Emile Bela

Côte d’Ivoire : n’est-ce pas de la comédie ça?

Des agents recenseurs en formation (c)connectionivoirienne.net
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Voulez-vous savoir combien sommes-nous qui vivons sur le territoire ivoirien ? Procédez comme suit : comptez en commençant par zéro, puis ajoutez-y vingt, puis multipliez par vingt, puis ôtez vingt, puis divisez par vingt, puis ajoutez vingt encore puis continuez… et quand vous en aurez marre, abandonnez tout et là vous aurez trouvé le nombre exact de la population ivoirienne. N’est-ce pas simple çà ? Bien sûr que si, parce qu’elle a toujours été si simple, la danse des revenants : on se suit, on se parle, on s’écoute, mais on ne se comprend pas.

“Il est plus facile de compter un troupeau de moutons qu’il n’en est des hommes”, me disait un jour, mon ami Grégoire. Je l’ai pris pour un fou. Je crois que je me suis trompé car je m’en rends compte désormais. Les moutons, eux, il suffit de les attacher à des arbres devant l’herbe, même contre leur gré, et c’est fait. Quand il s’agit des hommes, c’est plus difficile, parce qu’ils sont des êtres doués de raison. Ils savent apprécier la réalité du moment. Vous piétinez leurs intérêts, ils le savent. Vous avez des desseins inexprimés ? Ils le savent aussi.

Mais, les hommes sont aussi et surtout des êtres dotés d’immenses capacités de dédoublement à la limite de l’irréel. Ils veulent une chose et son contraire à la fois.

Ce qui se passe en ce moment en Côte d’Ivoire dépasse l’entendement des esprits fragiles comme le mien. Selon un rapport de la Banque mondiale repris par le PNUD : « Le taux de pauvreté est passé de 38,4 % en 2002 à 48,9 % en 2008. Le milieu rural reste le plus affecté par la pauvreté (62,5 %) en milieu rural contre 29,5 % en milieu urbain ». La vie devient de plus en plus chère. Ça, l’aveugle le ressent, le sourd muet le voit, l’opposition politique le crie à tue-tête et nous, la masse populaire, applaudissons des mains et des pieds pour l’encourager dans sa logique visant à pousser le pouvoir à écouter les pleurs de l’enfant affamé sur son chemin de l’école. Au moment où le pouvoir décide de se doter d’un des moyens pouvant lui permettre d’y apporter une ébauche de solution, cette même opposition crie au scandale, se rétracte et tourne le dos. N’est-ce pas de la comédie ça ?

Le dernier Recensement général de la population et de l’habitat (RGPH) date de 1998, soit 16 ans maintenant et depuis, du fait de la guerre, l’opération prévue pour se tenir chaque décennie n’a plus eu lieu. Avec un taux de croissance annuel démographique de 2,9 %, il est évident qu’en 10 ans, la population ivoirienne a considérablement augmenté au point qu’à ce jour, ni le chef de l’Etat, ni les institutions de développement encore moins l’Ivoirien lambda ne peut dire exactement combien d’hommes et de femmes vivent sur le sol ivoirien. Pour faire face aux besoins croissants des populations, les projets de développement mis en œuvre ont plutôt ressemblé, dans certains cas, à des réponses spontanées aux problèmes qui se posent et qu’on n’a pas pu voir venir dans un pays où 48,9 % de la population vit sous le seuil de pauvreté. Il est donc impérieux d’envisager des alternatives pouvant favoriser l’amélioration, à court, moyen et long terme, des conditions de vie des ménages. Cette obligation prime sur les considérations politiques et partisanes. Autrement dit, au-delà de toutes les passions qu’il enflamme, le projet de recensement général 2014 devrait constituer une priorité pour tous.

D’une part, parce qu’il n’a rien de politique. Le recensement général concerne tous ceux qui vivent sur le territoire national, qu’ils soient de nationalité ivoirienne ou non. Il se distingue ainsi du recensement électoral qui, lui, vise à identifier les Ivoiriens ayant l’âge et le droit de voter. Il aurait s’agit de ce dernier cas que certaines réserves émises par ceux qui prêchent actuellement contre le RGPH se justifieraient totalement vu que plus un parti à de militants recensés, plus il a la chance de remporter les élections à venir. Mais ici, il n’en est rien. Où en est donc le problème ?

D’autre part, parce que le changement social positif auquel aspirent les tenants du pouvoir aussi bien que les opposants ne se décrète pas, il se construit. Il est le résultat de la conception et la mise en œuvre d’un ensemble de projets à impacts directs formulés sur la base des données tangibles disponibles qui s’obtiennent notamment par le recensement général de la population. Celui-ci permettant, dans un Etat normal, de définir les priorités d’investissement en vue, en principe, d’une meilleure orientation des ressources. Comme tel, aucun préalable, quel qu’il soit ne devrait tenir face à cette action d’intérêt public sauf si le but recherché par ces détracteurs est ailleurs. D’où vient qu’on veuille faire passer pour préalable, le rétablissement du dialogue politique −lequel d’ailleurs ?− qui, plus, a commencé depuis belle lurette sans avoir produit le moindre effet bénéfique aux Ivoiriens ? D’où vient qu’on veuille sacrifier le destin de tout un peuple au détriment de celui d’un individu, un seul, aussi fort soit-il ? A qui doit-on s’en prendre si des individus ont choisi de rester en exil nonobstant les incessants appels au retour lancés par le pouvoir quand certains de leurs camarades sont rentrés et ne sont guère inquiétés?

De son côté, le pouvoir pour se donner bonne conscience nous dit le recensement est fait à 65 % et plus. Mais 65 % de quoi ? De qui ? En fin de compte, de qui se joue-t-on dans ce pays ? Il est vrai que la décennie de guerre qu’a vécue la population ivoirienne l’a rendue docile, mais pas naïve. En l’état actuel des choses, nul n’a besoin d’être un expert du domaine pour savoir que le RGPH 2014, biaisé dès le départ pour mauvaise stratégie de communication, est un échec. Quelle stratégie pour rattraper les écarts ? Voici la question qui devrait préoccuper le pouvoir. Autrement, ce sont deux milliards de F Cfa qui auront ainsi été presque « dilapidés » du simple fait des intérêts partisans inavoués d’un clan. De quelle émergence parlons-nous?


Yopougon : Top 10 des petites curiosités

Un Bar de Yopougon
Un Bar de Yopougon

Abidjan, capitale économique de la Côte d’Ivoire. Métropole d’environ 4 millions d’habitants, peut-être plus. Véritable melting Pot. Tout y passe, tout s’y passe. Chaque jour a son actualité. La ville où les gens dorment –souvent. Les Ivoiriens s’en glorifient –souvent. Ils s’en plaignent −parfois. Yopougon, voici la commune que vous auriez envie de visiter si vous êtes de passage à Abidjan. Fière de ses 1, 5 million d’habitants, environ, Yopougon vous accueille avec ses hauts lieux de joie qui lui ont valu le sobriquet de «Yopougon ou Yop ou encore Poy −la Joie». Découvrons.

1-La rue des Princes : Elle est située au quartier Selmer, derrière le Complexe sportif de Yopougon, à l’intersection de la mythique « Rue Princesse ». La Rue des Princes, c’est un condensé d’espaces de buvettes communément appelés « Maquis ». Ici, musique, sexe et alcool offrent un spectacle savamment orchestré dont se régaleraient les amoureux de sensations fortes.

2-“L’usine” d’Attiéké d’Abobo-Doumé : L’Attiéké fait partie de la nourriture de base des Ivoiriens. Il est produit certes à différents endroits de la ville d’Abidjan, mais l’une des plus importantes « usines » d’Attiéké se trouve à Yopougon Abobo-Doumé, à la gare lagunaire de Locodjro. Il s’agit d’un regroupement de femmes qui, les mardis, préparent et commercialisent l’attiéké. Le courage avec lequel ces braves femmes défient le soleil et la pluie pour non seulement nourrir les Abidjanais, mais surtout s’occuper de leurs familles force l’admiration. Ajoutez à ceci la découverte du processus complet de conception de cette nourriture devenue un pan de l’identité culturelle de la Côte d’Ivoire et vous aurez une bonne raison d’y faire un tour avant de prendre votre vol retour.

3-Le marché de Kouté : Ici, tout se vend ou presque. Situé dans le quartier de Kouté sur le prolongement de la voie en provenance des sapeurs-pompiers et de la CNPS, le marché de Kouté est un vaste espace de vente –majoritairement- de friperies de tout genre ainsi que d’autres articles neufs, d’origine. Les marchandises qui y sont vendues sont aussi variées que les nationalités qui s’y côtoient. Sa « réputation », le marché de Kouté l’a acquise du fait du coût relativement moins cher des objets qui y sont vendus. Les Abidjanais viennent de toutes les communes pour s’y approvisionner, les mardis et samedis, jours de marché. Ça vous dit d’y aller ? bah, pourquoi pas ?

4-Le Poulet de Sideci : Véritable industrie de commercialisation de la volaille, l’espace « le Poulet » est un ensemble de restaurants. Il vous accueille avec ses nombreux restaurants où les serveuses, des jeunes filles/femmes exhibent leurs talents de séductrices. Leurs déhanchements dans des tenues sexy à faire craquer « les chasseurs de primes », sous la musique moderne ou parfois des artistes traditionnels et autres groupes d’animations vous aident à noyer vos soucis, juste le temps d’une soirée. Le Poulet de Sideci est situé au quartier Sideci vers le palais de justice et prêt du « terminus 40 » et ouvert tous les jours de 16h à l’aube.

5-Le Bloc célibataire : Rassurez-vous, il n’y a pas que des célibataires qui y vivent. Situé au quartier Sicogi, le bloc célibataire est à l’origine un espace public où se tiennent des réunions et autres rencontres de masse. Le fait qu’il brasse du monde a fait émerger des restauratrices ambulantes qui s’y installaient juste le temps de l’événement. Il y a eu ensuite une évolution et ces restauratrices y sont restées plus longtemps notamment le soir de 18 h 30 à 23 h. L’attribut «célibataire» vient du fait que, selon les indiscrétions, ceux qui fréquentaient le plus cet endroit sont majoritairement des célibataires qui viennent y prendre leur dîner avant le coucher. Aujourd’hui, le Bloc célibataire à donné son nom à tout le quartier alentour et l’espace public aussi appelé place CP1 est devenu un lieu pour les veillées funéraires. Chaque vendredi, c’est au moins trois veillées différentes qui y sont organisées.

6-La Pouponnière : Yopougon n’est pas que joie et bouffe. Il a son côté social. Vous venez à Yop pour la première fois ? Je suis sûr que vous aurez envie de visiter ces créatures innocentes qui n’ont pas eu votre chance, peut-être, de grandir dans une famille ou la mère se lève le matin et prépare le petit déjeuner après lequel le père conduit les enfants à l’école. Ces enfants dont l’âge varie entre1 et 15 ans vous y accueillent la main sur le cœur, avec une joie débordante de vivre qui se manifeste dans toute l’énergie qu’ils déploient pour se refaire une enfance qui leur a été volée. La pouponnière est située au quartier Sogefiasur le prolongement de la voie passant par la paroisse Saint-André.

7-La place Ficgayo : A l’origine, l’espace servait de cadre pour une foire commerciale très populaire appelée «Ficgayo». Mais l’usure du temps et les circonstances ont eu raison de cette fête populaire qui a fini par disparaître au grand dam des Abidjanais. Elle a cependant laissé son nom à la place devenue aujourd’hui le lieu à tout faire. La Place Ficgayo aujourd’hui sert presque, à tout type d’événement allant des veillées funéraires aux expositions photos et d’objets d’art en passant par les rassemblements politiques et religieux, pour ne rien dire des compétitions sportives, etc. Vous n’y verrez pas plus qu’un petit espace ouvert le jour, mais qui est témoin de l’histoire de la commune de Yopougon.

8-Le quartier «mon mari m’a laissée» : C’est en quelque sorte l’inverse du bloc célibataire. Il se raconte que la majorité des habitants de ce taudis était des femmes célibataires. Celles-ci, refoulées du domicile conjugal se retrouvaient dans la rue sans moyens financiers pour se payer un loyer. Elles se rabattaient alors sur des maisons de fortune construites uniquement en bois avec pour « tôles » des pailles ou des plastiques noirs. Le quartier a connu une évolution. Des familles complètes y vivent. Les gens y vivent un peu mieux désormais, mais il a gardé beaucoup de ses traits distinctifs dont l’un reste le nombre pléthorique d’enfants par famille. Dès votre entrée dans ce quartier, vous êtes accueilli par le cri de l’enfant qui n’est pas sûr de manger demain attaché sur le dos carapacé par la misère de sa mère pour qui chaque jour de plus est un jour de trop.

9-Gabrielle gare : « Gabrielle », c’est le surnom que les Ivoiriens ont donné au cochon. Si vous allez à Gabrielle gare, ne vous attendez pas à y voir des gens traînant leurs valises. Vous n’y verrez aucun véhicule, mais de la viande de cochon exposée sous une diversité de formes. Elle est souvent précuite (on parle de porc au four) ou alors fraîche. A Gabrielle gare, les animaux n’ont pas de pattes, mais des pieds. Certains y vont pour acheter les côtes, d’autres les intestins, et la plupart les pattes, sinon les pieds de porc. Gabrielle gare est l’un des endroits les plus fréquentés par les Chinois. Eux, ils achètent en entier. Gabrielle gare est située à la Siporex, sur le prolongement de la voie devant la pharmacie Siporex en direction du Sable. En Côte d’Ivoire, on attribue la commercialisation de la viande de Gabrielle aux femmes guérrés, originaires de l’ouest du pays. Elles en font une activité principale de revenue et ne semblent pas s’en plaindre.

10-Le maquis le Zoo : Si vous êtes à Abidjan, vous n’avez pas forcément besoin d’effectuer le déplacement en campagne pour consommer de la viande dite de brousse (les animaux sauvages). Des gens  ont organisé un zoo à ciel ouvert pour vous permettre de repartir avec une variété d’animaux que vous pourrez élever dans vos ventres parce que déjà cuits et bien assaisonnés. Le maquis le Zoo est situé à Niangon. Ouvert tous les jours, il vous offre à manger et à boire, des animaux domestiques (chèvres, mouton, bœuf, chat, chien…) et des animaux sauvages (agoutis, hérissons, antilopes, gazelles, buffles…). Il n’y a qu’au maquis le Zoo où le braconnier et l’agent des Eaux et forêts sont liés par une grande amitié et partagent le même plat d’agouti.

NB : Ceci n’est qu’indicatif. D’autres coins à visiter, dans d’autres domaines, peuvent s’avérer bien mieux que ceux-ci.


Lettre ouverte à la Sotra : n’obstruez pas la route de l’émergence !

Credit Photo: www.acturoutes.info
Credit Photo: www.acturoutes.info

Monsieur le Directeur Général,

Votre titre de Directeur Général de la Société de transport Abidjanais −Sotra− fait de vous une autorité publique et comme telle vous méritez mon respect sans réserve. Ce respect exige de ma part un langage poli et courtois dépourvu de tout propos injurieux, mais aussi franc et sincère. Vous voudrez bien lire la présente comme la lettre d’un citoyen d’un Etat que vous servez et qui vous paie grâce aux cotisations de ses citoyens y compris moi. Mais en retour ces citoyens subissent à n’en plus pouvoir les défaillances de vos services censés leur profiter.

