Christian ELONGUE

(Mon) dictionnaire de l’arabe dialectal égyptien : tome 1.

On commence par un petit apéro…

La langue est surement la clé qui ouvre les portes d’une culture. Composante fondamentale de toute civilisation, la langue est le socle des valeurs, le réservoir des connaissances et de la vision de tout peuple. L’existence d’un peuple est même souvent rattachée à la présence d’une langue parlée ou employée par une communauté d’usager. Il existe même de très petite communauté dont la légitimité n’a été reconnu que grâce à l’existence et l’usage d’un code linguistique qui leur est propre. L’intégration à la mondialisation nous oblige, insinueusement à être bilingue non seulement pour avoir de meilleures perspectives d’emploi mais le fait de parler deux ou plusieurs langues est une stimulation au niveau cognitif et même une certaine protection contre la survenue de la démence.

Mais bon, laissons ça de coté. J’ai commencé par une digression avant d’attaquer le fond même de mon article : l’importance capitale que revêt la langue pour accéder à une culture étrangère. Depuis près de deux ans que je vis en Egypte, l’usage courant de la langue arabe a toujours été mon plus grand défi. Vivre en Egypte sans parler l’arabe c’est comme vivre sur la lune. Non ! J’exagère un peu : c’est comme vivre au royaume des sourds-muets ! Quand tu ne maitrises pas l’arabe, toute communication voire l’intégration devient très difficile. Et il faut effectuer de véritable gymnastique pour se faire comprendre par l’égyptien lambda. Des cours d’arabe que j’ai reçu à mon arrivée à l’université Senghor, je n’ai retenus qu’une poignée dont je vous donnerai la signification et mes différents usages.

1. Allartoulle : l’indicateur géographique le plus utilisé des senghoriens.

Allartoulle: nom masculin singulier qui signifie « droit devant » ou « tout droit ». Sens 1 : C’est le principal mot qui me sert comme indicateur géographique surtout lorsque tu es embarqué dans les transports publics. Pour indiquer au chauffeur ou au taximan que tu n’es pas encore à destination, il suffit de prononcer le mot magique « Allartoul » pour qu’il comprenne. Il va essayer d’avoir davantage de précision mais comme c’est tout ce que je connais, je repète seulement « allartoul » ou à défaut je donne le nom d’un lieu ou batiment connu autour de ma destination. Sens 2 : Cette expression dans le jargon senghorien est synonyme de « allons jusqu’au bout » et sert à exprimer le courage ou la détermination à achever une action ou une activité. Chez nous au Kamer, on dit « ça sort comme ça sort » et les Ivoiriens avec Molaré diront « Allons seulement… ! »

2. Habibi, expression de l’affection mais à usage modéré.

Sourire niais d'une égyptienne
Daniel Kliza_Egyptienne a Giza
  • Habibi : Sens 1 : Ce mot était « mouckellatique » car il avait une connotation différente selon qu’on passait d’un milieu ou d’un individu à un autre. Tu vas le dire à un égyptien et tu le verras sourire. Tu dis la même chose à un autre et il s’énerve. Mais l’important c’est de ne jamais le dire à une « femme » égyptienne sauf si c’est une amie intime. Sinon elle affichera un sourire gené et se sentira embarrassée ou alors elle feindra l’indifférence. Si par malheur, des hommes sont aux alentours, tu verras des regards suspicieux se poser indélicatement sur toi. Mais si par malchance, c’est son époux qui est là et t’entend appeler sa chérie ainsi, mon frère tu auras chaud… Je réservais donc l’usage de ce terme affectif pour certaines collègues noires africaines de l’Université car l’expression « chérie » chez nous  a presque été banalisée et désémantisée.
  • Sens 2 : Habibi était aussi le sobriquet affectif que nous avions attribué à une sexagénaire indigente dont le « bureau » était à l’entrée de l’Université. Très courtoise, elle nous saluait chaque matin à notre descente des bus. Elle se montrait aussi très « affective » et reconnaissante quand elle recevait certains égards ou geste de magnanimité des passants.

3. Mafich Mouckella ou l’expression de l’entente.

  • Mafich Mouckella: expression courante qui sert à marquer l’assentiment ou l’entente entre deux parties après une discussion. Le mot « mouckella » en arabe signifie « problème ». Donc quelqu’un de « mouckellatique » c’est quelqu’un de « problématique ». C’est le genre de personne qui ne peut s’empecher de semer la pagaille autour de lui ou de provoquer. J’employais donc l’expression « Mafich Mouckella » surtout après une discussion pour indiquer que je n’en tenais rigueur à personne : qu’il n’y avait point de souci. Qu’on était quitte quoi.

Kétire : terme économique très nécessaire et « stratégique » pour les négociations.

  • Kétire: expression qui signifie littéralement « c’est très cher ». C’est l’un de mes mots préférés. Surtout lorsque je fais des achats dans les magasins des avenues commerciales de Khaled Bin Walid ou dans les prêts à porter de Mancheya. Je dois vous avouer qu’avant ma venue en Egypte, j’avais toujours cette fâcheuse habitude devenu réflexe de vouloir marchander et négocier le prix. En tant que fils de commerçants, j’avais gardé en esprit que le premier prix qu’on appelle chez nous « prix taxé » n’était jamais le « bon prix ». Chez nous, quand tu fais le marché, que ce soit à Mboppi ou dans n’importe quel marché, c’est après de apres et dures négociations que le vendeur te fait des réductions qui équivalent parfois à 15 ou 20% du « prix taxé ». Mais ça c’est au Cameroun, en Egypte, c’est tout autre chose ! Les prix ne se discutent pas sinon très rarement ! C’est presque comme à Monoprix : on t’informe seulement du montant et c’est à prendre ou à laisser ! Tu montes tu descends tu vas sauf que buy alors retourner avec tes dos. Et si tu penses qu’ils vont t’appeler pour accepter te faire un rabais, c’est que tu as menti. Tu vas faire 100, 200… 800 m en attendant qu’il te rappelle, comme ça se fait chez nous, mais il n’y aura rien. Quand tu retournes la tête après un km, tu vas constater qu’il ne te gère même pas et il va continuer avec d’autres clients ou vaquer à d’autres occupations.

Malgré ce constat, je ne pouvais m’empêcher de vouloir marchander : d’autres diront que c’est le sang bami qui coule dans mes veines (et puis quoi ?!) Je suis bami et fier de l’être : ma’a calcul, ma’a plan. Si ça t’énerve, tu sautes et tu… C’était juste une autre parenthèse hein 😊 ! Je disais donc que le mot « Ketir » était le premier son que j’émettais, presqu’automatiquement, lorsqu’un boutiquier, surtout de la rue, m’indiquait le prix d’un article vestimentaire. Ils étaient toujours surpris de voir que je ne parvenais plus à dire autre chose par la suite car c’était le seul mot marchand que je maitrisais en arabe. On poursuivait donc les négociations avec des expressions faciales, des mimiques ou de la gestuelle pour signifier soit mon accord ou désaccord.

Même si je ne parlais pas arabe, je faisais souvent à quelques petites astuces d’art oratoire pour ramollir le vendeur. Comment ? En suscitant la conversation autour du … football : une passion pour la plupart des égyptiens qui sont friands du ballon rond comme un chien pour un os. Ils vont directement vouloir te rappeler qu’ils sont les pharaons du football africain avec 7 trophée de CAN à leur actif. Ils se lançaient donc dans un long discours panégyrique pour leur joueur favori Abou Treicka qu’il disait être le meilleur de tous les temps. Je ne m’y pretais que partiellement puisque ma stratégie était de le rendre joyeux pour qu’il rabaisse le prix de mes articles !

Atteignais je mon objectif ainsi ? A 70 % oui, cela marchait ! Je parvenais ainsi à économiser environ 20 à 30 % sur le prix initial des articles qu’ils prenaient souvent un malin plaisir à augmenter en pensant que je suis un Afro-américain.

Evidemment, les « muna for borbor » ne se prêtent pas à ce genre de jeu. C’est donc difficile de voir un « boss » employer le mot « Ketir ». D’où la différenciation sociale observée dans l’usage de ce mot.

Shoukran, expression passe-partout de la gratitude ou d’un remerciement.

  • Shoukran ou « Merci » car j’ai toujours été poli envers les autres. Je l’utilise donc à tout moment pour remercier des services que je reçois. Il m’arrive même parfois de dire « Merci » lorsque victime de railleries ou de moqueries. L’indifférence est parfois la meilleure réponse aux incultes.

Bon, je pense qu’il faut que j’arrête là pour l’instant sinon l’article ci risque d’être très long (comme si ce n’est pas déjà le cas) et ça risque te fatiguer ( 😊 j’espère c’est pas le cas). Ceci n’est qu’un apéro, je vous décrirai dans un prochain billet, les autres mots de mon vocabulaire égyptien comme Samara, Magsôs, hamssa talartirne etc. En passant, on pourrait dire que ce sont mes « idiolectes » c’est-à-dire l’ensemble des usages du langage propre à un individu donné. Les idiolectes permettent de concilier la nécessité de communiquer avec les autres et celle, pour chaque personne, de pouvoir exprimer sa façon particulière d’être et de penser, ses goûts et ses besoins. L’idiolecte peut se manifester par des choix particuliers dans le vocabulaire et la grammaire, par des phrases et des tours particuliers ou particulièrement récurrents, ainsi que par une intonation et une prononciation particulières. Chacune de ces caractéristiques est appelée idiotisme.

PS : Que tout lecteur arabophone du présent billet ne s’offusque point en pensant que je maltraite les mots arabes mais c’est par besoin de compréhension, encore que je ne maitrise pas l’écriture arabe. Bon on se dit à bientôt ! Maa Salarma…


Le tropical New Bell

Je suis dans la rue et la musique me pénètre à l’oreille

Tu marches sur la route, les creux de la roue te cadencent

Une maman rit la bas, une jeune fille vient de jeter un bébé

 

Les flammes l’ont consumé, ah ! on l’a lynché hier

New Bell tropical. News de chez nous

Les beignets chauffent encore dans la cuvette

Junior ne veut pas attendre. Il a faim

 

New Bell de l’arnaque ! New Bell tropical

Les souris vendent leur rareté à prix d’or

Les rats n’ont pas d’amis que des hommes

Tu ne vas pas à l’école ? ah ! tu joues au football

Eto’o a fait comment ?

 

New Bell c’est ça, New Bell tropical

Elle t’appelle de nuit; c’est la belle de nuit

Son soleil c’est la lune. Sa lumière du jour les lampadaires

Elle regarde, cible, appelle, elle sait comment te… ?

 

Il vient de renverser la mère de Brenda

Les gens là savent tuer, ah ! eux. Elle est même morte

Ah ! on enterre quand ?

Le benskin est une arme plus dangereuse que la Kalashnikov

Même les gars du BIR confirment ; New Bell tombeau tropical

Si les birois le savaient, Boko haram serait fini

 

New Bell, c’est New York

New Bell cousin de Babylone

New Bell New style. African way of life

On rit, on pleure, on joue, on drague, on tue

New Bell, quartier tropical.


