Osman Jérôme

Vers une dépréciation de la radio en Haïti

Crédit photo : Lens Vital pour Music509 online radio
Crédit photo : Lens Vital pour Music509 online radio

La radio est un média important. Je ne vous l’apprends pas. Malgré la grande influence de l’Internet dans le partage et de la consommation de l’information, elle n’a pas pourtant tout perdu de sa valeur en termes d’écoute.

La radio a toujours été un canal de communication très apprécié en Haïti. Il fut un temps, tout ce qui y était dit, était souvent pris comme l’évangile pour les plus naïfs. On faisait du crédit aux travailleurs de la presse.  L’homme de radio était une voix autorisée. Il y avait alors un souci de qualité et d’éthique dans le métier de journaliste.

Néanmoins, depuis quelque temps, une bonne partie de la bande FM haïtienne patauge entre amateurisme et médiocrité. La dégringolade est flagrante. Au point même aujourd’hui, certains se questionnent sur le rôle de la radio dans la société haïtienne.

Faire de la radio en tant que journaliste, chroniqueur, analyste ou animateur, est-ce un simple désir à satisfaire ou une activité professionnelle dont il faut respecter les principes ? Faire de la radio, exige le respect de la déontologie de la profession. Sinon, tout le monde deviendrait journaliste ou animateur de radio, comme c’est presque le cas malheureusement en Haïti aujourd’hui.

Hier, la rue répétait ce qui était dit à la radio. Aujourd’hui les choses ont changé. C’est plutôt la radio qui répète ce qui est dit dans la rue. Aberration !

Disons-le tout net, le souci professionnel paraît-il n’est plus une priorité dans le fonctionnement de beaucoup de stations de radio en Haïti. Et je me permets même d’insister ; faire de la radio, ce n’est pas de l’imaginaire où tout est permis. Il y a une rigueur professionnelle à respecter.

Plus de médiocrité, moins de crédibilité !

D’un temps à l’autre, il faut s’attendre à une anomalie qui vient entraver le fonctionnement professionnel de la radio haïtienne. Quand ce n’est pas l’incompétence de certains journalistes qui abordent des dossiers qu’ils ne maîtrisent pas, ce sont des animateurs d’émissions musicales qui commercent leur crédibilité avec des groupes musicaux, toujours friands de popularité.

Cette problématique est plus récurrente dans le secteur culturel, où on a comme l’impression que chaque animateur de radio défend son propre intérêt ou celui de son groupe favori. Où est l’éthique dans tout ça ?

Autre phénomène inquiétant : le rappeur-animateur. Oui, aujourd’hui en Haïti, le rap est un phénomène de société, un mode de vie. On en reparlera peut-être dans un prochain billet. Des soi-disant rappeurs, en panne d’éducation, envahissent désormais les ondes haïtiennes. Et ils s’autoproclament le titre honorifique d’animateur de radio. Pour dire quoi ?

Pour faire la promotion de leurs débilités artistiques, censurées par certains médias rigoureux, aujourd’hui, nombreux sont les adeptes du rap à se faire passer pour travailleurs de la presse. Quelle presse ? Où ont-ils été formés ? Par où sont-ils  passés pour arriver là ? Demandez-le aux patrons des médias qui leur accordent des heures d’antenne pour venir débiter n’importe quoi aux oreilles des auditeurs.

Journalistes « achetés », animateurs incompétents, informations manipulées, médias partisans, indiscipline professionnelle des uns, extravagance des autres, la liste des reproches faits aujourd’hui aux travailleurs de la presse et ceux de la radiodiffusion en particulier est longue.

Dans la foulée, de nombreuses voix se sont déjà élevées pour dénoncer cette médiocrité qui se propage sur nos ondes. Mais les remarques sont comme tombées dans des oreilles de sourds. Et d’ailleurs comment amener à la raison celui qui ne veut pas entendre.

Des journalistes qui imposent leurs lois

Il y a quelques années un journaliste très célèbre à Port-au-Prince, a voulu « impressionner » un conseil électoral, qui retardait dans la publication des résultats de certains scrutins. Dans son « auguste pouvoir », un  jour, l’homme a pris rendez-vous avec son large auditoire. Il a promis de divulguer les résultats si l’instance électorale ne le faisait pas à telle ou telle date. D’ailleurs, il a laissé croire avoir déjà les résultats en main.

Madame, monsieur, toute une République est en alerte. Vous pouvez imaginer. L’organisme électoral semble ignorer la « menace ». Et, à la surprise générale de tout le monde, l’homme arriva à sa populaire émission sans publier les résultats comme promis.

Dans l’interaction avec le public, face au mécontentement de certains auditeurs, le journaliste s’est tout simplement contenté de dire qu’il avait écouté les conseils de certains amis.

Parfois on se demande, de quel droit ou de quelle couverture, on ne sait pas, certains journalistes haïtiens pensent pouvoir dire n’importe quoi sur n’importe qui, n’importe comment. Récemment à Saint-Marc, j’ai écouté avec peine un journaliste senior connu pour son arrogance provocatrice, mettant en défi les autorités municipales  sur un dossier on ne peut plus brûlant . Le « micro », rendrait-il parfois trop « chef ? ».

De surcroît, actuellement; le sens du professionnalisme, les valeurs radiophoniques se perdent graduellement dans le « superstarisme » de nos journalistes, de nos animateurs d’émissions, vedettes jusqu’au seuil de la provocation.

En dépit de toutes ces observations « négatives », je peux vous garantir que, comme hier, aujourd’hui encore il y a sur les ondes haïtiennes des hommes de micro compétents. Des gens formés pour leur boulot de journaliste.

Alors mes chers amis, pensez à ce que serait le secteur radiophonique haïtien, sans cette minorité de patrons de médias, de journalistes, d’animateurs, de chroniqueurs, d’analystes qui, dans leur travail, se battent pour une presse parlée digne de sa mission.

Osman Jérôme


Champ-de-Mars : le trottoir a son charme

Champ-De-Mars, Port-au-Prince(Haïti) : Crédit photo © Osman Jérôme
Champ-De-Mars, Port-au-Prince(Haïti) : Crédit photo © Osman Jérôme

Nouveau titre, nouvelle destination. Pour ce nouveau billet, je vous emmène avec moi au Champ-de-Mars, quelque part  au cœur de Port-au-Prince. Ici, la vie a son sens. La chaleur humaine est contagieuse. Le divertissement est à revendre. Le charme y est. Tout simplement.

On est samedi. Il est presque 18h. Un groupe de nuage épais défile lentement sous un ciel déjà menaçant. Dans les environs, des petits marchands détaillants s’empressent à vider les lieux, pendant que d’autres s’arrangent à y faire une place. D’ailleurs, Champ-de-Mars doit un peu de sa popularité à cette cadence « san pran souf » (sans arrêt).

À quelque part du commissariat de Port-au-Prince, des petits marchands de tafia prennent position. L’odeur des poulets rôtis embaume l’environnement. Des usagers du transport en commun font des petits groupes. Tout le monde est en alerte d’un klaxon. Destination de Delmas ou de Pétion-Ville, chacun dégage son énergie. Pas de question de manquer une occasion. Un véritable va-et-vient. Mais on dirait bien synchronisé.

Place de Pétion, en face de la Faculté d’Ethnologie. Sac au dos, des jeunes des deux sexes, apparemment étudiants pour la majorité, forment un groupe. Un débat philosophique parait interminable. L’avortement est au centre des échanges. Entre Utilitaristes et Moralistes, les arguments s’affrontent avec parfois une pertinence pointilleuse. Les discussions intellectuelles comme je les aime.

Maintenant, nous sommes à l’angle des rues Magny et Capois. Avec toute la quiétude du roi, un marchand de CD et de DVD piratés, étale ses produits illicites au ras le sol. Sans gêne, le jeune homme à la mine dure, distribue les produits de nos artistes à des prix rabattus.

Tout juste à côté, un sexagénaire, vendeur de diverses sortes de grog local, décore sa table claudicante. Entre-temps,  dans des slogans très à la mode (Resan, Real, Zoe…) deux jeunes aux tenus branchés, encensent le barbu pour la bonne qualité de son « asowosi ».

Entre deux gorgées d’alcool, les deux hommes beuglent et piaffent au rythme endiablé de « Ti Mamoun ». Le dernier tube controversé du moment, diffusé à hauts décibels dans les parages. Satisfaction garantie.

En effet, malgré certains soucis, une étincelle d’espoir se lit sur chaque visage. Une envie de vivre dans chaque conversation. La vie a une autre couleur au Cham-de-Mars.

À la rue Capois, les marchands de produits artisanaux font les dernières ventes. Dans la même zone, avec air insatisfait, un bouquiniste ramasse ses bagages. Peu importe la recette du jour, le rendez-vous est pour demain.

La nuit va bientôt disparaître. Champ-de-Mars connaît une allure pressante. Les ombres du soir attirent au tant de visiteurs que les rayons du soleil.  Cette grande place publique située au cœur de la capitale a donc la particularité d’être toujours en mouvement.

À mesure que les minutes s’égrènent, le ciel devient de plus en plus gris. Mais ça n’inquiète point les visiteurs. Marchandes de fritures, cireurs de bottes, laveurs d’auto, mendiants, à chacun son activité. Comme par nature, j’étais plutôt observateur.

Il est déjà la nuit. J’ai failli de ne pas m’en rendre compte. Petit à petit, toute la place est éclairée. On dirait 10h du matin, tant que le rythme de la vie est bouillonnant ici. Si tout le pays serait ainsi !, soupirai-je.

Il est bientôt 20h. La pluie crache ses premières gouttelettes.  Rue Capois, tout juste en face du Rex Théâtre, sous le lampadaire du coin, j’espère un taxi pour rentre chez moi.

Dans les parages, il se donne un spectacle, digne de la provocation. Tenues aguichantes, gestes séduisants, des jolies demoiselles, pour la plupart dans la vingtaine, étalent ce qu’elles ont de plus vendable pour attirer la clientèle sexuelle du trottoir. Exhibitionnisme, extravagance, excitation, une véritable scène hystérique. Mais en réalité, qui ne dérange point les amoureux du « corps-beau ».

Constatant que, je ne reste pas flegmatique face à leur parade séductrice, l’une d’entre elles décide de me rapprocher. Et sans méandre, elle me lance crûment : « Ou bezwen yon sèvis ?» (Avez-vous besoin d’un service ?).

L’odeur de son parfum, sa démarche assurée sur ses talons, ses boucles d’oreilles, son pendentif qui décore joliment le creux de ses seins, la fille ne porte rien de clinquant. Un véritable patrimoine esthétique qui promène son joli corps sur le trottoir du Champ-de-Mars.

Sous le charme, je n’étais pas prêt à refouler cette sensation de plaisir et de bien-être émotionnel que me procure la seule posture de la gazelle. Mais, malheureusement, le temps de lui répondre, plein comme un œuf, un minibus arrive avec comme destination Nazon-Delmas. Je cours monter à la hâte. Sinon, je risque de rentrer chez moi plus tard que prévu.

Madame, monsieur, amis lecteurs, ici que s’achève notre galante balade au Champ-de-Mars. Merci de m’avoir tenu compagnie. J’espère que ça vous a plu.

À bientôt.

Osman Jérôme 


Facebook, Twitter : quand l’impolitesse tue les réseaux sociaux

Réseaux sociaux (C) pixabay.com
Réseaux sociaux (C) pixabay.com

Le monde progresse. Les sociétés se transforment. Aujourd’hui, l’accès à la communication et à l’information connaît un essor sans précédent. Tout a été révolutionné. Même si ce n’est pas toujours dans le bon sens.

Dorénavant, nous sommes témoins de la puissance et de l’autorité de l’Internet dans le partage des infos. Des intox aussi.