Ma décision de vous écrire fait suite aux récurrents dommages que votre entreprise nous fait subir, des milliers d’autres Abidjanais et moi-même, chaque jour sur le chemin de notre travail, pour certains, de l’école  ou pour n’importe quelle autre destination, pour d’autres. Peut-être qu’avant moi vous avez enregistré des plaintes liées à la qualité de vos services. Peut-être aussi que vos agents commis à la tâche, si vous en disposez, ne vous relayent pas les plaintes récurrentes des Abidjanais, ce qui justifierait que ces pratiques qui pourrissent la vie de milliers de personnes durent et perdurent. Peut-être, enfin, que vous savez tout, mais vous vous sentez impuissant, ce qui serait bien triste. Dans un cas comme dans l’autre, permettez-moi, Monsieur le Directeur, d’attirer votre attention sur les souffrances déjà trop lourdes à supporter que vous et vos services infligez au quotidien aux Ivoiriens sur la route de l’émergence.

L’objet de ces souffrances est lié aux pannes intempestives de vos bus sur les différentes lignes. Etudiant, j’ai subi directement et impuissant cet affreux traitement. Pourtant, je payais régulièrement ma carte de bus ou à défaut mon ticket. Travailleur, je me suis juré, s’il le faut, de consacrer même la moitié de mon maigre salaire à emprunter tout sauf le bus pour éviter tout cela. Mais là non plus, je n’échappe pas aux dommages causés par vos services.

Premièrement, les pannes récurrentes de vos bus en circulation constituent une forme indirecte d’arnaque. Je vous explique. Le bus 11 quitte son quai de la Gare Nord d’Adjame pour son terminus à Koumassi. Il passe par la Liberté puis emprunte le boulevard des Martys pour regagner Treichville, puis Marcory avant Koumassi. Au niveau du café de Rome, il ralentit puis avant d’aborder le virage pour emprunter le pont de Gaulle, s’arrête en plein milieu de la voie. Le conducteur appelle le service de dépannage et sort son journal de SuperSport sous son siège pour lire les commentaires des journalistes sur la débâcle du Bayern face au Real de Madrid. Cela sans se soucier des passagers qu’il laisse à l’abandon. Il ne rembourse pas non plus aux autres ce qu’ils ont payé. Ainsi fonctionnent vos services et vous obligez ceux qui n’avaient que 200 francs pour se rendre là où ils allaient à faire le reste du trajet à pied. Avez-vous un instant imaginé qu’il y a des Ivoiriens qui, par votre faute, marchent d’Adjamé à Treichville faute d’argent? En effet, il ne leur reste aucun sou après avoir payé leur ticket. Savez-vous qu’il y a des dockers ou d’autres contractuels du Port autonome qui ont perdu leur emploi pour être arrivés en retard au service. Et cela pour avoir marché jusqu’à Vridi simplement parce que le bus 19 les a laissés en plein chemin ? Ces tickets sont certes valides, à quelques exceptions près, pour d’autres bus de la même ligne −seulement, mais encore faut-il qu’il y ait un bus de la même ligne qui arrive juste après et surtout qu’il y ait de la place pour que ces infortunés passagers y embarquent. Pourquoi en cas de panne d’un de vos véhicules en circulation, ne restituez-vous pas aux passagers leurs sous ou a défaut leur dépêcher immédiatement un autre bus ?

Deuxièmement, et c’est ce qui justifie ce billet, les pannes de vos bus en circulation qui sont obligés de stationner en pleine chaussée créent un embouteillage monstre préjudiciable, au-delà des passagers qui y sont, aux autres usagers de la route dont moi. J’habite Yopougon et travaille à Cocody. Chaque matin, c’est à un véritable jeu de loterie que je me livre. Je me dis, si je sors de la maison à 7 heures et que j’ai le Gbaka à 7 h15, mises à part les pratiques de mauvaise conduite des chauffeurs de Wôrô Wôrô et de Gbaka et les tentatives très sélectives (parce que les véhicules en provenance des 2 plateaux une fois au Carrefour Saint-Jacques ont plus de priorité que ceux en provenance d’Adjamé) des agents de circulation, je peux arriver au bureau à 8 heures. Cependant, si je sors à la même heure et qu’un bus de la Sotra −encore une fois, est tombé en panne sur l’autoroute au niveau du Banco et stationné en plein milieu de la chaussée − comme toujours, il est clair que le retard est inévitable. Pour être à l’abri donc, je préfère sortir de la maison à 5 h 30 du matin pour être au bureau à 8 heures rien que pour faire un trajet de seulement 45 minutes maximum en temps réel. Voici ce que vous faites de moi. Mais même là, tout n’est pas gagné. Il y a deux jours, j’ai failli me faire renvoyer par mon patron pour retard alors que je suis sorti de la maison à 5 h15 pour lui soumettre à 8 heures un rapport capital pour l’entreprise. Ceci  parce qu’au niveau de la station Shell au Banco un de vos bus est resté planqué créant ainsi un embouteillage jusqu’à l’Institut des aveugles. Ce matin encore, à cause d’un bus nous avons été contraints d’emprunter le trottoir manquant de justesse de nous retrouver dans le ravin. Je me rappelle ce jour où dans un taxi, le chauffeur m’expliquait que l’accident meurtrier qui venait de se produire était dû d’abord au bus qui était stationné en pleine chaussée. Un véhicule que voulaient dévier deux chauffeurs qui ne pouvaient plus attendre et qui ont fini par se percuter. Voici des exemples de dégâts que vos services créent et dont en sont victimes des contribuables qui vont le matin au travail pour cotiser afin que  cet argent serve à vous payer.

C’est donc dire que vous êtes tout aussi indirectement −dans les cas sus-évoqués− et directement −dans les cas des bus fous qui font des sorties de route− responsables des nombreux cas d’accidents. Les campagnes de sensibilisation de l’Office de sécurité routière −Oser− devraient, à mon avis, s’étendre à vous, puisqu’en améliorant la qualité de vos services vous contribuerez à réduire le taux d’accidents et à sauver des vies.

De votre comfort zone, je vous invite à penser aux Abidjanais qui souffrent directement ou indirectement de la qualité approximative de vos services. Retenez qu’il est de votre devoir de bien faire votre travail pour éviter que d’autres paient pour ce qu’ils n’ont pas fait. Non, monsieur le Directeur Général, vous n’avez pas le droit de nous faire payer pour vos défaillances. Réfléchissez-y, et vite! Parce que l’émergence c’est en 2020 et nous sommes sur la route. Ne l’obstruez pas.

 


Génocide Rwandais: « …Après tout, les faits sont têtus »

Credits Photo: NOOR KAMIS/REUTERS
Credits Photo: NOOR KAMIS/REUTERS

Avril 1994 – Avril 2014, voici 20 années que sur les collines verdoyantes du Rwanda s’écrivait l’histoire tragique de ce pays d’Afrique de l’Est. Sous les yeux coupables des 2500 casques bleus de l’ONU, une part de l’humanité a été exterminée. La vie s’est arrêtée pour au moins 800 000 Rwandais majoritairement des Tutsis en seulement 4 mois de carnage. On a parlé de génocide.

En cette 20ème commémoration du génocide des Tutsis, ce sont plus de 30.000 Rwandais et amis du Rwanda qui se sont retrouvés le 7 Avril dernier au Stade Amahoro de Kigali pour jeter un regard rétrospectif sur l’histoire de ce pays et sans doute tirer les leçons du passé. Au-delà du regret de certains -ayant directement participé à ce carnage, de la consternation des parents des disparus et des victimes en vie -souffrant de leurs séquelles et surtout de la haine qu’éprouvent tout le peuple Rwandais pour les commanditaires qu’ils cherchent toujours à connaitre ainsi que leurs réels motivations, le fait marquant de cette commémoration fut la brouille entre Paris et Kigali.

 Vingt ans après, Kigali accuse −encore, Paris s’en défend −toujours

La relation entre la France et le Rwanda, deux anciens amis, a été lourdement entachée par le rôle présumé de la France dans ce Génocide. À l’origine de cette brouille diplomatique se trouvait la mythique « opération Turquoise » dont la mission, selon la version officielle était strictement d’ordre «Humanitaire». Toute position de Paris que dément formellement le Général Kagamé alors membre du Front Patriotique Rwandais (FPR), la rébellion qui combattait le régime intérimaire en place. Pour Kigali, le soutien de la France au Régime d’alors ayant perpétré ce nettoyage ethnique fait de la France un coupable majeur de qui le peuple Rwandais attend des excuses publiques ainsi que l’ont fait l’ONU, la Belgique et les USA.  De son côté, si Paris reconnait sa présence militaire lors des faits, elle qui y était au retrait de la force onusienne, nie en bloc toute implication directe notamment en terme de soutien au régime génocidaire. Paris avoue avoir cessé toute coopération militaire avec le régime au moment des faits et insiste n’y avoir été uniquement qu’en mission humanitaire…

Longtemps, les deux amis d’hier se sont regardés du coin de l’œil. L’une des conséquences immédiates de cette situation fut la décision en 2008, de Kigali de claquer la porte à la Francophonie au profit du Commonwealth, comme pour rompre tout lien avec l’allié d’hier.

On croyait cependant l’épais nuage de discorde entre ces deux anciens amis dissipé suite à la visite dite de réconciliation de Nicolas Sarkozy à Kigali le 20 Février 2010 à l’occasion de laquelle les deux chefs d’Etat ont affiché leurs volontés de «tourner la Page», puis celle de Kagamé à l’Élysée du 11 au 13 Septembre 2011 pour « échapper à l’histoire ». Que nenni ! Vingt ans après, le passé reste à apurer. L’épée de Damoclès de Kigali demeure toujours levée contre Paris. L’Elysée de son côté s’en lave les mains et se contente d’admettre «ses erreurs» «d’appréciation» et «politique», sans plus.

C’est donc peu dire de souligner que le rétablissement de l’amitié entre ces deux pays que nous autres profanes avions constaté n’était qu’une simple apparence teintée d’hypocrisie. Il a fallut cette 20ème commémoration pour se rendre compte que la guerre froide que se livrent Paris et Kigali depuis des années est loin d’être terminée. L’annulation, in extremis, par la France de la participation de son garde des sceaux au profit de son ambassadeur au Rwanda consécutive aux propos tenus par le Président Kagamé dans Jeune Afrique et le retrait de son accréditation à l’ambassadeur Français par le Rwanda juste à la veille de la commémoration ainsi que l’accusation par une allusion transparente de la France par Kagamé dans son discours de clôture du 7 Avril dernier −dont l’une des phrases reprises en boucle par les médias fut « After all… after all… les faits sont têtus »− traduisent la profondeur du malaise entre les deux pays et justifient «la difficile réconciliation» dont parlait Alain Barluet dans le Figaro.

La France complice ? Peut-être Oui, peut-être Non

De 1994 à 2014, beaucoup de temps à passé. Les choses ont évolué. Les acteurs ont changé −de noms ou de titres, de positions aussi. Vingt ans après et nonobstant les investigations de l’ONU, de la justice Française, de la justice Espagnole, les auteurs de l’attentat contre l’avion qui transportait le Président Habyarimana et le Président du Burundi le 6 avril 1994, facteur déclencheur du génocide, restent toujours inconnus. Plusieurs questions demeurent sans réponses. Le flou reste total. La boude diplomatique entre Paris et Kigali autour de cette 20ème commémoration fait resurgir une question fondamentale jusque-là sujette à polémique : La France a-t-elle ou non joué un rôle dans cet holocauste africain? Difficile pour un simple observateur de répondre objectivement au risque de plonger dans les délices douteux de la stigmatisation.

Cependant, un fait majeur vient conforter le régime de Kigali dans sa position actuelle et apporte davantage d’arguments à l’association Survie qui accuse la France à mots ouverts d’être un acteur majeur. Il s’agit du témoignage de Guillaume Ancel, ex-officier de l’armée Française ayant participé à l’opération Turquoise, qui affirme que la version officielle de la France sur ladite opération « ne correspond pas à la réalité ». Ce témoignage, accablant, s’il était avéré contredit explicitement Alain Juppé, ministre Français des affaires étrangères en 1994, qui, réagissant sur son blog, qualifie les accusations de Kagamé « contre la France, ses dirigeants politiques, ses diplomates et son armée [de] totalement infondées » et « honteuses » et parle de « falsification de l’histoire » avant d’appeler « le Président de la République et le gouvernement français à défendre sans ambiguïté  l’honneur de la France, l’honneur de son Armée, l’honneur de ses diplomates. » Mais que dire lorsqu’un ancien officier de cette armée dément la version officielle que défend M. Juppé? L’honneur dont parle M. Juppé ne serait-il pas tout de même de faire preuve d’humilité et de reconnaître les faits tels qu’ils se seraient déroulés réellement et présenter, dans ces conditions, ses excuses au peuple Rwandais ?                                      A l’opposé, ce témoignage quoiqu’instructif serait-il suffisant pour incriminer la France vue que celle-ci intervenait seule pendant que tergiversait l’ONU et vue la complexité même de cette opération ainsi que le rôle de la France qui était de parvenir à l’arrêt des massacres et l’observation d’un cessez-le-feu pour favoriser la reprise du dialogue entre les parties initié à Arusha; Ce qui justifierait non seulement son soutien politique au régime en place et sa tentative de freiner l’avancée des rebelles du Front Patriotique Rwandais?

Ce cocktail de faits et cet imbroglio autour du rôle ou non de la France ainsi que le froid qu’éprouvent chaque année les diplomates Français présents lors des cérémonies de commémoration lorsque le Président Rwandais devrait prononcer son discours de clôture du fait des allusions sibyllines ou des flèches empoisonnées destinées notamment à la France, suscitent une question : La France devrait-elle continuer à participer aux cérémonies de commémoration tant qu’elle n’aurait pas reconnu sont rôle, s’il était avéré, dans le génocide et présenter, de ce fait, publiquement ses excuses au peuple Rwandais ou alors tant qu’elle n’aurait pas convaincu Kigali de son innocence dans ce massacre et lavé ainsi son image, dans ce dernier cas, injustement associée à l’un des plus grands drames de l’humanité? Simple question de point de vue.


Même en enfer, on est heureux… qui sait ?

Pharrell-Williams
Pharrell-Williams

L’idée d’écrire ce billet m’est venue en prélude à la journée mondiale du Bonheur ou « Happiness day »  pour expliquer aux nuls ce en quoi consiste cette journée parmi cet embouteillage de journées mondiales célébrées par an. Mais occupé que j’étais à préparer une autre journée non moins importante dite de procrastination, célébrée le 25 mars, je n’ai pu l’achever à temps, j’ai donc procrastiné. Je commence donc par vous expliquer terre-à-terre ce que la seconde veut dire avant de retourner sur la première. « Procrastination » vient du verbe « procrastiner », qui peut vouloir dire « castiner en pro » mais ici, signifie « reporter, remettre à plus tard ». Défini ainsi, pour les nuls, procrastiner voudrait simplement dire : Ta mère est malade et doit être transférée d’urgence à l’hôpital ? Demain! Un rapport à rendre ? Demain! Lors d’une dispute ton adversaire te gifle tu veux répliquer ? Ça peut attendre demain ! Un entretien d’embauche à 8 heures, ça peux attendre à 10 heures.

La journée mondiale du Bonheur, elle, se définit simplement : c’est le jour où tous les êtres humains doivent se réjouir de leur sort. Le pauvre devrait être fier de sa pauvreté, l’aveugle de sa cécité, le cocu d’avoir été cocufié. Ce jour, il est demandé à l’affamé de jubiler pour sa faim, à l’épouse cocufiée de laver les pieds de la maîtresse de son époux. En principe ce jour, Bassar El-Assad n’avait pas le droit de pilonner son peuple, Vladimir Poutine d’arrimer la Crimée “par la force” à la Russie, Boko Haram de faire exploser les têtes innocentes des chrétiens réunis dans une église au nord du Nigeria. Ça aurait été ce jour, le Vol MH 370 n’aurait pas disparu du ciel malaisien, Ben Laden aurait déjeuné à la Maison Blanche. Tout ça parce que tout ce qui vit et respire ce jour est heureux.

