Osman Jérôme

Chronique des amours perdues

Crédit photo : pixabay.com
Crédit photo : pixabay.com

Malgré la vieillesse des saisons, beaucoup de souvenirs restent encore frais dans notre mémoire. Certains sont porteurs de joie, d’autres nous emportent sur les vagues mélancoliques du passé. En fait, ce qui est certain, ils sont témoins d’un temps fort de notre existence. Il s’agit, entre autres, d’un devoir de reconnaissance envers notre vie antérieure. Même si le tableau n’est pas toujours facile à regarder. Moment d’introspection, images blessantes, retour sur une nuit aux souvenirs accablants.

Telle une tortue en âge adulte, la nuit s’avance lentement. Elle s’accompagne d’un temps à la nébulosité menaçante. La ville s’expose à une forte averse. Mon cœur aussi.

Le ciel devient de plus en plus gris. Quelques étoiles sont à peine visibles. Il est 19h depuis longtemps. Les minutes semblent bloquées dans le compteur du temps. Entre-temps, le poids de mes souvenirs devient plus lourd.

Ma chambre en désordre, donne l’allure du Champ-de-Mars un mercredi des Cendres. Seule ma garde-robe se distingue des autres objets de la pièce.

Ce samedi, il est déjà 20h. Malgré les fatigues de la journée, mes paupières refusent de se plier. Entre le lit et mon corps, les notes ne s’accordent pas. La connexion tarde à se faire. La nuit est interdite au sommeil.

C’est le week-end. Entre la musique et l’alcool, dehors, les gens du quartier célèbrent la vie. Oui, ici c’est comme ça ; une vie sans le plaisir mondain ne mérite pas d’être vécue. Voilà tout ce qu’il faut pour la félicité des uns.

Sous ma fenêtre, il joue une musique. Les notes ne pénètrent pas mes sens. Pourtant c’est un morceau très familier. Âme harassée, mémoire lourde de provisions, pensées en désordre. J’ai l’esprit ailleurs.

Sur des instants de souvenirs nostalgiques, l’écran de ma mémoire est allumé. Un long métrage y est projeté. Les scènes se défilent l’une après l’autre. Certaines sont gaies, d’autres sont mélancoliques.

Figures vedettes, figurants, les acteurs me sont tous familiers. À chaque générique, la diffusion recommence. Encore et encore. Les scènes sont longues. Mais difficile de fermer les yeux sur les images. Quelle hantise ! Ça parle de mes amours perdues. Comme c’est pathétique.

Acte 1 

Dans cet inconfort émotionnel, je revis mon enfance sous les yeux vigilants de ma grand-mère. Une belle dame noire au regard étincelant. Elle avait les mains rigides et aimables à la fois. Les câlins et les raclées font parfois bonne éducation.

Elle ne savait ni lire ni écrire. Pourtant elle avait un souci obsessif pour mon instruction. Bizarrerie de la vie, c’est avec elle que j’ai vraiment appris les premières notions de calcul. Sa méthodologie empirique était simple. Le soir, elle me comptait souvent des petites histoires de la mythologie haïtienne (Tezen, Bouki ak Malis, Mèt dlo…). Parfois, elle en profitait de m’inculquer quelques idées basiques des mathématiques : « Si tu as 10 gourdes, tu en achètes deux bonbons pour 2 gourdes. Combien te reste-il ? Un lot de patates plus deux lots de patates, font trois lots de patates. Je m’en souviens encore comme si c’était hier.

Elle m’a élevé avec cette affection que beaucoup ne pouvaient pas comprendre. Car je ne suis pas l’unique petit-fils de la famille. Telles des lianes grimpantes qui s’accrochent, entre elle et moi, ce fut une grande complicité. Une belle histoire d’amour.

Malheureusement, les histoires d’amour ont aussi leur fin. Ainsi, une triste nuit de septembre, la mort m’a enlevé ce trésor humain. Et depuis, l’image de ma grand-mère paternelle ne veut plus quitter ma rétine.

Acte 2

Les heures passent. Mes raisonnements perdent la notion du temps et de l’espace. Dans un triste décor, le film se poursuit. Seul face à l’écran de ma mémoire. Immobile. Front en sueur, cœur haletant, entre remords et mélancolie, me voici dans un grand état d’introspection aussi angoissante qu’insupportable.

Ici, c’est ma mère (décédée) qui entre en scène. Je la revois avec ce même sourire inépuisable. Ce regard toujours jovial malgré les soucis de la vie.

Sensible à mes demandes, elle n’a jamais ménagé ses efforts pour  répondre à mes besoins, satisfaire mes caprices d’ainé de famille. Je n’ai pas vécu avec elle. Mais le peu de temps passé en sa compagnie, reste  des meilleurs moments de mon existence. Elle m’a offert une amitié aussi rare que précieuse. Une relation digne d’un conte de fées.

Albert Camus l’a dit dans l’Etranger : « On n’a qu’une mère ». La mienne n’est plus depuis quelques années. Mais n’empêche qu’elle habite toujours en moi. Car comme a dit l’autre, l’amour est plus fort que la mort.

Il est presque 1h. Nous sommes déjà dimanche matin. Épuisées, mes paupières se succombent. Mon corps ne peut plus. Le sommeil m’a gagné. Fin.

Osman Jérôme


Port-au-Prince: dangereusement sous les débris du 12 janvier

Un marché sous les débris du 12 janvier 2012 (Haïti) © Osman J.
Un marché sous les débris du 12 janvier 2010 (Haïti) © Osman J.

Plus de quatre ans après le puissant séisme du 12 janvier 2010, physiquement, Port-au-Prince porte encore les cicatrices du drame. Des maisons fissurées par-ci, des décombres par-là, la reconstruction est lente.

En effet, malgré les lourdes conséquences de « goudou goudou », l’Haïtien semble n’a pas encore pris conscience du danger des catastrophes naturelles. Car peu de temps après le lugubre tremblement de terre, Port-au-Prince a repris ses mêmes anciennes habitudes, surtout en matière de construction. Hormis quelques grands chantiers, les nouvelles constructions ne respectent point les normes élémentaires imposées par les autorités compétentes.

Entre-temps, les empreintes du séisme restent une autre grande menace pour la population. Dans plusieurs endroits de la zone métropolitaine, notamment à Delmas, les débris de plusieurs édifices se transforment désormais en des petits marchés informels. Une image indigne de la raison.

Il est 11h, nous sommes à Delmas 33, non loin des locaux de la Télévision Nationale d’Haïti (TNH). Certains vendeurs dos aux murs endommagés, d’autres, courageusement debout. Dans un sombre décor, un petit marché inorganisé est campé. Marchands et acheteurs discutent les prix. Chacun les yeux ouverts sur son propre avantage. Mais semble aveugle aux risques qui cachent derrière ces morceaux de béton, se tenant péniblement debout.

Regards avides de profit, sourires innocents, les commerçants s’installent dans une quiétude à peine croyable. On mange, on cause, on rigole, tout se passe dans un confort à l’haïtienne.

Le danger est là. Entre les fissures des édifices délabrés, la vie et le malheur se côtoient comme deux doigts d’une même main. D’un effondrement à autre, tout peut arriver. Mais tout le monde s’en fout. Même les autorités qui doivent veiller sur la ville.

Bergers, brebis, la république souffre d’une déficience de lucidité. Personne n’est capable de prévoir cette menace qui plane sur une capitale, déjà souffreteuse.

Il y a de l’urgence. Les autorités ne doivent pas rester les bras croisés, attendant le jour du malheur pour pleurer les victimes. Elles doivent agir dès maintenant. Car les risques frappent déjà à la porte.

Osman Jérôme


Haïti: le décès de Jean-Claude Duvalier agite les réseaux sociaux

Jean-Claude Duvalier © Le Nouvelliste
Jean-Claude Duvalier © Le Nouvelliste

Définitivement, les réseaux sociaux sont des thermomètres pour mesurer la température d’un événement. Tel qu’il soit. Du social à la politique, rien n’échappe au matraquage publicitaire des réseaux sur Internet.

En effet, depuis quelque temps, Facebook et Twitter s’imposent de plus en plus en matière de diffusion d’informations. Et d’intox aussi. Ce samedi quatre octobre 2014, comme beaucoup d’autres internautes, c’est sur Facebook que j’ai appris la nouvelle de la mort de Jean-Claude Duvalier. Et depuis cette annonce, la communauté haïtienne profite de la visibilité des réseaux en ligne pour s’exprimer sur la mort de l’ancien dictateur.

Entre pro et anti, le décès de l’ancien tyran de Port-au-Prince ne cesse d’agiter la Toile, dont les réseaux sociaux en particulier. Sympathies et règlements de compte, les tweets et les publications sur Facebook abondent dans tous les sens.

L’épineuse question des funérailles nationales pour l’ancien chef des « tontons macoutes » enflamme les discussions. De la haine à l’humour, les commentaires s’affrontent. Et chacun a des arguments pour justifier sa position. Morceaux choisis :

L’humour est beaucoup plus présent sur Facebook. Certains ont même publié « R.I.P Jean-Claude Van Damme ».

En tout cas, tant mieux que les morts ne sachent rien. Sinon « Baby Doc » n’aura pas l’âme tranquille. Tant que son départ suscite des vagues en Haïti. Un pays qui porte encore les cicatrices de son règne de fer.

Osman Jérôme


Haïti : beaucoup de malades, mais peu de soins

 Hôpital Universitaire de Mirebalais-© Osman Jérôme

         Hôpital universitaire de Mirebalais-© Osman Jérôme

Les temps ont changé. Les mentalités aussi. L’époque où l’Haïtien attend son dernier gémissement avant d’aller consulter un médecin est révolue. Ainsi, la clientèle des centres hospitaliers s’agrandit au rythme de la propagation des maladies et des virus. Toutefois, se faire soigner reste encore un combat. 

