JR (abcdetc)

Touchez pas à mes pensées

Après deux jours de photos d’enfants en train de jouer, j’y ai pris goût. Et patatras !

Hier en préparant ce billet, j’ai fait la connaissance de Léo, photographié lui aussi en train de jouer.

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Ni dans un pays occupé, ni dans un pays en guerre. Juste en Angleterre, au collège Birbeck rattaché à l’Université de Londres. Et plus précisément au Babylab du centre d’étude du cerveau et du développement cognitif. Là, on scrute les cerveaux des nourrissons et des bébés jusqu’à deux ans, pour comprendre comment ils fonctionnent, et notamment comment les bébés “reconnaissent les visages”, “portent attention à certaines choses plutôt qu’à d’autres”, “apprennent à comprendre ce que les autres personnes font… et pensent”, “développent leur langage et leur compréhension du monde”.

En voyant ces images et en lisant les explications sur les recherches menées au Babylab avec la participation volontaire des parents (et de leurs rejetons?), je n’ai pas pu m’empêcher de penser aux enfants libres de jouer sans qu’on leur prenne la tête pour comprendre comment ça se passait dedans, et j’ai imaginé le petit Léo, portant attention à l’expérience dont il était le cobaye, développant sa compréhension du monde, comprenant ce que les grandes personnes lui faisaient et arrachant les électrodes de sa tête en lançant aux chercheurs (et à ses parents) le fuck you sonore d’un langage déjà bien développé pour son âge !

Mais j’ai eu comme l’intuition que j’allais encore me faire taxer de pessimisme…

Puis, en fouillant un peu plus loin dans le site du Babylab, je suis arrivé jusqu’au Baby Laughter project qui projette “d’étudier scientifiquement ce qui fait rire les bébés”. Et c’est peut être parce que je suis devenu trop vieux et que le bébé en moi s’est recroquevillé : ça ne m’a pas du tout donné envie de rire.

Je vais peut être finir par débrancher les électrodes qui me relient à l’ordinateur à travers lequel je regarde le monde.

(photos : Oli Scarff)

Si quelqu’un s’avise de venir fouiller mes pensées, il y trouvera j’espère un tel embrouillamini que ça le dissuadera d’aller chercher plus loin le pourquoi de mes sourires ou de mes émerveillements et le comment de mes indignations ou de ma mélancolie. Je le remercie donc (hypothétiquement) par avance, de bien vouloir refermer derrière lui en laissant les choses dans l’état où il les aura trouvées. Sans rien emporter de ce qui ne lui appartient pas.

Ceci dit, la Whirling Birds Ceremony du oudiste-chanteur tunisien Dhafer Youssef, accompagné par la clarinette d’Hüsnü Senlendirici, m’a fait doucement revenir sur terre pour m’envoler.

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Où s’en vont…

Encore des enfants qui jouent. Aujourd’hui aussi.

Where do the children play, m’interrogeais-je il y a quelques mois, à partir d’une autre photo d’enfants jouant. À Kaboul.

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C’est une autre question qui m’est venue lorsque j’ai trouvé cette autre image après celle d’hier. De la Palestine au Sud-Soudan aujourd’hui, en passant par l’Afghanistan cet automne, ou toutes les images d’enfants jouant, à la balançoire, à la poupée ou parmi les chars d’assaut désaffectés, c’est toujours la même question : que vont-ils devenir ?

Que vont-ils devenir ces enfants d’un camp de réfugiés (encore un…) à Bor, où des milliers de personnes ont été massacrées, où plus de 900 000 ont fui les combats, où le maire de la ville a appelé à l’aide pour trouver l’argent nécessaire à trouver les morts et à les ensevelir. Sans parler de l’aide qu’il faudra encore apporter aux réfugiés. A ces enfants.

Que vont-ils devenir ?

Et que deviennent tous les enfants du monde qui jouent, malgré tout, envers et contre tout, avec comme une détermination farouche à continuer de jouer. Comme quelque chose d’essentiel, de vital. Que se passe-t-il pour qu’une fois adultes, devenus de grandes personnes, ils deviennent trop sérieux pour oublier le rire, l’insouciance, le jeu. Et veulent la puissance. Et brandissent leurs armes. Et quittent définitivement l’enfance pour s’occuper de “choses sérieuses”. Comme se battre, tuer, parfois mourir, pour des idées, des convictions, un champ de pétrole, une once de pouvoir.

Sans savoir dire pouce, c’est pas du jeu !

(photo : JM Lopez)

J’ai trouvé une belle musique pour aller avec ces enfants réfugiés dans le pays le plus jeune de notre planète. La Ballade apatride de Cheikh Sidi Bémol

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Ailleurs aussi

Suivre l’actualité ou se donner encore un peu d’air.

Le lundi, j’hésite. Le monde ne s’arrête pas de tourner le week-end, avec son cortège de nouvelles qui donneraient bien envie d’aller voir ailleurs, s’il y avait un ailleurs… mais je ménage parfois les reprises de semaine avec un écho plus doux.

Khan-Younis

Comme aujourd’hui, où j’ai préféré cette image d’enfants jouant au cerf-volant dans le soleil couchant à d’autre photographies en provenance de Crimée par exemple, où l’on découvre soudain que l’Ukraine n’est pas si uniforme qu’elle nous a parue pendant quelques semaines et Poutine toujours aussi acharné sur son rêve de grande Russie à (presque) nous faire regretter l’URSS.

