Abdelkrim Mekfouldji

Khaymet El Hadj Brahim

Khaymet El Hadj Brahim à la sortie du petit village de Soumâa, petit par sa superficie mais célèbre de par l’implantation de l’université Saad Dahlab de Blida, renfermant plus de 40.000 étudiants, impose désormais sa présence.

Khayma dans un style mauresque

Un restaurant de type saharien, géré par trois familles réunies, perce grâce au bon accueil, au style des tapisseries au mur et au sol, donnant l’impression de fouler les pieds d’une khaima- tente du Sahara- en plein cœur de la Mitidja. On se déchausse à l’entrée de khaymet El Hadj Brahim

Dès l’entrée, les chaussures sont enlevées

et on déambule pieds nus à l’intérieur des trois salles où des familles entières viennent goûter et apprécier les plats traditionnels de plusieurs régions des portes du désert algérien : Bou Saâada, M’sila, Djelfa, Biskra. Nombre de visiteurs et de clients du Nord retrouvent dans cet espace leurs origines puisqu’ils sont originaires de ces villes mais habitent le nord du pays pour plusieurs raisons.

Décor propre aux régions du Sud de l’Algérie

La clientèle est reçue dès l’entrée par un personnel vêtu de la tunique saharienne, un habit traditionnel qui rajoute au charme des lieux. Le plafond porte des couvertures de laine où le rouge domine et les pentes imposées à cette tapisserie créent cette impression de « khayma » dont le restaurant tire le nom, « Khaymet El Hadj Brahim , gérée par trois familles dont les liens confortent encore davantage la « petite » affaire. Mourad, Salim et Hadj Nacer, l’aîné, sont présents et redoublent de vigilance afin de répondre à toutes les exigences d’uneclientèle composée de la classe moyenne, notamment. En effet, les prix pratiqués sont à la portée de pratiquement tout le monde et même la quantité y est.

Plats traditionnels

Tchekhtchoukha, Z’viti, Berkoukess, couscous, h’miz : des plats aux consonances plus que nostalgiques pour ces cadres de l’intérieur du pays, obligés de travailler à Alger et Blida et devant accepter quotidiennement des menus à la sauvette. A la khaymat El Hadj Brahim, ils retrouvent les senteurs de leurs origines des hauts-Plateaux algériens et ils ramènent eux-mêmes d’autres clients, ravis qu’ils sont de leur montrer un pan de leur gastronomie.

Menu en langue arabe

Blida se devait de posséder ce genre de restaurant et elle s’en trouve fière. Reste aux autorités à améliorer l’accès au site, surtout que l’extension de la capitale Alger du côté de Bouinan va ramener encore par centaines une clientèle avide de nouveauté.

Menu bien expliqué par un personnel avenant

Tables basses, poufs, lumière tamisée, personnel accueillant, prix abordables :

Mobilier typiquement saharien

autant de facteurs qui assurent la pérennité de cette Khayma qui va faire, à coup sûr, des émules un peu partout au nord du pays.


Le ciné s’invite au lycée de Blida

Cinéma au lycée, thématique réservée à Bachir Derrais, producteur et réalisateur de renom en Algérie, présent dans l’enceinte du lycée privé En Nadjah de Blida juste avant les vacances d’hiver.

Invité par M. Mekfouldji et l’administration, celui qui finalise son dernier film dont le montage financier devant prendre l’ensemble des dépenses a rencontré plusieurs difficultés, s’est déclaré heureux d’être en face de jeunes.

Derrais présent au lycée

 

Il parla d’emblée de l’Histoire véhiculée par le film : « Je me dois d’être collé à la réalité de l’époque et ce n’est pas facile avec des moyens limités ! »

 

Des lycéens collés à ses lèvres poseront des questions sur la manière de réaliser les films, les costumes d’époque, l’absence d’archives en Algérie, la disparition des salles de cinéma.

Métiers du cinéma expliqués par Derrais

 

Ce fut l’occasion pour Bachir Derrais de secouer quelque peu la léthargie des jeunes Algériens en les incitant à exiger des responsables locaux la création de salles de cinéma, de salles pour jeunes, d’instaurer des cycles de formation dans les domaines du cinéma : « Un institut d’arts dramatiques existait ! Il faudra le rouvrir ! » dira-t-il avec force.

Il rappela que le cinéma permet la création de milliers d’emplois : décors, costumes, studios, musique, montage sont des domaines où la jeunesse algérienne pourra s’éclater. « Je ne vous dis pas de quitter l’enseignement ! Il faut s’assurer le diplôme du bac puis tenter sa chance dans les domaines où vous vous sentez apte » précisera-t-il à celles et ceux qui se montraient emballés par la perspective de devenir actrices et acteurs, costumiers ou réalisateur.

Public jeune attentif

Abordant le contenu de son dernier film, Larbi Ben M’hidi, un héros de la révolution algérienne, Bachir Derrais rappela que l’Etat n’aime pas qu’on parle de ces héros là parce que plusieurs d’entre eux ont été assassinés par leurs frères d’armes. C’était le silence dans la salle de conférences ! « Il vous appartient de découvrir tous les pans de la Révolution de 1954 de votre pays ; les acteurs de cette période sont encore au Pouvoir et les clans existent toujours et même le cinéma en subit le coup. »

C’était quelque peu fort pour de jeunes lycéens mais on devinait chez Bachir Derrais cette envie de secouer le cocotier. Le cinéma au lycée c’est également cette vérité. Il parlera de sa jeunesse, de son envie de faire des films, de ses luttes avec les autorités pour faire accepter des projets, allant jusqu’à s’autofinancer et intervenir dans toutes les étapes de la réalisation d’un film.

Derrais explique avec ferveur

Revenant à son film sur un héros bien identifié, il révèlera qu’il lui aura fallu plusieurs années pour amasser des témoignages, consulté des archives en France afin de présenter un grand film à la mesure du personnage. « Il sera un document historique pour les historiens parce qu’il se base sur des faits réels » précisera l’intervenant.

Ainsi, c’est aux historiens de venir à lui et non l’inverse, démontrant la rareté des documents d’histoire et mettant en accusation les autorités françaises qui détiennent l’histoire du pays dans leurs lieux d’Aix-en-Provence et ailleurs.

Fin de l’intervention de Derrais

« Vous devez, vous la jeunesse, demander la récupération des archives, la récupération de votre Histoire récente » conclura Bachir Derrais, au grand regret des filles et des garçons qui en voulaient plus sur ces pages de cinéma et d’histoire, loin des manuels scolaires.

Le cinéma au lycée a ouvert une brèche !


Blida se cherche

Depuis quelques mois, Blida se cherche et se recherche une nouvelle destinée ! A moins qu’on veuille lui redonner son lustre d’antan… Mais quels sont les mobiles pour mobiliser des gens peu amènes, que le plus humble des citoyens reconnait comme homme d’affaires peu honnêtes et dont les origines de leurs récentes richesses laissent perplexes ?

Stèle en re-construction à Blida

Le pays a vécu une décennie noire, la dernière avant le XXI°siècle. En cette période où nombre d’intellectuels avaient trouvé la mort, une mort violente, des richesses se montraient au grand jour, issues du néant… Des entreprises étatiques florissantes fermaient les unes après les autres et les murs, par un tour de magie, appartenaient désormais à des « hommes d’affaires », parfois incultes, mais qui savaient reposer sur des épaules et des casquettes possédant le Pouvoir. Des intellectuels tombaient, comme par hasard, les gens de la Plume étaient majoritaires : Tahar Djaout, Laâdi Flici, Saïd Mekbel, Mustapha Abada, Smaïl Yefsah, Mahfoud Boucebci, Abdelmadjid Yacef, Youcef Sebti, Abdelkader Alloula, Pr Belkhenchir, Djillali Lyabès, Asselah père et son fils, Rabah Stanbouli et tant d’autres, amenant ainsi la question non pas de : « Qui tue qui ? » mais « pourquoi ces gens-là ? » Saïd Mekbel, journaliste et chroniqueur, avait déclaré que le choix de ces médecins et de ces journalistes obéissait à un seul mot d’ordre : « Ils se ressemblent ». Ce curieux phénomène avait amené l’Etat, un peu tardivement, à domicilier les journalistes dans un « bunker ».

Saïd Mekbel

Aujourd’hui que l’argument sécuritaire est quelque peu oublié, le pays vivant dans une relative quiétude, revenant d’années plus que ténébreuses, on constate que la jeunesse du XXI°siècle, la génération n’ayant pas vécu les affres d’une période lugubre, ignore jusqu’au sens du terme « république », l’école ne lui apprenant rien ! Le jeune aujourd’hui se défonce dans l’alcool, quelque peu, la drogue, surtout et évacue ainsi tout ce qui peut le ramener à la réalité quotidienne.

Blida se veut ville propre

A Blida, les collégiens et lycéens, tout comme les étudiants, brillent par leur analphabétisme, courant derrière le diplôme, lequel n’est point une preuve d’un Savoir acquis mais une assurance pour un éventuel emploi qu’ils n’honoreront point.La contestation tourne surtout autour du transport, de la bouffe, de la réduction des emplois du temps ! Aucune protestation pour plus de connaissances, de disponibilité de livres et documentation. Lors de recrutement de personnel, les entreprises et les administrations se plaignent du niveau zéro des connaissances. « On me ramène des jeunes collés à leurs smartphones, incapables de rédiger une seule phrase correcte » s’écrie un jeune chef d’entreprise formé en Europe et revenu au pays.

Quel devenir pour ces jeunes ?

