DANIA EBONGUE

Les mots de la Francophonie – Chapitre 9 : les mots 2015 du dictionnaire à Abidjan

On y était avant les dictionnaires Le Robert et Larousse. On le leur a imposé même, ces nouveaux modes, ces nouveaux modes d’expression. Pas moins de 150 nouveaux mots de la langue française qui épousent l’ère du temps. Dans l’avion qui nous conduisait à Abidjan, Ulrich a proposé : « Faisons-nous un selfie ».

Selfie de Dania, Ulrich et William dans l'avion
Selfie de Dania, Ulrich et William dans l’avion

Ah, il était loin d’imaginer que cette expression entrerait officiellement dans le dico de 2015. Sur place à Abidjan, un de nos responsables, dont le nom commence par Z a aussi enrichi notre vocabulaire. C’était un vapoteur, il faisait du vapotage, c’est-à-dire qu’il vapotait. Pendant ce temps-là, ma douce Danielle passait le temps à créer et à explorer des hashtag. On peut citer #‎mondoformation, ou encore  ‪#‎mondoteam, mais le plus célèbre de ceux-ci reste bien entendu #MondoblogAbidjan. Abidjan était vraiment dans la tête des 67 blogueurs. Personne, non personne n’avait envie de procrastiner (« avoir tendance à remettre au lendemain ») toutes les photos et tous billets relatifs à Abidjan ou au VTC (véhicule de tourisme avec chauffeur) que l’Office du tourisme ivoirien nous a alloué pendant notre merveilleux séjour. C’est vrai qu’on va regretter qu’au petit-déjeuner à Grand Bassam, il n’y avait pas de spécialiste de la préparation du café (barista), pas plus que de speck, « jambon cru légèrement fumé et séché ». Tans mieux, les nouveaux végétariens et végétaliens appelés véganes n’auraient sans doute pas apprécié.  Ils auraient aimé indubitablement la danse improvisée par une troupe ivoirienne au bord de la piscine, qui a poussé Ahlem B à montrer ses talents en matière de Zumba et de prequel, « épisode d’une œuvre dont l’action se situe avant celle des épisodes précédents » dont l’autre spécialiste reconnu est Aphtal. A Abidjan, il y’avait parmi nous des superhéros comme Wonk, qui m’a parlé longtemps de cette vraie-fausse histoire du faux héros nommé Soundiata Keita. Il y’avait aussi les dessins de Marnie et ses comics « bande dessinée américaine, spécialement de science-fiction». Il y’avait côté formation, l’infatigable Gaëlle et ses photos un peu agaçantes, qui intervenait sur tout lors des formations, et qui a d’ailleurs très bien assimilé ses leçons sur la cyberattaque, et sur les  MOOC (Massive Online Open Course- « cours libre et massif en ligne »-) dont elle attend bientôt une certification.

Ah oui, il y’avait de tout cela à Abidjan. Il y’avait même parmi nous, un troll, « internaute qui cherche à créer la polémique sur un forum de discussion ou sur les réseaux sociaux ». Ce troll a été déclenché à la suite de la question de l’homosexualité pendant la formation. Chut ! L’éternel débat. Heureusement il y’avait vraiment pas de quoi psychoter,  le débat a été très vite dissipé avec zénitude lorsque Ziad m’a demandé la définition du Barcamp. A ce moment-là, on m’a surnommé le verbicruciste, « personne qui conçoit des mots croisés, en rédige les définitions ». Oui, dans le néologisme Barcamp, il y’a le bar et le camp qui sont associés. Le Larousse et Le Robert devraient donc plus souvent fréquenter les mondoblogueurs, car nous étions les précurseurs des mots de 2015, les nouveaux mots de la Francophonie, laquelle Francophonie, représentée par Brinel Moreau, était bel bien aux côtés des mondoblogueurs d’Abidjan. Alors à quand des nouveaux mots de la Francophonie tels que Mondobloguer ou Mondoblogueurs ?


Amobé Mévégué se fait virer de la fête nationale du Cameroun

Amobé Mevegué (ici avec Myriam Makeba), toujours en tenue africaine
Amobé Mevegué (ici avec Myriam Makeba), toujours en tenue africaine

Mince alors, le mépris des Africains est allé trop loin. Quoi ? On vient d’expulser Amobé Mévégué, le chantre de l’infomusement à Paris, à l’occasion de la fête nationale du Cameroun, parce qu’il a revêtu une tenue trop africaine au goût du protocole de l’ambassade du Cameroun à Paris. Quelle belle aliénation de croire que la tenue conforme c’est le costume- cravate sombre à l’occidentale ? Que dire des chemises de Mandela ou encore des tenues de Goodluck Jonathan ? En tout cas, voici le témoignage d’Amobé lui-même :

Comment je me suis fait virer de la fête nationale du Cameroun !

Il y a quelques jours, je reçois l’appel courtois d’une personne de l’ambassade du Cameroun me proposant, car regrettant de ne l’avoir fait plus tôt, de me faire acheminer un carton d’invitation pour la célébration de la fête nationale du Cameroun au pavillon Dauphine à Paris.

Ce à quoi, je réponds favorablement, car bien que de nationalité camerounaise il m’arrive souvent d’être invité dans de nombreuses cérémonies identiques données par les États africains.

À 18 heures précises, je me présente donc au lieu-dit, j’y salue plusieurs personnes, amis et connaissances et me dirige vers le service de protocole.

Ce dernier m’interpelle avec vigueur pour me signifier l’impossibilité pour moi d’entrer dans l’enceinte du pavillon ! Par courtoisie, je ne souhaite pas nommer les personnes qui s’opposent à mon entrée, pour éviter toute forme de polémique inutile.

Raison invoquée : « Votre habillement Monsieur, ne correspond pas au standing de nos invités » !

Je précise que comme à l’accoutumée, je suis paré d’étoffes africaines que je juge nobles. J’encaisse le coup, reste zen, parle avec courtoisie et feint d’être surpris, quelques personnalités connues passent, me saluent gênées, et pénètrent dans le lieu de tant de convoitises.

Un molosse me lance, « Monsieur allez vous changer, vous pourrez entrer » !
Je lui réponds que pour rien au monde, je ne changerai ma nature ! Qu’il me semblait hallucinant, que le jour d’une fête nationale d’un pays africain, le citoyen que je suis, souhaitant honorer ses ancêtres, chaque jour parce ce que c’est son choix, en portant les étoffes des peuples et des civilisations d’Afrique, se voit expulser pour non- conformité prétendue avec l’exigence de la fameuse locution « Tenue correcte exigée » !

J’aimerais savoir sur cette terre qui fixe les codes d’une tenue correcte ? Qui exige ? Qui ?

J’ose avancer que mes tenues africaines m’ont accompagné dans le monde entier, sur tous les continents à la rencontre des plus grandes personnalités.

Je m’entends dire que chaque nation à ses codes ! Lesquels donc, en résonance à quoi, à qui ?

Comble de l’ironie, je tente alors d’expliquer à mes détracteurs que 4 jours auparavant au même endroit, j’ai présenté avec des étoffes semblables, un gala devant le président Abdou Diouf, le ministre français de l’Intérieur Bernard Cazeneuve, l’ambassadeur du Sénégal, la procureure de la CPI – Cour pénale internationale, sans que cela ne suscite le moindre émoi.

Réponse du protocole :  »  Le Cameroun, c’est le Cameroun !  » Ne voulant susciter aucun esclandre, j’ai demandé à ce que Mr l’ambassadeur soit informé de mon départ, ayant refusé d’aller troquer mes « guêtres » pour des tenues plus « indiquées ».

La vie m’a donné la chance de visiter beaucoup de pays, et d’être reçu par les plus grandes autorités de ces derniers. Ma fierté était aussi souvent d’y arborer des tenues africaines de tous nos pays, parfois mêmes indiennes dont j’apprécie particulièrement le style. J’entends bien ricaner une certaine bourgeoisie africaine décomplexée à qui je rétorque, pourquoi pas si tel est mon choix.

Je n’impose pas à mes contemporains d’opter pour telle ou telle orientation vestimentaire, aussi je revendique le droit à assumer mes choix. Ne souhaitant faire aucun prosélytisme, je ne vois pas en quoi, un Obom du pays Béti, le Ndop du pays Bamiléké, le Bogolan du Mali et tant d’autres étoffes et chaussures léguées par nos ancêtres, seraient moins nobles que le costard cravate ou le smoking, pour celui qui en fait le choix ?

Il semble que ce mal qui s’apparente à une aliénation chronique soit plus profond en Afrique centrale qu’en Afrique de l’Ouest. C’est ce que je constate avec dépit.
Nombreux sont les pays où les tenues et chaussures traditionnelles ont droit de cité dans les chancelleries !

Se faire éconduire pour une si ridicule raison me conforte dans l’idée de poursuivre cette forme de résistance à l’uniformisation de nos modes de vie.

Il se trouve que dans quelques jours, je serai l’un des invités d’honneur du festival ciné droit libre au Burkina Faso, aux côtés de l’ancien chef d’Etat Jerry Rawlings, croyez-moi, plus que jamais je serai habillé de la même sorte, « boubouifié » jusqu’aux dents !

Sans invective, je propose de lancer le débat sur ce thème qui selon moi en dit long sur les maux d’une certaine Afrique. Merci de réagir dans l’apaisement à cette histoire qui ferait sans doute rire un extra terrestre, celle d’un Africain chassé de la fête nationale de son pays, parce qu’il s’habillait librement comme ses ancêtres !

Viré de la fête nationale du Cameroun du pavillon Dauphine de Paris pour cause de « tenues non conformes au standing requis », alors que quelques jours auparavant, je présentais un gala dans le même pavillon Dauphine, avec les mêmes « tenues non conformes au standing requis » devant un ancien chef d’Etat, la représentante du président Macky Sall, le ministre français de l’Intérieur, de nombreuses personnalités….qui est fou ??

Amobé Mévégué


Le Cameroun est émergent aujourd’hui

Cameroun, émergent ou énervant?
Cameroun, émergent ou énervant?

Pourquoi est-ce que les gens sont si dubitatifs ? Voilà que le Cameroun est enfin devenu émergent, longtemps, mais longtemps avant l’échéance de 2035 annoncée par le président Biya. Je vous dis que le Cameroun est émergent. La preuve, le grand Chef fait un remaniement ministériel et a nommé des jeunes technocrates. Cette fois, il n’a plus été question de distribution de « cadeaux électoraux ». On est passé de 60 ministres à 16 ministres. On a même réduit le train de vie de l’Etat.

