Osman Jérôme

Embargo électrique

Ligne électrique (C) pixabay.com
Ligne électrique (C) pixabay.com

Sans trop grand risque de se tromper, BlackBerry et Black-out seraient les deux Blacks les plus populaires actuellement en Haïti. S’il vous plait, ne me demandez pas lequel le plus apprécié des deux ? En effet, pour le meilleur et/ou pour le pire, ces deux blacks s’installent confortablement dans les intimes salons d’une bonne tranche de la famille haïtienne.

Dans ce nouveau billet, on ne va pas revenir sur le phénomène BBM. On s’attardera plutôt sur ce rationnement d’énergie électrique, trop courant en Haïti. Situation qui, semblerait-il n’est pas sur le point d’être améliorée. Et ce, en dépit de diverses promesses de l’actuel gouvernement.

En Haïti, comme dans tous les pays du monde, il y a une instance qui s’occupe de la gestion et de la distribution de l’énergie électrique. Ici, elle porte le nom de l’EDH, définit comme Électricité d’Haïti. Cependant, ironiquement, l’institution se fait changer de nom par la population qui la qualifie de BD’H (Black-out d’Haïti). Donc, comprenez bien que, cette boite publique, comme beaucoup d’autres d’ailleurs, a failli à sa mission.

En ville comme à la campagne, à Port-au-Prince comme en provinces, la popularité du phénomène black-out  n’a rien à envier au tube planétaire Gangnam Style. L’Electricité d’Haïti (EDH) ne répond vraiment pas à ses tâches. Et quand, entre l’EDH et les membres de la population, le courant ne passe pas, ça donne tout bonnement des manifs. Parfois de haute tension, suivant l’intensité des mécontentements.

A l’instar d’une bonne partie du territoire national, la ville de Saint-Marc n’est pas exempte de cette pénible situation. Certains quartiers de la ville restent parfois une semaine sans qu’une ampoule électrique soit allumée dans la maison des abonnés de l’ED’H. Ces derniers qui, malgré cet état de fait, doivent continuer à payer pour ce service, auquel ils bénéficient pas.

La situation est critique. La sortie de l’impasse parait un défi de grande taille. En effet, pour vivre dans cet embargo électrique, la population, selon le niveau économique des gens, court à d’autres moyens : groupe électrogène, panneaux solaires pour les plus capables. Lampes à kérosène, bougies pour les plus faibles. L’Haïtien aime vivre. Mais dans la lumière.

Électricité 24/24, tel a été le miracle promis récemment par l’actuelle équipe gouvernementale. Comme si le peuple n’en a pas assez de ces promesses. Heureusement que la population commence par avoir les yeux ouverts. Donc, ne se laisse plus duper par des paroles tafia des responsables-irresponsables.

Au fait, loin de demander à ED’H de se rappeler de son devoir, mais je pense que, le problème de l’énergie électrique est trop courant en Haïti.

Osman Jérôme 


Bientôt mon mariage

Wedding : pixabay.com

Pas de plaisanterie. Encore moins un poisson d’avril. C’est du sérieux hein. Madame, monsieur, visiteurs fidèles de ce blog, aujourd’hui c’est avec infiniment de joie que je tiens à vous communiquer ce message. Un message de rêve et d’amour.

Loin de toutes formalités et les normes requises, par ce billet, j’ai le plaisir de vous annoncer la nouvelle de mon mariage. Croyez bien à vos yeux. C’est peut-être très drôlette comme information, pas vrai ?  Hé bien oui, je vais me marier.

Bon, je m’attends à ce que cela suscite bien évidemment des peines. Mais je ne peux rien contre. Ma dissidence avec le monde des célibats est proche. Au fait, si une admiratrice se sent offensée, je décline toutes responsabilités. Désolé hein.

Après maintes réflexions, j’ai fini par comprendre que, mener une vie de solitude dans ce monde de stress, de frustration serait un crime. Etre célibat à mon âge serait un suicide. Dieu n’aurait pas crée une aide semblable à l’homme. Répondez-moi ? En tout cas, je ne sais pas pour vous messieurs, mais moi, je suis trop harassé d’être seul dans mon lit. Surtout quand il fait froid.

Loin de toute envie de mener une vie de polygamie à l’instar de mon frère togolais Aphtal, depuis quelques jours, j’ai résolu que le célibataire n’est pas fait pour un jeune plein de projets comme moi. Par conséquent, il me faut rapidement cette complémentarité humaine. Trouver enfin cette pierre qui manque à mon édifice. D’ailleurs, ce vide (mariage) résonne trop en moi ces derniers temps.

Les préparatifs

La future épouse est déjà là. L’exquisité de sa personne est très recherchée. Elle est dotée d’une politesse raffinée. Vous la connaissez ? Peut-être pas. Mais, croyez-moi, elle est belle comme elle seule. Elle est de cette catégorie de Corps-Beau, capable de faire déborder le taux de testostérone de n’importe qui, n’importe quand.

Ô la fille est impatiente de se voir dans cette longue robe blanche, qui lui servira de prétexte de se faire appeler Madame Osman. Rires ! Et moi aussi, j’ai une folle envie de filer ce smoking noir à rayures, importé par l’un des témoins du mariage. Je vous promets quelques images de la cérémonie.

En effet, comme pour respecter la tradition, quelques cartes d’invitation sont déjà destinées à une poignée d’amis des deux familles. Pas trop de monde en tout cas. D’ailleurs, ce sera notre (elle et moi) mariage. Pas celui de ceux qui ne viendront que pour la réception, ou pour chuchoter sur la qualité nos vêtements du jour.

Par ailleurs, contrairement aux souhaits de nos parents, il n’y aura pas de réception. Sinon un vin d’honneur pour le plaisir des invités. Notamment ceux qui ont des voitures privées pour se rendre à Moulins sur mer après la cérémonie nuptiale.

Par ailleurs, c’est également dans ce somptueux cadre que ma dulcinée et moi passerons nos premières nuits de lune de miel. Ô que je ne peux plus attendre cette date !

Et la surprise 

Mais qui aurait cru, que je serais déjà trop prêt pour me donner en mariage, hein ? Madame, monsieur, parlant de lune de miel, c’était justement à cette étape qu’a pris fin cette aventure onirique. Chouette !  Tout le contenu de ce récit n’est qu’un conte-rendu de mon long sommeil d’avant-hier soir. C’était beau, intéressant, mais soudainement, je me suis sursauté dans ce long rêve interminable. Comme pour me signaler que, le temps n’est pas encore propice pour ces genres d’engagement.

Donc, vous aviez certainement raison d’avoir fait peu de foi à la véracité de mon annonce. Cependant, même si cela prendra un peu de temps, vous aurez quand même un jour la bonne annonce. Entre temps, si vous vous connaissez dans l’interprétation des rêves, n’hésitez surtout pas à me laisser vos impressions, sinon j’appelle à Sigmund Freud.

Osman Jérôme


Démocra-tweet

Social Media Twitter: pixabay.com
Social Media Twitter: pixabay.com

Besoin de communiquer. Rapprocher virtuellement les quatre bouts du monde. Madame, monsieur, comme par enchantement, les réseaux sociaux sur Internet envahissent l’intimité des gens. Et non comme par le fruit du hasard, ils s’imposent dans notre quotidienneté. Pour une raison ou un autre, chacun en fait usage. Bon ou mauvais. Mais l’essentiel c’est d’être sur le réseautage social du monde.

Outils par excellence de communication, véritables lieux de rencontre et de divertissement, pour le meilleur et pour le pire, les réseaux sociaux façonnent la vie des internautes. Sur ces espaces virtuels, tout se dit, tout se passe, tout se fait. Ici, on s’informe, on se forme. On se transforme, on se déforme. On se défoule, et on règle aussi ses comptes avec ses adversaires. Bref.

Actuellement en Haïti, certains animateurs de radio se prennent souvent pour des superstars. Des petits dieux en personne. Si ce n’est pas la société elle-même qui les ont fabriqués ?

En effet, aujourd’hui à Port-au-Prince, rares sont les quelques hommes de micro qui ne sont pas en polémique avec d’autres confrères. La polémique, peu importe la nullité, voilà ce qui fait parfois la popularité de certains hommes de média en Haïti. Par conséquent, les ondes des radios se transforment en des terrains de guerres verbales pour certains.

