Abdelkrim Mekfouldji

Dakar Mondoblog

Retour sur un séjour à Dakar, très attendu et prometteur. Passons sur la demande de visa, l’obligation d’un vaccin, les allers retours  vers Alger la capitale où la centralisation des services accroît la gêne des citoyens, notamment lorsque ces derniers deviennent âgés, durs à la détente et qu’un rien fait frissonner. Des têtes inconnues à travers le Net encouragent pour ne pas flancher puis flanchent elles-mêmes devant le crible des questions ; Manon et Melissa ont assuré ce lien qui aura permis le départ puis le séjour. Arrivé sur place à l’aéroport de Dakar après 00h00, il n’y avait point de navette du Sénécartours et tous les chauffeurs clandos ainsi que leurs rabatteurs m’assiégeaient  jusqu’à l’étouffement. Je dus recourir aux agents de la gendarmerie pour m’en sortir mais, une fois mis dans un taxi, j’eus droit à une taxe de « nuit » et c’est à 8.000 francs CFA que fut facturée la course jusqu’à KeurMithiou, à moins d’un quart d’heure.

Début de la formation - Départ de l'auberge Keur Mithiou
Début de la formation – Départ de l’auberge Keur Mithiou

Une chambre à l’auberge sera partagée avec Driss le marocain. Voisinage paisible, sympathique, très loin de ce que les politiciens veulent imposer pour les deux pays frontaliers. Nous tenterons même d’en faire une parodie pour l’émission radio de Ziad mais ce dernier s’entêtera à refuser, reprochant une « image restrictive » en face de tout ce qui touche à l’Afrique et que c’était « un problème vieux d’une quarantaine d’années » qu’on n’allait pas résoudre nous deux ! Nous n’avions nullement cette prétention, voulant seulement en rire. N’empêche, d’autres idées titilleront l’imaginaire et ce qui devait se faire à deux se réduira finalement à une seule personne, avec la thématique de «la patience », proposée par Ziad à la place de « l’attente ». M’étant déjà présenté à la forte assistance des mondoblogueurs comme le « Doyen », ce surnom m’était resté quelque peu jusqu’à la fin du séjour.

Très décontracté, Ziad fut très présent
Très décontracté, Ziad fut très présent

Pas de sortie organisée, pas de grasse matinée : le travail primait sur tout pour ce court séjour et, ma foi, ce n’était pas de refus sauf peut-être que je me retrouvais quelquefois gêné par mon avancée dans l’âge et que je ne répondais pas suffisamment aux sollicitations.

Noël, un binôme haïtien très à la hauteur
Noël, un binôme haïtien très à la hauteur

 

Le binôme, parce qu’on devait s’allier à quelqu’un et s’assurer qu’il se portait bien, mon binôme donc –Noël- était un haïtien fort sympa qui était hébergé à Keur Mithiou également alors que la moitié des autres blogueurs se trouvait à l’auberge Thialy.

Des figurines qui font oublier le menu proposé à Thially
Des figurines qui font oublier le menu proposé à Thially

 

Devrait-on noter les deux lieux ? Le premier nommé répondait mieux aux exigences de mon âge et le petit déjeuner servi à l’étage permettait de charger les batteries pour le travail en matinée jusqu’à la pause à l’AUF.

Un des moments forts du séjour fut la rencontre avec Xuman, animateur du « JT Rappé », à forte connotation politique. Celui-ci promettra de venir en Algérie former des jeunes dans cette optique de l’info en chantant ou en dansant.

Xuman a promis de venir en Algérie
Xuman a promis de venir en Algérie

 

Devant la communauté des blogueurs venue de plusieurs pays francophones, il sera constaté que seuls le Maroc et l’Algérie étaient très loin d’être à l’écoute de RFI et des émissions radio comme « L’Atelier des médias ». Une aberration, surtout lorsqu’on approche des journalistes radio comme Guillaume Thibault. Bien regrettable même.

Un matériel montré sans hésitations aux blogueurs
Un matériel montré sans hésitations aux blogueurs

Les « pépites » avec René Jackson dit « Panda », la sécurité du WEB et une escapade du côté du « Monument » ainsi qu’une course rapide au marché de Dakar avec Lucrèce seront d’autres moments appréciés, tout autant que la connaissance avec ces jeunes très « pétillants » et sympas, surtout lors de la soirée à « La Calebasse » où boissons et viandes étaient servies dans un décor imposant le respect à la sculpture sénégalaise.

Beaucoup de sculptures à La Calebasse, lieu du repas... d'adieu
Beaucoup de sculptures à La Calebasse, lieu du repas… d’adieu

Des moments à revivre, à renouveler afin que la flamme ne s’éteigne point…


Artiste en point compté

Elle a 50 ans, elle a étudié à l’école primaire des Sœurs catholiques de Blida, à Zenqet Ennouar (ruelle des fleurs), de 1970 à 1975. Elle, c’est Nadia, avait connu jusqu’à cet âge, dix ans à peine, la chaleur du père, disparu assez tôt pour elle et pour toute la famille. Ce père, Mohamed, était lui-même orphelin de père dans son enfance. Comme par hasard, la fille habitait également une cité très connue à Blida, la cité des Rosiers, aujourd’hui connue officiellement sous le nom des frères Boukourbane. Des études au collège Essemiani et au lycée El Feth de Blida lui permettront d’accéder à l’université de Soumaâ-Blida, aujourd’hui Saad Dahleb, d’où elle sortira avec le titre d’ingénieure en chimie.
Durant les vacances de ces années-là, elle apprenait au contact de sa tante paternelle Hassiba, l’art du point compté puis elle innovera avec son talent dans le point de croix.

Centre de Blida
Centre de Blida

 

Le Voilier
Le Voilier

La peinture à l’aiguille permettre de découvrir un talent caché dans ces doigts qui changeront quelque peu avec le contact des produits chimiques. La jeune fille émigre en France où elle rejoint des frères installés eux aussi des années auparavant. Plusieurs emplois ont pu ouvrir de nouveaux horizons à la jeune femme maintenant qui ne laisse pas échapper également l’occasion de découvrir les auteurs de la littérature française.
Elle exercera dans le monde des arts avec un emploi comme documentaliste au ministère de la culture à Paris –bien loin de la chimie- et obtiendra l’estime de ses collègues pour son abnégation au travail.
Quelques années après, en 2015, elle décide de rentrer au pays natal. « J’étais fatiguée de devoir à chaque fois lutter pour être à jour, pour être irréprochable ! » confiera-t-elle à ses proches. A Blida, elle ne pourra pas profiter pleinement de la chaleur familiale, se retrouvant seule et devant -encore une fois- combattre « contre toutes les bêtises ». SDF malgré elle, elle se tourne vers l’enseignement dans le secteur privé : « J’aurais au moins l’occasion de subvenir à mes besoins essentiels ». Il faut dire qu’elle n’est pas payée grassement et elle doit redoubler d’efforts dans la semaine avant d’atteindre le salaire d’une smicarde. N’empêche ! Elle retrousse les manches et se dit parfois contente d’être toujours en vie et de trouver l’apaisement dans la peinture.

Travaux de la jeune Nadia
Travaux de la jeune Nadia

Justement ! Elle devrait bientôt organiser une exposition au centre culturel du centre de la ville de Blida, à Placette Ettoute.

Nadia explique son parcours
Nadia explique son parcours
Place du centre de la ville de Blida
Place du centre de la ville de Blida

« Je pourrai confronter mon travail à l’appréciation du public et je saurai réellement quelle est la valeur émotionnelle du travail qui m’occupe durant les heures de solitude.

Nadia n'hésite point à montrer les étapes de son travail
Nadia n’hésite point à montrer les étapes de son travail

Autodidacte pratiquement, elle voudrait transmettre « le peu de savoir » dont elle dispose et offrir aux jeunes, notamment les filles, une occupation qui « met l’esprit en accord avec le corps » dit-elle. Nadia nous donne rendez-vous à la fin de l’année et espère, d’ici là, avoir conjuré le sort pour des jours plus agréables. « Il faut dire que les derniers événements dans le monde, notamment en Syrie, à Gaza, à Paris, à Bamako ne prédisposent guère à l’optimisme mais il faut s’accrocher et garder cette lueur d’espoir pour un monde meilleur. »


Chantal Lefèvre s’est éteinte; Blida pleure une grande dame

Chantal Lefèvre a quitté ce monde samedi 17 octobre 2015 ! Paix à son âme. A la tête de la plus vieille imprimerie d’Algérie, elle est décédée à 70 ans des suites d’une courte maladie.

Travailleuse acharnée, elle a rempli sa vie
Travailleuse acharnée, elle a rempli sa vie

Travailleuse acharnée, elle a rempli sa vie.Elle a été de toutes les manifestations littéraires qui apportaient un brin de soleil dans le ciel nuageux de Blida et de ses environs. Elle avait su, par sa simplicité, rendre un peu d’espoir à l’animation culturelle dans cette ville où elle était revenue il y a un peu plus de vingt ans, en pleine crise de devenir du pays. Elle a bravé les dangers, tous les dangers : européenne, chrétienne, étrangère, mais solidement bâtie pour conquérir les coeurs ! Elle disait : « Il n’y a qu’une seule mort, autant nous rendre utiles. » Et elle était utile !

