N'Guessan Jean Christ Koffi

FRCI, départ nouveau, Ivoirien nouveau : ces expressions ivoiriennes qui font réfléchir

Illustration gratuite: Côte D'Ivoire, Drapeau, Main - Image gratuite sur ...  pixabay.com
CC de pixabay.com

Avec l’accession du président Ouattara au pouvoir en Côte d’Ivoire, ces expressions ont fait leur émergence (sic) : « FRCI, départ nouveau, Ivoirien nouveau ». Celles-ci, bien que mettant clairement en évidence de nobles objectifs du régime ivoirien, n’en dévoileraient pas moins certaines failles. Découvrons donc de quoi il s’agit.

Tout d’abord :

  • FRCI

Ce sigle, bien que signifiant simplement Force Républicaine de Côte d’Ivoire pour désigner l’armée ivoirienne, ne serait pourtant  pas aussi simple qu’il en a l’air. En effet, le terme « républicain » a lui seul dévoilerait le projet conscient et peut-être aussi inconscient  du régime ivoirien pour l’armée de Côte d’Ivoire. En effet, n’oublions pas que le pays est dirigé par une coalition : le RHDP (rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix). Celle-ci est composée du RDR, parti du président de la République. Le sigle de ce parti renvoie exactement à : « Rassemblement Des Républicains ». Le terme « républicain » se trouvant à la fois dans FRCI et RDR, l’on pourrait conclure par une simple opération de correspondance que l’armée de Côte d’Ivoire est l’armée du pouvoir ou plus précisément l’armée du RDR, surtout que c’est à l’arrivée du rassemblement des républicains au pouvoir que l’armée a été baptisée « forces républicaines ».

La présumée appartenance de l’armée à ce parti politique la discrédite automatiquement, faisant d’elle une armée plutôt partisane que professionnelle. Cela reste cependant à prouver, en raison notamment de la conscience professionnelle et du sacrifice des forces spéciales lors de l’attentat de Grand-Bassam.  Toutefois, les accointances, voire l’idylle entre l’armée, dont les anciens rebelles ivoiriens des forces nouvelles sont des chefs (nous y reviendrons) et le pouvoir, pourraient conforter ceux qui doutent de la partialité de notre armée.

L’humour ivoirien pousse même jusqu’à faire croire que cette armée est également régionale et tribale. FRCI est en effet décliné : « les frères Cissé » par des Ivoiriens, à cause des sons de ses lettres, apparemment. Sinon, d’autres raisons pourraient expliquer cet exercice linguistique, en particulier l’origine commune (du nord de la Côte d’Ivoire) des anciens commandants de la rébellion, aujourd’hui chefs dans cette armée. Soumaïla Bakayoko, Shérif Ousmane et Issiaka Ouatarra dit Wattao  par exemple, anciennement à la tête de la branche militaire de la rébellion occupent de grands postes ou ont des titres remarquables dans l’armée ivoirienne. Le premier est chef d’État major général des FRCI, le deuxième commandant en second de la sécurité  du président de la République et le troisième, de caporal est passé lieutenant-colonel (sic).

La suspicion des accointances entre l’armée et le RDR est d’autant plus grande que les forces nouvelles (les anciens rebelles ivoiriens) expliquaient, à l’époque, qu’elles avaient pris les armes pour défendre les droits des populations du nord du pays et protester contre les injustices que subirait alors le premier ministre Alassane Ouattara, originaire comme eux de cette région, et aujourd’hui président de la République.

A  propos des noms donnés à l’armée, faisons un saut dans le passé, particulièrement à l’époque où Laurent Gbagbo dirigeait la Côte d’Ivoire. L’armée ivoirienne, auparavant  simplement dénommée « forces armées de Côte d’Ivoire », sera appelée  forces de défense et de sécurité (FDS) et forces armées nationales de Côte d’Ivoire (FANCI) sous son régime.

Ainsi, avec tout ce que cela comporte comme abus et amateurisme, en tant que « forces de défense et de sécurité » (FDS), les militaires, en plus des fonctions de défense, effectuaient aussi une tâche de sécurité normalement dévolue à la police, comme les policiers exerçaient une fonction de défense en plus de leur occupation naturelle et professionnelle de sécurité. L’appellation « forces armées nationales de Côte d’Ivoire » (Fanci) collait également aux relents nationalistes de l’ancien régime, avec les extrémismes et leurs drames que ce rapprochement aurait pu créer, notamment le bombardement du camp français de Bouaké le 6 novembre 2004.

Ces parallélismes, simplement pour faire comprendre que l’appellation « forces républicaines » donnée à l’armée de Côte d’Ivoire peut certes avoir de bonnes motivations, car c’est tout à son honneur qu’une armée soit républicaine, mais il suffit de faire des rapprochements, de recourir à l’histoire récente de notre pays, pour comprendre que d’autres desseins pourraient motiver ce nom donné à cette armée, par exemple la défense de la cause d’un parti politique, d’une tribu, d’une région, voire d’un homme. Ce qui n’est pas pour redorer le blason de la Côte d’Ivoire, autant que ces autres expressions forgées : « départ nouveau » et « Ivoirien nouveau ».

  • Le Départ Nouveau et L’Ivoirien nouveau

Tout d’abord, par leur forme (substantif + adjectif postposé), ces deux expressions sont d’une ressemblance frappante avec une autre : « forces nouvelles », qui existaient bien avant les deux premières. Cette dernière désignait à l’origine la branche militaire de l’ancienne rébellion ivoirienne aujourd’hui, comme on le sait, parfaitement fondue dans le pouvoir ivoirien.

Troublante ressemblance, je pense, entre l’expression « forces nouvelles » et ses deux petites sœurs. Est-ce donc à dire que « le départ nouveau », dont le pouvoir a fait la promotion, notamment à la réouverture des universités publiques de Côte d’Ivoire en 2013, est celui de ses partisans ? Ou  encore, cet « Ivoirien nouveau » que l’on veut substituer par coup de slogans, de spots et de discours  à l’Ivoirien tout court n’est-il pas en réalité le partisan du pouvoir et ses alliés, avec ce que cette catégorisation comporte comme danger, notamment le favoritisme et la discrimination, voire le tribalisme ? Ça, c’est pour la forme de ces deux expressions. Maintenant, pour leur fond.

Le « départ nouveau » : certainement à cause de toute la subtilité que renferme cette expression surement forgées par les cerveaux du pouvoir *:)) Marrant, est plutôt devenu « le nouveau  recommencement » *:( Tristesse : les détournements des primes des éléphants, au port autonome d’Abidjan, à l’ambassade de Côte d’Ivoire en France, dans la filière de la noix de cajou, l’augmentation sauvage du coût de la vie, les surfacturations des travaux publics nous disent que l’Ivoirien que l’on veut ancien a vraiment la peau dure. Il ressurgit, si tant est qu’on considère qu’il avait disparu. C’est en effet la même classe politique qui dirige la Côte d’Ivoire depuis plus de 20 ans. La preuve, Alassane Ouattara premier ministre en 1990 est aujourd’hui le président de la République ; et, durant tout le règne de Laurent Gbagbo, les grands partis politiques de la Côte d’Ivoire, y  compris le RDR comptaient des ministres parmi les membres de son gouvernement.

Si l’érection de ce concept nébuleux d’ « Ivoirien nouveau » était pour faire la différence avec l’Ivoirien de l’époque du président Laurent Gbagbo, c’est vraiment gagné, si toutefois l’on considère qu’un détournement à l’ère du régime Ouattara est différent d’un réalisé, il y a quelques années, au temps du pouvoir FPI (front populaire ivoirien). La différence pourrait se situer au niveau des motivations. Les actuels détournements pourraient s’expliquer par la volonté des cadres du pouvoir qui sont à la tête des services de l’État de « se payer » pour les longues années passées dans l’opposition.

Cette  attitude n’est pas sans rappeler le fameux « rattrapage », concept utilisé par les détracteurs du pouvoir pour évoquer la part belle qui serait faite aux militants RDR ou aux ressortissants du nord de la Côte d’Ivoire (région d’origine du président de la République et de plusieurs cadres du RDR) pour ce qui est de l’accession à la fonction publique, comme pour la nomination à la direction des services publics. En somme, « l’Ivoirien nouveau » aurait tout de « l’Ivoirien ancien » : corrompu, expert en détournement de fonds, en surfacturation, friand de diverses légèretés, etc.

A l’époque cependant, celle de l’Ivoirien ancien, malgré les restrictions de manifestation à cause de la forte tension sociale que  la crise politico-militaire avait provoquée, des populations sortaient dans les rues crier leur colère contre l’augmentation du coût de la vie (en avril 2008 notamment), au risque quand même de recevoir une balle perdue.

Aujourd’hui, cependant, en période de paix pourtant (sic), quel Ivoirien prendrait le risque de manifester contre les écarts de comportement, pour ne pas dire de gouvernance de « l’Ivoirien nouveau » ? Il serait simplement taxé de menacer la sécurité nationale, comme si ne pas manger à sa faim, ne pas pouvoir se loger convenablement, ne pas pouvoir étudier à cause du coût élevé de l’inscription des universités publiques, subir des taxations fantaisistes et un chômage chronique, voir les aides internationales et l’argent du contribuable détournés, et devoir endurer la forte corruption et un clientélisme tout aussi ambiants sont des gages de sécurité.

Des Ivoiriens soi-disant nouveaux, on peut  confirmer qu’il y en a  vraiment de nouveaux. Les Ivoiriens, les plus jeunes en particulier, ne s’adonnent  plus au bôro d’enjaillement (réaliser des acrobaties sur un bus en marche) d’antan, renouvellement oblige. Mais ils se sont entre temps transformés en microbes, qui pires que leurs microscopiques congénères, se droguent, tuent ouvertement, mais avant ils prennent soins de taillader et voler.  

Oui l’Ivoirien, le moins jeune, le cadre supérieur notamment,  est tellement nouveau qu’il ne détourne pas, mais ne fait que « se payer », en puissant bien entendu dans les caisses de l’État, pour les longues années de galère et de souffrance en tant qu’opposant, pour avoir également cotisé pour un parti qui, aujourd’hui, est au pouvoir.

Cet  Ivoirien que l’on veut nouveau ne vend pas des places  d’accès à la fonction publique ou ne dresse plus de longues listes de partisans à insérer parmi des admis à ces concours. Il ne fait que se rattraper d’une part pour avoir longtemps raté la bonne affaire de la vente des places d’accès à la fonction publique, et d’autre part pour avoir été ignoré avant, lorsqu’il s’agissait d’être recruté dans les services publics. Vous ne serez pas surpris que des places aux concours de l’État soient  marchandées sous cape ou que des officiels s’accaparent des concours pour leurs protégés.

A y voir de près, l’Ivoirien dit nouveau  est comme un ancien téléphone portable dont on n’a changé que l’habillage, sinon il a les mêmes fonctions, pour ne pas dire les mêmes réflexes que  l’Ivoirien que l’on veut ancien. Il est même pire et tellement désespérant, il s’adonne à ce qu’il avait pourtant critiqué sous les régimes précédents lorsqu’il était dans l’opposition.  Il ne reste plus qu’à prouver le contraire.

Comme quoi, l’Ivoirien ancien est mort, vive l’Ivoirien ancien.


Pépé président et l’art du sous-développement

A young boy sits over an open sewer in the Kibera slum, Nairobi.  en.wikipedia.org
enfant assis devant un caniveau à ciel ouvert CC de wikipedia.org

Aussi extraordinaire que cela puisse paraître et autant qu’existe l’art du chant, de la danse, de la peinture, de l’écriture, de la musique, etc., il y a aussi un art du sous-développement. Découvrons ensemble cet art pratiqué d’un bout l’autre de l’Afrique ainsi que ses grands acteurs que sont les pépés présidents et leurs disciples.

Oui, vous l’avez bien compris : un art du sous-développement. Ou si vous voulez, l’art de l’immobilisme. Ou encore de manière plus pudique, on dira : l’art du changement dans la continuité *:)) Marrant . Et, ce n’en sont pas les acteurs qui manquent.

Ses premiers acteurs et les plus illustres certainement sont ces chefs d’États, adeptes de la présidence à vie. Pour prouver leur génie, certains parmi eux vont de reformes constitutionnelles en reformes constitutionnelles tout simplement pour mettre leurs mandats à zéro. Comme le sphinx qui renaît de ses cendres, mais véritablement, comme une vipère qui fait régulièrement sa mue, ils se redonnent ainsi de nouveaux mandats en toute innocence. Mais l’aspect ne trompe pas, la vipère a beau changé de peau, elle ne deviendra jamais un agneau, même pas un ver de terre.

Pour revenir à nos industrieux présidents, On remarquera ainsi qu’auparavant, d’une situation radicale de parti unique où le président de la République pouvait demeurer à vie au pouvoir, l’on est passé, et pour faire plus civilisé en raison du vent de démocratie qui a soufflé sur l’Afrique au début des années 90, à la limitation des mandats présidentiels à deux. Cerise sur le gâteau, il y a même eu la limite d’âge à la tête de l’État, pépé devant certainement laisser la place aux plus jeunes et consacrer le reste d’une vie vouée au développement de son pays à voir grandir ses petits enfants, justement dans ce beau et grand pays qu’il a bâti de ses propres mains.

Mais hic, de la limitation des mandats, et avec certainement l’évolution *:)) Marrant, certains États en sont passés à l’illimitation, les pépés que le pouvoir n’a pas encore usé voulant vaille que vaille en découdre avec le sous-développement qui perdure dans le pays qu’ils gouvernent depuis des décennies.

Entre nous, qu’est-ce qui n’a pas été fait durant vingt-cinq, trente ans de pouvoir qui pourra l’être dans vingt, trente, voire cinq autres années de pouvoirs, sinon les mêmes errements, surtout qu’au coût élevé des matières premières, notamment le pétrole (plus de 100$ le baril), durant toutes ces années de pouvoir de pépé président suit aujourd’hui des coûts à moitié moins avec de plus l’inflation et tout les reste.