Comme beaucoup de familles n’ont pas accès à un médecin privé, la grande population se rue vers les centres publics pour se faire soigner. Malheureusement, ce n’est pas toujours avec succès. Indisponibilité des médecins, dispensaires pauvrement équipés, employés en grève…Aujourd’hui, c’est la triste image des hôpitaux publics du pays.

L’hôpital universitaire de Mirebalais

Dans des conditions de grandes nécessités, l’Haïtien fait souvent preuve de modération. Il se contente du peu. Surtout dans un pays où les dirigeants font peu de cas du bien-être collectif de la population.

Durant ces trois dernières années, l’hôpital universitaire de Mirebalais est une référence en matière de soins de santé en Haïti. De la douleur imaginaire jusqu’à l’intervention chirurgicale la plus compliquée, on y vient pour tous types de problèmes. Le centre est matériellement bien équipé, les médecins sont qualifiés indiquent plusieurs témoignages.

Dans la réalité, comment fonctionne l’hôpital ? Quelle attention est donnée aux patients ? Comment traiter les visiteurs ? Retour sur une expérience décevante.

La petite carte

 Hôpital Universitaire de Mirebalais-© Osman Jérôme

        Hôpital universitaire de Mirebalais-© Osman Jérôme

Première remarque : contrairement à la majorité des centres hospitaliers du pays, ici, presque tout est informatisé. C’est quand même à féliciter.

En effet, tout accès à un quelconque service exige une petite carte digitalisée. Pour l’avoir, on fait deux longues files; une pour femmes enceintes et vieillards et l’autre pour les enfants. Aspect disciplinaire remarquable. Même si l’Haïtien n’aime pas trop.

Suivant l’affluence du jour, il faut attendre une demi-heure, voire une heure même avant d’avoir cette fameuse carte. La fatigue et l’épuisement se lisent clairement sur le visage de plus d’un. Mais personne ne va pas laisser la ligne. Qui va à la chasse perd sa place.

La consultation

Au premier jour de votre visite au centre, vous n’avez pas droit à la consultation. À moins d’un cas d’urgence,vous êtes sur le point de trépasser.

Imaginez-vous qu’on est le 3 septembre. Je ne me sens pas bien, sans avoir une idée précise de quoi je souffre, on me donne un rendez-vous au 24 septembre. Rien que pour une première consultation. Franchement, j’ai préféré mourir de rire au lieu de pleurer face à une telle aberration. Ce fut ma première grande stupéfaction.

Des employés sans politesse

Certaines activités professionnelles exigent plus de courtoisie que d’autres. Force est de constater que plusieurs employés de l’hôpital universitaire de Mirebalais devraient suivre des cours en communication sociale et en relations humaines surtout.

En fait, sans avoir été une victime directe,  j’ai été témoin de scènes pas cordiales entre patients et travailleurs de l’institution sanitaire. Si certains ont tenu tête aux comportements agressifs des employés, d’autres ont tout simplement plié bagage.

Une urgence fantomatique

Regard inquiet, nourrisson en pleurs sur les bras, depuis plus de 60 minutes, une dame supplie devant la porte de la salle d’urgence. Son bébé, dit-elle, ne fait pas pipi depuis déjà trois jours. Ce cas semble-t-il n’est pas une urgence pour les médecins. Ils ne font pas cas de la maman en détresse. Il a fallu l’intervention brutale d’un monsieur, pour qu’une infirmière vienne enfin s’occuper du petit innocent. Terrible.

Des malades qui dorment à la belle étoile

Il est environ 17 h ce mercredi. Fatigue pour les uns, douleurs physiques pour d’autres. Sur les longs sièges en bois de la grande salle d’attente, péniblement, certains cherchent à se reposer. Car après une si rude journée, il faut de l’énergie pour en affronter une autre. Une aventure qui s’annonce longue. Plusieurs sont là depuis 3, 4 ou 5 jours déjà.  Ils attendent une consultation, un résultat d’analyses médicales, une intervention chirurgicale.

À ma grande surprise, un agent de sécurité est venu demander à tout le monde de partir pour éviter que les lieux ne se salissent.

Maintenant, où aller dormir ? L’option de l’hôtel ? Il faut débourser entre 50 à 80 dollars américains pour une nuit d’hôtel pas trop loin de l’hôpital.

Dans cette condition, un seul choix s’impose : dormir devant la barrière principale de l’hôpital.

Hôpital Universitaire de Mirebalais-© Osman Jérôme
Hôpital Universitaire de Mirebalais-© Osman Jérôme

Tout compte fait. La nuit est tombée. Les chauffeurs de taxi-moto n’y sont plus. Et en un clin d’œil, chacun essaie de se faire une place dans cet espace exigu  Draps, serviettes,  sacs de voyage sous la tête, on se débrouille comme on peut.

Image choquante : comme des lots de mangues exposées au marché, les gens s’entassent pour ne pas dormir debout. Véritable scène cinématographique.

Au départ, j’avais une grande inquiétude de me jeter sur les adoquins. Une marchande de boissons gazeuses tente de me rassurer : « T’inquiètes pas mon fils. C’est comme ça tous les soirs ici. Dieu surveille sur ses enfants. Il ne permettra que rien de mal arrive à eux ». À ces mots, je me mets timidement dans la foule.

Ce soir, dans cette condition alarmante, je retiens encore l’image de cette dame. Sa panse est légèrement allongée, ses pieds un peu enflés. Elle refuse de se mettre sur le froid de la chaussée. Elle a peur d’attraper des maladies ou des infections, ce qui risque d’aggraver son cas. C’est pourquoi elle a laissé Port-au-Prince pour venir ici.

La grande foule

Hôpital Universitaire de Mirebalais-© Osman Jérôme
Hôpital Universitaire de Mirebalais-© Osman Jérôme

Jeudi 4 septembre 2014. Il est 5 h à peine, tout le monde est déjà debout. Handicapés physiques, femmes enceintes, vieillards, on se bouscule pour se faire une bonne place dans la longue file. Une file qui grossit au fil des minutes.

« Ici ce n’est pas un hôpital pour les malades », a rageusement lâché un homme sur une paire de béquilles. Quelques secondes avant, le souffrant a failli être renversé par une dame ne faisant aucun cas de son incapacité physique.

Dans ces situations de force, difficile de maintenir la discipline. Souvent, les agents de sécurité sont dépassés. Ils perdent leur calme.

Des médecins qualifiés

Patience et courage, voilà deux expressions qui reviennent fréquemment sur les lèvres de plusieurs patients croisés dans les couloirs de ce populaire centre hospitalier du pays.

L’hôpital de l’université de Mirebalais ne doit pas sa renommée seulement à la gratuité des services offerts. C’est beaucoup plus que ça. Le centre est réputé pour l’expertise des médecins (haïtiens et étrangers).

Et voilà pourquoi, en dépit de toutes ces imperfections organisationnelles, la clientèle de l’hôpital ne diminue pas.

Maintenant, la balle est dans le camp des responsables de la santé publique. Ils doivent prendre des mesures adéquates en vue d’un meilleur fonctionnement de ce centre de santé qui, en si peu de temps passe de présentation dans le milieu sanitaire haïtien.

Osman Jérôme


Timide rentrée scolaire à Port-au-Prince

Rentrée scolaire en Haïti-Crédit photo : Osman Jérôme
Rentrée scolaire en Haïti (C) Osman Jérôme

Entre les agitations politiques et les crises sociales, depuis quelque temps, la rentrée scolaire en Haïti reste un défi majeur pour beaucoup de parents. Et pour l’État haïtien aussi.

D’année en année, le premier jour des classes a beaucoup perdu de son symbolisme. Quand la rentrée n’est pas renvoyée, ce sont des élèves qui ne peuvent pas répondre à l’appel. La défaillance économique du pays sert toujours d’explication à cette problématique.

Lundi 8 septembre 2014, comme annoncé, c’était la réouverture officielle des classes en Haïti. Dans la capitale, comme dans plusieurs villes de province, l’ambiance était loin d’être au rendez-vous.

Dans la zone métropolitaine de Port-au-Prince, surtout au niveau de Nazon et l’avenue Pouplard, ce n’était pas la grande affluence des premiers jours des classes. Si les portes de certains établissements étaient ouvertes, d’autres restaient toujours verrouillées. Ce fut le même constat dans beaucoup d’autres régions du pays. Et ceci durant toute la semaine.

À en croire les témoignages de plusieurs parents, cette nouvelle année scolaire s’annonce une nouvelle fois difficile. Dans un « tap-tap » qui menait à Poste-Marchand, les passagers discutaient entre eux. D’un intervenant à autre, les déclarations allaient presque toutes dans le même sens : le faible pouvoir économique complique de plus en plus la réussite de la rentrée scolaire.

Très catégorique, une mère de trois enfants est claire : la rentrée devrait être renvoyée. Tout le monde n’en est pas d’avis. À l’instar de cet employé de la DGI (Direction générale des impôts). Pour lui, le problème est beaucoup plus complexe qu’une simple question de report. Argumentant que, même si la réouverture des classes avait été reculée pour janvier, certains parents ne seraient jamais prêts.

Au centre-ville, on respire à peine la traditionnelle odeur de la rentrée. Les manuels scolaires traînent dans les bacs. Les fournitures classiques exposent au soleil. Les marchands sont là, les acheteurs ne viennent pas. Ou, ils arrivent en petit nombre. Ambiance très froide.

En effet, c’est déjà la première semaine de l’année scolaire. Quelques enfants ont repris le chemin de l’école, d’autres sont encore en vacances forcées. À bien observer le climat, pour beaucoup d’élèves, la vraie rentrée semble n’est pas pour l’instant.

