Yanik

Quai d’Orsay, le film

QuaiDOrsay-Film

Adaptation de l’excellente bande dessinée de Christophe Blain et Abel Lanzac, Quai d’Orsay fait le pari de plonger le spectateur dans les coulisses de la diplomatie française à l’époque où celle-ci était dirigée par Dominique De Villepin. 

Largement inspiré de ce dernier, le personnage principal de ces chroniques diplomatiques est un homme brillant, volubile, excessif et caractériel. Pour planter ce premier rôle, le choix de Thierry Lhermitte en a surpris plus d’un. Si l’ensemble de la distribution sonne juste, collant de manière troublante avec le dessin de Blain, le ministre incarné par l’ancien bronzé constitue la déception du casting. Son jeu manquant de finesse ajouté aux effets (claquements de porte, tourbillons de feuilles…) dont la répétition entraîne la lourdeur, ne parait pas à la hauteur de l’esprit insufflé dans les deux tomes de l’œuvre dessinée.

Remarquable, le reste de la troupe mérite une mention spéciale pour l’interprétation de Niels Arestrup, magistral en chef de cabinet au calme olympien, ainsi qu’à Raphael Personnaz dont la prestation répond trait pour trait au caractère du jeune débutant par les yeux duquel l’histoire est narrée.

 

Passer du papier à l’écran n’est pas chose aisée et Bertrand Tavernier n’est pas le premier à se frotter à cette tâche ardue. A trop vouloir coller à l’esprit du livre inspirateur, le réalisateur en a parfois oublié d’y ajouter sa touche personnelle. La première partie du film passe de plan en plan comme on saute de case en case, accompagnée par les dialogues sortis mot pour mot des bulles écrites par Lanzac. Il en ressort une impression saccadée, née de l’envie d’insuffler du rythme mais découlant sur une évolution décousue et dépourvue de fluidité.   

L’humour si présent au fil des pages est à l’honneur tout au long du film. Il s’agit bien d’une comédie, et c’est peut-être là que le bât blesse. A l’origine au service de l’histoire, l’humour est devenu sur la toile son pilier majeur, si que bien que l’histoire est désormais au service du comique. Ce qui était un ressort se transforme en une multitude de ficelles, si bien que l’amateur de la bande dessinée éprouve par moment la désagréable sensation d’être face à la caricature de la caricature. 

Vous l’aurez deviné, le visionnage de la pellicule a provoqué quelques regrets dans l’esprit du grand fan de l’œuvre originelle, figurant à mes yeux dans les sommets du neuvième art. Il n’en reste pas moins que le moment en salle obscure fut agréable et les sourires (à défaut d’éclats de rire) fréquents. Ceux qui n’avaient pas eu l’occasion de feuilleter avant Quai d’Orsay y ont peut-être trouvé leur compte. Quant aux autres, ils ont ressenti ce petit goût d’inachevé qui revient souvent à la fin d’un film adapté d’un livre très apprécié.        


Quai d’Orsay, la BD

 

Avant d’être un film dont la sortie nationale est programmée pour ce mercredi, Quai d’Orsay est  une bande dessinée sortie du crayon de Christophe Blain et de l’esprit d’Abel Lanzac. Ex collaborateur du ministre des affaires étrangères, ce dernier a élaboré un scenario largement inspiré de la réalité, introduisant avec brio le lecteur dans les coulisses de la diplomatie française.

Quai d'Orsay, Tome 1
Quai d’Orsay, Tome 1

Dans cette œuvre, toute ressemblance avec un personnage réel n’est pas fortuite. Le ministre planté par les auteurs est l’émanation de Dominique de Villepin dans toute sa splendeur. Volubile, excessif et un brin caractériel, le brillant homme possède une haute estime de lui-même et de la position de la France dans le monde. Investi d’une mission suprême, au dessus et au-delà de la politique, le capitaine compte sur les membres de son équipage pour accomplir le but qu’il s’est fixé. Exigeant, il mène une croustillante galerie de seconds rôles : le directeur de cabinet stoïque et efficace, le cynique comique de la bande, le quadra hyper stressé, la charmante arriviste spécialiste des coups fourrés…et un jeune fraichement engagé pour participer à la rédaction des discours du ministre. 

A travers les yeux de ce nouveau venu, le lecteur est emporté dans un rythme décapant, devenant le spectateur privilégié du tourbillon permanent provoqué par l’extravagant personnage. Car si le sujet est sérieux, c’est par le biais de l’humour que l’on se retrouve plongé dans le quotidien de cette équipe ministérielle.

L’histoire est un régal, son illustration est tout aussi admirable. Légèrement caricatural, le trait est un peu forcé afin d’accentuer la dimension humoristique. Précis, vif et énergique, le dessin retranscrit à merveille l’hyper mouvement perpétuel contrasté par le cadre feutré des lieux. 

L’osmose entre les deux coauteurs offre un excellent moment au lecteur emballé par le rythme, séduit par la verve et l’esprit, et conquis par le délicieux mélange de culture et d’humour.

Avec de tels ingrédients, Bertrand Tavernier disposait de bonnes bases pour réaliser une succulente comédie. Réponse dans deux jours…  

 

Une planche extraite du premier tome.
Une planche extraite du premier tome.


Yanik Musik : La Playlist d’Octobre 2013

 

Benoit Tessier "Ha Noi" (crédit: Yanik)
Benoit Tessier « Ha Noi » (crédit: Yanik)

 

Encore une recette originale pour ce gâteau musical élaboré avec une bonne dose d’électro, quatre louches de reggae, une pointe de calypso, une touche d’Afrique de l’ouest, des paroles sifflées et une note finale légendaire. Mangez bougez autant que vous voudrez !  

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1- Feloche « Silbo »

Siffloter comme les hommes de La Gomera où se pratique cette étrange langue sifflée 

2- Trentemøller Feat Mary Fisker « Candy Tongue »

Virage au nord, vers Copenhague où sévit le talentueux Anders Trentemøller 

3- Pierre Mottron « Colorful »

Trois changements de couleurs dans le même morceau, un bon mélange de saveurs ! 

4- !!! « Even when the water’s cold »

Difficile de sortir un titre de l’album « Thr!!!er » tant tout est bon dans ces points d’exclamation 

5- Breton « Got well soon»

La dernière bombe du collectif londonien 

6- Fakear « Morning in Japan »

Une excursion extrême orientale concoctée par un petit gars de Caen bourré de talent 

7- Kobo Town « Kaiso Newscast »

Du reggae, du dub et du calypso, le tout en direct de Toronto 

8- Biga Ranx «Storm dance»

Le frenchy originaire de Tours gravit les échelons de la musique jamaïcaine 

9- Patrice «Boxes»

Pour son 7ème album, le Patrice version 2013 est encore un excellent cru 

10- Milton Henry « Let go the ego »

Une magnifique voix jamaïcaine remise sur le devant de la scène pour le plus grand plaisir des amateurs de roots reggae 

11- Debademba « Pleine lune »

Un bel instrumental issu du projet des compères Burkinabé-Malien 

12- C.A.R « Hijk »

Une B.O noire et envoûtante, idéale pour accompagner une marche citadine et automnale 

13- Lou Reed « Walk on the wild side»

Impossible de boucler cette liste sans un hommage à cet immense artiste

 

https://www.youtube.com/watch?v=e8e9RBdCM38


Mont de Marsan Sculptures, l’animal en vecteur culturel

 

La passion de Mont de Marsan pour la sculpture ne date pas d’hier. En effet c’est dans la préfecture des Landes que naquirent les deux artistes majeurs que sont Charles Despiau et Robert Wlérick dont les noms servirent à baptiser le musée municipal, le seul en France consacré à la sculpture figurative de la première moitié du 20ème siècle. 

