers ces sommets, entendre la voix des autres, puisque nous sommes souvent amenés à faire des réformes des compétitions. Dans l’administration, il est important d’avoir le point de vue de ceux qu’on gouverne’’ a-t-il déclaré. Il avait également interpelé les responsables de la Concacaf (Amérique Latine et Centrale) ainsi que ceux de l’UEFA pour leur dire que la rencontre de Nouakchott doit permettre à la FIFA d’être à l’écoute des préoccupations des fédérations membres.

A noter qu’après la Mauritanie, deux autres sommets de la FIFA sont prévus au Nigéria et en Tanzanie.

Cheikh Aïdara


Rencontre sur la Migration à Nouakchott : les syndicats méditerranéens et subsahariens planchent sur leurs stratégies et plans d’actions

La 4ème Assemblée Générale du Réseau Syndical Migration Méditerranéennes/Subsahariennes (RSMMS), avec le soutien de la Fondation Friedrich Ebert, s’est ouverte jeudi 15 février 2018 à Nouakchott, en présence de plusieurs syndicats et centrales venus du Maghreb, de l’Afrique de l’Ouest et du pourtour méditerranéen. Pendant deux jours, les congressistes hôtes de la Confédération générale des travailleurs de Mauritanie (CGTM) ont fait le point sur leurs activités en 2017, présenté les orientations stratégiques de leurs actions pour la période 2018-2019, avant de faire le focus sur des projets pilotes et procéder à un partage d’expériences, cas du Niger et de la CSI Afrique/FGTB.

De gauche à droite : Sami Adouani, Naimi Hammami et Mohamed Abdallahi Naha (Crédit Aidara)

Une communication sur le thème «Migration en Afrique de l’Ouest : enjeux de la coordination intersyndicale» a été présentée par M.Mamadou Niang de la CGTM (Mauritanie) avant que M.Isselmou Salihi, expert-consultant, ne développe un focus sur la Mauritanie en rapport avec la migration inter-régionale en Afrique de l’Ouest.

La rencontre qui s’achève le vendredi 16 février sera circonscrite aux débats sur le Plan d’action du RSMMS pour 2018, avec une fenêtre sur la stratégie de financement à adopter ainsi que la synergie avec les partenaires techniques et financiers. Ces débats seront suivis par le travail de groupes sur trois axes, la fonctionnalité du site web du réseau, les services destinés aux travailleurs migrants et enfin, les mécanismes de dialogue social au niveau de chaque pays.

La clôture de l’Assemblée sera marquée par une déclaration, qui sera précédée par l’adoption du Plan d’action 2018 avec la définition des instruments et responsabilités pour la mise en œuvre, entre autres points inscrits à l’ordre du jour.

La cérémonie officielle d’ouverture a été marquée par un mot de bienvenue prononcé par M.Mohamed Abdallahi dit Naha, Secrétaire général de la CGTM, suivi du discours de Mme Naima Hammami, Secrétaire générale adjointe chargée des relations internationales et migrations, Coordinatrice du RSMMS et celui de Sami Adouani, Chef de Projet régional Migration pour le compte de la Fondation Friedrich Ebert à Tunis.

Les syndicats et les travailleurs migrants

C’est en août 2014 que 17 centrales et organisations syndicales du Maghreb (Maroc, Algérie, Tunisie, Mauritanie + Egypte), du pourtour Méditerranéen (Italie, France) et de l’Afrique Subsaharienne (Côte d’Ivoire, Mali, Niger, Sénégal), ont mis en place le Réseau Syndical Migration Méditerranéennes/Subsahariennes (RSMMS), avec comme acte de naissance, la Déclaration dite de Casablanca, et comme siège, l’UGTT de Tunis.

Vue de la salle et des participants (crédit photo Aidara)

Ce réseau est le fruit d’une longue réflexion entamée en 2009 à Hammamet en Tunisie. Elle s’est prolongée à Dakar au Sénégal en 2013, puis la même année à Turin en Italie. Les syndicats membres du réseau avaient été alertés par l’ampleur de la détérioration de la situation des travailleurs migrants et de leurs familles dans la plupart des pays de la région méditerranéennes et subsahariennes, avec des violations systématiques des droits humains en dépit des conventions internationales ratifiées par les pays concernés.

Conscients de leurs responsabilités syndicales et l’urgence de l’assumer du point de vue de leurs missions historiques et de l’éthique liée à la violation permanente des droits des migrants, les membres du réseau qui se sont alliés au Bureau International du Travail (BIT) et à la Confédération syndicale internationale (CSI) notamment, avec l’appui de la Fondation Friedrich Ebert en particulier, ont ainsi à travers la Déclaration de Casablanca, exhorté l’ensemble de leurs membres à promouvoir les droits des migrants dans leur zone de travail et à se doter de structures dédiées exclusivement à la gestion de la question migratoire.

Ils ont ainsi lancé un appel aux Etats de la région méditerranéenne et subsaharienne à ratifier les conventions relatives à la migration, notamment les Conventions 97 et 143 de l’Organisation internationale du travail (OIT) ainsi que la Convention des Nations Unes de 1990, à harmoniser leurs législations nationales avec le contenu de ces conventions et veiller à leur bonne application.

Les organisations signataire de ce pacte sont l’UMT et la CDT du Maroc, l’UGTT de Tunisie, le SNAPAP d’Algérie, l’EFITU d’Egypte, la CGTM de Mauritanie, la CGIL d’Italie, la CFDT et la CGT de France, la CSTM du Mali, l’USTN du Niger, l’UGTCI de Côte d’Ivoire et la CARISM (Comité d’actions et de réflexions intersyndicales sur la Migration) qui regroupe 5 syndicats du Sénégal (CNTS, CSA, CNTS-FCI, UDTS ET UNASI)

Cheikh Aïdara

 


ROSA et SUN-Mauritanie inquiets face à la situation sylvo-agro-pastorale et nutritionnelle en Mauritanie

Dans une déclaration communie faite à Nouakchott le  lundi 12 février 2018, le Réseau des Organisations sur la Sécurité Alimentaire (ROSA) et le Forum Société Civile Scaling Up Nutrition Mauritanie ((SUN) constatent qu’une fois de plus, la Mauvaise connait une campagne agricole 2017-2018 particulièrement difficile.

En effet, il est constaté :

o             une répartition spatio-temporelle des pluies au niveau de toutes les wilayas du pays avec un important déficit : 52% des stations suivies sont déficitaires par rapport à l’année dernière et 39% par rapport à la normale (1981-2010) ;

o             un taux de remplissage des barrages et des cuvettes à majorité faible à moyen, qui pourrait conduire à une baisse des superficies exploitées en bas-fond;

o             des longues pauses pluviométriques entrainant une mauvaise croissance des pâturages qui, dans l’ensemble, peu développés et hétérogènes suivant les wilayas;

o             une forte pression animale déjà constatée dans les zones relativement bien fournies en pâturages risquant ainsi de limiter leur durée d’exploitation;

o             des difficultés d’abreuvement du cheptel, par endroits, à cause du tarissement rapide des marres;

Sur le plan de la nutrition, les résultats de SMART d’août 2017 avaient déjà montré que la situation nutritionnelle était préoccupante. La moyenne nationale du taux de MAG restait à 10.9 %.  Il ressortait que 06 Wilayas étaient en situation d’urgence (MAG >15 et/ou MAS >2%): Hodh Echarghi; Hodh El Gharbi; Assaba; Gorgol; Brakna; Guidimagha),   02 Wilayas en situation d’alerte (MAG comprise entre 10 et 15%): Tagant; Trarza et 04 Wilayas en situation précaire (MAG comprise entre 5 et 10%): Adrar; Inchiri; Traraz; Nouakchott ;

Du point de vue sécurité alimentaire, les résultats de l’enquête FSMS (enquête de suivi de la sécurité alimentaire des ménages) d’août 2017 faisaient ressortir que de la population en insécurité alimentaire avait connu une légère hausse par rapport à la même période des trois dernières années.