Bref.

Des enfants qui jouent. Une image paisible. Avec une pensée aussi pour les enfants d’ici qui sont en vacances. Et pour leurs enseignants qui font ce qu’ils peuvent pour les préparer au monde et à y vivre ensemble.

Des enfants et leur cerf-volant photographiés dans le camp de Khan Younis, dans le sud de la bande de Gaza, vendredi dernier. La veille de l’assassinat par l’armée israélienne de Amena Atiyyeh Qdeih, une malade mentale de 57 ans qui s’est approchée trop près de la frontière.

Et l’actualité qui pourrait nous rattraper si le monde se souciait des morts palestiniens

(photo : Hatem Moussa)

J’ai appris hier trop tard la mort d’Alain Resnais pour lui consacrer le supplément dimanche.

Je vous propose donc aujourd’hui cette séquence de l’An 01 qu’il avait tournée entre les Etats-Unis et l’Afrique. Comme un désir prémonitoire, en pensant que l’utopie aussi est un ailleurs…

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Et pour ne pas vous priver de musique, j’ai trouvé ça par association d’idées avec l’An 01. François Béranger nous chantant Le Vieux. Une pirouette d’hommage aussi au cinéaste de 91 ans…

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Appelez-moi Jeanjean

Si Dieu n’existe pas, merci à Dieu d’exister.

C’est bientôt le carême (mercredi 5 mars), que plus grand monde ne fête. C’est donc la grande période des carnavals, qui attirent de plus en plus de monde.

Aucune envie de commenter ce paradoxe. Juste celle de remercier le photographe du jour, Dieu Nalio Chery, qui nous envoya tellement d’image d’Haïti dévastée par le tremblement de terre de janvier 2010 et qui nous a fait parvenir cette semaine quelques photographies du carnaval de Jacmel.

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Si vous en voulez d’autres, vous en trouverez plein ici. Pour ma part, cette poignée a suffi à me redonner un peu de sourire en composant ce billet dans la foulé de celui d’hier. Sans oublier complètement le monde, mais en le rendant supportable. Comme l’amour.

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Merci donc pour ces sourires. Et particulièrement pour cet homme qui se maquille en se regardant dans son miroir. Qui ne sourit pas encore, mais s’y prépare soigneusement. Cet homme qui, me dit la légende de l’image, s’appelle Jeanjean. Jeanjean Robert !

(photos : Dieu Nalio Chery)

Un bonheur n’arrive jamais seul.

C’est mon collègue mondoblogueur, Maurice THANTAN, qui m’a fait découvrir Pharrell Williams et son méga tube Happy, qui fait l’objet d’un clip de … 24 heures (à découvrir ici) et de plus de 400 reprises dans 62 pays répertoriées .

Puisque c’est jour de mosaïque, je vous en offre une poignée au passage… et un peu au hasard.

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En provenance de :

  1. Cotonou, Bénin.
  2. Beyrouth, Liban.
  3. Prague, République tchèque
  4. Dunkerque, France
  5. São Paulo, Brésil
  6. Hong Kong…

Mais franchement, je ne pourrais pas – sans devenir malheureux – en écouter 400 à la suite ni me passer la chanson durant 24 heures !


Plus jamais ça ?

L’actualité sur abcdetc se développe souvent en de multiples images. Parfois une seule suffit à ne plus savoir quoi dire…

palestiniens-Yarmouk

C’est une photographie qui a été prise le 31 janvier 2014 et qui a été dévoilée mercredi 26 février. Cette longue file d’hommes et de femmes qui peuplent une rue dévastée par les bombardements, ce sont quelques-uns des 18 000 réfugiés palestiniens du camp de Yarmouk, à Damas en Syrie, qui attendent une distribution d’aide alimentaire de l’UNRWA. Une aide hypothétique dans une ville assiégée : bloquées depuis le 8 février, les distributions ont pu reprendre lundi dernier. Une aide au compte-goutte : depuis janvier, l’UNRWA n’a pu donner que 7 500 colis de vivres aux habitants de Yarmouk, chaque colis permettant de nourrir 5 personnes pendant 10 jours.

“Une goutte d’eau dans un océan”, constate amèrement les humanitaires.

Avant la guerre, 160 000 Palestiniens vivaient ici, parmi de nombreux Syriens, dans ce qui était un quartier plein d’activité et de vie. Aujourd’hui, il est devenu une prison pour ceux qui n’ont pas fui.

“Mais au moins dans une prison, il y a de la nourriture. Ici il n’y a rien. Nous mourons à petit feu”, a confié à l’AFP via Internet un militant dans le camp qui se fait appeler Rami al-Sayed.

“ Parfois, il y une ribambelle d’enfants qui m’entourent et me supplient : ‘pour l’amour de Dieu, on veut manger, donne-nous à manger ’. Mais moi, bien sûr, je n’ai rien à leur offrir. […] “ Nous mangeons des herbes, nous en faisons parfois des soupes, mais elles sont amères. Même les animaux n’en voudraient pas. Et si vous allez dans des champs pour cueillir des herbes, un tireur embusqué vous tire dessus. […] C’est vraiment tragique. Dans les rues, vous voyez des gens très amaigris, leur visage sans vie. La tristesse se lit partout ”, raconte encore le jeune homme.