Pour entretenir la flamme, la ville organise tous les trois ans depuis un quart de siècle, l’événement Mont de Marsan Sculptures qui place cet art à l’honneur dans les moindres recoins de la cité. Après avoir exploré le monde de l’eau en 2010, la nouvelle et neuvième édition s’intéresse à l’animal, intarissable source d’inspiration artistique. Pour cela, prés de 180 œuvres sont dévoilées et le parcours visant à les découvrir s’articule en quatre thématiques. 

Mauro Corda "Boston terrier" 2008 (crédit: Yanik)
Mauro Corda « Boston terrier » 2008 (crédit: Yanik)

L’animal contemporain

Pour entamer la promenade, quelques toutous s’offrent aux marcheurs, variant les techniques, les dimensions et les époques. La confrontation des styles est déjà de mise lorsque qu’un classique basset de Jules Moigniez (19ème) fait face à un Boston terrier en bronze doré et argenté exécuté en 2008 par Mauro Corda.  

Ces chers canidés sont placés au pied des escaliers qu’il convient de gravir pour accéder à deux œuvres majeures de la manifestation. A l’intérieur des Halles vous attend une créature fantastique, imaginée par Johan Creten, qui semble veiller  sur la meute mise en place par Roland Cognet. Ce dernier a installé de nombreux animaux, au sol et sur des colonnes en bois, dont la reproduction se retrouve sur les murs avec des portraits sur panneaux noircis et gravé au ciseau à bois.  

Roland Cognet "Seuls sont les indomptés" (crédit: Yanik)
Roland Cognet « Seuls sont les indomptés » (crédit: Yanik)

 

L’animal aquatique

A quelques pas de là, se trouve l’univers le moins riche en quantité mais pas pour autant le moins surprenant. Une légère descente vers le cours d’eau est nécessaire pour arriver à proximité d’un étonnant contrebassiste réalisé par Jose Guirado devant lequel un fascinant mutant homme grenouille se prosterne (Mauro Corda). 

Une créature humano batracienne de Mauro Corda (crédit: Yanik)
Une créature humano batracienne de Mauro Corda (crédit: Yanik)

 

L’animal moderne

C’est sur ce segment du parcours que l’on peut observer le plus grand nombre d’œuvres réparties en plusieurs lieux. Au musée Despiau-Wlérick, en son intérieur et en ses abords, on peut admirer des interprétations animales selon de nombreuses méthodes, allant des techniques les plus traditionnelles du 19ème siècle aux installations conceptuelles employant des objets de la vie quotidienne. Sans être exhaustif, le bestiaire est pourtant extrêmement complet ; le singe, le cheval, le taureau, l’ours polaire et l’ensemble des animaux africains sont ici représentés pour ne citer qu’eux. A ces êtres existants, s’ajoutent des matières rampantes en céramique conçues par Myriam Blom, positionnées ça et là parmi la collection permanente du musée.  

Myriam Blom "Ceux qui rampent" 2013 (crédit: Yanik)
Myriam Blom « Ceux qui rampent » 2013 (crédit: Yanik)

 

Tour à tour ébahi par l’hyper réalisme d’une représentation figurative, puis séduit par le style épuré d’Edouard-Marcel Sandoz ou de François Pompon, le visiteur est également questionné par le travail interpelant de Natacha Sansoz.

Dans le bâtiment accolé, le musée Dubalen abrite deux artistes. Le premier se rencontre dés l’accueil avec un stand de tir élaboré par le plasticien américain Mark Dion. L’étage est quant à lui laissé à Patricyan qui investit l’espace de façon remarquable au milieu des bêtes taxidermées présentes dans ce lieu dédié à l’histoire naturelle.

Mark Dion "The shooting gallery" 2010 (crédit: Yanik)
Mark Dion « The shooting gallery » 2010 (crédit: Yanik)

 

La ménagerie fantastique

Les dernières foulées se font dans un parc où l’artiste Jose Guirado se taille la part du lion avec huit œuvres en métal aux reflets cuivrés et dorés. Dans un cadre naturel, le passage en revue des diverses créations mène le spectateur vers le bouquet final du parcours. Sur un kiosque est apposée une  gigantesque maquette en peuplier mesurant 4,60m de haut et 3,80m de large. Placée sous verres, cette pièce à grandeur d’exécution signée Robert Wlérick et Robert Martin, est le modèle qui servit à réaliser la statue du Maréchal Foch trônant actuellement sur la place du Trocadéro à Paris. 

 

Jose Guirado "Dragon de Salant" (crédit: Yanik)
Jose Guirado « Dragon de Salant » (crédit: Yanik)

 

Entre1h30 et 2 heures auront été nécessaires pour accomplir l’ensemble du chemin artistique. Une route qui se veut culturelle mais aussi ludique et surtout accessible grâce à un sujet universel apprécié des petits et des grands. Un bel exemple de manifestation où l’art est mis à la portée de tous.    

 

Quoi: Mont de Marsan Sculptures 9

Où: Partout dans Mont de Marsan

Quand: Jusqu’au 03 novembre 2013

Combien: Gratuit


L’œil de la rue

 

Dans le riche programme des Vibrations Urbaines se déroulant actuellement à Pessac, se niche une exposition collective de jeunes pousses issues de la culture de rue. 

Triée parmi de nombreuses candidatures, la sélection présentée constitue la dernière ligne droite d’un concours national de Street Art lancé en début d’année. Après un premier choix effectué sur dossier, les quinze candidats retenus se sont vus adresser des règles strictes pour la nomination finale. Ainsi, chacun d’entre eux a du s’exprimer dans un cadre identique ; noir et rectangulaire de 70cm par 100cm.

Partant sur un pied d’égalité, les concurrents apposent leur talent dans un même espace, tous ayant à cœur de mettre en valeur leur originalité à l’aide de pinceaux, bombes aérosol, feutres marqueurs (Posca) et autres matériaux divers.

 

Tao "Return of the K7 #C2C#" (Crédit: Yanik)
Tao « Return of the K7 #C2C# » (Crédit: Yanik)

Crée par un jury exigeant, notamment composé de Valérie Mondot (Taxie Gallery) et de Mr Kern (artiste), le groupe présente des influences diverses et variées. Si plusieurs relatent l’univers du graffiti ou du hip hop, certains démontrent des influences et/ou un résultat plus ou moins éloignés de cet univers. 

Classique dans le sujet mais original dans sa réalisation, Tao a composé une toile formée de cassettes audio accolées sur laquelle il a pressé ses aérosols pour décrire une scène de DJing. D’autres nous livrent leur interprétation de la rue ; graphique et stylisée selon COR 21 qui tente de définir la notion de Street Art, explosive et colorée avec Mellow et sa vision utopique de l’environnement urbain, exotique avec la peinture à l’huile de Benoit Tissier qui produit  un moment de vie asiatique sous l’influence de Jean-Michel Basquiat. 

Car l’appellation générique de Street Art recouvre bien des réalités, le jury de ce concours s’est attaché à composer un panel large offrant au visiteur un panorama à 360° de cette culture. Verdict le 26 octobre pour connaître le nom des lauréats.