Elle faisait vivre près de 60 familles en emploi direct
Elle faisait vivre près de 60 familles en emploi direct

Elle a repris l’activité de l’imprimerie Mauguin, entreprise familiale, au centre de la ville de Blida, publiant et éditant des centaines d’ouvrages, encourageant les jeunes auteurs et, surtout, les éditions qui démarraient, telle « Barzakh. A l’intérieur de sa librairie, avant qu’elle ne la ferme pour ne laisser place qu’à l’imprimerie, « Les Causeries du jeudi » permettaient à un public se recherchant de se cramponner à ce roseau arrosé par nombre d’auteurs et spécialistes de la littérature et du théâtre. Le premier d’entre eux sera Habib Ayyoub, avec « Le Gardien » aux éditions Barzakh puis Boudjedra avec « Cinq fragments du désert. C’était le dernier jour du mois de février de l’année 2002 et Chantal avait accompli l’impossible afin que l’auteur se retrouve dans cette ville où il avait enseigné durant une année en 1967. « La littérature algérienne », essai de Christiane Chaulet Achour sur les auteures algériennes avait été présenté comme celui de la marraine de ces femmes telles Malika Allal, Ghania Hammadou, Maïssa Bey à ses débuts. Au fil des mois et des quatre années, c’était un défilé incessant chaque semaine. Il y avait même de la musique avec Farid Khodja et le chantre berbère Aït Menguellet.
Aït Menguellet

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Il y avait aussi Denis Martinez pour le dessin et l’expression multiforme; François Chavanes en 2005 pour son essai « Camus tel qu’en lui-même » aux éditions du Tell. Christiane Chaulet Achour reviendra souvent, notamment avec Amina Azza Bekkat et Maïssa Bey ainsi que tant d’autres qui venaient à Blida, notamment Habib Ayyoub pour « Le Gardien », éditions Barzakh. Dernière venue connue était la moudjahida (maquisarde) Annie Steiner.
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De nombreuses personnes venaient à Blida ce qui créait une ambiance de constant renouvellement au contact de cette dame. Elle laisse à Blida, à l’Algérie et au monde de la culture un important héritage. Chantal Lefèvre nous a quittés, mais elle restera vivante dans nos coeurs.


Lutte de pouvoir

Le peuple algérien, la rue algérienne, le citoyen dans son sens le plus général, ne comprend rien aux manigances de ces deux dernières semaines au sommet de l’Etat algérien. L’homme de la rue entend parler de la forte chute du prix du pétrole, des réserves de devises fortes en dégringolade, de cherté de la vie constatée amèrement à travers les prix des fruits et légumes.

Le marché algérien commence à perdre de son dynamisme
Le marché algérien commence à perdre de son dynamisme
Le panier de la ménagère s’amincit à vue d’œil et donc, les élucubrations du côté de la Présidence, du clan Bouteflika, des services de renseignements et des basses besognes en haut lieu, il n’en a cure ou… presque. Quelque part, ce citoyen va payer, et… chèrement ce qui se trame dans les coulisses du Pouvoir. Un général , Toufik Mediene,
Rarement pris en photo le patron de la DRS
Rarement pris en photo le patron de la DRS
responsable des services de renseignements, à la tête de ces mêmes services depuis la fin du processus démocratique en 1991, soit près de 25 ans, mis brutalement à la retraite a de quoi choquer. Quand on apprend que son lieutenant et homme de confiance, le général Hassan (encore un,) un proche du patron de la DRS, a été incarcéré il y a un mois pour « trahison » alors que ses deux avocats, Sellini et Brahimi, confirment que « rien ne justifie la détention » de ce que beaucoup considèrent comme un héros pour avoir combattu le terrorisme. Comme par hasard, c’est le plus haut gradé algérien connu des services de renseignements étrangers, notamment ceux de l’Occident.
On dit Bouteflika dans la dernière ligne vers la tombe ;
Il n'est plus que l'ombre de lui-même
Il n’est plus que l’ombre de lui-même
son clan prépare la gouvernance du groupe après en maintenant justement Abdelaziz au Pouvoir et poussant leurs pions un à un. Belkhadem, un ancien président du parti majoritaire, le FLN, écarté et remplacé par Saïdani, un drabki – joueur de derbouka- selon ses dénigreursSaïdani et à qui « il a été demandé » de multiplier les accusations contre le DRS. Cela ne s’est pas fait tout seul ! Il y a eu le scandale Khalifa, l’affaire Chakib Khellil, les tumultueuses affaires successives de la plus grande société d’Etat algérienne, Sonatrach, où ça parle de dizaines de millions de dollars empochées, détournées, servies dans des comptes individuels à l’étranger ! Chakib Khellil Chakib Khelliln’a pratiquement jamais été inquiété et se trouverait installé aux USA d’où il ne peut être extradé ( ?). Farid Bedjaoui, neveu de l’ex.ministre algérien des Affaires étrangères, Mohamed Bedjaoui, tremperait dans plusieurs affaires de commissions, notamment avec des firmes italiennes ayant obtenu des marchés en Algérie, demeure libre du côté de l’Italie et des USA. L’Algérien des montagnes, le jeune des universités à la recherche de soutien pour ses études, le jeune diplômé chômeur, le commerçant de l’informel (cette catégorie prenant de l’ampleur depuis quelques années), le retraité arrivant difficilement à joindre les deux bouts en face de l’inflation, le père de famille à l’étroit et lorgnant devant les promesses de logements à distribuer toujours « bientôt » Logementsjusqu’à devenir les calendes grecques, l’enseignant à qui on n’est plus en mesure d’offrir un cadre sécurisé et sécurisant : tout ce beau monde, le peuple algérien pardi, commence à s’énerver et, comme dirait le dramaturge Slimane Benaïssa dans sa pièce « Babor ghraq » -le naufrage du bateau- : « Malheur à ceux qui ne nous aiment pas ! »,Slimane Benaissa la patience a montré ses limites ! C’est ce qu’avait certainement tenté de démontrer le chef des Moukhabarate Mohamed Mediène dit Toufik. Les feux étaient au rouge et ils continuent à l’être mais le clan Bouteflika n’en a cure, absorbé par la mainmise sur toute l’Algérie. Aussi, les dossiers Sonatrach I et II ainsi que Chakib khellil chakib_khelilet l’absence de soutien pour un quatrième mandat du mourant Bouteflika verront le frère du Président, Saïd, Boutef Saïdpousser des pions pour éjecter le chef de la DRS et tous ceux qui gravitaient autour du traitement des dossiers de corruption. Sellal, le Premier ministre,
Il entretient et prépare des lendemains pour le Clan
Il entretient et prépare des lendemains pour le Clan
Saïdani, maître contesté du FLN et surtout Gaïd Salah, chef d’état –major de l’ANP,
Le simple citoyen ne le connaît pas ! Il gère maintenant la DRS aussi
Le simple citoyen ne le connaît pas ! Il gère maintenant la DRS aussi
vont contribuer à échafauder tout un stratagème aboutissant à la mise à l’écart du général Toufik, poussé à la retraite et remplacé par un ex. retraité, le général Tartag. Ce même Toufik qui aura à subir l’accusation contre son adjoint, le général Hassan, de fomenter des actes terroristes dans son propre pays –instruction en cours- et l’éloignement de nombre de responsables des renseignements dans des territoires de l’intérieur du pays. Le commun des citoyens apprend, constate, enregistre toutes ces élucubrations, cette danse des généraux, n’y participant guère, occupé qu’il est par le panier quotidien et la garantie de s’assurer des journées heureuses à la sortie de vacances guère reluisantes et devant ce qui se déploie à l’internationale à travers la fuite de dizaines de milliers de réfugiés syriens et irakiens, rappelant des souvenirs lugubres pour nombre d’algériens, jetés également sur les routes dès la fin du processus électoral en Algérie en 1991. Depuis la venue de Bouteflika, 15 années de gouvernance, aucun grand projet réalisé, aucune ville construite, inflation non retenue, échanges internationaux basés uniquement sur la consommation. La structure de l’économie algérienne étant basée quasi uniquement sur les rentes de pétrole et de gaz, la diversification demeure trop restreinte entraînant l’importation de tous les produits industriels et de consommation, concurrençant même le peu de production locale comme il a été avérée la présence de bouteilles d’eau naturelle Evian dans certains grands magasins alors que ce produit « coule à flots » au niveau du secteur privé.
Des affairistes ayant le soutien de certains gros bonnets du Pouvoir, détiennent le plus gros de ces importations et plaçant les bénéfices dans les paradis dorés du côté de l’Espagne, du sud de la France, du Portugal –depuis peu- et même dans certains pays du Golfe.
On met sur le tapis, tout doucement mais sûrement la piste Haddad,
Il est le patron des patrons et très proche du clan Bouteflika
Il est le patron des patrons et très proche du clan Bouteflika
un entrepreneur des travaux publics, ami et soutien de Saïd Bouteflika, le ministre d’Etat Ouyahia
ex.Premier ministre, ministre conseiller, c'est le joker du clan
ex.Premier ministre, ministre conseiller, c’est le joker du clan
et quelque peu Hamrouche, un ex. Premier ministre, pour remplacer celui qui n’est plus vu ou entendu à la radio et à la télé algérienne. On ne donne pas encore longtemps à vivre à celui qui fut le plus jeune ministre des AE après l’indépendance du pays et qui est toujours là, refusant d’abdiquer ou interdit de partir par le Clan. Le trio DRS, Armée et Clan agit depuis la libération du pays en 1962, date où l’état-major de Boumediene
On parle toujours de lui, l'homme du "réajustement révolutionnaire"
On parle toujours de lui, l’homme du « réajustement révolutionnaire »
choisit Ben Bella pour se retourner contre lui en 1965, une fois la guéguerre des chefs arrêtée et la mise à l’écart de Benkhedda, Abbas, Aït Ahmed, Boudiaf, Khider. Le clan d’Oujda devenu aujourd’hui celui de Bouteflika. Il y eut pendant un long moment le pouvoir au sein de la DRS, ex. SM, introduite partout, dans tous les rouages de l’Etat et faisant/défaisant ministres, walis et même les chefs militaires de régions. Aujourd’hui c’est à Gaïd Salah que revient le monopole de tous les pouvoirs, cohabitant avec les Bouteflika mais demain, il y aura sûrement un président civil, un… Haddad ou un Ouyahia.
Cependant, le peuple, ignoré superbement, pourrait faire entendre sa voix en sortant massivement dans la rue et c’est ce qui est à craindre devant le fragile équilibre des de la société, équilibre maintenu même sous les coups de boutoirs de revendications venant du Sud algérien, la grande victime d’un pétrole sorti de ses terres et atteignant un prix dépassant les 100 $ le baril il n’y a pas si longtemps, ou le mouvement amazighe
Revendications perpétuelles
Revendications perpétuelles
et ses revendications toutefois légitimes pour une meilleure reconnaissance de la langue et de la culture des premiers hommes en Algérie, les Berbères.
Ce peuple n’en a cure des « disputes de palais » et des alliances-divorces ou guerre fratricide de ce qu’il considère comme la maffia du Pouvoir en Algérie, un Pouvoir qui l’a rendu quasiment inculte et… intolérant. La lutte de pouvoir, des pouvoirs, laisse ce peuple attendre, attendre un Godot algérien…


