N'Guessan Jean Christ Koffi

Ça sourd au Congo

de Wikipedia.org CC
de Wikipedia.org CC

Ça sourd au Congo.

Depuis n’importe quel point du globe,
On voit bien que ça sourd au Congo,
La volonté de se maintenir à vie au pouvoir.
Comme du pétrole sous pression
S’échappant de terre,
Ça sourd vraiment au Congo,
Au risque de souiller à nouveau,
Comme dans les années 1990
Ciel, fleuve, terre et mer.
Et que dire du cœur de ces mères
Dont l’existence n’est que peur et pleurs,
A cause des brasiers qu’engendrent
De tels projets hautement inflammables ?
Gardez courage,
Mères du Faso aux cœurs déchirés
Par la disparition de la chair de votre chair
A cause de la vanité de fossoyeurs en chef,
Eux-mêmes prisonniers de l’illusion du pouvoir éternelle :
Reposez en paix, Samuel Doé !
Bonne retraite anticipée quand même, Blaise Compaoré.

Oui, ça sourd au Congo vraiment,
L’accrochage vaille que vaille au pouvoir,
Comme obus sur obus
Crachés par ces hélicos à l’allure inquiétante ;
Comme également ces venins de feu de cobras
Stoppant net dans son élan tout contestataire ;
Comme encore ces sauts, ces kicks et ces kiaye meurtriers de ninjas
Qui rappellent que la vie ne tient qu’à une cartouche : 6 dollars
Oui, ça sourd vraiment au Congo
Ce génie par lequel on arrivera
A faire du neuf avec de l’usé
Du jeune avec du vieux
Et certainement aussi des oubliés avec des jeunes.
Ou peut-être du cadavre avec du jeune ?
Dans tous les cas, ça sourd au Congo

Présidence à vie :
Entraîner la nation avec soi
Dans sa sénilité,
Dans ses soucis de santé,
Dans les hôpitaux à travers le monde entier,
Pire, à la morgue,
Puis dans sa tombe.
Pauvres enfants et malheureuse jeunesse
Que l’on veut faire avancer dans le temps à reculons.
Ça sourd au Congo,
Plus que jamais  Black bazar .


Allez, on lève les rideaux en Côte d’Ivoire…

Image de rideaux de pixabay.com CC
Image de rideaux de pixabay.com CC

2015 est une année électorale en Côte d’Ivoire mais l’atmosphère sociale est si particulière, sinon explosive, qu’on a l’impression qu’il se prépare petit à petit des scènes auxquelles les Ivoiriens ont habitué le monde.

En Côte d’Ivoire, à l’approche de l’élection présidentielle de 2015, on lève les rideaux et le spectacle peut commencer. En 2010 déjà, les Ivoiriens s’étaient retrouvés dans la situation ubuesque, ridicule et honteuse d’avoir deux présidents de la République à la tête de leur pays. Ces derniers, hommes d’un certain âge, hauts cadres, hommes d’État et pères de famille de surcroît, n’ont pu se départager qu’après les bruits de bottes, de basket et de sandales de toutes les pointures ainsi que le déploiement et les crépitements de toutes sortes d’armes.

Oui, ce spectacle peut commencer comme durant ces longues années où le pays était divisé en deux, entre nord et sud, entre zone rebelle et zone loyaliste, entre « jeunes patriotes » et « forces nouvelles », entre orateurs des ‘‘Parlements’’ ou agora à Abidjan et orateurs des ‘‘Sénats’’ à Bouaké, entre miliciens et rebelles. Entre militaires républicains et assaillants …

Aujourd’hui encore, c’est vraiment reparti pour ce spectacle comme en 2000 lors des débats irresponsables au sujet du « et » et du « ou » à propos de l’éligibilité à la présidence de la République. Ou bien comme le 24 décembre 1999, ce jour où des Ivoiriens saluaient le premier coup d’État dans leur pays et dansaient au son des compositions musicales à la gloire des jeunes mutins, « moutons », « bovins » et autres « porcins » qui leur faisaient ainsi vivre le meilleur Noël de leur existence. Ils offraient même à boire à ces sauveurs quand ils ne s’affichaient pas avec eux sur des clichés larges sourire aux lèvres. Et pourtant, dix mois après, notamment à la suite de la présidentielle d’octobre 2000, les sauveurs d’hier, voulant coûte que coûte s’accrocher à ce pouvoir qui ne les intéressaient pas *:)) Marrant se transformaient en bourreaux.

Eh oui, cette tragi-comédie peut enfin avoir lieu comme dans les années 2000 où dans les Parlements et autres places publiques. A la défunte ‘‘Sorbonne’’ du plateau, notamment,  on se félicitait chaleureusement que la Côte d’Ivoire fasse enfin partie des grandes nations du monde, à l’image de l’Irak et de l’Iran, tout simplement parce qu’il avait été voté à l’ONU un embargo sur les armes en Côte d’Ivoire.

Notre pays, c’est du pain béni pour les amateurs de dramaturgie. Rappelons-nous les remous causés par l’appel de Daoukro au sein du vieux PDCI (Parti démocratique de Côte d’Ivoire) ; et que dire de ces tiraillements chez l’intellectuel FPI (Front populaire ivoirien) ? nous n’oublions non plus ces grands *:)) Marrant calculs politico-judiciaires du pouvoir ivoirien pour sauver la tête de ses partisans qui auraient commis des crimes lors de la crise post-électorale de 2010-2011. Mais, la Côte d’Ivoire, c’est surtout une somme d’incompréhension pour l’Ivoirien lambda que je suis.

Aussi vrai que les mêmes causes produisent les mêmes effets, on ne peut être qu’amer quand l’on se rend compte que les Ivoiriens semblent ne rien retenir du passé, mais surtout donnent l’impression de n’accorder aucune importance à leur avenir. Le débat qui a précipité la Côte d’Ivoire dans la guerre, l’a couverte de tant de honte resurgit à quelques semaines de la présidentielle. Il s’agit de la question de l’éligibilité à la présidence de la République ou l’exclusion d’une frange de la population ivoirienne à cette fonction suprême. Et il n’y a vraiment rien de surprenant que ce débat refasse surface. C’était en effet prévisible.

Est-ce par mépris, par arrogance, par excès de confiance ou simplement par manque de sérénité que l’on a fait semblant d’ignorer la cause des crises successives qu’a connue la Côte d’Ivoire ? Dans tous les cas, 13 ans après qu’elle ait connue une rébellion armée et 5 ans après la crise post-électorale et des milliers de morts, le vieux démon refait surface : l’inéligibilité d’Alassane Ouattara qui serait né d’un parent non ivoirien et se serait prévalu d’une autre nationalité alors que la constitution ivoirienne dit que ne peut être candidat à l’élection présidentielle un individu qui se trouverait dans de telles situations.

Ce débat nauséabond, irresponsable, honteux et effrayant ne referait pas surface si les autorités ivoiriennes avaient eu le courage de crever l’abcès en proposant une modification de la Constitution. Non pas pour l’adapter à la situation d’un quelconque politique, mais pour permettre à la Côte d’Ivoire d’assumer son histoire de pays d’immigration, pays qui ne serait pas en avance dans la sous-région ouest-africaine sans l’apport de ces personnes que l’on désigne des décennies après, et avec mépris, comme des étrangers alors qu’elles font partie intégrante de la population ivoirienne.

Cette réforme constitutionnelle fera de la Côte d’Ivoire un pays responsable. Elle pourrait, en outre, non seulement lui éviter d’autres morts et des conflits à venir, mais aussi elle mettrait effectivement à sa disposition tous ses fils et filles quelle que soit la région du monde dans laquelle ils se trouvent.

On opposerait à cette proposition que ce n’est pas en étant forcement président de la République que l’on peut se mettre au service de son pays.
Ce n’est pas faux, mais il faut garantir la paix sociale en évitant que des gens se sentent exclus et veuillent accéder au pouvoir par des moyens autres que pacifiques. Et puis, en ayant à l’esprit que seul le développement de notre pays doit prévaloir, développement qui mettrait à l’abri de la pauvreté ou aurait des implications positives, il serait vraiment absurde de se priver des compétences qui permettraient d’atteindre ce but. Par ailleurs, envoyer les Ivoiriens à se prononcer par référendum pour une réforme constitutionnelle les rendraient par-dessus tout responsables face à leur choix quel qu’il soit… J’en suis convaincu, même si j’ai en souvenir qu’en 2000, des politiques avaient fait preuve de mauvaise foi en appelant à voter « oui » pour la Constitution actuelle bien que conscients qu’elle ne faisait pas leur affaire. Soit.

Dans une Côte d’Ivoire qui se veut en émergence, ce n’était pas mauvais de construire des ponts, mais il aurait d’abord fallu s’occuper du problème de fond (la Constitution) pour éviter à la Côte d’Ivoire d’être de nouveau la risée du monde. Ces manifestations, ces troubles et ces morts d’hommes après la validation de la candidature d’Alassane Ouattara par le Conseil constitutionnel n’augurent rien de bon. *:-S Inquiétude


Moi, candidat à la présidentielle ivoirienne…

image d'un Africain de flickr.com CC
Image d’un Africain de flickr.com CC

Moi, candidat à la présidentielle ivoirienne, et égrainant certainement fièrement devant les caméras et sur les ondes mon parcours académique et professionnel, je battrais campagne pour la démocratisation de l’éducation en prônant l’école gratuite du primaire au supérieur. Il n’y a en effet qu’une formation accessible à tous qui puisse garantir un développement véritable et solide à la Côte d’Ivoire.

Moi, candidat à la présidentielle, je garantirais une bonne santé à tous les habitants de la Côte d’Ivoire, car le moindre souffle de vie est un atout pour son évolution. Pour ce faire, des ressources de l’État, c’est-à-dire, des ressources de l’ensemble des habitants de la Côte d’Ivoire serviront à les soigner plutôt qu’à dédommager leurs proches à cause de diverses négligences et leur acheter des cercueils après leur mort. Ces moyens serviront également à mettre les agents de santé dans les conditions de travail.

Moi, candidat à la présidentielle, je proposerais gratuitement (parce qu’ils ont déjà payé de plusieurs années de leur précieuse vie) le rattrapage académique à toutes ces Ivoiriennes et tous ces Ivoiriens qui ont décroché du système éducatif à cause des longues années de crise qu’à connues notre pays. Pour ceux qui n’en auraient pas la volonté ou qui se trouveraient trop âgés pour retourner sur les bancs, on leur proposerait une formation pour qu’ils puissent s’installer à leur propre compte. Ils contribueraient donc à la prospérité de la Côte d’Ivoire.

Moi, candidat à la présidentielle, je battrais campagne pour que chaque habitant de mon pays puisse manger à sa faim, qu’il puisse avoir un toit où se reposer, qu’il dispose de moyens de déplacement accessibles à sa bourse et dignes d’un être humain.

Moi, candidat à la présidentielle, les questions de l’environnement seraient une priorité. Pour éviter un désastre écologique et sanitaire à notre pays, il va falloir mettre un terme au déboisement sauvage, mettre sur pied une politique de reboisement sur l’ensemble du territoire national. Autre préoccupation, améliorer l’habitat pour éviter à nos enfants le spectacle indigne et dégoûtant de l’écoulement de nos excréments sur le bitume, quand il y en a bien sûr.

Moi, candidat à la présidentielle, je ne promettrais pas de décrocher la lune, encore moins le soleil aux Ivoiriens ou encore d’étendre le ciel à leurs pieds. Je leur ferais simplement comprendre que seuls le travail bien fait, la lutte continue contre la corruption et la recherche sans relâche de l’égalité des chances élèvent toute personne.

Moi, candidat à la présidentielle ivoirienne, je ne battrais pas campagne sur la région, l’ethnie, la religion ou les supposées origines de tel ou tel autre candidat au risque de faire faire à mon pays un bon de 1 000 ans en arrière.

Moi, candidat à la présidentielle, je n’accorderais pour rien au monde la responsabilité des retards de mon pays à tel ou tel autre individu. Je proposerais plutôt dans un projet de société sérieux des solutions pour que le quotidien de chaque Ivoirien soit un moment de joie et de victoire sur le sous-développement.

Moi, candidat à la présidentielle ivoirienne…


La politique africaine pour les nuls (1)

Manifestants africains de anticapitaliste.net CC
Manifestants africains de anticapitaliste.net CC

Sans être prétentieux, je veux tout simplement expliquer certains aspects de la politique africaine à ceux qui n’y comprennent pas grand-chose ou à ceux qui pensent en connaître beaucoup, mais que cette politique finit pourtant par dérouter ou encore à ses experts qui ne finissent pourtant pas de se tirer les cheveux à cause d’elle.

 

Dans la politique en Afrique, tout part d’un phénomène : le fait que l’intérêt particulier prime sur l’intérêt général. Cela se manifeste chez le gouvernant par son refus de céder le pouvoir. Il s’y éternise donc, pour ses propres intérêts bien entendu, y empêchant ainsi toute alternance au grand dam de tous ceux qui rêvent d’accéder à cette fonction suprême. Il s’en suit des affrontements entre gouvernants et opposants à travers leurs partisans respectifs.

Ainsi, les uns, (partisans des gouvernants) meurent en défendant leur pouvoir, les autres (militants de l’opposition) perdent la vie au nom du droit, quelques fois en défendant une éventuelle victoire à des élections auxquelles ils ont été déclarés perdants.

Mais l’on ne peut ignorer un fait : la persistance de la corruption, des détournements, de la gabegie, etc. dans les pays. Et cela, malgré quelques fois les quelques rares alternances au pouvoir qu’a connues l’Afrique. En clair et pour résumer, quelque soit la tendance au pouvoir, la male gouvernance persiste.