 

Noga "Séquence nocturne" (Crédit: Yanik)
Noga « Séquence nocturne » (Crédit: Yanik)

 

Quoi : Exposition « L’œil de la rue »

Qui : Exposition collective

Quand : Jusqu’au 27/10/2013

Où : Pessac en scènes, 21 place de la Vème République, 33600 Pessac  

Combien: Entrée libre


Les réceptions de l’ambassadeur sont toujours un succès

 

Enfant de la télé, Mr Kern a intitulé son exposition avec une phrase culte de la publicité des années 1980-90. On y voyait une grande réception avec des hommes en smoking et des femmes en tenue d’apparat, sur laquelle régnait une ambiance guindée, truffée de ronds de jambes et de bonnes manières. Le genre d’image que l’on peut se faire du milieu de l’art et de la culture en général… 

Les Eggheads à Basel 1 (Crédit: Yanik)
Les Eggheads à Basel 1 (Crédit: Yanik)

 

Le travail de cet artiste originaire de Bordeaux est aux antipodes de ces clichés. Palette flashy et personnages (réels) hauts en couleurs, le peintre aime à reproduire ou à imaginer des scènes surréalistes amplifiées par sa vision décalée. Illustrateur de talent au service d’un œil de photographe affuté, il présente à l’Arthotèque de Pessac une quinzaine d’œuvres dont le point commun est un humour décapant et parfois grinçant.

Comme nombre d’artistes, le peintre a son univers propre, ses sujets récurrents et même sa muse. Point de naïade « taille mannequin » pour inspirer le créateur mais un barbu bedonnant chaussé de mules à l’effigie de Bart Simpson. Sorte de Philippe Katerine des pinceaux, il exprime sa vision décalée et critique au travers du loufoque et de la dérision. On rit parfois face aux toiles, on sourit souvent devant le comique des situations, mais le grotesque ainsi souligné ne doit pas faire oublier le talent de l’exécutant dont l’œuvre est appréciée de multiples collectionneurs. 

Qualifiant son style de « semi-réalisme grotesque », celui qui se prénomme Ornaldo dans le civil nous offre dans le cadre des Vibrations Urbaines, un moment amusant issu d’une dimension comico-burlesque unique dont lui seul a le secret. 

Les Indiens -Orele ainsi que son frère (Crédit: Yanik)
Les Indiens -Orele ainsi que son frère (Crédit: Yanik)

 

Quoi : Exposition « Les réceptions de l’ambassadeur sont toujours un succès »

Qui : Mr Kern

Où : Arthotèque, 2 bis rue Eugène et Marc Dulout 33600 Pessac

Quand : Jusqu’au 27 octobre 2013

Combien : Entrée libre


Le Vigneron à Buzet sur Baïse

Préparant un déplacement professionnel dans ce secteur, des recherches informatiques ont rapidement guidé mes clics vers la ville de Buzet sur Baise où se trouve le restaurant Le Vigneron au sujet duquel les critiques des internautes se font dithyrambiques. 

Arrivé face à l’établissement, je constate que les excellentes notes n’ont pas été basées sur des critères esthétiques. Peu engageante, la morne façade est affublée d’une triste terrasse au mobilier de jardin en plastique, avec vue imparable sur les voitures. Relisant dans ma tête les observations positives au sujet de l’établissement, je fais fi de ses premières sensations pour finalement pousser la porte de l’établissement…

Le Vigneron à Buzet sur Baïse (Crédit: Yanik)
Le Vigneron à Buzet sur Baïse (Crédit: Yanik)

 

Au terme d’un long couloir, trois souriantes personnes accueillent le visiteur et le papa de la bande m’invite à prendre place. Grand gaillard au cheveu noir, il est vêtu comme ses collègues masculins avec un pantalon noir  et une chemise blanche surmontée d’un nœud papillon. Un peu « too much » me dis-je à l’examen de la volumineuse salle dont l’aménagement et la décoration ne sont pas preuves d’un sens inné pour la décoration. Qu’importe que le goût ne soit pas entre les murs, pourvu qu’il soit dans l’assiette !

Car c’est à ne niveau que se situe la principale qualité des lieux. Alliant terroir et gastronomie, la carte propose divers menus dont le moins cher est inférieur à 15 € (en semaine le midi) et le plus onéreux flirte avec les 50€. L’offre économique semble sur le papier offrir un rapport très intéressant, déclinant un éventail de possibilités (quatre entrées et six plats) alléchant et original.

 

Croustillant de porc aux épices (Crédit: Yanik)
Croustillant de porc aux épices (Crédit: Yanik)

Devant une offre principalement axée sur la cuisine du sud-ouest, ma sélection allie modernité et terroir  et se porte pour la première assiette, sur un croustillant de porc aux épices. Mais avant de déguster ce choix, un jeune homme s’approche, soupière à la main pour servir le potage du jour. Trois coups de louche plus tard, il se retire et je peux apprécier le doux breuvage aux légumes qui comblera l’attente jusqu’à l’entrée  souhaitée.

Déposés dans une assiette ronde, les croustillants se présentent sous forme de cylindres semblables à des nems. A l’intérieur des feuilles de brick, a été enroulée la chair effilée, agrémentée de minuscules dés de carottes, d’oignons, de persils et d’une légère touche d’épices orientales. Croquant en surface, fondant à l’intérieur, le met se suffit à lui-même mais peut aussi être gouté différemment en le mélangeant à la sauce rouge qui apporte une autre vision, basculant de la douceur craquante à la tonicité d’un accompagnement à base de tomate et de citron notamment.

 

Coq au vin de Buzet (Crédit: Yanik)
Coq au vin de Buzet (Crédit: Yanik)

Pour la suite des débats, c’est sur un grand classique de la gastronomie hexagonale que j’avais porté mon dévolu : le célèbre coq au vin. Quoi de plus symbolique que ce plat qui combine l’animal emblème de la France avec la boisson nationale du pays.  Dans la vaisselle ronde et creuse, trois généreux fragments de volaille côtoient des pommes et terres, le tout copieusement arrosé de la sauce issue d’un long mijotage destiné à attendrir la chair sèche du gallinacée. Un délicieux mets de terroir préparé avec du Buzet, le nectar viticole local. 

Pour terminer sur une note sucrée, ce n’est pas un dessert mais une ribambelle de douceurs qui est apportée devant le client. Difficile choix face à autant de profusion, d’autant plus qu’il est possible d’en déguster plusieurs. Confronté à l’embarras du choix, j’oriente ma décision sur le gâteau de la maison ; un crêpier qui, comme son l’indique, est constitué d’une superposition de crêpes et de crème pâtissière. Une note finale parfaitement en adéquation avec le reste du repas.

 

Le chariot de desserts (Crédit: Yanik)
Le chariot de desserts (Crédit: Yanik)

Loin des adresses « hype » et surcotées à coup de meubles de designer et autre ambiance ultra contemporaine, la maison mise tout sur une cuisine généreuse et traditionnelle en conformité avec le terroir environnant dans ce coin du sud-ouest. Pas de bling bling ni de chichi dans l’assiette, nous ne sommes pas ici dans un concours télévisé mais bel et bien dans une région où il fait bon vivre et dans un restaurant où il fait bon manger.

