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Victoire, l’Allemagne renonce au nucléaire!

Le 16 mai 2011 à Berlin, les activistes d’ « Atomkraft wegbassen » protestaient en organisant une fête techno sur Alexanderplatz
Chapeau l’Allemagne, chapeau Frau Merkel! Aujourd’hui, la Berlinoise française que je suis se sent terriblement fière de sa patrie d’adoption. En 2022, l’Allemagne fermera ses derniers réacteurs nucléaires. (Voir ici l’article sur le site de RFI) Une décision extraordinaire pour un pays dont l’économie repose en grande partie sur sa production industrielle. Et une victoire pour les nombreux activistes anti-nucléaire, qui ont réussi à faire passer leur message avec détermination et même un certain humour, comme le prouvent les manifestations créatives et saugrenues de jeunes Berlinois écolos…
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Berlin-Paris, Génération Easyjet

La capitale allemande a des charmes que les compagnies low-cost ont bien compris. Pour environ 80 euros aller-retour, les touristes européens, jeunes et fêtards pour la plupart, envahissent désormais Berlin. Mais, et j’en suis l’une des représentantes, c’est surtout toute une génération de jeunes artistes qui viennent chercher ici la liberté qui leur manque à Paris, Londres ou Madrid. Au point de ne plus savoir sur quel pied danser, lorsque la réalité économique de la ville leur apparaît après des mois de deutsche dolce vita.

Laissez-moi vous raconter une folle histoire d’amour, la mienne. En 2001, j’étais en échange universitaire avec la Humboldt, une des grandes facultés de Berlin. Imaginez une Française de dix-neuf ans, ivre de liberté et de voyages, catapultée chez deux gays mangeurs de mangue qui passent leur vie à organiser des fêtes dans leur jacuzzi! 2001, c’était un peu encore les belles années de la techno, du LSD, des loyers à 300 Marks (150 euros!) dans les apparts délabrés de cent mètres carrés du quartier de Prenzlauer Berg. On se chauffait au charbon, on connaissait les voisins : le peintre, la danseuse, le vidéaste sans le sou avec son vieux clébard frisé. Je suis tombée amoureuse de cette ville.

En rentrant à Paris, dans ma chambre de bonne de sept mètres carrés envahie de cafards, je pleurais à chaudes larmes en regardant la silhouette moqueuse de la Tour Eiffel par ma fenêtre. A l’époque, on avait le choix entre Lufthansa et Air France pour faire un Paris-Berlin ; autant dire que mes moyens ne me le permettaient jamais.

Et puis avec l’âge, et l’indépendance financière, je suis allée retrouver mon vieil amour pour des escapades passionnées. Grâce à qui? Grâce à Easyjet, meilleur ami des passionnés de Berlin, qui venait de balancer sa bombe économique sur l’Europe en ouvrant des liaisons aériennes un peu partout.

En 2009, faisant fi de tout, je m’y suis installée. J’y ai vécu deux ans de bonheur, même si Berlin avait drôlement changé – plus aucun artiste n’a les moyens ni l’envie de vivre dans le quartier de Prenzlauer Berg devenu un Notting Hill à l’allemande. Mais la deutsche dolce vita est toujours là, avec ses bars pas chers, ses fêtes jusqu’à l’aube, ses galeries qui poussent comme des champignons, ses collectifs d’artistes rigolos… pour échapper à la gentrification, les Berlinois fauchés investissent les quartiers périphériques, et la fiesta continue.

2011 : me voilà brutalement confrontée à la réalité économique de Berlin après un licenciement abusif. A Paris, je touchais l’intermittence du spectacle, travaillant certes dur, mais vivant de mon métier. A Berlin, les artistes sont obligés d’accumuler les petits jobs (mon ami Thomas en a eu jusqu’à trois par jour) – vendeur, serveur, traducteur – pour pouvoir compenser la maigreur de leurs revenus. Ce n’est pas à Berlin qu’on touche 300 euros par jour pour jouer au théâtre, ce n’est pas à Berlin qu’on vend les toiles longuement préparées dans le secret de l’atelier, ce n’est pas ici non plus qu’un caméraman enchaînera les tournages.

