Jeff Amann

‘‘Grand Ménage’’, un produit qui peine à s’imposer aux ivoiriens !

Deuxième né de la gamme de produits Salubrité en terre Ivoire, après la tumultueuse opération ‘‘Déguerpissement’’,  le ‘‘Grand Ménage’’ peine à s’imposer. Le produit a toujours du mal à se vendre, le client ivoirien étant aux abonnés absents.

Lancé il y a de cela dix mois, l’opération ‘‘Grand Ménage’’ du Ministère ivoirien de la salubrité, de l’environnement et du développement durable, ne connait de succès que dans la communication.

Tel le lancement d’un nouveau produit, tous les leviers de la promotion-vente sont actionnés par les agents marketeurs du dit Ministère pour le positionnement de la marque ‘‘Grand Ménage’’. Conférence de presse, spots télévisés et radio, affiches publicitaires, camion podium, T-shirt, etc., sont servi aux ivoiriens.

La caravane, pour ce mois de décembre échoit à la ville de Bassam. Ville mythique, ville historique, Bassam est certes classée au patrimoine de l’Unesco, mais elle ne saurait échapper à l’approche mercantile du ‘‘Grand Ménage’’. Comme à l’accoutumée, le camion podium va parader dans la ville symbole de la lutte émancipatrice de Marie Sery Koré, 1ère résistante de Côte d’Ivoire. La musique, le coupé-décalé ivoirien à fond, va exalter les quelques actes de déguerpissements de bahuts installés sur le domaine public, sans que les caméras et photographes ne ratent une séquences de ces scènes à la fois émouvantes et très souvent pathétiques. Non, pour l’image, on ne lâche rien ! Deux ou trois femmes des services de nettoyage improvisés des rues seront interrogées. Le soir au JT de 20 heures, un morceau choisi. Les logiciels de montage sont passés par là pour le ‘‘Viol des foules’’.

Les mêmes scenarii ont déjà été déroulés dans plusieurs villes et communes de la Côte d’Ivoire, tant à l’intérieur du pays que dans la ville d’Abidjan, capitale économique et première vitrine de la terre d’Eburnie. On peut citer entre autres Adjamé, Cocody et le boulevard Valery Giscard d’Estaing (VGE) qui a fait l’objet de la 8e édition de l’opération ‘‘Grand Ménage’’ au début du mois d’octobre.

Lire aussi : 8è édition de l’opération Grand Ménage: le Boulevard Valery Giscard d’Estaing a fait sa toilette

Aujourd’hui, ce boulevard – qui permet de joindre Port-Bouet à partir de Treichville, en passant par Marcory et Koumassi – n’a vraiment pas connu de changement extraordinaire. Oui aujourd’hui, le VGE, qui dans son prolongement permet d’accéder à la ville de Bassam où se tient la 9e édition de la campagne dite Opération ‘‘Grand Ménage’’, voit toujours divaguer les animaux à ses abords.

Pourtant « les animaux errants sur les sites d’embellissement seront saisis et donnés à des œuvres caritatives ou à des orphelinats », avait annoncé en octobre Madame la ministre Anne Ouloto. Séance tenante des chevaux avaient été saisis (certainement pour l’image). A ce jour, on peut en voir circuler librement et aisément le long du boulevard, au niveau de Port-Bouet.

Il faut l’admettre, à l’actif de l’opération ‘‘Déguerpissement’’, on peut désormais contempler furtivement, depuis son siège du mini car sur le tronçon Treichville – Bassam, les ondulations plaisantes de la mer bleue. Toujours du côté de Port-Bouet. Et ce, grâce aux bulldozers de Maman Anne Ouloto qui ont descendu toutes les baraques qui obstruaient cette belle vue.

Cependant, en attendant l’embellissement du Maroc qui aurait acquis cet espace de bord de mer à travers son Roi Mohamed VI, son maintien en un lieu salubre relève du défi.

Une semaine de va-et-vient Abidjan-Bassam (du 19 au 24 novembre) ; une semaine d’absence remarquée des balayeuses du VGE qui se donnent en spectacle lors des opérations ‘‘Grand Ménage’’. Pour le polissage de l’image de marque de leur employeur, chacun y va de sa mise en scène.

Le concept du pollueur-payeur

« C’est tout cela qui dégrade le bitume et pollue l’environnement. Ils sont amendés. Les pollueurs doivent payer leur pollution », catégorique, la Ministre Anne Ouloto a tenu ces propos à l’endroit des exploitants et conducteurs de ces camions, au cours du point presse qui a clôturé l’opération du mois d’octobre.

Cette fermeté affichée, avait déjà conduit, en début d’opération, à la mise en fourrière d’une dizaine de camions de ramassage de sables humides qui laissaient des dépôts (de sables) sur le bitume. Chacun devait s’acquitter de la somme de 250 mille FCFA comme amande. C’est à croire que ces camions qui circulent à nouveau sur le VGE prennent les dispositions nécessaires pour ne pas salir et endommager à terme le bitume. Le doute est légitime. D’autant plus que la brigade mobile annoncée pour la régulation sur ce boulevard vitrine attend certainement une communication en Conseil des ministres. Puis un décret. Et cela demande du temps, beaucoup de temps. Méthodique n’est-ce pas ?

Pour l’heure, le contribuable paye déjà la note de cette campagne de marketing politique. Alors il se veut très critique et demande même des comptes.

« Dans les pays qui se respectent, on fait pas publicité de ramassage d’ordures. C’est vraiment pathétique. A Accra, à juste quelques kilomètres d’ici, les gens se moquent lorsqu’on parle d’opération ménage ou quoi à Abidjan. D’ailleurs, n’oubliez pas de savoir combien tout ça nous coûte. », s’offusquait sur Facebook le blogueur ivoirien, Jacques Kirioua, spécialiste en foresterie et sciences de l’environnement, Consultant en agriculture durable. Et ce, dès l’apparition des premières images de l’opération ‘‘Grand Ménage’’ 8 sur le réseau social adulé des ivoiriens.

A cette question de combien coûte l’opération ‘‘Grand Ménage’’, la formule est toute trouvée. « Ça coûte rien de plus que le budget prévu par le Programme national de développement 2016 – 2020 (PND). Ce sont des bénévoles, des ivoiriens, qui se mobilisent pour la cause de la salubrité. Après il revient aux populations de s’impliquer » peut-on entendre dans le milieu gouvernemental.

PND ou pas, 96 millions de francs CFA, c’est le chiffre qui circule concernant le coût de l’opération ‘‘Grand Ménage’’ pour la seule année 2017.  Communiquer est un exercice onéreux et complexe. Tout le monde le sait.  Les résultats escomptés ? Pas toujours garantis ! On le sait également.

Une adhésion non-confirmée

Presqu’un an après l’ouverture de la campagne ‘‘Grand Ménage’’, le résultat de l’opération sur le terrain est mitigé. La cible de cette communication d’envergure nationale, s’il s’agit bien de la population ivoirienne, n’est pas atteinte. Le chien aboie, la caravane passe ! L’implication souhaitée des populations se fait attendre. Elles ne se sentent pas concernées. Des bénévoles certes, mais des bénévoles de figuration. La séquence du scénario terminée, chacun retourne à ses petites affaires. On jette à tout va dans les rues, papier kleenex, cannette de bière, sachets d’eau, peau de banane douce… qui s’amoncellent au fil du temps, car le système de pré-collecte et de collecte des ordures est terriblement enrhumé. Logique mathématique, des villes sales !

Changer de fusil d’épaule

Le combat contre l’insalubrité est une lutte de longue haleine. C’est évident, car cela relève du comportemental. Personne ne l’ignore. La réponse doit tout autant s’inscrire dans la durée. Les effets d’annonce à coup de millions sous forme de marketing opérationnel sont et resteront chimériques. Il faut communiquer certes, mais il faut surtout éduquer et réprimer. Oui ÉDUCATION et RÉPRESSION ! Le bâton et la carotte. La théorie est connue, vieille mais elle marche encore dans nos sociétés modernes. Mais comment ?

L’approche du problème d’insalubrité doit être transversale au niveau des instances dirigeantes de la Côte d’Ivoire. Les appareils idéologiques et répressifs existent déjà. Il faut les mettre à contribution.

Primo, les écoles (le système tout du long), les communautés religieuses, les Organisations non gouvernementales, les partis politiques et l’hémicycle sont des lieux indiqués pour toucher les affects, briser et changer ce comportement malsain ancré en l’ivoirien. Ces canaux ont toujours été le creuset des propagandes politiques. Ils peuvent l’être aussi pour l’exécution des programmes de gouvernance, de bonne gouvernance.

