Osman Jérôme

Un « enfant de chœur », pas trop catholique

Chapelle (C) Osman
Chapelle (C) Osman

Pour une raison ou une autre, émotionnellement, je veux croire que, ce récit ne vous laissera pas indifférent. Vous en rirez ou vous en pleurerez. Car, si cette histoire n’est pas tragique, elle n’est comique non plus.

Depuis quelque temps déjà, la santé morale de l’Église catholique est fragile. Scandales sexuels, tentions internes, démission du pape, récurrence des crises. Les mêmes inquiétudes.

Le nouveau pape tente de soigner le corps souffrant de son Église. Des réformes sont entreprises. Mais, d’autres membres de la corporation font leurs affaires.

Ainsi, mon cousin, « enfant de chœur », se trouve dans une situation pour le moins embarrassante. Mais en réalité, c’est la moisson même de son profil de coureur de jupon né.

Nous sommes dans le département de l’Artibonite. La scène se déroule dans un arrondissement bien connu. César est le nom prêté à mon cher cousin de 18 ans. Contrairement à une bonne partie de la famille, qui est plutôt de confession religieuse protestante, lui, il a été élevé selon les principes de l’Église catholique.

A cet âge, le jeune homme est encore un zélé « servant de l’autel ». Ses activités dans la paroisse, ses prises de position, son dévouement dans l’œuvre, c’est un petit prêtre en gestation. D’ailleurs, il s’est fait même surnommé Ti pè a (petit prêtre). Jésus-Marie-Josèphe ! Que Dieu ait pitié de lui.

 Le scandale 

En effet, à l’image même de certains aînés, ce petit prêtre aux discours charmants, au style branché, mène une vie loin des règles de sa religion. L’Haïtien taquin vous dirait qu’il est plutôt « catho-libre ». Pas catholique.

Tout a commencé par une rumeur. Rumeur qui n’a pas tardé à être confirmée comme information. C’est quoi l’affaire alors ? Une jeune fille de l’assemblée est tombée enceinte de César. Indignation complète !

Au départ, certains sceptiques ont du mal à croire. Comme pour ne pas oser mettre en doute la conduite des deux jeunes « chrétiens ». Heureusement que, les concernés aillent eux-mêmes se confesser.

Ce n’est pas la fin du monde, ce sont des choses qui arrivent tous les jours. Oui, c’est vrai. Mais, loin de tout ce qui a été dit dans les sacristies paroissiales et devant les membres des deux familles, mon cousin est venu à moi, me conter certains faits qui, cruellement, sont loin de faire honneur à sa réputation de jeune chrétien fervent, dont il veut se faire montre. Apparence trompeuse !

Il sort au moins avec trois des plus jolies filles de la paroisse. Singulier que cela puisse paraître, il est jaloux de toutes. La tête courbée comme un jonc, il avoue que deux ont été déjà tombées enceintes, puis avortées par la suite. De manière volontaire s’il vous plaît. Faits divers, faits d’angoisse.

Moins volubile que je le connais avant, le type devient fébrile. Il paraît perdre de son courage herculéen à affronter cette nouvelle situation ? Il emmêle dans sa pensée à trouver les justes mots pour expliquer l’incident. En moins de 10 minutes de communication, il devient aphone. Il pense que cela peut triturer son avenir. Surtout il doit faire face au regard déçu de maman. Papa ne serait pas fier de lui s’il était encore vivant.

Cependant, loin de toute apologie, le futur séminariste assume son acte de fornication. Maintenant, que fera-t-il des deux autres amantes qui le réclament encore ? Se mariera-t-il avec celle qui porte son enfant ? Trêve de plaisanterie, il va désormais apprendre à vivre sans être esclave des jupons.

A suivre….

Jérôme Osman

 


Haïti : entre l’enclume et la crise politique

Manif antigouvernementale. Crédit photo: omegaworldnews
Manif antigouvernementale. Crédit photo :  omegaworldnews.

Partant d’une simple observation de la conjoncture actuelle, on a droit d’exprimer des réserves quant à l’avenir politique d’Haïti. D’ailleurs, point n’est besoin d’être expert pour comprendre qu’on s’achemine vers une salle crise sociopolitique dans le pays. En tout cas, on n’est pas encore là. Et, on espère ne pas y arriver non plus. Ce serait de trop.

L’incertitude plane encore sur la réalisation des prochaines élections. Les manifs s’intensifient pour réclamer le départ du chef de l’État. La République « rose » devient  plus fragile de jour en jour.

Toujours les élections 

Depuis quelque temps, la question des élections retient les débats. Y en aura ou y en aura pas à la fin de l’année ? C’est le doute général. Pourtant, des incrédules y croient encore.

À rappeler que, selon la loi électorale de 2008, l’autre tiers du Sénat de la République devrait partir le deuxième lundi du mois de janvier 2014. N’y a-t-il pas urgence à organiser les scrutins afin d’éviter une possible caducité de l’Assemblée nationale ?

Imaginez-vous Haïti sans un Parlement pour contrôler les actions de l’exécutif ? La classe politique veut à tout prix éviter ce vide institutionnel. À ce sujet, l’opposition politique est claire : élections ou démission. La chose est complexe.

 Manifs antigouvernementales

Entre-temps, les manifs se multiplient à travers le pays. Les manifestants réclament le départ de l’équipe en place qui, selon eux, ne respecte pas ses promesses, donc a failli à sa mission. Ingérence, corruption, malversation, immoralité, sont des reproches faits au gouvernement de Martelly-Lamothe.

 Et l’avenir ?

Le pays se trouve désormais dans l’œil d’une crise sociopolitique tentaculaire. Les acteurs sont dépassés par le jeu. Les faiseurs de paix sont impuissants. La population est aux abois. La situation est critique.

Comme une prophétie qui doit absolument accomplir, tout le monde regarde faire. Même la communauté internationale. D’ailleurs, cette instance n’inspire guère confiance à la population. À trop impliquer dans les affaires du pays, l’international devient partie de la crise.

La crédibilité du pouvoir en place est en chute libre. Le Parlement est tiraillé. C’est une institution divisée au profit des intérêts individuels.

L’avenir du pays est hypothéqué. Les politiques s’en moquent. Pourtant, ils se disent tous patriotes, mais fous qui y croient.

La solution durable de la crise haïtienne ne sera que rêve, mirage, utopie, si les acteurs concernés ne comprennent toujours pas cette nécessité de rebattre leurs cartes, et penser tout d’abord pays.

En tout cas, certains observateurs restent encore optimistes. Il n’est pas trop tard que les décideurs politiques trouvent la meilleure formule, qui évitera au pays de sombrer dans cette nouvelle crise sociopolitique.

Maintenant, à vous, chers politiciens !

Osman Jérôme 

 


La « détente » est un droit sacré

Crédit photo: Osman Jérôme
Crédit photo: Osman Jérôme

Que sert-il à un homme de passer toute sa vie à travailler sans un temps de délassement ? Pas de concentration, sans distraction, m’a dit un jour un prof. Et depuis, plus conscient qu’avant, j’essaie toujours de faire l’équilibre du temps entre mes sessions d’études et mes heures de décontraction.

En effet, contrairement à Haïti où les grandes vacances courent même parfois jusqu’à trois mois, ici en République Dominicaine où la majorité des universités offrent trois sessions de classe par an, les jours de congé pour un étudiant sont comptés au bout des doigts.

Finie la dernière session (mai-août), je me suis rendu en Haïti pour quelques jours de recréation. Loin des leçons à repasser, des notes à recopier, des travaux à envoyer, j’ai vécu une belle quinzaine de jours de relaxation. Entre le sable de la plage, les galantes sorties, les activités nocturnes, le tourisme local, j’ai eu un de mes meilleurs séjours en Haïti, notamment à Saint-Marc.

À la plage

Crédit photo:Osman Jérôme
Crédit photo:Osman Jérôme

Après le fastueux accueil que m’a réservé la famille, tout a véritablement commencé le dimanche 01 septembre sur le joli sable de Amani-y beach. Ce cadre ravissant situé à l’entrée sud de la cité de Nissage Saget.