Ainsi en se référant à cette évidence et en nous rappelant les conflits politiques, les disparitions de ceux qui transforment le front politique en champ de bataille peuvent être formulées autrement. En effet, les premiers, c’est-à-dire les partisans du pouvoir perdent la vie pour défendre becque et ongle leur pain. Les seconds, les opposants meurent pour défendre leur droit que ce pain leur revienne coûte que coûte. Souvent, après s’être copieusement entretués comme de vraies brutes, mais sachant que le pouvoir ne profite qu’aux vivants, et comme eux n’aimeraient pour rien au monde faire partie des prochains qui n’en connaitront pas la saveur ( le mort ne ‘‘mangeant’’ pas), gouvernants et opposants s’entendent pour partager le pouvoir dans des gouvernements d’union nationale ou des gouvernements de partage régional, ethnique et tribal de portefeuilles ministériels et de services publics.

Ces gouvernements sont encore appelés gouvernement de large ouverture, en d’autres termes gouvernement de légalisation de la corruption nationale. On peut également leur donner le nom de gouvernement de manducation. En Ivoirien, on dira objectivement gouvernement de ‘‘mangement’’. Un fois dans les arcanes du pouvoir, chacun s’occupe de ‘‘manger’’ sans état d’âme, sans se poser de questions.

Ainsi pour éviter que le pays ne sombre dans de graves troubles sociaux, voire dans des guerres qui attireraient non seulement les regards sur leur régime, mais les empêcherait de traire en toute quiétude cette vache que représente le pays pour eux, les gouvernants s’arrangent à ce que le pouvoir ne soit pas entre les mains d’un seul individu, d’une seule région, d’une seule ethnie, d’une seule tribu. En fins stratèges politiques, ils ont donc inventé à cet effet le partage du pouvoir. Cette générosité politique est communément appelé gouvernements d’union nationale, gouvernement que l’on peut considérer comme la légalisation de la répartition des services publiques par régions, par tribu ou par ethnie comme si un pays était une addition de régions, de tribus ou d’ethnies, et comme si encore tout ce monde peut vivre des seuls services publiques, surtout lorsque ceux-ci ne sont pas rentabilisés.

Mais le fait est que ces services là font tout de même courir des gens. Certains ont apparemment fait le choix d’être les corrompus plutôt que les potentiels corrupteurs. Mais au fait, pour corrompre, ne faut-il faut pas en avoir les moyens, et surtout avoir des projets ? Tout cela, ceux qui font de l’accession à la moindre parcelle de pouvoir une question de mort ou de mort ne l’ont pas.

Lorsque des prédateurs n’arrivent pas chacun à s’emparer d’une proie pour soi, ils se la partagent. Tel est le cas de ces pays africains que tout le monde gouverne sans que personne n’y soit responsable de quelque chose, ou encore où tout le monde est responsable sans que personne ne réponde d’aucun délit (de malversation, de népotisme par exemple) devant la justice. Ne soyez donc pas surpris que certains ministères et services publics soient des représentations d’une ethnie, d’une tribu ou d’une région. Cependant, certains ministères et services de l’État étant plus juteux que d’autres, ne soyez pas non plus étonnés que les violences ne prennent jamais fin dans un tel agrégat d’ethnies, de tribus et de régions.

Le cycle de violence est, il va de soi, la conséquence de ces gouvernements de prédation nationale, encore appelé gouvernement d’union nationale, ou gouvernement de corruption nationale, ou encore gouvernement de ‘‘mangement’’.

Avec un tel système politique, de plus très huilé, on se demande bien où certains africains trouvent encore la force de crier, et sur tous les toits, que c’est l’Occident qui empêche l’Afrique d’évoluer. Ignorance ou mauvaise foi ?

Une chose est sûre, et autant que cette règle est valable pour chaque individu, tant que l’Afrique ne se remet pas en cause, elle ne sera pas digne de se développer. Elle ne fera que tourner en rond, s’étant condamné à un éternel recommencement.

 


Mois de juin en Côte d’Ivoire : mois des percées !

Fidèles catholiques au terme du mois des percées. CC Jean Christ Koffi
Fidèles catholiques au terme du mois des percées. CC Jean Christ Koffi

En Côte d’Ivoire, le slogan, c’est : « Un pays émergent à l’horizon 2020 ». Mais, le pays en lui-même ne peut se développer si sa composante, c’est-à-dire sa population, demeure dans la torpeur. Pour susciter la dynamique de l’évolution, le mois de juin a été décrété « mois des percées » sur la paroisse Saint Pierre de Niangon Sud (Yopougon/Abidjan). Cette paroisse qui ne cesse d’œuvrer pour l’amélioration de la condition de ses fidèles.

Tout le mois de juin, c’était jeûne, mini veillée et rencontre de prières pour les paroissiens de Saint Pierre. Il y avait de plus méditation du chapelet du Crucifié, suivi d’un Jéricho, le tout organisé par l’éveil missionnaire catholique (qui pour l’occasion a publié L’Auréole, un bulletin d’enseignement et de prières, mais surtout un véritable facteur d’évolution pour quiconque prend au sérieux ses enseignements). Toutes ces manifestations étaient animées par son fondateur le prédicateur ivoirien Valentin Memel Ly. Mais ce programme religieux, et c’est là tout son charme, était largement agrémenté d’enseignements sur le thème :      «  (…) Tout ce que tu entreprendras réussira ». (Psaume 1, 3)

Loin de paraître comme une utopie, ce thème devrait constituer une source de motivation pour toutes les personnes qui ont des projets, mais ne peuvent les mener à terme ou tout simplement, pour une raison ou pour une autre, n’ont pas le courage de les débuter. En effet, selon le prédicateur ivoirien Valentin Memel Ly, et avec des passages bibliques à l’appui, le succès d’une entreprise, quelle que soit sa nature, comporte plusieurs étapes. Ce sont :

  • 1- Avoir une vision claire de ce qu’on a comme projet.

Et cela, parce que chacun dispose d’un talent qui le dispose à trouver du bonheur et prospérer dans une activité précise. Et, seule la prière peut révéler cette vision. La rencontre entre Dieu et projet n’est pas fortuite, car selon l’orateur : « Quand ton projet croise la vision de Dieu, il te donne ce que tu demandes, plus que ce qui est nécessaire, pour réaliser ton projet ». Le prédicateur a ainsi dans un premier temps pris l’exemple de Néhémie dans la Bible, dont le projet, la construction des remparts de Jérusalem dans l’antiquité, lui a non seulement été révélé après plusieurs mois de jeûnes et prières, mais il a bénéficié de l’aide de Dieu pour le mener à bien. Pour ce qui est de la vision qui croise celle de Dieu, l’exemple d’Anne, mère de Samuel, est très parlant. Stérile, celle-ci promet à Dieu de lui consacrer le fils qu’il lui donnerait. Dans le même temps, Dieu recherche un nouveau prêtre pour remplacer le vieux Héli, dont les enfants n’étaient pas dignes de lui succéder à cette fonction. Dieu, non seulement, agrée les prières de Anne car la vision de celle-ci croise la sienne, mais cette dernière aura par la suite 5 autres enfants. La fécondité de cette femme que l’on traitait de stérile n’est que le symbole de la prospérité des entreprises qui entrent la vision de Dieu. Autrement dit, les projets qui sont au service de l’humanité prospèrent forcément.

  • 2- Commencer

A quoi pourrait en effet servir d’avoir des projets si ceux-ci n’étaient pas mis en œuvre ? Commencer son projet est la condition sine qua non pour pouvoir un jour le voir prospérer. Et à ce niveau, l’obstacle majeur du début d’une entreprise, il va de soi, est le manque de financement. Mais, le prédicateur ivoirien a rappelé que l’on n’a pas besoin de grands moyens pour se lancer dans un projet. Il faut éviter d’être présomptueux. Il a donc objectivement conseillé de commencer petit pour pouvoir au fil du temps avoir la pleine mesure de son projet. Et à ce propos, l’être humain est un exemple, il ne naît pas adulte. Il est bébé, enfant, adolescent, jeune avant d’être adulte.

  • 3- Vaincre la peur.

Pour le prédicateur ivoirien, il faut neutraliser la peur, car selon lui, la peur est l’élément qui anéantit la foi et par conséquent toute entreprise. Saint Pierre est une illustration de ce fait (Matthieu 14, 22-31). Invité par Jésus (qui marchait sur l’eau) à le rejoindre, Pierre (motivé par le souvenir de l’épisode de la pêche miraculeuse pendant laquelle sur instruction de Jésus, il jeta son filet et pris une quantité impressionnante de poissons en Luc 5, v4-v6) se lance sans hésiter, marche aussi sur l’eau, mais : «  il voit que le vent est fort et il a peur, et comme il commence à s’enfoncer, il crie : “Seigneur, sauve-moi !” ». La peur fait perdre pied à Pierre. En établissant un rapport entre cette scène et entrepreneuriat, le fondateur de l’éveil missionnaire catholique conseille tout simplement d’éviter d’écouter les gens (symbole du tumulte des eaux). « Il faut marcher selon la parole de Dieu, celle que Dieu nous a mise à cœur, selon lui. Ce n’est à ce prix là que le succès est obtenu ». Mais la réussite ne saurait être totale sans cette dernière évidence.

  • 4 – Oser.

Oui, il faut oser. Comme Pierre symboliquement, il faut apprendre à marcher sur l’eau. En d’autres termes, l’on doit commencer à apprendre à être audacieux. L’on doit garder confiance et oser car l’on travaille avec Dieu. Il faut donc oser et se relancer malgré les échecs, a encouragé l’homme de Dieu.

L'Eveil Missionnaire Catholique et son fondateur, Valentin Memel Ly, en blanc CC Jean Christ Koffi
L’Eveil missionnaire catholique (EMC) et son fondateur, Le prédicateur ivoirien Valentin Memel Ly, en blanc. CC Jean Christ Koffi

A la fin, le prédicateur ivoirien a invité les chrétiens à ne pas hésiter à solliciter de l’aide pour réaliser leur projet. A cet effet, l’État constitue un aide indéniable, car des fonds sont mis à disposition par les différents gouvernements ivoiriens pour la réalisation de projets. Le gouvernement actuel ne déroge pas à la règle. Il  a ainsi alloué 26 milliards de FCFA à la réalisation de projets. Mais parce que la politique en Côte d’Ivoire crée des clivages, les Ivoiriens qui sont soit d’un bord politique différent de celui du gouvernement, soit d’une autre région que celle du président de la République, ou encore d’une religion différente de la sienne ne se sentent pas concernés par ces fonds, des fonds qui pourtant proviennent des taxes et autres impôts que paient les Ivoiriens sans distinction de parti politique, de région ou de religion. Ainsi, à cause d’une certaine politique, des personnes qui ont des projets qui pourraient améliorer leur condition de vie se privent volontairement, et c’est malheureux, de ce qui leur revient de droit.

Mais le message fondamental du prédicateur est que les chrétiens doivent se décharger de tous les fardeaux, fardeaux de mépris, d’animosité, de suspicion, de manque de cordialité, ces fardeaux qui les empêchent non seulement de retrouver les autres, mais leur font rater des opportunités.

Ce n’est qu’en remportant cette victoire sur l’orgueil, et tous les sentiments malsains vis-à-vis de l’autre qu’ils auront de l’aide pour réaliser leur projet. Ajoutée à de l’abnégation, il n’y a aucune raison qu’ils ne connaissent pas de percée.

La ferveur avec laquelle a pris fin ce mois destiné à encourager les chrétiens à s’engager dans des entreprises libérales et de garder confiance que celles-ci réussiront me pousse à croire que les personnes ont été très réceptives à ces enseignements. Nous ne pouvons que leur souhaiter bon courage !


Lutter contre le travail des enfants en Côte d’Ivoire

Enfants Exploités, de ar.wikipedia.org CC
Enfants Exploités, de ar.wikipedia.org CC

Le 22 juin dernier, les forces de l’ordre ivoiriennes, Interpol et l’OIM (l’Organisation Internationale pour les Migrations) ont libéré une cinquantaine d’enfants des mains des personnes qui les exploitaient. Cette action est louable, mais le champ de telles entreprises est tellement vaste en Côte d’Ivoire qu’il serait dommage que les autorités s’arrêtent en si bon chemin, surtout que notre pays nourrit l’ambition d’être émergent à l’horizon 2020.

Qu’elle ne fut ma joie d’entendre sur les antennes que des enfants ivoiriens ainsi que d’autres originaires des pays comme le Burkina Faso, le Mali, la Guinée et exploités dans les plantations de cacao en Côte d’Ivoire ont été libérés des mains de leurs bourreaux. Mais, ma joie pourrait virer à de l’amertume si après leur libération, ces enfants étaient abandonnés à eux-mêmes. Il viendrait ainsi grossir le lot des enfants de la rue, et malheureusement aussi des petits brigands, comme ces fameux microbes d’Abidjan.

Que les autorités ivoiriennes ne donnent donc pas l’impression que la libération de ces enfants constitue un autre coup d’éclat à l’ivoirienne. Pour prouver leur sincérité, elles doivent libérer tous les enfants exploités en Côte d’Ivoire. Et, ces enfants là, il n’y en a pas qu’en brousse, dans les plantations de cacao. Il y en a à travers le pays, en ville, comme en campagne, dans les endroits que nous fréquentons au quotidien, dans notre voisinage, dans notre entourage comme dans nos familles.