Wakh’Art : un combat pour l’art comme outil de développement au Sénégal

Du 5 au 7 octobre 2016, la semaine dernière, j’ai participé à un bootcamp des organisations américaine Ashoka Changemakers et American Express dans le but de connecter, d’inspirer et de renforcer les compétences de 20 entrepreneurs sociaux issus de 7 pays d’Afrique : Cameroun, Bénin, Cote d’ivoire, Sénégal, Gabon, Burkina Faso et Mali . Ce bootcamp est la suite d’une série de cinq autres qui se sont déroulés à travers le monde : Toronto, Mexico, NewYork, Nairobi. A Dakar, j’ai donc fait des rencontres surprenantes avec des entrepreneur(e)s au profil étonnant et très intéressant. J’aimerais néanmoins, marquer un coup d’arrêt sur un profil, celui de Ken Aicha Sy et à travers elle celui d’une organisation: WAKH’ART !

Au départ, une rencontre singulière… 

Au départ, rien ne présageait un quelconque lien entre moi et cette entrepreneure sociale. Déjà lorsque je consultais la partie du programme présentant la biographie des entrepreneurs, je vis le nom Ken Aicha Sy. Je fus étonné puis intrigué de découvrir qu’il y avait des japonaises ou du moins des japo-sénégalaise à ce bootcamp. En poursuivant, mon regard fut encore interpellé par sa photo : on y retrouvait un regard lointain, profond et éloquent.  C’était la seule photo parmi les vingt, où le sujet ne regardait point l’objectif. Sa biographie m’apprenait qu’elle était métisse et fille d’un grand artiste plasticien galeriste sénégalais : El Hadji Moussa Babacar SY dit ELSY, un « militant de la liberté de création impliqué dans la défense et la promotion des artistes sénégalais et africains ». Cette découverte décupla mon enthousiasme à découvrir la personnalité qui se cachait derrière ce nom et ce visage.

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Ken Aiche Sy. © Christian Elongue

          Malheureusement (pour moi), mes surprises ne s’arrêtèrent pas là et je découvrais, durant les ateliers que son corps en lui-même était un terrain d’expression de l’art ! Des tatouages représentant l’Afrique, des mots pulaars “ Laambo Sy bi fouta”  et surtout celui de son label : WakhartMusic. Ce constat acheva de me convaincre de ce que j’avais là juste sous les yeux, une « artiste » (elle ne le revendique point) au sens de Matt Crepinofsky: « est artiste celui qui succombe aux charmes de la philanthropie. Seul le vrai philanthrope peut espérer plonger au cœur de la sensibilité artistique par l’amour qu’il porte à l’humanité ». Oui ! Son amour pour l’art, elle le porte en elle, son regard le transmet et son corps l’exprime… librement !

Cette image de l’artiste se confirma suite aux échanges que nous avons occasionnellement eu plus tard. Je pris davantage connaissance de son travail et en restais subjugué. Au-delà de sa plateforme de médiatisation culturelle, elle cherche à mettre en lumière les artistes et la culture au Sénégal. Après 5 années d’existence, Wakh’art, dirigé aujourd’hui par Ken Aicha Sy et WakhartMusic dirigé par Moulaye WAM, réussit tant bien que mal à se frayer une place au sein du paysage culturel sénégalais voire international et parvient, petit à petit, à faire entendre sa voix. Cela se voit à travers les nombreux visiteurs et artistes internationaux qui déambulent dans leurs locaux au quartier Mermoz. Lors d’une visite, l’atmosphère et le décor vous saisissent dès l’entrée et vous interpellent à la contemplation. Les murs intérieurs sont couverts de tableaux  aux images surréalistes qui accrochent le regard. Ceux de l’extérieur portent la marque originale et singulière de la créativité des grapheurs Dakarois.

Façade Arrière Wakh'Art © Christian Elongue
Façade Arrière Wakh’Art © Christian Elongue

Vous vous rendez compte : Ken et Wakh’art ne font qu’un. Cette jeune sénégalaise et son équipe, se battent inlassablement au quotidien pour la reconnaissance de l’art comme facteur de développement au Sénégal. Et ce, malgré les difficultés liées au financement. Et comme le confirme, Marema Bao, Directrice Générale Adjointe du Groupe COFINA : « les banques financent très difficilement sinon jamais les entreprises culturelles ». Cette assertion résume toute la difficulté que des entreprises comme Wakh’art rencontrent avoir accès aux facilités techniques, au crédit bancaire et à l’investissement pour financer leurs différentes activités. Cela est sans doute lié au caractère aléatoire de la demande des biens culturels. En effet, l’imprévisibilité d’un retour sur investissement aggravées par l’importance de la piraterie (Wakh’Art Music-WAM) effraient le secteur bancaire et rebutent les investisseurs privés.

Cette assertion quoique décevante demeure cependant la triste réalité. Du coup, cela trahit une insuffisance d’éducation artistique et culturelle. L’Afrique se singularise par la rareté des programmes d’enseignement et d’éducation artistique au sein du système éducatif public. Rares sont les écoles d’Afrique subsaharienne qui ont des programmes de partenariat avec le milieu de la culture et cela génère une « incapacité » à pouvoir pleinement apprécier (savourer) la qualité des œuvres culturelles ou du moins à reconnaître leur importance dans la construction de notre imaginaire. L’accès au financement d’entreprises culturelles sera toujours très difficile tant que l’on n’aura pas relevé ce niveau d’éducation artistique auprès de la jeunesse ou des populations africaine. Ce combat, Wakh’art le mène à travers l’un de leurs projets « L’Art à l’école » qui vise à démocratiser le goût de l’art aux plus jeunes à travers des ateliers d’écriture, de photographie… Or étant donné que l’enfant d’aujourd’hui est le père de demain, il est certain que les jeunes bénéficiaires de pareilles initiatives pourront accorder une meilleure place à la culture dans leur famille ou futures entreprises. Ce projet n’est qu’un des nombreux que défend l’organisation Wakh’art qui dispose d’un site contenant bien d’autres informations utiles et intéressantes sur la promotion de l’art au service du développement ! N’hésitez surtout pas à y faire un tour, vous n’en reviendrez pas déçu !

Au finish, le partage d’une vision commune de la culture…


Bataille Sans Muraille

Poème: Une Bataille sans muraille.

Jalonnés par tes souvenirs,
Etalonnés par des désirs,
Talonnés par mes plaisirs,
Aiguillonnés comme par un élixir,
Illusionnés tel un mirage,
Ma mémoire, mes sens, mon corps, mon être,
Et mes pensées sont prises en otage par ton image.
Femme originale et fatale,
Aguicheuse et dangereuse tel un crotale,
Naturelle et belle comme un soleil,
Inconventionnelle et introspective, tu m’émerveilles.
Nébuleux sont mes rêves sans toi.
Ah ! Que ta vue me remplit d’alacrité !
Y réside une fascination telle la mélodie d’Orphée.
Il se déroule sous ma poitrine, une bataille
Et sous mon candy, ça mitraille
Pourrais-je surpasser ma fierté érigée en muraille ?
Serais-je à  la hauteur de tes attentes ?
Isis ! Que tu me rejettes comme consort,
Davantage cruel ne saurait être le sort…
J’ose croire qu’il en sera autrement,
Ou alors qu’Héra arrêtera mon tourment,
Une de tes œillades a rendu mon Cœur malade
Et depuis lors, mes sentiments sont en rade
Kératinisés ont été mes principes
Or j’aimerais savoir ce que tu penses de moi
Une fois de plus, pauvre homme misérable que je suis qui sans être en transe te dit :…

 

By: C. Scotfield

Note de l’auteur: Ce poème a été écrit en 2012. A l’époque, il exprime ici les effets subséquents d’une demoiselle sur sa personne. Bien qu’elle eut bien accueilli le présent poème, elle considéra son auteur comme étant un romantique alors qu’elle recherchait un macho. 


Do U Believe in Miracles ?

           Je reprends mon clavier aujourd’hui. Toutefois je ne me verserai point dans les rituels du blogging. Je ne vous présenterai point d’intrigue. Je ne tournerais point autour du pot. Je ne vous parlerais point à mot couvert. Je vous parlerais à cœur ouvert. Aujourd’hui plus qu’hier. Hier plus qu’auparavant. Je ne tergiverserais donc point. J’irai droit au but. Je parlerai sans anicroche. Je vous exposerai le fond de ma pensée à l’instant où je couche ces lignes. Pourquoi cette rupture ? Parce que mon Sujet n’aime point les fioritures. Il est simple mais grand. Pour lui les artifices n’ont point de valeur. Il ne se limite pas à notre apparence mais à notre être. Ce que nous sommes, ce que nous vivons, ce que nous pensons, ce que nous cachons, ce que nous voilons, ce que nous dérobons… Il le sait. Il le voit. Il le dévoile. Car il est omniscient et omnipotent. Je sais que ces deux expressions vous révèleront, peut-être, l’identité de mon sujet : DIEU.

           Certains l’appellent ainsi mais moi non. Car il ne s’agit là que d’un terme générique tout comme carnivore désignant les animaux se nourrissant de viande mais Lion, le nom propre et spécifique d’un animal de cette catégorie.  Dieu est donc un terme générique pour désigner une divinité. Dieu désigne un principe transcendant, supérieur aux hommes et à la nature, créateur et maître de tout. Chaque peuple a un Dieu, une divinité sur laquelle se fonde les espoirs, se dépose les déboires sans pour autant le voir. Les débats et polémiques autour de son existence ou non sont légion et je ne voudrais point m’y impliquer car il très difficile d’y faire consensus. Tout ce qu’il faut, c’est que nous respections les divinités des autres, sans pour autant les juger. Ne regardons pas l’autre au prisme de nos principes. Le faire nous conduira toujours à des guerres ou des violences. Respectons la différence de l’autre.

          Comme je le disais plus haut, Le Dieu que je sers a pour 7 noms propres ayant tous une signification et un effet particulier. ELOHIM -L’une des plus anciennes appellations du Dieu de la Révélation. Signifie “être fort, puissant”. Convient particulièrement au Créateur de Genèse 1 où il est constamment employé. Il revient 2312 fois dans L’Ancien Testament. El-Schaddaï- (Dieu Tout-Puissant, Genèse 17:1); El-Elion- (Dieu très haut, Genèse 14:18); El-Olam- (Dieu de L’Eternité, Genèse 21:33); El-Ganna- (Dieu jaloux, Exode 20:5); El-Haï- (Dieu vivant, Josué 3:10). YAHVÉ- C’est le nom le plus employé dans L’Ancien Testament (6499 fois); il est rendu en français par L’Eternel.

ADONAÏ- Mon Seigneur, Mon Maître.
YAHVÉ-JIRÉ- (L’Eternel pourvoira, Genèse 22:13-14)
YAHVÉ-RAPHA- (L’Eternel qui te guérit, Exode 15:26)
YAHVÉ-NISSI- (L’Eternel ma bannière, Exode 17:15)
YAHVÉ-RAAH- (L’Eternel mon Berger, Psaume 23:1)
YAHVÉ-SCHALOM- (L’Eternel Paix, Juges 6:24)
YAHVÉ-TSIDKENU- (L’Eternel notre justice, Jérémie 23:6)
YAHVÉ-ELOHIM- (L’Eternel Dieu, Genèse 2)

             Chez les Hindous, les trois principaux dieux forment le « Trimurti » (la trinité) : Vishnu, Shiva et Brahma. Les musulmans l’appellent AllahChaque peuple est libre d’avoir et de louer la divinité qui l’intéresse du moment que cela participe à leur épanouissement spirituel et que leurs pratiques sont le reflet du « bon sens ». Mais qu’est-ce que le bon sens ? Je ne le sais pas. C’est vrai Descartes déclarait que le bon sens est la chose du monde la mieux partagée. Mais je pense qu’il s’agit là aussi d’une notion relative car si la raison est pouvoir de distinguer le vrai du faux, quel ordre de ce pouvoir doit-on suivre pour penser parfaitement ? Si tous les hommes ont reçu par nature la raison, comment se fait-il qu’ils soient souvent dans l’erreur et qu’ils se perdent dans des conduites irrationnelles ? Quoiqu’il en soit, nous devons toujours nous remettre parfois en question pour nous assurer que nos actions sont en adéquation avec notre conscience. Mais qu’est-ce que la conscience ? Ça encore je ne sais pas. De mon passage en classe terminale au Lycée de Bonabéri, je n’ai retenu que cette définition un peu trop philosophique à mon goût : « la conscience est la présence de l’esprit à lui-même dans ses représentations, comme connaissance réflexive du sujet qui se sait percevant. » Malheureusement je ne suis point philosophe pour vous en éclaircir les contours.

