Christian ELONGUE

« Ana Masry », une pensée solidaire à ces victimes égyptiennes du 24 Novembre 2017 !

Suite aux attentats tragiquement célèbre du 24 Novembre 2017, j’ai été profondément retourné, revolté, choqué, confus. J’aurais aimé avoir une emprise sur le temps. J’aurais aimé être Hiro Nakamura, suspendre le cours du temps, et sauver toutes ces vies innocentes, arrachées si brutalement à la vie.

L’article ci dessous, est un message de soutien à toutes ces familles endeuillées, à tous ces cœurs épleurés, à toutes ces personnes qui sont parties sans dire Adieu ! J’y retrace l’évènement non point avec un regard externe comme le fond les médias, mais sous un angle interne, à travers le récit imaginaire de quatres personnages : la petite Nora qui attend le retour de son père pour se coucher, le jeune Khaled dont le frère protecteur ne sera plus là, la jeune mariée Marwa qui se retrouve veuve à 28 ans seulement et la sexagénaire Basma, dont le cœur meurtri est inconsolable suite à la disparition soudaine de ses deux fils : sa fierté !

Ces récits sont une forme solidarité impuissante au peuple égyptien, aujourd’hui en deuil. J’ai créé ces portraits, ils viennent de mon imagination dans toute leur symbolique. J’espère qu’ils démontreront que le peuple égyptien est appelé à se relever, à pardonner et à continuer à avancer avec courage et amour dans ce monde immonde !

 

Un, deux, trois, quatre, cinq, six, sept, huit, neuf, dix, onze, douze, treize… quatorze, quinze. cent-vingt… cent trente, … cent-quarante… cent cinquante,… 200, 201, 230, 231.232.233.234,235…305

Attention !

Il ne s’agit point d’un jeu mathématique comme ceux que nous pratiquions lorsque nous apprenions à compter à l’école primaire. Si chacun d’entre nous, essaie de compter, de 0 à 305, cela lui prendra au moins 4 minutes s’il est très rapide. Cet exercice de dénombrement est exaspérant et je sais très peu le feront jusqu’au bout. Cet exercice, simple mais long, permet cependant de mesurer l’étendue des pertes en vies humaines, de comprendre l’étendue du désarroi du peuple égyptien, frappé, une fois de plus, par la folie meurtrière du terrorisme.

Mon cœur ne peut s’empêcher de saigner. Mes pensées ne peuvent s’empêcher de se tourner vers ces nombreuses vies innocentes, ôtées si brutalement du monde. Nous ne pouvons et ne pourrons jamais remplacer ces disparus : ces hommes, ces pères, ces cousins, ces maris, ces enfants qui ont été arrachés à la vie. Que deviendront ces femmes, désormais veuves, qui n’auront plus l’affection et la chaleur de leur mari ? Que deviendront ces enfants dont les parents ont été fatalement arraché à la vie ? Quelle douleur doivent ressentir les parents de ces 27 enfants  emportés par les balles ?

Nora, cette petite fille désormais orpheline !

Nora, âgée de trois ans, s’est difficilement endormie la nuit du vendredi 24 novembre, son père lui contait toujours une histoire pour qu’elle s’endorme. En journée, elle avait perçu que quelque chose n’allait pas en voyant sa mère pleurer. Deux amies à sa mère étaient présentes, tentant tant bien que mal de consoler sa mère qui ne pouvait empêcher les larmes de ruisseler. Nora ignore tout du terrorisme. Elle n’en a jamais entendue parler. Demain surement, quand elle grandira. Elle sera l’une des nombreuses orphelines liées aux actes de violence humaine.

Khaled, ce jeune désormais sans frère !

Khaled, cinq ans, attend toujours le retour de son frère ainé Khaled, avec qui il joue au ballon, chaque samedi, dans la rue. Ce matin, il n’est point aller jouer car Khaled, plus qu’un frère était aussi son protecteur en le défendant toujours lors des querelles avec les enfants du voisin. Il ignore encore la nouvelle. Il ignore encore que son frère protecteur n’est plus, désormais avec Le Protecteur. Il ignore qu’il devra désormais apprendre à jouer et se rendre à l’école seul. Il ignore qu’il n’aura plus jamais à rire des farces et blagues de son frère. Qu’il n’aura plus personne vers qui se plaindre. Il ignore qu’il devra apprendre à se défendre ou à éviter les querelles. Il ignore que rien ne sera plus comme avant…

Marwa, cette jeune mariée désormais veuve !

Marwa, qui s’est mariée il y’a deux semaines à peine, a cuisiné avec amour du Kochari, le plat préféré de son jeune époux Mustapha. Il était toujours heureux et joyeux quand il en mangeait. Elle espérait lui faire une agréable surprise à son retour de la mosquée. Une rumeur diffuse signalait l’explosion d’une mosquée mais elle n’avait point fait le rapprochement. Elle espérait bien qu’il ne s’agisse point de celui où son amour Mustapha s’était rendu. Elle se refusait même à penser qu’il puisse s’agir de la même mosquée. Son esprit ne pouvait envisager que son époux puisse être l’une des victimes. Elle se refusait de paniquer, sachant qu’Allah, ne pouvait permettre que cela arrive, elle qui s’était mariée tout récemment.

Elle prit son calme, et pria longuement, souhaitant de tout son cœur, de tout son être, qu’un incident ait empêché son époux de son rendre à la mosquée. Rassurée après avoir priée, elle décida d’attendre patiemment son époux et se mit à faire du thé afin de s’occuper l’esprit. Oui ! Elle désirait plus que tout empêcher son esprit d’imaginer le pire. Sinon, que deviendrait-elle ? Quel avenir pour une veuve de 28 ans ? Son bonheur, elle ne le percevait qu’avec Mustapha : ils se connaissaient depuis l’enfance et elle était follement amoureuse de lui. Vers 17h, on sonna à sa porte. Elle ouvrit. C’était sa voisine Rania, dont la mine ne lui rassurait guère. Sans ambages, la nouvelle tomba telle une guillotine. Choquée ! Son monde s’effondrait ! Elle s’évanouit…

Stand United Against Terrorism_Afropolitanis

 

Basma, cette mère qui hier était fière…

Basma Fawzi est une sexagénaire très respectée du village de Bir el-Abed, au nord du Sinaï. Sa fierté, elle la tient de ses fils Hussein et Moctar. Le premier est l’un des rares Docteur du village à avoir séjourné pendant deux ans dans des pays occidentaux. Il est donc craint, respecté et respectable. Le second était l’unique boucher de la communauté. Toutes les femmes du coin s’approvisionnent en viande chez lui. Tous les jours, elle remercie Allah de l’avoir béni avec ses deux fils. Sa raison de vivre depuis la disparition soudaine de son mari il y’a une trentaine d’année. Elle avait lutté pour parvenir à les envoyer à l’école et faire d’eux des musulmans croyants et craignant Allah. Lorsque son fils ainé, Hussein était allé en Europe, elle craignit qu’il n’oublie de respecter les principes du Coran en s’adonnant à l’Alcool. Mais ce dernier était resté fidèle aux recommandations de l’Islam qu’il s’efforçait de mettre en pratique dans sa vie. La prière à la mosquée était donc pour eux une pratique rituelle et cultuelle de première importance.

Après l’appel de l’Iman, ils s’étaient plongés entièrement dans la prière. Hussein exprimait son vœu de trouver une femme convenable afin de pouvoir se marier, et ainsi satisfaire sa mère Basma qui ne cessait de le harceler depuis qu’il avait 30 ans. Elle était impatiente de voir le premier enfant de ses fils. Moctar, lui, ne se préoccupait point de mariage. Dans sa prière, il demandait la bénédiction d’Allah pour son commerce. Leur méditation fut troublée par une déflagration fulgurante qui secoua toute la mosquée. Quand Moctar ouvrit les yeux pour voir et comprendre ce qui se passait, il ne put que constater les corps déchiquetés tout autour de lui. Son regard tomba sur l’un des terroristes cagoulés qui avec un sourire sadique aux lèvres, rafalait tous ceux qui tentaient de s’échapper. Une des balles lui frappa en pleine poitrine. En s’évanouissant, il ne pensait qu’à une chose : sa mère Basma ! Oui ! Après la perte de son mari, Basma allait-elle tenir le coup, si jamais ses deux fils disparaissaient ?

La petite Nora, le jeune Khaled, la jeune mariée Marwa et la sexagénaire Basma ne sont qu’un échantillon infime des dommages collatéraux laissés par cet acte terroriste dans les familles égyptiennes. Le terrorisme n’a point de visage. Le terrorisme n’a point de religion. Ensemble, disons NON à cet acte de cynisme, de lâcheté et de sadisme perpétré par un groupuscule armé qui se cache sous la « bannière islamique ». Je ne suis point Musulman. Mais pour avoir vécu en Egypte, je sais que l’Islam prône l’amour, la paix, la solidarité et surtout le respect de la vie humaine. Ensemble, soutenons le peuple Egyptien, aujourd’hui en deuil. Ensemble, œuvrons pour l’avènement de la paix dans le monde.

ANA MASRY ! Je suis Egyptien ! I’m Egyptian ! I love Egypt ! 


Appel à nomination : les 100 jeunes Africains les plus positifs et influents

L’ Afrique d’aujourd’hui est loin de cette historicité lumineuse qui a fait d’Elle le continent phare où les autres se sont inspirés. A l’opposé des afro-pessimistes, les Afro-responsables prônent un présent rayonnant et posent indubitablement un regard positif sur l’Afrique d’aujourd’hui et celle qui vient. Ils pensent meilleur pour rendre meilleure l’Afrique. C’est le cas de la Fondation Afrique des Jeunes Positifs (Positive Youth’s Africa), une organisation de la Société Civile qui oeuvre pour l’avènement d’un changement durable en Afrique. Cette organisation s’évertue  à servir un continent sorti de l’ornière de complexité pour asseoir un modèle propre issu de sa vision singulière. Ils vantent au préalable un dessein sociétal positif et constructif. Ils préconisent l’investissement humain dans le processus du développement et le maintien des valeurs cardinales pour bâtir une Afrique Une et une société positive africaine. Ils professent à l’échelle continentale la prééminence du rôle de l’homme dans l’investissement de ce vaste sentier de développement. A travers cet appel à nomination des 100 jeunes les plus positifs et influents, ils veulent révéler le rôle prépondérant à chaque africain dans l’élaboration et la réussite du projet sociétal commun. Cette célébration et reconnaissance devient leitmotiv pour inciter l’économie, le social, le culturel, le sportif et le politique pour enclencher la machinerie de la croissance.

Comment participer ?

Des jeunes vous ont-il inspiré à faire quelque chose de positif cette année? Si oui, n’hésitez pas à nommer ces jeunes pour la liste des 100 jeunes Africains les plus positivement influent de l’année 2017. Cette liste, connu davantage en anglais comme, 100 Most Positively Inspiring African Youths(100 MPIAY), est une sélection annuelle de 100 jeunes africain ou d’origine africaine qui se sont distinguer par leurs  oevres positif. Le 100 MPIAY vise principalement à identifier, reconnaître et célébrer les œuvres de 100 jeunes d’origine africaine dont les œuvres ont eu un impact positif sur leurs communautés et le monde entier.