La tristesse partout, comme sur le visage de ces hommes et de ces femmes. Le dénuement, la faim. Plusieurs personnes en sont déjà mortes. Plus d’une centaine depuis octobre, selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme.

Le chef de l’UNRWA, Filippo Grandi, a réclamé la levée du siège. Le Conseil de sécurité de l’ONU a voté une résolution samedi 22 février appelant toutes les parties à libérer l’accès humanitaire aux zones peuplées. Et c’est sans doute pour appuyer cette résolution que le HCR a décidé de publier les photographies de Yarmouk. Dont celle d’aujourd’hui.

 » On dirait une apparition de fantômes ”, a commenté Filippo Grandi après sa visite au camp, lundi 24 février. Le mot est juste : depuis la première fois que je l’ai vue, cette image me hante.

Comme me revient en mémoire la formule “ Plus jamais ça ” clamée en découvrant l’horreur d’autres camps.

Combien de victimes palestiniennes et arabes faudra-t-il pour que la “ communauté internationale ” accorde la paix aux survivants ?

(photo : Haut Commissariat pour les réfugiés – HCR)

Si la rumeur selon laquelle l’Adagio du concerto d’Aranjuez serait inspiré par le bombardement de Guernica en 1937 a été démentie par la femme du compositeur, Joaquín Rodrigo, sa tonalité n’en demeure pas moins assortie à la photographie du jour. Et c’est aussi l’occasion de rendre hommage à Paco de Lucia qui vient de nous quitter. Même si j’ai personnellement plus qu’un doute, et de plus en plus, qu’il y ait un Dieu pour le bénir.

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Quand la Chine explosera ?

Il y a des images qui marquent instantanément les consciences et l’actualité. D’autres, a priori plus banales, qui pourtant marquent tout aussi profondément leur époque.

Li-Yan-fille

Ainsi de l’image ci-dessus, où la jeune Li Yan est photographiée le 20 février dernier à la toute fin de sa grossesse, à Hefei, dans la province de Anhui, dans l’est de la Chine. Une image sereine d’une femme enceinte et de sa fille aînée qui guette son petit frère.

Mais nous sommes en Chine. Et l’image n’est pas – encore – banale. La famille Yan est en effet la première de la province à avoir reçu une autorisation pour avoir un second enfant. Résultat de l’assouplissement de la politique du planning familial chinois qui, jusqu’à l’an dernier, imposait la loi de l’enfant unique.

Le petit frère est né le 23 février. Bienvenu à lui. Et aux millions de petits frères et de petites sœurs à venir !

Mais que les malthusiens se rassurent. Malgré la politique de l’enfant unique qui prévoyait une amende pour les contrevenants et même de la prison pour les récidivistes, ainsi qu’une privation de soins et d’études pour leurs enfants, l’indice de fécondité chinois était déjà de 1,73 enfant par femme. Soit la même chose qu’aux Pays-Bas ou au Danemark. Et encore loin de l’Inde (2,59) ou le Pakistan (3,34). L’explosion démographique n’aura peut être pas lieu. On peut juste espérer que les petits frères et les petites sœurs auront accès aux services publics ! Comme leurs 1,35 milliard de concitoyens…

(photos DR)

Une chanson douce pour accueillir un enfant…

Hier je vous proposais d’écouter Neneh Cherry après 18 années de silence. Ramona Córdova n’aura laissé que 7 ans s’écouler entre The Boy Who Floated Freely et son tout récent Quinn to New Relationships. Ça valait le coup d’attendre.

Ramona Córdova sera ce soir au Marché Gare à Lyon. Et aujourd’hui sur abcdetc.

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Petite facétie entre amis

Noyée dans le flot des nouvelles du monde, l’information aurait pu passer inaperçue. Surtout à abcdetc où la cellule de veille est un peu …  en veille.

Marc-Israel-Sellem

Mais la publication d’une photographie du premier ministre israélien Benyamin Netanyahu faisant apparaître avec son doigt une moustache d’Hitler à la chancelière allemande Angela Merkel a fait le tour du Net via les réseaux sociaux, où elle a suscité de nombreux commentaires, de félicitations, de reproches, d’embarras… A la demande de son journal, le Jerusalem Post, le photographe (en chef) Marc Israël Sellem a même retiré le cliché de son compte Facebook. Un peu trop tard, puisque l’image avait déjà été reproduite à des milliers d’exemplaires et qu’un cliché extrait d’une vidéo de l’AFP montre la même facétie.

afp

En faisant une petite blagounette à son “amie”, Bibi n’a pas seulement témoigné d’un sens de l’humour particulier et méconnu, en particulier dans les territoires occupés où à Gaza. Il a aussi superbement illustré le vieil adage chinois selon lequel “quand le sage désigne la lune, l’idiot regarde le doigt”. Pour la sagesse de Netanyahu, permettez-moi de conserver certains doutes, mais pour la diversion, chapeau !