Le menu à 14.90€ du restaurant Le Vigneron (Crédit: Yanik)
Le menu du jour à 14.90€ du restaurant Le Vigneron (Crédit: Yanik)


Le jour où je pris la route avec un hobo

C’était un jour gris et monotone, plat comme la droite ligne sur laquelle je roulais. Accoudé contre la vitre, la joue écrasée sur le poing et le pied englué sur l’accélérateur, j’avançais en rase campagne, le regard vague et l’esprit ailleurs, bien loin du blabla radiophonique supposé me tenir compagnie.

Quand tout à coup je vis au milieu de nulle part une silhouette bras tendu et pouce levé, l’occasion était trop belle de rendre service à une personne tout en brisant la solitude du moment.  A l’autre bout de cette phalange se postait un jeune homme surmonté d’une coiffure rasta et, sous les dread locks, un large sourire arborant de-ci de-là quelques piercings. Ralentissant à sa hauteur, et après renseignement pris sur nos destinations respectives, le garçon posa son pantalon baggy sur le siège passager de mon véhicule. Sans prendre trop de risque, j’abordais alors le thème musical pour rompre la glace. Et comme l’habit ne fait pas le moine, mon compagnon de route se trouva fort surpris de constater que le conducteur avait une connaissance développée de la musique reggae. Vint le parcours de la discographie disponible au terme duquel je le convainquis de tenter l’écoute d’une artiste qu’il ne connaissait pas ; Judy Mowatt. Balançant ses cheveux au son du rythme jamaïcain, il ne tarda pas à lâcher du fond de son cœur un « putain, qu’est ce que c’est bon ! ».

Peinture de rue sur une porte d'Avignon (Crédit: Yanik)
Peinture de rue sur une porte d’Avignon (Crédit: Yanik)

Notre bout de chemin démarrait sous les meilleurs auspices et la conversation put ainsi réellement débuter. Il s’appelait Jean et n’avait pas de domicile fixe. Il n’était pas pour autant dépourvu de toit puisqu’il dormait dans son camion. Un véhicule-maison en état de marche, mais dont le vagabond était privé de conduite pendant un certain temps, « à cause du cannabis, je me suis fait choper » entendis-je sans le moindre étonnement. En bon monsieur tout le monde, je ne pus m’empêcher de lui demander de quoi il vivait. De boulots saisonniers me répondit-il ; le maïs, les asperges et les kiwis dans les Landes, les vendanges dans le bordelais, la cueillette des pommes en Lot-e-Garonne…Le travailleur itinérant reste rarement sans rien faire. Il vogue au grès de ses envies et se présente en agence d’intérim dès qu’il débarque dans un secteur. Face joviale à l’appui, il dégote de quoi s’occuper et gagner quelques sous. Point de misérabilisme dans son discours, son mode de vie fait sa fierté : « Je suis libre » affirma-t-il satisfait, « pas comme toi qui est complètement enchaîné » ajouta-t-il. Opinant du chef, je fus alors saisi par une minute de nostalgie durant laquelle défilèrent dans ma tête des rêves oubliés, dignes de l’œuvre littéraire de Kerouac (Sur la route) ou cinématographique de Sean Penn (Into the wild).

Retour à la réalité et à la bonne humeur, pour reprendre une discussion nourrie et bon enfant. Traversant un village, mon copilote désigna un restaurant dans lequel il avait déjeuné la veille, à l’œil. En bon débrouillard, il a le regard affûté et ne laisse passer aucune faille. Lorsqu’il reçut son repas accompagné d’une canette, il s’aperçut en retournant cette dernière que la boisson était périmée. En toute discrétion, il dévora son menu et feignit la surprise après le dessert. Déclarant ce vice inadmissible, la négociation s’engagea avec l’aubergiste pour aboutir à la gratuité du couvert.

Je me délectais de l’anecdote et en félicitais le conteur qui alliait travail et système D au service de sa philosophie de vie. Une existence choisie, vécue et assumée, en dehors de tout moule et de toute obligation. « Ma mobilité me rend libre de mes mouvements et de mes décisions. Si un patron me gonfle, je me casse sans me poser de questions parce que je n’ai de comptes à rendre à personne » expliqua-t-il pour exprimer son sentiment d’indépendance. Car c’est bien sur ces propos que réside le nœud du problème ; s’affranchir des règles impose de pouvoir et/ou de vouloir briser ses liens, ou de ne pas en tisser. Un cap à franchir qui n’est pas donné à tout le monde.

Le lieu d’arrivée s’approchait et je déposais mon camarade à l’endroit indiqué. Une poignée de main amicale assortie d’un « à la prochaine man ! » précédèrent mon redémarrage en direction de mon quotidien. J’observais dans le rétroviseur sa silhouette s’amenuiser jusqu’à la disparition  totale et remis au début l’album de Jody Mowatt afin de prolonger les bénéfices du dialogue écoulé, et de conserver dans mon esprit l’éclaircie provoquée par cette rencontre.  


Dans le rétroviseur, septembre 2013

Vous n’avez pas suivi tout ce qui s’est passé sur la planète Kalakarrika le mois dernier ? Pas de panique, voici une séance de rattrapage avec au programme : du son, de la sueur, des vibrations et des émotions.

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Déroulé sur quatre jours du mois d’aout, le festival Baleapop 4 vous est conté ici. Entrez dans l’antre de la baleine pop, comme si vous y étiez 

 

Un autre festival qui compte, le Black & Basque a eu la bonne idée de coupler l’événement musical avec une magnifique exposition. Un choc artistique afro basque à savourer par là. 

 

C’est désormais une habitude, la Playlist du mois vous a été livrée et elle vous réserve bon nombre de surprises. Plongez vos oreilles dans cet espace unique ou se croisent électro pointue, pop sophistiquée, voix orientale et notes sahariennes. 

 

La sueur sous le casque et les épaulières avec des résumés de matchs NFL :

–          Invaincus en ce début de saison, les Saints démarraient par une victoire face au rival de la division, les Falcons.  

–          A l’inverse, les Tampa Bay Buccaneers semblent partis pour vivre une saison cauchemardesque après leur quatrième défaite consécutive face aux Cardinals d’Arizona. 

Et comme le football américain ne se joue pas qu’aux USA, retrouvez mes papiers dans le dernier numéro de 4th & Goal, le seul magazine français dédié à ce sport. Vous y découvrirez sous ma plume :

–          Le club des Atlantes Côte Basque, basé à Biarritz

–          La naissance d’initiatives en Afrique du Nord, et en particulier en Egypte, au Maroc et en Algérie.

 

En vous souhaitant de bonne lecture et de bonnes découvertes,

Curieusement vôtre.

Yanik

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4thGoal-Atlantes


Yanik Musik: la playlist de septembre 2013

Prêt pour le voyage musical mensuel ? Encore une fois, le pilote vous guidera sur des terres inattendues survolant sonorités et ambiances en provenance d’univers et de régions diamétralement opposés. Un espace intersidéral où cohabitent électro exigeante, musique du désert et pop des années 1980, une zone de décontraction inédite. Alors, détachez votre ceinture, ouvrez vos écoutilles et laissez-vous porter.   