La phase de nomination se déroulera du 10 Novembre au 15 Décembre,2017.

Quels sont les critères de nominations ?

• Etre un jeune africain ayant entre 15 – 40 ans.

• Le Nominé peut vivre en Afrique ou dans la Diaspora.

• Les jeunes candidats doivent avoir dit ou fait quelque chose qui a inspiré et influencé beaucoup d’autres personnes à penser, parler et agir positivement, à prendre de la responsabilité , à oser rêver et à être le changement positif qu’ils souhaitent voir. Il pourrait s’agir d’une déclaration dans une interview, un acte de gentillesse, une opposition à l’injustice, une vidéo, une chanson, un roman ou tout travail qui a poussé beaucoup de personnes à être positives.

• Le mot ou l’action inspirante doit avoir été fait cette année.

• Les jeunes peuvent être très influents ou non au moment de la nomination.

• Les auto-nominations ne sont pas autorisées.                                              

 Pour proposer,veillez remplir le formulaire suivant : https://goo.gl/XP59hQ

 



10 constats sur les francophones à travers le « problème anglophone » au Cameroun

Voilà bientôt une année (11 mois exactement) que dure ce que l’on peut appeler « la crise anglophone« , les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest réclament le respect de leurs spécificités culturelles par des manifestations pacifiques. Ces derniers souhaitent restaurer la forme institutionnelle du fédéralisme qui a été agréé entre la République du Cameroun et le Southern Cameroon à Foumban en 1961 entre les dirigeants Amadou Ahidjo et Foncha. Malgré les différentes formes de revendications entamées jusque-là, le bras de fer entre le gouvernement et les diverses organisations représentant la société civile de ces régions ne faiblit pas. Certains s’accorder à penser qu’une piste de résolution de la « question anglophone » ne sera possible que lorsque le problème anglophone deviendra le problème camerounais. Que pouvons-nous comprendre de la réaction des « francophones » face à cette crise ?

1. Ils disent vouloir le changement mais ont peur du changement !

Dès qu’une crise commence, un échange verbeux qui veut mettre à nu la vérité, ils pissent dans leur caleçon et s’empressent d’éteindre le feu. Au mieux, ils mentionnent le Rwanda et demandent de mettre un terme à ce qui commence-là. Je pense ici au Père Lado demandant de cesser le feu dans mon échange avec Owona Nguini en 2014, à cause… du Rwanda. J’ai vu cela aussi dans la sortie de Valsero demandant à Boris Bertolt de se taire devant l’imposture.

2. Ils sont progressistes par positionnement mais conservateurs par réflexe.

Des qu’une crise commence, ils sortent des sissonghos et donnent des conseils à Biya sur comment faire pour régler vite la crise-là. Ils lui donnent une feuille de route avec des points précis, et cela sans que le tyran demande même leur avis, oh. Je pense ici à Achille Mbembe écrivant un long texte pour dire à Paul Biya ce qu’il faut faire pour régler la crise anglophone. J’imagine ici Frantz Fanon écrivant un texte au président français pour lui expliquer comment faire pour régler la crise algérienne, afin qu’elle ne devienne une guerre de libération.

3. Les francophones sont très pressés.

Ils souhaiteraient au mieux qu’un tweet fasse que Biya prenne la fuite. Et j’ai de la peine à me rendre compte que les anglophones soient en train de se battre patiemment depuis bientôt un an ! Ma mémoire des années de braise est que dans leur crise véritable, elles n’aient pas duré autant, et je suis de plus en plus certain que ce sont les francophones qui avaient convaincu John Fru Ndi d’aller (lui aussi) négocier, noooor, et donc d’aller à la Tripartite. Rappelez-vous l’éditorial de Protais Ayangma disant aux anglophones de cesser le feu, car ils ont « déjà gagné, noooor ».

4. Les francophones croient au symbolique, à la force du « symbole politique »…

Et surtout à cette chose-là qui est la personnification du symbolique et qu’on appelle « les intellectuels ». Or, dites-moi donc qui est le Owona Nguini anglophone, car je ne sais pas qui c’est, tandis que depuis plus d’un an, les anglophones sont bien en train de nous montrer ce que c’est qu’un mouvement politique, celui-ci passant d’une protestation syndicale des avocats et des enseignants à un mouvement qui aujourd’hui met en branle les forces traditionnelles des Takumbeng.

5. Les francophones aiment débattre, débattre, et débattre…

Eh, le débat, que serait-il s’il n’y avait pas les francophones. Je ne sais pas si les anglophones débattent autant, et pourtant, quand on regarde bien, c’est dans la sphère anglophone que le débat est une culture qui se pratique depuis l’école, qui s’enseigne et se cultive. Les grands débats, par exemple, de James Baldwin et Burkley puisent dans cette tradition-là. Manière de dire qu’il y en a qui débattent pour débattre, et ce sont les francophones. Et il y en a qui débattent pour faire avancer une cause, et ce sont les anglophones.

6. Ils veulent toujours avoir un intérêt personnel réalisé.

Tel veut faire venir son enfant aux Etats-Unis et utilise le mouvement pour cela. Tel autre veut faire son petit business de la nourriture et utilise le mouvement pour cela. Tel troisième veut plutôt utiliser le mouvement pour le blanchiment d’argent. Tel quatrième, pendant ce temps, veut que le mouvement le paye. Au final, évidemment, avec autant d’intérêts particuliers, le mouvement se trouve noyauté et incapable de remplir l’intérêt général qui est sa cause.

7. Les francophones sont vraiment convaincus que Paris est important, hein, je vous jure.

Or, regardez les anglophones. Ont-ils une seule fois parlé de Londres ? Si Biya n’était pas venu à New York, seraient-ils même à New York ? Parce que les francophones croient que Paris est important, dans un monde pourtant éclaté, les Parisiens alors se croient le centre du monde. Et il faut voir ça, la véritable sorcellerie. Un certain Njikam (ou Njimbam, mais bof) qui njote une photo avec Kemi Seba et est littéralement chassé par les gardes du corps de ce dernier se présente comme le porte-parole de l’Afrique, etc, ah, c’est fou ça!

8. Les francophones croient vraiment que la France a le pouvoir de [choisir] le président du Cameroun, hein.

Et surtout que le président du Cameroun doit plaire à la France, hein. J’ai parlé une fois avec un diplomate français en Afrique du sud, et il m’a dit d’étonnantes choses- le nombre de personnes qui lui envoient leur CV, pas pour être embauchées a l’ambassade, mais pour devenir ministre dans leur pays ! J’étais avec un ami politologue qui n’avait cessé de se marrer, car eh oui, les francophones croient vraiment que la France a un pouvoir sur nous.

9. Les francophones croient en la communication.

C’est ainsi qu’un jeune francophone peut se lever le matin, faire quelques photos et les poster sur Facebook et ainsi se dire arrivé. Aller de photos en photos, d’apparition télé en apparition télé, et se dire politicien. Or voilà, le minima de cette chose-là, qui est la mobilisation, demeure la nébuleuse francophone, car le francophone est un communiquant comme il est légaliste. Un sous-préfet interdit sa manifestation, il reste à la maison. Oui, c’est comme ça. L’Etat a parlé.

10. Mais surtout, les francophones croient que Biya est fort !

Et c’est cela leur véritable problème. Ils croient qu’un homme comme celui-là ne peut pas être simplement exécuté comme les autres tyrans avant lui. Je veux par là dire que les francophones sont vraiment convaincus qu’un autre Camerounais ne peut pas mettre deux balles dans la tête de Biya, simplement comme ça, par haine, par rancune ou même pour rien. Ils en sont vraiment convaincus, oui, que Biya ne va pas mourir.

En fait, ce qui leur fait le plus peur, aux francophones donc, c’est la mort de Biya…

 

Par Patrice Nganang, Professeur à l’Université Stony Brook (USA)

* Les opinions présentés ici sont une contribution du Professeur Patrice Nganang, Grand Prix littéraire d’Afrique Noire. Révolté par la désinvolture des francophones vis-à-vis de la situation sociopolitique en cours, il présente les dix constats qu’il a pu en tirer.


L’histoire de Nadia (3) : le viol, un vol par effraction doublé d’une violence mentale inouïe

Le viol est un vol par effraction doublé d’une violence mentale inouïe, et davantage fatal pour cette jeune adolescente qui n’avait que 13 ans. Le viol fait partie de ces actes auquel même le pardon a peu d’emprise. C’est un vol dont la plus grande violence n’est point physique mais psychologique. Une feuille de papier une fois froissée, ne sera plus jamais la même.

Quel calvaire que d’avoir à vivre avec ce sentiment, cette idée qui sans cesse revient dans notre esprit, ces instants de douleur qui à jamais resteront gravés dans notre mémoire. S’il est extrêmement difficile pour des adultes de s’en remettre, alors imaginez le cas d’une enfant, d’une adolescente, d’une fleur rayonnante n’ayant pas encore pu ouvrir ses pétales au soleil. Son sourire s’éteint pour devenir morne. Son regard étincelant s’assombrit. Pour moi, seul l’amour peut permettre de s’en remettre et d’affronter la tête haute les prochains challenges de la vie. Ecouter, dialoguer, comprendre, compatir et réconforter sans jamais juger sont les actions à tenir. Lui montrer qu’elle n’est point une paria sociale, qu’il existe des personnes qui l’aiment et l’aimeront telle quel. Lui offrir une chance de croire que la vie demeure belle et qu’elle a encore beaucoup à lui offrir.


L’histoire de Nadia (2) : dilemme d’une grossesse, entre frayeur et douleur

« Ce qu’un père peut faire de plus important pour ses enfants, c’est d’aimer leur mère » déclarait Théodore Hesburgh.

Mais qu’advient-il lorsqu’un père désire voire aime sa fille ou lorsqu’une mère développe bien plus que de l’amour maternel pour son fils ? D’aucuns diront que c’est le monde à l’envers. Les normes et valeurs changent tous les jours. Sous le prétexte de la liberté et des droits, des phénomènes comme le mariage homosexuel sont de plus en plus légitimés et tolérés. Mais peut-on et doit-on tolérer à un père qui viole consciencieusement sa fille ? D’autres diront qu’il s’agit de troubles psychopathologiques voire d’obligations sectaires. L’acte sexuel devenant ainsi un rite initiatique et cultuel permettant au bourreau d’accéder et de jouir à des richesses et privilèges plus considérables. Seulement peut-on monétiser le bonheur ? L’argent n’achète jamais tout et le bonheur voire l’avenir en font partir.


C’est quoi être afropolitain?