Lire aussi : Côte d’Ivoire, Abobo ne fait rien avec le ‘‘grand ménage’’ de A.D.O

Deuxio, le civisme passe souvent par le bâton. Ce rôle est dévolu à l’armée. Si l’effectif actuel ne permet pas de l’actionner, il faut recruter. Plus de 40% de jeunes adultes en Côte d’Ivoire, la ressource humaine est disponible et de qualité. La plupart sont diplômés et certains au chômage. Ainsi au mètre carré, on peut avoir une véritable brigade de la salubrité qui fera appliquer les lois et décrets avec le concept de ‘‘Pollueur-payeur’’, avec un mécanisme de sanction graduel, allant de la contravention à la peine d’emprisonnement, selon la gravité de l’acte d’insalubrité reproché. Ainsi le système s’autofinancerait. A défaut, l’État se donne les moyens d’arriver à ses fins.  96 millions de francs CFA de vuvuzela en un an, les moyens sont bel et bien là. Il faut juste les utiliser autrement. Allons à l’essentiel, au concret. Transcendons la communication pour le bien-être commun !

 

PS : Les solutions, on les cherche ensemble. Vous en avez de plus réalistes peut-être. Laissez-les en commentaire.


Pour sa nouvelle marque de bière, Brassivoire investit 21 milliards de francs CFA

Brassivoire, société de production et commercialisation de bière, a procédé ce jeudi à Abidjan au lancement de sa nouvelle marque. 21 milliards de francs CFA ont été nécessaires pour permettre à cette dernière-née de la brasserie de faire son entrée sur le marché ivoirien.

Brassée localement, la nouvelle marque de bière de Brassivoire, Mützig a été dévoilée au public ivoirien au cours d’une conférence de presse, suivie d’une séance de dégustation.  Elle se veut une bière blonde et prémium, de qualité supérieure. Le résultat d’«un raffinement ultime » pour offrir le meilleur aux consommateurs ivoiriens.

«Avec Mützig, nous offrons à nouveau une alternative de référence aux consommateurs ivoiriens. Nous continuons de diversifier notre portefeuille de marque après le lancement de la bière Ivoire », a déclaré Alexander Koch, Directeur Général de Brassivoire.

Lire aussi : La guerre de la bière en Côte d’Ivoire, mais pas à tout prix

Pour ce faire, la brasserie née de l’association de HEINEKEN et CFAO a dû augmenter ses capacités de production. Ce se sont désormais deux lignes d’embouteillage de 30 mille bouteilles par heure pour un total de 1,6 millions d’hectolitres de bière l’année.

Dix-huit (18) nouveaux employés s’occupent de la torréfaction et du raffinement de Mützig. Une bière d’origine française, brassée pour la première fois en 1870 par Antoine Wagner en Alsace, Mützig a été rachetée par Heineken en 1972. Depuis elle est commercialisée dans cinq pays autres que la Côte d’Ivoire. A savoir l’Algérie, le Cameroun, le Congo Brazzaville, la République démocratique du Congo et le Rwanda.

On note que Brassivoire, après un an d’existence en terre ivoirienne, représente 100 milliards d’investissement, compte plus de 270 employés et dispose d’un capital de 24 267 910 000 de francs CFA.


Méditerranée, 6 millions de FCFA pour un aller simple et funeste vers l’Euro(pe)

Le phénomène est mondial, les chiffres alarmants. De nombreux disparus, certainement recouverts par les dunes dans le dessert, des milliers de morts rejetés par la mer.  Près de 3000 migrants ont déjà perdu la vie cette année en tentant de traverser la Méditerranée. Mais le flux migratoire est incessant. Pire, il s’accentue !

Depuis janvier 2017, 105 418 migrants ont traversé la Méditerranée pour atteindre l’Europe (chiffres de l’Office international des migrations – OIM). Parmi eux, des Nigérians, des Gambiens, des Guinéens et des Ivoiriens. Pour ne citer que ces quatre pays au Sud du Sahara… qui occupent respectivement les quatre premiers rangs des candidats à la migration irrégulière enregistrés sur les côtes européennes.

Le Nigeria, 1er  avec 37551 migrants ; la Gambie 2e  avec 21929 migrants ; la Guinée 3e avec 13342 migrants et la Côte d’Ivoire, 4e avec 12396 migrants (toujours selon les chiffres de l’OIM sur le flux migratoire de l’Afrique de l’Ouest vers l’Italie, en 2016).

La spécificité de la Côte d’Ivoire

Ils sont  8753  immigrants irréguliers, des « présumés ivoiriens »*, enregistrés sur les côtes européennes sur déclaration de ces derniers. Ainsi on dénombre 5907 hommes, 1263 femmes et 109 mineurs accompagnés. Il y a aussi 1474 mineurs non accompagnés, qui déclarent être partis de la Côte d’Ivoire vers l’Italie en 2017.

Tous ont risqué leur vie dans un périlleux voyage, dans le dessert et sur la mer, toute peur bue, pour atteindre l’Europe, 70 % des candidats à la migration irrégulière interviewés empruntent cette voie suicidaire en vue d’« un mieux-être » sur le continent européen. Des statistiques livrées par Docteur Gohita, Directrice générale chargée l’Action sociale et de l’Information au sein du Ministère de l’Intégration Africaine et des Ivoiriens de l’Extérieur, qui révèle par ailleurs que plus de 800 ivoiriens sont détenus dans des prisons en Libye. Désillusionnés !

Mais sur le terrain en Côte d’Ivoire, la détermination des futurs candidats à la traversée de Méditerranée est indescriptible. La ferveur reste de mise à Daloa, Soubré, San Pedro et dans la commune d’Ayama (Abidjan Nord). Des zones réputées de départs massifs. Qualifiés ou pas, ils sont prêt tout, pour fouler le sol du Vieux continent. C’est le cas de Kamagaté.

Kam est ivoirien et titulaire d’un BTS en transport logistique. Après un stage de validation de son diplôme de brevet de technicien supérieur dans une entreprise d’agroalimentaire de renom de la place, il s’est orienté dans le bâtiment où il a appris le métier par « manque de boulot », selon ses propres termes. Aujourd’hui, Kam se targe de connaître tous les rouages du bâtiment. L’acquisition de tous les intrants et les ressources humaines pour vous sortir un triplex de terre. Et grâces à ces mécanismes, il pourrait – affirme-il – se lancer dans l’immobilier en tant qu’entrepreneur. Cependant ce jeune homme, la trentaine révolue, gérant d’un petit cybercafé dans la commune d’Abobo, dit avoir épargné la coquette somme de 6 millions et attend l’occasion favorable pour se « tailler ». Prendre le large, tenter l’aventure. Le comble du paradoxe et de l’absurde, pourrait-on penser. Pourtant ils en sont là, la plupart des jeunes ivoiriens. Comme un coït au point du non-retour, rien ne saurait interrompre son projet suicidaire d’immigration irrégulière. Il faut agir !

Une synergie d’actions

Le gouvernement ivoirien, la Direction Générale des Ivoiriens de l’Extérieurs (DGIE), la Fondation Friedrich Naumann pour la liberté, des ONGs nationales et internationales, essaient de mener des actions à l’endroit des populations et de ces forces vives afin d’endiguer le phénomène de la migration irrégulière.

Ainsi depuis 2012, l’organisation allemande axée sur la promotion de la liberté, la dignité humaine et la paix, parcourt les villes de la Côte d’Ivoire avec ses partenaires pour sensibiliser les candidats à la migration irrégulière des dangers de cette aventure funeste. Elle contribue en sus au démantèlement des réseaux de passeurs et à éclairer les jeunes sur les opportunités d’insertion sociale existantes en terre ivoirienne.

Une semaine donc d’intense campagne incisif sous le thème ‘‘Migration : loin de chez moi’’qui s’étend du 11 au 18 novembre 2017.
Kévin Coulibaly, Coordonnateur Adjoint du Festival Ciné Droit Libre ; Magloire N’Dehi, Assistant Programme à la Fondation Friedrich Naumann et Sangaré Yacouba, Coordonnateur du Festival Ciné Droit Libre

Cette année, à l’occasion de ‘‘La semaine des Droits de l’Homme’’, la Fondation accentue sa campagne pour la « déconstruction de l’illusion de l’Europe » à travers une série d’activités dans la ville d’Abidjan, égrainée au cours d’une conférence de presse par Magloire N’Dehi, Assistant Programmes au sein de l’Institution.

Sont organisés, entre autre : un concours d’art oratoire (dénommé Voix Libre), un apéro dit l’Apéro des jeunes sur la migration, des débats, une Exposition photos ‘‘Parcours de migrants’’ et un l’Atelier des médias pour le renforcement des capacités de trente journalistes sur la thématique. Notons aussi qu’un point d’honneur est mis sur la Projection de films grand public baptisée ‘‘Cinéma Plein-air’’.

Un volet qui relève du domaine de compétence de l’association Ciné Connexion, promoteur du Festival Ciné Droit Libre depuis 9 ans dans 4 pays de l’Afrique de l’Ouest dont la Côte d’Ivoire. Selon son coordonnateur, Sangaré Yacouba, l’objectif de ce groupe de jeunes est de porter un coup à la migration irrégulière, qui endeuille les familles ivoiriennes.

Pour ce faire des films de sensibilisation, retraçant le périlleux parcourt des migrants irréguliers, les conditions misérables de leur escale en Libye, le témoignage pathétique de rescapés de la traversée, etc. sont à l’affiche à Abobo Sagbé Céleste et au stade Vatican de Marcory. Ainsi on pourra voir, ‘‘Migrants, retour d’enfer’’ de Patrick Fandio sorti en 2017 et ‘‘Côte d’Ivoire : les enfants de la crise’’, en plus des capsules de sensibilisation ‘‘Aware migrants’’ de Amnesty International.