Virée en Kabylie

Derniers jours du mois de juillet et une chaleur terrible règne sur la plaine de la Mitidja et son chef-lieu, Blida. S’échapper de cette fournaise devenait une nécessité et l’idée de rendre visite à un ami sur les hauteurs de Kabylie, à 140 km, du côté de Draâ Ben Khedda, sis à 10 km au sud de Tizi Ouzou, s’imposa d’elle-même.

Voyage en Kabylie
Voyage en Kabylie

En famille sur la route, la découverte des riches paysages du Nord algérien a séduit les filles. La route en lacets menant au village de Tirmitine fit découvrir un des aspects positifs de la politique de l’habitat rural pris en charge par les gouvernants : pratiquement plus de gourbis et ces constructions en dur libérèrent un sentiment de fierté, fortifié par l’arrivée du gaz naturel. L’électrification rurale a déjà apporté son lot de satisfaction. Electrification ruraleCependant, le sous-développement frappant la jeunesse de la localité était évident : pas d’infrastructures sportives et culturelles !
Un festival local de la poterie est organisé à Maatkas, à une vingtaine de kilomètres de Tirmitine, mais en voulant trop bien faire, le résultat laissait entrevoir une sorte d’anarchie. Un auteur lui-même journaliste était isolé sur une chaise scolaire et attendait d’éventuels acheteurs.
Ghobrini, auteur isolé
Les gens préféraient les ateliers.
Visiteurs aux ateliers de poterie
Bijouterie, vannerie, métiers à tisser, sculpture sur pierre
Sculpture sur pierre
et expositions de livres figuraient à l’intérieur d’un collège où étaient également invités des délégations venues de Batna et du Sahara.
Habitant du Sud invité à Maatkas
Il fut dit que des conférences sur l’amazighité avaient été tenues durant la semaine, avec « la poterie comme élément pour sauver l’âme amazighe », mais cet art existe un peu partout dans les contrées berbères, jusqu’à Tipasa et Bou Arfa (w. Blida) sans qu’il y ait cette impression de disparition. Une vieille femme de 72 ans, Mme Ouardia, s’attelait à la confection d’un vase, manuellement.
Travail de la poterie
C’est aux autorités de lui procurer de quoi assurer la relève par l’octroi de moyens modernes et lui donner même l’occasion d’intervenir dans les centres de formation pour enseigner ce qu’est la bonne argile, comment la nettoyer, la décorer avant de la vendre. Beaucoup de femmes sont venues voir l’expo ou le festival, recherchant sans doute des souvenirs dans ces métiers traditionnels.
Beaucoup de visiteurs, et de tout âge
De Tirmitine, l’escapade nous a emmenés vers Tigzirt, au bord de la mer, à travers une montagne de forêt dense où le liège est exploité.
Exploitation du liège
A Tigzirt sur mer, les plaisirs de la Méditerranée n’ont pas fait oublier qu’il existe peu d’infrastructures pour l’accueil des vacanciers, nationaux ou étrangers.
Plaisir de la mer
Beaucoup reste à faire !

Peu d'infrastructures pour accueillir les estivants.
Peu d’infrastructures pour accueillir les estivants.

Même la forêt de Yakouren le lendemain n’a pas fait oublier l’absence d’initiatives pour attirer plus de touristes. Paysages merveilleux qui demandent à être rentabilisés par la population locale.
Nombreux visiteurs
A Béjaia, sur le littoral, des jeunes ont trouvé le filon en proposant des randonnées en mer avec les barques octroyées pour… la pêche.
Tourisme local sur barques
Mehdi, un propriétaire de barque, signalera qu’il fait de la pêche le matin avant de se consacrer aux personnes qui aiment les promenades : « C’est moins fatigant et ça rapporte mieux ! » fera-t-il remarquer.
Les enfants adorent
Sur les hauteurs de la ville de Béjaia –ex-Bougie- Yemma Gouraya veille sur ses résidents. La sainte patronne de la ville, selon les croyances, se trouvait au point culminant sis à 650 m et où Espagnols, Français puis Algériens établiront des forts dominant la vue sur la mer. L’endroit est très fréquenté, mais le singe magot, présent avant l’Homme sur les lieux, se voit envahir par des êtres qui dénaturent son fief.

Le singe magot est envahi dans son refuge.
Le singe magot est envahi dans son refuge.

Avec plus d’un million et demi le nombre de visiteurs par an, l’endroit devrait être plus surveillé sur le plan environnemental.
Vers Yemma Gouraya
A Tizi Ouzou, on ne remarque pas beaucoup la présence policière, tout comme la gendarmerie sur la route et le calme relatif incite les gens à sortir et à veiller. Cependant, les boutiques et les commerces ferment tôt, au grand regret des visiteurs. Même le musée de la ville était fermé dès 15 h, laissant des gens de passage sur leur faim !
Musée fermé
Au salon de l’artisanat, les boutiques « brillent » par leur solitude. Pourtant, le lieu d’activités est situé en plein centre-ville !
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A Bouzguène, sur les hauteurs de Azazga, on remarque tout de suite la présence d’enfants venus de France : ce sont les familles d’émigrés qui viennent passer leurs vacances au « bled ». Une forte communauté émigrée ramène un argent qui se traduit par de belles constructions en dur et c’est tout au bénéfice des mères et grand-mères restées sur place.
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Entre les forêts d’Akfadou et de Yakouren, la ville étend ses branches traduites par tous les hameaux sur les crêtes des montagnes et que Mouloud Feraoun avait si bien décrits dans « Jours de Kabylie » et « Les Chemins qui montent », mais lui-même, s’il revenait, ne reconnaîtrait pas la région.
Chemins qui montent
Même si on aperçoit de temps à autre des femmes qui vont à la source, le robinet à la maison a remplacé le puits et la source ; ne demeurent que certaines sources pour lesquelles on « descend » non pas avec des cruches mais avec des bidons et des jerricans.On n'y va plus avec des cruches à la source d'eau
Des maisons à plusieurs étages dominent le paysage et semblent narguer les fortifications militaires qui tentent de s’implanter afin de déloger le « terrorisme résiduel », une expression chère au président Bouteflika. Malheureusement, le terrorisme persiste depuis plus d’une décennie.
Les Kabyles, les Berbères, les Algériens de la région s’accommodent de cette situation. Ils attendent la rentrée avec un débat sur la langue d’enseignement à l’école primaire, arabe dialectal, arabe littéraire ou amazighe ?
Plaques multilignues
Le débat fait déjà rage durant ces vacances. Déjà que certaines plaques sont traduites en trois langues…