Oui qu’est-ce qui n’a pas été fait durant ce long règne qui pourra désormais l’être surtout qu’à la jeunesse et la bonne santé de pépé président d’il y a trente ans a succédé sa vieillesse avec tous ses ‘‘faux amis’’, mais amis tout de même, que sont Parkinson, Alzheimer, Prostate, hypertension artérielle, Sénilité, etc., sans oublier le bon vieux Arthrose *:( Tristesse. Et lorsque l’on imagine que le pays se réduit à cette personnalité si particulièrement entourée, pas besoin de deviner l’état dans lequel il se trouve. Bonjour l’immobilisme, pour ne pas dire la sclérose étatique.

Ou bien, pépé président se maintient au pouvoir parce qu’il craint qu’en le cédant aux jeunes générations, ses belles et grandes réalisations tombent en ruine. Mais, en réalité et avec plus d’attention, on constatera que pépé président s’est tellement réalisé *:)) Marrant  au pouvoir au détriment du pays, du peuple qu’il n’aura le salut qu’en se maintenant désespérément à ce pouvoir. Et puis en tant qu’ancien rebelle, il n’a pour d’autres choix que la présidence à vie, enfin, en attendant qu’un putsch ou un soulèvement populaire vienne l’en éjecter avant que le bon Dieu veuille le rappeler auprès de lui pour affaire le concernant *:)) Marrant .

En fin génie politique, mais surtout en vieux gorille des forêts brutalement déflorées et quotidiennement violées d’Afrique, à qui l’on n’apprend pas à faire la grimace, la comédie aussi, pépé président sait bien masquer ses propres échecs à la tête de l’État quand il y est encore. Il proclamera par exemple la fin de gabegie, corruption, népotisme, etc. Normal, puisque étant le seul gouvernant du pays depuis des  décennies, lui seul peut proclamer la fin de ce qui a proliféré avec son règne. Mais, en réfléchissant un peu, il saurait que son départ du pouvoir serait déjà un début de la fin du népotisme, de la gabegie, de la corruption, etc. Mais, il se maintient au pouvoir et avec lui tous ces facteurs de sous-développement.

Et, il n’est pas du tout surprenant que ce fin stratège du sous-développement, donc par ailleurs vieux diable… rouge, fasse des émules parmi ses voisins les plus proches, comme lui anciens rebelles ayant fait leur mue pour devenir de jeunes et dynamites présidents. Comme pépé président, vieux diable rouge de la politique dans son pays, ces jeunes disciples rêvent également d’être, mais ça, ce n’est pas du tout évident, les futurs vieux léopards de la politique dans leurs pays. Enfin, sait-on jamais, avec les micmacs politiques et tout ça…

Dans tous les cas, en voyant l’habileté de pépé président à s’accrocher au pouvoir et par conséquent à maintenir son pays dans le sous-développement, on ne peut que s’exclamer : « Quel génie ! ».

Oui, « quel génie ! »  ! Il s’agit de ce génie des eaux, des montagnes, des forêts, etc., bien connu en Afrique et qui ne doit sa longévité qu’aux sacrifices humains qui, dans un monde dit moderne, se réalisent symboliquement par les violentes répressions, les guerres civiles et autres conflits armés ; autant de drames par lesquelles pépé président, véritable artiste du sous-développement, se maintient au pouvoir.*:( Tristesse


Côte d’Ivoire : L’archidiocèse de Bouaké compte deux nouveaux prêtres

https://www.eglisecatholique-ci.org/index.php?page=det_diocese&id=3
Cathédrale St thérèse de l’en Jésus de Bouaké. crédit Photo :eglisecatholique-ci.org

Le samedi 02 avril 2016, à la cathédrale Sainte Thérèse de l’enfant Jésus de Bouaké, Monseigneur Siméon Haouana, archevêque métropolitain de cette ville a ordonné deux nouveaux prêtres pour son diocèse : les abbés JCKK et APO. « Et puis après ? » pourraient demander certains de mes honorables lecteurs, puisque dans une Côte d’Ivoire à la bouillonnante actualité sécuritaire et politique, cet événement ne semble pas particulièrement passionnant.

Pour moi, en revanche cette ordination sacerdotale est d’un grand intérêt, non seulement parce que l’un des ordonnés est mon frère, l’abbé JCKK, mais parce qu’elle est chargée de symbole qui ne m’ont pas laissé indifférents. Et puis, en tant que croyant, je me sens, autant que les jeunes chrétiens catholiques que j’égratigne quelque peu dans mon billet, particulièrement concerné par cette ordination.

Pour revenir aux symboles, tout d’abord, la jeunesse des ordonnés. Ce sont des trentenaires. Le don de leur personne, de leur jeunesse, de leur vie à l’Église ne s’est évidemment pas décidé du jour au lendemain, comme par exemple quelqu’un qui, par défaut d’occupations et après avoir longtemps trimé, échouerait au service de Dieu juste pour échapper au chômage avec son corollaire de honte de soi-même et d’impression de ne pas exister.  En effet, après avoir obtenus leurs diplômes universitaires, les deux ordonnés ont suivi huit ans durant la formation pour être prêtre. C’est au total au moins onze années de leur vie qu’ils consacrèrent à leur projet, sans oublier le fait que depuis leur tendre enfance, ils ont fait partie de mouvements catholiques. Comme quoi, le service à Dieu est encore une affaire de vocation à l’Église catholique en Côte d’Ivoire.

Dans mon pays pourtant, manquent cruellement des vocations. Pour l’ensemble des fidèles catholiques, le nombre de prêtres est largement insuffisant. Sur ma paroisse par exemple, Saint Pierre de Niangon sud, on a 5 prêtres pour une dizaine de milliers de fidèles. Malgré donc le chômage ambiant, la fonction de prêtre n’est pas une occupation par défaut pour les jeunes chrétiens catholiques ivoiriens. Ceux-ci ont apparemment fait le choix d’être servis plutôt que de servir. Mais, ils ne sont pas à blâmer car tout est une question d’appel de Dieu ; et puis,  en tant que prêtres, on ne gagne pas autant que se voyant ou en étant fonctionnaire du trésor public ou des impôts ou bien en se transformant en tant qu’enseignant en concepteurs doublés de grands vendeurs de fascicules dans un établissement scolaire ou universitaire pour arrondir ou gonfler ses fin de mois.

Je n’oublie pas l’épineuse question de l’impossibilité pour les prêtres de se marier. Elle est l’une des causes, sinon la principale cause de manque de vocations. Or pourtant, de mariages, on peut en compter sur les doigts d’une main. Pour se marier en effet, il faut en avoir les moyens, moyens qu’on ne peut obtenir qu’en ayant une source de revenu, ce que n’ont pas les jeunes chrétiens catholiques. En réalité, si le concubinage était au moins permis aux prêtres, je crois qu’il y aurait plus de vocations à cette fonction. Mais en lieu et place de concubinage, il faudrait plutôt autoriser le papillonnage de fille en fille pour qu’il y ait plus d’abbés… L’Église catholique a beau manqué de prêtes, particulièrement en Côte d’Ivoire, elle a tout de même des principes à préserver. L’augmentation des vocations n’est pas donc pour demain. Malheureusement ou heureusement, c’est selon.

Mais, en réfléchissant un peu, je me dis que ces deux nouveaux prêtres de l’archidiocèse de Bouaké ne sont pas jeunes, ils sont simplement responsables.

Le second symbole de cette cérémonie, est que des gens sont venus de partout pour assister à la cérémonie, que ce soit de la grande famille du village, comme des amis. Et c’est l’une des rares fois où dans la famille, on ne se retrouve pas pour pleurer ou pour souhaiter « Yako ! » (des condoléances), mais pour dire : « Moh ! » (Félicitions !).

Vivement beaucoup de moments pareils dans la famille ! Et, avec les bénédictions des nouveaux abbés, je garde confiance en l’avenir.


Démocratie au Bénin : bien… mais et après

Des partisans de Lionel Zinsou assistent au meeting du Premier ministre ...  rfi.fr
Des partisans de Lionel Zinsou assistent au meeting du Premier ministre … Crédit photo
rfi.fr

Le Bénin vient de voter pour l’élection présidentielle. Là où sous d’autres cieux cet exercice démocratique donne lieu à divers incidents ( coupure des réseaux de communication, fraudes, troubles, crise postélectorale) les choses se sont pourtant bien passées au pays du caméléon, Matthieu Kérékou. Ce n’est pas un hasard. Mais, après avoir relevé le défi de la stabilité politique, le Bénin, pour être complet, doit faire face à un autre, celui de la lutte contre la corruption, premier facteur, en mon sens, d’appauvrissement des populations.

« Vive le Bénin démocratique ! », moi, Ivoirien, je peux crier fièrement, et sans retenu. Du début de son processus électoral jusqu’à la fin, ce petit pays d’Afrique de l’ouest, par rapport à la Côte d’Ivoire, a fait preuve d’une grande exemplarité.

D’abord en amont. Le président Boni Yahi, contrairement à certains de ses pairs, notamment Denis Sassou N’guesso, Paul Kagamé, Abdel Aziz Boudeflikha, etc. n’a pas cherché à modifier la constitution de son pays pour tenter de se maintenir au pouvoir après ses deux mandats constitutionnels. Il faut simplement se référer à l’histoire de ce pays pour expliquer la dignité dont fit preuve Boni Yahi ainsi que son respect des institutions de son pays et de ses concitoyens. Bien avant lui, le caméléon, Mathieu Kérékou et Nisophore Soglo ne se sont pas accrochés au pouvoir.

Toujours en amont de ce processus électoral. Certainement par respect pour les candidats de l’opposition, mais surtout par réalisme politique et à cause de la probité de la commission électorale indépendante béninoise, le candidat du pouvoir, Lionel Zinsou n’a pas cédé à la sirène du « un coup K.O », ce slogan de campagne désormais très prisé par les pouvoirs de certains pays africains et qui masque difficilement de mauvais desseins. Je rappelle qu’il est né en Côte d’Ivoire lors de la dernière élection présidentielle, a été adopté avec succès par la Guinée d’Alpha Condé, n’a malheureusement ou heureusement (c’est selon) pas marché au Niger et vient de faire feu, vraiment feu Au Congo Brazza du président Dénis Sassou N’guesso.

Soit dit en passant, alors que dans certains pays, le candidat du pouvoir parle de « un coup K.O » au premier tour de l’élection présidentielle pour faire accepter aux opposants leur future défaite, ailleurs les visionnaires de la politique en Afrique avait déjà, depuis des années, vu venir la chose en instituant simplement le scrutin à un seul tour. Mais là encore, les choses ne semblent pas s’arranger. En RDC, par exemple, après l’instauration du scrutin à un seul tour, le régime Kabila doit à présent, après ses deux mandats constitutionnels, manœuvrer pour se maintenir au pouvoir tout en se convainquant qu’il ne fonce pas tout droit dans le mur. Or pourtant … : véritable génie politique ou simple bêtise politique *:)) Marrant. Attendons de voir. Soit.

Pour revenir au Bénin, il est resté un modèle de démocratie en Afrique jusqu’à la fin du processus électoral. Comme au Sénégal et au Nigéria, le perdant du deuxième tour de l’élection présidentiel, Lionel Zinsou, a simplement félicité le vainqueur, Patrice Talon, à qui il a souhaité bonne chance.

Par ce simple geste, le Bénin s’épargne non seulement une crise qui plomberait son économie, et le condamnerait à un perpétuel recommencement (lui qui fait déjà partie des pays les plus pauvres de la planète) mais il démontre la maturité et la dignité de ses hommes politiques. Ce dont n’ont pas su faire preuve avant eux certains dirigeants africains, notamment l’ancien président de mon pays, Laurent Gbagbo.

Le Bénin doit néanmoins descendre au plus tôt de son nuage démocratique et s’attaquer aux problèmes de fond, la corruption en particulier. La démocratie à elle seule ne suffira pas à juguler la pauvreté, sinon elle pourrait être considérer comme une simple illusion d’évolution. Durant la campagne électorale par exemple, des ONG se sont plaints de ce que beaucoup d’argent aient circulé pour l’achat de votes. Ce comportement  n’est pas nouveau lors de campagnes électorales en Afrique, mais, dans la vie courante même, le Béninois est obligé de payer un pot de vin pour bénéficier d’un service public. Démocratie oui, mais lutte contre la corruption aussi.

L’Ivoirien en sait quelque chose, lui qui, pour montrer son agacement face à l’accroissement de la pauvreté malgré la construction des ponts et des autoroutes par les autorités, clame haut et fort : « On mange pas goudron ». Le Béninois pourrait aussi dire que ce n’est pas la démocratie qui se retrouve dans les assiettes. Comme quoi l’évolution est un tout.

Autant donc le Bénin demeure un modèle démocratique en Afrique, de même la corruption doit y être combattue pour y réduire la pauvreté. Il en va de l’équilibre de ce petit grand pays qui ne pourra qu’ainsi être un véritable modèle pour toute l’Afrique.

 


Attaque terroriste à Grand-Bassam : Une leçon pour la Côte d’Ivoire

https://fr.euronews.com/2016/03/14/cote-d-ivoire-3-jours-de-deuil-apres-l-attentat-de-grand-bassam/.
crédit photo de fr euronews.com

« Ils étaient armés, ils tiraient de gauche à droite sans réfléchir, sur la plage, sous les paillotes, avec les kalach. »

Tel est le témoignage d’une jeune femme recueilli par le correspondant de RFI (Radio France Internationale) en Côte d’Ivoire juste après l’attentat de Grand-Bassam.

Avant tout propos, je m’incline devant les dépouilles des victimes de cette attaque. Je m’incline aussi devant celles de ceux qui leur ont ôté la vie car toute vie est non seulement sacrée, mais une attitude contraire serait donner à Al-Qaïda, auteur cette attaque, l’impression d’avoir gagné. Or la terreur ne peut l’emporter sur la vie. Que les âmes de tous ces défunts reposent en paix. A tous les blessés, je souhaite beaucoup de courage et prompt rétablissement.