Je découvre le concept d’Afropolitanisme en 2013 lors de mes études sur l’Afrique contemporaine au Département d’Etudes Africaines de l’Université de Dschang. C’est l’une des clés pour comprendre la pensée de l’éminent historien camerounais Achille Mbembè, un des grands théoriciens du Postcolonialisme ; un mouvement qui a aujourd’hui le vent en poupe, bien que certains les considèrent juste comme un carnaval académique. Le concept me fascine par sa richesse sémantique et…


Mon Égypte, loin des yeux, près du cœur

Voilà deux années déjà que je vis en Égypte. Un pays qui pourtant n’était qu’une destination imaginaire pour moi. Je reviens dans ces lignes nostalgiques sur le début de l’aventure…

Au départ était le rêve…

Depuis ma tendre enfance (pas si tendre que ça hein !), j’ai entendu parler de l’Égypte comme étant le berceau de la Civilisation, le pays où tout avait commencé. Je revois mes yeux pleins d’émerveillement lorsque ma maitresse, Mme Awa, nous décrivait la majestuosité des pyramides qui à elles seules témoignaient de l’ingéniosité, la puissance et la gloire de leur concepteurs : les pharaons.

Flickr CC: Louxor_Statue de Ramses II
Flickr CC: Louxor_Statue de Ramses II

De tous les pharaons dont j’avais écouté les récits, celui que ma mémoire avait conservé était Ramsès II. Pourquoi ? Mon maitre nous avait appris qu’il était réputé pour être l’un des plus grands guerriers et conquérants des pharaons. Mais il ne nous révéla point qu’il était aussi très puissant et efficace puisqu’il a eu environ 126 enfants avec d’innombrables concubines et plus d’une douzaine d’épouses dont Néfertari, sa préférée ! Enfant, je me demandais comment il procédait pour satisfaire un harem de femmes aussi important sans succomber ! Je m’amusais souvent à compter le nombre de « match » qu’il avait dû livrer pour marquer autant de buts dans sa carrière royale. C’est à l’université que j’appris que son règne fut d’une exceptionnelle durée (66 ans) et qu’il mourut à 91 ans. Enfant, j’avais déduit qu’une intense activité sexuelle permettait de vivre très longtemps et je m’étais résolu à en faire autant. Mais… !

Pyramides de Toutankhamon
Flickr CC

 

De toutes les pyramides, seule celle de Khéops était restée gravée dans mon esprit. On me l’avait décrite comme la plus grande des pyramides de Gizeh et l’une des sept merveilles du monde de l’Antiquité à avoir survécu jusqu’à nos jours. Je me souviens de cette pléthore de documentaires sur l’égyptologie et l’égyptomanie que je dévorais. On y décrivait la pyramide de Khéops comme la construction humaine de tous les records : la plus haute, la plus volumineuse et la plus massive. On y parlait du Phare d’Alexandrie, la septième merveille du monde, qui a servi de guide aux marins pendant près de 17 siècles. On y parlait de la Bibliotheca Alexandrina, la plus célèbre des bibliothèques de l’Antiquité et l’une des plus importantes aujourd’hui. Cette importance historique et culturelle faisait de l’Égypte, une des destinations touristiques les plus prisées pour les touristes fortunés du monde entier !

Or, j’étais loin d’être fortuné à l’époque. Je le suis encore d’ailleurs ! Mon tourisme, je le réalisais dans mes rêves avec la puissance de mon imaginaire. Je voyageais sans décoller mais le soleil récalcitrant de Douala me ramenait très vite à la réalité.

Puis le rêve devint réalité …

Cela serait demeuré un rêve si la Grâce divine n’avait soufflé sur le « misérable » homme que j’étais : j’obtins une bourse complète de l’OIF pour poursuivre un nouveau master en Développement à l’Université Senghor d’Alexandrie ! Waouh ! Je ne pouvais rêver mieux ! Un fantasme d’enfant se concrétisait enfin !

Inquiets étaient ma famille et mes proches  :

  • Comment vivras tu dans ce pays musulman alors que tu viens à peine d’entrer dans la famille chrétienne, s’interrogeait ma mère (je m’étais baptisé un mois avant mon départ).

  • Il faudra y être extrêmement prudent et surtout éviter les femmes égyptiennes. J’ai appris qu’elles sont très belles et ravissantes. Mais tu dois t’en éloigner car les hommes arabes ne blaguent pas avec leurs filles et femmes… me conseillait mon papa.

  • Céé… il faut faire attention oh ! J’ai très peur surtout avec les attaques terroristes qu’on voit à la télé chaque jour. Mais je prierai Dieu de te protéger et de t’accompagner ! se lamentait ma sœur.

Candide, je ne m’inquiétais point ! Assez bizarrement, j’étais très enthousiaste et excité de me retrouver en Égypte, la Terre des Pharaons.

 Égypte : j’y suis allé, j’ai vu et j’ai vécu...

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Flickr CC

J’ai vu et contemplé la splendeur immortelle des pyramides d’Égypte. J’ai vu puis suis tombé sous le charme de la beauté des femmes égyptiennes. J’ai vu et travaillé au sein même de la mythique Bibliotheca Alexandrina. J’ai vu et admiré les temples de Louxor, le tombeau de Toutankhamon… J’ai arpenté les ruelles bondées d’Alexandrie et du Caire. J’y ai vécu de merveilleuses aventures avec ma famille senghorienne ! Durant deux belles années : nous étudions ensemble, mangions ensemble, dansions ensemble, avons pleuré et même « enfanté » ensemble… J’y ai vécu d’inoubliables moments avec mes amies égyptiennes, mes collègues et amis de la SAOS, mes élèves du CAF…

Entre fiction et réalité…

J’ai pu y mesurer les limites des stéréotypes. L’image de l’Égypte véhiculée par les médias est loin d’être la bonne. Les Égyptiens sont loin d’être des terroristes ni des extrémistes violents : chrétiens et musulmans y vivent généralement en paix ! Les attentats ou actes de violence qui y sont perpétrés ne sont que des voiles idéologiques, des manipulations à des fins politiques, qui affectent sérieusement l’économie et le bien-être social et mental de la population. Les Égyptiens ne sont pas non plus des anges : je le reconnais ! Assez conservateurs, ils défendent et préservent farouchement l’héritage de la culture arabe ! Assez colériques, ils se battent cependant assez rarement.  Très capitalistes, ils ne dorment jamais de crainte de perdre un client : la plupart des centres commerciaux ou boutiques y sont ouverts 24h/24. Là-bas, on regarde seulement les femmes sans toucher, du moins pas en public, à moins que ce ne soit ta fiancée ! Sinon…

A l’aube d’une nouvelle aventure…

Ces souvenirs jaillissent comme des flots dans mon esprit. Les mots sont insuffisants pour saisir et décrire tous ces moments de folies, ces instants de délire, ces fous rires et ces rires fous. Peu importe les obstacles auxquels vous êtes confrontés dans la vie, n’arrêtez jamais de rêver ! Le rêve est la substance même de la vie ! C’est l’époux de Mme La Réalité ! Rien de grand dans ce monde n’a été réalisé sans avoir été rêvé ! Ce qui était impossible hier est possible aujourd’hui. La science-fiction est là pour nous faire rêver mais seul le travail méthodique et la prière rendent la fiction réalité. Soyez de grands rêveurs : rêvez grand puis travaillez avec acharnement pour donner corps et vie à vos rêves. La chance n’existe qu’à ceux qui osent et bossent. Pensez différemment, agissez différemment et vous verrez vos rêves se métamorphoser. L’Égypte n’est plus un rêve mais une réalité. Mais il m’a fallu de nombreux sacrifices et privations afin d’avoir les performances académiques et professionnelles

Après la jouissance de mon fantasme égyptien, je ne peux que dire MERCI à l’Eternel Dieu des Armées ! Celui par qui tout cela a été rendu possible : qui m’a gardé et protégé durant mes nombreux périples. Le nouveau se déroulera au Ghana : j’y ai été invité dans le cadre du Young African Leadership Initiative, un programme initié par Barack Obama pour renforcer les compétences entrepreneuriales et en leadership des jeunes Africains. Un nouvel épisode de mon aventure s’ouvre : restez branchés !


L’histoire de Nadia (1): une fleur au grand cœur avec un corps meurtri !

« Ce qui s’est passé, doit rester entre nous. Ce sera notre secret : entre un père et sa fille. Tu es ma fille, en toi j’ai mis ma confiance, fais-moi également confiance car ce que fais, c’est pour ton bien ! Je dois te préparer à ta future vie de femme ! Une femme, c’est le ventre et le bas ventre. Ta maman le sait bien et je me devais également de te l’apprendre. Seulement, tu ne dois jamais le dire à personne, même à ta mère. Je sais que tu l’aimes beaucoup et si par malchance, si par malheur, tu en parlais à quiconque, saches que tu en assumeras les conséquences. J’arrêterai immédiatement de financer les études de Joel, Martine et Géraldine. Ta mère ne recevra plus d’allocation mensuelle, l’argent que je lui envoie pour payer le loyer, votre nutrition et son fonds de commerce sera suspendu. Et je vous enverrai vivre au village où tu sais, l’école est à 6 km et tu n’y trouveras plus tes amies que tu as ici ». Ces paroles, il les lui répétait après chaque séance d’ « éducation sexuelle ». Nadia en tant qu’ainée ne pouvait se confier auprès de ses cadets, trop jeune pour comprendre quelque chose qu’elle-même avait du mal à comprendre, quelque chose qu’elle avait du mal à intégrer malgré toute l’intelligence dont elle était nantie. Elle avait des cousines et des tantes, mais ces dernières ne rendaient presque jamais visite à sa maman, parce que très pauvre et résidant dans un quartier populaire. Sa mère était la seule chez qui elle pouvait se confier.


A propos de l’innovation pédagogique !

De l’innovation à la pédagogie.

Le terme innovation est généralement associé à la science, la technologie et a été longuement analysé par l’économiste autrichien Joseph Schumpeter.  Le concept d’innovation, tel qu’on le connaît, s’est donc développé dans l’univers du progrès technologique. Mais l’innovation revêt aussi une dimension sociale et l’innovation en éducation en fait partie[1]. Le monde de l’éducation, tout comme celui des entreprises n’échappe pas à cette nécessité[2] d’innover pour assurer leur pérennité, en particulier dans des environnements turbulents et imprévisibles caractérisés par la digitalisation et l’internationalisation du monde. D’après Sophie Gay Anger, l’innovation vise à créer  et renouveler  les  produits,  les  services,  les  processus  et  les business models des organisations de sorte d’accroître la valeur apportée aux clients et, de plus en plus, à la société.

L’innovation pédagogique quant à elle, se traduit par l’annonce incessante de nouveaux programmes, de nouvelles méthodes et approches plus personnalisées, expérientielles ou hybrides, d’internationalisation et de mobilité accrues, de nouvelles collaborations entre les établissements, de nouveaux espaces et outils. Ces dernières décennies, on observe une croissance des investissements et financements au service de l’innovation pédagogique ainsi que l’émergence de nouveaux entrants, de nouveaux designs dominants de l’éducation et par voie de conséquence, l’impératif d’innover plus et autrement. Ces changements en cours dans l’enseignement entrainent une dissipation des repères traditionnels ainsi qu’un bouleversement des modalités pédagogiques qui obéissent désormais à un écosystème complexe. Quels sont donc, aujourd’hui, les différents types d’innovation pédagogique ainsi que les caractéristiques d’un dispositifs innovants ? Et pourquoi pourraient-on les considérés comme étant innovants ?

Quelles sont les caractéristiques d’un dispositif innovant ?