Désormais, mis  à part les antennes des stations de radio, les animateurs challengeurs se ruent sur les réseaux sociaux, dont Facebook et Twitter notamment pour se lancer des flèches. Des flèches à pique, des flèches venimeuses. C’est ainsi que la semaine dernière, je suis tombé sur des tweets, ô combien provocants. Deux animateurs de radio très connus à Port-au-Prince se sont donnés dans un clash très musclé.

Peu de temps avant, les deux étaient de bons amis. D’ailleurs ils se sont abonnés sur Twitter.  Mais leur métier d’hommes de micro les a  transformés en des ennemies. Vedettariat oblige.

Identifions nos deux hommes par A et B. A est un pédent au seuil de l’hystérie, dirait un spécialiste du comportement.  En quelques mots, il n’a pas manqué de faire usage de toute la vantardise qu’on le reconnait pour tirer à boulets de cannon sur son compétiteur du moment identifié comme B dans ce billet. « Pour avoir fréquenté l’établissement Z, je ne serais pas compté parmi cette bande de médiocres qui pollue la FM à Port-au-Prince« . J’espère avoir été à la hauteur de vous permettre d’avoir au moins une idée du contenu de ce premier message tweeté par A. Le message parait un peu vague, mais il a son destinataire.

Chers lecteurs, comme dans un bon clasico  Real-Barca, l’autre camp n’a pas tardé à réagir. Egalement sur son compte Twitter, B ne va pas avec le dos de la cuillère pour répondre à A. « Si vraiment tu as été à tel établissement qui, effectivement, a produit de belles têtes dans le milieu, c’est que tu as été sous les bancs. Tu n’as pas fait honneur à ton école« . Comme pour reprendre l’essentiel de ce tweet qui se veut une réponse au premier. Telle lettre, telle réponse, dirait-on.

En effet, avec des verbes ronflants, des expressions obscènes, des mots pleins de grivoiserie et d’injures, les tweets se sont échangés avec cruauté entre les deux taureaux. Ce, sans aucun respect pour les abonnés. Donc, c’est la liberté d’expression, la démocratie sur Twitter.

Dans la foulée, il parait que quelqu’un a bien voulu calmer le jeu. Mais sans trop grand succès au dernier regard. Car l’un d’eux était bien clair : « son compte lui est perso. Par conséquent, il  y publie ce  qu’il veut, comme bon lui semble. Donc, si le contenu de ses publications dérangent un abonné, que ce dernier fasse l’essentiel ». A bon entendeur, à vos clics.

Personnellement, sans être incrédule, j’étais bien loin d’imaginer de telles pratiques sur Twitter. Voire qu’il s’agit de deux personnages qui devraient être de bons modèles d’exemple. En tout cas, sans vouloir crier aberration, je pense que, les réseaux sociaux sur internet pourraient bien servir à d’autres fins plus utiles. Mais que faire, c’est la démocra-tweet.

Osman Jérôme

 


Commerces illicites

Commerces illicites (C) Osman
Commerces illicites (C) Osman

Des CD de musiques, des DVD de films piratés. Des posters, des magazines aux contenus érotiques, des stimulants, des préservatifs, des articles sexuels sont exposés en plein jour à Port-au-Prince. Et, cette activité commerciale se déroule aux yeux et aux nez des autorités compétentes, dont les faibles mesures sont loin d’être effectives pour éradiquer ce phénomène, en plein boom dans notre société.

Depuis quelque temps déjà, on assiste passivement au développement agressif d’une pratique pour le moins inquiétant dans certaines grandes villes du pays, dont Port-au-Prince en première page : la vente des CD de musique et DVD de films sur les trottoirs. Les places publiques, les stations de tap-tap, sont certains points de repère où sont joliment arrangées ces productions audio et vidéo. Les habitués du Champ-de-Mars, de Carrefour de l’aéroport à Delmas, de la place Philippe Guerrier à Saint-Marc peuvent mieux en témoigner.

Dans cet environnement, souvent très bouillonnant par le son de la musique, les œuvres de nos artistes locaux et ceux de l’extérieur sont liquidés à des prix très ou même trop rabattus. Ce qui attire bien évidemment les consommateurs des petites bourses. Par exemple : entre 25 à 50 HTG on se procure du nouvel album de A, vendu cependant à 500HTG dans les disquaires. A 50 HTG on s’achète le dernier film de B, fraichement sorti dans les salles.

De la pornographie 

En effet, dans la surface de ces petits bacs, des posters pornographiques, des DVD X sont exposés. Et des séquences sont tournées sur des petits lecteurs de vidéo portables pour la délectation de l’acheteur, qui veut s’assurer du contenu du produit dont il va se payer. De vrais sex-shops ambulants.

Des scènes qui se tournent publiquement au regard des passants, parfois très sidérés par l’aspect immoral de cette activité. «Tout moralite yo ale», (il n’y a plus de moralité), a hautainement fulminé une dame. Cette blonde d’une cinquantaine d’années n’a pas mâché ses mots pour manifester son dégoût face à cette dérive sociétale.

Ce qui est pire, face à la propagation immorale de cette plaie, qui ronge sournoisement notre société, les autorités concernées paraissent impuissantes. Elles ont pris des mesures de «dife pay mayi» (mesures éphémères), qui n’ont fait ni chauds ni froids aux vendeurs de ces produits piratés. Ces derniers qui affirment s’adonner à cette pratique pour gagner leur vie. Et d’ailleurs, leurs articles sont très sollicités.

«Ce n’est pas une belle activité ; s’exposer publiquement avec des stimulants sexuels, des posters et des DVDs pornographiques, ce qui peut inciter les jeunes à une sorte déviation sexuelle« , a consciemment reconnu Robert, ce jeune de 22 ans, installé à l’angle de l’Autoroute de Delmas et Delmas 31. « Mais pour l’instant, il n’y a que ça qui me permet de vivre« , a conclu ce jeune père d’une fillette de tois ans.

En effet, on se désole de constater que rien de concret n’est encore envisagé pour éradiquer cette pratique et bien d’autres encore, qui stimulent nos jeunes à la dépravation, à la déviance sociale complète.Car, et les commerçants et les consommateurs font vaguement leurs transactions sans s’inquiéter de la dangerosité morale de cette activité, susceptible d’induire notre jeunesse dans la perversité absolue. On a besoin de se ressaisir rapidement. Le malheur frappe déjà à nos portes.

Osman Jérôme


Les sacrifices d’étudier dans une langue étrangère

Old Books : pixabay.com
Old Books : pixabay.com

A l’instar de plusieurs futurs professionnels de ma génération, j’ai toujours rêvé d’étudier dans un pays étranger. Si je ne savais pas où exactement, j’avais une préférence pour les pays francophones. C’est plus qu’évident. Car l’apprentissage serait bien plus facile. En effet, contrairement à cette préférence, me voici depuis quelque temps en République dominicaine pour mes études en Psychologie.

En effet, même si étudier dans un pays hispanophone, voire en République Dominicaine n’a jamais été mon rêve. Mais une fois que la situation se présente, je m’adapte, je m’accommode. D’ailleurs, n’a-t-on pas toujours dit que le liquide prend toujours la forme du récipient qui le contient ?

 L’aventure

Tout d’abord, comme tout étudiant étranger qui se respecte, une fois débarqué ici, je me suis fait inscrire à un institut de communication pour apprendre l’espagnol avant de franchir les portes de l’université.

A « Andrea Escuela de Idiomas », j’ai passé quelques mois. Mais on dirait sans trop grand succès. Le problème est que, l’espagnol qu’on apprend à l’école est différent de ce qu’on parle et entend dans la rue. Donc, c’est un dictionnaire de différence quand on se communique avec son entourage.

Ici en République Dominicaine, la grande partie de la population s’exprime dans un espagnol propre à elle. On n’articule presque pas la lettre s, peu importe où elle se trouve dans un mot. Par exemple: au lieu de «Buenas noches, le Dominicain vous dit «Buena noche». «Buen día» au lieu de «Buenos días». Ou parfois, on avale tout bonnement une ou plusieurs syllabes d’un mot. Par exemples : on dit «Cómo estas, le Dominicain vous dit «como ta. «Tamo bien» pour «Estamos bien». «Toy mal» en guise de «Estoy malo». C’est comme ce qu’on appellerait en français une économie articulatoire.

On ne rencontre pas seulement ce problème avec les gens de la rue. Même les espaces universitaires ne sont pas épargnés.