Il suffit de ne pas faire preuve d’hypocrisie, ou simplement d’ouvrir les yeux pour les voir. Ce sont : ces gamines qui sont pourtant utilisées comme nounous pour les enfants de leurs patrons ; Ou encore, ces petites filles en âge pourtant d’aller à l’école qui sont réduites à accompagner d’autres enfants, ceux de leurs employeurs, à l’école ; ce sont toujours ces petites filles qui travaillent dans des restaurants où elles assistent la cuisinière, assurent le service, nettoient les tables, font la vaisselle, balaient, etc. ; ce sont aussi ces petites filles, vendeuses ambulantes dès six ans. En plus d’être exploitées, toutes ces filles sont également exposées aux abus sexuels.

Les garçons sont également victimes d’exploitation. Ce sont : ces talibés dont on ne parle pas beaucoup en Côte d’Ivoire, mais que l’on peut facilement voir dans les quartiers populaires d’Abidjan et de Bouaké par exemple ; ces petits apprentis mécaniciens ; ces enfants qui passent la journée à faire les égouts, les décharges d’ordures, et les gros caniveaux à la recherche de fer qu’ils vendront pour avoir de quoi participer aux dépenses familiales.

Il va sans dire que la majorité de ces enfants, filles comme garçons, finiront analphabètes et sans aucune formation. Or la Côte d’Ivoire à être émergente dans 5 ans. Pour faire donc de ces enfants une force d’émergence et non une charge indéfinie pour la Côte d’Ivoire, il revient aux autorités ivoiriennes de poursuivre sur leur lancée, et de libérer véritablement tous les enfants exploités du pays. Elles ont également la responsabilité de mettre fin aux réseaux d’immigration destinés à fournir les exploitations agricoles ivoiriennes en enfants originaires de la sous-région ouest-africaine.

Mais l’élément fondamental qui, en mon sens, permettrait de mettre fin au travail des enfants en Côte d’Ivoire, serait de lutter contre la pauvreté. C’est en effet leur situation défavorable qui emmène les parents à faire travailler leurs enfants à bas âge ou à les abandonner entre les mains de personnes qui promettent de s’en occuper, mais les exploitent.

Et, il n’y a pas plus grande arme contre la pauvreté que la formation, la lutte contre la corruption et l’égalité des chances. Il n’y a qu’ainsi que l’on arrivera à endiguer ce phénomène absurde et honteux d’enfants esclaves et que la Côte d’Ivoire pourra un jour se vanter d’être un pays émergent.


Bonne fête, maman chérie !

Cœur, fête des mères, de Pixabay.com
Cœur, fête des mères, de Pixabay.com

A la place des yeux,
Tu as un cœur.

A la place du nez,
Tu as un cœur.

A la place de la bouche,
Tu as un cœur.

A la place des oreilles,
Tu as un cœur.

A la place des mains,
Tu as un cœur.

A la place du cœur,
Tu as le cœur
De toutes les mères
De l’univers.

Bonne fête, maman chérie !
Je t’aime !


Côte d’Ivoire : circulez, y a rien à voir !

Palais de justice d'Abidjan de common wikimedia.org
Palais de justice d’Abidjan de common wikimedia.org

Le président Alassane Ouattara a affirmé que » les personnes qui ont commis des atrocités et des crimes durant la crise post-électorale seront jugées en Côte d’Ivoire quelles que soient les opinions nationales et internationales, car notre pays qui est un Etat moderne et un Etat de droit, en a la capacité ». Il ne faut donc pas s’attendre à voir ces personnes dont parle le président devant la CPI (Cour pénale internationale). Apparemment, cette annonce ne serait pas un autre coup d’éclat à l’ivoirienne*:)) Marrant.

Petit rappel historique

Le père de la nation en Côte d’Ivoire est Félix Houphouët-Boigny (1905-1993), premier président de la République (de 1960 à 1993). Homme d’une infinie sagesse et d’une générosité du même genre, il fut aussi connu comme un grand visionnaire. Il ne quitta le pouvoir qu’avec sa mort, vieux et malade. Malgré toutes les qualités qu’on lui trouvait, le décès du père fondateur, sans une alternance au préalable au pouvoir, a laissé le pays dans des conflits de succession qui l’ont plongé dans des années de crise militaro-politique.

Retour dans le présent

Contrairement au président Houphouët-Boigny, le président Alassane Ouattara, lui, ne laissera pas son pays dans une interminable crise après son passage à la tête de l’État. Et la sincère volonté de son gouvernement de faire juger en Côte d’Ivoire tous les auteurs de crimes lors de la crise postélectorale de 2010-2011 en est la preuve. On pourrait raisonnablement douter de cette volonté. Mais, les jugements, de Madame Simone Gbagbo et de ceux qu’on appelle les pro-Gbagbo devraient nous convaincre de la franchise des autorités.

La CPI peut donc passer son chemin en Côte d’Ivoire. Les autorités ivoiriennes feront aussi juger dans leur pays leurs partisans que l’on accuse d’avoir commis des crimes lors de cette fameuse crise postélectorale. Et, ce n’est pas la première fois qu’elles l’affirment. Depuis le début de son mandat, le président le martèle.

Cette parole a tellement été tenue qu’à 6 mois de la fin du mandat présidentiel, et en faisant le point, on remarque qu’il n’y a effectivement que les pro-Gbagbo qui sont passés devant la justice*:)) Marrant. Certainement que le régime a prévu son second mandat, de 2015 à 2020, pour honorer cette promesse, à moins qu’en six mois, il ne fasse ce qu’il n’a pas pu réaliser en plus de quatre ans. Ou, peut-être aurait-il finalement prévu de laisser ce brûlant dossier aux futurs dirigeants de la Côte d’Ivoire, l’administration étant une continuité ?*:)) Marrant *:( Tristesse

Dans tous les cas, personne n’ignore que faire passer devant la justice des artisans de son accession au pouvoir s’apparente à un suicide politique. Et, les autorités seraient vraiment prêtes à un tel sacrifice*:)) Marrant . Le fait que l’on n’ait l’écho d’aucune instruction, au plan national, à ce sujet en est la preuve. Tout doit certainement se faire dans le secret des dieux.*:)) Marrant *:( Tristesse

Les pressions de la communauté internationale et l’imminence des élections ne semblent pas étrangères à cette décision. Mais, les circonstances auront beau motivé nos autorités, il n’en demeure pas moins que cette décision a été prise pour naturellement éviter le jugement des pro-Ouattara par la CPI. Normal, puisqu’ aussi compétente et impartial que soit la justice ivoirienne, celle-ci ne leur fera aucun cadeau. Madame Simone Gbagbo et son beau fils Michel en savent quelque chose. Ce n’est pas le président du FPI (Front populaire ivoirien), Pascal Affi N’guessan qui dira le contraire.

Rappelons que ces trois personnalités, toutes proches de l’ancien président Laurent Gbagbo, donc opposantes au régime ivoirien, sont passées devant la justice, avec des fortunes diverses. Madame Simone Gbagbo a écopé du double de la peine requise par le parquet, soit 20 ans de prison ; son beau-fils, lui, en a pris 5. Quant au président du FPI, que les frondeurs de ce parti accusent d’être à la botte du gouvernement, il s’en est tiré avec 18 mois de condamnation avec sursis. Qui dit mieux ?

Le moins qu’on puisse dire, c’est que l’Ivoirien n’a aucun souci à se faire, car au regard de la détermination des autorités*:)) Marrant, la fin de l’impunité est vraiment enclenchée*:(( En pleurs. Faut-il en rire d’amertume ou en pleurer de peine ?


Côte d’Ivoire : I voient rien !

 Goodluck Jonathan de The Commonwealth cc
Goodluck Jonathan de The Commonwealth cc

Comme tout Ivoirien, avant de faire quoi que ce soit dans la journée, je titre. En d’autres termes je regarde les titres des journaux pour prendre la température du pays. Et au lendemain des résultats de la présidentielle au Nigeria, en voyant les titres des journaux ivoiriens, des journaux ivoiriens proches du FPI (Front populaire ivoirien) en particulier, je ne savais pas s’il fallait rire*:) Heureux ou pleurer*:(( En pleurs. Ces journaux ivoiriens là ont fait leur Une avec la défaite de Goodluck Jonathan. Ils l’avaient également faite en son temps avec les défaites de Nicolas Sarkozy et Abdoulaye Wade, ainsi qu’avec la chute de Compaoré du pouvoir au Burkina Faso. Ces anciens présidents ont même été cités par les journaux tendance FPI. Et, tout porte à croire qu’ils ne voient rien.

Ce mercredi premier avril, des journaux proches du FPI titraient ainsi à propos de la défaite de Goodluck Jonathan  :

Aujourd’hui :  « La chute de l’ennemi public numéro 1 de Gbagbo »;

Le temps : « Après Wade, Sarkozy et Compaoré, Et Dieu frappa Goodluck Jonathan, un autre ennemi de Laurent Gbagbo est tombé. A qui le tour ? »

Un autre journal proche du FPI (Notre Voie) a eu la même inspiration.

« Après Wade Sarkozy et Compaoré, Goodluck,  un autre ennemi de Gbagbo est tombé.

C’est certainement par sympathie pour Laurent Gbagbo que les électeurs français, sénégalais, et nigérians ont décidé de ne pas renouveler leur confiance à leur président*:) Heureux. Quant au cas de Blaise Compaoré, il a été simplement chassé du pouvoir comme un malpropre par le peuple burkinabè parce que ce peuple en voulait certainement à ce dictateur pour le mal qu’il avait fait à leur chouchou démocrate Laurent Gbagbo.*:) Heureux

Anciennne affiche de campagne de Laurent Gbagbo de Clara Sanchiz cc
Ancienne affiche de campagne de Laurent Gbagbo de Clara Sanchiz cc

Mais, plus sérieusement, les journaux tendance FPI ont totalement raison. Nicolas Sarkozy, Abdoulaye Wade et Goodluck Jonathan ne peuvent être que les ennemis de Laurent Gbagbo. En effet, après avoir perdu la partie, ils ont décidé de quitter le pouvoir avec dignité en appelant leur adversaire pour le féliciter de sa victoire, souvent avant même la proclamation finale des résultats. Ce n’est pas le cas de Laurent Gbagbo, l’éternel (comme par hasard) malaimé de tous les chefs d’Etat de pays démocrates ou en voie de démocratisation. Laurent Gbagbo qui avait refusé de céder le pouvoir alors qu’il avait perdu l’élection de 2010 .

En revanche, pour ce qui est de Blaise Comparé, il y a une correction à faire. Plutôt qu’un ennemi, Blaise Compaoré est un ami à Laurent Gbagbo. Il en est même un grand ami et les deux hommes ont le même goût démesuré du pouvoir. La seule différence, c’est que Laurent Gbagbo a eu moins de chance parce qu’il n’avait apparemment que des ennemis, ou peut-être de mauvais amis. Ce n’est pas le cas de son ami Blaise Compaoré avec qui il entretenait pourtant une relation très hypocrite. Comparé, lui, a de grands amis en Côte d’Ivoire. Mieux que des amis, il a des compatriotes ivoiriens en Côte d’Ivoire*:) Heureux.  Et Joël N’guessan porte-parole du RDR (Rassemblement des républicains) de rappeler :

« Son épouse est ivoirienne. Or selon notre loi, quand un étranger épouse une Ivoirienne, il se retrouve Ivoirien ».

Attention. Les sympathisants de Laurent Gbagbo diront que Laurent Gbagbo n’a jamais eu pour ami un dictateur comme Compaoré.

Admettons que Laurent Gbagbo a vraiment pour ennemi des anciens homologues : « Cependant, on ne peut ignorer qu’au sein du FPI, parti de Laurent Gbagbo, il y a en ce moment des palabres. Deux tendances s’affrontent : le camp Affi N’guessan est opposé aux frondeurs à la tête desquels se trouve Abou Drahamane Sangaré. C’est une opposition entre d’une part le camp des modérés soupçonnés finalement d’être des vendus et d’autre part le camp de l’aile dur ou camp Gbagbo ou rien. » Ces palabres au sein même du parti de Laurent Gbagbo en disent long sur ses véritables ennemis.. On peut même pousser la réflexion et se demander si, au fond, les véritables ennemis de Laurent Gbagbo n’étaient pas Laurent Gbagbo lui-même et son clan puisque le FPI ne se réduit qu’à leur seule personne.

Le  FPI qui est obligé actuellement de procéder comme ceux qui ne l’avaient pas battu en 2010 pour conquérir le pouvoir. Oui, aussi surprenant que cela puisse paraître le grand FPI (par le nombre de militants bien entendu) *:) Heureux se coalise. Il se coalise avec les frondeurs du PDCI (Parti démocratique de Côte d’Ivoire) et d’autres petits partis sortis de son sein contre la coalition du RHDP (Rassemblement des Houphouétistes pour la démocratie et la paix). Cette coalition RHDP regroupe le PDCI, le RDR (Rassemblement des républicains), l’UDPCI (Union des démocrates pour la paix en Côte d’Ivoire) et le MFA (Mouvement des forces de l’avenir).

Ainsi, par cette coalition, le FPI se trahit. Il revient à la réalité en avouant implicitement et raisonnablement, contrairement à ce à quoi il fait croire à ses militants depuis cinq ans, que 1+1+1+1 n’a jamais été inférieur à 1. Ou les grands intellectuels du FPI reconnaissent enfin que 4 est plus grand que 1, même s’ils ne le font pas exprès.

En termes plus clairs : le FPI reconnaît que PDCI + RDR+ UDPCI+MFA est supérieur à FPI, à l’époque LMP (La Majorité présidentielle). Donc, la coalition RHDP est celle qui a remporté les élections de 2010.