Néanmoins, il faut tout de même reconnaître que, certains problèmes surgissent non à cause de la chose en soi, mais de la façon dont nous l’utilisons. D’ailleurs, le Web social même est une arme à double tranchant.

Les réseaux sociaux

Depuis leur apparition sur Internet, les réseaux sociaux deviennent de plus en plus à la mode. Les internautes en redemandent encore. Comme si l’homme ne sera jamais rassasié de rien.

Avant cette montée en puissance, la communication à distance n’a jamais été aussi gratuite, aussi facile entre les gens des quatre coins du monde. Que celui qui n’en a jamais profité fasse le premier, commentaire sous ce billet.

Pour le meilleur ou/et pour le pire, la révolution des réseaux sociaux n’est pas sans de grandes conséquences dans la vie des utilisateurs.

Pour certains, ces espaces virtuels offrent assez d’opportunités. Ils permettent entre autres de tisser des liens professionnels, rencontrer d’anciens et de nouveaux amis, vendre ses produits, promotionner ses marques… Cependant, d’autres préfèrent les utiliser à d’autres fins perfides, à emmerder la vie des gens. « Pèsekisyon vin tout jan wi» (le mal vient sous toutes formes).

Manifestement, pendant que ces espaces virtuels deviennent de plus en plus nombreux, les communautés en ligne deviennent parallèlement de plus en plus nuisibles, dirait-on. Ou du moins l’usage qu’on en fait. Et, on dirait que, c’est là que le bât blesse.

Facebook, Twitter, Google +, ce sont des réseaux sans classe sociale, sans barrière ethnique, politique, économique. Tout le monde est ami avec tout le monde. Tout le monde suit tout le monde. On se « LIKE », on se « RE-TWEETE », on se COMMENTE. Quoi de mieux que d’harmoniser les relations virtuelles entre gens du Sud et ceux du Nord,  riches et pauvres, Noirs et Blancs, chrétiens protestants et catholiques.

Mais, comme chaque avantage vient souvent avec son lot d’inconvénients, l’utilisation de ces réseaux laisse parfois un goût de regret sur les lèvres de certains. D’autres vont même jusqu’à désactiver leurs comptes.

Beaucoup d’usagers ont en effet profité de ces aubaines technologiques pour s’immiscer maladroitement dans l’intimité des autres. Fouiner dans les affaires de paisibles gens. Souvent, la notion de respect cède sous la pression de l’impudence.

Parfois, on prête à tort aux réseaux sociaux le concept du « Tout est permis ». Du partage de la photo la plus choquante jusqu’à la publication la plus obscène, tout se passe sur la Toile.

Autrefois en Haïti, quand il se produisait un accident de circulation, les premiers arrivés sur les lieux cherchaient tout d’abord à sauver des vies, aider les survivants. Mais aujourd’hui, les gens s’empressent de photographier des corps sans vie, des têtes sans corps pour partager sur Facebook. Un véritable manque d’humanité.

Tweet grivois. Publication banale. Nous sommes voici exposés à une forte dose d’impolitesse qui pollue sérieusement les géants des réseaux sociaux, dont  Facebook et Twitter où certains cherchent par tous les moyens à se faire un nom, une notoriété.

On veut tous faire bonne impression, mais beaucoup ne savent vraiment pas comment y arriver. Entre précipitation, maladresse et irrespect, parfois les individus n’ont plus de limites.

 « Moi, une chose que je déteste, c’est le manque d’éducation dont font preuve certains hommes rencontrés sur les réseaux sociaux. Sans aucune galanterie, dès la première communication avec le type, déjà il vous appelle ma chérie, mon cœur,  mon amour. Quelle familiarité hein ! », peste Anne Pierre. Cette jeune étudiante en médecine déjà victime de propos déplacés de certains individus,affirme avoir déjà retiré plusieurs noms dans sa liste d’amis sur Facebook.

« Récemment j’ai eu chaud avec ma fiancée. Sur Facebook, elle est tombée sur le compte d’une demoiselle ayant utilisé ma photo comme page de couverture. Certes, je connais l’amie en question dans la vraie vie, mais elle a agi sans que je le sache. Et d’ailleurs à quelle fin elle a dû faire ça ? Rien n’existe rien entre nous, se plaint amèrement James Étienne.

« Sans tenir compte de vos valeurs morales, de vos appartenances religieuses, sans votre avis, on vous met dans n’importe quel groupe. On vous identifie dans n’importe quelle cochonnerie »,  fulmine pour sa part Ricardo Jules. On m’envoie souvent des invitations pour « liker » certaines pages au contenu choquant et parfois carrément pornographique. Quelle indécence ! ». Ce futur psychologue estime que ces types de comportement nuisent à la santé mentale des gens.

Contrairement au réseau bleu de Facebook, les écarts semblent bien moins récurrents sur les ailes du petit oiseau de Twitter. N’empêche qu’à titre personnel, j’ai été  déjà victime à plusieurs reprises du manque d’intolérance de certains abonnés. Des internautes qui digèrent mal que votre opinion diffère de leur point de vue dans un échange.

Certes les réseaux sociaux favorisent la communication, mais si certains ont intelligemment profité de ces opportunités offertes gratuitement par ces communautés virtuelles d’autres préfèrent aller dans la mauvaise direction. Bon, il faut de tout pour faire un monde. Non, pardon, un réseau social.

Maintenant, à vous donc de choisir : avec qui échanger dans ce petit monde virtuel où nous sommes appelés à vivre. Cette communauté du bien et du mal, du laid et du beau.

Osman Jérôme


T-Vice VS Djakout #1, de plus en plus minable

Shabba de Djakout # 1 et Roberto de T-Vice/Crédit photo: https://ilovekonpa.com/?p=2402
Shabba de Djakout # 1 et Roberto de T-Vice/Crédit photo: https://ilovekonpa.com/?p=2402

La grille de programmation de certaines stations de radio et de télévision connaît quelques légères modifications. Petite trêve de chansons d’amour et de « Kompa love ». Les ondes haïtiennes sont plutôt actuellement aux airs carnavalesques.

Plusieurs dizaines de titres sont déjà en rotation. Musiciens, fanatiques, membres de la presse culturelle, sponsors, c’est toute une industrie musicale haïtienne qui est en branle. « Topiteur » de nature, mon ami Nelson a déjà présenté son top 5 des meilleures méringues du moment. 

Cette année, contrairement aux saisons précédentes, pour une raison ou une autre, je ne suis pas trop branché carnaval. Pour preuve, jusqu’à date, je n’ai pas encore auditionné une dizaine de morceaux. Ça ne me tente pas trop.

Depuis la nuit des temps, la polémique (entre les groupes) a toujours été une spécificité de la musique haïtienne. Au début, on a eu droit à une polémique musicale productive. La créativité était dans l’ensemble, la principale arme d’attaque et de défense. Les protagonistes cultivaient entre autres le sens du respect mutuel. Malgré quelques petits passages regrettables, DP VS Scorpio est une belle référence à ce niveau.

T-Vice VS Djakout Mizik 

À tort ou à raison, depuis quelques années, on considère T-Vice et Djakout Mizik (aujourd’hui Djakout #1) comme les deux principaux compétiteurs du carnaval haïtien. Notamment pour le secteur Kompa Direct. Pas de carnaval sans eux ? Ils ont le secret du macadam ? Cependant, à force d’être adulés, les musiciens des deux bandes se versent depuis quelques temps dans une inertie musicale qui scandalise. Aujourd’hui, dans ce vide artistique, ils se croient pouvoir tout permettre, tout faire, tout produire comme chanson carnavalesque.

De carnaval en carnaval, cette compétition entre les deux groupes perd en créativité et en qualité. En panne d’inspiration, les compositeurs deviennent débiles dans leurs œuvres. Désormais, le challenge laisse le côté musical pour traverser brutalement les frontières intimes des uns et des autres. Les amants des « insolites » ne redemandent que ça. Mais, ces incartades offusquent au plus point les puristes de la bonne musique, les nostalgiques des bons moments du carnaval haïtien.

Et, à qui veut l’entendre, cette chute aux abîmes de la médiocrité que connaissent les deux groupes durant la période du carnaval n’est pas en effet sans la complicité d’une bonne partie de la presse culturelle locale, souvent trop clémente. Peu, sont les quelques animateurs de radio, critiques d’art, osant critiquer objectivement ou censurer les musiquettes de ces deux géants de la musique haïtienne.

T-Vice et Djakout #1 sont-ils les deux groupes Kompa à produire durant ces dernières années les meilleurs tubes carnavalesques ? Ont-ils toujours les meilleures prestations des trois jours gras ? Les fanatiques vous diront OUI. Certains membres de la presse en manque d’analyse contribuent à ériger cette perception au tour des deux groupes. Faveur dont ils ne méritent plus depuis quelques temps, si l’on se réfère évidemment à la qualité de la marchandise.

Entre-temps, d’autres jeunes formations musicales, étiquetées de « petits groupes » font valoir leurs potentialités musicales. Mais hélas, elles ne peuvent pas bénéficier d’une promotion considérable. Car ce privilège médiatique est  plutôt fait pour les grosses cylindrées que sont Djakout #1, T-Vice et autres.

« Avili yo » VS « Skandal » : un bel hommage au ridicule 

Comme le veut la tradition, vieille de plus d’une décennie, cette année encore, les meringues de T-Vice et de Djakout #1 étaient des plus attendues. Sincèrement, une autre fois, l’attente ne valait point la peine. Du moins de mon point de vue personnel.

« Avili yo» de la bande à Roro et « Skandal » des frères Martino ; deux textes pauvrement inspirés, dénués de toute beauté artistique. Pour ce que représentent les deux groupes sur l’échiquier musical haïtien, encore plus pour le carnaval, c’est du gros n’importe quoi donc. Véritable insulte à la créativité.

L’art est créatif. Et la créativité est une preuve d’intelligence. À ce niveau, pour une énième fois, Djakout #1 et T-Vice « bwè pwa ». La productivité est crucifiée sur l’autel de la facilité. Refrains plats, solos prévisibles, les deux titres ne font pas de poids. Carence aigüe d’imagination à tous les niveaux. Débilité totale.

Avec leur statut honorifique de « mèt beton » et de « djaz peyi », T-Vice et Djakout #1 pensent donc pouvoir offrir n’importe quoi au public. Désormais, opinent certains observateurs, le souci musical n’est plus la priorité des musiciens. Tout le monde s’envole audacieusement sur les ailes de la facilité. Monotonie insupportable.

S’ils se sentent impuissants, qu’ils (T-Vice et Djakout #1) renoncent publiquement à cette vaine polémique, qui caresse de plus en plus les contours de la nullité en termes d’invention. Très minable à mon goût.

Cette année encore, tout ce qu’on peut dire; la bataille musicale entre Djakout #1 et T-Vice est un véritable flop. Allez revoir vos notes les gars, rendez-vous à l’année prochaine 🙂

Osman Jérôme 


Haïti : telle société, telle jeunesse (Suite et fin)

Le parlement Jeunesse d'Haïti. Crédit photo : https://espacinsular.org
Le parlement Jeunesse d’Haïti. Crédit photo : https://espacinsular.org

Une jeunesse éduquée, formée, encadrée, est comme une valeur suprême de toute société progressiste. Car elle assure non seulement la construction démocratique et participative de la société, mais aussi sa productivité et son bien-être collectif.

Dans la première partie de cette réflexion, nous avons évoqué la triste réalité d’une jeune haïtienne exclue, larguée par la société elle-même. Société  qui devrait plutôt la surveiller, dit-on. À ce manque d’encadrement, il est donc évident qu’on a des jeunes qui s’engouffrent dans des pratiques interdites par la morale.