Oui, les terroristes tiraient, ils tiraient sans distinguer la couleur de la peau, sans demander, l’ethnie, la région, la religion, le parti politique de leurs victimes.

Oui, ils tuaient sans se référer à tous ces éléments qui ont contribué d’une façon ou d’une autre aux divisions en Côte d’Ivoire, à ternir la réputation de l’Ivoirien, et aujourd’hui encore servent malheureusement à alimenter sournoisement la corruption au pays.

Nous perdions donc notre temps dans des palabres, pire dans des crises et des conflits armés inutiles sous prétexte que, bien que partageant la même nationalité et vivant sur le même territoire, nous étions différents à cause de nos ethnie, région, religion, bord politique, couleur de la peau.

Le fait que ces terroristes tirent sans distinction doit nous faire comprendre, à nous Ivoiriens, qu’au-delà de nos ethnies, partis politiques, régions, religions, couleur de la peau, etc., et même au-delà de notre nationalité, nous partageons la nature humaine avec tout ce qu’elle comporte de merveilleux : le style de vie, la joie de profiter de chaque aube, l’enthousiasme, la volonté d’aller toujours de l’avant.

J’espère seulement que cet attentat nous fera prendre de la hauteur vis-à-vis de tous ces facteurs a priori de division, de corruption, de discrimination que sont nos ethnies, régions, religions, bords politiques, couleur de la peau, etc.

Il ne s’agit de les nier, mais de se servir fièrement de leur diversité pour affirmer nos richesses sur tous ces plans là, en claire pour montrer que l’Ivoirien est exceptionnel parce qu’il a de l’estime pour l’autre. Nous le devons au moins aux 15 civils de diverses nationalités, victimes des djihadistes, et aux 3 éléments des forces spéciales qui ont perdu la vie en défendant celle des autres. Il n’y a qu’ainsi que les âmes de ceux-ci reposeront en paix et qu’Al-Qaïda n’aura pas atteint ses objectifs en réalisant cet attentat en Côte d’Ivoire.


Compaoré : l’I voit rien nouveau

 

Blaise Compaoré  en.wikipedia.org
Blaise Compaoré
CC de .wikipedia.org

Blaise Compaoré, ancien président burkinabé a été fait ivoirien par Alassane Ouattara, chef d’État de la Côte d’Ivoire. Face aux interrogations et suspicions que suscite cette naturalisation, la ministre de la communication, porte-parole adjointe du gouvernement dira que « Compaoré est Ivoirien un point un trait ». Mais au-delà des émotions que peut susciter l’acquisition de cette nationalité, celle-ci a des implications que cet « I voit rien » nouveau, qu’est Blaise Compaoré semble ignorer.

En attribuant la nationalité ivoirienne à Blaise Compaoré, la Côte d’Ivoire évite, on le sait de devoir extrader celui-ci, un de ses citoyens, vers le Burkina Faso, qui le réclame après les accusations de crime portés contre lui. L’on peut certes reprocher aux nouvelles autorités burkinabés leur partialité (ce qui reste à prouver), mais en adoptant sa nouvelle nationalité, cet I voit rien nouveau qu’est Blaise Compaoré avoue implicitement sa culpabilité des faits graves qui lui sont reprochés dans son pays d’origine : son implication présumée dans la mort de l’ancien chef d’Etat burkinabé Thomas Sankara, tué avec douze de ses compagnons le 15 octobre 1987.

L’on entend de plus dans les commentaires que Blaise Compaoré a été automatiquement fait ivoirien parce que son épouse est ivoirienne, mais aussi parce qu’il a été d’un grand soutien pour Ouattara ces dix, voire ces seize dernières années.

Mais, quel genre de soutien a-t-il été ? Un Soutien pour avoir fait de son pays la base arrière de l’ancienne rébellion ivoirienne aujourd’hui parfaitement fondue politiquement comme militairement dans les autorités de la Côte d’Ivoire ? Ce qui en dit long de la relation entre cette rébellion et Ouattara depuis l’opposition. Ou soutien pour l’accession au pouvoir d’Alassane Ouattara ?

Dans tous les cas, cet I voit rien nouveau semble dans un premier temps ignorer que sa nouvelle nationalité confirme ce que certains politiques et observateurs avaient dit avant à propos de son implication dans la longue crise ivoirienne : il fait partie des déstabilisateurs de la Côte d’Ivoire en ayant fait du Burkina Faso la base arrière des anciens rebelles ivoiriens. Sa nouvelle nationalité ne serait donc qu’une juste rétribution pour service rendu aux anciens rebelles ivoiriens, aujourd’hui alliés du pouvoir.

Cependant, cet I voit rien nouveau ignore dans un second temps que sa nouvelles nationalité fait de lui un caillou dans la chaussure de ses nouvelles autorités. Mais le lien doit certainement être très fort pour que le pouvoir ivoirien accepte de souffrir le martyre. En effet, Blaise Compaoré, en tant qu’ancien soutien de rebelles ivoiriens discréditent en effet ce gouvernement. Sa nationalité diligemment offerte met à nu toutes les contradictions au sein d’un pouvoir qui s’accommode parfaitement d’une association avec d’anciens rebelles dont certains sont accusés de crimes pendant la crise post-électorale (ou réclamés par la justice) alors qu’il clame à longueur de journées, et par de grandes affiches,  la moralisation de la vie publique. Cette nébulosité est certainement la marque de la mentalité de l’I voit rien nouveau dont Blaise Compaoré doit certainement être fier de brandir le certificat de nationalité.

Sans jouer les rabat-joies, nous voulons rappeler à cet I voit rien nouveau que la justice a son temps que ceux qui tentent vainement de lui échapper même ignorent.

Les Autorités ivoiriennes en attribuant a leur illustre hôte la nationalité lui évite, on le sait, d’être extradé au Burkina Faso, lui pour qui elles sont si reconnaissantes. Elles lui font ainsi clairement comprendre qu’elles fonctionnent selon leurs intérêts. Il faudrait donc que le Burkina Faso propose plus (ce qui est improbable car Compaoré en Ivoirien,  c’est un bon débarras pour les nouvelles autorités burkinabés plus portées vers des projets de développement) ou même que Blaise Compaoré soit réclamé avec insistance par la justice Internationale pour son implication dans la guerre civile en Sierra Léone ou dans divers conflits de la sous-région, ou même ailleurs en Afrique pour que les autorités ivoiriennes, soucieuses de leur image de marque et qui ont déjà fort à faire à empêcher la comparution de leurs partisans devant la CPI un jour, lâchent d’une façon ou d’une autre l’I voit rien nouveau.

Devenir citoyen Ivoirien, surtout quand on n’y voit rien, ne met apparemment pas à l’abri de ce pourquoi on a réalisé cette « mue » : les soucis judiciaires.


Ces faux maçons de l’Afrique

Photo gratuite: Cabane, Type De Logement, Afrique - Image gratuite sur ...  pixabay.com
CC pixabay.com

Considérons simplement que l’Afrique représente cet édifice que se sont donnés ses gouvernants pour ambition de construire. Cet état de fait fait automatiquement de ces derniers des maçons, les maçons de l’Afrique. Maintenant, si l’on tient compte des imperfections de l’ouvrage, et du fait même que certaines personnes s’improvisent maçon parce que ce statut déboucherait sur le pouvoir et les privilèges, l’on peut bien voir que des maçons, il y en a de faux parmi les gouvernants africains. Souffrez qu’on ne cite pas de noms, mais qu’on parle simplement des différents types de faux maçons qui pullulent en Afrique.

Les premiers maçons de l’Afrique, il va sans dire, sont les chefs d’État des lendemains des indépendances. L’expression « pères fondateurs » qui se rapporte à eux illustrent bien le rôle de constructeur qu’ils ont joué pour leur pays. Certains s’y sont consacrés pendant près de quarante ans de pouvoir.

Durant ce long règne sur une population peu nombreuse, ils disposaient de la manne financière générée par l’exploitation des matières premières (pétrole, bois, manganèse, etc.) pour faire de leur pays d’imposants édifices. Mais tous ces moyens ont apparemment servi à acquérir malhonnêtement des biens à l’étranger, en Europe notamment, ou alors à se constituer une colossale fortune qu’un nombre aussi impressionnant de descendants se disputent par contestation de parenté et d’état civil.

Plutôt qu’à servir à des causes nobles, humaines et raisonnables, telles que l’éducation, la formation, la santé, à la construction d’infrastructures, ces moyens là étaient également utilisés pour le financement de conflits armés dans des pays frontaliers.

Finalement, ces maçons là ont fait de leur pays une vulgaire bâtisse à laquelle un logement précaire n’a vraiment rien à envier. Aujourd’hui, ces faux maçons doivent certainement n’en avoir cure puisqu’ils reposent dans de superbes caveaux.

Aussi faux maçon qu’étaient ces pères fondateurs, après leur rappel à Dieu, l’entreprise familiale de maçonnerie, pour ne pas dire maçonnique, qu’ils dirigeaient, moribonde pour l’ensemble de la population, mais évidemment très rentable pour eux et leur famille, revient à leurs héritiers, leurs descendants. Ces derniers étaient aussi leurs collaborateurs. Ceux-ci ont donc évidemment été préparés au métier de faux maçons.

Mais la prise de contrôle de l’entreprise familiale par les héritiers n’est pas du tout aisée. Ils se la disputent en effet avec d’anciens collaborateurs de leur défunt père, à coup de répressions des manifestations de ces derniers et d’élections pas très claires. Il faut également avouer que les héritiers maçons arrivent à s’imposer avec l’aide de leurs opposants incapables de faire front commun contre eux. Apparemment, aussi moribonde qu’elle puisse être, et derrière les grand discours sur sa mauvaise gestion et de sa restauration, l’entreprise de maçonnerie suscite tout de même des convoitises pour des intérêts particuliers. Par conséquent, le coup d’État s’offre comme la seule solution pour certains individus à l’exercice de la fonction de maçon pour leur pays.

Et ils s’y adonnent à cœur joie, aux coups de force. Le gouvernant précédent est chassé du pouvoir. Il est quelques fois sauvagement assassiné. Souvent même, soutenus par de puissants partenaires occultes, les adeptes du putsch n’hésitent à prendre la tête de véritables insurrections et à envoyer la guerre jusque dans les centres urbains pour devenir les maçons de la République. Et ils atteignent effectivement leur objectif.

Tenant leur statut de maçon du pays du meurtre, de l’assassinat, de la rébellion, finalement ces hommes forts s’investissent plus à bâtir des stratégies de conservation de leur pouvoir de maçon en chef qu’à élaborer des plans de développement. Sinon, sans leur statut de chefs, on imagine bien le sort qui leur est réservé.

Avec eux, c’est donc plutôt Construction d’une armée fortement tribalisée ou d’une armée (garde présidentielle pléthorique surentrainée et surarmée) dans une armée (armée nationale délaissée, sous-équipée). Politiquement, ils font preuve d’un génie plus occupé à demeurer à vie au pouvoir, qu’à le céder démocratiquement. Pour ce faire ils traquent leurs opposants, fomentent des complots contre les plus farouches, répriment les populations qui ne sont pas de leur bord et les harcèlent pour éviter toute contestation ; les contestataires disparaissent simplement sans laisser de traces.

Ces hommes forts, en véritable maçons malins, se construisent une personnalité d’homme intègre. Ils font simplement croire que l’édifice-pays dont ils sont les maçons en chef se bâtit bien, sinon mieux avec eux. Ils créent ce ciment social appelé immoralité, absence de probité, manque de vision. Ainsi, par exemple n’accède en générale à l’emploi dans la fonction publique (qu’ils considèrent comme leur affaire) que ceux qui ont les moyens pour payer ou qui sont originaire de la même région ou bien ont la même ethnie qu’eux. La formation, le mérite, et la compétence n’étant apparemment réservés qu’aux bâtisseurs des pyramides dans l’ancienne Égypte, il n’est pas surprenant que la pauvreté et son corollaire d’espérance de vie basse gagne du terrain parmi la population. Quel gâchis ! Finalement, ces maçons de l’Afrique semblent plus efficaces à réaliser des tombeaux qu’à construire des pays.

Fondant la construction de leur pays sur le chaos (dictature, détournement, corruption, gabegie, clientélisme, coup d’État, assassinat, intrigues politiques, etc.), certains dirigeants africains sont véritablement de faux maçons, mais le dénominatif de fossoyeurs les iraient bien.


Cahier d’un voyage dans le pays profond ivoirien

Previous; Next  rfi.fr
de rfi.fr

Il y a environs deux semaines de cela, j’ai effectué, avec une amie, un voyage d’Abidjan à l’intérieur du pays pour assister à des funérailles. Ce déplacement, a priori banal, est pourtant resté gravé dans mon esprit. Et cela pour plusieurs raisons.

D’abord de la maison à la gare routière, très tôt le matin. Pour ceux qui habitent les quartiers reculés de la banlieue d’Abidjan, avoir à cette heure un taxi communal (woro-woro) ou un minibus (gbaka), pour accéder au centre-ville est un véritable sport, surpopulation d’Abidjan et insuffisance de moyens de transport obligent. Pour le bus, on n’en parle pas. Vous pouvez passer votre temps à l’attendre si vous n’avez rien à faire de la journée. Quant au taxi avec compteur, le coût est certes négocié, à l’avance, depuis plusieurs années maintenant, mais il faut en avoir les moyens. Il est donc encore réservé à des privilégiés.