Dernièrement, l’écrivain et universitaire Amine Zaoui, en conférence dans un établissement privé de Blida, le lycée En Nadjah, en face d’élèves de classes terminale, déclara à la fin : « la pâte existe ! » Il n’a point constaté un niveau dans les échanges mais s’est montré pédagogue en tablant sur l’avenir. En attendant, la ville fleurit artificiellement grâce aux bons soins du préfet de la région, le wali, qui sollicite le secteur privé pour embellir davantage la ville. « Il aurait pu les faire intervenir pour trouver de l’emploi aux jeunes, pour créer des bibliothèques, des musées, des maisons de jeunes » dira un vieil habitant de la ville.

Le cheval avance au pas, lui qui est fait pour les grandes courses ! Ses sabots foulent le bitume alors que la terre est sa prédilection.

Style policiers canadiens ou fanfaronnade ?

Encore une contradiction dans cette ville qui demeure fort sympathique !


Amin Zaoui dans un lycée

Il est enfin venu à Blida !

Promesse tenue ! Zaoui à Blida
        Promesse tenue ! Zaoui à Blida

Le romancier en vogue en Algérie, Amin Zaoui, a pu trouver une après-midi afin de satisfaire la demande de jeunes lycéens de classe de Terminales à Blida pour venir échanger avec eux, débattre de multiples sujets et offrir une séance dédicace à la fin. L’auteur, invité par l’administration de l’établissement privé En Nadjah, s’était vite trouvé à l’aise pour étaler une biographie assez riche et orienter le débat, en homme malin, sur les choix idéologiques de ces jeunes qui, au même titre que tous les jeunes en Algérie, ne savent plus à quel(s) saint(s) se vouer. Amin Zaoui dans un lycée, lui qui est habitué des salons littéraires, des universités, des colloques ! « J’ai été subjugué par cette jeunesse » dira-t-il à la fin.

Zaoui reçu au lycée avec des dattes
        Zaoui reçu au lycée avec des dattes

Amin Zaoui, ancien directeur de la Bibliothèque Nationale durant toute une décennie et évincé pour une sombre affaire de visa d’édition accordé en 2004 à Mohamed Benchicou pour son livre dénigrant le président algérien, « Bouteflika,une imposture algérienne », a toujours mis la littérature comme réponse à toute situation. « Festin de mensonges », « Le sommeil du mimosa », « La chambre de la vierge impure », « Le dernier Juif de Tamentit », lui gagnent à chaque fois des milliers de lectrices et lecteurs, des tous jeunes aux retraités et qui le rassurent, à ce qu’il disait déjà en 2013 : « Cela me rassure sur l’existence d’une demande de lecture ».

Les bibliothèques communales et d'établissements scolaires doivent pallier les prix prohibitifs
      Les bibliothèques communales et d’établissements scolaires doivent pallier les prix prohibitifs

Cependant, les prix prohibitifs ou hors d’atteinte des bourses moyennes limitent ce nombre. Cela implique tout simplement l’urgence de l’ouverture de bibliothèques en nombre suffisant dans les communes et les écoles. Amin Zaoui dans un lycée : c’est un appel à tous les auteurs pour qu’ils envahissent ces espaces afin de redonner goût à la lecture, imposer le livre aux côtés des smartphones et autres jeux vidéos !

Les romans de l’auteur invoquent beaucoup le premier cercle familial ; Amin Zaoui évoquera devant les jeunes lycéens la mère qui n’avait jamais cessé de lui raconter des histoires, le berçant tout aussi bien que la tante et le père, jusqu’à lui inculquer cet amour pour la lecture, le voyage, l’évasion par les mots. « J’avais toujours les meilleures notes en rédaction, que ce soit en français ou en arabe » écrira-t-il dans « Festin de mensonges », paru chez Fayard en 2007 et traduit en anglais, en italien, en serbe. Il faut dire que Amin Zaoui est un parfait bilingue, étant à l’aise aussi bien en français qu’en arabe et un de ses livres en langue arabe, Le Hennissement du corps, était toujours interdit de diffusion  en 1985 pendant que « Le huitième ciel » avait été brûlé par les intégristes.

Encourager la lecture par tous les moyens
      Encourager la lecture par tous les moyens

En 1995, il avait trouvé refuge en France après avoir été menacé de mort. En 2000, il sera nommé directeur de la Bibliothèque Nationale et ce poste ne l’empêchera point de poursuivre ses publications et donner un véritable élan à la BN avec tout un cycle de conférences et de manifestations diverses qui déplairont à la classe politique régnante. Le coup fatal vint également de la conférence donnée par le poète syrien Adonis, son ami.

Un incendie au paradis, dernier ouvrage
     Un incendie au paradis, dernier ouvrage

Son dernier ouvrage, paru en 2016 aux éditions Tafat, « Un Incendie au paradis », évoque les femmes -sujet de prédilection de Zaoui-, les religions et les cultures. « La vie a besoin d’utopie pour souffler le sens du rêve dans les jours et dans les mots » assure celui qui maintient une chronique hebdomadaire, « Souffles », dans le quotidien francophone « Liberté  » où il donne rendez-vous à ses admiratrices et admirateurs pour les entretenir sur la société et le monde qui l’entoure, un monde en plein s changements.

Un public très attentif
                  Un public très attentif

Les lycéennes de l’établissement de Blida se sont données à coeur joie pour l’interroger sur ses sujets d’écriture, ses engagements, son style d’écriture et l’auteur s’était dit à l’issue très heureux d’avoir pu vivre ces instants avec cette jeunesse scolaire, la première qu’il eut en face de lui en Algérie.


Farid Khodja et le r’beb

Artiste interprète de musique arabo-andalouse, Farid Khodja et le r’beb ne peuvent être dissociés. Cet instrument de musique, le r’beb, hérité de son regretté oncle Mohamed, l’accompagne partout. Le maître est connu à Blida et ailleurs en Algérie et sur certaines places au Maroc, en France et en Espagne avec son r’beb même s’il joue également du piano et du violon. Son 5°CD, NARANJE, sort dans les bacs ces jours-ci.

Une jaquette signée Denis Martinez

Perfectionniste à souhait, Farid Khodja fait appel à l’artiste blidéen Denis Martinez, pour la conception de la jaquette.

Denis Martinez artiste peintre
Denis Martinez artiste peintre

Ce dernier accomplira son travail avec amour, à travers les signes et les points « terriblement » personnels et qui ravivent un passé territorial partagé avec le chanteur. A bientôt 75 ans, Denis Martinez est surtout connu maintenant pour son nomadisme entre Aix-en-Provence, Tizi Ouzou et Blida : il balise ses parcours avec ces signes qui l’exhibent également comme poète.

le Maâlem Bahaz, Benayachi, Martinez : troubadours aussi
le Maâlem Bahaz, Benayachi, Martinez :                                    troubadours aussi

Avec Farid Khodja, des jours et des semaines, des nuits et des doutes ont donné ce produit unique, fierté des deux !

Khodja et son r'beb
Khodja et son r’beb

Un fond rouge, orange sanguine ( ?) rempli de signes, encadre l’image d’un arbre porteur d’oranges, marqué dans son centre par une sorte d’estampille de l’artiste Martinez, le terme « Naranje » en langue arabe, sur fond noir à l’intérieur d’un cercle de signes –encore !- et le nom du chanteur en arabe et en français ainsi que le titre au bas de la jaquette. Œuvre artistique en elle-même, la jaquette attire d’emblée la curiosité.

Jaquette du CD Naranje
Jaquette du CD Naranje

Une première avec l’accordéon

Les 16 morceaux interprétés –avec des titres écrits en arabe au dos de la jaquette, sont dirigés pour l’orchestre par l’éminent Abdelhadi Boukoura et, nouveauté, un nouvel instrument voit son apparition, l’accordéon, joué par Margarita Doulache, une artiste bien connue maintenant du cercle des mélomanes en Algérie puisqu’elle multiplie les passages dans les festivals, les concerts, les soirées estivales.

Un livret accompagne le CD

Autre nouveauté, Farid khodja a voulu faire les choses en grand en innovant à travers l’accompagnement du CD par un livret d’une vingtaine de pages où on pourra lire une intervention de Abdelhadi Boukoura (auteur du texte sur Blida), une intervention de maître Mansour Kissanti qui évoque ses souvenirs de la ville de Blida, Denis Martinez qui parlera notamment de son travail sur la jaquette et des photos illustrant plusieurs passages de Farid Khodja et le r’beb dans les concerts et festivals.

Pourquoi « Naranje » ?

L’explication du titre figurerait comme une légende à se raconter dans les nuits parfumées de quelques jardins de la Mitidja, la vaste région dont Blida demeure la capitale.

Le bigaradier toujours présent à Blida
Le bigaradier toujours présent à                                  Blida

Ainsi, Naranje (mot arabe du bigaradier) est un agrume auquel est collé une superstition datant du Moyen-âge en terre d’Andalousie. Le bigaradier a connu une fin tragique et rapide en même temps, d’où la superstition de ne point en planter parce qu’il fut témoin de la chute de Grenade. Son statut d’arbuste d’ornement deviendra à Blida où il fut ramené par les Maures revenus d’Espagne, le symbole de la résistance ! « Il est là depuis longtemps, resté le seul à témoigner d’un certain raffinement des familles blidéennes. »

Les fleurs inséparables de Khodja
Les fleurs inséparables de Khodja

Effectivement, et selon l’artiste, tout le patrimoine matériel et immatériel de la ville des roses a disparu sous les coups de boutoir  d’un urbanisme sauvage. « C’est comme si le bigaradier, de larges avenues en sont toujours plantées sur les côtés, est témoin de cette volonté de faire table rase de notre histoire, d’effacer toutes les traces reliant les natifs de Blida à leur passé. »

Khodja durant un récital
Khodja durant un récital

Enfin, l’artiste accuse ces ir-responsables à différents niveaux de l’administration qui, sous l’argument du bannissement des séquelles du colonialisme, ôtent différents symboles de la ville.