Une semaine intense pour une campagne incisive sur le thème ‘‘Migration : loin de chez moi’’qui s’étend du 11 au 18 novembre 2017. Avec bon espoir qu’elle aura un impact positif sur la jeunesse ivoirienne pour mettre aux appels des citoyens ivoiriens en situation de détresse à l’étranger.

 

 

(*) Présumés Ivoiriens est le terme officiel pour désigner les migrants qui se déclarent Ivoirien sur les côtes européennes. Ces derniers ayant détruit à dessein tout document pouvant permettre une identification formelle.


Les raisons de la pénurie de sucre sur le marché ivoirien

Le constat est général sur le marché ivoirien. Le sucre se fait rare sur les étalages, dans les grandes et petites surfaces. Les ivoiriens ne se sucrent plus l’organisme à satiété. La pénurie est réelle, l’inflation aussi !

Les premières plaintes sont apparues sur les réseaux sociaux. Sur Facebook, un internaute ivoirien, décriait le fait que le prix du kilogramme de sucre serait passé de 850 FCFA à 1000 FCFA, voire plus. Soit une majoration de 150 FCFA du prix plafond fixé par le gouvernement ivoirien, auquel le consommateur final doit acheter le kilo de sucre. Et pour quelle raison ?

Un manque à gagner

L’optimisme affiché au mois de mai par les entreprises de la filière sucre face aux résultats mitigés du premier trimestre de l’année, n’aura pas suffi pour satisfaire le marché ivoirien.

En effet les deux principales entreprises Ivoirienne de sucre n’ont pas pu atteindre leurs objectifs annuels de production.

Sucrivoire, sur un objectif de de 95 mille tonnes pour l’année 2017  a pu réaliser au final une production tournant autour des 88 mille tonnes donc un manques à gagner de 8 à 9 milles tonnes. Même son de cloche chez le concurrent.

A Lire  : Sucrivoire optimiste pour 2017

Sucaf CI en l’occurrence, qui dans son agenda de production avait prévu inonder le marché ivoirien de 120 mille tonnes de sucre a plutôt connu un gap d’environ 10 milles tonnes.

Soit un total 20 mille tonnes de manque à gagner pour couvrir la consommation en sucre des ivoiriens. Un problème dû, selon les acteurs, à l’ensoleillement, l’auto-évaporation et la répartition non propice  de la pluviométrie à la canne à sucre.

Des actions correctives

Pour pallier à l’inflation que connaît le sucre sur le marché ivoirien, les responsables des deux entreprises productrices de cette denrée  alimentaire ont engagé des négociations avec le gouvernement ivoirien afin d’importer du sucre pour combler le gap.  

Ce sont donc 20 mille tonnes de sucre qui ont été débarquées sur les bords de la lagune Ébrié pour soulager la poche du consommateur ivoirien.

Au-delà de cette action ponctuelle du tandem public-privé, Sucrivoire s’est lancée dans un chantier d’optimisation de ses capacités de production. L’entreprise devrait, selon les informations dont disposent Libre Tribune, atteindre la production de 160 mille tonnes de sucre au cours de l’exercice 2018.

Les capacités des deux entreprises mises ensemble, 2018 devra être meilleur. Mais pour l’heure, le sucre continue de manquer, les spéculations sur les prix également. Au grand dam du consommateur !

Rappelons que la consommation mensuelle des 23 millions d’ivoiriens est estimée à 18 mille tonnes de sucre.


4e Forum de la jeunesse UA-UE, le satisfecit du Ministre Sidi Tiémoko

Le rideau est tombé ce mercredi sur le 4e Forum de la jeunesse Afrique – Europe qui s’est tenu trois jours durant à Abidjan. Le ministre ivoirien de la promotion de la jeunesse, de l’emploi des jeunes et du service civique, Sidi Tiémoko Touré a exprimé sa satisfaction à l’issue de ce Sommet dont les maîtres mots sont : mobilisation, implication et réussite.

Dans son discours de clôture que vous propose Libre Tribune en intégralité, il a félicité les jeunes pour la pertinence des recommandations qui ont sanctionné la fin des travaux et plaidé « auprès de nos décideurs pour l’adoption d’une ‘‘Garantie Jeunesse Afrique-Union Européenne’’ ».

 

  • Excellence Monsieur le Premier Ministre, Représentant Son Excellence Monsieur le Président de la République,
  • Monsieur l’Inspecteur Général d’Etat,
  • Mesdames et Messieurs les Ministres,
  • Madame Birgitte MARKUSSEN, Directrice Afrique à l’Union Européenne,
  • Madame Joséphine Charlotte MAYUMA KALA, Représentante Spéciale de l’Union Africaine en Côte d’Ivoire,
  • Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs, Membres du Corps Diplomatique accrédité en Côte d’Ivoire,
  • Chers Partenaires Techniques et Financiers,
  • Mesdames et messieurs les Directeurs Généraux et Centraux d’Administration,
  • Madame Francine MUYUMBA, Présidente de l’Union Panafricaine de la Jeunesse,
  • Monsieur EDIMA N’Guessan Emmanuel, Président de la Conseil National des Jeunes de Côte d’Ivoire,
  • Chers amis jeunes de l’Union Européenne,
  • Chers amis jeunes du Continent Africain,
  • Chers amis de la presse nationale et internationale,
  • Mesdames et Messieurs, en vos rangs grades et qualités.

Soixante-douze heures après l’ouverture des travaux, nous voilà au terme de notre sommet. C’est avec fierté que je prends la parole en tant que Ministre en charge de la Jeunesse, pour remercier nos jeunes pour la qualité des conclusions des travaux.

Cela renforce d’avantage mon engagement à œuvrer à leurs côtés dans la quête quotidienne d’un mieux-être, car je puis dire sans le risque de me tromper, que nous avons ‘‘une jeunesse mature’’.

Chers jeunes Félicitations, veuillez-vous applaudir……

Mesdames et messieurs,

Je débuterai mon propos par cette citation du célèbre écrivain et poète Allemand Hermann Hesse, qui dit et je cite : « La jeunesse a besoin de pouvoir se prendre au sérieux ».

Oui !!! cette jeunesse venue d’Afrique et d’Europe, nous l’a si bien montré pendant ces trois jours d’intenses travaux, avec des recommandations pertinentes, comme vous avez pu l’entendre au travers de la déclaration.

En effet, au cours de ce sommet, six thématiques majeures et non des moindres ont été abordées :

  • Gouvernance, inclusion politique et démocratique, et activisme
  • Création d’emplois, entrepreneuriat et business
  • Préservation de l’environnement et changement climatique
  • Éducation et compétences
  • Culture et arts
  • Paix et sécurité ; y compris la lutte contre l’extrémisme violent et la radicalisation.

Mesdames et messieurs,

Comme vous pourrez le remarquer, ce sont des thématiques majeures qui touchent au quotidien de notre jeunesse et que les jeunes d’Afrique et d’Europe ont librement choisi, en vue de partager leur point de vue sur des éventuelles solutions visant à améliorer leur environnement.

Avant la tenue prochaine du Sommet des Chefs d’Etats, ici en Côte d’Ivoire, en ma qualité de Ministre en charge de la Jeunesse dans le pays hôte, permettez que je me fasse l’écho du plaidoyer des jeunes pour l’amélioration de leur prise en charge dans la gestion quotidienne de nos Etats.

Nous avons tous entendu le cri de cœur de la Jeunesse d’Afrique et d’Europe, nous avons tous entendu le cri de cœur des dirigeants de demain et nous avons tous entendu le cri de cœur de générations à venir.

En donnant une suite favorable à ces recommandations faites par la jeunesse, nous les mettrons face à l’histoire qui retiendra qu’opportunité leur a été donnée, d’améliorer leur environnement et donc ils ont la pleine responsabilité de sensibiliser leurs pairs sur les engagements qu’ils prendront également à leur niveau, pour cet avenir qu’ils réclament tant.

Mesdames et messieurs,

Gandhi avait l’habitude de dire : « Tout ce que vous faites pour moi sans moi, vous le faites contre moi ».  Cela, il le disait pour traduire l’échec des projets de développement qui selon lui, proviennent souvent de la manière dont les décisions sont prises.

Toujours selon lui, « les animateurs des projets et les donateurs ont tendance à penser et à décider à la place de la population sans se référer à son avis. En effet, tenue à l’écart dans les prises de décisions, la population ne se sent pas partie prenante de leur exécution et se désintéresse du projet auquel elle avait donné son adhésion.

Pour qu’une population s’intéresse à une activité, il faut nécessairement l’associer intimement à l’identification des besoins et à la détermination des priorités, à la recherche des solutions et à la prise des décisions ». Fin de citation.

C’est à juste titre que Madame Birgitte MARKUSSEN disait dans son propos à la cérémonie d’ouverture « nous comptons sur les jeunes pour construire l’avenir. Cependant, ils doivent se donner eux-mêmes les moyens pour se construire. Soyez créatifs et amenez les décideurs à agir par la qualité de vos propositions ».