Mais, cela n’est l’objet de débat que pour ceux qui pensent avoir la victoire dans l’ADN ; cela n’est l’objet de débat que pour ceux qui n’ont pas la moindre humilité, contrairement à Goodluck Jonathan, pour reconnaître qu’ils ont pu faire des erreurs pour arriver à perdre le pouvoir ; la victoire du RHDP en 2010 n’est encore l’objet de débat que pour ceux qui manipulent sans vergogne des militants, des militants plus portés sur les émotions que sur l’évidence. Cette particularité de ces militants tire certainement sa source du fait que la politique en Côte d’Ivoire est généralement une affaire d’ethnies, de régions et de clans.

Ils ne voient rien, ces journaux proches du FPI. Faire de Goodluck Jonathan l’ennemi de Laurent Ggbagbo, c’est ouvertement couvrir de honte leur mentor, Laurent Gbagbo.

En effet, cela n’est pas une règle, mais l’élection au Nigeria est aussi une affaire de religion. Ainsi le chrétien et homme d’État Goodluck Jonathan a accepté sa défaite. En agissant ainsi, il évite non seulement une guerre à son pays, mais il fait du Nigeria un modèle en Afrique. De l’autre côté, Laurent Gbagbo, un autre chrétien et homme d’État, comme Goodluck Jonathan, a refusé de quitter le pouvoir. On pourrait ainsi se poser la question de savoir quel genre de chrétien et d’homme d’État est Laurent Gbagbo pour refuser, contrairement à son frère en Christ et homologue Goodluck Jonathan, de quitter le pouvoir après avoir perdu les élections.

Ça fait mal, pour un Ivoirien, de l’avouer, mais c’est la réalité, Laurent Gbagbo sert ainsi d’exemple à ne pas suivre. Mais au-delà de sa propre dignité qui est ainsi ternie, c’est la réputation de toute la Côte d’Ivoire, et de l’Ivoirien en particulier, que Laurent Gbagbo a sali.

En lisant tous ces titres qui font jubiler certains Ivoiriens, friands de l’émotionnel et facilement manipulables, moi j’ai plutôt envie de pleurer*:(( En pleurs.

J’aurais tellement souhaité que l’alternance pacifique au pouvoir qui a eu lieu au Nigeria se passe en Côte d’Ivoire, en son temps. Le pire, c’est que rien ne dit que l’histoire ne se répétera pas dans mon pays en cette nouvelle année d’élection*:(( En pleurs.


Pas de spectacle en Côte d’Ivoire en 2015 (ll)

Pascal Affi N'guessan, opposant ivoirien, from Wikipedia Credit common
Pascal Affi N’guessan, opposant ivoirien, from Wikimedia commons

Qui a dit que faire de la politique en Côte d’Ivoire, c’est se donner en spectacle ? D’ailleurs, les rideaux n’ont jamais été levés, la scène n’a jamais été mise ; de comédiens même, il n’en existe pas. Alors comment un spectacle pourrait-il encore avoir lieu en Côte d’Ivoire en cette année d’élection ? L’appel de Daoukro à lui tout seul en est un signe car il privera certainement de spectacle les amateurs de tragicomédie ivoirienne. L’opposition ivoirienne ne demeure pas en reste non plus, car, à travers ses stratégies politiques et son unité, elle affirme plus que jamais son sérieux à conquérir le pouvoir.

Oui, comment la Côte d’Ivoire pourrait-elle se donner en spectacle cette année encore ? Sur ce plan, j’ai une totale confiance en l’opposition de mon pays. Elle compte de sérieux opposants. Ces derniers excellent tellement dans l’opposition qu’ils ont remarquablement fini par s’opposer entre eux. Ainsi vous verrez par exemple qu’au sein même du premier parti de l’opposition : le FPI (Front Populaire Ivoirien), il y a d’un côté des partisans du camp Affi N’guessan et d’un autre côté les frondeurs. Après avoir terrassé David (sic) uniquement à l’aide d’une fronde, le roi David doit certainement se réjouir d’avoir fait des émules des milliers d’années après.

Et puis, cette opposition est tellement engagée à l’opposition aux « politiques hasardeuses » du pouvoir et contre les inégalités, les insuffisances et les injustices sociales qu’elle a fini par s’assigner elle-même en justice. Ainsi, le camp Affi N’guessan, a, en son temps grâce à une première assignation, pu faire reporter le congrès du FPI à une date qui n’existe certainement que sur le calendrier du pouvoir ivoirien auquel Affi N’guessan est supposé être un opposant.

Deuxième assignation : après s’être fait débarqué de la présidence du FPI, le camp Affi N’guessan, toujours, se tourne à nouveau vers la justice ivoirienne pour protester contre ce « coup d’État » réalisé par les frondeurs.

Ces frondeurs ont ainsi réalisé une véritable performance politique contre celui qu’il soupçonne d’être à la botte du pouvoir ivoirien. Pour avoir réussi à chasser Affi N’guessan de la tête du FPI, ils tiennent certainement, en plus du grand politique, du footballeur intrépide qui ne craint pas les crampons (ou peut-être les matraques et les gaz lacrymogènes) de ses adversaires.

Quoi de plus normal puisque nos frondeurs-footballeurs sont en réalité assez rusés pour ne pas aller au contact. Ils évitent ainsi un pouvoir ivoirien qui veille au grain et est dévoué à faire régner la légalité « constitutionnelle » (sic) au sein du FPI, parti d’opposition.

Les frondeurs sont donc assez rusés. Ils préfèrent plutôt jouer dans leur cinq mètres cinquante, quitte à marquer ensuite contre leur propre camp, ou plutôt contre le camp Affi N’guessan.

Avec de telles performances politiques, qui peut encore prétendre que faire de la politique en CI, c’est se donner en spectacle ? Ce n’est certainement pas Madame Nady Bamba, elle qui a arraché les clefs de sa maison au camp Affi N’guessan après que celui-ci ait été évincé de la tête du FPI par les frondeurs du parti. Rappelons que cette maison servait de siège provisoire au FPI.

De mauvais critiques politiques diront que le FPI prépare la réélection du président Ouattara. Mais la tête de file de notre opposition (le FPI), et l’opposition ivoirienne en général ne peut se donner ainsi en spectacle en se combattant elle-même. La preuve, cette opposition s’est coalisée. Elle se renforce ainsi avec les frondeurs du PDCI (parti démocratique de Côte d’Ivoire), les frondeurs du FPI, les anciens du FPI, notamment Mamadou Coulibaly et « d’autres  partis politiques de l’opposition, comme par hasard, sortis des entrailles du FPI ».

Au regard de cette judicieuse stratégie politique, qui peut encore prétendre que faire de la politique en Côte d’Ivoire, c’est se donner en spectacle ?

Après s’être coalisé, l’opposition ivoirienne new look est ainsi prête pour affronter le président Ouattara car son caractère hétéroclite ne rend pas improbable la désignation d’un candidat unique (sic).

Cette opposition peut ainsi affronter le président Ouattara car son caractère hétéroclite ne rend pas improbable l’élaboration d’un programme de gouvernement clair (sic). D’ailleurs de programme de gouvernement, les Ivoiriens n’en ont pas besoin, puisque le vote tribal et régional est le plus grand argument de compagne en Côte d’Ivoire ;

D’ailleurs, de programme de gouvernement, les Ivoiriens n’en ont pas besoin puisque l’on pourrait par exemple retourner dans le passé et battre campagne avec l’ivoirité. Le débat sur l’article 35 de la constitution qui commence à enfler en est une preuve. Rappelons que cet article dit que le candidat à l’élection présidentielle

 » doit être ivoirien d’origine, né de père et de mère eux-mêmes ivoiriens d’origine. Il ne doit n’avoir jamais renoncé à la nationalité ivoirienne. Il ne doit s’être jamais prévalu d’une autre nationalité »

Et la démission du président du conseil constitutionnel serait lié à son refus de violer cet article qui viserait directement le président Alassane Ouattara, selon ses détracteurs.

On pourrait encore retourner dans le passé pour battre campagne avec des questions du genre : « qui a envoyé la guerre en Côte d’Ivoire ? Ou qui est le commanditaire du coup d’État de décembre 1999 ? », coup d’État, qui pour les Ivoiriens, serait la source de tous les malheurs de leur pays. Et puis, le seul fait que l’acquisition du pouvoir pourrait être une véritable aubaine pour des règlements de compte pourrait suffire à se coaliser malgré les différences de vision et de projets de société. Mais pour que des visions et des projets de société soient différents, il faut qu’il en existe. Ce n’est pas la nouvelle coalition des frondeurs et d’autres opposants qui dira le contraire, elle qui semble avoir fait du tout sauf Ouattara son slogan.

Avec de telles performances politiques de notre opposition, il n’y a aucun doute qu’il n’aura pas de spectacle en Côte d’Ivoire en cette cette nouvelle année d’élection ?


La Vierge Marie parle à la Côte d’Ivoire

Marie, mère de la charité chrétienne en visite à Saint Pierre de Niangon en Novembre 2014 Crédit photo : Christ Koffi
Marie, mère de la charité chrétienne en visite à Saint Pierre de Niangon en Novembre 2014 Crédit photo : Christ Koffi

Depuis bientôt un mois, les paroissiens de Saint Pierre de Niangon sud de Yopougon, à Abidjan, récitent quotidiennement le saint rosaire, « le rosaire pour la paix en Côte d’Ivoire » plus précisément. C’est la Vierge Marie, Mère de la Charité Chrétienne, qui a demandé de le faire à travers l’un de ses nombreux messages à la Côte d’Ivoire. Ces messages, Marie, Mère de charité chrétienne les transmet depuis 2005 à sa servante Chantal qui se charge d’en informer les Ivoiriens. Certains Ivoiriens rient de ces messages, d’autres au contraire, comme les paroissiens de Saint Pierre de Niangon Sud, les prennent très au sérieux.

Fin de semaine du 22 et 23 février 2015, paroisse Saint Pierre de Niangon sud, comme il en avait prévenu ses paroissiens le dimanche précédent, le curé est présent aux Cinq messes pour les entretenir sur un sujet vital pour leur pays : un message de Marie, Mère de la charité chrétienne.

Paroissiens de St Pierre de Niangon sud en pleine récitation du rosaire Crédit photo : Christ Koffi
Paroissiens de St Pierre de Niangon sud en pleine récitation du rosaire Crédit photo : Christ Koffi

Oui, Marie, Mère de la charité chrétienne a parlé à la Côte d’Ivoire par la servante Chantal. En réalité, ce n’était qu’un rappel, à cause certainement de l’urgence de la situation, car la Vierge Marie avait déjà parlé le 28 Mars 2014. Dans ce message, selon la servante Chantal, Marie, Mère de la charité chrétienne annonçait que la Côte d’Ivoire subirait encore des tribulations dans l’année à venir. Tout en y affirmant son soutien aux Ivoiriens, la Vierge Marie, selon la servante, incite vivement ceux-ci à un réveil spirituel. Elle insiste même sur le fait que les Ivoiriens ne doivent pas faire preuve de négligence comme par le passé. En effet, selon ce message en 2009 déjà, Marie, Mère de la charité chrétienne avait prévenu les Ivoiriens dans les moindres détails des événements douloureux qu’a vécus le CI en fin d’année 2010-début 2011.

Ce 20 février 2015, Marie, mère de la charité chrétienne a encore livré un message à la Côte d’Ivoire, par sa servante Chantal. Elle y invite les Ivoiriens à la charité, à la pénitence et à la prière. Elle y indique également le jour que la Côte d’Ivoire subira ces tribulations : ce sera un vendredi. Lequel ? Marie, mère de la charité chrétienne, ne précise pas. Selon la servante, elle invite seulement les Ivoiriens à la prière et à porter leur « croix » car ce sont des phénomènes extraordinaires et éprouvants qui se dérouleront en Côte d’Ivoire ce vendredi là.

Dans un troisième message délivré le dimanche 22 février pendant l’homélie, Marie, mère de la Charité chrétienne donnent d’autres précisions sur ces événements qui se dérouleront en Côte d’Ivoire : L’eau et l’électricité seront interrompues, dit-elle. Pis,

« le feu de l’enfer et les éclairs des archanges se rencontreront »,

précise-t-elle. Elle recommande aussi que ce jour là personne ne traîne dehors, chacun doit rester cloitrer chez lui et prier aux pieds de sa souche d’arbre.

Les chrétiens catholiques qui ont reçu ces messages ont décidé d’en parler autour d’eux comme la Vierge Marie le leur a demandé. Et comme par le passé, ces messages sont raillés quand les gens ne s’imaginent pas les scénarios les plus fous au sujet de ces événements qu’elle prédit.

Mais, ce 06 mars 2015, par la servante Chantal, Marie, Mère de charité chrétienne a donné un message pour clarifier les choses. Dans celui-ci, elle précise que ces messages ne sont pas destinés uniquement aux chrétiens catholiques, mais à tous ceux qui vivent selon la volonté de Dieu. Contredisant certains, elle précise ceci à propos de ces évènements, dans ce même message :

« Je ne parle pas de politique comme certains veulent le faire croire. NON ! Je viens vous faire entrevoir ce que la corruption, la haine envers les uns et les autres, la fausse croyance, l’idolâtrie, la sorcellerie entraînent comme conséquence ».

Dans ce message, Marie, Mère de la charité chrétienne invite aussi les catholiques à prier et les envoie dire à « ceux qui sont de conviction religieuse différente de se remettre sans tarder entre les mains de Dieu ».

Dans un dernier message donné le 13 mars 2015 , Marie, Mère de la charité chrétienne donne des signes des événements qu’elle a prédits :

« Ce vendredi-là, dit-elle par la servante Chantal, Dieu vous donnera des signes. Il vous fera comprendre que le moment est venu pour lui de frapper afin que vous ayez le temps de rentrer dans vos maisons. Le ciel s’obscurcira et le soleil changera de couleur ».