Le bleu de la mer, la chaleur du sable, les filles en bikini, les gens qui se divertissent, entre deux prestiges et un plat de poisson bien épicé, je me défais de tous les soucis encombrant mon esprit trop préoccupé par les choses de la vie. Si chaque jour serait comme celui-là !

Sorties nocturnes

De nature, je n’ai pas la réputation d’être un oiseau de nuit, mais, votre ami n’est pas non plus une poule qui regagne sa basse-cour à la tombée de la nuit. Tantôt seul ou entre amis, durant ces deux semaines passées en Haïti, j’ai eu plusieurs sorties nocturnes.

La plupart des fois, c’est juste pour potiner au tour d’une table, sirotant quelques  bières ou autres boissons de valeurs sociales. Par ailleurs, on s’amuse bien aussi dans ces animations de quartier qui mettent la vie dans la ville presque tous les soirs.

Tourisme local

Ce séjour était aussi pour moi l’occasion de faire du tourisme local. J’ai passé un week-end à Mirebalais. C’était ma première visite dans cet arrondissement situé dans le département du Centre.

Le groupe Chœur d’homme céleste de l’église Adventiste temple II de Saint-Marc y était pour un concert de chants au temple Adventiste Bethléem.  J’ai été choisi comme Maitre de Cérémonie (MC). J’en ai profité pour explorer cette région du pays, dont l’économie est surtout basée  sur la culture du café, du citron vert, de la canne à sucre, du coton, entre autres.

Séjour réussi  

Plage, excursion, ballades nocturnes, en somme, c’était une quinzaine de jours de bonne distraction entre familles et amis. J’en ai joui à satiété. C’est dommage que ce ne fût pas plus long. Déjà, je reprends avec les cours cette semaine.

Après ces moments de loisir, je peux vous affirmer que, comme tous les autres droits fondamentaux liés à la personne humaine, la détente est un droit sacré. C’est moi qui vous le dis hein !

Osman Jérôme 


Jeux de la Francophonie: consécration en or pour Jean Jean Roosevelt

Jean Jean Roosevelt-Crédit photo:haitinews2000
Jean Jean Roosevelt-Crédit photo:haitinews2000

Du 7 au 15 septembre 2013, la 7eme  édition des Jeux de la Francophonie se tient à Nice, en France. Plusieurs états, dont Haïti y sont représentés. Tous partent à la recherche des médailles, de l’or surtout.

Malgré des difficultés pour le voyage, la délégation haïtienne n’a pas démérité sa participation. Notamment avec cette médaille d’or remportée par Jean Jean Roosevelt dans la catégorie « chanson ».

JJR avec sa médaille-Crédit photo: Pierre Michel Jean

En finale, le jeune artiste haïtien a surclassé Sae Lis’ du Liban, médaille d’argent et de BENEGIHANGA du Rwanda, médaille de bronze.

Cette victoire est une autre consécration pour ce talentueux compositeur, interprète, chanteur de charme, déjà honoré en d’autres circonstances pour l’immensité de son talent.

Jean Jean Roosevelt, un artiste confirmé

Jean Jean Roosevelt : un nom, une voix, une figure représentative de la chanson haïtienne depuis quelques années. Avec trois albums (Recommence, 2007, Pinga, 2009, Y a danger, 2012) les uns plus intéressants, plus éclectiques que les autres, ce natif de Jérémie traîne déjà derrière lui une intéressante carrière musicale qui lui a valu une belle popularité, non seulement en Haïti, mais aussi dans plusieurs régions de la métropole française où il est souvent en spectacles.

L’interprète de « Donnez le monde aux femmes » est un artiste, un vrai. L’expression de sa musique est un engagement pour le respect de la dignité humaine, une plaidoirie pour la cause des enfants, un hymne à la femme, entre autres.

La qualité de ses textes, l’essence de sa musique, le charme de sa voix, son humour captivant…JJR est d’une admiration sans borne. Aujourd’hui, Haïti entière se tient debout pour lui dire merci pour cette médaille, synonyme d’une fierté dessinée en lettres d’or sur le visage de chaque Haïtien dans le monde.

Osman Jérôme

 


Premier autobus fabriqué en Haïti

Crédit photo: Le Nouvelliste
Crédit photo: Le Nouvelliste

La nouvelle a fait forte sensation. Jeudi, 22 août, la présentation officielle de l’appareil a crée du buzz. Le premier autocar fabriqué en Haïti vient d’être sorti. Le pays vit un moment de grande fierté.

Le coût financier de cet accomplissement de Jean-Paul Coutard est 160.000 dollars américains. Le jeune de 30 ans dit avoir pris 7  ans pour la conception et la réalisation de ce rêve dont il nourrit depuis son enfance.

Appareils électroniques modernes, téléviseurs, cameras électroniques, commodités sanitaires, l’autobus de 57 sièges inclinables a tout ce qu’il faut pour garantir le bien-être des passagers.

 « Coutard », une fierté!

Crédit photo: Le Nouvelliste
Crédit photo: Le Nouvelliste

Conscient de l’importance d’une telle réalisation, le gouvernement haïtien, par la voix de son ministre du Commerce et de l’Industrie, monsieur Wilson Laleau, promet son appui au jeune constructeur.

C’est plus qu’encouragent. Car, cette fière création est un appel de plus à encadrer les jeunes Haïtiens qui, parfois, n’ont besoin que ça pour faire valoir leurs potentialités intrinsèques.Je vous assure qu’il y a d’autres Jean-Paul Coutard dans le pays. Ils pourront bien faire au tant dans d’autres domaines spécifiques.

En tout cas, en attendant que le mieux soit fait, désormais, Haïti a sa propre marque de voiture; elle s’appelle « Coutard », soit le nom de son constructeur.

En attendant que Coutard Motors arrive avec d’autres productions, le premier autobus made in Haïti va assurer ; le trajet Port-au-Prince/Port-de-Paix.

Osman Jérôme 


Un « DictionnArt » pour le journalisme en Haïti

« dictionnArt »: Page de couverture
« dictionnArt »: Page de couverture

À chacun son métier. À chaque métier son langage. Le journalisme, comme toutes autres activités professionnelles a son propre jargon. Donc, il y a une manière de s’exprimer, une façon de faire.

Être journaliste exige une certaine formation liée à ce domaine. En Haïti, certains sont conscients, d’autres s’en narguent royalement. Et comme ça, on est tombé dans un charlatanisme insupportable.

Par vocation ou circonstance, de jour en jour, beaucoup plus de jeunes sont devenus animateurs de radio, présentateurs de télévision, critiques d’art en Haïti. Ils offrent leurs services à la communauté. Certains sont des professionnels, d’autres pataugent dans un amateurisme avilissant. Les lacunes, les improvisations sont trop flagrantes.

Animation à la radio, présentation à la télévision, réalisation des interviews, retransmission des activités sociales, le manque de professionnalisme a souvent eu gain de cause de nos jeunes journalistes culturels. Pour n’avoir pas été formés, ils débitent souvent n’importe quoi.

Un « dictionnArt » comme aide

Pour être à la hauteur de son travail en tant que journaliste (culturel), la meilleure chose est de se former. Se former à l’école, avoir un modèle, mais surtout se faire ami des livres.

En effet, conscient du phénomène, Johny Célicourt aka Djecee, veut à sa façon, apporter sa pierre à l’amélioration de la pratique du journalisme culturel en Haïti.

Il dispose d’une solide formation universitaire en Communication et Formation à Distance acquise en Haïti, Canada et aux Etats-Unis. Rédacteur en chef de www.kitelmache.net,  critique d’art, Djecee a déjà fait son nom dans le milieu. Il est surtout apprécié pour son écriture bien soignée et l’acidité de ses critiques sur l’industrie musicale haïtienne. En fait, c’est un modèle pour beaucoup de jeunes qui louent son travail dans la presse people locale.