Mesdames et Messieurs,

Au nom de tous mes pairs en charge de la Jeunesse, Permettez-moi de féliciter l’Union Africaine et l’Union Européenne, pour cette opportunité qu’ils donnent aux jeunes depuis maintenant dix ans, de se prendre en charge à travers leur participation aux réflexions sur des sujets les concernant directement.

Mesdames les Représentantes de l’UA et de l’UE, je joins ma voix à celle des jeunes pour dire MERCI à vos institutions respectives et à vous singulièrement, pour vos conseils avisés.

Mesdames et messieurs,

Voilà faites les recommandations de nos jeunes, qui demandent

  • une meilleure prise en compte dans nos politiques gouvernementales,
  • la création de plus d’opportunités d’emplois principalement à travers la promotion de l’auto-emploi, et des conditions fiscales plus souples et plus attrayantes,
  • une meilleure implication des jeunes dans la mise en place de nos dispositifs respectifs de lutte contre le changement climatique avec entre autres la promotion des emplois verts
  • l’amélioration de la formation technique et professionnelle, en adéquation avec le monde du travail, mais également un meilleur encadrement au niveau de l’éducation de base afin de réduire considérablement les taux d’abandon scolaire; et enfin,
  • assurer une meilleure promotion de nos valeurs artistiques et culturelles.

Je puis vous assurer que l’ensemble de ces recommandations traitées avec diligence dans un environnement sain, auront pour effet de garantir la paix, la sécurité et améliorer la lutte contre l’extrémisme violent, la radicalisation et l’immigration clandestine.

Mesdames et messieurs,

Ces maux qui sont d’actualité et qui minent nos sociétés aujourd’hui, ont pour principales victimes les jeunes, dans une moindre mesure les jeunes de l’Europe, mais en grande partie ceux issus du continent Africain. Il faut donc une synergie d’action afin de voir les jeunes d’Europe moins vulnérables à l’extrémisme violent et à la radicalisation, et ceux d’Afrique plus stabilisés dans leurs pays respectifs avec des opportunités d’emplois accrues et la réduction de la migration clandestine.

Oui !! Mesdames et messieurs,

Ces difficultés rencontrées par nos jeunes en font des personnes vulnérables qui ne demandent qu’à vivre dans un monde meilleur, avec une égalité de chances.

Chers jeunes,

A l’entame de mon propos, je vous remerciais pour la qualité des conclusions de vos travaux. Il vous revient d’ores et déjà de porter l’ensemble de ces recommandations à vos pairs de vos pays respectifs afin que ces propositions ne soient pas portées seulement par un petit groupe de jeunes, mais plutôt par l’ensemble des jeunes des deux continents.

C’est à juste titre que j’engage les Présidents des Conseils Nationaux de Jeunesse de chacun des pays ici représentés, à se faire les porte-voix des conclusions des présents travaux, comme l’a recommandé Mme Birgitte MARKUSSEN et je cite « jeunes, soyez la voix des sans voix. »

Aussi, pour reprendre les mots de Madame Joséphine Charlotte MAYUMA KALA: « ce sommet est une plateforme importante dont l’objectif est de maximiser l’impact des recommandations grâce à l’initiative ‘‘Plug In’’ qui vise à associer les jeunes aux débats politiques en tant que programmeurs ». Tout cela traduit bien la place que sont prêts à vous accorder les décideurs de ces deux continents. Tenez-vous donc prêts à faire votre part, une fois que les recommandations seront et je le souhaite, totalement adoptées par le prochain Sommet des Chefs d’Etats, comme en témoigne les différents engagements pris auparavant à travers :

  • le plan d’action de la deuxième décennie de l’éducation (2006-2015), qui souligne la nécessité d’augmenter la qualité de l’éducation en Afrique à tous les niveaux ;
  • la Charte Africaine de la Jeunesse, adoptée en 2006 et ratifiée en 2009, qui recommande une pleine reconnaissance des défis importants et des grandes opportunités pour les jeunes, ainsi que des efforts à faire par la plupart des pays africains pour impliquer la jeunesse dans la vie politique et dans les processus de prise de décisions ;
  • les déclarations des années 2009-2018 dites Décennies de la Promotion de la Jeunesse, en harmonie avec le consensus international sur l’Année internationale de la Jeunesse 2010, proclamée par la Résolution 64/134 adoptée lors de la 64ème Session Ordinaire de l’Assemblée Générale des Nations Unies,
  • les Objectifs du Développement Durable (ODD) basés sur les Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD), avec pour finalité de lutter au niveau mondial contre la pauvreté, d’améliorer le taux de scolarisation dans l’enseignement primaire, d’améliorer la santé des populations.
  • la Déclaration de Praia à la Conférence des Ministres de la Jeunesse et des Sports des pays ayant en partage le Français (CONFEJES) en 2006, qui a décidé de prendre acte du document intitulé: «La Valorisation des Ressources Humaines pour  un  Développement durable», comme cadre  de  référence et stratégique pour la formation des cadres au sein de la CONFEJES et d’accorder la priorité à la qualité et à la diversification de la formation des formateurs, à travers la mise en place des nouveaux programmes de niveau Licence et Master ;
  • les engagements de Bakou en 2014, sur les politiques de jeunesse, qui recommandent aux Etats de promouvoir et soutenir les Politiques Nationales de Jeunesse.

Mesdames et messieurs,

C’est sur ces mots pleins d’espoirs que je voudrais clore mon propos, en remerciant d’abord les jeunes pour la forte mobilisation et le niveau d’implication pour les travaux du 4e Sommet de la Jeunesse Afrique-Union Européenne, et ensuite, en faisant le plaidoyer auprès de nos décideurs pour l’adoption d’une « Garantie Jeunesse Afrique-Union Européenne ».

Je vous remercie de votre attention.

 

                                                                                            MONSIEUR SIDI TIEMOKO TOURE,

                                                                                            MINISTRE DE LA PROMOTION DE LA JEUNESSE,

                                                                                            DE L’EMPLOI DES JEUNES ET DU SERVICE CIVIQUE

 


La jeunesse, un axe prioritaire de la coopération Afrique-Europe

Le 4ème sommet Afrique-Europe de la jeunesse s’est ouvert ce lundi à Abidjan sous le thème «Investir dans la jeunesse pour un avenir durable ». Une cérémonie marquée par la présence du Vice-président ivoirien, Daniel Kablan Duncan, du Ministre de la Promotion de la Jeunesse, de l’Emploi des Jeunes et du Service Civique, Sidi Tiémoko Touré, ainsi que de plusieurs membres du gouvernement ivoirien.

S’inscrivant dans la dynamique des dix ans de coopération entre les pays africains et européens dans le cadre des sommets UE-Afrique, le 4ème sommet Afrique-Europe de la jeunesse réunit ces 09, 10 et 11 octobre 2017 dans la capitale économique ivoirienne, 130 jeunes des deux continents.

Trois jours durant, ces jeunes leaders vont échanger sur les défis et les solutions sur les sujets de préoccupation et d’intérêt pour les jeunes en Afrique et en Europe tels que : (I) la Gouvernance, l’inclusion politique, la démocratique et l’ activisme, (II) la Paix et la sécurité (y compris la radicalisation des jeunes), (III) l’Immigration et la migration clandestine, (IV) l’Emploi jeunes, la formation professionnelle, l’Entreprise, la création d’emplois et l’esprit d’entreprise (y compris la mobilité), (V) l’Éducation, la compétence et l’éducation des jeunes à travers les TIC, (VI) la santé sexuelle et reproductive, la conservation de l’environnement et le changement climatique et (VII) la culture, les arts et la coopération régionale et internationale.

L’objectif à terme : une « Déclaration » mettant en avant une série de recommandations pour « l’autonomisation de la jeunesse d’Europe et d’Afrique » au 5ème Sommet des Chefs d’État UE-Afrique, prévu les 29 et 30 novembre 2017 à Abidjan.

Le Vice-président ivoirien, Daniel Kablan Duncan, lors de son allocution à l'ouverture du 4ème sommet Afrique-Europe de la jeunesse
Le Vice-président ivoirien, Daniel Kablan Duncan, lors de son allocution à l’ouverture du 4ème sommet Afrique-Europe de la jeunesse / Sercom

A ce titre, le Vice-président ivoirien, Daniel Kablan Duncan, a invité au cours de son allocution  les « jeunes à mettre utilement à profit l’opportunité que leur offre ce cadre discussion, pour formuler des recommandations pertinentes et réalistes à l’endroit des Chefs d’État et de Gouvernement de l’UA et de l’UE ». Non sans évoquer après le traditionnel « Akwaba » (la cordiale bienvenue), « les problématiques aigües » qui touchent la jeunesse.

« Le phénomène de l’immigration clandestine des jeunes vers l’Europe, le phénomène de radicalisation des jeunes, le fléau du chômage et du sous-emploi, le problème de la marginalisation des inégalités sociales et, en particulier, des inégalités entre les sexes, etc. » doivent être sujets à réflexion afin de trouver les moyens susceptibles de les endiguer, a recommandé aux jeunes le Vice-président ivoirien.