Dans ce message, elle invite les chrétiens catholiques à recueillir chez eux les personnes que ces événements auraient surpris dehors. De plus l’on restera cloitrer dans les maisons ou les lieux de prières, portes et fenêtres fermées. L’on ne doit par ailleurs pas regarder dehors de peur d’en subir les conséquences.

En somme, Marie, mère de la charité chrétienne, à travers ce dernier message réitère encore son souhait que les Ivoiriens manifestent de l’humilité et se convertissent résolument. Sinon, ceux qui ne l’auraient pas fait ne profiteront pas de sa victoire pour la Côte d’Ivoire sur les forces du mal.

Marie, mère de la charité chrétienne a parlé à la Côte d’Ivoire. Et, elle continuera certainement à le faire. On est libre de croire ou de ne pas croire. Les paroissiens de Saint Pierre de Niangon sud ont, eux, fait le choix de croire vaille que vaille, d’où la récitation quotidienne du Saint rosaire. Ces paroissiens ne font que la volonté de leur mère, Marie, Mère de la charité chrétiennes avec qui ils ont fait alliance en Novembre 2013. Celle-ci leur a même directement adressé des messages dans lesquels elle les assure de sa protection et de son amour sans fin.  Cette assurance elle l’adresse aussi à la Côte d’Ivoire et à toute l’Afrique.


Pas de spectacle en Côte d’Ivoire en 2015 (I)

Un éléphant charge une giraffe dans la savane africaine via wikipedia.org cc
Un éléphant charge une giraffe dans la savane africaine via wikimedia.org cc

Qui a dit que faire de la politique en Côte d’Ivoire, c’est se donner en spectacle ? D’ailleurs, les rideaux n’ont jamais été levés, la scène n’a jamais été mise, de comédiens même, il n’en existe pas, alors comment un spectacle pourrait-il encore avoir lieu en Côte d’Ivoire en cette année d’élection ?

Moi non plus, je ne dis pas que faire de la politique en Côte d‘Ivoire, c’est pareil à faire du théâtre. D’ailleurs, au PDCI (Parti Démocratique de Côte d’Ivoire), on refuse de se donner en spectacle. La preuve, on s’accuse mutuellement de « frondeurs », voire de « rebelle ». Les 4 cadres du PDCI opposés à l’appel de Daoukro et candidat à la candidature à la présidentielle d’octobre 2015 en Côte d’Ivoire sont traités de « frondeurs » par le président Bédié. Ces 4, que sont Essy Amara, Charles Konan Banny, Jérôme Brou Kablan et Kouadio Konan Bertin (alias KKB), sont aussi traités de la sorte par les partisans de la candidature unique du président Alassane Ouattara. Ces derniers, que les journaux proche du RDR (Rassemblement Des Républicains, parti d’Alassane Ouattara) qualifient de « bande des 4 » traitent à leur tour Konan Bédié d’autocrate :

« L’appel, affirme Jérôme Brou Kablan sur RFI, nous croyons que c’est un appel qui ressemble à un diktat parce que émanant de quelqu’un qui, un jour, est tombé dans les pratiques autocratiques. C’est ça qui nous a révoltés. S’il y a rébellion, s’il y a une faute, il faut bien être clair et précis pour dire c’est Bédié et ceux qui le cautionnent qui sont les frondeurs ».

Avec cela, qui peut encore affirmer que les cadres du PDCI se donnent en spectacle ?

Mais comment ces personnages sont-ils arrivés à ne pas se donner en spectacle ? Tout a commencé par l’appel de Daoukro. Cet appel, à lui tout seul, résume le fait que la politique en Côte d’Ivoire n’a jamais été un spectacle.

Petit rappel : Appel de Daoukro : affirmation du président Konan Bédié (président du PDCI) de faire d’Alassane Ouattara (appartenant au RDR), le candidat du PDCI à l’élection présidentielle de 2015. Pourtant, deux ans auparavant, un précédent congrès du PDCI avait décidé que ce parti aurait un candidat aux élections de 2015. Les partisans de l’appel de Daoukro le justifient par la nécessité de préserver la paix en Côte d’Ivoire.

Petit retour dans le passé pour expliquer cette idée : souvenons-nous l’élection présidentielle tumultueuse de 2010. Elle avait opposée au deuxième tour Laurent Gbagbo et Alassane Ouattara et s’était prolongée dans une éprouvante crise post électorale.

Pour revenir à l’appel de Daoukro, on est tenté de se demander d’où vient le risque qu’une élection ouverte, sans a priori le principal opposant Laurent Gbagbo, entrainera la guerre en Côte d’Ivoire ? Seul le président du PDCI pourra répondre à cette question, lui qui a muri tout seul et lancé l’appel de Daoukro. Mais les Ivoiriens ne sont pas dupes car l’histoire risque de se répéter dans leur pays. La démission du président du conseil constitutionnel à quelques mois des élections en est un signe.

En Côte d’Ivoire, ça spécule au sujet de la raison de cette démission. Pour certains, elle serait dû à un forcing du président de la République en vue de sa réélection, pour d’autres par contre, et à travers un véritable voyage dans l’esprit du président du conseil constitutionnel, c’est plutôt par orgueil que ce dernier a  démissionné après avoir été mis en minorité dans un débat au sein de l’institution qu’il dirigeait.

Dans tous les cas ça spécule au sujet des raisons de cette démission. Mais quelle qu’en soit les causes, c’est le symbole même de cette démission qui est plus parlant. On peut même n’accorder aucune importance à ce symbole car  par rapport à celui-ci  un autre symbole est encore plus significatif. Il s’agit de la nomination par le président de la République d’un de ses proches  à la tête de cette institution en remplacement au président démissionnaire.

Souvenons-nous,  avant les élections présidentielles de 2010 en Côte d’Ivoire, soit en 2009, le président de la République d’alors avait profité de la fin du mandat du président du conseil constitutionnel pour nommer à ce poste l’un de ses proches, M. Paul Yao-N’dré. Et le résultat de cette stradégie politique, on le sait : d’abord, une véritable comédie : les partisans de La Majorité Présidentielle empêchent la proclamation des résultats des élections présidentielles du second tour devant les cameras du monde entier, le président du conseil constitutionnel annule des résultats et annonce vainqueur de ces élections le président de la République sortant, son proche, alors que le président de la CEI (commission électorale indépendante) annonce vainqueur des élections, l’adversaire du président sortant. A cette grande comédie, suit une véritable tragédie : 3000 morts officiellement.

Mais au fait, je me rends compte que j’ai fait de la contrevérité dans ce petit souvenir car tous ces événements n’ont jamais été de la comédie, les politiciens ivoiriens ne sont pas des plaisantins. Cette succession d’événements a simplement été le résultat d’une réelle performance politique de nos politiciens. Voilà tout. Vive donc nos politiciens !

Revenons en 2015. Le président du conseil constitutionnel démissionnaire a été remplacé à son poste par M. Mamadou Koné, C’est un grand juriste, comme M. Paul Yao N’dré en son temps. Le nouveau président du conseil constitutionnel fait cependant partie de la coalition au pouvoir en Côte d’Ivoire : le RHDP (le Rassemblement des Houphouetistes pour la Démocratie et la Paix). M. Paul Yao N’dré, lui, à l’époque, était aussi membre du parti politique au pouvoir d’alors.

Je ne dis pas qu’il y a un nouveau recommencement ou une re-parfaite répartition des rôles pour que l’histoire se répète en Côte d’Ivoire. D’ailleurs, la politique en Côte d’Ivoire n’est pas un spectacle. Et puis, nos politiciens ne sont pas des comédiens. Mais, en se référant simplement au brillantissime passé politique de notre pays, on peut tout de même aisément imaginer la suite du film.

On peut par la même occasion percevoir qu’à travers son appel lancé avant la démission du président du conseil constitutionnel, le président Henri Konan Bédié, loin d’être un comédien, est un véritable visionnaire. Comme on le dit en Côte d’Ivoire : « Il a vu dans le film ». Et la suite des événements pourraient lui donner raison. D’où l’appel de Daoukro, censé justement ne pas lui donner raison. Autrement dit, grâce à son appel, la président Bédié évitera une nouvelle guerre en Côte d’Ivoire. Vive donc le président Bédié !

Le président Henri Konan Bédié fait donc preuve de prudence à travers son appel. Mais un proverbe baoulé dit : « Être prudent ne signifie pas avoir peur ».

Si préserver la paix, ce n’est pas avoir peur de la guerre, alors l’appel de Daoukro censé justement garantir cette paix ne serait que de la pure comédie. Mais l’appel de Daoukro, ce n’est pas de l’amusement, c’est du sérieux.

Grâce à cet appel, la Côte d’Ivoire aura la paix pour toujours. La preuve, il n’a jamais créé de dissensions au sein du PDCI car il a favorisé le rassemblement de Essy Amara, Charles Konan Banny, Kouadio Konan Bertin et Jérôme Kablan Brou et de tous leurs soutiens autour du président Bédié.

Grâce à cet appel, le président du conseil constitutionnel n’a jamais démissionné ; grâce à cet appel, un proche des autorités actuelles n’a jamais été nommé président du conseil constitutionnel ;

grâce à cet appel, le président de la République n’est pas soupçonné de vouloir tripatouiller la constitution ivoirienne en  modifiant l’article 35 de la constitution qui, selon ses opposants, pourrait l’empêcher de briguer un nouveau mandat présidentielle ;

grâce à cet appel, la Côte d’Ivoire n’est pas retournée 30 ans en arrière, au temps du parti unique ;

grâce à cet appel, la Côte d’Ivoire ne se donnera pas en spectacle devant les cameras du monde entier lors des élections de cette année ;

grâce à cet appel, il n’y aura pas d’autres 3000 morts ;

grâce à cet appel, justice sera rendu à tous ces morts, même au personnes tuées avant ;

grâce à lui, les anciens combattants seront tous désarmés et réinsérés ; grâce à cet appel, les soldats ne se soulèverons plus ;

grâce à cet appel, il n’y aura plus de corruption en Côte d’Ivoire ;

grâce à cet appel, l’indice de la pauvreté baissera en Côte d’Ivoire ;

grâce à cet appel, les jeunes gens de Côte d’Ivoire ne seront pas désœuvrés ;

grâce à cet appel, règnera la liberté d’expression dans notre pays ;

oui, grâce à l’appel de Daoukro, les cadres intègres de l’administration ivoirienne, comme Madame Evelyne Yapo, ex directrice de l’École Nationale d’Administration, ne seront pas limogés.

L’appel de Daoukro, à lui tout seul, n’apporte que grâces à la Côte d’Ivoire. Par conséquent, la politique aussi. Avec cela, qui peut encore prétendre que faire de la politique en Côte d’Ivoire, ce n’est rien d’autre que se donner en spectacle ?

Donc, cette année encore, on ne lèvera pas les rideaux dans mon pays. Il n’y aura pas de spectacle. Cependant, des personnes y ont choisi de faire les 1000 Ave Maria ou de méditer le chapelet du Crucifié. Cela, pour la simple raison que la danse d’un seul éléphant euphorique pourrait faire au moins autant de dégâts que le combat de deux éléphants en furie …


Le vélo en Côte d’Ivoire

Usager du vélo à Abidjan "Crédit photo : Christ Koffi
Usager du vélo à Abidjan « Crédit photo : Christ Koffi »

En Côte d’Ivoire, il y a des engins motorisés (motos et voitures) partout. Posséder un de ces engins est un signe de réussite sociale et suscite l’envie. Néanmoins, on peut aussi y voir des vélos. Dans mon pays, être derrière le guidon d’un vélo n’est pas aussi bien vu que d’être au volant d’une voiture. Les usagers du vélo sont pourtant fiers de leur engin car il leur rend divers services. Pour certains, il est le résultat de grands efforts. Pour d’autres, il est une garantie de bien-être. Pour d’autres encore, il représente toute leur vie. Mais dans l’ensemble, l’histoire de son développement en Côte d’Ivoire est liée aux politiques de développement adoptées par le pays au lendemain de son indépendance. Il est désormais si ancré dans nos mœurs qu’il inspire même certains artistes ivoiriens.

  •  Brève histoire du vélo en Côte d’Ivoire

Nêguêsoh : c’est ainsi que l’on appelle le vélo en Malinké ou en Dioula. Cette langue est parlée par les populations du nord de la Côte d’Ivoire. Mais, littéralement, nêguêsoh se traduit par « cheval de fer ». Pour comprendre ce qu’est le vélo pour un Ivoirien, il faut savoir ce qu’a été le cheval dans l’histoire des Malinké. Ce peuple se situe dans la haute Côte d’Ivoire, dans une zone sahélienne et de savane. Jadis, le cheval était, par rapport au mulet, le seul moyen rapide de locomotion. Il était un signe de richesse et de pouvoir car seuls les riches commerçants et les aristocrates pouvaient se l’offrir.
Avec la colonisation, est arrivé en Afrique, notamment en Côte d’Ivoire, un nouveau moyen de locomotion. Il est essentiellement réservé à l’administration coloniale, aux Garde-cercles en particulier. Il n’est certes pas aussi rapide que le cheval, il lui est d’ailleurs très différent puisqu’il est en fer. Mais il se monte comme un cheval : c’est le cheval de fer, Nêguêsoh ou vélo.

Après les indépendances et avec la modernité, le vélo se démocratise. Les populations du Sahel et de la savane ivoirienne peuvent l’utiliser comme moyen de locomotion en lieu et place de leurs pieds ou du cheval (accessible qu’aux riches).

A l’origine, c’est dans cet espace peu développé que le vélo était le plus utilisé pour se rendre aux champs, envoyer les femmes travailler à l’hôpital ou pour vaquer simplement à ses occupations. Aujourd’hui encore, il sert à cela dans certaines zones rurales enclavées du pays.

