Abdelkrim Mekfouldji

Benteftifa, un souvenir impérissable

Des hommes parmi les hommes, vulnérables, modestes, suant la simplicité, disparaissent un jour sans que la majorité d’autres hommes ne se rendent compte jusqu’au jour où on demande des nouvelles de quelqu’un au détour d’une circonstance rappelalnt une scène vécue justement en compagnie de cette personne. Et il leur est dit : « mais elle est morte ! »

Benteftifa, un homme intègre
Benteftifa, un homme intègre

Quoi ? Quand ? Comment ? Les questions qui viennent tout de suite à l’esprit, des questions sorties spontanément d’une bouche encore ouverte, surmontée de deux yeux eux-mêmes tous ronds et des sourcils en arc montrant davantage le degré de la stupéfaction.
Monsieur Sid Ahmed Benteftifa est de ce genre d’hommes qui est, telle l’eau à une juste température, coulant sur le corps d’un être humain : on ne la sent pas mouiller les parties d’un corps savourant le moment présent. Le sourire de M. Benteftifa est encore rarement égalé, fait de tendresse et de gentillesse. Il fut enseignant de langue française à l’école Casenave, aujourd’hui Ben M’rah, du nom du premier martyr de la révolution algérienne tombé dans la circonscription de Blida, un certain 8 mai 1945. A 72 ans moins quelques jours, il quitté silencieusement cette terre de Blida, au mois de novembre de l’année 2009, laissant sept enfants qui donneront à leur tour 17 petits enfants au sage Sid Ahmed. Il aimait –adorait- Aya et Douâ, âgées aujourd’hui respectivement de 14 et 10 ans, lesquelles en quémandant des bonbons se voyaient répondre parfois : « Ali Baba et les 40 voleurs me les ont pris »…Benteftifa et petites filles Douce introduction dans le monde des contes merveilleux berçant l’enfance, bien plus affectueux que le monde de l’Internet, du smartphone et autres gadgets qu’il faudra sans doute penser à éloigner des enfants en bas âge.
M. Benteftifa aimait les voyages, à travers les livres ou réellement puisqu’il avait foulé les sols du Canada, des USA, de Dubaï et autre France, ce dernier pays auquel il vouait un amour particulier. Les personnes de son âge lui connaissaient un autre amour à travers la moto, un sport qui revient au devant de la scène de par les multiples embouteillages et encombrements qui vieillissent prématurément celles et ceux qui les subissent…
En ce 24 octobre 2014, date du 5ème anniversaire du décès du regretté Sid Ahmed Benteftifa, une pieuse pensée à sa mémoire est demandée à ceux qui l’avaient côtoyé.


Médiathèque de Blida, unique !

Lieu convivial pour la jeunesse
Lieu convivial pour la jeunesse

La médiathèque Hadj Mahfoudh Mahieddine à Blida rassure et laisse entrevoir un soupçon d’optimisme à travers ce qu’elle offre à la jeunesse. 11 activités et pas moins pour une médiathèque sise au milieu d’une cité au nom flatteur, les Rosiers », à Blida et qui compte près de 1.200 adhérents possédant carte et des visiteurs occasionnels pour chaque jour de la semaine puisque le centre ne désemplit jamais. « Nous ne sommes point dans une cité dortoir » a aimé déclarer le directeur, Mr Rahmani Fadhloune, en charge de la médiathèque depuis l’année 2005, date de la rétrocession du lieu à la jeunesse et les sports de Blida par la mairie du chef-lieu. Quinze millions de dinars algériens avaient été nécessaires pour la restauration, la rénovation ainsi que la dotation en matériel et personnel. Deux niveaux occupent les quelque 1000 m² où les jeunes de tous les environs se retrouvent.

Les enfants se prennent en charge
Les enfants se prennent en charge

Un centre qui était à l’abandon laisse entendre aujourd’hui de la musique classique sur guitare et piano, voir et apprécier de la peinture à travers le club des arts plastiques, l’apprentissage de l’anglais pour différents niveaux par Mr Larinouna, des cours de soutien dans différentes matières, de l’audio-visuel axé sur l’initiation à la photographie, aux prises de vue et montage avec musique et sons.

Endroits bien aérés
Endroits bien aérés

La bibliothèque de l’établissement dispose de la connexion Internet avec accès gratuit pour les membres. « Les enfants et jeunes personnes ne paient que 400 DA par an pour la carte d’abonnement et nous avons obtenu un contrat assez spécial de la part des services de la poste pour que tout jeune puisse accéder à l’information diffusée par Internet » précisera, fièrement, Mr Fadhloune.

Un directeur au fait de ce qui intéresse les jeunes
Un directeur au fait de ce qui intéresse les jeunes

A l’entrée, sans aller plus loin et risquer de s’y perdre, le jeune dispose d’un espace, le point d’information, pour se renseigner sur les différents types de formation professionnelle et un point d’écoute est là pour tout soutien psychologique dont les jeunes ont -très souvent- besoin. A un endroit retiré du premier étage, un espace « jeux d’échecs » accueille les jeunes pour une initiation. « Nous avons en projet pour le début de l’année 2015 l’ouverture du « coin cuisine » réservé aux femmes, quel que soit leur âge » dira le responsable qui table sur une augmentation conséquente du nombre d’abonnés.
Il reste à souhaiter que ce genre de centre d’activités voie le jour un peu partout dans cette ville qui compte pas moins de 210 000 habitants, en majorité des jeunes, et qui ne demandent qu’à se retrouver entre eux.