 

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Gerhard Richter "Abstract Painting" 1987 (Crédit: Yanik)
Gerhard Richter « Abstract Painting » 1987 (Crédit: Yanik)

1- F/Lor « Flat Snow »

Parce que je l’ai vu au festival Baleapop et que j’ai adoré le son produit par ce type 

2- Jackson And His Computerband « Vista »

Parce que mec est un génie, tout simplement

3-Sauvage « Glory »

Parce que Sauvage rime avec voyage 

4- Iamamiwhoami « U 2 »

Parce que cette suédoise est une incroyable artiste pluri dimensionnelle 

5- Tristesse Contemporaine « Fire »

Parce que trio international basé à Paris pratique une pop retro futuriste des plus savoureuses 

6- Au Revoir Simone « Somebody who »

Parce qu’on reste dans la mouvance Chic 80’s 

7- FTSE « So much shine »

Parce que c’est langoureux, chaud et sexy, mmmmmhh… 

8- Elyas Khan « Bells »

Parce que le groove peut être très sensuel 

9- Elvis Costello and The Roots « Walk us uptown »

Parce qu’une légende du rock rencontre une légende du hip hop 

10- Riff Cohen « Dans mon quartier »

Parce que son quartier est aussi le mien 

11- Yasmine Hamdan « Deny »

Parce que cette musique et cette voix venue du Liban sont littéralement envoûtantes 

12- Tamikrest « Itous »

Parce qu’il y a une petite rythmique reggae dans ce titre des hommes de Kidal 

13- Robi & Dominique A « Ma route »

Parce que la fin du voyage musical donne l’envie de tailler la route

 


Baleapop 4, dans le ventre de la baleine

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Confortablement installé au cours d’un des week-ends les plus fréquentés sur la côte basque, le festival Baleapop s’est imposé au cours de ses trois premières éditions comme une étape incontournable de la vie culturelle locale. Pour son quatrième anniversaire, le collectif Moï Moï a mis les bouchées doubles et touché un public bien plus large que l’audience régionale. Fort d’une médiatisation à l’échelon national, le petit événement atypique  a parfaitement géré sa croissance sans pour autant perdre de vue ses valeurs de partage et d’authenticité. 

Crée à l’origine sur le village côtier de Guéthary, la manifestation a déménagé chez le voisin Bidart au sein duquel une ancienne école publique est transformée en ateliers d’artistes. Baptisé « la Communale », l’endroit est le cadre idéal pour la version 2013 du festival avec une scène dans chaque cour (maternelle et élémentaire), des expositions dans les salles de classe, et un lieu de restauration sous le préau.

Avant de retrouver son âme d’enfant, l’entrée est marquée par deux squelettes de tipi en bois conçus spécialement pour l’occasion et dont le modèle se retrouvera à l’intérieur en plusieurs exemplaires utilisés comme comptoir ou mange-debout. Les premiers sons arrivent à vous et l’excitation de découvrir les lieux monte peu à peu.  Quelques marches gravies et nous voilà dans la gueule du cétacé (balea signifie baleine en langue basque)  avant de nous trouver projeté par un tourbillonnant œsophage boisé (en photo) dans l’antre du mammifère électro-pop.

Tunnel vers la planète Baleapop
Tunnel vers la planète Baleapop (crédit: Yanik)

 Dans l’estomac de la baleine, on trouve pas moins de 7000 spectateurs (sur quatre jours) venus gouter un mélange artistico-musical frais et innovant. Coté son, la programmation se veut pointue et inventive avec une trentaine de formations en provenance du Pays Basque, de France, d’Europe et même au-delà (Russie et Japon). La plupart ont pour point commun la musique électronique, qu’ils la jouent seule ou revisitée en mode rock, pop, disco ou futuriste… Tous, sur des registres différents, ont permis d’offrir à un public ultra réceptif des moments uniques de découvertes et de fête.

Que de chemin parcouru entre Odei et Black Devil Disco Club ! Le premier groupe est un trio basque composé d’un bidouilleur de sons, d’un batteur et d’un vibraphoniste qui jouent dans une parfaite harmonie pour le plus grand plaisir des oreilles et des jambes. Ils ont eu l’honneur d’ouvrir les débats du festival avec réussite ; pour preuve, à l’heure de l’apéro la foule dansait déjà. La second a clôturé cette quatrième édition avec brio lors d’un voyage sonore de haut vol dont lui seul a le secret. Entre les deux, le public a pu butiner de la Communale à la plage du Centre pour nourrir ses petits pavillons auditifs du bon miel confectionné sur les différentes scènes.

 

Le trio Odei (crédit: Yanik)
Le trio Odei (crédit: Yanik)

Réglé comme du papier à musique, le programme des concerts offre peu de temps de répit entre chaque prestation, pas l’occasion de s’ennuyer. Juste assez pour aller et venir dans les classes et admirer les travaux réalisés par les artistes participant à l’exposition intitulée « Faire le mur ».  Chacun avec sa sensibilité, sa technique et son medium d’expression (vidéo, peinture, installation, dessin…) s’est prêté au jeu en livrant son interprétation d’une expression synonyme de liberté et de transgression.

Les pauses furent également mises à profit pour faire un tour sous le préau afin d’y trouver de quoi se désaltérer et se sustenter. Habitué aux sandwichs insipides qui sont légion dans la majorité des festivals, le public a pu se réconcilier avec la restauration rapide en goûtant de surcroît des produits frais (oui des vraies frites !!!) et régionaux (lomo, txakuli…), un régal.

"138 images des coins du reste du monde" Thibault De Gialluly (Crédit: Yanik)
« 138 images des coins du reste du monde » Thibault De Gialluly (Crédit: Yanik)

 

Délectés dans tous ses sens, le spectateur ressort de cette aventure baleinière comme expulsé par l’évent de l’animal, rafraîchi et enjoué devant tant de bonnes notes qui n’ont pas manqué d’emplir la tête d’excellents souvenirs jusqu’à l’année prochaine. Une cinquième édition qui sera à n’en pas douter encore plus prisée et pour laquelle l’organisation gardera au chaud la formule secrète afin que le cachalot poursuive son trajet sous le signe de son slogan : « peace, mucholove and Moï Moï »

Le duo BCBG -Crédit: Yanik)
Le duo BCBG (Crédit: Yanik)

 

Le groupe Blackmail (Crédit: Yanik)
Le groupe Blackmail (Crédit: Yanik)

 

F/Lor en action (Crédit: Yanik)
F/Lor en action (Crédit: Yanik)

 

Etienne Jaumet, le précurseur multi instrumentiste (Crédit: Yanik)
Etienne Jaumet, le précurseur multi instrumentiste (Crédit: Yanik)
Crédit: Yanik
Crédit: Yanik


Black et Basque, bienvenue en Euskafrika

Instauré par l’humoriste originaire de la région, Jules-Edouard Moustic, le festival Black & Basque ouvre ses portes ce soir sur le site de la Poterne à Bayonne. Sa riche programmation musicale devrait offrir des moments uniques aux spectateurs avec notamment les prestations du rappeur jazzy Oxmo Puccino, l’inimitable voix de la perle haïtienne Mélissa Lavaux ou encore le retour de la star internationale originaire du Bénin, Angelique Kidjo qui sera accompagnée par une chorale basque.

 

Une oeuvre d'Iker Valle et un masque Songye (RD Congo). (Crédit: Yanik)
Une oeuvre d’Iker Valle et un masque songye (RD Congo). (Crédit: Yanik)

 

Mais le menu de cet événement ne s’arrête pas à l’aspect musical et se trouve enrichi pour cette troisième édition d’une magnifique exposition gratuite et ouverte à tous les publics jusqu’au 18 septembre au Carré (rue Frédéric Bastiat à Bayonne).