Après une demi-heure à héler vainement un woroworo ou un gbaka, ma compagne et moi pûmes enfin avoir deux places à bord de ce dernier. En nous rendant à la gare routière, comme toujours, je suis frappé par le nombre de personnes au bord des routes ou rassemblées à des carrefours, attendant ce taxi communal, mais surtout ce gbaka qui les transportera directement à la commune d’Adjamé, au centre d’Abidjan. Il faut dire qu’à cette heure de la journée, les transporteurs préfèrent scinder cette destination en deux. Ce qui revient à au moins 50% plus cher. Les usagers qui n’ont pas vraiment de grandes urgences, préfèrent donc attendre patiemment. Et quand vient un véhicule qui se rend à Adjamé, il faut prier pour que le coût du transport n’ait pas été augmenté par le conducteur et son apprenti à cause de la forte affluence. Quand c’est bon, il faut jouer des bras et des coudes pour avoir une place.

Et cela n’est rien face à ce qu’endurent les usagers à Adjamé à partir de 17 heures. Les transporteurs y font la loi. La demande de moyens de transport étant plus forte que l’offre, les coûts ont triplés voir quadruplés. Plus proches de là (à quelques kilomètres quand même), les habitants d’Abobo (commune d’Abidjan) préfèrent marcher pour se rendre chez eux. Quant à ceux de Yopougon, beaucoup plus éloignée, ils n’ont pas le choix, ils payent ou ils attendent patiemment au moment où l’affluence est moindre, c’est-à-dire à partir de 21 heures, pour espérer payer le tarif normal. Vivement des moyens modernes de transport à Abidjan. Métros, tramways et beaucoup plus de bus feraient vraiment du bien aux Abidjanais.

A la gare routière, ma compagne et moi prenons toute de suite soin de sécuriser portefeuille et téléphone portable. C’était bien vu car nous subissons presque aussitôt l’assaut d’un essaim de démarcheurs gringalets, à l’allure et à l’aspect autant suspect que le langage pour l’occasion débarrassé du traditionnel Nouchi et des impolitesses qui leur sont tout aussi coutumières.

Chacun nous supplie à la limite de venir à sa compagnie de voyage pour lui permettre d’avoir, comme il le dit lui-même, son management (une commission sur nos billets). L’énervement n’est pas loin chez les fameux démarcheurs lorsque vous restez indifférent à leur proposition. Mais il ne faut pas leur répondre pour éviter les palabres, et par conséquent de vous faire agresser ou voler, sinon vous n’auriez personne pour vous venir en aide. C’est ça aussi Abidjan : l’indifférence. Malheureusement.

Notre compagnie, nous l’avons choisie le plus simplement du monde, notamment en lisant sur le panneau. Elle effectuait le trajet qui devait nous transporter à destination, c’est-à-dire dans le centre-ouest de la Côte d’Ivoire, plus précisément à Bouaflé. Un peu à la bourre, je m’empresse de payer nos tickets.

Une fois à bord du minicar après une longue attente dans la poussière (c’est encore l’harmattan à Abidjan en février. Vas y comprendre quelque chose) et à négocier un peu d’ombre sur les flancs des cars, nous n’avons même pas le temps de nous installer et de retrouver nos esprits que des gens montent à bord, des bidons vides de 20 litres en main. Ils les disposent dans l’allée et s’assoient dessus. Vraisemblablement, ce sont également des passagers.

D’une cinquantaine notre minicar se retrouve finalement avec une dizaine de passagers en plus, sans compter ces personnes qui ont été prises sur le trajet et qui sont restées débout dans les escaliers.

Cette surcharge n’est pas surprenante puisque aucun contrôle n’est effectué sur la route. Les transporteurs s’en donnent donc à cœur joie. Je suppose que les automobilistes paient suffisamment aux péages (deux fois et assez cher sur une centaine de km) sur l’autoroute pour qu’on leur mette encore des contrôles entres les pattes. Les quelques équipes de gendarmes étaient beaucoup plus préoccupées à prendre 1 000 francs CFA aux automobilistes pris par le radar que par toute autre chose. La sécurité des personnes sacrifiée sur l’autel de la cupidité, du gain et de la corruption.

Et puis, aussi extraordinaire que cela puisse paraître se trouvait également à bord du minicar des personnes qui se rendaient à Bouaké, c’est-à-dire dans le centre-nord, une destination qui n’a rien à avoir avec le trajet initial du minicar : centre-ouest… Cupidité du transporteur ou laxisme de ces passagers là ? Dans tous les cas, à l’étape de Yamoussoukro, le premier transféra les seconds chez un de ses confrères qui se rendaient à Bouaké, non sans remue-ménage et d’interminables marchandages. On se plaignait dans notre car de cette perte inutile et absurde de temps. Mais, tant que les bons comptes n’étaient pas faits, point d’oreilles…

Finalement le discours du bonimenteur à propos d’une solution à base de piments chinois à l’origine accessible qu’aux grands types du pays, voire d’Afrique, qui nettoierait le sang et que lui vendait à des prix dérisoires alors qu’il aurait dû coûter au moins 20 fois plus cher à cause de son efficacité qui n’est plus à démontrer, et le film de sketchs des talentueux humoristes ivoiriens nous ont aidés à supporter plus de trois heures d’inconfort dans ce minicar pourtant climatisé. Comme quoi les attitudes réactionnaires ont vraiment la peau dure dans une Côte d’Ivoire qui se veut pourtant énervante,… pardon émergeante. C’est donc avec un grand soulagement nous arrivâmes à destination.

Mais il fallait tout de suite emprunter un minibus pour se rendre dans ce village proprement dit, Ekani, où devaient avoir lieu les funérailles.

Un tour rapide aux toilettes de la gare routière pour satisfaire un besoin naturel avant de poursuivre la route. Mais le spectacle de ses toilettes que l’on n’a pas besoin de décrire ici à cause des âmes sensibles pousse ce besoin lui-même à se remettre à beaucoup plus tard…

En route pour le village dans un convoi prévu à cet effet…

18 km d’une piste plane, montante, descendante, traversée quelques fois de rigoles et parfaitement limitée de chaque côté d’une broussaille rougie par la poussière ocre et qui venait quelques fois lécher le visage de quelques passagers somnolents assis aux fenêtres. Nous fîmes ce trajet en un peu moins d’une heure. Ce n’est à destination que, bien qu’éreintés et poussiéreux, nous prîmes réellement conscience de là où nous nous trouvions : un merveilleux endroit, un véritable site touristique méconnu. Ekani est en effet juché sur une petite colline entourée de collines beaucoup plus grandes qui vous donne l’impression d’être seul au monde.

Cette situation n’est pas le fait du hasard, elle est chargée d’histoire. Elle a en effet permis aux villages non seulement de se protéger d’éventuels ennemis, mais également de voir venir les plus intrépides parmi ces derniers, et se défendre en conséquence.

Cette situation est tellement stratégique qu’elle a été un obstacle à des influences étrangères, notamment chrétienne. Ce qui est surprenant car dans la majorité des villages les plus reculés de la Côte d’Ivoire existe au moins une communauté chrétienne. Ce qui n’est le cas dans notre village qui se situe à pourtant moins de 20 km de la ville.

Une fois les funérailles terminées, c’était reparti pour Abidjan, un autre périple que nous supportâmes beaucoup plus à cause certainement du souvenir de ce merveilleux paysage que nous ne nous lassions pas de contempler durant notre cours séjour de moins de 24 heures.


La responsabilité : l’enjeu du procès Gbagbo et Blé Goudé

revedehaut.mondoblog.org Laurent GBAGBO | Flickr - Photo Sharing!  flickr.com
Laurent Gbagbo de flickr.com

L’ex-président de la Côte d’Ivoire, Laurent Gbagbo, et son ministre de la jeunesse Charles Blé Goudé, sont actuellement jugés par la CPI (Cour Pénale Internationale) pour crime contre l’humanité pendant la crise post-électorale de 2010-2011. Défenseurs et accusateurs de ces deux personnages de la vie politique ivoirienne s’attendent pour les premiers à leur relaxe et pour les derniers à leur condamnation. Sans empiéter sur les espoirs des uns et des autres, je me rends compte que ce procès a, malgré lui et en dépit des émotions qu’il peut susciter, un autre enjeu : la responsabilité.

Oui, en jugeant Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé pour ce qu’elle leur reproche, dans un contexte proche de la guerre civile, la CPI joue sa responsabilité. Elle a en effet également le devoir de délivrer des mandats d’arrêt contre les partisans d’Alassane Ouattara, accusés de crimes pendant cette fameuse crise post-électorale. Et pour faire mentir tous ceux qui l’accusent de justice à deux vitesses, ces mandats devront être adressés, si les faits le prouvent, à des partisans de choix du régime Ouattara, de « gros poissons » à la dimension de Laurent Gbagbo et Blé Goudé.

Le régime ivoirien, par équité, a également la responsabilité de livrer à la CPI les partisans que la Cour pourrait réclamer. Mais, à ce niveau, il y a le précédent Simone Gbagbo. Celle-ci, bien qu’opposante au régime, n’a pas été extradée à la Haye, malgré le mandat d’arrêt lancé contre elle par la CPI. Pour justifier le non-respect de ce mandat d’arrêt, le président Alassane Ouattara a affirmé, je cite :  « les personnes qui ont commis des atrocités et des crimes durant la crise post-électorale seront jugées en Côte d’Ivoire quelles que soient les opinions nationales et internationales, car notre pays, qui est un État moderne et un État de droit, en a la capacité ».

Ça, c’est pour les discours. Sinon, il n’y a pas l’ombre d’un doute : le pouvoir s’est soudain senti capable de juger les accusés de crimes contre l’humanité en Côte d’Ivoire parce qu’il ne veut pas extrader des partisans susceptibles d’être réclamés par la CPI, de plus en plus sous pression depuis plusieurs mois maintenant, et plus que jamais avec le procès Gbagbo et Blé Goudé.

Si toutefois il lui arrivait, par miracle, de juger sur place ses partisans, le pouvoir aurait la responsabilité de veiller à ce que ce soit les véritables coupables, quelle que soit leur influence, et non des accusés de substitution. Il a également la responsabilité de faire en sorte que ces procès servent d’exemple par leur impartialité, comme le procès de Simone Gbagbo (*:)) Marrant),  si tant est que celui-ci s’est déroulé dans les règles de l’art. Mais cela reste évidemment à prouver.

Les insuffisances du procès de l’ex-première dame, ainsi que de son beau-fils Michel, et même le statut de pro-Ouattara des supposés futurs inculpés en disent long sur la capacité actuelle de la justice ivoirienne à juger ces derniers sans prendre parti.

Le moins qu’on puisse dire, c’est que le procès Gbagbo et Blé Goudé a des implications qui mettent la justice internationale face à ses devoirs. Ces incidences doivent à coup sûr perturber bien des sommeils au sommet de l’État ivoirien. A moins que le pouvoir ait, dans un premier temps, mis aux « calendes ivoiriennes » le passage devant la justice des pro-Ouattara accusés. Il pourrait dans un second temps se montrer irresponsable en jouant à cache-cache avec la justice, et laisser cette patate chaude entre les mains des futures autorités, à partir de 2020. Pour cela, il faudrait déjà que le RDR (Rassemblement des Républicains, parti d’Alassane Ouattara et principal allié des anciens rebelles ivoiriens parmi lesquels se trouvent les présumés coupables) renonce au pouvoir pour le PDCI (Parti Démocratique de Côte d’Ivoire), comme le stipule l’appel de Daoukro. Ce qui n’est pas gagné d’avance.

J’ose tout de même croire, bien que cela paraisse utopique, que les autorités ivoiriennes feront preuve de responsabilité en n’épargnant pas leurs partisans accusés de crimes de sang. Il en va de la réconciliation nationale, sans laquelle la Côte d’Ivoire ne peut amorcer sereinement sa marche vers l’émergence si chère à ses autorités.


« Chassez le rebelle, il revient au galop »

de wikipedia.org CC
de wikipedia.org CC

On s’interroge sur la raison qui pousse des chefs d’État, en particulier africains, à se maintenir vaille que vaille au pouvoir après leur temps constitutionnel d’exercice de ce pouvoir ; mais il suffit de se référer à l’origine de leur pouvoir ou à leur passé pour expliquer cet état de fait.

Ainsi Pierre N’kurunziza, qui effectue actuellement un troisième mandat présidentiel au Burundi au prix de centaines de morts, de violations quotidiennes des droits de l’homme, de viols et d’assassinats, en ayant même une Bible en main et un ballon de foot aux pieds, est un ancien rebelle. Il est issu de la rébellion du FDD (force pour la démocratie et la défense) . Sa volonté de se maintenir au pouvoir contrairement à ce que stipule la Constitution de son pays en la matière s’apparente à une rébellion contre les institutions de ce pays.

Dénis Sassou N’guesso, président du Congo, vient de modifier la Constitution de son pays. La limitation de mandats à deux et la limite d’âge ont sauté. Ces modifications lui permettront à lui qui était, non seulement, frappé de la limite d’âge mais aussi empêché de briguer un troisième mandat, d’effectuer d’autres et se maintenir à vie au pouvoir. Mais, rappelons-nous surtout son accession au pouvoir en 1997. Il y parvint après une rébellion armée contre le régime Lissouba.

La modification de la Constitution par ce chef d’État après avoir fait ses deux mandats comme prévus par celle-ci s’apparente également à une rébellion contre cette institution. Elle est incapable de parler, la pauvre Constitution, sinon elle crierait au viol. D’ailleurs les manifestations violentes contre cette reforme représente dame Constitution ou dame Nation qui se débattent contre leurs agresseurs qui, malgré leur farouche opposition, les frappent, les immobilisent et les forcent pour prendre leur plaisir, plaisir que représentent tous les avantages et privilèges liés à la fonction de chef d’État, ainsi que toutes ces choses qu’on s’y permet, notamment les biens acquis frauduleusement.

L’on pourrait trouver objectif et légitime cette reforme constitutionnelle qui, selon, ses instigateurs qui semblent tout droit sortis des livres d’histoire, a pourtant pour but de renouveler les institutions du pays. On peut, à cet effet, désormais faire acte de candidature à la magistrature suprême à 35 ans au lieu de 40. Mais, on oublie soigneusement de dire qu’on peut également être candidat à plus de 80 ans, qu’on peut même casser la pipe au pouvoir après s’y être interminablement maintenu.