Mais démontrant cette même hypocrisie qui les anime le 1er janvier de l’année, les hommes ont été heureux le 20 mars sans savoir pourquoi, ni même comment en attendant de l’être encore l’an prochain. Le but de cette journée, m’a-t-on dit, est d’«envisager d’adopter la croissance économique dans une optique plus large, plus équitable et plus équilibrée, qui favorise le développement durable, l’élimination de la pauvreté, ainsi que le bonheur et le bien-être de tous les peuples». Cela veut simplement dire faire en sorte que tous vivent mieux. Mais puisqu’il s’agit d’«envisager d’adopter» et non «adopter», ils ont envisagé en 2013 que nous vivrons tous mieux en 2014, sans y parvenir. Personne ne leur en voudra puisqu’«envisager» c’est émettre un vœu. Or, le vœu peut se réaliser comme ne pas l’être. Ils ont ainsi été heureux sans nous. Ils ont porté leurs nouveaux habits des jours de fête, préparé leurs sempiternels discours de bonne volonté, gesticulé de la main. Ils ont rappelé la charte des Nations unies et le droit inaliénable à la vie et au bonheur dont jouit chaque être humain. Ils ont demandé aux  Nord-Nigérians d’être heureux en comptant leurs morts, aux Sud-Soudanais d’être heureux le ventre creux, aux Centrafricains d’être heureux en se tailladant. Ils ont été heureux eux-mêmes sans doute de l’incohérence entre leurs discours et la réalité du terrain.

J’ai demandé à mon ami Grégoire ce qu’était pour lui la Journée mondiale du Bonheur. Il m’a répondu que c’était sans doute le jour où Dieu avait créé la femme puisque selon lui il n’y a que cet être dont la présence procure le vrai bonheur. Adam vivait seul dans son jardin, mais était si malheureux à la vue des animaux s’accoupler que Dieu décide d’envoyer Eve pour que son bonheur soit total. Eve, peut-être une fille moche incapable de susciter l’envie même chez un acteur de porno, n’aura pas mieux fait que d’empirer le malheur d’Adam. Nous payons tous aujourd’hui pour sa légèreté et pour la faiblesse d’Adam.

C’est autant dire que notre propre malheur réside dans ce que nous choisissons comme source de bonheur. Le peuple centrafricain subit les affres de la guerre du fait de son choix de ses dirigeants. Les Ivoiriens continueront de voir des malades mourir par manque de soin dans les hôpitaux quand leurs chefs iront faire contrôler leurs dents au Maroc ou faire soigner leur sciatique en France. Les Guinéens manqueront toujours d’électricité tant qu’ils mettront trois années à organiser une simple élection législative d’un jour pour des intérêts mesquins et égoïstes…

Cette année, la célébration de la journée mondiale du bonheur a eu pour parrain, l’artiste-chanteur, auteur-compositeur, entrepreneur, lauréat des Grammy Award, producteur, Pharell Williams qui a conquis le cœur des mélomanes à travers son titre « Happy » tiré de son album GIRL.

Les internautes du monde s’en sont approprié et ont créé le concept qui fait le buzz actuellement sur la toile, “Happy From”. Chaque pays est Happy malgré ses malheurs. Le Bénin est en ébullition, mais Happy. Le Burkina tangue, mais Happy. La classe politique ivoirienne est divisée, le coût de la vie grimpe, mais on y est Happy. Le but est de montrer qu’on est heureux où que l’on vit, peu importe comment l’on y vive et quel que soit ses malheurs. Tout ça, c’est bien, parce que le bonheur est relatif, parce que même en enfer aussi, on est heureux… qui sait?


Université d’Eté des Nations Unies, Edition 2014 : Quelques suggestions pour votre candidature !

Des amitiés que vous nouerez pour la vie!
Des amitiés que vous nouerez pour la vie!

Je vous promettais ce billet il y a quelques jours dans le seul et unique but de vous fournir quelques détails sur le programme de l’Université d’été des Nations Unies et partager avec vous quelques astuces pour mieux présenter votre candidature. Cependant, rien n’est sûr puisque ce qui a bien marché pour l’un  peut ne pas l’être pour l’autre surtout que ces suggestions ne sont pas des panacées.  

De retour de ma participation, j’ai écris une série de billets pour intéresser plusieurs jeunes au programme. Dans le premier billet j’ai présenté l’origine, les organisateurs, le lieu de ce programme de formation ainsi que les objectifs et les principaux modules qui sont et seront, cette année aussi, traités. Dans le second, j’ai résumé le contenu des différents modules et dans le troisième j’ai rappelé ce que j’ai considéré comme messages forts des différents interlocuteurs à l’endroit des jeunes. Certaines de vos questions y ont donc leurs réponses. Ci-dessous, celles que vous n’y trouverez pas suivies de mes recommandations :

Quelques avantages à y participer

Certains me demandaient si la participation était assortie d’une rémunération ou d’un emploi. La réponse est négative. Votre participation au programme ne vous garantit aucun emploi directement mais pourrait être « un CV Booster ». Vous ne recevrez rien financièrement puisque tous les frais sont pris en charge (billet d’avion aller-retour, assurance, hébergement, petit déjeuner, déjeuner, dîner, frais de visa qui vous sera remboursé une fois à New York). Les avantages sont cependant de plusieurs ordres et se trouvent ailleurs. Entre autres, le programme offre aux participants l’opportunité d’appartenir à son réseau mondial des alumni; il leur permet de se tisser un réseau international en côtoyant des jeunes de divers profiles (des entrepreneurs sociaux, des acteurs de la société civile, des activistes des réseaux sociaux, des journalistes etc). Il offre surtout l’occasion aux participants porteurs de projets de rencontrer des partenaires et des possibilités de financement, ce qui explique en partie le fait que les organisateurs font intervenir plusieurs interlocuteurs issus de milieux professionnels variés afin d’aider les participants à bien formuler leurs projets et mieux définir leurs objectifs etc.

Quelques critères clés de sélection

1.  L’âge : Le programme est essentiellement destiné aux jeunes de 18 à 35 ans. De grâce si vous avez plus que ça ayez pitié, faites la place aux plus petits. Mais si vous êtes trop fâchés, je connais un marabout qui peut vous aider à renaître et grandir le même jour selon l’âge que vous demandez! 🙂

2. Le Passeport : C’est l’un des premiers éléments pour la candidature et doit être valide pour au moins 6 mois. Si vous n’en avez pas courrez vite vous en établir un. Si votre passeport a déjà été cacheté, la preuve donc que vous avez déjà voyagé, cela peut être un léger atout en postulant pour votre Visa Américain. Inutile de dire que celui qui est déjà allé et revenu des USA obtiendra un peu plus facilement son visa américain comparé à l’autre qui y va pour la première fois.

3. Le profile : Pour que votre profile impressionne, vous devez appartenir à une organisation ou un réseau (par exemple, un conseil de jeunesse, une ONG de jeunesse, une organisation dirigée par des jeunes, une organisation communautaire, d’inspiration religieuse, un réseau ou une plateforme de jeunesse, un institut, une université, ou être un entrepreneur social, un blogueur, etc). Vous devez en un mot être un activiste social.

4. Le niveau de langue : L’anglais reste l’un des critères essentiels de sélection. Il vous faudra prouver votre bonne maîtrise. Ceci se mesurera à travers votre dissertation, votre test préliminaire lors de votre candidature, et même dans vos correspondances avec les organisateurs. Si vous faite rédiger votre dissertation par quelqu’un autre que vous, ceci se saura. Les sessions sont animées en Anglais, par des natifs en plus (vous comprenez ce que je veux dire). Faites donc attention à tout. Ayez un langage vraiment soutenu ! Vous allez handicapés mais pas éliminés si vous êtes en palabre avec Shakespeare. Dans ce cas, jouez plutôt sur votre profile. Si vous aviez fait une formation en anglais (test TOEFL, IELTS ou autres) faites ressortir cela dans votre dissertation et ajoutez-le dans la partie ou on vous demandera si vous avez des pièces complémentaires à joindre pour soutenir votre dossier. Dans cette section aussi, si vous aviez eu un prix en tant que jeune leader ou avez participé à un programme pour les jeunes ou dont la portée est d’importance pour les UN joignez la preuve. Le type d’anglais (Américain ou britannique), lui, ne compte pas. Ce sont les Nations Unies, on ne leur apprendra donc pas la diversité qui est d’ailleurs l’un des modules.

Consultez ici les FAQ pour plus de réponses à vos questions.

 5.  Le Curriculum Vitae : Ce qui fera qu’on vous choisira au détriment d’un autre, c’est votre profile et c’est votre CV qui le présente le mieux. C’est lui qui vous distinguera en tant que jeune leader. C’est pourquoi vous devez y mettre l’accent. Votre CV pourrait, à défaut d’être mieux, comporter ces éléments : a.(en haut, centré, gras) nom, prénoms, mobile et email ; b.résumé de votre profile (5 à 6 paragraphes maximum); c.domaine de compétence clé (4 à 5 maximum); d.expérience professionnelle (plus importantes et récentes et faites y ressortir les pays où vous aviez travaillé); e.cursus académique ( après le Bac et indiquez les pays où vous avez fréquenté); f.volontariat (si vous en avez fait. C’est un avantage considérable); g.distinction/récompense (si non ce n’est pas grave). Inutile de souligner qu’il doit être en Anglais.

6.  La dissertation : Tout se joue ici. Vous devez d’un côté justifier votre CV et de l’autre faire ressortir vos objectifs, attentes et apports. Il ne s’agit pas d’aligner un ensemble de choses que vous avez faites au passé. Soyez très précis et concis. Dites en quoi une quelconque action que vous avez menée vous donne des qualités que d’autres n’auraient pas. Je vous suggère d’avoir sous vos yeux les modules et les objectifs du programme en rédigeant votre dissertation (hors ligne) ceci vous évite de vous en éloigner. Relisez chaque fois la question à laquelle vous répondez et votre réponse pour vous assurer que chaque phrase ou mot utilisé contribue à y répondre. Évitez les figures de style et citations. Des exemples seraient acceptables mais très précis. Faites ressortir votre expérience internationale (pour prouver par exemple que vous êtes culturellement sensible). Entre deux candidats de profile identique, celui qui a plusieurs expériences internationales à un peu plus de chance. Mais cela n’élimine pas l’autre. Retenez ceci, ceux qui viennent sont des activistes sociaux. Positionnez-vous donc ainsi. Le but est de regrouper des jeunes ayant contribué à résoudre des problèmes sociaux dans leurs pays, régions ou communautés et leur donner des outils nécessaires pour plus d’efficacité. Vous n’allez donc pas dire que vous êtes traducteur dans une entreprise chinoise, gérant de cyber ou répétiteur même de 52 ans d’expérience. Mettez en évidence vos qualités de blogueurs si vous l’êtes et comment cela pourrait/ou vous sert pour vos actions. Des qualités telles que la capacité à voyager seul, à apprendre, et votre souci de partager ce que vous savez vous positionneraient. Si vous êtes porteur d’un projet, arrangez vous à en parler brièvement et dites surtout comment votre participation vous aiderait à mieux exécuter votre projet. Mieux vaut être des premiers (dans les deux à trois premières semaines de l’annonce) à soumettre votre candidature mais prenez votre temps et répondez exactement aux questions. J’ai passé quatre nuits (de 20h à 3h du matin) à rédiger ma dissertation. Certains ont mis moins de temps, d’autres plus. Tout dépend de votre degré de concentration. Restez dans la limite des 250 mots. Je vous suggère une mage de 237 à 247 mots. Relisez-vous plusieurs fois/jours pour éliminer les typos. Enfin, ayez à l’esprit le nombre important de candidats (Il y avait 100,000 postulants en 2013. Seuls 15,000 dossiers ont été validés sur lesquels seules 100 personnes ont été sélectionnées). Cette année il n’y a que 75 places pour des candidats de 195 pays. Vous comprenez que la concurrence est rude mais vous pouvez faire la différence. Croyez en vous. Allez-y en y mettant votre génie! Vous ne perdez rien de toutes les façons à essayer…

Les Universités d’été, il y en a pas mal qui sont organisées partout à travers le monde chaque année. Mais quand vous aurez eu la chance de participer au présent programme et le privilège de prendre la parole au siège des Nations Unies, au nom de votre pays et surtout quand vous entrerez dans la mythique salle du Conseil de Sécurité, le petit plaisir que vous ressentirez, c’est ce qui vous dira, au-delà surtout des principaux avantages qu’offre le programme, que vous avez eu raison de postuler.

J’espère que ces quelques détails aideront. C’est ma modeste contribution. Je souhaite de tout cœur, à tous et à toutes beaucoup de chance ! Je vous souhaite sincèrement de vivre cette expérience unique. Je reste disponible à vous accompagner si vous souhaitez d’autres détails qui ne sont pas ici où pour apporter des commentaires sur vos dissertations. Posez votre question en commentaire de ce billet.

Pour postuler, Cliquez ici

Consulter ici :

  1. La liste des formateurs, participants et le calendrier, édition 2013 (https://www.unaocefsummerschool.org/previous-event/)
  2. Quelques images et vidéo, édition 2013 (https://www.unaocefsummerschool.org/gallery/)

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Bénin, sur les traces d’une démocratie frelatée (Fin)

24haubenin.info
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Signes d’une démocratie en constant effritement

Dire de la démocratie béninoise dans son état actuel qu’elle se porte mal est loin d’une exagération et les signes son nombreux qui le traduisent.

-La Liste Électorale Permanente Informatisée (LEPI) : Dès son accession au pouvoir, en 2006, M. Yayi Boni a promis aux béninois de faire de leur pays « un village numérique ». Peut-être au pied du mur, le maçon s’est rendu compte que la tâche est moins facile qu’il ne le croyait. Mais en tout cas, en 2014, soit 8 ans après, le bénin ne figure même pas parmi les dix pays les plus présents sur internet. Toutefois, charité bien ordonnée commençant par soi-même, le Président a bien voulu moderniser le moyen par lequel les chefs d’Etat seront désignés en informatisant la liste électorale en 2010-2011. Cette initiative fut cependant jugée lapidaire et non transparente par l’opposition béninoise qui appelle depuis lors à une correction. Ni les marches et communiqués de protestation, les audiences au Chef de l’Etat de l’Union fait la Nation, ni les suggestions faites par le Front Citoyen pour la Sauvegarde des Acquis Démocratiques n’ont suffit pour parvenir à une révision appelée de tous leurs vœux par une bonne partie de la classe politique et la société civile. Aujourd’hui, la question reste en suspens sur fond de tension politique.

-Succession de scandale : Ceux qui l’ont côtoyé reconnaissent au natif de Tchaourou (Bénin) un attachement aux principes chrétiens, ce qui lui vaut le sobriquet de président-pasteur, ainsi que des valeurs d’intégrité morale irréprochables. Mais, ces valeurs couplées avec la rigueur qu’on reconnait aux économistes en général n’ont pas empêché une succession de scandale de détournement de deniers publics sous son règne. Les plus grossiers qui auront suscité la grogne tant chez la classe politique que chez la société civile restent le scandale du Chantier de construction de la centrale mixte gaz et Jet A1 (combustible à base de kérosène) de Maria-Gléta à Abomey-Calavi, l’affaire ICC Service des « Madoff béninois » et les fraudes de l’organisation en 2009 du sommet de la Communauté des Etats Sahélo-sahariens (Cen-Sad). Ce flot de corruption présumée ou avérée entachera alors la crédibilité du Bénin en matière de gouvernance économique. Le doute s’installe désormais dans le cœur des partenaires économiques d’un pays tourné vers l’extérieur quand il s’agit de faire face à ses besoins économiques.