Osman Jérôme

 


Noche caliente

Puerto Plata, République dominicaine © Osman
Puerto Plata, République dominicaine © Osman

L’été est encore là. La température l’accompagne. Ici en République dominicaine, notamment à Puerto Plata, ça ne passe pas inaperçu. Plages, festivals, boîte de nuit, ce ne sont pas les activités qui manquent. La ville est toujours bouillonnante.

Dans cette course aux divertissements, peu de chance de résister à la tentation. D’ailleurs, la détente est un droit sacré. Retour sur une soirée pleine d’instants de jubilation.

Samedi 16 août, 21 heures, la capitale touristique de la République dominicaine est encore sous 33° degrés. Comme presque chaque samedi soir, l’ambiance musicale anime les rues de mon quartier. Les tubes du moment, un verre de boisson, une cigarette entre les doigts, certains ne demandent plus que ça. Et on se sent bien. La vie est belle.

En effet, c’était déjà prévu. Pas de question de rester prisonnier ce soir dans ma chambre. Direction d’Ocean World. Huppé complexe touristique  connu pour ses spectacles hebdomadaires de grande envergure. Ce samedi, le rendez-vous était encore maintenu. Le temps pour moi de boucler cette fin de session universitaire aussi stressante que fatigante.

Le show de danse a déjà commencé, quand je suis arrivé. Beau monde. Jeu de lumière. Du bon son. Cadre attrayant, le déplacement en valait la peine, surtout que la rentrée était gratuite.

Musique, couleur, ambiance, l’espace est en liesse. Ça chauffe et c’est chaud. De tube en tube, la grande foule dégage une énergie débordante.

Entre-temps, tout juste à côté de moi, une jolie demoiselle s’impatiente à se mettre dans le jeu. Petit à petit, elle se laisse emporter par les touches du DJ. Ha oui, ce dernier a fait un travail extraordinaire sur ses platines. À chaque morceau choisi, le public exulte. Il est au comble de la satisfaction.

Il est 23 h 05 quand les haut-parleurs crachent les premières notes de « Promise ». C’est un public euphorique qui s’emballe au rythme de ce hit interprété par Romeo Santos et Usher. En un clin d’œil, la piste de danse est remplie pour la « bachata ». Des acrobaties bien synchronisées, des couples s’entrelacent, ils montrent leurs talents de danseurs. Il fallait voir ça.

23 h 45, des tables commencent à être vides. Il reste peu de monde. Je repars satisfait. La soirée a tenu ses promesses. C’était CALIENTE.

Osman Jérôme

Noche signifie soirée, nuit.

Caliente signifie chaud, chaude.


Top 10 des plus belles photos de mon Smartphone

Marina de Saint-François-Crédit photo : Osman Jérôme

Derrière chaque photo, se cache une valeur esthétique. Des petits détails  parfois difficile à saisir par nos sens physiques. Pour ceux qui s’y connaissent, la photographie est un art. C’est toute une passion pour les images.

Comme Confucius et beaucoup d’autres, je suis convaincu que : « Une image vaut mille mots ». Ainsi, depuis quelque temps se développe en moi un sincère attachement pour la photographie. Oui, je suis amoureux des belles images. Surtout quand je les ai prises moi-même.

Désormais, en voyage, à l’école, à l’église, je ne veux que rien se passe sous mes yeux sans être immortalisé. Au point que j’ai peur de ne pas devenir paparazzi. En tout cas, ce serait loin d’être mauvais

Tout compte fait, forcé de me passer des services de mon petit appareil photo numérique de 12 mégapixels (tombé en panne), la superbe caméra de mon Smartphone (pas besoin de dire la marque) me vient comme un apaisement. Et jusque-là, je n’ai pas à me plaindre. Vous allez en juger vous-mêmes.

Jour après jour, je deviens plus familier de la galerie de photos de mon téléphone qui en stocke quelques dizaines.

Ne me demandez surtout pas d’en supprimer une, car derrière chaque capture, il y a une histoire, une anecdote, que seuls mes sens peuvent facilement comprendre.

Photographe non-pro (je dois l’avouer), chasseur d’images en devenir, madame, monsieur je vous invite en voyage dans l’intimité de mon petit monde photographique. Voici pour votre plaisir, le classement des 10 plus belles images prises avec mon téléphone portable :

1-Mòn  Pilbowo

Mòn Pilbowo, Haïti-Crédit photo : Osman Jérôme
Mòn Pilbowo, Haïti-Crédit photo : Osman Jérôme

La mythique et gigantesque montagne haïtienne, tristement célèbre pour ses courbes mortelles. Les accidents de circulation y sont très fréquents. Mais loin de tout ça, on adore son aspect exotique. Du haut, vous pouvez admirer toute la splendeur verdoyante du département du Nord. Les usagers de la route nationale # 1 peuvent en témoigner.

2-Route de l’aéroport, Port-au-Prince

Route de l’aéroport, Port-au-Prince -Crédit photo : Osman Jérôme
Route de l’aéroport, Port-au-Prince -Crédit photo : Osman Jérôme

Comme son nom l’indique, c’est l’artère principale qui conduit aux portes de l’aéroport international Toussaint Louverture. Ici, contrairement à une bonne partie de la zone métropolitaine de Port-au-Prince, la circulation est pour le moins fluide en dépit du taux de véhicules qui y roulent. La propreté est loin d’être effective. Cependant, en comparaison avec d’autres zones commerciales de la capitale où les déchets imposent leur loi, cet espace reflète une capitale, capable de se faire coquette quand la volonté est là.

3-Carrefour Trois Mains, Port-au-Prince

Carrefour Trois Mains, Port-au-Prince -Crédit photo : Osman Jérôme
Carrefour Trois Mains, Port-au-Prince -Crédit photo : Osman Jérôme

Petite place aux allures flatteuses, située tout juste à quelques mètres de l’aéroport international Toussaint Louverture. Un peu plus d’entretien. Car c’est l’une des premières belles images d’Haïti à offrir aux visiteurs étrangers.

4-Place d’Armes des Gonaïves.

Place d’Armes des Gonaïves-Crédit photo : Osman Jérôme
Place d’Armes des Gonaïves-Crédit photo : Osman Jérôme

Gonaïves est la cité de l’Indépendance. Premier janvier 1804, c’est ici sur la place d’Armes que la proclamation de l’indépendance a été faite. Et depuis, comme la ville en soi, cette place publique est devenue célèbre dans l’histoire politique du pays.

5-UASD de Puerto Plata, République Dominicaine

UASD de Puerto Plata-Crédit photo : Osman Jérôme
UASD de Puerto Plata-Crédit photo : Osman Jérôme

Universidad Autónoma de Santo Domingo (UASD) est la principale université publique et la seule université d’État de la République Dominicaine. Qu’il soit à Saint-Domingue, à Santiago ou à Puerto Plata, les bâtiments de l’institution ont presque tous le même miroitement  architecturel. Ça ne peut pas ne pas plaire à la vue.

6-Le Christ rédempteur de Puerto Plata, République dominicaine

Le christ rédempteur de Puerto Plata-Crédit photo : Osman Jérôme
Le Christ rédempteur de Puerto Plata-Crédit photo : Osman Jérôme

Nous sommes à Teleférico, au sommet de la montagne Loma Isabel. Lieu historique, jardin botanique, réserve scientifique…c’est espace est une véritable attraction touristique unique en son genre en République dominicaine.

7-Les Caraïbes, Port-au-Prince-Pointe-À-Pitre 

Les Caraïbes-Crédit photo : Osman Jérôme
Les Caraïbes-Crédit photo : Osman Jérôme

Le soleil, le bleu de la mer, les cocotiers. Le paysage exotique des Caraïbes n’est plus à prouver. Les milliers de touristes qui y viennent en vacances chaque année peuvent en dire long. Cette photo captée à quelques altitudes entre Port-au-Prince et Pointe-À-Pitre vous en dit quelque chose hein !

8-Marina de Saint-François, Guadeloupe

Marina de Saint-François-Crédit photo : Osman Jérôme
Marina de Saint-François-Crédit photo : Osman Jérôme

Comme presque toute la région caribéenne, la Guadeloupe a des potentialités touristiques énormes. La Marina de Saint-François que vous regardez une partie sur cette photo, est d’un charme exceptionnel. Entre les voiliers, les Yachts qui s’y accrochent, ce site qui abritent des hôtels, des magasins, des restaurants offrent une vue captivante aux visiteurs.

9-Grand Bassam, Abidjan

Grand Bassam, Abidjan-Crédit photo : Osman Jérôme
Grand Bassam, Abidjan-Crédit photo : Osman Jérôme

Pour une raison ou une autre, je garde encore quelques bons souvenirs de mon récent séjour à Abidjan, à Grand Bassam pour être plus précis. Une soixantaine d’autres blogueurs et moi y étions pour la formation annuelle de Mondoblog-RFI. « À bon vin, point d’enseigne », dit-on. Je me garde de ne pas citer le nom de l’hôtel où nous avons été logés. Entre la verdure du gazon, la petite taille des cocotiers, la beauté de la piscine, les folles vagues de la mer, le cadre extérieur offrait une vue bien attrayant. Cette image en est bien un exemple. Contemplez-la bien.

10-Immeubles de Côte d’Ivoire Tourisme et  d’Énergie Électrique de Côte d’Ivoire (EECI).