On en oublierait presque qu’Angela Merkel s’est déplacée avec 13 de ses 15 ministres pour bien marquer l’importance de sa visite à son allié historique, qu’elle n’a pas prévu de visiter les territoires occupés même si elle a déclaré observer “la question de la colonisation avec une grande inquiétude”, qu’elle a réaffirmé l’opposition de l’Allemagne au boycott des entreprises israéliennes en activité dans ces territoires, qu’elle a accepté de tenir une conférence de presse (où a été prise la photo de la fameuse moustache) à Jérusalem, qu’Israël cherche par tous les moyens à faire reconnaître comme sa capitale, et que dans la “série d’accords de coopération dans les domaines de la sécurité, de la diplomatie, de l’économie, de la justice, de la science et de la culture” sobrement citée par l’AFP, on peut ranger la livraison prochaine du dernier des 6 sous-marins Dolphin, offerts puis “vendus” par l’Allemagne a son allié israélien, qui s’est empressé de les équiper de têtes nucléaires tout en continuant à vociférer contre la menace iranienne…

A part ça, l’histoire retiendra la moustache d’Hitler. Et le doigt – d’honneur – de Netanyahu.

(photos : Marc Israël Sellem et AFP)

Pas de chanteur israélien, non, mais une chanteuse suédoise…

Dix-huit ans après son troisième album Man et le méga-tube 7 seconds, Neneh Cherry sort de son silence avec Blank Project.

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La liberté ou la mort ?

Alors que le débat sur la mort de la presse face à la déferlante Internet est alimenté chaque jour de nouvelles informations sur la santé vacillante des journaux, il ne faudrait pas oublier que la mort des journalistes est encore l’une des premières entraves à la liberté de la presse.

Dimanche 23 février, des centaines de journalistes ont manifesté à Mexico et dans d’autres villes du pays pour honorer leur collègue, Gregorio Jimenez, retrouvé mort le 11 février à Veracruz, une semaine après son enlèvement, et pour saluer la mémoire de leurs autres confrères assassinés.

Selon les chiffres de l’organisation Article 19 (inspirée de l’article 19 de la Déclaration universelle des droits de l’homme sur la liberté d’expression), 75 journalistes ont été assassinés au Mexique depuis 2000, dont 15 à Veracruz.

Sur les marches de l’Ange de l’Indépendance à Mexico, cameramen, photographes, reporters, journalistes, chroniqueurs, écrivains, étudiants, membres d’organisations professionnelles, simples citoyens se sont réunis brandissant des banderoles marquées “Presse, ne tirez pas” ainsi que les portraits des journalistes victimes de l’entrave à la liberté d’expression. Elena Poniatowska, Prix Cervantes et doyenne des journalistes mexicains et toujours en activité à 81 ans, a juste rappelé devant un cercueil symbolique que c’était “une injustice et un scandale” que des journalistes soient assassinés en faisant juste leur travail.

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En pensant à une autre manifestation au Mexique, pour dénoncer d’autres assassinats, j’ai retrouvé cette phrase du dernier poème de Javier Sicilia :

Le monde n’est plus digne de parole
Ils l’ont étouffée à l’intérieur de nous

Et j’ai juste pensé que si le monde n’est plus digne de parole, il mérite encore qu’on en parle. Librement…

(photos : Jorge Ríos, Natalio Bernal, Julio César Aguilar, Jorge Medina, Marco Ugarte, Mario Castillo)

“La liberté de la presse ne s’use que quand on ne s’en sert pas”, nous rappelle chaque mercredi le Canard enchaîné. Je dis ça en passant, en pensant à beaucoup de mes confrères que je me lasse de lire ou d’écouter…

Bref.

En écoutant A Long Way To The Beginning, le dernier disque de Seun Kuti paru hier, j’ai eu l’impression que l’Afro-beat avait retrouvé sa liberté. “Son histoire ne fait que commencer”, déclare d’ailleurs dans une interview à Mondomix le plus jeune fils de Fela. Commencement, recommencement, balbutiements ? 35 ans après le I.T.T (International Thief Thief) du père, le I.M.F (International Mother Fucker) résonne comme un hommage, un rappel, un réveil ?

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Vous êtes comme moi ? Frustrés de la brièveté de ce teaser… Je vous ai trouvé la chanson en intégrale. Mais sans les images, désolé…

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Pour une goutte d’Amrita

Les plus fidèles des lecteurs et la plus indianisée des lectrices auront identifié que le titre du jour a déjà été utilisé il y a un peu plus d’un an.

Je ne vous proposerai pas cette année autant d’images (99) que l’an passé : d’une part parce que la Magh Mela 2014 qui se termine cette semaine est moins importante que la Kumbh Mela de l’an passé ; d’autre part par manque de temps, de courage et de motivation pour vous glaner une telle collection. Que vous regarderez à peine… Sauf les lecteurs les plus fidèles et la lectrice la plus indianisée.

Mais après avoir pris quelques nouvelles d’une Ukraine convalescente et en deuil, puis avoir promené mon regard sur des images d’autres conflits non réglés (en Syrie, au Vénézuela ou à Hébron…), j’ai eu soudain besoin de prolonger la douceur dans laquelle j’avais passé le dimanche, de ne pas plonger tout de suite dans la folie des hommes, de m’épargner un moment suspendu. Encore.

Alors j’ai appliqué le vieux principe (évoqué ici ou ) de “si tu ne trouves pas l’inspiration, tourne toi vers l’Inde” en l’adaptant à ce jour particulier : “si tu as besoin d’une grande respiration…”

Je ne crois pas vraiment aux Dieux, même hindous. Je doute de la pacification qu’ils apportent et encore plus de l’immortalité qu’ils partageraient. Mais il m’arrive de trouver belle la ferveur, quand elle n’a d’autre manifestation que la méditation. Et si les batailles de Dieux peuvent inspirer une conscience humaine, je garde encore l’espoir que la conscience humaine pourra un jour inspirer l’arrêt des batailles.