Ciné ville titubant à Blida

Animation autre des soirées estivales à Blida dès la fin du mois de ramadan. En effet, après les veillées musicales durant les soirées du ramadan, les autorités de l’Etat algérien proposent du cinéma pour meubler les chaudes soirées. Cependant, aucune couverture médiatique de l’événement n’a eu lieu dans les journées qui ont précédé ce lundi 20 juillet ! Mr Rabah, de la direction de la culture de la wilaya -préfecture- de Blida
Mr Rabah
a bien envoyé un message le lundi matin mais ce n’était point suffisant pour faire passer l’info à travers les quartiers de la ville. Le soir, M. Rabah dira que lui-même n’avait été averti que la veille et qu’il fallait tout préparer pour le personnel de l’Agence en charge de cette animation, l’ Agence Algérienne pour le Rayonnement Culturel, AARC, installée à Alger, afin que le cinéma en plein air soit une réussite !
AARC Sigle
Il nous avait été dit que le programme débutait à 20h30 : nous sommes à l’heure mais, sur place, on nous précisera que cela ne pouvait débuter qu’une heure plus tard, soit à 21h30. Les agents sont à l’heure mais cela commence par des dessins animés en 3D, intéressants pour des enfants mais ces derniers, en grande majorité, se trouvaient déjà au lit. Le documentaire au programme du jour et que l’assistance ignorait était Yann Arthus Bertrand, « Algérie vue du ciel », réalisé en 2015 et diffusé pour la première fois en juin dernier par F2 et la télévision algérienne. Le célèbre photographe
Yann-Arthus-Bertrand
avait eu beaucoup de mal pour obtenir les différentes autorisations mais le document est là et c’est d’une beauté extraordinaire. Images magnifiques racontées avec chaleur par ce soixantenaire qui a déclaré son amour pour ce pays. Documentaire coproduit par l’AARC et F2, il évite la polémique et cherche à plaire à tout le monde. Pari réussi mais le programme de diffusion institué par le ministère algérien de la culture et l’agence AARC devrait gagner en efficacité dans la passation du message pour les spectateurs. Aucun dépliant distribué ni dossier de presse, on tâtonne pour l’information, surtout dans la pénombre et on se débrouille comme on peut alors que ce ne sont pas les moyens qui manquent à cette agence au vu du matériel audiovisuel présent.
Cinéma en plein air
Cherchant à travers la Toile la présence de l’AARC, nous avons été surpris par la non actualisation du site et l’absence totale de ce programme « Ciné madina » ou « ciné ville ». Les pages se sont arrêtées au dernier festival du cinéma arabe tenu à Oran -03 au 12 juin- soit plus d’un mois et demi depuis sa clôture. Il est question également de la présence de l’Agence au Festival de … Cannes !
Page d'accueil du site de l'AARC
Une prise en charge réelle de l’animation du site est plus que nécessaire.
Le programme de cette première soirée avait vu le passage d’une chanson patriotique en l’honneur de l’Algérie, « Hamdou lillah », une référence à la chanteuse algérienne Warda, décédée en 2012 avec la chanson « Ayyam », son dernier clip
Clip de Warda
et… « L’Algérie vue du ciel ». Les autres soirées verront le passage de « Abdelkader », « Parfums d’Alger », « Certifiée Hallal » et « Harraga blues ». Nul doute qu’une meilleure prise en charge de la communication aurait drainé les grandes foules blidéennes en ces soirées de lendemain de ramadan puisque la station touristique de Chréa semble être désertée.

Beaux lacets de Chréa
Beaux lacets de Chréa


Algérie : onze soldats tués dans une embuscade

Dans la nuit du vendredi 17 juillet au samedi 18 juillet, une patrouille militaire algérienne a été victime d’une embuscade du côté de Djebel Ellouh, dans la région de Aïn Defla, à près de140 km au sud-ouest d’Alger. Onze soldats ont été tué lors de cette attaque revendiquée par un groupe terroriste se réclamant d’Aqmi.Communiqué de Aqmi au Maghreb

Communiqué d’Aqmi au Maghreb

Les premiers portraits de ces soldats ont été publiés sur Facebook dès l’après-midi du samedi. Dans la soirée, on pouvait voir les 11 portraits avec les noms et prénoms. Certains internautes ont même parlé de l’équipe (11 personnes) des martyrs d’Aïn Defla.

Jeunes soldats tombés en martyrs
Jeunes soldats tombés en martyrs

Devant le petit écran, les chaînes étatiques A3 et Canal Algérie ainsi que la chaîne privée Echourouk News n’avaient pas encore donné l’information à minuit ! La journée du dimanche débutait alors qu’on continuait à faire passer des messages de voeux de l’Aïd et des programmes de musique. Durant les bulletins d’information, on évoquait des faits divers, des tueries en Egypte et en Irak mais point d’info relative au massacre de jeunes Algériens dans une embuscade.

Le Commandant des forces armées
Le Commandant des forces armées

Le Commandant des forces armées algériennes et le premier ministre parlaient tout récemment d’une armée forte et d’un peuple digne mais où étaient ces deux responsables ce samedi ? Les gens à travers la Toile échangeaient les infos et proposaient le jeudi 23 juillet comme journée de deuil national sans passer par les filtres étatiques !
Y aura-t-il interdiction par Sellal de cette journée ?
sellal
Pourra-t-on interdire au Peuple d’être en deuil ? Que doivent penser les parents et les proches de ces jeunes tombés les armes à la main ? Que doit-on penser de ce « terrorisme résiduel » qui dure depuis des années, malgré la supposée « réconciliation nationale » ? Bouteflika, un président sur fauteuil roulant et sans la parole (pour ceux qui voudraient le comparer à Roosevelt), Rooseveltdevrait passer la main ! Les jeunes sont fatigués et les vieux n’en veulent plus ! Momie vivante, le système s’accroche à son être et voudrait le présenter comme un épouvantail pour les Algériens, épouvantail du devenir du pays sans lui…
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Nombre de ceux qui s’accrochent à ce pouvoir, ces octogénaires qui gouvernent un pays jadis vivant et dynamique, semblent oublier que la roue de l’histoire tourne, qu’ils avaient eux-mêmes pris le Pouvoir en étant jeunes mais pour le mener où ? Boudiaf disait bien : « Où va l’Algérie ? » en … 1964.
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Fin de ramadan à Blida

Le ramadan aura vécu !
Pas moins de 30 jours de privation, 30 jours d’abstention dans la journée, du lever du jour jusqu’au coucher du soleil ! A la longue, il était espéré un retour de l’être humain, du musulman, à de meilleurs sentiments vis-à-vis du pauvre, du proche, de l’orphelin. Ces sentiments peuvent être résumés en un seul, le Respect d’autrui.

Sérénité et plénitude grâce au Ramadan
Sérénité et plénitude grâce au ramadan

En déambulant à travers les artères de la ville de Blida, de jour comme de nuit, l’idée de respect ne tenait pas la route devant l’énervement de chacun. Les mamans se mêlent et disputent les premières places dans les bus et dans les magasins à celles et ceux qui se font sien ce grand mot. Dans les ruelles des divers marchés de la ville, dans les grandes surfaces commerciales et… même dans les mosquées, les gens se poussent, jouent du coude, veulent être les premiers, soit pour entrer soit pour sortir. D’où provient cet empressement qui fait quelque part honte à la personnalité de l’Algérien ?

On mange ensemble durant le Ramadan
On mange ensemble durant le ramadan

Chez le coiffeur à la veille de la fin du mois de jeûne, chez le boulanger pour les gâteaux de l’Aïd, chez les marchands de vêtements ou de chaussures, le citoyen algérien, de l’est à l’ouest du pays, court, tape du poing, grimace, grince des dents, pince les lèvres, fixe des yeux : il ne sera jamais le dernier ! C’est ce qui semble ressortir de l’expression du visage. L’Algérien n’accepte guère cette place humiliante sauf pour quelques-uns dans les classes, notamment celles du secondaire où il a été remarqué nombre de jeunes qui rigolent dès qu’ils entendent parler d’une fille ou d’un garçon qui bûche sérieusement ! Les résultats scolaires donnés au début du mois de juillet pour le brevet des collèges et le 9 juillet pour le bac n’ont point été encourageants : à peine 52 % des candidats au sésame des hautes études ont obtenu l’accès.

Beaucoup d'examens au mois de juin, en pleine chaleur
Beaucoup d’examens au mois de juin, en pleine chaleur

Élèves, enseignants, parents et administrations se rejettent mutuellement la faute et toutes les parties vont en découdre maintenant que le ramadan est terminé. Cependant, l’écueil majeur et révélateur demeure les faibles résultats enregistrés dans les contrées du Sud algérien où le taux de 30 % de réussite était difficilement atteint.