Concentration et logique apprises aux enfants
Concentration et logique apprises aux enfants


El Djenadia la musique andalouse à l’honneur

Défense du patrimoine andalou national
Défense du patrimoine andalou national

Dans les plaines de la Mitidja, au milieu des orangers de la ville de Boufarik, une association de musique andalouse s’affirme de jour en jour, se dévoile comme une école de pérennisation de la musique issue de la lointaine et toute proche andalousie. De création récente -1985- El Djenadia, du nom du maître Boualem Djenadi décédé en 1972, l’association compte aujourd’hui plus de 110 éléments répartis entre quatre stades d’apprentissage. « Son objectif premier demeure la perpétuation de l’art andalou » comme le déclare son président, Mr Essemiani.

Artisans du développement de El Djenadia
Artisans du développement de El Djenadia

Ce vendredi 10 octobre a été l’occasion de présenter le 8°CD de l’association à la salle Ibn Zeydoun d’Alger. Deux albums, une nouba H’sine et un M’dih haouzi ont donné à voir au nombreux public une harmonie des instruments et des voix qui procurait du plaisir ; les invités de marque parmi lesquels nombre de présidents d’associations, de chanteurs et de musiciens comme le maître Saoudi, passeront près de deux heures à goûter aux mélodies issues des M’cedder, B’taïhi, derdj et insirafat : des moments dans l’évolution de la nouba dans le mode H’cine. El Djenadia défend la musique andalouse dans son genre Sanaâ de l’école d’Alger en privilégiant les instruments traditionnels comme la kouitra, le luth, la mandoline, le qanun et autre r’bab.

Le qanun, parmi les instruments phare de la musique andalouse
Le qanun, parmi les instruments phare de la musique andalouse

Les chanteurs comme Imed Houari, Nassim HAMED Boughezala, des rossignols humains, ont enchanté l’assistance avec les Istikhbarat et Insirafat tels « Ô toi dont l’esprit est le jouet de ce vin frais », « Nous avons bu et notre ivresse fut agréable » des moments forts qui font dodeliner de la tête au rythme des instruments si bien joués par des jeunes tels la demoiselle Boumdal avec la mandoline, Bouzar au violon ou Koudia à l’alto : des airs qui font fuser spontanément des applaudissements nourris.

Grande ovation du public à la fin du récital de 2 heures.
Grande ovation du public à la fin du récital de 2 heures.

L’association prend de l’ampleur et participe à plusieurs manifestations dans les villes d’Algérie et à l’étranger. M. Samir Boumdal, vice-président, se déclare « satisfait du développement de la représentation de l’école musicale El Djenadia qui protège ce riche répertoire du patrimoine national. » Plusieurs prix ont été décernés à l’ensemble musical, même en individuel avec le premier prix au concours international d’Ankara (Turquie) pour Bensaïd Rezkellah avec la mandoline en 2010 et Bouzar Ali pour le même instrument lors du festival international d’Alger en 2011.

Des vêtements traditionnels qui ajoutent au charme.
Des vêtements traditionnels qui ajoutent au charme.


Modiano pour le Nobel de littérature

Un Français, le quinzième du nombre, vient de se voir décerner la plus haute distinction littéraire, le Nobel de littérature. A 69 ans, et après plus de 36 ans d’activité et une trentaine de livres, Patrick Modiano se voit récompensé pour « l’art de la mémoire, pour avoir dévoilé le monde de l’Occupation » selon les responsables du Prix. Ces années tragiques d’une époque trouble existent également en Algérie. Les traces physiques et psychiques sont toujours présentes, marque d’une colonisation vieille de plus de 130 années. Kateb Yacine, Mouloud Mammeri, Mohamed Dib, Mouloud Feraoun, contemporains de Camus et de Roblès -pour ne citer que ces deux-là n’avaient jamais cessé de rendre compte des mondes européen et arabe de 1930, année de l’Exposition universelle de Paris, à 1962, année de l’indépendance … pour les Algériens et du déchirement pour les Pieds-noirs.

Ce prix attribué à Patrick Modiano est perçu donc différemment en Algérie même si les puristes reconnaissent à l’auteur de Rue des boutiques sombres, prix Goncourt en 1978, un art de l’autobiographie jamais figée. Lui-même disait que « l’autobiographie est vaporisée dans l’imaginaire, aérée. » Les romanciers algériens s’imprégnaient également de leur quotidien pour dresser des tableaux, parfois douloureux, de familles algériennes, jamais, baignant dans le bonheur. Les personnages algériens, notamment les paysans, laissaient entrevoir un monde à part à une époque où les progrès industriels se ressentaient dans le quotidien non pas des Algériens de souche, mais dans celui des Français d’Algérie, eux-mêmes tributaires quelque peu des Français de l’autre côté de la méditerranée.

Ce quotidien quelquefois tragique est présent également dans le dernier roman de Kamel Daoud (cf plus haut dans les articles du blog) et il serait bon de faire faire une étude comparative des oeuvres de romanciers français et algériens pour la même période.


Rituel de l’Aïd

Difficile pour un non-musulman de comprendre l’esprit de sacrifice entourant la fête de l’Aïd Adha (sacrifice). Dans son essence même, le terme « sacrifice » implique un effort que doit accomplir tout musulman. Cependant, vivre au XXI°siècle suppose l’actualisation des rites et des devoirs religieux. C’est pourquoi, les partisans de la modernisation de la religion butent sur l’implacable conviction de la majorité qui veut que « rien ne bouge » et qui voudrait même revenir aux applications intégrales de ce qui se pratiquait du temps du Prophète (cf ce qui se passe dans la région du Moyen-Orient contrôlée par l’Etat islamique. Des exégètes religieux et des savants « tentent » d’évoquer un sacrifice plus en adéquation avec les années 2000 : faire un don en espèces ou en nature pour les millions de pauvres à travers le monde, sans spécification de la religion du démuni.

Y a-t-il obligation d'égorger un mouton ?
Y a-t-il obligation d’égorger un mouton ?