Les escaliers, droudj, de la Casbah de Blida
Les escaliers, droudj, de la Casbah de Blida

Signification de « Naranje »

La première syllabe de « naranje », nar, signifie en arabe le « feu » , l’ « enfer ». « On veut faire de nous des « apatrides » dans notre propre ville ! Chanter devient alors une résistance, un engagement ». Serait-ce alors un ange en enfer ? nar-ange s’appliquerait-il à Farid Khodja et le r’beb ? Surtout que l’origine de l’agrume est persane, sanskrit et arabe.

Etal de marché à Blida
Etal de marché à Blida

Le r’beb

Un instrument racé (rebab, r’bab, rabab), rustique et ancien, fait d’une seule pièce de résonance et de boyau d’animal, demeure rare dans les associations de musique andalouse. Il est surtout connu en Iran (Perse) et se joue de l’Indonésie jusqu’au Maroc.

R'beb
R’beb

A 52 ans, l’artiste promet encore davantage de CD et de récitals pour perpétuer un genre où les influences étrangères ainsi que les « escapades sonores » enrichiront son palmarès fait également d’apparitions dans certains films et documentaires.


Fraternité vous avez dit

Je suis l’aîné des garçons de la famille Mekfouldji Mohamed, une famille où la « fraternité vous avez dit » est de mise aux yeux des gens et je viens d’être accusé d’abus de consommation de courant électrique dans la demeure de nos parents juste après avoir installé mon propre compteur de consommation électrique.

Doyen d'une fratrie...aussi
Doyen d’une fratrie…aussi

Accusation gratuite

L’installation a été opérée par un électricien confirmé depuis moins d’une année. Auparavant, au temps du compteur en commun, j’avais opéré des transformations dans l’appartement qui m’est alloué (un 4 pièces) depuis mon retour à Blida en 1985, en aménageant un petit bureau à la place du balcon de la chambre à coucher. L’installation eut lieu par le biais d’un beau-frère, électricien, et on vient m’annoncer par le jeune frère que j’ai « traficoté » les fils afin de pouvoir brancher mes climatiseurs dans le compteur de consommation des deux frères. Il me fut juré qu’ils étaient au courant depuis deux trimestres et qu’ils ne voulaient pas m’en parler. A mon étonnement et à mon indignation grandissante, le jeune frère m’asséna : « Je sais que tu es capable de tout ! », ne voulant guère venir vérifier par lui-même la véracité de ses accusations. Il dira qu’il avait procédé à la coupure du courant il y a deux nuits et que « mes » climatiseurs avaient cessé de fonctionner.

Au lieu de venir me le dire sur le champ et que nous vérifiions ensemble, ils me tinrent dans l’ignorance en m’accusant, devant ma petite famille et devant mes neveux et nièces, mes belles-sœurs et d’autres voisins le roublard, le bandit, moi « capable de tout » ! Fraternité vous avez dit !

Jardin autour de la propriété familiale
Jardin autour de la propriété familiale

Droits spoliés

Depuis le décès de notre père en 2002 et, avant, de ma mère, en 1993, je n’ai jamais demandé un droit. Tout le palier du rez-de-chaussée est occupé par le jeune frère, seul avec sa petite famille. La cave est occupée à plus des trois quarts par les deux frères, pour diverses activités et on dit que « je suis capable de tout » ! Aucun partage n’a été opéré, fraternité oblige, et j’ai installé l’eau, l’électricité et le gaz pour moi-même afin d’être tranquille, sur mes propres deniers et on vient me dire aujourd’hui que « je suis capable de tout ». Le local à usage commercial que je visais a été « subtilisé » par le jeune frère qui avait instauré le tutorat au nom de toute la fratrie dès le décès du père.

Magasin au centre de la ville de Blida
Magasin au centre de la ville de Blida

Ainsi, nous n’avons vu que du feu et le magasin attenant (une librairie), ouvert du vivant de mon père, sera fermé, par dégoût, surtout que je venais de perdre un garçon de 17 ans, atteint de cancer. Depuis le temps que je parlais, gentiment, du partage, on me rétorquait que les papiers de la propriété n’étaient pas encore en règle. Ce n’est que ce jour, 28 septembre 2016, qu’on me dit que la procédure est en cours et que le jeune frère a payé 30.000 DA de sa poche. Tous les frais doivent être partagés, je n’ai pas besoin, personnellement, d’aumône.

En somme, l’installation du chauffage, de l’électricité, de l’eau et toute la robinetterie m’avaient coûté plus de 45 millions de centimes ! L’aménagement du petit bureau à la place du balcon et l’installation de l’équipement m’étaient revenus à dix millions de centimes. Ayant la dalle au dessus, je dus faire face, dans cette propriété commune aux travaux d’étanchéité, me faisant débourser une facture de six millions de centimes. 610.000 DA (~3.500 euros) au total, dépensés sans dire un moment, au nom de la fraternité.

Suis-je devenu le mouton de la famille ?
Suis-je devenu le mouton de la famille ?

Prix des liens du sang ?

Aussi, comment parler d’un climatiseur –de 9000 BTU-  branché par un beau-frère, involontairement et à mon insu, au moment où la bâche d’eau construite par le père m’avait été interdite le jour où j’ai « pompé » de l’eau parce que ma conduite était à sec depuis cinq jours ? Pouvons-nous traiter de « frères » des êtres agissant ainsi ? On me dit ce jour que je pouvais –sur le champ- prendre tout l’étage du bas, équivalant au double de la superficie du premier étage mais il fallait le dire avant ! Pas maintenant, pas après une telle dispute !

re-devenir coq comme celui du jardin ?
re-devenir coq comme celui du jardin ?

Moi qui « suis capable de tout » publie cette mise au point afin que l’hypocrisie familiale soit mise à jour. Sourire aux gens lors des rares moments où nous nous rencontrons ensemble, me pèse. J’ai même choisi de passer les fêtes de l’Aïd Adha avec les beaux-parents afin de ne pas avoir à contenir un malaise qui risquait d’exploser. « Fraternité vous avez dit » : Non ! Pas ainsi, jamais plus !

Portail de la propriété familiale : sera-t-il fermé un jour ?
Portail de la propriété familiale : sera-t-il fermé un jour ?

Moi qui « suis capable de tout », l’aîné des garçons, sourit en cette veille de l’année hégirienne, le seul à ne pas avoir encore été Hadj.


C’est la rentrée scolaire

C’est la rentrée scolaire !

En Algérie, comme dans de nombreux de pays, les écoles s’apprêtent dès ce dimanche 4 septembre à accueillir pas moins de huit (8) millions d’élèves  de différents paliers scolaires, de l’âge de 5-6 ans à 18-19 ans. Tous les troubles connus et vécus au mois de juin dernier au sujet de l’examen du bac n’ont pas désarçonné l’équipe gouvernementale et c’est pratiquement les mêmes qu’on retrouve à la rentrée, sans les changements attendus et espérés dans la consistance des programmes et de l’option de langue à adopter pour l’enseignement des matières scientifiques.

Jeunes élèves de lycée
Jeunes élèves de lycée

Peur du changement

Toutefois, il était question d’enseigner les sciences, les mathématiques et la physique en langue française, beaucoup de parents à travers des associations relayés par des partis politiques, ont préconisé l’usage de l’anglais comme langue véhiculaire, cette dernière ayant davantage le statut international. En fin de course, rien n’a bougé et c’est toujours la langue arabe qu’on retrouve pour ces matières dans les cycles moyen et secondaire ! Personne n’ayant osé imposer un choix et

Remise de prix à la fin de l'année scolaire
Remise de prix à la fin de l’année scolaire

Langues d’apprentissage

Ainsi, les nouveaux bacheliers devront encore une fois s’inscrire dans les cours de langues, notamment dans des structures privées, afin d’arriver à suivre et à comprendre les enseignants à l’université qui continuent à enseigner leurs modules en langue française. Il existe bien une structure dans certaines universités comme celle de Blida-Soumâa, où des cours intensifs de langue française sont institués mais cela demeure très insuffisant.

Me problème de culte ne se pose guère
Le problème de culte ne se pose guère

Sarah, étudiante en 6ème année de médecine, affirme qu’elle revoit ses cours avec un traducteur et qu’elle s’est inscrite durant ces vacances à des modules favorisant la communication en français afin de préparer sa soutenance. Une future avocate déclara qu’elle n’a pas eu ce problème durant son cursus parce que les cours de droit se font en langue arabe,  « mais maintenant que je compte m’inscrire à un magister, je me dois de connaître la langue française parce que le droit algérien s’inspire énormément du droit français. » Tous les futurs ingénieurs en aéronautique, en informatique et autres filières techniques, ne peuvent réussir leurs modules sans avoir un certain niveau d’acceptation en FLE (Français Langue Etrangère) et « ils sont rares les enseignants qui tentent de nous comprendre et de se montrer indulgents » disent des étudiants à la mine abattue.

Profs du plus ancien lycée de Blida, le lycée Ibnou Rochd
Profs du plus ancien lycée de Blida, le lycée Ibnou Rochd

Sciences islamiques, sciences politiques, histoire, droit, sociologie s’enseignent en langue arabe pendant que les diplômes s’ouvrant sur les technologies sont suivis en langue française, d’où un certain clivage arabophones/francophones à l’intérieur des universités et cela ne va point sans certains frictions qui apparaissent au grand jour dès l’approche d’élections, comme c’est le cas pour 2017 avec le renouvellement de la composante de l’assemblée nationale. Chacun affûte ses armes et c’est tout le devenir d’une population qui se joue et que les gouvernants actuels ne semblent pas saisir. La rentrée 2016-2017 s’avère être l’ultime année scolaire avant de véritables changements à même de tracer les contenus des programmes à enseigner pour l’Algérien de demain.