Le Sud est quelque peu défavorisé pour les études
Le Sud est quelque peu défavorisé pour les études

Pour l’instant, et avec les grandes chaleurs qui persistent, place est faite aux projets de grandes vacances et de mariages pour nombre de familles. Les pétards vont réapparaître, au grand dam des personnes âgées et des malades. Il faut dire que ça tonne fort jusqu’à minuit et plus et les forces de police hésitent à intervenir. Certains jeunes vont continuer à travailler, faute de moyens.

Jeunes privés de vacances
Jeunes privés de vacances

L’élan de solidarité envers les pauvres durant les nuits du ramadan, pourra-t-il se poursuivre ? La question demeure posée, surtout que les couffins et paniers remplis de victuailles ne pourront disparaître d’un coup et les tables bien achalandées à l’intérieur des foyers sauront accueillir les familles de déshérités qui, quoi qu’on dise, sont en nette progression.

Table bien garnie
Table bien garnie
Couscous, plat national
Couscous, plat national

Autre effet de ce ramadan, l’apparition de migrants venus du Mali voisin et du Niger, et dont on ignore complètement les chiffres ! Ils sont là, dans les principales artères de la ville de Blida, et font la manche grâce à leurs enfants aux carrefours marqués par les feux tricolores.

Jeunes venus du Mali et du Niger
Jeunes venus du Mali et du Niger

L’aumône et la solidarité ne sont point de vains mots à Blida, sinon ces gens-là seraient partis vers des cieux plus cléments.
A Blida, chacun se doit de respecter au moins les vieilles personnes de la famille et du voisinage afin d’assurer un semblant de chaîne de solidarité humaine, entre vieux et jeunes, entre enfants et adultes.

Joie des enfants
Joie des enfants


Pèlerinage aux Lieux Saints

De La Mecque à Médine, récit en images d’une épopée sur les terres de l’Islam, entre respects de traditions religieuses et grands moments d’émotion et de partage.

Difficile d’admettre qu’un Algérien ou une Algérienne normalement constitué puisse passer quinze jours en cette saison estivale du côté de l’Arabie Saoudite, exactement à La Mecque et à Médine, où la température ne baisse jamais sous les 40°.

Et pourtant, un voyage organisé pour l’accomplissement d’une Omra – la visite des Lieux Saints – a eu lieu le 6 juin dernier pour ne se terminer que le 23. Dix jours à La Mecque et une semaine à Médine avec des jours de Ramadan, marqués par de difficiles abstinences.

Le choc de la découverte de la Qaaba

A partir de l’aéroport Houari Boumediene en Algérie, le départ avait connu un retard de plus de cinq heures, jugé tolérable par les habitués mais que nombre de personnes âgées ressentaient comme un premier martyr.

Départ vers La Mecque
Départ vers La Mecque

Le vol prévu à 18 heures avec une présence à l’avance à partir de 14 heures, n’aura lieu qu’à 21 heures. L’arrivée à Djedda se fera en pleine nuit vu le décalage horaire de deux heures. Le temps de mettre les bagages à l’hôtel éloigné de près d’un kilomètre et voilà les plus de 200 pélerins qui descendent le trajet avant de se retrouver juste en face de la Qaaba ! Choc pour nombre de personnes et rite accompli dans le recueillement.

19 Pouvoir sacré à la qaaba
Beaucoup de monde, notamment des délégations venues de pays asiatiques comme l’Indonésie –le plus grand pays musulman du monde – ou la Malaisie. Le Pakistan, l’Inde et… l’Algérie formaient les autres délégations qui se démarquaient des petits nombres affiliés à d’autres pays.

Très disciplinés les pays asiatiques
Très disciplinés les pays asiatiques

Des excursions au mont Arafat, à Mousdalifa et à Mina étaient également au programme.

51 Montagne de Ouhoud, très prisée par les Pélerins

Pas de distinction entre les peuples

Les pélerins s’habituaient peu à peu au rythme des cinq prières à accomplir dans le Masdjid El Haram et devant la Qaaba. L’eau de Zemzem, eau bénite, permettait d’étancher la soif et de se ressourcer ; elle était présente continuellement et nul besoin d’aller s’acheter de l’eau minérale ou autre boisson.

41 Approvisionnement en eau potable Zemzem
Les vieilles personnes, faisant plus des deux tiers de la délégation algérienne, s’accommodaient progressivement du rythme et nulle consultation médicale ne venait assombrir les journées tranquilles de la délégation officielle. Sans doute faudra-t-il signaler de temps à autres des cas d’angine à la suite d’une climatisation à basse température observée dans les allées des lieux et à l’hôtel.

28 Intérieur du Haram
A l’intérieur de la mosquée El Haram, beaucoup de personnes ramenaient des dattes et du lait pour la prière du Maghrib – coucher du soleil – en raison de l’observation du jeûne pour beaucoup de pèlerins avant même le début du mois de Ramadan. Cet esprit de l’offrande sera retrouvé quelques jours plus tard à Médine, avec le début du mois sacré de Ramadan où des tables et des nattes occuperont systématiquement tous les espaces libres avant l’heure de la rupture du jeûne afin que nul musulman ne puisse dire être oublié par la communauté.

56 Agents d'entretien sous les parasols géants
Chaque femme et chaque homme avait devant lui de quoi se rassasier avant la prière et les louanges au Seigneur ne manquaient point ! Les gens s’attablaient sans aucune considération de race ou de peuple !

46 Répit à l'intérieur de la Mosquée entre les prières
Au hasard des rencontres et des moments, des Jordaniens étaient aux côtés des Sénégalais, des Algériens, des Pakistanais et les échanges, même difficiles, se faisaient dans la joie et la bonne humeur. Comme si cela ne suffisait pas, des citoyens de Médine tenaient à offrir de l’eau, des fruits, des plats chauds aux jeûneurs aux abords de la grande mosquée du Prophète (QSSL).

Siestes au coeur des lieux saints

La délégation algérienne s’est vue également offrir une sortie à la mosquée Qouba et à la montagne Ouhoud, lieu où des musulmans des premiers moments de la Hijra (émigration) se sont vus infliger une de leurs rares défaites. Un grand espace servant de cimetière était le lieu de visite parmi les plus prisés des délégations. 52 Dattes proposées à la vente
A l’intérieur de la mosquée du Prophète, les tombes du Prophète ainsi que celles des compagnons Abou Bakr et Omar sont également visités, juste à côté de la « Raouda », lieu de prière sacré, voulu par le Prophète (QSSL) comme un espace divin. L’intérieur des mosquées à La Mecque et à Médine regorgent de livres du Coran, certaines éditions traduites en d’autres langues et les musulmans passent beaucoup de leur temps à l’intérieur pour psalmodier le Livre saint. Certains parmi les pèlerins, fatigués et redoutant le climat, se permettent des siestes à l’intérieur même des lieux sans que personne ne le leur interdise.

57 Travailleurs s'accordant une pause
L’ambiance de piété caractérisant ces journées n’empêchait point, surtout les femmes, de fréquenter les lieux de commerce, à la recherche de souvenirs à ramener à leurs familles. Les commerçants harcèlent justement ces personnes, allant jusqu’à offrir à Médine des courses gratuites jusqu’aux grandes surfaces sises à l’extérieur de la ville. Des femmes voilées, n’appartenant point à la communauté de Médine, sont autorisées à vendre à même la chaussée, de multiples articles, quitte à se faire poursuivre par les autorités à qui il n’est nul besoin de discuter lorsqu’il s’agit de faire régner l’ordre !

43 Vendeuses pourchassées
La quinzaine de jours finie, les pèlerins algériens se préparent dans un désordre heureux, à retourner au pays, fiers d’avoir accomplir la Omra, visite aux Lieux Saints, qui ne peut point remplacer le cinquième pilier de l’Islam, à savoir le Hadj.

60 Retour des Pélerins

La Omra aura servi d’une répétition générale avant le mois complet d’un pèlerinage à La Mecque, qui a lieu deux mois après le ramadan.

9 Architecture riche


Hygiène quand tu nous tiens !

Il n’existe pratiquement plus un quartier de la grande ville de Blida où les détritus ne jonchent pas les rues.

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Stationnement sur les trottoirs

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Une réalité devenue banale et les habitants qui ont à coeur la propreté de leur ville ne savent plus à qui se plaindre.Bencherchali Apc Blida
Il existe bien des journées de volontariat avec des pères de famille, des femmes, des étudiantes et des étudiants qui sacrifient une demi-journée le vendredi -jour de repos dominical- pour nettoyer l’environnement des cités, notamment à Bab errahba et la rue du Bey mais, comme par enchantement, dès le lendemain, des « gens » (pour ne pas les désigner par un autre qualifiant) remettent « ça » avec sachets en plastique, cartons vides, épluchures de bananes et autres serviettes en papier. IMG_3606
Les commerçants des grandes artères commerciales n’ont personne pour les verbaliser ! De gros cartons s’étalent sur les trottoirs et gênent une circulation déjà très tortueuse avec le stationnement de véhicules sur les passages piétonniers.IMG_2946 IMG_2315
On la nomme « ville des roses » mais c’est un leurre employé durant les campagnes électorales par des candidats à la magistrature qui oublient, dès leur investiture, qu’ils sont au service des citoyens.IMG_2567
A 50 km de la capitale Alger, la ville de Blida souffrirait de cette proximité en constatant que tous les budgets relatifs à l’embellissement vont à la grande métropole.