Il a par ailleurs réaffirmé la position de la Côte d’Ivoire concernant l’épineuse question de l’immigration clandestine des jeunes africains, qui est de « traiter principalement le problème sous l’angle du développement ». Une approche qui justifie l’engagement du gouvernement ivoirien à promouvoir « le développement de la formation à l’entrepreneuriat des jeunes en vue de développer l’auto-emploi et celui des Travaux à Haute Intensité de Main-d’œuvre (THIMO) ».

« Deux pistes de solution efficiente au chômage inquiétant de la jeunesse » selon le Vice-président ivoirien qui, dès l’entame de son discours, a affirmé haut et fort que « les jeunes doivent représenter pour nos Etats, non pas un fardeau, mais plutôt une force et une grande richesse. Les jeunes sont  une opportunité et non un problème » !

Touré à l'ouverture du 4ème sommet Afrique-Europe de la jeunesse
Ministre ivoirien de la Promotion de la Jeunesse, de l’Emploi des Jeunes et du Service Civique, Sidi Tiémoko Touré à l’ouverture du 4ème sommet Afrique-Europe de la jeunesse /Sercom

Quant au Ministre ivoirien de la Promotion de la Jeunesse, de l’Emploi des Jeunes et du Service Civique, Sidi Tiémoko Touré, il a également exhorté les participants aux réflexions, une totale implication dans ce  4ème sommet Afrique-Europe des jeunes vise, tout comme les trois précédents qui ont eu respectivement lieu en décembre 2007 à Lisbonne, en novembre 2010 à Tripoli et en mars-avril 2014 à Bruxelles, la mise en œuvre de la Stratégie conjointe Afrique-UE, en ces termes.

« Je vous engage donc à vous investir personnellement dans les travaux du présent forum en vue de l’atteinte des objectifs spécifiques que je me permets de vous rappeler à toutes fins utiles :

  • assurer un processus participatif et inclusif de tous les participants pendant le Sommet en vue de la prise en compte de toutes les perspectives dans votre « Déclaration » ;
  • développer une compréhension globale des besoins et des défis des jeunes de la société civile en Europe et en Afrique, y compris des thèmes communs et divergents, et identifier des possibilités de solutions ;
  • renforcer le cadre de dialogue et de coopération entre l’Afrique et l’Europe, conduisant à une coopération rajeunie et durable entre les organisations de jeunesse africaines et européennes ;
  • développer une perspective de jeunesse sur les domaines prioritaires et les sujets à discuter au Sommet des Chefs d’Etat ;
  • contribuer au développement d’une stratégie cohérente et coordonnée sur la jeunesse dans le partenariat Afrique-Union Européenne, en tenant compte des cadres politiques pertinents au niveau régional et mondial ;
  • renforcer l’impact et le suivi des recommandations du Sommet de la jeunesse qui seront présentées au Sommet des Chefs d’Etat.

L’atteinte de ces objectifs devra vous permettre au terme de ces deux jours de réflexion de :

  • décrire une orientation politique pour la coopération jeunesse Union Européenne-Afrique en tant que solution aux défis urgents et aux recommandations pour l’avenir du partenariat Afrique-Union Européenne, en particulier en ce qui concerne les jeunes.
  • mettre en place un cadrage pour l’initiative de plug-in avec l’identification de 03 projets clés de nature transversale pour une étude plus approfondie ».

Bien avant ces deux officiels, se sont succédé au pupitre pour la cause des jeunes d’Afrique et d’Europe,  Emmanuel Edima, président du Conseil national de la Jeunesse de Côte d’Ivoire,  Francine Muyumba, présidente de l’Union panafricaine de la jeunesse, Luis Alvorado Martinez, président du Forum européen de la jeunesse et Joséphine Charlotte MAYUMA KALA, représentante spéciale de président de la Commission de l’Union Africaine.  

Le Vice-président ivoirien, Daniel Kablan Le public à l’ouverture du 4ème sommet Afrique-Europe de la jeunesse / Jeff Amann


Femmes ivoiriennes, une solidarité autour du poisson pour la survie

« Prends ma main, ma sœur ! », c’est la traduction littérale de la symbolique d’une pratique existentielle entre des femmes ivoiriennes. La traduction en mots d’une image de solidarité frappante qui se vit au quotidien dans les marchés d’Abidjan, une solidarité qui se consolide au fil du temps autour d’une denrée alimentaire : le poisson.

Chaque jour au réveil, tôt le matin, très tôt le matin après certainement un coup à la va vite à 4 heures du mat d’un mari aimant ou d’un amant bienveillant d’un soir, elles s’empressent d’enfiler un corsage, nouer un pagne ou mettre un jean, se faire une carte d’identité (se laver le visage) avant de courir pour le marché aux poissons d’Abobo ; un récipient en plastique sur la tête ou sous le bras, dans l’aisselle.

La grasse matinée, ce n’est pas pour maintenant. Les câlins blottie contre l’être aimé après la folle équitation de trois minutes chrono pour le septième ciel, elle n’en est pas là. Encore faudrait-il qu’elle y soit une seule fois arrivée. Au septième ciel, bien sûr. Ce luxe, elle n’y goûte que rarement, c’est certain. Il faut du temps pour cela. Or, du temps, elle n’en dispose pas assez pour en jouir pleinement. Une seconde de retard, et tu rates le train de la solidarité. Les autres femmes ne t’attendront pas !

L’intérêt est commercial, la pratique culturelle et sociale, pour un enjeu sociétal. Un seul. La pauvreté ! 46,3% en Côte d’Ivoire. C’est le taux officiel selon l’enquête sur le niveau de vie réalisée en 2015. La pauvreté est bien réelle en Côte d’Ivoire, au-delà de la croissance économique de 9 % brandie de manière ostentatoire, et frappe de plein fouet les femmes. Alors, on se serre les coudes, on se tend la main autour du poisson. « Prends ma main, ma sœur ! »

Vous les entendriez, dans la brume matinale d’une rue déjà bondée de monde, crier à gorge déployée « Tilapia, dix mille, demi (½) », « Maquereau tiers (1/3) », « Tilapia, huit mille, tiers (1/3) », etc., annonçant ainsi leur intention d’achat. Ces voix enrouées par un réveil précipité se perdent progressivement dans le tumulte d’un marché qui se réveille, donnant lieu à des échos dans la cavité non insonorisée de votre appareil auditif.

« Tilapia, dix mille, demi (½) ». Allez-y comprendre avec moi, un carton de tilapias ou de carpes d’un coût de 10 000 francs CFA, soit deux #Kémi* (lol) à partager entre deux femmes. Au lieu donc de débourser dix mille francs CFA pour une quantité de poissons dont elle n’a pas forcément besoin ou que sa maigre bourse ne pourrait supporter, chaque femme dépense cinq mille francs CFA.

Pour le tiers, le partage du carton de poissons se fait entre trois femmes, avec une petite particularité. La division ne se fait pas systématiquement entre les trois femmes pour qu’une part revienne à chacune d’elles. Non ! On procède d’abord par une répartition à deux. Donc par demi-carton. Ensuite une des moitiés est divisée en deux entre celles qui veulent le tiers. Autrement dit, in fine, l’une des femmes repart avec demi-carton de tilapias à cinq mille francs CFA et les deux autres, l’autre moitié. Soit un achat de deux mille cinq cents francs CFA pour chacune d’entre elles. Tel est le principe du Tiers.

L’ensemble de ces principes est valable pour tous les types de poissons, quels qu’en soient la mesure et le prix (7 à 35 mille FCFA). Au kilogramme ou au carton. Par ailleurs, d’autres règles sont en vigueur pour maintenir cet élan de solidarité entre femmes sur les rails.

 

« Du contrat social »

Comment maintenir la flamme de la solidarité allumée sans se brouiller, ni se lyncher ? Croyez-moi, entre femmes, c’est vite arrivé sans le minimum de règles et d’ordre. Alors on se parle, on s’organise, on balise.

Lors de la répartition, la première main revient à la femme qui est allée acheter le carton de poissons au réfrigérateur. Une récompense pour les efforts fournis, car cela relève du parcours du combattant. Entre affluence et empressement, vous avez vite fait de vous faire piétiner ou même voler. Qu’est-ce que vous croyez ? Tout le monde n’a pas de bonnes intentions, voyons ! Bref.

Quand le carton de poissons est pourvu d’un nombre pair de tilapias ou de maquereaux, on peut dire Alléluia, car on ne se séparera pas en queue de poisson (sourire). Toutefois, au moment de choisir les deux derniers poissons, la main passe. C’est-à-dire, il revient à la femme qui avait la deuxième main de prendre en premier. Suivant le raisonnement que, l’autre, depuis le temps, a eu l’occasion de choisir les plus gros poissons.

Dans la situation où le carton contient un nombre impair de poissons, deux possibilités s’offrent à nos braves femmes. Primo, la femme de la première main peut décider de vendre le dernier poisson à son associée ou, deuzio, l’acheter à cette dernière. Dans les deux cas, le montant fixé oscille entre 100 et 200 francs CFA. 100 francs pour le carton de 8000, 150 francs pour celui de 9000 et 200 francs pour ceux qui coûtent 10000 ou 10500 francs. Mais souvent par altruisme, elle en fait don à cette partenaire d’un matin. C’est la famille.  