Par ailleurs, les prévisions des productions agricoles pour l’année 2017-2018 font état d’une production brute de 290.598 tonnes toutes spéculations confondues contre 333.936tonnes pour la moyenne des 5 dernières années et 306.448tonnes en 2016-2017,  soit respectivement une baisse de 13 % et 5 %.

La situation décrite est bien corrobore avec les résultats consensuels du Cadre Harmonisé d’Identification des Zones à Risque et des Personnes en Insécurité Alimentaire élaboré en novembre 2017. Déjà dans la période d’Octobre-Décembre 2017,  378.000 personnes étaient en situation de «sous pression» (Phase 2 de l’IPC et 602.000 personnes attendues en situation «crise et d’urgence» (phase 3 et 4 de l’IPC) pour la période projetée de juin à août 2018 (soit lors du pic de la période de soudure à venir).

Au regard de la détérioration significative de la situation alimentaire et nutritionnelle consécutive aux avatars agro climatologiques cités ci-haut,  Nous Organisations de la Société Civile actives dans les domaines de la Sécurité alimentaire et nutritionnelle, et signataires de cette déclaration :

Nous nous félicitons de la pro activité des Autorités nationales qui ont volé très tôt au secours des éleveurs en prenant l´Arrêté N° 0825 du 28 Septembre 2017 portant création d’un Comité Technique Interministériel chargé du Programme d’Assistance au Cheptel.

Manifestons notre inquiétude face à cette situation qui mérite une intervention urgente de la part des détenteurs d´obligation (Etat, partenaires, PTFs…);

Attirons particulièrement l´attention des pouvoirs publics sur les conséquences directes de cette soudure qui a  commencé plus tôt que d’habitude et ce depuis fin décembre dans plusieurs zones agropastorales plongeant ainsi nos populations dans une  grande inquiétude.

Exhortons les Autorités et partenaires à prendre les mesures rapides pour atténuer les conséquences  de cette situation sur nos populations rurales et ce à travers:

  1. l´opérationnalisation d´un système d´alerte précoce (SAP) qui couvre toutes les Moughataas du pays permettant d’apprécier en temps approprié les situations alimentaires et nutritionnels aux fins de prises de décisions contribuant à anticiper sur des chocs aux conséquences négatives tant sur les populations que les animaux.
  2. l´organisation du système de référence (CRENIS, CRENAS,CRENAM) pour une meilleure prise en charge des enfants malnutris;
  3. l´appui aux personnes vulnérables par le biais d’actions multiples à effets immédiats tels que:

             La distribution de vivres y compris des produits nutritionnels pour les enfants, les femmes enceintes et allaitantes,

             Le renforcement des programmes de transferts monétaires bien ciblés visant les ménages en insécurité alimentaire ;

             Le renforcement de la résilience à travers la création des activités génératrices de revenus et d´emplois pour les populations vulnérables en particuliers les femmes et les jeunes;

             Et le développement des assistances conditionnelles à savoir les activités à Hautes Intensité de Main d´Œuvre (HIMO).

Recommandons la mise en place d’une coordination Globale et inclusive de tous les acteurs travaillant dans les domaines de la Sécurité Alimentaire et nutritionnelle afin d’endiguer les  conséquences qui peuvent découler de cette situation exceptionnelle.

 


Conférence de presse de Human Rights Watch : les «Taupes» ont réussi à faire capoter la séance

Interdits d’accès dans les lieux publics, tels les hôtels de Nouakchott, faute d’autorisation, Eric Goldstein, Directeur adjoint de la division Moyen-Orient et Afrique du Nord de Human Rights Watch et son collègue Candy Ofime, Titulaire d’une bourse Sandler au sein de l’organisation internationale basée à New York, ont finalement trouvé refuge dans l’exigüe salle de conférence du FONADH (Forum national des droits de l’homme). Une salle qui n’a pas pu finalement contenir  activistes des droits de l’homme, avocats, journalistes et simples curieux venus écouter l’accablant réquisitoire dressé contre le régime mauritanien.

Eric Goldstein entouré de Candy Ofime à sa gauche et Lalla Aicha du Fonadh

L’erreur monumentale commise par les organisateurs, selon les journalistes présents, est d’avoir justement ouvert la porte à un public contrasté aux sensibilités différentes. Réunir dans une même salle un tel cocktail Molotov de personnes qui se haïssent allègrement et dont les démêlées ont dépassé les frontières de la Mauritanie pour se répandre chaque année dans les allées huppées de Genève, Banjul ou encore New York, fut une véritable gageure.

Résultat, la conférence de presse organisée dans ces conditions, le lundi 12 février 2018, se termina dans le chaos, quelques minutes après son ouverture.  Ce fut juste après les exposés présentés par Eric Goldstein et Candy Ofime sur le contenu du Rapport, le contexte dans lequel les enquêtes ont été menées ainsi que  les conditions de leur réalisation. Le clash éclata dès les premières remarques jugées provocatrices qui mettaient en doute le sérieux du rapport et son impartialité. La question qui fâcha se rapportait en effet sur les Harratines dont les intervenants niaient le caractère majoritaire que le rapport voulait leur donner.

Le reste de la conférence sera ainsi noyé dans une pluie d’invectives avant de s’achever dans un pugilat verbal entre les activistes présents, notamment ceux de l’Initiative de résurgence du mouvement abolitionniste (IRA) et certaines organisations  accusées d’être à la solde du gouvernement mauritanien et dont l’objectif serait justement de saborder la conférence. Ce qu’elles réussirent de forts bruyantes manières, alors que pour les activistes d’IRA, «le message était passé», à savoir l’image étalée d’un régime qui non seulement se complait dans la violation des droits de l’homme et dans la répression de ses défenseurs, mais qui saborde aussi le travail des organisations internationales comme Human Rights Watch.

Cheikh Aïdara


Coupe de la CAF : FC Nouadhibou réalise un bel exploit face à Africa Sport (1-1)

En déplacement au Stade Houphouët Boigny d’Abidjan dans le cadre du tour préliminaire de la Coupe de la CAF disputée dimanche 11 février 2018, FC Nouadhibou a réalisé une belle entrée en matière en terre ivoirienne en neutralisant Africa Sport, sur une parité 1 but partout.

FC Nouadhibou
Africa Sport d’Abidjan

En se rendant à Abidjan, pour sa toute première participation à la Coupe de la CAF, le FC Nouadhibou, club créé en 1999, avait l’ambition de croiser le fer avec l’une des deux équipes phares de Côte d’Ivoire, l’Africa Sport, un club créé en 1947 sur les cendres du Club Sportif Bété, 18 fois champions de Côte d’Ivoire, 15 Coupes de Côte d’Ivoire, 10 Coupes Félix-Houphouët-Boigny, 2 Coupes d’Afrique des vainqueurs et 1 Supercoupe d’Afrique.

Au finish, une belle performance qui a permis aux poulains de Njoya Mauril de revenir au bercail avec un nul et un but marqué à l’extérieur qui vaudra son pesant d’or, le mercredi 21 février prochain, lors de la manche retour.

Pourtant, ce sont les Ivoiriens qui ont été les premiers à ouvrir le score à trois minutes de la fin de la première mi-temps, par l’intermédiaire de Gonazo Biya Thomas. Diomandé Mamadou avait d’ailleurs, dès la 30ème minute annoncé la couleur pour l’Africa Sport sur un tir qui viendra se heurter à la barre des cages gardées par Brahim Souleymane.

A la reprise, le même Diomandé se fera encore plus dangereux lorsqu’il se retrouva à la 52ème minute seul face au portier de FC Nouadhibou et de l’équipe nationale les Mourabitounes, mais ce dernier remporta le duel.