-Retrait du Bénin de la liste des pays éligibles au Millennium Challenge Account (MCA): L’une des conséquences immédiates de la décadence de la gouvernance économique du Bénin fut le retrait du pays, en 2013 par les Etats Unis, partenaire stratégique, de la liste des pays éligibles au fameux programme MCA qui n’est autre qu’un fond de développement bilatéral crée pour soutenir les meilleurs élèves (pays) Africains en matière de démocratie. Le retrait de ce fond d’une valeur de 150 milliards de F CFA (soit 228,7 millions d’Euros) dont a bénéficié le pays lors de la première phase de son admission, même si à lui seul ne saurait constituer un baromètre de démocratie, est une preuve que la machine démocratique béninoise est rouillée.

 -Le recul de la liberté d’expression et de manifestation : Les mutations pro-démocratiques des années 80-90 au Bénin se sont faites de manière on ne peut plus libre. Ceci a valu la prolifération des Maisons de Presse. Dans son rapport paru le 31 Mai, 2010, la Haute Autorité de l’Audiovisuelle et de la Communication (HAAC) dénombrait 76 organes de presse (Quotidiens, et autres périodiques). Hormis les difficultés financières que rencontraient ces maisons, elles jouissaient d’une liberté d’expression qui ne semble plus être la même aujourd’hui. En 2006, le classement par Reporter Sans Frontière des pays en matière de liberté d’expression indiquait le Bénin en 24e position mondiale. En 2014, le pays est passé au 75e rang. Si le Bénin n’enregistre fort heureusement pas de journalistes emprisonnés, exceptés les cas de fermeture définitive des quotidiens « Le Béninois Libéré » pour avoir critiqué les chefs d’Etat et du Conseil de l’entente comme des « mal-élus » et d’interpellation en 2006 du Directeur de Publication et du Rédacteur en Chef du quotidien « La Diaspora de Sabbat » “pour avoir dit qu’une des filles du président souffrait de maladie mentale”, la presse de manière générale, elle, est prise dans le carcan de la difficulté d’accès à l’information, l’absence de financement officiel et crédible, entre autres. A cela s’ajoute l’affaire des 8 milliards de francs Cfa en 2012, contre la chaîne Canal 3 qui a été vue par les acteurs des média béninois comme une tentative du gouvernement de “caporaliser” la presse dans son ensemble, ce que relève le Vice Président de l’HAAC en affirmant que la presse béninoise est “menacée”. Ces questions couplées avec les lois antigrèves notamment pour le corps des paramilitaires décriées par la classe politique béninoise font figure de ces indices de la régression de la démocratie au Bénin.

-L’affaire Patrice Talon : En soit, une tentative d’assassinat du président de la république d’un pays ne peut être considérée comme un indicateur de démocratie, du moins pas directement. Il s’agit beaucoup plus d’un délit passible de peine de premier degré. Mais en l’évoquant ici, il s’agit de mettre en évidence les circonstances qui entourent la question qui traduisent non seulement la perte apparente ou avérée par le pouvoir, du contrôle de l’appareil exécutif et certains desseins cachés qu’évoquent les acteurs et qui cachent dans leur ensemble, un mal plus profond, celui d’un système en effritement.

Patrice Talon est un richissime homme d’affaire Béninois de 55 ans qui a été soupçonné d’avoir tenté, en complicité avec Moudjaïdou Soumanou, ancien Ministre du Commerce et de l’Industrie et Directeur Général de la SODECO, Ibrahim Mama Cissé, médecin personnel du président et aussi, Zoubérath Kora-Séké, la propre nièce de Boni Yayi, employée à la présidence, d’assassiner par empoisonnement en Octobre 2012 le Président Yayi. L’affaire continue d’alimenter plusieurs polémiques. Certains évoquent la thèse d’un régime corrompu qui a été longtemps financé par  ce milliardaire qui a décidé de lui tourner le dos aujourd’hui. L’opposition parle de “mise en scène grossière” pour se maintenir au pouvoir malgré la limite constitutionnelle, thèse que soutient le présumé coupable lui-même. Peu importe la thèse qui tienne, ce qui intrigue ce sont ces accusations tous azimuts dont l’une des victimes reste le juge, Angelo Houssou, ayant rendu le verdict dans cette affaire déclarant un non lieu et qui a dû s’en fuir du Bénin le 1er Décembre 2013 pour échapper à ce qu’il pourrait endurer sa famille et lui. Cette affaire, les circonstances qui l’entourent et son dénouement constituent un indice de la fragilisation du pouvoir et du système au Bénin.

 -L’amplification de la grogne sociale : Le moins qu’on puisse dire est que le torchon brûle entre le pouvoir de Cotonou et la population. Sur tous les fronts ou presque, c’est la contestation. Des Universitaires au Magistrats en passant par les acteurs de la santé,  le mécontentement est visible. A l’origine de cette grogne sociale telle que présentée dans leur motion de grève, les syndicats évoquent, entre autres, les revendications salariales, le respect de la liberté démocratique et syndicale ainsi que la sécurité pour tous les béninois. Il reste cependant à saluer le caractère non violent de ces revendications, ce qui traduit la maturité du peuple béninois.

Huit années après son accession au pouvoir, Boni Yayi aura contribué à changer l’image du Bénin. Positivement ? C’est moins osé de répondre par l’affirmatif surtout en matière de diplomatie : (visite du Pape, du SG des nations Unies, premier président d’Afrique subsaharienne à avoir été reçu par François Hollande à l’Elisée après son élection, lui-même désigné par ses pairs africains comme président de l’Union Africaine…) ainsi qu’en termes de redynamisation de la vie publique au Bénin.

Toutefois, et sans risque d’exagérer, il est juste de reconnaître que les années où abondaient les discours élogieux des adeptes du pouvoir du peuple, par le peuple et pour le peuple -la démocratie vraie, sont révolues ! La démocratie Béninoise est en ébullition, disons dans un pitoyable état de putréfaction dont la senteur dépasse les frontières de ce beau petit pays d’Afrique de l’Ouest avec ses 9.983.884 habitants pour atteindre les observateurs même profanes et passionnés de géopolitique comme moi au point de motiver ce billet qui, loin d’être une simple compilation de données sur l’histoire de ce pays, est un appel à l’endroit de la jeune génération béninoise, en particulier, à une prise de conscience collective afin de préserver les acquis socio-économiques et démocratiques de leur pays.

De loin, nous espérons que les vieux démons du pouvoir des hommes en bottes ne referons pas surface et que toutes les forces vives de l’ancien «Quartier latin de l’Afrique» comprendront que ce qui les divise est insignifiant face à ce qui les uni, c’est-à-dire le BENIN dont ils ont hérités et qu’ils devront léguer aux prochaines générations, fragmenté ou UNI. Le choix leur revient !

 FIN.

Pour aller plus loin :

https://www.jeuneafrique.com/Articles/Dossier/ARTJAJA2567p038-041.xml0/pauvrete-democratie-independance-nicephore-soglobenin-ebullition-dans-le-laboratoire-de-la-democratie.html

https://www.slateafrique.com/215/benin-democratie-liberte-expression-elections

https://www.lanouvelletribune.info/index.php/reflexions/opinion/14441-benin-la-democratie-en-danger

 https://www.africansuccess.org/visuFiche.php?id=22&lang=fr

https://www.monsieur-biographie.com/celebrite/biographie/mathieu_kerekou-8628.php

https://www.lanouvelletribune.info/index.php/actualite/une/17622-libertes-democratiques-et-gouvernance-politique-au-benin-ce-qu-en-pensent-les-universitaires

https://www.slateafrique.com/46993/constitution-bataille-revisionnistes-boni-yayi


BENIN, sur les traces d’une démocratie frelatée (2è Partie)

Crédit image: afromangocie.com
Crédit image: afromangocie.com

Une démocratie qui aura bien marché en Afrique

Avant de se pervertir et de sentir la putréfaction actuelle, la démocratie béninoise a fait fantasmé plus d’un observateur de la vie politique du temple du Vaudour. Les racines de cette démocratie se trouvent dans la première Conférence Nationale Souveraine de 1990 qui fut une ingénieuse idée de Kérékou, à une période où sévissait la crise socio politique. Face à la contestation qui devenait de plus en plus intenable, Kérékou et ses partisans comprirent la nécessité d’une concertation nationale afin de s’assurer que les préoccupations de tous sont prises en compte. Ça, c’est la démocratie qui le veut et Kérékou venait de marquer le coup.

Du 19 au 28 Février 1990, environ un millier de représentants de toutes les composantes de la nation se sont retrouvés pour aborder les vrais problèmes qui minent le Bénin et proposer des solutions pour y faire face. Le climat paisible qui a prévalu lors de cette conférence couplé avec le caractère franc des discussions et les résultats qui ont suivi ont enthousiasmé plus d’un. L’une des résultantes de cette conférence fut le passage sans effusion de sang du Parti de la Révolution Populaire du Bénin (PRPB), parti unique sous le régime de l’ex-dictateur, le général Kérékou, à un régime démocratique multipartite. Dès cet instant, l’ancien «Quartier latin d’Afrique» du fait de la qualité de ses ressources humaines du temps de la colonisation a commencé à s’attirer les regards envieux des pays Africains. L’expérience béninoise fera ainsi école au Togo, au Burkina, au Niger, au Mali, au Congo, en République démocratique du Congo, au Tchad, en Centrafrique, au Gabon, entre autres.

Ce passage réussi vers la démocratie fut renforcé par l’adoption de la Constitution du 11 Décembre 1990 qui établi les bases du régime béninois, ainsi que celles de ses institutions. Les autorités à la tête des institutions républicaines dont la mythique Commission Electorale Nationale Autonome (CENA), la Cour Constitutionnelle et la Cour Suprême qui ont voix au chapitre en matière électorale ont séduit par leur capacité à transcender les considérations sociopolitiques partisanes et corrompues  pour cerner les enjeux. Le Bénin d’abord ! semblait se dire chacun de ces hauts responsables.

Ni les quelques cas isolés de fraudes encore moins les tentatives de corruption morale et politique enregistrées lors des élections n’ont réussi à freiner l’élan démocratique de l’ex « enfant malade d’Afrique », du fait de la kyrielle de coup d’Etat qu’il a connu. Le jeu démocratique, celui-là qui force l’admiration parce que dépourvu de toute passion, s’est poursuivi non sans séduire aussi bien les spectateurs depuis leurs tribunes que les vrais acteurs, les citoyens béninois puisque désormais la voix du béninois lambda compte dans le choix de ses dirigeants. C’est ce droit suprême que le peuple béninois exprimera le 21 Mars 1991, en élisant Nicéphore Soglo, l’ex-Premier Ministre de la transition comme Président face à Kérékou. Ce dernier surprendra presque tous en reconnaissant sa défaite. Cette attitude hautement républicaine suffira au Caméléon pour se repositionner dans les cœurs des béninois qui le lui témoigneront cinq années plus tard lors des élections de 1996 en l’élisant face à Nicéphore Soglo. Ce dernier se soumettra lui aussi au verdict en reconnaissant sa défaite. Dans ses habits de civil, bombardé du titre de démocrate chevronné, Kérékou, le nouvel homme fort de Cotonou règnera durant une décennie (1996-2001 et 2001-2006) avant de se retirer à l’échéance constitutionnelle de son mandat.

Politiquement, le Bénin allait bien, disons mieux. Les bruits de bottes avaient cessés. Les militaires étaient rentrés en caserne et avaient rangés leurs armes. Les politiques faisaient la politique. La presse s’exprimait. La liberté d’association avait un sens. Les élèves allaient à l’école. Les malades pouvaient se faire soigner. Le béninois mangeait, dormait des deux yeux et se réveillait au son de la liberté, comme ont droit les peuples civilisés et affranchis dans les sociétés modernes. Mais…. le défi était ailleurs. Il était au niveau économique. Pour lutter contre la corruption qui gangrène le pays et relever le niveau économique d’un pays au sous sol très pauvre, tourné vers l’agriculture, fortement dépendant de l’aide extérieure, avec une économie diablement fragile et dominée par le secteur informel, les béninois se sont accordés sur le choix d’un financier. Lors des élections de 2006, les béninois ont décidé que celui-ci devrait être l’ex-Gouverneur de la Banque Ouest Africaine de Développement (BOAD), Thomas Yahi Boni et il en fut ainsi.  Yahi Boni fut élu à un score qui frise le plébiscite, 74,5% des voix. Son adversaire Adrien Houngbédji admit publiquement sa défaite. Le nouvel locataire du Palais de la Marina est désormais S.E.M Thomas Yayi Boni. Il hérite d’une démocratie bien dans sa peau.

Les béninois avaient-il eu raison de lui faire confiance ou ont-ils été trop prétentieux ? La situation actuelle du pays et les faits qui animent le quotidien des béninois aujourd’hui suggèrent des éléments de réponse…

A suivre…


Bénin: sur les traces d’une démocratie frelatée (1ère Partie)

Crédit image: www.24haubenin.info
Crédit image: www.24haubenin.info

Il y a des années de cela, le Bénin répondait présent à l’appel des meilleurs élèves de la classe en matière de démocratie, derrière le Ghana, le Sénégal, le Botswana et la Tanzanie. La stabilité de son régime dont il a su faire figure depuis les années 90 lui a valu le qualificatif de Terre promise du « laboratoire de la démocratie en Afrique ». Mais aujourd’hui tout semble avoir changé, beaucoup changé. L’usure du temps semble avoir eu raison de la démocratie béninoise qui, peu à peu s’effrite. A mesure que les années s’écoulent et que les élections se succèdent, cette démocratie fond comme une boule de neige au soleil. Regard sur une démocratie aujourd’hui mal dans sa peau…

Le règne des « hommes en Bottes »

 Le Bénin n’est certes pas la Centrafrique qui nargue tous les pays africains en termes de coups d’Etat. Mais le Bénin ne semble pas non plus l’envier en la matière. En effet, l’histoire du Bénin rime avec une kyrielle de coups d’Etat. C’est le 1er Août 1960 que le Dahomey, devenu Bénin en 1975, a acquis son indépendance sous le règne de M. Hubert Maga. Trois années ! Trois malheureuses petites années ! Voici le temps qu’il a fallu au peuple dahoméen pour savourer le goût délicieux de la liberté, de la libération du joug colonial. Ce peuple « affranchi » n’avait pas encore fini de chanter et danser au son de l’indépendance quant un matin de 1963 survint le premier coup d’Etat. Tout est parti de revendications salariales qui ont poussé Hubert Maga à solliciter l’intervention de l’armée pour rétablir l’ordre. Mais, ″le problème avec les militaires, est que vous les appelez parce que vous en avez besoin. Mais ils s’apercevront que le pouvoir est très facile à prendre quand on a la force. Et, demain, ils interviendront sans que vous les appeliez. », remarque Emile Derlin Zinsou qui fut Président du Bénin de 1968 à 1969. Cet appel à l’intervention de l’armée ouvre ainsi la boîte de Pandore et aura suffi au général Christophe Soglo, chef d’état-major, pour inaugurer, le 28 octobre 1963, la série des coups d’État.

De 1963 à 1972, le Dahomey a connu sept coups d’Etat militaires sans compter les tentatives avortées ! Les principaux auteurs sont, nommément cités, Christophe Soglo (1963 puis 1965), Maurice Kouandété (1967 puis 1969), Alphonse Amadou Alley (1967), Paul-Émile de Souza (1969) et Mathieu Kérékou (1972). Pendant environ une décennie, la classe politique et le peuple du Dahomey, dans leur ensemble, ont été pris en otage par une armée indisciplinée, mal organisée et surtout divisée en clans.