Côte d’Ivoire Tourisme et Énergie Électrique de Côte d'Ivoire-Crédit photo : Osman Jérôme
Côte d’Ivoire Tourisme et Énergie Électrique de Côte d’Ivoire-Crédit photo : Osman Jérôme

Ici nous sommes en plein cœur du Plateau, la commune des affaires, dit-on, d’Abidjan. Dans cette prise de vue, je fais deux pierres d’un coup. Disons techniquement, j’ai capté deux images d’un seul clic. Le bâtiment plus haut, tout juste derrière est celui d’Énergie Électrique de Côte d’ Ivoire (EECI). Le premier immeuble plus bas est celui de Côte d’Ivoire Tourisme que j’ai eu l’honneur de visiter. Ces images, dirait-on, sont l’expression d’un pays qui côtoie le développement après tant d’années d’instabilité sociopolitique.

11-Bonus

Crédit photo : Osman Jérôme
Crédit photo : Osman Jérôme

Et pourquoi ne pas immortaliser mes séances d’exercice au gymnase.

En effet, faire un top avec seulement une dizaine de photos sur plusieurs autres dizaines possibles, n’est pas un exercice facile. En dépit du coté amateurisme du photographe, je veux croire que ce classement vous a quand même plu.

Osman Jérôme


Haïti : des artistes au chevet de la politique

Sénateur Antonio Cheramy et député Garcia Delva en altercation au parlement : © https://news.anmwe.com/
Sénateur Antonio Cheramy et député Garcia Delva en altercation au parlement : © https://news.anmwe.com/

Alors que les incertitudes planent encore sur la réalisation des élections du 26 octobre prochain, le profil de certains partis politiques et potentiels candidats fait déjà débat. Le pessimisme s’installe. Personne n’est digne de confiance.

Au cours de ces dernières années, on assiste impuissamment à une dévalorisation du pouvoir public en Haïti. Entre celui qui peut et celui qui veut, la politique du pays traine sur les trottoirs. Ainsi, les sièges du Parlement ne sont plus honorables. Ils sont à la portée de n’importe qui.

Par ailleurs, certains citoyens se servent uniquement des périodes électorales pour devenir « politicien ». « Politicien » s’ils le seront un jour. Cependant, malgré leur ignorance de la chose, nombreux de ces mercenaires arrivent même à occuper de hautes fonctions de l’État. Les politiciens traditionnels oublient leur métier. Comprenez bien que « La nature a horreur du vide ».

Depuis les événements de 1986, le pays patauge dans une transition démocratique jamais effective. Après la chute dictatoriale, on pensait entrer dans une période porteuse d’espoir et de changement. Mais, presque 30 ans après, on cherche encore le Messie qui doit montrer la voie. L’attente paraît très longue. Elle commence par devenir illusoire et utopique.

Les anciens systèmes ont provoqué craintes et doutes. Aussi bien naïf qu’impatient. À force d’être bafoué par les politiciens de métier, le peuple ne sait plus à qui faire confiance. Qui choisir comme dirigeants ? Alors, c’est dans cette alternative imprécise, que le bulletin de vote devient une arme fatale.

L’expérience de Michel Martelly

Artiste controversé, devenu président du pays, l’ancien homme fort du Champ-de-Mars symbolise ce que certains qualifieraient de l’échec même de la classe politique traditionnelle haïtienne. Trop moribonde. Car dans son abattement social, le peuple voulait essayer quelque chose d’autre. Une nouvelle politique. Une nouvelle forme de gouvernance. Car « Qui ne risque rien n’a rien ».

Au départ, l’actuel chef de l’État s’est présenté comme l’homme de la rupture avec les traditions du passé. Discours, démarches, promesses, les plus naïfs ont espéré que le changement allait se faire. Sauf que, trois ans après, le vent de changement promis par l’ancien chanteur, peine encore à souffler. Au contraire, c’est la continuité des anciens modèles. Et même pire encore, aux yeux de certains observateurs.

Mais, selon d’autres critiques, les Haïtiens doivent cesser de chercher midi à quatorze heures. Surtout en politique. Pourquoi Michel Martelly, le simple chanteur doit réussir là où les politiciens ont échoué avant lui ?

Sur les traces de Michel Martelly

Chanteur au palais national. Député-superstar au Parlement, l’organe politique connaît une mutation sans précédent. Avec ce fameux mandat de Martelly, il émerge désormais une nouvelle tendance en Haïti; l’enthousiasme des artistes pour la scène politique.

En effet, à l’approche des prochains scrutins (s’il en aura bien entendu cette année), diverses figures du show-biz local manifestent leurs envies de se présenter candidats à différents niveaux. Si certaines candidatures restent encore officieuses, d’autres par contre sont déjà officielles.

Disc Jockey (DJ), musiciens, rappeurs, animateurs de radio, managers de groupes… Dans les coulisses on évoque une vingtaine de personnes désireuses d’intégrer la sphère politique.

S’inspirant ainsi de la fougue de l’ancien président du Compas Direct ou de la ténacité de Gracia Delva, les uns et les autres pensent pouvoir être maire, député, sénateur, etc.autres.

Cette tendance prend un élan de plus en plus remarquable. Après les confirmations officielles de Pouchon Duverger, de Jacques Sauveur, récemment ce fut au tour du talentueux guitariste Ralph Ménélas d’avouer ses ambitions politiques. Il a tourné le dos à Le kompa pour se consacrer aux choses d’État, dit-il.

À quoi doit-on espérer ?

S’interrogeant sur la volonté réelle de ces vedettes à s’intégrer politiquement dans les affaires du pays, plusieurs observateurs se montrent plutôt sceptiques. Ils craignent une possible banalisation complète de la politique dans le pays. Car pour faire la politique, disent-ils, il ne suffit pas seulement d’en avoir l’idée, mais cela demande aussi un minimum de préparation.

En effet, à l’instar des matchs de football, la politique nous réserve bien des surprises en Haïti. Les têtes qu’il faut ne sont pas toujours à la place qu’il faut. Entre politiciens traditionnels et opportunistes mercenaires, lors des prochaines compétitions électorales, le peuple sera encore face à un nouveau dilemme ; pour qui voter ? Qui apportera le changement ?

Enfin, répétons-le sans cesse ; la politique haïtienne a besoin d’une réforme de fond. Les musiciens seront-ils à la hauteur de ce challenge ?

Osman Jérôme


Haïti : ce que l’on retiendra du Carnaval des fleurs ?

 Carnaval des Fleurs à Port-au-Prince/Crédit photo : Tilou Jean Paul
Carnaval des fleurs à Port-au-Prince/Crédit photo : Tilou Jean Paul

Petit pays, grandes festivités. Du 27 au 29 juillet 2014, les friands des grandes foules ont été une fois encore servis. Des chars allégoriques. Des décibels à hauts débits. Des corps en sueur. Des hanches en mouvement. Des bousculades musclées. Port-au-Prince a piaffé pour oublier ses déboires.

Sous la couverture du Carnaval des fleurs, Champ-de-Mars a été témoin de nouvelles festivités populaires.  Pendant trois jours, la population a été invitée à faire preuve de bambocheurs, de jouisseurs. Mission tout de même accomplie pour les organisateurs.

Cependant, n’en déplaise aux mordus du plaisir, je rejoins ma voix à ceux qui pensent que la réalisation de ces dernières bamboches populaires est une forme d’ingérence d’État.  Une nouvelle preuve du manque d’intelligence et de jugement des autorités haïtiennes. Car ces millions dépensés pour ce deuxième carnaval de l’année auraient pu être investis dans d’autres secteurs, notamment la santé. Surtout avec ces virus mortels qui risquent de frapper le pays. Bref, passons.

Satisfaction. Frustration. C’est le moment des bilans. Comité organisateur, participants, groupes en polémique, spectateurs, chacun y va de son commentaire.

En fait, sans aucune plaisanterie, que peut-on retenir de ces dernières manifestations carnavalesques à Port-au-Prince ? Personnellement, j’en retiens quatre choses :

1-   Haïti est encore loin d’être une priorité pour les autorités haïtiennes. C’est un pays où l’assouvissement de la mégalomanie des dirigeants passe en premier au détriment des besoins du peuple. Six festivités carnavalesques en trois ans. Pendant que les vraies urgences sont négligées.

2-   Pendant que les fêtards jubilaient au Champ-de-Mars, Arnel Bélizaire continue sa grève de faim au Parlement. La libération des prisonniers politiques, le respect de la loi sont parmi les revendications du très populaire député de Tabarre.

3-   Un autre carnaval à Port-au-Prince un 28 juillet. Date marquant le début de l’Occupation américaine en Haïti. L’année dernière, la classe intellectuelle est sortie de son silence disant non à cette insulte historique. N’empêche que cette année, le 28 juillet a été encore retenu dans le calendrier du carnaval des Fleurs. Mépris, ignorance ou simple coïncidence ?  « Un carnaval en Haïti le 28 juillet, personne ne l’aurait cru depuis la douloureuse période 1915-1934. Toutefois, depuis deux années, l’on assiste de manière impuissante et passive à des défilés de chars dans la capitale le 28 juillet. Sont-ils vraiment des Haïtiens, ceux et celles qui nous dirigent ? Est-ce un problème de culture historique, ils ne savent rien de cette date? Ou est-ce une tentative consciente, voulue ou même préparée pour tuer le passé? », s’est indigné un jeune sociologue.

4-   Et enfin, cerise sur le gâteau. Sans doute l’un des temps forts du défilé : on retiendra que Michel Martelly, le président de la République est monté sur le char de T-Micky (le groupe de ses fils) pour animer le béton pendant le troisième jour. Comme il en avait l’habitude dans le passé, ce fut une prestation digne de ses bons vieux temps de Sweet Micky. En effet, si certains qualifient ce geste d’indigne de la prestigieuse fonction du président, d’autres y voient plutôt le vrai visage de Michel Martelly, le chanteur, l’artiste.

En fait, avec toutes ces années de retard en termes de développement, peut-on se permettre de construire une société haïtienne autour d’une politique du divertissement. Et quel divertissement alors ? Autant dire, comment ne pas s’inquiéter du demain, quand les dirigeants sont guidés par leurs pulsions irrationnelles ?