Le revenu minimum n’existe pas en Allemagne, aggravant une situation économique déplorable à Berlin – serveuse à quatre euros de l’heure, vous serez souvent obligée de laisser vos pourboires à votre patron qui décrètera que « si vous n’êtes pas contente, il y en a quinze qui font la queue pour ce boulot ». Les professions libérales et les artistes sont forcés de s’assurer eux-même, puisque l’équivalent de notre Sécurité Sociale n’existe que pour les salariés dits de classe 1. Le coût d’une bonne couverture maladie à Berlin s’élève à 200 euros par mois. Difficile quand on en gagne 800.

C’est pourquoi j’ai pris la décision de retourner travailler en France, comme de très nombreux compatriotes rencontrés à Berlin. Pierre, un artiste plasticien de ma connaissance, a eu à ce sujet cette phrase édifiante : Tu vas faire comme nous tous, Manon : tu vas bosser à Paris, et claquer des thunes françaises à Berlin.

Entre la liberté de création de la capitale allemande, et la rigidité souvent étouffante mais plus lucrative de la Ville lumière, ma génération a donc choisi de s’en remettre à… Easyjet.



Un taxi à Yaoundé

Yaoundé : Le paradoxe du chauffeur de taxi mutique

Pas bavard, et en mode pilotage automatique : Robert, je l’appellerai ainsi par précaution pour son patron, est l’un des très nombreux chauffeurs de taxi qui sillonnent Yaoundé dans des voitures déglinguées, laissant échapper par la culasse d’âcres nuages noirs et manquant plus d’une fois d’écraser d’innocents enfants sur le chemin de l’école. Robert n’aime pas son métier, mais « il n’y a rien d’autre pour lui » ni pour sa femme et ses deux enfants. Interview lapidaire au milieu de la circulation éreintante de la capitale camerounaise.
En Allemagne, où je vis, et en France, d’où je viens, le chauffeur de taxi est une espèce bien connue des noctambules.

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Yaoundé : photocopier pour étudier

Gabin Igor Sobhegwa, étudiant et photocopieur

AVANT-PROPOS : Chers lecteurs, Génération Berlin est au Cameroun depuis une semaine avec RFI-Mondoblog… déménagement temporaire.

Dispersée entre les bâtiments de l’université de Yaoundé, une myriade de petites échoppes offre la possibilité aux étudiants de se restaurer, de louer des blouses pour les cours de médecine, ou encore de photocopier leurs cours en un tournemain. Photocopieur, c’est justement le job de Gabin Igor Sobhegwa, 23 ans, qui finance ainsi ses études en licence de biochimie à la Faculté des Sciences de Yaoundé. Si la rémunération attractive de ce petit boulot peut vite faire oublier les ambitions scolaires de certains, cette profession informelle reste cependant vitale pour la vie du campus.

Il est rapide, sérieux et commerçant. Autour de sa photocopieuse, installée en plein air sur le campus, les clients et les amis se pressent dans une ambiance conviviale. Gabin Igor Sobhegwa maîtrise à la perfection l’art de la photocopie, comme en témoignent ses feuillets noirs et blancs parfaitement alignés, dignes d’un Copyshop à l’allemande.

Pourtant, ce jeune homme est étudiant avant tout. Son petit job finance avantageusement ses études. Celles-ci lui coûtent 50.000 Francs CFA par an (environ 76 euros), et Gabin en gagne, dans les bons mois, jusqu’à 30.000. Pour 25 francs par feuillet recto-verso, il vend des photocopies depuis un an et estime que « par rapport à d’autres boulots, comme celui de balayer les amphis, par exemple, la photocopie, c’est mieux. On n’attrape pas de maladies, et à part les intempéries, on n’a pas à se plaindre ! ». Autre avantage considérable de cet emploi, la possibilité de photocopier ses propres cours sans frais.