Dans le souci d’aider ceux qui veulent peaufiner leur style, leur langage et leur écriture dans la profession du  journalisme (culturel), l’animateur vedette de Mardi Alternative propose « dictionnArt » (Petit Lexique du Journalisme Culturel).

L’accent de cet ouvrage didactique est surtout porté sur les termes techniques à employer dans les différentes situations de la pratique journalistique. D’ailleurs par ce titre, qui aura un volume II, Djecee entend contribuer à la professionnalisation de ce métier dans le pays.

« DictionnArt », c’est écrire bien, parler mieux.

 Osman Jérôme


Saint-Marc et son nouveau visage

Place Philippe Guerrier de Saint-Marc (C) : Walkens Pierre-Louis

Sur la carte géographique d’Haïti, Saint-Marc n’est plus à présenter. En matière de loisirs, d’hospitalité et de commerce, cet arrondissement placé au cœur du département de l’Artibonite a déjà fait son nom.

La ville est située à environ une centaine km de Port-au-Prince. Un port commercial très fréquenté, des plages qui séduisent, des équipes de foot qui s’imposent, des sites historiques à visiter, des week-ends de spectacle, la cité de Nissage Saget a toujours été une destination touristique et commerciale très prisée.

Cependant, loin de toutes ces potentialités, la capitale du bas-Artibonite souffre pendant longtemps d’un manque d’infrastructure qui ne fait point honneur à sa réputation.

 Le nouveau visage

Certains efforts commencent par être consentis pour redorer le blason de la ville. Depuis quelque temps, certains recoins de l’agglomération affichent désormais un nouveau visage. La ville se défait pour se refaire.

L’assainissement de plusieurs rues, réparation de certaines routes, « l’adoquinage » de plusieurs zones. Les Saint-Marcois ont de quoi s’exalter. La ville est sur le point de retrouver sa jeunesse et sa beauté.

L’une des plus grandes satisfactions des Saint-Marcois est sans doute, la rénovation complète de la place Philippe Guerrier. Un espace très fréquenté, notamment par les jeunes.

Place Philippe Guerrier de Saint-Marc © Ironce Rampart
Place Philippe Guerrier de Saint-Marc © Ironce Rampart

En effet, après quelques mois de fermeture pour des travaux d’aménagement, ce site sera de nouveau accessible aux visiteurs qui s’y rendent souvent pour un petit moment de détente.

En attendant que l’équation du black-out soit résolue, les citoyens sont appelés à protéger les acquis, faire preuve de propreté, en gardant la ville avec toute sa fraicheur.

Osman Jérôme


Haïti: après le carnaval, retour à la réalité

Photo : Osman
Photo : Osman

Ceux qui adorent les ambiances mondaines, ne peuvent pas se plaindre ces temps-ci en Haïti. Le Président Michel Martelly pense bien à eux. Car depuis sa prise de pouvoir, il y a déjà deux ans de ça, l’ancienne vedette de Sweet Micky s’investit avec joie dans une politique de divertissement sans précédent.

Pétition signéemanifestations organisées. Pour ou contre, du 28 au 30 juillet, le carnaval des fleurs, soit le deuxième carnaval de l’année, a eu bien lieu à Port-au-Prince. Comme l’aurait souhaité le premier citoyen de la nation.

Et qui sait, durant ces trois jours gras, combien de peine et de soucis de la vie se sont noyés dans les déhanchements et les bousculades des fêtards.

C’était le rendez-vous où que des milliers de gens se donnaient vivement pendant trois jours d’ambiance à haut débit, offerts gratuitement au Champ-de-Mars.

Deux morts, des centaines de blessés, des bandes à pieds et des chars allégoriques défilant pendant trois jours, voilà en gros, le bilan pour les quelques 97 millions de gourdes décaissées pour l’organisation de ces festivités.

 Et après ?

Les dirigeants, semblent ne pas trop avoir réfléchi là-dessus. Le carnaval des fleurs n’était juste qu’une parenthèse dans la vie du peuple haïtien. Ce dernier qui adore bien se défouler.

Cependant, trois jours de bamboche n’auraient jamais été suffisants pour cacher sous des masques, la dure réalité d’une population qui cherche encore une lueur d’espoir dans une grotte de difficultés.

Aujourd’hui, nous avons une République qui trémule face à des enjeux socio-politiques très coriaces: l’affaire Jean Serge Joseph, un juge récemment décédé dans des conditions suspectes. Un dossier sensationnel dans lequel la présidence serait impliquée.

Urgence électorale : aujourd’hui plus que jamais, la réalisation des prochaines élections sénatoriales et municipales à la fin de l’année est comme une épée de Damoclès sur la tête du gouvernement. D’ailleurs, le mot d’ordre est lancé ; élections ou démissions.

Donc, fini les trois jours gras, retour à la réalité. Une réalité qui, de toute évidence, n’est point rose ni pour le pays ni pour les dirigeants.

Osman Jérôme


Solidarité haïtienne

Crédit photo : https://donttouchmymoleskine.wordpress.com/page/8/
Crédit photo : https://donttouchmymoleskine.wordpress.com

Alain Fournier a eu raison de dire que :   « La solidarité, c’est d’être égoïste ensemble. »  Et dans une certaine mesure, je dirais que cette citation colle bien aux Haïtiens. Car, la solidarité, vue comme interaction humaine,  est présente dans le vivre ensemble du peuple haïtien.

L’Haïtien est un peuple solidaire, très solidaire. Et cette fraternité se manifeste dans sa quotidienneté. On dirait que l’Haïtien authentique serait né avec une belle paire de chromosomes de solidarité dans sa structure biologique.

L’union fait la force, c’est la devise de la République. Et cette cohésion sociale, les Haïtiens en ont souvent fait preuve, surtout dans les moments de déboires.

En effet, pour parler de la solidarité en Haïti, il faut remonter la fulgurante histoire du pays. Ce qu’on ne pourra pas faire dans un seul billet.

Mais, on peut tout de même rappeler que, pour gagner leur indépendance des mains des Colons, les Indigènes ont unifié, conjugué leurs forces pour se débarrasser du joug de l’esclavagiste. Cet esprit de corps a fait d’Haïti, la première République Noire indépendante du monde.

Dans certaines variantes de la vie quotidienne, l’Haïtien a souvent fait preuve d’un esprit de réciprocité sans égal. Par exemple, dans le département de l’Artibonite d’où je suis, il y a ce qu’on appelle le « konbit ». Cette activité consiste à réunir des planteurs d’un champ de riz par exemple, sur la plantation d’un d’entre eux pour faire le travail de ce dernier. Donc, c’est comme un prêt. Et comme ça, aucun planteur du clan ne payera un centime pour préparer son jardin. Il va compter sur la main d’œuvre des autres habitants du bourg, à qui il aura aussi prêté ses services. Quelle convivialité !

Je ne veux pas être trop long, m’éternisant dans tous les aspects de la solidarité du peuple haïtien, mais laissez-moi revenir sur deux cas qui ont particulièrement marqué mon attention durant cette année: le phénomène Kita Nago et le récent marathon au profit de la sélection nationale de football.

 Kita Nago

Du 1er au 27 janvier 2013, du Sud-Ouest à Nord-Ouest, soit un trajet de 700 km, environ 4 millions d’Haïtiens (la population générale est environ 10 millions) ont marché dans les rues, transportant un tronc d’arbre de 500 kilos, traversant le pays d’un bout à l’autre.

Si l’on croit Harry Nicolas, le principal initiateur de ce mouvement, le but était de prouver une fois de plus que les Haïtiens peuvent toujours s’unir pour un objectif commun. Donc, la solidarité haïtienne est encore là. Et on l’a vue tout au long de cette caravane, s’étendant presque sur un mois.

Football-marathon

Récemment, la sélection nationale de football a participé à la dernière édition de la Gold Cup. Pour venir en aide (financièrement) aux Grenadiers, un marathon a été organisé. Et les Haïtiens ont encore fait preuve d’une grande solidarité. 48h seulement auraient été suffisantes pour ramasser plus de 11 millions de Gourdes pour la cause du onze national.