Entre-temps, vive Haïti, vive le carnaval !

Osman Jérôme


Haïti, à l’ère de l’indécence vestimentaire

L’indécence vestimentaire en Haïti-Crédit photo :Osman Jérôme
L’indécence vestimentaire en Haïti-Crédit photo :Osman Jérôme

Dis-moi ce que tu portes, et je te dirai qui tu es.  Car si l’habit ne fait le moine, souvent ça permet à l’identifier.

L’industrie de la mode est à son pic. D’ailleurs c’est un secteur très prolifique en termes de créativité. Chaque style entraine un autre. Et les consommateurs semblent n’être jamais satisfaits.

Ces dernières années, malgré un regard conservateur dans certains milieux, le style vestimentaire s’est beaucoup banalisé dans la société haïtienne. Notamment chez les jeunes, friands des nouveaux looks.

Facilement influençables, ils (les jeunes) font presque tout pour se mettre dans la peau des personnages cosmétiques vendus dans les clips des rappeurs américains et dans les feuilletons télévisés.

Robes décolletées, minijupes extravagantes, jeans troués,  « pantalon san fouk », «kilòt tanga », et voici Haïti qui doit faire face aux possibles dérives sociales des nouvelles tendances vestimentaires.

L’année dernière, dans une sortie pour le moins courageuse et osée, l’ancien commissaire du gouvernement de Port-au-Prince, Me Lucmane Delille a vainement tenté de rappeler le peuple à l’ordre. Mais son intervention jugée correcte par certains a plutôt fait scandale dans les médias.

Bon, il faut tout de même comprendre que, le code vestimentaire ne serait que le cadet souci d’un pays comme Haïti toujours trop pris dans d’autres dossiers plus épineux. Bref.

En effet, il y a peu de temps je participais à un festival de musique organisé dans le département de l’Artibonite. Ce fut pour moi, une autre occasion de me faire une idée de ce que certains appellent déjà une dégénérescence sociale et vestimentaire rongeant agressivement une bonne frange de la jeunesse haïtienne.

Si certains jeunes furent décemment vêtus, d’autres portèrent des accoutrements frisant la vulgarité. Les filles dans des décolletés qui stimulent comme des produits aphrodisiaques. Les mecs avec des jeans trainant sous les fesses. Toujours une main pour en tenir la braguette. Sinon ça glisse facilement sur les genoux. Des strings mal placés, des boxers froissés. Oh quelle démocratie vestimentaire !

Ces tenues immodestes partant vulgaires que portent désormais les jeunes, choquent certains observateurs. Ils y voient l’exemple d’une société démissionnaire. On s’en fiche donc de tout.

Aujourd’hui, certains semblent avoir carrément du mal à se vêtir décemment, peu importe l’exigence protocolaire. Les gens, notamment les filles n’ont plus de modération. Cuisses, ventre, poitrine dehors, elles s’exposent dans des tenues qui épousent l’exhibitionnisme.

Les églises et les écoles souvent considérées comme des lieux de respect, ne sont plus exempts de ce phénomène. Le constat est partout pareil. Provocation en tout temps et en tous lieux.

Imaginez-vous une jeunesse qui montre déjà peu de goût pour les choses morales, s’expose aujourd’hui à des modes vestimentaires expressément conçues pour la provocation. En tout cas, la chose me paraît beaucoup plus sérieuse que l’on pourrait imaginer.

Osman Jérôme


À l’école du « Rap kreyòl »

Rap Kreyol-Graffiti
Crédit photo © Fanel Delva/l’Autre Haïti

Dans un précédent billet publié ici, j’avais promis aux lecteurs une réflexion sur le rap en Haïti. Une tendance musicale dont la popularité est désormais un dossier classé. D’ailleurs c’est l’opium de la jeunesse.

Comme une promesse est faite pour être respectée, ce nouveau titre sert donc de prétexte pour vous emmener avec moi dans l’univers du rap haïtien, familièrement appelé « Rap kreyòl ».

Le rap n’est pas nouveau dans le paysage musical local. Après des débuts plutôt timides, il prend depuis quelque temps une proportion grandissante. Comme une semence tombée dans de bonnes terres, la liste des groupes et artistes ne cesse d’être s’allongée.

Entre-temps, si certains noms sont commercialement bien travaillés, d’autres inspirent en outre des inquiétudes.  N’attendez-pas que je vous en cite quelques-uns. Please.

Entre les appartenances aux couleurs des foulards, des clashs déplorables, des textes revendicatifs, des chansons obscènes, des graffitis, la culture du hip-hop et tout ce qui vient avec, s’imposent au pays du Compas Direct.

Aujourd’hui, citez-moi une ville en Haïti, un quartier à Port-au-Prince n’ayant pas son propre clan ? Les jeunes de ma génération font de ce mouvement une philosophie, une religion, une passion. Donc, une acceptation inconditionnelle.

Les refrains, les slogans, les chansons de Barikad Crew, de Rock Fam, de Zatrap, de Mystik 703, de Magik Clik, de Blaze One sont presque sur toutes les lèvres. En termes de consommation musicale, nous sommes à l’ère de la « Génération Rap kreyòl », estiment certains observateurs.

À ma connaissance, je n’ai jamais vu une jeunesse haïtienne s’accrocher à une cause avec tant d’opiniâtreté, d’affectivité et d’agressivité. Ainsi, entre les jeunes et le rap, c’est une belle alliance. Les sons et les lyrics servent de plus en plus à serrer ce lien de fidélité.

Entre déviance et conscience

Désormais, au-delà du genre musical, le hip-hop kreyòl c’est beaucoup plus que ça. C’est une révolution sociale. Une mutation avec tout ce que cela entraine comme avantages et inconvénients.

En effet, on a souvent assimilé le rap à un style de vie qui enfreint certaines valeurs. Jargons, accoutrements, coiffures, conduites…dans la plupart du temps, les adhérents ont une manière de faire qui laisse des commentaires négatifs.

En dépit que la société haïtienne soit très ouverte à certaines cultures importées, les rappeurs et les adeptes du rap ne sont pas toujours bien vus. Ils sont souvent taxés de délinquants. On leur reproche d’induire les jeunes à une supposée dégénérescence sociale.

En effet, sans aucune idée paradoxale, on doit tout de même reconnaître que l’articulation pratique de cette conception est en partie stéréotypée. Car le rap, surtout dans le cas d’Haïti ne s’arrête pas là. Au tant que des médiocres, l’école du rap haïtien a aussi produit de bons élèves.

Disons, actuellement, la problématique serait le nombre de voix qui se réclame de rappeurs. Car dans la plupart des cas, il suffit de pouvoir se payer un beat et un studio d’enregistrement, n’importe évadé de prison, n’importe ignare se dit MC. Dans cette course aux frics et à la popularité, difficile de séparer l’ivraie du bon grain. Et c’est là que les choses s’embrouillent.

Comme on pouvait s’y attendre, depuis quelque temps, la grande partie des productions rap souffre d’une carence de qualité. À part quelques exceptions, les gars ne produisent presque rien qui sort de l’ordinaire. Le bling-bling, la grivoiserie ont souvent eu raison de la créativité.

Textes sexistes, beats « copier-coller ». Les thématiques tournent plutôt au tour du sexe, du « Swagg », du « Bad Boy ». Tristement, le secteur est sombré dans une monotonie contagieuse. En grande partie, ce qui en reste aujourd’hui n’est que l’apologie d’une obscénité musicale de plus en plus répugnante. Mais qui fait les délices des « bredjenn ».

Dans la foulée, certains parents se montrent inquiets quant à l’influence du RK sur leurs enfants. Car plus que jamais, la tendance est perçue comme une promotion de la débauche et de l’insouciance pour une jeunesse avide de la vulgarité. Une société en proie à de bons repères.

En effet, même si la longévité suscite des inquiétudes, mais un fait est certain ; la page du rap est encore loin d’être tournée en Haïti. Car malgré cette lecture générale plutôt alarmante, la tendance peut encore miser sur certains talents. Car toutes les voix ne seraient jamais nuisibles et inutiles. Certaines œuvres sont à apprécier. Des voix dignes de leurs habilités intellectuelles et de leurs responsabilités en tant qu’artistes.

Ils sont minimes, certes. Mais leur travail bien fait est d’une grande portée sociale. Lyrics de qualité, clips soignés, ces derniers incarnent le rêve de Master Dji ; celui de faire un rap-conscient au profit d’une génération acquise  à la cause du mouvement.

Osman Jérôme


Récit d’une grossesse précoce annoncée

Crédit : pixabay.com
Crédit : pixabay.com

Derrière chaque récit recèle un message, dont le sens est parfois difficile à saisir. Certaines histoires sont faites pour être racontées. Non parce qu’elles sont séduisantes. Mais juste pour servir de témoignage. Ainsi, l’anecdote qui suit n’est pas du genre de billet que vous allez siroter avec grand élan de joie et d’humour. Au contraire. Malgré tout, je tiens tout de même à en parler. Car les pierres ne le feront jamais à ma place.

L’écran de mon Smartphone indique 21h35. Entre la nouvelle de ma petite sœur atteinte du Chikungunya, et celle un peu plutôt de mon père ayant frôlé un accident de circulation, voilà un dimanche soir qui se termine comme jamais imaginé.

Quelques millimètres de pluie viennent inonder une bonne partie de la ville. Les rues deviennent donc impraticables. Le black-out s’impose. Seuls les vrombissements des taxis-motos animent les rues vidées. Déserté, mon quartier est sombre comme une forêt en pleine nuit.