Son patron, de deux ans son aîné, a rapidement préféré les aspects lucratifs de la vente de photocopies aux heures d’études dans les amphis. Yanick Bodo, 25 ans, était élève en licence de mathématiques lorsqu’il a décidé que ses études ne « cadraient pas avec ses aspirations ». Mais avec plus de 10.000 Francs de rentrées d’argent par jour, avoue-t-il, la photocopie présente surtout des avantages immédiats séduisants. Même si, pour cela, il faut travailler douze heures par jour. Yanick a acheté sa machine à un vendeur européen de passage pour la somme de 650.000 Francs. La photocopieuse grésille un peu, et lorsque je m’appuie dessus, je reçois un fort coup de jus qui le fait rire. « Pas forcément un bon investissement », s’écrie le jeune patron, « mais je vais me diversifier ». Dans quoi ? « C’est encore un secret. »

Yanick, le patron de la photocopieuse, gère avec adresse sa petite entreprise

La photocopie sur le campus est un commerce florissant, parce qu’il répond aux besoins réels des étudiants de Yaoundé. Anita, 20 ans, est étudiante en lettres modernes françaises. Elle est venue photocopier deux pages extraites du Père Goriot de Balzac. « Ce n’est pas cher », explique-t-elle, « et on n’a plus besoin de recopier à la main comme avant. »

C’est aussi l’avis de Jean-Jacques Mbida, qui nous reçoit dans son bureau du rectorat. Ce secrétaire est un ancien membre de la commission de suivi des petits commerces sur le campus. Cette commission, limitée dans le temps, n’existe plus depuis l’année dernière et a été remplacée par une simple équipe de contrôle. « En principe, bien sûr, l’université est un lieu clos », raconte-t-il, « mais les petits commerces informels répondent aux besoins des étudiants et permettent à certains de financer leurs études. Sur le plan social, ce n’est pas négligeable ».

La commission de suivi fut créée à la suite d’une invasion d’échoppes clandestines. Un emplacement pour une photocopieuse, par exemple, se loue 5000 Francs par mois. Pour un petit restaurant, il faut compter 10.000 Francs par mois. « Avant la commission, il n’y avait pas de grille de tarifs », explique Jean-Jacques Mbida, « le régisseur des recettes générales faisait payer à la tête du client. » L’équipe de suivi contrôle l’hygiène et la sécurité autant qu’elle le peut, informant les commerçants sur les risques, en particulier en cette période d’épidémie de choléra au Cameroun.

Aujourd’hui, l’équipe de suivi tente toujours de réguler cette économie parallèle, sans la supprimer. « Avant, les photocopieuses étaient branchées n’importe où et de façon anarchique. Nos techniciens ont démantelé ce réseau qui nous faisait craindre un incendie sur le campus ». Et il conclut avec un sourire : « La situation sanitaire peut encore s’améliorer, c’est vrai. Mais nous sommes obligés de constater que cette vente informelle, si elle s’est multipliée, ne comble même pas encore la demande étudiante. »



De la séduction à l’allemande

Au pays de Goethe, la drague n’a pas la cote. Point de vue très personnel (et très vérifié) d’une Française élevée en son pays aux œillades et aux paroles fleuries, exilée chez les Barbares de la séduction.


De la séduction à l’allemande

Au pays de Goethe, la drague n’a pas la cote. Point de vue très personnel (et très vérifié) d’une Française élevée en son pays aux œillades et aux paroles fleuries, exilée chez les Barbares de la séduction.
La séduction est présente à chaque heure du jour en France, que vous achetiez une baguette ou que vous discutiez avec votre concierge. A Berlin, pas de détour! La séduction classique à la française reste incomprise des Allemands. J’avais un jour un faible mortel pour ce jeune et beau Berlinois, cinéaste aux lunettes d’écailles et au physique Alain Delonesque. Comme, après toutes mes tentatives de messages subtils, il restait naïf comme un enfant… Lire la suite de l’article…



Mon numéro d’attente Hartz 4, ou le chomage à l’allemande

Numéro d’attente Hartz 4054, 156, 012, 345 : je ne compte même plus le nombre de tickets numérotés, dits « marque d’attente » (Wartemarke en allemand) que j’ai eu dans les mains ces derniers mois. Récit en accéléré d’une galère numérotée après la perte d’un emploi à Berlin. Je résume : fin novembre, ma boss, cette affreuse chèvre, me convoque et me vire.
1er décembre, disciplinée comme une Allemande, je me présente à l’Agence pour l’Emploi de Berlin-Sud avec tous mes papiers bien en ordre. Numéro d’attente 014. Lire la suite de l’article…


Mise en bière d’une fête berlinoise

J’habite à Berlin et je déteste la bière. À cause de mon mépris pour ces bulles au goût étrange de pipi, j’ai mis en péril la plus grande fête de mes trente dernières années.