Loin de se décourager, les protégés du président Aziz Boughourbal pèseront sur l’excellente défense ivoirienne et à la 53ème minute, Ely Cheikh Voulany offrit à ses coéquipiers le but de l’égalisation, grâce à un excellent travail du milieu de terrain Cheikh El Weli Yacine.

FC Nouadhibou vient ainsi de signer une bonne sortie et rehausse davantage l’image du football mauritanien face à une emblématique équipe d’Africa Sport, après l’excellente performance de l’ASAC Concorde, vingt-quatre heures plus tôt, face à un autre géant du football africain, l’Espérance de Tunis.

Pourvu que FC Nouadhibou ne retombe sur la même malédiction que celle qu’il avait connue en 2014 face au Horoya de Guinée, dans le cadre des éliminatoires de la Ligue des Champions où après un match nul 1 but partout à l’aller, avait perdu au retour par 3 à 0.

Cheikh Aidara

 


ASAC Concorde-Espérance de Tunis (1-1) : Les Concordiens sauvent l’honneur du foot mauritanien

En affrontant samedi 10 février 2018, pour le compte du tour préliminaire de la Ligue Africaine des Champions et sur la pelouse du Stade Cheikha Ould Boidya de Nouakchott l’Espérance de Tunis, un club créé en 1919 et qui a remporté tous les titres au niveau de la Tunisie (27 fois champion de Tunisie, 15 coupes de Tunisie, 2 Super Coupe de Tunisie) et au niveau Africain (2 Ligues des Champions, 1 Coupe d’Afrique des vainqueurs de coupe, 1 Coupe de la CAF, 1 Super Coupe Africaine, 1 Coupe Afro-Asiatique, 3 Ligues des Champions Arabes, 1 Super Coupe Arabe, 1 Coupe Nord-Africaine des vainqueurs de Coupe), l’ASAC Concorde (créé en 1979) défendait non seulement les couleurs du club, mais aussi le foot mauritanien sérieusement mis en mal au sortir du Total CHAN 2018 au Maroc, avec trois matchs trois défaites, zéro but marqué et six encaissés. Oser mener au score, 1 but à 0, devant le 5ème meilleur club africain durant toute une première mi-temps, est une performance à mettre certes sur le compte des excellents joueurs de l’ASAC Concorde, mais surtout sur l’extraordinaire coaching de Babacar Diop dit NDiobo.

«Si la Concorde avait encaissé durant ce match un 4 ou un 5 à zéro, juste après la débâcle du Maroc, ç’aurait été un coup dur pour le foot mauritanien» avait d’ailleurs déclaré NDiobo au cours de la conférence d’après-match.

Une belle première mi-temps

Les Tunisiens sont arrivés jeudi soir à Nouakchott avec 18 joueurs et pas moins de 10 encadreurs, dont l’entraîneur Khaled Ben Yahya, dont l’arrivée récente au club avait créé quelques remous dans le milieu des supporters, mais aussi des adjoints, des préparateurs physiques, un médecin, un kinésithérapeute et le staff du club. Alignés sur la tribune centrale, avec quelques supporters de la colonie tunisienne résidente à Nouakchott et arborant le rouge et jaune, couleurs de l’EST, la délégation des Mkachkha, l’un des surnoms du club créé dans le quartier Bab Souika à Tunis, s’attendaient sans doute à une belle victoire de leurs poulains, habitués qu’ils sont à humilier les équipes africaines sur leur propre terrain et devant leur public.

Mais d’emblée, les Concordiens, débarrassés de tout complexe, avaient entamé le match avec un système tactique imparable, NDiobo ayant opté pour le 4-3-3. Touré Boubacar dans les cages, avait démontré toute la classe d’un grand gardien de but et ne laissa aucun espoir aux véloces attaquants de l’Espérance, à l’image de Maher Ben Sehaief ou encore du redoutable Haithem Jouini, pour concrétiser leurs rapides percées. Excellents sur les deux flancs de la défense, Rachid Sidi Ahmed et Samba Moussa enrayèrent toutes les envolées des rapides attaquants tunisiens, Frank Kom et Maher en particulier, alors qu’au milieu du dispositif tunisien, l’Ivoirien Fousseny Coulibaly eut du mal à jouer sa partition face au trio concordien, en l’occurrence, Diop Djiby, Niang et MBareck El Id.

La pression de l’excellente attaque de l’ASAC Concorde finira par payer à la 25ème minute, quand sur un centre lumineux de Sané Amadou, MBareck El Id, ouvrit le score en battant l’inégalable gardien de l’Espérance, Moaz Ben Cherifia. Le délire fut total dans le stade.

Les Concordiens tiendront bon le restant des quarante-cinq premières minutes, jusqu’au sifflet final de l’arbitre guinéen. Peu avant, les Tunisiens avaient inscrit un but refusé pour coup franc sur le gardien Touré. C’est sur cette avance d’un but à zéro, véritable surprise, que les deux équipes iront aux oranges. Sur les tribunes, les supporters mauritaniens qui étaient venus en nombre important, soufflaient sur d’énormes vuvuzela, cet instrument-fétiche rendu célèbre lors la Coupe du monde Afrique du Sud 2010.

Les supporters tunisiens

Une deuxième mi-temps tunisienne

A la reprise, l’Espérance reprit du poil de la bête, tandis que les Concordiens, épuisés par l’énergie fournie en première mi-temps, baissaient d’intensité de jeu. Repliés sur leur propre moitié de jeu, ils laissèrent l’initiative des attaques aux Tunisiens avec de timides contre-offensives dont la plupart se perdaient dans la nature. Cela ressemblait plus à «dégager le plus loin possible hors de notre camp». Et les Tunisiens tissaient inlassablement leur attaque à partir de la défense et du milieu, Sameh Derbali, Khalil Chammam, Chemsedine Nhaouadi, puis ça repassait par Fousseny Coulibaly et Ali Machani, qui redistribuaient à l’avant, provoquant plusieurs fois le danger dans le camp de la Concorde, avec des percées dans une défense devenue de plus en plus souple comme du beurre.

le banc de touche tunisien

Les Tunisiens procèderont dans la foulée à leur premier remplacement, avec l’entrée du N°9, Bilal Mejri à la place de Maher. Un choix qui sembla judicieux car l’Espérance allait égaliser à la 67ème minute par le redoutable Heithem Jouini sur un centre venu de la droite.

Pour freiner la redoutable machine de l’Espérance qui commençait à marcher à fort turbo, Ndiobo procéda à son premier remplacement, avec la sortie du Sénégalais, Niang El Hadj Thierno et la rentrée de Fodé Traoré. Sur une contre-attaque, les Concordiens inscrivirent un 2ème but refusé pour hors-jeu. Puis un autre, quelques minutes plus tard, refusé lui aussi.

Les tribunes, pleines à craquer

Le coach de l’ASAC fit entrer son deuxième jocker, Thiam Idrissa à la place de Saidou Amady Barry. Loin de se laisser abattre, NDiobo cherchait à marquer ce but libérateur avant la manche retour qu’il savait difficile en terre tunisienne.  Le coach tunisien jeta lui aussi dans la mêlée, un deuxième jocker, Amine Meskini à la place de Franck Kom.

Mais malgré les changements opérés de part et d’autre, le score en restera là jusqu’au coup sifflet final de l’arbitre.

Les Tunisiens étaient visiblement déçus, eux qui étaient venus, sûrs de remporter les trois points et un bonus de buts d’avance. Fair-play, ils allèrent cependant féliciter les joueurs de la Concorde pour qui le nul concédé devant l’Espérance avait un goût de victoire.