Au Congo, on veut tout simplement faire du neuf avec du vieux. La preuve, l’actuelle président qui totalise à lui seul une trentaine d’année de pouvoir s’apprêterait, après cette reforme et avec l’empressement d’un jeune qui n’a jamais goûté au pouvoir, à se représenter à l’élection présidentielle qu’il a pris soin de rapprocher de juillet à mars 2016. Plus qu’une rébellion contre les institutions de son pays, c’est une rébellion contre le bon sens. Mais, c’est quelque part compréhensible puisqu’avec un passé de rebelle, on traîne surement des casseroles qui ne font pas autant de bruits quand on est au pouvoir que quand on n’y est plus.

Au Rwanda, c’est pareil, seulement avec des méthodes différentes. Paul Kagamé, issu de la rébellion ougandaise du NRA (National Resistant Army), puis rwandaise du FPR (Front Patriotique Rwandais), et actuel président du Rwanda briguera un autre mandat, après avoir… pardon, après que la population ait pétitionné, pétitionné, pétitionné pour une modification constitutionnelle lui permettant de demeurer au pouvoir beaucoup plus longtemps que Jésus-Christ sur terre. Mais, entre nous, y a-t-il une différence entre dame Constitution et dame nation qui sont abusée sexuellement avec force et violence comme au Burundi ou au Congo et les mêmes ailleurs qui, parce qu’elles ont une arme sur la tempe, se laissent faire ?

Abdoulaye Wade, ancien président du Sénégal, est l’exception qui confirme la règle : « Chassez le rebelle, il revient au galop ». Maître Wade a en effet échoué à effectuer un troisième mandat très controversé au Sénégal. Sa nature de simple politique a surement été la cause de son échec là où des anciens rebelles seraient passés haut les mains, en enjambant des corps aussi, et devant des loques humaines.

Les chefs d’État qui en sont les adeptes ont-ils une fois pensé à l’avenir de leur pays en se maintenant par divers calculs mesquins ou par la force au pouvoir ? Ils font ainsi le lit du cycle infernal des rébellions. La preuve, au Burundi est née une rébellion contre le pouvoir N’kurunziza.

Apparemment, certains dirigeant africains, et d’autres encore que nous n’avons pas cité ici, et qui feront l’effort de ne pas se reconnaître, ont fait l’extraordinaire choix de ne pas être ceux par qui l’Afrique nouera avec le départ pacifique de la présidence de la République, rompant ainsi avec l’accession sauvage au pouvoir et son exercice avec la même barbarie.

« Chassez le rebelle, il revient au galop. » :

Cet adage s’adresse également au pouvoir ivoirien dont l’ancienne rébellion des forces nouvelles est devenue une alliée. Avec la reforme constitutionnelle à l’horizon en Côte d’Ivoire, Ibrahim Cissé Bacongo, responsable RDR (rassemblement des républicains), parti du président ivoirien, Alassane Ouattara, a simplement proposé d’ « abroger la durée  de la limitation du mandat présidentiel » en Côte d’Ivoire. Ce cadre du parti du président de la République s’insurge ainsi contre un fondement de la démocratie.

Dévoile-t-il par là le vœu secret du RDR qu’Alassane Ouattara qui se réclame démocrate effectue d’autres mandats à la tête de l’État après ses deux mandats constitutionnels ? Une chose est certaine, et en tenant compte des cas N’kurunziza, Sassou N’guesso et Kagamé, Bacongo donne du grain à moudre à ceux qui avaient soupçonné une accointance durant le temps* de la rébellion armée entre le RDR et les rebelles des forces nouvelles et leur branche politique, le MPCI (mouvement patriotique de Côte d’Ivoire) alors dirigé par l’actuel président de l’assemblée national ivoirienne, Guillaume Soro.

Cette relation, a priori, contre-nature est-elle réelle ? Seul l’avenir nous le dira, surtout qu’en 2020, il est prévu, selon un accord (l’appel de Daoukro) entre RDR ET PDCI (parti démocratique de Côte d’Ivoire) que le premier accorde son soutien au second à l’élection présidentielle, comme ce dernier l’a fait quand il s’est agit de soutenir Alassane Ouattara aux élections de 2010 et 2015.

Le RDR se rebellera-t-il contre cet accord en présentant un candidat à la prochaine élection présidentielle en Côte d’Ivoire ? Rien ne le dit clairement, même si ce parti politique a réussi un parfait alliage, politiquement comme militairement, avec les anciens rebelles ivoiriens. Cependant, gardons à l’esprit notre adage : « Chasser le rebelle, il revient au galop ».

* 19 septembre 2002 : Début de la rébellion armée en Côte d’Ivoire qui a officiellement pris fin en juillet 2007 avec la flamme de la paix à Bouaké.


Papa président, le sauveur, souhaite la bonne année

Superman de dragonofbrainstorms.deviantart.com CC
Superman de
dragonofbrainstorms.deviantart.com CC

En cette période de vœux, papa président, le sauveur, souhaite la bonne année à ses concitoyens. Écoutons le donc :

« Pour ce nouvel an, moi, papa président, le sauveur, je vous souhaite, tout le bien qu’un chef d’éclat peut vouloir pour son peuple. Depuis des dizaines d’année, je vous fais ces mêmes vœux, mais trop de viande ne gâtent pas la sauce, je réitère donc de nouveau :

– Tout d’abord, mon vœu d’une année de démocratie pour notre pays. Vous avez entendu dire : « Le chien ne change jamais sa manière de s’assoir ». Moi, je n’en suis pas un. Et même si j’en étais, je m’assoie différemment. Ces dizaines d’années d’évolution démocratique avec moi au pouvoir en sont la preuve alors que d’autres pays croupissent encore dans la dictature malgré leur supposée alternance au pouvoir.

Pour donc arriver à cette année de démocratie, dans un premier temps, je jure que je ne modifierai pas la constitution pour demeurer à vie au pouvoir, ou à défaut faire deux autres mandats, le temps de modifier encore la constitution pour en faire d’autres, ainsi de suite jusqu’à casser la pipe au pouvoir pour vous laisser dans des guerres de succession ou des conflits tribaux et régionaux à n’en point finir. Je suis trop humain, honnête et sage pour ça. Vous n’avez pas besoin d’un président éternel à la tête de votre pays, mais d’un homme qui, malgré le poids du temps ou sa jeunesse, ou encore en dépit de son carnet d’adresses ou de la peur qu’il peut vous inspirer, vous accorde de l’estime et renforce les institutions nationales par son détachement.

Dans un deuxième temps, toutes les élections seront transparentes comme l’eau de roche. Tout sera clair, si clair que vous y verrai à travers comme quand on regarde par le grillage *:)) Marrant.

Dans un troisième temps, toutes les opinions pourront s’exprimer librement sur la chaine de télévision publique, avec mon accord bien entendu. C’est la chaine nationale, et en tant que détenteur du pouvoir, j’ai un droit d’écoute sur ce qui se dit sur mes antennes *:)) Marrant.

Il n’y a que par toutes ces mesures démocratiques que notre pays cessera d’être énervent pour enfin devenir émergeant.

– Ensuite, mon vœu d’une année de grande probité : Fini le clientélisme. Mon pouvoir n’est pas une récompense ou un business pour mes alliés politiques, mes camarades de lutte, les ressortissants de ma région, encore moins pour les militants de la vingt-cinquième heure. A cet effet, Tous les agents de l’État ou les membres de mon administration ou de mon entourage qui marchandent les places d’accès à la fonction publique seront traqués, pourchassés, poursuivis, arrêtés, exposés et jugés à la télé nationale, puis jetés en prison *:)) Marrant.

Finis également à la fois les suspicions de président de la repu-brique et le temps du ministre spécialiste en détournement de fonds. D’ailleurs, moi, papa président le sauveur, j’ai les mains propres, saines, pures, immaculées. Regardez mes mains. Ne sont-elles pas plus blanches que la neige ? Et puis, les ministres véreux de mon gouvernement ont toujours été limogés. La preuve, soucieux de l’image de marque de notre pays, je les ai faits passer de leur poste juteux à un autre où il pouvait « manger » sans se faire voir et jeter l’opprobre sur moi et sur toute la nation. Le plus important est que le pays ne soit pas vilipendé à cause de leurs actes. Je ne parle pas pour moi *:)) Marrant, mais il faut tout de même les comprendre. Ils ont réalisé l’exploit de sacrifier leur jeunesse pour de grosses études, si grosses qu’elles constitueront pour eux un poids si l’on ne les voit pas s’enrichir. Et puis, peut-on griller des arachides sans en manger de temps en temps. Ce qui leur tombe dans la bouche, par manque d’attention d’ailleurs, n’est que la juste rétribution pour leurs grosses études et le temps consacré à l’État. Soit.

Donc, vœux d’une année de probité : « l’agent de l’éclat » qui se fera corrompre sera sévèrement puni, comme son corrupteur d’ailleurs. + de, … autant pour moi, jamais plus de contrats entre l’État et les opérateurs économiques sans appel d’offre. « Le poisson pourrit par la tête ». Ce n’est pas moi que ce pays sera invivable.

– Enfin, en ce nouvel an, homme de justice et de grande générosité que je suis, je gracie, bien que d’impénitents opposants et criminels, des détenus qui croupissent en prison depuis des années sans jugement. Qu’on ne vienne plus m’agacer avec les histoires de justice des vainqueurs ou des miens qui devaient également répondre de leurs actes. Par ailleurs, mes vœux de paix et de bonheur suffisent amplement à la réparation psychologique et sociale de ces libérés, mes opposants surtout. Eux qui passent leur temps à s’opposer becque et ongle à mon pouvoir doivent s’estimer heureux de retrouver la liberté après seulement quelques années de détention car Mandela a fait 27 ans en prison pour avoir simplement réclamé l’égalité entre les citoyens de son pays. En clair, certains prisonniers subissent pire ailleurs dans le monde. Réjouissez-vous donc du peu que vous avez endurez.

Pour résumer le tout : bonne, heureuse, pacifique et excellente année 2016 à toutes et à tous comme toutes celles que nous avons vécues ensemble avant. Et que Dieu maudisse ceux qui en veulent à notre pays. *:)) Marrant »


L’abécédaire de la formation Mondoblog 2015

revedehaut.mondoblog.org

Ceci a la prétention d’être un compte rendu détaillé, un peu coupé, mais surtout décalé des dix jours d’aventure dakaroise de 70 mondoblogeurs, du 28 novembre au 06 décembre 2015. Ceci dit :

A : comme AUF (agence universitaire de la francophonie). C’est sur ce site qu’a eu lieu la formation mondoblog 2015. Ça, vous le savez certainement. Mais là également, certains mondoblogeurs, dont moi, se sont initiés au mandat en plus, au deuxième mandat plus précisément.

J’explique : On se faisait simplement servir une deuxième fois au déjeuner parce que non seulement la nourriture proposée par le service traiteur de l’AUF était très bonne, mais le deuxième mandat était généralement stratégique pour certains camarades. Les fameuses pattes aux crevettes arrosées, selon certaines indiscrétions, de la sauce faite de lait de coco était passé par là. Ce plat dont la sauce rappelait certainement quelque chose aux garçons *:)) Marrant(aux filles aussi d’ailleurs) et devant lequel les mondoblogeurs avaient jeté les cuillères avaient apparemment fait travailler les esprits. Un homme averti en valant deux, il eut des adeptes du deuxième mandat. Pour éviter toute mauvaise surprise au diner, ces derniers faisaient donc « le plein » à midi dans une atmosphère plutôt bonne enfant. Apparemment, le problème n’a jamais été les deuxièmes, mais les troisièmes mandats et au-delà. Wade, Compaoré et maintenant N’kurunziza, Kabila fils et Sassou N’guesso peuvent en témoigner.

Mais, « A », c’était surtout l’Amitié entre mondoblogueurs. Les premiers arrivés à Dakar ou vivants sur place accueillaient chaleureusement les suivants. A cet effet, Lucres, vérifie, s’il te plaît, s’il te reste encore des empruntes digitales, ta grande gentillesse t’ayant surement fait saluer tout le monde*:)) Marrant .

Ah, J’oubliais : « A », c’est aussi Aristide Honyiglo, l’auteur de la question rappée à Xuman qui fait le journal télévisé rappé. Aristide ne passa qu’une seule nuit en chambre sur un séjour de 9 jours. Peut-être avait-il découvert un inespéré repère pour noctambule dans Dakar.  Si c’est le cas, indique-nous où c’est pour qu’à notre prochaine visite, in challah, à Dakar, nous y allions nous distraire. Mais attends, j’espère que tu ne passais pas tes nuits au bas de la fenêtre de …*:)) Marrant  sans rancune.

B : comme bara ou le travail en Dioula ou en langage Nouchi. Mais Barra, c’est aussi et avant tout Mélissa et les autres : sa « jumelle » Manon ainsi que Ziad et Simon, les quatre formateurs fantastiques, férus de travail jusque tard dans la nuit. Le vapotage et les cloppes devaient surement en être pour quelque chose *:)) Marrant. Enfin soit. Ils s’entendaient tellement qu’on aurait dit des frères et sœurs. Rien d’étonnant puisqu’ils sont tous de la même matrice : RFI. S’ils avaient néanmoins tous été des hommes, ils feraient certainement penser aux Daltons, avec Ziad qui réfléchit à la vitesse du son, et l’adresse d’un Lucky Luck (et pour une autre raison également que devinent aisément les mondoblogeurs) dans le rôle de Joe. Mais B, c’était surtout de la Bienveillance comme les motivations du projet Mondoblog et les sentiments des formateurs à l’égard des blogueurs durant tout le séjour à Dakar. Merci aux quatre fantastiques pour leur disponibilité et leur précieux cours.