Blida, bastion de la scolarisation

A Blida, près de 220.000 élèves des trois cycles rejoindront les bancs scolaires, avec une moyenne de près de 35 élèves par classe, cette moyenne étant considéré comme positive par rapport à toutes les régions du pays. Combien vont réussir à obtenir le fameux bac à l’issue de leur scolarisation, surtout que des milliers d’enseignants sont sortis à la retraite, remplacés par des jeunes qui manquent d’expérience et qui sont attendus au tournant

Prof à la retraite
Prof à la retraite

Un suivi serait de mise afin de disposer de chiffres révélateurs, sachant que seulement 1/6ème du chiffre global se présente à l’examen final, avec un taux de réussite de 48% pour l’année scolaire  qui vient de s’écouler. L’avenir se construit dès la première année de l’école primaire, si ce n’est avant !

Ecole primaire à Blida
Ecole primaire à Blida


Embellissement de Blida

Depuis quelques mois, la nouvelle autorité préfectorale de la région de Blida (wilaya) se donne comme objectif prioritaire l’embellissement de la wilaya de Blida (1,1 millions d’habitants) et, principalement, la ville de Blida (310.000 habitants).

Espaces propres devenant monnaie courante
Espaces propres devenant monnaie courante

Aussi, il a été donné ordre – ou directive sèche – à tous les commerces et les habitations situés dans les artères principales (par où passent et les autorités du pays et les étrangers) d’améliorer les devantures à travers de nouveaux matériaux, des vitrines alléchantes, des murs repeints et propres. Les boulevards et avenues ont été en chantier durant quelques semaines pour l’installation de nouveaux trottoirs, majoritairement en marbre, et des lampadaires new look.

Du marbre pour les trottoirs
Du marbre pour les trottoirs

Le marbre entraîne des glissades mais tout le monde s’en fiche puisqu’on parle d’un marché de plusieurs millions de dinars (des dizaines de milliers d’euros) dont de forts pourcentages se trouvent alors reversés dans certaines poches. Aucun citoyen de la ville de Blida ne dit ignorer les fameux pots de vin puisque ces dits trottoirs sont refaits à chaque mandat d’élus, soit un rythme d’une fois tous les cinq ans.

Des jardins sont aménagés, certains « offerts » – ou financés -, par des industriels locaux.

Constat d'efforts pour l'environnement
Constat d’efforts pour l’environnement

Et c’est la première autorité qui assiste aux inaugurations. Les mois de juin et de juillet ont été réservés aux examens ainsi que leurs corollaires, les résultats. Le bac 2016, toutes sections confondues, a été le plus scandaleux du pays depuis l’indépendance en 1962. Les sujets étaient sur la Toile la veille des épreuves, même les sujets de secours, avec leurs corrections. Une seconde session avait été décidée en haut lieu et c’était durant le mois de ramadan. Au final, c’est un taux de réussite de 48,5 % proclamé le 13 juillet dernier.

Période des examens, dure pour tout le monde cette année
Période des examens, dure pour tout le monde cette année

Après les inscriptions à l’université ou pour refaire l’année, place donc aux vacances, laissant les nouveaux trottoirs aux SDF venus du Niger et du Mali, par vagues successives et auxquels l’Etat n’a pas encore accordé le statut de « réfugiés ». Ils tendent la main par enfants interposés devant les grandes surfaces, aux feux tricolores, aux portes des mosquées le vendredi et ça donne des idées même aux réfugiés venus de Syrie et aux familles pauvres de l’intérieur du pays. Une « profession » qui fait recette puisqu’il a été retrouvé dernièrement du côté de la capitale de l’Est algérien, Constantine, un Malien avec son fils de 7 ans, en possession de 1,4 millions de dinars.

Seuls ou accompagnés, les SDF occupent les trottoirs
Seuls ou accompagnés, les SDF occupent les trottoirs

Le trottoir, ça ne concerne pas seulement certaines dames : les enfants et les hommes se l’accaparent pour une même finalité, le profit immédiat.


Indépendance algérienne

3 juillet 1962 : c’était la déclaration d’indépendance de l’Algérie ! Sept années de guerre et 132 années d’occupation venaient de déboucher sur l’indépendance d’un pays meurtri ! Officiellement, il y a eu 1,5 millions de martyrs et les veuves ainsi que les orphelins avaient longuement souffert avant qu’il ne leur soit reconnu un statut jusqu’à en abuser (mais là est une autre histoire).

Le Peuple algérien, on le voulait seul héros.
Le Peuple algérien, on le voulait seul héros.

Les responsables de la Révolution algérienne avaient décidé de proclamer l’indépendance et la fêter un 5 juillet, date marquant l’invasion du pays en 1830. 62 ans après, que reste-t-il de cette fameuse révolution qui avait ébranlé la France et l’OTAN ?

Des têtes connues aujourd'hui à travers les manuels scolaires
Des têtes connues aujourd’hui à travers les manuels scolaires

Nelson Mandela faisait son apprentissage dans les maquis algériens, Frantz Fanon rencontrait la réalité de l’identité algérienne à travers les malades mentaux « enfermés » à l’hôpital psychiatrique de Joinville à Blida et qui porte aujourd’hui son nom.

Nelson Mandela avait côtoyé des maquisards algériens en 1960-1961
Nelson Mandela avait côtoyé des maquisards algériens en 1960-1961

Jean-Paul Sartre et tant d’autres intellectuels s’adresseront aux gouvernants français de l’époque avec la publication du « Manifeste des 121 » exigeant de donner l’indépendance aux Algériens. De Gaulle avait dû recourir à un référendum en avril 1962 en France puis un autre en juillet en Algérie.

Les murs algériens exprimaient la volonté de tout un peuple
Les murs algériens exprimaient la volonté de tout un peuple

La liberté devait être rendue à ces plus de 9 millions d’Algériens, qui sont au nombre de 41 millions 54 ans après.

La jeunesse algérienne, plus de 70% de la population, ne connaît pas trop les années difficiles d’une Algérie colonisée. L’Histoire, enseignée dans les manuels, ne rend pas exactement compte des péripéties, une guerre des chefs ayant eu le dernier mot même si des langues se délient et des vérités apparaissent à travers les témoignages des combattants eux-mêmes.

Leaders algériens ayant négocié l'indépendance.
Leaders algériens ayant négocié l’indépendance.

Le flambeau – ou le témoin – ne semble pas avoir bien été cédé, les caciques du FLN voulant à tout prix se maintenir au Pouvoir, et maintenir par la même occasion leurs privilèges. Les historiens commencent à écrire l’Histoire, leur Histoire, à travers les archives que l’Algérie récupère petit à petit de l’ancien colonisateur. Des intellectuels débattent aujourd’hui et apportent des faits à la lumière de tous les conflits internationaux, à travers les enjeux qui imposent une meilleure prise en main des destinées d’un grand pays, fort de ses 2,3 millions de km², de ses richesses naturelles et de sa proximité géographique avec l’Europe.

Premier président de l'indépendance, Benkhedda fut vite écarté.
Premier président de l’indépendance, Benkhedda fut vite écarté.

Cette année, la fête de l’indépendance coïncide avec la fête de l’Aïd, marquant la fin d’un mois de ramadan en plein été mais qui n’a pas été très chaud pour la population du nord du pays.


Espace vert interdit à Blida

Il est rare de trouver des espaces convenables pour sortir en famille depuis quelques années à Blida, ou ailleurs. Aussi, les jardins publics sont tout indiqués pour donner l’occasion aux enfants et aux familles de pouvoir s’oxygéner, évacuer le trop-plein d’un quotidien très pesant.

Jardin Lumumba -Bizot- à Blida
Jardin Lumumba -Bizot- à Blida

La ville de Blida ne manque pas de jardins mais… dans les villas et maisons privées. Cela donne de longs murs, des forteresses d’où on ne peut voir ni être vu ! Les fleurs sont réservées à la famille et toute la population n’y a point droit. Imaginons une université de 40.000 étudiants qui ignore jusqu’à la présence des fleurs dans la ville qui porte –encore- le surnom de « ville des roses ». La rose, cette fleur très symbolique, se vend cher dans les marchés et elle s’exhibe exclusivement lors des mariages. Le reste du temps, elle se retrouve « emprisonnée » dans les jardins de familles égoïstes qui n’ont point cette perception d’autrui. « Dites-le avec des fleurs » : une maxime totalement absente du quotidien blidéen. Les jeunes ne savant pas ce que c’est « offrir » une fleur et ça offre des SMS, des messages, des unités, des appels…

Joli détail à l'intérieur du jardin Lumumba
Joli détail à l’intérieur du jardin Lumumba

Un jardin plus que centenaire – il avait ouvert ses portes en 1890 – se trouve fermé depuis deux décennies pour cause de sécurité (il avoisine une caserne militaire). Ainsi, au lieu de changer le casernement venu en dernier, on préfère en haut lieu fermer « le vert ». Cet espace portant le nom de Patrice Lumumba depuis 1968, plus connu sous le nom de jardin Bizot, renfermer des senteurs tropicales, des arbres centenaires, et fait face à l’Atlas tellien, sur le piémont, tout à côté d’un lycée également centenaire –le lycée Ibn Rochd, ex. Duveyrier, et qui avait vu passer de grands noms tels M. Benkhedda, premier président de l’Algérie indépendante, M. Abane Ramdane, l’idéologue de la Révolution algérienne, M. Saâd Dahlab, membre de plusieurs gouvernements algériens et à qui on a donné le nom de l’importante et imposante université de Blida. Ce lycée a vu plusieurs générations de jeunes s’engouffrer dans ce jardin qui pour réviser, qui pour siester, qui pour un rendez-vous galant. Jena Daniel, du Nouvel Observateur, avait fait toutes ses classes dans ce lycée tout proche et lors de son pèlerinage dans la ville en 2006, on lui avait ouvert les portes du jardin et laissé seul plusieurs minutes.