Mais malheureusement, les joueurs n’ont pas été à la hauteur pour satisfaire l’attente du public, qui espérait une meilleure présentation de son équipe. N’empêche que le soutien est toujours là.

 Profitez de la solidarité

En effet, après la démonstration pour l’équipe nationale, certaines voix s’élèvent pour un marathon pour la reconstruction du palais national, toujours par terre depuis le cataclysme du 12 janvier 2010.

Car, de toute évidence, toutes les promesses faites par les amis d’Haïti pour la reconstruction de ce bâtiment historique, sont restées des paroles en l’air. L’atterrissage semble bloquer quelque part.

Comme Haïti aux Haïtiens ?

Il serait donc mieux que le peuple soit impliqué directement dans la reconstruction de son palais national qui, aujourd’hui n’existe que de nom, ont suggéré certains observateurs.

D’ailleurs, si la solidarité est là, pourquoi ne pas en profiter ?

Bien à vous, chers décideurs.

Osman Jérôme


Saint-Marc et ses chaînes de télévision, quel gâchis

Crédit : pixabay.com
Crédit : pixabay.com

Certaines situations appellent à la conscience. D’autres suscitent la réflexion. En effet, après le cas des stations de radio évoqué ici, cela fait bien des temps que j’ai eu l’idée de partager avec vous ce titre, dont le contenu est consacré à l’invasion pour le moins inquiétante d’une série de chaînes de télévision à Saint-Marc.

Dynasty TV, Télé Quisqueya, Star Vision, Savannah, Télé Satellite. Peu de temps avant, on pouvait compter au bout des doigts les chaines de télédiffusion qui desservaient la population saint-marcoise.

Tant bien que mal, chacune, par la diversité de sa programmation, offrait ses services à la communauté. Même si la satisfaction était loin de combler en termes de qualité.

En fait, on pouvait remarquer un certain amateurisme, suinté dans le mode de travail de ces médias audiovisuels. La qualité médiocre du son, la diffusion des images mal soignées, l’incompétence de certains travailleurs. Les amants des petits écrans espèraient toujours à quelque chose de nouveau.

 En mode Radio-télé

Nous sommes au début des années 2010. Comme c’était déjà le cas à Port-au-Prince, plusieurs patrons de stations de radio à Saint-Marc veulent avoir une chaine de télévision en complémentarité à la fréquence modulée (FM). Et depuis, les nouvelles chaines ne cessent d’émettre sur la ville.

En cas de besoin, je vous laisse une petite liste: Dynasty canal 9, Quisqueya (5), LJS (7), Télé Saint-Marc (28), Télé Artibo (22), Télé Amani-y (13), Télé Delta (15), Télé Evolution (47), TVNS (20), Télé Dynamic (4), Télé Continental (2). Franchement ce n’est pas trop pour un arrondissement comme Saint-Marc.

 Du nouveau sans nouveauté

À regarder fonctionner ces médias, on comprend vite que, si la quantité est là, la qualité est bien ailleurs. Car, ceux-là qui espéraient à un changement dans le mode de travail de ces médias audiovisuels, se sont grandement gourés. Dérive totale.

À part deux d’entre elles qui essayent de se détacher du lot par leur programmation et la qualité des images diffusées, on peut bien se demander si les propriétaires de ces organes de presse ne se trompent pas de ce qu’ils voulaient réellement faire ?

Presque rien de nouveau  comme programmation. Sinon, les mêmes habitudes se poursuivent; des feuilletons télévisés à longueur de journée, des retransmissions des matches de foot international, des films haïtiens et étrangers en continue, des clips sans répit. C’est tout.

D’autre part, aujourd’hui, tout le monde fait du feuilleton télévisé à Saint-Marc.  Par conséquent, les petits écrans sont pollués par une forme de comédie, dite paysanne. Mais au fond, ce n’est qu’une insulte à l’art. De la pure niaiserie. Donc, du genre débile.

L’inquiétude

Combien de ces chaines de télévision ont une grille de programmation? Combien sont dotées d’une salle des nouvelles, ? Combien restent allumées au moins 12h/24h ? Combien sont reconnues par le CONATEL (Conseil National des Télécommunications) ? Je vous fais pitié des réponses. Car, ce n’est pas du tout sérieux.

L’idée est bonne, mais l’action est mauvaise? Certes, je comprends bien l’intention de ces patrons de presse de doter la ville de tous ces moyens de communication, cependant, comme dirait l’autre : « Tout ce qui se mérite d’être fait, vaut la peine d’être bien fait ». Sinon, épargnez-nous de l’inutilité, please.

Osman Jérôme


Haïti à l’heure des manifestations contre l’homosexualité

Crédit photo : noulive.com
Crédit photo : noulive.com

Port-au-Prince, 19 juillet 2013. Comme prévu, aux environs de 9h30 AM, plusieurs centaines de citoyens gagnent des rues de la capitale. Ils répondent à l’appel de plusieurs secteurs des églises protestantes pour une marche contre les pratiques homosexuelles en Haïti.

Car, selon des rumeurs circulant depuis quelques  jours dans la capitale haïtienne, il y aurait un projet de loi déposé au parlement, visant à légaliser le mariage de deux personnes de même sexe en Haïti.

Au cœur de la manifestation

Un homme, une femme, oui-Crédit photo : Richarson Dorvil
Un homme, une femme, oui-Crédit photo : Richarson Dorvil

Pacifiquement, la manif débute. Tant que les minutes s’égrainent, la foule devient plus grande. Aba masisi (gay), aba madivine (lesbienne), un homme et une femme, pouvait-on lire dans divers pancartes portées par les manifestants.

Bibles, livres de chants en main, versets au bout des lèvres, propos homophobes à l’ endroit des homos, les protestataires parcourent diverses rues de la capitale avant de s’arrêter au Bicentenaire.

Là, devant le parlement, les organisateurs  livrent un message aux parlementaires. Ils lancent une mise en garde aux membres du grand corps quant à une éventuelle proposition de loi, visant à officialiser les activités des homosexuels sur le territoire.

Pour l’ancien commissaire du gouvernement de Port-au-Prince, Maître Jean Renel Cénatus qui prend part à cette manif, la République ne doit pas suivre l’exemple de certaines grandes puissances mondiales, ayant déjà officialisé le mariage pour tous.

L’homme de loi qui s’était fait populaire dans sa lutte contre la dépravation juvénile à Port-au-Prince est clair : « Le mariage homosexuel est une forme de délinquance qui affectera la relève sociale du pays. Donc, pas de question que le pays entre dans ce dynamisme social », prévient-il.

Y a-t-il vraiment un projet de loi à ce sujet ?

Jean Tolbert Alexi, président de la chambre basse a coupé court à toutes rumeurs sur un quelconque projet de loi déposé au parlement au profit des homosexuels.

Pour le parlementaire qui se vante de sa foi chrétienne, au tant qu’il sera membre de l’assemblée nationale, pas de question de voter une telle loi. D’ailleurs, l’homosexualité est une abomination, a-t-il vociféré.

Le député Jean René Lochard abonde dans le même sens. L’élu de la deuxième circonscription de Port-au-Prince dit appuyer à 100% tous les mouvements contre la prostitution et l’homosexualité dans le pays.

Le parlementaire en a profité pour appeler toutes les forces vives de la nation à se joindre aux leaders religieux dans la lutte contre l’homosexualité dans le pays.



Violences physiques, agressions verbales

La manif de ce vendredi qui, apparemment a donné l’air d’être passive au départ, a donc pourtant laissé quelques incidents regrettables. Deux individus soupçonnés d’être homos auraient été battus jusqu’à la mort au terme de la marche.