Cependant,  en dépit de ce sombre tableau, il y a encore des jeunes sur qui le pays peut toujours car comme on le dit si bien : « La jeunesse est l’avenir du pays ». Maintenant, comment y parvenir ?

Les sociétés qui investissent dans la formation des jeunes sont appelées à connaître de grands progrès à tous les niveaux (technologique, économique, sociologique, politique…). Pour ainsi dire, le niveau socio-économique dont Haïti a  besoin, ne sera jamais effectif sans un investissement adéquat dans les capacités des jeunes.

La société haïtienne est face à de nombreux défis sociopolitiques. Les jeunes ont leur partition à jouer. Il suffit de les encadrer..

Education : la jeunesse est une force sociale importante et fondamentale pour contribuer au développement du monde. L’accomplissement de cette tâche ne sera pas possible sans une éducation adaptée. Une éducation qui répond, non seulement aux besoins des jeunes, sinon aussi aux nécessités de la société qu’ils appartiennent.

Désormais, le jeune Haïtien doit recevoir un enseignement de qualité. Celui qui lui permet de développer ses capacités. Avoir pleine conscience de ses droits et de ses devoirs. Ainsi, nous aurons une jeunesse qui prendra une part active dans la construction collective de cette société démocratique, productive, compétitive qui a longtemps manqué à Haïti.

Formation : en termes de formation des jeunes (en Haïti comme à l’étranger), l’État haïtien n’investit presque pas. Or dans toute société qui se respecte, la formation (académique) des jeunes est l’une des plus grandes priorités de l’État. Si ce n’est pas la première. Mais ici, on s’en moque royalement.

Dans le cadre de certains partenariats avec des ambassades et des organisations non gouvernementales (ONG) à Port-au-Prince, certains jeunes sont parfois bénéficiaires des bourses d’études à l’étranger. Souvent, quand il est question de trouver l’appui de l’État haïtien au cours de leurs études ou pour s’intégrer sur le marché local après leur formation, c’est vraiment la déception pour eux.

Des boursiers à Cuba peuvent donc en témoigner. Nos chefs n’assument pas leurs responsabilités en ce sens. Comme si les revenus de l’État sont là seulement pour garantir leur confort et celui de leurs familles.

En effet, former des citoyens socialement responsables et intégrés, voilà ce qui est une garantie d’un meilleur demain pour la société. Il n’est pas trop tard aux dirigeants haïtiens de s’en rendre compte et faire le nécessaire. Il suffit de faire la formation des jeunes une priorité. Et croyez-moi sur parole messieurs les politiciens, tôt ou tard, le pays récoltera les fruits de cet investissement intelligent.

Emploi : ce n’est pas un secret, le chômage s’installe confortablement dans le salon de la société haïtienne. Et les jeunes sont les plus touchés par ce manque de travail. Récemment, on a estimé qu’il y a environ « 150 000 jeunes qui font leur entrée chaque année sur le marché du travail dans le pays. Pourtant, il n’y a pas vraiment de perspectives d’emploi ».

Malgré certains efforts, la situation reste criante. Et selon certains observateurs, ce fléau qu’on appelle « chômage », serait à la base de beaucoup de scènes de violence et de délinquance enregistrées ces derniers temps dans le pays. Donc, une vraie politique d’emploi est urgente aujourd’hui en Haïti.

Loisir : « Quand on n’a pas ce qu’on aime, on aime ce qu’on a ». Les centres de recherche et de lecture, les lieux de loisirs « saints » se font de plus en rare. Notamment à Port-au-Prince. Depuis quelques temps, nous avons une capitale haïtienne sans cinéma. Bref ! Comme la nature a horreur du vide, en lieu et place des choses de l’esprit, les jeunes se « tuent moralement » dans les « After School », les « Ti sourit ». On est désolé de voir  avec quel engouement des sponsors investissent dans ces activités aux retombées négatives pour la société.

En vue de cette société éduquée, formée, « éclairée » qu’on espère pour Haïti, il est d’urgence de repenser ce qu’on doit offrir aux jeunes en termes de divertissement.

Je n’ai pas tout mentionné. Mais ces 4 éléments peuvent servir de base pour une intégration des jeunes dans la vie sociale du pays. L’éducation, la formation, l’emploi, loisir sont entre autres des facteurs importants à prendre en charge, si on veut offrir aux jeunes des moyens et des espaces adéquats pour développer leurs potentialités. Concrétiser leurs rêves. Et les permettre aussi de mener une vie digne de leur âge et assumer leurs responsabilités (citoyennes) avec un niveau d’étique sociale et morale. Et comme résultat, on aura une jeunesse forte, consciente, responsable de ses actes. Donc, une jeunesse productive, une société compétitive.

À qui veut l’entendre, pour le meilleur ou pour le pire, en plus de représenter plus de la moitié de la population active, la jeunesse représente une valeur sociale de cruciale importance en Haïti. Voilà  donc l’intérêt, l’urgence de l’encadrer, de l’intégrer le plus vite qu’il soit.

Osman Jérôme 


Haïti : telle société, telle jeunesse (Partie 1)

Crédit photo : https://www.ayitikaleje.org
Crédit photo : https://www.ayitikaleje.org

Tant vaut la jeunesse, tant vaut la société. À chaque société, sa jeunesse. Et à chaque jeunesse, ses modèles, ses styles, ses qualités, ses dérives aussi. Il doit être ainsi dans tous les pays du monde?

Qu’on le clame incessamment dans les médias. Qu’on le ronchonne entre amis, la spirale descendante que prend depuis quelques temps la jeunesse haïtienne, est alarmante.  Et, qui pis est, d’une manière ou d’une autre, la société aurait contribué activement à pousser les jeunes aux abysses de cette dépravation sans précédent.

Les années se suivent et malheureusement se ressemblent pour une jeunesse haïtienne, toujours en pleine crise d’identité. Au mépris de tout ce qui a rapport avec l’éducation et la formation, certains (les jeunes) se forgent un mode de vie, dont  la fumée des cigarettes, l’odeur de l’alcool, les beats des DJ, la marque et le prix des fringues sont les valeurs de noblesse. Hélas !

Aujourd’hui, l’immoralité au milieu de ces jeunes semble atteindre son niveau record. Pour ce qui est de la déviance sociale, c’est la hausse continue. Le phénomène « zokiki » et l’imbattable « rabòday » peuvent donc en témoigner.

Loin de tout encadrement adéquat, désormais, la jeunesse est perçue comme un danger social en Haïti. De gouvernement en gouvernement, cette tranche importante de la population, à ma connaissance, n’est jamais bénéficiaire d’aucun programme politique. Au contraire, elle est plutôt victime de politique d’exclusion et de discrimination. Honte !

La nature a horreur du vide. En panne de repères, de bons modèles d’exemple, nos jeunes s’accrochent à tout ce que la « société » leur offre.  Manipulée, exclue, larguée, laissée pour contre, nous avons désormais une jeunesse qui se cherche plutôt dans les lyrics malsains des rappeurs, dans les refrains obscènes de nos faiseurs de tubes dans les réalités fantasmagoriques des feuilletons télévisés.

Société irresponsable ?

Dans un dynamisme de socialisation continue, l’encadrement de l’individu doit être pris en charge par la société elle-même. À ce niveau, où en sommes-nous en Haïti ? « Gran moun yo echwe » (les adultes ont échoué), ont pesté les détracteurs.

La famille, l’école, l’église, l’État, les institutions responsables ont pratiquement failli à leur mission de socialiser, d’éduquer, de former, d’encadrer les jeunes.

En effet, reprocher à la jeunesse haïtienne d’être « dejwe » (déviante), sans mettre en cause l’implication de la société elle-même, serait illusoire. D’ailleurs, la triste réputation dont elle jouit aujourd’hui, traduit tout simplement l’expression d’une société moralement débile, bornée dans tous les sens, estiment certains observateurs. D’autres plus tranchants y voient aussi le profil d’une société cloisonnée par un système « anti-jeune ».

Mais en réalité, qu’est-ce qu’on offre à cette jeunesse pour lui conscientiser de ses potentialités, de ses responsabilités dans l’organisation de la société demain ? Préparer cet avenir qui lui appartient, et qu’elle est appelée à construire dès maintenant? Les tentatives de réponse peuvent être abondantes.

Aujourd’hui, nous avons une société haïtienne où les gens s’investissent plus dans les boîtes de nuit, dans le matraquage publicitaire pour l’alcool et la cigarette, au lieu de construire des bibliothèques, des librairies, des centres de recherches intellectuelles.

Sur les trottoirs, les « ti boutèy plat » (boissons alcoolisées) laissent peu de place aux bouquins. Et voilà les alternatives offertes à une jeunesse plutôt friande de la débauche.

À défaut d’une vraie politique d’encadrement et d’intégration, que doit-on espérer de positif de la jeunesse ? N’allons pas chercher l’odeur du café dans une tasse de chocolat. Quand la barque n’a pas de gouvernail, elle prend souvent la direction du vent qui l’emmène. Et très souvent, ça se termine par une catastrophe.

Que faire ?

En dépit de tout, il y a quand même une bougie d’espoir qui s’allume à l’horizon. L’exception confirmera toujours la règle. Il existe une minorité de cette jeunesse qui tente de faire la différence. Oui, une portion qui lutte toujours pour la réussite professionnelle en dépit des obstacles de toutes sortes. Des jeunes conscients, soucieux, opiniâtres, sachant qu’ils doivent travailler au profit de ce pays qui ne doit pas mourir. Maintenant, quel modèle de politique pour les encadrer ?

Et voilà un empêchement majeur ; les jeunes éduqués se heurtent souvent contre un système qui ne favorise pas leur pleine intégration dans les affaires du pays. Donc, nous sommes face à une plaie sociétale qu’il faut rapidement cicatriser.

Dans la suite de cette réflexion, nous allons essayer de proposer quelques points qui peuvent servir de facteurs d’intégration des jeunes dans cette société dont ils sont acteurs.

À bientôt !

Osman Jérôme 



Quand je marche dans la vallée de l’Artibonite

Savane désolée-Crédit photo: Osman Jérôme
Savane désolée-Crédit photo: Osman Jérôme

Haïti, géographiquement, c’est 27 750 km2 reparties en 10 départements. Chaque département a ses cotations et ses potentialités. En termes de superficie et de population, l’Artibonite, dont la production rizicole a fait la célébrité, est l’un des plus vastes. Si ce n’est pas le plus grand ?

Avec ces 5 arrondissements divisés en 15 communes, il représente l’une des plus importantes régions de la République sur le plan socio-historique. On y retrouve entre autres la ville des Gonaïves (Cité de l’Indépendance), la maison de Claire Heureuse et de Jean Jacques Dessalines à Marchand Dessalines, le Fort de la Crête à Pierrot et le Palais 365 portes à Petite Rivière de l’Artibonite…les vestiges historiques sont partout ici.

Cependant, depuis quelques temps, le département, à l’instar de certaines autres parties du pays, semble être victime du regard  « kite’l mache » (méprisant) des autorités, qui ne savent toujours pas de quoi faire leurs priorités.

Les réserves agricoles  de la plaine ne sont plus les mêmes.  Les potentialités touristiques sont laissées au mépris. Les ressources naturelles sont loin d’être exploitées. D’où me viennent certaines inquiétudes, quand je promène dans la vallée de l’Artibonite:

Quand je marche dans la vallée de l’Artibonite, de Saint-Marc aux Gonaïves, passagers et chauffeurs ne peuvent pas trop se plaindre pour le trajet. Le tronçon est de bonne qualité. Mais, il n’y a pas même un poste de police de circulation sur la route nationale #1. Route nationale #1, j’ai bien dit hein. Les conducteurs roulent au gré de leur urgence.