Dans une telle situation, l’étranger que je suis, ne maîtrisant pas encore totalement la langue, se trouve très coincé dans le processus d’apprentissage. Car, entre l’obligation de comprendre le langage du professeur et l’exigence de saisir son exposé, parfois j’ai rien compris. Et, quand il vient le moment pour un professeur de dicter une note, là c’est comme la mer à boire. Mais, heureusement j’ai des collègues étudiants, étant toujours prêts à me prêter leurs cahiers de notes pour remplir les miens, même si souvent tout n’est pas toujours lisible et compréhensible.

En dépit de tout, les résultats sont plus que satisfaisants. On espère pouvoir faire mieux, tout en ayant gain de cause de cette langue espagnole, parlée par les Dominicains à la leur propre manière. «Entendiste» ? Non, «Entendite», comme le dirait le Dominicain.

Osman Jérôme


Médicaments en pleine rue : pour la maladie ou la santé

Vente de médicaments illicites en Haïti © lavimiyo
Vente de médicaments illicites en Haïti © lavimiyo

Les inquiétudes se suivent et se ressemblent presque toutes. On dirait que, c’est dans notre nature de perdurer dans le malheur. Quelques mois de cela, sur ce même espace, on a soulevé la question de la vente de la nourriture en pleine rue ; un mal. Mais une nécessite aussi. Un mal, puisque dans la plupart des cas, les normes hygiéniques font tout bonnement défaut. Une nécessité, parce que cette activité est une réponse à une demande. Très forte d’ailleurs. On a aussi réfléchi sur l’achat et la vente des devises sur les trottoirs. Une activité très dangereuse, pour diverses raisons ; l’insécurité notamment.

La débrouillardise

Aujourd’hui, nous poursuivons notre serié de réflexions cette fois-ci sur la vente des médicaments en pleine rue. Un phénomène de jour en jour plus fréquent sur presque dans toutes les villes en Haïti.

«Degaje pa peche» (se débrouiller n’est pas un péché). Ce refrain est très  populaire en Haïti. Convaincus que se débrouiller n’est pas un péché, l’Haïtien se crée toujours quelque chose à des fins économiques. Dans ce  phénomène de débrouillardise, on ne peut ne pas s’étonner aussi devant la monstruosité, la méchanceté, l’ignorance, traduisant l’idée de certains Haïtiens, qui se versent dans n’importe quoi, pour des rentrées économiques. Cependant, sans penser à la vie des autres ou aux conséquences néfastes de ces activités, jugées parfois très illicites.

La peur d’être malade

En effet, la maladie comme étape naturelle de la vie, n’est pas toujours acceptée entant que telle par l’homme. Comprise entre la vie et la mort selon la gravité de la situation, elle serait une ennemie proche de l’homme. Raison pour laquelle que, certains se battent toujours à avoir une santé robuste, loin des anomalies, des symptômes, des douleurs qui rendraient malades.

Donc, pour ainsi dire, quand un petit malaise se présente, la première chose est où serait de consulter un médecin. Malheureusement, c’est une pratique bien moins fréquente en Haïti. Car, on n’est pas tous à avoir le privilège de consulter un médecin privé. De plus, les dispensaires publics ? C’est un manque  flagrant.

A moindre symptôme, de malaise, de douleur ou de fièvre, certains Haïtiens pensent très souvent à un thé de « asosi » ou de n’importe quelles autres plantes naturelles, suivant le problème en question. L’autre alternative est de recourir à x ou y médicament, que l’on dit ou que l’on croit être bon pour tel ou tel problème. Ou le plus souvent, on a vu dans telle pub que tel sirop est bon pour la grippe, et on s’en achète ipso facto sans aucun avis médical. Ignorance complète. Danger imminent.

 Manque de pouvoir d’achat 

Certains médicaments et produits pharmaceutiques sont très coûteux sur le marché commercial, particulièrement dans les pharmacies. Raison pour laquelle, les petites bourses se tournent toujours vers des petits bacs, arrangés sous le soleil, dans lesquels sont exposés tous types de médicaments. Un marchand de comprimés par-ci, un autre vendeur de sirop par-là, et la ville est décorée par ces petites tables en étagères où sont joliment arrangés des médicaments de toutes sortes : anti-inflammatoire, antidouleur, antigrippale, sirop, gel, crème. Presque rien ne manque pour faire de ces tables une véritable pharmacie en plein air. Peut-être, faites-vous les mêmes idées que moi, quant à la dangerosité de cette activité ?

La santé de la population, semble n’est pas toujours une priorité pour les autorités concernées. Avoir des centres de santé répondant aux besoins des gens, est encore des projets à l’oral. Le peuple se livre à lui-même pour sa santé. Par conséquent, quand on ne se sent pas bien, on fait comme on peut. Certains n’hésitent pas à recourir à ces marchands de médicaments, pour se faire soulager, achetant un comprimé ou un médicament, très souvent conseillé par le vendeur lui-même. Bien souvent ces machann grenn ne savent ni lire ni écrire. De surcroit, il faut s’attendre à des tristes cas, où ni vendeur, ni consommateur ne sait rien quant à la date d’expiration du produit. C’est de l’hébétude à la perfection.

D’autre part, sur les trottoirs où ils sont installés, ces «doktè grenn» (docteurs de comprimés), comme on les appelle ironiquement, reçoivent parfois des patients avec des prescriptions médicales. Dans une telle situation qui dépasse la stupidité, le cas du malade risque de s’aggraver, car même le marchand ignore le contenu médical de ses produits, voire la posologie des médicaments. Et à ce sujet, le président de l’Association des Pharmaciens Haïtiens (APH) est clair : « Les marchands de médicaments ambulants dans les rues représentent une véritable menace pour la santé de la population. Ils sont des tueurs silencieux. Quand leurs médicaments ne sont pas contrefaits, ils sont avariés et quand ils ne sont ni contrefaits ni avariés, ils sont stockés dans de mauvaises conditions», a déploré M. Dénex Frédéric.

Entre-temps, ces marchands fonctionnent en toute quiétude au vu et au su des autorités sanitaires. Ces dirigeants, qui ne font presque rien pour faire disparaitre cette pratique, ayant déjà causé des préjudices à la santé de plusieurs membres de la population.

Osman Jérôme


Féministes occasionnels

Women portrait (C) pixabay.com
Women portrait (C) pixabay.com

« L’esprit n’a pas de sexe. » (François Poulain de la Barre). « La femme est un éternel problème, dont la grossesse et la solution. » (Nietzsche). Avérés. Fougueux. Déterminés. Des hommes et des femmes féministes et anti-féministes, le monde en a connu beaucoup. Et on connaîtra d’avantage. Car ne vous mentez pas, cette lutte pour l’égalité entre homme et femme a encore de beaux jours devant elle. Et ceci, peu importe les sociétés en question. D’ailleurs, la survie même de l’existence du monde est à la merci des inégalités, des luttes. Allez demander à Charles Darwin si vous ne me croyez pas.

Comme pour respecter la tradition conventionnelle, vieille de plusieurs décennies, la journée du 8 mars a été célébrée à travers le monde, notamment en Haïti. Un mot, un geste, un cadeau. C’était une journée spéciale pour les filles. Des manifs. Des déclarations. Des discours. Madame, monsieur, comme on pouvait s’y attendre d’ailleurs, c’était une autre occasion pour parler de la FEMME. Femme  entant qu’être égal à  l’homme en droit et en nature ? Pendant 24h, la femme était le principal sujet de tous les débats. Elle a été honorée, vénérée, adulée. Mais aussi ironisée, persiflée, tant que certains commentaires sont entachés d’hypocrisie et de flatterie.

Sur les blogs, dans les forums de discussion, sur les réseaux sociaux, dans les émissions de radio et de télé, mise à part un regard sur ce qui se passait à Caracas où l’on rendait un dernier vibrant hommage au défunt Hugo Chavez, le charismatique président vénézuélien, Haïti était dédiée aux femmes ce vendredi.

Durant cette journée, surfant sur la Toile, j’ai eu la chance de tomber sur une pléiade de réflexions liées à la cause de la femme dans le monde, en Haïti en particulier. Sur Facebook par exemple, des gens, des proches, des amis que je n’aurais jamais imaginés, ont attiré mon attention et ma curiosité. Avec de belles expressions, de phrases flatteuses, ils ont écrit et dit des choses, qui, franchement, n’ont rien de ressemblance avec leur comportement, leur profil d’homme dominateur. Circonstance oblige? Certains de ces amis, véritables bourreaux pour leur partenaire m’ont vraiment épaté. Féministes circonstanciels ou changement de posture?