Dans la foulée de ces coups d’Etats, les dirigeants béninois ont marché à tâtons sur la voie de la quête de solutions pour stabiliser le pays. Pour cela, ils ont essayé plusieurs expériences politiques. D’abord, ils optent pour le régime parlementaire, puis présidentiel, puis encore présidence bicéphale, avant d’adopter le système triumvirat instauré au premier semestre de l’année 1970. Celui-ci consistait en une présidence tournante dont le seul but était de satisfaire les egos de tous les acteurs. L’échec de ce dernier « plan Marshal » entraînera l’instauration d’un régime militaire (avec un gouvernement tantôt civil, tantôt 100% militaire). A ce dernier a succédé une élection présidentielle au suffrage universel. Toutes ces tentatives furent sans succès ! Le mal était plus profond qu’il ne semblait l’être.

Parmi les causes, celles qui apparaissaient les plus évidentes et les plus coriaces étaient l’ethnicisation et surtout la très forte régionalisation de la vie politique. La démarche politique de chaque leader politique était fortement conditionnée par ce régionalisme ou ce tribalisme plutôt nocif. La lutte pour la domination ou le contrôle ethnique ou régional fit rage entre Hubert Maga « l’homme du Nord », Sourou Migan Apithy, « l’homme du Sud »  et Justin Ahomadegbé « l’homme du Centre-Sud ». Toute cette cacophonie donna lieu à un changement régulier de Constitution dont trois en seulement huit ans.

Il n’était pas, lui, le dernier des Mohicans, mais des faiseurs de coups d’Etat. Lui, c’était Mathieu Kérékou, celui que l’on surnomma le « Caméléon » à la baraka…

 Le « Caméléon » à la baraka et le règne du marxisme-léninisme

Mathieu Kérékou est né le 2 Septembre 1933 à Kourfa non loin de Natitingou au Bénin. Son parcours scolaire fut sommaire. En 1953, il s’engagea plutôt comme volontaire au sein des enfants de troupe et étudia l’art militaire dans différents pays africains dont le Mali et le Sénégal d’où il sort comme sous officier. Brillant militaire, Kérékou servit d’abord dans l’armée française puis dans l’armée du Dahomey où il fut promu major. Il acheva sa carrière militaire avec le grade de Général. Un jour d’Octobre 1972, alors qu’il n’avait que 39 ans, le jeune commandant Kérékou, aidé de deux autres officiers, accéda au pouvoir par la force. Dans la première moitié de ses 27 ans de mandat, Kérékou épousa l’idéologie Marxiste-Leniniste.

Le Marxisme-Leninisme est une idéologie communiste et une philosophie politique officiellement basée sur les théories de Karl Marx, Friedrich Engels et Vladimir Lenin. Il vise à promouvoir la création et le développement d’une société communiste internationale par le leadership d’un parti à la tête d’un Etat socialiste révolutionnaire représentant la dictature du prolétariat. C’est en un mot, une idéologie d’extrême droite anti-bourgeoise, anti-capitaliste, anti-conservatrice, anti-fasciste, anti-impérialiste, anti-libérale, anti-réactionnaire et opposée à la démocratie bourgeoise.

Son surnom, « le Caméléon », Kérékou le tient de la devise dont il a fait sienne du Roi Houessou Akaba dont le règne dura de 1685 à 1708 : «Quand le phacochère regarde vers le ciel, il se fait égorger. Lentement, doucement, le caméléon atteint la cime du fromager». Kérékou qui ne voulait pas se faire égorger comme un phacochère, opta alors pour l’emblème du caméléon à qui tout réussissait à force de persévérance, d’où le terme « la baraka » qui veut dire « la bénédiction ». Le Caméléon à la baraka réussit à asseoir son pouvoir sans difficulté majeure. Kérékou était aimé jusqu’à l’adoration. Pour ses partisans, il était « un vrai patriote ; un prophète ; un sauveur », en un mot, « un chef exemplaire » caractérisé par « un sens élevé de générosité ». Mais il était aussi détesté jusqu’à la diabolisation. Ses adversaires, eux, évoquaient l’intensification du régionalisme et le règne de l’autoritarisme sous son règne. Pour traduire leur aversion au marxisme-léninisme, les Béninois ne manquaient pas d’approches. Avec humour, ils l’avaient baptisé «le laxisme-béninisme».

Nonobstant les critiques de ces détracteurs, le marxisme-léninisme à la touche Kérékou semblait fonctionner jusqu’à ce que, confrontés à la vie chère, des citoyens téméraires se lancent dans la contestation ouverte dès 1979. Le Caméléon réussit à contenir les mouvements de colère mais pas indéfiniment. En 1985, ceux-ci prirent de l’ampleur de même qu’en 1989, obligeant ainsi Kérékou, après 17 ans, à proclamer officiellement le 7 décembre 1989, la fin du marxisme-léninisme. Positivement ou négativement, Kérékou aura marqué la vie politique du Bénin. Si aujourd’hui il est difficile de parler de la démocratie béninoise sans parler du Caméléon, c’est pour ses actions à la tête de l’Etat durant ses mandats dans ses différentes postures de militaire et de civil. Mais c’est surtout pour la grandeur dont il a su faire preuve en favorisant le transfert pacifique du pouvoir à l’issue des élections présidentielles de 1990 qui marquent le départ de cette jeune démocratie.

A suivre…


Thomas Ehouman:« j’ai beau fait, tout m’intéresse »

Que celui qui estime que la jeunesse ivoirienne est en proie à la facilité ou manque d’ambition et de talent lève le doigt. Quand vous rencontrez des jeunes aussi talentueux que Thomas Ehouman, vous avez juste l’envie d’aller au-delà de ce que vous pouvez pour les accompagner à réaliser leur rêve. Thomas m’a été présenté par un ami jeune, lui aussi talentueux, Euphrèm N’Depo. J’ai eu l’occasion de le côtoyer et de découvrir les valeurs qui le caractérise : Courtoisie, humilité, respect et honnêteté en font partir au-delà de son talent et de son acharnement au travail bien fait. Dans l’interview qui suit, Thomas nous parle de sa passion pour le Micro, de ses ambitions et de tout….

Thomas Ehouman, quand talent et jeunesse riment
Thomas Ehouman, quand talent et jeunesse riment

Bonjour Thomas, pour commencer, peux-tu te présenter aux lecteurs ?

Je suis EHOUMAN Ellingan Thomas, étudiant en licence professionnelle 3 de journalisme option radio à l’Institut des Sciences et Techniques de la Communication (ISTC). Je suis Président de l’Association Nationale des Etudiants Journalistes de Côte d’Ivoire(ANEJCI), secrétaire général du Réseau Ivoirien des Communicateurs pour l’Environnement et le Développement Durable (Riced), secrétaire général de l’association des étudiants de l’ISTC et actuellement président intérimaire de ladite association, secrétaire général de l’Association Chrétienne des Elevés et Etudiants Protestants de Côte d’Ivoire (ACEEPCI). Je suis par la même occasion animateur de deux émissions radio (à la radio fréquence vie et la voix de l’Esperance).

Tu es un Etudiant en Journalisme et en même tant animateur d’une des prestigieuses Emissions « Campus Jeune » de la Radio Chrétienne « Fréquence Vie ». A t’écouter, on est émerveillé par ton immense talent. Peux-tu nous parler de ta passion pour le micro et ce que Fréquence Vie t’a apporté depuis que tu y es ?

J’aime la communication. J’avais l’habitude déjà, en étant au lycée scientifique de Yamoussoukro, de tenir le micro en tant que maître de cérémonie au cours de certaines grandes manifestations. Je suis animateur de conférence, mariage etc. La radio me fascine. C’est le media le plus puissant et le plus rapide. C’est le média de l’immédiateté.

Comment envisages-tu ta carrière dans 5 ans et dans quel domaine particulier du journalisme ambitionnes-tu évoluer?

Dans 5 ans je voudrais travailler à la radio « la voix de l’Amérique » en tant que journaliste économique. J’aimerais tenir de grandes émissions de débat. Dans un avenir lointain, je voudrais travailler comme Directeur de communication dans une entreprise ou institution . Cependant je suis la voie de Dieu.

En tant qu’élève journaliste, quel commentaire fais-tu du journalisme en Côte d’Ivoire ? et que répond-tu à ceux qui pensent à tord ou à raison que les journalistes ivoiriens sont des militants politiques masqués ?

Au regard des nombreuses sanctions du premier et second degré prises par le Conseil National de la Presse (CNP),  et après observations personnelles je puis relever que le niveau est bas de façon générale. En témoigne aussi  l’Edition 2013 du prix Ebony qui pour l’une des rares fois n’a pas eu de super prix Ebony. Aussi, faut-il signifier que la plupart des organes de presse sont inféodés aux partis politiques.  Ainsi, il est difficiles pour les journalistes dans leur ensemble de faire la différence entre l’objectivité que leur impose les exigences du métier et le militantisme avéré  et à ciel ouvert.

 Selon toi, peux-ton parler ou non de liberté de la presse en Côte d’Ivoire ?

En côte d’ivoire, il est clair qu’il y a liberté de presse. On peut le vérifier par la multitude d’organes qui se crée chaque mois. Quant à la liberté de la presse, nous pensons qu’elle est à un état un peu précaire. Ce qu’a révélé d’ailleurs le récent rapport de l’ambassade des Etats Unis sur la liberté de presse en Côte d’Ivoire.

 Tu es responsable d’une association des Etudiants de l’ISTC. Peux-tu nous en dire plus ?

Depuis mon entrée à l’ISTC en 2011, je suis SG de l’association des étudiants de l’ISTC,  en ce moment le président intérimaire. Mon rôle  a été jusque-là de veiller et assurer une bonne gestion administrative et d’œuvrer au renforcement des capacités des membres.

Quelle définition donnes-tu du leader et quelles sont selon toi les cinq principales caractéristiques d’un bon leader ? 

Pour moi, le leader est une personne capable de prendre des initiatives et de diriger un groupe. Le leader doit être : Capable de définir une vision et de l’expliquer. Savoir écouter les autres et faire preuve d’humilité. Avoir la maîtrise de soi. Etre courageux et être prêt  à aller jusqu’au bout.

En tant que jeune leader, quel conseil donnerais-tu aux autres jeunes ivoiriens et au-delà pour développer leur leadership et émerger au niveau social?

 Se forger et se former à travers des séminaires de renforcement de capacité. Se fixer des objectifs et les atteindre.

 Que considères-tu comme ton plus grand défaut et ta plus grande qualité ? 

Défaut : Je réponds presque à toutes les sollicitations. Qualité : j’aime apprendre.

Quels sont trois éléments positifs et trois autres négatifs que tu peux souligner sur mon blog ?

Points positifs : la régularité des articles rédigés; Les sujets sont d’actualité; Grande ouverture d’esprit sur tous les sujets. Points négatifs :….

Ton dernier mot ?

Je suis très ouvert à tout ce qui peut contribuer à ma Formation . « j’ai beau fait, tout m’intéresse » c’est ce qu’affirmait un penseur. Je tiens à vous dire merci pour l’interview. A très bientôt!

 

 


Soyez jeunes. Soyez leaders. Rejoignez-nous !

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Si vous avez dit en chaque jeune réside un immense potentiel pouvant le conduire à des lendemains meilleurs s’il sait les exploiter, vous avez tout dit. Je n’ai plus rien à y  ajouter. Cette conviction a toujours guidé mon engagement social et mes actions visant à contribuer à éveiller le leadership qui somnole en chaque jeune de mon âge.

J’annonçais quelques actions que des amis et moi-même entendions mener. Les choses avancent à un rythme dont se moque la tortue, mais de la manière la plus certaine. Les travaux pour la mise en place du réseau des Alumni Afrique des jeunes leaders des Nations unies avancent bien. Le séminaire de restitution à coorganiser  avec l’Association Eclosion reste d’actualité. Je reste toujours disponible à accompagner ceux qui le souhaitent à postuler au programme d’université d’été des Nations unies dès l’appel à candidature prochain. Rien n’est donc perdu.

Au-delà de ces actions, il y a d’autres occasions qui me permettent d’accompagner d’autres jeunes à réaliser leurs objectifs.

Des opportunités qu’offre l’organisation ‘EDUCATION FIRST’

Education First (EF) est la plus grande entreprise privée dédiée à l’éducation au monde créée par Bertil Hult, promoteur du prix de l’excellence Hult Prize en faveur des jeunes entrepreneurs. EF a commencé ses activités en 1965 en Suède et s’est étendue à plusieurs pays. Aujourd’hui, elle est présente dans 54 pays dont deux en Afrique (Afrique du Sud et Libye) et offre des programmes, entre autres, en apprentissage de l’anglais et des diplômes de MBA & Master des affaires. En novembre dernier, j’ai été désigné par le coordonnateur région Afrique comme représentant de l’organisation en Côte d’Ivoire à l’issue de ma participation à la formation que EF a coorganisé avec l’Alliance des Nations unies pour les civilisations à New York. Mon rôle consiste à intéresser plusieurs jeunes au programme, leur donner toutes les informations nécessaires et les accompagner tout au long de leur processus d’inscription. La volonté et l’engagement y sont, le temps pour des actions d’envergure, lui, est un luxe au-delà de mes moyens. Mais tout avance − Bien

Participez au séminaire de la GYCC ce samedi 25 janvier 2014 à 8 h45

Une génération sans cancer, c’est possible et ça commence par toi ! Voici comment on pourrait résumer la vision de la « Global Youth Coalition against Cancer » ou la Coalition mondiale des jeunes contre le cancer, une association à but non lucratif créée par un jeune Nigérian, Taiwo Adesoba, dans le but de fédérer les actions des jeunes à l’échelle mondiale pour lutter contre le cancer. En vue d’une meilleure coordination, le monde a été divisé en douze régions, dont la région Afrique de l’Ouest que je dirige après ma sélection au terme d’un long processus, toujours en novembre 2013, comme Point focal régional pour l’Afrique de l’Ouest. Ici, entre autres tâches, ma responsabilité consiste à coordonner les activités des 15 pays membres de la Cédéao (Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest) et surtout à intéresser plusieurs autres jeunes au programme et les encourager à nous rejoindre pour qu’ensemble nous puissions contribuer à sauver des vies du cancer. Tout avance bien, disons mieux. Nous sommes en ce moment dans la phase de recrutement des Points focaux nationaux dans les différentes régions. J’invite donc ceux qui remplissent les critères à suivre ce lien pour postuler et représenter leur pays. Toutefois, au-delà des points focaux régionaux et nationaux, tous peuvent contribuer, mais… comment ?

C’est pour y répondre ainsi qu’à bien d’autres questions qu’en prélude à la Journée mondiale de lutte contre le cancer du 4 février prochain, la région Afrique de l’Ouest de la GYCC organise sa première conférence ce samedi 25 janvier 2014 de 8 h45 à 11 h30 à la Maison de l’étudiant protestant en face du CHU de Cocody à Abidjan en Côte d’Ivoire sur le thème central « : Jeunesse et lutte contre le cancer : quelle contribution ? », objet du présent billet.

Ce thème principal se déclinera en trois sous thèmes : le premier consistera en une présentation plus détaillée de la Coalition mondiale des jeunes contre le cancer, les critères d’adhésion et les actions à venir; le second fera un état des lieux de la lutte contre le cancer en Côte d’Ivoire et en Afrique de l’Ouest quand le troisième répondra à la question portant sur les contributions que peuvent apporter les jeunes et associations de jeunes dans la lutte contre le cancer. Il mettra un accent particulier sur l’activisme social des jeunes. Les différents exposés seront suivis d’une séance de questions-réponses pour recueillir les contributions des participants ou apporter davantage d’éclaircies. Sont attendus environ cinquante jeunes leaders et responsables d’associations.

Souriez, la bonne nouvelle est que la participation est gratuite ! En plus, un cocktail vous sera servi à la fin, CADEAU ! 🙂

A votre place, j’enverrais illico mon email de confirmation de présence à l’adresse kkoubela@yahoo.fr.

 Si vous ne pouvez pas changer le monde, contribuez au moins à sauver des vies !