Quand je marche dans la vallée de l’Artibonite, je suis désolé de voir que la couverture végétale est considérablement réduite. Les sommets des montagnes perdent leur beauté verdoyante. Souffrant de calvitie, les montagnes ne servent presque plus à la production de cacao, du café…Elles sont livrées à la solitude. Donc, le paysage n’est plus reposé dans de verts pâturages.

Quand je marche dans la vallée de l’Artibonite, à quelques pas de la Cité de l’Indépendance, j’observe que la « Savane désolée » pleure encore.  Elle n’est jamais mise en valeur. Pourtant, ce vaste champ servirait bien à construire un stade de foot, un complexe sportif, un parc industriel…

Quand je marche dans la vallée de l’Artibonite, les rivières, les collines dressent devant moi l’esthétique de l’inélégance. Elles sont joliment remplies d’herbes et de déchets. Y a une nécessité d’irrigation. La plaine souffre souvent d’un déficit hydrique, notamment dans les saisons de sécheresse. Les paysans, les cultivateurs sont donc livrés à eux-mêmes. Ils s’adonnent désespérément à des terres qui ne produisent presque plus.

Quand je marche dans la vallée de l’Artibonite, je suis peiné de voir que les rues, les trottoirs servent désormais de marchés improvisés. A Pierre Peyen, à Saint-Marc, à l’Estère, aux Gonaïves, c’est le même constat : les commerçantes et commerçants étalent leurs marchandises à la poussière du sol. Insalubrité garantie !

Des marchandes sur les trottoirs aux Gonaives (Opoto)-Crédit photo: Osman Jérome
Des marchandes sur les trottoirs aux Gonaives (Opoto)-Crédit photo: Osman Jérome

Quand je marche dans la vallée de l’Artibonite, je trouve que les gens ne se divorcent jamais des pratiques de la magie. Les carrefours sont toujours décorés de cruches, de petites chaises en paille, de bougies, d’assiettes…L’Artibonitien (Haïtien), même s’il se dit être chrétien protestant ou catholique, est un abonné des péristyles des hougans. Pour gagner une partie de foot, un combat de coq, un prêtre vodou doit être consulté. L’Artibonitien authentique ne prend rien à la futilité. Même une douleur aux pieds 🙂

Quand je marche dans la vallée de l’Artibonite, j’ai appris que les vieux conflits terriens divisent encore la grande famille artibonitienne. À Marchand Dessalines ou à Petite Rivière de l’Artibonite, les hectares de terre mal distribués sont susceptibles à faire sauter des maisonnettes en fumée, ôter la vie à des gens de manière gratuite.

Quand je marche dans la vallée de l’Artibonite, je me rends compte que l’électricité reste toujours un produit de luxe pour la grande partie de la population. Ça ne dit rien aux responsables de l’ED’H que les abonnés continuent à payer un service dont ils ne perçoivent presque pas l’odeur.

Quand je marche dans la vallée de l’Artibonite, j’ai vu et même trop vu. Il manque au département, cette politique de redressement socio-économique qui, bien évidemment doit s’appuyer sur la mise en valeur des ressources agricoles, des potentialités touristiques et historiques disponibles. Malheureusement, tel n’est pas encore la priorité des représentants régionaux.

Osman Jérôme


La Caraïbe, à la mode de Noël

La Caraïbe, à la mode de Noël (C) pixabay.com
La Caraïbe, à la mode de Noël (C) pixabay.com

Entre mythes et traditions. De la Guadeloupe à Haïti, passant par la Martinique, et voilà comment le Père Noël est reçu dans la Grande Caraïbe.

AxelleKaulanjan

Début décembre, à mon arrivée en Haïti avec Bébé, sur la route de Bourdon, vers Pétion-Ville, seul signe que Noël approche, ces petits arbres secs, dépourvus de feuilles, peints en blanc, les pieds coulés dans un petit pot de « Ti Malice »* rempli de béton. L’année dernière déjà, j’avais remarqué cet arbre de Noël, symbolique, à mon sens, de la résilience typiquement haïtienne. Cette année donc, pas de sapin, mais cet « arbre-de-Noël-choléra », comme l’a surnommé un des amis de Monsieur, en voyant la photo de notre arbre décoré. Avec ce côté frêle, presque chétif, mais en même temps si bien décoré et apprêté avec tous les atours habituels d’un sapin européen, cet arbre à lui seul symbolise, à mes yeux, cette situation de bigidi**, toujours entre deux des pays caribéens. Seuls changent les fards.—

*Ti Malice est une marque de beurre haïtien reconnaissable à ses gros pots jaunes.

** Le bigidi est un concept mis en valeur par la chorégraphe guadeloupéenne Léna Blou qui, ayant observé les positions récurrentes des danseurs de gwo-ka, a observé que « (…)c’est comme si le corps était vrillé, fixé sur son ancrage personnel, repère infaillible de son identité intrinsèque et que d’emblée avec une apparente facilité, il pouvait exceller dans l’art du déséquilibre, grâce à ce verrou de sécurité qui le maintenait debout même si il était disparate. » https://fr.lenablou.fr/fr/Lenablou/le-bigidi.html

Berliniquais

Décembre à Paris, c’est le moment où la Ville-Lumière mérite plus que jamais son resplendissant surnom. Les illuminations de Noël, ce n’est certes pas ça qui manque ici. Mais alors où est la musique ? Où sont les cantiques ? En Martinique, à peine les bougies de la Toussaint se sont-elles consumées dans les cimetières que toute l’île entonne des cantiques pratiquement sans interruption jusqu’à la veillée de Noël, huit semaines plus tard. Mais pas ici.

Perdu dans mes pensées, je monte dans une rame de métro bruyante et brinquebalante à la station Bonne Nouvelle. Bonne Nouvelle, dites-vous ? Tiens donc… Le vacarme des freins, des portes et des voyageurs surmenés s’évanouit. J’entends le cri-cri lointain des grillons. La température monte. Les néons blafards laissent la place à une belle nuit étoilée. Battement de tambours, de chachas et de ti-bwa. Une fervente cacophonie de voix avinées se fait entendre, dans un unisson approximatif :

«Oh ! la BONNE NOUVELLE (bis) /Qu’on vient nous annoncer ! /Une mère est vierge (bis) /Un sauveur nous est né.» Le 20 Minutesque j’avais en mains à l’instant se métamorphose sous mes yeux en recueil de cantiques, l’indispensable Annou chanté Noël, compilé par Loulou Boislaville et ses acolytes il y a un bon demi-siècle. Lignes 5 et 6. Des ritournelles plus ou moins paillardes, en créole, s’intercalent sournoisement entre les cantiques sacrés au français châtié des contemporains de Molière. Ligne 7.

Je descends à Pont-Marie, et la faille spatio-temporelle se referme avec les portes de la rame derrière moi. Quand on le souhaite vraiment, même le métro parisien peut chanter Noël à la manière des Martiniquais.

Billy

Quand la Noël arrive en Haïti, on le sent. Notamment à Port-au-Prince. Oui ! A cette époque, on entreprend toutes sortes de décorations partout dans les villes et même dans des zones rurales. On sent venir l’odeur festive de fin d’année. Les médias et autres associations organisent des concours pour récompenser de nouveaux talents. De la musique, bref il y a de la festivité dans l’air. Les 24 et 25 décembre tout le monde est à la rue pour fêter notamment les jeunes et les ados. On va à l’église en famille pour célébrer la messe de minuit et on mange ensemble. C’est l’occasion aussi d’offrir de petits cadeaux aux enfants. Parfois on s’endette pour bien fêter et après le poids des dettes affole. En dépit de tout c’est la fête de la joie, de l’amour, du partage, d’un peu de liberté pour les jeunes et les enfants. Cela reste la fête de toutes les catégories et chacun la célèbre selon ses moyens. Un chaleureux joyeux Noël à tous !

La NaveDeambula

J’avoue que le thème m’a au début un peu déconcerté pour le mot « Caraïbes ». Je vis à Bogotá et je ne connais pas la côte. La capitale Colombienne a un climat « froid », cela influence beaucoup la culture et on pourrait dire que cela engendre comme plusieurs Colombies aux ambiances totalement différentes et où les influences socioculturelles diffèrent aussi.

Je pensais à ça au moment où je suis sortie dans la rue, aujourd’hui (7 décembre) et où c’était le jour de las « velitas » (des bougies), les rues s’éclairent avec des bougies qui se fraient un chemin entre les passants, elles se dessinent au milieu de la foule. Noël ici en Colombie(s) est une attraction. N’importe quelle décoration lumineuse attire les familles qui sont de sorties pour admirer des parcs qui débordent de décorations lumineuses jusqu’à nous en éblouir. Alors qu’en France, Noël est un moment casanier, toutes les familles s’enferment ensemble dans les maisons, ici noël c’est en famille sur le pas de la porte, chaque maison possède des enceintes pour animer les jambes et une marmite (dans laquelle je pourrais rentrer) pour nourrir tout le monde. Alors Noël est en famille mais avec la porte ouverte à l’inconnu, au voisin qui passe par là.

Mylène

Quand mes amis de la France hexagonale ou d’ailleurs me questionnent sur Noël en Guadeloupe, je m’amuse toujours à en rajouter un peu, voire beaucoup plus pour leur faire plaisir, car après tout, durant les fêtes, c’est le moment ou jamais d’être charitable.

Je leur raconte que nous participons TOUS aux fameux « chanté nwèl » ; que le jour du réveillon, nous mangeons TOUSdes mets traditionnels succulents – boudins, accras, riz, pois etviande de porc…; que nous buvons TOUSénormément de « ti punch » et encore plus de champagne; que nous dansons TOUS sur du Kassav et des musiques «spécialfêtes» ; que nous sommes TOUS heureux, suivant l’esprit de Noël. Leurs yeux brillent, BRILLENT !

Et ensuite, je leur dis la vérité : le Noël Caraïbe, bah, c’est (un peu) comme partout ailleurs, le soleil en plus.

Nelson Deshommes 

Comme dans de nombreux pays, les haïtiens commencent à préparer Noël dès le début du mois de décembre. Les chants de Noël occupent la première place à longueur de journée à la radio. Les artisans de fanal s’activent pour illuminer les rues de la capitale avec leurs maisonnettes en papier qui font le bonheur de plus d’un.

Si la tradition de la fête de Noël demeure encore vivante dans l’église, sur un plan purement social on ne prête plus d’attention à cette grande fête familiale.

Autrefois il était question qu’on envoie des cartes de vœux à ses amis et à sa famille. Aujourd’hui cela ne se fait plus. Rarement on trouve des gens qui vous envoient juste un texto ou un message en utilisant les réseaux sociaux. On apprend plus aux enfants à écrire des lettres au Tonton Noël et de garder espoir de se réveiller avec plein de cadeaux.

Osman

Fin novembre-début décembre, le décor est planté pour recevoir le personnage, même s’il y vient rarement. Les airs de noël envahissent les ondes des radios. Les magasins sont décorés à l’effigie du « tonton » aux barbes blanches. Les sapins prennent possession des maisons et des rues.

24 décembre en soirée, ne demandez pas à personne de rester à la maison. Les rues bondent des jeunes. Le Père de Noël est quelque part, donc il faut le rencontrer.

Aux alentours de minuit, toujours dans la nuit du 24 au 25, après la messe, place au « réveillon ». Le riz au pois et le bouillon traditionnel font sortir de grosses gouttes de sueurs. Des haut-parleurs vomissent des décibels. Une gorgée de tafia par-ci, un morceau de « griyo » par-là. Et ensemble on chante : « Joyeux Noël et bonne année » !

Tilou

En Ayiti, la Noël a changé depuis quelques temps. Les sapins se font plus rares, les rues se vident des marchandes de guirlandes. Nos quartiers ont perdu leurs couleurs et nos villes, leurs chaleurs.