Désormais l’argent des séminaires, des colloques et autres ateliers a été reversé dans les projets des collectivités locales. On a créé des stades de foot dans chaque chef-lieu de département. On a même construit des routes, des ponts, des aéroports. Je vous dis : j’ai pris l’avion pour Bamenda, et en trente minutes j’y étais. Une hôtesse m’a même accueilli avec le sourire à ma descente d’avion. Elle m’a aussitôt orienté vers les bagages et m’a souhaité un agréable séjour. J’ai pu écouter ma radio préférée, la FM 94 sur place. Fini, les zones d’ombre et de silence. La CRTV (Cameroun Radio Télévision) est passée au numérique avant l’échéance de 2015. Plus besoin donc d’habiter Yaoundé pour écouter ma radio, car grâce au système RDS, ma radio me suit partout. Je vous assure que le Cameroun est émergent.

Désormais, il y’a un poste de police dans chaque quartier. Vous appelez et ils sont là. Vous vous faites braquer et les bandits sont aussitôt arrêtés, car le système d’alerte est devenu le plus puissant d’Afrique. Ma mère est tombée malade, et une ambulance du SAMU est venue la chercher en 5 minutes pour la transporter au service des urgences de l’hôpital central. Là bas, on l’a traitée comme une reine. L’infirmière lui a rapidement pris les paramètres et le médecin a décidé de respecter son serment d’hypocrite d’Hippocrate et s’est penché sur son cas avec tout le sérieux du monde. Il lui a même dit : « Ça va aller madame,vous êtes entre de bonnes mains. Ne vous inquiétez pas pour votre facture, désormais le Cameroun assure la sécurité sociale des malades ». Je me suis senti tellement bien que je suis allé me coucher sereinement. Rien qu’avec les paroles du toubib, je sais que ma mère guérira. Je suis donc rentré à la maison, et il y avait une forte pluie, mais curieusement, AES SONEL n’a pas coupé l’électricité. J’ai donc déclaré comme mon ami Florian Ngimbis : Je suis camerounais, j’aime AES SONEL.

Le couple vent et pluie n’était plus égal à coupure de courant. J’éprouve un immense bonheur à vivre dans ce nouveau Cameroun, et je me demande pourquoi tous mes voisins du quartier sont partis à Paris. Pour chercher quoi là-bas ? Ils disent que là-bas, il y a le métro et le métro est à l’heure. Mais, il y’a un métro déjà à Yaoundé. Non seulement il est à l’heure, mais il est gratuit. Ils disent que là-bas, quand le président se déplace, on ne bloque pas la route pendant des heures comme à Yaoundé. Qu’est-ce qu’ils racontent ? C’est de la pure diffamation hein ? Notre président se déplace en hélicoptère, car il a du souci pour ses compatriotes et ne veut pas les embêter avec un protocole inutile. Pure diffamation, je vous dis.

Ils disent qu’à Paris, on a des valeurs et on est respectueux des autres. Là je ne suis vraiment pas d’accord. N’est-ce pas à Douala, les enfants sont déjà polis, bien élevés, avec de bonnes manières. N’est-ce pas les jeunes filles s’adonnent à leurs études et ne calculent plus les Blancs qui foulent le sol de Douala ? N’est-ce pas le sida a été réduit à Douala et à Kribi de moitié ? D’ailleurs, la prise en charge est gratuite, le palu est presque éradiqué et les gens ont désormais confiance en leur système médical. Le Cameroun a beaucoup changé, je vous dis. Les procédures judiciaires sont devenues judicieuses. On traite votre cas avec délicatesse, on vous fait passer un procès rapidement, et la corruption n’existe plus dans nos tribunaux. Les diplômés ne monnayent plus pour avoir des notes. Les professeurs désagrégés sont devenus des vrais maîtres de conscience et ne se livrent plus à une guerre inutile pour des postes politiques. Le Cameroun a changé, je vous dis. Un instant… Ma mère m’appelle et me secoue. « Lève-toi, lève-toi ! » me dit-elle. Comment est-ce possible est-elle sortie de l’hôpital si vite ? C’est que ce médecin-là est donc un vrai magicien. « Lève-toi ! » insiste-t-elle. Je me redresse et je constate que ma mère est bel et bien devant moi. Elle ajoute : « Il est 6 heures, tu as oublié que si tu ne sors pas tôt, tu vas passer des heures à stopper le taxi et tu ne seras pas à l’heure ». Quoi ? Mais on a le métro, il y’a plus d’embouteillages à Yaoundé non ? Où sont passés tous ces échangeurs et ces routes secondaires ? Mince alors…

Ce n’était qu’un rêve !


Camair-Co justifie sa réputation de « Air Peut-être ».

 

Camair Co, l'étoile qui ne brille plus
Camair Co, l’étoile qui ne brille plus

Il est 3h du matin à l’aéroport international de Douala et j’ai faim, assis là, dans une salle d’attente où plusieurs passagers en provenance de Lagos et d’Abidjan attendent qu’on leur dise quelque chose. De fait, Camair-Co, la compagnie aérienne nationale du Cameroun, a bouleversé ses lignes internationales à cause du report de son vol  QCM 362 prévu initialement à 13h 55 au départ d’Abidjan, et repoussé finalement à 20h 30 ce lundi 12 mai 2014. C’est un message reçu le matin même du voyage par Ulrich Tadajeu, l’un des mondoblogueurs camerounais présents en Côte d’ivoire qui annonce le report du vol. Heureusement, il était en roaming et sa puce camerounaise a reçu le message, juste au moment où nous quittions notre petit déjeuner express pour entrer dans le bus à 9h, direction l’aéroport Félix Houphouët Boigny.

Une journée de plus en Côte d’ivoire à se tourner les pousses avant de tomber sur le célèbre disc-jockey camerounais Pat Kool, qui lui m’annonce : « Toi au moins, tu as de la chance de l’avoir aujourd’hui, moi j’attends cet avion depuis vendredi ».

Dj Pat Kool, célèbre au Cameroun
Dj Pat Kool, célèbre au Cameroun

 

C’est une fois dans l’avion que j’ai compris que Camair-Co avait combiné son vol annulé de vendredi à celui retardé du lundi. Le commandant de bord a déclaré qu’il s’agissait du « vol 361-362 », soit deux vols pour le prix d’un. L’ambiance était tendue dans l’avion, ceux qui étaient en attente depuis vendredi, et ceux qui ont embarqué après l’escale de Lagos et qui espéraient cet avion depuis 24 heures.

Me voici donc à Douala, en pleine nuit. C’est connu, je suis Duala et je n’aime pas Douala. Rester dans cet aéroport est un enfer, à commencer par les toilettes qui n’ont pas d’eau. Belle image pour le Cameroun… Belle image aussi de cette hôtesse de Camair-Co qui m’a servi deux maigrelets sandwichs dans l’avion, sans le sourire, je précise. Les gens qui livrent la bouffe à Camair-Co pensent que les passagers sont des oiseaux ? Non mais…Quatre heures de vol et une collation aussi insignifiante ? L’hôtesse a passé le temps à répéter : « Veuillez nous excuser pour les désagréments de ce voyage ». C’est un peu facile non ? Si au moins on nous consolait avec la bouffe, la vraie ! Mais non.

L’avion lui-même ressemblait lui-même à un gros bus urbain : passagers serrés, bagages à main débordés, ambiance surchauffée. Camair-Co procède t-elle comme un taxi brousse désormais ? Faire le plein avant de démarrer ? C’est tout comme. Nous voici à Douala et toujours personne pour nous renseigner. Apparemment nous ne sommes pas les seuls, même les passagers de Libreville ne savent plus à quel démon se damner. La colère des passagers est d’autant plus grande qu’il y’a comme une honte à constater que notre chère Camair-Co ne dispose que d’un seul avion de référence, le Boeing 737-700 qui fait des allers et venues entre plusieurs aéroports par jour, d’où les retards réguliers.

Et pourtant, j’étais si fier de voyager avec Camair-Co. Je trouvais cet acte patriotique et encourageant pour l’économie locale. Je trouvais qu’acheter un billet Camair-Co c’était nourrir des familles camerounaises, et j’en voulais à tous ces ministres et autorités qui préféraient prendre d’autres compagnies pour des raisons que je constate aujourd’hui. Chaque jour, je menai un combat idéaliste contre ceux qui avaient surnommé cette compagnie « Air Peut-être », c’est-à-dire la compagnie de l’incertitude. Aujourd’hui je vais me taire. Je vais juste faire un constat : « L’étoile du Cameroun » ne brille plus. Ce slogan de Camair-Co porte si mal son nom que j’ai failli m’arracher les cheveux en écoutant tous ces passagers ivoiriens, gabonais et nigérians traiter le Cameroun de tous les noms d’oiseaux. Apparemment, il n’ya que moi que ça perturbe ici. Déjà une heure assis surplace et pas de nouvelle pour la suite de notre correspondance. Aucune autorité de Camair-Co qui vienne s’excuser, juste un tour furtif d’un agent de la compagnie qui dépose des boissons sucrées sur la table alors que certaines dames réclament du café. Ce café ne viendra jamais, pas plus que l’agent d’ailleurs. Des rumeurs courent que le prochain vol pour Yaoundé c’est à 7h du matin. Enfin…peut-être.


Mon top 10 musical

C’est mon hit parade musical sur le web. Je traverse les âges, les récits et aussi des expériences vécues personnelles. Chacun de ces clips est une histoire de ma vie…A vos clips, prêts, partez !

N°10: ARRESTED DEVELOPMENT-Everyday People.

Headliner et Speechétaient les membres fondateurs de ce groupe de hip-hop originaire de la ville d’Atlanta aux Etats-Unis.  Le groupe a été créé en 1988 et reflète dans sa chorégraphie l’héritage de la culture négro-africaine. 3 Years, 5 Months & 2 Days in the Life Of…, a été leur premier album à succès avec notamment le titre Everyday People. 1992, quelle belle année ! Je découvrais le Soul Train Music Awards avec des groupes comme Boyz II Men, ou encore le virtuose Babyface. Cette année-là, le hip-hop écolo d’Arreted Development m’avait séduit. Grâce à eux, je m’étais procuré mon premier walkman. Dégustez !

N°9: BABYFACE-For the cool in you.