Conférence après-match

Khaled Ben Yahya (extrême gauche) et NDiobo (extrême droite) et au milieu Brahim Sow Deina chargé de com.de la fédération

Pour Boubacar Diop, coach de l’ASAC Concorde : «Il y a des leçons à apprendre sur chaque match et si on faisait le diagnostic des prévisions, tout le monde donnait Espérance vainqueur de la confrontation. Cette rencontre m’a beaucoup appris sur le club tunisien et j’envisage le match retour avec sérénité et sans pression. Nous avons joué contre l’une des meilleures équipes du continent mais malgré cela, je vais en Tunisie pour gagner le match retour».

Khaled Ben Yahya, coach de l’Espérance de Tunisie : «J’ai trouvé une équipe de la Concorde bien organisée et qui a préparé toutes nos offensives. En première mi-temps, on s’est créé beaucoup d’occasions, mais la concrétisation manquait au bout. Dans l’ensemble, mes joueurs ont fait un bon match. J’aurais souhaité cependant qu’on marque plus de buts. Je suis content du rendement de l’équipe et j’espère qu’on va compenser au match retour»

Cheikh Aïdara


Gaz Sénégal-Mauritanie : une affaire plus grosse que les deux pays

Les experts soutiennent que le Sénégal et la Mauritanie s’apprêtent à exploiter l’une des plus importantes réserves de gaz au monde. Certains estiment qu’elle dépasse les réserves du Qatar et de la Russie réunie. Du coup, elle intéresserait les Etats-Unis et l’Europe qui pourraient avoir accès par pipe-line à une source d’énergie proche et plus accessible. A partir d’un branchement à partir de l’Espagne par exemple, l’Europe pourrait ainsi s’extraire des caprices de l’Ukraine. Aussi, les injonctions de Macron à Macky Sall et à Mohamed Abdel Aziz, traduits en des termes moins diplomatiques, selon des sources confidentielles, seraient sans appel. «Entendez-vous sur le partage de vos quote-part, mais le premier qui essayera de créer des problèmes autour de l’exploitation du gaz sautera ».

Mohamed Abdel Aziz et Macky Sall se disent au revoir à l’aéroport de Nouakchott

Le président du Sénégal, Macky Sall, vient d’achever une visite de deux jours dans la capitale mauritanienne, Nouakchott, les 8 et 9 février 2018,  à la tête d’une importante délégation de ministres et de techniciens de haut niveau. A l’issue de cette tournée, un seul accord a été signé par les deux délégations, celui relatif à l’exploitation du gaz que Kosmos Energy devra sortir des eaux maritimes des deux pays. Le dossier de la Pêche, qui constitue pourtant le nœud gordien des relations entre la Mauritanie et le Sénégal, et sur lequel les populations de Guet Ndar fondent tout leur espoir, après la mort tragique d’un jeune pêcheur sous la balle des garde-côtes mauritaniens, devra attendre. Tout comme le problème non moins récurrent de la transhumance du bétail mauritanien au Sénégal, ainsi que celui de la libre circulation des biens et des personnes entre les deux pays. Ces dossiers ont été renvoyés à l’étude des ministres concernés, pour au moins trois mois.

L’urgence semble ainsi avoir été accordée au gaz. Cette énergie que la France de Macron place à la tête de ses priorités et dont il se porte garant. Ainsi, lors de la rencontre à Paris entre les trois parties, en marge du Sommet sur le G 5 Sahel en décembre 2017, le président français aurait été plus que clair, selon certaines confidences. Le Sénégal de Macky Sall et la Mauritanie de Mohamed Abdel Aziz peuvent avoir toutes les divergences qu’ils voudront, mais pas sur l’exploitation du gaz. Le premier qui tenterait de créer des troubles sur l’exploitation de cette source d’énergie sur laquelle la France, mais aussi l’Europe, fondent beaucoup d’espoir, pourrait ainsi perdre le soutien de Paris. Des propos pleins de sous-entendus. Ainsi, le port militaire de NDiago que la Mauritanie s’apprête à faire construire à quelques jetées de Saint-Louis, pourrait bien être gelé ou ses missions rendues moins belliqueuses.

Pour optimiser l’exploitation du gaz découvert aux larges de leurs côtes et rendre son exploitation efficiente avec toutes les garanties de transparence, le Sénégal et la Mauritanie ont confié à des Britanniques à Londres, connus pour leur expertise dans le domaine des hydrocarbures, toutes les études relatives à l’exploitation commune du champ gazier.

Ainsi, l’accord qui vient d’être paraphé sur le gaz à Nouakchott, devrait s’achever à Paris qui s’en porte garant. D’ores et déjà, le Sénégal a déjà empoché 8 milliards de dollars U.S  d’avance et la Mauritanie, 4 milliards de dollars distribués par la Directrice BP en Mauritanie et au Sénégal, Emma Delany, dont l’entreprise est liée depuis décembre 2016 à Kosmos Energy par un accord de partenariat pour la gestion du champ gazier entre les deux pays.

Quid des 4 milliards de dollars empochés par Aziz ?

En empochant les 4 milliards de dollars d’avance sur le gaz avant même d’en sentir la première odeur, dès le mois de juin 2017, Mohamed Abdel Aziz aurait envisagé un certain nombre d’actions qui aurait pu changer la situation des Mauritaniens, n’eut été le conseil malveillant de ses proches. Le président Aziz aurait d’abord en premier lieu envisagé de payer les dettes internes de l’Etat mauritanien. Imaginez cette manne qui aurait permis à des dizaines, voire à des centaines d’entreprises nationales de ressusciter, notamment les fournisseurs et les entreprises de l’audiovisuel, plongées dans une faillite provoquées ces dernières années par les impayés vis-à-vis de l’administration publique. Deuxième action, doubler les salaires dans le public et le privé. Troisième action, doubler la pension des retraités. Enfin, quatrième action, alimenter le circuit financier par du liquide frais, ce qui aurait profité à l’économie nationale.

Certains de ses conseillers, dont le ministre des Finances, Ould Diay, l’en auraient dissuadé. Pour eux, rien ne sert de donner au peuple ce bonus à l’avance et qu’il fallait d’abord attendre le référendum constitutionnel du 6 août 2017. Une fois que la réforme envisagée par Mohamed Abdel Aziz aurait reçu le plébiscite attendu, et dont le succès lui a été garanti, il pourra procéder ensuite avec sérénité aux actions envisagées et viser le troisième mandat. Ce scénario aurait ainsi emporté l’enthousiasme de Mohamed Abdel Aziz qui sera d’ailleurs conforté sur cette voie par le succès des méga-meeting populaires qu’il a organisés sur l’ensemble du pays, avec l’apothéose populaire lors du meeting de Nouakchott.

Mais il va vite déchanter. Lors du dîner électoral qu’il a organisé au soir du référendum au Palais présidentiel, il a quitté la soirée après le résultat des trois premiers bureaux. Déçu et furieux, Mohamed Abdel Aziz s’était rendu compte non seulement qu’il avait une opposition qui lui a été décrite comme inexistante, mais qu’il avait une autre opposition plus sournoise au sein de son propre système qui ne s’arrêtait pas seulement au sein du Sénat. Ce constat est d’autant plus amer que Mohamed Abdel Aziz s’est retrouvé piégé dans un système maffieux qu’il a personnellement nourri et qui maintenant lui échappe. Il en est arrivé à un stade tel qu’il se sent incapable de changer le gouvernement, de peur de nommer une personne dont il ne peut garantir la fidélité. Et les 4 milliards de dollars sont ainsi restés prisonniers de sa propre phobie.

Cheikh Aïdara

 

 


Formation de représentants de migrants à Nouakchott sur les droits de migrants et droits de travail

Dans le cadre du Projet ‘Migration & Développement en Mauritanie (MIDRIM)’ qui est la suite du Programme d’Appui à la Stratégie Nationale de Gestion de la Migration (PASNGM) financé par l’UE au profit du gouvernement Mauritanien (FED 10), une formation sur les droits de migrants et droits de travail s’est tenue du 03 au 04 Février 2018 à l’espace Culturel Diadié Camara.