Plus triste encore, c’est l’esprit de la fête qui s’effrite. Certains avouent ne plus célébrer la Noël parce qu’ils n’ont rien dans la poche, d’autres ne reconnaissent le père Noël qu’en celui qui peut les nourrir. Les souhaits ne s’entendent plus, les vœux ont disparus.

Beaucoup d’entre nous, nostalgiques, prions que les situations économiques et sociales du pays s’améliorent pour que revivent les couleurs de notre enfance. Mais peut-être que nous nous y prenons mal : Au lieu de chercher notre père Noël en autrui, pourquoi ne pas être le père Noël dont a besoin l’autre ? C’est mon vœu pour les fêtes qui s’amènent. Bon Noël à la Caraïbes et à la terre entière !

Zacharie Victor

L’arrivée de Noël en Haïti apporte de nouvelles conceptions et change le quotidien des gens. Surtout en milieu urbain, c’est un moment favorable pour tirer profit économiquement. Les magasins, les boutiques, les entreprises et quelques maisons sont décorés. A la tombée de la nuit, la ville se transforme en une vraie ville de lumière et d’esthéticité. Il y a rabais sur presque tous les produits. Des concours sont organisés, les publicités sont fréquentes sur tous les medias également dans les rues. Les offres sont abondantes, si vous achetez tels produits, vous aurez tels primes. Par ailleurs, on assiste à la multiplication des marchandes dans les rues, sur les places publiques avec des produits très convoités. A cet effet, ça crée une véritable tension ou concurrence au sein des vendeurs ou des consommateurs. Dans différents quartiers, des fêtes sont organisées, soit en famille, entre amis ou pour toute la communauté.


Un billet pour Dany Laferrière

Dany Laferrière-Crédit photo: https://parolenarchipel.com/
Dany Laferrière-Crédit photo: https://parolenarchipel.com/

La nouvelle est tombée depuis jeudi. Dorénavant, Dany Laferrière va siéger à l’Académie française.  L’auteur québécois d’origine haïtienne vient de remplacer Hector Bianciotti, décédé en juin 2012.

Il n’est pas donné à tous d’être académicien. Un fauteuil à l’Académie française est une consécration. Et ça se fête. Les Haïtiens l’ont bien compris. Ce jeudi, les réactions, notamment sur les réseaux sociaux, ont été à la hauteur de l’évènement. Du Président de la République jusqu’au simple citoyen de la rue, dans une conversation ou une autre, les mots pleuvent pour opiner sur le nouvel académicien. L’enthousiasme est unanime. Chaque Haïtien se voit en Dany qui, aujourd’hui, après une trentaine d’années d’écriture est devenu « immortel » avec cette honorable place sous la Coupole.

En effet,  ce 12 décembre, c’est avec une immense fierté que les Haïtiens du monde entier ont reçu cette information relayée en boucle dans les plus grands médias francophones.

Et comme on pouvait s’y attendre, la presse locale s’extasie. Des titres élogieux font la une des médias classiques pour saluer la rentrée de l’ancien présentateur du « Petit samedi soir » à la prestigieuse Académie française, dont la mission est de surveiller sur la langue française.

Pour sa part, comme un seul homme, l’élite intellectuelle haïtienne se tient debout pour applaudir dignement l’auteur du « Pays sans chapeau », qui vient de faire honneur à tout un pays.

Honneur et Mérite…

De « Comment faire l’amour avec un nègre sans se fatiguer » au « Journal d’un écrivain en pyjama », Dany n’a cessé de s’attirer des encensements. Non seulement pour la qualité de ses œuvres, mais également pour l’homme admirable qu’il est. Des prix, des distinctions, désormais, il peut faire une collection avec.

Aujourd’hui, à 60 ans, ce siège à l’Académie française lui place tout simplement au sommet de sa gloire. Une reconnaissance de plus ses prouesses intellectuelles.

Cette élection vient de donner raison à une réflexion publiée récemment sur cet espace, où l’écrivain en pyjama est classé sans surprise dans le « top 10 des plus grands auteurs haïtiens ».

Et voilà aujourd’hui, au de-là de sa célébrité en tant que figure de proue de la littérature francophone, désormais Windsor Klébert Laferrière  vient d’être immortalisé avec ce fauteuil à l’Académie française.

Que sa probité intellectuelle continue d’être au service de la communauté francophone dans son ensemble, la langue française en particulier.

Osman Jérôme 


Haïti, l’échantillon d’une transition démocratique en perdition

Michel Martelly et Jean-Claude Duvalier/Crédit photo : www.haitilibre.com
Michel Martelly et Jean-Claude Duvalier/Crédit photo : www.haitilibre.com

Les sociétés démocratiques ne sont pas tombées du ciel. Elles y parviennent au prix de longues luttes. L’apprentissage démocratique est un processus complexe et fragile. Il exige des sacrifices énormes.

Le début des années 80 marque un tournant historique dans la vie politique en Haïti. Après 27 ans d’une dictature impitoyable, sanglante…, des mobilisations musclées ont fini par mettre fin au long pouvoir corrosif des Duvalier (père et fils).

Dans cette euphorie populaire qui accapara le pays, ce fut la rentrée triomphale d’Haïti dans une transition, dite DÉMOCRATIQUE, disait-on. Mais, le pays, a-t-il profité de ce revirement politique ?

Des débuts difficiles…

En effet, devant les membres de la communauté internationale, témoins et superviseurs, le pays est divorcé d’un système arbitraire pour se fiancer cette fois-ci avec une nouvelle pratique politique, dont tout le monde serait bénéficiaire.

Néanmoins, ce changement qu’on a voulu être pacifique, va rencontrer des grandes difficultés, notamment avec des persécutions acharnées contre les proches du régime déchu.  Des véritables « dechoukay » (chasse à l’homme) ont gagné les principales villes du pays.

D’un autre côté, il fallut redéfinir le concept de l’État qui, durant le règne duvaliériste, était plutôt un culte à la personnalité du Président. Quelles sont les nouvelles directives à prendre pour orienter une République fraichement sortie d’un régime totalitarisme criant ? Comment cicatriser les plaies d’une société qui porte encore les marques des « koko makak » (coups de bâton) des « tontons macoutes »? Comment poser les premières bases d’un nouveau système politique d’une nation déchiquetée, torturée, traumatisée par un long régime tyrannique ayant implanté une psychose de peur dans la pensée de tous les Haïtiens d’Haïti et d’ailleurs ?

En effet madame, monsieur, sur le plan général, l’immédiat de l’après Baby Doc n’était pas facile.

En 1990, le pays a fait expérience de ses premières élections démocratiques. De cette grande première, Jean-Bertrand Aristide est arrivé à la tête du pouvoir.

Après seulement 7 mois de gouvernance, l’ancien prêtre de Saint-Jean Bosco est renversé par un coup d’État militaire le 30 septembre 1991. Et depuis, c’est une crise politique à ne jamais finir.  Le pays patauge dans une transition démocratique jamais effective.

Processus démocratique, où en est Haïti ?

À bientôt 30 ans de la chute dictatoriale, seul René Garcia Préval a eu le mérite de boucler ses deux mandats sans un quelconque renversement. Il est digne d’un fauteuil en or celui-là.

Aujourd’hui, Michel Martelly qui, lors de sa campagne électorale a promis de rompre avec les mauvaises pratiques léguées par ses prédécesseurs, ne peut pas s’empêcher de commettre les mêmes bavures. Voire même aller trop loin dans ses frasques. À tel point que son départ est réclamé. L’État de droit qu’il a prôné avant son arrivée au pouvoir reste encore à l’oral.

Par conséquent, malgré le poids des ans, les cicatrices des crises, le prix de l’indépendance, le pays semble encore être très loin à atteindre  la maturité démocratique. Il y a toujours une paralysie quelque part. Les mêmes démons causent toujours les mêmes blocages.

Et alors…

Le concept de la démocratie,  pris dans le sens large du terme, n’est pas seulement l’absence de la dictature, ou le fait de pouvoir aller aux urnes, jeter un bulletin. C’est beaucoup plus  profond.

La démocratie demande entre autres ; une maturité politique, une dépendance économique, un équilibre social pour le bien-être de tous. Donc, le pouvoir du peuple, par le peuple et pour le peuple.

En effet, la démocratie qui se veut être sans farce,  a pour  finalité ; procurer la satisfaction de tous ; avec justice, droit et liberté. Et ce, dans tous les aspects de la vie nationale. D’ailleurs, c’est  la façon équitable d’organiser le pouvoir dans une société.

Maintenant, en vertu de cette complexité qui entoure l’établissement de la démocratie. Et, parallèlement à ce qui fait actuellement en Haïti, sans vouloir voir le verre à moitié vide, la première République noire indépendante du monde a encore du chemin à parcourir pour atteindre cette équité sociale. Surtout en ce qui concerne les services publics. Car, aucun pays ne peut pas se vanter d’être démocratique sans le droit à la santé, à la justice et à l’éducation.

En fait, pour parvenir à ce but [rentrer dans la démocratie], tout d’abord, la conscience collective du peuple doit être réactivée. Que les forces vives de la nation reconnaissent cette nécessité de changement du pouvoir public. Le pays a déjà trop enduré, trop perdu de cette ingérence politique qui parait de jour en jour sans issue.

Ensuite, il faut une vraie solidarité nationale et internationale sans les duperies et les rhétoriques auxquelles nous sommes trop fatigués. En lieu et place de ces « millions démagogiques », le pays a plutôt besoin d’une série de plan viable, qui se tourne autour des programmes de développement.

À bien regarder depuis quelque temps, les appuis financiers de la communauté internationale sont loin  de favoriser un vrai processus démocratique en Haïti. Les aides servent rarement aux causes qu’elles ont été destinées. Donc, « Des aides qui n’aident pas ». Une véritable « Assistance mortelle », pour reprendre Raoul Peck.

Il est évident, à court ou à long terme, le pays aura toujours besoin du soutien de la communauté internationale pour son émancipation, notamment sur le plan démocratique.

Cependant,  il revient à l’Haïtien de faire le premier pas. De se réveiller de cette léthargie inquiétante. Bâtir son propre destin en tant que peuple. Sinon, cet état de droit, cette transition démocratique  ne sera que de l’utopie.

Osman Jérôme


Aux autorités haïtiennes et dominicaines

Danilo Medina et Michel Martelly. Crédit photo: https://www.holapolitica.com/
Danilo Medina et Michel Martelly. Crédit photo: https://www.holapolitica.com/

Médusé par ce qui se passe actuellement entre Haïti et République dominicaine, psychologiquement, je suis plutôt désamorcé dans mes pensées. Tout s’enlise dans mon esprit.

Pendant quatre ans de résidence ici en République dominicaine, malgré des petites scènes de raciste dont j’ai été déjà victime,  je n’ai jamais été aussi alarmé quant aux rapports entre les deux nations

Les derniers incidents diplomatiques, semblent avoir gain de cause de mon optimisme, au point même d’écrire ce papier, qui se veut un appel à un franc dialogue entre les dirigeants des deux États.

Géographiquement, Haïti et République dominicaine partagent la même île.  Séparés par des frontières, pourtant, les relations politico-diplomatiques ne sont pas toujours très bonnes entre Port-au-Prince et Saint Domingue. Il y a toujours des contentieux qui créent des troubles entre les deux peuples.

La récente décision de la Cour constitutionnelle dominicaine de déchoir la nationalité dominicaine à des milliers immigrants pour la plupart d’origine haïtienne, les récentes brimades suivies de déportations massives des Haïtiens à Neyba, viennent fragiliser des rapports déjà souffreteux entre les deux républiques voisines.