Accueilli par une citation du poète antillais Aimé Césaire, les premiers pas mènent le visiteur  vers un duo de têtes, l’une sculptée dans le bronze par Jorge Oteiza, l’autre creusée dans le bois par des mains dan en Côte d’Ivoire. Le pouvoir de fascination que possède chacune de ces deux œuvres se révèle totalement envoûtant par la seule juxtaposition de travaux conçus sous des latitudes pourtant fort éloignées.

C’est bien sur ce point que réside le talent des organisateurs de cette exposition qui parviennent à créer un dialogue puissant entre des pièces artistiques et artisanales toujours étalées en duo afro-basque. Le parcours ainsi conçu  permet au spectateur d’appréhender des thèmes en s’immisçant dans une permanente conversation intercontinentale. Le graphisme d’un tableau sculpté par Koldobika Jauregi côtoie celui des décorations d’un bouclier congolais, les variations de rouge des pigments utilisés par Ruiz Balerdi vibrent en harmonie avec des coiffures zoulues d’Afrique du Sud, l’œuvre sombre et contrastée d’Iker Valle trouve une résonance particulière à proximité d’un masque songye

Ce moment unique par sa richesse et sa rareté est l’occasion de pouvoir admirer de telles pièces de si près, de se laisser aspirer par les orbites de ces masques tantôt raffinés, expressifs ou effrayants, puis d’être entraîné dans le tourbillon de ce dialogue intelligemment structuré.

 

Un masque Bete (Côte d'Ivoire) entouré par deux acryliques de Jean-Luc Labat (Crédit: Yanik)
Un masque bete (Côte d’Ivoire) entouré par deux acryliques de Jean-Luc Labat (Crédit: Yanik)

 

Les deux autres étapes de l’exposition offrent également de belles surprises. A commencer par les clichés de Philippe Guionie parti sur les traces des présences africaines en Amérique latine. Loin de se complaire dans la facilité, c’est dans la région andine que le photographe concentre son travail entre la Colombie, le Pérou, la Bolivie, le Venezuela, l’Equateur et le Chili. Dans chacune de ces contrées, l’ethnoreporter découvre des villages où vivent des communautés à la peau noire, parfois même dans l’ignorance totale de leurs concitoyens. Un périple émouvant conté au travers d’images en noir et blanc et d’un documentaire aux témoignages poignants.

Le dernier espace est occupé par le travail rafraîchissant d’une jeune artiste pensionnaire d’une maison de retraite. Chaque après-midi, celle qui signe ses fresques de « Las Pinturitas » quitte son hébergement pour personnes âgées afin de regagner un immeuble désaffecté situé de l’autre coté de la rue. Sur ces murs, elle peint des scènes colorées et joyeuses dans lesquelles sont introduits une foule de détails. De l’art brut spontané que l’on pourrait croire issu des murs de Mexico ou de Buenos Aires mais qui est réalité produit en bordure du désert des Bardenas en Navarre.

 

Neuf portraits afro andins signés par Philippe Guionie (Crédit: Yanik)
Neuf portraits afro-andins signés par Philippe Guionie (Crédit: Yanik)

 

Découvertes, émotion et surprise, l’organisation de cette manifestation est une extraordinaire réussite dans le prolongement du festival Black & Basque qui n’aura jamais aussi bien porté son nom en nous ouvrant les portes d’une nouvelle contrée : l’Euskafrika, un pays imaginaire où se rencontrent les cultures du Pays basque (Euskal Herria) et de l’Afrique (Afrika).   


Dans le rétroviseur, Août 2013

La rentrée vous met le bourdon, rappelez-vous ces bons souvenirs accumulés au cours de vos vacances et vos lèvres dessineront à nouveau un large sourire empreint de nostalgie positive.

Repos, loisirs et découvertes furent certainement au menu de vos congés estivaux, parmi vos occupations figurent peut-être l’un des coups de cœur aoûtien conté lors des semaines écoulées. 

Quelque part sur la côte basque... (crédit: Yanik)
Quelque part sur la côte basque… (crédit: Yanik)

  • Retrouvez de ombreuses étapes culturelles dans ces pérégrinations mais aussi comme à l’accoutumée de la nourriture pour les oreilles et les papilles. 

Evénement devenu incontournable sur la côte basque, le Festival Baleapop vous a été présenté et fera l’objet dans un futur proche d’un compte rendu beaucoup plus détaillé.

Dans le cadre d’une autre manifestation, un de mes papiers est venu souhaiter la bienvenue au nouveau Coco & Pablo, avant de faire par la suite une analyse plus poussée de ce salon de jeunes créateurs.

Toujours sur Biarritz et encore une première avec l’exposition de Folded and Salty qui montrait ces clichés à la galerie La Palette.

Enfin, on part dans l’agglomération bordelaise et plus précisément à Bègles où le Musée de la Création Franche nous a offert une exceptionnelle sélection d’art brut polonais.

Vous n’êtes pas rassasié d’art et les histoires policières vous passionnent, ne ratez pas mon Top 10 des cambriolages d’art.

Beaucoup de nourriture pour l’esprit et les yeux mais aussi pour vos oreilles avec la désormais traditionnelle playlist du mois dans laquelle éclectisme demeure le maître mot.

Enfin une nouvelle table fait l’entrée dans mon carnet d’adresse. Un fleuve, de la gastronomie et un reptile vous y attendent à 15mn de Bordeaux.

  

  • Et sur footballamericain.com :

L’analyse des effectifs des franchises appartenant à la NFC South a continué avec ce mois-ci les Atlanta Falcons ainsi que les New Orleans Saints.

 

Vous souhaitant une bonne lecture et de belles découvertes, 

Curieusement vôtre. 

Yanik


Expo : Folded and Salty et son regard instant salé

Basé à Biarritz le collectif de créateurs glisseurs The Switched Kick Out a eu la bonne idée depuis cet été, d’ouvrir un point d’exposition au centre ville de la station balnéaire. Dans cette atypique galerie baptisée La Palette, les membres de ce laboratoire d’idées exposent tour à tour leurs créations et mettent également en lumière les travaux d’artistes gravitant dans leur sphère. 

Sur une plage landaise...
Sur une plage landaise…

Membre fondateur du groupe, Malo Bourdet est actuellement à l’honneur dans le lieu aux  murs et mobilier de bois. Adepte du boîtier argentique depuis son adolescence, celui qui a choisi pour nom d’artiste Folded and Salty, montre pour la première fois son travail chez lui, dans l’antre de sa bande de potes.

Intitulée « Gathered down the beach », l’exposition offre une sélection draconienne d’une dizaine de clichés pris lors des cinq dernières années. Sur les lamelles boisées du mur de droite sont fixés quatre grands formats en noir et blanc dont deux portraits, une plage landaise et un instantané capté dans le métro londonien. Face à ce quatuor, un duo de cadres sous verre présente des décors californiens.

Un peu plus loin sur le même coté, deux tirages papiers en noir et blanc ont pour toile de fond la Grande Plage de Biarritz alors que la cloison de face offre trois petits formats aux visuels centrés autour du « beach lifestyle ».

 

Entre skateboard et autres goodies, deux clichés californiens. (crédit: Yanik)
Entre skateboards et autres goodies, deux clichés californiens. (crédit: Yanik)

A la recherche de la beauté, le malouin d’origine et biarrot d’adoption, parcourt la vie avec un appareil à portée de main afin d’immortaliser la moindre esthétique qui aura su le toucher. Sans composition, sa photographie attrapée au vol, sur le vif,  regorge de lumière parfois savamment saturée.

