Boukari Ouédraogo

A Ouagadougou, il y aura forcément des inondations !

Depuis le début de la saison hivernale au Burkina, la moindre goutte d’eau qui tombe du ciel créé des inondations dans la capitale burkinabè. C’est pourquoi, lorsque le ciel est rempli de gros nuages, c’est la panique totale. La pluie du mercredi 20 juillet 2016 est venue rappeler aux Burkinabè que les dégâts causés par les pluies diluviennes le 1er septembre 2009 peuvent encore se répéter. C’est  le cas d’ailleurs.

Ce canal à Ouagadougou est bouché par des ordures
Ce canal à Ouagadougou est bouché par des ordures

Il n’y a rien d’étonnant à ce que des inondations surviennent après chaque pluie. Le 1er septembre 2009 avait alerté les autorités burkinabè et la population de la gravité de la situation et de la vulnérabilité des populations. Cinq ans après, rien n’a changé. La situation s’est plutôt aggravée ! Des eaux jusqu’aux cuisses, des maisons effondrées, des habitants désemparées, des routes surnagées, des témoignages photos sur les réseaux sociaux, etc. C’est ce que l’on peut constater après chaque pluie. Partout dans les quartiers, des inondations.

Un caniveau bouché dans un quartier de Ouagadougou
Un caniveau bouché dans un quartier de Ouagadougou

Face à la pression démographique que connait la capitale burkinabè, les autorités n’ont pas pu anticiper cet aspect dans les politiques de lotissement de la ville de Ouagadougou. Relogés dans de mauvaises conditions, sur des sites qui ne leur convenaient pas, les sinistrés sont restés dans les zones inondables. Ils sont d’ailleurs les premières victimes lors de chaque inondation.

Toutefois, le mieux que les autorités auraient pu faire pour atténuer la situation, c’est le curage des caniveaux et les autres canaux d’évacuation d’eaux. Justement, c’est là où le bât blesse. Il suffit de sortir dans n’importe quel quartier de Ouagadougou pour constater que les caniveaux sont remplis d’ordures en tout genre comme les déchets ménagers ou les pneus usagés. Dans le passé, la mairie de Ouagadougou organisait des curages de caniveaux. Cette année en particulier, rien n’a été fait. Les inondations à l’hôpital Yalgado Ouédraogo de Ouagadougou sont un parfait exemple. Le gouvernement, pour éviter que l’hôpital ne soit inondé à nouveau, a décidé du déguerpissement des commerçants installés sur les canaux d’évacuation et de leur curage. La mesure a payé car dès la pluie suivante, il n’y a plus eu d’inondations.

Avec un tel caniveau, impossible pour l'eau de circuler
Avec un tel caniveau, impossible pour l’eau de circuler

Mieux vaut prévenir que guérir

Toutefois, il ne faut pas laisser le fantôme entrer dans la maison avant de chercher à le chasser. Mieux vaut prévenir que guérir. C’est pourquoi, de telles initiatives doivent être prises surtout pendant la période sèche. Car, dès que les premières pluies surprennent, il est beaucoup plus difficile de maitriser la situation.

L'eau ne circule pas à parce que ce caniveau est bouché
L’eau ne circule pas à parce que ce caniveau est bouché

Pour éviter de nouvelles inondations, le gouvernement et la mairie de Ouagadougou doivent prendre des mesures fortes. Il s’agit de sensibiliser le citoyen sur les conséquences dans les remplissages des caniveaux avec les ordures de toutes espèces, l’obstruction des caniveaux avec des magasins illégaux, les constructions de bâtiments sur les caniveaux au point de les obstruer. En plus de cela, la mairie doit, à l’approche de chaque saison pluvieuse, curer les caniveaux.

Caniveau inondation Ouagadougou1

En plus de cela, il manque des caniveaux dans certains endroits de la capitale pour l’évacuation de l’eau. Dans les processus de lotissement, le gouvernement burkinabè doit obligatoirement prendre en compte cette question en construisant d’abord les caniveaux et les questions d’assainissement. Sinon, il y aura forcément des inondations à chaque nouvelle pluie.   


Le ministre Rémy Dandjinou veut-il contrôler la télévision nationale du Burkina ?

Lors de l’insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014, les manifestants ont saccagé le matériel de la télévision nationale du Burkina après avoir brûlé l’Assemblée Nationale. La télévision nationale était considérée comme un média au service du pouvoir de Blaise Compaoré en place et chargé de la propagande gouvernementale. C’est pourquoi, les manifestants opposés pourtant seulement à la modification de l’article 37 se sont attaqués à cet autre symbole.   

La RTB a besoin de beaucoup plus de moyens pour être un véritable média de service public
La RTB a besoin de beaucoup plus de moyens pour être un véritable média de service public

La télévision privée BF1 qui appartiendrait à d’anciens bonzes du régime Compaoré parmi lesquels le frère cadet de l’ancien Président Blaise Compaoré a pourtant été épargnée par les insurgés. Le message était passé. Pour éviter que les médias publics soient des instruments au service du pouvoir en place et pour éveiller à l’accès équitable de toutes les parties (partisan du pouvoir, opposition, syndicats etc) à la chaîne nationale, le gouvernement de la Transition a décidé du recrutement du Directeur générale de la Radiodiffusion télévision nationale du Burkina par concours.  Et c’est Danielle Bougaïré qui a été choisie pour une mission de trois ans. Celle-ci décide de faire confiance aux jeunes et aux compétences à la tête de la télévision et aussi de la radio.

A la radio nationale, Évariste Kombary, journaliste qui a fait ses preuves à la télévision nationale, opère avec perspicacité en consolidant les acquis de l’ancien directeur général Ouezzin Louis Oulon qui avaient multiplié le nombre journaux et de flashs d’information sur les antennes de la radio nationale. En plus de cela, Évariste Kombary a apporté une touche avec des émissions d’expressions directes comme « Commentons l’actualité ». Le magazine « Omnisports » est devenu une émission de débat où des analystes, des journalistes et chroniqueurs sportifs sont désormais entendus. Avec lui, la radio nationale instaure une matinale avec un journal bien fourni, des émissions grand public sont au programme. Un journal (à ne pas confondre avec ceux de la radio rurale) en langue mooré est initié.

Des reformes positives à la radio et à la télévision

Certaines télés régionales mises en place et qui n’avaient jusque-là fait rien de probant sont fermées. Canal Arc-en-Ciel qui avait disparu pour faire place à la Radio RTB2 revoit le jour au grand bonheur des Ouagalais et la radio rurale devrait en principe bénéficier d’une antenne autonome pour la promotion des émissions en langues nationales.

Des agents de la RTB manifestants devant le siège de la télévision nationale du Burkina
Des agents de la RTB manifestants devant le siège de la télévision nationale du Burkina

A la télévision nationale, Ouezzin Louis Oulon transforme le visage du journal télévisé avec des reportages de proximité qui sont de plus en plus initiés, la revue de presse est instaurée. La nouvelle direction décide de la création d’un journal des régions pour mieux recadrer le journal de 20 heures qui pouvait durer souvent une heure ou plus ! Les activités des syndicats et partis d’opposition sont désormais couvertes au même titre que ceux du parti au pouvoir et ses alliés. On se rappelle ce rappelle à l’ordre du Congrès pour la Démocratie et le Progrès (CDP), ancien parti au pouvoir qui s’estimait lésé dans la couverture des activités. Les preuves fournis par la RTB ont prouvé le contraire.

Le conducteur du journal dans sa hiérarchisation prend en compte, d’abord les faits touchant directement la population au lieu des reportages institutionnelles habituellement servis. La Télévision tente, tant bien que mal, d’être au cœur des grands évènements. Des émissions de débat sur l’actualité au Burkina, « Débats de presse » et aussi sportive« Sport Box » sont créées. Au temps du système Compaoré, de telles émissions ont été supprimées. Les sites internet de la télévision nationale, les comptes twitter et Facebook deviennent dynamiques. La RTB télé tente donc de s’adapter à l’évolution malgré quelques difficultés.

A petit pas, la télé gagnait le cœur des Burkinabè

Beaucoup de Burkinabè retrouvent par-là du goût à suivre les émissions de la télévision nationale et aussi de la Radio Nationale même si le gouvernement en place semble avoir choisi certains médias privées pour lancer ses scoops, donner sa voix officielle.