Magh-Mela-2014-10

En vous souhaitant une belle semaine…

(photos : Jennifer Friesen, Rajesh Kumar Singh, Sanjay Kanojia, Daniel Berehulak, Roberto Schmidt, Manish Swarup, DR)

Kristin Asbjørnsen a elle aussi une inspiration spirituelle puisque son répertoire puise dans les spirituals afro-américains…Le titre du jour, extrait de son dernier album I’ll meet you in the morning, s’intitule I’m gonna cross the river of Jordan. En traversant le Jourdain, je repensai soudain à Hébron… Et j’aspirais encore à la paix.

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Retrouvailles

“La beauté, c’est les larmes” Léo Ferré. Ainsi Véronique Pestel me dédicaça-t-elle son disque il y a 20 ans.

J’ai failli écrire jadis en pensant à ces 20 années passées sans que je les remarques vraiment, sinon à quelques détails qui les traversèrent et d’autres détails qui demeurent.

Mais que dire de 60 ans alors ?

60 ans, c’est le temps qui s’est écoulé entre la séparation et les retrouvailles, jeudi 20 février à Diamond Mountain en Corée du Nord, de 82 Sud-Coréens avec 180 de leurs “proches”, tenus à distance par la frontière. Des frères, des sœurs, et même un homme de 93 ans, séparé de sa femme enceinte lors de la partition des deux pays, et qui a rencontré pour la première fois son fils de 64 ans !

Ils sont plusieurs milliers de Sud-Coréens à demander à bénéficier de ces brefs instants de retrouvailles de quelques heures. Ils sont chaque fois une poignée à être tirés au sort. Et des milliers à attendre leur tour.

En vieillissant…

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Une dizaine de participants est venue en fauteuil roulant. Deux femmes en ambulance.

Et parfois, il est trop tard :

“Grande sœur, c’est moi ! Pourquoi tu ne m’entends pas ?”, a ainsi crié une femme de 87 ans à sa sœur… atteinte d’Alzheimer.

La beauté, c’est les larmes. Mais les larmes parlent parfois d’horreur.

(photos : Ed Jones, Park Hae-soo, Lee Ji-eun, Kim Ju-sung, Lee Ji-eun, Yonhap, Ahn Young-joon, DR)

Le temps est loin de nos vingt ans
Des coups de poings, des coups de sang
Mais qu’à c’la n’tienne: c’est pas fini
On peut chanter quand le verre est bien rempli

Buvons encore une dernière fois
A l’amitié, l’amour, la joie
On a fêté nos retrouvailles
Ça m’fait d’la peine, mais il faut que je m’en aille

Ben oui, j’aurais pu chercher des reprises de Graeme Allwright autour des retrouvailles. J’aurais aussi pu passer Léo Ferré. Ou Véronique Pestel.

Mais, avant de faire ce billet, j’avais trouvé autre chose. Qui en cherchant bien n’est pas complètement sans rapport… Les trouvailles aussi sont parfois émouvantes.

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Je l’aime à mourir est interprétée par :

  1. Francis Cabrel, en version originale en 1979, il y a … 35 ans !
  2. Le même, 15 ans après en 1994, accompagné par les Gipsy Kings dans une traduction espagnole La quiero a morir
  3. Shakira (qu’on ne voit pas souvent sur abcdetc) qui en a refait un tube (bilingue…) en 2011
  4. Sergio Vargas qui n’avait pas connu le même succès en 1986, avec pourtant un effort d’adaptation notable
  5. Lenka Filipová qui nous a aussi offert une version bilingue (français-tchèque) en 1981
  6. André Segarra qui en a commis (visiblement récemment) une version chinoise sous le titre 我爱死她了 (wǒ ài sǐ tā le).
  7. Roch Voisine qui n’a pas tout traduit en anglais
  8. Carole Fredericks, dans le concert 1995 des Enfoirés, accompagné par… Basile Boli et quelques guitaristes connus ! (Les Enfoirés qui aiment bien cette chanson qu’ils ont massacrée allègement quelques années plus tard : pour les curieux, la vidéo est par là)
  9. Francis Cabrel, quelques années plus tard


La réalité en face(s)

Y aura-t-il un printemps ukrainien ?

Il y a trois mois à peine, les Ukrainiens descendaient dans la rue pour demander que leur pays s’éloigne de la Russie et se rapproche de l’Europe, contre l’avis de leurs dirigeants. C’était l’anniversaire de l’ex-premier ministre Ioulia Tymochenko, qui avait adressé ce message aux manifestants :

“Je vous demande, mes chers concitoyens, d’augmenter chaque jour nos forces sur les places du pays. Je vous demande de lever une vague sans précédent de mobilisation, pour que la mafia autoritaire de Ianoukovytch ne puisse empêcher notre retour historique dans notre vraie famille.”

Aujourd’hui, l’épreuve de force tourne au bain de sang et les forces… de “l’ordre” sèment le chaos. Le retour historique semble compromis, malgré l’intervention – tardive – des diplomaties occidentales et la résistance des manifestants.