Après avoir fait son « coming out » et passé le cap de cette première mise sous les projecteurs, on ne peut qu’inciter Folded and Salty à continuer à presser le déclencheur et à fouiller dans ses cartons pour ressortir d’autres pépites visuelles pour un prochain déballage.

 

 

Exposition « Gathered down the beach » de Folded and Salty

Jusqu’au 05/09/2013 à la Galerie La Palette (rue Louis Barthou, 64200 Biarritz)


Yanik Musik – La Playlist d’Août 2013

Le corps déjà au bureau et la tête encore en vacances, voici ma playlist aoûtienne pour accompagner une journée chargée en souvenirs, depuis la sieste sur la plage jusqu’au dancefloor, en passant par l’apéro face à la mer.

 

CLIQUEZ ICI POUR ECOUTER LA PLAYLIST 

Taroop & Glabel "Trottoir propre, mangez du chien" (crédit: Yanik)

Taroop & Glabel « Trottoir propre, mangez du chien » (crédit: Yanik)

 

1 – Aube L « Life is all around »

S’allonger, fermer les yeux et commencer à rêver 

2 – FKA Twigs « Water me »

Plonger loin et profond 

3- Petite Noir « Till we ghosts »

Prolonger l’apnée avec cette pépite contenue dans la compilation South African Vibes 

4 – Tasman Jude « Fountains »

Se réveiller en douceur avec du reggae canadien aux influences caribéennes 

5- Moriarty & Mama Rosin « Calypso Triste »

Se lever au son de cet étrange calypso 

6- Mavis Staples « Can you get to that »

Dissiper le brouillard avec des vibrations soul gospel 

7- Portugal The Man « Modern Jesus »

Retrouver ses esprits avec la pop fraîche et entraînante 

8- Junip « Your life your call »

Siroter son premier cocktail avec vue sur mer 

9- Husbands « You, me, cellphones »

Battre la mesure et dodeliner de la bobine 

10- Pendentif “Embrasse moi” (Memory tapes remix)

Lancer son regard de braise sur la pop 80’s des bordelais de Pendentif 

11- Katerine « Sexy cool »

Onduler comme un ver de terre sexy cool 

12- Quasimoto « Catchin the vibe »

Commander un autre verre en mode hip hop expérimental 

13- Nelly « Get like me »

Sentir la température monter d’un cran et voir toujours les mêmes dans les bons plans ; Pharrell Williams le porte bonheur fabricant de tubes à la chaîne 

14- Rone « Let’s go » (Superpoze remix)

Ne pas résister aux fourmis qui envahissent les jambes 

15- A-Trak « Landline 2.0 »

Exploser, transpirer, se défouler sur le dancefloor

16- Hi Cowboy “Ne pas dormir”

Penser à rentrer se coucher 

 


Coco & Pablo, un salon au parfum d’avenir*

*Référence à la citation de Coco Chanel : « Une femme sans parfum est une femme sans avenir ».

 

Dimanche dernier se sont refermées les portes de Coco & Pablo, le premier salon consacré à la promotion d’artistes ayant pour point commun la ville de Biarritz

Confirmés ou novices, les créateurs ont joui, avec la vitrine du Casino de Biarritz, d’un cadre d’exhibition de prestige. Dans l’ambiance feutrée du salon des ambassadeurs, entre vaste tapis et lustres majestueux, les travaux de la trentaine d’artistes conviés se répondent avec pour toile de fond l’immensité océanique. Dans ce somptueux environnement, chacun se voit confié un panneau autour duquel il aménage son stand avec ses œuvres et du mobilier design vintage. L’amalgame fonctionne à merveille et l’approche des stands, avant même l’analyse en profondeur des œuvres, révèle par l’agencement la sensibilité de son instigateur.

Samuel Dougados "Dépêchez vous de prendre le temps"
Samuel Dougados « Dépêchez vous de prendre le temps » (Crédit:Yanik)

A portée de main, l’univers marin de retrouve dans la grande majorité des espaces présentés et notamment chez Samuel Dougados (un des plus expérimentés), un plasticien qui immortalise des paysages côtiers sur lesquels les vagues lèchent ses inscriptions sablières. Armé d’un râteau, il gratte les plages pour y faire apparaître des formes esthétiques ou des inscriptions conceptuelles qui donnent des photographies pensées, travaillées et uniques. 

Qui dit Atlantique dit vagues, et la glisse apparaît clairement comme une source d’inspiration intarissable pour bon nombre des exposants. Ainsi les photographes JRomero, Binch et Ines Boulous dédient la totalité ou une large partie de leurs créations au sport des rois ; le surf. Cousin de ce dernier, le skateboard a également son mot à dire, particulièrement chez Marine Caleri dont le stand est imprégné de la culture issue de la petite planche à roulettes.

Ines Boulous "Surf Punk"
Ines Boulous « Surf Punk » (Crédit: Yanik)

Egalement surfeuse, Margaux Arramon-Tucoo a structuré un emplacement dont les compositions ne font pas référence à son activité de longboardeuse. Organisées autour d’une toile à la beauté hypnotisante, ses divers travaux dévoilent une sensibilité et une poésie rare, révélatrices d’une profonde âme d’artiste. 

La toile centrale de Margaux Arramon-Tucoo
La toile centrale de Margaux Arramon-Tucoo (Crédit: Yanik)

Deux autres exposants ont choisi le bois comme moyen d’expression. Mais si le matériau est identique, la quête est différente. Alors que MLCK produit une œuvre graphique, George Woodman sculpte ses lignes en bas relief sur des formats similaires à des tableaux de peinture.

Little Madi, quant à elle, met toute la finesse de son dessin et ses talents d’illustratrice au service de la porcelaine de Limoges sur laquelle elle fige ses idées par le procédé de la chromolithographie. Une magnifique réussite qui annonce un avenir prometteur pour la jeune femme. 

Little Madi "Tiger"
Little Madi « Tiger » (crédit: Yanik)

La peinture sur toile est minoritaire sur le salon, représentée par seulement trois artistes dont Franck Cazenave,  le parrain de l’événement. Celui-ci présente quatre œuvres dans une boite adossée aux baies vitrées, dont un sombre et tourbillonnant « Down in a hole » (en photo). Prenant son rôle très au sérieux, le biarrot a fait plus qu’exposer pendant les deux jours du salon. De la sélection aux réglages de dernières minutes, en passant par la conception  et l’organisation, il a mis la main à la pâte jusqu’aux heures tardives de la nuit de samedi au cours de laquelle artistes, invités et personnes ayant effectué leur réservation, pouvaient se retrouver sur la terrasse du Casino.

Franck Cazenave "Down in a hole"
Franck Cazenave « Down in a hole » (crédit: Yanik)

Au menu de cette soirée privée, une programmation musicale éclectique à l’image des choix artistiques ; variée et surprenante. D’un charmant duo pop folk (Run Caroline) jusqu’aux sets des cinq DJs présents, via le pop rock de plage des Flying Sextoys et le chant lyrique d’Amandine Bousquet, les participants découvrent des styles les plus disparates, un parfait prolongement en complément du panel visuel déjà offert. 

