René Nkowa

Je ne suis pas au pays donc c’est moi qui commande!

 

La fête de la Nativité avait été une réussite (du moins, de mon coté). Il y a eu des tonnes de nourriture à manger, des hectolitres de liquides en tous genres à boire, le tout entouré de la famille, des amis, même des inconnus et dans une atmosphère musicale quelques fois vulgaire, il faut l’avouer. Mais c’était bien. Assis sur notre banc, chacun essayait d’impressionner les autres avec les choses « magnifiques » qu’il aurait faites pendant les journées du 24 et du 25 décembre. Les débats, comme d’habitude, se déroulaient à bâtons rompus, chaque compère essayant de prendre l’ascendant verbal sur tous les autres. Mais quelque chose n’allait pas, malgré l’ambiance bon enfant. C’était Doyen qui posait problème, et cette fois pas de la plus loufoque des façons. L’ambianceur attitré du banc était curieusement muet. Il nous écoutait (?) en silence et semblait passablement irrité aussi. Nous lui avons donc fait la remarque. Cela a pris le temps que ça a pris, mais il a fini par nous expliquer qu’il venait de recevoir un savon monumental de la part de son frère cadet qui est actuellement en Occident pour une histoire de beignets au haricot que le petit dernier de la famille n’avait pas mangé.

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Mémoires d’un étudiant de Faculté

La fac! Ah! Comme on en rêvait! Mais être en fac dans nos universités n’est pas une sinécure. Moi, j’ai eu l’insigne honneur de me compter parmi les étudiants de l’Université de Douala. Mais rien ne nous préparait, mes camarades et moi d’un des collèges privés les plus sélectifs de la ville où nous étions traités comme des petits trésors à vivre ce qui nous attendait en faculté. Rien du tout. Aussi étrange que cela puisse paraître, malgré le standing de l’établissement que je fréquentais depuis sept années déjà, aucune journée d’orientation ne fût jamais organisée pour guider dans les méandres des filières de l’enseignement supérieur dans lequel nous nous apprêtions à entrer, tout élèves de la classe de Terminale que nous étions. De façon personnelle, mon année de Terminale m’avait paru tellement mauvaise, qu’au lieu de me préoccuper de mon point de chute après le bac, j’en étais à me questionner sur mes chances de même obtenir ce diplôme. J’allais vite être fixé, car j’ai eu le baccalauréat, et de surcroît, mes notes en classe étaient en fait loin d’être mauvaises. Il était désormais trop tard. Le temps de débuter les atermoiements, la rentrée académique était déjà là et je me suis retrouvé en faculté de Droit à l’Université de Douala.

 

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Gare aux magiciens des rues!

Il n’y a pas de cirque à Douala. Ou plus précisément, la fréquentation de la ville par des troupes de cirque est d’une sporadicité famélique. Il n’y a pas non plus de salle de spectacles digne de ce nom, pas de salle de cinéma, pas de stade de football remplissant les standards internationaux. De premier abord, on pourrait dire que le divertissement est mort par ici. Ce serait pourtant une grossière erreur de le faire!

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Douala, version « sans caleçon »

Ô innocence, ô insouciance, où êtes-vous? Où êtes-vous passés depuis? Ô pudeur, ô honte, ô honneur, pourquoi avez-vous foutu le camp? Cela avait commencé par une démultiplication des débits de boisson, qui naissent et se répandent de façon totalement incontrôlée. Ces lieux qui auparavant fermaient avant 10 heures du soir font maintenant concurrence farouche aux night clubs et autres discothèques. Y a-t-il encore des gens qui sortent en boîte à Douala. Je ne crois pas, puisque plus personne n’en parle. Il y a encore quelques années, les seuls lieux de (ré)jouissances dans notre chère ville se nommaient« Khéops »« Jet Set »« Blue Note », qui étaient tous des boîtes de nuit dignes de ce nom, c’est-à-dire avec des videurs à l’entrée, petite porte close, contrôle des identités, insonorisations… Aujourd’hui, on parle de « Club Facebook »« Connexion »« 10 étoiles », qui sont des snack-bars en bonne et due forme. Ils ne sont désormais plus seulement le repaire des braqueurs qui y ourdissaient leurs funestes desseins, mais aussi des lieux de jouissance libidinale incontrôlée. Ces bars ne sont plus seulement des bars, mais aussi des clubs de strip-tease. On les appelle les bars « sans caleçon »!

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Faut-il craindre les moto-taxis de Douala?