En fait, il faut tout de même reconnaître que, au point de vue historique, les relations entre Haïti et République dominicaine sont marquées par des conflits politiques et diplomatiques. Tantôt commercial ou migratoire, y a toujours des faits pour légitimer les tensions récurrentes entre les deux pays.

Et voilà depuis déjà quelques semaines, Haïti et République dominicaine retiennent les attentions au niveau de la région. Et pour une autre fois, ce n’est ni pour un équilibre commercial entre les deux pays, encore moins une harmonisation dans les relations diplomatiques des deux Etats qui sont appelés à vivre ensemble. Au contraire.

Au milieu de ces scandales, qualifiés d’anomalie diplomatique par certains observateurs, les émotions atteignent leur point d’ébullition des deux côtés de la frontière. Les populations se laissent transcender par leurs sentiments nationalistes. Des Dominicains demandent l’expulsion des Haïtiens de leur territoire. Des intellectuels haïtiens signent une pétition pour demander à la population de boycotter les produits dominicains. Tout est dit dans la plus nudité des choses.

Étudiants, professionnels, travailleurs, peu importe son statut migratoire, aujourd’hui, aucun, aucun haïtien a la vie tranquille en République dominicaine. Voire que les rumeurs sont porteuses de toutes les infos accablantes.

Les violons ne s’accordent plus entre Haïti et République dominicaine. Depuis quelques jours, l’orchestration diplomatique est cacophonique. Personne ne peut l’ignorer. Une situation qui ne peut pas être motif de joie pour aucun des deux pays condamnés à vivre comme amis.

Appel 

Aux dirigeants dominicains et haïtiens, il est temps de jeter les vieux contentieux historiques. L’heure doit être plutôt aux francs dialogues. Développer des projets bilatéraux qui seront profitables à tous.

Le monde change, les sociétés évoluent messieurs. Les attitudes revanchardes ne vous conduiront nulle part, sinon aux conséquences économiques désastreuses pour les deux peuples. Pensez plutôt maintenant à l’harmonisation des deux républiques qui forment une seule terre.

Aujourd’hui, plus que jamais, il est temps de créer un climat de confiance pour une bonne harmonisation diplomatique, commerciale entre les deux nations. Donc, que personne ne se sente pas lésée.

À vous, chères autorités haïtiennes ; je suis conscient que la tâche est difficile. Il s’agit d’un projet à long terme; commencez par créer des conditions de travail en Haïti. Je vous assure que ça va réduire le flux migratoire des Haïtiens qui ruent quotidiennement vers la république voisine, même au péril de leur vie. C’est vrai que la muraille de Jéricho n’a pas tombé dans un jour, mais la volonté y était pour faire les sept tours.

À vous, honorables dirigeants dominicaines ; je ne viens pas vous faire la loi. D’ailleurs, je n’ai pas ce droit.  Nous sommes en 2013; comment est-il possible que vous continuez à nourrir cette vieille et stupide campagne anti-haïtienne ? Si   le tyran Rafael Trujillo a construit cette idéologie raciste dans la mentalité dominicaine, aujourd’hui, vous, les intellectuels dominicains,  vous n’êtes pas à appeler à cautionner cette bêtise humaine, ayant conduit au triste massacre de plusieurs milliers citoyens d’Haïtienne. Car, Pour une raison ou une autre, République Dominicaine a besoin d’Haïti, comme Haïti a besoin d’elle aussi.

Et c’est au prix de ce respect mutuel, cette franche harmonisation diplomatique, cet équilibre commercial, que les deux États finiront par s’entendre pour le développement de l’île d’Haïti, dont les deux pays partagent les frontières.

Osman Jérôme


Haïti: l’homme est un « loup » pour l’environnement

Haïti-Environnement : Crédit photo Osman Jérôme
Haïti-Environnement : Crédit photo Osman Jérôme

Nous devons protéger la nature pour nous protéger nous-mêmes : « D’abord c’est l’arbre qui meurt, ensuite c’est l’homme ».

Cette réflexion est tirée du succulent ouvrage « qui suis-je, et si je suis, combien ? Voyage en philosophie », de l’imminent philosophe allemand Richard David PRECHT.

Un environnement hygiénique est profitable à la croissance physico-émotionnelle de l’homme. C’est un facteur de longévité pour l’espèce humaine.

La nature est belle quand elle est saine. Mais, on peut aussi faire l’expérience de sa cruauté quand elle n’est pas protégée.

La problématique de l’environnement est d’ordre mondial. Presqu’aucun pays n’y échappe. Toutefois, il existe des coins où la plaie est plus béante.

Haïti et la vulnérabilité écologique

Au regard de ce rapport désintéressé  que développe l’homme haïtien avec son milieu, écologiquement, la République devient faible. Et cette fragilité a déjà fait trop dégâts. Glissements de terrain, inondations, séismes, le bilan des préjudices est lourd, très lourd.

Et malgré tout, on dirait que ça ne dit rien à personne. Les gens agissent, construisent comme bon leur semble. Peu importe le suicide collectif que cela entraîne.

De gouvernement en gouvernement, la question de la protection de l’environnement n’est jamais abordée de manière sérieuse. Ce n’est que toujours de la politique de l’urgence, surtout quand il y a des inondations, des catastrophes et autres.

Déforestation alarmante

« Avant l’occupation américaine (1934), la couverture forestière représentait 60% de la superficie totale d’Haïti. Après l’occupation américaine, en 1945, la couverture forestière est réduite à 21%. En 1985, elle a décliné jusqu’à 8 à 9% en 1954″. Et en 2009, elle a chuté jusqu’à 1,5 %.

Durant ces dernières années, de manière effrénée, le déboisement a connu une triste célèbre popularité en Haïti. La coupe anarchique des arbres, devient comme par obligation, une source de revenus économiques pour les paysans.

Par ailleurs, jusqu’à présent, l’utilisation du charbon de bois reste une pratique très en vogue pour la cuisson dans la famille haïtienne. Et n’en parlons même pas de certaines entreprises (restaurants, boulangeries, blanchisseries) qui, pour être fonctionnelles, encouragent donc le pillage de nos forêts.

Constructions anarchiques

La terre et tout ce qu’elle renferme est à Dieu, à l’homme aussi. Souvent, l’homme haïtien en a fait un usage chaotique.

Et d’ailleurs, comment ne pas sombrer dans le marasme environnemental, quand les normes de construction ne sont pas toujours respectées dans un pays exposé à des catastrophes naturelles ?

Avant l’apocalypse du 12 janvier 2010, Haïti, vieux de plus de deux siècles d’indépendance, ne posséda pas encore son propre Code de construction pour le bâtiment. Pas de drame hein. On se sert du Code des autres.

Après le séisme cataclysmique, des experts étrangers et haïtiens ont élaboré un guide relatif aux règles de construction de bâtiment en Haïti. Jusqu’à présent, si ce document est prêt, n’est pas toujours populaire.

En Haïti, notamment dans les milieux urbains, toute partielle de terre est bonne à construire.  Concentration massive. Bidonvilisation croissante. Surpopulation insupportable. Donc, l’environnement devient forcement hideux.

La problématique des déchets plastiques

L’Haïtien de ma génération, semble perdre de jour en jour le goût de la propreté. Tout ce qui est bon pour la poubelle est plutôt éparpillé dans les coins des rues.

Les produits emballés en plastique envahissent agressivement le marché local. Ils viennent sous toutes formes. Très souvent après consommation, ces assiettes, bidons, sachets et autres sont tirés par terre.

Par conséquent, à défaut d’une bonne politique d’assainissement, les déchets plastiques ont souvent gain de cause des égouts, des carnivores. Ils les obstruent la circulation des eaux. Donc, à moindres averses, les rues sont devenues laides.

Ces détritus, non biodégradables, représentent donc un sérieux  danger pour la santé de la population.

Rarement recyclés, ces déchets plastiques contribuent à la popularité d’un phénomène d’insalubrité déjà insupportable dans certaines régions du pays.

Et, bizarre que cela puisse paraître, certains gros tas d’immondices  servent désormais pour indiquer des adresses. « Delmas 32, Rue Z, tout juste après la grosse pile de fatras qui est au coin », m’a fièrement indiqué un ami, à qui je devrais rendre visite récemment. Mais quelle commodité hein 🙂

Responsabilités de l’État

Nous ne pourrons pas dans un seul billet, vous énumérer les diverses formes de violence que subit l’environnement en Haïti. Néanmoins, au regard de certaines nouvelles stratégies entreprises par le nouveau gouvernement, y a de quoi à espérer un aller mieux pour l’écosystème haïtien.

Cette année de 2013 qui s’achève, a été décrétée « Année environnementale à Haïti ». L’objectif des autorités est de planter 150 millions d’arbres d’ici 2016.

En effet, contenu de la fragilité du pays à des érosions et de toutes autres formes de désastres naturels, cette initiative, est plus que louable. Bravo !

D’autre part, « A l’instar de Cuba, Haïti va être soumis à de nouvelles expériences dans le domaine du reboisement forestier ». « A partir de l’année prochaine, les experts cubains utiliseront un système d’aspersion aérienne de semence afin de reboiser les villes du pays enclins aux catastrophes naturelles ». L’objectif de cette démarche, est d’augmenter la couverture végétale du pays de 5%, a fait savoir Jean François Thomas, le ministre de l’Environnement.

Devoirs citoyens

À force de s’habituer aux drames, l’Haïtien devient insensible face à certaines situations. Et mène désormais une vie de résilience. Tout ce qui arrive, arrive. Et la vie continue 🙂

En effet, pour ce qui est de la protection de l’environnement, l’homme haïtien est appelé à changer de conduite. Car, le danger est bien là.

En fait, pas besoin d’être écologiste, pour comprendre que, entre l’homme et l’environnement, il existe un lien intime. Un rapport causal.

Cependant, au lieu d’être son protecteur, d’une forme ou une autre, l’homme n’a cessé de contribuer à la dégradation systématique de son milieu. Désormais, nous sommes face à une situation critique qui exige la conscience collective et la collaboration de tous pour éviter le pire.

Cela dit, dans un dynamisme de proximité, l’homme (l’Haïtien) doit dorénavant garder une relation éloquente avec son environnement, pour que ce dernier ne devienne pas son pire ennemi.

D’ailleurs, la meilleure façon de renforcer notre capacité à vivre dans notre environnement, est de le protéger de manière durable.

À bon entendeur, salut !

Osman Jérôme 


Haïti, dans l’impasse d’une politique fantaisiste

Michel Martelly, Jean Tholbert Alexis et Desras Simon Dieuseul (présidents des deux chambres). Source : Le Nouvelliste
Michel Martelly, Jean Tholbert Alexis et Desras Simon Dieuseul (présidents des deux chambres) (Source : Le Nouvelliste)

Liberté-Égalité-Fraternité: Haïti, République des politicards.

Dans toutes sociétés plus ou moins évoluées, la politique, prise comme « Art et pratique du gouvernement des sociétés humaines » [Le Petit Robert de la langue française, version 2006],  est un outil de développement. Un garant de paix et de sécurité (sociale et économique). Mais non une espèce de rétorsion.

Œuvre du désir, du sentiment, de l’émotion, de la connaissance de l’homme, aucun système politique du monde n’est parfait. Certains sont plus corrompus, plus ridicules que d’autres.

Comme dans les autres pays du monde, nous autres en Haïti, nous avons notre propre façon de faire la politique. Oui, une manière traditionnelle, fortement estampillée par le sceau du risible. En fait, une politique fantaisiste depuis quelque temps.

 Des éternels opposants

Dépendamment de la société, les motifs d’une carrière en politique sont divers : se mettre au service de sa communauté, participer à l’émergence de son pays, donner corps à une nouvelle aventure, entre autres.