Cependant, peu importe ce qui est qui caché derrière ces discours, mais je souhaiterais que ce soit dorénavant, une autre façon de voir et de traiter la femme haïtienne. Cette dernière qui, trop souvent paye le prix incalculable de l’imagination primaire et bornée de certains de nos faiseurs de tubes. Ces êtres qui, trop souvent sont victimes d’une société haïtienne trop machiste et trop traditionnelle. Dans sa dernière réflexion, Nelson en a parlé avec beaucoup plus de finesse sur son blog.

En effet, si j’aurais à rejoindre certains philosophes cyniques, je rappellerais que nous sommes appelés à vivre selon les lois de la nature, et non selon les caprices des conventions sociales. Donc, traitez la femme comme cela se droit. Donnez-lui le pouvoir qu’elle mérite. Pour se faire, on n’a pas besoin d’un quelconque 8 mars pour enfanter des discours flatteurs, se démarquant bien souvent de la réalité. Mais, le monde est tellement est hypocrite.

Par ailleurs, toujours à ce sujet, mais sous un autre angle, je rejoins Tilou, un ami bloggeur qui, dans son dernier billet se questionne sur la solidarité féminine en Haïti. Là, c’est encore un grand dossier. Un autre débat.

Enfin, loin d’évoquer l’idée nébuleuse dans laquelle qu’on célèbre la journée du 8 mars, ayant produit chaque année une vague de féministes occasionnels. Loin d’être non plus ni féministe ni anti-féministe, je suis pour le respect total des Droits de la femme dans les sociétés du monde, dont celle d’Haïti en particulier. En privé comme en public, qu’elles soient à la place qu’il faut sans aucune discrimination de genre. Surtout que le savoir n’a ni de gamètes mâles, ni femelles, comme le dirait plus haut François Poulain de la Barre.

Osman Jérôme


Endurance sexuelle, trop de préoccupation

Endurence sexuelle-© Paola Grau
Endurence sexuelle-© Paola Grau

Se référant aux interminables débats qui se font autour de la sexualité, on peut aisément se faire une idée, combien que le terme de la conduite sexuelle est divers et complexe. Et à la fois fascinant. Bon, c’est bien qu’une évidence. Car, si l’on se recourt à la pyramide des besoins de Abraham Maslow, comme apaiser sa faim, étancher sa soif, la recherche à la satisfaction sexuelle est un désir primaire. Une gratification, dont l’homme ne peut se passer pour sa croissance physico-émotionnelle.

Par contre, la sexualité comme telle, est sujet à toutes sortes de diffamation et de déformation. Et n’en parlons même pas de la conduite sexuelle, qui renvoie très souvent à des monstres contradictions. Surtout quand la culture se mêle de la partie.

Chacun de nous (sauf dans certains cas d’abstinence ou autres circonstances particulières), entretient des rapports sexuels. D’ailleurs, le sexe (comportement sexuel ou de reproduction), c’est bon pour la santé. De nombreuses études scientifiques l’ont prouvé. C’est comme un regain d’énergie, qui nous procure une sensation de rajeunissement et prolonge notre vie.

La question du temps 

En effet, tout bon rapport sexuel exige au moins certains critères. La disposition des partenaires, l’érection, la virilité et (l’endurance ?). Ce n’est pas moi qui vous l’apprends d’ailleurs.

Chez nous en Haïti, comme d’ailleurs dans beaucoup d’autres pays, l’endurance sexuelle est un sujet de grande préoccupation. On dirait que la pleine satisfaction sexuelle se résume au minutage du coït ? En effet, ici en Haïti, très souvent, quand un mec n’est pas capable de tenir la tête pendant un temps record dans un rapport sexuel, il ne se sent pas «djanm». Il n’est pas digne d’être garçon. Donc, c’est un cas perdu, ironiseraient les plus taquins. Vous riez sans doute. Mais ce sentiment de culpabilité n’est pas pourtant innocent. Car certaines de nos filles ne ménagent pas leurs mots, quand il s’agit d’injurier les adeptes des brèves performances. Les hommes «incapables» sont souvent traités de toutes sortes de mauvaises expressions : salaud, «payas», «pa itil», «bonjou pwèl», «sal pwèl». Voire si la gazelle reste encore avidement sur sa soif.

L’éjaculation précoce, l’ennemie # 1

Le terme est vieux comme l’histoire de Daniel dans la force aux lions, mais il garde encore toute sa fraicheur dans notre vie quotidienne. Le concept en soi est complexe. Il renvoie à autant de définitions concordantes et divergentes aussi. Mais, en toute simplicité, «l’éjaculation précoce est définie bien souvent comme une condition où l’homme éjacule trop rapidement avant ou après la pénétration». Mais combien de temps doit prendre une pénétration pour que vienne la satisfaction ?

D’ailleurs, pour certains, la notion de précocité sexuelle est très subjective ; ce qui est rapide pour un couple ne l’est peut être pas pour un autre, et les femmes ont toutes une différente idée entre rapide ou pas». Suivez bien mon regard !

Aux grands maux, aux grands remèdes

La peur de ne pas pouvoir répondre à la satisfaction sexuelle de leur partenaire, devient un trouble pour certains. Par conséquent, la solution est de se mettre à la hauteur. Et comment ? Par n’importe quel moyen. Et ceci, peu importe le risque sanitaire qui s’en suit.

Bon, on a tellement proposé de solutions (très souvent inefficaces) à l’éjaculation précoce, parfois on dirait que, ce n’est de la spéculation ou de la divagation gratuite. On dit, on invente n’importe quoi, ayant rapport à ce trouble sexuel. Quoique identifié, loin d’une résolution durable, bien souvent le problème persiste. Mais que faire ?

Voulant remédier à cette problématique d’insuffisance sexuelle, les victimes courent à toutes solutions imaginables : sexologues, médicaments, produits chimiques (gel, spray, boissons énergisantes), produits naturels (boutèy bwa, pistach, lanbi), entre autres.

Risques sanitaires 

A défaut de ne pas pouvoir consulter un médecin spécialiste, les gars ont recours à toute une gamme de produits chimiques ou naturels sans aucun avis médical. Des produits, dont les conséquences néfastes ne sont pas toujours immédiates.

D’emblée, le jeune qui souffre de cette perturbation sexuelle, qui ne fait pas honneur à sa réputation d’homme, s’accompagne souvent son « pwa » ou de son « STUD 100 ». Des produits qui retardent (longuement) l’éjaculation. Mais à quelle fin ? À quel risque ?

Selon certains témoignages, l’utilisation de ces produits, stimulent tellement l’endurance, qu’il arrive dans des cas que le pénis du garçon soit anesthésié. Par conséquent, il devient difficile que l’organe se soit dégonflé, même après deux heures d’activité. Évidemment, ce qui peut entrainer des effets perturbateurs sur la santé de l’utilisateur. À chaque avantage, son inconvénient. Pas de panique ? Mais combien d’utilisateurs de ces substances ont été déjà hospitalisés ? Combien d’entre eux ont, définitivement perdu leur érection après un certain temps ?

Ces derniers temps, l’Haïtien invente toutes sortes de trucs pour être plus performant au lit. Maintenant, parallèlement à la consommation abusive des substances, on parle de «sapatann», «polis kouche», «zo reken». Des formules montées de toutes pièces pour prolonger bêtement les rapports sexuels. Par conséquent, les techniques de l’amour, l’aspect émotionnel de l’expression sexuelle, tout semblerait méprisé au profit de l’endurance. L’acte sexuel est dénaturé.

Aujourd’hui, on est  face à une situation où l’acte sexuel se résume presqu’à une question d’endurance. D’un trait, le sexe devient un combat sans faille, une lutte acharnée. L’utilisation des produits, de stimulants pour être performant, a dépouillé le rapport sexuel de son caractère sacré. Quel dommage en tout cas ! Car, pour répéter le psychothérapeute et sexothérapeute Alain Héril, «Ce qui fait l’alchimie d’une sexualité épanouie, ce n’est pas la quantité, mais la qualité de nos échanges». Que celui qui a de l’intelligence, comprenne.

Osman Jérôme


Qu’avez-vous fait de mon pays ?

Jean-Claude Duvalier via noticiassin
Jean-Claude Duvalier via noticiassin

Port-au-Prince, Haïti. Jeudi 28 février 2013. Loin de ce qui se passait au Vatican, où pape Benoit XVI doit officiellement démissionner de ses fonctions à la tête (malade) de l’église catholique, tout un pays est en alerte. Quelque chose de spécial va se passer : Jean-Claude Duvalier va enfin comparaître par devant un tribunal en Haïti. Ce, après trois convocations manquées depuis son retour au pays. L’ex-dictateur a décidé de répondre aux questions de la justice de son pays pour diverses plaintes déposées contre sa personne.