Danger et saleté partout
Danger et saleté partout

Pourtant, il suffit de peu pour que Blida retrouve son lustre d’antant !

Fontaine
Fontaine


Fête du Savoir à Blida

Un établissement scolaire privé de la ville de Blida – En Nadjah- a tenu à célébrer la journée nationale du Savoir coïncidant avec l’anniversaire du décès de l’Imam réformiste Ben Badis (4/12/1889 – 16/4/1940).

Ben Badis
Ben Badis
Plusieurs types de manifestation à caractère culturel ont fait vibrer les enfants de tous les âges, 7 à 15 ans, avec chants, représentation théâtrale, chorale, expositions et concours de dessins.Enfants disciplinés

Dans l'esprit de Ben Badis

Admiratrice en tenue traditionnelle Des dizaines d’enfants, avec robes et costumes d’époque, ont donné à la fête ses lustres d’antan, honorant davantage la mémoire du leader de l’association algérienne des Ulémas (savants) Oulémas (sur blogspot)qui avaient appelé dans les années 1920 et 1930 à des réformes de la société algérienne, du temps de la colonisation française, bien avant la révolte de Messali Hadj puis du Front de Libération Nationale –FLN- exigeant l’indépendance de l’Algérie, par une guerre qui aura duré sept années et demi (1954-1962) et coûté la vie à plus d’un million d’Algériens de toutes les couches sociales.
Les séquelles de l’Occupation, du colonialisme et des atrocités subies continuent à faire exiger de la France une reconnaissance des crimes de guerre. Les millions d’orphelins revendiquent aujourd’hui, comme hier, des dédommagements à la mesure des torts subis. Depuis l’Indépendance du pays, la journée du 16 avril est plus ou moins bien fêtée dans les établissements scolaires algériens. L’ensemble scolaire En Nadjah n’y déroge pas avec la fratrie Bouras dont l’un des frères est le fondateur. Le chargé de la discipline, Mr Djiar, s’est montré encore une fois très alerte.Mr Djiar au four et au moulin Toute l’administration s’était donnée rendez-vous ce jeudi après-midi dans la cour de l’établissementPublic attentionné Mr Djiar assura : « Nous avons besoin de donner à l’enfant l’occasion de s’exprimer tout en l’orientant vers la chose culturelle liée à un événement national. »Travaux réalisés par des enfants

Travail nécessitant de l'attention. Les applaudissements fusaient à chaque représentation des petits et même quelques parents avaient tenu à être présents.Enfants s'apprêtant à jouer des rôles

En pleine action

Elèves admiratives devant les travaux.
Mme Ghanem, proviseur du cycle secondaire, exprima le souhait de revivre d’autres occasions comme celle de ce jour.Mme Ghanem, Proviseur du secondaire. Un groupe de musqiue andaloouse a permis à l’assitance d’être bercée par des morceaux de nouba algérienne.Répétition
Les enfants ne peuvent oublier ce jour et l’Histoire de leu pays à travers un monument de la pensée islamique, le réformiste Ben Badis.portrait Ben Badis
En cette journée printanière, l’ensemble des enfants avait le sourire. « Pourvu que ça dure ! » comme disait un des parents, à la veille des examens.Enfants très présents


Mostaganem ne veut pas des touristes ?

Etrange comment une ville comme Mostaganem en Algérie ne daigne pas veiller le soir, préférant fermer boutiques et restaurants avant la tombée de la nuit. Ne veut-elle pas des touristes ? Ville côtière, surplombant une large bande du littoral algérien, Mostaganem semble se parfaire dans une léthargie que peu d’Algériens lui connaissent. Au cours d’une visite en ces belles journées finissantes du mois de mars, l’étonnement est à son comble lorsqu’un restaurateur du port de pêche annoncera dans un sourire déconcertant que « le restaurant est fermé en dehors de la saison estivale ! » N’y a-t-il que l’été pour vivre et jouir de ces espaces qui ne demandent qu’à être occupés par les touristes, aussi bien locaux qu’étrangers.IMG_3218

Mostaganem, dont le nom est lié à l’histoire ancienne avec l’interprétation de « marsa ghanim », « port du butin », en relation avec le vécu des corsaires algériens de la période ottomane ; une interprétation parmi d’autres et qui semble la plus plausible pour l’histoire récente de l’Algérie. La ville est à 350 km à l’ouest d’Alger et à 80km à l’est d’Oran, la deuxième ville d’Algérie ; elle compte près de 800.000 habitants répartis sur 32 communes permettant une densité de 292 habitants au km². IMG_3127
Au niveau du site de Sidi Lakhdar Benkhlouf, autre lieu de visites pour des dizaines de milliers de touristes, sis à 60 km de Mostaganem, la vie s’étire doucement, sans que quiconque songe à vitaliser ce secteur créateur d’emplois et de richesse. Des commerces de souvenirs déposés sans recherche sur des présentoirs n’attirant point la curiosité et de vieilles femmes assises à même le sol, proposant aux visiteurs du jour des herbes, de la semoule roulée par leurs propres mains ainsi que de l’artisanat local très primaire.IMG_3156 Pourquoi les autorités locales ne doivent-elles pas proposer leur aide à travers un savoir et du marketing sensé juguler le secteur ?IMG_3218
Au niveau du centre de la ville de Mostaganem, une entreprise étrangère construit le tramway, objet de nombre de querelles, surtout depuis le décès de deux ouvriers sur la ligne. Ces lignes de tramway vont servir surtout les étudiants des nombreuses universités de la ville ainsi que l’hôpital qui amène les consultants et les visiteurs. Le chantier crée de l’embarras pour les résidents mais la perspective à l’an 2017 de moyen de transport bénéfique aux piétons fait oublier les désagréments. IMG_3144
Entretemps, les touristes devront rappliquer dès le mois de juin et les mentalités locales devront se metr au diapason de ces « clients » potentiels, saisonniers et … dépensiers à souhait.


Lire en fête à Blida

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Le printemps est là et c’est la période choisie cette année pour organiser à Blida la manifestation « Lire en fête » qui va durer une dizaine de jours et concernera 5 grandes villes de la wilaya : Blida -chef-lieu de wilaya, Oued El Alleug, Meftah, El Affroun et Boufarik. L’ensemble de ces villes compte plus de 600 000 habitants et  Mohamed Ayache directeur de la culture à la wilaya de Blida,demeure confiant sur l’affluence que ne manquera pas d’avoir ce festival, coïncidant également avec les vacances de printemps.

Lire en fête à Bounaâma
Lire en fête à Bounaâma

A Blida, au niveau du centre Bounaâma Djillali, ce dimanche a permis d’inaugurer la fête avec nombre d’ateliers.

Afflux de jeunes
Afflux de jeunes

Des ateliers qui ont vu l’arrivée curieuse de dizaines d’enfants. Plusieurs étaient venus sans être accompagnés par leurs parents.

Des enfants arrivent des cités avoisinantes
Des enfants arrivent des cités avoisinantes

Ces enfants habitent la grande cité voisine appelée communément Cité « Cnep ». Atelier de dessin, atelier de lecture, atelier de maquillage :

Enfant heureux d'être tatoué
Enfant heureux d’être tatoué

Atelier de dessin, atelier de lecture, atelier de maquillage, tout était dès le premier jour pour les enfants. En revanche, les stands réservés aux éditeurs étaient encore vides. « Les visiteurs aiment bien venir en début d’après-midi » diront les organisateurs.

Entrée d'un stand

A un des stands, celui de l’éditeur « Madani », installé à Guerouaou, le gérant évoquera l’absence d’impact du festival sur la population locale et l’inexistence de cet amour pour la lecture : « il n’y a pas de politique du livre ou plutôt pas de culture du livre, ni en arabe ni en français. Les parents préfèrent acheter comme cadeaux à leurs enfants des jouets et des vidéos, oubliant que le livre est essentiel dans l’éducation des enfants. » Beaucoup de livres scolaires

L’éditeur est présent avec une cinquantaine de titres et a attiré l’attention sur la préparation d’une série sur les hommes qui ont fait l’Histoire du pays tels Youghourta, Massinissa, Hannibal. Nous apprendrons que le ministère de la Culture prévoit l’attribution de près de 30 % des locaux construits dans le cadre de l’encouragement aux métiers professionnels à travers l’ensemble du territoire national. « Avec ces locaux dont bon nombre seront donnés aux éditeurs, le livre sera encore moins cher pour les bourses algériennes », a confié le responsable du stand. Avec un autre responsable de stand, l’accent a été mis sur l’encouragement des bibliothèques communales et celles des écoles à travers la prise en charge des achats par les communes. « Ainsi, le livre ira de main en main, d’un enfant à un autre et l’Algérien aura acquis, nous l’espérons, l’amour effectif de la lecture » a conclu M. Abdelkader M.
Au niveau du centre Bounaâma, c’est l’association « Zelidj des beaux-arts » qui s’occupe de la gestion de l’espace du 22 mars au 30 mars.Au milieu des palmiers, le bibliobus est encore présent avec près de 2 000 titres proposés aux visiteurs. A l’intérieur du centre, Assia Touati, responsable de la cellule « lecture », semble rayonnante : « plus de vingt enfants dès la première heure et les résumés de livres sont bien entamés » dira-t-elle.