En attendant cette réalisation quasi utopique, il est malheureusement constaté profusion de « violence » à travers tout ce sang écoulé en un jour, ces moutons qu’on passe au couteau, sous le regard des enfants la plupart du temps. En Algérie, il n’est nul besoin d’aller à l’abattoir, un lieu sûr, puisque toutes les familles égorgent leurs moutons chez soi et qui va alors contrôler la santé du mouton sacrifié ? Les grandes cités urbaines ne bénéficient point d’un lieu collectif pour l’abattage et chacun de se proclamer « égorgeur » au nom d’Allah ! Les parties viscérales impropres à la consommation sont enterrées sans aucune précaution, à la portée des chiens et chats errants. Les peaux de moutons sont accrochées aux branches d’arbres, le mouton lui-même demeure accroché jusqu’au soir afin de se vider complètement de son sang. Nul n’est à l’abri d’une maladie. L’Etat est absent, tout occupé à gérer ses intérêts propres et la débrouillardise règne en maîtresse des lieux.

Veille de sacrifice, moutons mal parqués
Veille de sacrifice, moutons mal parqués

Beaucoup de jeunes, notamment dans le milieu universitaire, pensent sérieusement à tenter de faire changer les choses en axant la fête de l’Aïd non pas sur le sacrifice du mouton mais sur le temps de prière, de bénédiction et orienter la masse financière vers plus de scolarisation des enfants, plus de confort chez soi, plus de santé préventive. L’obligation religieuse sera donc compensée à travers des actes qui pourraient s’étaler sur l’année. Même le cheptel ovin national pourrait être sauvegardé puisque l’envolée des prix en cette période de l’année n’a pas de limites, dans … un pays musulman.canards

Blida, ville de plus de 200 000 habitants, ne dispose que d’un seul abattoir situé à 14 km du chef-lieu ! Il est temps que les pouvoirs publics se penchent également sur cette question en réalisant des structures légères pour pallier à toute conséquence fâcheuse en ces jours de relâche. Et si on se mettait à sacrifier d’autres animaux, de la volaille par exemple ? Le cheptel algérien en sortirait gagnant !


Kamel Daoud, le dinosaure

 

www.algérie-focu.com
Kamel Daoudwww.algérie-focu.com

Kamel Daoud, un chroniqueur algérien, vient d’obtenir le 26 septembre le prix des cinq continents de la francophonie pour son ouvrage « Meursault, contre-enquête » en contrepoids à L’Etranger de Camus. Une deuxième récompense après le prix  François Mauriac que vient de lui décerner l’Académie française pour le même livre. L’identité de l’Arabe apparaît enfin sous le personnage de Haroun, le frère de Moussa tué par Meursault sur une plage ensoleillée. Haroun est lui-même étranger à Oran, dans sa propre ville, son propre pays.

Soixante-dix ans après l’acte de Meursault, Haroun, toujours tourmenté, se libère en confiant ses années de souvenirs, de souffrance. L’auteur, Kamel Daoud, rajoute une polémique, quelque peu différente, à toutes celles qu’il égrène dans ses articles sur l’Algérie contemporaine. Il se lance dans la littérature et son essai est un coup de maître ! Son roman concourt également pour le Goncourt 2014 et le Renaudot.

Agé de 44 ans, Kamel Daoud a suivi des études de lettres françaises après un bac en mathématiques. Il a déjà obtenu des prix pour le recueil de nouvelles Le Minotaure.

Les jardins d’Oran et d’Alger

Le roman, Meursault, contre-enquête, apporte le point de vue arabe sur la question de L’Etranger et la présence de Camus pourrait faire encore plaisir à tous les amoureux de la littérature de ce côté-ci de la frontière. Nombre d’Algériennes et d’Algériens, du même âge que Kamel Daoud et plus, reprennent goût à l’écrit romanesque, surtout lorsque cela les interpelle. Des auteurs universitaires de la critique tels Christiane Chaulet Achour, Amina Bekkat et autres Bouba Tabti accueillent Kamel Daoud comme un contre-champ à tout ce qui a été écrit sur Camus à l’occasion du centenaire de la naissance de l’écrivain.

Au moment où le monde débat sur l’extrémisme religieux, l’islam djihadiste et vit l’infernale violence émanant de groupuscules se targuant de détenir la vérité de l’islam, le roman de Kamel Daoud nous réintroduit dans les jardins, non pas de Cordoue ou de Grenade, mais d’Oran et d’Alger, en évoquant l’Arabe, même si un autre type de violence est là, présent, latent. Cependant, quelle différence avec ce qui est enduré en ce XXI° siècle ! Des dizaines de morts au quotidien, quand ce ne sont pas des centaines, des milliers au nom d’Allah ! Heureusement, un dinosaure nommé Kamel est là pour engloutir nos peurs.


Blida, La céramique : Un art méconnu à Blida

Un art qui se consume lentement à Blida : la céramique. La Chambre des Arts et Métiers tente difficilement de préserver ce pan du patrimoine blidéen, et même national. Farida Chabane en est une représentante et elle en veut aux autorités de ne pas lui avoir ramené le four tant désiré pour la cuite des travaux réalisés et qu’elle doit finir à haute température. Elle entend faire partie des délégations algériennes exposant à l’étranger uniquement afin de pouvoir s’offrir les moyens si modestes d’un artiste dans cette spécialité. « La céramique manque d’encouragement par rapport aux autres arts ; nos responsables privilégient la musique et la peinture mais nous avons également notre public et cet art offre un visage éclairé de la civilisation algérienne. Il faut voir ce que réalisent nos voisins marocains et tunisiens ! »