Après l’indépendance de la Côte d’Ivoire en 1960, les autorités ivoiriennes se lancent dans une intense politique agricole. Elles encouragent le travail de la terre. Les populations du nord du pays (région de savane) sont donc encouragées à « migrer » vers les zones forestières du centre, puis au fil du temps, vers le sud du pays, où les terres sont plus fertiles et plus propice à la culture du café et du cacao. Ces populations, réputées travailleuses, se déplacent en masse vers ces régions avec leurs habitudes, dont le vélo.

Il faut aussi préciser que la culture du vélo dans la zone forestière s’est accrue avec l’arrivée des saisonniers burkinabès en Côte d’Ivoire dans la même période et jusqu’à ce jour. Le peuple sahélien, immigré et pauvre, n’ayant pour moyen de locomotion que le vélo, a transmis cette habitude aux Ivoiriens de la zone forestière. Ces derniers l’ont adopté.

En faisant l’historique du vélo en Côte d’Ivoire, ma propre histoire avec le vélo me vient frénétiquement à l’esprit. Cette histoire enveloppe également ma conception de ce merveilleux engin qui a animé mon enfance.

  • Le vélo pour moi

Enfant, le vélo constituait pour moi un rêve. Je me souviens lorsque, enfant, pendant la période de la Noël, je passais des heures et des heures à faire les vitrines des commerces où les vélos étaient exposés. Je contemplais ces engins et m’imaginais en avoir un. Je comparais les modèles. Mais ce que je comparais le plus c’était les prix. Je me rendais par la suite compte que les jetons que je recevais pour me rendre à l’école, et que je mettais de côté, ne pourraient jamais m’acheter un vélo. Je me consolais donc en utilisant cette petite économie pour m’acheter une glace, un biscuit ou un chocolat.

  • Mon apprentissage du vélo : une véritable aventure

Je n’ai jamais possédé de vélo, mais je sais monter à vélo. L’apprentissage ne fut pas facile. J’en garde encore de bons souvenirs et les cicatrices aussi, aux genoux.
Notre apprentissage du vélo, nous l’avons effectué entre enfants du même âge sur les mêmes vélos. Que n’avons-nous pas fait pour pouvoir monter à vélo ? Nous mettions de côté notre amour propre pour bénéficier de temps en temps d’un tour de vélo offert par les camarades de jeux qui en possédaient. Mais la plupart du temps, nous montions sur « notre propre vélo ». Ces vélos si particuliers n’avaient de vélo que les guidons et les pneus. Ils n’avaient pas de chaînes. Ces vélos étaient de vieux engins que des parents oubliaient sur la toiture de leur maison, et que, entre enfants, nous nous organisions pour récupérer.
Il fallait le voir pour le croire, c’était de véritables expéditions. « Nos vélos », on allait les récupérer à l’heure de la sieste, au moment où ça dormait dans la maison sur laquelle se trouvait le vélo. Mais à cette heure là, ça dormait aussi dans le quartier, un quartier aux maisons en bandes et où les moindres faits et gestes passaient difficilement inaperçus.

Pendant cette expédition, les plus jeunes, dont je faisais d’abord partie, montaient la garde au cas où. Alors que, pieds nus et sur la tôle chaude, le plus grand du groupe allait habilement prendre le vélo. Par la suite, j’ai dû aussi monter sur des toitures pendant que d’autres montaient la garde.

Vous devez certainement vous demander pourquoi on ne demandait pas aux propriétaires, ils auraient pu nous donner ces vélos. On ne se risquait pas à leur demander car on connaissait assez leur tempérament et leur réputation dans le quartier pour deviner leur réponse d’avance. Et puis, ils prendraient l’école comme prétexte pour donner une réponse négative. Mais au fond, enfants, nous étions très intrépides.

On prenait donc nos responsabilités car on voulait faire du vélo comme les autres enfants du quartier, dont les parents étaient assez nantis pour leur offrir un nouveau vélo tous les Noël. Soit dit en passant, des promesses de faire cadeau d’un vélo, on en recevait de nos parents. Mais, ils conditionnaient chaque fois cet envié cadeau par de bons résultats scolaires, alors que nous ne faisions que nous améliorer à l’école.

Finalement, Nous avions compris que la perpétuelle promesse du vélo était pour nous motiver à l’école. On a fini par ne plus évoquer cette question quand nous avons remarqué, ici et là, sur des toitures, des vélos.

« Notre vélo », nous le montions à tour de rôle et en se poussant également à tour de rôle. Mais, on les montait généralement sur des descentes. Et, bonjour les petits accidents car ces vélos étaient également sans freins.

Finalement, de mon apprentissage du vélo je garde des souvenirs d’intrépidité, d’organisation, de solidarité, de ténacité. Naturellement, j’en garde aussi les cicatrices aux genoux. Mais elles ont toujours été pour moi une fierté.

Actuellement, je ne possède pas de vélo, mais lorsque j’en aurai les moyens j’en achèterai. J’en achèterai en souvenir des merveilleux moments que j’ai passé avec les enfants de mon âge autour d’un vélo endommagé, mais auquel nous arrivions à donner une seconde vie. Enfin, plus de vie, car après avoir soigneusement utilisé ce vélo à l’origine usé, nous nous servions des rayons et de la chambre à air pour fabriquer des pétards ou des voitures de fil de fer. La gente, elle, devenait un cerceau que nous roulions comme une voiture.

Finalement, je me dis que le vélo, c’est mon histoire. C’est une partie de mon âme car il m’a permis de développer des qualités dont je me sers aisément au quotidien dans mes études, comme dans la vie courante.

  • Représentation sociale du vélo en Côte d’Ivoire

A cause de son histoire, le vélo  est identifié aux peuples qui travaillent la terre en Côte d’Ivoire. Ce sont en particulier les Baoulé (populations de la savane, du centre de la Côte d’Ivoire), les Sénoufo (population de la haute Côte d’Ivoire) et les travailleurs saisonniers Burkinabès. C’est ainsi que le vélo a inspiré les artistes ivoiriens.

En mimant les mouvements du corps sur le vélo, ces derniers créent, à la fin des années 2000, une danse appélée Kpangô (vélo en langue Baoulé). Le kpangô se danse, évidemment sans vélo. Il se danse debout, mais en faisant avec les hanches et les mains les mouvements d’une personne en train de pédaler à vélo.
L’on pourrait penser que, par la danse, le vélo a atteint le monde urbain de la Côte d’Ivoire, mais il y était depuis bien longtemps.

Vendeur de vin de palme "Crédit photo : Christ Koffi"
Vendeur de vin de palme « Crédit photo : Christ Koffi »
  • Le vélo et la ville
Cycliste abidjanais du samedi "Credit photo : Christ Koffi"
Cycliste abidjanais du samedi « Credit photo : Christ Koffi »

Il est utilisé en ville comme moyen de locomotion pour se rendre à l’école. Et, à cet effet, le modèle le plus utilisé par les lycéens ivoiriens est un vélo de fabrication locale appelé Babanicongo. Ce terme vient du Malinké et signifie : « Heureux retour du champ, papa ». Ce modèle de vélo (72 rayons) est celui que les paysans utilisent pour se rendre au champ et pour d’autres activités quotidiennes. Avec son porte-bagage et sa solidité, il est très pratique. Il est moins cher qu’un vélo tout terrain (VTT). Son coût varie tout même entre 40.000 et 50.0000 francs CFA. Mais, faute de moyens, les élèves s’achètent généralement des vélos d’occasion à moitié prix.

Cycliste abidjanais du samedi "Crédit photo : Christ Koffi"
Cycliste abidjanais du samedi « Crédit photo : Christ Koffi »
  • Le vélo et les enfants

Aujourd’hui encore, malgré l’existence de consoles de jeu et de téléphones de troisième génération hyper sophistiqués, le vélo reste un cadeau prisé par des enfants. Interrogés sur ce qu’ils préfèrent dans le vélo, certains ont dit l’aimer parce qu’il leur permet beaucoup de mobilité et parce qu’il leur donne le sentiment d’être grands, d’échapper un temps soit peu à la surveillance de leurs parents. De plus, alors que le téléphone portable s’avère accroître la présence des parents partout où ils se trouvent, le vélo, lui, est une preuve de confiance de la part des parents. Mais, même pour les touts petits (10-12 ans), un vélo tout terrain (VTT) est tout de même à 58 000 francs CFA. Ce qui n’est pas du tout donné en Côte d’Ivoire car la pauvreté touche au moins 50 % de la population.

 

  • Les cyclistes de la ville

En ville, il n’est cependant pas rare de voir les cyclistes du weekend. Ce sont ces cadres ou ces retraités qui sortent leur vélo, juste pour garder la forme.
Des personnes en ont même fait leur moyen de locomotion dans une ville aussi bruyante et mouvementée qu’Abidjan. C’est le cas de Monsieur Denis, un retraité que j’ai rencontré en ville.
Cet homme d’une soixantaine d’années explique son choix de monter à vélo à son âge :

« Je montais à vélo pendant que je travaillais encore, affirme-t-il, le visage rayonnant de bonne humeur. Avant le vélo, poursuit-il, je possédais une moto que j’ai du vendre à cause de mes maux de genoux. Je me rendais par la suite au travail en taxi. Mais mon mal de genoux persistait. Ce sont mes patrons qui m’ont conseillé de faire du vélo contre ce mal. Au début, je me suis dit que le conseil n’était pas raisonnable. Mais, j’ai tout de même essayé, je me suis mis au vélo et, depuis, je n’ai plus mal. »

M. Denis ne regrette pas son choix comme mode de locomotion car, selon lui, le vélo lui garantit une bonne santé :

« Le vélo me fait transpirer et la transpiration évite la maladie, me confie-t-il, le vélo est le moteur de la machine du corps. »

En Côte d’Ivoire, il n’existe pas de pistes cyclables. M. Denis et les cyclistes de toutes les villes de notre pays doivent donc faire face à l’indiscipline des chauffeurs de taxis communaux (Woroworo) et de minibus (Gbaka). Ces derniers n’ont aucun respect pour les cyclistes. Mais  notre retraité évite les accidents grâce à son extrême prudence. Il reconnaît tout de même que faire du vélo sur les voies d’Abidjan, au trafic très dense, comporte de grands risques. L’une de ses arguments pour continuer à faire du vélo est qu’il permet de gagner du temps en se faufilant avec son engin entre les voitures dans un embouteillage.

Livreur de poulet congelé Crédit photo : Christ Koffi
Livreur de poulet congelé « Crédit photo : Christ Koffi »

En ville, le vélo est également utilisé comme outil de travail. Ainsi, en Côte d’Ivoire, les livraisons de sachets plastiques, de lait, de charbon de bois, de yaourt, d’œufs, de poulets congelés, et même la vente de vins de palme par exemple se font à vélo (72 rayons). Ces usages sont d’une grande portée sociale. Ce sont, en effet, généralement des immigrés nigériens (pour les sachets plastiques), guinéens (pour le lait) et maliens (pour le charbon de bois) qui utilisent le vélo pour le commerce. Ils travaillent pour leur propre compte.

Vendeur de lait de vache à Abidjan "Crédit photo : Christ Koffi"
Vendeur de lait de vache à Abidjan « Crédit photo : Christ Koffi »

Les Ivoiriens, quant à eux, utilisent des tricycles au travail, notamment pour des livraisons de yaourt. Ils travaillent pour des supermarchés ou pour le compte de petites et moyennes entreprises.

Vélo servant au trans port de cartons d'oeufs "Crédit photo" : Christ Koffi
Vélo servant au trans port de cartons d’œufs « Crédit photo » : Christ Koffi

Le vélo, dans les villes ivoiriennes, a donc une véritable portée sociale. Cette idée pourrait se résumer ainsi : dis-moi dans quelle activité tu utilises ton vélo, je te dirai de quel pays de la sous-région ouest-africaine tu es originaire. Le vélo est généralement l’outil de travail de l’étranger dans les villes de Côte d’Ivoire. Il y est donc le véhicule de l’immigré de la sous-région ouest-africaine.

Vendeur de sachets plastiques "Crédit photo : Christ Koffi
Vendeur de sachets plastiques « Crédit photo : Christ Koffi
  • Le vélo et l’Institut de cardiologie d’Abidjan

Dans le but d’encourager les personnes d’un certain âge à faire du vélo, grâce aux effets positifs que cet exercice physique a sur le cœur, des compétition de VTT sont organisées avec le parrainage de l’Institut de cardiologie d’Abidjan. Les participants à cette compétition sont gratifiés par une prise en charge sanitaire.

  • L’évolution des transports et le vélo

Pour faire du vélo à Abidjan, il faut se rendre en dehors de la ville (en forêt par exemple), ou sortir très tôt, car à partir de 6 heures du matin déjà, c’est à vos risque et périls. Vous êtes exposé à la pollution générée par tous ces véhicules. La ville d’Abidjan à elle seule supporte la majorité des 423 500 véhicules que compte le parc automobile ivoirien. La plupart d’entre eux sont des France au revoir (voitures d’occasion importées d’Europe).
En faisant du vélo à Abidjan, vous devez également vous attendre à faire face à l’indiscipline des automobilistes. Vous endurez  en outre la pollution générée par tous ces véhicules.

Mais, en général, en utilisant le vélo comme moyen de locomotion en Côte d’Ivoire, vous devez accepter de subir la chaleur du soleil, et donc de transpirer. Avoir de la sueur en permanence suscite dans notre société des moqueries et du mépris.

Ce sont là autant de motifs qui n’incitent pas les Ivoiriens à faire du vélo. On préfère emprunter un taxi, même pour une course sur moins d’un kilomètre.