Victimes, sympathisants, journalistes nationaux et internationaux, simples curieux observateurs, les périmètres de la Cour d’appel de Port-au-Prince étaient bondés de gens ce jeudi matin. L’évènement en valait bien la peine. Il ne s’agit pas d’une petite bête sans poils, c’est une bête à cornes. Une bête à nom. Un nom fort, puissant. C’est un nom à sensation, et qui donne frisson. Madame, monsieur je ne vous invente absolument rien. D’ailleurs, la jeunesse de mon âge ne me le permettrait pas non plus. Bref.

Mr. Jean-Claude est de retour au pays en janvier 2011, soit après 25 ans d’exil en France. Et depuis, sa présence n’a cessé d’alimenter les débats dans la société haïtienne, dont certains membres gardent encore des souvenirs cauchemardesques de son régime. Entre temps, des organisations des Droits de l’Homme en Haïti comme à l’étranger n’ont cessé de faire pression sur les autorités haïtiennes d’entamer des actions en justice contre l’ancien tyran de 61 ans. Ce dernier, reproché entre autres pour la violation des droits humains, des crimes contre l’humanité,  des exécutions sommaires, des détournements de fonds, ayant caractérisé son long gouvernement dictatorial, de «kanson fè».

Diplomaties. Démagogies. Va-et-vient.  Enfin, l’ancien chef des «tontons macoutes» a été auditionné le 28 février dernier  par des juges de la Cour d’appel de Port-au-Prince. Ce, en raison à des multiples plaintes déposées par plusieurs victimes de son règne  (1971 à 1986). En effet, comme pour se défendre face à ses accusés, l’ex-chef de l’Etat à vie nie toute responsabilité dans des actes de torture, d’exécution d’opposants politiques, de violation des droits humains imputés à son régime de 15 ans.

« Qu’avez-vous fait de mon pays ?», a exclamé Baby Doc en pleine séance d’audition. «Le pays s’est effondré à mon retour, je retrouve un pays ruiné, une corruption sans borne qui freine le développement de ce pays», a pesté  l’ancien homme fort de Port-au-Prince. Donc, il veut bien des explications ? A défaut d’en pleurer, certains ont en plutôt rit. Comme si ce fut une blague, une plaisanterie à la Jesifra, notre comédien # 1.

« Qu’avez-vous fait de mon pays ?». Provocation, défense, offense, vérité, cette question a eu l’effet d’une bombe. Et en si peu de temps, les réponses et les réactions n’ont pas tardé à venir. Entre pour ou contre, les discussions sont animées. Entre temps, à la huitaine, l’ex-premier citoyen de la nation est attendu une fois de plus au même en droit pour les suites de ce dossier, dont la fin semble n’est pas pour demain. Spectateurs, observateurs, soyez de tous yeux et de toutes oreilles, le spectacle s’annonce encore plus excité. Conservez bien vos tickets. A suivre.

Osman Jérôme

 


Ici, pas de crédit

Money Euros (C) pixabay.com
Money Euros (C) pixabay.com

«Ne me parlez pas de crédit, parlez-moi de Dieu». «Ici, le crédit est mort, les clients l’ont tué». «Ici, pas de crédit surtout pour vous». Autant d’avis et de messages, faisant le décor des murs et des planchers de beaucoup de petites boutiques de rue en Haïti, notamment à Saint-Marc. A défaut d’en pleurer avec de grosses larmes chaudes, on en rit à gorge déployée. Car le message est bien clair. Peu importe votre urgence, si vous n’avez pas votre argent compté, n’y allez même pas. Sinon, imaginez-vous le reste. Mais pourquoi en fait ?

En effet, avec le peu de moyens dont ils disposent, certains membres de la population haïtienne s’investissent dans le secteur informel. Grands commerçants. Commerçants détaillants. Marchands ambulants. On les colle toutes sortes de noms, suivant l’ampleur de l’activité commerciale. Par-ci, par-là, nombreuses sont les rues de la ville, occupées par des petites boutiques de provisions alimentaires, de quincaillerie, de produits pharmaceutiques, entre autres.

Dans certaine mesure, cela parait parfois très bénéfique pour la majorité de la population. Car bien souvent, les gens préfèrent faire leurs emplettes dans ces petites guérites au détriment des super marchés, où il faut être taxé bien évidemment pour le climatiseur et la génératrice. Donc, comme si nous autres, les consommateurs, nous ne sommes pas aussi des victimes de la rareté de l’électricité. Bref.

Madame, monsieur, si vous ne le savez pas encore, laissez-moi vous rappeler que, en Haïti, environ 70% de la population n’ont pas accès à ce fameux pouvoir qu’on appelle pouvoir d’achat. Même pour se nourrir. Et, cette situation semble, n’est pas encore trop grave pour attirer l’attention des responsables. Malheureusement, l’homme ne vit pas seulement de parole et de promesse, mais de pain tout d’abord.

En effet, comprenant la précarité de la situation, d’ailleurs, dont ils ne sont pas exempts, certains propriétaires accordent généreusement du crédit (une forme d’achat sans argent immédiat) à certains habitués de leurs négoces. La formule est simple : on a besoin de quelque chose. On n’a pas de l’argent disponible. Donc on achète et on vient acquitter sa dette après x jours. Ce qui permettra aux vendeurs d’avoir les moyens nécessaires de s’approvisionner des produits manquants ou de nouveaux articles.

En fait, le plus intéressant dans tout ça, c’est que, la dette une fois honorée, l’acheteur peut s’approvisionner à nouveau. Il viendra payer prochainement. Mais quelle créativité de l’esprit, Quelle idée géniale. Malheureusement, entre vendeur et acheteur, le rythme n’est pas toujours bien harmonisé. «Règleman konn gate zanmi», contrairement à ce qui est encré dans l’inconscient collectif des haïtiens.

En fait, si dans certains cas, la formule (l’achat à crédit) marche très bien, dans d’autres, non. Des clients refusent de payer. Parce qu’ils ne peuvent pas ou ne veulent pas ? L’un ou l’autre ? Parfois les deux mêmes. Ce qui contraint à certains propriétaires de fermer leurs portes aux acheteurs sans argent prêt. Hélas.

Mais, comment subitement refuser une bouteille de coca-cola à un habitué du bar, pour n’avoir pas dans ses poches les 15 Gourdes pour apaiser une soif ? Ou comment faire, pour ne pas livrer une boite de lait condensé à une mère, dont le nourrisson meurt de faim ? Cela parait évidemment un peu compliqué. Du moins, pour les moins intelligents. Alors, dans ce cas, pour éviter d’être piégé par sa conscience, trahi par sa sensibilité, guidé par son humanisme, le propriétaire avisé passe à l’offensive. Car, Business Is Business, dirait un ami américain.

Par conséquent, en lieu et place d’une affiche de Bienvenue, le client sera désormais reçu par «Ici, pas de crédit, surtout pour vous !». Alors, mais qui est ce vous ? Moi ou les autres ? Non, ceux qui n’ont pas honoré leurs dettes. Mais pas moi en tout cas.  Ne vous questionnez plus. Peu importe, c’est le crédit même qui est mort. Il est assassiné par les clients irresponsables. Donc, plus besoin de demander pour lui. D’ailleurs, s’il vous a été un bon ami, toutes nos sincères condoléances. A dieu !

Osman Jérôme


Après la pluie, c’est le mauvais temps

 » Après la pluie, c’est le beau temps « . Nous l’avons appris, et c’est ancré dans l’inconscient collectif. En effet, je n’ai pas la moindre intention de porter un démenti formel à ce dicton, vieux comme l’histoire de la mer rouge. Cependant, comme le voudrait bien l’Empirisme, il fallait au moins faire certaines expériences. Et cela aidera à comprendre que, bon nombre des adages, sont loin de coller à la réalité. La réalité « réelle », si vous me permettez cette expression. A moins que, ce soit l’exception qui confirme toujours la règle.

Saint-Marc, comme la plupart de certaines autres villes d’Haïti, fait face à un manque d’infrastructures criantes : des tas d’immondices servant de décor à certaines rues, la poussière qui vous bascule le nez, la non-irrigation des canaux.  Donc, un décor architecturel qui mérite d’être revu. Bon, heureusement que la ville est en chantier depuis quelque temps.