Tant d'amour dans la flamme
Tant d’amour dans la flamme

Effectivement, l’argile ne manque pas dans la région de la Mitidja, région dont la capitale est Blida et cette matière première facilite le travail pour la réalisation et pour la formation. « Toutes les vitrines du pays peuvent être ornées avec toute cette géométrie dont nous détenons la maîtrise » assure celle qui est fière de défendre son métier contre vents et marées. Djamel, connaisseur en céramique, se dit « fier de parler des œuvres de la jeune fille, œuvres qu’on peut admirer au niveau de la pâtisserie La Royale à Blida. »

Un art présent à Blida
Un art présent à Blida

Un des responsables au niveau de la direction des Arts et Métiers à Blida, Outalia Abdelkader, rassure : « Nous faisons souvent appel à nos artistes dans les dizaines de spécialités et chacun verra son tour arriver d’exposer mais personne n’empêche ces artistes de se constituer en associations et programmer des tournées. Il ne faut point attendre l’aide de l’Etat pour émerger. » Cette sentence a été sèche et se veut également une ouverture sur le « compter sur soi. » Mosquées, bibliothèques, musées, directions administratives, bureaux d’avocats et de médecins : tous les domaines de l’activité professionnelle ont souvent besoin d’un objet représentatif de la culture locale. Le directeur pour la wilaya de Blida, M. Bensalem Réda, se veut tout de même réconciliant : « Nous laissons nos portes ouvertes pour toutes le spropositions. »

Un couscoussier avec la nature comme symbolique
Un couscoussier avec la nature comme symbolique


Blida, Rentrée scolaire pas sûre

Près d’un mois depuis la rentrée scolaire en Algérie et Blida continue de traîner nombre de retardés : élèves exclus et non repris malgré les promesses, enseignantes n’ayant pas rejoint par la faute de l’éloignement, classes surchargées avec notamment 62 élèves pour une classe de terminale section sciences. De jeunes enfants à l’école primaire déjà pressés de prendre quelques jours de vacances et des parents désemparés de ne pouvoir inscrire leurs enfants de moins de six ans. Un mois qui donne froid dans le dos. « J’avais des élèves qui réagissaient au quart de tour aux questions et aux interrogations à chaque rentrée mais impossible de les voir réveillés cette année » assure Nordine, un professeur de mathématiques dans le secondaire.Rentrée scolaire

« J’ai préféré changer de filière à travers un recours plutôt que de subir certaines matières qui ne mènent à rien » déclare Amina, élève en 2ème année secondaire. « Je n’aime pas l’histoire et j’ignore pourquoi on m’oblige à apprendre des noms et des dates pour des personnes et des périodes totalement étrangères à moi » assure naïvement Bouchra, une enfant en 3ème année moyenne. Pour M. Ould Ali, « faire aimer l’Histoire et la géographie est du ressort de l’enseignant qui doit s’investir totalement dans son cours ». Nabila est au collège et elle aime bien s’étaler en expression écrite dans les trois langues enseignées mais « les profs nous demandent une demi-page pour voir seulement si nous sommes capables de mettre des phrases après d’autres phrases ! » Une affaire à suivre pour ces quelques élèves de Blida d’ici à la fin de l’année scolaire.
En attendant, la rentrée n’a pas été conséquente.


Blida, cimetières à l’agonie

Mémoire d’un peuple, tombes livrées aux affres du néant dans une ville plusieurs fois centenaires ! C’est le constat de nombre de ses citoyens qui voyaient en ce vendredi saint, celui du 13 septembre, un état lamentable du cimetière de Sidi Hallou, un des plus anciens. « C’est ici qu’est enterré Ben M’rah, le seul martyr des événements du 8 mai 1945 mais qui parmi les vivants connait son existence ou même ce pan de l’Histoire de la ville des roses ? La rue Yousfi Abdelkader, adresse des cimetières tout à la fois juif, chrétien, musulman dont un de rite Ibadite, est à elle seule toute une histoire avec son prolongement vers la vieille ville de Douirette au sud et son débouché au nord sur la cité du 19 Juin, ex. cité musulmane. Tous les résidents du grand quartier populaire en veulent aux responsables successifs élus à la tête de la commune de Blida qui n’avaient point réussi à tenir leurs promesses d’une prise en charge des doléances pour une vie meilleure et une prise en charge du patrimoine. « Nous pourrions faire énormément dans le cadre de l’emploi des jeunes uniquement en tenant compte du volet historique du quartier avec ses multiples cimetières et les lieux de bataille de l’ALN sur le piémont débouchant sur l’atlas tellien » affirme Mohamed Mouzaï, la soixantaine, et qui vient de prendre sa retraite. « J’aurais voulu me consacrer maintenant à l’écriture de l’histoire de la région mais où trouver les documents et les témoignages ? Il nous manque cet indispensable relais que sont les archives de la ville mais allez tenter d’en trouver au siège de la commune » conclut sur un ton triste Si Mohamed.Tombes abandonnées
A l’entrée du cimetière de Sidi Hallou où sont enterrés également M’hamed Yazid, Mustapha Baghdadi (plusieurs fois maire de Blida), Hadj Messaoud Mohamed et ses fils, Dahmane Benachour et tant d’autres hommes et femmes, le portail d’entrée est défoncé, une quelconque administration est absente, les tombes laissées à l’abandon et des troupes de moutons et de chèvres s’alimentent en toute aisance. Personne ne peut vous renseigner sur des noms, des dates, des histoires liées aux périodes successives ayant enregistré l’enterrement de ces hommes. En face de l’entrée un long mur de clôture qui protège le cimetière chrétien. Celui-ci bénéficie depuis quelques années déjà d’une réelle prise en charge par l’ambassade de France qui emploie deux salariés à plein temps afin d’entretenir les tombes et les allées. Le résultat est encore bien perçu à partir des lacets menant vers la montagne de Chréa : alignements parfaits où est ressentie cette ambiance sereine propre à ce genre de lieux. Quelques mètres au sud de Sidi Hallou, sur la montée vers le quartier de Agba l’hamra, le cimetière juif est à l’abandon dès l’entrée avec le dépôt d’ordures empêchant l’accès à l’intérieur. Il est plus que honteux de devoir subir au quotidien un spectacle pareil avec des jeunes et des moins jeunes qui déposent le plus tranquillement du monde leurs sacs poubelles en ce lieu.
Les autorités gagneraient à trouver une solution à ce gâchis aussi bien physique que spirituel, les morts ne pouvant plus se plaindre.