D’autre part, selon ce qu’a rapporté l’agence de presse en ligne Alterpresse, Amélie Baron, la correspondante permanente de RFI à Port-au-Prince  a été le cible de plusieurs manifestants qui lui ont lancé des sales propos « Tu es malsaine, une abomination, le diable venu corrompre Haïti … », ont-ils pesté à l’endroit de la journaliste , dont le pays, la France, a légitimé le mariage homosexuel.

A l’autre bout de la frontière

Entre-temps, à l’autre bout de la frontière se tiennent debout les partisans des pratiques homosexuelles. Ces organismes qui plaident en faveur de la liberté individuelle, se disent très préoccuper par ces mouvements anti-gay qui se développent sournoisement en Haïti.

Les responsables craignent que cela ne se débouche pas sur des persécutions contre les gays et les lesbiennes dans le pays.

Pour Charlot Jeudy, président de KOURAJ, une organisation homosexuelle, l’Etat et la communauté internationale doivent prendre leurs responsabilités dans cette affaire, surtout garantir les droits des homos. Car comme tout le monde, ils doivent jouir de leurs droits et de leur liberté, dit-il.

Par ailleurs, monsieur Jeudy appelle la population à faire preuve de tolérance, l’invitant ainsi à respecter l’orientation sexuelle des individus.

Entre pour ou contre, la population haïtienne est divisée quand à l’officialisation de l’homosexualité dans le pays. Certains parlent du respect de la liberté individuelle, d’autres plaident en faveur du respect de la moralité.

La balle est bien lancée.

Osman Jérôme


Haïti-carnaval: l’élite intellectuelle sort de son silence

Photo : Osman
Photo : Osman

Depuis quelque temps, la société haïtienne fait l’expérience d’une classe intellectuelle trop passive dans les affaires publiques du pays. Parfois, cette abstinence traduit l’inexistence même de nos femmes et hommes cultivés. Mais, n’a-t-on pas toujours dit : « Méfiez-vous du chat qui dort ? » 

En effet, cette élite qu’on croyait être moribonde s’est brusquement réveillée de son coma. La cause ? Contre la tenue du prochain carnaval des fleurs, dont le premier jour gras est prévu pour le 28 juillet à Port-au-Prince.

En effet, cinq mois après le carnaval du Cap-Haïtien, c’est au tour de la capitale d’accueillir cette bamboche populaire à la fin de ce mois ?

 La classe intellectuelle est contre ?

Dans notre histoire de peuple, nous autres en Haïti, nous avons des dates significatives ayant marqué notre passé. Des dates qui appellent à la jouissance populaires, d’autres qui demandent à la réflexion.

Le 28 juillet 1915 marque le début de l’Occupation américaine en Haïti. Près d’un siècle après, le pays porte encore les séquelles de cette intervention militaire. Donc, la date du 28 juillet doit être dédiée à la réflexion ou à l’ambiance ?

Certes, le carnaval en Haïti est une manifestation socioculturelle de grande envergure. Une vitrine pour vendre les potentialités touristiques de ce pays, qui n’en manquent surtout pas. Mais parfois, on peut bien être sceptique quant aux moments choisis pour la réalisation de cette fête populaire.

En effet, par coïncidence ou au mépris de l’histoire, le début des prochaines festivités carnavalesques est prévu pour le même 28 juillet. Des citoyens élèvent la voix.

Ils sont environ une trentaine d’écrivains, de professeurs d’Université, et membres du secteur artistique à signer une pétition pour le report des prochaines activités carnavalesques à la date prévue.

Ils avancent bien des raisons pour appuyer leur démarche. Voici le contenu de ce papier, publié le 11 juillet dernier sur la version numérique du Nouvelliste :

« Nous, citoyens haïtiens, signataires de cette pétition, sommes choqués du choix de la date du 28 juillet par le gouvernement pour l’inauguration de son « carnaval des fleurs ». C’est le 28 juillet 1915 que débuta l’Occupation américaine d’Haïti. Souffrons que le gouvernement choisisse d’engager des dépenses dans un carnaval de plus, alors que le pays a besoin d’argent pour organiser des élections et pour les besoins d’une population en souffrance. Souffrons encore que le gouvernement ait oublié ou fasse semblant d’oublier dans quel contexte et à quelles fins la dictature des Duvalier avait créé le « carnaval des fleurs ». Mais que le gouvernement choisisse la date du 28 juillet, c’est un manque de respect pour les citoyens ayant combattu l’occupation, c’est un manque de respect pour un pays qui a besoin de réfléchir au chemin de la sortie de cette occupation que nous vivons aujourd’hui. La journée du 28 juillet doit être une journée de réflexion et de souvenir, pour que de tels malheurs ne se reproduisent plus. A un moment où les voix du pays se lèvent pour demander le départ de la MINUSTAH, si le président, le Premier ministre, le ministre de la Culture, le ministre de l’Education nationale et l’ensemble du gouvernement estiment que cette date symbolique appelle à la bamboche, ils peuvent la célébrer ainsi en privé, mais ils n’ont pas le droit de mobiliser les ressources de l’Etat pour nous voler notre droit à nous d’utiliser cette date pour réfléchir sur notre histoire et la situation actuelle du pays. Nous demandons que le gouvernement choisisse une autre date pour organiser son « carnaval des fleurs ». Nous demandons aux médias de présenter en cette journée du 28 juillet 2013 des émissions de réflexion et à caractère pédagogique autour des causes et conséquences du 28 juillet 1915, et portant sur la situation actuelle du pays. Au nom de celles et de ceux qui ont combattu l’Occupation. Au nom des enfants haïtiens que nous n’avons pas le droit de laisser grandir dans l’ignorance et l’indignité ».

Parmi les signataires, figurent notamment les noms de Pierre Buteau Georges Castera, Syto Cavé, Lyonel Trouillot, Evelyne Trouillot, Rodney Saint-Eloi, entre autres.

Seulement, certains observateurs espèrent que cette démarche servira désormais de prétexte pour une implication plus visible de la classe intellectuelle dans les affaires du pays. Sinon, à quoi sert cette élite qui se meurt avec les doigts entre les stylos et les pages des livres ?

D’ailleurs, toute classe intellectuelle existe en vertu de sa participation dans les affaires de sa patrie. Et l’intelligentsia haïtienne semble vient tout juste de se le rappeler.

Bien à vous, mes chers intellectuels !

Osman Jérôme


Haïti et son rituel électoral

Un centre de vote-Via moun.com
Un centre de vote-Via moun.com

« Dis-moi qui compose le conseil électoral, et je te dirai qui gagnera les élections ». On est presque fini par s’habituer avec cette singularité électorale en Haïti. Des résultats sont souvent connus même avant l’organisation des joutes, et favorisent bien souvent la consolidation du pouvoir en place. N’était-ce pas le cas, on se demande pourquoi des conseils électoraux partent souvent en exil après les élections ?

Décembre 1990, le pays a fait expérience de ses premières élections démocratiques. Jean-Bertrand Aristide est porté à la présidence par le choix du peuple. Il est renversé peu de temps après par un coup d’état militaire. Et depuis, les crises électorales se suivent et ne s’arrêtent plus.

Tradition électorale litigieuse

De présidence en présidence, de parlement en parlement, ces dernières années, la contestation électorale devient une habitude dans la vie politique haïtienne. Des sénateurs, des députés, des maires, des élus contestés, la République en a fait l’expérience. Et a bien évidemment payé le prix.

Les scrutins sont souvent entachés de fraudes et d’irrégularités. Puis, le feedback est toujours le même : manifs, violences, cassures, oppositions. Donc, toujours une crise post-électorale qui persiste. Comme si la construction de la démocratie et l’Etat de droit se font dans le désordre électoral ?

Ce qui est pire ; ça ne dit rien aux politiciens. Au contraire, les arrange bien dans leur costume d’opportunistes sans scrupules. Quelle mocheté !

Quant à la communauté internationale et aux bailleurs de fonds, ils jouent tout simplement leurs jeux de diplomatie et de démagogie occidentales. Quelles sont leurs implications dans les crises électorales haïtiennes ? Quelles sont leurs partitions dans le processus de la démocratie en Haïti ? Questions pour un champion. Mais ce qui est certain, ils financent toujours les compétitions électorales. Et parfois, chuchotent les mauvaises langues, la communauté internationale a même ses candidats préférés ?