On distingue les innovations dites linéaires de celles dites matricielles. Au Canada, l’on parle d innovations cumulatives, celles importantes et l’innovation transformatrice. Pour Jean Houssaye[3], il existe quatre types d’innovation pédagogique : « celles qui réussissent au-delà de leur temps (1), celles faisant tout pour réussir mais qui échoueront toujours (2), celles réussissant contre elle-même (3) et enfin, l’innovation qui réussit mais à côté de son objet (4) ». Nous avons pu trouver 7 caractéristiques d’un dispositif innovant[4] : L’enseignement est centré sur l’étudiant (1), la formation est axée sur la contextualisation des apprentissages (2), lréduction du cloisonnement disciplinaire (3), l’évaluation est cohérente avec l’esprit de l’innovation (4), un accent est porté dans le programme sur le transfert des apprentissages (5). On y observe par ailleurs de la collégialité (6) entre les enseignants et enfin la prise en considération de l’approche-programme[5] (7).

Quelles sont les  innovations pédagogiques contemporaines ?

Comme l’atteste les rapports annuels d’Open University, de nombreuses innovations pédagogiques apparaissent ces dernières années : CLOM, Serious Game, Learning by doing, Apprentissage expérientiel, réalité virtuelle, création de programmes hybrides (Blended Learning), Fablab, etc. Ils favorisent le développement des compétences et comportements des apprenants. Même si ces processus d’innovation pédagogique ne sont pas nouveaux (depuis le milieu du 19ème siècle), il n’en demeure pas moins qu’ils sont aujourd’hui fortement disruptifs car intégrant le potentiel technologique actuellement à disposition. Pour autant, tous ne connaitront pas le succès de la même manière tel que souligné plus haut par Jean Houssaye. C’est à chaque système éducatif, en fonction de « son ADN historique » ou de son projet stratégique de s’engager vers un axe de différenciation pour une méthode ou approche pédagogique spécifique.

L apprentissage experientiel et les CLOM

La première est l’apprentissage expérientiel qui permet un ancrage plus durable des acquis et une mobilisation plus importante des apprenants dans leur processus d’apprentissage. Il est réalisé en présentiel, via des mises en application, des séquences d’approfondissements, de questionnement, des mises en situation des contenus travaillés au préalable à distance, des travaux de groupe, des études de cas, des exercices, des projets simulés ou réels, etc. Pour nous, cette innovation n’est qu’une forme évolutive de la pédagogie de projet de John Dewey qui place le projet comme une réalisation en petits groupes par division du travail et rotation dans les rôles assumés par chacun. Cette pratique de pédagogie active permet de générer des apprentissages à travers la réalisation d’une production concrète

La seconde, ce sont les CLOM qui, d’après nous, ne sont pas si nouveaux qu’on pourrait le penser. Basé sur une pédagogie coopérative qui place l’apprenant en tant qu’acteur de ses apprentissages, capable de participer à l’élaboration de ses compétences en coopération avec l’enseignant et ses pairs. L’acquisition des connaissances résulte alors d’une collaboration de l’enseignant et de l’apprenant, et des apprenants entre eux, au sein d’équipes de travail. Les MOOC tout comme la pédagogie coopérative constituent une approche pédagogique complexe qui forme l’apprenant à coopérer pour apprendre, tout en l’amenant à apprendre à coopérer. L’approche se base sur des valeurs comme le partage, le respect, l’encouragement, etc.

A quoi ressemblera l’école de demain ?

Malgré les difficultés que connaît  le  système  éducatif  pour  diffuser  les  réussites  pédagogiques  et  susciter véritablement l’innovation chez ses acteurs, de nombreuses initiatives locales et isolées contribuent  à  modifier  le  paysage  pédagogique. Avec les évolutions technologiques, sans cesse mouvantes, il est difficile voire impossible de prédire les compétences de demain. L’école de demain  se  dessine  chaque  jour  en  fonction  des  rapports singuliers que chacun de ses acteurs entretient avec le nouveau et le changement. Or, face à l’hétérogénéité croissante des publics et aux attentes de  plus  en  plus  grandes  que  la  société  fait  peser  sur  le  corps  enseignant,  la recherche  incessante  de  solutions  et  l’adaptation  continue  aux  besoins  des apprenants  mobilisent  les  capacités  d’innovation  des  enseignants[6]. Cependant, il est sûr que certaines évolutions s’esquissent déjà, accentuées par deux tendances lourdes : l’alternance des métiers  et des  environnements  économiques  caractérisés par une forte complexité et une incertitude croissante.

 

REFERENCES

[1] Conseil supérieur de l’éducation (CSÉ) (2006). Rapport annuel sur l’état et les besoins de l’éducation (2004-2005). Le dialogue entre la recherche et la pratique en éducation : une clé pour la réussite. Québec. https://rire.ctreq.qc.ca/les-pratiques-innovantes-en-education-version-integrale/

[2] Loïck Roche, Président du Chapitre des écoles de management,

[3] Houssaye, Jean. Colloque d’éducation et devenir, FESPI : “Ce qui interpelle l’école aujourd’hui”. Le 16 mars 2017, Paris. https://www.fespi.fr/ce-qui-interpelle-lecole-aujourdhui/

[4] Bédard, D., Viau, R., Louis, R. Tardif, J., & St-Pierre, L. (2005, September). Au-delà des réformes et des témoignages sur les pratiques pédagogiques innovantes. Actes du 22e Congrès de l’Association Internationale de Pédagogie Universitaire (AIPU), Genève, Suisse.

[5] Lison, C. (2011). Programmes innovants en formation des enseignants : perceptions, conceptions et pratiques (Thèse de doctorat, Université de Sherbrooke, Sherbrooke, Québec). Accessible par ProQuest Dissertations & Theses.

[6] Christophe Marsollier, « L’innovation pédagogique : ses figures, sens et enjeux, p. 30


Joyeux Anniversaire Lupi !

Aujourd’hui, 21 juin c’est ton anniversaire

Et c’est donc un jour pépère et prospère.
Je me permets de t’offrir ces poèmes
Pour t’exprimer combien je t’aime.

Dans notre mémoire restera ce jour
Et ne vivrons les prochaines années
Que dans l’espoir perpétuel de retour
Pour ton anniversaire toujours célébrer.

Le bonheur de ta vie qui rejaillit sur nous,
Chante un hymne au bonheur intemporel
Et longtemps encore nous éblouira tous
Lolita, merci d’exister, être exceptionnel !

Pour ton anniversaire,
Mes vœux les plus sincères.
Du fond de mon cœur,
Je ne te souhaite que du bonheur.

Que tout tes souhaits se réalisent,
Et que tout tes rêves s’accomplissent.
Car ton anniversaire

Et pour moi l’occasion
De te dire que tu m’es chère
Jusqu’à la prochaine saison.

 

 

Dschang, 21-06-2013
By: C.S


Un atelier participatif singulier sur les humanités numériques à Alexandrie

Du 16 au 18 mai 2017, l’université Senghor et le campus numérique francophone ont organisé le tout premier atelier participatif ou BarCamp sur les humanités numériques, en Egypte mais aussi en Afrique francophone. Une expérience riche sur la formation, l’éducation et le numérique.

Vous avez dit humanités numériques ?

En février 2017, en réalisant ma veille informationnelle, je découvre une formation Transfer sur les « Humanités Numériques ». L’expression, nouvelle, me laissa dans un brouillard sémantique. Que pouvait bien signifier cette étrange alliance de mots, qui fait voisiner Virgile avec les bases de données ? C’est surement lié à la description des effets du numérique dans la vie des hommes, pensais-je, de prime abord. Le brouillard s’épaissit davantage lorsque je découvrais aussi que l’expression « BarCamp » m’était également inconnue. J’ai imaginé qu’il devait s’agir d’une rencontre informelle où, dans une ambiance décontractée, l’on devait échanger sur des sujets « sérieux ». Je m’imaginais un bar où, devant nos bouteilles de boisson ou nos tasses de café, il était possible de discuter  sur un sujet donné, comme dans un camp. Est-ce aussi ton cas ? Avant de poursuivre cette lecture, as-tu une idée de la signification réelle de « humanités numériques » ou de « BarCamp » ? Eh bien… ce brouillard qui (peut-être) te traverse est le même que je ressentis mais cela attisa davantage ma curiosité. Je décidais alors de consulter le GRAND MANITOU GOOGLE, qui éclaira suffisamment ma lanterne et me permis de m’inscrire à cet atelier qui fut une expérience riche et singulière.

Qu’est-ce qu’un BarCamp ?

Un BarCamp est un atelier participatif, c’est en effet une rencontre ouverte qui prend la forme d’ateliers ou d’événements participatifs où le contenu est fourni par des participants qui doivent tous, à un titre ou à un autre, apporter leur piment à la préparation de la sauce. Apparu en 2005  dans l’espace anglosaxon, il faut attendre les années 2010 pour que l’espace francophone suive (comme toujours !). Assister à un BarCamp ne nécessite pas de sélection (sauf contrainte de place). Ici, pas de spectateur, tout le monde est acteur, peu importe les compétences techniques de chacun. Jacqueline Bergeron, animatrice principale de l’atelier, l’a clairement signifié dès l’ouverture du bal : « je ne suis pas là pour enseigner mais pour partager ».

Les participants, enseignants des universités égyptiennes, chercheurs et jeunes diplômés de Senghor, contribuèrent activement à partir de trois axes interactifs et non cloisonnés : les humanités numériques en rapport avec les démarches d’apprentissage (I), les territoires apprenants (II) et les identités d’apprentissages (III). La réflexion était orientée sur la relation entre le numérique, l’éducation et la formation.

Qu’avons-nous fait durant ce rendez vous « atypique » ?

Le premier jour, après le rituel des présentations, nous avons réalisé, en groupe, des brainstorming et enrichissement des connaissances par le partage des expériences. Cela a fait émergé six questions principales :

1) Comment le numérique transforme-t-il un espace en territoire apprenant ?

2) Quels sont les rapports et apports entre les humanités numériques, l’économie collaborative et la démocratie participative ?

3) Qui sont les acteurs de la scène éducative ? Redéfinir les identités et les rôles.

4) Une nouvelle fonction pour les instances académiques à l’ère du numérique ?

5) Comment développer les compétences des acteurs dans le monde de l’éducation à l’ère du numérique en contexte africain : regards croisés sur les pays africains.

6) Comment concevoir l’évaluation des apprenants à l’ère du numérique à des fins de recrutement à l’université ?

Le 2ème  jour, trois posters numériques furent réalisés à partir de ces questions. Ils serviront d’indicateurs pour tout axe de recherche qui pourrait être mené sur chacune de ces questions. Nous avons terminé notre BarCamp le 3ème jour avec la présentation argumentée de posters numérique, avec des pistes d’actions : identifier les étapes à mettre en place pour créer une communauté d’acteurs sur les Humanités Numériques et définir les perspectives de publication d’un ouvrage collectif.