Depuis un certain temps, le gouvernement a entrepris un vaste remaniement au niveau des postes stratégiques de l’office de la RTB. Les directeurs, les rédacteurs en chef, les chargés de marketing nommés par Danielle Bougaïré sont remplacés. Danielle Bougaïré arrivé par un test de recrutement serait en sursis car son contrat ne devrait pas être renouvelé. Le gouvernement devrait nommer lui-même son directeur général. Pourquoi ? Le Gouvernement voudrait reprendre la télévision nationale en main car elle n’apprécie pas la nouvelle dynamique enclenchée.

Le ministre en charge de la communication Remis Dandjinou, très critique dans le passé contre la RTB et ancien directeur de la télévision privée Burkina Info, aurait même lâché devant les journalistes que ceux qui ne voudraient pas accepter que la télévision soit au service du gouvernement, pouvaient la quitter. Les autorités interviendraient même pour dénoncer tel ou tel reportage passé sur les antennes de la télévision nationale. En exemple, lorsque le gouvernement a instauré la gratuité des soins pour les enfants dans les centres de santé au Burkina, une équipe de reportage est allée constater l’effectivité de la mesure sur le terrain. La réaction au niveau du gouvernement aurait été amère car l’élément soulignait des insuffisances de la mesure. Et pourtant, c’est un devoir de service public que les agents de la télévision nationale du Burkina ont effectué dans ce cas précis.

Les acquis remis en cause

L’émission « Débats de presse » pendant un moment est suspendue car les invités sont souvent très critiques envers le gouvernement. « Ce que nous vivons avec Dandjinou, c’est plus que de l’ingérence », vous disent certains journalistes de la maison.

Tous ces changements semblent être en train d’être remise en cause. On l’a déjà constaté avec le changement du conducteur de la télé nationale qui commence systématiquement par les activités du gouvernement et de l’Assemblée Nationale. C’est vrai que les attentes au niveau de la télévision nationale sont énormes. Mais il se trouve que le gouvernement semble croire que la télévision nationale devrait être au service de sa communication. Et pourtant, il y a un service d’information du gouvernement créé pour assurer ce rôle. Si la RTB est vraiment un média de service public, Remis Fulgance Dandjinou et le gouvernement burkinabè devraient plutôt laisser les journalistes de cette maison faire parler leur professionnalisme et leur talent afin d’assurer leur mission de service public. Le Conseil supérieur de la communication (CSC) est là pour la régulation.

C’est vrai, la RTB est un organe d’Etat. Mais qui est l’Etat ? L’Etat, c’est tous les Burkinabè. Tous ceux qui payent leur facture d’électricité payent aussi des taxes télés obligatoires. Ce qui signifie donc que ce sont leurs intérêts qui doivent être pris en compte d’abord. C’est l’État qui finance les médias publics. Mais cela ne signifie pas que ce sont les membres du gouvernement qui de leurs poches financent le fonctionnement de la RTB. Si le gouvernement veut avoir son média, il n’a qu’à suivre l’exemple de l’Assemblée Nationale qui s’est dotée d’une radio et qui a déjà un programme télé qui passe pour le moment sur les antennes de la RTB. Si le gouvernement répète les mêmes erreurs qu’au temps du régime Compaoré a tentant de contrôler ce qui se passe sur les ondes de ces stations nationales, elles connaîtront pire que ce qui s’est passé le 30 octobre 2014 !


Concours d’entrée à la police nationale du Burkina : la galère des candidats

Ils sont nombreux ces jeunes burkinabè à la recherche d’un emploi décent. A défaut de trouver un point de chute dans le secteur privé ou dans des Organisations non gouvernementales (ONG), où les salaires sont jugés juteux, les jeunes, une fois le Brevet d’Étude de premier cycle (BEPC) en poche, attendent impatiemment les concours de la fonction publique organisés chaque année par le gouvernement burkinabè pour postuler. Cette année, ils sont des milliers à prendre d’assaut les centres de dépôt avec l’espoir d’être admis à l’issue du concours. Mais « il faut être garçon ».

Tous ces candidats espèrent échapper au chômage grâce à ce concours
Tous ces candidats espèrent échapper au chômage grâce à ce concours

Le soleil est au zénith ce mercredi 13 juillet 2016 au Stade du 4 août de Ouagadougou. Fait inhabituel, des centaines de jeunes hommes et quelques filles,  regroupés sous le contrôle de policiers, sont alignés en plusieurs files indiennes. L’impatience, l’ennui et l’énervement se lisent sur les visages de ces jeunes venus déposer leur candidature pour le concours d’entrée à la police nationale – session 2016. La tension monte. On se crie dessus parce que certains petits malins venus tardivement veulent passer avant.

Certaines se protègent du soleil avec leurs dossiers. Quand on s’approche du groupe, c’est une forte odeur de chaleur humaine qui se dégage. Par vagues de 20, les candidats sont dirigés vers des guichets d’inscription. Là, ils sont d’abord reçus par des agents de la police nationale qui mesurent la taille de chaque candidat, vérifient le dossier avant que ces derniers ne puissent les déposer et récupérer le précieux sésame : le récépissé.

demande concours

A environs deux km de là, au niveau de l’Ecole nationale de la police, c’est presque le même scénario. Tout le long du mur d’environ 200 mètres, les candidats sont alignés, attendant chacun leur tour. Mais pour en arriver là, ces possibles futurs policiers ont galéré. Hamidou Ouédraogo est l’un des candidats pour le concours d’entrée à la police nationale. Comme les autres, il est aussi arrêté sous le soleil attendant son tour au guichet du Stade du 4 août de Ouagadougou : « Hier, on était là vers les 8 heures mais on n’a pas pu déposer. Donc aujourd’hui,  je suis venu à une heure du matin. Actuellement, on est là et on ne sait pas s’ils pourront prendre nos dossiers ou pas. Sinon, ils arrêtent de prendre les dossiers à 14 heures. On a pratiquement dormi ici parce qu’on est venus pour dresser une liste. J’ai quitté la maison à minuit pour pouvoir m’inscrire sur la liste. Je suis là depuis une heure ». Si cela fait deux jours qu’il galère pour déposer son dossier, il a fallu réunir toutes les pièces.

La grève des greffiers a tout compliqué

Là non plus, ce n’était pas facile. Le lancement du concours a coïncidé avec la grève des greffiers au niveau de la justice. Ce qui a retardé la délivrance de certains papiers. « Pour le casier judiciaire, c’était tout un problème. On vous donne un délai de trois ou quatre jours. Dès lors qu’on a lancé le concours de la police, les greffiers sont entrés en grève. Lorsqu’on partait déposer, on m’a dit de revenir le 14 (juillet) alors que le dernier délai c’est le 15 (juillet). Pour le certificat de nationalité, c’est pareil. Cela dure deux semaines à peu près avant de l’avoir », explique Hamidou Ouédraogo.

A l’École nationale de la police, il y a du monde
A l’École nationale de la police, il y a du monde

Mais les fortunes sont diverses qu’on réside à Ouagadougou ou encore hors de la capitale. « Hier, on s’est arrêtés ici jusqu’à 14 heures. Ils ont arrêté parce qu’il y avait des gens qui ont fraudé et qui sont passés et sont rentrés avant nous. J’étais obligé de revenir à minuit pour me coucher ici. On a dressé une liste de 50. Les candidats ont mélangé cette liste. On était obligés de la reprendre ». C’est par ces mots que Sayouba Bagayan commence par expliquer son chemin de croix. Lui qui souhaite être policier dans les prochains mois a dû faire des allers et retours entre Ouagadougou et Niangologo, sa région d’origine, pour des questions de papiers.

La taille est prise en compte dans le recrutement des élèves assistants de police
La taille est prise en compte dans le recrutement des élèves assistants de police

« Par exemple, je suis né à Niangologo. Je suis venu à Ouaga pour faire mon certificat de nationalité. Quand on a regardé mon dossier, on m’a dit que le prénom du père et celui qui est sur mon acte de naissance ne sont pas les mêmes. J’étais obligé alors d’aller le refaire », explique Bagayan avant de lâcher dépité : « quand j’ai fait le certificat d’individualité on m’a dit de repartir dans ma région d’origine pour faire mon certificat de nationalité. Alors que moi je suis ici, je suis élève. Je me débrouille. Imaginez ici Niangologo, le transport fait 8500 francs pour le billet aller. Si vous comptez le retour… ». Aux guichets situés au niveau de l’école de la police nationale, c’est la même galère. Ce n’est pas ce garçon originaire de la ville Ouahigouya qui dira le contraire : « C’est le 11 (juillet) que j’ai eu mon casier. Je suis arrivé à Ouaga hier (12 juillet) et je n’arrive pas à le déposer ».