Après quoi, ces femmes riches de quatre, cinq, huit, dix, quinze, voire vingt poissons (c’est selon), retournent dans leurs lieux d’habitation respectifs, non sans acheter laitues et légumes qui vont avec.

Mariées ou pas, de jour comme de nuit, elles se retrouvent dans les marchés, aux coins des rues, devant les maquis, pour proposer en détail aux citoyens ivoiriens, les clients, du poisson fumé ou frais, et/ou des mets de différentes sortes.

Après quoi, ces femmes riches de quatre, cinq, huit, dix, quinze, voire vingt poissons (c’est selon), retournent dans leurs lieux d’habitation respectifs, non sans acheter laitues et légumes qui les accompagnent.
Vendeuse de laitues et légumes au marché de poissons d’Abobo – Jeff Amann/Libre Tribune

 

Un réveil de raison

Cynthia, vendeuse dans la commune de Cocody-Angré, est spécialiste du poisson braisé et de l’APF (Attiéké Poisson Fumé), un plat typiquement ivoirien. Cette jeune femme d’une trentaine d’années, mère célibataire d’un garçon d’environ dix ans, achète tous les matins au marché de poissons d’Abobo un demi-carton de maquereaux et de carpes pour un coût total de 11500 francs CFA. Elle réussit en général à épuiser son stock de poissons qu’elle accompagne de frites et d’attiéké pour ses fidèles clients.

Cynthia n’aime pas trop évoquer les questions de chiffre d’affaires, une histoire de croyance, mais vit de cette activité depuis plus de neuf ans sur le sol abidjanais. Cette jeune femme déscolarisée par manque de moyens financiers, selon elle, n’a que ça comme travail pour sa survie et pour la scolarisation de son fils, Luc. Il est entièrement à sa charge. Bien qu’elle s’en sorte à minima, le prochain homme qui partagera sa vie peut attendre. Il n’est pas encore inscrit à l’ordre du jour de la réunion. Le goumin**, elle n’en veut plus, son cœur en lambeaux, elle l’a souvent recollé.

« Tu vois lui là, c’est mon fils. Depuis qu’il est né, c’est mon affaire. Moi seule ! Son papa est tombé en brousse. C’est grâce à l’APF que je vends ici, à ce carrefour, que je m’occupe un peu, un peu de lui. C’est avec ça aussi que j’arrive à payer ma maison et m’occuper de moi et de ma petite sœur qui m’aide à vendre. C’est pas facile mais on va faire comment ? Mon frère, si tu veux attendre garçon pour te donner l’argent, tu vas pourrir là. Donc nous là, on fait rien avec garçon. Je cherche pour moi et pour mon fils. Il doit aller à l’école ! C’est pour ça qu’on coupe notre sommeil. », conclut-elle d’un ton péremptoire, en jetant un peu d’eau sur les braises en flammes pour ne pas brûler le poisson de son client impatient. Il a faim ! Et il le fait remarquer. Bruyamment ! Autrement dit, Cynthia n’attend pas un homme pour la prendre en charge. Elle se bat au quotidien pour gagner son argent, faire des économies pour scolariser son fils et préparer son avenir.

Ainsi, tous les matins, comme Cynthia, des centaines de femmes affluent de partout en Abidjan, dans les différents marchés de poissons. Éprouvées par la pauvreté, sans considération aucune, elles se tendent la main dans leur volonté commune de s’en sortir ;  dans leur désir partagé de prendre en charge leurs proches et elles-mêmes. Elles sont solidaires les unes des autres pour améliorer leurs conditions de vie, pour se donner une qualité de vie. « Prends ma main ma sœur ! ».

Mariées ou pas, de jour comme de nuit, elles se retrouvent dans les marchés, aux coins des rues, devant les maquis, pour proposer en détail aux citoyens ivoiriens, le client, du poisson fumé ou frais, et/ou des mets sous différentes formes.
Une vendeuse de poisson, en plein fumage, reçoit une cliente – Jeff Amann/Libre Tribune

(*) Le #kémi, dans le jargon ivoirien, est un billet de cinq mille francs CFA en référence à l’activiste politique franco-béninois Kémi Séba qui en a brûlé un à Dakar pour dénoncer cette « monnaie coloniale » encore en vigueur dans certains pays d’Afrique de l’ouest et centrale.

(**) Déception amoureuse dans le langage ivoirien

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 Quelques photos pour la route

Comment maintenir la flamme de la solidarité allumée sans se brouiller, ni se lyncher ? Croyez-moi, entre femmes s’est vite arrivé ; sans le minimum de règles et d’ordre. Alors on se parle, on s’organise, on balise.
Moment de convivialité entre les femmes, dans l’attente du partage de leur poisson, au marché d’Abobo – Jeff Aman/Libre Tribune

 

Mariées ou pas, de jour comme de nuit, elles se retrouvent dans les marchés, aux coins des rues, devant les maquis, pour proposer en détail aux citoyens ivoiriens, le client, du poisson fumé ou frais, et/ou des mets sous différentes formes.
Une vendeuse de poissons en plein fumage – Jeff Amann/Libre Tribune

 

Un homme venu acheter des légumes au marché de poissons d’Abobo – Jeff Amann/Libre Tribune

 

Mariées ou pas, de jour comme de nuit, elles se retrouvent dans les marchés, aux coins des rues, devant les maquis, pour proposer en détail aux citoyens ivoiriens, le client, du poisson fumé ou frais, et/ou des mets sous différentes formes.
Aïcha, une vendeuse de persil qui « cherche l’argent shap shap (vite, vite) » au marché de poissons d’Abobo – Jeff Amann/Libre Tribune


Les “Microbes”, une quadrature du cercle pour le gouvernement ivoirien

Les “Microbes” ! Ils sont les auteurs d’une extrême violence ; Abidjan, leur principal théâtre d’actions. Entre velléité du gouvernement d’endiguer le phénomène et populations terrifiées, la spirale de violence continue ; sur les bords de la lagune Ébrié, la révolte couve.

Les populations d’Abidjan sont prises en otage ces derniers temps par des “Microbes” de type ivoirien. Ils se déplacent en groupe, volent, agressent et tuent  à l’arme blanche dans les rues, principalement dans les quartiers populaires d’Abobo et de Yopougon. Femme, homme ; étudiant, commerçant ; infirmier, policier, tout le monde y passe. Sans distinction, les  microbes arrachent bijoux, argent, téléphones ; blessent et tuent parfois ceux qui leurs résistent.

Des “enfants en conflit avec la loi ”. Tu parles ! Le phénomène est hideux à un tel point que l’on lui trouve des palliatifs sémantiques pour l’enjoliver, à défaut de l’éradiquer. Mais cette terminologie n’aura rien changé aux pratiques mortifères des “Microbes” qui ne comprennent rien en la sémantique. Non, croyez-moi, ils n’ont jamais étudié la linguistique. Alors, au-delà de la solution de glissement sémantique, le phénomène va grandissant ; car la motivation des“Microbes” est loin d’être académique, savante, élitiste.

Un policier, garant de l’ordre public, en a fait les frais. Froidement égorgé du côté de Yopougon par des enfants délinquants, aujourd’hui dits en conflit avec la loi. L’image est frappante, le symbole saisissant. Il faut sortir des approches théoriques et hautement linguistiques pour une démarche plus pragmatique. Oui, des actions concrètes qui rassurent cette population dépitée qui murmure sa colère.

Microbes, mot clé d’un ras-le-bol sur Facebook

Facebook est devenu le lieu d’expression et de décrispation des populations ivoiriennes, rongées par la colère, face à l’impuissance du gouvernement au phénomène des “Microbes”. Les messages qui accompagnent les hashtags #Microbes, #CivMicrobes ou #YenAmarreDesMicrobes témoignent de l’état d’esprit des abidjanais aujourd’hui. Alertes, promesse de vengeance et questionnement sur le phénomène se succèdent, seconde après seconde, dans les fils d’actualité (time line) des internautes.

Le 10 septembre aux environs de 19h, Fédéric Goré Bi, journaliste – blogueur, annonce sur son mur l’agression de son petit frère. Le forfait est imputable aux “Microbes”. Des menaces de rébellion transparaissent clairement dans la publication qui se termine en dialecte, si jamais la victime, passait de vie à trépas. Le lendemain matin, 9 heures, une publication similaire.

Des menaces de rébellion transparaissent clairement dans la publication, si jamais la victime, son frère, passait de vie à trépas. Le lendemain matin, 9 heures, une publication similaire.
                                               Capture d’écran

Les commentaires qui fusent les minutes après ces publications, sont tous aussi virulents que la teneur des posts ainsi que des mis en cause. A propre comme au figuré.

« Mon frère si tu as besoin de soutien, je suis là… Y’en a marre de ces clébards de merde… Tchrrrrrrr… Wa non a gnrin (cherche pas traduction de ça là) », Particia Marie Pio.