Il reste à espérer que les autorités locales pensent à rouvrir les portes de cet espace.

Fontaine à l'intérieur du jardin
Fontaine à l’intérieur du jardin


Denis Martinez chez Mosaïques Blida

L’artiste peintre Denis Martinez se trouve dans sa ville d’adoption, Blida, et c’est l’occasion pour l’association des artistes peintres de Blida, Mosaïques, de présenter le documentaire réalisé par Claude Hirsh en 2012 portant sur la vie professionnelle de Denis Martinez, intitulé « Un homme en libertés ».

Allami, président de "Mosaïques" avec Martinez
Allami, président de « Mosaïques » avec Martinez

Salle du Club hippique de Blida bien remplie, des artistes d’Alger et de Blida dans des domaines aussi variés que la peinture, le dessin, la musique, le théâtre présentes et présents pour la circonstance et un Denis Martinez toujours égal lui-même : volubile, voix tonitruante, tantôt amusée tantôt emballée par les réactions du public.

Ils sont venus, ils sont tous là...
Ils sont venus, ils sont tous là…

Une communion naissait au fil du temps de la projection et du fructifiant débat qui s’en suivit. Quelques étudiantes en langue étrangère assistaient pour la première fois à ce genre d’animation et deux filles originaires de la lointaine Tamanrasset ont considéré ces deux heures de présence au contact de l’artiste et du monde alentour comme un véritable cadeau de fin de cursus. « Nous avons passé cinq années à Blida, mais cloîtrées dans notre cité et jamais invitées à une animation culturelle tout comme cela a manqué à l’intérieur de notre résidence » dira l’une d’elles.

Heureuses d'être tout près de l'artiste
Heureuses d’être tout près de l’artiste

Denis aurait crié de rage ! Tout comme il avait crié lors de la sortie de ses étudiants en 1988 pour le « dernier cri d’un mur », allusion à la démolition d’un quartier à Blida rattaché à la maison close, considérée alors par la nouvelle vague comme une tâche sombre dans la société conservatrice et qu’il fallait effacer à tout prix.

Denis, toujours très expressif
Denis, toujours très expressif

Denis Martinez et ses étudiants des beaux-arts avaient alors pu exprimer « le dernier cri » de survie de ces murs avant leur démolition. « J’ai reçu toutes les autorisations et « on » m’avait tout permis du moment que le mur allait être détruit et que nulle trace n’allait demeurer » expliqua l’artiste dans sa rencontre avec le public au Club hippique de Blida.IMG_7733 C’était la peinture au jour le jour, délire d’un moment de liberté arraché au Pouvoir, à tous les pouvoirs et que les « marchandes de sexe » avaient vite visualisé avant de s’évanouir dans la nature. Où sont-elles aujourd’hui ? Que font-elles ? Perçoivent-elles une retraite ? Nul ne le sait, à moins d’aller fouiller du côté des archives du 1er arrondissement de la police urbaine, aujourd’hui également délocalisée dans des bâtiments plus sûrs, plus confortables.

Comment Denis avait-il eu l’idée de marquer cet événement ?
Il répondra tout simplement qu’il a toujours été du côté de celui qui se sent plus faible, plus démuni. D’ailleurs, son principal ami à Blida est le « maâlem » Bahas,

Maâlem Bahas, ami proche de Denis Martinez
Maâlem Bahas, ami proche de Denis Martinez

plus de 70 berges et qui continue à animer des soirées, au gré des programmations de l’Etat, c’est-à-dire très peu en une année. La dernière en date, à la mi-mai, a pu avoir lieu grâce à l’intervention de l’artiste auprès des autorités locales de la ville, par le biais de la manifestation, « Printemps de Blida ».

Le nouveau directeur de la culture de Blida, aux côtés de Bahas
Le nouveau directeur de la culture de Blida, aux côtés de Bahas

Denis Martinez se meut dans cet espace qu’est la ville, sans filet et sans secret : « Je suis naturel et j’aime la nature » dira-t-il. Cela donne un homme exubérant, rigolant avec tout le monde, mêlant vie d’homme et vie d’artiste. Tout est motif pour son regard et Blida le lui rend bien. Les gens le saluent, il y répond d’une voix enjouée, forte et avec une gestuelle large. Un homme « démocratique » ! Les « amis » artistes de Blida, au travers de leur association « Mosaïques de Blida »,

Denis avec Irki : retrouvailles.
Denis avec Irki : retrouvailles.

reconnaissent en lui un véritable ami qui leur a promis une contribution à leurs manifestations culturelles.

Denis Martinez au Bd Tebessi à Blida
Denis Martinez au Bd Tebessi à Blida

Il aimerait d’ailleurs tant intervenir dans l’architecture et le tissu social de ce qu’on appelle encore « ville des roses ». Lors de la projection du documentaire et du débat qui s’en était suivi, celles et ceux qui avaient la ville dans les veines se sont emportés contre le délabrement, l’absence de respect des normes urbaines. « Même l’injustice sociale découle également de ce semblant d’anarchie » s’emportera un des présents. Denis Martinez ramènera les présents à son travail, à « l’élément graphique symbolisé par le point ».

Peintres Souhila Belbahri et Djamila
Peintres Souhila Belbahri et Djamila

Il précisera : « Je préfère que ce point soit le début, la goutte de rosée, le miel du début de la vie, la semence, la graine » et il conclura : « Tout naît d’un point et ça peut devenir un trait. »

le trait, le point : bases du travail de Denis Martinez
le trait, le point : bases du travail de Denis Martinez

Là, il aura répondu à la question d’une étudiante qui cherchait à comprendre l’emploi du point et du trait dans les œuvres de l’artiste-peintre. Même les visages sont sous forme de points. « C’est tout un travail sur les signes, notamment les signes à caractère divinatoire, tels qu’ils m’avaient été enseignés à Djanet par un Targui, le « khitt er’mel ». Les événements de la « décennie noire » seront également abordés, des événements sombres à l’origine du départ de nombre d’artistes à l’étranger, de la mort de dizaines d’entre eux, assassinés. Denis Martinez expliquera que les couleurs très fortes, très vives, ne sont pas automatiquement gaies tout comme les couleurs sombres n’expliquent pas la tristesse.

Avec Halim, responsable du "Petit théâtre"
Avec Halim, responsable du « Petit théâtre »

« Je vis au jour le jour, au fur et à mesure, conditionné par le quotidien » révèle l’auteur en réponse à d’autres questions. Un homme en libertés, oeuvre de Claude Hirsh, c’est également les points, les tatouages, le « win machi » [où vas-tu ?] de l’errance de l’artiste troubadour à un moment de sa vie, après avoir quitté l’Algérie. Cela demeure toujours une constante, une interrogation, en référence à l’africanité, la berbérité et même latino-américaine d’un artiste en quête du signe et qui a été – avec Choukri Mesli- à l’origine de la création du groupe « Aouchem » en 1967, déjà ! Suivra le mouvement « Sebaghine », avec notamment Karim Sergoua,

Denis Martinez à Blida, Bab Sebt
Denis Martinez à Blida, Bab Sebt
Sergoua présentant l'oeuvre et l'homme
Sergoua présentant l’oeuvre et l’homme

le « Raconte arts » de Hacène Metref, un festival défricheur, itinérant à travers les villages de Kabylie. Denis Martinez se veut membre de toutes les manifestations populaires sortant de l’ordinaire. Il dira : « Je me suis identifié à un trottoir cassé », [m’kesser] parce que mon oeuvre n’est jamais terminée et c’est en même temps l’expression d’un acte éphémère.

Avec Khodja et Hamza Benarbia
Avec Khodja et Hamza Benarbia

Inclassable l’artiste ! Il est passé quelques jours avant dans une école privée de Blida, l’établissement En nadjah, où il a eu à évoquer son art à des collégiens et où il avait tenu à adresser un message : « C’est maintenant, à cet âge, votre âge, que votre personnalité se construit. »

"Affirmez-vous à travers le dessin, la parole"
« Affirmez-vous à travers le dessin, la parole »

Il distilla des notions de liberté, d’innocence que les enfants semblaient avoir assimilées.


Printemps blidéen

Blida volée, étranglée, violée…

 

Blida, ville des roses que chantèrent les poètes

Fleurs, fruits, florilèges, vert qui domine,

Bâtisses, pavés, béton, invasion qui étrangle

Rues, ruelles, avenues sentant l’air nocif

Drogues au quotidien que les jeunes reniflent

Faute d’horizons clairs en ce siècle si sombre

Sidi Kebir aurait pleuré s’il se trouvait parmi ces jeunes

Des jeunes venus pour beaucoup de contrées lointaines

Que des parents, alléchés par les armes et le ciment

Ont envahi par la cause du dinar, ce damné.

Abdelkrim MEKFOULDJI

Ville qui se détruit, se construit
Ville qui se détruit, se construit

 

Le Blidéen de souche voudrait tant fêter le Printemps de sa ville natale, autant que les Berbères qui ont voulu depuis un certain 20 avril 1980 faire sienne cette journée afin de rappeler à tout le monde leurs origines, revendiquant une reconnaissance que lui refusent les détenteurs du Pouvoir en Algérie.