Mr Mohamed ayache

Mme Assia Touati
Mme Assia Touati

Des enfants âgés de 8 à 15 ans, lisaient les livres proposés selon des titres par tranches d’âge. Une des   des lectrices était à la 20e page, toute plongée dans l’histoire. Interrogée, elle s’est montrée enthousiasmée par l’initiative et a assuré qu’elle allait venir tous les jours puisqu’elle n’a pas eu la chance de partir quelque part durant ces deux semaines de vacances. IMG_3092

Mère d’un garçon de 12 ans, Mme Touati, implore les parents de venir en nombre avec leurs enfants : « C’est un espace qui permet le dialogue, les découvertes et qui peut sauver nos enfants des dangers de la rue. Il faut que les parents prennent conscience de l’importance de la lecture, de ce compagnon qu’est le livre.»

Lecture pour tous
Lecture pour tous

M. Ayache, directeur de la culture à la wilaya de Blida, assure que des professeurs et des conteurs professionnels seront ces présents durant ce festival et que tous les moyens ont été donnés à des associations culturelles pour la réussite de ces journées.


Annie Steiner la Moudjahida

La Moudjahida, -« maquisarde », « résistante »- de la première heure, Annie Fiorio-Steiner Annie Steinerest passée par Blida ce samedi 22 novembre 2014 pour évoquer des souvenirs et revoir le lycée où elle avait fait ses études secondaires avant le déclenchement de la guerre d’Algérie en 1954. Elle avait côtoyé d’illustres héros tels Ali Boumendjel, Abane Ramdane, Benyoucef Benkhedda, Sadek Hadjeres, M’hammed Yazid,… Comble de l’ironie : on lui refusera l’accès à cet établissement sans donner le moindre motif. IMG_2149Il est vrai que c’était samedi, un jour de weekend en Algérie mais le gardien était là, derrière la porte et le proviseur était avisé depuis mercredi de l’arrivée de la Moudjahida. IMG_2192Quelle mouche a piqué ce « responsable » pour maintenir les portes fermées et couper même son téléphone ? L’octogénaire, 86 ans, était venue avec un bouquet de fleurs Fleursafin de le déposer devant la plaque commémorative portant les noms de plus de vingt martyrs ayant été scolarisés au lycée Duveyrier de l’époque. Annie était perplexe : « je ne comprends pas cette porte fermée, vous avez bien avisé le personnel ? » demandait-elle de sa voix chantante. Quelques personnes l’accompagnaient et personne ne voulait la brusquer avec une réponse qui dénoncerait un comportement plus que rebutant du proviseur. Il y eut bien une tentative par un quinquagénaire qui a téléphoné à droite et à gauche pour faire « bouger » les choses mais il dût se rendre à l’évidence : « les portes sont restées fermées ! »Lycée portes fermées
Le groupe revint vers la place du 1er Novembre et le fameux kiosque ornant le centre et d’où un palmier continuait à faire bouger ses longues branches qu’un petit vent secouait. IMG_2198Des enfants jouaient au baby foot et Annie s’y attarda un petit moment, se remémorant sans doute ses années d’enfance où les jambes couraient plus que la volonté du corps.IMG_2187 Les mûriers encadrant toute la place donnaient de l’ombre en cette heure matinale où le soleil de novembre se laissait encore voir. Une table au café d’El Besseri accueillit l’ensemble avec des boissons chaudes, thé et café, qui ravivèrent encore les souvenirs. Madame Annie Steiner se rappellera alors les calèches tout autour de la place et spécialement dans une des rues adjacentes, l’hôtel d’orient, si célèbre à l’époque coloniale, le jardin Bizot –aujourd’hui jardin Patrice Lumumba- avec ses couples, les fins de semaine surtout, ainsi que certains bals autour du kiosque.
Cette évocation a permis quelque peu de faire oublier la déconvenue du non-accueil au lycée Ibn Rochd et il a été entendu qu’un autre rendez-vous sera pris avec la précaution d’aviser les autorités pour que les portes s’ouvrent afin que les souvenirs se ravivent davantage.IMG_2207
Il est certain que d’ici là, l’association des Anciens Moudjahiddine aura été alertée et que ça sera les notables de la ville qui vont l’accueillir avec des fleurs, et non l’inverse. Il y eut dans un passé récent la visite de Jean Daniel, un autre ancien du lycée et l’accueil qui lui avait réservé fut à la mesure de la renommée du patron du Nouvel Observateur. La bonne vieille femme de 86 ans ne sera alors pas oubliée !


le français, quel statut ?

En Algérie, le citoyen se trouve parfois, si ce n’est souvent, désorienté devant le statut des langues en présence : l’arabe, l’amazigh et le français. Depuis l’indépendance du pays en 1962, le choix de la langue arabe comme langue officielle allait -presque- de soi mais les habitudes dans les milieux professionnels persistaient avec l’usage de la langue française dans toutes les démarches et documents à remplir. En 1970 a été instaurée l’obligation de l’utilisation de la langue arabe avec instauration systématique des cours d’apprentissage de la langue arabe pour les cadres dans les administrations et les banques. Au ministère de la justice, il a été fait obligation de plaider en arabe et il y eut des scènes inoubliables : un avocat algérien qui se faisait traduire par un autre algérien dans les tribunaux et la qualité s’en fit ressentir.

Salle de cours de langue à Blida
Salle de cours de langue à Blida

Au fil des années, la langue arabe prenait le pas sur le français comme langue véhiculaire jusqu’à la fin des années quatre-vingt-dix où un mouvement inverse se faisait ressentir : la langue française reprenait son statut dans les universités, notamment pour toutes les spécialités scientifiques et technologiques, au motif que la documentation était absente en arabe.
Des cours sans contrôle
Des cours sans contrôle
Le rêve de feu président Boumedienne, des ministres Kharroubi et Naït Belkacem prend des coups chaque année. Aujourd’hui, même les soutenances de thèse se font en langue française, en arabe dialectal… « pourvu que le message passe » se défend un des inconditionnels du plurilinguisme. L’avocat retrouve sa verve mais ce n’est plus le niveau d’il y a cinquante ans.
Jeunes apprenants
Jeunes apprenants

Lycéens et étudiants s’inscrivent en masse dans les cours d’apprentissage du FLE (français langue étrangère) pour se préparer aux études supérieurs dans les filières dites nobles : médecine, chirurgie dentaire, ingéniorat,… Un jeune algérien arrivé en fin de cycle secondaire n’excelle dans aucune des langues sensées être apprises dans les différents cursus : arabe, français et anglais. Des cours de soutien deviennent obligatoires pour celles et ceux qui veulent poursuivre de longues études à l’université et même à l’étranger.
Alphabétisation en FLE
Alphabétisation en FLE

Cela implique l’ouverture en nombre et sans contrôle de la qualité d’écoles de langues où l’Administration algérienne n’a pas son mot à dire : la plupart de ces écoles assurent des cours du soir dans des appartements, des villas, des hangars ; aucune de ces écoles n’est reconnue mais cela n’empêche pas leur administration de délivrer des attestations de niveau. Certaines, une minorité, inscrivent leurs apprenants aux examens du DELF et du DALF, des examens reconnus par la France et qui sont institués comme préalable pour des études en France.
Cours de FLE
Cours de FLE

A Blida, ville de 200.000 habitants, il est comptabilisé au bas mot une vingtaine d’écoles de langues qui ne dépendent ni du secteur de l’éducation nationale ni de celui de la formation professionnelle. Les assurances des étudiants et des enseignants sont absentes, les normes de sécurité des lieux sont inexistantes et il faudra sans doute, nous ne le souhaitons pas, un quelconque incident pour mobiliser les pouvoirs publics.
Promotion après promotion
Promotion après promotion

50 ans après l’indépendance du pays, la population pourrait être cataloguée de bilingue. On délivre des certificats médicaux dans les deux langues, tout comme les ordonnances. La Kabylie se targue de délivrer des documents d’état civil en français alors que toute le reste du territoire national le délivre en langue arabe.