« Après houphouet ces guei qui avait redressé les délinquants et loubards à ce rythme il serait mieux que les militaires et autres soi autorisé à nettoyage. Des batar qui tu policier et menacent les populations en plein midi pendant nos autorisé parlent que politique. .Ces microbes doivent faire objet d un conseil de ministre », Depamphile Serybi.

« Sérieusement ont doit éradiquer ces virus. On en peut plus. On ne plus mettre sa tête dehors sans se demander si on sera sauvagement agressé par ces choses. Vue que maintenant ils n’attendent plus les nuits ou tôt le matin. Sérieusement le Cecos me mank, CCDO là se promène dans leur cargo noir à ne rien foutre. Ils faut qu’ils descendent dans les quartiers pour faire un vrai travail. Et l’Etat ne fout rien. », Mafé Dosso. Bref !

Le même jour, Nanan Ekanza IV, web-activiste politique proche du FPI version Pascal Affi N’GUESSAN, dénonce une n ième sortie des “Microbes”, avec à la clé un mort, non sans s’interroger.

« Qui donc derrière les microbes monsieur le ministre de la sécurité ? ». (Nous y reviendrons).

Le même jour, Nanan Ekanza IV, web-activiste politique proche du FPI version Pascal Affi N’GUESSAN, dénonce une n ième sortie des “Microbes”, avec à la clé un mort, non sans s’interroger.
                                Capture d’écran

Quant à Liliane, également journaliste – blogueuse, elle tire la sonnette d’alarme à propos de l’ampleur du phénomène “Microbes”.

« Si rien n’est fait, je crois que cette histoire de « microbes » finira comme celle d’un certain GPP à Yopougon -Niangon-Azito il y a dix années en arrière ».

D’autres plus enclin à la foi, en appelle « au sang de Jésus » et implore la faveur de Dieu sur leur vie et pour la protection de leurs proches. La détresse est là, palpable. Les populations apeurées et exaspérées, souffrent le martyrs en se remémorant cette phrase d’une chanson zouglou qui dit « Jésus revient mais en attendant, on fait quoi ? ».

D’autres plus enclin à la foi, en appelle « au sang de Jésus » et à la faveur de Dieu sur leur vie et pour la protection de leurs proches.
                                                Capture d’écran

Un kangourou sur un trampoline

Les premières flambées de violences menées par les “Microbes” ont conduit les différents gouvernements successifs de Alassane Ouattara a initié des actions en vue de l’éradication du phénomène.

Des opérations dites de « grande envergure », à la suite desquelles avait affirmé en Aôut 2014 le commissaire du district d’Abobo, Timité Vassindou, « nous avons éliminé les microbes ». Il en était rien en réalité. Rien, nada ! Trois ans après, l’on assiste à une résurgence du phénomène avec une recrudescence de la violence. En réponse, des opérations baptisées “Épervier” se sont à nouveau multipliées. Annoncées en fanfare, elles s’avèrent toutes aussi inefficaces qu’inutiles, comme un kangourou sur un trampoline.

Des « opérations vuvuzelas », des patrouilles tape-à-l’œil qui n’aboutissent qu’à quelques arrestations d’enfants dans les rues, des “Microbes” supposés. Les vrais “Microbes” s’étant déjà terrés. Mais où ? Certainement chez leurs parrains.

A cet effet le Commissaire Youssouf Kouyaté, actuel commandant du CCDO (Centre de commandement des décisions opérationnelles ) avait affirmé dans le temps sur un ton accusateur « Quelqu’un profite des fruits de cette délinquance». Un aveu d’impuissance qui nous ramène à la question Nanan Ekanza IV sur Facebook. « Qui donc derrière les microbes monsieur le ministre de la sécurité ? ».

 

A l’origine du phénomène des “Microbes 

Une résurgence du phénomène des “Microbes”  que connaît la Côte d’Ivoire a eu son premier pic de violence en 2014. Le grand public découvrait, ébahi, des enfants mineurs (9 – 18 ans, à peine) regroupés en gang, avec pour mission de voler et agresser les populations ivoiriennes à l’arme blanche pour la satisfaction de leurs besoins primaires.

La même année, l’opinion apprenait un peu plus sur l’origine du phénomène, nouveau en terre d’éburnie, grâce aux révélations l’Imam Diaby Almamy de la mosquée Ifpg au Plateau, guide religieux, collaborateur de l’Opération des nations unies en Côte d’Ivoire, Onuci, et président de l’Ong “Nouvelle Vision contre la pauvreté’’, en ces termes.

« …C’est une affaire qui concerne trois types d’enfants. Il y a celui des ex-combattants, celui des enfants qui ont servi d’indicateurs pendant la crise et ceux qui ont intégré ces groupes juste par suivisme. Mais, le fond du problème est purement politique. Le politique a utilisé ces enfants pendant les heures chaudes où il fallait trouver le moyen de faire partir le président Laurent Gbagbo. Et, une partie de ces enfants brûlaient les pneus, participaient aux opérations ville morte. Ils paralysaient tout le système dans les communes d’Adjamé, d’Abobo et d’Attécoubé. Aujourd’hui, ils ont vu que la situation s’est normalisée. Et, ceux qui les mettaient dans la rue sont aujourd’hui à l’aise pendant qu’eux souffrent. C’est l’une des parties du problème. Il y a aussi le cas des ex-combattants. Des enfants se sont battus avec eux pendant la crise. Ils avaient entre 18 et 25 ans. Et maintenant qu’on doit s’occuper d’eux, on leur dit qu’ils ne savent ni lire, ni écrire. Ils ont donc décidé de constituer un bloc à Attécoubé. Des gens bien connus aujourd’hui, qui ont participé à la rébellion, aujourd’hui des hauts gradés, manipulent ces enfants. Quand ces enfants prennent des portables, des bijoux de valeur, ils viennent les remettre à ces soi-disant chefs. La plupart de ces enfants sont des ressortissants des pays voisins. ..Tous ceux-là sont soutenus par des chefs de guerre ». Vlan ! Mais pourquoi diantre allons-nous de tergiversations en tergiversations depuis ces trois longues années de terreur ?

Le gouvernement ivoirien a annoncé mercredi 6 septembre, la tenue d’un conseil national de sécurité ce jeudi à Abidjan, déplorant des agressions perpétrées par les “Microbes”. L’ultime souhait des populations, une prise des enquêtes efficaces comme celles qui ont permis, aussi rapidement, d’identifier les auteurs de la vague d’attaques de leurs positions des forces de défense et de sécurité ivoiriennes depuis fin juillet, pour éliminer à jamais ce phénomène à la racine. C’est le vœu pieux des populations, qui dans la faim, aspirent à la quiétude !

 

 


Le marché de bétail d’Abobo, un business tentaculaire

Tabaski, l’heure de la chasse aux moutons bien gras, aux bétails bien dodus ; tabaski, l’heure des courses effrénées dans les parcs à bétail. Une occasion unique pour les marchands de moutons, bœufs, cabris, etc., de faire la maximum de bénéfice ; une occasion rêvée pour les fidèles musulmans ivoiriens d’afficher leur puissance financière, de vivre pleinement leur foi, seul ou en famille.

Au marché de bétail d’Abobo, cette commune du nord d’Abidjan, on se frotte les mains. L’affluence est à la hauteur des attentes. En dehors des marchands de bétail, on peut y trouver des livreurs d’herbe, des vendeurs de café, de canne à sucre, de cigarettes, de pneus, de sachets plastiques, etc. Une économie d’échelle qui profite à tout le monde. Chacun arrive se faire un gain quotidien raisonnable, en cette période de Tabaski. Ce que nous confie Abdoul, tout souriant !

« Actuellement ça va. Hier j’ai vendu cinq moutons. Avant-hier cinq. Ce matin, je suis venu ; j’attends les clients comme tout le monde », nous fait part le sexagénaire avant de tourner les talons illico presto pour aller nourrir son cheptel. Le temps c’est de l’argent ! C’est bien connu, un secret de polichinelle, mais encore plus en cette période de Tabaski pour ces pères de famille. Abdoul doit en effet payer les 70 mille francs de taxe annuelle à la mairie d’Abobo, encaissée sciemment en période de Tabaski et engranger la plus-value nécessaire pour s’occuper de ses progénitures en période de vache maigre.

part le sexagénaire avant de tourner les talons illico presto pour aller nourrir son cheptel. Le temps c’est de l’argent !
                          Un marchand donne à manger à son bétail /Jeff AMANN – Libre Tribune

Dans ce marché de bétail d’Abobo, « Coco service »*, sur la Nationale 2, tronçon Université Nangui Abrogoua – rond-point Anador, les montons de Tabaski se négocient de 50 mille à 500 mille CFA (voire plus !), à la tête. La vente au kilogramme n’étant pas encore vigueur en Côte d’Ivoire. Pour un bœuf, le minimum requis est de 250 mille francs CFA. Quant aux cabris, le marchandage se fait dans la fourchette de 25 à 80 mille francs CFA.

Karim, un cadre moyen dans une entreprise commerciale vient de faire une bonne affaire. Pour lui, ce bélier tout blanc d’une trentaine de kilos (vivant) au prix de 180 mille francs CFA est abordable.