Plus d'un siècle pour ce cimetière
Plus d’un siècle pour ce cimetière


Le théâtre comme échappatoire

Médéa, à 40 km de Blida et moins de 100 km d’Alger, se targue de disposer d’un festival de théâtre décernant chaque année « la grappe d’or » de la meilleure pièce de théâtre mais cela ne suffit point pour faire de la ville et de la région un centre d’apprentissage pour le théâtre. « Nous aimerions bien voir la concrétisation de la promesse d’un théâtre régional à Médéa, projet pour lequel le précédent responsable de la culture à Médéa, M. Ayache, s’y employait » révèlera M. Ould Medjbeur. Ce dernier déclare posséder le théâtre dans le sang mais il poursuit ses études en 1ère année de gestion à l’université de Médéa. « Toutes les productions parvenant d’Egypte, de Turquie ou d’un autre pays me permettent d’étudier et d’analyser les expressions corporelles, le mouvement et les intonations de la voix ; c’est de la formation gratuite mais sans enseignant » conclut le jeune Seif Eddine.

Des jeunes s'intéressent aux activités théâtrales
Des jeunes s’intéressent aux activités théâtrales

Les deux comédiens qui se sont produits à Boufarik et Blida jouent du théâtre depuis l’âge de 10 ans : « Nous étions dans la troupe Afrah chez M. Benechnacha qui est également auteur de pièces » révèle M. Ould Medjbeur avant que le jeune Talbi renchérit en affirmant qu’il apprend encore aujourd’hui chez M. Hilali. Ayant le jeu théâtral dans le sang, ils font également partie de l’équipe détentrice l’an dernier de la Grappe d’or avec la pièce « Le médecin malgré lui », une adaptation de Ahmed Khoudri.
Ils promettent de revenir prochainement avec une pièce plus étoffée mais donnent rendez-vous pour la fin de ce mois de septembre à Médéa avec la tenue du festival « La Grappe d’or ».


Algérie : l’alphabétisation, une priorité pour « la ville des roses »

Au total, 756 heures d’enseignement pour une durée de 18 mois, avec l’objectif tracé de faire disparaître l’analphabétisme d’ici 2016, c’est la mission donnée à l’office de lutte contre l’analphabétisme, un office rattaché au ministère de l’Education nationale. Selon certains agents bénévoles et affiliés à l’association « Iqra », le volontariat a été la force première pour conjurer un des maux sociaux dont souffrent les citoyens. Il est à observer, uniquement pour la wilaya de Blida, un taux de 12,80 % d’analphabètes : un taux élevé au regard des efforts consentis depuis l’indépendance pour l’éducation nationale.

A l’occasion du festival « Lire en fête » qui s’est tenu à Blida au niveau du Centre d’information de la 1°RM, le stand réservé à l’alphabétisation ne chômait pas, avec l’afflux d’un public, notamment adulte et féminin, en quête de plus de renseignements sur les possibilités et facilités accordées afin de profiter de cette ouverture. « J’ai besoin d’apprendre pour au moins lire le Coran » dira une maman venue avec trois de ses enfants. Un parent s’est dit enthousiasmé à l’idée d’inscrire sa mère pour les cours du soir à Oued El Alleug. Cette dernière localité, avec un statut de région rurale, approche le quart d’analphabètes avec le chiffre de 18 300 personnes ne sachant ni lire ni écrire. « Nous avons l’Arba, Meftah et Boufarik comme le triste palmarès des daïras de la wilaya de Blida où le taux d’analphabètes dépasse les 25 % », déclarera une responsable qui montrera que le pourcentage des citoyens de ces régions s’étant inscrits dans leurs structures ne dépasse pas les 8,30 %, soit moins de 13 000 personnes.

La priorité va vers la femme et les régions rurales

La priorité va vers la femme et les régions rurales, mais des écueils sont présents tels les programmes jugés rebutants, l’inconscience de certains responsables de structures qui n’encouragent guère les apprenants, le volume horaire -6 heures  par semaine- jugé insuffisant. Une enseignante évoqua la priorité des vieilles femmes qui s’inscrit dans l’apprentissage du Coran et des préceptes religieux afin de faciliter le pèlerinage aux Lieux saints.
Six ministères impliqués dans cette mission : Education nationale, Culture, Jeunesse et Sports, affaires sociales, Affaires religieuses et Intérieur, mais les résultats ne sont pas ceux attendus même si beaucoup de progrès ont été réalisés à travers la population carcérale et les jeunes filles du secteur rural.
Des programmes appropriés et tenant compte du sexe et de la tranche d’âge, ramèneraient sans doute plus de candidats à l’apprentissage : tel est le constat issu du débat avec les responsables du stand et quelques citoyens venus s’informer durant ces journées de « Lire en fête » à Blida. « Il n’est pas facile d’intéresser ma mère à des contenus que moi-même j’ai des difficultés à suivre » déclarera une jeune enseignante présente. La révision des programmes serait-elle à l’ordre du jour dans un proche avenir ?IMG_1493

 

La daïra regroupe plusieurs communes.

La Wilaya est une division administrative variant en superficie et prérogatives, cette appellation équivalant selon les Etats au département, ) la région ou à la province.


Quel devenir après l’aventure #Mondobs14 ?