Cependant, loin de toutes ces raisons, ici en Haïti, il y a aussi ceux qui se versent dans la politique pour faire fortune et/ou assouvir leur mégalomanie excessive. Derrière chaque homme politique, se cache une ambition. Même si ce n’est pas toujours la bonne.

Donc, une fois au pouvoir, ces politicards font des acquis de l’État, leurs biens privés. Ils ne veulent surtout pas se séparer de leur titre honorifique et bénéfique. Le pouvoir politique en Haïti est une obsession. Tout le monde veut y accéder. Pour faire quoi ?

Dans « Regards sur le monde actuel« , Paul Valéry avait raison de dire que : « La politique consiste dans la volonté de conquête et de conservation du pouvoir ; elle exige, par conséquent, une action de contrainte ou d’illusion sur les esprits, qui sont la matière de tout pouvoir. »

En effet, pour contrecarrer tout régime qui veut ériger le totalitarisme, gouverner dans le désordre institutionnel, de 1985 à aujourd’hui, Haïti a connu plusieurs soulèvements historiques.

Entre-temps, il y a des noms, des familles qui deviennent tout simplement des célébrités de la politique haïtienne. Tantôt pour, tantôt contre, ils sont au cœur de tous les mouvements. D’ailleurs, l’important c’est d’être là ?

Je vous fais donc pitié de citer des noms, mais la scène politique haïtienne de ces dernières années, a toujours connu les mêmes visages, les mêmes acteurs. Et presque toujours avec le même statut d’opposant.

En fait, parallèlement à ces éternels opposants, il existe aussi un groupe qui se laisse toujours porter par le courant politique du moment. Adversaires d’hier, partisans d’aujourd’hui. Il n’a rien à perdre. D’ailleurs, le ridicule ne tue pas.

 À l’ère de Michel Martelly

Ancien chanteur (populaire, controversé), devenu Président de la République, Michel Joseph Martelly incarne, ce que certains qualifieraient d’échec de la classe politique haïtienne, trop usitée, trop moribonde.

En effet, comme pour respecter le rituel, au lendemain même de sa prestation de nouveau locataire du palais national, l’ancien homme fort du Champ-de-Mars,  était déjà dans le collimateur de l’opposition politique.

Et depuis, c’est une opposition farouche qui profite de chaque dérive du nouveau gouvernement pour exprimer ses griefs.

Opposants politiques ou personnels ? Peu importe, mais aux yeux de certains observateurs, cette opposition est plutôt clinquante dans ses démarches. On se souvient encore de la question de la double nationalité du premier mandataire de la nation. Bof 🙂

Les principaux leaders de l’opposition, véritables victimes des invectives répétées du chef de État, ne vont pas par quatre chemins ; ils réclament désormais la démission de l’homme « tèt kale » (crane rasé).

Frustration, émotion, les écarts de langage, ponctués parfois de menaces virulentes entre le Président du pays et certains membres de l’opposition politique, dont des parlementaires, rappellent étrangement les années de gloire de « Sweet Micky », quand il était président du Compas.

Depuis quelque temps, pour diverses causes, c’est le bras de fer entre le pouvoir exécutif et législatif. Les échanges entre les deux pouvoirs sont plus grivois que politiques. L’arrogance a souvent eu gain de cause sur la raison.

Provocations gratuites, propos obscènes, les insultes viennent de part et d’autre. Le comble de l’hystérie !

Aujourd’hui, on est face à une situation où les valeurs et les idéologies politiques sont foulées aux pieds d’une ignorance sans cesse grandissante et avilissante.

La politique est un jeu à grandes conséquences, rares sont les politiciens haïtiens qui s’en rendent compte vraiment.  Leurs comportements irresponsables en disent long. Et voilà aujourd’hui, presqu’aucune figure politique n’est digne de confiance en Haïti.

Et voilà à quelle politique propagandiste on assiste ces derniers temps au pays de Jean-Jacques Dessalines. Et vous savez, le hic dans tout ça, c’est qu’il faut attendre que le peuple paye encore, paye toujours les conséquences des inconséquences des hommes politiques. Malheureusement !

Osman Jérôme 


Tabou Combo, 45 ans de phénomène musical

Tabou Combo sur scène (C)Osman
Tabou Combo sur scène (C)Osman

Contrairement aux autres catégories, nous devons l’admettre que, la musique est peu représentée sur cet espace. Nonobstant, quand on s’y met, les sujets valent bien de l’intérêt.  Ainsi, dans ce nouveau billet, nous allons parler, non sans un morceau de fierté, de Tabou Combo ; groupe mythique de la musique haïtienne. Pourquoi pas celle du monde entier? D’ailleurs, Tabou a presque fait les cinq continents.

En effet, dans cette courte réflexion, il ne sera pas question de présenter ou de faire l’historicité du groupe, dont la qualité musicale n’est plus à tester, la popularité n’est plus à faire. Cette note se veut plutôt un hommage aux superstars de Tabou Combo qui, aujourd’hui encore, après 45 ans d’existence, font les délices des mélomanes.

Tabou de qualité 

Tropicana d’Haïti, Septentrional, Magnum Band, DP Express, Coupé Cloué…, la musique haïtienne, le Compas Direct en particulier a connu des orchestres qui demeurent légendaires. Des groupes et des musiciens qui existent, au tant qu’on peut toujours fredonner DO RE MI FA SOL LA SI DO. Tabou Combo appartient à cet ordre bien spécial.

Dès la genèse de sa fondation, Tabou Combo a été destiné pour voguer sur les vagues du succès. Articulée, percutante, engagée…sa musique a traversé les frontières et a toujours séduit les tympans avisés. Le refrain est connu de tous, du moins de ceux qui apprécient de la bonne musique ; « Tabou est un phénomène ».

Déjà en Haïti, Tabou c’est plus qu’un nom ;  c’est une institution, une génération, un patrimoine, une marque. Albert Chancy, Hermane Neau, Yves Joseph (Fanfan Tibòt), Roger Eugène (Shoubou) doivent être fiers d’avoir créé un tel orchestre, dont le passé reste un défi, un projet pour beaucoup d’autres.

En fait, si 45 ans après, Tabou Combo reste ce qu’il est, c’est que le groupe n’a jamais misé sur le superficiel et la facilité. Les musiciens sont exigeants. Ils ont le sens du travail bien fait.

D’ailleurs, si aujourd’hui, le groupe est entré par la grande porte dans le panthéon de la musique du monde, celle des Antilles notamment, c’est grâce à la bonne qualité de sa texture musicale, toujours bien soignée et entraînante.

Avec une magie, dont eux seuls maîtrisent le truc, « les Mascarons de la machine infernale » comme on les appelle, parviennent à faire un délectable alliage de rythmes (Compas, Merengue, Funky, Saoul, Rap…), pour se créer une identité qui leur est propre durant plus de quatre décennies. Tabou, c’est de l’éclectisme rythmique au profit de la bonne musique.

Les superstars de Tabou Combo dans deux émissions de Couleurs Tropicales de RFI :

Tabou, une école 

À bientôt 50 ans, Tabou a connu plusieurs générations de musiciens. La virtuosité musicale reste toujours presque la même. Voire que Shoubou, Fanfan, figures créatrices du groupe sont encore de service.

Véritable archétype de la réussite musicale, Tabou Combo est un modèle pour beaucoup d’autres orchestres. En Haïti comme dans le reste des Antilles françaises, d’autres formations musicales s’inspirent de la musique de Tabou Combo pour se créer un nom. D’ailleurs, on a même attribué la naissance du fameux « Kassav » aux prouesses musicales du phénomène Tabou.

L’immortel Tabou 

Des concerts un peu partout sur les grandes scènes du monde, en 45 ans d’existence, les musiciens de Tabou ont su vendre avec panache, la culture haïtienne par le biais de leurs musiques percutantes. Des véritables ambassadeurs.

Une trentaine de disques les uns plus connus que les autres. Des chansons qui ont franchi des frontières, Tabou n’a plus rien à prouver. « Leur rythme enflammé, un mélange ingénieux du Compas avec la Soul et le Funky, s’est retrouvé sur les platines des plus grands DJs de la planète. Leur single ‘’New City’’, vendu  à plus d’un million d’exemplaires, a déjà caracolé en tête de l’hitparade européen en 1974 », a fait remarquer Jhonny Celicourt.

Malgré le poids des ans, le groupe n’a presque rien perdu de son énergie et de son charisme légendaire. La musique de Tabou est immortelle. Ainsi, son succès musical est écrit avec un stylet d’honneur, une pointe de fierté, et gravé dans le cœur des mélomanes.

Qualité, discipline, voilà entre autres ce qui fait la réussite et surtout la longévité de cette formation musicale née dans les hauteurs de Pétion-Ville.

Entre-temps, à bientôt un demi-siècle, la question de la célébrité n’est plus au centre des préoccupations de cet orchestre mythique, l’intérêt est plutôt porté sur le comment  assurer la relève. Car Tabou ne doit pas mourir. Tabou ne mourra jamais. Go Tabou !!!

Osman Jérôme


« Palito de coco » ou l’exemple de la créativité haïtienne en République dominicaine

Si vous êtes en Amérique, vous avez sûrement déjà entendu parler de « Palito de coco » ? Cette « musique » d’un jeune vendeur ambulant haïtien résidé en république dominicaine, sujet d’une véritable prouesse sur la toile, sur les réseaux sociaux en particulier. L’auteur est désormais célèbre. D’ailleurs, on compare déjà sa popularité à celle de Justin Bieber.

En effet, madame, monsieur, « Palito de coco » sert donc de prétexte à notre réflexion, qui se veut un regard sur la vie créative que mènent les Haïtiens dans les rues dominicaines.

République Dominicaine, Eldorado de toujours 

Séparée géographiquement d’Haïti par des frontières, la République Dominicaine est, depuis des lustres, une sorte d’«Eldorado» pour certains Haïtiens. Le mot n’est pas trop fort hein. Légalement ou clandestinement, l’Haïtien y arrive par tous les moyens. Quel que soit le prix. D’ailleurs, peu importe leurs conditions de vie ici, certains immigrés haïtiens y préfèrent croupir au lieu de retourner à leur pays.

Travailleurs, commerçants, hommes d’affaires, étudiants, ici, les Haïtiens sont nombreux. Ils sont partout. Ils participent activement à la vie socio-économique du pays. Voire que la main d’œuvre haïtienne est presque gratuite ici.

Après s’être installé, celui qui y vient pour travailler, se dépouille de toute sa complexité à l’haïtienne et se donne à toutes sortes d’activités aux rentrées économiques : marchands détaillants, cireurs de bottes, femme de ménage… Il n’y a pas de sot métier.

La majorité des hommes se concentre sur les chantiers des constructions. D’ailleurs, dans ce secteur, ils font bien parler leurs compétences. Si certaines femmes se font des places dans les marchés publics, d’autres préfèrent arpenter  les rues avec une cuvette sur la tête. Fruits,  articles de toilettes ou  accessoires de beauté, elles promènent presque tout sous le soleil tropical du pays voisin.

Parallèlement à ces activités, la présence haïtienne est fortement remarquée aussi dans d’autres secteurs de la vie nationale : hôpitaux, complexes touristiques, Call center, enseignement, art, etc. L’Haïtien est actif.

La détente est un droit sacré. Pour se divertir, les Haïtiens s’organisent parfois entre eux-mêmes pour s’offrir des ambiances à l’haïtienne. Par exemple, ici à Puerto Plata, ils organisent des tournois de foot, des soirées dansantes, des journées de mer pour se donner un peu de loisir.

Et le phénomène « Palito de coco »

Entre l’utopie et la réalité de la vie en République Dominicaine, parfois certains se sont trompés, ils deviennent frustrés. Cependant, une fois arrivés, malgré la dure réalité, nombreux sont ceux qui y restent pour affronter leur destin. Résilience avouée.