Pour sa première édition, les organisateurs du salon Coco & Pablo ont frappé un grand coup en concoctant une manifestation haute en couleur et d’une remarquable richesse. Parfumée par les embruns atlantiques, ces débuts placés sous le signe de la fraîcheur et de la spontanéité nous laissent espérer le meilleur pour la version 2014. Vivement l’été prochain !         


Coco & Pablo…et leurs enfants

Coco&Pablo-Affiche

Si Bayonne est labellisée depuis 2011 « ville d’art et d’histoire », sa voisine balnéaire n’est pas en reste en matière d’énergie positive inspiratrice de nombreux artistes. Jadis, Coco Chanel y installa ses quartiers, côtoyant ainsi l’aristocratie espagnole et russe, et rencontrant notamment le génie Pablo Picasso qui, après avoir passé son voyage de noce avec Olga à Biarritz, ne manqua pas d’y revenir régulièrement en périodes estivales. 

"Les Baigneuses", tableau peint à Biarritz en 1918 par  Pablo Picasso (source: Muséee Picasso Paris)
« Les Baigneuses », tableau peint à Biarritz en 1918 par Pablo Picasso (source: Muséee Picasso Paris)

De nos jours, richesse du patrimoine, beauté du littoral et embruns océaniques sont autant de facteurs stimulant pour les esprits créatifs. De ce constat est née l’idée de réunir dans un salon, une sélection d’artistes liés à cette ville, qu’ils en soient originaires, résidants ou professionnellement installés. Pour sa première édition, Coco & Pablo se tiendra principalement au Casino Municipal où les travaux d’une quarantaine d’artistes (plasticiens, peintres, photographes, vidéastes…) seront exposés deux jours durant (les 17 et 18 août 2013). 

Offrant un éclectique panorama de la création locale, le nouveau salon d’art contemporain a concocté un programme détonnant alliant découvertes plastiques, performances et musique live (concerts et DJ sets), le tout à deux pas des premiers grains de sables…histoire de sentir les éléments sources de cette vitalité créatrice et base de la devise de Biarritz : « j’ai pour moi les vents, les astres et la mer ».

 

 


Les saints de l’art polonais

Lorsque l’on ouvre le petit Larousse sur la page contenant le mot « brut », on lit la définition suivante pour cet adjectif : « qui n’a pas été façonné, traité ou qui est très sommairement élaboré ». Prolongée dans le domaine artistique, l’expression d’art brut désigne des productions spontanées échappant aux canons habituels du monde l’art. Réalisées par des artistes à la marge, les œuvres classées dans cette catégorie sont le fruit d’esprit non formatés. Loin des Beaux-Arts, des écoles de design ou des dernières tendances, c’est à ces créateurs hors normes que le Musée de la Création Franche se consacre au travers de sa collection permanente et de ses expositions temporaires au rythme d’une demi douzaine par an. 

Cette année, la période estivale fait honneur à la Pologne et c’est une première en France de voir une exposition entièrement dédiée à l’Outsider Art (autre désignation de l’art brut) de ce pays. Ainsi, une douzaine d’artistes issus de ce territoire de l’ex bloc soviétique, est présentée dans les salles du musée bèglais, offrant au public autant d’univers variés et conférant à l’événement un aspect riche et dynamique.

Tadeusz Glowala, Sans titre (crédit: Yanik)
Tadeusz Glowala, Sans titre (crédit: Yanik)

A peine entré dans le bâtiment, deux pas suffisent pour entrer dans le vif du sujet avec une première salle occupée par 24 gouaches signées Henryk Zarski. Dans la rondeur de ses traits, se nichent des couleurs vives pour dépeindre des scènes de la vie rurale polonaise. La pièce attenante abrite les productions d’inspirations animalières de Roman Rutkowski ainsi que les remarquables mosaïques architecturales de Tadeusz Glowala. Dans ses façades se côtoient coloris vifs et formes géométriques créant un effet de relief des plus captivant.

La visite du rez-de-chaussée s’achève par un espace partagé par trois artistes. Adam Dembinski s’y taille la part belle avec de nombreuses œuvres composées sur papier brun à l’aide de pastels, feutres et mines de plomb. Son travail parfois flashy n’est pas sans rappeler le dessin de Jean-Michel Basquiat. Epuré, son coup de crayon décrit des scènes typiquement polonaises, où l’armée, la campagne et la religion sont omni présentes.

Au centre, deux parois se faisant face sont investies par une installation de Mikolaj Lawniczak. Accumulation d’images de petits formats,  ce travail apparaît comme représentatif du titre de l’exposition. Ici sont bel et bien apposés les saints de la société polonaise, ceux d’ordre classique représentés par des photos du pape ou des icônes religieuses, et ceux de l’ère moderne et capitaliste ici décrite par des photographies de mode, de publicité ou d’automobiles…

Le dernier occupant de cet espace est Wladyslaw Roslon dont on peut admirer quatre acryliques forestiers aux teintes de verts et bleus nocturnes.

Adam Dembinski, Sans titre (crédit: Yanik)
Adam Dembinski, Sans titre (crédit: Yanik)

Un vent de fraîcheur souffle après l’ascension des escaliers menant à l’étage. La courte grimpette débouche sur l’univers léger et enfantin de Justyna Matysiak dont la technique de dessin est mise au profit d’une imagination positive, pour engendrer des pièces résolument féminines et chatoyantes. Cette joie innocente côtoie la calligraphie intrigante d’une autre jeune trentenaire, Iwona Mysera.

Dans la salle 5, les murs s’offrent à la minutieuse mine de Przemyslaw Kiebzak, souvent employée pour reproduire des architectures médiévales, parfois pour des sujets animaliers. Une première vitrine étale des lettres (des vraies, timbrées et oblitérées) de Wladyslaw Grygny, dont les écrits sont mis en forme pour accomplir de véritables compositions graphiques. L’autre vitrine abrite une trentaine de sculptures en bois façonnées par Konrad Kwasek, qui parvient à léguer à ces simples statuettes (femmes et enfants uniquement) une émotion rare.

Ryszard Kosek "Mes petites souris" (crédit: Yanik)
Ryszard Kosek « Mes petites souris » (crédit: Yanik)

La prochaine zone nous immerge dans l’univers masculin et alcoolisé de Ryszard Kosek. Ce jazzman et peintre appose sur des panneaux de carton aggloméré (isorel) des instantanés festifs et musicaux créant une atmosphère décalée et grotesque propre à un certain cynisme réaliste.

Enfin, un dernier volume est voué à l’œuvre d’Adam Nidzgorski. Né en France et résidant à Marseille, il entretient depuis sa plus tendre enfance des liens étroits avec le pays d’origine de ses parents. Au total une trentaine de pièces dévoilent au visiteur des personnages, souvent nombreux et entremêlés, aux yeux de forme circulaire. De ces ronds observateurs se dégagent des sentiments multiples malgré la forme identique des regards, tour à tour joyeux, effrayés ou interrogateurs.

Adam Nidzgorski, sans titre (crédit: Yanik)
Adam Nidzgorski, sans titre (crédit: Yanik)

La multiplicité et la diversité des artistes sélectionnés pour l’évènement transforment le visiteur en électron libre navigant entre les mondes hétéroclites de créateurs unis par un lien de nationalité et d’émotivité. Car en Pologne comme ailleurs, quand l’art se fait brut, l’émotion est franche.

 

Les saints de l’art polonais

Jusqu’au 8 septembre 2013

Musée de Création Franche, 33130 Bègles