La scène se déroule le mercredi 19 octobre dernier devant les locaux abritant les studios du groupe de presse Equinoxe. Ce groupe, réputé pour ne pas y aller du dos de la cuillère avec le régime en place et de ce fait souvent réprimandé par celui-ci recevait une visite d’importance: celle du ministre de la communication. Mais la présence des véhicules des forces de l’ordre composant le cortège ministériel ont eu un effet pervers: ils ont attiré les badauds et les inévitables conducteurs de moto-taxis. En une poignée de minutes, plusieurs centaines de ces engins étaient parquées devant le bâtiment. Une rumeur avait voulu que les forces de l’ordre soient venues sceller. Les conducteurs de moto-taxis regroupés sur les lieux entendaient donc intervenir si cette éventualité se confirmait. Il faut noter que la TV et surtout la Radio Equinoxe jouissent d’un important capital de sympathie dans la classe populaire car le franc-parler de leurs journalistes est apprécié. Et il est à préciser que la dernière fermeture de ces chaînes en février 2008 avaient été la goutte d’eau qui avait fait déborder le vase et les fameuses émeutes que le Cameroun avaient connues alors avaient éclaté la semaine d’après.

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DJ Arafat, tu t’es attaqué au mauvais poisson

Vous connaissez DJ Arafat? Si vous répondez non, c’est le bonhomme ci-dessus. Et ce serait une véritable surprise, surtout si vous vivez en Afrique francophone. Parce que ce rigolo n’est rien de moins que l’artiste musicien le plus populaire actuellement dans cette partie du monde. Ce qui fait son succès?  Des propos grivois accolés à des beats violents faisant usage excessif de batterie.

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Le melting pot des présidentielles

Demain dimanche 09 octobre 2011, les camerounais vont élire leur nouveau président de la République. Du moins, ceux qui voudront et/ou pourront le faire, car jusqu’à cette veille de jour-J, de nombreux électeurs n’ont toujours pas eu en mains le précieux sésame qui leur permettra d’aller dans les centres de vote accomplir leur droit […]Lire la suite…


Elections présidentielles sous-tension

Ce billet, j’aurai en fait souhaité le publier hier. Mais en raison du fait que je n’ai pu trouver un ordinateur pour le faire (ce qui est un comble, puisque j’ai passé la plus grande partie de la journée entouré de PC). Ce que je puis assurer, c’est qu’il aurait eu un tout autre intitulé. Hasard du destin ou coïncidence, il se trouve que ce matin même est survenu un évènement à Douala qui m’a sur-le-champ fait changer la perspective de vue du sujet que souhaitais analyser. Lire la suite…


Les pucelles ne savent pas faire l’amour

Femme nue. Vierge? Pas pour très longtemps, en tout cas 

Ruth est morte. Avec elle sont partis les rêves fantasmés de la quasi totalité de la gent masculine du quartier. Avec elle sont aussi partis les tiraillements intérieurs qui dominaient les femmes et petites amies des mâles du coin. Ruth, c’était une histoire à la Margot de Georges Brassens. D’une gentillesse d’enfant, malgré ses vingt cinq ans révolus, elle savait attirer par son sourire ravageur, par ses yeux d’une couleur vert-bleu. Elle attirait aussi par cet aura de mystère qui l’entourait perpétuellement. Personne ne savait grand chose d’elle, en dehors du fait qu’elle avait un déhanché à faire basculer le plus stoïque des hommes. Qu’elle avait une chute de hanches digne d’une bouteille de Top (si tant est qu’une bouteille de Top peut être personnifiée). Des jambes légèrement arquées lui permettaient un démarche fine et féline. D’une taille moyenne, elle avait tout partout où il fallait. Elle ne serait peut-être jamais désignée Miss Univers (et pour cause), mais elle jouissait du plébiscite dans nos coeurs tourmentés. Ruth est morte et un monde s’est effondré. Lire la suite…


Qu’ai-je retenu du 11 septembre 2001?

On célèbre ce week-end, comment dirait-on, le dixième anniversaire des attentats terroristes qui ont ébranlé l’Amérique et le monde, dans une certaine mesure. Que dire de plus que ce qui l’a déjà été? Pas grand chose. Mais une question s’insinue partout depuis quelques temps: que faisiez-vous le 11 septembre 2001? Beaucoup, à l’instar de celui-ci, ont essayé d’expliquer pourquoi les détails de cette journée restent gravés dans la mémoire de chacun. Ce serait mentir de dire que cette journée n’a pas été au moins particulière pour chacun de nous. Elle a suscité des réactions d’indignation dans le monde occidental ou occidentalisé et des scènes de liesse dans les régions hostiles aux Etats-Unis. Mais on peut se poser une autre question: où est ce que les évènements de cette journée funeste nous ont mené, dix ans après?