Ce faiseur de tubes et d’artistes aura influencé le RnB et la soul des années 1990 aux Etats-Unis. Infatigable auteur compositeur et chanteur, Babyface aura fait germer en moi la flamme qui s’appelle amour. Ma première drague se faisait sur le tube For the cool in you.

For every tear you’ve cried, I’ve cried a thousand times
Never once did I want you to hurt inside
I wanna thank you for the chill in you
Especially for you being so cool
This is for the cool in you

Pour chaque larme que tu as versée, j’ai pleuré mille fois. Pas un seul instant, j’ai voulu te blesser. Je voudrais te remercier pour ce charme spécial, pour toi qui es si cool. Pour le charme en toi.

Merci Babyface, merci à toi Marie-Cécile, à qui je la chantais. Dégustez!

N°8: Kadja Nin-Sambolera.

Et cette Burundaise est apparue dans ma vie de mélomane, mais aussi comme une injonction exotique. J’en parlais déjà dans mon billet intitulé : que sont-elles devenues ? Tout ce qui sonnait Burundi à Yaoundé m’interpellait grâce à cette chanson. A défaut de me rendre à Bujumbura, c’est d’abord mon amitié profonde avec Alice Ntirumera qui me rapprocha de ce pays en 1996, avant de rencontrer en 1998, Marie-Laetitia Kankera. Le pont commun entre elles : beauté, intelligence, intuition et sensibilité. Mon panafricanisme a débuté par là. Savourez !

N°7: Les Nubians-Makeda.

Oups ! Il y aurait beaucoup de choses à dires au sujet des princesses nubiennes que sont Célia et Hélène Faussart. Les Nubians ont rythmé ma vie depuis 1999. Tout d’abord j’étais fan de ces Franco-Camerounaises en suivant leur actualité au jour le jour. Puis, il y a eu leur disque d’or aux Etats-Unis avec l’album Princesses Nubiennes, suivi de leur nomination aux Grammy Awards pour l’album One step forward. Il y a eu ensuite la naissance de ma fille en 2004. Je l’ai nommée Makeda. Et depuis, Les Nubians et moi, c’est simplement une amitié profonde. De fan, je suis devenu leur attaché de presse.

Hélène Faussart et Dania, Tournée "New Revolution" en 2012
Hélène Faussart et Dania, Tournée « New Revolution » en 2012

Hé oui, que la vie plus être surprenante ! Regardez maintenant!

N°6: Philémon-Brèves romances.

C’est un artiste du nom de Jeddah SADE qui m’a filé l’album « Les soulfood sessions vol .1 » en 2005. Album dans lequel se trouve un artiste d’origine camerounaise du nom de Dan Kamit. Dans ce bouillon de soul à la française, se trouvent les lyrics très poétiques de Philémon. Un vrai régal.

Se serait bien qu’on se voit souvent ptite lady
j’aimerais qu’on se voit qu’on se dise bonjour et pas ciao
j’te cache pas que tes formes physiquement deja mis KO
quand tu me vois fais pas comme si j’n’existe pas
jte parle, tu m’attaches de l’importance car tu me regardes de haut en bas
ah bon? Peut être parc’que t’es trop fier, tu clignotes des paupières
pour me faire comprendre: nous n’avons pas les mêmes valeurs
quand tu me croises tu lèves la tête mais moi je sais
par ton entourage que t’es sentiments sont exposés
qu’à monégard tu es plutôt bien disposée
en fait tu m’ connais, tu m’connais comme un homme, homme commun
tu m’kiffes et on a rendez-vous demain tu te souviens?

Chaque fois que je réécoute cette chanson, c’est l’extase. Faites-en de même !

N°5: Zeynab-Baba mi.

Divine et sublime Zeynab, symbole d’une Afrique de l’Ouest intégrée. Elle est Béninoise ayant vécu en Côte d’Ivoire, et d’ethnie yoruba. Ce qui veut dire que Ghanéens,Togolais et Nigérians la comprennent. La chanson Baba mi est un hymne à son Dieu, dans un Yorouba qui semble nous familiariser avec les films de Nollywood. Pétillante, admirez !

N°4: Soweto Gospel Choir-Khymbaya.

Soweto Gospel Choir
Soweto Gospel Choir

Soweto Gospel Choir. C’est un cocktail de couleurs, d’émotion et surtout de spiritualité, se chantant et se dansant dans tous les rythmes du monde. C’est Nicanor Etamè qui m’a fait découvrir cette chorale en 2013. Oui, oui, très récemment ! C’était un dimanche matin, et c’était sa messe dominicale à lui. Khumbaya m’avait parlé ce matin-là, mais il m’a surtout replongé au cœur et en chœur de la nation arc-en-ciel. Plongez-y !

https://www.dailymotion.com/video/xic3iw_soweto-gospel-choir-khumbaya_webcam

Nous voici donc dans le précieux top 3.

N°3: Mc Solaar-Gangster moderne.

J’étais en classe de terminale en 1998 au lycée bilingue d’application. A l’époque, mon ami Eric Nngambe m’avait apporté ce single « gangster moderne » avec les lyrics. J’étais devenu fan de ce rappeur…français (si on veut). Pour moi, le Tchad et le Sénégal font de lui un Africain pluriel, qui manie si bien la langue de Molière. J’avais proposé ces vers dans un devoir de langue française et j’avais obtenu 15/20. Mais au-delà de la note, ses paroles sont si actuelles. En vérité, « les gangsters modernes sont les gens d’aujourd’hui ».

Jadis c’était : Alphonso Capone et Nitty

Aujourd’hui Les Affranchis roulent en berline à Paris

Laisse ! Dans ce business, Eliot Ness est de mèche

Satan dirige la messe. Donc personne ne se confesse.

Il a rêvé de fumer de la thaï en toute impunité

Mais sait que seuls les députés auront l’immunité

Que les plus grands gangsters font du marketing

Quand il blanchit des jeans, en CDI dans un pressing

Il rêve action, gilet pare-balles, paranoïa

Sans même le 13e mois veut s’installer dans la famiglia

Pour reposer son père retraité et plein de peine

Il veut faire de la politique pour être un gangster moderne

N°2: Brithney Spears-Born to make you happy.

Britney Spears, je n’en suis pas fan. Mais il y’a des refrains comme ça qui résonnent dans votre tête et qui font défiler des images, celles de souvenirs lointains. C’était dans notre cité d’étudiants au quartier Tropicana. Nadia Mbarga, Antoine Mahop, et Hélène Bongongui, et moi avions coutume de cuisiner, bavarder et écouter de la musique chez ce cher Patrick Omgbwa. Mon pote, mon frère. On a été de tous les combats ensemble : grèves universitaires, déceptions amoureuses, crises avec les parents, mais aussi des inséparables. Et toujours cette chanson de Brithney dans sa chambre. Je l’ai écoutée dans sa chambre d’étudiant à l’université de Ngaoundéré, puis à l’IUT de Douala, dans son bureau comme responsable informatique à l’Université Catholique de Yaoundé, et l’an dernier à l’Université des Montagnes à Bangangté où il occupe les mêmes fonctions. C’est mon ami, un vrai ! Il est prêt à mourir pour moi, je suis prêt à mourir pour lui. Sacré Pat ! Merci pour cette chanson. Dégustez !

N°1: Michael Jackson-Keep the faith.

Le roi de la pop et cet album Dangerous qui date de 1991 et qui est toujours aussi actuel. Le titre keep the faith (Garde la foi) est un hymne à l’espoir, au réveil, à la révolte intérieure et au défi permanent de faire face aux vicissitudes de la vie. Cette chanson pourrait bien épouser votre religiosité que votre rationalité, mais avec un dénominateur commun : la foi ! Se lever le matin, croire en la Vie, en l’Amour, en l’Humanité, et à demain qui sera forcément plus beau. Demain, un jour nouveau se lèvera, quelle que soit la durée de la nuit. Et si hier nous n’avons pas pensé à aujourd’hui, aujourd’hui, donnons une chance à demain.

Keep the faith !


Mon monde de blogs à Abidjan

Mon mondoblog à Abidjan, c’est un monde de gens qui bloguent. Ces gens qui décrivent la réalité, leur réalité à partir de leur subjectivité et…leur subtilité. Mon monde de blogs à Abidjan porte l’estampille d’une rencontre qui se tient à Grand Bassam, citée balnéaire et historique de la Côte d’Ivoire. Ici, le terme « brassage » n’a jamais valu son pesant d’or. Mon monde qui blogue à Abidjan est un bouillon de culture, là où les cultures francophones sont réunies, selon l’expression de Jérôme Osman, l’un des Haïtiens conviés à cette formation annuelle de blogueurs francophones et francophiles.

Blogueurs en formation à Abidjan
Blogueurs en formation à Abidjan

De fait, Haïti et sa colonie fait partie des îles merveilleusement représentées ici (Arthur l’australien, Isabelle de la Réunion, Andriamialy de Madagascar, et encore).  

Mon monde de blogs à Abidjan, c’est cette ambiance feutrée d’accents plus ou moins graves du français aux intonations diverses. Il faut souvent tendre l’oreille pour comprendre, mais on finit par s’entendre. Et s’entendre vraiment, c’est mon amitié profonde avec Jean Robert dont la profondeur d’esprit me chatouille jusqu’au bout des entrailles. Tout chez cet homme chante la vapeur de la simplicité et l’énergie du bon sens universel. Nos causeries en soirée sont un délice, surtout lorsqu’il m’a confié tendrement les raisons de l’écriture de son billet parce que c’était lui.  Parce que c’était lui, la culture résonnait en chansons comme dans ses billets et ses t- shirts, qui chaque matin arbore un message différent. Celui de ce jour est :

 La vie c’est ce qui se passe quand on avait prévu autre chose .

John Lennon.

Oui, parce que c’était abcdetc, je ne pouvais que m’abreuver à sa maturité, son sourire, et sa générosité marquante, lorsqu’il a offert à tous les 70 blogueurs, des pins estampillés Villeurbanne, du nom de sa ville, près de Lyon. Dans mon monde de blogs, un Lyonnais peut en cacher une autre, une Pascaline…si fine. Elle vit et raconte un dimanche ordinaire à Marseille tout en réclamant son appartenance à Lyon. Pour rester dans la Méditerranée, parlons de cette fleur nommée Lina, qui, rien qu’à son regard au bord de la piscine le premier jour, m’a simplement envoyé une invitation secrète à explorer les mystères de son cœur si tendre d’une Algérienne si profondément française.Voilà mon monde de blogueuses. Mon autre Méditerranéenne Myriem, mes Abidjanaises (Babeth, Mariette). Cette dernière n’est pas du tout l’étrangère qu’elle dit être dans son blog. J’ai l’impression de la connaître sans la connaître, sa timidité m’intimide, son sourire me sourit, et sa discrétion m’éclipse pour me propulser vers mes lionnes indomptables (Josiane, Danielle et Gaëlle).