BILLET D’HUMEUR | Le Mondial est terminé pour les joueurs, les supporters mais également pour les Mondoblogueurs de RFI et les Observateurs de France 24, qui vous auront fait ce vivre cet événement durant plus d’un mois et demi. Personnellement, c’est depuis Blida, en Algérie, que je vous ai raconté les exploits de Fennecs. Qu’allons-nous devenir maintenant ? (Crédit photo : filtran aus Edinburgh, Scotland (UK)/Flickr, CC)

Le rideau est tombé sur le Mondial 2014 avec ses surprises, ses joies et ses larmes. Une équipe de 50 contributeurs – un mélange de Mondoblogueur de RFI et d’Observateurs de France 24 – répartis à travers les quatre coins du globe a tenu à animer un blog à dimension mondiale et qui a pu répondre aux vœux de chacune et chacun.  Que vont devenir ces internautes qui ont rendu par écrits et par images ce qu’ils ont ressenti durant un mois devant ce ballon rond, objet de toutes les convoitises ?

Le prochain événement semble être la Coupe d’Afrique des nations devant avoir lieu au Maroc en janvier 2015. Nous formulons le désir de nous rencontrer de nouveau en plaçant la barre encore plus haut, pour la grande joie de celles et ceux qui n’ont que l’Internet pour vibrer, que nos témoignages pour prendre la mesure de tout ce qui touche au sport, à la culture, à la société.

Désolé pour mon  nationalisme…

Blida et l’Algérie ont été témoins des écrits de tout un chacun et sait que ce moyen de communication demeure le lien ombilical nous unissant.

Une prise de vue symbolique de la ville de Blida vous permettra de vous rappeler mes intrusions et toutes mes excuses à celles et ceux qui ont été quelque peu bousculés dans leur nationalisme somme toute légitime.

►►► Pour retrouver tous les articles d’Abdelkrim MEKFOULDJI, Observateur de France 24 à Blida, en Algérie, cliquez ici.


Incident diplomatique entre le Qatar et l’Algérie ?

Raouraoua, le président de la fédération algérienne de football – FAF – a failli créer un incident diplomatique entre le Qatar et l’Algérie. Il a pris sur lui d’emmener toute l’équipe nationale de retour du Brésil au Qatar, sur invitation de l’Emir de ce pays, sans en informer le Ministère de la jeunesse et des sports. Les joueurs ont finalement refusé de s’envoler pour Doha. (Crédit photo : Aero Icarus, Wikimedia Commons)

Dans cette histoire, tout est une affaire de téléphonie mobile : Ooreedo, étant le sponsor officiel de certains joueurs algériens et appartenant de facto à l’Emirat du Qatar, le président de la FAF ne pouvait prendre cette décision d’inviter toute l’équipe alors que la fédération est liée par contrat avec l’autre opérateur Mobilis, un organisme étatique.

M. Raouraoua était venu spécialement du Brésil à Alger pour emmener les joueurs  à Doha sur invitation de l’Emir du Qatar qui voulait féliciter les représentant du monde arabe, entre autres communautés telles que l’Afrique et le Maghreb. Le responsable du football algérien avait déjà nommé en M. Berdja, ancien arbitre, le responsable de la délégation et avait obligé tous les joueurs à être présents à l’aéroport jeudi, et ce malgré l’opposition de Slimani et Djabou.

Les joueurs invoquent la fatigue

Dès l’arrivée de l’avion spécial de Doha devant emmener les joueurs et la délégation, les services de la présidence ont de suite envoyé le ministre des sports, M. Tahmi, à l’aéroport afin de suspendre immédiatement l’opération. Un dialogue plus que poignant s’engagea alors entre les délégués responsables des deux pays et le ministre algérien, qui dut trouver le motif de la fatigue pour refuser l’invitation faite aux joueurs. La solution trouvée était de laisser partir les joueurs ayant signé contrat avec l’opérateur, au nombre de six : Bougherra, Ghoulam, Taïder, Yebda, M’boulhi et Feghouli. La raison du déplacement n’était plus l’invitation adressée par l’émir du Qatar mais la nécessité de se plier au contrat du sponsor Ooreddo et de beIN Sport.

La lutte entre les deux opérateurs devrait prendre fin au début de l’année 2015 mais combien d’incidents seront vécus par les poulains du désormais ex. entraîneur des Fennecs, Hallilhodzic ?

Abdelkrim MEKFOULDJI, Observateur de France 24 en Algérie


ALGÉRIE : Vahid Halilhodzic doit-il rester ?

Avant le match historique de l’Algérie ce soir contre l’Allemagne, une question reste en suspend : le coach bosniaque Vahid Halilhodzic, qui a mené les Fennecs là où ils ne sont encore jamais arrivés, devra t il rester après la Coupe du Monde ? L’avis de notre Observateur à Blida. / Photo Stefan Meisel Wikimedia

Dur de se retrouver à la tête des Fennecs dans un pays où le football demeure le sport-roi . L’État algérien l’a bien compris et a mis tous les moyens matériels, financiers et humains entre les mains des dirigeants. L’entraîneur Halilhodzic a eu les mains libres pendant trois ans pour former un ensemble cohérent.

Il y est arrivé après bien des péripéties et lui-même l’a déclaré à l’issue de la qualification aux huitièmes :

« Laissez-moi savourer cette victoire venue après bien des peines. »

Cette joie méritée laisse sous-entendre toutes les difficultés rencontrées dans un pays miné par la corruption à tous les niveaux de la société. Il avait fallu épargner l’équipe nationale et ça a été dur durant ces trois années et combien d’entraîneurs « locaux », de dirigeants du football avaient demandé à changer d’entraîneur. Le Bosniaque avait failli partir à l’issue de la Coupe d’Afrique en janvier 2013 où les Fennecs avaient été éliminés dès le premier tour.