Pour avoir du travail, il faut dépenser de l’argent

En réalité, en se rendant aux guichets pour les dépôts des dossiers, ces candidats espéraient voir le bout du tunnel après un parcours difficile. Bien avant, ils ont dû sillonner les différents commissariats pour faire légaliser les différents papiers. Il faut dépenser une petite fortune pour cela. « Pour le certificat de nationalité, cela m’a coûté 800 francs CFA sans les timbres. J’ai acheté en plus deux timbres à 200 francs. Le  casier judiciaire lui m’a coûté à 300 francs. J’ai légalisé ma CNIB (carte d’identité) et le diplôme à 400 francs. J’ai aussi fait un certificat de visite et de contre visite à 1000 francs CFA. En plus de cela, il faut compter le timbre de la demande à 250 francs CFA que j’ai acheté avec les revendeurs », explique Hamidou Ouédraogo. Tout cela lui revient à 2500 francs CFA pour un seul concours alors qu’il a déjà dû dépenser de l’argent pour quatre autres passés bien avant. Attention, lorsqu’on réussit à déposer son dossier, il faut prier Dieu, comme le dit quelqu’un, pour que le dossier ne soit pas rejeté pour une erreur, une rature ou parce qu’on a oublié un papier. Auquel cas vous recommencez le rang à zéro.


Témoignage d’un candidat

Ces jeunes aident les candidats à remplir leur dossier contre de 200 francs CFA par dossier
Ces jeunes aident les candidats à remplir leur dossier contre 200 francs CFA par dossier

Que faire ? Pour presque tous les candidats, le problème est simple à résoudre. Il faudrait songer à décentraliser les dépôts des dossiers. Ce serait beaucoup plus simple et cela permettrait de désengorger les guichets du centre unique de Ouagadougou. Au Stade Municipal, c’est également le même engouement alors qu’au niveau du palais de justice de Ouagadougou, de longues files de candidats attendaient de recevoir leur casier judiciaire ou leur certificat de nationalité.

Le lendemain, petit tour au niveau des centres de Stade du 4 août et de l’école nationale de la police. A 16 heures, de longues finales de près de 100 à 200 mètres sont constitués. Les guichets ont fermé. « On va tous dormir ici parce que c’est demain (vendredi 15 juillet 2016) le dernier délai », me fait savoir un candidat que j’avais vu là-bas, la veille.


Aïd El Fitr : après la pénitence, le péché ?

Au Burkina, les musulmans ont fêté l’Aïd El Fitr, la fin du mois de ramadan, le 6 juin 2016. Le mois de ramadan est une période pendant laquelle les fidèles musulmans observent 30 mois de jeûn en se privant effectivement de nourriture mais aussi en multipliant les actions de bienfaisance pour obtenir les grâces de Allah. Mais après le mois de ramadan et l’Aïd El Fitr, au lieu de continuer les actions de grâce, certains musulmans retourneront à de vieilles et mauvaises habitudes.

A la place de la nation de Ouagadougou, les musulmans ont prié pour la fête de l'Aïd El Fitr
A la place de la nation de Ouagadougou, les musulmans ont prié pour la fête de l’Aïd El Fitr

Il n’est pas rare d’entendre des jeûneurs dire : « On fera telle chose après la rupture. On fera telle chose après le ramadan ou après l’Aïd ». Ce qui signifie clairement que ces derniers se donnent le droit de pêcher ou de faire tout ce qui est interdit pendant le mois de ramadan. C’est comme si c’était l’unique période pendant laquelle il était interdit de pécher. Pendant les neuf autres mois, tout est permis.

Sexe, alcool, violence. Beaucoup de jeûneurs burkinabè – faut de pouvoir les appeler véritablement musulmans – vont retourner à ces vices favoris. Si le mois de ramadan est un période de piété, de dévotion, d’adoration, elle est aussi et surtout une grande période d’hypocrisie. En effet, les mosquées sont bondées de fidèles, du coup, quelques unes sont initiées de façon occasionnelle, par endroits, pour permettre aux musulmans d’assurer les prières collectives comme le recommande le saint Coran.

Mais certains actes de bienséances sont vraiment circonstanciels dans la mesure où après la fête de l’Aïd El Fitr, beaucoup de musulmans reprennent à nouveau le chemin de la débauche. On les retrouve en faisant couler à flot l’alcool dans les maquis et bars de Ouagadougou. Ce n’est pas pour rien que des musulmans sont l’objet de raillerie de la part de leurs amis. « Les plus grands consommateurs d’alcool sont les musulmans », dit-on. Les débits de boissons connaissent de faibles affluences et la bière est beaucoup plus glacée que d’habitude.

Chez les musulmans et comme dans presque toutes les religions révélées, les relations sexuelles sont interdites avant le mariage. On pourrait se tromper pendant les onze autres mois mais pendant le mois de ramadan, il faut mieux encore faire preuve de courage pour ceux qui ne sont pas mariés afin de s’abstenir et recevoir les grâces d’Allah le Tout Puissant. Mais tout le monde tente de se rattraper après la fête de l’Aïd El Fitr et bien avant, après la rupture de jeûne le soir venu. Pourtant la fornication est plus grave encore pendant cette période. Celui qui en est coupable a manqué de considération pour les rites sacrées du mois de jeûne.

Les vulgarités, les règlements de compte, les rancœurs refoulées reprennent place après le ramadan. Et pourtant, le mois de ramadan est une porte ouverte pour le croyant qui veut se faire pardonner pour les pêchés commis et se réconcilier avec son Seigneur. C’est la période pendant laquelle le musulman doit prendre de bonnes résolutions dans la crainte de Dieu. Il doit faire preuve de dévotion. Sinon, il se trouve dans la position de celui qui décide de pécher pour aller ensuite se confesser espérant que cela suffisse à les effacer. Après le ramadan, le musulman doit être meilleur.


Ouagadougou : 2500 arbres contre du goudron

Le mois dernier, la presse burkinabè a rapporté que près de 2500 arbres seraient bientôt abattus avenue de Liberté sur la route nationale numéro 4, sur le tronçon qui part du Centre national de transfusion sanguine jusqu’ à l’échangeur de l’Est, en passant devant le parc urbain Brang-Wéogo et l’Ecole nationale des régies financières (ENAREF). L’objectif : l’aménagement de la voie. Cette information a indigné beaucoup de Burkinabè qui ne comprennent pas comment autant d’arbres peuvent être abattus dans un contexte de désertification continue et de péril écologique auxquels il faut faire face.

Le goudron va remplacer des arbres sur cette avenue
Le goudron va remplacer des arbres sur cette avenue

C’est vrai, on ne peut pas faire d’omelette sans casser les œufs. Toute personne qui emprunte cette voie se rendra rapidement compte de son état de dégradation avancée, le goudron est raccommodé, cabossé, la route est parsemée de nids de poules et son étroitesse oblige les conducteurs à se livrer à de vrais créneaux ou encore à se transformer en cascadeurs. En plus les embouteillages sont monstrueux à cet endroit aux heures de pointes ; sans parler de ce qu’il se passe devant l’hôpital Yalgado Ouédraogo, situé sur ce tronçon, les ambulances ont souvent du mal à se frayer un passage pour accéder à l’enceinte de l’hôpital ! Il est vrai que l’état de dégradation de la route et son étroitesse fait qu’elle mérite d’être aménagée pour le bonheur des usagers.

Vidéo d’une partie du tronçon à bitumer

Donc, en même temps qu’il y a nécessité d’aménager cette route, apprendre que 2500 arbres de plusieurs espèces (souvent séculaires) seront abattus est tout de même inquiétant et difficilement acceptable. En traversant cette partie de la ville de Ouagadougou on peut tout de suite constater le changement brusque de la qualité de l’air et de la qualité de l’ombrage que ces près de 2500 arbres proposent ; d’ailleurs la zone, est surnommée le poumon vert de Ouagadougou grâce au parc Bangr-Weogo, riche de plusieurs espèces végétales. Ce parc est une grande attraction de la capitale burkinabè, en le longeant on peut même apercevoir des crocodiles – sacrés dit-on – prenant un bain de soleil !
Malheureusement les Burkinabè risquent de perdre cette richesse avec l’abattage des arbres, dans un contexte d’avancée du désert les différents moyens de lutte semblent avoir du mal à être efficaces. Ne pouvait-on pas garder la végétation et refaire la route en sens unique ? C’est une possibilité. Dans ce cas, il faudrait aménager les routes qui traversent les quartiers pour désengorger l’avenue Charles de Gaulle.