Ce soir, comme à chaque fois quand je suis rentré à cette heure, la petite chaîne aux maillons épuisés est déjà passée. La lueur blafarde de la lampe me dit que la maison est encore debout. À cette heure ? Quel miracle, me dis-je! Cependant, j’étais pourtant loin d’imaginer ce qui se passe dans la maison de mon oncle. Mon lieu d’accueil quand je suis de passage à Saint-Marc.

Une fois traversée la porte qui mène au salon, j’ai vite compris que quelque chose ne va pas. Installé dans sa dodine, chemise à moitié fermée, les pieds vaguement chaussés dans des pantoufles en caoutchouc, cigarette entre les doigts, mon oncle dégage péniblement quelques nuages de fumée.

À droite, au fond du canapé, son épouse essaye de réconforter sa fille en larmes. Quelque part, dans le vieux récepteur de la maison, une voix éraillée présente les faits saillants de la journée, dont une nouvelle manif contre le pouvoir en place. Mais personne n’y prête un centime d’attention. Dans mon esprit, la confusion est immense.

En haut, à gauche, fatiguée, la pendule ne compte plus les minutes. L’heure est pourtant tardive. Absence de sommeil. Nuit interminable. La nouvelle est bouleversante ; Nathalie, ma petite cousine de 14 ans est tombée enceinte. C’est comme un coup de tonnerre du mois d’août qui s’écrase sur cette maison.

Mon oncle, dans la cinquantaine, mais dont la vigueur est d’un jeunot d’une vingtaine est dans tous ses états émotionnels. Essoufflé, irascible, intenable, intraitable. Il veut tout briser au tour de lui.

Après une bonne demi-heure, le monsieur (les yeux rougis, front en sueur, chemise trempée) apostrophe sa femme et sa fille. Qu’elles s’expriment (à nouveau) sur ce qui est arrivé.

Assises l’une à côté de l’autre, les filles peinent encore à cracher des mots. Et que vont-elles dire ? D’ailleurs le mal est déjà fait.

Ma tante (je l’appelle ainsi pour être l’épouse de mon oncle) n’y va pas avec le dos de la cuillère. Elle jette toute la responsabilité sur son mari qui accorde plus de temps à ses activités au détriment de son propre foyer.

Maladroitement mon oncle rétorque que c’est son devoir de femme de surveiller les relations de sa fille.

L’échange est musclé. Petite scène d’accusation où Ève, Adam et Serpent pourraient bien retrouver leur rôle d’acteur.

Dépassé par sa colère bleue, mon oncle menace de frapper sa fille. Ce à quoi suis formellement opposé.

Visage émacié. Regard inexpressif. La « jeune future maman » est très affectée. Celle que je connaissais avant comme un vrai moulin à paroles perd toute son éloquence verbale.

En si peu de temps, ses rêves volent en éclats. Entre un avortement et un mariage précoce, elle ne sait quoi faire. Ses parents non plus. Triste.

À qui la faute alors ?

Mon oncle est devenu enseignant par hasard. C’est ce qu’il a trouvé de mieux à faire depuis que le parti politique dont il membre n’est plus au pouvoir. Entre ses heures de classe, ses jours de manif pour l’augmentation de salaire et sa passion pour le football, son temps est chronométré.

Ma tante est commerçante. Elle passe la majorité de son temps à s’occuper du petit dépôt de provisions alimentaires qu’elle tient au marché. C’est une « Dame de Sara ». Entre ses va-et-vient à Malpasse, Dajábon et Port-au-Prince, parfois elle passe plusieurs jours loin de son foyer.

Jeff, l’aîné du couple est en classe terminale. Garçon très studieux, il consacre tout son temps à préparer les épreuves du baccalauréat qui s’approchent. Contrairement aux attentes de ses parents, qui souhaitent le voir dans la blouse blanche du médecin, le type ne jure que pour l’agronomie. Raison peut-être de son rapport froid et distant avec son papa. Ce dernier ne veut pas admettre que son fils a le droit d’opter pour la carrière professionnelle de son choix. Bref.

Quant à Nathalie, elle est livrée à elle-même et ses fréquentations ne sont pas très catholiques. Ses amies, qui elles aussi  n’ont pas été sexuellement éduquées, faisaient son éducation sexuelle. Voilà donc le résultat. Personne ne veut l’assumer.

Grâce à une posture traditionnelle soutenue par certaines pensées figées, obsolètes, la sexualité est aujourd’hui encore sujet tabou dans certaines familles haïtiennes. Tout ce qui a rapport avec l’anatomie de l’enfant est chose sacrée. Par ignorance, beaucoup de parents préfèrent même mentir aux  petits sur certaines questions liées à leurs parties génitales. Le comble du ridicule.

Par ailleurs, si l’on en croit la mentalité fermée de certains parents, les jeunes doivent obtenir leurs baccalauréats avant toute liaison amoureuse. Certains diraient que l’idée en soi n’est pas mauvaise. Mais quelles sont les dispositions prises pour encadrer les ados à cette fin ?

La société haïtienne a bien sûr évolué. Mais quand il est question d’éduquer sexuellement les plus jeunes, les vieux stéréotypes culturels surgissent toujours. Aujourd’hui, ma cousine est victime d’une famille haïtienne de plus en plus démissionnaire.

Nathalie est une privilégiée. Je peux vous parler de son cas. Mais combien d’autres mettent chaque jour leur vie en péril sur le divan des médecins pour se faire avorter ?

Désormais, je pense que l’éducation sexuelle doit être une priorité, un intérêt spécial. Non seulement dans le cercle familial, mais aussi pour tous les groupes organisés de la société. École, église, que chaque entité assume ses responsabilités. Ainsi, aurons-nous une société haïtienne plus émancipée à la formation sexuelle des enfants, des ados.

Osman Jérôme


Mondoblog-Abidjan: ce que vous ne savez pas des blogueurs

MondoblogAbidjan
MondoblogAbidjan: Crédit photo Mondoblog.org

Toutes choses ont une fin. Certes. Mais, on dirait que certaines  viennent trop vite. La formation de Mondoblog à Abidjan est terminée. Pour une raison ou une autre, le séjour à Grand Bassam aurait dû être plus long, estiment certains.

Durant une dizaine de jours, les invités ont été formés au Data journalisme, sur la vérification de l’information en ligne, sur la sécurité numérique, l’initiation au code HTML, sur la pratique du journaliste en période électorale. 

Pierre Romera de Journalism++, Ziad Maalouf, Simon Decreuze, Grégoire Pouget, Jean-Marc Bourguignon et Cléa Kahn-Sriber de Reporters Sans Frontières, Julien Pain des Observateurs de France 24, Philippe Couve, les intervenants ont été tous à la hauteur.

Haïtiens, Togolais, Français, Gabonais, Camerounais, Mauriciens…, tout le monde est rentré chez soi. De nouvelles connaissances, de nouveaux outils, les participants devraient être plus performants dans leurs activités.

En effet, pour une raison ou une autre, certaines personnes ont attiré mon attention tout au long de la formation. De façon brève, retour sur certains noms:

Solo Niaré ou monsieur « Bonsoir tout le monde »

Solo Niare est débarqué à Grand Bassam avec ses poches pleines de salutation. Générosité oblige, il en a fait la distribution à presque tout le monde. Que celui qui n’a pas été servi, lève le petit doigt. Quand il s’agit de saluer les gens, le mec a fait preuve d’une énergie débordante. Néanmoins, certains pensent qu’il est allé parfois à l’excès. Surtout quand il n’arrête de cracher le même « Bonsoir tout le monde » en pleine séance de formation. Mais après quoi, le gars est bien cool. Jamais son appareil photo, il nous a gratifié de jolies photos. Salut à toi Solo.

Marek, l’homme « No limit »

Exposés, débats, ateliers. Les journées de formation ont été souvent d’une grande intensité. Après certaines séances de travail, parfois on a donc besoin de se détendre quelque part. D’ailleurs la détente est un droit sacré. Mais où aller ? Et qui prend les décisions ?

En effet, le nom de Marek revient souvent sur les lèvres quand il est question de confirmer une sortie nocturne. En hédoniste convaincu, le type assume bien sa responsabilité. Avec ses fameux « Yes I », ce jeune togolais vivant au Brésil est digne de mémoire pour sa pertinence à motiver les blogueurs pour un petit tour à « No limit ». Lieu de défoulement très courtisé par les Abidjanais.

David Kpelly, le provocateur apprécié

Un nom, une marque, une référence, l’excellent blogueur n’est plus à présenter sur Mondoblog. En effet, loin de ses habituelles provocations derrière ses claviers, le Togolais résidant au Mali n’a pas manqué de nous régaler durant tout le séjour. Chaque intervention est une flèche. Chaque mot déclenche un fou rire. Personne ne peut résister. Son humour est émoustillant. Merci tonton David d’avoir été avec nous.

Josiane, la réservée

Josiane est une personnalité exemplaire Simple. Sympa. La jeune journaliste de formation appartient à cette catégorie de gens qui sont et qui ne sont pas à la fois. Elle a la culture du non-paraître. Et, malgré cette attitude plutôt introvertie, la Camerounaise au sourire intercalant a fait le charme de ceux qui ont pris le soin de la côtoyer. Son sens de communication attire. Chaque phrase de Josiane colporte un message d’espoir. Tu es formidable, Josie.

Chantal, la machine à questions

N’a-t-on pas toujours dit que : « L’intellectuel est celui qui a un questionnement constant ? ». Contrairement à beaucoup d’autres, Chantal de Goma, non pardon, Chantal Faida est un nom que les mondoblogueurs qui ont été à Grand Bassam retiendront pendant long temps encore. J’en suis sûr. D’une occasion à autre, la jeune fille aux yeux pétillants a capté les regards avec ses pertinentes questions. . Ce qui met bien souvent les interrogés dans des situations un peu coincées. Ce n’est pas Grégoire Pouget qui dirait le contraire.