  • Épreuve sportive : le tour de Côte d’Ivoire

Faire du vélo dans les grands centres urbains de la Côte d’Ivoire comporte certes des risques, mais certains ont décidé d’en faire une passion et une profession : ce sont les cyclistes professionnels de Côte d’Ivoire. La fédération ivoirienne de cyclisme compte 21 clubs affiliés (sur route, VTT et BMX). Ceux-ci affrontent leurs confrères africains dans diverses compétitions : tour du Faso, du Cameroun, du Gabon, du Rwanda, etc. Mais ils s’affrontent surtout lors du tour de Côte d’Ivoire. En 2013, ce tour a été baptisé « tour de la réconciliation ». L’objectif, selon les initiateurs de ce tour, était de rassembler les Ivoiriens. Ainsi, le vélo a été utilisé comme facteur de paix sociale. Et, même si la course a été interrompue faute de moyens, des gens sans distinction de bord politique sont sortis tout au long du trajet pour applaudir les cyclistes.

En somme, le vélo fait, dans un premier temps, partie de moi. Il me laisse de très beaux souvenirs d’enfance. Il fait dans un second temps partie de l’histoire de mon pays : pays fortement agricole, pays d’immigration, pays de migration des peuples, pays de diversité, pays en voie d’industrialisation, pays à forte activité artistique, pays de personnes suffisamment éduquées pour savoir les bienfaits du vélo, pays sportif. Telles sont les images que le vélo donne de mon pays. Cependant, le climat chaud, les préjugés, l’absence d’une politique de vulgarisation du vélo ainsi que son coût trop élevé sont de véritables freins à son développement en Côte d’Ivoire. Mais, que ne ferait-on pas pour la santé ? Pour cela seulement, je suis prêt à dire :

 » Chacun à son vélo. « 

La pollution en sera non seulement réduite, mais nous ferons des économies sur notre santé, à l’image de M. Denis. Ce dernier ne se souvient plus de la dernière fois qu’il a mis les pieds dans un hôpital.


Côte d’Ivoire : le chapelet du Crucifié : une source de grâces

L'affiche annonçant la méditation du chapelet du Crucifié Crédit photo : Christ Koffi
Une affiche annonçant la méditation du chapelet du Crucifié Crédit photo : Christ Koffi

 

« A quelque chose, malheur est bon », dit-on. Loin d’ébranler la foi des Ivoiriens, les années de crise sociopolitique qu’a connues la Côte d’Ivoire ont plutôt favorisé le rapprochement de certains Ivoiriens de Dieu. Elles ont surtout permis à ses plus fidèles parmi eux d’avoir une relation privilégiée avec lui. C’est ainsi qu’un chapelet a été révélé à deux de ses fidèles : c’est le chapelet du Crucifié. Ce chapelet n’a officiellement que seulement moins de deux ans d’existence mais, il fait déjà des merveilles en Côte d’Ivoire, selon les personnes qui l’expérimentent. Des rencontres de prière sont organisées à Abidjan pour le méditer. J’étais à deux de ces réunions qui se sont tenues sur un peu moins d’un mois.

Samedi 14 février 2015, jour de la Saint Valentin. Paroisse Saint Pierre de Niangon Sud (Yopougon/Abidjan). Il est 8 heures du matin. Des chrétiens catholiques ont choisi de vivre la fête des amoureux et de l’amour avec celui qu’ils appellent eux-mêmes leur « Valentin » : le Crucifié, Jésus-Christ. Pour ce faire, et durant la journée, chacun a son chapelet du Crucifié et le guide de prière. Avant le début de la méditation du chapelet du Crucifié, sur la majorité des visages d’hommes comme de femmes, ce n’est pas la sérénité. On y lit l’angoisse et l’anxiété. Une animatrice propose de faire des dizaines du chapelet traditionnel. Ce qui détend l’atmosphère. Mais les visages sont toujours crispés malgré ce que chacun sait ou a entendu du chapelet du Crucifié qu’il est justement venu méditer ce jour.

Des personnes venues méditer le chapelet du Crucifié Crédit photo : Christ Koffi
Des personnes venues méditer le chapelet du Crucifié Crédit photo : Christ Koffi

Effectivement, du 18 au 24 janvier dernier, avait déjà été organisée par l’Éveil Missionnaire Catholique de la paroisse Saint Pierre de Niangon sud une neuvaine de prière pendant laquelle le chapelet du Crucifié a été médité. Et, lors de cette méditation des personnes qui connaissaient ce chapelet et l’avait médité auparavant ont témoigné des merveilles de celui-ci dans leur vie. Il en est ainsi d’abord de Madame N’goran.

Selon elle, son époux avait une affaire en justice depuis huit ans. Cette affaire l’opposait à des associés qui, par des manigances, l’avaient mis hors de son entreprise.

« Chaque fois que l’audience était programmé, elle était reportée, témoigna la dame, j’en ai parlé à M. Memel (l’un des initiateurs du chapelet du Crucifié). Il m’a conseillé de méditer le chapelet. Nous l’avons donc médité ensemble pendant une semaine. Mais lui, au cinquième jour déjà, il nous a laissé continuer parce qu’il disait que la situation avait été décantée spirituellement. Après avoir médité le chapelet, l’audience a non seulement été programmée, mais elle a eu lieu, et mon mari a gagné le procès. (…) Ses associés se sont par la suite confondus en excuses devant lui. ».

Madame N’goran conclut son témoignage en dévoilant que son époux a été dédommagé conséquemment.

Dans un deuxième témoignage, Monsieur Daly révéla comment après la méditation du chapelet du crucifié, son épouse entre la vie et la mort était pourtant sortie d’un coma alors que ses médecins traitants désespéraient devant son état.

« Mon épouse était enceinte rapporta-t-il. Un soir, elle avait de la fièvre. A l’hôpital, le médecin lui diagnostiqua un diabète. Son tau de glycémie était à 4 (chez le sujet sain, la glycémie varie de 0,70 à 1,10 g. par litre de sang). Elle perdit le bébé. Elle fit par la suite trois arrêts cardiaques et tomba dans le coma. La situation de mon épouse me tourmentait. Me voyant me lamenter dans l’église, à Saint Michel d’Adjamé (Abidjan), la vendeuse des objets de piété s’approche de moi et me propose d’aller expérimenter ce nouveau chapelet (le chapelet du Crucifié) qu’elle venait de recevoir. Il paraîtrait qu’il serait très efficace, selon elle. J’ai pris le chapelet. Je l’ai médité toute une nuit devant la chambre de mon épouse pendant que les médecins s’affolaient devant son état car elle était en train de rendre l’âme dans son coma ».

Mais, selon le témoignage de M. Daly, au grand étonnement des médecins, son épouse ne mourut pas. Elle sortit du coma le lendemain. Son tau de glycémie était redevenu normal.

C’est certainement pour vivre cette même expérience avec le Christ que tous ces fidèles catholiques étaient présents à la méditation du chapelet du Crucifié ce 14 février 2015. Mais c’est quoi, ce chapelet dont on parle dans Abidjan ?

Le chapelet du Crucifié n’est qu’une prière qui est essentiellement basé sur la prière du notre père.

Ce chapelet a été révélé à Messieurs Valentin Memel Ly et Julien Koko et autorisé par le diocèse de Yopougon. Il est selon, le prédicateur laïc ivoirien, Valentin Memel Ly :

« une prière par laquelle nous demandons des grâces spirituelles et temporelles à Dieu avec l’aide de la Vierge Marie, non pas à cause de nos bonnes œuvres, mais à cause des mérites de Jésus-Christ, de Ses meurtrissures par lesquelles nous sommes guéris » (le chapelet du Crucifié deValentin Memel Ly).

Puis, le prédicateur laïc précise :

« Ici, guérir signifie : délivrer, libérer, sauver, prospérer, être béni, être enrichi … Notre foi doit se baser sur ce remède, ce médicament appelé « meurtrissures » ou « blessures » par lequel il (Jésus-Christ) nous a guéris. Nous devons mettre notre confiance en ce remède et le prendre toutes les fois que nous en éprouvons le besoin. » (Ibid.)

Et, effectivement, des personnes qui avaient médité pour la première fois le chapelet du Crucifié dans le mois de janvier sont venues, ce 14 février, témoigner des bienfaits de ce chapelet dans leur vie en moins d’un mois. Il faut dire que c’est après de vives exhortations et l’insistance du prédicateur laïc ivoirien Valentin Memel Ly, que ces personnes ont bien voulu partager leur expérience avec les fidèles.

Monsieur Lath est l’un de ces témoins. Malade de l’épaule droite depuis trois ans, son mal a disparu après la méditation du chapelet du Crucifié :

« A la première méditation du chapelet (celle de janvier), témoigne-t-il, on a demandé de poser la main sur la partie malade de notre corps. Moi, j’ai posé la main sur mon épaule droite. Pendant la méditation je n’ai plus senti de douleur à mon épaule. Mais après, à la maison, j’ai eu à nouveau très mal à l’épaule. Mais je me suis dit que ce n’était pas possible que j’aie encore mal parce que j’étais guéri. Et, jusqu’à ce jour, je ne ressens plus le mal. Mon épaule est guérie. »

Il fit même quelques mouvements du bras droit pour confirmer ce qu’il disait.

Madame Dia, quant à elle, est venue rapporter le changement que le chapelet du crucifié a, selon elle, réalisé dans la vie de sa nièce. Diplômé d’une licence d’Anglais depuis 2002, cette nièce qui vivait chez elle, selon toujours son témoignage ne faisait que passer des concours de la fonction publique, sans succès :

« A la première méditation, rapporte-t-elle, j’ai invité ma nièce à venir faire le chapelet avec nous à l’église. Alors que le chapelet prenait fin le samedi (le samedi 24 janvier), elle avait prévu nous rejoindre ce samedi là. Mais j’ai insisté, et elle a effectivement commencé la méditation avec nous le mardi (trois jours après le début de la méditation). Quelques jours après la fin de la méditation, sa petite sœur l’appelle pour l’informer qu’une entreprise de construction recherche une secrétaire. (…) Elle a eu à déposer son dossier, a pu faire un entretien et a finalement été retenue pour le poste. Son entreprise la loge actuellement à l’hôtel, le temps de lui trouver une maison ».

Madame Dia eut du mal à conclure son témoignage à cause des « Amen ! » et des applaudissements qu’il suscita automatiquement parmi les fidèles. Mais elle put tout de même terminer par ces paroles pleines de sens :

« En moins d’un mois, la vie de ma nièce a changé. Croyez en ce chapelet, exhorte-elle l’auditoire de fidèles, avant de confier, moi je le fait à partir de 2 heures du matin. »

Ainsi va du chapelet du Crucifié, pendant la méditation duquel ce 14 février, j’ai vu des gens vomir dans des cris de douleur effroyable, d’autres tomber en transe, d’autres encore s’écrouler littéralement dans leur chaise. Mais comme dans ce genre de rencontre de prières, les gens sont beaucoup portés par les émotions. Cependant, le mode de vie et les témoignages après avoir fait l’expérience de ce chapelet permettrons de savoir lesquelles de ces effusions étaient le fait de la comédie et celles qui étaient l’action d’une véritable délivrance.

Pendant la prière même, le prédicateur laïc ivoirien Valentin Memel Ly, qui en est l’animateur principal, mit en garde contre les émotions et les effusions intempestives qui n’ont pour autre objectif que de distraire les fidèles, et les détourner de la véritable raison de leur présence à cette prédication évangélique.

Après la prière, j’ai rencontré le prédicateur laïc Valentin Memel Ly en personne et ai échangé avec lui. Il fait partie de l’Éveil Missionnaire Catholique. C’est une association de fidèles laïcs pour l’éveil missionnaire et l’évangélisation. Sa motivation et celle de son mouvement est, me confie-t-il :

« Remettre debout, délivrer les hommes, briser les chaînes diaboliques dans la vie de toute personne ».

Et le Chapelet du Crucifié est tout indiqué pour cette mission car, selon lui, le chapelet du Crucifié est :

« (…) comparable au « fouet de cordes ». Et Ce Jésus qui a « purifié » le temple de Jérusalem en chassant avec le « fouet de cordes » tout ceux qui y faisaient le commerce, est le même qui veut encore aujourd’hui purifier le temple de notre corps avec le chapelet du Crucifié ; parce que nous sommes la maison de son Père. Chaque grain du chapelet est un coup de fouet redoutable donné à l’ennemi, c’est-à-dire : la maladie, l’infirmité, le démon et toutes leurs œuvres. » (Le chapelet du Crucifié).

C’est vraiment le cœur serré que le prédicateur laïc ivoirien me confie également ceci :

« Les forces du mal créent la peur pour pousser les gens à aller à des sources qui ne sont pas de Dieu, pour vendre leur âme au diable ».

Quand l’on sait l’existence d’enlèvements et crimes rituels d’enfants en Côte d’Ivoire et tout ce qui motive ces actes horribles, on ne peut que comprendre le sens de ces paroles de cet homme de Dieu et le bien fondé de sa mission.

En somme, et à en croire les témoignages de personnes qui ont expérimenté le chapelet du Crucifié, celui-ci apparaît vraiment comme une arme fatale à la maladie, au chômage, aux œuvres malsaines et à tout ce qui constitue un obstacle à l’épanouissement des personnes. Il est, selon le prédicateur laïc, Valentin Memel Ly, un moyen pour les personnes d’obtenir des grâces ; il permet de se prendre en charge, d’obtenir son indépendance, même vis-à-vis des hommes de Dieu.

Le chapelet du Crucifié serait de plus un avantage pour la Côte d’Ivoire car selon toujours le prédicateur ivoirien :

« La méditation communautaire de ce Chapelet a les moyens spirituels d’apporter la vraie réconciliation en Côte d’Ivoire ».