            « Chassez la nature et elle revient au galop » a-t-on coutume de dire chez nous. Je croyais aller droit au but mais je réalise que je n’ai pas encore atteint le but. Trêve de blablatérage : peu importe le sens du mot conscience, je voulais tout simplement dire que j’ai pleinement conscience de l’existence d’un être transcendantal qui veille sur moi, mon moi, chaque mois, chaque jour, chaque minute, chaque seconde, chaque tiers instant de la vie. Je ne sais même pas ce que j’ai fait pour mériter toute cette attention mais Il est toujours là quand j’ai besoin de lui. Quand je crie, il me répond. Je pleure, il essuie mes larmes. Me fortifie quand je suis faible…

                   J’imagine, vous devez déjà avoir entendu ces mots qui finissent parfois, par tomber dans une banalité désarmante. Mais je tenais à le dire car tout ce que Dieu attend de nous c’est qu’on reconnaisse ses Grâces, ses bienfaits et bénédictions dans nos vies et qu’on puisse Lui rendre Grâce, hommages et témoignages. Très souvent, il agit dans nos vies sans qu’on en prenne conscience. On assimile cela à de la providence ou parfois à de la chance. (en passant, quelle est la différence entre ces deux termes). Mais je suis convaincu de ce que la chance ou la providence n’est point fortuite, elles sont le résultat de forces métaphysiques qui dépasse notre entendement. La chance ne sourit qu’à celui qui y croit. Mais y’a des événements qui arrivent et vous forcent à prendre conscience de ce qu’il ne s’agit plus du fruit de la chance ou du hasard mais d’une préscience. La prescience est la faculté de savoir ou de connaître d’avance ce qui va se produire ou exister. Dans la Bible, il en est question surtout, mais pas exclusivement, en rapport avec Jéhovah Dieu le Créateur et ses desseins.

Merci El-Haï

         En effet, ce mardi j’ai eu à oublier mon appareil photo Nikon Coolpix sur le siège d’un jardin public après une visite chez le dermatologue. Ma panique et mon désespoir furent immense puisque la mémoire de cet appareil contenait l’intégral d’une interview d’intérêt professionnel pour laquelle je m’étais rendu à Bruxelles le week-end d’avant. Mais je me suis souvenir de la Puissance de l’Eternel pour qui Rien n’est impossible. J’ai donc prié pour Lui confier ce problème et attendre mon miracle. Mon entourage me traita de « naïf » face à la bonne foi et surtout la confiance que j’avais de pouvoir retrouver un appareil en aussi bon état. L’on me relata que cela n’était jamais arrivé auparavant car ceux qui tombaient sur ce genre d’objet ne les déposaient presque jamais au commissariat. Malgré cela j’ai continué à prier Jehovah pour lui dire que j’attendais Toujours mon miracle et il m’a répondu cet après midi. En effet, je l’ai retrouver par inadvertance sur un site de vente d’objet d’occasion en ligne. Et après d’âpres négociations, j’ai finalement pu le racheter auprès du revendeur qui prétendait l’avoir récupérer au marché noir. Quoi qu’il en soit, ceci est une preuve manifeste de ce que Dieu, Allah, Boudha… est vivant. Il suffit juste d’avoir et de garder la Foi et vous verrez ses miracles s’accomplir dans sa vie. Ce court témoignage n’est qu’un échantillon des merveilles qu’il fait dans ma vie. Donnez-lui votre vie, confiez-vous en Jésus et il fera de même dans votre vie. Louez soit son Nom !!!

 


Mélancolies de la famille senghorienne !!!

Christian Elongue
Family is love forever

En ce jour 11 juillet 2016, cela fait exactement 10 mois jour pour jour que j’ai rejoint l’Université Senghor en tant que boursier de la Francophonie. Je me souviens encore de mes premières rencontres avec Matagaly Traoré, Nyamien Alexise et Choudelle Samba. Elles s’affairaient toutes à finaliser les questions de logement tandis que je recherchais un moyen d’obtenir une carte mobile égyptienne afin d’informer ma famille de ma bonne arrivée. Je ne me doutais point, en ce jour, que nous nous retrouverions dans le même département et que l’une d’elle, une lionne, serait appelée à coordonner la vie estudiantine.

      Je savais que mon passage à Alexandrie serait exaltant, mais je ne me doutais point qu’il serait autant passionnant. A l’Université Senghor, je m’attendais à y retrouver de bons collègues et de bons amis ! Mais j’ai été déçu… Car j’ai eu bien plus ! Au-delà de mes attentes, j’ai pu intégrer un ensemble plus riche : la famille senghorienne !

Une famille cosmopolite, faite de couleurs de près de 25 nationalités différentes représentant toute l’Afrique Francophone et les Caraïbes.

Une famille hétéroclite de par la diversité des composantes : musicologues, muséologues, sociologues, archivistes, linguistes, économistes, politistes, communicateurs, administrateurs, infirmiers … regroupés sous 4 départements : celui des « gestionnaires », celui des « cultureux », celui des « environnementalistes » et celui des « santologues ».

         Une famille éclectique de par la polyvalence de ses acteurs qui braconnent avec aisance et adresse aux frontières de bien d’autres disciplines : art martiaux, art oratoire, blogging, conte, comédie, danse, théâtre… La célébration du 25ème anniversaire de l’Université Senghor aura été la scène de révélation et de démonstration de tous ces talents. Mais surtout la preuve de notre capacité à travailler en synergie. La réussite de cette manifestation culturelle a été le symbole de notre capacité à être en symbiose, à développer une osmose. A pouvoir taire le « je » pour faire le « nous ». Durant les trois mois de préparation de cet événement, les membres de ma famille sauteront les barrières identitaires, franchiront les murs communautaires pour forger un projet unitaire. OUI ! L’Unité africaine, tant souhaitée par Nkrumah ou Senghor, est d’abord culturelle avant d’être politique ou économique. Les échecs de nos ainés ne doivent pas être reproduites par la nouvelle génération : la jeunesse. La deuxième erreur n’est point une erreur mais un choix.

Oui ! L’Université Senghor est le foyer de rencontre de personnes d’horizons divers mais qui décident d’avoir UNE vision vers l’Horizon.

       Je passe volontairement sous silence ces guerres intestines qui éclatent dans ma famille. Je passe volontairement sous silence ces mésaventures et cette désinvolture qu’on y retrouve. Pourquoi ? Parce que le linge sale se lave en famille et qu’il est plus important de partager nos ressemblances que nos dissemblances. Le monde souffre de ce rejet de l’altérité, ce refus de la différence. Autrui ne sera jamais comme nous et je ne serai jamais comme Autrui. La diversité voire la différence n’est point une carence mais une richesse. La beauté d’un paysage n’est-il pas constitué par la diversité des couleurs qu’on y retrouve ? Apprenons à développer une poétique de la relation, à aller vers et envers autrui. Et c’est ce sentiment qui a germé, qui fleurit et pousse actuellement dans l’esprit de ma famille senghorienne.

Quoique répartis aux quatre coins du monde dans le cadre de stages professionnels, nos liens demeurent actifs et vivants. Notre solidarité de cœur et d’esprit demeure présente et vivace de Bruxelles à Paris, en passant par le Sénégal, le Burkina, Haïti, la Mauritanie, la Guinée… Nous continuons à partager autant nos joies que nos douleurs.

On ne choisit pas sa famille
On ne choisit pas sa famille

       Bien que loin de moi, vous demeurez toujours présents en moi. Bien au chaud, dans mon cœur, nos souvenirs alimentent mon esprit quand je sombre dans la mélancolie. Je garde ces images de naissance de nos « bébés-pharaon« , de nos soirées festives, de nos repas « mustaphariens », de nos joies et déboires lors des olympiades et des effets subséquents du marathon… Ces images quoique positives sont néanmoins ternies par des nuages de tristesse quand je pense aux décès précoces et inattendus qui ont foudroyé nos frères et sœurs durant notre séjour. Et comme une famille, nous avons toujours pu remonter la pente et sortir de la torpeur.

A l’instant où je saisis ces notes, mélancolique, je suis impatient de vous retrouver : de retrouver vos sourires, d’entendre vos voix, d’écouter vos histoires… : vous me manquez ! Ce n’est point Alexandrie qui me manque mais la famille que j’y ai trouvé. Alors, vivement que Septembre revienne !!!

Et surtout, que ce germe de solidarité, que cette poétique de la Relation, cet amour de la diversité puisse à jamais fleurir, grandir et murir en nous afin que nous participions pleinement au « développement » de l’Afrique, Notre Afrique !!!

Où que vous soyez, que l’Eternel, qu’Allah vous accompagne et vous protège dans tout vos projets !!!

PS : Je suis sous le charme de Morphée à l’instant où je saisis ces notes ! Donc prière de ne point me tenir rigueur des potentiels errements que vous pourriez apercevoir entre ces lignes. J’aurais aimé écrire davantage mais on me dit souvent que j’écris et je parle trop, alors j’ai décidé de m’arrêter là. Quoi qu’il en soit, sachez juste que j’étais en mode : ça sort comme ça sort !!!

 

Lille, le 11 Juillet 2016, 03h37

NECC


On ne développe pas, on se développe !

« On ne développe pas, on se développe » déclarait l’un de mes maitres à penser l’historien et philosophe Joseph Ki-Zerbo. Ce savant, avec Cheikh Anta Diop et Achille Mbembè, a forgé ma personnalité, ma transdisciplinarité et surtout mon « indisciplinarité ». Il a contribué au développement de ma conscience à travers ses livres sur l’historicité de l’Afrique, l’identité africaine, l’éducation africaine, le développement endogène et l’unité africaine.

Un proverbe africain dit : « si tu veux marcher vite, marche seul, si tu veux marcher loin, marche avec les autres ». Il est nécessaire pour nous africain de développer le réseautage si nous voulons échapper ou du moins résister aux dérives de la mondialisation. Nous devons être acteur du changement et cesser de penser qu’il y a un développement clés en mains car le seul développement valable et durable est le développement clés en tête.

Avec la mondialisation, la jeunesse africaine est engagée dans une course. C’est à nous de prendre le relais, de courir, bien et vite, aussi loin que le travail nous le permettra. Oui !!! Nous devons rêver, oser et bosser. Nous devons être très ambitieux, avoir de grands rêves et travailler sans trêve pour les atteindre. Nous devons apprendre à oser, à entreprendre quitte à échouer mais nous aurons néanmoins gagné en sagesse. Pour moi, l’échec est une réussite et seule la persévérance fait la différence entre un gagnant et un perdant. Engagé dans cette course de longue haleine, nous devons être transdisciplinaire, développer des compétences transversales pour être compétitifs et affronter, avec bravoure, les challenges de la mondialisation ! L’Afrique a du potentiel, c’est à nous la jeunesse de la porter pour transcender les limites du ciel !