Equipe Cameroun Mondoblog 2014
Equipe Cameroun Mondoblog 2014

Hum !  Gaëlle m’a confié en pincer pour un ici, mais un secret est un secret, chut ! Circulez, il y’a rien à voir, sinon je vais vous donner cocota, comme on dit à Abidjan pour punir les têtus. Comment voulez-vous que je dénonce ma sœur alors que les lianes se font rares ici. Les lianes ? C’est l’expression du sieur Florian Ngimbis, pas présent ici, mais son spectre plane partout dans ce monde de blogs. Son tweet envoyé hier sur #MondoblogAbidjan me précise qu’une liane est une blogueuse. Ah, sacré Florian ! L’histoire retiendra que ce majestueux blogueur camerounais a donné un statut aux blogueurs. Oui, désormais, le monde des blogs est reconnu, jalousé, convoité, surveillé. La délicieuse Awa Seydou Traoré (la plus Mauritanienne des Maliennes), Em-A , Oh ! Grâce à toi, j’adore le Tchad et… les Tchadiennes.  Chantal, mon Dieu, quel rayonnement ! Rester  à tes côtés c’est comme boire du vin de luxe. Quelle énergie tu portes ! Ta fibre swahili résonne comme les anciennes chansons de Lokua Kanza dans cette partie de sGrands Lacs qui sait si bien porter une forte dose de spiritualité. Myriem, tu viens de m’impressionner par ta maîtrise des mathématiques. Une vraie belle Marocaine comme toi qui ne se sépare jamais de son sourire.

Manon, Myriem, Chantal et Em-A
Manon, Myriem, Chantal et Em-A

Mon monde blogs à Abidjan, c’est la marque déposée de chacun de vous. Daye Diallo, aie ! Tu es impressionnant d’humilité. Ta Guinée se transporte jusqu’à moi.  Serge, mon Serge ! Tu es le mondoblogueur qui blogue sur tous les autres blogs. Cette part de Brésil en toi si bon RDCongolais me rappelle que tu es fan de football comme ton voisin de chambre, mon immense pote Marek qui organise l’after de #MondoblogAbidjan . Merci pour la PS3 d’hier soir, ça sonnait comme un air de vacances ici. Toi aussi tu m’as montré que le monde se conjugue au pluriel avec Alex, Lompo Judicaël, Kinda Basidou, De Rocher, Maurice, Hermann, Aphtal,  etc. Les autres, je ne vous oublie pas. Je vous aime !

Merci au staff (Ziad, Manon, Raphaëlle, et Simon). Merci aux formateurs. Merci à toi Baba, et à mes camer (Aristide, René, William, et toi, mon voisin de chambre, Ulrich). Avec vous, nous avons tous découvert que le visa biométrique est disponible à l’aéroport d’Abidjan. Ulrich, c’était peut-être pour toi un baptême de l’air, mais pour moi, Abidjan restera un baptême de feu.


Banane !

banane1

Quand j’étais gamin, dans une ville camerounaise qui s’appelle Bamenda, je lançais des bananes aux singes. C’était mon sport favori, un divertissement gratuit et gracieux que notre voisin, propriétaire de ces singes nous offrait. Sa maison était un mini zoo et nous adorions ces singes. C’est vrai que le singe est un animal intelligent, joueur, bousculeur et même très amusant. Sa manière de sautiller de grimper et de crier fait de lui un animal exceptionnel, adopté dans les cirques et dans les parades. Par contre, un singe qui est latéral gauche au FC Barcelone, je n’ai jamais rencontré avant ce fameux match du dimanche 27 avril 2014 qui opposait Villaréal au FC Barcelone. Un supporter a cru devoir jeter une banane sur le joueur brésilien Dani Alves alors qu’il s’apprêtait à tirer un corner. Très dignement et sportivement, Alves s’est penché sur la banane et l’a mangée, un geste devenu le symbole antiraciste de la planète foot.

Beaucoup de joueurs ont subi des injures racistes dans les stades de football. Beaucoup se sont fait traiter de babouins, macaques, orang-outang ou gorilles. On avait vu Samuel Eto’o s’énerver dans ce même championnat espagnol, mais jamais personne n’avait essuyé cette insulte avec classe comme Dani Alves l’a fait. Du coup, la présidente Dilma Rousseff, le président de la Fifa, le joueur Neymar et d’autres se sont associés au geste d’Alves pour rappeler à la planète terre que nous sommes tous des macaques (#somostodosmacacos).

Après tout, nous mangeons tous des bananes, pas vrai ? Nous savons tous les éplucher, enrouler la peau et déguster le fruit jaune le plus aimé du monde. La production de bananes représente plus 110 millions de tonnes dans le monde. C’est le fruit tropical le plus consommé en Europe, c’est un fruit cultivé dans plus de 120 pays dans le monde, et les bananeraies du monde seraient trois fois plus grandes que la Belgique. Oui, nous sommes tous des macaques, alors il est temps d’aller déguster une banane.


Voici mes 100 versets !

Plusieurs religions, une seule Vérité!
Plusieurs religions, une seule Vérité!

Chaque fois que je pense à Pâques et son paquet de pâque(s), je pense à mes 100 versets. Loin, mais loin des versets sataniques de Salman Rushdie, loin de la Torah, la Talmud, la Bible, etc. Loin des querelles des religions monothéistes, loin de ces anomalies religieuses observées ici et là. La religion est vraiment l’opium du peuple, comme le suggère Karl Marx. Alors, j’ai créé ma religion à moi, mes versets à moi, mes 100 versets. Sans verser les cent versets du sang versé!

Sans verser les cent versets du sang versé!
Sans verser du slam,
Des 100 versets d’islam,
Comme parle le prêche d’un imam,
Je te parle simplement d’une flamme.
La flamme qui en toi, porte le nom d’âme.
C’est pour ce sang versé :
Sang versé de ces esclaves noirs,
Qu’aujourd’hui, le monde regarde comme un miroir,
Sang versé, mais sans versets historiques,
Plutôt un sens versé de rhétorique.
J’écoute le son versé dans mon baladeur,
Nyobe, Garvey, Marley, pas moyen de les zapper !
J’en fais des icônes de mémoire,
Pour ce sang versé des indépendances,
Pour ces souffrances, juste une minute de silence !

17    C’est pour ce sang versé :
Sang versé du coutelas de l’excision
Qui coupe à jamais aux femmes, le plaisir de l’excitation,
Sang versé, dans un rituel indécent
Au nom d’un système coupable,
Dans les jambes d’une fille innocente,
Par le cri douloureux d’une coutume impénétrable.
Je crie à l’aide pour ces mariages précoces,
Mais aussi pour ces rapports féroces,
Qui font vivre à ces ados, une douleur atroce !

C’est pour ce sang versé :
Sang versé de la Syrie,
Qui pleure la douleur idem de la Libye,

30    Car dans ce monde, c’est la vraie furie,
Comme si le « printemps arabe »
Etait devenu un moment déplorable.

C’est pour ce sang versé :
Sang versé libertés,
Sang versé des égalités,
Sang versé de l’unité dans la diversité.
Sang versé des usines,
Sang versé des énergies fossiles,
Qui justifient notre mise à mort
Au nom des intérêts des officines,
Au nom d’une litanie de motifs,
Commettant des actes antisportifs !

C’est pour ce sang versé :
Sang versé des animaux,
Sang versé des maquereaux,
Sang versé des bureaux,
Sang versé des châteaux,
Comme une cloche qui retentit et sonne le glas,
D’une vie de palabres qui font leur profil bas.
Je crie à l’aide pour cette planète négligée,
Au nom d’une cause pour laquelle je suis engagée,
52   Celle d’une planète qui aura un plan net !

Sang versé du Rwanda et du Burundi,
Sang violent de Hutus et Tutsis,
Sang mêlé de colère et de médiocrité,
Pour enfin se demander « pourquoi tant d’atrocité » ?

C’est pour ce sang versé :
Sang versé des années d’apartheid,
Sang versé de Yvonne, Malaika et Ted,
Sang versé, faisant grimper un autre schisme
Qui porte le nom honteux de racisme.
Sang versé de Côte d’Ivoire,
Là où la haine devenait du « venez-voir ».
Sang versé de Centrafrique,
65   Symbole nauséabond de cette Afrique sans fric.
Sang versé, sang versé !

Sang versé à cause du sang mêlé,
Pourtant ce sang versé est du sang doré,
Sacrée offrande que le ciel nous a donné,
Sang versé, sang gâché !

Sang versé où l’enfant est appelé dans un mouroir.
Sang versé, au moment où le bambin devient soldat.
C’est peut-être parce son mentor est toujours au combat.
Et pourtant, l’unique variante du menteur, est qu’il tombe toujours si bas.
Sang versé du Christ, ressuscitant le principe bouddhique,
Or dans ces 100 versets de religions,
On a oublié le sang versé unique
Qui coule en rouge dans chacune de nos confessions.
Certains y verront un remue-ménage
Mais la richesse religieuse n’est que remue-méninges.
Alors, adieu, le sang versé des croisades,
Adieu les Jihad !
Et adieu la guerre entre juifs et Arabes !
Sachons profiter de l’ère du téléphone mobile,
Car l’intercommunication doit être notre seul mobile.
Adieu, car ce chemin périlleux n’est pas pieux.
Adieu, car ce sang versé, ce n’est pas Dieu !

88  C’est juste un cheval de Troie,
Qui abîme les disques durs de notre foi.
C’est juste une galère de plus,
Et mon cœur en est agacé
Et la haine en train de l’escagasser.
Et si le sang versé, devenait sans version,
Là où seul l’amour occupe les passions.
Et si cet amour devenait crescendo,
Tous ensemble, on dirait le crédo,
On ferait les dix manches du dimanche
On vendrait les brebis du vendredi
On observerait le Shabbat
100  Pour se dire Shalom, Salam, Salut !