En tous les cas, l’abattage de ces 2500 arbres est le symbole de l’urbanisme galopant considéré comme modèle de développement.
Mais, comme on aime nous rabâcher ici au Burkina : « la route du développement passe par le développement de la route ».


Ouagadougou : au non-loti de Tabtenga, la population manque de tout

Dans le quartier non-loti de Tabtenga dans l’arrondissement 10 de Ouagadougou, la population manque de tout. Elle attend un lotissement dans la zone pour que chacun puisse bénéficier d’une parcelle, de l’eau, de l’électricité et des routes. La population a aussi besoin de centres de santé dans un quartier où règne l’insécurité. C’est à la politique de faire de ce non-loti, un endroit où la population puisse vivre heureuse malgré sa pauvreté. Pour en savoir plus écoutez ma chronique audio ci-dessous.


Burkina Faso : droit à l’héritage des terres aménagées pour les femmes rurales

Depuis le mois de mai 2016, les femmes rurales sont entrées dans la deuxième phase de leur campagne pour la prise en compte de l’attribution des terres aménagées. Elles exigent 30% des terres à travers l’interpellation des élus locaux à la faveur de la campagne des élections municipales.

Les femmes rurales veulent avoir des titres fonciers
Les femmes rurales veulent avoir des titres fonciers

Partant du constat qu’au Burkina Faso les femmes rurales héritent rarement de la terre, oubliées par les politiques dans l’attribution des parcelles aménagées et n’ayant très souvent pas de ressources économiques pour louer ou acheter des lopins de terres, les femmes rurales interpellent donc le gouvernement burkinabè mais aussi les futurs élus.Elles veulent que leur situation, liée à la  la distribution des terres aménagées soit prise en compte lors des élections municipales du dimanche 22 mai 2016.

Les femmes concernées se sont regroupées autour de la campagne « Cultivons », menée par l’ONG Oxfam et la Confédération paysanne du Faso (CPF) pour faire entendre leurs voix et interpeller les autorités burkinabè. A travers cette deuxième phase, ces femmes veulent exiger des acteurs politiques engagés dans ces élections des engagements  pour assurer le respect de  la mesure relative à l’accès et au contrôle de la terre. Six partis politiques de la majorité et de l’opposition se sont engagés à attribuer dans leur programme 30% des terres aménagées aux femmes rurales. Un décret a déjà été pris dans ce sens. Il reste maintenant à l’appliquer.

Il s’agit dans cette campagne menée au Burkina Faso de faire tomber certaines barrières, préjugés, idées reçues qui affirment que les femmes n’ont pas droit à la terre. Le problème est profond puisque les femmes, de façon générale ne peuvent pas être propriétaires.
D’abord, dans la famille de leurs parents, elles sont considérés comme des étrangères parce qu’elles sont amenées à se marier. Les terres qu’elles exploitent  ne leur appartiennent donc pas puisqu’elles sont obligées de la céder une fois mariées. 
Ensuite, chez leur époux, elles ne sont pas propriétaires terriennes parce qu’elles sont là-bas aussi considérées comme des étrangères. Les terres qu’elles exploitent sont des prêts et peuvent être retirées à n’importe quel moment. Finalement, elles ont du mal à mettre en place un programme de gestion des parcelles qu’elles exploitent.

Ces femmes qui se réclament des 60% des acteurs ruraux qui pensent pouvoir sortir de la famine près de 100 millions de personnes. Alors, pourquoi ne pas leur faire confiance ?

 


Phénomène des Garibous au Burkina : prendre le problème à bras le corps

Comment comprendre qu’un lundi, à une heure où les enfants sont supposés être à l’école, que d’autres gamins âgé souvent entre 4 et 16 ans en guenilles, pieds nus, des sébiles à la main sous la forte canicule, se promènent dans les rues de la ville de Ouagadougou pour mendier les restants de nourriture où laver des plats dans des restaurants pour avoir de quoi à manger. On les appelle garibous. Leur place, c’est à l’école.

Les garibous sont visibles aux différents carrefours de Ouagadougou
Les garibous sont visibles aux différents carrefours de Ouagadougou

Chaque jour en petits groupes, souvent seul, les garibous se retrouvent devant les feux tricolores,  les services publics ou privés, dans des lieux de regroupement et souvent même jusque dans des écoles (où se trouvent des enfants de leur âge). Ils s’y retrouvent pour mendier quelques petites pièces de monnaies. Ces enfants ont souvent quitté leurs villages situés parfois à plusieurs centaines de km de Ouagadougou, loin de leurs parents, pour tout simplement étudier le saint coran. La question religieuse est souvent soulevée pour justifier ce phénomène.

Mais les grands maîtres coraniques ont souvent montré qu’en réalité les prescriptions du saint coran sont différentes de la pratique actuelle. L’islam interdit à ses pratiquants de mendier sauf en cas de situation critique ! Une fois en ville, les garibous qui,  sont  chez un maître coranique qui, lui-même se débrouille pour avoir sa pitance quotidienne entouré souvent de plusieurs femmes et enfants qui ne bénéficient pas eux également du minimum vital, sont laissés à eux-mêmes. Ce qui les conduit irrémédiablement à la mendicité.

La vie des Garibous n'est pas enviable
La vie des Garibous n’est pas enviable

Cependant, la question des garibous posent le problème même de la pauvreté au Burkina Faso. En réalité, la question religieuse n’est qu’un prétexte des parents. La cherté des frais de scolarité soulevée par les parents est souvent la raison pour laquelle ces derniers préfèrent éloigner les enfants, des bouches à nourrir du domicile familiale. Il suffit de se promener dans la ville de Ouagadougou, pour se rendre rapidement à l’évidence que le nombre de garibous est en train d’augmenter dans la capitale burkinabè. C’est l’image même de la pauvreté et cela signifie qu’elle augmente.

Et le problème qui se pose, c’est l’avenir réservé à ces garibous. Si l’école l’apprentissage du coran est considérée comme une forme d’école, il se trouve que dans le contexte du Burkina, ces enfants n’ont à la fin de ces études aucun diplôme qui puisse leur permettre de se réinsérer dans le tissu social : ils n’ont pas appris à lire et à écrire, ils n’ont appris aucun métier ! C’est pourquoi, à partir de la majorité et ne pouvant plus mendier, la plupart devient des bandits.

Pour lutter contre la mendicité des enfants, le gouvernement burkinabè doit prévoir un véritable plan de développement qui prend en compte cette couche de la population burkinabè. Il faudrait songer donc à faire en sorte qu’à côté des écoles classiques, les études coraniques puissent être formalisées sans que les enfants aient à payer le moindre franc.


Au Burkina, les jeunes veulent-ils vraiment devenir des paysans?

Le Burkina Faso a organisé du 28 au 30 avril 2016 la Journée nationale du paysan avec pour thème : «Agriculture et lutte contre le chômage : développer et soutenir entrepreneuriat agro-sylvo-pastoral, halieutique et faunique pour l’insertion socio-professionnelle des jeunes». Malgré la pauvreté et les opportunités qu’offre la terre, les jeunes burkinabè ne sont pas forcément devenir des paysans.

Charrue
Il faut donner plus de moyens aux jeunes pour qu’ils puissent entreprendre dans le secteur agricole

Le taux de chômage au Burkina Faso selon le recensement général de la population et de l’habitation de 2006, le taux de chômage est de 2,3%. Les femmes et la couche jeune de la population sont les plus touchées. Alors pays principalement agricole, le Burkina Faso souhaite faire des jeunes un pilier pour un véritable décollage économico-agricole. C’est pourquoi le thème de la 19ème Journée national du paysan, rencontre annuelle d’échanges et de réflexion avec les autorités burkinabè, s’est intéressée particulièrement à entrepreneuriat des jeunes pour réduire le taux de chômage. Et pourtant, les paysans en majorité analphabète qui cultivent la terre sont confrontés à d’énormes difficultés qui n’attirent pas les jeunes.