C : comme Cheminée ? Ziad et Simon de véritables cheminées ambulantes. Ou C comme Culottes : ces fameuses culottes tropicalisée de Manon Méli qui ont tant fait …. Bon devinez la suite. Mais C c’est Camerounais. Oui, des Camerounais, je n’en ai jamais vu autant (7 + 1 au total) dans un même endroit hors mis sur un terrain de foot ou un plateau télé en train de débattre de la situation politique d’un pays africain. Juste pour *:)) Marrant, sinon les mondobloggeurs camerounais étaient très attachants… ou peut-être attachés, à leur Cameroun natal, notamment ? Dans tous les cas mon bun homme Florian Kapué est venu de chez lui avec deux cargaisons. Une de chips de bananes plantains et une autre de noix de kolas. Le soir du fameux plats de pattes aux crevettes, ses chips ont dépanné plus d’un. La kola, elle, lui était apparemment exclusivement réservée. Quand j’imagine Les vertus de cette noix, je comprends à présent pourquoi mon bun homme paraissait si dépaysé, semblait avoir froid tout le temps et était si pressé de rentrer à la maison. Je te salue bun homme, madame aussi à qui je souhaite de bonnes fêtes de fin d’année ainsi qu’à toute la communauté Mondoblog du Cameroun. « C » c’était avant tout cette Communion et cette Camaraderie entre mondoblogueur, particulièrement, le soir, autour des plateaux des interminables variantes de plats de riz.

Ça me démange dans les doigts… Permettez-moi donc de faire un saut de quelques lettres pour arriver à la « I ». Merci pour votre compréhension.

I : comme ces mondoblogueurs dont la nationalité est à elle seule toute une phrase. Devinez qui c’est…., c’est : « Les I voient rien » bien sûr, comme me le rappelait amicalement mon ami, le Togolais Arnaud Bocco chaque fois qu’on se croisait dans les couloirs de l’espace Thialy. Apparemment, il ignorait que Togo est une somme d’argent en Nouchi (argot ivoirien où Togo = 100 francs CFA). Mais on froisse pas un ami, j’évitai de l’en informer. Enfin bref.

Heureusement tout de même que les mondoblogeurs de Côte d’Ivoire ne sont des mondoblogueurs quivoiriens, parce que nous, nous voyons bien, et si bien que nous étions dans notre coin, observions et remarquions avec fascination que certaines attitudes des uns et des autres renvoyaient à nos proverbes Nouchi. Juste une anecdote à ce sujet.

revedehaut.mondoblog.org
Contingent « I voient rien » de la formation mondoblog saison 4

C’est l’histoire de la Gazelle aux frais de ceux qui s’étaient empressés de lever la main lorsque fraichement arrivés à Dakar et discutant chaleureusement autour des tables sous l’appâtâmes, Mélissa proposa une bière. « Qui veut une bière ? », demanda-t-elle gaiement. En bon africain pas du tout adepte du « gratuit » *:)) Marrant(ça reste à prouver), mais pensant certainement qu’il s’agissait de la traditionnelle boisson qu’on servait à l’hôte avant de lui demander les nouvelles, des mains se levèrent automatiquement. Mon Doc Koudjo Topkanou que je salue au passage et dont la Gazelle avait certainement un goût d’hyène dans la bouche doit certainement s’en souvenir *:)) Marrant. Dès lors il fit sien cette maxime ivoirienne « Premier gaou n’est pas gaou », et prenait soin, à chaque proposition, de s’informer d’abord à qui revenait les frais avant de se lancer ou pas.

Très discret jusqu’à un certain soir dans une calebasse transfoemée pour l’occasion en volcan, le contingent ivoirien avait certainement fait sien ce proverbe Nouchi : « Au début du fil, chef bandit est toujours Djaouli ». Entendez par là que le dernier mot revient toujours au héros ». C’est pas pour se lancer des fleurs, mais Benjamin le pigital, Abou le médecin qui dit les Gbès (vérités) mais qui, bizarrement, ne put les dire aux blogeurs venant le réveiller au milieu de la nuit à cause d’un bobo, son frère Seydou qui, sur ce coup là, ne grogna pas non plus, Aly, le guide du pays des éléphants, le célibataire pur sûr et dur (au carré s’il vous plaît) Kouakou d’Abidjan times (ce qui est une véritable performance pour un Abidjanais pur sûr et dur *:)) Marrant), Eugenio le poète abobolais, et votre serviteur qui, à la recherche certainement d’une bonne vue sur la république, eut le coup bloqué pendant 24 heures *:)) Marrant (un torticolis) et ne retrouva la motricité de son coup que par les soins de Manon (un privilège. Enfin, elle m’acheta mes médicaments. Mais c’est déjà un honneur)… Ce contingent d’Ivoiriens là donc, comme on le dit en Nouchi, a mis un pied sur la fête des mondoblogueurs à la calebasse. Ils ont simplement Dja la foule, ou si vous voulez, ils ont enjaillé tous le monde. Ils ont en effet procédé à une démonstration de Zouglou, Reggae, Décalé chinois, Aile de pigeons, même le N’dobolo congolais y est passé.

A un moment, ils prenaient même son micro au chanteur qui se retrouva à faire plutôt les chœurs. Ces Ivoiriens là étaient soutenus par les Haïtiens et leur ensemble géométrique…, enfin leur Kompas,*:)) Marrant le Togo et … et quoi déjà ? son coupé-décalé *:)) Marrant, la Guinée… et, et…, enfin tout le monde y compris la France et ses petites culottes, ses jupettes et ces machins trucs qui servent à faire sortir de la fumée par tous les orifices du visage *:)) Marrant, se défoula, même Mahmoud le Mauritanien qui préfère désormais défendre l’environnement que de crier à l’islamiste ; entre les feuilles et le fouet, y a pas match.

revedehaut.mondoblog.org
A la calebasse de Dakar, transformée en volcan par les mondoblogeurs

Mais, « I », c’est avant tout ces Inconditionnels de la vérité, de l’objectivité, de la cordialité, de la responsabilité, de tous ces bons « té » que représentent les mondoblogueurs, mondoblogeurs  qui ne demandent certainement qu’à se retrouver encore pour vivre d’autres moments magiques ensemble.

revedehaut.mondoblog.org
Petite aperçue de l’ambiance à la calebasse

Affaire donc à suivre, mais pour l’heure : bonne, heureuse et excellente année 2016 aux mondoblogeuses et mondoblogeurs, ambassadrices et ambassadeurs de l’information de proximité parée de ses plus beaux atours. Bonne fête à toutes et à tous. Je vous aime.


Année pastorale 2015-2016 ou le jubilé de la miséricorde

 Le pape François de by Martin Schulz CC flickr.com
Le pape François de  Martin Schulz CC
flickr.com

Le saint Père, le pape François, a annoncé un Jubilé extraordinaire, « Jubilé de la miséricorde, du 8 décembre prochain au 20 novembre 2016. Le chef de l’Église catholique ne semblait pas si bien décider car en ce temps gagné par le terrorisme et d’autres formes de violence, l’humanité a plus que jamais besoin de pardon, de bonté, de charité et de pitié.

A travers le monde entier, la violence est relativement visible: guerre civile en Syrie, conflits armés en Afrique, troubles en Libye, folies meurtrières dans les établissements scolaires et universitaires aux États-Unis, attentats terroristes au Nigeria, au Cameroun, au Tchad, en France, au Mali, en Tunisie, au Liban, attaques à l’arme blanche en Israël, etc.

Contre ce déferlement de violence, il est tout à fait légitime que l’on se défende surtout qu’il en va de la vie des victimes de ces actes ignobles. Les tueurs même semblent déjà s’infliger la peine capitale en se suicidant après avoir tué. Les kamikazes et autres terroristes ne demeurent pas en reste, ils scellent également leur sort. Les uns activent leur charge dans la foule, entraînant par ce geste leur mort et celle d’innocents et les autres demeurent en vie le temps de faire le plus grand nombre de victimes possible car, ils le savent, à cause de l’indignation et des douleurs causées par leurs actes, il n’y a que leur mort qui puisse apaiser l’opinion publique. Et malheureusement, les forces de sécurité se laissent avoir à leurs jeux en les tuant également, les faisant ainsi passer de tueur à héros pour ceux qui ont de la sympathie pour eux.

Ainsi, sans le savoir, on les érige non seulement en légende terroriste, mais on les fait alimenter une certaine mythologie terroriste qui ne fait que créer des émules dans le milieu. Et c’est l’humanité qui devra toujours faire face au cycle infernal du terrorisme, avec son corollaire de violence, de morts et de peur.

Nous sommes-nous donc au moins une fois demandé si notre réaction contre le terrorisme était adéquate ? A la mort qu’infligent les terroristes, l’on oppose la mort, la leur, et les bombardements de leur fief, au risque de faire d’innocentes victimes et leur offrir ainsi un précieux argumentaire pour l’endoctrinement de jeunes gens en quête d’une justice mondiale.

C’est en cela, c’est à dire en réaction au terrorisme et à toutes les autres formes de violence que le thème de l’année pastorale de l’Église catholique : 2015-2016, jubilé de la miséricorde, est le bienvenue. Il ne s’agit pas d’opposer à la violence une docilité béate. Les victimes pourraient alors se compter comme des mouches. Mais il est plutôt question de se pencher sur les causes du terrorisme :

Sommes-nous assez attentifs à toutes les misères des gens pour leur éviter de sombrer dans la marginalisation, l’isolement, l’aigreur, puis l’endoctrinement et enfin le terrorisme ?

Compatissons-nous suffisamment aux souffrances de peuples qui doivent subir le dictat de tyrans, dictateurs et autres autoritaristes ?

En tant qu’êtres humains, sommes-nous suffisamment justes et charitables avec des peuples dont on exploite les matières premières ?

Avons-nous le moindre scrupule à ne pas nous accaparer les richesses de l’humanité alors que tous les êtres humains ont des besoins ou encore à ne pas accorder plus d’importance aux matières premières qu’aux personnes ? La politique politicienne n’a-t-elle pas plus d’importance que la politique de l’humanité, c’est-à-dire la préservation de celle-ci ?

Un monde sans violence semble, de nos jours, utopique certes, mais en faisant l’effort de faire preuve de miséricorde (pardon, bonté, charité, pitié) l’on aura déjà coupé l’herbe sous les pieds de l’extrémisme, du terrorisme et de toutes les autres formes de violence. L’argumentaire de leurs adeptes aura été amputé de sa substance.

Il revient donc, comme le père de la Bible accueillant chaleureusement l’enfant prodigue (Luc 15 verset 11 à 24), de tuer en soi tout orgueil, mais aussi tout mépris, toute peur de l’autre, toute indifférence à sa souffrance. Comme également le bon pasteur abandonnant 99 brebis pour en retrouver une seule égarée (Luc 15, versets 3 à 7) les sociétés ne peuvent demeurer sans réaction à la perdition d’un seul de leurs rejetons, sinon non seulement pour finir, elles les perdront toutes, mais ces derniers se radicaliserons à loisir. L’on doit donc donner de son temps, ou même se donner pour retrouver l’autre. Il y va de la préservation de la quiétude mondiale, et au delà de l’humanité.

Bonne, vivante et heureuse année de miséricorde à tous et à toute. Que les âmes des victimes des attentats reposent en paix. Prompte rétablissement également à tous les blessés.


Harcèlement sexué à Abidjan

de pixabay.com
de pixabay.com

De nos jours en effet, à Abidjan, le harcèlement n’est plus sexuel. Il est simplement sexué. La différence ? Avant, les femmes étaient en général harcelées sexuellement (même si cette pratique a toujours cours, notamment en entreprise, lorsqu’elle recherche du travail, ou derrière les murs silencieux d’une demeure). Aujourd’hui la tendance s’est renversée, c’est elles qui harcèlent… si bien que ce harcèlement est identifié à leur sexe malgré le fait qu’il soit tacite. Il est devenu féminin, et c’est l’homme qui en pâtit.

Comment procèdent-elles ?

  • Une robe moulante si courte qu’en marchant elles tentent vainement, ou à dessein pour attirer certainement l’attention, de tirer vers leurs genoux ;
  • Des culottes qui, avec elles prennent tout leur sens. Culotte n’a certainement jamais autant été achetée dans les marchés à puce (pour plus d’élégance, sinon on pourrait dire dans les yougous-yougous (entendez friperies)) d’Abidjan qu’en ces temps-ci. Les plus osées se limitent à la base des fesses. Les moins, juste quelques millimètres en dessous. La différence ? Aucune, puisqu’ils sont portés en pleine Journée. Quelques fois, celles qui en ont fait leur uniforme se déplacent par bande, et en plein midi, comme des essaims d’abeille à la recherche des premiers gaous à bitumer. Ou si, il y a une différence tout de même. Le contenant de ces culottes, shorts et mini jupes bien entendu : peau martyrisée au produit décapant ou chair sortant directement du berceau ; ou encore chair fraîche se transformant pour l’occasion en domaine public ; ou même chair ayant subi, vraiment subi, l’assaut du temps et certainement aussi l’impact de toutes les crises qu’a connues la Côte d’Ivoire*:)) Marrant  , et qui ne demande que du repos, dans un foyer par exemple ou par une occupation saine.

« Qui va se négliger ? » dit-on communément à Abidjan. Certainement pas certaines de nos concitoyennes. D’ailleurs, elles le prouvent si bien par leur accoutrement.*:)) Marrant

Elles semblent avoir fait de cet harcèlement sexuel leur domaine de définition. Ainsi, sans qu’on en soit conscient, il est vraiment devenu une pratique féminine. Les clips vidéo, mais surtout la course au mariage et la lutte pour l’affirmation de sa beauté, physique bien entendu (parce la beauté intérieure, c’est une autre affaire), ainsi que la peur de ne pas être vu comme dépassée semblent être passés par là. Qui tapera dans l’œil ou impressionnera le prince charmant ? Les princes charmants  pullulent certes à Abidjan, mais ils sont plus occupés au jeux de dame, de Ludo, de scrabble ou à se chercher aux premières lueurs du jour qu’en rajouter à leurs soucis en s’entichant d’une fille qui pensera trouver avec eux la solution à tous leurs problèmes ? Telle est la course à laquelle sont engagées des femmes jeunes, comme plus âgées, des quartiers populaires  d’Abidjan.