La formation est organisée par le consortium Alianza Por la Solidaridad – GRDR en collaboration avec l’AMDH et la CGTM qui sont toutes deux spécialisées en droits humains et droits de travail.

Le projet MIDRIM cible 4 collectivités territoriales (la Commune de Riadh à Nouakchott, la Commune de Nouadhibou, la Commune de Kaédi et la Commune de Sélibabi). Il cible aussi la diaspora Mauritanienne en France, Belgique et l’Espagne en plus des principales communautés de migrants en Mauritanie et leurs consulats.

Il est composé de deux axes :

  • CODÉVELOPPEMENT: qui comprend le travail les organisations de la diaspora mauritanienne résidentes en France, Espagne, Belgique ; les consulats de Mauritanie en France et en Belgique ; les autorités locales de 4 collectivités territoriales (Communes de Sélibabi, Kaédi, Riyad et Nouadhibou) pour intégrer dans leurs PDC (Plan de développement communal) des actions portant sur les enjeux de Migration et développement (M&D) ; la Jeune Chambre de Commerce (JCC) ; et la tenue en fin du projet d’un forum Migration & Développement réunissant les principaux acteurs (autorités locales et nationales, Diaspora, OSC, universitaires, experts) pour partager les initiatives de M&D et l’apport des diasporas au développement de la Mauritanie.
  • AXE 2. DROITS DES TRAVAILLEURS MIGRANTS : qui comprend le travail avec les principaux consulats d’origine des migrants résidents en Mauritanie pour les sensibiliser et les former sur les droits et protection de leurs ressortissants conformément à la législation mauritanienne et celles des conventions bilatérales et internationales ; les principales organisations de la société civile issues de migration (OSCIM) et OSC intervenants sur les droits des étrangers pour les former et outiller en vue d’accompagner les migrants.

Ces deux premières sessions de formation ont ciblées deux catégories de migrants résidents à Nouakchott :

  • Les représentants des communautés migrantes membres du Cadre de Concertation des Migrants, une coordination des communautés migrantes résidents en Mauritanie, essentiellement celles résidentes à Nouakchott.
  • Les membres de l’Association des Femmes Migrantes en Mauritanie (AFEMIMA)

Les formations ont porté sur :

  1. Droits économiques, sociaux et culturels : Ensemble des droits visant, selon un principe d’égalité et de non-discrimination, les conditions économiques, matérielles et intellectuelles des individus et des groupes. La mise en œuvre des droits économiques, sociaux et culturels nécessite le plus souvent une intervention de l’Etat. En droit international, ces droits sont énumérés dans le Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels (1966) : droit au travail ; droit à des conditions de travail justes et favorables ; droit à l’exercice d’une activité syndicale ; droit de grève ; droit à la sécurité sociale ; protection de la famille ; droit à un niveau de vie suffisant ; droit à un logement ; droit à la santé ; droit à l’éducation. Voir aussi Droits civils et politiques, Droits de l’homme
  2. Les droits culturels : se rattachent au “mode de vie” culturel d’une communauté; ils font généralement l’objet de moins d’attention que la plupart des autres droits.

 

  1. LEGISLATION NATIONALE ET CONVENTIONS BILATERALES ET INTERNATIONALES SUR LA MIGRATION

 

La constitution du 20 juillet 1991 reconnaît aux étrangers, entrés régulièrement en Mauritanie, les mêmes droits que les Mauritaniens. En fait, l’entrée et le séjour en Mauritanie sont soumis à un ensemble de conditions qui dénotent de la volonté du législateur de réguler les flux migratoires en fonction des problèmes qui se posaient à la société mauritanienne à l’époque de l’indépendance.

C’est ainsi que trois textes fondamentaux régissent la migration. Il s’agit du décret du 15 décembre 1964, modifié en 1965, portant régime de l’immigration et la loi n°1965.046 du 23 février 1965 portant dispositions pénales relatives au régime de l’immigration, du décret n° 2009-224 instituant le permis de travail pour les travailleurs étrangers auxquels est venue s’ajouter la loi n°2010.021 du 10 février 2010 portant incrimination du trafic illicite des migrants.

 

  1. Les conventions bilatérales et internationales

La Constitution du 20 juillet 1991 établit la primauté des traités régulièrement ratifiés, qui sont ipso facto incorporés dans le droit interne et peuvent être invoqués devant les tribunaux. Au niveau bilatéral comme au niveau multilatéral, la Mauritanie a conclu plusieurs traités relatifs à la migration.

Outre la France, elle a conclu des accords avec le Maroc, l’Algérie, la Gambie, le Sénégal, la Tunisie, le Mali et l’Espagne dans le but de réguler les flux migratoires dans le cadre de la libre circulation des personnes et des biens. Le cas du Maroc est différent dans la mesure où le principe de réciprocité impose l’obtention d’un visa d’entrée pour les ressortissants des deux pays. Avec les pays européens, la question est différente puisque ces accords ont pour objet de réguler l’immigration à destination de ces derniers et de lutter contre le trafic des migrants.

 

  1. Les libertés fondamentales et les droits
  2. La liberté de circuler et de s’établir dans les parties du territoire de la république;
  3. La liberté d’entrée et de sortie du territoire national;
  4. La liberté d’opinion et de pensée;
  5. La liberté d’expression;
  6. La liberté de réunion;
  7. La liberté d’association et la liberté d’adhérer à toute organisation politique ou syndicale de leur choix;
  8. La liberté du commerce et de l’industrie;
  9. La liberté de création intellectuelle, artistique et scientifique;
  10. Accès aux fonctions et emplois publics;
  11. Toute personne est présumée innocente jusqu’à l’établissement de sa culpabilité;
  12. Toute forme de violence morale ou physique est proscrite;
  13. Le droit de grève est reconnu sauf dans les domaines de la défense et de la sécurité nationales;
  14. Le droit de propriété est garanti;
  15. Le droit d’héritage est garanti;
  16. Tout étranger qui se trouve régulièrement sur le territoire national jouit, pour sa personne et pour ses biens, de la protection de la loi;
  17. Nul ne peut être extradé si ce n’est en vertu des lois et conventions d’extradition.


Lettre ouverte au ministre de l’intérieur : Halte à la dictature féodale à DAFORT dans le Guidimagha

Monsieur le ministre, nous allons vous soumettre par ce cri d’alerte, le cas symbolique de la dictature féodale qui sévit dans nos localités rurales du Guidimagha. En effet nous sommes une composante sociale d’extraction sociale dite « esclave » selon le régime coutumier soninké, et nous subissons un certain ostracisme très sévère dans notre village alors que nous ne voulons VIVRE qu’en CITOYENS DIGNES. Vous savez que les séquelles esclavagistes dans les milieux soninkés du Guidimagha sont vivaces et foncièrement agressives. Aujourd’hui en citoyens avertis, nous avons décidé de sortir des vieux schémas sociétaux rétrogrades  qui nous humilient depuis plusieurs générations.

Le hangar objet du litige

Cet activisme pacifique s’est inscrit dans la légalité en respectant les règles admises en la matière dans notre chère MAURITANIE. Il y’a quelques mois, l’association AMEES  a ouvert une section à travers laquelle nous menons notre mission de sensibilisation et conscientisation de nos masses populaires. Lors de l’ouverture de cette instance locale, nos membres fondateurs ont été voir le maire pour l’en avertir. Il n’avait trouvé aucun inconvénient et il lui avait été précisé que l’association est ouverte à tous nos concitoyens. Dès lors nous croyons être  dans nos Droits légitimes garantis par la constitution. C’était sans imaginer les différents types de chantages manœuvrés par certains détracteurs de notre engagement pour VIVRE en citoyens à égale DIGNITÉ sans les pesanteurs sociétales.