L’entraîneur a construit depuis une équipe formée à partir de joueurs évoluant dans les championnats étrangers et c’est le côté attaqué par ceux qui veulent la tête de l’entraîneur. Voici un petit florilège de tout ce que j’ai entendu depuis plusieurs mois :

« Il empêche l’éclosion de talents nationaux, issus du championnat national »

« Il n’assiste à quasiment à aucun des matchs de la division Une nationale »

« Il se considère comme un roi et n’organise aucune rencontre avec les entraîneurs nationaux »

Ces déclarations véhiculées également par une presse loin d’être la meilleure, a amplifié le phénomène qui a joué sur le mental de l’entraîneur qui ne veut pas renouveler son contrat, estimant en avoir vu de toutes les couleurs. La qualification aux huitièmes lui fera-t-elle changer d’avis ? Posera-t-il d’autres conditions ?

Hafidh Derradji, célèbre journaliste et chroniqueur de la chaîne Al Djazira, mis à la porte depuis, prie l’entraîneur de partir afin de ne pas avoir à lever le voile sur tout ce qui fait la négation d’une politique sportive saine en Algérie. Le coach Halilhodzic a su former un groupe, a obligé beaucoup de dirigeants à respecter l’éthique du travail. Nager en eaux troubles est la spécialité de pseudo-techniciens incapables de donner des joueurs  à l’équipe nationale, qui ne font pas dans la formation à long terme. Il est vrai que 16 des 23 joueurs de notre équipe nationale sont nés en France, donc non concernés par le championnat national. C’est peut être là la force d’Halilhodzic : avoir su constituer un groupe qui ressemble à la génération actuelle.

Devant la liesse populaire et l’amour que le peuple algérien porte à son équipe et à son entraîneur, certains pourraient chercher à cueillir « les fruits des efforts de ceux qui bataillent pour réussir » dixit Hafidh Derradji. Quelle que soit l’issue de la rencontre contre l’Allemagne, le contrat du coach Halilhodzic est rempli. Le renouvellera-t-il ? That is the question.

 

Abdelkrim Mekfouldji, Observateur de France 24 à Blida, Algérie


ALGÉRIE – EN IMAGES : Une joie historique à Blida

Ils l’ont fait ! Les Fennecs ont pu se transcender pour offrir la plus belle des soirées partout dans les villes d’Algérie, dans les villages, les hameaux.Et la joie à Blida était incroyable ! / Photos Abdelkrim Mekfouldji

Un parcours presque sans faute avec une courte défaite contre la Belgique, une large victoire contre la Corée du Sud puis ce nul qui avait une valeur d’immense victoire puisque la sélection passait au second tour, une place jamais atteinte.

L’euphorie était à son comble dès l’égalisation par Slimani, le héros du match, l’homme par qui la joie de tout un pays s’exprima d’abord par des youyous stridents sortis des gorges des femmes, les feux d’artifice éclaireront alors le ciel algérien toute la nuit.

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Le match avait pourtant mal commencé avec ce but russe survenu à la 5’  alors que Feghouli se faisait soigner sur la touche pour une blessure à la tête ; c’était trop tôt et quelques uns eurent même peur d’une raclée venant de la Sibérie.

Les joueurs reprenaient confiance, multipliaient les combinaisons et harcelaient sans cesse les buts adverses. La libération surviendra après l’heure de jeu et il s’agissait alors de maintenir ce score. Les joueurs avaient-ils conscience de ce qui se passait dans les chaumières algériennes ? Leurs familles leur raconteront par la suite et ils sauront quel sera leurs poids sur l’état psychologique d’une nation entière collée à leurs résultats dans une Coupe du monde si populaire.

A Blida, les artères étaient illuminées par les feux d’artifice, les phares des voitures, les cracheurs de feu qu’étaient les bombes d’insecticide auxquelles on allumait le feu par intermittence, créant des étincelles attirant la curiosité de groupes entiers.

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Les familles, avec femmes et enfants, étaient dehors jusqu’à une heure tardive de la soirée ; à 3 h du matin, on continuait à défiler, à s’assurer d’être parmi les heureux citoyens témoins d’un grand événement national.

La bande à Hallilhodzic a pu créer cette communion de tout un peuple. La joie et la curiosité sont encore amplifiées par la nature de l’adversaire des huitièmes de finale : une certaine Allemagne qui avait té vaincue en 1982 et qui s’obligea à un match de la « honte » avec l’Autriche pour ne pas se voir éliminée.

La majorité des jeunes qui défilaient n’étaient pas encore nés alors et l’Histoire possède cet air de justice qui pourra se laisser voir lundi à l’issue du premier match des Algériens en huitièmes de finale.

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Abdelkrim Mekfouldji, Observateur de France 24 à Blida, Algérie


ALGÉRIE : La polémique Feghouli n’a pas lieu d’être !

Une photo de Feghouli, diffusée sur les réseaux sociaux depuis hier, crée la polémique. On y voit le joueur algérien avec un drapeau du Maroc. Notre Observateur décrypte cette image.

Cette photo a provoqué des réactions de la part de certains très critiques, estimant que Feghouli n’aurait pas du poser avec ce drapeau. En réalité, si Feghouli a posté cette photo, c’est pour remercier des supporteurs marocains qui ont affiché leur soutien à l’Algérie… en juillet 2013 !

Maghreb des peuples

 

Effectivement, la photo a été publiée il y a un an sur les réseaux sociaux. Voici le tweet original :

 


Que révèle cette photo ?

Les Fennecs font bouger la fibre patriotique des Marocains, Tunisiens et Algériens. L’équipe d’Algérie a su s’attirer la sympathie de toute une région pour ne pas dire de tout le monde arabe, étant son représentant unique dans cette grande fête du football.