Petite rouge et rêve bleu à la Berlinale…

Logo Berlinale

 

… ou l’histoire d’Eva Pervolovici, jeune réalisatrice roumaine installée à Paris, rencontrée au festival de Berlin 2011 pour son film Little Red sélectionné aux Berlin Today Awards.
Où l’on apprend que pour les Russes, vivre à Paris est un « rêve bleu »… petite interview (en français!) après la projection du film à Berlin.Lire la suite de l’article…


Berlinale : Brigitte Sy, « Les mains libres »

Le festival de cinéma de Berlin est clos. Si l’Ours d’or revient à « Nader et Sadim, une séparation » de l’Iranien Asghar Faradi, la fiction qui m’a le plus émue est un film français, « Les mains libres », de l’actrice et réalisatrice Brigitte Sy. Celle qui, pour le plus grand bonheur des cinéphiles françaises, a mis au monde le séduisant Louis Garrel, m’a raconté un peu de son film et de son cinéma avec une passion communicative.

Croyez-moi, c’est très embarrassant de pleurer à une projection presse. Il n’y a là que des critiques  blasés par les années passées dans les salles de cinéma, à griffonner des notes sur leurs genoux dans le noir. Moi qui suis peu chevronnée à la critique professionnelle, et qui partage bien plutôt la vie d’artiste que celle de reporter, je me suis laissée emporter par ce film d’amour courageux et original qu’est Les mains libres*, et je me suis planquée sous les sièges de velours rouge pour me moucher en paix, une fois le générique de fin terminé.

Brigitte Sy, actrice, metteur en scène de théâtre et ancienne compagne du célèbre cinéaste Philippe Garrel, a réalisé là son premier film. Elle y raconte son amour fou pour Michel, un détenu rencontré dans une prison où elle préparait le tournage d’un film. La belle Israélienne Ronit Elkabetz prête sa sensualité sombre à Brigitte Sy, tandis que Carlo Brandt se charge du personnage de Michel. Esthétique, sensuel, littéraire, troublant, brouillant les frontières entre théâtre et cinéma, entre les mouvements intimes du cœur et leur transcendance par l’art, Les mains libres est un film généreux, personnel, en un mot : beau.

J’ai rencontré Brigitte Sy à la Berlinale, dans le brouhaha des conférences de presse avoisinantes. La radieuse blonde, qui prépare un second long-métrage adapté d’un roman français, a confirmé le sentiment qu’avait provoqué en moi son travail : Brigitte Sy est une véritable lady du grand écran, qui porte un regard intègre et lucide sur son métier.

* Sorti en juin 2010 en France, le film n’avait pas encore été projeté en Allemagne.


Berlinale : Brigitte Sy, « Les mains libres »

Logo BerlinaleLe festival de cinéma de Berlin est clos. Si l’Ours d’or revient à « Nader et Sadim, une séparation » de l’Iranien Asghar Faradi, la fiction qui m’a le plus émue est un film français, « Les mains libres », de l’actrice et réalisatrice Brigitte Sy. Celle qui, pour le plus grand bonheur des cinéphiles françaises, a mis au monde le séduisant Louis Garrel, m’a raconté un peu de son film et de son cinéma avec une passion communicative.
Croyez-moi, c’est très embarrassant de pleurer à une projection presse.Lire la suite de l’article…


Dire non au travail des enfants

Dire non au travail des enfants et à l’exploitation d’une main-d’œuvre sous payée dans les pays en voie de développement est un de mes chevaux de bataille. Voici ma contribution vidéo d’une minute à cette croisade.


Le film français en bonne posture à la Berlinale

Le festival international de cinéma de Berlin, l’un des plus grands au monde, aime le cinéma français… et les femmes. Brigitte Sy, Céline Sciamma ou encore Anne Villacèque présentent chacune une œuvre dans les salles bondées de cinéphiles et de professionnels du cinéma.