Je ne suis pas d’un naturel optimiste, mais je crois en certaines forces humaines. Et, même si le président Ianoukovitch (et sa mafia autoritaire) parvient à éliminer les manifestants de sa vue et de celle des photographes venus témoigner d’un désir démocratique, malgré les morts par dizaines, les colères rentrées par centaines et les déceptions par milliers, rien ne pourra empêcher que la vraie famille a participé à cette rencontre de personnes de tous âges, de toutes professions, de tous horizons, célébrant ensemble un même idéal, aux contours flous mais au nom simple : liberté !

C’est un peu l’album de cette famille – aujourd’hui en deuil – qu’abcdetc vous propose de feuilleter à travers cette galerie de visages.

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(photos : David Mdzinarishvili, Konstantin Grishin, Vasily Fedosenko, Thomas Peter, Konstantin Chernichkin, Valentyn Ogirenko, Gleb Garanich, Yannis Behrakis, Marko Drobnjakovic)

Le 21 août 1968, les chars russes mettaient fin au Printemps de Prague. Le 28 novembre 1989, la révolution de Velours rouvrait la fenêtre. Malgré certaines comparaisons, exhortations ou raccourcis, l’histoire ne se répète pas. Et l’Ukraine n’est pas la Tchécoslovaquie.

Bref.

La chanteuse Marta Topferova et le bassiste Tomáš Liška, après deux carrières denses pleines d’explorations musicales, se sont réunis pour un disque intitulé Milokraj (Terre bien aimée), affichant ainsi leur volonté de revenir à leurs racines musicales, quelque part entre la Moravie et la Bohème*…

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* Où je retournerais moi aussi volontiers…


Big couac

C’était bien la peine…

Moins de 40 ans après la fin de la guerre et la piteuse déroute étasunienne, les États-Unis ont repris Hô-Chi-Minh-Ville, l’ancienne Saigon, grâce à l’ouverture du premier McDonald’s vietnamien.

Tout un symbole !

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La chaîne aux plus de 35 000 restaurants dans plus de 100 pays (voir ici la carte des résistants, presque à jour…) a cependant été devancée par d’autres pionniers de la (re)conquête par la malbouffe : KFC, Burger King ou Pizza Hut. Rien que du bon pour les 90 millions de clients potentiels dont quelques centaines se sont pressés samedi 8 février 2014 pour déguster les spécialités standardisées de la marque, auxquelles a été ajouté un McPork afin de satisfaire le goût local pour d’autres cochonneries.

Avec un Big Mac vendu l’équivalent de 2 €, les Vietnamiens dont le revenu annuel moyen avoisine les 1 100 € ne risquent pas (encore) l’obésité. Mais le géant du fast food n’a besoin que d’un “petit pourcentage de la population qui vient de temps en temps chaque mois” pour s’engraisser. Et d’un allié local sûr pour diriger la franchise du groupe. En l’occurrence, Henry Nguyen, qui n’est autre que … le gendre du premier ministre Nguyen Tan Dung.

Mais il a été choisi après “un processus rigoureux de sélection”, assure la marque. Le même genre de slogan que celui utilisé pour les produits qui entrent dans la composition de burgers que McDonalds recommande à ses employés de ne pas consommer

(photos : Le Quang Nhat, Bobby Yip, DR)

Côté musique, l’invasion est presque achevée si l’on en croit les titres du Top 30 vietnamien où se croisent Adele, Katy Perry, Justin Timberlake, Shakira, Jennifer Lopez ou Celine Dion… Entre autres !

Avec cependant Pham Quynh Anh qui fait de la résistance, mais dont le titre Hello Vietnam (Bonjour Vietnam) ne semble pas dater d’hier. Et qui en plus est Belge !

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L’aujourd’hui qui chante

Je n’avais pas envie de gâcher cette journée avec de mauvaises nouvelles dès le matin. Mais il est plus facile de trouver des images de violence ou de désastre que des images d’espoir.

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Et puis, en parcourant les galeries de mes confrères, sans me résigner à vous parler des Jeux olympiques pour mettre de la couleur, j’ai fini par trouver sur le site de la BBC une photographie en provenance de Tripoli (non pas au Liban, mais en Libye…) où l’on célébrait lundi 17 février 2014 le troisième anniversaire de la révolution qui allait amener la chute de Muammar Gaddafi (en version anglaise, ou Mouammar Kadhafi en VF, ou Muʿammar al-Qaḏāfy soit معمر القذافي en version originale).

Chute largement aidée par les “puissances” occidentales soit dit en passant, sans rien vouloir retrancher à la combativité du peuple libyen que les “puissances” occidentales – comme les médias – ont un peu abandonné à son sort après l’exécution du “dictateur”.

Bref.

Trois ans après le soulèvement populaire et plus de deux après la mort de Kadhafi, le 20 octobre 2011, la Libye est en proie à la violence, au chaos économique, à l’incertitude politique… comme le rappelaient lundi les journaux africains, inquiets de l’instabilité de ce pays qui pourrait être contagieuse.

Mais malgré l’incertitude, l’inachevé, les lendemains dont on ne sait trop comment ils chanteront ou déchanteront, les Libyens, à Tripoli comme à Benghazi, ont cependant fêté cet anniversaire.

Même si l’on ne sait pas de quoi demain sera fait, il est inutile de gâcher les occasions de sourire aujourd’hui…

(photos : Esam Omran Al-Fetori, Mahmud Turkia, Hamza Turkia, Ismail Zitouny, Abdullah Doma)

Chanter aujourd’hui pour croire en demain : c’est ce qu’ont fait Youssou N’dour et Idylle Mamba. Il est Sénégalais et musulman, elle est Centrafricaine et chrétienne, mais ils ont le même sang ont-ils voulu témoigner. Puissent-ils être entendus par ceux qui en doutent !