Janvier, les illusions d’un mois hypocrite

images (1)L’année 2013 s’est écoulée avec ses joies et ses peines, 2014 commence avec ses mystères et ses promesses. Chacun rêve d’une année nouvelle mieux que celle écoulée et y place toute sa confiance d’où les vœux qui sont formulés. Tradition oblige. En entamant ce premier billet de l’année 2014 je vous présente mes sincères et meilleurs vœux afin que 2014 soit ce que 2013 aura refusé d’être… Passé les vœux, découvrons les illusions que renferme janvier, un mois hypocrite.

 1. Tout paraît vous réussir, côté femme

Tout commence en décembre. C’est le mois saint pour les chrétiens (naissance de l’enfant Jésus), le mois des cadeaux pour les enfants (arrivée du Père Noël du pôle Nord), le mois béni pour les fonctionnaires (avec le 13e mois qui permet de régler ses dettes sans se ruiner), le mois aussi des anniversaires (nombreux sont ceux qui sont nés en décembre). C’est donc un mois de gaieté. Mais ce caractère joyeux de décembre, du fait qu’il intervient juste avant janvier, se trouve sapé par l’hypocrisie de ce dernier. Un trait de cette hypocrisie est qu’en décembre, tout vous réussit, côté femme. Mon ami Belkosida aimait dire que ″si une femme vous refuse depuis des mois et que le 15 décembre elle vous dit non, mieux vaut l’oublier parce qu’elle ne vous aime pas vraiment″. Seraient-elles folles pour le faire ? ″C’est leur traite et aucune fille n’oserait refuser les avances d’un homme, peu importe qu’il soit un boiteux qu’elle aurait vomi des mois avant″, disait Vetcho, mon ami. Même là où elle vous aurait dit non, sur un ton hypocrite, elle vous dira « Chéri, laisse-moi réfléchir », juste le temps des fêtes pour vous friser les poches. L’hypocrisie c’est que son ″Oui″ n’a pas forcément le même sens que celui que vous lui donnez. Oui, elle acceptera vos rendez-vous −le même jour, vos présents −le même jour,  vos billets de banque −le même jour, mais… Non, elle ne vous suivra pas à l’hôtel même une semaine après. Quand vous le lui proposerez, elle vous dira « Chéri, c’est trop tôt. On a tout le temps… en plus on ne se connaît pas assez », mais vous vous connaissez assez pour que le lendemain elle vous demande 5 000 F Cfa pour ses cheveux, 7 000 francs le surlendemain pour ses chaussures et 15 000 trois jours après pour ses habits chez le couturier.

2. Le commerce des illusions

Les lieux de culte sont des passages obligés pour les chrétiens pour entrer en janvier −dans la nouvelle année. Ici, loin de diffamer et toute proportion gardée, tout frise l’hypocrisie. Durant les 365 jours écoulés, les fidèles ont cru aux prophéties, jeûné, veillé, prié et multiplié les offrandes pour voir leur situation changer, mais en vain. Désemparé, la veille de la nouvelle année, et pour entamer janvier avec victoire, le fidèle se rend à la prière du réveillon. C’est alors que le guide religieux lui jure avec versets bibliques à l’appui que sa situation fut ainsi sans doute parce qu’il a soit mal prié, n’a pas assez jeûné, pas fait d’importantes offrandes. Toutefois, lui assurera-t-il, tout peut changer au cours de la nouvelle année qui s’annonce à partir de janvier, mais à condition, bien sûr, qu’il soit plus obéissant à Dieu, ce qui est vrai. Mais, il ajoutera que ce Dieu ″est tel un businessman : comme tu donnes, comme tu reçois″. Pour te convaincre, il te donnera l’exemple de ce monsieur qui n’avait même pas un compte bancaire et à qui il restait seulement un billet de 1 000 francs qu’il ″sema″  dans la vie de l’homme de Dieu le 31 décembre. Le 7 janvier il reçut un SMS  lui indiquant qu’un montant d’1,5 million venait d’être transféré sur son compte. Autre cas, celui d’une vendeuse qui à 37 ans était toujours sans amant, mais qui rencontra un 17 janvier, assise derrière son étal au marché, un richissime homme d’affaires venu d’Europe. Il l’épousa le lendemain et l’emmena en lune de miel aux Bahamas du fait de son offrande dans la nuit du 31 décembre. Espérant qu’ il obtiendra un travail, qu’il recevra de l’argent pour rembourser ses dettes, le fidèle se dépouillera. A la fin de l’année, plus malheureux que l’année précédente, il réalise qu’il a manqué de discernement. Bien sûr, il devait CROIRE en Dieu, mais aussi en lui-même pour initier des projets, certes, Jésus revient, mais ″il n’est pas maçon pour venir construire pour nous″.

3. Puis subitement tout devient nouveau, le premier Jour   

Enfin survient janvier, le petit matin du premier jour de l’année ! C’est ici que s’observe la forme avancée de l’hypocrisie. Quand sonne la première heure de janvier et comme par enchantement, tout se transforme. Les ennemis jurés d’hier deviennent subitement des amis. Le voisin de gauche qui ne t’avait jamais rendu visite s’introduit subitement chez toi et te récite un chapelet de bénédictions pour toi et ta famille. La voisine de droite qui avait toujours chassé de chez elle tes enfants aux heures de repas partage ce jour son repas avec toi. Ton créancier qui ne t’adressait plus la parole ou, au mieux, sur un ton de menace se montre plus poli qu’un militaire malien devant un djihadiste. Il n’y a que ce jour où le cocu souhaite paix et succès à l’amant de son épouse, où la coépouse souhaite santé et longévité à sa rivale qu’elle a tenté d’empoissonner au cours de l’année écoulée. Mais, janvier n’est pas fait que d’actes hypocrites car certains y vont avec beaucoup de sincérité –quand même.

A côté de tout ceci, il y a les vendeurs de vœux. Ceux-là, ils viendront t’égrener une liste de vœux, mais ce n’est pas gratuit. La réponse à un vœu de « Bonne Année » est en principe « Merci ». Mais, si vous répondez ainsi à une fille de Yopougon Selmer, avec un peu de chance, vous vous en sortirez avec une bonne gifle sur la joue droite. Non, ″bonne année″ ailleurs ne veut pas dire ″bonne année″ ici. Puisque vous êtes si idiot pour ne pas le comprendre, elle répétera en ajoutant « Bonne année l’argent ».

Dans tout ça, ce qui fait que moi j’aime janvier, le 1er en particulier, c’est l’occasion qu’il offre au rêve de se confondre à la réalité. Ce jour, et uniquement ce jour-là, la demoiselle sur qui tu fantasmais tout le long de l’année, qui n’avait jamais répondu à tes salutations encore moins te serrer la main, se montre subitement ouverte, accessible au point même d’accepter que tu la prennes dans tes bras et lui fasse des accolades. Tu te dis, oh Dieu de janvier, fasse que chaque jour soit ainsi ! Rien que l’effet de ce jour te pousse à maudire ces psychopathes qui dans leur délire ont ajouté d’autres jours et mois à celui de (1er) janvier. Janvier est donc un mois heureux, mais c’est le seul mois de l’année qui compte 60 jours… Bonne année à tous !

En 2014, Croyez en Dieu, en Vous aussi !


Ghislaine et Claude : 45 jours après…!

45enord.ca
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“Ils sont sans vergogne ! Ils sont les ennemis de la liberté ! Le sens de l’humanisme a foutu le camp chez eux ! A la place de leurs cœurs, ce sont des pierres… !” Voilà quelques messages que j’ai entendus et continue d’entendre depuis 45 Jours que Ghislaine et Claude sont tombés sous les balles assassines des gens d’une barbarie inqualifiable dans l’exercice de leur métier de journaliste et réalisateur. Ces messages sont ceux de personnes qui, parce qu’affligées à raison, ont voulu traduire leur compassion, pour certains, et leur colère, pour d’autres. Je n’aurais pas eu d’expressions plus fortes que celles-là face à ce crime odieux ! Comment ont-ils pu faire ça ?! Nom de Dieu !

Mais, en règle générale, lorsque je me trouve devant un drame dont l’ampleur me dépasse, je préfère plutôt me taire et ruminer mon amertume ou ma compassion, c’est selon. Ceci pour ne pas plonger dans l’euphorie des déclarations parfois justes mais très souvent enflammées et démesurées ainsi que les propos épidermiques tendant à accuser celui-ci ou celui-là dans la recherche des coupables, puisqu’il faut qu’il y ait un coupable.

45 jours après, mais toujours avec la même tristesse éprouvée depuis le premier jour, j’écris ce billet dans trois principaux buts :

  1. Dire à Ghislaine et à Claude, à travers eux à tous les journalistes du monde entier ayant subi le même sort, que leurs ravisseurs sont certes parvenus à éliminer leurs corps physiques mais pas leurs talents ni leurs crédibilités encore moins leurs notoriétés. Qu’ils sont certes partis pour des jours sans lendemains, dans des lieux lointains mais des lieux justes parce que tombés pour une cause juste et noble : INFORMER ! Ils sont morts, mais même morts, ils vivront. Qu’aussi longtemps qu’il y aura un seul individu au monde qui allumera chaque matin son poste radio et captera la chaîne de RFI, c’est en leurs mémoires qu’il le fera. Qu’ils resteront toujours là avec nous, en nous, dans nos esprits, dans nos cœurs.
  2. Dire aux familles de Ghislaine et Claude et, au-delà, à celles des journalistes du monde entier ayant subi le même sort, que ceux qu’ils considéraient hier comme des proches A EUX, le sont moins aujourd’hui parce qu’ils appartiennent désormais à des millions de familles répandues à travers le monde qui pleurent chaque instant, ces martyrs de l’information tombés au champ d’honneur… Chacun à sa manière. Le monde se souviendra d’eux, l’histoire le leur rendra.
  3. Dire ma compassion à toute l’équipe de RFI et, au-delà, à toutes les maisons de presse du monde entier dont les journalistes ont subi le même sort. Sachez, vous, mesdames et messieurs, dans vos différents lieux d’émissions, que vous n’êtes pas les seuls dans le combat que vous menez depuis des années pour avant tout et surtout informer JUSTE, révéler la vérité, donner la parole à ceux et à celles-là qui ne l’ont jamais eu. Vous qui tentez très souvent au puéril de vos vies de mettre à nu les forfaitures des régimes ou groupes de milices, pour apporter la lumière sur des pratiques obscures perpétrées par des gens qui, craignant pour leurs vies, opposent à vos micros, cameras ou stylos, leurs armes… mais « nul ne peut cacher le soleil avec la main », dit-on chez moi. La vérité, comme une lampe, brille toujours dans l’obscurité même couverte. C’est pourquoi, peu importe les tentatives meurtrières de ces gens venus d’ailleurs, de vous museler, vous continuerez d’informer, rien que ça, puisque c’est ce que vous avez appris et vous ne savez que faire ça !

Passé le temps des hommages, place aux interrogations. Il y en a une multitude mais les deux questions fondamentales, me semble-t-il, restent celles-ci : Qui et Pourquoi ?

Difficile de rester assis devant son écran d’ordinateur au coin d’une petite salle et répondre objectivement à ces questions, sauf si l’on veut créer une polémique aussi inutile qu’inféconde. La réponse se trouve sur le terrain, dans les résultats d’une enquête OBJECTIVEMENT menée. C’est pourquoi, en attendant les réponses, je n’ose pas m’y aventurer au risque de plonger dans les délices pervers de la diffamation et de la démagogie. Pas question !

Ce billet vise uniquement à rendre hommage à Ghislaine et à Claude et, à travers eux, à ces nombreux journalistes  qui, chaque jour à un coin du monde, sont contraints de se taire à jamais, très souvent sans que justice ne leur soit rendue. En Ghislaine et Claude, je vois Nobert Zongo et Deyda Hydara En pensant à eux, je me rappelle Yves Debay et Olivier Voisin. Dans les regards de Ghislaine et de Claude qui réclament justice se trouvent ceux de Désiré Oué et d’Anna PolitkovskayaLes cris de Ghislaine et de Claude font retentir ceux de Mohammad Hassin Hashemi et d’Abdihared Osman Adan.

« No se mata la verdad matando los periodistas », peut-on dire en Espagnol, pour dire qu’« on ne tue pas la vérité en tuant les journalistes ». C’est vous qu’on a tué, pas la vérité qui est aussi têtue que l’histoire qui se souviendra toujours de ceux parmi vous, journalistes, tombés dans sa quête. C’est pourquoi d’autres après vous continueront à aller à sa recherche même dans son lieu le plus retranché. En s’interrogeant sur la nécessité ou non pour les journalistes d’aller dans les zones de guerre, certains répondent par la négative. “ Pas question d’abandonner ”,répond Florence Aubenas, journaliste ex-otage détenue en Irak pendant plusieurs mois et libérée en juin 2005, dans son interview accordée au quotidien le Matin du 14 Août 2013 sur la question des journalistes en Syrie. Elle poursuit: “Parce que ce serait comme si un médecin, confronté à une maladie, disait: On n’y arrive pas, c’est trop compliqué, on va laisser les gens mourir. »

Votre rôle est d’informer juste, sans plus, et tant que vous ne ferez que ça, il y a aura toujours des gens pour vous accompagner, pour parler de vous et pour vous en votre absence…

En entendant une véritable application de la résolution 1738 du Conseil de Sécurité des Nations Unies, en espérant l’adoption et l’application sans complaisance d’autres mesures qui protégeraient les journalistes dans leur métier, je termine en réitérant mes condoléances les plus attristées aux familles de Ghislaine, de Claude et de celles de ces centaines voir des milliers d’autres journalistes morts dans l’exercice de leur métier. A ces martyrs de l’information,  je voudrais simplement dire ceci : Demain, justice vous sera rendue ou peut-être jamais. Peu importe ! Mais une chose reste certaine, même morts, vous vivrez, puisque vous avez vécus pour une cause noble : Informer, sans déformer pour transformer !


Nelson Mandela : “Le Roi a mal à la dent !”

A Dieu MADIBA!  A Dieu la Légende!
A Dieu MADIBA! A Dieu la Légende!

Il est Exactement 23h 12 mn. Je m’apprête à aller au lit après une journée chargée et une autre qui s’annonce pas moins que celle d’aujourd’hui. J’hésite entre ouvrir mon dernier livre  de cheveux « Le Monde s’effondre » de Chinua ACHÉBÉ et allumer mon ordinateur pour un petit tour sur Facebook pour lire les derniers posts de mes amis que j’ai raté la journée. Finalement, c’est la dernière option qui l’emporte. C’est alors que je découvre sur la plupart des Murs, ton image suivi de ce message : “Rest In Peac e” chezcertains, “Mandela s’en est allé”, chez d’autres. Madiba s’est éteint, ai-je soupiré, la gorge serrée.

Votre Médecin vous annonce la mort très prochaine de votre mère malade depuis longtemps pour qui plus rien n’est possible. Parce que vous l’aimez, vous refusez de l’admettre et quand survient le jour, vous vous effondrez comme si cela vous avait surpris. Voici comment je me suis senti en apprenant la nouvelle. Ta mort, Madiba, on s’y attendait certes, vu tous les récents évènements autour de ta santé, mais  parce que nous t’aimons d’un amour qu’on n’imagine au mieux que dans les contes de fée, au plus profond de nous même, nous nous refusions de l’admettre. En Afrique, et chez moi en Côte d’Ivoire chez la plupart des ethnies du Groupe Akan, quand un Roi ou une personnalité d’envergure comme tu l’es, Madiba, décède, on dit “le Baobab s’est couché !” ou “le Roi est passé dans la pièce d’à côté” ou encore “le Roi a mal à la dent !”. Madiba, tu t’es couché ! Aujourd’hui tu es parti pour l’au-delà, vers les lieux lointains ! Je n’ai pas besoin d’implorer Dieu pour que repose ton âme en paix à ses côtés. Ce serait faire pareille stupidité que l’enfant qui, la naïveté en bandoulière, invoque Dieu pour qu’il accorde une place aux poissons dans l’eau sans savoir qu’ils ne vivent que là. Tu repose en paix à ses côtés parce qu’il n’y a que là que tu peux être !