Un tour au Cameroun : le berceau du Makossa !

         C’est de manière impromptue que je me jette sur mon clavier pour rédiger ces (quelques) lignes sur la musique camerounaise. En effet, je prenais mon repas après avoir passé une assez ennuyante journée, lorsque ma tante (maman) lança le Best Of Cameroon Music (Retro Ancien Makossa) sur sa smart TV. Sous mes yeux défilent les pionniers du Makossa du Mboa : Nkotti François, Ndedi Dibango, Tom Yom’s, Ekambi Brillant, Emile Kangue, Nadia Ewandè, Marco Mbella, San Fan Thomas… et Sergeo Polo.

Voir ces artistes dansés avec zèle, ferveur, le corps vibrant au rythme de la mélodie,

Voir ces danseuses réaliser ces chorégraphies synchronisées,

         Voir ces choristes accompagnant le chant de leur voix suave, revêtant toutes le même style vestimentaire : c’était l’époque de la coiffure « banane », Afro, « Chignon », les matôbôLes hommes revêtaient des ensembles « complet-complet » jeans , ou pour les plus fortunés, des costards dans lesquels ils baignaient harmonieusement. Les pantalons étaient suspendus très haut au niveau de l’abdomen et une belle ceinture mettait en évidence «l’enfilage » d’une chemise ou d’un T-Shirt de couleur frappante. Les salopettes jeans trônaient fièrement au sommet de leur gloire.

Dans ces clips, les danseuses sont très décentes et « catholiques », contrairement à ce que l’on voit aujourd’hui sur nos écrans où…

           Les messages véhiculés en langue bassa ou Douala ont davantage une visée éducative que ludique. Les atalakus, ces paroles dithyrambiques qu’ils insèrent ingénieusement pour des élites politiques ou des opérateurs économiques, ne manquaient évidemment pas : l’artiste doit bien vivre de son art dans un pays où le droit d’auteur était (est) malade voire moribond. On est loin des paroles obscènes que nous retrouvons dans la chanson contemporaine camerounaise. Je ne voudrais point incriminer les artistes musiciens qui sont bien obligés parfois de suivre l’évolution des mœurs et des préférences sociales. Cela trahit en fait la décrépitude croissante du système de valeurs morales et éthiques et partant celui du système éducatif.

Dans ces clips, le décor y est presque toujours le même :  ambiance feutrée dans un « night club » chic ; dans un salon luxurieux ou tout simplement des scènes prises dans la rue. Les plus fortunés réalisaient des scènes à Paris.

     J’étais sur le point de clôturer ce petit billet quand le clip de Kotto Bass a enchaîné : Edith. Ma tante a immédiatement dit : « cet artiste pour moi était titulaire d’une Licence en Makossa ». Chez moi, des réminiscences émergèrent sur les différentes heures que nous passions, à la veille des bals et soirées culturelles de l’université, pour essayer de reproduire ses talentueux pas de danse dont lui seul détenait le secret. Je ne saurais oublier Douleur, un autre magicien du Makossa camerounais, dont le clip « Oh Shémoh » a longtemps marqué les jeunes de ma génération. San Fan Thomas, ça vous dit quelque chose ???

            J’aurais aimé continué à vous décrire la jouissance phonique qui flattait mon ouïe. Je ne pouvais me retenir de réaliser des jeux de tête ou d’accompagner les refrains. Mon regard et mon corps étaient comme prisonniers de l’écran. Je redécouvrais avec plaisir ces artistes qui avaient longtemps bercé notre enfance et dont nous avons longtemps singé les chorégraphies. Toutefois ce plaisir, cette joie, cette fierté s’amenuisent lorsque je regarde le paysage musical contemporain au Cameroun : les contenus musicaux, pour la plupart, sont vides (de pures coquilles vides) et pervertissent davantage la jeunesse, la filière n’est pas toujours professionnalisée (tout le monde est musicien quand ça l’enchante), la gestion des droits d’auteur est calamiteuse (la plupart des musiciens ne vivent pas de leur métier)… Et ce qui m’énervent le plus, c’est la très faible valorisation de notre riche patrimoine artistique et musical qui fait notre fierté à l’échelle internationale : presqu’aucun lieu de mémoire pour les pionniers décédés, la méconnaissance institutionnelle des vrais artistes contemporains (Kareyce Fotso, Charlotte Dipanda, Manu Dibango…), la faible visibilité des festivals de musique nationaux (Festi-Bikutsi, Sea and Sea Musique Festival de Kribi…)…

Je ne voudrais point m’attarder sur ces obstacles à l’émergence de la musique camerounaise car je vous ai signalé en amont que je serai bref. Je vous laisse donc savourer ces mélodies, rythmes, chants et sons qui suscitèrent tant d’émoi en moi :

Guy Lobè : Dieudonné : Je m’appelle Dieudonné et je t’ai tout donné : l’amour, la gentillesse..mais ça n’a pas suffi… J’ai tout donné et Je suis resté comme ça, comme ça, comme ça !!!

Petit Pays : Haoussa.  A l’intro : Pourquoi papa a tapé maman eh eh !… Djamna eh Djamna eh Djamlamdouna…

Bonne dégustation et surtout JOYEUSE FÊTE DE LA MUSIQUE !!!


Cette rencontre inoubliable…

Les rencontres imprévisibles sont prévisibles.

       La plupart des gens pensent que les choses qui leur arrivent sont fortuites. Ils ne voient pas les complicités entre les événements auxquels ils sont mêlés, les rencontres qu’ils font, leurs rêves, leur choix. On ne s’en rend

Nervures d'une feuille.
Nervure, lignes du destin
Credit image: Marie Romanca

souvent pas compte mais toutes nos rencontres ne sont point fortuites. Elles ne sont point le fruit des astres ou de la providence. Et comme on a coutume de le dire :

Il n’y a pas de rencontre au hasard, il n’y a que des rendez-vous.

Toutes les personnes que nous rencontrons ont un rôle, une note particulière à apporter à la musicalité de notre vie. Il y’a des rencontres qui changent une vie, d’autres par contre en détruisent. Des destins sont impactés par des rencontres. Quand vous écouter le récit biographique de grandes figures historiques, vous verrez toujours que le cours de leur vie a été influencé par des rencontres. Des jeunes aussi sont en déperdition parce qu’ils n’ont pas encore fait de bonnes rencontres. On voit certains parents qui s’arrangent pour que leurs enfants rencontrent telle personne et pas telle autre : craignant les effets pervers de cette dernière sur l’imaginaire de leur progéniture. Mais pour moi, il n’y a guère de bonne ou de mauvaise rencontre : toute rencontre participe à la construction de notre expérience de la vie et nous assagit. En effet, «même les rencontres de hasard sont dues à des liens noués dans des vies antérieures… tout est déterminé par le Karma. Même pour des choses insignifiantes, le hasard n’existe pas » constate Haruki Murakami.

Ne vous y méprenez point, je n’écris point pour ratiociner sur mes considérations de la rencontre mais pour vous relater non pas la rencontre mais UNE rencontre : singulière, unique et exceptionnelle.

      Cette rencontre se fit au début de mon parcours universitaire dans la ville de Dschang en 2010. Jeune bachelier, je venais d’abandonner mes parents pour rejoindre cette cité universitaire où je ne connaissais absolument personne. J’étais d’ailleurs trop méfiant pour entreprendre toute démarche de ce genre. La plupart des parents conçoivent l’Université comme un océan abondant de loges, et de requins qui dévorent les petits poissons. Des commandements du genre « ton trajet est borné entre ton domicile et l’université : pas de déviation » ou «  ton meilleur ami c’est ton cahier » … étaient bien ancrées dans ma mémoire.

Mais ces barrières s’évanouirent lorsque je fis UNE rencontre…

       Je prenais le programme des cours au babillard lorsque je fus interpellé en ces:

  • « Petit frère », tu peux nous aider un peu ? Quelles sont les matières de la filière Bilingue dans ce magma?

         Tout surpris, je me retournais pour découvrir deux jeunes et jolies femmes menues, rondes et potelées. C’était l’ainée, Julie, qui m’avait posé la question et j’y répondis avec empressement, leur donnant même des indications supplémentaires. Elle me fit donc comprendre qu’elle était venue assister sa sœurette, qui elle aussi, venait d’arriver dans la ville et (heureusement) faisait la même filière que moi. Elle nous encouragea donc à échanger les contacts afin que sa petite sœur puisse récupérer mes notes de cours et partant rattraper son retard académique.

        Comme tout homme, j’acquiesçais rapidement, voyant là une perche ou une potentielle relation à l’horizon. En effet, comme je vous l’ai dit plus haut : elle était ronde, le buste cambré, sa peau noire ébène donnait un relief singulier à son sourire : son arme fatale. Ce sourire respirait l’innocence et transmettait la gaieté. Elle avait des yeux larmoyants qui étincelaient comme des pépites au soleil. Je ne puis donc m’empêcher de développer, inconsciemment, des intentions ! (Je suis sûr que cela vous arrive aussi parfois). Mais après quelques semaines, je m’aperçus qu’il s’agissait juste d’une attirance passagère. Je ne le réalisais déjà pas mais ce fut là le début d’une longue et profonde amitié qui perdure jusqu’à aujourd’hui.

Akono Crescence
Hbd Lupita. Credit Image: Necc, 2010.

        Nous avons passé des moments euphoriques mais aussi dysphoriques, partagé des joies et des peines, des frustrations et des déceptions communes et réciproques. Mais, ensemble nous avons toujours pu les surmonter. Elle était mon ombre : mon pied ton pied. A tel enseigne que mes copines la jalousait au vu de sa prégnance dans ma vie : je ne prenais presqu’aucune décision sans lui en faire part. Des amis soupçonnaient même que nous étions plus que des amis au vu du degré de complicité que nous partagions. Mais je prenais toujours la peine d’expliquer qu’il n’en était rien. Certains me crurent, d’autres pas. Comme on dit chez nous au Cameroun, c’est le cœur du bandit qui bat.

         

             Des fois, je me dis que si Dieu ne l’avait pas créé, je l’aurais fait ! Elle me comprend tant, devine voire prédit mes actes et cela me laisse souvent pantois. En effet, j’ai une personnalité et une philosophie de la vie très simple mais tout à la fois complexe et ambiguë. Les ramifications de ma pensée s’avèrent parfois difficile à cerner, mais j’étais surpris de voir qu’elle avait réussi à le faire. J’en devenais même parfois frustré car ne pouvant rien lui cacher, j’étais comme nu devant elle. Cette habilité, elle le partage uniquement avec ma cadette. Elle est ma conseillère, ma confidente…Bien plus, une sœur pour moi !

Aujourd’hui c’est le jour de son anniversaire !!! Jour mémorable car symbolique de la fête la musique. En ce jour, nous faisions fête et folie, nous amusions comme de petits enfants. MAIS…

          Je suis à des milliers de kilomètres d’elle. Évoluant seul comme un bohème. Son absence m’est devenue cruelle. Son sourire, nos fous rires, ses plaisanteries, sa joie de vivre et le souvenir de ses jolis petits pieds me rattrapèrent finalement. Loin des yeux mais près du cœur a-t-on coutume de dire mais l’on oublie très souvent que le cœur et la mélancolie ne font pas bon ménage. Or cette dernière m’étreint férocement à l’instant où je saisis ces lignes, seul dans mon bureau à Paris, elle à Yaoundé.