Cynthe Ibohn, celle qui n’est pas passée inaperçue

Tenez-moi ça ! Voilà une fille qui n’a pas à s’efforcer pour s’attirer les projecteurs. De petite taille (remarquable), taquine à ses heures, charmante dans son état, démarche plutôt élégante, la fille est d’une vivacité plaisante. Facile à s’adapter aux autres. Cependant, elle est parfois d’une mine qui effraie. Surtout quand elle est au bord de l’impatience. Comme ce lundi matin, quand elle était boudée à être explosée.  Elle voulait rentrer dans sa chambre, mais sa colocataire est partie avec la clef. Hihihi !

Guénolé, « Mister Selfie »

Mondoblog Abidjan-Selfie
MondoblogAbidjan-Selfie-Crédit photo Guénolé

Chacun est reparti d’Abidjan avec des images et des souvenirs un peu différents. Je doute que Guénolé ne soit pas dans la mémoire de tous. Muni de sa jolie tablette tactile, le Malgache a immortalisé plusieurs moments de la formation.  Il suffit qu’il soulève son appareil vers le ciel, et tout le monde lui rejoint. Et ses selfies sont plutôt réussis dans la plupart des cas. Vas-y Guénolé, fonce-toi. Si le selfie deviendra un jour une profession, tu auras de quoi à tenir.

Daye, le Guinéen qui parle créole

Dès notre premier échange, il m’a vite impacté par son habilité communicative. « Se ayisyen, sak pase ? », m’a-t-il craché dans un créole plus ou moins déchiffrable. Et depuis, le jeune guinéen qui vit à Mont-Réal ne me salue que par les « Sak pase, nap boule ». Fréquentant certains « timoun ayisyen » au Canada, il connaît un peu le Compas Direct. D’ailleurs, il m’a mêmé son affection pour le groupe CARIMI. Et il adore danser « kole-Sere ». Hâte de venir visiter Haïti, il compte aller à Cité Soleil. Petite curiosité d’un jeune aux ambitieux projets politiques.

Babeth, la négresse sans humeur ?

Poser des profils de personnalité sur des gens que vous ne connaissez pas encore, est un exercice à haut risque. Au prix de ma crédulité, je viens de le payer cher. Babeth est une talentueuse blogueuse. Elle a déjà pondu des billets d’un humour électrisant. Elle donne envie aux lecteurs de découvrir cette fougueuse personnalité qui cache derrière ces coups de gueule. Durant le séjour à Bassam, la jeune avocate était dans tout, sauf dans ses « Humeurs Nègres ». Ces caractéristiques qui font le charme de son blog. Lui arracher un petit sourire, est comme ériger la tour de Babel. En fait, elle avoue être souvent reprochée pour sa mine trop dure. Mais après ces remarques, c’est une ivoirienne bien attentionnée. « On dit quoi Babeth ? Ca va bien ?

Je n’ai pas tout mentionné. La liste serait longue. Mais je m’arrête-là. J’espère que ce petit exercice vous aidera à mieux connaître ces jeunes blogueurs francophones. Eux  qui vous parlent leurs vies, de leurs envies, de leurs passions, de leurs pays. Qui vous parlent donc du monde, sur Mondoblog.


Mondoblog-Abidjan ou les cultures francophones réunies

Raphaelle, Ziad lors de l’intervention de Julien Pain des Observateurs de France 24 sur la vérification des données (images) en ligne. Crédit photo : Osman Jérôme

Chers lecteurs, lectrices, bonjour depuis Abidjan. Alors, si vous ne le savez toujours pas encore, je rappelle que depuis vendredi 2 mai 2014, je séjourne dans la capitale économique ivoirienne dans le cadre d’une session de formation. Elle a pour objet « Initiation au journalisme et aux outils numériques ». Je suis ici grâce à l’ invitation de Mondoblog-RFI, dont je suis membre depuis bientôt trois ans.

Pour mémoire, « Mondoblog est une plateforme regroupant des blogueurs francophones sélectionnés sur concours. Cette plateforme est née en 2010 d’une volonté de développer une blogosphère française de qualité dans les pays du Sud ».

Et depuis, le projet n’a cessé de gagner en notoriété. Au point que des contributeurs de Mondoblog deviennent des références.

Mondoblog est un projet de long terme. Ziad Maalouf, l’un des administrateurs de la plateforme ne cesse de le rappeller. Par conséquent, la plateforme accueille continuellement des nouveaux contributeurs.

Selon les vœux des administrateurs, chaque année, la formation des nouveaux membres de la communauté se fera dans une capitale africaine. En 2011 c’était à Yaoundé (Cameroun). 2013 à Dakar (Sénégal). Et cette fois-ci à Abidjan (Côte d’Ivoire).

Du Cameroun, de la France, du Togo, de la Mauritanie, du Burkina, d’Haïti, du Canada, du Bénin…, environ 70 blogueurs francophones de tous les âges, de tous les niveaux académiques ont été sélectionnés pour cette session de formation qui s’étend sur une dizaine de jours.

Grand Bassam. Teresso Hotel : entre les connaissances, les petites blagues, les grands éclats de rire, la chaleur humaine est contagieuse. L’humour est à revendre.

Mondoblog-Abidjan : administrateurs, formateurs, blogueurs, tout le monde en ligne pour aller retirer son plat. Crédit photo : Osman Jérôme
Mondoblog-Abidjan : administrateurs, formateurs, blogueurs, tout le monde en ligne pour aller retirer son plat. Crédit photo : Osman Jérôme

Accoutrements, accents, centre d’intérêts,  entre les séances de formation et les repas, nous sommes voici plongés dans la mer de la diversité culturelle de la francophonie. Je me sens tellement bien avec ces gens que je côtoie sur Internet. L’ambiance est conviviale tout simplement.

P.S : ne soyez pas étonnés que dès mon retour en Haïti, je commence à porter un grand « Boubou » pour ressembler à mes frères mauritaniens, embrasser les filles sur les deux joues à la française, rouler les « R » à l’instar des Camerounais, toujours dire « Bonjour » qu’il soit matin ou soir, ou cracher de gros « Putain » comme pour exprimer mon étonnement. Vous êtes prévenus hein.

Osman Jérôme


Haïti, la parenthèse électorale

Crédit photo: https://hpnhaiti.com
Crédit photo: https://hpnhaiti.com

Depuis quelque temps, les périodes électorales en Haïti se suivent, et se ressemblent presque toutes ; retard dans l’organisation, retard dans la publication des résultats, fraudes. Et surtout contestations. C’est donc une culture de l’irrégularité à tous les niveaux.

En conséquence, les élections haïtiennes ne laissent pas toujours de bons souvenirs dans la mémoire des consommateurs. Ici, le rituel électoral épouse l’incrédibilité.

Malheureusement, aujourd’hui encore, peut-être que la météo ne l’a pas encore annoncé, mais le climat électoral s’annonce déjà nébuleux sous le ciel de la politique haïtienne.

En effet, depuis novembre 2011, les élections sénatoriales, locales et municipales auraient dû être organisées. Mais plus deux ans après, le pays ne perçoit point l’odeur de ces  scrutins.

Cette anomalie sert donc de prétexte à faire monter une atmosphère politique déjà haletante. Nourrir une crise qui n’en finit pas.

Elections : entre urgences et pressions

Désormais, le livre de la politique haïtienne s’ouvre au chapitre des élections. Entre les urgences, les manifestations et les pressions diplomatiques, les agitations se lisent dans presque chaque paragraphe.

Gouvernement, partis politiques, opposition, bailleurs de fonds, chacun y fait sa propre lecture et tire ses conclusions.

De la formation du conseil, jusqu’au vote de la loi électorale (encore dans l’impasse), la lecture de chaque ligne se termine par un point d’inquiétude.

Entre-temps, une bonne partie de la communauté internationale qui, depuis quelque temps joue à la passivité diplomatique, sort du silence. Washington vient de lancer l’ultimatum ; plus de l’argent pour Haïti sans une évolution du processus électoral.

Les jours avancent, la machine électorale patine. Un collège électoral en déficit de crédibilité, une loi électorale qui traine encore dans le couloir du parlement, une communauté internationale qui s’impatiente, un gouvernent « posé », un parlement qui résiste, une opposition politique toujours dans les rues, la réalisation des prochains scrutins tient définitivement les débats.

En effet, que le gouvernement, le parlement, les acteurs impliqués le comprennent ou pas, l’urgence électorale est évidente.  Le pays est au seuil d’une nouvelle crise. Il faut l’éviter à tout prix.

Maintenant, y’aura-t-il enfin des élections cette année ? Dans quelles conditions seront-elles déroulées ? Quels seront les effets de ces pressions politiques et diplomatiques sur les résultats ? J’espère être encore là pour vous en parler. Mais en attendant, vivement le développement du processus électoral.

Osman Jérôme


Quand le TOURISME devient une priorité en Haïti

Amani-Y beach (Saint-Marc) © Osman

Malgré certains soucis liés à l’économie, au changement climatique, à l’insécurité et autres types d’inconvénients, de manière générale, le tourisme du monde n’a pas pourtant chuté. Au contraire, les gens continuent de partir en vacances. Bourlinguer à la recherche du plaisir dans les coins les plus reculés du monde.

En effet, en dépit d’un certain retard dû à une carence de développement, la région des Caraïbe a toujours été une destination touristique très courtisée. Chaque année, des voyageurs du monde entier y viennent par milliers. Le soleil tropical, le bleu de la mer, la nourriture épicée, le charme de la région est immense pour épouser la faveur des touristes, friands des lieux exotiques.