Si, il y a encore quelques années, il pouvait paraître étrange d’associer le numérique aux humanités, le monde scientifique voit aujourd’hui collaborer informaticiens et sociologues, ingénieurs et spécialistes de littérature. Ces alliances inédites renouvellent profondément les formes, les rythmes et la circulation des sciences humaines. Les humanités numériques ou « digital humanities », recouvrent un ensemble de pratiques de recherche qui sont à l’intersection des technologies numériques et des différentes disciplines des sciences humaines.

Ce que j’ai appris…

Au cours de cet atelier, grâce à la titulaire de la Chaire UNESCO « Numérique et apprentissage » et grâce à de nombreux échanges avec les autres participants, j’ai appris qu’il fallait sortir de “l’illusion pédagogique qui consiste à isoler le rapport aux connaissances des conditions et contextes sociaux dans lesquels ces dernières se construisent”. Les dispositifs d’évaluation actuellement en cours dans nos écoles devraient, sur certains aspects, être repensés car ils ne permettent pas de saisir ou de mesurer de manière efficace les compétences réelles des apprenants. On pense parfois qu’un enfant ou qu’individu n’est pas intelligent, sans tenir compte du sujet lui même, de la méthode employée et des conditions d’évaluation.

Les défaillances du système éducatif

D’après une étude menée en France, des élèves ayant réussi leur BAC en juin se retrouvaient en en situation d’échec trois à quatre mois plus tard. Pourquoi ? Tout simplement parce que le « vouloir apprendre » c’est à dire la motivation avait considérablement diminué. A propos de l’intelligence, Albert Einstein avait déclaré «tout le monde est un génie. Mais si vous jugez un poisson sur ses capacités à grimper à un arbre, il passera sa vie à croire qu’il est stupide.»

Nous avons tous un talent personnel, mais ce talent n’est pas absolu, il a ses propres limites : des étudiants en littérature ou des journalistes n’arriveront jamais écrire des papiers ou des articles totalement dépourvus d’erreurs …

Enfin, lors de ce BarCamp, nous avons également saisi les enjeux stratégiques, culturels, professionnels et sociaux du champ du numérique. Il a été question en particulier des territoires apprenants, où le développement de compétences individuelle et collective s’est vu facilité avec le numérique. On constate en effet que le numérique augmente le pouvoir d’agir des citoyens, qui par le biais de la démocratie participative, se trouvent associés à la gouvernance territoriale, à la gestion et au suivi de l’action du service public. Il est incontestable que le numérique fait aujourd’hui partie intégrante de notre vie et cela a une incidence sur les dynamiques identitaires sociales et culturelles. Ce BarCamp m’aura permis d’en explorer les tenants et aboutissants, mais surtout de sortir de mon brouillard pour entrer dans une quête épistémologique sur la question des humanités numériques en Afrique.
Aujourd’hui, grâce à toutes ces réflexions, j’envisage de mener une recherche sur le rôle du numérique dans le développement des compétences des acteurs du monde de l’éducation au Cameroun.

 


Les Essais et les romans de Mongo Beti

   

Auguste Owono-Kouma Ndzié spécialiste la littérature négro- africaine, a commis un ouvrage majeur chez L’Harmattan à Paris sur l’œuvre intellectuelle et littéraire de Mongo Beti. Les Essais et les romans de Mongo Beti en est le titre. Il se propose en 287 pages de trouver des liens entre ses écrits, produits à partir de 1972 par l’essayiste d’abord, et ensuite par le romancier. Il se sert globalement de l’analyse des contenus et de l’intertextualité comme grilles d’étude. Dans le premier chapitre, il présente les thèmes majeurs développés dans les essais de l’écrivain : néocolonialisme, incompétence des élites africaines, déliquescence des mœurs et bien d’autres.  Main basse sur le Cameroun, Lettre ouverte aux Camerounais et La France contre l’Afrique; y compris les articles publiés dans la revue Peuples noirs/Peuples africains sont ainsi passés au peigne fin de l’analyse.

   L’étude au chapitre deux consiste à mettre en regard les thèmes relevés dans les essais et qui apparaissent sous forme de réécriture dans les passages de romans. Les personnages politiques comme Amadou Ahidjo, Hervé Bourges, Jacques Foccart dont Mongo Beti se fait écho dans les essais se retrouvent dans les œuvres sous d’autres appellations. Aucune ligne des romans n’échappe à la sentinelle du chercheur. Il présente ces ressemblances (intertextes) à l’aide des tableaux qu’il interprète. Dans le troisième chapitre, des correspondances sont établies mot pour mot entre les extraits des essais et ceux des romans, à la suite de l’exercice, il en fait une analyse lexicale et sémantique pour montrer le dénominateur commun. Il ressort de cette étude que la pensée de Mongo Beti est une, celle de la révolution. On dira donc que dans les essais comme dans les romans, il n’y a qu’une seule pensée qui l’anime. Bien que l’étude soit d’une haute facture, on aurait voulu qu’elle soit aussi génétique ; donc qu’elle s’attache à questionner les autres aspects -discours, anecdotes, avis des proches, itinéraire éditorial complexe, etc.- de la vie de l’écrivain en vue de les mettre en parallèle avec ses écrits et de les analyser.

Par: Gaétan GUETCHUECHI, Chercheur en littérature et civilisations Africaines, Université de Yaoundé I guetch2@gmail.com, gaetanguetchuechi@yahoo.fr


Pour un équitable accès des femmes à l’arène politique

         La question de l’intégration du genre dans tous les domaines de la vie, notamment le domaine politique, est à prendre avec beaucoup de considération car la réalité montre que, dans toutes les actions qu’on mène socialement, il y a une répartition inéquitable entre les êtres humains. Pourtant la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme dit clairement que les êtres humains sont nés égaux en droit et  en devoir. Mais dans la répartition des taches ou des ressources, dans la prise de décision ou l’occupation des postes à pouvoir, il y en a qui sont réservées à une catégorie de personnes.  Bref il y a dans tous les cas marginalisation. Cette marginalisation se manifeste par une sous-représentativité au niveau des postes décisionnels.

Les femmes demeurent sous-représentées à tous les niveaux du pouvoir. En particulier dans la plupart des ordres de gouvernement.  Les femmes sont fortement moins représentées parmi les adhérents dans beaucoup de partis politiques et donc parmi les élus. Les lois tentent de rétablir un certain équilibre, parfois maladroitement, parfois malhonnêtement. La parité en politique est une parfaite illustration d’une utilisation malhonnête de cette lutte contre la sous-représentation des femmes en politique. À l’échelle mondiale, les femmes ne comptent que pour 17% des responsables élus dans les parlements et les ministères nationaux. Encore moins de femmes ont réussi à atteindre les plus hauts échelons gouvernementaux. En 2010, sur les 150 chefs d’État élus dans le monde, seulement 7 étaient des femmes ; sur les 192 chefs d’État, seuls 11 étaient des femmes. S’agissant du Cameroun en Afrique centrale on constate que seules 10 femmes existent parmi les 180 parlementaires soit 5,5% de femmes pour 94,5% d’hommes ; parmi les 626 conseillers municipaux, on ne compte que 114 femmes, soit 18,21%. Au sein du gouvernement, il n’y a que 2 femmes sur les 45 membres du Cabinet. En outre, des 37 ministères que compte le Cameroun, il n’y a que 04 qui sont gérés par les femmes. Si nous nous limitons seulement à ces quelques exemples, on comprend que la question d’intégration du genre dans le domaine politique, reste à revoir.

D’après les statistiques présentées par l’ONU au sujet de l’intégration du genre dans la politique, il ressort que de 1995 à 2015, le pourcentage des parlementaires femmes dans le monde a doublé parce qu’on est parti de 11.3 % en 1995 à 22% en 2015. Mais il est nécessaire de dire en même temps que ce pourcentage est très faible et insignifiant si on se focalise sur le nombre des femmes qu’on peut retrouver dans le monde entier. De nos jours, 10 Chefs d’Etat et 14 Chefs de gouvernement dans le monde sont des femmes. La répartition des femmes au pouvoir et par région, donne les résultats suivants : pour les pays Nordiques, nous avons  41.5%; Amérique 26.3%; Europe sans les pays nordiques  23.8%; Afrique sub-saharienne 22.2%; Asie 18.5%; Moyen-Orient, Afrique du nord 16.1% et Pacifique 15.7%.

En Afrique, seul le Rwanda reste actuellement le pays qui a le plus grand nombre des femmes parlementaires à savoir 56% et de 36% au sein du gouvernement. Le Cameroun brille par la faible sinon l’invisibilité des femmes dans les postes à responsabilité politique. La gente masculine se rassurant qu’elles s’attellent toujours à occuper des postes dont les attributions les cantonnent dans le domaine de la famille, de l’éducation et à quelques postes dont les portées n’ont pas d’effets directs et immédiats sur le cours de l’action politique. L’aporie des femmes dans ces postes stratégiques trahit un manque de confiance ou une mésestimation (discriminatoire ?) des valeurs et compétences de la Femme qui n’est perçue que sous le prisme de la douceur et partant de la faiblesse dans ses prises de positions.  Or l’arène politique étant une scène de combat pour titans, « on » considère donc les femmes comme inaptes à y avoir accès. Cela est d’ailleurs visible à travers les partis politiques car les femmes qui en dirigent n’atteignent pas les doigts d’une main. Cependant l’expérience a montré que certaines femmes lorsqu’elles occupent certains postes administratifs, sont plus adaptées que certains hommes et jouent correctement leur rôle.

Pour mettre fin à cette marginalisation des femmes, ou du moins pour améliorer cette condition, plusieurs organisations (surtout des femmes), ont défini  des stratégies d’intégration du genre dans ce domaine pour qu’il y ait au moins équité : il s’agit des ONG comme  le Centre des Femmes pour la Promotion et le Développement(CFPD), une ONG basée dans la province du littoral, l’Organisation Camerounaise des Femmes et des Droits de la Personne (OCFDP), Organisation Camerounaise des Femmes  pour la Défense des Droits Humains (OCFDDH), l’Association Camerounaise  des Femmes Juristes, dirigée par Mme Félicité Moutomé  etc. Ces associations constituées de femmes et d’hommes ont mis sur pied des moyens et des techniques pour collecter les informations et organiser des séminaires de portée générale ou spécifique pour guider  l’analyse entre les genres  afin de permettre leur intégration dans la politique camerounaise. Plusieurs formations sur le genre ont été organisées  pour  attirer l’attention sur les multiples rôles sociopolitiques  que peuvent  jouer la femme dans la société et l’influence de leur intégration dans la politique. Grace à l’UNIFEM[1], une étude sur l’intégration de la dimension du genre  dans la constitution du code électoral a été  réalisée par l’association des femmes juristes. Ainsi nous nous rendons que ces ONG de même que la société civile, veulent accroître la capacité de décision et d’action individuelle et collective des femmes afin d’améliorer les résultats, les institutions et les choix publics.