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Juste un peu d’amour

Pour quelqu’un qui dénonce la Saint-Valentin comme une opération commerciale, vous trouvez peut-être que j’exagère un peu de lui consacrer un second billet 4 jours plus tard.

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Mais c’est que je ne suis pas un imbécile et me montre donc capable de changer d’avis : la Saint-Valentin est une vaste opération commerciale, mais aussi l’occasion de délivrer un véritable message d’amour. Et d’espoir.

Comme celui qu’ont posté sur Internet les rebelles syriens : “Un message d’amour pour le jour de l’amour” de la part d’un “peuple d’amour qui vit sous un régime de haine”.

Tout est dit dans cette vidéo que vous comprendrez même si elle ne parle pas votre langue. Le langage de l’amour est universel.

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Message bien reçu, ai-je juste envie de répondre en le relayant auprès de vous. En y ajoutant cette phrase qui m’accompagne souvent, certains jours davantage, moi qui ai la chance de vivre dans un pays en paix sinon toujours paisible :

“Je pense de toutes mes forces qu’il faut s’aimer à tort et à travers.”

Elle est extraite de cette lettre de Julos Beaucarne admirablement mise en musique par Claude Nougaro.

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(Photo : Zein Al-Rifai – Aleppo Media Center)


Et puisque ce billet est placé sous le signe de l’amour, j’en ajoute une touche avec Pauline* de Lassus, alias Mina Tindle, qui, le 14 février toujours, nous a adressé cette Lover Letter en avant première de son prochain album…

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* J’ai pas osé ajouter Mademoiselle K. aux vidéos du jour.


Poupons ou marionnettes ?

Il y avait un côté “bon enfant” dans le défilé de jeudi dernier 13 février à Nairobi, dans lequel les participants, le visage peint aux couleurs du drapeau kényan, brandissaient des poupons géants.

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Mais c’était loin d’être carnaval ! Les manifestants dénonçaient le chômage, la corruption, la pauvreté, le non-respect des droits constitutionnels, dont ils rendent responsable leur gouvernement. Les bébés représentaient dans leurs mains et dans leurs slogans la puérilité du peuple kényan et son besoin de grandir.

Les forces de l’ordre sont intervenues pour disperser les manifestants à coups de gaz lacrymogènes et de quelques arrestations. Et les policiers ont confisqué les bébés.

Classique.

Ce qui l’est moins, c’est le communiqué publié le même jour par le président du Comité national consultatif pour la sécurité, Francis Kimemia, accusant l’Agence américaine pour le développement, USAID, de financer ces manifestations hostiles au régime pour le déstabiliser, affirmant détenir des documents et des renseignements prouvant cette ingérence et demandant à ce que l’USAID s’explique.

Robert F. Godec, l’ambassadeur étasunien a – évidemment – immédiatement démenti dans un langage tout à fait diplomatique : “Le gouvernement américain est un partenaire fiable et engagé du gouvernement kényan et a été ainsi pendant 50 ans.”

Rassurant, non ?

Pour lever les doutes sur le financement étasunien des manifestations, le gouvernement kényan peut toujours demander une analyse des poupons saisis. Pour découvrir qu’ils sont made in … China.

(photos : Ben Curtis)

Ein Ryoung Jung, Jung Seok Lee, Mi Young Yoo et Sun A Kim, les jeunes citharistes (à 6 ou 12 cordes) ne pourront pas démentir que la musique de Geomungo-Factory, d’inspiration traditionnelle coréenne, a subi des influences étrangères, en provenance d’Argentine notamment. Ce morceau s’appelle d’ailleurs Geomungo&Tango.

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Un autre regard

Les images du monde sont si souvent grinçantes, violentes, révoltantes…

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En voyant la photographie gagnante du World Press 2014, le concours de photos d’actualité le plus prestigieux, j’ai eu comme un instant suspendu, de soulagement, d’étonnement… En contraste avec la colère ou l’horreur qui avaient pu me saisir face à d’autres images gagnantes des éditions prédédentes.

Et là, une impression de douceur, un air de clair de lune où l’on pourrait presque croire à l’amour, à la paix, au simple plaisir de vivre et de jouer avec la lumière.

Puis j’ai regardé davantage. Et lu (et tenté de traduire) la légende qui accompagne l’image :

African migrants on the shore of Djibouti city at night, raising their phones in an attempt to capture an inexpensive signal from neighboring Somalia—a tenuous link to relatives abroad. Djibouti is a common stop-off point for migrants in transit from such countries as Somalia, Ethiopia and Eritrea, seeking a better life in Europe and the Middle East

Des migrants africains sur la côte de Djibouti City, le soir, lèvent leur téléphones en espérant capter un signal peu coûteux (?) de la Somalie voisine – un lien fragile avec leurs proches restés sur place. Djibouti est un point de passage important pour les migrants en transit depuis des pays comme la Somalie, l’Ethiopie et l’Erythrée, cherchant une vie meilleure en Europe ou au Moyen-Orient.

Et réalisé alors que la réalité que raconte cette image est aussi violente, aussi terrible, aussi douloureuse que le récit d’autres images immédiatement brutales.