Par contre, n’était-ce pas ce problème, celui qui l’a déjà visitée, vous dirait tout simplement que, Saint-Marc est une ville pittoresque, aux allures exotiques et charmantes.  Mais, malheureusement, comme le pays lui-même, les défis d’ordre infrastructurel de la cité Nissage Saget sont énormes.

Il y a de cela, deux mois, depuis que j’ai rendu visite à une amie que je n’ai pas vue, ça fait un bail.  Malgré la nébulosité du temps, annonçant une forte pluie, je suis décidé de ne pas faire marche arrière. Surtout que c’était la dernière occasion de revoir cette ancienne camarade de classe, avant qu’elle ne reparte pour Québec, où elle réside depuis quelques années. Elle séjourne à Pont Tambour, un quartier résidentiel situé à l’Est de la ville.

Chemise Lacoste noire, manches longues, mais retroussées, un jeans Diesel délavé bleu et une paire de Converse noire : je suis tiré à quatre épingles (rires).  Donc,  prêt  à  laisser Frécyneau, mon quartier,  pour cette galante aventure, qui s’est malheureusement terminée sur une note pas trop intéressante.

Arrivé, j’ai été fastueusement reçu comme un roi, ayant retrouvé son trône après une longue absence. Vous vous attendez sans doute à ce que je vous raconte le film de la rencontre pièce par pièce ? Désolé de ne pas pouvoir combler vos attentes sur ce point. Secret de Dieu ! Qui sait.

Il se faisait tard, puisqu’il il était déjà 10h PM, quand je m’apprêtais à laisser le domicile de l’amie, après que de fortes pluies viennent de s’abattre sur la ville. La barrière, une fois franchie, le calvaire a commencé.  Il faisait très noir, vu qu’il n’y avait pas d’électricité dans  la zone. Et, malheureusement, la luminosité de mon Alcatel A780 ne pouvait pas me venir au secours. A chaque pas, je me suis enfoncé dans une boue si profonde, que je pouvais à peine avancer. Pas de voiture, encore moins une motocyclette, sinon que mes deux pieds pour faire la route. Qui pis est, dans ces chiantes situations où la ville est sous les eaux, les taxi-motos ne fonctionnent presque pas.  Et, je dois rentrer chez moi.

Face à cette situation, en un rien de temps, j’ai dû enlever mes chaussures, retrousser mon jeans pour affronter la dure réalité de la route qui mène chez  moi. Un trajet qui me paraissait long. Interminable. On dirait un chemin de croix.

Je me garde de ne pas raconter les péripéties que j’ai endurées  jusqu’à ma demeure. Car je doute fort, qu’en lisant seulement le billet, vous puissiez comprendre ma calamiteuse mésaventure.

Osman Jérôme


Entre l’amour et le sacrifice de la Saint-Valentin

La Saint-Valentin (C) pixabay.com
La Saint-Valentin (C) pixabay.com

Sous le signe de l’amour et de l’amitié, une bonne partie du monde s’est réveillée ce matin avec la tête en fête, le cœur au plaisir et le sourire aux lèvres. Des cartes dédiées, des chocolats, des gâteaux. On célèbre la Saint-Valentin. Bon, contrairement à mes premières intentions, sur demande spéciale, et par amour pour ce que je fais, j’ai le plaisir de vous soumettre ce billet pas trop rose. Même pour un 14 février. Ha, aujourd’hui c’est 14 février. Un jour de 24h de comme les autres. Mais pourtant, bien spécial, pas comme les autres. C’est le jour de l’amitié. De l’amour pour être plus direct. Mais, on ne dit jamais que, c’est aussi un jour de sacrifice. En tout cas. Cette semaine, l’amour occupe une place prépondérante dans les conversations. Même si en début de semaine, Pape Benoit XVI a un peu volé la vedette à Valentin, avec la surprenante nouvelle de sa prochaine démission. Bref.

Je ne vais pas me perdre dans la vieille histoire du monde Occidentale, pour vous faire l’immense historicité de cette fête commerciale. Non, fête de l’amour et de l’amitié. Vous connaissez les détails aussi fins que moi. 14 février, jour de l’amour et de l’amitié. Moment de réconciliation, de partage, de souhait. L’univers de l’amour est en liesse. Cependant, comme le dualisme le voudrait bien, c’est aussi un jour de haine, de remord, de regret, de séparation, d’éloignement, de déception. Car la Saint-Valentin n’est pas seulement des souhaits, des «je t’aime» à l’oral, mais aussi des cadeaux, des surprises. Donc, cela demande un peu de sacrifice pour certains. «Gare à l’homme qui oublierait la date ! Maintenant que les petits cœurs sont partout, l’absence de cadeau équivaut à une déclaration de désamour», a déclaré le sociologue Jean-Claude Kaufmann. Donc, Saint Valentin, c’est de la manière conjuguée à la matière. Voire parfois, les cadeaux ont plus d’importance pour beaucoup de personnes. N’en déplaise aux amants des cadeaux.

Comme presque partout dans le monde, depuis quelques jours, Puerto Plata, ma ville d’accueil depuis quelques temps, vit au rythme du saint patron des amoureux. Dans les grands supermarchés, les maisons de cadeaux, les magasins électroniques, cette semaine on a eu droit à un spécial rabais sur certains articles. Oferta Especial, dit-on ici.

D’un autre côté, un petit zapping sur les ondes des stations de radio et de télévision, on peut se faire rapidement une idée de la fête. Les chansons qui parlent d’amour sont à l’honneur. A l’honneur pour les Valentins et Valentines.

Laissons momentanément la République Dominicaine, pour rentrer en Haïti. Chez nous, il est coutume, qu’à la veille du 14 février, des couples se fâchent, pour se réconcilier après la fête. Bien souvent, cela vient de la ruse du mec, qui ne sait pas souvent à quel saint se vouer pour plaire à sa bien-aimée. Elle qui aurait bien souhaité  recevoir un bouquet de fleur, une boite de chocolat, comme ses amis en reçoivent à gogo. Si certains frères agissent de la sorte volontairement, d’autres sont poussés par les circonstances. Parfois, il y a des filles qui comprennent la situation, elles n’exigent rien à leur petit ami. Mais d’autres ne comprendront jamais rien, sinon les cadeaux. Et dans ce cas, bien souvent, la meilleure solution est la fuite.

Plus on est sentimental, c’est moins qu’on est rationnel. Et moins qu’on est rationnel, c’est moins qu’on est humain. Ce, même si les sentiments font partie de notre vie psychologique. Cependant, quand la rivière de nos sentiments affectifs est débordée, la récolte de notre raison humaine risque d’être sévèrement affectée. En effet, dans la logique de ne pas de décevoir à leur conjoint, je connais des proches, des amis, gardant des souvenirs amers du 14 février. Peut-être, sont-ils allés parfois trop loin dans leur sacrifice ? Sont-ils manipulés par leurs sentiments ?

L’année dernière, un cousin maternel, Mathurin, a liquidé son ordinateur portable, pour pouvoir emmener sa fiancée à un bal des amoureux. Une semaine après, la relation n’est plus pour cause d’infidélité de la demoiselle. Bon, ça c’est une histoire ancienne. Revenons maintenant au présent. Hier soir, après avoir discuté du Real Madrid-Manchester United (1-1), mes amis ont tourné la conversation autour du 14 février. Chacun opine à sa façon. Certains pour, d’autres contre. Les approches sont marquées de divergence et de contradiction. Dans ce duel verbal où les arguments se confrontent pafois avec finesse, j’ai été ému d’apprendre, combien que les gens se sacrifient pour une galante célébration du jour de l’amour en compagnie de leur partenaire. Selon des témoignages, certains ont même manqué des examens de l’école pour offrir une bague à une petite amie, d’autres ont zigouillé des objets de valeur pour offrir la fameuse boîte de chocolat. Ces amoureux comprennent bien que,la Saint-Valentin, c’est un instant de grande attente. Et quand l’attente n’est pas comblée, c’est de la consternation totale. Mais, tous ces sacrifices, au nom de quoi ou de qui ? De l’amour ou de la Saint-Valentin ? En effet, comme aimer, c’est se sacrifier. Par conséquent, 14 février serait aussi un jour sacrifice ? Suivez mon regard !