Le premier obstacle à entrepreneuriat des jeunes dans le milieu agricole demeure l’accès au foncier. Au Burkina Faso, la terre appartient en général au chef de famille qui assure la gestion. Ainsi, il est difficile pour les jeunes d’avoir une grande portion de terre cultivable. Ainsi, tout comme les femmes, les jeunes ont un faible accès à la terre. En plus de cela, le taux d’analphabétisme élevé freine entrepreneuriat agricole au niveau des jeunes. D’ailleurs, même les jeunes instruits se voient mal en train de cultiver la terre. En plus de cela, le concept entrepreneuriat agricole est mal connu au Burkina Faso. Même pour les plus instruits, parler d’ «entrepreneuriat agricole» semble être adressé aux gourous en vestes ou habillés en gros pagnes bassins de la capitale.

Il faut briser des préjugés

Déjà, le système éducatif burkinabè ne favorise pas le retour à la terre des jeunes puisque ces derniers n’apprennent pas grand-chose des pratiques agricoles dans l’école classique. Ainsi, lorsqu’ils finissent le cursus classique ils ne savent rien faire de leurs deux doigts. Sur le plan de l’élevage par exemple, certaines pesanteurs socio-culturelles font croire que posséder de nombreuses vaches est un signe de richesse. Perdre un bœuf à travers la vente dans le monde rural s’avère être une grosse perte pour ces paysans qui préfèrent souvent acheter un bœuf ou de la viande au marché pour les jours de fête.

L’accès aux crédits est un autre calvaire que rencontre les jeunes pour essayer d’entreprendre. Au Burkina, les jeunes ont des idées mais ne bénéficient pas d’accompagnement. Les jeunes ne sont pas suffisamment accompagnés sur le plan des crédits parce que les critères qu’imposent les banques sont inadaptés au monde rural.

Au Burkina, devenir paysan semble être une insulte. A l’école, lorsqu’un élève avait du mal à comprendre les leçons, les instituteurs sortaient comme menacent, le fait qu’ils iraient cultiver la terre. Devenir paysan était donc synonyme d’échec car le rêve de tout élève était devenir fonctionnaire. C’est pourquoi, les jeunes ne veulent pas être des paysans au Burkina Faso. Aujourd’hui encore, ces préjugés demeurent. Pour que les jeunes puissent retour à la terre et pour développer entrepreneuriat agro-sylvo-pastoral, halieutique et faunique, il faudrait réorienter le système éducatif burkinabè en mettant l’accent sur les programmes scolaires dans ce sens mais aussi et surtout allier la théorie à la pratique.


Culture du coton OGM, il faut bouter Monsanto hors du Burkina

« Le partenariat avec la firme Monsanto a permis d’expérimenter le coton Bt depuis 2003. Les résultats obtenus au terme de la période d’expérimentation ne sont pas favorables dans la mesure où la longueur de la soie issue de l’égrainage du coton Bt s’est dégradée et ne répond plus aux besoins du marché », relève un compte rendu du conseil des ministres du Burkina datant du mercredi 13 avril 2016.

OGM Mosanto

Ainsi donc, tous ceux qui dès les premières heures s’étaient opposés à l’utilisation des organismes génétiquement modifiés (OGM) au Burkina Faso ont eu raison. Près d’une dizaine d’années après son introduction officielle, le Burkina Faso est en train de prendre du recul. En réalité, c’est presque par contrainte que coton OGM a été introduit au Burkina Faso sur influence de la firme Monsanto. Beaucoup l’ignorent mais c’est en 2000 que le coton OGM a fait son entrée au Pays des hommes intègres clandestinement imposé à l’ancien régime. Celui-ci l’a officialisé en 2006 pour se conformer aux règlementations internationales. Deux ans après, le gouvernement passait à la vulgarisation de ce produit à grande échelle.

Aujourd’hui, les résultats sont catastrophiques pour le Burkina Faso. Selon les statistiques d’associations de lutte contre le coton bt, le Burkina Faso aurait perdu près de 48 milliards de francs CFA à cause de la mauvaise qualité de la fibre du coton bt.

Ce n’est pas Oumarou Ouédraogo cotonculteur burkinabè de Bondoukuy qui défendra le coton bt. « Lorsque Monsanto a fait savoir qu’il y avait moins de charge avec l’utilisation du coton OGM, les paysans ont pris ça comme un gain. Mais la suite, nous nous sommes rendus compte que nous perdions parce qu’après, on nous a fait savoir qu’il fallait avoir un champ de refuge. C’était désormais une double charge pour nous. En plus, les prix des semences sont trop chers. Il faut débourser près de 30 mille francs CFA pour payer les semences bt alors que les semences naturelles coûtent seulement 806 francs CFA. Lorsque vous cultiver, vous constatez qu’il n’y a pas d’homogénéité entre les plants. Pendant que certaines produisent, d’autres sont à l’état de floraison », témoigne, l’air abattu Ouédraogo.

Alors que promesse a été faite qu’un sac de semence de 12 kg pouvait servir pour un champ d’un hectare, ils se sont rendus compte que les informations étaient fausses. D’abord, les 12 kg ne pouvaient pas couvrir la dimension soulignée en plus de cela, les paysans sont obligés de semer à une deuxième fois engendrant ainsi un deuxième coup. «La séance n’est pas de qualité», conclu ainsi Oumarou Ouédraogo qui ne veut plus entendre parler du coton bt. Ce n’est pas comme ce paysan originaire de la province du Tuy qui s’est laissé berner par les belles paroles sur l’utilisation du coton bt : « On nous a fait savoir que les OGM n’avaient besoin que de deux traitements. Mais dès le premier traitement, nous avons constaté que nos plants étaient attaqués. Nous étions obligés de vendre du maïs pour combler le déficit ».

Boureima Sidibé, un autre cotonculteur a aussi été victime de la mauvaise qualité des semences bt. « Les éleveurs aussi ont été victimes parce que nous utilisons les tourtereaux de coton pour nourrir les animaux. Pourtant certains animaux sont morts en les mangeant. Des paysans se sont suicidés parce qu’ils avaient tout perdu après la mort de leurs animaux ».

Le gouvernement burkinabè recule mais la vigilance doit toujours être de mise puisque l’on a mis l’accent sur la qualité de la fibre et non sur les conséquences connexes. Ce qui signifie que si la question de la qualité de la fibre venait à être résolue, le Burkina pourrait continuer son partenariat avec Monsanto. Les firmes internationales ont compris. Elles tentent d’introduire le coton bt sans que cela ne soit plus appelé OGM. C’est pourquoi la garde doit rester haute.


Au Burkina, des cuiseurs solaires pour protéger l’environnement

Le Burkina Faso, désertique doit faire face à la coupe abusive du bois pour la cuisson en campagne notamment même si les populations urbaines ont aussi recours au bois de chauffe. Les ménages sont obligés avec la pénurie du bois et l’avancée du désert de se tourner vers le gaz. Le Burkina n’étant pas un pays producteur de pétrole, le prix du gaz revient cher pour les sont ceux qui ont des revenus moyens. Et pourtant, les Burkinabè pourraient compenser tout cela par l’utilisation des cuiseurs solaires.

Ce cuiseur solaire nommé SK14 permet une cuisson rapide
Ce cuiseur solaire nommé SK14 permet une cuisson rapide

Au quartier Somgandé, un restaurant attire la curiosité des passants. Juste à l’entrée, de grandes paraboles avec des grandes lames autour desquels sont posées des marmites forcent le regard. A l’intérieur des marmites bouillonnent de la sauce. Un jeune homme Aboubacar Nébié supervise la cuisson. Ces grandes paraboles sur lesquelles sont posées les marmites sont ce qu’on appelle les cuiseurs solaires. Aussi étonnant que cela puisse paraitre, ces cuiseurs solaires sont en train de cuir le déjeuner que les gérants de ce restaurant vont servir aux clients. Ces cuiseurs solaires remplacent ici les cuisinières à gaz, les foyers améliorés et même les foyers à trois pierres traditionnellement utilisées dans la campagne.