Roman Dorlean, l’auteur du fameux « Palito de coco » appartient à ces Haïtiens, ayant atteint de manière irrégulière le sol de la république voisine. Il est résidé ici depuis déjà deux ans. Comme beaucoup de ses paires, il est à la recherche de cette source de miel et de lait qu’on croit couler au pays de Danilo Medina.

Pour gagner sa vie, tout d’abord le jeune homme commence à sillonner les rues en tant que vendeur de papiers hygiéniques. Ensuite, il côtoie les chantiers de construction, s’essaie aux guidons des motocyclettes. Les recettes tardent encore à faire sourire celui qui, du jour au lendemain va devenir l’icône de tout un pays.

Après ces tentatives peu fructueuses, l’homme de 32 ans se tourne vers « Palito de coco » (sorte de sucrerie faite à base de coco). Pourvu qu’il ne soit pas seul dans ce petit commerce informel, le type s’invente un aria pour attirer le regard des clients. Preuve d’intelligence.

De la rue aux studios

N’a-t-on pas toujours dit que chacun a son étoile ? Et les étoiles n’ont pas toutes la même luminosité. D’un soleil à un autre, du simple vendeur de rue, désormais Roman épouse la célébrité. Et devient un artiste avec des projets concrets. Tout ceci, grâce à la magie de l’internet, notamment les réseaux sociaux.

Un jour, un client décide de filmer le vendeur en pleine activité et poster la vidéo sur YouTube. Et c’est le début d’un succès phénoménal. À la minute de la publication ce billet, une version de « Palito de coco » a déjà dépassé la barre d’un million de vue sur YouTube. Sensationnel !

Actuellement, Rumai, pour l’appeler désormais par son nom d’artiste, est une voix très sollicitée pour des collabos. Sa musique défraie la chronique sur les ondes, et dans les discothèques. Dieu seul sait combien de remix déjà réalisés avec le hit du moment.

En effet, si certains observateurs parlent d’un bon coup du hasard dans ce succès, d’autres y voient plutôt la concrétisation d’un talent artistique. En tout cas, peu importe les opinions, l’artiste a déjà son producteur. Cinq titres sont en préparation.

« Palito de coco » vient de confirmer, ce qui est depuis longtemps une réalité ; l’Haïtien de la République Dominicaine est actif et créatif.

Bonne chance Rumai. Ya tu saves !!!


Quand des portables sont insupportables

iPhone (C) pixabay.com
iPhone (C) pixabay.com

Pour le meilleur et pour le prix, les nouvelles technologies de l’information et de la communication ont métamorphosé nos vies. Désormais, l’Internet est sur soi. Smartphones, tablettes électroniques, ordinateurs portatifs, le monde est portable. Et pour respecter la théorie dualiste, cette portabilité arrive avec tous ses avantages et inconvénients. Ce n’est pas moi qui vous l’apprends hein !

Sur les autels des églises, sur les bancs des écoles, sur les sièges des autobus, les gens n’ont ni lieux, ni heures pour s’exhiber avec leurs perles technologiques. Ce, pendant qu’ils enfreignent assez souvent le droit intime des autres.

Personnellement, j’ai déjà fait plusieurs expériences inélégantes avec des personnes qui ne reconnaissent pas les limites de l’utilisation de leurs appareils. L’homme moderne, n’est-il pas devenu trop dépendant des nouvelles technologies ?

Réseaux sociaux aux cultes d’adoration

Comme dit tantôt, certains accros aux Tics, n’ont ni lieux, ni heures pour se donner à leurs activités favorites.

Week-end dernier, j’ai été visiter une église. En tout cas, pas celle « Des veillées de prière pas trop spirituelles ». Encore moins celle « Des offrandes qui enrichissent et qui appauvrissent ». C’est une autre, technologiquement branchée.

Un temple avec toute la commodité d’un sanctuaire terrestre. Salle climatisée, sièges confortables, espace aéré, y a de quoi interpeller la présence de Dieu. Si tout le monde était venu vraiment pour ça :). Passons.

Physiquement, c’est une assemblée « Up date ». De l’exercice des chants jusqu’à la prédication, presque tout se fait sur des supports technologiques.

Tablette ou Smartphone en main, un claquement par-ci, un flash par-là, les capteurs d’image ne veulent rien manquer. Certains frères et sœurs cherchent à immortaliser chaque moment du programme. [legliz la resan wi 🙂]

Dans ma rangée, au moins trois sœurs ne s’occupent que des touches de leurs appareils. La face bleue de Facebook et les petites ailes de Twitter sont bien visibles dans certains écrans. Je veux bien croire que, ces membres partagent le programme d’adoration avec leurs amis sur les réseaux sociaux ? En tout cas !

Du haut de la chair, le décor n’est pas si différent. En pleine séance d’annonces, le directeur de la communication a dû couper bêtement son allocution pour fermer son BBM en train de sonner. Déconcentration complète.

Mais, comme si rien n’était. L’assemblée semble déjà s’accommoder avec. Mais, moi je suis presque nul face à ce spectacle où la présence de Steve Jobs et les autres inventeurs des grandes marques technologiques sont plus présentes que celle du Saint-Esprit. Ce jour-là, la sanctification était partout, sauf dans ce temple. Du moins que c’est mon opinion.

Des smartphones qui perturbent les classes

Les nouveaux outils technologiques sont capables de toutes les bonnes choses. Mais, crétiniser l’homme aussi. Comment imaginez-vous un étudiant de l’université, qui ne se prépare pas, mais comptant sur son smartphone pour passer des examens ? Suivez mon regard !

Récemment, j’ai failli d’être asphyxié de colère. Nous assistons paisiblement à une classe de « Modification de comportements ». Des cours qui exigent une certaine motivation et concentration pour bien appréhender certaines terminologies.

Silence désertique. Concentration maximale. Le prof parle sur les diverses caractéristiques de la conduite. Toute la classe est attentive et réceptive à cet intéressant exposé. Sauf cette étudiante, dont les bips de son BBM a fini par nous importuner. Conséquence : la classe a été renvoyée. Car, l’utilisation des téléphones était déjà interdite durant les cours. Toute la salle a été sidérée par la conduite pernicieuse de la collègue. Frustration au taux du jour.

Désolé de le dire, mais certains comportements, stimulés par l’utilisation outrance des portables, sont socialement répugnants. Tout simplement.

En effet, si l’arrivée des Tics c’est pour nous faciliter certaines tâches de nos vies quotidiennes, néanmoins, leurs utilisations obsessives laissent à désirer. Car parfois, l’exubérance va trop loin.

Osman Jérôme 


10 principes pour séduire une femme haïtienne

(C) pixabay.com
(C) pixabay.com

S’il est de tout droit naturel à chacun d’avoir quelqu’un dans sa vie, il n’est pas permis à tout le monde d’être séducteur. La séduction est un art, un jeu. Donc, il faut être à la hauteur.

Rendez-moi fol ou sage, draguer [une femme] exige une certaine manière de faire. Une spécialité que l’on s’acquiert surtout avec de l’expérience.  D’ailleurs, l’expérience fait la différence. Bref !

Différences individuelles, moments inopportuns, plusieurs facteurs peuvent expliquer un échec auprès d’une femme [haïtienne]. Mais comment y parvenir ?

D’une culture à une autre, les rituels de séduction peuvent être variés, mais certains restent pour le moins universels. Voyons rapidement 10 trucs importants à tenir en compte dans la chasse au cœur d’une demoiselle haïtienne :

1- Etre élégant. L’élégance, voilà un aspect fondamental à ne pas négliger quand on aborde une femme haïtienne. D’ailleurs, c’est votre première carte d’identité. Elle peut vous ouvrir certaines portes. Il faut savoir vendre l’aspect physique de votre personne messieurs. De l’élégance, non seulement dans votre parure, mais notamment dans votre façon d’être, de parler, de comporter, de votre spontanéité.

2- Ne dites pas tout de suite votre zone de provenance. Pour défauts comme pour qualités, l’Haïtien est souvent classé par ville de provenance. Et suivant la zone, cela peut retarder l’échéance.

Dans notre sociologie de peuple, les gars du Nord sont reprochés d’être jaloux. Ils ont la main trop leste pour frapper leurs conjointes. Tandis que nos amis du Sud (Aux Cayes) sont plutôt célèbres pour leur côté mesquin au foyer. Tout ce qui est dans la maison leur appartient. Les mauvaises langues vont jusqu’à dire que, tous les meubles de la maison sont cloués au mur. Donc, si la femme décide de partir aujourd’hui, qu’elle s’en aille avec son panier vide :).

3- Abstenez-vous de toutes propagandes économiques. Au début, soyez prudent de ne pas trop vanter votre bonne cote financière. Même si elle est nécessiteuse, la femme haïtienne déteste qu’on vienne l’acheter comme du bétail au marché.

4-Être venu pour le mariage. Avoir toujours un plan de mariage en poche. La femme haïtienne aime parler du lien conjugal. Un rêve dont elle veut toujours concrétiser. Peu importe ce qui s’en suit. L’important est de porter l’alliance ? Donc, préparez-vous en conséquence.

5- Avoir des projets. La femme haïtienne de ma génération ne va pas s’embarrasser avec un « rien à faire ». Donc, même si ce sont des projets inventés pour la circonstance, accompagnez-vous en quand même. Vous ne savez jamais.

6- Si vous mentez, soyez très professionnel. La femme haïtienne adore qu’on lui joue parfois un petit tour, pour qu’elle vienne ensuite vous tirer les oreilles. Racontez-lui une quelconque vérité. Et c’est fait. Et là, croyez-moi, elles adorent ça hein.

7-Avoir un niveau académique. Qu’elle soit lettrée ou illettrée, la jeune femme haïtienne apprécie vanter le niveau académique de son homme. Les mérites intellectuels comptent beaucoup pour certaines. Même si les diplômes ne valent pas trop ces temps-ci. Mais vous savez, socialement ça rassure hein.

D’autre part, si vous vous exprimez en français, prenez soin de bien le faire. Car, quand vous vous amusez à prononcer « Je » pour « J’ai », vous risquez d’être ridiculisé par nos filles très « pointues ».

8-Être patient.  Un des piliers de la séduction est la patience. La séduction demande du temps et de l’espérance. Les femmes adorent quand vous faites le pied de grue. Et à ce stade, elles se sentent femmes plus que jamais. D’ailleurs, aucune conquête n’est jamais facile, soupirent-elles. Donc, il faut être patient pour faire tomber le mur de Berlin.

9-Être attentionné. Même si elle tire encore sur le cordon, montrez-lui que vous tenez beaucoup à elle. Appelez-lui pour savoir si elle a déjà mangé, comment elle va, où est-elle en ce moment, comment a été la nuit ou la journée. Au tant de petits trucs bien simples, mais lourds de sens et de signification. Voire que nos sœurs haïtiennes adorent être chouchoutées. Même si elles ne sont pas danger, elles veulent toujours se sentir sécurisées.

10-Être confiant. D’ailleurs, c’est une marque de personnalité. Assurez-vous d’être bien à la hauteur de votre démarche. C’est une preuve de maturité. Sinon votre discours ne vaudra pas la rubrique du chien écrasé dans la rue.

Attention :Tous ces 10 principes ne sont pas obligatoirement applicables pour faire tomber la gazelle. Les filles ne sont pas toutes les mêmes. Leurs exigences non plus.

Ce sont des hypothèses; ça peut bien marcher ou non. Par ailleurs, ça dépend de votre charme, et aussi de la femme en question. Donc messieurs, c’est à vous de bien jouer.

Si vous connaissez aussi d’autres trucs que je n’ai pas mentionnés, vous pouvez les lister dans vos commentaires. Cela servira bien à d’autres.

En attendant, bonne conquête !

Osman Jérôme