Ce 14 février 2015, il est un peu plus de 17 heures quand la méditation du chapelet du Crucifié prend fin. Les gens rentrent chez eux avec des visages rayonnants et sereins. Cette apparence contraste avec celle de départ. Et cette apparente confiance me pousse à croire que ces personnes ont la ferme conviction qu’elles ont trouvé en le chapelet du Crucifié une véritable source de grâces.

 


Côte d’Ivoire : les 1000 Ave Maria, la Solution

Il n’y a certes pas un monde parfait, mais il y a un monde où l’on se sent bien. S’appropriant cette réalité, des Ivoiriens de confession catholique ont trouvé comme solution à tous leurs problèmes, la neuvaine à Marie qui défait les nœuds. Cette neuvaine est bouclée par la prière des 1000 Ave. Pratiquée depuis 2013 par les paroissiens de Saint-Pierre de Niangon sud (Yopougon/Abidjan), cette prière reste toujours célèbre, surtout en ces temps-ci où, en plus de divers maux, les Ivoiriens doivent faire face au phénomène des enlèvements et meurtres d’enfants.

Ce samedi 7 février 2015, la prière des 1000 Ave est prévue pour débuter à 7 h 30. A ce moment précis, une pluie a vite fait de passer par là. Mais c’est sans compter avec l’opiniâtreté des chrétiens qui, parapluie au-dessus de la tête, s’engagent sous cette pluie battante. Direction : paroisse Saint-Pierre de Niangon Sud. En ce qui me concerne, avant de pouvoir enfin envoyer un billet sur l’enlèvement des enfants en Côte d’Ivoire, il est déjà 10 heures. Deux heures de temps à batailler avec la connexion. Je presse donc les pas vers la paroisse pour prendre part a rassemblement de fidèles.

Comme le veut la tradition, les chrétiens ont à la main des pots de roses rouges, blanches ou jaunes qu’ils offriront à la Vierge. Ils ont aussi des bougies. Rien n’est fait au hasard. Dirigés par la légion de Marie de la paroisse, les 1000 Ave s’effectuent par tranche de 100. À chaque centaine correspondent un ou plusieurs sujets de prières.

L’animatrice du jour, Madame Justine Yao conseille vivement les personnes qui sont concernées par les sujets de prière de quitter leur place pour se retrouver au pied de la statue de la Vierge, faire un cœur à cœur avec leur mère bien aimée, et lui exposer ainsi leurs problèmes en face. C’est ainsi qu’à chaque sujet de prière, la majorité des participants se retrouve au pied de la Vierge. Et, ce ne sont pas des sujets de prière qui manquent : Prière contre la maladie, contre la sorcellerie, contre les infidélités dans le couple, contre le « broutage », contre les divisions familiales, contre la débauche, contre les blessures intérieures, contre Ebola qui déshumanise l’homme… Les prières contre le chômage et l’alcoolisme restent de loin celles qui ont déplacé le plus de monde aux pieds de la Vierge.

Comme toujours, une messe est célébrée pour l’occasion. Très réaliste, le célébrant, le père curé, Monseigneur Camille N’drin, fit comprendre que ces 1000 Ave ne serviraient à rien sans véritable conversion du fidèle ou sans que celui-ci manifeste de l’amour pour son prochain,

Des personnes ayant bénéficié des bienfaits des 1000 Ave ont également témoigné de l’efficacité de cette prière. Ainsi de Madame Apeti Josiane affirme avec conviction  :  « Je veux rendre grâce à Dieu pour tous ses bienfaits, dit-elle (…) je veux rendre témoignage pour mon conjoint. J’ai l’habitude de faire les 1000 Ave. Le Seigneur s’est manifesté, et mon conjoint a eu une promotion ».

La jeune étudiante Bissa Sonia vient également dans un témoignage émouvant confirmer l’efficacité des 1000 Ave : « Je devais composer à la seconde session, le jour des funérailles de mon père, confie-t-elle. J’étais perturbée par la coïncidence de ces deux événements. J’ai donc confié ma compo à la vierge. Je n’ai malheureusement pas pu assister à l’enterrement de mon père, mais Dieu merci, j’ai pu valider mon année, et je passe en année de maîtrise ».

Les 1000 Ave se sont terminés sur une émouvante prière pour les âmes du purgatoire, particulièrement pour le repos des âmes de ces enfants enlevés et tués en Côte d’Ivoire.

Puis, confiants et certains que nos prières seront agréées, nous nous sommes séparés.


Côte d’Ivoire : après la victoire à la CAN, les leçons

  La Côte d’Ivoire a enfin remporté sa deuxième CAN (Coupe d’Afrique des Nations), on le sait. Mais, avant la compétition, les Ivoiriens ne vendaient pas chère la peau de leur équipe nationale de foot. Et, ils avaient des arguments pour cela : rumeurs de formation de clans au sein de l’équipe et de palabre autour du brassard de capitaine, retraite internationale de Didier Drogba et Didier Zokora, difficile qualification…


CAN 2015 : Côte d’Ivoire champion, c’est gâté à Babi !

Les Ivoiriens dans les rues d'Abidjan après la victoire des Eléphants à la finale de la CAN 2015 Crédit photo : Christ Koffi
Les Ivoiriens dans les rues d’Abidjan après la victoire des Eléphants à la finale de la CAN 2015 Crédit photo : Christ Koffi

Babi, c’est le petit nom d’Abidjan qui ne se prononce qu’en cas de joie extrême. Et de la joie, comme celle-là, je ne me souviens pas d’en avoir vu chez les Ivoiriens depuis Sénégal 92. Et, il fallait le voir pour le croire, car après deux échecs en finale de CAN, les Ivoiriens désespéraient vraiment de voir leur équipe nationale remporter enfin cette coupe qui les fuyait depuis 23 ans. Mais, depuis ce 08 février 2015, c’est fait, les Éléphants de Côte d’Ivoire sont Champion d’Afrique. Et, Abidjan l’a célébré comme il se doit.
Après le tir au but vainqueur de Copa Barry, le gardien de but de la Côte d’Ivoire, c’est tout Abidjan qui se déverse dans les rues d’Abidjan, particulièrement à Yopougon. Hommes, quelques fois en slip, femmes en short ou pantalon Jeans pour l’occasion et enfants, torse et pieds nues, tous la gorge déployée crient leur joie d’être champion d’Afrique. Certains effectuent des bonds en hurlant leur joie, d’autres se roulent par terre. D’autres tombent dans les bras les uns des autres. D’autres encore courent à travers les rues de la commune vêtus d’orange ou avec de larges drapeaux de la Côte d’Ivoire. Tous expriment leur joie en chantant : « On a débrouillé, débrouillé jusqu’à gagner » ; « Aujourd’hui, Dieu a fait pour nous », « c’est l’année de notre année ». Les paroles qui reviennent la plus sont des « Copa merci, Copa merci » ainsi que ce « merci Seigneur », que crie aussi cette jeune femme au bord de la route, regardant les larmes aux yeux toutes ces personnes criant et dansant leur joie de savoir la Côte d’Ivoire championne d’Afrique de football.

Ivoiriens dansant dans les rues de Yopougon après la victoire des Eléphants en finale Crédit photo : Christ Koffi
Ivoiriens dansant dans les rues de Yopougon après la victoire des Eléphants en finale Crédit photo : Christ Koffi

Comme s’ils s’y étaient donnés rendez-vous, des supporteurs des Eléphants du quartier Niangon sud à gauche (Yopougon) se rassemblent toute la nuit devant un maquis, sur le bitume. Tous les véhicules passant là sont prient d’assaut par les gens euphoriques qui se jettent sur le capot en criant de joie. Des couples s’embrassent sur la bouche. De la bière en bouteille est déversée sur les gens qui en redemandent. Ça crie et ça danse aux sons de l’impressionnant répertoire de soutien aux Eléphants : Gadji Céli, Magic système, les sans façons, Finiti, Magnific, etc. sont joués.

Les Ivoiriens en joie après la victoire des Eléphants Crédit Photo : Christ Koffi
Les Ivoiriens en joie après la victoire des Eléphants Crédit Photo : Christ Koffi

Juste pour chambrer les Ghanéens, les adversaires d’un soir, des Jeunes miment, dans des crie de joie, les arrêts de Koppa barry, puis son tir au but gagnant. Pour l’ambiance, d’autres imitent aussi la danse sur les fesses du gardien de but de la RDC, Robert Kidiaba. Le DJ (Disc Joker) d’un soir y met également du sien en jouant le morceau fétiche « Asec-Kotoko » du groupe Zouglou Poussin Choc. Ce morceau suscite encore plus de cris de joie de la part des Supporteurs. Normal, puisque ce morceau parle avec humour de l’opposition entre un club ivoirien et un autre ghanéen dans les années 90. D’autres morceaux suivent.
Jamais Coupé n’a été décalé que cette nuit là et à cet endroit là. Mais Coupé décalé rivalisait avec Mapouka ; du Mapouka plus séré que déséré, s’il vous plaît.
Tout autour, dans et devant les maquis environnants, C’est gâté : c’est le show, comme l’Ivoirien sait si bien le faire. C’est également un spectacle auquel les plus âgés prennent aussi plaisir à assister. C’est le cas de Madame Balé. Arrêtée au bord de la route, la main sur le cœur, cette quinquagénaire se réjouit de voir tant d’Ivoiriens heureux en même temps : « La joie de tous ces gens me fait plaisir », dit-elle. Assis sur son taxi qu’il a garé pour l’occasion, Monsieur Alexandre Laurougnon, se prend à rêver. Il espère que la coupe des Eléphants « sera une occasion de réconciliation pour les Ivoiriens ». Plus loin, assis aussi sur son véhicule, Monsieur Touré Kafouma, ancien joueur du Stade d’Abidjan que cette victoire remplit aussi de joie, espère la même chose.
Le moins qu’on puisse dire, c’est que la nuit du 8 au 9 février 2015 a été très courte pour les Abidjanais. Mais ces derniers ne démordent pas car ils prévoient remettre cela les jours à venir. Comme les Ivoiriens le disent eux-mêmes : « Quand c’est gâté, c’est gâté ! », juste pour dire qu’il faut s’éclater à fond quand l’occasion se présente.
Affaire donc à suivre…


Côte d’Ivoire : des mesures contre l’enlèvement d’enfants

 

Des policiers ivoiriens en faction devant une école primaire à Yopougon Crédit photo : Christ Koffi
Des policiers ivoiriens en faction devant une école primaire à Yopougon Crédit photo : Christ Koffi

Il y a une tension perceptible dans Abidjan ces derniers temps à cause du phénomène horrible d’enlèvement et de meurtre des enfants. Des parents refusent même d’emmener leurs enfants à l’école. De simples suspects de ce phénomène ont également été lynchés par la population quand celle-ci ne décide pas de faire la police à la place de la police. Les autorités ivoiriennes tentent de reprendre la main en appelant les populations au calme, mais aussi en prenant des mesures pour endiguer ce phénomène. Et ces mesures sont visibles sur le terrain.
Au début de cette semaine, je suis allé  constater de moi-même de l’effectivité des mesures prises par les autorités ivoiriennes contre l’enlèvement des enfants. Pour ce faire, je fais le tour de quelques écoles primaires dans la zone à risque qu’est la commune de Yopougon (Abidjan). L’intérêt pour les écoles primaires de cette zone étant potentiellement risqué, je décide de regarder les choses de loin. Et même ainsi, le constat est encourageant car des forces de l’ordre sont postées devant les écoles primaires publiques, comme l’école primaire publique Sogefia Lagune 1 et 2 de Niangon sud (Yopougon). A environs 200 mètres de là, le portail de l’école primaire publique BAD reste fermé toute la matinée, surtout à la récréation. Impossible donc pour les enfants, contrairement à leur habitude, de sortir de l’école à ce moment là et gambader dans les rues du quartier.
Pour ce qui est des écoles privées, la vigilance est également visible. Ainsi, les deux grands portails de la paroisse Saint Pierre à l’intérieure de laquelle se trouve le groupe scolaire du même nom, restent hermétiquement fermés toute la journée, même à l’heure de la descente. Désormais, seul un petit portail laisse passer tout le monde.
Ainsi, même si on ne les voit pas toutes, ce simple constat nous fait penser que les 1500 forces de l’ordre promises par les autorités pour accroître la vigilance dans Abidjan et autour des écoles primaires sont au travail. Celles-ci sont d’autant plus au travail qu’elles sont arrivées à déterminer les motivations de ces personnes qui s’adonnent à ces crimes horribles. En même temps, ce n’est un secret pour aucun Abidjanais que ces enlèvements et ces crimes sont en rapport avec la cyber criminalité ou ceux qu’on appelle « brouteurs »  en Côte d’Ivoire.
Cependant, dans le journal Afrique de RFI (Radio France Internationale) une nouvelle motivation est donnée par le ministre de la défense, M. Paul Koffi Koffi. Il s’agit du trafic d’organes. A quelle fin se fait ce trafic ? Il ne l’a pas précisé. Il a laissé néanmoins entendre que des politiques pourraient être impliqués : « On exclut aucune piste. On est en année électorale, la piste politique n’est pas à exclure (…). C’est sûr qu’on trouvera des liens, mais donnez-nous encore du temps », a déclaré le ministre.

Cependant, la traque aux marabouts, fétichistes et autres adeptes de la sorcellerie dans la forêt du Banco à Abidjan nous emmène à croire que ce trafic est réalisé à des fins fétichistes.
Il ne reste plus qu’à la gendarmerie et à la police de mettre la main sur les clients de ses marabouts et autres sorciers pour que les parents et leurs enfants retrouvent la paix. Mais, cette paix là ne sera réelle et durable que si les Ivoiriens renouent effectivement avec les valeurs morales. Mais là encore, c’est un autre débat.