    Ecrire devenait donc cathartique : cela me permet d’exprimer cette frustration qui jaillit de mon impuissance à pouvoir partager ce moment unique avec elle. C’est vrai, me direz vous, l’anniversaire se fête au quotidien, mais la richesse et la singularité de ce jour réside dans sa fréquence et sa traditionnalité.

        J’espère que, où qu’elle soit, malgré le fait que le réseau 4G se soit noyé dans l’Atlantique, qu’elle pourra lire ces petites lignes, ce court récit qui au final ne vise qu’à lui dire exprimer mes voeux de bonheur pour son Anniversaire  mais surtout lui témoigner la place singulière qu’elle occupe dans ma vie depuis … cette rencontre.

Elle c’est Crescence MBOE AKONO, ma lupita.

Digne fille d’Akonolinga, I believe in you !


Promenade dans la capitale européenne !

Le Conseil Européen, le Parlement Européen, le Palais des Droits de l’homme européen…

Sculture de Ludmila Tcherina: Symbole de l'Union Européenne
             Europe à Coeur: Sculture symbolique de l’Union Européenne.

Ces lieux, vous les connaissez déjà sans doute : soit par expérience, soit dans votre imaginaire.

Ces lieux désignent les sièges des plus grandes institutions européennes. C’est là que sont prises les plus grandes décisions engageant l’avenir de la communauté européenne. J’ai longtemps eu à en entendre parler dans les médias, à les regarder de par mon écran que parfois on croit y être. Mais la réalité a vite fait de nous rattraper.

Eh bien, l’Éternel m’a donné la chance de visiter, d’être au près de ces grandes institutions européennes et même de les toucher. Vous le devinerez déjà sans doute : j’ai été à Strasbourg. Beaucoup s’imaginerait, vu l’engouement (peut-être) que je dégage dans ce récit, qu’il s’agit là du parcours d’un africain dépaysé qui se retrouve invraisemblablement dans une ville et se laisse séduire par sa beauté. Mais loin s’en faut, bien qu’elle soit riche de par ses châteaux, ses monuments historiques, ses jardins et ses parcs, ce qui m’a le plus marqué de ce bref passage c’est l’empreinte symbolique de cette ville.

                En effet, Strasbourg a été le théâtre de nombreux affrontements sanglants entre les Français et l’Allemagne.

       Partie intégrante de l’Alsace-Lorraine, Strasbourg a été annexée par l’Allemagne après la guerre de 1870-1871. Cette défaite entraîna la naissance d’un profond sentiment anti-allemand très profond en France. Cette haine va s’intensifier durant la période coloniale avec les conflits d’intérêts entre ces deux puissances au Maroc (Coup de Tanger). Les Allemands bombardent la Cathédrale Notre-Dame de Reims, lieu des Rois de France afin de saper et de briser le moral français. Le paroxysme viendra avec l’Occupation de la France par l’Allemagne nazie d’Hitler suite à la défaite du Maréchal Pétain. Elle sera donc humiliée, rabaissée et déshonorée par l’Allemagne durant deux longues années.

Toutefois lorsque viendra l’heure de s’unir pour créer la Communauté Européenne pour le Charbon et l’Acier, afin de faciliter la libre circulation des marchandises, ces deux pays décideront de taire leur rivalité et dissension. Et dès 1949, c’est Strasbourg qui sera choisie pour accueillir les premières institutions européennes. Vous me demanderez sans doute pourquoi tout ce détour historique, il vise tout simplement à montrer que deux nations, supposées se détester mutuellement, ont cependant réussi à panser leurs plaies et à fédérer leurs efforts pour favoriser la création de l’Union Européenne.

Cependant, qu’en est-il de l’Afrique ?

Frontière Cameroun-Guinée équatoriale
Frontière fermée

        Notre continent reste toujours le théâtre de nombreux conflits frontaliers. Et souvent, les parties prenantes ignorent les véritables soubassements de ces conflits. Cela a pour effet, de freiner considérablement la marche vers une Union Africaine (véritable). Car l’institution que nous possédons actuellement n’a pas les mains libres et dépend grandement de l’Union Européenne qui en est le principal actionnaire. Or nous savons que la main qui donne est… !!!

          La péninsule de Bakassi, depuis 1994 est le champ de bataille entre les armées camerounaises et nigérianes à cause de la richesse du territoire en Gaz et pétrole. Bien que la Cour Internationale de Justice de Laye ait tranché le conflit en faveur du Cameroun, des attentats et mouvement de revendication persistent jusqu’à aujourd’hui. La Guinée depuis le 08 octobre 2013 a fermé ses frontières d’avec le Cameroun et le Gabon. Parfois l’opposition idéologique de certains Etats voisins trouve son terrain d’application dans les contentieux frontaliers : c’est le cas entre le Mali et le Burkina Faso en 1974 et 1985, l’Ouganda et la Tanzanie en 1978-1979, le Tchad et la Lybie de 1973-1994. Ou encore entre le Maroc et l’Algérie en 1963.

Les principaux perdants dans ces conflits sont les combattants qui meurent en agrandissant la masse des veuves et des orphelins victimes de guerre. Au Cameroun, les plus valeureux reçoivent des discours grandiloquents lors de cérémonies funèbres. Mais après ? Rien… Aucune stèle, aucun lieu de mémoire pour commémorer ces héros, tombés par amour pour leur Patrie (certains !).

La France et l’Allemagne, auparavant de grandes ennemies, forment aujourd’hui le couple franco-allemand. Il s’en faut même d’un peu pour que François Hollande embrasse Angela Merkel.

François Hollande et Angela Merkel
François Hollande et Angela Merkel

          L’intégration africaine en marche depuis des décennies demeure encore frêle et davantage un discours politique qu’une réalité sociale. Quand les dirigeants africains cesseront-ils de ne voir que leurs différences ? Quand décideront-ils de taire leur égo, à panser les blessures du passer pour fédérer leur effort à travers des programmes de coopération bilatéraux profitables à leurs pays ?  mettre de coté leur intérêt personnel pour privilégier le collectif ? A quand la venue d’une veritable Union Africaine ?


De petites questions pour un champion !!!

Rassurez vous !  Il ne s’agit pas du jeu télévisé de France 3

Je ne voudrais (pourrais) point substituer le présentateur Julien Lepers !

Je veux juste vous présenter un homme dont le parcours professionnel et les choix politiques m’ont profondément marqués.

J’imagine vous devez tous maîtriser le principe de ce jeu télévisé ? Je vais donc vous donner des indices et vous me direz à quel niveau vous aurez deviné le personnage.

Ok ? Trève de bavardage, place au jeu ….

  • C’est un homme d’Etat uruguayen né à Montevideo le 20 mai 1935.
  • Durant les années 1960, il fut l’un des fondateurs du groupe des Tupamaros, sortes de Robin des Bois uruguayens qui protégèrent le peuple contre les exactions des paramilitaires.
  • Il a passé plus de 13 ans dans les geôles de la dictature (1973-1985), battu et humilié, mis à l’isolement total durant 9 ans, avec pour seule compagnie des insectes, privé de lecture durant 7 ans et il passera 2 ans au fond d’un puits.
  • En 2010, à l’âge de 75 ans, il devient Président de la république pour 5 ans (il avait donc un an de moins que Nelson Mandela lors de sa prise de pouvoir en Afrique du Sud, Mandela avait  77 ans en 1994). Ainsi il fait parti des hommes politiques les plus âgé lors de sa prise de pouvoir.
  • Anti-conformiste, refusant de jouer au président, il refusa la luxueuse résidence habituellement réservée aux présidents uruguayens pour rester dans une ferme de 45 m2 au bout d’un chemin de terre.
  • Il refuse aussi toutes les voitures de fonction qui lui sont proposées, sa coccinelle bleue achetée en 1987 lui suffit amplement.
  • Il détient le record du président le plus pauvre au monde avec 9300 Euro dont 90 % sont reversés à des œuvres caritatives en faveur des pauvres ou des petits entrepreneurs, vivant ainsi avec moins de 600 euros.
  • Durant l’hiver 2011, il décide que le Palais présidentiel figurerait sur la liste des édifices publics servant au logement des SDF, et ceci après avoir appris que cinq uruguayens étaient décédés d’hypothermie parce que sans abris.
  • Le 6 mai 2014, il a été le premier président au monde à légaliser la consommation, la culture et la commercialisation du cannabis, afin de mieux lutter contre le trafic de drogue.

Avez vous deviné le nom qui se cache derrière ces indices ? A partir de quelle question avez-vous résolu l’énigme ?

Le personnage qui se cache derrière ces indices n’est autre que José Alberto Mujica Cordano, surnommé « Pepe Mujica ».

Photo: Pierre Martial
Photo: Pierre Martial

Son histoire m’a profondément émue car il consacra sa jeunesse et sa vie au service de la société. Malgré les atroces tortures et souffrances qu’il subit en tant que prisonnier politique, il réussira à se relever et deviendra président de la république. Serait ce le début d’une vie luxueuse avec les émoluments de la république et le confort présidentiel ? Pas du tout ! Il demeura aussi humble et continuera à mener une vie des plus austère.

Un Epicure des temps modernes

Ce président atypique m’a fait penser à nos présidents africains qui s’accrochent au pouvoir comme des naufragés. Ils ne quittent le pouvoir, pour la plupart, qu’après un coup d’Etat, laissant leur pays dans le chaos à travers des crises post-électorales devenues monnaie-courante. Ces présidents possèdent des fortunes toutes plus faramineuses les unes que les autres alors que leur population meure  et alors que la jeunesse coule au fond de la Méditerranée. Je ne déifie point Pepe Mujica, mais sa philosophie de vie contraste sur bien des points avec les autres présidents contemporains dont la folie des grandeurs fait la Une des journaux chaque jour.

Ngnaoussi
Credit Photo: Pierre Martial

De son expérience de guérillero, il aura retenu que : «la guerre est un recours barbare, préhistorique. Quelle que soit la cause de la guerre, ce sont toujours les mêmes qui en paient le prix, les plus faibles». Toutefois, «  Je ne regrette pas ce que j’ai vécu, (sinon) je n’aurais jamais autant appris. Et dans la vie, on apprend beaucoup plus de la douleur et des échecs » nous déclare t-il. Car  « les battus sont ceux qui cessent de lutter, les morts sont ceux qui ne luttent pas pour vivre». Et lorsqu’on lui a demandé ce que cela lui fait d’être l’ex-Président le plus pauvre au monde, il hausse les épaules. “Beaucoup de personnes sont pauvres, très pauvres, de par le monde. Moi, je ne suis pas pauvre, j’ai juste décidé de vivre de manière austère pour être plus proche de ceux qui le sont. Je ne fais pas l’apologie de la pauvreté, mais celui du partage et de la sobriété“. Son futur projet est de « Continuer à vivre le plus longtemps possible ! C’est un miracle que je sois encore en vie après tout ce que j’ai vécu! Et puis lire aussi, lire beaucoup ! J’ai passé plus de 10 ans dans un cachot dont 7 sans pouvoir lire. J’ai du retard à rattraper ! “ déclare ce  champion qui reconnait ainsi la puissance de la lecture dans la construction de l’homme.


5 challenges pour le développement de la médecine « traditionnelle » en Afrique

De la médecine traditionnelle africaine à la médecine africaine.  