Et les prochaines élections ?

Les prochaines compétitions électorales haïtiennes retiennent les attentions, occupent les débats et suscitent des inquiétudes.

En effet, il a fallu tout un processus houleux pour camper la machine électorale qui doit organiser les élections sénatoriales, locales et municipales d’ici la fin de l’année. S’il y en aura bien entendu. Car jusqu’à présent, aucune date officielle n’est encore fixée.

Malgré la pression des partis politiques, l’incertitude plane encore. N’y a-t-il pas une urgence électorale ? Il y en aura ? Il n’y en aura pas ? On verra bien.

Aujourd’hui, nous avons un collège électoral à la crédibilité douteuse. Des conseillers électoraux qui n’épousent pas la confiance de l’opposition politique qui ne cesse d’ailleurs de s’en plaindre. « De bonnes élections ou l’avion », c’est déjà le slogan d’une partie de l’opposition politique qui préconise l’organisation des élections transparentes et démocratiques.

La maturité démocratique ne s’acquiert jamais dans le vagabondage électoral. Le pays a assez de ce modèle électoral conflictuel. Qu’on a enfin des représentants élus dans la transparence.

Désormais, il est de toute urgence de penser à construire notre idéal démocratique en tant que peuple. Désobstruer le pays de cette tradition électorale litigieuse. Ainsi, vous léguerez aux générations futures, une République digne de son passé.

Bien à vous, chers politiciens, néo-politiciens de mon fier pays !

Osman Jérôme


Les embouteillages dans le monde des blogueurs

Embouteillage (C) Osman
Embouteillage (C) Osman

D’Haïti passant par l’Egypte, le Cameroun, le Tchad, le Mali et la Côte d’ivoire, les embouteillages se ressemblent mais ne se vivent pas de la même manière. Comme une mosaïque, ce billet fait escale dans chaque pays.

« Ayiti se yon peyi blokis » (Haïti est un pays d’embouteillages), Jérôme Osman

 « Ayiti se yon peyi blokis » (Haïti est un pays d’embouteillages), a craché Wanito dans son hit musical, titré « blokis » (embouteillage). Même si le fond de la chanson a été plutôt porté sur les monstrueux bouchons, observés presque chaque jour dans la capitale haïtienne, le jeune artiste en a profité pour dresser le portrait d’un pays, dont la quotidienneté est faite d’embouteillages. En effet, dans cette courte réflexion, je vous invite plutôt à embarquer avec moi dans les Banques commerciales, où des blokis, sont toujours observés.

Haïti, 8h du matin. Les comptoirs des Banques commerciales sont souvent débordés de clients. Ils sont venus très tôt faire une place pour éviter les embouteillages, toujours présents dans ces institutions après l’ouverture.

A Saint-Marc par exemple, qu’ils soient à la BNC, UNIBANK ou SOGEBANK, c’est toujours le même constat de tous les jours : des longues courbes qui font flipper les gens devant les comptoirs pour faire une quelconque transaction.

Faire un dépôt ou un retrait dans une Banque commerciale de la place se révèle souvent un casse-tête chinois. A moins qu’on soit VIP, personne handicapée ou femme enceinte ; ce qui peut (parfois) vous passer de ces interminables files, qui ne grouillent presque pas.

Moi personnellement, je me rappelle avoir patienté plus de deux heures dans une longue file à UNIBANK avant d’atteindre la caisse de service. Pire, quand j’y suis arrivé, le caissier m’a informé qu’il se posait un problème de système pour la transaction que j’ai souhaitée réaliser. Donc, imaginez le taux de ma colère et de ma déception.

A part la lenteur des employés, due probablement au système de travail, le client, debout dans la file doit aussi faire face au phénomène de « Moun pa » (partisannerie) ; une vieille pratique, présente dans presque toutes les institutions publiques et privées du pays.

Bien souvent, celui qui arrive le dernier sera reçu en premier. Ce, parce que l’un des agents de sécurité ou un quelconque employé de l’institution est son ami ou membre de sa famille. Suivez mon regard !

Calcinés d’impatience, certains clients ne mâchent pas souvent leurs mots pour qualifier d’incompétents, les employés qui, semble-t-il n’ont pas été formés à répondre à de telles exigences. Pendant que d’autres, moins vaillants préfèrent abandonner la file.

Depuis quelque temps, on remarque une légère amélioration, surtout avec l’arrivée du service de l’ATM (des petites caisses automatiques disponibles en pleine rue) dont disposent certaines Banques. C’est plus que pas mal, certes, mais c’est une goutte d’eau dans l’océan d’efforts que doivent consentir les patrons, en vue d’améliorer les services de ces institutions.

https://youtu.be/pu3kG8BdQsA

Au Caire, les embouteillages sclérosent la ville, engorgent ses artères, et polluent son air, Pascaline

Je sais maintenant que je n’avais jamais vécue pleinement la notion d’embouteillage avant d’arriver au Caire. Elle prend tout son sens dans cette ville qui ne dort jamais, et qui ne laisse donc jamais de répit à ses conducteurs, qu’ils soient de taxi, d’autobus ou de voitures particulières. C’est peut-être le seul espace de la ville où tout le monde est logé à la même enseigne, qu’il soit riche, où moins riche, propriétaire d’une berline somptueuse ou simple passager d’un bus bondé. Les embouteillages du Caire sclérosent la ville, engorgent ses artères, et polluent son air. Les taxis jaunes, noirs ou blancs de la ville tentent de se frayer un chemin dans ce capharnaüm pour satisfaire leurs clients pressés. Ils pilent, redémarrent, doublent à droite, ou à gauche, font demi-tour, prennent des chemins détournés, mais rien a faire, une rue embouteillée aura toujours raison de ses détracteurs. Les seuls bénéficiaires de la situation, les piétons, jamais prioritaires, qui peuvent profiter de l’arrêt parfois total des véhicules sur la chaussée pour pouvoir enfin la traverser, sans risquer de se retrouver  emboutis par le capot d’une voiture, d’une moto chinoise voir même d’une charrette à cheval. On peut même dire sans exagérer, qu’il y a une vie dans les embouteillages. Les vendeurs de mouchoirs, de bouteilles d’eau et autres laveurs de vitres sont ici pour le prouver. Ils se fraient un chemin entre les voitures à l’arrêt pour proposer leurs produits aux conducteurs impatients, prêts à répondre à tous leurs besoins sans qu’ils aient à se déplacer. Les taxis aussi, deviennent des hauts lieux de socialisation, puisque pris dans un trafic qui n’en finis plus, clients et conducteurs peuvent donner libre court aux conversations les plus variées : de la politique à leur situation familiale en passant par le niveau 0 de leur compte en banque, comme en témoigne le livre « Taxi » de Khaled Al Khamissi, témoignage précieux d’une société égyptienne post-révolutionnaire. Et si les embouteillages au Caire reflétaient tout bonnement cette société égyptienne immobilisée par la corruption, les inégalités, le système scolaire à deux vitesses, les difficultés quotidiennes, encore en vigueur aujourd’hui, plus de deux ans après la révolution. ?

 Au pays de l’ivoire, Saviez-vous que les abidjanais perdent en moyenne 2 heures/jour dans les embouteillages, ce qui revient à 20 jours/an, Cyriac Gbogou

 En Côte d’Ivoire et plus principalement à Abidjan, la circulation mérite une attention de plus en plus particulière.

Selon une information donnée par Monsieur Florent Youzan (Fondateur de la plateforme Afriworkers)saviez-vous que les abidjanais perdent en moyenne 2 heures/jour dans les embouteillages, ce qui revient à 20 jours/an? 

A cela, nous pouvons ajouter, ralentissement, route endommagée, feu non fonctionnel, travaux en cours sur les voies, accident de la circulation ou fluidité routière.