Le cuiseur solario est aussi efficace pour cuir de face douce les aliments
Le cuiseur solario est aussi efficace pour cuir de face douce les aliments

Il existe plusieurs types de cuiseurs solaires comme l’explique Aboubacar Nébié. Il s’agit du SK 14 en forme parabolique, le Solario en demi-cercle et le Blassing tube qui ressemble à un petit fût. Il s’agit en quelque sorte d’un four. Comment cela se passe la cuisson des aliments? Les deux premiers reflètent les rayons solaires et les concentrent sur un seul point tandis que le Blassing tube rempli d’huile permet de conserver la chaleur à haute tension. Ainsi donc, ces foyers se servent de la chaleur produite par le soleil pour cuir les aliments.

Ici, une sauce préparé avec le blassing tube
Ici, une sauce préparé avec le blassing tube

Cette technologie à plusieurs avantages. Elle permet de bien cuir les aliments sans que ceux-ci ne brûlent comme l’assure le gérant qui travaille aussi pour la compagnie qui fabrique les cuiseurs solaires. Les cuiseurs solaires ont l’avantage d’être écologique puisqu’ils ne n’utilisent ni le bois ni le gaz. Un pays pauvre comme le Burkina Faso peut tirer beaucoup d’avantage dans la vulgarisation du cuiseur solaire. Cela permettra de protéger l’environnement en limitant grandement la coupe du bois et de lutter contre la pauvreté. Car selon des études, un africain consomme entre 1 et 1,5 kg de bois, aggravant la déforestation et la désertification. La situation est assez grave au Burkina Faso.

« L’exploitation illégale du bois joue également un rôle important dans la déforestation. Et le continent Africain à une grande responsabilité dans cette dégradation puisque près d’un quart de ses exportations de bois sont présumées d’origine illégale. Au Burkina Faso, le deuxième rapport sur l’état de l’environnement au Burkina montre que le pays connait une dynamique de régression de ses superficies forestières à un rythme de 105 000 ha par an due essentiellement à la coupe abusive du bois ».

 Le défi qu’il faut relever pour rendre ces cuiseurs solaires plus adaptés aux ménages burkinabè, c’est de réduire leurs tailles. Ils occupent beaucoup d’espace. Certaines campagnes de lutte le contre le déboisement ont pris en compte la vulgarisation de ces fous solaires. Mais pour le moment, les efforts ne sont pas visibles.


Les Burkinabè veulent des emplois décents

Le gouvernement burkinabè a décidé du recrutement de 4200 enseignants pour l’enseignement post-primaire pour les détenteurs d’un diplôme de BAC+2. En plus de cela, conformément au programme du nouveau Président Roch Marc Christian Kaboré il a aussi décidé de recruter des 16 mille Agents de Santé à base communautaire (ASBC) pour les campagnes du Burkina Faso. Ce plan devrait offrir des emplois aux Burkinabè.

Les Burkinabè attendent du Président Kaboré des mesures fortes pour lutter contre le chômage
Les Burkinabè attendent du Président Kaboré des mesures fortes pour lutter contre le chômage

Ce programme lancé par le gouvernement burkinabè s’étale sur cinq ans et permettra pendant cette période de recruter 16800 enseignants contractuels. Ce programme part du constat du déficit en termes d’enseignants qui s’élève à 6399 enseignants selon les chiffres fournis par le gouvernement. Selon les statistiques 2010 de l’Institut national de la statistique et de la démographie (INSD), il ressort qu’il y a 68% des jeunes sortants de l’enseignement supérieur qui sont touchés par le chômage. 46 milliards de francs CFA seront donc investis pendant la durée de ce programme. Un plan inspiré d’un programme de recrutement d’enseignants en Tunisie.

Bonne idée. Très bonne idée même parce que cela peut contribuer à réduire un tant soit peu le chômage au Burkina Faso. Mais les conditions dans lesquelles seront logés ces enseignants et ces agents de santé communautaire de base ne sont  pas du tout enviables. Ces futurs enseignants issus du monde universitaire  seront payés à 100 mille francs CFA alors que la formation va durer seulement six mois. Pendant cette période, ces derniers auront des perdiems de 30 mille francs CFA. Ce n’est qu’après trois ans de service que ces enseignants recrutés sur mesures spéciales vont passer un concours de la fonction publique pour être intégrés finalement dans la fonction publique.

En réalité, ces mesures ne permettent pas de lutter efficacement contre le chômage et surtout la pauvreté au Burkina Faso. 100 mille francs CFA pour des titulaires d’un BAC+2 ne permet pas de vivre décemment quand on nous connait le prix du loyer qui flambe avec le développement des sites miniers, la cherté des produits de premières nécessités mais aussi les conditions difficiles dans lesquelles s’exerce le métier de l’enseignement au Burkina Faso. Nul doute que ce ne sera pas par passion pour ce métier que les candidats vont courir même juste parce qu’ils auront un petit quelque chose à la fin du mois. En plus de cela, l’Etat souligne qu’à n’importe quel moment, ces enseignants peuvent postuler à d’autres concours. Ce qui veut dire qu’à n’importe quel moment, un enseignant pourra abandonner ses élèves. L’on n’est pas sorti de l’auberge car il s’agit une solution temporaire et non pérenne!

Agents de santé communautaire, un projet mort-né

Le recrutement des agents de santé communautaire de base devra permettre selon le gouvernement de réduire la mortalité maternelle et infantile.  Les agents de santé communautaire de base devraient bénéficier d’une enveloppe mensuelle de 15 mille francs CFA de la part de l’Etat burkinabè et cinq mille francs CFA pour la contribution de leur municipalité même si pour l’année 2016, le gouvernement compte prendre en charge les contributions des mairies. Les candidats pour ce programme devraient être âgés entre 20 et 40 ans avec un niveau minimum de la classe du CM2.

Il faut aussi dire que 20 mille francs CFA pour des agents de santé communautaire de base est dérisoire et c’est le programme qui tombe à l’eau avant d’avoir commencé. Avec le développement des sites miniers, il sera difficile pour l’Etat de retenir les jeunes dans leur communautés puisque ce programme fonctionne sur du bénévolat. Il ne s’agit donc pas d’un moyen de lutte contre le chômage. 20 mille francs CFA, ne fusse qu’au village ne permettent pas de vivre décemment. C’est pourquoi, de tels agents préféreront s’engager dans les sites miniers où ils peuvent miroiter des millions en ne creusant le sol. Aussitôt un emploi trouvé, ces derniers n’hésiteront pas à déposer leurs petites caisses à pharmacie.

C’est pourquoi, l’Etat burkinabè doit plutôt mettre en place des programmes d’emplois qui permettent aux jeunes burkinabè de se prendre en charge et de nourrir leur famille à travers des programmes plus innovants et à long terme. Sinon, ces genres de programme seront mis en place mais n’auront pas une portée dans la lutte contre le chômage et la pauvreté au Burkina Faso.


Au Burkina, les hôpitaux sont des mouroirs

« La ilaha ila Allah Saydi na Mohamed Rasoul Allah ! » « La ilaha ila Allah Saydi na Mohamed Rasoul Allah !» une nuit de février 2016, j’entendis ces cris me fendirent le cœur alors que me trouvai dans une chambre de l’hôpital Yalgado Ouédraogo. D’habitude ces paroles qui signifient : « il n’y a de Dieu que Dieu et Mohamed est son prophète » sont prononcés pour rendre hommage au Tout Puissant. Mais ce jour-là, ces cris symbolisaient la détresse.

 

Hôpital Yalgado OuagaL’intéressé, inconsolable venait de perdre un parent. Par ces paroles, elle tentait peut-être de garder la foi en Dieu malgré la détresse qui la frappait. « Dieu a donné, Dieu a repris ». Il faut donc l’accepter. C’est ce qu’elle voulait traduire malgré la douleur. Au Burkina, c’est ainsi, lorsqu’un malade succombe, l’on attribue cela à la volonté de Dieu. Cette scène n’est pas extraordinaire pour les habitués de cet hôpital. Il est le plus grand de Ouagadougou et aussi du Burkina mais Yalgado Ouédraogo est dépassé malgré tout. Il suffit d’entrer dans n’importe quelle chambre pour constater le désastre. Les couches de peintures sont en train de craquelés devant sous le poids du vieillissement. De fortes odeurs nauséabondes que tente de couvrir celle de l’eau de javel se dégagent.

Ce n’est pas dans ces lits qu’il faut exiger le confort. Aussitôt qu’un malade quitte, un autre le remplace automatiquement parfois sans nettoyage. Un simple drap et le nouveau venu y prendre place. Si vous accompagnez un malade à l’hôpital et que vous avez un lit, c’est déjà quelque chose de gagner. Sinon, le prochain casse-tête demeure les ordonnances qu’il faut honorer. Il ne suffit pas toutefois d’avoir de l’argent car, il faudrait souvent faire le tour des pharmacies de la capitale pour trouver les médicaments prescrits.