          Bien que l’usage soit déjà institutionnalisé, je suis toujours réticent à l’idée d’employer le qualificatif « traditionnel » pour désigner la médecine africaine par opposition à la médecine occidentale qualifiée de « conventionnelle ». Pourquoi acceptons-nous des qualificatifs aussi discriminantes et manichéennes qui désignent des systèmes de santé appartenant à des cultures différentes ? En considérant la médecine africaine de « traditionnelle », nous la plaçons implicitement dans un rapport hiérarchique vis à vis de celle occidentale encore appelée médecine moderne. Et partant, on pourrait parler de néocolonialisme linguistique. En effet, le mot occupe une très grande place dans la construction de l’imaginaire et de l’identité d’un individu. Si nous acceptons toujours le paradigme statique de « traditionnel », il y a de faibles chances que nous puissions évoluer car c’est la pensée qui conditionne l’action, l’agir.

Je me suis donc appesanti sur les facteurs justifiant ce positionnement dichotomique entre la médecine « traditionnelle » africaine et la médecine « moderne » européenne. Je propose donc ainsi 5 des challenges à relever pour passer d’une médecine traditionnelle africaine à une médecine africaine.

1- L’absence de politiques définissant et reconnaissant la place de la médecine traditionnelle.

Médicament traditionnel_Afropolitanis
Vente de produit traditionnel aux vertus « miraculeuses » © urbanfm-fm

S’il est vrai que l’argent est le nerf de la guerre, alors le politique l’est davantage car c’est l’instance de décision qui entraîne les actions. Or, les pays africains, pour la plupart (25 sur 191 états membres de l’OMS) n’ont pas de politique qui fournit une « base solide pour définir le rôle de la médecine traditionnelle dans le cadre d’un système national de santé, en s’assurant que tous les mécanismes réglementaires et juridiques nécessaires soient crées pour encourager et maintenir une bonne pratique, que l’accès soit équitable et que l’authenticité, l’innocuité et l’efficacité des thérapies soient garanties » (OMS, 2002). Au Cameroun et en Afrique, des initiatives émergent sporadiquement pour la promotion et l’institutionnalisation de ce corps de métier.
La volonté politique est donc la base car sans elle le reste suivra difficilement. Tel est le cas par exemple de la représentation de la science chez les africains.

2- La « faible » scientificité de la médecine traditionnelle africaine.

      Comme je le déclarais précédemment, notre conception de la science et de l’épistémologie a été biaisée à la base et cela se vérifie dans la médecine traditionnelle. Lors d’une discussion avec le Dr. Pierre Célestin Mboua, enseignant de psychologie à l’Université de Dschang, qui m’expliquait l’idée selon laquelle la représentation de la science dans les mentalités africaines était « erronée ». Nous préférons la pratique à la théorie, car nous estimons toujours que la « théorisation » est champ qui ne nous concerne point. Que cela devrait davantage préoccuper la société occidentale. Il n’est pas rare de voir des enseignants recommander à leur élèves :

« Il ne faut pas te casser la tête pour comprendre les formules là, ce sont les problèmes du blanc, tout ce que tu dois faire c’est de les appliquer et cela me va »

       Cela est visible aussi dans la médecine traditionnelle où seuls quelques initiés maitrisent la science et l’art nécessaires pour la préparation des décoctions thérapeutiques. Mais refusent obstinément d’en livrer le secret ou la recette. En Afrique, les savoirs médicinaux se transmettent de manière générationnelle et par l’oralité de père en fils. C’est d’ailleurs pourquoi Hampaté Bâ comparait un vieillard qui mourait à une bibliothèque qui brûle. Et cette assertion demeure fatalement toujours d’actualité.

Pourquoi fatalement? Parce que d’après moi, nous avons traversé l’ère du repli identitaire ou communautaire avec l’intensification des flux de la mondialisation. Nous vivons une ère dite mondialisée caractérisée par un intérêt accrue pour l‘économie des savoirs et de la connaissance. Aujourd’hui ce ne sont plus armes qui gouvernent mais les idées. Or l’Afrique, en terme de production scientifique est à la traîne. Concernant les compositions des médicaments traditionnels, ils refusent parfois à les transmettre par crainte de perdre le monopole « commercial ». Oui! Contrairement à leurs prédécesseurs pour qui la santé était avant tout un « ART », les médecins traditionnels contemporains la considèrent davantage comme un « MARCHE » où ils marchandent leur produit aux populations. A défaut de pouvoir imposer des brevets, ils se claquemurent dans un silence herméneutique mais éloquent !

La plupart des consommateurs de produits de la pharmacopée traditionnelle ne maîtrisent que les fonctions de ces médicaments et en ignorent complètement les soubassements. Or dans une démarche épistémologique, il est toujours important de comprendre les fondations, le fonctionnement et les fonctions des phénomènes or ces éléments sont jalousement conservés par les Anciens qui ne les enseignent que selon leur bon vouloir. C’est le cas pour le maître peul Dadi Diallo qui initiera une française et conduira à la création de l’Hopital Traditionnel de Keur Massar, à 25 Km de Dakar.

3- L’absence d’une méthodologie d’évaluation uniforme des produits de la médecine traditionnelle. 

Afropolitanis_Christian Elongue
Ecorces et plantes: matières premières du Guérisseur. (adiac.org)

   L’efficacité clinique des médicaments à base de plantes a été démontrée de façon probante et est maintenant reconnue dans le monde entier. C’est le cas avec l’Artemisia annua qui permet de traiter le paludisme ou le Roi des herbes qui intervient dans la composition de plusieurs potions médicinales. Mais les usagers savent-ils seulement la dose exacte à employer ? Connais-tu la quantité nécessaire pour avoir de l’effet ? En effet s’il est vrai qu’aucune plante n’a qu’une seule vertu thérapeutique, il est aussi évident qu’un médicament peut devenir un poison en fonction des conditions de préparation et de la posologie. On débouche donc régulièrement sur des cas de complications : intoxication, empoisonnement… qui peuvent déboucher sur la mort.

D’où le problème de la qualité, de l’innocuité et de l’efficacité de ces produits. Et partant la nécessité d’une mise en place de systèmes nationaux de surveillance et d’évaluation car les pratiques de médecine traditionnelle en Afrique sont fortement rattachée aux cultures et systèmes de croyance différents. Il faut donc qu’il y’ait également le développement de « normes, méthodes, nationales ou internationales, pour les évaluer ». Cette difficulté à évaluer l’efficacité et la qualité les médicaments traditionnels rend difficile l’identification des thérapies les plus sûres appelées à être promues. Ce déficit de norme d’évaluation est par ailleurs lié à:

« l’oralité des enseignements prodigué par les anciens, marqué en outre par un caractère ésotérique particulier, et constituant un obstacle important à la diffusion des connaissances, à leur harmonisation, à leur confrontation et donc à leur perfectionnement. C’est la raison pour laquelle on se trouve en présence non pas d’une, mais de plusieurs pharmacopées africaines. (Colloque du CAMES sur la Pharmacopée et la Médecine Africaine Traditionnelle, Lomé, nov 1974, p. 2)

4- Les produits de la médecine traditionnels sont-ils vraiment abordables ? 

         L’être humain a toujours été enclin à fournir le moindre effort ou à dépenser peu pour avoir un service. Chez nous on dit souvent que « le moins cher est cher ». L’un des facteurs de réussite de la médecine traditionnelle est le coût qualifié d’abordable. Mais nous ignorons que la santé c’est la vie et par conséquent n’a pas de prix. Ces statistiques de l’OMS (2010) sont suffisamment éloquentes :

                Les statistiques démontrent de manière écrasante que ce sont les pays les plus pauvres du monde qui ont le plus besoin de traitements peu onéreux et efficaces pour les maladies transmissibles. Des 10,5 millions d’enfants décédés en 1999, 99% venaient de pays en voie de développement. Plus de 50% des décès d’enfants dans les pays en voie de développement sont dus à tout juste cinq maladies infectieuses. De même, 99% des deux millions de décès causés par la tuberculose chaque année ont lieu dans les pays en voie de développement et 90% des 30 millions de cas actuels de VIH/SIDA se trouvent en Afrique subsaharienne.

     Je suis certain que tu as déjà perdu ou du moins,  été témoin de la perte d’un être cher suite aux complications de la prise de médicaments traditionnels.

        S’il est donc vrai que l’accès à la médecine traditionnelle doit être accru, il faudrait penser à la protection des matières premières. D’une part, la protection des ressources naturelles qui tendent à s’épuiser avec la déforestation en ville et d’autre par la protection intellectuelle et la question des droits de brevet.

5- Une insuffisante éducation et formation au rôle de la médecine traditionnelle. 

      A ce niveau, il faut s’assurer que « les connaissances, les qualifications, et la formation des prestataires soient adéquates ». En effet, l’on retrouve beaucoup trop d’imposteur et de « brebis galeuses » dans ce corps de métier. Ils décrédibilisent et détruisent les efforts réalisés par les professionnels tradipraticiens. En effet, il suffit qu’un imposteur compose un mauvaise potion pour que cela impacte la vision que l’on a de cette discipline. Les règlementations au niveau des pays africains doivent donc être strictes et bien définies et l’on devrait prévoir des sanctions pénales pour les potentiels usurpateurs.

     S’agissant de la formation, nous devons amener les tradipraticiens et les allopathes (médecine occidentale) à comprendre la nécessité d’une coopération et collaboration dans la prise en charge des patients. Il faudrait aussi intensifier la recherche-développement sur les pratiques de la médecine traditionnelle, comme c’est d’ailleurs le cas avec l’ONG Prometra.

    Voilà ainsi présentés, quelques uns des défis qui, d’après moi pourraient nous faire passer d’une « médecine traditionnelle africaine à une médecine africaine ». Pour prétendre au caractère de science, notre médecine doit être davantage théorisée, les ingrédients actifs des plantes qui sont responsable de la guérison doivent être clairement identifiés et étudiés pour en faciliter la reproductibilité. Oui ! N’ayons pas de crainte, la reproductibilité de nos savoirs ne retirera rien à son originalité mais c’est un prerequis pour rendre la médecine traditionnelle africaine, universelle et « moderne ».

       Par Christian ELONGUE NGNAOUSSI


L’autonomisation économique des femmes, un prérequis au vivre ensemble.

Pour un vivre ensemble sans discrimination de genre

Le développement   est   un   processus   d’expansion   des libertés qui doit  profiter  à  toute la société.  Dans cette optique, l’égalité des genres est un objectif  fondamental  en  soi. Le genre d’une personne impacte sa vie quotidienne  et  ses  aspirations,  son  niveau  d’éducation, ses  choix  en  matière  d’emploi,  sa  capacité  à  décider  et d’autres aspects du bien-être. Il s’ensuit   que, pour   autant   que   le   développement signifie   une   moindre   pauvreté   monétaire   ou   un meilleur accès à la justice, il doit également impliquer des  disparités  moins  importantes  entre  les  conditions de vie de la population masculine et de la population féminine. Cette optique est aussi manifestement  celle de  la  communauté  internationale  pour   laquelle   promouvoir   l’égalité des genres et l’autonomisation des femmes sont des objectifs de développement  à  part  entière,  inscrits  dans  le  3ème et   le   5ème    OMD.