L'art comme un retour aux sources
L’art comme un retour aux sources

36 ans aujourd’hui que cette manifestation populaire a marqué les esprits. Celles et ceux qui  y prirent part dépassent la cinquantaine. Le sang du renouveau pointe à l’horizon avec de nouvelles générations et -plutôt mais- que devient la ville de Blida ? Capitale de la Mitidja, elle est voisine d’Alger la capitale qu’elle protège par ses dizaines de casernes. Un statut que les autochtones depuis plusieurs siècles refusent à travers les enfants de l’indépendance. Les plus âgés vivent sur la nostalgie de moments éclairs au regard de l’Histoire depuis l’arrivée de celui que tout le monde veut considérer comme le fondateur de la ville, Sidi Kebir, en 1535. Des bribes de l’Histoire rapportées par les voyageurs et les conquérants demeurent des termes quelques bastions attestant de la noblesse des hommes ayant occupé ces espaces et enfanté plus que des braves : Ouled Soltane, un quartier qui veut tout simplement dire « occupé » par les enfants du roi, « Qasrouna » que l’envahisseur français transformera par défaut de langue en « Khazrouna » et devenant ainsi pour des millions d’êtres un lieu-dit digne par endroits du quart-monde.

Aux alentours du mausolée de Sidi Kebir
Aux alentours du mausolée de Sidi Kebir

Roses, jardins, lavande, thym, jasmin ont fait la renommée des maisons familiales avant que la course à l’enrichissement et une inexplicable invasion rurale par dizaines de milliers ôtera tout sens de respect des lieux et des personnes. Aujourd’hui, au XXIème siècle, le bilan plus que négatif de la situation de la ville sur tous les plans, appelle à une prise en charge de la question identitaire. Le citoyen de Blida existe-t-il ? Durant les décennies soixante et soixante-dix, le Pouvoir avait voulu tout cachet particulier à toutes les villes d’Algérie : Alger, Médéa, Constantine, Béjaia, Blida s’appauvrissaient culturellement et les signes locaux disparaissaient au profit d’un seul, celui de l’Algérien ! Le voyageur marquant une halte dans une des villes pouvait lui donner n’importe quel nom, autant celle-ci ressemblait à toutes les autres. Et le citoyen, terme désignant l’habitant de la Cité devenait un homme quelconque, un individu sans âme, un « mouton » comme le rappelait Nazim Hikmet, cet autre poète fait prisonnier à cause de ses vers, dans « La plus drôle des créatures ».

L'âme de la ville a disparu
L’âme de la ville a disparu

Les tirades à l’andalouse du Blidéen, objet de moqueries chez certains, reviennent pour être revendiquées, les enfants de « Sept cents » –Ouled sebâa mia-, en référence au tarif de la passe dans le bordel de la ville, autre tâche sombre de l’occupation française, identifiaient non pas le Blidéen de souche mais le parvenu arrivé dans le ventre ou dans le coffre des familles installées nouvellement dans cette agglomération protégée durant des siècles par des portes que le colon occupant de la ville détruira jusqu’à ne plus être reconnues. Bab khouikha, Bab ezzaouia, Bab sebt, Bab Rahba, Bab dzaier, Bab lqbor et Bab lqseb marquaient les limites inviolables d’une ville que chanteront avec tant d’émotion les regrettés Toubal, Nouni et Kessoum.

Troupe de musique andalouse El Djenadia
Troupe de musique andalouse El Djenadia

Les plats cuisinés par les gardiennes des traditions, ces mères au port altier, refont comme par miracle surface : la hammama, la bata fliou, le boubraïs se laissent humer dans des foyers où la musique locale cohabite avec l’andalou, un genre vivifié par des associations locales qui s’imposent. Le retour aux sources s’opère au travers d’une histoire malmenée, édulcorée, travestie et le travail de mémoire est pris en charge, pour le plus grand bien des « nostalgiques » d’une Algérie plurielle culturellement parlant. Le Printemps blidéen, le vrai, s’annonce.


Algérie : discrimination envers les migrants africains

L’Algérie, pays très vaste avec plus de 2,3 millions de kilomètres (dont 2 millions de Sahara), est limité au sud par des pays au PNB (produit national brut) par habitant plus que bas. Les citoyens, qui aspirent à des lendemains meilleurs, se déplacent vers l’Algérie qui leur ouvrira sans doute les portes de l’Europe. Cependant, l’étape algérienne n’est pas facile à vivre ! Remonter tout le Sud algérien (près de 2.000 kilomètres) ne se fait point sans embûches, sans entraves, sans difficultés. Pour arriver à Alger, la capitale du pays ces immigrés (sans statut de réfugiés) passent par Blida, une ville à 50 kilomètres d’Alger, dans la plaine de la Mitidja.

Avoir du mal à attirer l'attention et... la générosité des automobilistes
Avoir du mal à attirer l’attention et la générosité des automobilistes (Abdelkrim Makfouldji)

Les familles rescapées des routes pleines d’aventures, marquent une « pause » qui peut aller de quinze jours à six mois. Tant que ces êtres habillés très simplement, ne font pas l’objet de renvois à la frontière, ils sont là à quémander de l’argent dans de simples tasses tendues aux automobilistes, aux principaux croisements de la ville.

Apostropher d'autres femmes dans la rue, la solution ?
Apostropher d’autres femmes dans la rue, la solution ? (Abdelkrim Makfouldji)

Femmes et enfants accourent vers les voitures à l’arrêt aux feux pour espérer récolter quelques dinars. Devant les mosquées, d’autres familles espèrent, en dehors de l’argent, que les musulmans (la ville est musulmane à pratiquement 100%) leur apportent des repas à la prière du milieu du jour et, parfois, à la prière du soir.

Il s s'attroupent pour manger sur les trottoirs
Ils s’attroupent pour manger sur les trottoirs (Abdelkrim Makfouldji)

Avec les intempéries, certains jeunes venus du Niger et du Mali voisins, se protègent avec de petits parapluies, fruits également de l’aumône blidéenne. Questionnés sur leur origine, les adultes ne veulent pas –ou évitent de- répondre. Les jeunes de 15 à 30 ans, sont curieusement absents de ces mouvements de foule africaine. Travaillent-ils dans les chantiers ça et là ? Nul ne le sait et ceux qui sont embauchés dans les terres agricoles à la périphérie de la ville, sont « cachés » par les arbres et la haute végétation. La police locale affirme à travers quelques-uns de ses représentants que le recrutement de ces Africains est illégal mais ces derniers ne possèdent point le statut de « réfugiés ». Selon un membre d’une association de bienfaisance locale, leur octroyer le statut de « réfugié » contraint l’État à leur verser un pécule. Or, on entend dire ou on lit de temps à autre à travers les journaux, que la police a organisé des « descentes » dans les refuges d’Africains pour les déloger et les renvoyer dans leurs pays respectifs.

Seule au soleil, en quête d'un geste de miséricorde
Seule au soleil, en quête d’un geste de miséricorde (Abdelkrim Makfouldji)

Pour le moment, la situation demeure floue mais il est facile d’observer chez l’Algérien son déni de l’Africain « noir », évitant de lui serrer la main, de le considérer tout simplement comme un être humain. Ces familles du « quart monde » ne sont point dangereuses pour la sécurité du pays mais les gens de Blida ne les approchent point, à part quelques associations humanitaires liées à la religion. Les étudiantes et étudiants africains de Saad Dahlab, la grande université de Blida (constituée de plus de 40.000 habitants dont des centaines d’africains venus du Bénin, du Niger, du Mali, du Tchad, voire du Sénégal et de Côte d’Ivoire) ne sont point sensibles au désarroi de ces citoyens africains qui ne demandent pas l’impossible : quelques pièces de monnaie et de la nourriture. Ils se débrouillent comme ils peuvent pour le gîte dans des baraquements et des tentes –par ces temps très froids- aux limites de la ville qu’ils « envahissent » (c’est le terme utilisé par un élu local) dès la levée du jour. Des jours qui se répètent indéfiniment sans qu’un horizon stable soit entrevu.

Elles sont là les mères, avec beaucoup d'enfants
Elles sont là les mères, avec beaucoup d’enfants (Abdelkrim Makfouldji)

Les autres pauvres de la ville arrivent quant à eux à se faire prendre en charge pour une douche, un repas chaud ou une couverture. En revanche, le « Noir africain » fuyant la misère de son pays ne trouve pas une oreille attentive. Que dire lorsque des groupes entiers sont agressés comme c’était le cas dernièrement à Béchar ? Y aura-t-il une réponse claire de l’État à cette discrimination raciale devenue trop criarde ? Wait and see.


JINGO, pour s’imposer en Algérie

Un jeune talent plein de bonne volonté, qui s’accroche, ne s’avoue point battu, mène sa barque voile au vent, tenant le cap pour une production nationale, régionale, personnelle et individuelle.

Un des nouveaux modèles de JINGO
Un des nouveaux modèles de JINGO

Amine, la quarantaine, devait fermer son atelier de confection à la suite de l’envahissement du produit made in China. « Les 2 moineaux », entreprise de confection et de broderie, créée en 1996, a dû fermer ses portes moins de dix années après, en 2004.

Conjugaison de 2 entreprises
Conjugaison de 2 entreprises

« Je croyais en le soutien de l’Etat, un soutien qui ne venait pas et après deux années de déficit, je dus mettre la clé sous le paillasson » dira Amine. De l’avis de nombre de ménages à l’époque, ses produits pour enfants étaient d’excellente qualité, meilleurs que le produit importé mais, pour le même prix, « le citoyen algérien préférait le produit étranger, quoique de moindre qualité ». Le complexe du « made in étranger» avait gagné tous les foyers algériens.