 


Un paquet de pâque(s).

Oeufs de pâques

Vive le printemps ! C’est le moment du prédicat de l’unanimité d’une nouvelle donne : nouvelle saison climatique, changements horaires, résurrection, commémoration, etc. Bref, accordons-nous un instant au moins à dire qu’au printemps, il y’a changement. Alors que les thuriféraires et naviculaires se tranquillisent, les traditions sont diverses, mais la symbolique est unique.

Faisons donc un tour du monde de (s) pâque(s).

Ce qui frappe a priori aux yeux, c’est la diversité des dates et des calendriers. Par exemple :

En 2013, les catholiques et les protestants ont célébré Pâques le 31 Mars, les orthodoxes le 5 Mai, et la pâque juive, le 26 Mars. En 2014, protestants, catholiques et orthodoxes ont la même date (le 20 Avril), et la pâque juive, le 15 Avril.

La pâque juive justement ou Pessa’h. On la célèbre le jour de la Pleine Lune de Printemps. C’est-à-dire, le 14 Nizan. Ce passage est le symbole de la fuite du peuple Hébreu d’Egypte en passant par la mer rouge.

Chez les chrétiens, pâques est le symbole de la résurrection de Christ. Elle est pluriel ici parce que les chrétiens, depuis le 16ème siècle pour évoquer le triduum : Passion, Crucifixion et Résurrection. Le s se distingue aussi de la pâque juive et se célèbre le dimanche suivant la pleine lune de printemps.

Chez les païens, cette fête été célébrée pour marquer le retour de la lumière, la joie retrouvée après de longs et tristes jours d’hiver. C’est la fête de la célébration du printemps, du renouveau, ou du réveil d’un dieu ou d’une déesse. Ce retour de la lumière est également visible dans les rituels catholiques et orthodoxes qui commencent la veillée du Samedi Saint dans l’obscurité complète du fait du rituel du feu qui débute alors par l’allumage d’un grand feu, feu symbole de Lumière, de Soleil, de Renouveau. C’est à partir de cette symbolique qu’aujourd’hui, les feux de pâques sont allumés en Allemagne.

Voilà donc la pâque, au-delà des querelles doctrinales et théologales. Elle est multiple et diversifiée, mais retourne à l’allumage des flambeaux du printemps.

Pâques, c’est les œufs en France et en Russie, le lapin aux Etats-Unis, l’eau en Pologne, l’agneau en Grèce, la brioche en Italie, le gâteau (la mona) en Espagne, le jambon en Angleterre ou encore les chocolats des pays scandinaves (Finlande, Suède, Norvège, Danemark).

Par ailleurs, et pour revenir à la chrétienté dissidente, l’Eglise de Dieu Restaurée, les Témoins de Jéhovah et l’Eglise Adventiste du 7ème Jour célèbrent pâque le 14 Avril, c’est-à-dire à leurs yeux, « le vendredi saint » jour où le Christ fut crucifié, c’est-à-dire veille de Pessa’h. Généralement, un repas suffit pour rappeler le sacrifice de Jésus pour l’humanité, afin que celle-ci soit rachetée, renouvelée.

Pâques, c’est un jour nouveau. C’est le printemps, c’est l’éveil de la nature. C’est le réveil des animaux hibernants, c’est la floraison des plantes, c’est…la renaissance, la résurrection. Finalement, pâques c’est quoi ? Un paquet de printemps, pardi !

 


Bonsoir !

Taxi

Vraiment, de plus en plus je me sens décalé. Et pour cause, j’emprunte un taxi à Yaoundé. Il est 11 heures du matin, je précise bien. Une dame entre et avec toute la politesse du monde nous envoie :

–          Bonsoir !

Je regarde le tableau de bord du taxi (pensant que ma montre avait un problème) Il est bien 11 h 02 ; mais pourquoi dit-elle bonsoir ? Je me dis que ce doit être un lapsus. Quelques mètres plus loin, c’est une élève du lycée général Leclerc, le lycée le plus prestigieux de Yaoundé qui entre à son tour et nous lance :

–          Bonsoir !

Là je me dis que j’ai dû rater un épisode. Si au grand lycée Leclerc, on apprend aux enfants à dire bonsoir à cette heure, alors je dois arrêter de m’interroger. Peut-être que les choses ont changé entre-temps, alors je me rapproche de la fille et lui demande :

–          Pourquoi vous dites bonsoir à 11 heures ?

Amusée, et sans doute surprise par la « bêtise » de ma question, elle répond :

–          Mais vous ne voyez pas qu’il y a déjà plein de soleil dehors ?

En descendant de ce taxi, j’ai compris que j’étais vraiment décalé alors. Car, si le prétexte pour parler de soirée c’est quand le soleil est au zénith, je me demande bien ce qu’il en sera quand ce même soleil devra se coucher. Mais, je n’étais pas au bout de mes surprises, pardon, de mon décalage. Je mets les infos de 13 heures à la bonne vieille CRTV, radio très officielle du bon français. Le journaliste-présentateur recevait un ministre en direct. Il était 13 h 20 et il l’a salué ainsi : « Bonsoir Monsieur le ministre, et bienvenue dans le 13 heures ». Hein ? Il a dit bonsoir ? Alors, je me suis dit que si ça sortait de la bouche d’un journaliste, sans doute que je suis vraiment décalé. Je me dis alors que la raison se trouve dans le bilinguisme camerounais. Que non ! en anglais, on dit : « Good morning », « Good afternoon », « Good day », « Good evening ». Même les anglophones que nous avons l’habitude de situer à gauche de la norme ont le sens de l’heure, et non du soleil pour dire bonsoir. Alors, je décide de garder l’oreille sur le transistor et d’attendre le journal de 17 h. Cette fois, c’est une femme qui présentera le journal. On dit que les femmes sont raffinées hein ? Elle commence :

–          Bonsoir à tous, c’est le journal de 17 heures sur la CRTV.

Là j’ai vite zappé. Je me suis dit que finalement c’est moi qui ai un problème. Je n’osais même pas demander autour de moi si c’était normal ou pas. J’encaissai seulement mon ignorance.

18 h, je mets RFI. C’était l’heure d’hiver. Paris et Yaoundé ont la même heure. La journaliste introduit en disant :

–          Bonsoir !

Là je me suis dit que c’est normal. On m’avait appris à l’école primaire qu’on commence à dire bonsoir à 18 heures, car c’est à 18 heures que le soleil se couche. Mais depuis la théorie du matin de la fille qui m’a dit que le bonsoir est synonyme du soleil qui tape, je ne sais pas alors si les journalistes de RFI ont bien fait de dire bonsoir.

Je reste donc tranquille, je m’endors après mon dîner. Je dis ça comme ça, parce qu’on ne sait plus n’est-ce pas ? On dit dîner, souper, déjeuner ou quoi à 20 heures ? Malheureusement, la fille du matin n’est plus là pour me répondre, donc, je ne sais pas.

23 heures, je suis sorti de mon profond sommeil par mon ami Lionel. Chez lui, le monde vit à l’envers. Ses matinées commencent dans la nuit, et ses nuits commencent en journée. Au lieu de me dire « bonne nuit », il me lance :

–          Bonsoir gars ! Lève-toi ! on doit aller bringuer. J’ai des places en boîte.

Lionel et les fêtes ! Me voilà donc dans la nuit avancée de Yaoundé, direction la fameuse discothèque. Nous y sommes, et entre les belles-de- nuit, les ivrognes et les bavards, on affiche complet. Le Dj décide alors de prendre la parole. Il est déjà 2 heures du matin.

–          Bonsoir à tous, et bienvenue dans le temple de l’ambiance…

Décidément ! Je suis vraiment décalé. J’ai compris. Au Cameroun, on doit dire bonsoir à tout moment : le matin, l’après-midi, au petit matin. On doit dire bonsoir même à deux heures du matin parce que la nuit, c’est le soir. On doit dire bonsoir à 11 heures, car le soleil, c’est le soir. On doit dire bonsoir l’après-midi, car après-midi, c’est le soir. Au fait, à quelle heure dit-on bonjour, bon après-midi, bonne nuit ? Comme je ne sais plus, je vous dis…bonsoir !

Salutations

 


Sportez-vous bien !

Sport

Un weekend de sport sur la planète terre. Rassurez-vous, je ne vais pas faire comme les journalistes de sports qui savent analyser et commenter l’actualité sportive. Je vais plutôt faire du sport grâce à la télévision. Mais oui, le sportif du dimanche assis devant sa télé à zapper, ensuite comme tout bon camerounais, je vais aller jouer les savants devant un verre de bière pour montrer que je maîtrise. Vous savez quand même qu’au Cameroun il y’a 22 millions d’entraîneurs football non ?

Le football, parlons-en ! C’est que dans les quartiers de Yaoundé, le football ne se joue plus dans les stades mais dans les fiches de paris sportifs. Les 15-25 ans ont trouvé comment avoir leur argent de poche : combinaisons, côtes, statistiques des équipes, tout cela est soigneusement étudié par des garçons qui mettent leur testostérone au service des différents paris. L’une des sociétés de paris a été surnommée le « libanais » pour faire référence à la nationalité du promoteur d’une de ces sociétés. Mais on aime le libanais, il nous permet de regarder nos matchs avec une montée d’adrénaline particulière. Tant pis pour nos nerfs et nos cœurs si notre favori se fait rattraper à la dernière seconde du match, tout le ticket volera en éclats. Pour maximiser ses chances, il faut donc conjuguer avec des combinaisons diverses, histoire d’espérer une cagnotte juteuse. Voilà pourquoi ces jeunes là n’ont pas regardé la rencontre diffusée à la CRTV, la chaîne nationale qui opposait deux équipes d’un championnat moribond. Au fait, qui jouait ce dimanche ? Je ne sais pas. De toutes façons, non seulement le coach des lions indomptables a déclaré qu’il ne prendrait aucun joueur dans ce championnat local, mais encore, le libanais n’a pas intégré le Cameroun dans ses combinaisons. Alors, nos jeunes lorgnent d’autres chaines. Ils ont lorgné les championnats anglais, allemand et français sur le câble et le satellite. Mais franchement, ces gars-là m’étonnent. Un match aussi insipide entre le Hertha Berlin et Hoffenheim, pourquoi y mettent-ils autant de passion ? Ah, j’oubliais, les paris. C’est la mi-temps : Un but partout.