Laghouat, à 430 km d’Alger

Plein sud, juste après les débuts de terre ocre, terre sèche, dénudée, loin des montagnes vertes du Titteri, c’est Laghouat. On dit que c’est la porte du désert mais la population locale parle plus de porte vers les Nord, signifiant que les Laghouatis ont la tête tournée vers la mer lointaine, la grande bleue. Pour arriver à la ville, il faut passer par Djelfa et ses moutons, l’alfa qu’on récoltait…


Sétif championne d’Afrique des clubs en football

L’équipe de football de l’Entente de Sétif –ESS– a pu réaliser l’exploit de remporter pour la première fois le titre de champion d’Afrique des clubs champions en battant ce samedi 1er Novembre (fête nationale algérienne du début de la guerre d’indépendance) au stade de Tchaker de Blida le Vita Club du Congo après un match nul (1-1) et ayant tenu en échec le club à l’aller (2-2).
C’est l’ES Sétif qui avait ouvert le score en seconde mi-temps avant d’être rejoint mais a su maintenir l’adversaire jusqu’au coup de sifflet final.
Les milliers de jeunes qui avaient fait le déplacement depuis la ville de Sétif -300 km- étaient tout heureux mais à la sortie, il n’y avait pas suffisamment de moyens de transport pour les ramener dans leur ville surnommée Aïn Fouara. Une nuit blanche à Blida sous l’œil vigilant des forces de l’ordre mais, malheureusement, aucun comité de soutien ou de prise en charge pour occuper ces amoureux du football qui avaient, juste une heure après la fin de la partie, l’œil hagard, fatigués par plus de 24h d’éveil. Ils avaient fait leur entrée au stade bien tôt le matin alors que le match ne commençait qu’à 19h30.
La FAF (Fédération Algérienne de Fotball) devrait créer une commission pour ne pas abandonner à leur sort ces jeunes non accompagnés et qui sont un danger pour leur propre personne d’abord.

Jeunes supporters de l'ESS à la fin du match. Crédit photo : Mekfouldji
Jeunes supporters de l’ESS à la fin du match. Crédit photo : Mekfouldji

Le long du boulevard Boudiaf, situé entre l’arène du stade Tchaker et la gare ferroviaire, les supporters de l’Est du pays marchaient à pied en une longue file et, volontairement, n’adressaient pas la parole aux jeunes de la ville de Blida, ne répondaient point aux remarques négatives de toute nature et n’osait que les « merci, merci » pour ceux qui les félicitaient. Drôle de cohabitation entre les jeunes des différentes villes. Un jeune sétifien, Nabil, en voulait au comité de supporters qui n’a pas daigné les prendre en charge à la fin du match, tout occupé à vouloir pénétrer dans le stade pour jouir avec les joueurs de ces instants mémorables.
Supporters de Sétif heureux
Supporters de Sétif heureux

Ce jour du 1er Novembre est férié en Algérie, du fait de la commémoration du 60ème anniversaire du déclenchement de la guerre d’indépendance en 1954. 7 années après, l’Algérie était libre… 60 ans après, ces milliers de jeunes se sentent-ils réellement libres, réellement heureux de vivre dans ce pays ? On parle de plus de 25% de jeunes chômeurs ! Que réserve l’avenir à tous ces Algériens qui, instruits ou non, possédant des diplômes ou non, n’arrivent plus à trouver un travail, un salaire et doivent courir les entreprises et les administrations pour tenter de s’adjuger un contrat à durée déterminée avec un salaire qui frôle le seuil minimum.
Pour l’instant, place à la victoire des joueurs de Sétif, à l’allégresse d’une indépendance retrouvée en 1962. « On discutera après de tout ce qui ne va pas… » a laissé dire un supporter un peu plus âgé.


Mohamed Ben Allel Sidi Embarek, aussi glorieux que Abdelkader ?

Et si on changeait le contenu des manuels d’histoire de l’Algérie pour la période de résistance à l’invasion française ? C’est ce qui semble être dit d’une manière très convaincante par un des descendants de Mohamed Ben Allel Sidi Embarek, Ahmed Mebarek Ben Allel, diplômé de sciences politiques et auteur du livre « La tête dans un sac de cuir » co-écrit avec Nicolas Chevassus-au-Louis, paru aux éditions du Tell en 2011 et réédité depuis.

Stèle bientôt édifiée à Koléa, à l'entrée du pôle universitaire
Stèle bientôt édifiée à Koléa, à l’entrée du pôle universitaire
Reçu au siège de l’association Sidi Ali Embarek à Koléa et à l’intérieur du domicile de l’auteur, accompagné de son ami Rachid Boukhari, auteur d’un livre sur un chantre de la musique populaire dite chaâbie, « Bourahla, le style kheloui » paru également aux éditions du Tell, une maison rappelant les vestiges de l’Algérois des années de la Régence d’Alger avec les cuivres, les plateaux, les chandeliers, la faïence jusque dans le salon où trônent les portraits de l’ascendance de Ahmed Mebarek. Dans les années trente du XIX°siècle, le saint gardien de la zaouia fondée à la fin du XVI°siècle à Koléa était Hadj Mahieddine Es-S’ghir, l’oncle de Ben Allel, un sage parmi les sages qui voyait en Ben Allel le digne successeur pour continuer la tradition maraboutique.
Entrée de Koléa, la zaouia des Embarek
Entrée de Koléa, la zaouia des Embarek
C’était le 23 juillet 1830 qu’eut lieu, avec forts documents à l’appui, la grande assemblée à Koléa où nombre de tribus de la province d’Alger représentés par leurs chefs vinrent demander conseil à El Hadj Mahieddine Es-Sghir et proposer de « céder » Alger à El Hadj Mahieddine Es-S’ghir, seul à même de préserver les tribus arabes de l’anéantissement, en concluant un « contrat » avec l’envahisseur français. Ce dernier aurait même proposé le titre d’ « Agha » des Arabes en la personne du général Berthezène venu spécialement à Koléa.
Porte d'entrée du lieu où repose Sidi Embarek
Porte d’entrée du lieu où repose Sidi Embarek
Toute la smala des Embarek sera emprisonnée à la Casbah alors que les Embarek, le mufti et le cadi de Koléa ne s’y attendaient point à un tel sort. Hadj Mahieddine Es-S’ghir avait fui à Miliana. C’était l’étonnement après avoir pourtant reçu en juillet 1831 le titre d’agha et tout ce qui allait avec : argent, garde personnelle, escorte et autorité en échange de sa fidélité à la cause des Français. Tout changea avec la nomination du duc Savary de Rovigo et les massacres perpétrés par ce dernier à la moindre résistance des tribus arabes. Le baptême de feu de Ben Allel aura lieu le 2 octobre 1832 pour se terminer après de multiples combats aux côtés d’Abdelkader dont il était un des lieutenants les plus guerriers, en novembre 1843. Le général Bugeaud déclarera qu’il en était fini de la résistance algérienne avec la mort de Ben Allel. Il y eut, entretemps, le traité de la Tafna où l’émir Abdelkader rendait les armes devant le général Bugeaud le 30 mai 1837, en bénéficiant des terres à l’ouest et au centre du pays, Koléa demeurant sous la coupe des Français.
des saints et des guerriers, telle est la famille Embarek
des saints et des guerriers, telle est la famille Embarek

L’auteur du livre, dans un échange acéré, voulait mettre l’émir au second plan, « sinon comment expliquer qu’à cette époque, cet homme puisse venir lever une armée au centre du pays s’il n’y avait pas Ben Allel et son oncle ? ». Ahmed Mebarek Ben Allel, auteurLe beau rôle est attribué à ses ascendants, sur la foi des témoignages oraux –cette fois- pour évoquer un échange –cf page 66 et suivantes- où il était proposé à Mahieddine Es-S’ghir de devenir le khalifa d’Abdelkader à partir de 1835. Cette alliance aura pour effet de combattre les tribus du Titteri qui avaient refusé l’allégeance puis d’affronter l’armée française et lui faire subir des défaites mémorables jusqu’à décider Paris à nommer de nouveau le maréchal Clauzel. Guerres entre tribus arabes, jalousies des uns et des autres avec les diverses nominations telles celle de El Berkani en 1835 puis la nomination du bey Benomar par les Français en 1836 après la prise de Médéa.
L’émir qui combattra la dissidence des Tidjani au Sud du pays avait nommé comme khalifa –son remplaçant- Ben Allel qui devait faire respecter par les siens le traité de la Tafna. L’auteur Ahmed Mebarek Ben Allel insistera sur le dilemme de Ben Allel quant à son allégeance au Pouvoir de l’émir ou sa démission. Il mourra les armes à la main après avoir accepté de rejoindre l’émir du côté de la frontière algéro-marocaine. Sa tête sera tranchée et exhibée par l’armée française afin de faire taire toute idée d’insurrection aux tribus du centre et de l’ouest du pays qui voyaient en Ben Allel leur guide et leur sauveur.
Il faudra sans doute replacer les années de combat de Ben Allel à travers le refus de la conquête française, aux côtés de l’émir Abdelkader dont le rôle est un peu « trop » mis en avant dans les manuels scolaires. M. Ahmed Mebarek Ben Allel prépare un second livre pour encore mieux faire connaître la smala des Embarek.