Des modèles uniques, dessinés en Algérie et en France
Des modèles uniques, dessinés en Algérie et en France

« Je dus me mettre à l’importation mais d’une manière étudiée, loin d’être aveuglé par le « fourre-tout » puisque j’élaborais mes modèles en France et je les faisais faire en Chine. Ainsi, je ramenais des produits de Chine qui me revenaient moins chers et que la clientèle algérienne consommait sans rechigner. » Amine a transformé l’entreprise en « JINGO », à consonance occidentale, beaucoup mieux que « Bouzid », un personnage de BD algérienne très célèbre mais qui reste ancré dans la production nationale, avec une devise : « On a tout le temps pour être grand et fort. » C’est l’enfant qui s’habille « JINGO » ou c’est l’entreprise qui se veut patiente avant de s’octroyer des parts de marché ? « Les deux à la fois » assure Amine.

Ascendance progressive de JINGO
Ascendance progressive de JINGO

Spécialisé dans la tranche d’âge de 0 à 16 ans, Jingo prend de l’ampleur en quelques années seulement et Amine a déjà ouvert des magasins de détail dans la périphérie d’Alger, à Cheraga notamment et compte multiplier le logo « JINGO » par l’ouverture de magasins à travers tout le territoire national. En attendant, le logo est représenté dans les grandes surfaces telles FAMILI SHOP, UNO et ARDIS. La marque s’affirme et le produit se vend facilement, notamment après l’organisation de salons pour le lancement de modèles comme celui du Printemps-été réalisé dernièrement dans les ateliers à Blida.

Une panoplie d'articles très variée.
Une panoplie d’articles très variée.

« J’ai effectué une demande d’un lot dans la Zone Industrielle depuis trois années, sans résultat ! Pourtant, je crée des emplois, je paie mes impôts et les 2.500 m demandés ramèneraient encore davantage d’activités à Blida même, quand ce n’est pas pour tout le pays.

Les modèles créés sont dignes de figurer dans les magazines et revues de modes. La publicité semble pour l’instant laissée de côté, dans l’attente d’une augmentation de la production et des moyens qui y sont liés.

Les commandes affluent pour le produit JINGO, de 0 à 16 ans
Les commandes affluent pour le produit JINGO, de 0 à 16 ans

A l’image de nombre de petits entrepreneurs dans toutes les activités créatrices d’emploi, Amine bute sur l’incompréhension des responsables au moment où la diversification du commerce s’impose, à l’heure où l’encouragement à l’exportation hors hydrocarbures piétine. La bouffée d’oxygène tarde à voir le jour. Cependant, Amine demeure fièrement attaché aux valeurs nationales, étant profondément ancré dans le tissu industriel et commercial de la région de la Mitidja, à Blida où il a vu le jour et où il continue à résider.

Nul ne conteste la qualité du produit JINGO
Nul ne conteste la qualité du produit JINGO


Kamel Daoud en sujet de devoir

Au moment où le romancier et journaliste Kamel Daoud se trouve sous les feux de la rampe pour sa prise de position très remarquée et violente contre les événements de Cologne survenus à la fin de l’année 2015, un établissement scolaire de Blida a choisi de prendre des passages de son roman La Préface du nègre,publié aux éditions Barzakh en 2008, comme pré-texte à un devoir de fin de trimestre. Des potaches de 1ère année secondaire (15 à 17 ans) et 1ère année moyenne (11 à 13 ans) ont disséqué des passages du romancier, une manière d’apprendre l’existence de cet auteur algérien. Ces enfants étudient la langue française comme langue étrangère à raison de quatre à cinq heures par semaine et la réalité toute crue d’une actualité brûlante les intéresse.

Sujet portant sur un texte de Kamel Daoud
Sujet portant sur un texte de Kamel Daoud

Quand les moyens de communication modernes tels facebook, tweeter, mails envahissent la Toile, un juste retour au bon livre en papier, avec une reliure illustrée et les senteurs des feuilles qu’on tourne du bout des doigts, réconcilie le jeune avec le mode d’apprentissage des parents… quand ces derniers ont lu et pris connaissance de la littérature en français -ce qui n’est pas sûr-  Cette dernière foisonne avec des auteurs de la vieille génération et des nouvelles générations, comme Assia Djebbar, Rachid Mimouni, Maïssa Bey venant à la suite de Kateb Yacine, Mohamed Dib puis les auteurs actuels, Boualem Sansal et Kamel Daoud en premiers de par leurs positions vis-à-vis de l’actualité.

Pas facile d'être dans l'opposition
Pas facile d’être dans l’opposition

Il n’est pas facile de se retrouver, en l’absence d’une critique constructive, éloignée de tout dogmatisme, de proposer aux jeunes une -ou des- lecture(s) d’auteurs algériens francophones. Amin Zaoui, en parfait bilingue, se trouve être suivi et lu par la communauté estudiantine, tout comme Wassiny Laaredj. Questionnés sur le sujet de la littérature algérienne d’expression française, les jeunes lycéens avouent dans un large sourire ne connaître aucun romancier, même en langue, tant leur éloignement -évasion- de la chose écrite est devenue marquante. « Nous lisons seulement des messages sur facebook ou dans nos smartphones » affirme sans gêne une jeune fille qui a pourtant son bac à passer l’année prochaine.

Toute l'actualité autour de Kamel Daoud est ignorée par les "petits"
Toute l’actualité autour de Kamel Daoud est ignorée par les « petits »

Ainsi, dès qu’un sujet de langue française fait référence à un homme de lettres, c’est le désarroi total ! Filles et garçons de cet âge entendent parler vaguement d’auteurs algériens du temps de la colonisation comme Mouloud Feraoun, Mouloud Mammeri mais butent sur les titres de romans et citent des extraits « imposés » lors de leur cursus au collège.

Kamel Daoud à France2

Une enseignante de langue française -FLE- affirme qu’elle a elle-même du mal à entamer la lecture de romans algériens, prise par la connexion, la messagerie, les corrections et les préparations. « Il faut me mâcher toutes ces lectures pour que je puisse en dire quelque chose à mes élèves » révélera-t-elle. Que dire lorsque de nouveaux enseignants de FLE assènent qu’ils n’ont lu aucun roman -algérien ou autre- durant le cursus universitaire et qu’ils s’étaient contentés de résumés puisés à travers la Toile ? Des enseignantes et enseignants qui vous sourient en affirmant qu’ils n’ont aucun roman dans leurs bibliothèques personnelles. « Quoi en faire lorsque Internet et Google nous apportent l’aide quémandée ? » L’amour de la lecture est inconnu chez bon nombre des nouveaux fonctionnaires de l’éducation nationale algérienne ! Où chercher le tort ? Comment espérer que les nouveaux potaches vont aimer la littérature ? Ce dernier mot va-t-il disparaître du langage des moins de vingt ans ? Faudra-t-il tirer la sonnette d’alarme ?

Une littérature riche mais ignorée
Une littérature riche mais ignorée

Pour qui donc écrivent ces romanciers ? A des publics autres qu’algériens ? Le savent-ils au moins les Kamel Daoud, Maïssa Bey et autres romanciers du Maghreb francophone ? Rachid Boudjedra, autre romancier algérien post-indépendance, s’est mis à la langue arabe ? Est-ce la solution ? Yasmina Khadra continue à être lu et traduit dans des dizaines de langues mais est-il connu dans son propre pays ?

Un auteur encore inconnu dans les lycées
Un auteur encore inconnu dans les lycées

Les cafés littéraires, les émissions littéraires à la télé algérienne, les rencontres scolaires avec ces femmes et ces hommes qui apportent une part de l’imaginaire collectif, tout devra contribuer à faire connaître cette saine évasion dont ont tant besoin les jeunes des villes « rurbanisées », des villages où rien ne bouge, des établissements scolaires où seule la course au diplôme est de mise !


Smati, médecin et peintre

Elles sont rares à Blida les personnes qui s’adonnent à fond à leurs occupations secondaires, arrivant à mener en parfaite harmonie leurs professions et une quelconque occupation. Abdeldjalil Smati, médecin chirurgien et dermatologue, a pu conserver ce violon d’Ingres jusqu’à la fin de sa vie, une fin survenue brusquement au début du mois de septembre de l’année 2015 à l’âge de 57 ans.

Smati anatomiste
Smati anatomiste

Il aimait peindre et il ne ratait jamais l’occasion de se mettre en face d’une toile. Aussi, ce sont plus d’une cinquantaine de ses œuvres qu’il aura laissée et son épouse, Fatma-Zohra, auquel il était marié depuis 32 ans, dira qu’il lui arrivait de se mettre durant des mois devant une seule toile, « tout comme il ne pouvait plus peindre durant des mois, cela dépendait de son humeur. »

Smati pensif
Smati pensif
Danseuse
Danseuse

L’association Mosaïque de Blida des Arts Plastiques a tenu à lui organiser une exposition du 23 janvier au 30 janvier 2016 au niveau de l’hôtel « Ville des roses » de Blida.

Affiche de l'exposition
Affiche de l’exposition

Mohamed Allami, son président, était tout heureux de pouvoir dispenser quelques éléments d’informations aux nombreux étudiants et élèves venus voir l’exposition. Il avait tenu avec ses membres, comme Sabrina Nehab, à organiser cette expo, lui-même ayant participé à nombre d’expositions lors de multiples manifestations comme l' »Année de l’Algérie en France » en 2003, les cricuits dans les semaines culturelles de sa région à travers tout le vaste territoire du pays.