En effet, les membres de notre communauté sont harcelés, provoqués et salis dans le village par des éléments réactionnaires issus de la féodalité villageoise. C’est ainsi que le 13 août 2017, des gendarmes mobiles dans la commune avaient convoqué l’un de nos responsables en lui disant qu’ils veulent savoir sur la nature des réunions qu’on organise chez lui. Ce jour, les gendarmes ont notifié que nos parents avaient le plein droit de se réunir en toute liberté chez ce responsable de section  AMEES après une explication donnée sur nos activités de sensibilisation. Le 5 septembre 2017, dans les jours de la fête de Tabaski, d’autres gendarmes mobiles se sont présentés chez le responsable section AMEES DAFORT en lui demandant d’arrêter les travaux d’un modeste hangar prévu pour abriter nos rencontres dans sa maison.

Les gendarmes avaient dit que nous aurons des plaintes en notre encontre propos de ce hangar et que nous devrons nous rendre à Ould Yengé le chef-lieu de notre département auprès de la brigade. Et c’est au cours de cette procédure de clarification auprès des autorités départementales, la nuit du 30 septembre 2017 s’éclatent des graves incidents entre la jeunesse villageoise dans son ensemble et l’ordre des anciens à propos de la tenue des festivités nocturnes. Ces incidents d’une certaine violence avaient été condamnés par le monde villageois dans son intégralité. Pourtant comme par hasard dans une atmosphère de délation, 2 adultes parmi nos membres engagés contre ancien système féodal, sont arrêtés avec les jeunes émeutiers.

L’un de ces 2 militants arrêtés a été le responsable section AMEES DAFORT, et leur arrestation sans motif avéré  avait duré plus de 50 jours INJUSTEMENT. Après cet épisode flou et mystérieux, nous avons repris nos démarches citoyennes auprès des administrations départementales et régionales pour savoir davantage sur le cas de notre hangar suspendu depuis le 5 septembre 2017.

Ainsi ces derniers jours nous avons pris contact avec le préfet à Ould Yengé, qui dit qu’il ne comprend aucun motif sur cette suspension et nous a invités d’aller chez le gouverneur de Sélibaby. Arrivés chez le gouverneur il y’a quelques jours, il nous a expliqué que les ordres qu’il a reçus venaient du ministère de l’intérieur. Il a clarifié que quelques cadres issus de DAFORT se sont plaints auprès du ministère concernant notre hangar qui serait financé par des bandits étrangers.

À partir de ce constat, nous estimons nécessaire de s’adresser directement à vous monsieur le ministre, en guise de réactualisation de notre courrier d’il y’a quelques temps. En vous adressant cette alerte citoyenne et témoin à l’attention de la communauté nationale voire internationale.

Nous suspectons encore une énième fois les manœuvres délatrices et lâches des milieux féodaux hostiles à notre campagne de sensibilisation et de conscientisation sur le régime féodal soninké qui bafoue nos droits de citoyens  et veut sauvegarder des privilèges partisans dans nos communautés.

Monsieur le ministre, nous vous assurons que certains milieux soninkés influents à Nouakchott sont dans une campagne diffamatoire et calomnieuse à notre endroit depuis l’élan de conscientisation initiée et amplifiée  par la journée du 6 mars 2017 à Sélibaby  à l’occasion de la journée nationale contre l’esclavage et ses séquelles. Ce jour pour la première fois la loi 2015-031 relative aux pratiques esclavagistes et ses séquelles a été expliquée et diffusée au sein des masses soninkés dans nos contrées villageoises. Aujourd’hui, AMEES dispose de plusieurs sections dans différentes localités villageoises du Guidimagha, et tout se passe sans encombres pour leurs adhérents, le cas DAFORT ne devrait pas être une exception.

Monsieur le ministre, nous voulons exercer paisiblement  notre qualité de CITOYENS ACCOMPLIS dans nos localités rurales du Guidimagha mais l’ordre féodal s’active pour s’y opposer et ses représentants déterminés sont probablement  bien introduits au sein du pouvoir à Nouakchott.

Monsieur le ministre, nous vous assurons qu’aucun financement suspect et des relations extérieures douteuses n’existent dans notre engagement citoyen et pacifique. Comme toute communauté de vie et d’appartenance militante, nous avons la culture de l’entraide entre nos membres de l’intérieur et de l’extérieur en toute transparence.

Monsieur le ministre, sous le vocable GANBANAAXU* communauté de DAFORT, nous voulons nous libérer du joug féodal dans le milieu soninké en refusant les mentalités esclavagistes.

Monsieur le ministre, nous comptons sur vos services de protecteur et de garant de l’ordre public et des libertés individuelles et collectives pour prendre en compte le cas de notre hangar suspendu depuis  plusieurs mois dans des circonstances qui troublent plus d’un.

NB : une copie de cette lettre a été déchargée auprès du service courrier du ministère de l’intérieur à la date du 8 janvier 2018 avec reçu de dépôt.

*Mouvement citoyen et pacifique pour  l’égalité en DROITS et en DIGNITÉ dans la société soninkée.

DAFORT, 4 février 2018

La communauté GANBANAAXU DAFORT

 

 

 


Mort du pêcheur sénégalais : Macky attendu à Nouakchott et les syndicats de presse appellent leurs confrères à la retenue

Aux lendemains de la mort du pêcheur sénégalais tué par les gardes-côtes mauritaniens aux larges de la ville de NDiago, les présidents de syndicat de presse de la Mauritanie et du Sénégal, Ahmed Salem Dah et Ibrahima Khaliloulah Ndiaye ont signé un communiqué conjoint demandant à leurs confrères journalistes dans les deux pays respectifs de faire preuve de responsabilité dans le traitement de l’information pour ne pas envenimer une situation déjà critique. En effet, des émeutes avaient éclaté  à Saint-Louis et des boutiques appartenant  à des Mauritaniens saccagés et incendiés. Toute situation qui pourrait servir aux desseins maléfiques aux va-t’en guerre dans les deux pays.

Ci-joint, le contenu du communiqué signé par les deux responsables, le président du Syndicat des Journaliste de Mauritanie (SJM) et le président du Syndicat des professionnels de l’information et de la communication du Sénégal (SYNPICS).


Sensibilisation sur le Sida : l’Association mauritanienne pour le développement et l’action humanitaire a procédé à 200 dépistages volontaires à Tiguint

Une campagne de sensibilisation sur le VIH/Sida  lancée dans la localité de Tiguint, ville située à mi-chemin entre Nouakchott et Rosso, s’est étendue sur cinq jours. Elle a été clôturée lundi 29 janvier 2018 en présence des autorités administratives et communales. Cette campagne a été initiée par l’Association mauritanienne pour le développement et l’action humanitaire en collaboration avec le Secrétariat exécutif national de lutte contre le Sida (SENLS).

A l’extrême droite Marième Bah (présidente de l’association) au côté des officiels (Photo Md Lemine)

Pendant cinq jours, les volontaires de l’association ont fait du porte-à-porte et sensibilisé les populations de Tiguint sur le danger du Sida et ses modes de transmission. Quelques 200 volontaires ont été dépistés au cours de cette campagne.

La cérémonie de clôture a été présidée par le chef de la circonscription, M.Ghaïthy Ould Sidi Mohamed qui a mis l’accent dans son intervention sur l’importance de la sensibilisation dans la lutte contre le VIH/Sida, tout en insistant sur les efforts déployés par le gouvernement mauritanien dans l’amélioration des services de santé dans le pays et leur rapprochement des populations sur l’ensemble du territoire national.