Je zappe. Lyon mène à Valenciennes 1-0, et c’est déjà la 63ème minute.

Je zappe. Autre match insipide. Liverpool et Westham sont à égalité (1-1).

Pendant ce temps, la France réveille son chauvinisme légendaire. La chaîne Sport + annonce la qualification de l’équipe de France de tennis pour les ½ finales de la coupe Davis, face à l’Allemagne qui menait 2-0 vendredi, a été battue au double samedi, et a perdu les deux derniers simples de dimanche grâce à Jo Wilfried Tsonga et Gaël Monfils.

Est-ce que les jeunes là parient sur d’autres disciplines que le football ? Mais oui, le libanais et les autres ont une rubrique multisports. Alors, je vérifie : Formule 1, Tennis, Rugby, tout y est ou presque.

Je zappe, et je suis en Formule 1. C’est le grand prix de Bahreïn. Souvenez-vous que je vous avais parlé des Grands Prix de Formule 1 ici. C’est le 47ème tour sur 57. Les commentaires ont déjà perdu de la voix. Hamilton est en tête.

Je zappe, et me voici en rugby. On nous parle de H Cup et de Challenge Européen. C’est la 2ème mi-temps de la rencontre entre Toulon et Leinster (9-6) déjà en faveur de Toulon. Pour le moment, je ne connais pas la différence entre ces deux compétitions. Sans doute plus tard.

Je zappe et reviens à la Formule 1. C’est déjà le 54ème tour. Les deux voitures Mercédès mènent la course. Le stress est au maximum. Lewis Hamilton et son co-équipier Rosberg se livrent une guerre fratricide pour la tête de la course.

Je zappe. Liverpool mène déjà Westham à la 81ème minute (1-2) et Lyon mène Valenciennes 2-1 aussi à la 85ème. Attention ! Pénalty pour Valenciennes, et…Arrêt spectaculaire du gardien lyonnais Lopes. Pas d’égalisation pour Valenciennes, et Lyon remportera la rencontre finalement. L’histoire retiendra que dans ce match, Gomis, le joueur lyonnais d’origine sénégalaise inscrira son 100ème but en Ligue, sur une passe décisive du camerounais Bédimo. Liverpool aussi remportera son match.

Je zappe. Retour à la Formule 1. C’est le dernier tour. Hamilton confirme et remporte le Grand Prix. Rosberg est 2ème. Pérez est 3ème.

Je zappe. Retour au Rugby. Toulon est déjà à 26 contre 14 pour Leinster. Mais alors, c’était encore quoi la différence entre la H cup et le Challenge Européen ? La première ressemble à la Ligue des Champions de l’UEFA, et la 2ème est l’équivalent de la Coupe Europa. Toulon, tenant du titre, ira donc en demi-finales Clermont l’a aussi fait la veille. Deux clubs français qualifiés en H Cup, et deux autres (Stade Français et Brive) éliminés du Challenge Européen.

Je zappe. Je tombe sur les infos en continu. Tout le monde ou presque parle d’athlétisme et le sacre de  Kenenisia Bekele l’éthiopien, qui participait pour la première fois au marathon de Paris. Le chiffre 42 comme les 42 km de trajet, le chiffre 42 qu’on multiplie par 1000 pour avoir le nombre de coureurs de ce marathon qui vient d’accoucher d’un nouveau record : 2 h 5 minutes et 2 secondes. Ouf !

Zappez vous aussi ! Et s-portez-vous bien !


Au pays de la solidarité

Les gens ont beau dire, beau proclamer ce qu’ils veulent, mais la France est un grand pays. Cette grandeur, je ne la mesure pas au sens des indicateurs macroéconomiques, militaires ou stratégiques, mais au sens de la Solidarité. Un mot qui veut pourtant dire beaucoup en Afrique. On dit en Afrique que nous sommes solidaires, que nous avons le sens du partage, qu’on peut venir chez tonton ou tata sans frapper à la porte, qu’on peut aller habiter chez une cousine sans lui demander la permission. On dit aussi qu’en Afrique, l’enfant est l’enfant de toute la famille. Il suffit d’observer les dots, les baptêmes, les deuils, les anniversaires. Oui, la famille africaine est grande et élargie. En Afrique, lorsque quelqu’un étudiant prépare un voyage pour l’étranger, toute la famille se cotise, et toute la famille pleure à l’aéroport. Elle est émouvante n’est-ce pas ? On n’appartient pas à la famille nucléaire, mais  au village, au groupement, au clan, au canton, à l’ethnie, à la tribu. On appartient au peuple. Vu comme çà, voilà la solidarité africaine. Pourtant, ce week-end, j’ai observé que la solidarité africaine n’est pas aussi lisible, aussi visible que la solidarité occidentale, et notamment française. En Afrique, la solidarité est un cycle. C’est-à-dire : je contribue au voyage de ton fils aujourd’hui, demain, tu feras de même pour mon fils. J’ai mangé la dot de ta fille ce mois, le mois prochain, tu mangeras la dot de ma fille. Cette famille nous a assistés lors du deuil de notre patriarche, nous ferons de même à leur deuil. La solidarité africaine est donc une grande tontine. C’est du vrai donnant-donnant, masqué par une forme hypocrite de contrition, d’implication ou de secours moral. La solidarité africaine est un peu calculée mes frères. Je sais de quoi je parle. Par contre, je suis ébloui par le pays de la Liberté-Egalité-Fraternité. Ce pays là vient encore de me montrer que sur toutes les chaînes de télé on a marqué le numéro court : « 110 ». C’est le Sidaction.   110 Sidaction : Vingt ans que ça dure, et les Français sont appelés chaque année à contribuer pour lutter contre le mal du 20e siècle. La recherche, les malades, la prévention ont ici une occasion d’espérer par les dons offerts par les Français. Un week-end pour espérer, un week-end pour se mobiliser. Voilà une solidarité active et participative. Rien, mais vraiment rien à voir avec la solidarité de mendicité observée ici et là en Afrique, là où le sida devient objet marketing pour recevoir des financements des ONG ou des organisations internationales pour des fins autres que « le sida ». Les détournements de fonds du sida sont légion au Cameroun, c’est connu.  Opération Pièces Jaunes : S’il y a une « première dame » qui me marquera toujours, c’est bien Bernadette Chirac avec son opération « Pièces Jaunes ». Initiative de la Fondation hôpitaux de Paris-hôpitaux de France, cette opération vise à améliorer la vie des enfants et des adolescents dans les services de pédiatrie. C’est leur redonner du sourire à travers des maisons de parents, des salles de divertissements, des aires de jeux, etc. Cette solidarité des pièces jaunes a permis de financer près de 7 000 projets depuis 1990. C’est un geste en or qui sauve des vies. Une opération coup de cœur qui n’a rien à voir avec l’opération « Coup de Cœur » tristement célèbre au Cameroun en 1994. Entreprises, opérateurs économiques, particuliers, tous avaient mis la main à la patte (poche) pour accompagner les « lions indomptables » pour la Coupe du monde 1994. Cet argent avait tout bonnement été détourné. Le ministre de la Communication de l’époque avait déclaré aux journalistes : « L’argent se trouve quelque part entre Paris et New York ». Vingt ans après, aucune trace de cet argent. Aucune enquête ouverte.  Au Cameroun, les appels à contribution finissent toujours ainsi. Plusieurs artistes décédés se sont sans doute retournés dans leur tombe parce qu’au nom de la solidarité, un des compères de l’artiste décédé débarque, et décide de lancer la quête pour le deuil, et à la fin, personne ne sait où va l’argent. Savent-ils qu’on ne plaisante pas avec l’argent d’un mort ? Les restos du Cœur : Donnez de l’espoir aux démunis, aux oubliés, aux affamés. Les restos du Cœur réunissent des artistes, qui, bénévolement offrent un spectacle annuel « Les Enfoirés » au profit des restos du cœur. L’appel aux dons rappelle aux Français qu’ « aujourd’hui, on n’a plus le droit, ni d’avoir faim, ni d’avoir froid ». L’œuvre de Coluche est ainsi immortalisée et permet à des Françaises et des Français d’espérer des lendemains meilleurs.

Coluche au Coeur des Restos
Coluche au Coeur des Restos

Le téléthon : Depuis 1987, l’Association contre des les myopathies en association avec France Télévisions organise chaque année, ce qui est la plus grosse collecte populaire au monde. Les maladies génétiques et rares sont au cœur de ce téléthon. Ce marathon télévisuel a mobilisé plus de 90 millions d’euros en 2013. Les Associations : Secours catholique, Action contre la faim, Fondation Abbé Pierre (lutte contre le mal logement et les phénomènes d’exclusion, reconnue d’utilité publique depuis 1992), sont autant d’associations et de mouvements qui montrent que là où l’Etat ne peut plus agir, notre condition humaine doit se révolter à la simple vue de la précarité de notre voisinage. Certes, ces appels à dons sont souvent entachés de scandales et d’appétits divers, mais je veux saluer ici l’esprit et la mentalité des contribuables. Je veux saluer leur sensibilité, malgré des contextes économiques de plus en plus difficiles. Au pays de la Solidarité, on nous montre que ce qui arrive aux autres, peut m’arrive aussi. Au pays de la Solidarité, on se mobilise contre la maladie, la faim, les inégalités sociales et la précarité. Au pays de la Solidarité, ce n’est pas une question de clan, de tribu ou de village, c’est une question d’Humanité. L’Humanité est une famille. Si l’Afrique le savait hier, elle ne le sait plus aujourd’hui. C’est la France qui donne une leçon de solidarité à l’Afrique. J’offre donc ce café à la France est qui est un grand pays…de la solidarité ! Je veux saluer cette implication massive, régulière, et désintéressée. Car, comme le disait Max Heindel : « Le service aimant et désintéressé à autrui, est la route la plus courte, la plus sûre et la plus joyeuse qui mène à Dieu ».


La France au secours de l’état civil camerounais.

Christine Robichon et Réne Emmanuel Sadi
Christine Robichon et René Emmanuel Sadi

Un 2 Avril mémorable dans la coopération franco-camerounaise. L’Ambassadrice de France au Cameroun, Christine Robichon et le Ministre Camerounais  René Emmanuel Sadi de l’Administration territoriale et de la Décentralisation qui ont l’opération de réhabilitation de l’état civil camerounais. En effet, la France octroie 1,2 milliard de FCFA au Cameroun pour améliorer son système d’Etat civil.