« Mon budget, cette année, était de 200 mille francs CFA pour le mouton de la Tabaski. Alors l’acheté à 180 mille francs CFA, donc une marge de 20 mille francs CFA, est bon pour moi » explique-t-il, également tout souriant. Il ajoute qu’il compte le partager avec des amis ce vendredi après la grande prière.

A peine la première vente d’Abdoul conclut que surgit un jeune homme d’une vingtaine d’année, clair, élancé, cheveux chatoyant en cette matinée ensoleillée, pour proposer ses services à Karim. Son business sur ce marché de bétail d’Abobo se résume à l’abattage des animaux. Mais son offre est déclinée par le jeune cadre qui demande néanmoins à Coulibaly de l’aider à embarquer son mouton dans la berline noire flambant neuve, en la montrant du doigt, moyennant mille francs CFA. Le jeune homme ne fit aucune objection à ce client généreux.

Après quoi, Coul (c’est comme ça qu’il se fait appeler) nous raconte qu’il gagne en moyenne 10 mille francs CFA par jour à abattre et débiter le bétail. Les tarifs en vigueur dans ce marché de bétail d’Abobo sont de 7 mille francs CFA pour le mouton, 2 mille francs CFA pour le cabri et 20 mille francs CFA pour le bœuf.

 

Les tarifs en vigueur dans ce marché de bétail d’Abobo sont de 7 mille francs CFA pour le mouton, 2 mille francs CFA pour le cabri et 20 mille francs CFA pour le bœuf.
                              Deux jeunes lavent un mouton pour le débiter /Jeff AMANN – Libre Tribune

Pour allumer le feu, Coul se sert de pneus usés qu’il achète au prix de 100 francs CFA avec les mécaniciens de l’autre côté de boulevard, à la casse, ou s’en procure gratuitement auprès des femmes dans le marché. Le fonds de commerce de ces dames, les fils de fer que contiennent les pneus.

Coul veut prendre sa première dose de café avant que le rythme ne devienne infernal au marché de bétail d’Abobo. Il se dirige vers Hamadou, un vendeur ambulant qui s’est sédentarisé à l’occasion de la fête de Tabaski. Le pic des activités en ce lieu est une aubaine pour lui. Mais il est peu bavard. Difficile de savoir combien gagne notre vendeur de café. Quand bien même qu’il dit ne pas se plaindre, il refuse d’avancer un chiffre, même pas un indice. Ce n’est pas le cas du vendeur de feuilles à quelques mètres de lui.

Il se dirige vers Hamadou, un vendeur ambulant de café qui s’est sédentarisé à l’occasion de la fête de Tabaski.
                 Un vendeur ambulant de café au marché de bétail d’Abobo /Jeff AMANN – Libre Tribune

 

Cela fait six ans que Ibrahim fait ce métier. La vente des feuilles au marché de bétail d’Abobo lui rapporte en moyenne 12 mille francs CFA par jour. Tous les matins, il dit sillonner la ville d’Abidjan sur son vélo, pour couper les herbes fraîches et les livrer aux marchands, qui nourrissent ensuite leurs animaux avec.

Juste à côté d’Ibrahim, un nigérien, vendeur de canne à sucre. Son gain est tout aussi intéressant pour un produit apparemment insignifiant. 4 à 5 mille francs CFA par jour. Par intervalle de trois jours, il se rend à Bassam où se trouve son fournisseur pour se ravitailler.

Kouamé, le deuxième voisin immédiat de stand d’Ibrahim, est propriétaire d’un petit étalage de cigarettes et de friandises diverses qu’il gère jalousement. Son gain journalier minimum est de 3 mille francs CFA en période creuse. Mais en ces temps de préparation de la Tabaski, sa recette augmente « parce que la cigarette sort beaucoup. Je peux gagner mille francs de plus qu’avant ».

Cela fait six ans que Ibrahim fait ce métier. La vente des feuilles au marché de bétail d’Abobo lui rapporte en moyenne 12 mille francs CFA par jour.
                   Ibrahim et ses voisins de stand au marché de bétail d’Abobo /Jeff AMANN – Libre Tribune

 

Du mouton cuit à point à savourer sur place

Loin de la fumée suffocante des pneus en flamme et de la bouse puante, un parfum aromatique s’exhalait en direction d’Ibrahim et ses compagnons. Un coup d’œil furtif laisse deviner la provenance de cette agréable odeur qui effleurait délicatement nos narines et frappait de plein fouet notre odorat.

Les sens aiguisé, l’appétit ouvert, l’unique choix possible en l’occurrence était de tester les talents culinaires de ce Sogotigui (vendeur de viande). A l’approche du barbecue artisanal d’où l’on pouvait voir le Choukouyta fumant, enduit d’huile animale, l’envie allait croissant.

« Venez voir patron. Du mouton braisé, bien chaud, bien doux ! ». Pendant qu’il lance l’invitation, sa main droite tend en notre direction, à l’aide d’un pique dent, un morceau de viande saupoudrée de Kankankan, un mélange spécial de piment. L’opinion lui reconnaît des vertus aphrodisiaques !

C’est de la bonne viande de mouton, cuit à point, tendre et fondant sur la langue, agréable au palais. « Pour mille francs CFA s’il vous plait ! ».

A l’approche du barbecue artisanal d’où l’on pouvait voir le Choukouyta fumant, enduit d’huile animale, l’envie allait croissant.
Du choukouyta fumant au marché de bétail d’Abobo /Jeff AMANN – Libre Tribune

Durant la dégustation, Kader nous apprend qu’il vend quotidiennement trois à quatre moutons, frais comme braisé, en raison de 17 kilos le mouton dépecé. La viande fraîche de mouton coûte 3 mille francs le kilogramme, tandis que un menu morceau de braisé coûte 500 francs CFA. Tripe, foie, rognon, tout y passe. Absolument rien n’est jeté, ou presque.

La tête et les pattes du mouton sont vendues par le boucher à « de vrais clients qui viennent de Cocody, Riviera, Angré » à un prix qui oscille entre 5 et 7 mille francs CFA, en fonction de la taille de la bête. A ce niveau, une autre opportunité d’affaires s’offre à qui veut travailler.

Mamadou, un adolescent de 17 ans qui n’a jamais été à l’école, se charge du nettoyage. Ses services sont offerts à mille francs CFA.
               Mamadou, un adolescent de 17 ans qui n’a jamais été à l’école /Jeff AMANN – Libre Tribune

Mamadou, un adolescent de 17 ans qui n’a jamais été à l’école, se charge du nettoyage. Ses services sont offerts à mille francs CFA. Contrairement à ses amis, installés un plus en contrebas du site qui fixent le toilettage d’un mouton vivant à 250 francs CFA, on penser que Mamadou est un veinard. Oui mais ne vous y tromper pas ! Salif et ses deux petits frères ont un champ d’action plus large, beaucoup de mouton à laver. Cet enfant de 17 ans (également) qui a abandonné les études scolaires en classe de 4e pour se consacrer uniquement à ce métier toilette 50 à 60 moutons par jour. Faites le calcul vous mêmes. Quant à nous, nous avons atteint notre seuil de saturation en matière de chiffres.

Contrairement à ses amis, installés un plus en contrebas du site qui fixent le toilettage d’un mouton vivant à 250 francs CFA, on peut dire que Mamadou est un veinard.
                                                 Les cadets de Salif /Jeff AMANN – Libre Tribune

Cette journée d’immersion dans l’univers des marchands de bétail d’Abobo en cette période de Tabaski a ouvert notre esprit sur les opportunités d’affaires insoupçonnées dans notre environnement immédiat. Comme le dirait l’autre, « Abidjan est une belle femme qui est prêtre à s’ouvrir à toi pour peu que tu la regardes ». Alors ouvrons les yeux !

A lire  >>  Côte d’Ivoire : Abobo ne fait rien avec le ‘‘grand ménage’’ de A.D.O


Afrique – Europe : demain en héritage !

Jeune d’ici et d’ailleurs,

Jeune d’Afrique et d’Europe,

Ils sont joyeux ces visages que tu espères,

Ils sont nombreux ces défis, tes repères :

Engagement civique, participation démocratique,

Innovation sociale, capacité entrepreneuriale…;

 

Jeune d’ici et d’ailleurs,

Jeune d’Afrique et d’Europe,

Préparé, meilleur adulte tu seras,

Formé, plus efficacement tu agiras,

Tu agiras pour le bien-être de ton continent,

Tu agiras pour le mieux-être de tes enfants ;

 

Jeune d’ici et d’ailleurs,

Jeune d’Afrique et d’Europe,

Demain t’appartient certes, mais demain t’interpelle !

Oui Toi, moteur de croissance,

Oui Toi, acteur de changements,

Il est urgent aujourd’hui de répondre à cet appel ;

 

Jeune d’ici et d’ailleurs,

Jeune d’Afrique et d’Europe,

Porte flambeau des Droits fondamentaux, la Liberté est ton credo,

Affranchis des stéréotypes; l’Éducation, ton unique prototype ;

 

Jeune d’ici et d’ailleurs,

Jeune d’Afrique et d’Europe,

Face aux mutations, le partage notre seul gage,

Soumettons demain et laissons-le en héritage !