C’est par ailleurs partout que ces femmes de tous âges s’adonnent à leur activité favorite : l’harcèlement sexué. Il faut le voir pour le croire. Une véritable compétition. En côte d’Ivoire, on dirait un vrai championnat*:)) Marrant : Séniores contre minimes, Juniores contre espoirs, espoirs contre séniores, amatrices contre professionnelles, néophyte contre doyennes. Toutes les confrontations sont possibles. Des retraitées à priori, n’ont pas encore abandonnées les crampons, pardon, les culottes, collant et autres jupettes.

Et L’avantage … l’avantage ? c’est que cet harcèlement est tacite. Dans un espace publique par exemple, vous en verrez avoir la main constamment à la jonction de la base du dos et la hauteur des hanches, juste pour éviter de faire voir un dessous qu’un Jeans taille basse et un body récalcitrant n’arrivent pas à cacher. D’autres encore se réduisent, gênées  *8-| Les yeux sur roulement à billes à étirer un haut sur un collant collé (comme le disent des chanteurs ivoiriens). Ce geste régulier parce que le fameux collant collé fait un fidèle rapport au dépend de celle qui le porte (ce qui reste à prouver) de toutes les formes en dessous de la ceinture qu’il est censé cacher.

Mais certaines ont coupé court. Elles trainent avec elles un morceau de pagne ou un grand foulard plus que douteux dans un sac à main ou un sac plastic non moins suspect. Ainsi pagne ou foulard est noué autour de la taille lorsqu’elles exécutent des mouvements tout aussi louches : s’abaisser ou se courber par exemple. Ces accessoires évitent ainsi que leur accoutrement les trahisse et dévoile ce que leur grande pudeur les ont fait cacher sous leurs vêtements *:)) Marrant . N’ayez surtout pas la prétention d’en conscientiser. Les moins venimeuses vous diront avec assurance : « C’est la mode ». Dure dure cette mode, un véritable esclavage.

Mais les premières personnes à jeter la pierre à ces femmes se plaisent à oublier que ces dernières ne sont que les premières victimes, les plus visibles d’ailleurs, d’une société ivoirienne post-crise en déliquescence, en quête de repère et de modèle.

Alors que ceux ou celles qui pensent  se vouer corps et âme à la restauration de la Côte d’Ivoire*:)) Marrant   jettent la première pierre à ces femmes que l’on traite de tous les noms…


Le chapelet de la Divine sécurité

Chapelet ordinaire chrétien CC Flickr.com
Chapelet ordinaire chrétien CC Flickr.com

« Chers amis,
Je vous invite à méditer le psaume 91 que Dieu nous a inspiré à mettre sous la forme d’un chapelet. Nous l’avons baptisé « Chapelet de la Sécurité divine » ou  »Chapelet de la Divine sécurité ». Recommandez-le à vos amis et connaissances. Que Dieu nous protège ; qu’il protège nos pays, nos continents et le monde entier. Fraternellement ! » : Valentin Memel Ly (Fondateur de l’Éveil Missionnaire Catholique – Association au service de l’évangélisation des communautés rurale – Côte d’Ivoire)

Comment méditer le Chapelet de la Sécurité Divine ?

Utiliser un chapelet Ordinaire

A. Commencer le chapelet normalement par :
1. sur le Croix : Réciter le Crédo (Je crois en Dieu…)
2. 1er gros grain : Notre Père (Pater)
3. 3 petits grains : 3 Ave Maria (3 Je vous salue marie) suivis de Gloire au Père et au Fils et au Saint Esprit. Comme il était au commencement, maintenant et toujours, dans les siècles des siècles. Amen.
4. 2ème gros grain : Notre Père

B. Sur la médaille : Lire tout le Psaume 91 :
Celui qui s’abrite sous la protection du Très-haut
repose à l’ombre du Tout-puissant.
Je dis au Seigneur : « Tu es mon refuge et ma forteresse,
mon Dieu en qui je me confie. »
Car c’est lui qui te délivre du filet de l’oiseleur
et de la peste funeste.
Il te couvrira de ses ailes
et sous ses plumes tu trouveras un refuge.
Sa fidélité est un bouclier et une curasse.
Tu n’auras à craindre ni les terreurs de la nuit,
ni la flèche qui vole pendant le jour,
ni la peste qui marche dans les ténèbres,
ni la contagion qui ravages en plein midi.
Que mille tombent à ton côté
et dix mille à ta droite,
tu ne seras pas atteint.
De tes yeux seulement, tu regarderas
et tu verras la rétribution des méchants.
Car tu as dit tu es mon refuge, Seigneur,
« tu as fait du Très-haut ton asile.
Le malheur ne viendra pas jusqu’à toi,
aucun fléau n’approchera de ta tente ».
Car il ordonnera à ses anges
de te garder dans toutes tes voies.
Ils te porteront sur leurs mains
de peur que ton pied ne heurte contre la pierre.
Tu marcheras sur le lion et sur l’aspic,
tu fouleras le lionceau et le dragon.
« Puisqu’il s’est attaché à moi, je délivrerai,
je le protégerai puisqu’il connaît mon nom.
Il m’invoquera et je l’exaucerai ;
je serai avec lui dans la détresse.
Je le délivrerai et je le glorifierai.
Je le rassasierai de longs jours,
et je lui ferai voir mon salut. »

C. A la place des 10 Ave Maria dire la prière suivante :
« Aucun Malheur ne nous arrivera, aucun fléau ne s’approchera de notre famille car Dieu a ordonné à ses anges de nous garder dans toutes nos voies »
(NB : à la place de notre famille, on peut dire par exemple : Notre pays, notre maison, nos biens, nos enfants, etc. …selon notre besoin de protection)

D. A la fin de chaque dizaine dire :
« Gloire au Père et au Fils et au Saint Esprit…. »

E. A la Place de « Notre Père… » dire :
« Celui qui s’abrite sous la protection du Très Haut,
repose à l’ombre du Dieu Tout Puissant. »

F. Finir le chapelet en bouclant avec le Psaume 91 sur la médaille (Psaume 91 à lire entièrement)
(Fait à Abidjan le 23 octobre 2015)

Bonne méditation à toutes et à tous et que Dieu nous garde, nous et notre monde si tourmenté. Qu’il nous donne la force et le courage pour changer nos cœurs de pierre en cœur de chair afin que l’amour soit plus fort que tout autre sentiment dans nos relations interhumaines.


A propos de la constitution ivoirienne : Kourouma avait écrit «Quand on refuse on dit non !»

Votant ivoirien, Crédit photo, la croix.com
Votant ivoirien à Abobo (Nord d’Abidajn), Crédit photo, la-croix.com

Après les débats de l’élection présidentielle en Côte d’Ivoire remportée par Alassane Ouattara, d’autres débats s’annoncent très houleux. Il s’agit en l’occurrence de ceux relatifs à la modification de la Constitution. Pour l’heure, il n’est pas question d’imaginer les argumentaires qui se développeront pour ou contre ce projet, mais ce dernier soulève quand même certaines interrogations, notamment en faisant un retour dans le temps et en considérant l’œuvre posthume, « Quand on refuse on dit non », de ce génie littéraire que fut Ahmadou Kourouma.

Ahmadou Kourouma Crédit photo : rfi.fr
Ahmadou Kourouma Crédit photo : rfi.fr

Le président Alassane Ouattara a pour projet de proposer une modification de la Constitution ivoirienne pour la débarrasser selon lui, de « ses germes « confligènes » », qui seraient donc selon lui, la cause des différentes crises qu’a connues la Côte d’Ivoire. Dans cette Constitution, l’article 35 est celui qui est en ligne de mire des autorités ivoiriennes. Rappelons que cet article est relatif à l’éligibilité à la présidence de la République. Les trois phrases qui seraient la cause de tous les malheurs de la Côte d’Ivoire sont celles-ci : « Le candidat à l’élection présidentielle doit être Ivoirien d’origine, né de père et de mère eux-mêmes Ivoiriens d’origine. Il doit n’avoir jamais renoncé à la nationalité ivoirienne. Il ne doit  jamais s’être prévalu d’une autre nationalité. ». Apparemment, cet article exclurait certains Ivoiriens tentés de briguer la magistrature suprême.

De gauche à droite : Robert Gueï, Alassane Ouattara, Laurent Gbagbo et Henri Konan Bédié Crédit photo rfi.fr
De gauche à droite : Robert Gueï, Alassane Ouattara, Laurent Gbagbo et Henri Konan Bédié Crédit photo rfi.fr

Apparemment, parce que jusqu’à preuve du contraire, la Constitution de 2000, celle de laquelle est tirée cet article n’a jamais été imposée à aucun Ivoirien. Chaque citoyen en âge de voter a eu la possibilité d’exprimer son avis par rapport à cette Constitution lors du référendum du 23 juillet 2000 au terme duquel le « oui » l’a largement emporté sur le « non ». Et ce résultat était d’autant plus objectif et légitime que tous les partis politiques de Côte d’Ivoire, y compris les principaux que sont le PDCI* de Konan Bédié, le FPI* de Laurent Gbagbo et le RDR* d’Alassane Ouattara ont tous battu campagne pour le « OUI ». Maintenant d’où vient-il que cette Constitution est la cause des crises successives qui ont secoué la Côte d’Ivoire ? Sérieusement !

Quand on refuse on dit non - Ahmadou Kourouma Crédit photo amazone.fr
Quand on refuse on dit non – Ahmadou Kourouma Crédit photo Amazone.fr

« Quand on refuse on dit non » ; nos chers politiques ivoiriens ont fui leurs responsabilités en appelant à voter « oui », alors que certains articles de cette Constitution excluaient ou constituaient ouvertement un obstacle à l’accession à la tête de l’État d’une frange de la population dont eux faisaient peut-être partie ?

« Quand on refuse on dit non » ; on ne se montre pas irresponsable en disant « OUI » pour ensuite revendiquer ses droits ou espérer s’arranger à accéder au pouvoir par des voies autres que démocratiques, pacifiques et civilisées.

« Quand on refuse on dit non » ; en tant que démocrate (ce dont tous les politiques ivoiriens se réclament à corps et à cris), on se montre responsable en affrontant le débat surtout que l’on a des arguments en sa faveur : dans un premier temps l’égalité de tous les Ivoiriens et leur appartenance à la même terre parce que partageant justement la même nationalité, et dans un second temps le danger de ce concept diviseur et hautement irresponsable qu’est l’ivoirité.

Sur ces derniers points, nous aimerions partager avec vous une toute petite analyse, mais un peu plus profonde de l’œuvre posthume d’Ahmadou Kourouma : « Quand on refuse on dit non ». Ce bijou littéraire est un véritable et formidable procès des irresponsables de toutes les couleurs dont pullule la Côte d’Ivoire post Houphouët-Boigny, notamment dans le domaine politique.

Selon ses initiateurs Konan Bédié et le PDCI ce concept d’ivoirité est  :  « […] l’affirmation de notre personnalité culturelle, l’épanouissement de l’homme ivoirien dans ce qui fait sa spécificité, ce que l’on peut appeler son ivoirité […] La symbiose harmonieuse et distincte de nos cultures locales dans le monde moderne implique nécessairement des brassages. L’ivoirité, c’est aussi ce mouvement qui pousse au métissage culturel » (Boa Thiémélé, L’Ivoirité entre culture et politique, Coll. « Point de vue concret », Paris Editions l’Harmattan, 2003, p. 155 et p. 157)

A partir de son sens, l’ivoirité, concept purement culturel, loin de diviser serait inclusif. Mais, cela n’est pas de l’avis de Kourouma qui attaque le fondement même de ce concept à travers ces propos de son personnage principal Birahima : « Tout le monde [toutes les populations de Côte d’Ivoire] est descendants des pygmées »*.

Ahmadou Kourouma sans jouer d’hypocrisie ou de lâcheté critique vertement et sans faux fuyant l’ivoirité. En prétendant que tous les Ivoiriens auraient un ascendant commun (les pygmées), l’ivoirité, par les objectifs de métissage culturel qu’elle poursuivait, n’a plus aucune raison d’être puisque tous les Ivoiriens auraient le même mythe de naissance et de renaissance, donc la même culture, la même histoire, la même raison d’être. L’ivoirité serait du coup de trop et pas du tout dénuée de mauvais desseins dans une Côte d’Ivoire dont l’histoire montre qu’elle a bien et depuis bien longtemps réalisé ce pourquoi le concept d’ivoirité a été créé : l’inclusion de tous les Ivoiriens.

Selon Kourouma, elle a réalisé cette mission dont l’ivoirité se fait le chantre à au moins deux moments de son existence :

  • 1 : Tout d’abord, selon Fanta (un personnage du roman), entre le « dixième siècle » et  le début du vingtième siècle, période qui correspond d’une part au début des migrations des grands groupes ethniques de la Côte d’Ivoire moderne sur « l’espace actuel ivoirien » et d’autre part à leur présence sur cet espace avant la colonisation : « Les Bétés, c’est-à-dire les Krus, sont venus de l’ouest (actuel Liberia) du dixième au douzième siècle. Les Malinkés, issus du Nord (actuel Mali et Burkina) sont arrivés du treizième au quatorzième siècle. Les Baoulé, les Agnis et les Abrons du groupe akan sont venus de l’est (actuel Ghana) du treizième au quinzième siècle » ;
  • 2 : ensuite, « en 1904 lorsque dans le cadre de l’AOF*, le colonisateur européen a précisé les frontières de la Côte d’Ivoire ».

Cette dernière date est très significative, car elle renouvelle toutes les populations vivant sur « l’espace ivoirien », les faisant passer d’un statut de simple occupant de cet espace à individus de nationalité ivoirienne vivant sur un territoire bien délimité appelé la Côte d’Ivoire.