Mais malheureusement les usagers de la route se retrouvent bien souvent coincés dans des itinéraires qu’ils auraient pu éviter s’ils avaient simplement eu cette information.

Voila donc ce qui a motivé la création de la plateforme « CivRoute », L’info routière participative  dans laquelle la population peut et doit s’impliquer pour une meilleure sensibilisation et régulation de la circulation routière. « CivRoute » est donc une action citoyenne.

 Trois moyens pour alerter :

Via le site : En vous rendant sur le site https://www.civroute.net, cliquez sur « Donner une info routière ». Il faut ensuite remplir tous les champs du formulaire. N’oubliez pas de choisir une catégorie, d’indiquer vos coordonnées et de mentionner le lieu sur la carte. Vous avez la possibilité d’y ajouter une photo.

Via SMS : envoyez votre info routière par SMS au numéro suivant 55 39 24 24 ou au 49 95 33 95 en indiquant le lieu et l’information en question.

Via les réseaux Sociaux : envoyez un Tweet suivi de #CIvroute ou laissez un message sur la page facebook.com/civroute ou par mail à : info@civroute.net

Plus d’infos :  https://www.youtube.com/watch?v=-TdY6PbfVDk

https://www.france24.com/fr/20120917-tech-24-afrique-numerique-fibre-optique-telephone-portable-mobile-internet-cote-ivoire-embouteillages-crowdsourcing-sms

 A Bamako, c’est un casse tête chinois. C’est coincé de partout, Michel Thera                                                                                                         

Casse tête » ; « Chacun pour soi, Dieu pour tous » ! Pour circuler dans la capitale malienne, mieux vaut se prémunir de ces maximes là. Car à Bamako, le scénario de la circulation ressemble à ça : Ecart, queue de poisson, dépassement sur la droite, défaut de panneaux de signalisation, le tout accompagné parfois d’injures grossières entre usagers.

Cependant, cette ville est équipée d’infrastructures routières assez modernes et acceptables (même si cela reste insuffisant). En effet, il ya trois ponts qui relient les deux rivent du fleuve Niger sans oublier les quelques échangeurs dont le tout dernier est à usage multiple.

Malgré tous ces efforts dotant la ville d’infrastructures routières acceptables,  les routes goudronnées restent peu nombreuses. Ainsi, plus on se rapproche du centre-ville et du grand marché, plus la circulation se densifie avec son lot de bouchons. C’est aussi dans ces environs que les routes sont le plus détériorées.

A Bamako, plus que les embouteillages et l’état des routes, c’est le comportement des usagers qui choquent : par ici un nid d’oiseau, plus loin une bande d’écoliers traversant en courant, de l’autre coté deux SOTRAMA (muni-bus assurant le transport commun à Bamako) faisant la course aux passagers.

Dans cette cacophonie, le cheval de fer (la Moto, en occurrence Jakarta) semble vulnérable, mais semble tout aussi incontournable. Car elle (la moto) reste le moyen de locomotion qui permet d’aller d’un point de la ville à un autre rapidement sans être englué dans les bouchons.

Pour finir, retenez tout simplement qu’à Bamako le problème relève plus de l’insuffisance et de l’état de l’infrastructure routière ainsi qu’au comportement  des usagers qu’a l’importance du parc automobile.

 Au Tchad… N’Djamena devient de plus en plus agaçant, Abdhallah

N’Djamena, capitale du Tchad connaît ces derniers temps une croissance démographique importante ainsi que l’augmentation des moyens roulants. Circuler à N’Djamena devient de plus en plus agaçant. Il est 18h. C’est l’heure où dans les villages sahéliens à vocation pastorales, les éleveurs ramènent leurs bétails dans les enclos après les avoir fait paître toute la journée. Il est sensiblement la même heure à l’avenue Mobutu. Une pagaille monstre règne. Un troupeau de bœufs venant du fleuve Chari bloque la circulation. Pris en sandwich par les véhicules dans les deux sens, paniqués par les klaxons, les animaux font une parade entre les usagés créant un embouteillage sans fin. Il a raison le journaliste qui a qualifié la capitale tchadienne de « grand village sahélien ». Le centre ville, qui abrite pratiquement tous les ministères et les citées d’affaires, n’arrange en rien la situation. Pour y accéder, il n’y a que deux voies principales: l »avenue Mobutu et l’avenue Charles De Gaule. Le matin, une multitude de personnes semblables à un essaim d’abeille y convergent. Des piétons, des cyclistes, des motards et des chauffeurs sont au rendez-vous. L’embouteillage n’est pas en reste. Circuler aisément dans la capitale tchadienne n’est qu’une simple illusion. L’augmentation croissante des usagés de la route face à un nombre réduit de voies est à l »origine du phénomène.

 A Douala, c’est le calvaire aller-retour, Josiane Kouagueu

 Un soir, tout heureux de rentrer chez soi, on est stoppé net à l’Est de la pénétrante ville de Douala. Nous sommes à quelques mètres de l’aéroport international de la capitale économique du Cameroun, sur le principal axe Douala-Yaoundé. Une longue file de voitures nous fait face des deux côtés de la ville. L’horizon n’est pas visible. Des coups de klaxon résonnent de toute part. Des jurons se font entendre. Un policier, tente sans succès de discipliner les moto-taxis qui refusent de suivre le rang. Il transpire à grosses gouttes. Les hurlements d’une ambulance se noient dans le vacarme. L’attente est longue! Plus de Cinq heures dans les embouteillages au quartier Village à Douala. Matin et soir, rien ne change. La route suffisamment étroite, ne peut rien. Le retour de tout chef de famille du travail devient un instant de malheur. Ça fait des années que ça dure ! De l’argent perdu, du temps évaporé, des rendez-vous ratés. L’embouteillage n’est pas accepté, mais toléré. «On va faire comment ? », te répond un habitant, tout résigné.

 Edité par Danielle Ibohn.

Propos recueillis par :

OsmanPascaline, Cyriac, MichelAbdhallahJosiane.

Allez portez-vous bien !


Prostitution clandestine

(C) pixabay.com

La prostitution en tant que phénomène de société , ne date pas d’hier. L’activité serait vieille comme le monde. Comme pour dire que, rien n’est vraiment de nouveau sous le soleil. Dans nos sociétés actuelles, et même avant, être prostituée n’a jamais été un titre honorifique. Voire si l’activité est imposée comme mécanisme de défense aux intempéries de la vie quotidienne.

Ouvertement ou clandestinement, nombreuses sont les filles à travers le monde qui se livrent à ce métier vilain, qui a déjà ôté la vie à plusieurs travailleuses de sexe.

Depuis quelque temps déjà, la prostitution juvénile gagne les trottoirs de certaines grandes villes en Haïti. A Saint-Marc, certains coins sont réputés cartels des prostituées ; Portail Mont-Rouis, Portail des Guêpes sont des exemples. Quand le soleil n’est plus sur la ville, le marchandage sexuel est au rendez-vous dans ces bordels toujours très fréquentés.

Récemment, pour me faire une idée de ce que rapportent souvent les mauvaises langues, j’ai été sur le terrain. Non pour une observation participante, mais pour vérifier certains faits.

Un samedi soir, 21h10, je suis arrivé à Portail des Guêpes (rien que pour le besoin de ce billet). Quartier « hot », véritable bastion des clandés dans la cité.

Il y a au moins deux discothèques dans la zone. Les alentours grouillent toujours de visiteurs, friands des ambiances nocturnes. La forte senteur de l’alcool, la fumée des cigarettes, la musique non stop, des bars, des restaurants, ici les gens ne sommeillent, presque pas.

Bienvenue Kay Ti Marcel 

Kay Ti Marcel est la maison de la débauche sexuelle la plus populaire dans la zone. Et ce n’est pas une pub hein. Elle se trouve ici à Portail des Guêpes.

Ce vieux bordel reçoit depuis quelque temps, des vendeuses de sexe venant de plusieurs régions du pays. De temps à autre, il y a de nouvel arrivage pour la satisfaction de la clientèle. J’ai été bien informé en effet.