Une partie de l’assistance

A son tour, le maire de la commune de Tiguint, M.Hamady Ould Vayigh, a loué l’initiative de l’Association mauritanienne pour le développement et l’action humanitaire à travers cette campagne de sensibilisation visant à sensibiliser les populations de sa commune sur les dangers du VIH/Sida ainsi que les moyens de l’éviter, par une explication détaillée sur ses modes de transmission ainsi que l’importance d’un dépistage volontaire.

Pour sa part, la présidente de l’association, Mme Marième Mint Bah, a mis l’accent sur l’importance de la sensibilisation dans la lutte contre le VIH/Sida, soulignant que beaucoup de pays sont parvenus par ce genre de campagne à réduire considérablement leur taux de prévalence.

Selon Marième Mint Bah, son association est parvenue au cours de ces cinq jours à toucher la quasi-totalité des habitants de Tiguint, en organisant deux journées au collège de la ville, sans compter les marchés et les regroupements socioculturels, avec à la clé 200 dépistages volontaires.

Elle a enfin souligné que cette action réalisée par son association entre dans le cadre des efforts menés par le SENLS pour parvenir à Zéro infection dans sa lutte contre le VIH/Sida.

Cheikh Aïdara


Les femmes parlementaires mauritaniennes mobilisées contre la malnutrition

Aux termes de la journée de mobilisation organisée le mercredi 31 janvier 2018 sous la coupole de l’Assemblée Nationale, les femmes parlementaires, encadrées par des experts du mouvement SUN, entre autres, ont été suffisamment outillées sur la situation alarmante de la malnutrition en Mauritanie. Savoir par exemple que 75% des enfants et 24 % des femmes en Mauritanie sont en situation grave d’anémie ou que 7 Wilayas sur les 15 et 21 Moughataas sur les 55 que compte la Mauritanie sont dans une situation nutritionnelle d’urgence a suffi pour qu’elle fassent de cette pandémie leur prochaine priorité.

Le vice-président Ould Kharchi (en boubou blanc) ouvrant les travaux, à sa droite Marième Baba Sy, à sa gauche Dr.Moulaye et Elena Vicario (Photo Aidara)

L’Assemblée Nationale a abrité le mercredi 31 janvier 2018 une journée de mobilisation des parlementaires en faveur de la nutrition. Cette manifestation a été organisée par le Réseau des femmes parlementaires (REFPAM) en collaboration avec le mouvement Scan-Up Nutrition (SUN) de Mauritanie.

L’institutionnel s’engage

La cérémonie d’ouverture a été marquée par le mot d’ouverture du Vice-président de l’Assemblée Nationale, l’Honorable député M.Ahmed Yahya Ould Kharchi, qui s’est félicité de l’organisation de cette journée destinée à sensibiliser et à mobiliser les parlementaires contre le fléau de la malnutrition. Il a enfin exprimé la disponibilité des députés à accompagner tout effort de nature à améliorer les conditions de vie des populations.

Auparavant, la présidente du REFPAM, l’Honorable députée Mme Marième Baba Sy a donné un bref aperçu sur la nutrition et ses bienfaits sur le bien-être en général, tout en mettant en exergue la part très faible du budget qui lui est accordée ainsi que l’absence d’une politique d’informations et de sensibilisation des populations sur la malnutrition et ses dangers. Elle a cependant évoqué les efforts importants déployés sur le plan mondial pour lutter contre le fléau et l’engagement des Etats dans ce domaine.

De son côté, Dr.Moulaye El Mehdi Ould Moulaye Zeine, président de la Plateforme du mouvement SUN-Mauritanie de la société civile qui regroupe des ONG nationales et internationales exerçant au niveau local s’est félicité de l’importance que les femmes parlementaires accordent à la question de la nutrition, au point de susciter de leur part une si grande mobilisation malgré un calendrier chargé (Déclaration de politique générale du Premier ministre, plénière prévue le même jour pour la clôture de la session ordinaire du Parlement, après les âpres discussions sur le budget…)

Dr.Moulaye a par la suite procédé à une brève description de son mouvement, qui est né après l’adhésion de la Mauritanie au mouvement SUN international le 19 mai 2011 avec une lettre d’engagement du Ministre des Affaires économiques et du Développement (actuel Ministère de l’Economie et des Finances). Il a par la suite expliqué à l’assistance que la société civile mauritanienne n’est pas restée inactive face au phénomène de la malnutrition et que des initiatives de terrain ont déjà été menées et continuent de l’être. Il a cité en exemple le Projet de renforcement de la résilience mené par son ONG, AMAMI (Association Mauritanienne d’Aide aux Malades Indigents) dans la Moughataa de Koubenni au Hodh Gharbi, en collaboration avec l’Unicef et Echo.

Dr.Moualye au cours de sa présentation (Photo Aidara)

Enfin, Elena Vicario, Coordinatrice d’Action contre la faim, une ONG espagnole présente en Mauritanie depuis 2007 a brièvement évoqué les actions menées par son organisme, en collaboration avec les autorités mauritaniennes, dans le domaine de la nutrition.

Par la suite, les Honorables députées, Mmes Aminata Niang et Habsatou Kane ont donné un bref aperçu du REFPAM qui a été créé en 2013, ses missions, ses objectifs et ses réalisations, avec à l’appui un documentaire sur la caravane qu’elles avaient organisée dans les Wilayas du Trarza, du Brakna du Gorgol et du Guidimagha. Elles déclarent avoir mené une deuxième caravane dans la foulée dans les deux Hodhs, en Assaba, au Tagant. Ces caravanes destinées à s’enquérir sur les problèmes des populations devront se poursuivre selon elles, avec une troisième caravane dès le 4 février 2018 en direction des régions Nord (Adrar, Inchiri, Nouadhibou et Tiris-Zemmour).

Situation nutritionnelle et alimentaire alarmante

Plusieurs communications ont été par la suite présentées, dont l’une sur la Situation nutritionnelle en Mauritanie par le Dr.Barro qui a livré les chiffres alarmants de la dernière enquête SMART qui fait ressortir des situation d’urgence dans plusieurs régions et départements du pays, avec des taux de malnutrition aigüe sévère (MAS) et de malnutrition aigüe globale (MAG) au-dessus du seuil d’urgence, respectivement 2% et 15%.

L’insécurité alimentaire en Mauritanie qui touche 370.000 personnes, soit le double des chiffres de 2016, risque selon Mohamed Dah, expert à Action contre la faim, de s’exacerber en cette année particulièrement marquée par un grand déficit pluviométrique et un couvert végétal qui ne pourrait pas suffire au bétail. D’où des tensions qui pourraient naître selon lui, de la concentration excessive des animaux dans les régions sud du pays et des conflits que cela pourrait générer entre éleveurs transhumants et paysans.

La Mauritanie et ses engagements internationaux

Mohamed Bneijara présente sa communication (Photo Aidara)

Mohamed Ould Bneijara, président de l’ONG ADIG, Point focal au sein du Groupe humanitaire-pays et Secrétaire général de SUN-Mauritanie, est revenu sur les engagements de la Mauritanie par rapport à la santé et la nutrition, citant le Sommet d’Abuja où l’Etat mauritanien s’était engagé à accorder 15% de son budget national à la Santé (il en est à moins de 3%), où quand il s’est engagé à réduire de 40% le nombre d’enfants de moins de 5 ans en retard de croissance ou de 50% le nombre de femmes malnutries, alors qu’il reste encore très loin de ces engagements.

Aujourd’hui, le constat est amer. L’Etat mauritanien fait de la nutrition une affaire qui ne concernerait que l’assistance technique-financière internationale, alors que 2, 7 milliards d’UM par an consacrés à la nutrition, suffiraient selon les experts, à éradiquer ce fléau dans le pays et sauver des milliers d’enfants et de femmes.