Tu aurais pu naître en  Amérique,  en Asie, En Europe ou en Océanie, mais tu n’es né nul part ailleurs, sinon qu’en Afrique parce que tu avais une mission à accomplir ici. Tu le sais, je le sais !

Nous, Africains, n’avions ni les moyens d’aller sur la lune, ni la force qu’offrent les armes pour tenir tête au maître d’hier ou pour dicter nos lois au reste du monde, mais nous t’avions, toi, Madiba. Tu le sais, je le sais !

Tu es d’abord allé à l’école, tu as acquis la connaissance et tu as développé les armes qui te permettraient d’accomplir ta mission. Tu le sais, je le sais !

Avec conviction et à une vitesse que le caméléon n’envie guère, tu as entamé la « Longue marche vers la liberté ». Tu le sais, je le sais !

Ton seul arme fut l’amour. Ton unique but fut la liberté d’un peuple, d’un continent. Tu le sais, je le sais !

Face à l’animosité de l’adversaire, tu as opposé la douceur de l’amitié. Il t’on combattu, t’on battu, mais pas abattu. Tu le sais, je le sais !

Tu as résisté, tu as gagné, tu as accompli ta mission, puis tu t’es retiré. Tu le sais, je le sais !

Comme le fonctionnaire qui a peur d’allé à la retraite parce qu’il n’a rien réalisé pendant ses années de travail, certains craignent la mort au soir de leurs vies parce que n’ayant rien réalisé pendant leurs années de vie. Mais quand on a été investit d’une mission divine, celle de redonner sa liberté, son âme à un peuple et qu’on l’a accompli, bien accompli ; quand on a laissé un héritage dont même nos ennemis s’en enorgueillissent, que reste-t-il encore si ce n’est se coucher? C’est pourquoi depuis là où tu es en ce moment, la haut, aux côtés du Tout Puissant ou dans la pièce d’à côté, tu devrais être FIER. Fier de toi, de ton héritage qui se transmettra de générations en générations.

Tu t’en es allé, certes, mais même loin, tu demeure proche. Même mort tu vivras !

Les millions d’années qui s’écouleront après toi et l’usure du temps ne parviendront jamais à effacer tes traces. L’histoire retiendra ton nom et tes œuvres. Demain, les générations qui ne te connaitront que dans les livres te seront reconnaissantes !

Viva Madiba !  Viva Mandela ! Vive la légende!… qui continue…


Lettre à Monsieur le Gouverneur du District d’Abidjan: S’il vous plaît, que la lumière NE soit plus !

Des élèves Contemplant les statuts lumineuses en hommage aux 7 femmes tuées à Abobo pendant la guerre
Des élèves Contemplant les statuts lumineuses en hommage aux 7 femmes tuées à Abobo pendant la guerre

Excellence Monsieur le Gouverneur,

Depuis longtemps, j’ai eu cette envie de vous écrire pour vous dire des choses, beaucoup de choses. Mais parfois mon instinct me dis, humm… Emile tais-toi ! D’autres fois, ce même instinct si coriace me dit Emile, quand on a une grande admiration pour quelqu’un, on lui parle en face en prenant soin de rester dans les normes et les frontières de la courtoisie pour ne pas se faire taper là-dessus. Mais non, je sais que vous ne me taperez jamais dessus. Vous n’êtes pas comme les autres qui refusent qu’on les pointe du doigt. Vous êtes une personnalité très attachée aux valeurs humaines. Vous êtes franc et faites toujours preuve de fermeté dans vos engagements. C’est exactement ces valeurs que j’aperçois, de loin, en vous qui me plaisent. Je vous admire beaucoup pour celui que vous êtes. Votre personnalité si forte, votre impressionnante façon de parler cadencée avec les gestes de la main et votre croyance en Dieu sont ce qui m’émeuvent chaque fois que je vous vois –à la télé. Mais… parfois il y a de petites choses qui me désolent, c’est pourquoi j’ai décidé de vous écrire.

En 2010 la tempête a secoué la machine électorale à la tête de laquelle vous étiez. On vous a soupçonné à tord ou à raison de vouloir glisser des noms qui profiteraient à certains concurrents au trône présidentiel tant convoité. Vu l’ampleur de l’accusation et des doutes autours de votre culpabilité ou non, je me suis dis que vous feriez mentir ceux qui postulent que « la démission » était un vocabulaire creux dans le dictionnaire des hommes publics Africains.. Que Nenni ! Pour vous, démissionner serait preuve de culpabilité. Or coupable, vous ne l’étiez pas, disiez-vous, donc pas question de démissionner. Vous avez résisté contre vents et marrés. Vous vous êtes plutôt expliqué ! expliqué ! et EXPLIQUÉ encore… ! sans trop convaincre, puisqu’au moins, vous aviez reconnu qu’il y a eu “un dysfonctionnement″ dans votre système. Pour vous contraindre au départ, le Chef d’alors a dissout votre équipe et vous vous êtes cloîtré chez vous le temps de vous faire oublier. Puis, lorsque les regards ont été détournés, vous vous êtes revêtu de votre manteau de militant du Parti vert. Ceux qui, comme moi, avaient parié sur votre impartialité ont commencé à retirer leurs mises…

Une année après, vous avez été nommé à la tête du District d’Abidjan. En faisant appel à vos énormes qualités professionnelles, vous avez redonné vie à nos envies insatiables d’Abidjanais. Pour éclairer nos vies et en votre qualité de chrétien, vous vous êtes souvenu du 1er Chapitre du Livre de Genèse aux versets 3 et 4 : « Dieu dit : que la lumière soit ! Et la lumière fut ! Dieu vit que la lumière était bonne, et Dieu sépara la lumière des ténèbres…».

En Décembre 2011, vous avez décidé de séparer nos misérables vies dans les ténèbres des années de guerre d’avec notre nouvelle vie sous votre commande. Ainsi avez-vous ordonné « Que la lumière soit ! et la lumière fut ! ». Chaque soir, hommes, femmes et enfants, paralytiques et manchots venaient contempler la lumière dans toute sa splendeur. Des malades demandaient des autorisations à leurs médecins pour jouir, juste pour un soir, des bienfaits de la lumière. J’ai même vu des aveugles, qui mendiaient le jour, effectuer le déplacement les soirs, sans leurs cannes ni leurs lunettes, pour voir la lumière de leurs propres yeux! Pour faire jolie, vous l’avez baptisé « la Fête de la lumière » ! Tous venaient donc fêter la lumière pour repartir chez eux aidés des seules lumières que leurs offraient leurs téléphones portables quand ils avaient la chance d’avoir des batteries qui tiennent encore puisque contraints à subir le délestage, la plupart n’avaient plus de courant à domicile.

Vous avez alors vu que la lumière était bonne, et vous avez ordonné qu’elle soit ENCORE en 2012 ! Et elle fut ! Cette fois, elle aurait dû être gigantesque si les revenants des 3000 morts de la guerre qui refusaient de mourir malgré qu’on les y ait contraints par coups de fusils, ne s’y étaient pas mêlés créant un surplus d’invités pour enfin conduire à une  bousculade meurtrière. Très vite, la lumière a fait place aux ténèbres dans les cœurs des familles. Des enfants sont restés orphelins et ne verront jamais le père Noel. Des épouses sont jusqu’à ce jour inconsolables. Des mères ont perdu leurs uniques enfants qui leur donnaient à manger… tout ça, pour voir la Lumière. Rien que ça !

En pareille circonstance, deux questions sont posées : QUI et POURQUOI ?  Pourquoi ? Je crois qu’il y a eu une ébauche de réponse. Mais Qui ? Je ne m’en souvient plus trop. Si ce n’est Pierre, c’est que c’est Paul, dit-on. Mais lorsqu’on a désigné Pierre, il a plutôt pointé du doigt Paul, qui lui a désigné Constant. Selon Constant, c’est plutôt à Mathieu qu’il fallait s’adresser, lui qui croit que c’est surement Médar qui était là le matin. Médar jurait que ce ne pouvait qu’être le fait de Judas, le traite. On croyait tenir le coupable, quand nous fûmes surpris de voir Judas pointer Pierre du doigt… On se croyait dans un jeu de ping-pong. Mais en attendant de savoir QUI, j’ai juré sur les 32 dents de ma bouche que vous démissionneriez ! Non pas parce que vous étiez forcement coupable, mais pour attendre les résultats de la justice et revenir ensuite si vous étiez blanchit. Encore une fois, Que Nenni ! Cependant, personne, ni même vos détracteurs, ne vous reproche de n’avoir pas démissionné, ni en 2010 encore moins en 2012.

Toutefois, nous sommes aujourd’hui en Décembre 2013 et continuons de pleurer nos morts du 31 Décembre 2012. Au nom des familles oubliées de ces 63 morts de trop, j’ai décidé de vous écrire pour vous présenter une seule doléance : S’il vous plaît, que la lumière NE soit plus !

La vraie lumière, je crois, est celle qui illumine le cœur et transparaît sur le visage et non pas celle qui éblouit ce visage affamé qui s’efforce sans conviction de sourire sans parvenir à le rendre gai. Employez-vous donc à égayer les cœurs des enfants, des épouses et des pères. Allez dans les quartiers précaires d’Abobo-Derrière rails, de Yopougon-Yaoséhi, d’Adjamé-Bromacoté et offrez des sacs de riz aux familles pour les fêtes. Organisez des sapins éclatés dans tout le district d’Abidjan pour rendre leurs sourires volés aux enfants des familles de Morts de Décembre 2012. Faites tuer des bœufs à la veille des fêtes de Noel et du nouvel an et partagez aux ménages qui n’auront même pas le luxe de s’acheter un poussin au risque de se voir expulser une semaine après pour n’avoir pas payé les 5000f cfa de loyer soit 10 dollars qu’ils doivent à leur locataire qui attend ce montant pour que sa fille, renvoyée, retourne à l’école.

Éteignez-donc les lumières, Monsieur le Gouverneur, vous sauverez des vies ! Faites-le en mémoire de ceux qui sont partis en Décembre 2012 et à la vie de ceux qui pourraient venir à la fête de Décembre 2013 ! Le Fils de Namory, qui pleure toujours son père, vous sera reconnaissant !


Blogueurs, vos lecteurs sont vos doubles !

Crédit Image: reveurlunaireatypique.unblog.fr
Crédit image: reveurlunaireatypique.unblog.fr

Nombreux sont ceux parmi nous, blogueurs, qui disent être arrivés au blogging par passion. Par cette même passion, ils sacrifient plusieurs plaisirs. Certains perdent même des amis chers parce que n’ayant plus de temps à leur consacrer. Ils consacrent à leurs blogs, entre 1 et 2 tiers de leur temps. Ils bloguent avec leur cœur, sans rien attendre ni recevoir en retour. On pourrait, par exagération, parler de sacerdoce lorsqu’on considère le temps, les ressources financières, l’énergie intellectuelle qu’ils investissent dans la gestion de leurs blogs, et dans l’espoir d’être lu.

Certains blogueurs disent écrire pour eux-mêmes d’abord, pour leurs lecteurs ensuite. Ceux-là sont mus par la passion qu’ils ont pour l’écriture et le besoin de s’exprimer. D’autres soutiennent qu’ils écrivent pour dénoncer une situation, pour susciter le changement à travers des propositions. Ces derniers sont motivés par le désir de créer un impact positif.

Qu’il se situe dans l’une ou l’autre des deux catégories ou même dans les deux à la fois, n’importe quel blogueur est ouvertement ou discrètement « hanté » par le souci d’intéresser davantage de lecteurs à son blog tout en fidélisant ceux qui y sont déjà. C’est ici que commence le rapport « blogueur-lecteur », souvent mal géré.

Il n’y a de lecteur que parce qu’il y a un blogueur. Ceci est une évidence. Mais il n’en est pas moins que c’est le lecteur qui fait le blogueur. Un lecteur parle de notre blog à ses amis, qui en parlent aux leurs ainsi de suite jusqu’à ce que se crée et s’amplifie notre lectorat sauf si notre blog est qualifié de site de diffamation ou autre mauvaise considération. Tous les blogueurs savent qu’un lecteur est aussi précieux qu’un client pour une banque ou un magasin de vente. Leur présence massive augmente notre cote de popularité, leurs commentaires nous encouragent, leurs remarques et suggestions nous permettent de nous améliorer. De leurs satisfactions, nous tirons notre fierté. D’où le nécessaire respect mutuel qui s’impose dans cette relation.

Au lecteur s’impose le respect du temps, des efforts, des moyens mis en œuvre par le blogueur pour écrire, publier et faire connaître son blog. Il n’est pas exclu que le blogueur soit moins pertinent au goût du lecteur ou qu’il aborde des sujets sous des angles diamétralement opposés au sien. Mais, il appartient au lecteur de comprendre que le blogueur est loin d’être omniscient, d’où les limites de ses billets et surtout qu’il écrit avant tout selon ses propres inspirations, sur des sujets d’intérêt à ses yeux, lesquels ne sont pas forcement destinés à plaire à tous.

Au blogueur, et c’est à cela que je voulais en venir, s’impose un respect sans réserve pour le lecteur. Mon père me disait un jour ceci : « Mon garçon, chaque fois qu’un inconnu attire ton attention sur ton attitude ou te prodigue un conseil, aussi saugrenu que celui-ci puisse paraître, ce que tu dois considérer, c’est le temps qu’il a passé à le faire ,car rien ne l’y obligeait ». Ceci pour dire que ce qui compte le plus et que devrait considérer le blogueur dans sa relation avec son lecteur, c’est le facteur temps. Le temps que passe un lecteur à lire son billet, à le commenter alors qu’il aurait pu le passer à faire autre chose est ce qui devrait compter.

Ceux qui lisent la Bible savent que même dans toute Sa Grandeur, Dieu se veut reconnaissant du temps que nous, ses créatures, Lui accordons lorsqu’il dit qu’  « une minute dans ses parvis vaut mieux que milles ailleurs ».  Une minute d’un lecteur passé sur votre blog est à estimer avec tout le respect qui va avec, même quand c’est pour vous écrire un commentaire injurieux dont vous disposez, au demeurant, le droit absolu de supprimer s’il vous déplait.

Il n’est pas rare de voir des lecteurs qui lisent simplement le titre de votre billet ou au mieux des cas, les deux premières lignes et qui y laissent un commentaire complètement décousu et hors contexte . A sa lecture vous maudissez votre premier jour de blogueur. Nonobstant cela, il faut savoir toujours raison garder.

Certains blogueurs, l’orgueil en bandoulière, sans doute surpris par un succès qu’ils doivent à ces mêmes lecteurs, n’hésitent pas à cracher sur ces derniers lorsqu’ils se montrent durs envers eux. Ceci peut être un style. Mais, ma foi, il n’y a pas plus ridicule qu’un blogueur qui répond aux commentaires, aussi désobligeants soient-ils, d’un lecteur par des termes non moins injurieux. La capacité à accepter les critiques, à concéder aux autres leurs opinions et à admettre que n’ayant pas reçu la même éducation, grandit dans les mêmes conditions et vécu les mêmes réalités, nous ne pouvons penser et ré-agir de la même manière sont, de mon point de vue, autant de critères assez importants que tout bon blogueur ou aspirant à l’être devrait considérer dans sa relation avec ses lecteurs.