Osman Jérôme


Des feux d’embouteillage

Traffic Light par masochismtango, via Flickr CC
Traffic Light par masochismtango, via Flickr CC

A l’instar de presque toutes les capitales du monde en posture inélégante, Port-au-Prince est une ville surpeuplée, surchargée et parfois même débordée. Dans les transports privés comme dans les transports publics, les gens s’évacuent à leurs activités quotidiennes. Outre les égouts à ciel ouvert, les petits marchands qui occupent anarchiquement les rues, les tas d’immondices qui entravent bien souvent le bon fonctionnement de la circulation, depuis quelque temps, les feux tricolores se mêlent  de la partie. Et c’est de la tracasserie. Rouler en voiture dans certaines zones de la capitale haïtienne devient un art. Un art triste.

Initialement fabriqués pour faciliter la circulation, ces feux de signalisation sont parfois à l’origine de beaucoup de monstrueux embouteillages, observés quotidiennement dans l’ère métropolitaine de Port-au-Prince. Tantôt tombés en panne, tantôt déréglés, ils rendent souvent la vie dure aux conducteurs, notamment ceux du transport en commun, principales victimes de l’irrégularité trop fréquente de ces panneaux lumineux. Les conducteurs accusent les responsables de la circulation de ne rien faire, pour soulager cette pénible situation à laquelle ils sont confrontés tous les jours.

Sur la route de Delmas, reliant le Centre-Ville de Port-au-Prince à Pétion-Ville et sur la route de Carrefour, le triste décor est toujours le même. Surtout aux heures de pointe : de longues files de voitures, qui ne bougent presque pas. Des grands embouteillages, causant des vertiges. Et ce problème, quoique identifié, parait très loin d’être à moitié résolu…

En effet, mis à part de l’exigüité et le mauvais état des tronçons, le nombre croissant des automobiles, les feux tricolores sont très souvent à l’origine de ces pénibles «blokis» (embouteillages). A titre d’exemple, sur la route de Delmas, spécialement à hauteur de Delmas 31, 33 et 60, ces feux fonctionnent bien souvent au gré de leur humeur. Ce qui rend souvent la circulation très difficile. Car le violon n’est pas toujours bien accordé entre les conducteurs, ceux du transport public en particulier. Personne ne veut manquer une occasion de s’avancer. Sauve, qui peut !

Maintenant, les problèmes sont identifiés. Ils ne datent pas d’hier. Il ne resterait qu’aux responsables du service de la circulation d’adopter des mesures concrètes (s’ils ont de la volonté), pour que enfin, la situation puisse s’améliorer. Car celle-ci est loin de faire la bonne réputation de la capitale, déjà souffreteuse. Sinon, bientôt, ce sera le comble du découragement de circuler en voiture à Port-au-Prince.

Osman Jérôme


Badoo, bad expérience

Capture d’écran badoo.com

Contrairement à ce que certains proches et amis pourraient bien penser, je n’étais pas toujours un accroc des réseaux sociaux. Cependant, avec le temps, surtout dans l’exercice de mes activités en tant que journaliste-animateur et de blogueur, petit à petit, j’ai commencé à comprendre les portées positives des réseaux sociaux. On rencontre plus facilement les artistes pour une interview, les informations y circulent beaucoup plus vite. Donc, il est évident qu’on s’adapte au réseautage social du monde. Sinon, technologiquement on est désactivé.

J’ai créé mes comptes Facebook, Badoo et Twitter, il y a déjà quatre ans. Cependant, pour des raisons professionnelles, je suis plus fréquent sur Facebook et Twitter. Sur le site de Mark Zuckerberg, il y a plus de monde que je connaisse dans la vraie vie. Des proches, des anciens et nouveaux camarades de classe. Bref, l’ambiance me parait plus conviviale. Même si depuis quelque temps, le réseau social bleu se transforme en une véritable bordel d’obscénités où tout se fait, tout se dit, tout est publié.

Sur Twitter, les infos circulent à la vitesse de la lumière. Donc, pour rester connecter au reste du monde, je me suis abonné à des amis, des personnages ou sites d’information, pour être toujours informé.

Contrairement aux deux premiers sites mentionnés, je ne me rappelle pas vraiment ce qui m’a motivé à avoir un profil sur Badoo, ce réseau social qui vous met en contact spécialement avec les gens de votre région ayant aussi un profil sur cet espace interactif.

Jusque-là, tout parait aller pour le mieux. Cependant, comme le bonheur ne vient jamais tout seul, le premier malheur m’est venu tout récemment, lors d’un dimanche matin que  je ne suis pas prêt à oublier si vite. Il était aux environs de 13 heures. Je suis connecté à internet. Après avoir passé un petit temps sur le site de Mondoblog, la plateforme de l’Atelier des Médias hébergeant mon blog, j’accède à mon compte Badoo, que je ne visite pas trop souvent d’ailleurs. Visitant mon profil, quelqu’un, qui se retrouve je ne sais pas comment dans ma liste d’amis m’a salué. Ben, sans aucune idée, j’ai répondu et on a entamé une conversation de la plus simple des manières.

L’interlocuteur en question n’est pas de même nationalité que moi. Cependant, géographiquement, on n’est pas trop loin. Je garde d’en dire trop sur le type. Au fil des échanges, le mec m’a demandé : quelle est mon orientation sexuelle ? Stupéfié, j’ai pris quelques secondes avant de répondre, que je suis hétéro. Je suis attiré sexuellement que, par le sexe opposé.

Et c’est alors, que le type commençait à me compter son histoire, pas trop élégante d’ailleurs. Il m’a avoué être homo, et n’avoir des penchants sexuels que pour les sujets de son sexe. En fait, quand je lui ai demandé pourquoi il n’essayait pas de changer, il m’a dit que c’est impossible xar il a grandi comme ça. Et qui plus est, il se sent tellement bien dans les bras des gars, qu’il n’a aucun œil pour les filles. Rien de dramatique, puisque c’est son orientation sexuelle. N’en déplaise à personne.

Cependant, là j’allais être sidéré, c’est quand il m’a déclaré qu’il adorait mon avatar, et qu’il aimerait bien me rencontrer pour des moments à deux. Là franchement, j’ai été pris de frénésie. Avec toute ma sagesse naturelle, je ne vais pas avec le dos de la cuillère pour lui remettre à sa place. «Je suis désolé de ne pas pouvoir eu ma chance avec toi», a-t-il insisté en fin de conversation.

Je n’ai jamais été aussi vexé dans ma vie. Loin d’apporter un jugement de valeur sur l’orientation sexuelle du mec, j’ai été tout simplement horripilé par son approche, jugée très décevante par certains amis.

Osman Jérôme


Le « corps-beau » et le regard

Si la pesanteur est la loi qui attire tous les corps vers le centre de la terre, et pourquoi la beauté d’une femme ne serait pas la force qui attire tous les regards vers le centre de son beau corps, ou de son corps-beau pour mieux dire ? C’est la complicité entre le beau et le regard. La complémentarité entre l’homme et la femme. Dans un certain sens.


Encore un autre carnaval en Haïti

Photo : Osman
Photo : Osman

Bamboches populaires. Ambiances musicales. Festivals gratuits. Durant ces derniers mois, l’haïtien «pleziyis» ne peut pas se plaindre du manque de défoulement. La corbeille de nos dirigeants en est remplie à être débordée. Et les bambocheurs n’ont pas manqué d’être servis. Par contre, certains diraient que ce ne serait  pas logique dans un pays, qui se bat à se refaire. Une population soumise aux affres d’une situation difficile à supporter. Cependant, ce serait loin de la volonté d’un autre groupe (amants de l’ambiance). Une jeunesse, qui ne se fait jamais prier pour répondre à moindres petits rendez-vous festifs. Comme si la vie (en Haïti), ne serait ce que ça. Désormais, c’est la politique du divertissement, dirait un journaliste.

Du carnaval tous les six mois. Peut-être c’est ce que veut la population ou c’est ce qu’elle mérite ?, s’est questionné un ami. Qui sait ! Et d’ailleurs, a témoigné un observateur, on ne pouvait pas s’attendre à mieux, quand la plus haute magistrature de la République est occupée par un musicien. Ancien président apprécié-contesté du Kompa Direct (musique dansante haïtienne). Avis qui, bien évidemment, ne sera pas partagé par certains autres. Mais, peu importe, on n’oubliera pas si vite les déhanchements spectaculaires du premier citoyen de la nation, SEM Michel Martelly, du temps de son fameux Sweet Micky, son nom d’artiste et également celui de son orchestre.