Femme leader en Inde_Afropolitanis
Femme leader en Inde

Quel  que  soit  le  pays  ou  la  culture considérée,  il  existe  des  différences  dans  la  capacité qu’ont  les  hommes  et  les  femmes  à  effectuer  des  choix, généralement  au  détriment  des  femmes.  Ces  différences liées au genre ont un impact sur le bien-être des femmes mais  aussi  sur  toute  une  série  de  situations  concernant leur  famille  et  la  société  en  général.  Donner  aux  femmes  les  moyens  d’agir  sur la  scène  politique  et  dans  la  société  peut  se  traduire par  une  modification  des  choix  publics  et  amener les  institutions  à  mieux  représenter  une  plus  grande diversité  d’intervenants.  A titre d’illustration, le  suffrage  des  femmes  aux États-Unis   a   conduit   les   responsables   de   l’action publique  à  porter  leur  attention  sur  la  santé  juvénile et  la  santé  maternelle  et  a  contribué  à  réduire  de  8  à 15  %  la  mortalité  infantile.  En  Inde,  la  participation des femmes aux décisions publiques locales s’est  traduite  par une  augmentation  de  la  fourniture  de  biens  publics et un recul de la corruption. Dans  de  nombreux  pays riches,  l’augmentation  du  taux  d’activité  des  femmes et  leur  présence  en  plus  grand  nombre  à  des  postes  de responsabilité  politique  ont  contribué,  conjointement, à refondre la manière dont la société conçoit l’allocation du temps entre le travail et la vie de famille en général et à l’adoption d’une législation du travail plus favorable à la famille.

Bref, pour éliminer les obstacles qui empêchent les femmes d’accéder au pouvoir et à la prospérité, il faut une approche de partenariat à tous les niveaux. Il faut une collaboration étroite avec les gouvernements, les institutions, les collectivités et les familles. En outre, si les femmes sont présentes en nombre et à des postes importants de gouvernement pendant ces dernières années, c’est justement grâce aux multiples ONG que les femmes créent pour se trouver une place au soleil. La véritable équité de traitement en matière de représentation politique se trouve dans la proportionnalité et non dans la parité : s’il y a 35 % de femmes parmi les adhérents d’un parti politique, ce parti doit placer 35 % de femmes sur ses listes électorales. Cette vision politique ne supporte aucun choix basé sur un critère identitaire. Ce sont la compétence, l’implication et la volonté qui doivent être prises en compte.

 

[1] Le Fonds de développement des Nations unies pour la femme (UNIFEM) est une agence spécialisée de l’Organisation des Nations unies (ONU) et est associé au Programme des Nations unies pour le développement (PNUD). Son rôle est de promouvoir la participation des femmes à la vie économique et politique des pays en voie de développement et d’améliorer la condition des femmes à travers le monde.


Accessing market by smallholder farmers in Ghana

Agriculture plays a significant role in the Ghanaian economy and Africa as a whole.  However, there are challenges facing the agriculture value chain which hinder the potential growth of the sector. In this article, we present the most common challenge facing smallholder farmers in “accessing market” for their farm products.

 

  1. Challenges facing farmers in accessing markets

Generally, the following challenges were revealed:

  • Selling of farm produce to markets which are less demanding
  • Selling through third parties (Intermediary) due to the small scale of production
  • Due to High transaction cost involved in reaching far distant markets
  • Lack the capacity relating to volume, quality, and time bond delivery demand by modern agriculture value chain. 

 Sharing Knowledge

The knowledge needed to improve global agriculture already exists, including within remote indigenous communities, it often does not reach those farmers that could benefit most.

  • Increase the level of education on crop and farm management for farmers and agricultural workers, including women.
  • Promote the development of village-based knowledge centers.
  • Provide access to scalable information technologies for farmers, including women and young farmers, to receive weather, crop and market alerts, as well as other early warning systems to help them make the right decisions for sustainability and productivity.
  • Establish open and transparent two-way exchanges that capture the ‘voice of the farmer’ in the process of policy formulation and implementation.
  • 3. Create Local Market

Fundamental resources should be available to farmers, including women and young farmers, to help them manage their production process more reliably and at less cost.

  • Secure access to land and other resources, especially for women farmers.
  • Provide rural access to microfinance services, especially to microcredit.
  • Build infrastructure – particularly road to make supplies available to farmers.
  • Establish training programs in infrastructure management, operations and maintenance for local and regional settings
  • Improve access to agricultural inputs and services, including mechanical tools, seeds, fertilizers, and crop protection materials.
  • Encourage and co-ordinate multiple local actors to ensure information and supplies get into farmers’ hands.
  • Invest in bioenergy where it contributes to energy security and to rural development.
  • Protect Harvest

In many of the poorest countries, 20-60% of crop yields are lost because of inadequate pre- and post-harvest support.  Likewise, vast quantities of food are squandered during production and consumption phases of the food chain.

  • Build local storage facilities and transportation mechanisms, including cold chain storage for food preservation.
  • Localize the application of agronomic knowledge, pest-identification and meteorological information.
  • Educate the public on sustainable consumption and production needs and behaviours, including on the need to reduce food waste.
  • Provide risk management tools to support farmers in managing weather and market variations.
  1. Access to Market

Farmers need to be able to get their products to market and receive equitable price treatment when they do.

  • Provide remote access to up-to-date market pricing information
  • Develop well-functioning markets through transparent information, fair prices, sound infrastructure and reduced speculation
  • Encourage co-operative approaches to marketing for smallholders
  • Improve smallholder farmers’ marketing skills through entrepreneurship training
  • Reduce market distortions to improve opportunities for all strata of agriculture nationwide.
  • When necessary and possible use preservation techniques on the harvest. These can include drying, frying, smoking, or salting part or all of the harvest
  • When weather, soil conditions, market demand favour it, farmers can consider growing crops or strains of crops that are more hardy and take longer to spoil

Kartavaya Ghana Limited- Our solutions to market access

TECHNOLOGY  

  • FarmPlace (FP)-  The KGL team will create a media market platform to connect potentials buyers and sellers of farm produce across the country and beyond.
  • Consideration for an operational website and a mobile application, and text message portal.
  • Sellers will be connected to the platform at a cost.
  • Share of percentage will be apportion to KGL Ghana for sales made on products

DOMESTIC CONSUMERS

  • Creating linkage between smallholder farmers and large-scale consumers (Poultry farmers, exporters, hotels, restaurants, etc)
  • Connecting smallholder farmers to direct large-scale customer for better prices

POST-HARVEST SALES

  • Farm produce can be stored at the ware-house during harvest to be sold at the peak season for high return

TECHNICAL ASSISTANCE  

  • The team will assist in providing farmers with technical expertise in farming the right commodities, procedures, harvest and storage with the sole aim of leading high yields
  • Provision of farm tools and machinery to farmers at SLA.

SPECIAL FARM COMMODITIES

  • With the recommendations of KGL Ghana farmers will be given a particular farm produce to cultivate which has a well-defined market


Rôle et importance des personnages auxiliaires dans l’oeuvre de Mongo Béti

 

Owono-Kouma, auteur de Mongo Béti et la Confrontation
Owono-Kouma, auteur de Mongo Béti et la Confrontation

Owono-Kouma est chef traditionnel, enseignant et universitaire de haut vol, il est surtout un homme de science spécialiste du romancier camerounais Mongo Beti. Mongo Beti et la confrontation. Rôle et importance des personnages auxiliaires, paru à Paris chez L’Harmattan, dans la collection ‘Études africaines’ en 2008. 

Le constat qui préside au choix du sujet tient de ce que les romans de Mongo Béti mettent en scène la confrontation avec « permanence » : « la famille, la société, l’économie, la politique et l’idéologie. »p. 9. Le travail ambitionne d’étudier la part que les Adjuvants jouent dans la réussite ou l’échec des héros romanesques, mais surtout de contester la conception ‘affabulatrice’ qu’avait donnée Méloné Thomas à propos des héros de Mongo Béti. À partir de ces présupposés, Owono-Kouma, pose en guise de problème qu’« Il s’agira de déterminer si ce faire (celui des récits) est réflexif, en recherchant ce que l’implication ou non de l’Adjuvant dans le faire entraine dans la quête du Sujet, enjeu de la confrontation. » p. 11, le chercheur ouvre une brèche en vue de l’innovation dans la compréhension de Mongo Béti, laquelle prend sa source dans le fait de décentrer le pôle de l’interprétation globale du récit du héros vers son aide.

Sujets et virtualisation, titre de la première partie, vise à démontrer la disjonction entre l’Objet et le Sujet de la quête. Le chapitre premier est La structure actancielle de la confrontation. Le chercheur s’évertue à présenter les récits sur la base de la segmentation en épisodes et en séquences. À propos des séquences narratives, il est question d’analyser les unités narratives en œuvre dans les récits en lien avec le paradigme de la confrontation. Le chapitre II ,intitulé Sujets et anti-sujets face à la confrontation analyse les transformations auxquelles aboutissent les énoncés d’état préalablement établis, ce qui requiert de recourir à la notion de Programme narratif (PN) qui ; par ailleurs l’exégète explore les éléments constitutifs du récit comme les syntagmes contractuels, disjonctionnels et performanciels ; lesquels, appliqués au corpus démontrent que les Sujets (héros) sont incapables de mettre à exécution le projet de leurs quêtes.

Adjuvants et réalisation est le titre consacré par l’auteur pour la deuxième partie. Son chapitre III s’intitule Les Adjuvants et la confrontation. L’analyse recourt une fois encore aux syntagmes contractuels, disjonctionnels et performanciels pour voir que l’influence des Adjuvants s’avère capitale pour la réalisation des Objets de quête. Pour cela, l’universitaire précise que « ces transformations conjonctives sont transitives étant donné que les réalisations obtenues ont nécessité l’intervention des Adjuvants. » p.138.

En vue de rendre intelligible la significativité de l’action des Adjuvants dans les œuvres de Mongo Béti, le Chapitre IV intitulé La compétence des Adjuvants s’en charge. Il y est davantage question de sortir du carcan du récit pour considérer la part du discours identifiable chez le narrateur. Le chercheur de haut vol conclue « que le choix des Adjuvants par les Sujets et les anti-Sujets n’est pas gratuit. Il vise la complémentarité, les Adjuvants étant appelés à palier l’impéritie des Sujets et des anti-Sujets. » p.175 La partie III du chef d’œuvre s’intitule Importance des Adjuvants. L’ambition y est d’élucider la part des actions de ceux-ci dans la confrontation.

Le chapitre V s’intitule Des rôles de premier plan. Afin de ne pas fouler au pied le principe qui veut que les circonstants/adjuvants soient secondaires dans l’ordre de la syntaxe du récit, Owono-Kouma précise qu’« il ne s’agira pas de prendre le contre-pied de la thèse du sémioticien français.» p. 208 mais il relativise en démontrant à la lumière de la geste romanesque de Mongo Beti qu’il y a aussi une part importante, sinon très importante que les Adjuvants joue dans les récits.

Au dernier chapitre, Procédés de mise en évidence, est-il donné de constater que l’actant Adjuvant se démultiplie en Mama et Zambo à l’épisode II. Medza à l’épisode II est la symbiose des actants Sujets-Adjuvants-Destinataire. Des trois catégories, l’on se rend compte que l’actant Adjuvant vibre au même diapason d’avec l’actant Sujet.