Je ne sais que dire après. Non par désintérêt, comme pour deux pantins présidentiels, mais par un certain respect, une sorte d’admiration pour cette traduction en douceur d’une réalité autrement dure, pour cet autre regard, qui n’annule rien du monde et de sa violence, mais qui – malgré tout – y inscrit un point lumineux. Fragile, ténu, faible comme un signal de téléphonie mobile. Mais cependant réel, visible, tangible. Et qui donne envie de croire en la vie.

Simplement.

(photo John Stanmeyer)


Et la gym, ça marche bien la gym ?

A force de persévérance, on finit par trouver ce qu’on cherche… même trop tard.

J’étais un peu sec sur la visite d’État du Président de la 6e puissance mondiale (53 milliards de dollars de dépenses militaires) reçu par le Président de la première (582 milliards…). Peu inspiré par les échos des témoignages d’amitié pour lesquels je me disais qu’un clic sur facebook aurait suffit, par le petit vol de 200 km dans le “petit” Air Force One, par la présence de la directrice du Musée d’art contemporain Harlem, Thelma Golden, à la gauche de Barack Obama pour compenser l’absence de “première” dame française au dîner de gala, par les “hugs” à San Fransico, jadis capitale des homos et aujourd’hui des “start up”…

Bref. A écouter distraitement les infos, j’ai eu comme l’impression que Closer était devenu la référence de la presse francophone.

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Et puis, en vérifiant un peu mes infos, comme un journaliste archaïque, j’ai lu que le sujet de l’Accord de partenariat transatlantique avait été abordé. Et que les deux présidents veulent “aller vite”. Pour laisser une marque ® dans l’histoire ?

Du coup ma chute sur le roquefort, le bœuf aux hormones et autres démontages de McDo… tombe à l’eau. De javel, bien sûr, comme les poulets que nous dégusterons… “vite”.

Mais j’aime bien cette vidéo nostalgique. Et moi non plus, aujourd’hui, je n’ai rien d’intéressant à dire.

(photos : Kevin Lamarque, Brendan Smialowski, Pablo Martinez Monsivais, Amanda Lucidon)

J’ai rien dit d’anti-étasunien, mais je vous passe quand même une native de là bas.

Et puis Katie Herzig m’a envoyé hier un mail pour m’offrir pour la Saint-Valentin ses 81 premiers morceaux en téléchargement gratuit, alors je peux bien lui faire une fleur.

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On a beau dire, on a beau faire

On a beau dire, on a beau faire : on se laisse rattraper par l’actualité.

Ainsi, pour moi le 14 février n’est qu’une date accessoire, trois jours avant un événement bien plus important. Et la Saint-Valentin un produit d’importation destiné à relancer la consommation en période un peu creuse.

Et puis, je n’ai pu échapper aux 2 500 couples de la secte Moon qui se sont mariés mercredi 12 février 2014 au Centre pour la paix dans le monde de Cheongshim en Corée du Sud, et dont j’ai croisé les photographies à plusieurs reprises en parcourant le monde en images.

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J’ai donc succombé à la tentation – sans être vraiment envieux – et à la facilité d’un billet pas trop recherché.

Étonné au passage d’entendre parler de la secte Moon que je pensais disparue dans la réalité comme dans les mémoires.

Inquiet des possibles échanges de partenaires dans une cérémonie où toutes les femmes portaient une robe identique et les hommes le même costume, et où “plusieurs couples n’avaient fait connaissance que quelques jours auparavant”, m’ont appris les légendes accompagnant les photographies.

Dubitatif quant à la longévité de ces couples, je n’aurai pas l’occasion de la vérifier. Je ne saurai donc pas s’ils s’aimeront toujours dans cinquante ans soit 18 000 jours comme l’a calculé Mme Hanna Gronkiewicz-Waltz la maire de Varsovie, saluant cet “exploit d’avoir passé un demi-siècle ensemble” lors de la cérémonie de remises de médailles aux couples méritants (il paraît qu’ils sont 65 000 par an) qui s’est déroulée, cette semaine toujours, dans la capitale polonaise.

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Un demi-siècle en ma compagnie, j’ai déjà donné. Mais personne ne m’a donné de médaille. Ni demandé en mariage pour le reste de ma vie… Pas encore ? Mais si ça doit se faire, je préférerais un peu plus d’intimité et pas d’uniforme.

(photos : Ahn Young-joon, Chung Sung-Jun, Kim Hong-Ji, Ed Jones, Janek Skarzynski)

Je sais bien que nous ne sommes pas samedi et que la rubrique souvenirs et sa fameuse mosaïque ont un jour d’avance.

Mais je tenais à tenir une promesse et, en parlant d’amour, je me suis souvenu de Diana Rigg, plus connue dans son rôle d’Emma Peel, mais qui a joué dans de nombreux autres rôles. Et chanté.

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  • En 1975, dans un show télévisé, Morecambe and Wise
  • En 1977, dans A Little Night Music
  • En 1981, dans Evil Under the Sun

Je sais que trois chansons ne suffisent pas à faire une mosaïque, alors je vous en ai trouvé trois autres qui rendent hommage à Emma Peel.

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  • Emma Peel par The Allies, en 1982
  • Miss Emma Peel, par Dishwalla en 1997
  • Emma, par Matmatah en 1998

Et comme je connais le degré d’exigence de certain lecteur (oui au singulier) d’abcdetc, je complète le tout avec deux montages trouvés sur le net et une scène culte…

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