En effet, si les partisans du changement sont très amers contre le gouvernement pour un manque de vision, quant aux projets concrets de développement du pays, les amants du plaisir peuvent, ne pas se plaindre. Car seulement sept mois après le carnaval des fleurs (une nouveauté) organisé à Port-au-Prince, soit un après le carnaval des Cayes, déjà le rendez-vous du carnaval national est donné cette année au Cap-Haitien (la deuxième ville du pays) les 10, 11 et 12 février prochain. Donc, après la métropole Sud, maintenant c’est autour du grand Nord d’être le théâtre des plus grandes manifestations culturelles du pays ; le carnaval. Très beau geste de décentralisation, monsieur le Président.

Yon ayisyen, yon pwe bwa «istwa’n se idantite’n», tel est le thème autour duquel, vont se dérouler cette année les manifestations carnavalesques en Haïti, dont le centre d’attraction sera la cité christophienne. Même si, le ministre de la culture, monsieur Jean Mario Dupy a récemment déclaré que : «l’Etat haïtien n’a pas assez de fons disponibles pour l’organisation de ces activités culturelles». Ce qui sous-entend que, une fois de plus, le secteur privé doit s’impliquer d’avantage pour la pleine réussite de ces festivités, lesquelles permettront au peuple souffrant de se défouler, oublier pendant les trois jours gras, la précarité de la vie, qui lui guette avec atrocité. Suivez bien mon regard.

Retrouvez ce billet sur: www.haitipublicnew.com

Osman Jérôme


Quelles marques portez-vous

Chaussures Nike © Osman
Chaussures Nike © Osman

«Dis-moi, quelle marque que tu portes,  et je te dirai qui tu es.»

En effet, depuis la nuit des temps, de génération en génération, les hommes de toutes les cultures cultivent un certain goût pour le beau, et ont une préférence quant à ce qu’ils portent comme vêtements et chaussures.

Les générations passent, les styles se succèdent et les marques de vêtements ne cessent d’envahir le marché du shopping. Les fringues, les chaussures, les parfums, dépendamment de la marque, du temps et du style en vogue, ont marqué une époque dans la vie des gentleman.

Porter des vêtements et des chaussures de grandes marques, est parfois synonyme d’une certaine classe pour certains. Car je connais des amis qui, au détriment de certaines priorités, préfèrent bien soigner leur look. Supra, Gucci, AX, DG, Lacoste, Levis, Diesel, Ralph Laurent, Pierre Cadin, Jean-Paul Gauthier, Georgio Britini, Puma, Adidas, Nike, Converse, Louis Vuiton sont entre autres les marques que portent les jeunes de ma génération.

Se rendre à une quelconque activité sociale en Haïti, exige un minimum de protocole. Soirées dansantes, mariages, boites de nuit, communions, funérailles, etc. Tous ces milieux demandent une manière de vêtir. Et les plus branchés le savent très bien. Personne ne veut prendre son look à la légère. C’est la culture du beau et du «m’as-tu vu ?» de certains Haïtiens.

Par exemple à Saint-Marc, ville très réputée pour ses activités de loisir, celui qui se respecte, ne va pas se permettre de se rendre sous les projecteurs de G&C n’importe comment. Sinon, on risque se clouer sur un siège sans se lever. Et ne parlons même pas de Corsaire Night Club, de Grosse-Roche Beach, entre autres. Dans ces lieux de divertissement, on dirait qu’il est écrit dans la pensée des gens que : «Nul n’entre ici, s’il ne porte pas une grande marque».

Depuis quelque temps, on dirait qu’il y a une exigence sociale qui est faite pour ne pas s’habiller n’importe comment, ne pas porter n’importe quoi comme vêtements et chaussures, surtout si on sera en public. Sinon, avec vos pacotilles, vos vêtements et chaussures sans nom, vous risquez de vous faire ridiculiser. L’Haïtien le plus taquin vous qualifiera de « toutou ni » (torse nu), de « pye atè » (pieds nus). Donc, pour éviter toutes mauvaises blagues sur sa façon de se fringuer, on se trouve dans l’obligation de se mettre au diapason, à la mode. Même si parfois, c’est au prix incalculable de sa petite bourse.

Osman Jérôme


Je me souviens de cette ville

Desdunes (C) Marie-Ange Faro
Desdunes (C) Marie-Ange Faro

Un anniversaire, peu importe sa nature, a toujours une importance spéciale pour le fêtant. On s’offre, on reçoit des cadeaux. Et hier c’était mon anniversaire, je me suis offert ce billet. Un saut dans le passé de mon enfance.

«Qui conque oublie son passé est condamné à le revivre». En effet, le film de nos quotidiens, comme il se déroule sur l’écran géant de notre vie, est une collection de scènes et de faits divers. Un ensemble d’histoires. Des histoires qui pondent des souvenirs. De bons ou de mauvais souvenirs qui habitent nos pensées jusqu’à l’inactivité des neurones de notre cerveau.

Depuis quelques jours, je suis enveloppé sous le manteau froid de la nostalgie. La pendule de mes souvenirs tourne en permanence sur le passé de mon enfance. Je rêve trop de cette petite localité du département de l’Artibonite qui m’a vu naître et grandir.

Et dans cette galante aventure onirique avec le passé, ma mémoire se renoue avec plein de bons souvenirs, qui viennent débarrasser mes pensées, trop préoccupées par les soucis du présent et trop fourbu par les projets d’avenir.

Géographiquement, Desdunes fait partie des 15 communes étendues sur les  4984 km² du département de l’Artibonite. L’un des plus vastes du territoire national en thème de superficie.

Difficile de vous dire avec exactitude d’où vient le nom de Desdunes. Cependant, certaines informations feraient croire que cela est remonté à l’époque coloniale. Ce nom serait celui que portait un planteur colon français, riche propriétaire de plusieurs milliers hectares de terre dans cette zone d’Haïti où la terre est très favorable à l’agriculture. D’ailleurs, Desdunes, comme le département de l’Artibonite en soi, c’est l’agriculture, la plantation de riz, l’élevage des bétails. C’est l’amour et l’attachement à la terre cultivable.

Ici, presque tout le monde se reconnait. Car, comme pour répéter ma défunte grand-mère: »Desdunes est une famille, repartie en plusieurs maisons« . Donc, les gens se connaissent entre eux dans les «konbit» sur les plantations, sous les péristyles des «bòkò», dans les temples des églises, sous les toits des écoles, sur les terrains de football entre autres.

Hier. Desdunes, c’était le champ verdoyant, la ronde des enfants tous les soirs en pleine lune sous les arbres. C’était le cocorico des coqs qui réveille les paysans au fond de la campagne, le croassement harmonisé des grenouilles et des crapauds au font des lagons, la pétillante odeur du café noir de tous les matins, la délicieuse saveur de l’«akasan», la voluptueuse senteur du thé à la citronnelle qui s’évapore dans les «gòdèt», le plat du riz au «lalo» dont on en raffole.

Hô ! Desdunes. Quand j’étais petit, je me rappelle bien que c’était le roucoulement des pigeons dans les «kalòj», les rivières aux contours verdoyants qui arrosent les plantations, les frappements synchronisés des tambours, résonnant sous les péristyles des «bòkò»,les cohortes matinales des chrétiens protestants, le bruit assourdissant des moulins à riz, la lueur des lampes «tèt gridap» quand l’électricité y fait défaut le soir, le football pye atè (à pieds nus) de tous les après midi, les bandes à pieds(rara) des périodes pascales, dont la population ne négocie pas pour «5 kòb».

Ah, ne soyez pas étonnés, que ce fussent également des obscénités, des expressions grivoises quand deux «kotri» se battent ou se disputent pour un mec dont elles partagent à deux. Des sanglants affrontements quand des grands propriétaires terriens, communément appelés «Grandon» s’entre-tuent pour quelques hectares de terre.

Je me rappelle, à quelques pas de chez moi, il y avait une petite salle de ciné (si j’oserais utiliser le terme). Puisqu’il n’y avait que des bancs et un petit téléviseur et une vidéo cassette pour la diffusion d’une pléiade de films à succès de Bruce Lee, Jackie Chang, Jean Claude Vandamme, entre autres. Pour m’y rendre, je dois absolument tromper la vigilance de mes parents, sinon «se nad marinad». Je ne vais nulle part. Je ne peux m’empêcher de tordre de rire et de ronger de nostalgie en remémorant ces souvenirs.

Que de beaux et de bons souvenirs ayant marqué mon enfance, mon adolescence dans cette pittoresque localité, que j’ai voulus partager avec vous.

Osman Jérôme