Ah, Dolorès, je te dis, le système d’Etat civil de ton pays là me fait peur. Les actes de naissance d’abord, c’est le nœud du problème. Combien de familles au Cameroun sont obligées de changer les actes de naissance des enfants ?

1-   Pour le système scolaire ou académique. Là où, grillées par les années de bancs, d’échec et de redoublement, la famille a recours aux actes de Kumba, la ville réputée pour ces actes rénovés qui vous soustraient 3,4 ou 5 ans sur votre âge réel, comme le précise René Jackson dans son billet sur l’âge réel des camerounais.

2-   Pour le football.  Là où le bas blesse (au propre comme au figuré), c’est que l’âge réel du football africain est à questionner. Les exemples des âges truqués au Ghana ou en Côte-d’Ivoire dans le football des jeunes est encore dans nos mémoires. Plusieurs années à trainer dans nos championnats poussiéreux, et nous voilà dans un club professionnel à …25ans ! Sauf que, pour espérer avoir au moins 10 ans de carrière, les 25 ans deviennent 15 ans.

L’âge est réduit pour obtenir un certain nombre d’avantages, soit ! Mais de toi à moi, Dolorès, quand les gens trucs leurs âges là, c’est frustrant hein ? Tu te souviens de mon camarade qui était major de notre promotion là ? Il avait les 16 et les 18/20 en fac, et se vantait d’être le benjamin de la promo. Un jour, une carte d’identité est sortie de son portefeuille. Il avait 5 ans de plus. Dolorès, donc tu me vois en train de couper 10 ans et de revenir composer le Bac ? Frustrant aussi dans nos administrations. Pendant que, sous d’autres cieux, les gens se battent pour aller tôt à la retraite, dans ton pays là, les gens se battent pour ne pas y aller. Normal ! Les concours administratifs n’admettent pas les candidats au-delà de 32 ans. Tu comprends donc pourquoi quelqu’un qui a obtenu un concours à 30 ans, doit refaire ses papiers pour qu’il ait l’air d’en avoir 21 et gagner des années dans la fonction publique. Tu observeras donc que les gens sont fatigués, amortis, mais te diront qu’ils ont qu’ils n’ont « que 45 ans ».

Hé, Dolorès ! Tu veux alors que je te dise quoi ? Va donc vérifier les actes de naissances, de décès, les passeports, les actes de mariage. Bienvenue dans le royaume des faux papiers.

A-   Les faux diplômes. Hum Dolorès. Tu as vu comment on a viré les gens dans nos sociétés publiques là. Tu as vu comment les gens réussissent à se faire des Baccalauréats et des Licences pour obtenir des bourses et des emplois ?

B-   Les faux passeports. Dolorès, quand tu vas dans une ambassade, on te traite comme un brigand. Pourquoi ? Aux yeux de ces gens, tous les camerounais sont des « esprits ». Ils ont raison du reste. Ton pays s’est distingué par des faussaires hors norme. Le changement d’identité a tué la crédibilité de notre pays. On ne sait plus qui est qui. Et les honnêtes passent à la trappe, malheureusement.

C-  Les actes de décès. Oh là là ! Voilà que les gens décédés ne sont pas morts (pour continuer à percevoir les salaires). Voilà aussi que les gens en vie sont déjà morts (pour ne pas payer une dette à la banque) ou ne pas rembourser une quelconque créance.

D-  Les actes de mariage. Ah, comme tu es une femme, tu vas te réjouir hein ? Oui, parce que je vais évoquer les gars pas sérieux là. Ceux qui se marient à Yaoundé aujourd’hui, et qui se marient à Buea un an après, avec une autre femme, alors qu’ils sont dans un régime monogamique.

Tout cela n’est pas simple hein. Je peux avoir deux diplômes, deux noms différents, deux passeports délivrés le même jour, ou encore deux actes de mariage, car dans ton pays là, la traçabilité est une utopie. Quand tu vas leur parler d’e-administration ou d’e-gouvernance, ils vont te demander si on t’a envoyé, si tu es venu leur montrer que tu connais.

Donc, dans la réforme du système de l’état civil là, Dolorès, si tu es né le 2 Avril 2014, sache que ces données vont te suivre automatiquement jusqu’à ton acte de décès. Si ce système est informatisé et numérisé, tu verras que le taux de corruption sera réduit. Les dessous de table, les pots de vin là, c’est fini. Tu aurais le même matricule à la naissance, à l’école, à la fac, dans ton entreprise, le jour de ton mariage, sur ta carte d’identité et sur ton passeport. Dolorès, avec cela, tu seras fiché : mairie, école, hôpitaux, entreprise, Interpol, ambassades, morgue…Tu auras une immatriculation à vie. Tu auras ton vrai âge, ton vrai nom, ta vraie nationalité. Tu seras toi ! Vivement cette réforme. Merci la France.


Europe-Afrique : le sommet de la rupture ?

Sommet UE AFRIQUE

« Investir dans les personnes, pour la prospérité et pour la paix ». C’est le thème du 4e sommet Union européenne-Afrique qui s’ouvre à Bruxelles ce 2 avril 2014. Un sommet de la rupture,  à en croire les observateurs, et au regard de la mobilisation massive des chefs d’Etat (notamment Paul Biya, réputé pour son absentéisme dans les sommets).  C’est que, entre l’Afrique et l’Europe l’heure est au nouveau partenariat économique, loin, très loin des accords ACP (Afrique-Caraïbes-Pacifique) qui ont sans doute montré leurs limites. Les ACP cèdent de plus en plus le pas aux APE (Accords de partenariats économiques) qui semblent être des accords plus avantageux (ou plus équitables) pour l’Afrique. De toute évidence, ce sommet de 2014 accouchera d’une nouvelle donne, à des années- lumière de 1975, ère à laquelle seule l’Europe courtisait le continent africain.

Aujourd’hui, les sommets avec l’Afrique sont légion :

–          France-Afrique

–          Japon-Afrique (Ticad)

–          Chine-Afrique

–          Turquie-Afrique

–          Inde-Afrique

–          Etats-Unis-Afrique

Autant de rendez-vous avec le continent qui sont loin d’être fortuits et gratuits. L’on peut deviner aisément que derrière ces rencontres, des contrats et des investissements sont au menu des échanges, même si la politique et les questions de sécurité sont toujours abordées. Les mots clés de ces échanges économiques sont donc : bonne gouvernance, droits de l’homme, démocratie et libertés, respect des minorités (sexuelles) et… alternance. Cette dernière n’étant pas la chose la mieux partagée par les leaders africains, ces sommets sont souvent l’occasion de connaître les bons et les mauvais élèves selon les indicateurs cités plus haut. Qu’importe ! Pour les puissances et les Etats émergents qui organisent ces sommets, le plus important est ailleurs, dans les ressources minières, les projets structurants, les parts de marchés, l’installation des multinationales et la présence localisée de leur drapeau, d’une manière ou d’une autre. Cela s’appelle le soft power, dans la perspective de Joseph Nye, théoricien en la matière, qui a compris que les enjeux des relations internationales ne se jouent plus sur l’axe de la puissance militaire, mais sur l’axe de la guerre économique. L’Europe l’a sans doute compris en voulant investir dans les personnes, pour la prospérité et la paix.


La nouvelle Valls de Hollande

« Ce soir, je m’adresse à vous parce que c’est un moment important ». C’est par ces mots que François Hollande a débuté son intervention télévisée dans la soirée du 31 mars. Après 22 mois comme président de la République, il dit avoir compris le message des Français à l’issue des municipales qui ont fait passer plusieurs villes françaises à droite. Celui qui paye la note de cette déroute de la gauche s’appelle Jean-Marc Ayrault qui a démissionné quelques heures avant l’allocution officielle du chef de l’Etat. « Je veux lui exprimer toute ma reconnaissance » dira Hollande avant d’annoncer : « J’ai donc confié à Manuel Valls, la mission de conduire le  gouvernement de la France ».

Manuel Valls, PM de France
Manuel Valls, premier ministre de France

La nouvelle valse de Hollande se nomme Manuel Valls.

La nouvelle valse de Hollande est un homme décomplexé, populaire à gauche et à droite, comparé à Nicolas Sarkozy, et très alerte dans ses interventions.

La nouvelle valse de Hollande est un hyper ministre, devenu super ministre et aujourd’hui, premier ministre.

La nouvelle valse de Hollande est un homme d’origine espagnole, mais qui est fier d’appartenir à l’école républicaine française.

La nouvelle valse de Hollande est un nouveau maître de Matignon, qui connaît bien Matignon du temps qu’il était le pape de la Communication de Lionel Jospin.

La nouvelle valse de Hollande est un homme ferme devant les sketchs de Dieudonné, ferme devant le non-retour de la famille kosovare, ferme devant ses positions et ses divergences devant ses collègues de la gauche.

La nouvelle valse de Hollande est le seul homme dont la cote grimpait pendant que celle du président chutait.

La nouvelle valse de Hollande est l’ancien maire d’Evry, ville propre selon ses ex-concitoyens avec lesquels il a passé dix  ans à la tête de l’exécutif communal.

La nouvelle valse de Hollande est un homme qui aura des difficultés énormes face à lui et sa principale mission sera de conduire « un gouvernement de combat »  de  sorte que la France oublie très vite, les nombreuses valses de François Hollande.

 


Cameroun : encore un ministre aux arrêts

Louis Bapes Bapes
Louis Bapes Bapes

C’est un cas d’école. Connaissez-vous un pays au monde où ministres, anciens ministres, anciens premiers ministres, anciens colonels, et anciens recteurs d’université sont autant aux arrêts ? Connaissez-vous un pays où trois anciens secrétaires généraux à la présidence (les plus proches collaborateurs du président) sont condamnés pour corruption et détournements de fonds ? Ce pays-là existe et s’appelle le Cameroun. Ce 31 mars 2014, c’était le tour du ministre des Enseignements secondaires, Louis Bapes Bapes, qui a un record de longévité à la tête de ce ministère. Comme je m’interrogeais dans mes derniers billets : « Dépité par les députés et Professeurs (dés) agrégés », pourquoi les intellectuels sont-ils ceux qui, nommés DG ou ministres, détournent les fonds publics ? Pourquoi ces intellectuels sont-ils les mêmes qui, lorsqu’ils sont aux affaires, oublient toutes leurs théories universitaires et sombrent dans la corruption, le mensonge politique, ou simplement des comportements qui scandalisent la population.