Pour parvenir à l’autonomisation économique des femmes il faudrait apporter un soutien aux entreprises, organisations non gouvernementales et associations dirigées par des femmes par le biais d’un accès accru au crédit et appuyer l’accès des femmes à l’éducation secondaire et supérieure et aux programmes de formation professionnelle afin qu’elles puissent décrocher des emplois de haute qualité dans le marché du travail. A cet effet, le Service d’Assistance Canadienne aux Organismes (SACO), depuis 25 ans a encadré des milliers de femmes en développement économique et en gouvernance. Elle a amélioré l’accès à l’eau potable salubre dans des collectivités au Honduras, crée des associations de leadership féminin au Sénégal, améliorer la sensibilisation à une saine alimentation parmi les femmes au Cameroun Nous avons aussi  l’Association Sthenos-Phanos pour l’Appui aux Initiatives Locales (ASPAIL) qui soutient les initiatives d’entreprises locales au Sénégal. Actions et initiatives  qui touchent de nombreux aspects de la vie des femmes et améliore ainsi leurs perspectives d’avenir.

Ces organisations ont réussi à démontrer que l’égalité    entre    hommes    et    femmes    peut avoir d’importants  effets  sur  la  productivité.  En effet, les  femmes constituent maintenant plus de 40 % de la population active totale, 43 % de la main-d’œuvre agricole et plus de 50 % des étudiants universitaires à l’échelle mondiale. Pour qu’une économie puisse fonctionner à la mesure de son potentiel, il faut que les compétences et les aptitudes des  femmes  soient  consacrées  à  des  activités  qui  les utilisent au mieux. Mais, en pratique, ce n’est pas toujours le  cas  pour  de  nombreuses  femmes.

Autonomisation économique de la femme
Femmes en Inde retournant chercher du bois.

De la nécessité d’une autonomisation économique des femmes

L’égalité entre  les  genres  est  un  objectif  de  développement  en  soi car les inégalités entre hommes et femmes alimentent le sous-développement. Mais  elles  importent aussi  parce  que  la  parité  hommes-femmes  est  un  atout  pour  l’économie. L’autonomisation économique est un moyen essentiel de corriger les déséquilibres entre les hommes et les femmes, des déséquilibres qui ont, jusqu’à présent, fait obstacle au bien-être de la moitié de la population mondiale. Et comme le mentionnait le Programme d’action adopté lors de la Quatrième Conférence Mondiale des Nations Unies sur les Femmes à Beijing en 1995 : « L’autonomisation des femmes et l’égalité entre hommes et femmes sont des prérequis pour l’atteinte de la sécurité politique, sociale, économique, culturelle et environnementale parmi tous les peuples. »

L’autonomisation économique des femmes est un processus qui comporte essentiellement deux volets : les ressources et les possibilités. Les ressources de production sont les avoirs dont les femmes ont besoin pour progresser économiquement. Cela comprend des actifs corporels comme des ressources financières (revenu, épargne, crédit) et des ressources physiques (terre, logement, technologie), ainsi que des actifs incorporels comme des compétences, un savoir-faire technique et une reconnaissance sociale. Le simple fait de posséder des ressources de production ne signifie pas automatiquement que les femmes jouissent d’une autonomie économique. En réalité, de meilleurs emplois, des possibilités plus nombreuses de créer et de gérer des entreprises viables, un accès accru à la terre, à l’éducation et à l’acquisition de compétences, des occasions de participer aux processus décisionnels : voilà ce qui permettra aux femmes de sortir de la pauvreté et d’améliorer leur qualité de vie, ainsi que celle de leur famille et de leur collectivité.

Lorsqu’une femme est économiquement autonome, elle est davantage en mesure de participer aux activités économiques, de rompre le cycle de la pauvreté et de participer de façon plus reconnue aux activités politiques, économiques et culturelles qui se déroulent autour d’elle. Annie Mbatchi est de celles là qui ont appris très tôt le sens des affaires et qui par la force du travail, sont parvenus à asseoir une certaine marge d’autonomie vis à vis de leur époux. Initié par son père durant son enfance, à la gestion économique d’une pharmacie, elle en gardera les aptitudes qu’elle réinvestira dans d’autres secteurs économiques. Aujourd’hui, c’est une femme relativement indépendante qui contribue activement aux dépenses familiales en assumant certaines charges. Vous êtes sans ignoré que les hommes africains apprécient davantage ce genre de femmes qui parviennent ainsi à leur « soulager » dans les lourdes taches qu’ils ont. Certains mêmes vont jusqu’à évaluer la force économique d’une femme avant de leur épouser.

En outre, l’autonomisation économique de la femme signifie des emplois plus intéressants et plus nombreux pour les femmes dans tous les secteurs, un climat d’affaires favorable aux femmes entrepreneures et un secteur financier qui offre aux femmes une gamme de produits et services qui répondent à leurs besoins particuliers. Et surtout, l’autonomisation économique signifie la transformation de dynamiques de pouvoir injustes et l’accès à des outils et à des possibilités de réussite économique. Lorsqu’une femme possède plus de moyens et de ressources de production, elle transforme ses perspectives dans tous les domaines de sa vie, y compris l’emploi, l’éducation, la santé, le logement, la participation sociale et politique et la sécurité physique.

Le vivre ensemble, ce projet humaniste actuellement promu par les organismes internationaux est donc impossible sans une réelle prise en compte de la place et du role de la femme. Elle doit être associée à toute initiative qui concoure à son bien-être, passer du statut de spectateur à celui d’acteur. Seule une société unie et solidaire est à même de pouvoir répondre aux défis qui se présentent à elle. Les hommes et les femmes doivent donc être égaux en droits et en devoirs et être traités de façon égale par la société chaque fois qu’ils fourniront les mêmes aptitudes.


Non je ne suis pas handicapé mais handi-capable !

« Je ne suis pas un Handicapé, je suis Handi-CAPABLE »

Saviez vous que 122 millions d’enfants dans le monde vivent avec un handicap?
Saviez vous que 80% des personnes handicapées vivent dans les pays en voie de développement ?
Saviez vous que 20% des personnes les plus pauvres au monde sont des handicapés ?
 
Jo Coeijman disait:  » Le handicap n’est pas une déficience de l’âme et du coeur. Par contre ceux qui ne savent pas aimer, sont eux des déficients d’humanité ». Pour moi, la véritable injustice ce n’est pas de naître avec un handicap incurable, c’est le fait que la société n’accepte pas ce handicap. C’est notre indifférence vis à vis des handicapés qui les handicapent et non leur maladie ou déficience en elle même. Un sourire, du respect et de l’amour, c’est tout ce qu’ils nous demandent. Une organisation Libérienne : Williette Safehouse s’est donnée pour mission de contribuer à l’amélioration des conditions de vie de ces merveilleuses personnes que sont les handicapés.
We can when we dare !
Jeux Paralympiques @ Orion Flores
Peu importe qui nous sommes, peu importe qui tu es, nous connaissons ou avons connu dans notre entourage des personnes handicapées. Certains vivent dans la misère, non pas parce qu’il le veulent mais parce que les portes d’un emploi digne et formel leur a été fermé. Dans nos états africains, les programmes d’assistances des personnes handicapées n’existent que sur le papier mais dans la pratique, presque rien n’est fait pour soutenir ces personnes qui sans le vouloir se retrouvent handicapés. Certains refusent de perdre leur dignité et se lancent dans la débrouillardise, en effectuant des « petits jobs » parfois très éloignés de leurs compétences de base. Ces personnes, je les admire profondément et énormément ! D’autres par contre, après plusieurs tentatives infructueuses d’accès au travail, se résignent, la mort dans l’âme à la mendicité. Ceux ci aussi, je leur admire profondément. Pourquoi ? Parce que mendier nécessite du courage et impose du respect ! Ne les jugeons point, essayons plutôt de leur comprendre !
 
Oui ! Essayons de les comprendre car nous sommes tous d’une manière où d’une autre, des handicapés ! Il nous manque à tous, d’une manière ou d’une autre quelque chose ! La nature imparfaite de l’Homme est un handicap. Certains sont courts comme moi et auraient aimé être plus grand: c’est un handicap ! D’autres par contre se sentent mince et auraient souhaié avoir des formes différentes, un nez moins gros, une tête plus jolie… Le handicap n’est pas seulement physique c’est aussi mental…
 
Pour scolariser les enfants handicaptés c’est un parcours du combattant. Pour accéder aux administrations, commerces… c’est la même chose !!! Les parents sont démunis et seuls avec leurs enfants différents !!! Tout cela attriste !!! Quand cela va t-il changer ? Est-ce une priorité dans nos pays ? Trouvez-vous cela normal ? Est si cela vous arrivait à vous aussi ?Avec la venue du digital, les choses changent progressivement ! Les enfants handicapés, qui auparavant n’avaient pas toujours ou facilement un accès à l’école peuvent désormais s’autoformer ! J’en connais qui sont très brillant ! Vous en connaissez surement également ! Si une personne « normale » sans handicap apparent a besoin d’amour et d’attention pour être en équilibre, alors, à plus forte raison des handicapés.  
A quand le changement ? C’est pas demain qu’il viendra mais maintenant ! Tu peux dès à présent changer ton attitude à l’égard de ces personnes : leur accorder un regard chaleureux, un sourire gratuit, une aide ou soutien quelconque… La balle est dans ton camp ! Nul ne peut prévenir le futur. Qui sais ? Peut-être toi même tu te retrouveras handicapés demain ! Imagine la réaction des autres ! Imagine leur regard ! Imagine ta vie sans tes bras ! Imagine ta vie cloué à une chaise roulante ! Imagine toi incapable de te nourrir ! Imagine toi atteint d’une myopathie… ! La vie est comme une roulette russe, un poker ! Semons l’amour et nous recolterons de l’amour ! Semons de l’indifférence et nous récolterons …
 
MY ABILITY IS STRONGER THAN MY DISABILITY
 
#JESUISHANDICAPABLE


Petit chef, Futur président

Sur le parvis du mausolée séculaire et sénile il t’attend

Il attend que tu ouvres la calice de ta bouche

De ta bouche, de toi sors le secret des siècles

Femme nue, femme africaine, femme sage

Le réverbère de ma vie.

Ngo Matip

Dans le néant tu pèches le sel de la terre

L’homme dans l’océan en toi nage

Loin de ton océan interne il marche il court

L’enfant viendra sous les doux cris que seule tu pousses

Après les neuf lunes dans ton sein il viendra boire

Au ruisseau de ton saint sein. L’eau de vie

Femme nue, femme source, mère du genre pensant

Eyenga du Ntem

Fille de l’au-delà, femme d’ici, ma moitié

Claire lune de ma nuit, rayon divin de mes jours

Que puis-je sans ta compagnie ?

Toi, ma femme ! Toi la proue et la poupe de mon séjour

Séjour dans ce monde si bref, si moche si beau

L’ile terrestre où se cache la petitesse des géants

Des puissants de ce monde.

Je vous aime, nous vous adorons, ils vous idolâtrent

Femme noire, femme africaine, princesse noire

Djingo Lumière La Belle.


What is Global Citizenship Education ?

Global Citizenship Education (GCE) promoted by UNESCO’s Education sector program is a means to support and encourage learners in developing skills, values, attitudes and knowledge that empower them to assume responsible and active roles to face challenges of the 21st Century. The target 4.7 of the Sustainable Development Goals clearly explained that education is still a major and crucial challenge for the global community, societies or individual. Sustainable development, cultural diversity, intercultural dialogue, non-violence, peace, human right or gender equality cannot be achieve without changing the mentality or educating people. Improving the quality, access and relevance of education is therefore necessary to enables learners to transform themselves and the society while promoting universal shared values like peace, freedom, equality, human dignity, non-discrimination, respect and dialogue. The GCE, guided by the Education 2030 Agenda and Framework for Action, is finally a wide and long project based on education as a key in changing, transforming and building a better world for all.