Les applications de cette recherche peuvent être perceptibles dans la science car la théorie sémiotique en matière narrative est amenée à revoir sa copie quant à loger l’Adjuvant à une enseigne de supprimable, de révocable sujet à un discrédit ; en politique la vision du groupe trahit le bord politique de Mongo Beti, défenseur du socialisme, idéologie qui pourrait être expérimentée dans une Afrique en mal de développement ; en pédagogie, les enseignants de français ont là une aubaine pour mieux utiliser la sémiotique incontournable dans les pratiques de classe.

La recherche de pointe côtoie, dans ce magnum opus, la méthode d’analyse poussée à son ultime expression de rigueur. Sa maitrise de la théorie sémiotique le dispute à un langage clair, beau qui rappelle les exégètes gréco-latins, deux caractéristiques qui confèrent à l’ouvrage une place de choix dans la sphère de la critique littéraire au Cameroun.

 

Compte rendu de Gaétan GUETCHUECHI, étudiant à l’École Normale Supérieure de Yaoundé, communicateur du bureau des étudiants et chercheur en littératures et Civilisations négro-africaines.  guetch2@gmail.com


Pourquoi les startups africaines doivent s’intéresser au développement rural?

Introduction

Le développement rural est plus qu’un simple développement agricole car il englobe un espace, l’espace rural, où l’agriculture est au centre du système socio-économique mais au sein duquel existent des activités différentes, avec des fonctions et des objectifs diversifiés, qui sont tous à intégrer et coordonner dans une optique de développement cohérent, durable et solidaire.

Depuis des décennies, l’Afrique rurale enregistre de profondes mutations sociodémographiques, économiques et environnementales (Losch et al., 2013), dont l’étude doit être un préalable pour les politiques de développement rural sur le continent. Au milieu de ces transformations multiformes, les populations rurales tentent de s’affranchir des barrières de la pauvreté, à travers un ensemble d’activités, dans leurs modes traditionnels d’organisation de la vie économique rurale.

Par ailleurs, au-delà des solutions à trouver aux problèmes propres aux sociétés rurales, la satisfaction de certains besoins des villes dans une Afrique en urbanisation rapide exige des approches nouvelles du développement rural de l’Afrique (Loshc, 2014). C’est à juste titre que Mwanza et Kabamba (2002) affirment que le défi de développement en Afrique est indissociable du devenir des espaces ruraux.

Selon la Banque Mondiale, les opportunités économiques liées aux PME sont également loin d’être négligeables : dans les pays en développement, les technologies de l’information et de la communication (TIC) et les technologies mobiles affichent une forte expansion, tandis que, dans le secteur des technologies propres, les PME peuvent mettre à profit un marché qui se chiffrera à 1 600 milliards de dollars au cours de la prochaine décennie[1]. Selon la Doing Business 2017 récemment publiée par la Banque mondiale, l’Afrique subsaharienne est la région du monde qui a enregistré le plus grand nombre de réformes visant à améliorer le climat des affaires en 2013-2014. Ses chiffres sont des résultats encourageant même si des reformes doivent être poursuivies pour l’amélioration de l’écosystème des Startups et des PME Africaines.

Face à ces enjeux multiples de développement d’une part, et, d’autre part, considérant les opportunités qu’offrent le développement des TIC et des technologies mobiles en Afrique, quel modèle d’entrepreneuriat rural promouvoir pour le développement rural durable et sa participation au développement global de l’Afrique ? Quels acteurs de développement pour donner cette dynamique nouvelle au développement rural de l’Afrique ?

Dans cet environnement, le développement rural doit intégrer les stratégies de Startupers Africains, en vue de contribuer à briser le cercle vicieux de la pauvreté et du sous-développement persistant dans les milieux ruraux africains. C’est cette problématique qu’aborde la présente publication, dont l’objectif est de mettre en relief quelques canaux et mécanismes par lesquels le développement rural et agricole est un sous-secteur porteur pour les Startups africaines.

Quand le développement rural coïncide quasi totalement avec l’agriculture en Afrique

Dans les pays en développement partout dans le monde, l’agriculture joue un rôle moteur dans le développement rural. En Afrique subsaharienne rurale en particulier, où vivent entre 65 à 70% de la population totale (World Bank, 2015), l’activité économique est dominée par l’agriculture qui est de type familiale.

En Côte d’Ivoire, sur la période de 1958 à 2015, le PIB agricole représente, en moyenne, 28,40% du PIB global (FAO[2], 2015). L’agriculture familiale y produit plus de 80% de la nourriture consommée dans le pays, et emploie plus de 60% de la population active. En 2014, les prélèvements effectués sur les exportations du cacao (dont la production est essentiellement issue des exploitations familiales) représentent 40% des recettes d’exportations et 30% des recettes fiscales (PANAFCI[3], 2014, p.7). Ce mode d’organisation de l’activité agricole mérite donc une attention particulière, non exclusive. Car, par-dessus tout ce qui précède, l’agriculture familiale intègre aux objectifs économiques de production de biens et services agricoles les autres composantes du développement durable : le social et l’environnement.

Suivant la théorie de la transformation structurelle des économies[4] (Lewis, 1954), cette structure agricole des économies africaines devrait se transformer, à l’image d’autres pays, aujourd’hui émergents, comme la Chine. Analysant l’économie de la Chine sur une longue période, Shapiro Howard,  montre qu’il est possible de capitaliser les « transformations structurelles » intervenues dans une économie et qui la font passer d’une économie essentiellement agricole à une économie industrielle.

De 1952 à 2004, le poids de l’agriculture dans le PIB de Chine est passé de 50% à 14%[5]. Ces résultats ont été possibles grâce au volontarisme du gouvernement chinois, qui envoya des ingénieurs et des scientifiques dans les campagnes pour transférer les connaissances et la technologie aux agriculteurs et encourager la croissance des entreprises non agricoles (Shapiro, 2017). Le partage des connaissances, combiné à de meilleures liaisons d’infrastructures entre les petits agriculteurs, les usines de transformation et les entreprises de vente au détail, est au cœur du succès de la Chine.

Dans le contexte des pays Africains, il est indéniable que compter seulement sur les ressources de l’Etat et les structures publiques d’appui au développement rural de l’Etat limiterait ce processus. Dans ce contexte, nous pensons que les Startups ont aussi leur rôle à jouer.

Pourquoi les enjeux du développement rural et l’agriculture sont une opportunité pour les Startups ?

La dynamique de transformation et de croissance en cours dans l’ensemble des pays Africains est une opportunité à saisir pour les jeunes Startups. S’il est vrai que la croissance est beaucoup plus perceptible en zone urbaine, elle crée aussi des opportunités dans l’ensemble des zones rurales, avec la hausse des prix globaux des matières premières agricoles ses dernières décennies. La démographie galopante dans ces zones est aussi une opportunité à saisir. Nous pensons que les Startups Africaines doivent se les approprier, pour saisir les opportunités suivantes :

  • Améliorer l’accès aux intrants et aux systèmes agricoles améliorés aux producteurs:

Le Challenge pour les Startups de l’agribusiness est de trouver les meilleures stratégies possibles afin d’assurer la disponibilité en semences et en intrants de qualité aux petits producteurs. En effet avec les défis du changement climatique, les challenges sont l’agriculture intelligente, les semences améliorées et tolérantes, les engrais, et les kits de petite irrigation. Dans ce sens, certains besoins des Startups sont en train d’être résolu par la recherche.

Certains projets d’appui au secteur agricole procèdent à la domestication et à l’amélioration génétique de certains aliments traditionnels ou cultures orphelines. A tire d’exemple, le Consortium africain des cultures orphelines (AOCC) va procéder au séquençage des génomes de 101 cultures africaines sous-utilisées et mettre ces informations à disposition du public. Selon Tony Simons, Directeur Général de ICRAF, « ces nouvelles données permettront aux spécialistes de la reproduction végétale d’utiliser les mêmes techniques que celles utilisées dans les cultures en Europe, à l’image du maïs par exemple et de faire rapidement
progresser les cultures africaines » [6].

développement rural_Production de céréales selon l'espace_World Resource Institute
Production de céréales selon l’espace_World Resource Institute
  • Organiser le marché local des produits agricoles

Comme le souligne Bruno Losch dans son article au titre évocateur, « L’Afrique des villes a encore besoin de l’Afrique des champs » (Losch, 2014), un des canaux de libération de l’Afrique rurale est de permettre aux paysans de bénéficier du juste prix de leur labeur. En effet, depuis les indépendances les initiatives publiques en termes d’organisation de la commercialisation des produits agricoles n’ont jamais eu de succès réel. Parallèlement, les intermédiaires informelles entre les pauvres paysans et les villes ont toujours payé aux paysans leurs produits à des prix de misère.

C’est cette fracture entre la demande et l’offre que tente d’améliorer l’Ivoirien Khan Jean Delmas Ehui avec son Projet Lôr Bouôr. D’après les prévisions des Nations Unies[7], plus de la moitié de la croissance de la population mondiale d’ici 2050 devrait se produire en Afrique. La population de ce continent pourrait ainsi plus que doubler d’ici 2050, passant de 1,1 milliard aujourd’hui à 2,4 milliards en 2050, pour atteindre 4,2 milliards d’ici 2100. Et il faudra nourrir ces populations dont la majorité vivra en villes. Il faudra, non seulement, produire en quantité suffisante et en qualité, mais aussi et surtout trouver des acteurs et des canaux équitables pour « envoyer » les produits des champs vers les villes.

  • Appuyer la mécanisation et la transformation des produits agricoles en milieu rural

Les besoins de mécanisation et de transformation des produits agricoles sont tous les bienvenus en vue d’accompagner les dynamiques de créations de pôles agroindustriels au sein de nos pays. Les Startups doivent inonder cette niche en vue de créer de la valeur ajoutée au niveau local. Comme l’a dit Bakayoko Lamine CEO du Groupe AVVA, il existe autant de spéculations agropastorales qui n’attendent qu’un tout petit peu de valeur ajoutée, combiné avec une micro ou mini industrialisation pour favoriser la création de nombreux emplois et la sédentarisation des milliers de candidats à l’immigration.

  • Faciliter l’accès à l’éducation et à la santé

La santé et l’éducation sont une préoccupation pour l’ensemble des pays d’Afrique subsaharienne. En milieu rural, elles sont très importantes car elles agissent sur la productivité et l’autonomisation économique desdites populations. Toutefois, des investissements sont consentis et des réformes opérées dans le secteur par les gouvernements dans l’objectif d’améliorer la qualité et l’accessibilité des soins et de l’éducation pour tous. Avec la libéralisation des secteurs de la santé et de l’éducation, des initiatives de jeunes dans ce secteur peuvent améliorer les indicateurs de santé et d’éducation en milieu rural et aussi réduire la fracture entre les zones urbaines et rurales.

Ces initiatives peuvent aller de la création d’écoles adressant des nouvelles thématiques comme proposées par l’African Leadership Academy du Ghanéen Fred Swaniker et de cliniques en milieu rural à l’introduction d’innovations technologiques. Dans cet ordre d’idée, nous pourrons parler au niveau de la santé de CardioPad du Camerounais Arthur Zang dont l’objectif est de combler le déficit de Médecin spécialiste des Maladies du cœur et au niveau de l’Education, du sac solaire SolarPak qui veut faciliter l’apprentissage aux élèves vivant dans les zones rurales (selon la BAD 700 Millions de personnes n’ont pas accès à l’électricité).