 

Marocains et Tunisiens aiment bien se sentir solidaires des Algériens, en dehors des frontières imposées par les Etats ! Si le passage se fait « normalement » avec la Tunisie à travers la vaste frontière est du pays, la situation est toute autre à l’ouest avec la fermeture « jusqu’à nouvel ordre » de la frontière dont pâtissent  les villes frontalières. Il est permis d’aller au Maroc mais par la voie aérienne, aucun véhicule ne passe au sol. Terrorisme, trafic de drogue et, en troisième lieu les différents trafics sur les produits alimentaires et le tabac font que les politiques du côté algérien n’admettent point une quelconque ouverture avant l’étude approfondie du « dossier ».

Ici, on a la démonstration du contraire : le football, magie des peuples, offre cette opportunité de voir les hommes se rapprocher. L’exemple de Feghouli exhibant fièrement le drapeau marocain en est un ! Que cette photo soit à la Une d’un quotidien marocain permet de penser à un rapprochement encore plus certain.

Une victoire contre la Russie -à souhaiter et à espérer- permettrait de donner davantage d’arguments aux adhérents de l’ouverture des frontières et à un rapprochement des peuples… l’Algérie et le football peuvent clairement y contribuer !

 

Abdelkrim Mekfouldji, Observateur de France 24 à Blida, Algérie.


ALGÉRIE : Scènes de liesse à Blida pour fêter les Fennecs !

L’Algérie a signé hier soir contre la Corée du sud une victoire historique ! Dès la fin de la partie, à Blida et partout ailleurs dans les villes et villages, enfants, parents, hommes et femmes sont sortis à pied, en voiture, en mobylette, en vespa pour célébrer cette victoire tellement attendue.

L’Algérie est la première équipe africaine a inscrire quatre buts dans un match de Coupe du monde. Les Fennecs signent par ailleurs leur première victoire en Coupe du monde depuis 34 ans.

Le coach algérien a compris la leçon et la pression sur tous les supports médiatiques : toile, journaux écrits, radios et télévision l’avaient prié de laisser les « petits » algériens s’éclater sur le terrain contre les Coréens. Il a entendu le message à la dernière minute et… résultat : tout le monde a attaqué et c’est la télé qui s’était renversée de l’autre côté (pour suivre une idée d’un internaute qui avait « vu » contre la Belgique 22 joueurs dans le camp algérien) en première mi-temps, amenant le score à 3-0.

Le hashtag #Halliloattack semble avoir porté ses fruits puisque des dizaines de milliers de supporters ont demandé un autre schéma tactique, plus en adéquation avec le jeu maghrébin même si le coach algérien avait montré son agacement dans la conférence précédant la rencontre. Il ne cessait de répéter qu’il était seul maître à bord et que c’était lui qui connaissait le mieux ses joueurs.

Sur le terrain,  Feghouli, Slimani, Halliche et tous les autres coéquipiers ont porté haut les couleurs algériennes en allant bombarder le camp coréen. En face, la défense a craqué et les Fennecs se voyaient déjà imiter les Coqs français. C’était presque parfait et la seconde mi-temps fut haletante, crispante, époustouflante avec un Son coréen qui a fait voir de toutes les couleurs à la défense algérienne. Bougherra n’en pouvait plus et du céder sa place à Belkalem. M’bolhi évitera un resserrement du score qui aurait pu être fatal ! Et l’arbitre, irréprochable, libèrera les gosiers algériens, les familles et tous les amoureux de la balle ronde au niveau du pays et même du monde arabe et africain.

Dès la fin de la partie, à Blida et partout ailleurs dans les villes et villages, enfants, parents, hommes et femmes sont sortis à pied, en voiture, en mobylette, en vespa pour célébrer cette victoire tellement attendue.

 

Abdelkrim Mekfouldji, Observateur de France 24 à Blida en Algérie.


ALGERIE : Quelles chances pour les Fennecs ?

ANALYSE | Ce soir, l’Algérie joue gros contre la Corée du Sud. Après une première mi-temps satisfaisante face à la Belgique, les Fennecs se sont effondrés en seconde période. Quelles sont les chances de l’Algérie ? Le point avec Abdelkrim Mekfouldji. / Image S4L4H

Rater la première rencontre contre la Belgique est resté en travers de la gorge pour nombre de joueurs algériens et de millions de supporteurs mais l’heure n’est plus aux regrets !

Halilhodzic est sous l’effet d’une pression sans pareille, lui qui avait complètement changé la manière de jouer des techniciens comme Feghouli, Soudani, Medjani. On parle d’un changement profond du onze avec les rentrées plus que probables de Mandi, Cadamuro, Lahcen, Ghiles et Brahimi.

Est-ce la meilleure tactique se demandent des techniciens ? Qu’aurait-il à perdre répondent d’autres puisque le coach est pressenti du côté du Bosphore pour entraîner l’équipe de Trabzonspor en Turquie.

On reproche à Halilhodzic l’éviction de Guedioura au profit de Yebda, le milieu de terrain de l’Udinese mais celui-ci, sans avoir joué, est déclaré indisponible pour toute la « virée » au brésil.

Beaucoup d’envoyés spéciaux de la presse nationale algérienne parlent d’altercation entre un des préparateurs physiques et l’entraîneur des gardiens de but au sujet du rendement de certains joueurs. Finalement, la défaite contre les Diables rouges n’a pas fini de faire des vagues et la pression exercée sur le staff technique ne laissera pas les joueurs se préparer dans les meilleures conditions possibles.

Une défaite contre la Corée du sud obligerait la sélection à préparer ses valises pour un retour plus que triste en Algérie, et le désappointement des milliers de supporteurs présents au Brésil (on parle de 5.000) seraient … bruyants à leur retour.

 

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Abdelkrim Mekfouldji, à Blida en Algérie