Ainsi, pour Ahmadou Kourouma, l’histoire commune d’installation des différentes ethnies de la Côte d’Ivoire sur ce territoire constituait déjà un facteur d’inclusion de tous les Ivoiriens. En voulant s’ériger en mythe de naissance et de renaissance d’un Ivoirien nouveau, surtout à partir des faits culturels, l’ivoirité, selon Ahmadou Kourouma, viendrait diviser ceux que l’appartenance à un territoire commun unifié déjà. Rappelons que ce concept d’Ivoirien nouveau est, certes dans un autre contexte (ce qui reste à prouver), mais encore malheureusement d’actualité. Attention !

Pour revenir à Kourouma, disons que pour lui et à travers ce roman chargé d’une parodie du langage des journalistes occidentaux épris de détails fallacieux sur les réalités africaines (les musulmans du Nord, partisans d’Alassane Ouattara […] et les chrétiens et animistes du Sud, fidèles de Laurent Gbagbo), l’ivoirité fait ressortir les particularités des uns et des autres telles que :

  • L’identité (« nous les Dioulas, sommes toujours en train d’acheter de fausses cartes d’identité pour avoir et obtenir l’ivoirité ») ;
  • L’ethnie (« Bété, Dioulas, Baoulé, Agnis, Abron »)
  • le peuple (Krus, Malinkés, Akan)
  • La religion (« musulman, catholique »),
  • La région, notamment d’origine des Ivoiriens (Liberia, Mali, Burkina, Ghana) et de présence sur le territoire (« nord de la Côte d’Ivoire », « de la forêt profonde ») ;
  • Les stéréotypes (« Dioulas opportuniste versatiles, obséquieux envers Allah, toujours en train d’acheter de fausses cartes d’identité », «  rebelles du Nord plein de Dioulas » Les Bétés violents, grégaires, toujours prêts à manifester et à tout piller [les maisons et les bureaux] toujours prêts à se battre) ;

Ainsi tous ces faits supposés ou réels que fait ressortir l’ivoirité à travers sa notion de culture, ne sont pas aussi unificateurs que l’appartenance à un territoire commun, donc au même pays, en clair à la même nationalité.

En créant l’ivoirité, ses initiateurs jouaient avec le feu, car les différentes cultures qu’elle prétendait unifier cachaient ces particularités ci-dessus énoncées qui, naturellement, divisent.

Cette situation avait déjà éveillé les consciences sur les motivations réelles de l’initiation d’un tel concept qui, parce que portant sur des faits culturels, est facilement sujet à manipulation à des fins politiques. Mais ceux qui, comme Kourouma ont eu cette vision, ont été traités de tous les noms par les assoiffés du pouvoir et, malheureusement aussi, par des intellectuels.

L’on pourrait même aussi par ailleurs se poser des questions sur la création de ce concept qu’est l’ivoirité qui avait, non seulement été inutile, mais aussi négatifs dans un contexte ivoirien où au lendemain du décès du président du parti unique d’antan, Félix Houphouët-Boigny, les partis politiques ivoiriens se sont fortement ethnicisés, comme l’illustre la division du PDCI, qui aboutit à la création du RDR,  parti politique qui prétendait défendre les injustices subies par les populations du nord de la Côte d’ivoire. Ce communautarisme politique s’est accentué au lendemain du coup d’État du général Gueï Robert et l’entrée de celui-ci en politique (il créa l’UDPCI, essentiellement, un parti implanté dans sa région d’origine, l’Ouest). Ce communautarisme est devenu critique après la rébellion armée du 19 septembre 2002 dont les membres revendiquaient la défense des droits des populations du Nord et protestaient contre les injustices que subirait alors le premier ministre Alassane Ouattara, originaire comme eux de cette région.

Ainsi tels sont, selon Kourouma, d’une part les dangers auxquels était exposée la Côte d’Ivoire et d’autre part les arguments que ceux qui s’opposaient à la Constitution de 2000 pouvaient faire prévaloir, à juste titre, pour la défense de leur droit, mais au-delà pour la maturation de la démocratie et la préservation de la paix dans leur pays. Mais qu’ont-ils fait ?

1- Ils se sont d’abord occupés de Kourouma en le qualifiant de traitre *:( Tristesse (notre auteur en parle de manière voilée dans son roman, notamment à travers certaines prises de position son personnage Birahima). Ils pensaient en effet avoir trouvé en cet humaniste que fut Kourouma un soutien ethnique ou tribal de poids à leurs desseins inavoués.
2- Puis, face à des attitudes et un concept irresponsables (parce que marginalisant une frange de la population ivoirienne), ils ont simplement opposé leur irresponsabilité en appelant à voter « OUI » pour une Constitution qui ne les arrangeait pas.

Irresponsabilité des ‘‘ivoiritaires’’ contre irresponsabilité des opposants à la Constitution de 2000 = guerre civile, conflits armés, instabilité politique, suspicion générale, déliquescence du tissu social, etc. comme l’écrit si bien Kourouma dans Quand on refuse on dit non

Il n’y a donc rien d’étonnant que 22 ans après le décès de Félix Houphouët-Boigny et 15 ans après l’adoption de la Constitution actuelle de la Côte d’Ivoire, l’atmosphère sociale est toujours autant crispée.

Il ne fait l’ombre d’aucun doute que pour la paix en Côte d’Ivoire, plus que des modifications constitutionnelles, les Ivoiriens, singulièrement leurs autorités administratives comme politiques  doivent avant tout être responsables.

Et, aujourd’hui, plus que jamais cette responsabilisation passe par la justice : justice certes envers les marginaux d’hier par une reforme objective et raisonnable de la Constitution, mais aussi justice envers les marginaux d’aujourd’hui, c’est-à-dire toutes les victimes de la crise postélectorale de 2010, particulièrement envers celles qui ont perdu la vie ou ont subi un quelconque sévice ou des préjudices tout simplement parce qu’elles ont été étiquetées pro-Gbagbo.

Et ces derniers délits, impliquant directement des partisans du régime accusés d’en être les auteurs, sera certainement un os pour le pouvoir Ouattara II. Nous espérons seulement que les autorités ivoiriennes auront le courage nécessaire et de la vision pour affronter ce nouveau test de responsabilité en n’accompagnant pas la justice d’injustice. Sinon, l’avenir pourrait se révéler sombre pour notre pays.

*PDCI : Parti démocratique de Côte d’Ivoire
FPI : Front populaire ivoirien
RDR : Rassemblement des républicains ; UDPCI : Union des démocrates pour la paix en Côte d’Ivoire
AOF : Afrique occidentale française
En Italique : extraits de Quand on refuse on dit non


Présidentielle ivoirienne : attention à certains slogans de campagne !

Alassane Ouattara, président de la République de Côte d'Ivoire de Flickr.com
Alassane Ouattara, président de la République de Côte d’Ivoire de Flickr.com CC

A la dernière élection présidentielle en Côte d’Ivoire, on a eu ces slogans : « Ya rien en face ! », « Devant, c’est maïs ! », « On gagne ou on gagne ! ». Chacun de ces slogans, émanant du candidat du pouvoir à l’époque est très parlant. Ainsi, le premier dévoile la sous-estimation de l’adversaire politique. Ce qui voudrait dire que son auteur se surestime. Le deuxième révèle le manque de respect pour l’adversaire. Autrement dit, son auteur se croit supérieur à ce dernier. Le dernier quant à lui traduit la volonté de s’accrocher vaille que vaille au pouvoir.

Avec de tels slogans, il n’est pas surprenant que l’élection présidentielle ivoirienne de 2010 se soit terminée sur une crise, avec à la clef, au moins 3000 morts, officiellement.

En raison donc du passé de la Côte d’Ivoire en matière de slogan de campagne, pour l’élection présidentielle de 2015, un des slogans du candidat Alassane Ouattara attire notre attention. Il s’agit du « Un coup K.O », c’est-à-dire la victoire du candidat du pouvoir au premier tour. Sans verser dans le pessimisme et le misérabilisme, sans même insinuer que ce slogan cacherait mal certaines motivations, on est tout de même amené à se demander :

Dans tous les cas, si le président Alassane Ouattara n’obtenait pas la majorité absolue au premier tour, le deuxième risque d’être très disputé. Et rien n’exclut que ce soit lui qui aille au tapis.

Le plus important, par-dessus tout, est que ce scrutin se tienne et se termine dans l’ordre. Le blason de la Côte d’Ivoire en sera redoré.


Quand la vérité sort de la «bouche» de Madame campagne électorale

Logo de campagne du RHDP (2010) de wikimedia.org CC
Logo de campagne du RHDP (2010) de wikimedia.org CC

Malgré les appels, pendant de longues semaines, d’opposants ivoiriens à la constitution d’un gouvernement de transaction, pardon, de transition … Mais pourquoi pas de transaction ? Vous savez, ces gouvernements de très larges ouvertures dans lesquels cohabitent baleines, requins, crabes, vipères, singe, loups, panthères, hyènes, tigres, éléphants, etc., ces gouvernements où tout le monde gouverne sans que personne ne réponde d’écart de gouvernance, en clair ces gouvernements où les convictions, la morale et la justice sont bonnes pour la poubelle, privilèges obligent… Malgré donc les appels d’opposants à la Constitution d’un tel gouvernement, ce qui de facto annulait l’élection présidentielle, la Côte d’Ivoire se dirige petit à petit vers ce scrutin. Nous sommes même en pleine campagne électorale.

Et le plus merveilleux en ce moment, c’est que la campagne électorale parle. Il ne s’agit pas de discours de candidats et de candidates qui prennent l’allure de bonimenteurs lorsqu’ils et elles promettant tapis rouge, monts et cieux aux Ivoiriens, oubliant ainsi l’essentiel : la perpétuation de la vie ou une lutte acharnée contre tous les actes dégradants, notamment la corruption, le tribalisme, le clientélisme et toutes les sortes de violence. Il est plutôt réellement question ici de madame campagne électorale elle-même.

Oui, elle parle Madame campagne. Elle dit par exemple que la Côte d’Ivoire, pays que les autorités veulent énervant… pardon, émergent, est une terre de contrastes édifiants. Et cela, ils le montrent, ces interminables cortèges de 4 × 4 aux vitres teintées et aux passagers (des gardes du corps aux candidats en passant par le staff de campagne sans oublier les bénévoles-rapaces pour l’occasion) si élégamment vêtus circulant sur ce qui reste d’un bitume qui est à la fois un mélange de sables, d’eaux stagnantes et d’écoulement d’excréments. Avec en bordure de route les populations dans leurs oripeaux et certains petits enfants en haillons. Parmi ces gens, certains sont euphoriques quand d’autres observent simplement, le temps que les barrages soient levés et la voix soit rouverte à la circulation.

A voir ces cortèges dignes d’une campagne à l’américaine, on est vraiment étonné de savoir que la Côte d’Ivoire est un pays pauvre très endetté. En même temps, l’on n’est pas surpris que la Côte d’Ivoire ploie sous le poids de la dette, car on imagine aisément à quoi sert son endettement, et dans le même temps, à quoi il ne sert pas. Certains politiques l’ont si bien compris qu’ils se sont octroyé une part du gâteau*:)) Marrant . Rappelons que chaque candidat à la présidentielle a reçu la somme de 100 millions de francs CFA pour sa campagne de la part du président de la République sans qu’aucun texte, ni aucune loi ne confèrent de la légalité à un tel don.

Et comme toujours en Côte d’Ivoire, quand on a le moindre profit, valeur, probité et raison partent à la poubelle. En clair, il n’y a eu personne, en particulier parmi les candidats à l’élection présidentielle, pour protester contre la légalité d’un tel don qui a un fort relent d’achat de conscience.

Par ailleurs, d’autres candidats, après s’être retirés de la course à la présidence, n’ont pas fait cas de cette centaine de millions qu’ils avaient reçue à cet effet. Ils n’ont jamais manifesté la volonté de restituer cet argent à l’État. Mais pourquoi rendre au contribuable ivoirien ce qui représente l’État… C’était plutôt, rappelons-le, un don du président de la République *:)) Marrant. Il est quand même surprenant que des personnes qui prétendent présider aux destinées du pays, qui doivent donc être d’une bonne moralité et d’une grande probité (comme le réclame la Constitution en son article 35) conservent cette somme d’argent qui n’a aucun fondement juridique et qui a donc un fort relent de corruption.

Dès le départ, aucune voix ne s’est élevée parmi les candidats notamment, pour protester contre ce cadeau d’un autre genre. Une attitude tout à fait compréhensible quand on considère le bien de l’Etat comme le sien. Et puis, payer une caution de 20 millions qu’on n’est pas sûr de retrouver (1) pour recevoir ensuite 100 millions… Quelle bonne affaire, la politique en Côte d’Ivoire ! *:(( En pleurs

En clair, Madame campagne nous dit qu’en tenant compte des opposants comme des gouvernants, la Côte d’Ivoire a encore du chemin à faire pour être non seulement un État d’hommes et de femmes de convictions et de probité, mais aussi un État où l’intérêt général prime sur les intérêts égoïstes et particuliers.*:( Tristesse

Merci donc à Madame campagne électorale. Elle nous fait certes voir la face hideuse de certains politiques ivoiriens, mais il faut reconnaître qu’au fond, elle nous montre également (notamment à travers l’audition des candidats à la télévision nationale) qu’en Côte d’Ivoire il y a des hommes et des femmes capables de rendre la vie plus agréable dans ce pays. Tout est cependant une question de justice envers eux-mêmes et de vision.

 

(1) : L’article 24 du Code électoral ivoirien dispose que ‘’ toute candidature est assortie d’un cautionnement qui doit être versé dans une caisse du Trésor public dans les trois jours suivant le dépôt de candidature ».‘’Le cautionnement est restitué à tout candidat ou liste de candidats ayant obtenu dix pour cent au moins des suffrages exprimés. Dans le cas contraire, il reste acquis à l’État »