Allami explique à des jeunes un art pictural quelque peu délaissé dans la région
Allami explique à des jeunes un art pictural quelque peu délaissé dans la région

Ses collègues médecins, sa famille, les membres de l’association Mosaïque de Blida des Arts Plastiques dont il était le vice-président assurent qu’il était gentil, attentionné, amoureux de la nature, de la musique classique et de la pêche. Sa fille aînée le suit, est sur ses pas, devenue une passionnée de la peinture. Comme une prémonition, sa femme avait débattu avec son groupe de femmes, chrétiennes et musulmanes, du thème « Face à la mort » et elle avait demandé de l’aide au regretté Abdeldjallil dans la recherche des idées.

La veuve du peintre au milieu de jeunes étudiantes
La veuve du peintre au milieu de jeunes étudiantes

Même s’il n’y a pas eu assez de médiatisation de l’exposition, nombre de personnes de la profession, de la région, simples amoureux de la culture, des clients de l’hôtel se sont attardés devant les toiles et ont découvert un talent -encore un- méconnu à Blida, celui de Smati qui n’aura plus à se dévoiler pour les autres, lui qui était resté très discret autant sur sa vie privée que professionnelle.

Public présent durant l'exposition
Public présent durant l’exposition

Il avait séjourné en Espagne et nombre de toiles non terminées sont plus qu’esquissées.

"Le rouge et le noir ne s'épousent-ils pas ?"
« Le rouge et le noir ne s’épousent-ils pas ? »

Gitanes, danseuses, rouge et noir à profusion faisant dire au peintre Hadjeres présent sur place que cela pouvait expliquer des états d’âme, des sautes d’humeur. N’empêche ! Cela était très aimé par une étudiante qui voulait absolument se laisser prendre en photo avec un de ces tableaux.

Deux portraits de femmes
Deux portraits de femmes

Peut-être appartiendra-t-il à la fille de poursuivre l’oeuvre du père ? Quatre enfants ainsi que la maman sont d’accord pour ne pas « éparpiller » la production : « Mes enfants veulent garder ces toiles et je pense que ce n’est pas le moment de parler de leur devenir » assure la mère.

Eclat
Eclat

Peinture à l’huile, paysages, portraits, nature morte défilent dans le hall de cet hôtel qui demeure un acquis certain pour la ville de Blida, avec ses huit étages, sa centaine de chambres, ses suites.

Hôtel Ville des Roses sis à Blida, lieu de l'exposition
Hôtel Ville des Roses sis à Blida, lieu de l’exposition

Durant la semaine, les membres de l’association « Mosaïque Blida des Arts Plastiques » a tenu à encadrer les visiteurs et les élèves des écoles et collèges afin de donner un aperçu de la large palette d’activités du regretté Smati. Hadjeres Mohamed, et, surtout, Sabrina Nehab qui s’est dépensé sans compter pour le succès de cette manifestation.

Sabrina Nehab, au four et au moulin
Sabrina Nehab, au four et au moulin

Elle avait déjà participé par trois fois au prix Aïcha Haddad, le dernier s’étant tenu en mars 2014 au Palais de la Culture à Alger. Sa dernière participation remonte au mois de mars de l’an passé pour « Palettes de femmes ».

La veuve Smati était comblée ce mardi 26 janvier 2016 devant l’afflux des potaches, venus découvrir son mari peintre. Elle-même se trouvait en face du portrait de son époux et semblait dialoguer avec lui. Elle se prêtait avec gentillesse aux multiples questions, aux photos souvenir

La veuve du peintre et Nehab encadrant de jeunes visiteurs
La veuve du peintre et Nehab encadrant de jeunes visiteurs

 

et avait tenu à ramener sa maman à elle, lui montrant ainsi que la petite famille qu’elle formait avec son défunt mari et les enfants était bien ancrée dans la ville, dans l’art, dans les cœurs de tous ces gens-là. Le peintre Hadjeres Mohamed reconnaît à son « ami » disparu aujourd’hui des moments de monotonie, de tristesse devant ce qui se déroulait sous leurs yeux dans un monde plus qu’incertain en ce siècle qui devient quelque peu synonyme de violence.

Hadjeres expliquant un portrait du peintre Smati, portrait du père.
Hadjeres expliquant un portrait du peintre Smati, portrait du père.

Il ne s’est pas passé une journée sans retrouver des visiteurs jeunes, enthousiastes, aimant déambuler autour de ces toiles qui montraient un art encore inconnu dans ses détails pour ces êtres fragiles

Un souvenir sur les lieux de l'exposition
Un souvenir sur les lieux de l’exposition

qui exigent déjà qu’on en organise plus souvent ce genre de manifestations dans une ville, Blida, avide d’animation culturelle. La balle est dans le camp des autorités !


El Djenadia délogée

Les autorités de la ville de Boufarik, deuxième agglomération de Blida et lieu de résidence de l’association musicale traditionnelle El Djenadia

Association de musique traditionnelle
Association de musique traditionnelle

viennent de commettre un impair : elles décident unilatéralement de déloger tout le groupe formé de plus d’une centaine de jeunes de ses lieux de répétition et de rencontres. L’association délogée,c’est toute une symbolique de la ville qui subit le choc !

Traditions musicales
Traditions musicales

Cette école créée en 1985, n’a point cessé de procurer du plaisir et de la joie à des dizaines de milliers d’amoureux de la musique andalouse, une musique du terroir algérien remontant à l’époque des Andalous revenant d’Espagne au XVI°siècle. Quelle mouche a piqué ces « pseudo » responsables pour faire évacuer les salles de répétition ? N’y a-t-il point d’autorités au-dessus afin de mettre le holà ? Une association qui a représenté dignement les couleurs nationales -et donc de la région- dans divers festivals

Association connue internationalement
Association connue internationalement

tant sur le territoire national qu’à l’étranger. Nombre de CD, une dizaine au total, avaient été produits et les mélomanes des salles de Blida, Tlemcen, Alger, Koléa, Constantine risquent de ne plus revoir les éléments de cette association qui donne tant à l’art musical algérien.

Têtes connues et reconnues
Têtes connues et reconnues

 

M. Boumdal, un des responsables de l’association, lance ainsi un cri de détresse à toutes les autorités du pays afin d’annuler ces décisions qui n’honorent point la culture algérienne. « Nous protégeons à notre manière le riche répertoire musical algérien et des éléments primés comme Rezkellah et Bouzar, purs produits de l’école El Djenadia, ne pourront point alors faire des émules. » M. Essemiani, président de l’association, ne trouve pas les mots pour exprimer sa détresse, lui qui s’est sacrifié pour cette association, laissant loin derrière lui tout ce qui représente une vie familiale et se consacra alors à cette seconde famille à travers les stages d’apprentissage, les commandes de costumes, le suivi du cursus scolaire des jeunes adhérents ! Tout un programme qui risque de s’arrêter.

Instruments et costumes traditionnels
Instruments et costumes traditionnels

Boufarik, Blida et l’Algérie ne méritent point un tel sort avec la disparition de l’association El Djenadia.


Aït Ahmed est mort

A 89 ans, à la veille de la célébration du Mawlid ennabaoui -naissance du Prophète- et de la Noël, le dirigeant historique de la Révolution algérienne durant la guerre de libération contre la France, 1954 – 1962, est mort à Lausanne en Suisse. Né en 1926, il avait présenté à 22 ans, en 1948, un rapport définissant la nécessité de la voie armée pour sortir le pays de la colonisation. Il avait adhéré au PPA -Parti  du Peuple Algérie dès l’âge de 16 ans.

Il a commencé très jeune la Révolution
Il a commencé très jeune la Révolution

Il prendra en charge l’OS -Organisation Secrète- à la place d’un autre militant, Mohamed Belouizdad. Pour ses idées berbérophones, il sera écarté de la direction au profit de celui qui sera Président de l’Algérie, Ahmed Ben Bella, lui aussi mort en avril 2012.

Il est retourné en Algérie, sans illusions
Il est retourné en Algérie, sans illusions

Aït Ahmed avait la parole facile et il dirigea la délégation algérienne à la conférence de Bandung en 1955 où avait été adoptée une résolution en faveur de l’indépendance des trois pays du Maghreb -Maroc, Algérie et Tunisie. Il dirigera le bureau du FLN à New York dès 1956, année où fut inscrite la question de l’indépendance du pays à l’ONU. Cette même année, le 22 octobre, sera intercepté l’avion qui emmenait Khider, Boudiaf, Lacheraf, Ben Bella et Aït Ahmed : premier acte de piraterie aérienne commis par le gouvernement français. Les 5 chefs venaient d’avoir un entretien avec le roi du Maroc Mohamed V et revenaient en Tunisie.

Piraterie aérienne dont seront victimes les leaders algériens
Piraterie aérienne dont seront victimes les leaders algériens

Ils ne seront libérés qu’à l’indépendance du pays en 1962 et Aït Ahmed s’opposa vite à l’Etat-Major des frontières conduit par Houari Boumediene, président de l’Algérie de 1965 à 1978 et dont on célèbre le 37ème anniversaire de sa mort ces jours de fin décembre 2015. En 1963, Aït Ahmed crée le FFS, parti d’opposition, et des combats se dérouleront dans les maquis de Kabylie. En 1964, le leader Aït Ahmed sera capturé et emprisonné ; il parviendra à s’évader en 1966 et se réfugiera en Suisse. Il y resta près de 50 années. Il était rentré de son exil en 1989 et avait appelé à une grande manifestation en 1992 mais après l’assassinat de Boudiaf au mois de juin de la même année, il préféra encore une fois l’exil. Il était retourné en 1999, croyant à de véritables élections démocratiques mais dut déchanter devant la fraude qui propulsera le candidat unique Bouteflika à la magistrature.

Aït Ahmed

Selon des sources concordantes, son corps sera rapatrié en Algérie pour y être enterré.