Outre le rôle qu’ils jouent dans le maintien des centres de nutrition (au niveau communautaire, dans les centres de santé ou dans les hôpitaux), les partenaires comme Action contre la faim, Wolrd Vision, Oxfam, ou encore Adra, Terre des Hommes, Caritas contribuent par leurs efforts à réduire l’impact de la malnutrition et de l’insécurité alimentaire.

A ce titre, leur présence a été très marquée au cours de la journée de mobilisation et l’Unicef a enfin mis à la disposition des participants le «Plan stratégique multisectoriel de nutrition, 2016-2025».

Les femmes parlementaires mauritaniennes, enfin édifiées sur l’ampleur de la pandémie, se sont dites engagées à prendre le combat de la nutrition à bras-le-corps, même si elles regrettent que cette journée soit organisée très tard, après l’adoption du Budget 2018 et après la Déclaration de Politique Générale du gouvernement. Mais surtout, aux lendemains d’un renouvellement des sièges de l’Assemblée Nationale qui devra intervenir au cours de l’année. «Mais, que nous soyons réélues ou pas, nous resterons membres actives du REFPAM qui regroupe non seulement les députées en exercice mais aussi toutes les anciennes parlementaires » a souligné Mme Marième Baba Sy.

 

Cheikh Aïdara

Reportages Photos


3ème Congrès d’IRA, une césarienne en période d’exception

C’est presque dans la clandestinité, comme à l’époque du monopartisme, que le Congrès de l’Initiative de résurgence du mouvement abolitionniste (IRA) s’est achevé le 28 janvier 2018 par une résolution finale. Commencés la veille au domicile du président Birame Dah Abeid, les travaux ont été interrompus par le préfet de la circonscription sur ordre de ses supérieurs. Face aux menaces proférées par les autorités de livrer le quartier à la vendetta policière, les congressistes ont préféré aller poursuivre leur manifestation dans un endroit resté secret. Birame a été reconduit à la tête du mouvement.

Birame en boubou blanc turban noir à ses côtés son épouse et ses collaborateurs (Photo Aidara)

Le 3ème Congrès ordinaire d’IRA s’est achevé le 28 janvier 2018 après deux jours de travaux rocambolesques, mi-publics mi-clandestins. Ce Congrès a été baptisé «Congrès Mère Houleye Sall» du nom de la mère du lieutenant Abdallahi Moussa Sall, assassiné en 1990 à Inal, qui continue, malgré ses 92 ans à lutter pour que la vérité et la justice soit rendu non seulement à son unique fils, mais aussi à tous les martyrs de ces douloureux évènements qui ensanglantent l’histoire de la Mauritanie.

La Mauritanie et le monde

La résolution finale adoptée au bout des travaux du congrès fixe dans son préambule le contexte qui prévaut en ce début 2018, contexte marqué par l’élection de Donald Trump aux Etats-Unis et les errements diplomatiques dans le monde, surtout au Moyen-Orient, le défi du changement climatique et le terrorisme islamiste.

S’agissant de la Mauritanie, le congrès dénonce une «navigation à vue faute de vision au sommet de l’Etat », l’absence d’alternative chez la frange lettrée recluse dans le fatalisme, la permissivité morale et la paresse qui la dépouille de toute imagination fertile et même du rêve légitime de vivre dans un pays normal. C’est dans ce contexte que quelques forces vives de la nation comme IRA et certains organismes de défense des droits de l’homme tentent, selon le texte final, de créer un environnement propice à l’alternance politique.

L’examen de la situation de la Mauritanie a ainsi permis aux congressistes d’identifier les «principaux enjeux de la lutte » qui selon eux posent les jalons de la refondation. L’un des défis serait la persistance des pratiques esclavagistes et discriminatoires qui seraient le «produit d’une confusion originelle entre raison du plus fort et religiosité du plus retors ». Il est question cependant de tentative de la part du législateur mauritanien d’améliorer l’énoncé d’une lutte contre ces inégalités sociales, mais selon IRA, «l’imposture perdure grâce à la volonté de ne pas appliquer le droit ». Idem pour les instruments internationaux que l’on ratifie dans la hâte dans «un calcul de dissimulation». Et le religieux intervient dans cette danse pour «intimider l’exigence de mieux-être »sans que ces tenants ne se rendent compte que l’alibi perpétuel du sacré, peut provoquer une usure sous l’effet de l’excès.

Abus et impunité

Le congrès dénonce également le silence complice de l’Etat mauritanien «face à l’impunité des auteurs de crimes de sang, déportations et disparitions, exécutés aux motifs de la race et de la culture non-arabes». Selon IRA, «il n’y a pas de cohésion non plus de fraternité quand l’un opprime l’autre et lui enjoint d’oublier». Les travaux de ce 3ème congrès ont également été l’occasion de dresser le bilan du combat mené par le mouvement, de la torture, des mauvais traitements et de l’emprisonnement dont les militants d’IRA sont régulièrement l’objet, mais aussi du racisme montant contre la frange harratine, avec l’exemple du présumé voleur Ethmane Ould Brahim, torturé et filmé sans que les auteurs de cette barbarie soient inquiétés. Selon IRA, «la Mauritanie d’aujourd’hui s’enfonce dans le fanatisme de la pureté essentialiste et y dissout ses traditions, son âme et la tranquillité de ses habitants ». Il fut aussi question des libertés qui se seraient beaucoup rétrécit selon la résolution finale qui parle d’arrestations arbitraires, de détentions hors procès, évoquant les situations lamentables des prisons et des prisonniers en Mauritanie. Et de citer en exemple, les deux détenus d’IRA à Bir-Moghreïn, Moussa Bilal Biram et Abdallahi Maatala Saleck, du sénateur Mohamed Ould Ghadda et du sergent Mohamed Ould Mohamed Mbareck, mais aussi les journalistes, syndicalistes et sénateurs maintenus sous contrôle judiciaire depuis plusieurs mois, entravant leur liberté de se mouvoir, etc. Ces atteintes aux droits de l’Homme en Mauritanie participent selon les termes de la résolution finale «à compromettre le consensus national et la perspective d’une alternance apaisée en 2019, date du dernier mandat de l’actuel chef de l’Etat».

Fin du pluralisme

Abordant le détournement des institutions, IRA évoque la relative crédibilité du modèle de pluralisme en Mauritanie, les abus de l’appareil sécuritaire et de justice qui enlèvent tout poids aux mécanismes de recours, l’utilisation de l’arme du fisc pour tenir en laisse le privé, l’effondrement du système éducatif et sanitaire. De là à évoquer la prévarication au sein de l’Etat, il n’y eut qu’un pas que les congressistes ont franchi, parlant de la corruption dans la sphère de l’Etat et l’inefficience des politiques publiques.

Dans l’urgence d’une situation aussi alarmante que celle décrite, le 3ème congrès d’IRA trouve pertinent et utile de rompre avec une cité incapable d’assurer à ses membres le sentiment de participer à une œuvre commune.

Batailles électorales futures

En perspective des consultations électorales en vue, le congrès a donné toute latitude à ses membres pour se présenter en indépendant à toutes les échéances à venir, les législatives, les communales et la présidence de la République.

Une nouvelle fois, le président Birame a été reconduit à la tête du mouvement IRA «aux fins de promouvoir une large concertation avec les partis, la société civile et le commandement des forces armées et de sécurité, en vue d’accélérer la réconciliation des Mauritaniens avant le vote et parvenir à une entente solide, sur les règles de l’impartialité, dans le strict respect de la Constitution » conclut le texte final sanctionnant les travaux du 3ème Congrès du mouvement IRA.

Ce congrès a été ouvert le 27 janvier en présence de plusieurs personnalités et présidents de partis politiques, notamment Samba Thiam des FPC, Bâ Mamadou Alassane de PLEJ, Me Cheikh Ould Hindi, bâtonnier de l’ordre des avocats, des représentants du parti Tawassoul et de SOS Esclaves, notamment.

Cheikh Aïdara