Près d’une semaine après avoir rédigé mon billet, je suis tombé sur cette publication que je partage

C’était il y’a quelques jours, au CHU-YO #Burkina#TémoignageAdama Pamtaba :  » (…) ma femme a été reçue dans la nuit…

Posté par Amelie Gue sur vendredi 18 mars 2016

Les médecins eux-mêmes ont récemment dénoncé, lors d’une grève les conditions dans lesquelles ils travaillent. Ils ont pointé du doigt le manque de plateaux techniques et de réactifs. Ce qui est un secret de polichinelle. Si ceux-là même qui sont chargés de soigner les malades se plaignent des moyens mis à leur disposition cela témoigne de la gravité de la situation.

Mais là également les reproches ne manquent pas. Les médecins délaissent les hôpitaux publics pour les cliniques privées où les soins sont plus onéreux et hors de porter des Burkinabè dont une grande partie vie en dessous de 650 francs CFA le mois.

Ne soyons donc pas surpris que des milliers de Burkinabè à la place des hôpitaux préfèrent se soigner à l’indigénat où les soins sont moins coûteux. Si ce n’est pas les pratiques traditionnelles, certains choisissent les églises où ils se font souvent arnaquer par des soi-disant pasteurs.

Les hôpitaux burkinabè sont des mouroirs parce que les malades y sont juste en sursis attendant le jour fatidique si le médecin ne vous demande pas d’aller achever vos derniers jours à domicile.

Le célèbre journaliste burkinabè Norbert Zongo assassiné en 1998 avait dit qu’il ne faisait plus de reportages à l’hôpital Yalgado tant il en a parlé. Mais en réalité, ce n’est pas parce que les choses ne changent pas qu’il faut arrêter de dénoncer les mauvaises conditions dans les hôpitaux burkinabè. Au contraire, il faut continuer de dénoncer pour que ça change.


Burkina Faso : la pauvreté qui saute aux yeux

Ce matin, comme tous les matins, je me promenais dans les rues de Ouagadougou. L’atmosphère de décembre était glaciale. Il était tôt, le soleil venait de se lever. Les gens marchaient, l’esprit occupé, d’un pas souvent rapide. Ils rejoignaient qui le bureau, qui l’atelier, leur journée de travail commençait. Des enfants se rendaient à l’école. En arrivant sur un rond-point je vis, allongée sur le trottoir, une dame avec une fillette. Cette vision m’a sidérée, elle m’a emplie de tristesse. La fillette tentait apparemment de réveiller sa maman, toujours endormie, enveloppée dans des haillons qui la protégeaient à peine du froid.

 

femme pauvre pauvrété


Cette femme était surement fatiguée d’avoir passé ses précédentes journées sous un soleil ardent, à mendier. Les moustiques ne l’ont sûrement pas laissée tranquille pendant la nuit. Que faire ? Je ne devrais plus y penser. 
Je devrais continuer mon chemin sans y réfléchir, me donner simplement une explication rapide, cette femme couchée à même le trottoir, c’est une folle, oui ces gens-là sont des fous, c’est ce qu’on a l’habitude de dire… Pourtant, elle a un enfant. Qui oserait faire un enfant à une folle ? Bizarre non ? C’est qu’en réalité elle n’est pas folle.
Ces femmes et ces hommes que nous voyons errer en pleine ville à Ouagadougou, à moitié couverts de guenilles, avec des dreadlocks crasseux, ne sont pas fous. Ces hommes et ces femmes ont simplement été marqués par la dureté de la vie. La vie ne leur a rien épargné, ils ne sont pas parvenus à s’en sortir. Et le drame dans tout ça, c’est que parfois la pauvreté et le désoeuvrement rend fou. Pas besoin de voir un gourou dans une église pour les aider recouvrer leur esprit. Ces hommes et ces femmes qui sont seuls et qui ont tout perdu, ont juste besoin d’un toit et de quoi manger. Survivre dans la rue est très dur, ils ont besoin de reprendre des forces. Mais ils ne sont pas fous. Ils ont besoin qu’on leur offre un cadre pour recommencer à exister, pour se regarder, peut être pour commencer à s’épanouir. Mais si personne ne vient vers eux, ils risquent de devenirs fous.
La pauvreté est de plus en plus visible à Ouagadougou, le président du Burkina Faso, Roch Marc Christian Kaboré, doit s’en préoccuper. Il faut que la lutte contre la pauvreté soit la priorité du gouvernement. Parce-qu’on ne peut pas passer son chemin et ne plus y penser…


Le domicile de François Compaoré, symbole d’un peuple assoiffé de justice

Le domicile de François Compaoré, frère de l’ancien chef d’Etat Blaise Compaoré a été pillé le 31 octobre 2016 suite à l’insurrection populaire qui a emporté son frère. Aujourd’hui, ce bâtiment de luxe en ruine, orné de graffitis et autres dessins est toujours l’objet de curiosité.

Norbert Zongo Thomas Sankara domicile François Compaoré

Après le pillage de cette grande bâtisse qui surplombe toutes les habitations de la place, des bruits de découvertes macabres ont couru. En réalité, il s’agissait d’interprétations fallacieuses d’éléments trouvés sur place : des boîtes de tomates supposés être des sébiles de mendiants offerts en sacrifice, des photos artistiques censées illustrées des rituels sorciers, des têtes de moutons toutes fraîches retrouvées sur place etc. Toutefois, des comptes rendu d’espionnage de personnalités dont le célèbre journaliste Norbert Zongo, trouvé sur place, photocopié et vendus ont notamment montré que François Compaoré était vraiment le « Petit Président ». C’est lui qui dirigeait le pays. Un mot, une note, une phrase de sa part pouvait faire ou défaire n’importe quel dirigeant, bloquer ou débloquer une situation.

Plus d’une année après la chute du régime de Blaise Compaoré, des graffitis, le domicile de François Compaoré situé sur l’avenue Charles de Gaulle de Ouagadougou en face de l’Université de Ouagadougou et non loin du terrain de l’Etoile Filante de Ouagadougou (EFO) dont il est supporter est toujours l’objet de curiosité. L’engouement a diminué. Quand on accède à la cours, une image frappe. Celle représentant le journaliste Norbert Zongo assassiné en 1998 par des membres du défunt régiment de sécurité présidentielle (RSP) et également celle de Thomas Sankara. Les images de ces deux héros nationaux trônent côte à côte.

Cette image de ces deux personnages illustre tout simplement la barbarie de l’ancien régime. La boulimie du pouvoir symbolisé par l’assassinat de Thomas Sankara et musèlement de la liberté d’expression et de penser avec l’homicide de Norbert Zongo.

Plusieurs jeunes à l’image de Simporé servent de guide aux visiteurs de cette maison qui contient un sous terrain. Les personnes n’ont avisées pourraient s’y perdre ou ne pas voir certaines recoins. Pour Simporé cette maison devra tout simplement servir de musée comme le bâtiment qui abritait l’ex Assemblée Nationale du Burkina brûlée à la date du 30 octobre 2014. Il veut le bien parce que ceux qui visitent le domicile de François Compaoré lui laisse quelques sous. «Ça va empêcher certaines personnes de vivre sur le dos des pauvres », lance Simporé.


Burkina : Il faut arrêter les Koglwéogo

Koglwéogo. Ce mot traduit de façon littérale signifie en langue locale mooré (parlée au Burkina Faso) « Protéger l’environnement », « protéger la nature », «Protéger chez nous». Les Koglwéogo sont des milices d’auto-défense constituées par des populations au niveau de leur localité pour mettre hors d’état de nuire tous les bandits et autres voleurs. Mais ces justiciers d’un nouvel air règne sans aucun respect des droits de l’homme.