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La ruée vers l’Internet gratuit

A l’occasion de la célébration du 20ème anniversaire d’Internet, il était demandé aux membres d’un forum auquel je participe de raconter leur première expérience d’Internet. Pour ma part, je me souviens très bien de ce lointain mercredi du mois de mars 2001. J’étais en seconde et ce jour-là, je suis allé sur la Toile, le réseau des réseaux pour la première fois. L’heure de surf avait coûté 1250 F CFA exactement. Il y a dix ans déjà. Depuis, de l’eau a coulé dans la rivière et Internet, qui au début était la grande inconnue est désormais omniprésente dans la vie de tous les jours, même sous nos chers tropiques. Les tarifs d’accès à Internet, quoiqu’ayant subi un dégrèvement d’importance, demeurent néanmoins assez prohibitifs. La jeunesse camerounaise a donc découvert le filon de l’Internet gratuit et tout le monde veut désormais se connecter à travers les téléphones multimédias de plus en plus nombreux. Ce qui n’est en théorie pas possible, car les opérateurs en brident l’accès, mais des petits malins s’échinent (avec succès) à contourner toutes les barrières, devenant ainsi des hackers dignes de ce nom. Pour le bonheur des jeunes.

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La chasse au rat

La chasse aux rats Ah, les vacances au village dans notre enfance! C’était une tradition incontournable. Quand les grandes vacances pointaient leur nez, les parents se débarrassaient de nous en nous envoyant passer deux à trois mois auprès de leurs parents. Lire la suite…



Un blâme pour avoir parlé comme un rappeur

Comment est-ce que cela a pu arriver? Moi, le chantre du français bien parlé, l’amoureux de la langue de Molière, le pourfendeur de toutes les espèces de tournures de langages employées dans notre microcosme linguistique camerounais, comment ai-je pu recevoir un blâme de la part d’un responsable de mon établissement aussi bêtement? Le plus grave pour moi n’est pas le fait que je lui ai manqué de respect, mais les termes que j’ai utilisés. Comment est-ce que j’ai pu répondre à un reproche qui m’était adressé par un « je ne donne pas le lait » aussi gauche et puéril qu’inapproprié? Sorti de ce bureau, j’ai vite fait de supprimer cette chanson de la playlist de mon baladeur numérique. Elle, que j’écoutais en boucle depuis quelques jours est la seule responsable du dérapage verbal inacceptable dont j’ai été victime.

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NoBakChich, nouvelle arme anti-corruption au Cameroun ?

C’est malheureusement un secret de polichinelle : depuis une bonne poignée d’années, le Cameroun fait partie des plus mauvais élèves dans l’école de la probité est de l’assainissement des mœurs publiques. Le fond a d’ailleurs été atteint en  1998 et 1999 quand le Cameroun a été désigné par Transparency International comme étant le pays le plus corrompu de la planète. Cela a eu l’effet d’un électrochoc sur l’opinion publique et les autorités camerounaises. Ces dernières tentent, avec vraiment pas de succès, il faut se l’avouer, d’endiguer ce fléau. Le problème de la corruption nécessite une prise de conscience au plus haut niveau de l’Etat bien entendu, mais aussi au niveau de chaque citoyen. Ce message a apparemment été compris par un programmeur qui a décidé de monter une application informatique dénommée NoBakChich qui dans l’idée doit aider à lutter contre la corruption au Cameroun. Comment fonctionne cette application ? Pourra-t-elle atteindre ses objectifs ?

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Où est passé le SIDA?

Où se cache le SIDA là dedans ?

Quelle fille épatante elle était, cette Candy! Candy n’était pas son véritable prénom mais nous aimions l’appeler ainsi car elle ressemblait à un savoureux bonbon. Juchés que nous étions sur notre banc dans le quartier, nous avons vu défiler devant nous des centaines de jolies fleurs, mais Candy était celle qu’on préférait de toutes. Elle était notre fée et nous passions notre temps à nous imaginer dans les plus voluptueuses turpitudes en sa compagnie. Mais elle nous était inaccessible, pour la bonne raison que nous n’avions pas le carrosse qui devait nécessairement aller avec cette Cendrillon. Elle montait et presque chaque soir dans une voiture qui l’attendait à l’autre bout de la rue et en redescendait quelques heures après, sous nos yeux dépités. Mes compères ont chacun à leur tour essayé de la conquérir. Sans succès. Je fus le seul de la bande à qui elle n’opposa pas de refus, pour la simple raison que je ne lui avais jamais conté fleurette. Mais depuis, nous ne nous occupons plus d’elle. Plus aucune voiture ne vient l’attendre à l’autre bout de la rue. Elle n’est plus le catalyseur de nos tourments fantasmés. Elle est devenue difforme, inintéressante. Agnès est enceinte.

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