En janvier dernier les parlementaires ivoiriens votaient une loi pour reconnaitre à la femme en même temps que l’homme le titre de chef de famille. Suite à un billet dans lequel j’exprimais mon aversion à cette loi que je jugeais creuse parce que ne pouvant pas changer grand-chose à la condition de la femme, une lectrice sans doute responsable d’une ONG des femmes en Côte d’Ivoire, m’a laissé un commentaire discourtois. Entre le choix de le supprimer et celui de le laisser, le second l’a emporté. Cela pour dire à ma lectrice que je considère le temps qu’elle a consacré à mon blog, à lire mon billet et à écrire un si long commentaire. Aussi tenais-je à lui dire que je reconnais à mon billet des limites qu’elle aurait bien de relever et surtout que j’accepte qu’elle ne partage pas ma position quoique dans ma réponse j’ai déploré ses injures dont elle aurait pu en faire l’économie.

Selon Nadine de Rothschild dans son œuvre le Bonheur de séduire, l’art de réussir, « Ecrire est un exercice difficile qui requiert à la fois de la légèreté et de la profondeur, de l’esprit et du tact, de la finesse et de l’à-propos. Dans la conversation, les mots sont soutenus ou contrebalancés par le regard, la voix, le geste. Sur une feuille de papier, ils sont seuls. D’où la puissance et la pérennité du verbe ! »  Ceci pour mettre en évidence cet énorme écart entre le blogueur et son texte. Or, c’est  au milieu des deux que se situe le lecteur. C’est donc de là que naissent les quiproquos dans la relation blogueur-lecteur.

La seule attitude, je pense, à adopter de part et d’autre pour ne pas mépriser l’effort, le temps et le sacrifice consentis par chacun est de « se mettre réciproquement dans la peau de l’autre » en écrivant ou en lisant un texte. Ce n’est pas évident, mais cela a le mérite de contribuer à préserver cette précieuse relation, car blogueurs et lecteurs forment deux faces d’une même pièce.

Dédié à Rita Flower, une fidèle lectrice !


Au Bar ‘’Chez les Filles’’, une bouteille suffit !

Au Bar Chez les Fillescrédit photo: emilebela
Au Bar Chez les Filles
crédit photo: emilebela

Abidjan. Yopougon Selmer. Rue des Princes. Carrefour Monde Arabe. Au Bar ‘’Chez les Filles’’. Voici où se donnent rendez-vous, amoureux de l’alcool et professionnel(le)s du sexe. Sur les 13 communes du District d’Abidjan, Yopougon est celle dont l’évocation rime avec joie… ce qui lui a valu le sobriquet de «Yop la Joie » ou « Poy la Belle ». Lorsqu’on parle de Yopougon, la première image qui vous vient est celle de la Rue Princesse.

Située au quartier Selmer, la Rue Princesse se caractérise par ses gigantesques buvettes communément appelés « maquis ». Considérée par le régime actuel comme lieu de délinquance et de perversion, la Rue a subi la foudre dévastatrice des Bulldozers de la Ministre de la Ville et de la Salubrité Urbaine d’alors, Mme Anne Ouloto, dite « Maman Bulldozer », et n’existe aujourd’hui plus que de nom.  Mais chasser le naturel, il revient toujours au gallot. De la Rue princesse, nous sommes passés à la « Rue des Princes ». La mutation s’est faite sans difficulté. L’appellation a changé, mais pas les pratiques. Floraison de Maquis et Bars, consommation insolente de l’alcool, exhibition à outrance du sexe… tout y passe !

Parmi ces Bars qui jalonnent la Rue des Princes, il y en a une que vous n’aimeriez jamais visiter au lendemain de votre baptême Chrétien au risque de renoncer à votre engagement ou si vous aimez votre épouse de peur de la répudier sans motif. Je parle du Bar « Chez les Filles ». Situé au coin de la Rue, sur le prolongement du Mythique Maquis « Monde Arabe », le Bar « Chez les Filles » est une véritable entreprise de commerce du sexe. Ce commerce sans vergogne qui se passe aux yeux et au su de tous ne semble guère interpeller personne et implique trois types d’acteurs : le ou les propriétaires du Bar, les clients, et surtout les jeunes filles de 16 ans et plus.

Chaque responsable d’entreprise dispose d’une stratégie pour attirer et fidéliser sa clientèle. Celle du promoteur du Bar « Chez les Filles », comme son nom l’indique est de bâtir sa fortune sur le corps sacré et nu de la femme, et comme il existe des filles prêtes à monnayer ce qui leur reste de dignité et d’honneur, cette stratégie marche bien.

Vu de l’extérieur, Chez les Filles est un Bar « Normal », disons où adeptes des sensations fortes que produit l’alcool peuvent se rencontrer. Mais de l’intérieur, il en est tout autre. Il s’agit d’un club de Strip-Tease.

De toute ma vie, je n’ai jamais été dans un club de Strip-Tease… Merde ! Je ne m’en rends compte que maintenant ! Qu’ai-je fais de ma vie tout ce temps ? Pauvre type rendu naïf par son attachement aux principes chrétiens !

Toutefois, pour ce que j’ai pu voir à la télé ou qu’on m’a raconté, dans ces clubs, les femmes se contentent de servir 90% nu et de s’exhiber devant les clients, question de leur soutirer quelques billets de banques. Mais « Chez les Filles », en plus de consommer de l’alcool, les clients peuvent « consommer » du sexe de femme… cela aussi longtemps que leurs forces physiques et leurs poches résisteront.

Une seule bouteille de vin mousseux, de l’argent pour les filles dont elles devront probablement rendre compte « au patron » et de l’endurance, voici ce qu’il faut à ces clients pour s’offrir une soirée de rêve, visiter le septième ciel et retourner chez eux…  avec le virus du SIDA dans le sang sans doute. Il n’y a pas de mal à ça non ?!

J’habite à environ deux cent mètres de « Chez les Filles » et donc je suis plus ou moins le déroulement de ce commerce. Certains y vont par curiosité, d’autres par ignorance, d’autres encore par habitude… Tous y entrent et sortent chacun avec ses raisons. Je constate presqu’impuissant sinon qu’écrire ce billet pour dénoncer cette pratique qui n’honore pas les acteurs directement impliqués et qui constitue une atteinte aux bonnes mœurs.

Xavier, appelons-le ainsi, Moniteur d’une Auto Ecole située dans mon quartier dit s’être retrouvé « par ignorance » ce weekend « Chez les Filles ». Il raconte :

Mon ami et moi cherchions un Bar pour décompresser après le boulot. Quand nous sommes entrés dans ce Bar, nous avons vu de belles jeunes filles, grandes de tailles et teints clairs, les unes ; petites, innocentes et puant la fumée de la cigarette, les autres. Toutes étaient quasiment nues. Ce spectacle nous a d’emblé horrifié mais n’a pas dissuadé notre envie de nous divertir. Nous avons passés la commande pour une bouteille de Vin Mousseux au prix de 8.000 fcfa et avions remis à la serveuse un billet de 10.000 f. Lorsque nous nous sommes assis et avons été servis, deux d’entre les filles sont venues à notre table et se sont d’abord mises à s’exhiber nous invitant à contempler, voire même à toucher leurs parties intimes qu’elles nous montraient. Puis comme nous ne réagissions pas, elles se sont assises auprès de nous et se sont mises à nous déboutonner. Nous avions résisté et sommes parvenus à boire deux verres chacun, puis le temps de nous en apercevoir, elles s’étaient entièrement dénudées, nous indiquant, de la main, des gens dans le coin du Bar couchant avec des filles sans que cela ne gêne qui que ce soit et nous invitant à les y rejoindre. C’est seulement alors que nous avions compris l’ampleur de la situation dans laquelle nous nous étions mis. A force de résister, l’une des filles nous a sorti cette phrase : « Monsieur, pardon faut pas faire tu vas gâter mon travail ». Quoi, « mon travail » !? Nom de Dieu ! En nous aidant de nos mains, nous avions tenu nos pantalons et lutté jusqu’à la sortie sous les railleries de ceux qui semblaient s’y plaire. Nous avions fuit y abandonnant notre bouteille, notre monnaie aussi…

Certains parleront d’effets collatéraux de la pauvreté et du chômage grandissant, d’autres d’une corruption généralisée des mœurs… c’est selon l’angle de vision de chacun… peu importe. La réalité est là, dure à regarder en face mais elle se tient ferme devant nous. Ces filles, c’est la société qui les a fabriqués. Ces pratiques, c’est l’impunité qui les a légitimité.

Quand dans une commune aussi vaste que Yopougon, fleurissent à longueurs de journées des Maquis et Bars à tout coin de rue polluant ainsi la vie des habitants et que le Conseil Municipal semble plutôt y tirer profit puisqu’il perçoit sur chaque installation des taxes pour son fonctionnement, c’est à ces pratiques qu’il faut s’attendre. Que fait la police des mœurs dans tout ça ? Ne répondez pas.


Octobre 2012 – Octobre 2013 : 46 FOIS MERCI !

Crédit image: fr.123fr.com
Crédit image: fr.123fr.com

« Le voyage le plus long commence par un premier pas » disait le philosophe Chinois Lao Tse Tzu. Un jour d’Octobre 2012, je posais mon premier pas dans l’aventure Mondoblog avec mon Billet « Et Mondoblog me Sauva ! ».  D’Octobre 2012 à Octobre 2013, cela fait un an que dure l’aventure, une aventure certes périlleuse, quand on se réfère aux péripéties qui accompagnent le blogging, mais passionnante. L’enthousiasme dans le ventre, la passion en bandoulière et hanté par le désir de dire les choses avec mes propres mots, je vous ais entraîné dans cette aventure en vous invitant quarante  six (46) fois à  tout cesser et à ne consacrer votre précieux temps qu’à chacun de mes 46 billets. Aujourd’hui, c’est avec un sentiment de joie que je vous dis MERCI ! 46 fois MERCI !

D’Octobre 2012 à Octobre 2013, nous avons fait ensemble notre petit parcours sans tambour ni trompette. Vu le chemin parcouru, il y a des pas que si l’on pose, on n’est plus sûr d’y revenir, c’est pourquoi nous devons poser tous les pas, sauf ceux qui nous conduisent sur le chemin tortueux et incertain de l’invective, le dénigrement, la propagande, et la diffusion d’information non vérifiées.

En cette fin de mois du premier anniversaire de notre espace à tous, Chronique des Temps Nouveaux, j’ai jugé utile de marquer une légère pause pour revenir sur certains aspects du blog. Naturellement, « quand un dieu se met à l’œuvre pendant six jours, et se dit enfin bravo à lui-même, il en doit résulter quelque chose de passable » disait Faust.  C’est pourquoi au stade actuel de notre aventure commune je ne saurais me féliciter parce que beaucoup reste à faire. Le message passe, mais pas autant que nous le souhaitions. Il faut davantage d’efforts à commencer par une présence active de gens qui, comme vous et moi, croient que le changement est possible. Le changement –positif- pour qu’il se produise, il faut d’abord le rêver, puis y croire. Chaque jour, nous y rêvons, chaque jour, nous posons un pas essentiel vers ce but… mais la tâche est longue et fastidieuse, c’est pourquoi il faut s’y mettre sans relâche.

L’un de vos rôles dans cette dynamique de changement, consiste pour chacun de vous de partager de façon régulière les billets postés, à travers un maximum de « Like » de la Page Facebook du Blog, sans oublier la nécessité de me suivre sur  Twitter pour être le premier à être informé des nouvelles mises à jour. C’est à ce prix que le miracle dont parle toujours Faust,qui « est l’enfant le plus chéri de la foi »,pourra se produire. Celui-ci consistera notamment en une prise de conscience effective par les jeunes, de leurs rôles dans le processus de développement entamé depuis belle lurette.

Parce que votre avis compte et surtout parce que vous avez droit au meilleur, en prélude à ce billet de célébration de l’AN 1 de notre plateforme, je vous ais donné directement la parole à travers une enquête de satisfaction afin que vous releviez ce qui vous a plu ou déplu, afin que vous fassiez des suggestions d’amélioration. Formidable ! Voici ce que vous avez été, en répondant aux questions posées. En faisant l’économie de ce que vous avez apprécié, pour ne considérer que vos suggestions clés d’amélioration vous avez majoritairement souhaité:

  1.  Que le thème général du blog change parce que celui-ci ne le rend pas trop agréable à la lecture ;
  2. Que la police et les couleurs de l’apparence soient améliorées ;
  3. Qu’il y est davantage de publication, de préférence un billet chaque semaine ;
  4. Qu’il y ait davantage d’interview afin d’ouvrir l’espace et faire parler certaines personnes dont il est souvent fait mention dans le blog ;
  5. Que la bibliographie de l’auteur soit améliorée pour permettre à ses lecteurs de mieux le connaitre;
  6. Que les sujets abordés soient beaucoup plus pertinents ;
  7. Que le blog renseigne sur des sujets d’actualité surtout en Afrique de l’Ouest
  8. Que le ton utilisé soit à la fois rigoureux et marrant ;

  En partant du postulat que si le blog est un espace d’expression avant tout personnel, le blogueur n’existe que parce qu’il y a des lecteurs et en considérant l’intérêt que j’accorde à chacun de mes lecteurs, j’ai décidé de céder à ces recommandations. Dans quelques jours, toutes ces recommandations seront prises en compte. En outre, vous aurez droit à d’autres « nouveautés » dont certaines seront celles-ci :

  • Désormais, nous irons tous les deux mois à la rencontre du meilleur lecteur qui se sera fait distingué par ses commentaires ou ses partages des billets sur les medias sociaux, d’une personnalité quelconque du pays ou d’ailleurs à travers une interview ou un article biographique.
  • Les fidèles lecteurs recevront, en ebook, à l’occasion du deuxième anniversaire du blog, les dix meilleurs billets ;
  • Les blogueurs qui le souhaitent pourront soumettre des articles à publier sur mon premier blog, Afrique Objectif Développement ;
  • Une Newsletter sera créée de sorte à permettre à donner le choix à ceux qui le souhaitent d’être mis au courant des publications et éviter les mails de notification des nouvelles publications adressées à des gens qui n’en seraient plus intéressés

 En attendant, pour ceux parmi vous qui n’ont pas lu, parce que n’ayant pas eu le temps ou parce qu’ayant pris le blog en cours d’année et donc n’ayant pas pu parcouru les archives, je vous repropose ci-dessous lesdix Articles les plus lus, pas forcement les meilleurs.

  1. Emile, tu m’as envoyé quoi ?  (30.9.2013)
  2. Cent jeunes leaders à l’école des Nations Unies (27.8.2013)
  3. Le quartier où j’habite, c’est-à-dire Yopougon  (31.1.2013)
  4. Mondoblogueurs, doublez d’efforts  (12.3.2013)
  5. Et Mondoblog me Sauva  (12.10.2012)
  6. Non, moi parle pas Français, Wolof  (11.4.2013)
  7. Quand le 2.0 s’empare de notre vie (28.5.2013)
  8. Réponse d’un petit frère à sa grande sœur (19.12.2013)
  9. Que signifient le néocolonialisme et le panafricanisme pour ceux-là ?  (1.11.12)
  10. Ropéro, ce métier des jeunes ivoiriens  (4.4.2013)

En plus de ceux-là, il y a ceux-ci que vous auriez aimé lire

  1. Tonton, et mon pain d’Abidjan ?  (24.2.2013)
  2. Vive la Mariée, même quand elle n’a que 13 ans ?  (7.3.2013)
  3. Le rêve de Sandrine, le combat de Malala  ( 9.11.2012)

Si vous avez été satisfaits, c’est génial ! Si vous ne l’avez pas été c’est normal, parce que vous méritez le meilleur…Exigez-le, c’est votre droit ! Demain, nous irons loin, très loin… vous avec moi bien sûr !

Mais avant, permettez-moi de vous dire MERCI ! 46 FOIS MERCI!!