Mais au-delà de cette nouvelle arrestation (spectaculaire), il y a lieu de se demander si arrêter des hauts fonctionnaires est la solution au problème de la mal gouvernance camerounaise. A qui la faute si les proches collaborateurs du président sont les premiers à se comporter ainsi ? A qui la faute si après plus de dix ans comme patron d’un département ministériel, un ministre se sert dans les caisses de l’Etat ? Il y a comme une incompréhension. Oui, il y a comme une incompréhension à voir nommer les mêmes acteurs de la gérontocratie dirigeante. Il y a comme une incompréhension à prendre les mêmes et à recommencer à…détourner.

Non, mais quel est ce pays du grand désordre national, où le mal devient normal et le mal devient moral ? Quel est ce pays où les députés se fâchent parce qu’ils veulent un salaire plus important pour moins de travail ? Quel est ce pays où chaque jour, les scandales se chiffrent en termes de milliards ? Que de chantiers inachevés ! Que de projets avortés ! Au secours Monsieur le président, les arrestations ne suffisent plus. Une de plus aujourd’hui, une autre demain, et quoi après ? Non ! Arrêter c’est bien, condamner c’est bien, mais ne pas permettre cela, c’est mieux !

L’action gouvernementale est plombée. Le Parlement est inerte. L’administration est moribonde. Tout cela ne répond pas aux critères sains d’un pays qui se veut émergent. La note est chèrement payée par une jeunesse aigrie, attendant vainement d’être aux affaires, et n’ayant pour seule option que de plonger dans ce système corrompu pour espérer une petite lueur au soleil du gâteau national. Que vont penser les élèves en apprenant demain matin que le ministre, leur ministre, a été entendu la veille par le Tribunal criminel spécial ? Quel modèle, quel exemple pour eux ? Que penser d’un chef de l’Educationsecondaire qui est arrêté pour des agissements primaires ? Une arrestation de plus donc, et il faudrait donc s’interroger : qui est encore intègre dans le régime Biya ?

 

 

 


Professeurs (Dés) agrégés.

Toges Universitaires ou Toges de Pouvoir ?
Toges Universitaires ou Toges de Pouvoir ?

Je n’oublierai jamais cette phrase célèbre d’un professeur d’université : « Je ne suis plus docteur, mais professeur. Ne m’appelez plus jamais ainsi ». Il s’adressait ainsi avec véhémence à un étudiant qui lui a servi un très élégant : « Mes respects docteur ». Voilà comment les grades, les titres et les degrés sont tellement sacrés dans le pays de Paul Biya que beaucoup de ces agrégés, une fois nommés ministres ou directeurs généraux, exigent désormais du « Son Excellence ». Non, messieurs les agrégés, dans ce café noir amer que je vous sers, je ne vous donnerai pas du « Son Excellence ».

D’abord on sert du « Son Excellence » aux personnalités suivantes : Président de la République, Premier Ministre, Évêque, Ambassadeur, Ministre des Affaires Etrangères, Gouverneurs Généraux. Le seul ministre au Cameroun qui devrait porter ce titre est donc celui des Relations Extérieures. Mais alors, faites un tour dans tous les bureaux, même les Secrétaires Généraux des ministères revendiquent ce titre, ils l’exigent même souvent dans les courriers officiels. Et pourtant, ce sont ces prétendus Excellences qui viennent donner des cours de Rédaction Administrative aux Universités. Oui, parce qu’au Cameroun, il y’a une grosse amalgame entre les titres universitaires et les titres administratifs. La plupart du temps, Paul Biya a recruté ses ministres dans les rangs de l’administration universitaire. Les doyens de faculté et les recteurs d’université se politisent, car tous savent plus ou moins qu’ils sont « ministrables ». Alors, la course aux titres universitaires est en réalité la course à l’ascension sociale et à l’ascension politique. Seulement, beaucoup ont oublié qu’en 1990, le même Président Biya avait dit : « L’école aux écoliers, la politique aux politiciens » pendant la période de braise des villes mortes. Comprenez donc pourquoi ces messieurs veulent du « Son Excellence » que je ne leur servirai pas.

Parchemin

Ensuite, nos professeurs agrégés sont les maîtres en matière de harcèlement sexuel, comme le précise l’autre professeur agrégé, Jean-Emmanuel Pondi dans son ouvrage Harcèlement sexuel et Déontologie universitaire, de Jean-Emmanuel Pondi aux  Editions Clé.  Des agrégés qui savent briser des carrières, qui savent bloquer des soutenances comme le cas très connu de Mireille M. en 1993, cas repris par l’auteur dans son livre. Les professeurs agrégés s’illustrent aussi par d’autres comportements pour le moins étranges pour leurs grades et qualités. Pourquoi un intellectuel au Cameroun, bardé de diplômes, de titres de Docteur, Maitre de Conférence, Professeur Agrégé, pourquoi sont-ils les mêmes qui se distinguent par les plus grandes bassesses immorales ? Pourquoi professeurs, chercheurs, et éminents intellectuels sont les mêmes qui harcèlent sexuellement les jeunes étudiantes ? Pourquoi ce sont ces profs qui demandent qu’on les monnaye pour valider votre mémoire ou votre thèse ? Pourquoi les intellectuels sont-ils ceux qui, nommés DG ou ministres, détournent les fonds publics ? Pourquoi ces intellectuels sont-ils les mêmes qui, lorsqu’ils sont aux affaires, oublient toutes leurs théories universitaires et sombrent dans la corruption, le mensonge politique, ou simplement des comportements qui scandalisent la population ? Pourquoi manquent-ils d’humilité ? Pourquoi sont-ils si pédants, égocentriques, nombrilistes, arrivistes ?

Diplômés

Voici ce que nous dit Aristote dans son ouvrage ÉTHIQUE DE NICOMAQUE : « La vertu intellectuelle provient en majeure partie de l’instruction, dont elle a besoin pour se manifester et se développer ». René Descartes ajoute par ailleurs que : « Le bon sens est la chose du monde la mieux partagée ».  Quel bon sens se cache donc derrière une toge universitaire tachée de tant d’immoralité ? Quelle vertu intellectuelle se cache derrière un maitre qui, malgré son instruction se comporte comme un profane ? Je ne comprends donc pas comment on peut avoir Bac + 12, et on se comporte ainsi. C’est qu’il y’a quelque chose qui ne va pas. Manque de bon sens sans doute, ou alors, nos professeurs agrégés, seraient-ils simplement désagrégés ?


Dépité par les Députés.

On se souviendra qu’en mars 2014, l’Assemblée Nationale du Cameroun aura brillé par l’absence de plusieurs députés à l’hémicycle. Pour cause, nos amis députés son mal en point depuis que leurs homologues sénateurs perçoivent « un meilleur traitement » qu’eux. Un Café noir donc à ces députés qui me dépitent.

Honorables

Une polémique qui a commencé en novembre 2013 lorsque le Sénat n’était pas venu défendre son budget devant la chambre des députés. Ceux-ci ont soupçonné derrière cet acte, une manigance de la Chambre Haute pour faire passer de nombreux avantages supérieurs à ceux des députés. Par exemple, un sénateur perçoit 1.500.000 F CFA de salaire mensuel, tandis qu’un député en perçoit 790.000 F CFA. Les fonds des micro-projets sont de 8.000.000F CFA par an et par député, alors que les sénateurs perçoivent pratiquement le double : 15.000.000 F CFA.

Ce traitement à double vitesse de la toute nouvelle expérience d’une chambre bicamérale au Cameroun a fait l’objet du courroux de plusieurs députés qui ont déserté l’hémicycle en signe de protestation lors de la session de mars. Voilà qui ravive la crainte des camerounais qui se sont toujours interrogés sur l’importance de ces élus du peuple qui se comportent comme des fonctionnaires. Les députés se réunissent 3 mois par an, et perçoivent 12 mois de salaire, en plus du financement des micro-projets pas toujours lisibles et visibles. De plus, 180 députés qui n’ont pour rôle que de « valider » les projets de lois du Gouvernement, sont des députés à questionner. Jamais au Cameroun en effet, une proposition de loi n’a été validée. Quelques députés (minoritaires) de l’opposition en ont appris à leurs dépens. La majorité quant à elle, se contente d’approuver les lois émanant du gouvernement (projets de loi) et ainsi jouer leur rôle de députés modèles respectant la discipline du parti. Il faut donc comprendre par là que nos députés, bien qu’élus au suffrage universel direct, ne sont pas les élus du peuple, mais les élus de leurs partis.

Assemblée Nationale

Il faut donc comprendre que nos députés n’ont pas de compte à rendre à leur base électorale mais plutôt à leur « employeur », sans doute qui les paie pour leur rôle de béni oui oui dans une scène parlementaire truffée d’hypocrisie et de démagogie. Il faut donc comprendre pourquoi, le parlement qui est supposé contrôler l’action gouvernementale, est à la solde de celui-ci et à sa merci. A la merci des ministres qui méprisent les députés au lieu de les caresser dans le sens du poil. Un ministre est nommé alors qu’un député est élu. Pourtant, au Cameroun, le ministre est tout puissant, il peut même se permettre de refuser de recevoir cet élu du peuple qui squatte devant son bureau pendant des heures, attendant désespérément que le ministre le reçoive en audience.

La raison est à trouver aussi dans le comportement indigne de ces députés qui sont à la chasse perpétuelle des marchés publics dans les ministères. Oui, nos députés sont de simples affairistes. Ils sont élus pour faire prospérer leurs affaires et ainsi soit-il ! Quoi de plus normal donc qu’ils en veuillent aux sénateurs dont 30% sont nommés par le président et que ceux-ci perçoivent le double de leur traitement. Non, cela, les députés ne peuvent l’accepter. Au nom des affaires, non ! Au nom de leur fidélité aux projets de loi qui passent comme une lettre à la poste, non !

Les députés demandent donc d’avoir le même traitement que les sénateurs, ou alors que les sénateurs se voient rabaisser leur traitement. Mais dans cette guerre, aucun d’eux ne s’est soucié de celui pour lequel ils sont supposés être là : le peuple ! Après tout, n’est-ce pas ce contribuable là qui les paye ? N’est-ce pas lui, leur véritable employeur ? N’est-ce pas lui son électeur ? Visiblement, nos députés eux, ont oublié où se trouve le vrai pouvoir, hélas !

Avec nos députés, il y’a donc de quoi être dépité.