Conclusion

L’une des contraintes pour la lutte contre la pauvreté a été résolue en partie sur certains continents. Les études de cas en cours d’expérimentation en Afrique démontrent que les gouvernements, les entreprises et les associations de la société civile peuvent offrir des services agricoles aux agriculteurs. De jeunes inventeurs et chercheurs Africains ont mis au point des outils, des procédés peu couteux et efficaces dans les domaines de la santé, de l’éducation, de l’agriculture et de l’énergie. Nous devons simplement imaginer des stratégies indigènes qui nous permettent de faciliter l’accès à ces solutions aux populations Africaines, vivant dans ses localités dites reculées. Le véritable défi aujourd’hui pour endiguer la pauvreté en Afrique reste donc la bataille de la stabilité et de la « logistique ».

Pour réussir ce challenge, nous avons besoin de volonté, de plus de personnes, dirigeants d’initiatives de développement humain au sein de leur Startups. Pour voir croître ces initiatives, nous pensons qu’il faut plus de personnes qualifiées dans les domaines du développement humain, des spécialistes de la santé, de l’éducation, de la formation des agriculteurs et des commerciaux. Des personnes qui dédient leur carrière pour améliorer les conditions de vie des autres.

La rentabilité des entreprises sociales Africaines n’est plus à prouver. Le principal combat reste maintenant celui de la synergie de leur effort en vue d’appuyer une gigantesque opération de plaidoyer auprès des investisseurs nationaux et internationaux. Les capitaux privés et les philanthropes dans le monde doivent savoir qu’il existe une armée de jeunes dédiés au combat de la lutte contre la pauvreté, maitrisant mieux les écosystèmes africains et qui ont besoin de plus de fonds de roulement et de capitaux risques pour accroître leur impact. Selon Andrew Youn CEO de One Acre Fund « Techniquement parlant, c’est incroyablement possible de mettre fin à la pauvreté. Nous devons juste distribuer des biens et services reconnus à tout le monde. ».

 

Contributeur:  GUENIN SAHI Stephane Diomandé, Ingénieur Agroéconomiste

Références bibliographiques

Losch, B., 2014. L’Afrique des villes a encore besoin de l’Afrique des champs, Le Déméter 2014, p. 95-114.

Losch B., Magrin G., Imbernon J. (dir.), 2013, Une nouvelle ruralité émergente. Regards croisés sur les transformations rurales africaines. Atlas pour le Programme Rural Futures du NEPAD, Montpellier : Cirad.

Hugo Mwanza et Kabata Kabamba, 2002. « Pauvreté et marginalisation rurales en Afrique au sud du Sahara », Belgeo, 1 | 2002. URL : https://belgeo.revues.org/15423 ; DOI : 10.4000/belgeo.15423

PANAFCI (2014). Défis, propositions et engagements des organisations de producteurs et de la société civile pour la promotion de l’agriculture familiale en Côte d’Ivoire. Document de propositions de mesures politiques pour le développement de l’agriculture familiale. Inades-Formation Côte d’Ivoire, décembre 2014.

Kathleen Beegle, Luc Christiaensen, Andrew Dabalen, Isis Gaddis, 2016. Poverty in a raising Africa. Washington DC : World Bank, [2016].

Lewis, W., 1954. Economic development with unlimited supplies of labour. The Manchester School 22, 139–191.

 

Autres ressources et vidéos sur le sujet

[1] https://www.infodev.org/publications/green-industries

[2] https://www.fao.org/nr/water/aquastat/data/query/results.html

[3] Plateforme d’Action Nationale pour l’Agriculture Familiale en Côte d’Ivoire

[4] Cette théorie soutient la thèse d’un unique sentier de développement (Chemin de Lewis), par lequel les pays en développement transforment la structure de leurs économiques et passent des économies centrées sur l’agriculture à des configurations plus diversifiées, basées sur l’industrie, puis les services et les télécommunications (Losch, 2014).

[5] Contribution de Shapiro Fighting economic inequality through the food supply chain

[6] https://www.fao.org/news/story/fr/item/1032668/icode/

[7] https://www.un.org/french/newscentre/

 


La finale de la CAN 2017 vue de l’Egypte par un Lion Indomptable !

Quand le football devient l’opium du peuple !

Je sais que je vais même débuter l’article ci par où nor pèr ! Un piment épicé de joie vibre dans mon cœur  ! En tout cas allons seulement : ça sort comme ça sort, Hallatoul comme disent mes amis égyptiens…
Avant la finale de la CAN 2017, il fallait être en Egypte pour comprendre que le football ici c’est plus qu’une passion mais une religion. Le foot ici c’est « l’opium du peuple » comme dirait Karl Marx.

Avant le choc pharaonique ! 

A 11h : Lorsque je me rends chez le boutiquier du quartier pour acheter les épices pour sauter un petit repas, je vois des gamins d’environ 7 ans venir acheter des Vuvuzelas. L’épicier se rendant compte que je souriais, me demande : « Cameroonii, Ifriqiya… ? ». Quand il se rend compte que je suis un camerounais, l’équipe contre laquelle ils livreront la finale, il se moque en me signifiant qu’il vont nous renvoyer dans la forêt ! J’esquive l’attaque et je rétorque que le meilleur gagnera en le prévenant que cela ne sera pas aussi facile qu’il le croit.
15H56 : Dans l’après-midi, je suis moi en train de « flex » devant un article quand des hourras répétitifs me perturbent. Je descends dans la rue pour « look » et le Rouge-Blanc-Noir envahi mon champ visuel. Des écrans géants s’installaient de part et d’autres à chaque coin de ruelle. Les salons de café et de Chicha espaces classiques, pour regarder les matchs étaient bondés dès 18h. Tandis que certains jeunes s’amusaient à défiler avec le drapeau égyptien dans des voitures, d’autres soufflaient à gorge déployée dans leur vuvuzela ! Laissez moi vous dire que même les femmes s’y mettaient également ! Un concert cacophonique mais dont la mélodie finit par émerger à force d’écouter.
Vers 19h17 : les rues ne sont plus bondées, elles sont inondées ! Les femmes ont entraîné leurs petits avec elles. Des familles entières sont là scotchées devant un écran, qui crache des paroles incompréhensibles pour moi mais qui incitent, suscitent et excitent l’émoi des fans ! On voit des enfants qui se sont tatoués le visage aux couleurs de l’Egypte.
20h : La tension est à son comble ! Tout le monde est présent : même la grand-mère a rejoint les petits-fils devant l’écran. Les rues deviennent des églises à ciel ouvert où les fans tels des ouailles, attendent impatiemment le lancement de la compétition pour assister à la « chasse » du Lion par le Pharaon. Ils écoutent cérémonieusement le rapporteur du match comme un abbé ! Chaque mot déclenche un soupir, chaque phrase les fait tressaillir davantage.
20h30 : On retransmet la séquence vidéo où notre capitaine Rigobert Song alias Maniang perd la balle qui permettra au joueur égyptien Zidane d’inscrire le but qui donnera la victoire à l’Egypte lors de la CAN 2002. Mamaaaaa ! C’est l’enjaillement que tu voulais voir ! Ils commencèrent à festoyer et à célébrer avant même le début de la rencontre car rassurés par cette belle réminiscence ! Oubliant cependant que « souvenir » et « devenir » riment certes mais ne friment pas ensemble ! Ils ignoraient que l’effervescence d’une réminiscence est périlleuse : « on ne vend pas la peau du Lion avant de l’avoir tué » ! Mais surtout qu’un animal blessé devient plus dangereux qu’un crotale !

Des supporters caméléons… !

21h : Au lancement du match, la tension est à son apogée ! Les grands parents, les parents, les enfants, les voisins et même les boutiquiers abandonnent leurs activités et se concentrent, comme durant une prière, devant leur écran. Le regard fixe, le corps tendu, ils attendent l’instant de délivrance… Qui ne tardera d’ailleurs pas avec l’inscription du premier but égyptien ! Mamaaaaa ! Ce sont les bruits que tu voulais entendre ! Déchaînés, ils créèrent un vacarme assourdissant tandis que nous nous plongions dans un silence éloquent, pareil à une veillée mortuaire !
Ah Mofmidé, c’est ici que j’ai confirmé que les camerounais sont de vrais caméléons: il fallait voir comment des insultes fusaient par ci et par là à chaque fois que nos joueurs dégommaient (comme si c’était facile) ! C’est même un collègue tchadien du nom de Muna Sawa qui réussit à nous redonner le sourire et la confiance en l’équipe. Et il prophétisa même l’issue finale du Match : Cameroun 2-1 Egypte !
Si l’égalisation de Nicolas Nkoulou a mis du sel dans la sauce égyptienne, le but victorieux majestueusement inscrit par Vincent Aboubakar sera le piment qui finalisera la cuisson de la sauce : on était prêt à consommer la victoire ! C’est la joie que tu voulais voir : Burkinabé, Béninois, Tchadiens, Congolais…criaient, sautaient, chantaient à tue-tête car agréablement surpris par le retour de l’équipe ! Unis derrière les lions, nous ne formions plus qu’une nation : nous avons paniqué, stressé puis célébré… Ensemble !

Du piment au ciment social.

Au regard du contexte, nos manifestations de joie se devaient d’être contrôlées et mesurées car nous étions sur le territoire des vaincus et nous savons tous que la défaite et la colère sont de mauvaises conseillères… Lorsqu’on met : Défaite + Colère + Samara = Indigestion ! La sauce devient très pimentée, étouffante et difficile à avaler surtout pour des fanatiques du ballon rond !
Retourner dans nos domiciles respectifs devint donc un parcours du combattant ! Ignorant la réaction des supporters égyptiens, nous craignions des représailles ! J’ai d’abord commencé par changer mon maillot des Lions indomptables pour le mettre à l’envers : owoo prévenir vaut mieux que guérir ooh … En chemin, un égyptien s’adressa à une collègue camerounaise :
– « Enta Camérouni ? (Es tu camerounaise ?)
– Là, (non! ) répondit-elle avec empressement !
Ce refus circonstanciel d’appartenance à la nation camerounaise me fit immédiatement penser à Pierre reniant involontairement sa relation d’avec Jésus-Christ afin d’échapper à… la persécution ! C’est sur ces entrefaites que nous rejoindrons paisiblement nos domiciles. Plus de peur que mal mais la fierté dans l’âme. Discipline + Détermination = Victoire ! Bien que Fabrice Ondoa soit bon ou ait un don comme Christian Bassogog, c’est à toute la tanière que revient la victoire ! Les égyptiens, désenchantés, désillusionnés, déçus, désemparés, déboussolés… n’en revenaient pas… Ils venaient de perdre la CAN face à des Samara (Noirs) et c’est ce qui, je crois les blessent le plus !!!

Après l’euphorie de la victoire, revient la dysphorie notoire du « problème anglophone » avec les violations des libertés fondamentales qui gangrènent actuellement mon beau pays ! Ne soyons point distrait, suivons et impliquons nous activement dans la marche en cours de l’Histoire nationale…