            According to me, Global Citizenship Education is very important and interesting nowadays because it is a shift in the purpose and role of education. We have now recognized with Mandela that “education is the most powerful weapon we can use to change the world”.

With Globalization, our actions are no more having just a national or regional impact. We are now living in a global village where we have responsibilities to everyone. We must be belonging to a broader community and common humanity. GCE develops that global consciousness and competencies that will enable us to understand and resolve global issues in our sociocultural, environmental and economic environment. The great aim of education is not knowledge but action, then GCE allows learners to act effectively and responsibly at local, national and global levels for a more peaceful, inclusive and sustainable world.


The Biggest Challenge in Cameroon

One of the most pressing short-term and indeed long-term challenges in my country is youth unemployment. The Global Employment Trends for Youth 2015 revealed that 73.4 million youth were unemployed in 2015. The National Institute of Statistic sorted that the youth unemployment rate is 30%. 90% of youth are working in the informal sector and 75.8% of workers are underemployed, earning less than 23000 FCFA/month. Why? Lack of managerial expertise and capital, weakness of the cultural entrepreneurship, lack of a real national youth policy, the poor adaptability of vocational training institutions and corruption are the main causes.

Therefore there is a political and socioeconomic urgency of responding to this challenge of unemployment as a precondition to reduce brain drain, poverty, prostitution, suicide, street children, high crime waves, sexual harassment, gambling addiction, teenage pregnancies, and street children. This national scourge is slowing down the economic growth.

To achieve these goals, actions need to be taken by the government and youth. Government must intensify children’s education to ethical and moral values, develop an integrated strategy for rural development, facilitates the access to credit market and implement the Global Citizenship Education (GCED), a UNESCO’s teaching approach that aims in developing skills, values, attitudes and knowledge that empower youth to assume active role in their glocal environment. We must also develop our global consciousness, work hard and be responsible in order to positively impact our society and build a better world.


Serons nous tous nègres demain ?

 

C’est sur cette question que s’ouvre l’ouvrage Critique de la raison nègre. Son auteur, l’historien camerounais Achille Mbembe, le présente comme «un style de réflexion critique sur le monde de notre temps». Que faut-il entendre par ce postulat d’un «devenir-nègre du monde»? Dans l’imaginaire des sociétés européennes, la race et le «Nègre» n’ont toujours fait qu’un, avance Achille Mbembe, reprenant ici des conceptions fanoniennes.

Achille Mbembe cite notamment ces propos de Frantz Fanon:

«En réduisant le corps et l’être vivant à une affaire d’apparence, de peau et de couleur, en octroyant à la peau et à la couleur le statut d’une fiction d’assise biologique, les mondes euro-américains en particulier auront fait du Nègre et de la race deux versants d’une seule et même figure, celle de la folie codifiée

Cette confusion entre «race» et «Nègre» ancrée dans la pensée européenne constitue d’ailleurs le socle inavoué sur lequel s’est bâti la modernité, à la fois en tant que projet de connaissance et de gouvernement. La critique de la modernité et du capitalisme n’a pas suffisamment mis en relief l’impact de cet assemblage nègre-race dans la constitution du monde contemporain.

L’historien distingue trois «moments» qui conduisent au «devenir-nègre du monde». Ce processus est entamé au XVe siècle avec le début de la traite atlantique (le premier capitalisme), pilier de la modernité. Le «nègre» est alors considéré comme «homme-objet», «homme-marchandise». Le phénomène se poursuit jusqu’à l’ère du capitalisme néolibéral: Achille Mbembe voit en effet dans le néolibéralisme une pulsion consistant à transformer l’Homme en objet et à assurer une maîtrise illimitée sur l’ensemble du vivant. Se dessine alors le devenir d’un homme-machine, d’un homme-chose (comme pouvait l’être l’esclave), qui doit répondre «au double souci de se reproduire et de jouir des biens de ce monde», tout en s’adaptant sans cesse, dans une logique de court-terme, aux injonctions de la société. Achille Mbembe voit ainsi dans ce devenir de l’individu à l’ère néolibérale «une universalisation tendancielle de la condition nègre». Une telle société conduit finalement à une relégation des individus à une humanité superflue, livrée à l’abandon, dont le capital n’a guère besoin pour son fonctionnement. Ces deux moments –la traite atlantique et l’ère du néolibéralisme– sont entrecoupés par celui de la lutte pour l’émancipation –marqué par exemple par le mouvement pour les droits civiques, ou plus récemment la fin de l’apartheid.

L’invention du «nègre»

Pour comprendre les représentations implicites relatives au terme «Nègre» dans l’inconscient collectif européen, Achille Mbembe consacre une partie de son essai au processus de transformation des gens d’origine africaine en «Nègres». C’est Frantz Fanon, dit-il, qui exprime le mieux, dans Peau noire, masques blancs, le sens sous-jacent du mot «Nègre» dans l’imaginaire occidental: «Le nègre est une bête, le nègre est mauvais, le nègre est méchant, le nègre est laid.»

Achille Mbembe analyse ici la façon dont le «nègre» a fini par devenir le signe d’une altérité impossible à assimiler, d’une joyeuse hystérie, dans l’imaginaire occidental. La «race nègre» y est assimilée à l’instinct, aux pulsions irrationnelles, à la sensualité primaire; le «Nègre» n’est pas assez entré dans l’Histoire, il serait encore englué dans un monde magico-religieux ; la mentalité dite sauvage serait «prélogique». La «race blanche» serait la seule à posséder la volonté et la capacité à construire une vie historique. Telle est la «raison nègre». Par cette expression, Achille Mbembe désigne «une somme de voix, d’énoncés et de discours, de savoirs, de commentaires et de sottises dont l’objet est la chose ou les gens d’origine africaine, et ce que l’on affirme être leur nom ou leur vérité (leurs attributs et qualités, leur destin)». Dès ses origines -les écrits antiques portent déjà la trace de cette invention de la figure du «nègre», selon Achille Mbembe, et la philosophie européenne n’est pas en reste, en témoignent les textes hégéliens décrivant le «nègre» comme n’étant pas sorti de l’animalité- la «raison nègre» consiste en «une activité primale de fabulation», dans laquelle la «domination de race» puise ses justifications, souligne l’historien.

Une modernité marquée par le principe de race

L’idéologie des «races dominantes» prend son essor dans un contexte de colonisation. Pour Achille Mbembe, la «modernité» est l’autre nom du projet expansionniste européen dans les empires coloniaux mis en œuvre à partir du XVIIIe siècle, tandis que le XIXe siècle est le siècle triomphant de l’impérialisme. L’historien fait d’ailleurs apparaître à quel point la notion de «race» n’est pas extérieure au projet moderne européen:

«La critique de la modernité demeure inachevée tant que nous n’aurons pas compris que son avènement coïncide avec l’apparition du principe de race et la lente transformation de ce principe en matrice privilégiée des techniques de domination, hier comme aujourd’hui

La thématique de la différence raciale (au sens d’une différence de qualité entre les races) fait ainsi l’objet d’une normalisation au sein de la culture de masse (via les musées, les zoos humains, la presse, les arts et la littérature) à l’époque coloniale, observe Achille Mbembe, qui explique que «des générations de Français ont été exposées à cette pédagogie de l’accoutumance au racisme». Finalement, les raisons économiques, idéologiques ou politiques de la colonisation mobilisent le signifiant racial: il s’agissait de civiliser des «races inférieures.» On se souviendra ici du discours de défense d’une politique coloniale de Jules Ferry en 1885, fondée sur la thèse de la «mission civilisatrice de l’Homme blanc»:

«Il faut dire ouvertement en effet que les races supérieures ont un droit vis-à-vis des races inférieures (…) Je répète qu’il y a pour les races supérieures un droit parce qu’il y a un devoir pour elles. Elles ont le devoir de civiliser les races inférieures.»

Un «racisme sans races»

La «raison nègre» et le projet moderne européen ont donc été fondés sur le principe d’une «hiérarchie des races» et d’une différence biologique, irréductible, entre la «race blanche» et la «race nègre». Qu’en est-il aujourd’hui ? La réflexion critique que l’auteur pose sur notre époque s’ouvre sur le constat du déclassement de l’Europe à l’époque contemporaine : le Vieux continent ne constitue plus le centre de gravité du monde. Cette «provincialisation» de l’Europe (Achille Mbembe convoque pour preuve le titre de l’ouvrage phare de Dipesh Chakrabarty, Provincializing Europe, livre emblématique des Postcolonial studies, porteur d’une vision renouvelée de l’histoire, moins européo-centrée) ouvre de nouvelles perspectives à la pensée critique. Dans la mesure où le «Nègre» et la «race» ont contribué à forger le discours européen sur l’Humain, la provincialisation actuelle de l’Europe signifiera-t-il l’extinction du racisme? Ou bien le racisme prendra-t-il de nouvelles formes? Achille Mbembe semble envisager la seconde option, pointant qu’en Europe et aux États-Unis sévit déjà désormais un «racisme sans races», où la «culture» et la «religion» sont mobilisées en lieu et place de la «biologie.»

Cette thèse selon laquelle le racisme s’est déplacé du plan biologique vers le plan culturel est commune à plusieurs penseurs contemporains. Elle est développée par l’anthropologue Régis Meyran et le sociologue Valéry Rasplus dans Les pièges de l’identité culturelle, Berg International, 2014, ou par le sociologue Raphaël Liogier, dans Ce populisme qui vient, Textuel, 2013. Le thème de l’islamophobie, de la peur de l’islam est une illustration récurrente et actuelle du racisme «culturel».

Vers un monde commun

Il serait vain de vouloir dévoiler ici toute la finesse de la réflexion proposée par Achille Mbembe dans cet essai aussi dense qu’érudit, où la richesse des références historiques le dispute à la subtilité de l’analyse critique sur notre temps. Retenons cependant que l’essai s’achève sur l’idée de la nécessité de créer un monde commun.

Partager le monde exige de donner réparation à ceux qui ont été privés de leur part irréductible d’humanité dans les tourments de l’histoire. Un processus de réparation qui doit s’inscrire dans une double démarche: tout à la fois sortir du statut victimaire pour les uns, et rompre avec la «bonne conscience» et le déni de responsabilité pour les autres.

Etre Africain, c’est «être un homme parmi d’autres hommes», proclamait Frantz Fanon dans Peau noire, masques blancs. «Il n’y a guère de relation à soi qui ne passe par la relation à Autrui», poursuit Achille Mbembe, qui veut imaginer une politique de l’humain qui soit «une politique du semblable», où il invite à «mettre en commun les différences». Cette politique du semblable passe par «un élargissement de notre conception de la justice et de la responsabilité» pour une «montée collective en humanité». Ainsi, la proclamation de la différence, dans un objectif de réparation et de restitution de ses droits humains, ne doit être que le moment d’un projet plus large, le projet d’un monde «débarrassé du fardeau de la race, et du ressentiment et du désir de vengeance qu’appelle toute situation de racisme».

«Il n’y a qu’un seul monde», réaffirme l’auteur en guise d’épilogue:

«L’on aura beau ériger des frontières, construire des murs et des enclos, diviser, classifier, hiérarchiser, chercher à retrancher de l’humanité ceux et celles que l’on aura rabaissés, que l’on méprise ou encore qui ne nous ressemblent pas, ou avec lesquels nous pensons que nous ne nous entendrons jamais. Il n’y a qu’un seul monde et nous en sommes tous des ayants droit.»

Justine Canonne

Source: https://www.slate.fr/tribune/84289/devenir-negre-du-monde-Achille-Mbembe