Instabilités politiques, ressources naturelles inexploitées, Haïti, la perle des Antilles a depuis quelque temps perdu de sa souveraineté touristique. De gouvernement en gouvernement, le tourisme n’a jamais fait l’objet d’une vraie politique de développement.

Néanmoins, aujourd’hui, après tant d’efforts consentis par l’actuelle administration gouvernementale, l’île reprend pas à pas sa place sur la carte touristique de la région, voire même celle du monde.

Et voilà depuis quelques mois, le tourisme connaît un essor considérable au pays qui est « Open for business ». L’actuelle administration en fait une priorité majeure.

Stéphanie Balmir ou l’expansion du tourisme en Haïti  

Depuis son arrivée à la tête du pays, le Président Joseph Michel Martelly a clairement promis de faire du tourisme, une priorité de son pouvoir. Il veut vendre une nouvelle image de son pays à l’étranger.

Une promesse est faite pour être respectée. Malgré certaines anomalies administratives, l’équipe « Tèt kale » a dû gonfler ses efforts pour revitaliser le secteur touristique. Aujourd’hui, les résultats sont bien évidents. Car à force de peser sur l’accélérateur, le tourisme haïtien devient compétitif.

Une fois installée, l’actuelle ministre du Tourisme, Stéphanie Balmir Villedrouin, n’aura pas mis trop de temps pour donner un nouveau visage à ce secteur, trop long temps mésestimé.

Et depuis, la jeune ministre de 32 ans n’a cessé de mettre ses compétences au développement de cette boîte qui en avait tant besoin. Depuis quelques mois, Haïti n’arrête de marquer des points importants dans des classements internationaux qui concernent le tourisme.

L’année dernière, selon une enquête publiée par CNN, Abaka Bay (l’Ile à Vache au Sud d’Haïti), a été clamsée 57e sur les 100 meilleures plages dans le monde Début de l’année en cours, le pays a été représenté au premier grand Salon Mondial du Tourisme à Berlin.

Son expertise, sa fouge, son dynamisme, en si peu de temps, madame la ministre devient une plaque tournante pour l’expansion du tourisme haïtien à travers le monde. Les projets. Les investissements. Les réalisations. Les chiffres parlent avec beaucoup plus d’éloquence.

Le chemin reste long

Désormais, un nouvel engouement se fait de plus en plus sentir pour venir visiter le pays. Aujourd’hui, avec la volonté du gouvernement Martelly-Lamothe, aidée par le savoir-faire de Mme Balmir,  le secteur du tourisme sort peu à peu de sa zone d’ombre.

Cependant, au-delà de toutes ces conclusions, nous devons tout de même reconnaître qu’il reste beaucoup à faire pour un développement durable de ce secteur en Haïti. L’insécurité, le black out, l’insalubrité, sont entre autres des problèmes auxquels, les responsables doivent trouver des solutions adéquates. Car, le tourisme, je vous assure, c’est un domaine d’avenir en Haïti.

En tout cas,  fermons cette parenthèse touristique avec « Ayiti se« , ce clip de Mikaben, une sorte de madrigal, mettant en valeur l’immensité potentielle touristique d’Haïti.

Osman Jérôme 


Révocation sur BBM, nomination sur Twitter : Haïti est ouverte aux réseaux sociaux

Facebook (C) pixabay.com
Facebook (C) pixabay.com

Nous sommes en pleine expansion du numérique. Les réseaux sociaux s’imposent de plus en plus dans la dissémination de l’information. Du phénomène virtuel tout simplement.

Entre-temps, conscients de l’intérêt, beaucoup d’hommes politiques se laissent emporter par le courant des Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication (TIC). L’homme doit évoluer avec son temps.

Désormais, c’est une pratique de plus en plus à la mode; les chefs d’État et de gouvernement du monde entier se ruent sur les géants des réseaux sociaux, dont Twitter en particulier. Sur les ailes du petit oiseau bleu, ils communiquent des messages, programment des rassemblements, lancent des campagnes, font des propagandes. Dans un tweet de 140 caractères, tout peut donc se passer.

Dans la zone Amérique latine, certains dirigeants politiques sont très actifs sur les réseaux sociaux, spécialement sur Twitter, le puissant microblogging en pleine extension. Pour ce qui est de l’usage de ces outils technologiques, le pouvoir Martelly-Lamothe a souvent reçu de bonnes notes selon plusieurs sondages.

En effet, mise à part les raisons mentionnées plus haut, les hauts fonctionnaires haïtiens se servent aussi des réseaux en ligne à des fins purement administratives.

Rappel : quelques mois de ça, c’est sur BBM (Black Berry Messenger), qu’un ancien ministre aurait appris son renvoi de l’équipe gouvernementale. Du nouveau quand même hein !

Et ce n’est pas tout. Ce mercredi 02 avril 2014, aux dépends des médias traditionnels (radio, télévision), c’est Twitter qui a eu en effet la primeur de dévoiler les nouvelles têtes du nouveau Cabinet ministériel. L’annonce a été faite sur le compte officiel du chef de la Primature.

De A à Z, les noms des nouveaux Secrétaires d’État et ministres ont été tous tweetés dans un court message sur le compte du PM. Chaque tweet est accompagné du hashtag #Haïti à la fin.

Comme a dit Nelson Deshommes dans un billet, c’est une génération de geeks qui est actuellement au pouvoir en Haïti. En tout cas, que vive la technologie au service de la politique.

Ainsi madame, monsieur, dorénavant, Haïti n’est pas seulement « Open for business », mais aussi aux réseaux sociaux.

Osman Jérôme 


Darline Desca : de la musique « À plein temps »

Source photo : Instagram de Darline Desca
Source photo : Instagram de Darline Desca

« La musique donne une âme à nos cœurs et des ailes à la pensée ». Ce grand monsieur qu’on appelle Platon, à qui on doit cette citation, a vu juste. Bon, il faut dire en passant qu’il n’est pas le seul philosophe à avoir compris l’importance de la musique dans l’épanouissement émotionnel de l’être humain. Et que dirions-nous de l’illustre Friedrich Nietzsche qui, dans sa vision des choses, ne conçoit pas la vie sans la musique. Que vive la musique hein !

La musique reste une échappatoire pour tout mélomane avisé. En effet, quand il s’agit de la musique, de la bonne musique, j’avoue ma dépendance émotionnelle. Car, quand je suis accroché à un bon morceau où les DO RE MI sont bien synchronisés, je deviens accro.

Et dans ces conditions de grande addiction, aucune thérapie ne me paraît efficace. Ma seule rééducation se fait par la musique. Alors, comprenez bien que je suis mélomane hein. Et pour cause, parlons-nous de musique aujourd’hui sur Le regard de Osman.

La musique de Darline Desca

Une bonne partie de l’industrie musicale haïtienne connaît depuis quelque temps un remarquable immobilisme artistique. Parallèlement à ce constat, une pléiade de jeunes nous arrive avec toute leur intelligence musicale bien élaborée. Des noms commencent déjà à résonner fort. Celui de Darline Desca par exemple.

Darline Desca appartient à cette génération de jeunes artistes haïtiens qui seraient nés pour la musique. De la musique avec tout ce qu’elle comprend comme art.

Après plusieurs années de travail, la jeune artiste nous propose « À plein temps ». Un disque de 11 morceaux, les uns plus savoureux que les autres.

En effet, depuis la vente signature, l’œuvre n’a cessé de récolter la faveur des critiques. Claudy Siar et toute son équipe de Couleur Tropicale ont salué de manière positive le titre promotionnel de l’album, qui a été récemment présenté sur Rfi.

Au cœur de « À plein temps »

Il n’est pas donné à tout le monde d’être bon musicien, bon chanteur. La musique est un art dont la créativité est primordiale.

En fait, à écouter « À plein temps » avec toute la disposition que cela requiert, on se dit tout de suite, que la fille serait née avec une prédisposition génétique pour le chant.

Entre la vibration de sa voix, la synchronisation des instruments, le choix des mélodies, wow ! « À plein temps », c’est de la musique à l’état pur.

Chaque titre de la pochette est un joyau. De 1 à 11, ils sont arrangés d’une manière à vous tenir en haleine jusqu’à la dernière note de l’opus. C’est un véritable régal pour les tympans. Mademoiselle a de la magie dans sa voix. Je suis ensorcelé. Jésus-Marie-Joseph !

La musique est un langage à part entière. La native de Port-au-Prince  en est bien consciente et en a fait bon usage. Par ses chansons,  elle nous communique ses émotions, ses envies, ses sentiments. Ce que l’on peut ressentir d’ailleurs dans chaque modulation de sa voix pleine de charme et de douceur.

Dans un registre vocal très éclectique, la jeune artiste nous emballe dans des airs qui ont une anergie artistique pour braver le temps et l’espace. Heureux soient les mélomanes qui ont fait bon accueil de cet opus où slow, reggae, rara, jazz se mélangent pour nous accoucher des sonorités rythmiques à câliner les tympans.

En fin. Générosité oblige, je termine ce billet en vous proposant deux pièces sur le premier album de Darline ; 1) M’anvi (J’ai envie) et 2) Mon konpè (Mon compère).

Pour le premier morceau, exécuté avec une grande dextérité vocale, c’est le texte qui me fascine le plus.  Quand je l’écoute, j’ai toujours envie de fermer les yeux et me laisser emporter par les vagues poétiques de ce texte de Cyto Cavé où les images sont vivantes.

Le côté rythmique justifie mon choix sur la deuxième chanson. À chaque écoute, les sonorités du rara me prennent toujours par tripes et ne veulent plus me lâcher.  Le son est tout simplement énergétique.

Bref, je vous laisse apprécier, non seulement ces deux chansons, mais toute la plénitude du talent de Darline Desca pour la musique. Bonne audition !

Osman Jérôme