Généralement, les commerçantes (sexuelles) sont pour la plupart des jeunes de 18 à 30 ans. Elles sont toutes là pour des raisons différentes.

Si certaines sont des professionnelles dans le domaine, d’autres, par contre, sont à leurs premiers coups d’essaie, comme le cas de cette jeune Capoise de la vingtaine rencontrée sur le balcon de Kay Ti Marcel.

Nadège appartient à cette catégorie de jeunes filles, qui pratiquent la prostitution en catimini. D’ailleurs, quoique hors de sa ville, l’étrangeté de son comportement parait très suspecte. Comme si elle aurait eu peur de ne pas être vue par quelqu’un. Ses parents, ses amis, personne de son entourage n’est au courant de ses activités nocturnes. Sauf ses clients.

Elle s’essaie à cette activité des amours vénales pour s’offrir une meilleure vie, que ses parents ne peuvent lui garantir. Des smartphones, des tablettes numériques des vêtements de qualité, elle en a besoin dans sa vie de fille de Nouvelle Génération. Mais que faire ?

Appuyée contre un mur,  les bras croisés. Flanquée d’une minijupe qui ne cache rien de ses jolies cuisses. Elle se met dans une position qui fait valoir son potentiel de séduction. La jeune femme est d’une courtoisie obséquieuse. Activité oblige !

Ce lieu de débauche, elle y fréquente depuis quelque temps déjà. Loin des attentes fixées, notre interlocutrice avoue être satisfaite parfois de la rentrée économique de ce métier.

Le prix minimum d’un moment avec Nadège est de 100 GHT ( environ US $ 2.50), mais la jeune fille nous confie, qu’après service,  certains clients lui offrent parfois même le quintuple du montant normal. Satisfaction garantie.

D’autre part, avec la bonne humeur quasi absente sur son visage, la jolie demoiselle affirme n’être pas seule à exercer cette activité à l’insu de ses parents. Elles sont trois  amies venant du Cap-Haïtien et des Gonaïves, à être toujours ensemble dans les boites de nuit qu’elles fréquentent.

En effet, pour certaines raisons, à un certain âge, on peut ne pas s’inquiéter pour une prostituée, mais quand des ados, pour se payer certains luxes matériels, pour répondre à des soucis de la vie, se livrent clandestinement à ce mouvement de jamais dodo, cela nous interpelle en tant que citoyen conscient. Voire que, certains parents ont démissionné de leurs missions.

D’ailleurs, que servira-t-il à une société qui produit des filles, troquant les bancs des écoles pour les divans des boites de nuit ? En tout cas, loin de m’éterniser sur les multiples causes de la montée flagrante de cette vague de prostitution clandestine, je pense qu’il y a trop de laisser-faire. La République doit rapidement se ressaisir.

L’Etat, parents, à vos responsabilités.

Osman Jérôme


La route tue et blesse, les chauffeurs aussi

Accident de voiture (C) pixabay.com
Accident de voiture (C) pixabay.com

À deux reprises, sur ce même espace, j’ai évoqué la problématique des transports en commun en Haïti. D’ailleurs, ce n’est pas sans raison que, l‘insécurité routière est l’une des premières causes de mortalité en Haïti. Le mauvais état des routes, l’irrégularité des feux tricolores (feux d’embouteillage), et bien sûr l’incompétence de certains conducteurs. Souvent, la vie des passagers se livre entre la main de la Providence.

Saint-Marc, vendredi 3 mai 2013, 8h du matin. Route nationale # 1, j’ai embarqué à bord d’un minibus HIACE en direction de Port-au-Prince. Inhabituellement, ils furent deux autobus à laisser la station à la même heure.

Au cours de la route, les deux appareils gardent un contact intime. Ils roulent à la même vitesse. Au début, ça avait l’air de rien. Mais le décor de la scène n’a pas pris du temps pour être changé.

En effet, d’une simple accélération, les deux chauffeurs se lancèrent dans une course à vive allure. Ce qui a mis en péril la vie des passagers montés à bord des deux véhicules. Malgré des conseils lancés par certains, notre jeune chauffeur a fait la sourde oreille. S’il ne souffre pas de la surdité ?  La compétition a bien duré quelques bonnes kilomètres.

Vous savez ? Les deux chauffeurs voulaient arriver en premier à la gare à  Port-au-Prince. Pourquoi ? Avoir la chance d’effectuer un autre voyage de retour à Saint-Marc. Economie oblige ! Mais où est le syndicat de chauffeurs qui gère cette affaire ?

 Accident manqué

Arrivés à Cabaret, soit à quelques minutes de la capitale, on a failli payer chèrement le prix de l’incompétence de notre conducteur. Tentant de devancer l’autre véhicule, il a manqué rentrer dans une mortelle collision avec un container rempli de marchandises, revenant de Port-au-Prince (direction opposée).

Dans un battement de cœur, et comme une seule voix, toute l’enceinte de l’appareil transportant se transforma en un lieu de prière. Tout le monde crie : anmwye, Jezi sove nou (Jésus sauve nous) !

Entre temps, je ne sais par quel manœuvre, le conducteur arriva quand même à réduire la vitesse de l’engin. D’ailleurs, sinon, ce serait tragique. Cependant, le côté gauche de l’autobus a été  quand même frisé par le poids lourd. Heureusement, il n’y a pas eu ni blessé, ni mort. Dieu merci.

Pour économiser quelques Gourdes (la monnaie locale), parfois, certains chauffeurs du transport en commun se défont tout bonnement de la raison. On peut bien se demander, si les hémisphères cérébraux de ces gens ne sont pas endommagés ? Ils ne se soucient point de la vie des passagers. Ils conduisent n’importe comment. Voire que la police routière peine encore à être effective en Haïti.

En 2013, sans mettre de la pression aux autorités, mais je crois, qu’il est de toute urgence d’équiper nos grands tronçons de cameras de vigilance ou de postes de surveillance. Ce qui aiderait bien à contrôler ce que font les chauffeurs. Sinon, la route continue encore à faire des victimes.

Jérôme Osman


Je blogue donc Je suis

  Il y a environ deux ans de ça, non par le fruit du hasard, j’ai fait la connaissance du blogging. Et depuis, comme par incantation, il s’installe dans l’intimité de ma vie quotidienne. Comme si mes idées, mes réflexions, mes projets ne tournent que vers mes blogs, dont Le regard de Osman en particulier. Un spécialiste du comportement dirait que, je suis «blogaddicté». Car, non seulement j’aime écrire des…


Bienvenue au festival de Saint-Marc

Crédit Photo: Harry Luc

Depuis déjà cinq ans, il est fini par devenir une habitude, que les fêtes patronales de Saint-Marc bénéficient d’un festival : Festival Mizik Saint-Marc. Et cette année encore, à l’ occasion des activités marquant les 318 ans de fondation de la ville, les festivaliers seront bien servis.

En effet, du 19 au 12 avril prochain, la Rue Christophe (fraichement rénovée) accueillera en grande pompe la cinquième édition de cette manifestation socioculturelle, qui se veut une vitrine promotionnelle pour vendre les potentialités touristiques de la cité Nissage Saget.

Comme par le passé, ce nouvel épisode du Festival Mizik Saint-Marc servira de prétexte pour danser au son et aux rythmes d’une dizaine d’artistes et groupes haïtiens de grande renommée.

Par ailleurs, à part le côté festif, les responsabls de HandzUp group veulent aussi profiter de cette occasion pour offrir une série de conférences au profit des jeunes des quatre coins de la ville. Histoire de renforcer la capacité de ces derniers et de les inciter également à l’action, à en croire Harry Luc, l’un des organisateurs de ces manifestations sociales et culturelles.

Comme pour perpétuer dans la tradition, cette année encore, les organisateurs attendent les pèlerins et les festivaliers en grande foule, pour le plein succès de  l’évènement, qui est à sa cinquième édition.

Jérôme Osman