Image d'une personne victime des tortures des Koglwéogo (ph. Saidou Bagaré Diallo)
Image d’une personne victime des tortures des Koglwéogo (ph. Saidou Bagaré Diallo)

Les Kogwéogo sont nés partant du constat d’un vide sécuritaire au Burkina Faso. Les braquages, les vols, les meurtres sont effectivement monnaies courantes au Burkina Faso. C’est partant du fait que l’Etat burkinabè du constat de la faillite de l’Etat dans la protection des biens et des personnes que ces milices d’auto-défenses ont pris de l’ampleur et se propagent comme une trainée de poudre sur tout le territoire burkinabè. Si on peut saluer la prise en main de leur propre sécurité, il faut cependant dénoncer le fait que cette même population mette en place sa propre justice. Pour un œuf volé, (et pour éviter que l’on ne vole un bœuf), le supposé coupable paye 15 mille francs CFA plus une corde qui va servir à l’attaché en public au prix de 5 mille francs CFA.

Je partage avec vous l’image de l’oeuvre des fameux « Koglwéogo » A Sapouy. L’homme que vous voyez sur cette photo a été…

Posté par Pema Gael Bayala sur mercredi 17 février 2016

 Avec les Koglwéogo, la notion de présomption d’annonce n’a pas sa place. Le présumé coupable qui refuse de reconnaitre les faits est fouetté à sang avec des épineux. L’objectif des bastonnades est d’amener celui-ci à reconnaitre les faits. Et cela peut conduire jusqu’à la mort comme ce fut le cas dans la localité de Sapouy le mercredi 17 février 2016 deux jeunes hommes soupçonnés d’avoir volé un bœuf ont été bastonné jusqu’à ce que l’un d’entre eux perde la vie ! Les auteurs de ce meurtre et des sévices corporels interpellés par la police, c’est près de 300 membres de cette milice des Koglwéogo ont convergé vers le commissariat de cette localité pour s’opposer à l’arrestation à l’un des leurs. « Si on veut les arrêter, qu’on nous arrête tous », a-t-on entendu l’un des leurs affirmé lors d’une édition du journal de la télévision nationale du Burkina.

C’est la crainte émisse contre ces tribunaux spéciaux, qui ne justifient d’aucune base légale auteurs d’actes de barbaries. Dans un état démocratique, de droit, de telles structures ne sauraient être tolérées.

[…] Et ils prirent les armes contre l’Etat…

Posté par Nachire Ussen Sawadogo sur jeudi 18 février 2016

Ces brigades d’auto-défense ont peut-être une mission noble qui est d’arrêter les délinquants. Mais qui nous dit qu’un jour ces milices ne se transformeront en armée de rébellion ? Qui nous dit qu’elles ne feront pas l’objet de récupération par des hommes d’affaires ou des politiciens véreux ? Qui nous dit que des membres du Koglwéogo ne se serviront pas de cette milice comme moyen de règlement de compte ? Autant de questions qui perturbent et qui devraient amener le gouvernement burkinabè à prendre les mesures nécessaires pour arrêter ces Koglwéogo afin d’éviter le pire. Des rebellions au Mexique, au Nigeria avec Boko Haram et même au Mali avec le MLNA sont nées presque de façon similaire. Si rien n’est fait alors chaque burkinabè pourra être son propre justicier. En voulant contrôler les Koglwéogo, ils risquent un jour de devenir irrécupérables comme ces monstres de laboratoires comme dans les films de fictions qui échappent à la fin à leurs créateurs pour se retourner contre eux.


Ouagadougou : Des routes pathétiques!

Les routes du Burkina sont dans un piteux état. Le cas de Ouagadougou est presque le reflet de ce que vit tout le pays.

route ouaga 4

Il suffit d’emprunter n’importe quelle voie de la capitale burkinabè, hormis l’avenue Charles de Gaulle qui part du premier ministère jusqu’au niveau du musée nationale et le boulevard Mouamar Kadhafi qui part de l’échangeur de l’Ouest jusqu’au Palais de Kossyam, les autres bitumes sont état de délabrement avancés. C’est pourquoi, il faudrait être un véritable cascadeur pour circuler dans la capitale burkinabè.Route Burkina

L’Avenue des Tansoba illustre parfaitement l’état de délabrement des routes burkinabè. Impossible de parcourir un km sur cette avenue sans le risque de d’atterrir dans un nid de poules. Ces trous sont souvent béants comme des une gueule de lion prête à avaler une antilope.

Cette situation s’explique par le vieillissement de ces routes construites il y a souvent plus de trente ans. Cependant, certaines chaussés sont très loin de cet étage mais l’état de dégradation est au même niveau. Certains bitumes ont tout simplement été mal réalisés. Et l’on se demande si l’on n’a pas retenu 10% de l’argent destiné à la construction de ces routes.

Il faut utiliser des pneus pour cacher des nids de poules à Ouagadougou
Il faut utiliser des pneus pour cacher des nids de poules à Ouagadougou

En plus de cela, les travaux menés souvent par des structures comme la Société nationale burkinabè d’électricité (SONABEL) et de l’Office nationale de l’eau (ONEA) sur la chaussée contribue à la dégradée.

La situation est encore plus sévère lorsque l’on se trouve en saison pluvieuse. Les habitants de Ouagadougou sont confrontés pendant cette période à des accidents fréquents. Derrière une petite flaque d’eau, au milieu de la route, se cache un gros fossé. Non averti, l’on y atterrit pour terminer à l’hôpital.

Presque toutes les routes sont dégradées à Ouagadougou
Presque toutes les routes sont dégradées à Ouagadougou

L’état de délabrement des routes de la ville de Ouagadougou est le reflet (et nous mesurons les mots) de ce que vit tout le pays : routes dégradées, impraticables, inexistantes etc.


Fraudes aux concours : Enquêter sur les centres de formation

Le gouvernement burkinabè a annulé les concours de la fonction publique saison 2015 à cause des nombreuses fraudes qui l’ont entaché. Saidou Birba, patron de Birba Formations, formateur des candidats aux concours de la fonction publique a été reconnu coupable de fraude à l’issue du procès portant sur cette affaire le vendredi 23 octobre 2015. Cette affaire doit conduire le gouvernement à investiguer sur toutes les structures de formation aux concours de la fonction publique.

MAIGA FORMATION

« Soucieux de préserver l’équité, la transparence dans l’organisation des concours et l’égalité des chances des candidats de la promotion 2015, le Conseil a décidé de la reprise desdits concours en les alignant sur ceux de 2016 ». Ceci est un extrait du conseil des ministres du mercredi 10 février 2016 annonçant l’annulation de 12 à 90 concours soit au total 787 postes sur 9773 ouverts. Cette décision part du constat des nombreuses fraudes qui ont émaillé les concours de la fonction publique pour l’année 2015 impliquant de grosses têtes dont particulièrement l’ancien directeur de la télévision nationale du Burkina Ouezzin Louis Oulon (pourtant très respecté dans son corps de métier pour son professionnalisme).

Dans cette histoire de fraudes, les enquêtes ont mis la main sur Seydou Birba, dont la structure Birba Formations est connue à Ouagadougou. La structure forme les candidats mais aussi leur vend des fascicules de sujets. Seydou Birba a avoué lors de son procès qu’il a fourni des sujets des concours, pourtant supposés être secrets, aux neveux de Ouezzin Louis Oulon. La fuite est partie du cabinet chargé de la confection des sujets. Ils ont tous été condamnés.

Le Conseil des ministres a instruit le ministre en charge du dossier de prendre toutes les mesures de rigueur nécessaires, afin de prévenir la fraude sur les concours d’accès à la Fonction publique. En réalité, le gouvernement burkinabè, au-delà de l’organisation des concours, doit aussi s’intéresser aux fonctionnements de ces établissements de formations qui pullulent dans la capitale burkinabè. Ils sont vus comme la passerelle pour l’obtention d’un emploi au Burkina Faso. Il existe également la structure Maiga Formations même si cette structure n’est pas impliquée dans le procès. Le gouvernement doit avoir un œil sur tout ce qui se passe dans ces centres de formations car, c’est parce que les candidats pensent que les sujets peuvent s’y trouver qu’ils s’inscrivent pour ces formations.

Si beaucoup de jeunes dépensent d’énormes sommes pour s’inscrire aux concours, acheter les documents, c’est parce que les épreuves ne reflètent rien de ce que les candidats ont appris dans les livres. C’est pourquoi, un étudiant en droit passera des concours de la santé, non pas par vocation, mais pour multiplier ses chances de quitter le monde du chômage. Pour plus de chance, pour plus d’égalité, pour que la compétence prévale, le gouvernement burkinabè doit supprimer les fameuses épreuves de psychotechniques, véritables casse-têtes, qui en réalité ne traduisent pas le niveau réel d’un candidat.