JR (abcdetc)

Michelle se balade

J’ai beau être assez d’accord avec Serge Katembera Rhukuzage, mon confrère mondoblogueur qui défend la séparation de la vie publique et de la sphère privée, il y a des fois où l’on n’est pas aidé.

Ainsi, cela fait une petite semaine que je ne cesse de croiser des photographies de Michelle Obama en balade en Chine “pour une visite d’une semaine centrée sur la promotion de l’éducation et des liens culturels”, m’ont appris les gazettes. Et en termes de promotion, j’ai surtout vu celui de la personnalité de la “première dame” étasunienne.

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Cela m’a rappelé Martine, dont les plus âgés de mes lecteurs se souviennent sûrement et que les plus jeunes pourront découvrir grâce au générateur de couvertures qui a fait son retour sur Internet (avant que les éditions Casterman portent de nouveau plainte ?)

Aussi, sur l’air de Martine, je vous propose aujourd’hui toute une galerie de Michelle. C’est un peu dans le désordre ; je vous laisse le soin de retrouver les bons titres qui vont avec les bonnes images :

  • Michelle saute à la corde
  • Michelle joue au ping-pong
  • Michelle joue au rubik’s cube
  • Michelle joue comme un pied
  • Michelle prend un cours de taï chi
  • Michelle apprend la calligraphie
  • Michelle et les robots
  • Michelle regarde ailleurs
  • Michelle à la fête foraine
  • Michelle prend un cours d’anglais
  • Michelle comprend même le chinois
  • Michelle sur la Place Rouge
  • Michelle sur le toboggan
  • Michelle sur la grande muraille
  • Michelle et les guerriers de terre cuite de Xi’an
  • Michelle agite le chiffon rouge
  • Michelle fait un discours
  • Michelle s’applaudit d’avoir si bien parlé
  • Sasha en a marre
  • Michelle trouve “qu’il n’y a rien de plus important … que d’exposer ses enfants au monde”.
  • Michelle a même le temps de rencontrer le Président chinois Xi Jinping et son épouse – et vedette – Peng Liyuan, avant qu’ils ne partent pour l’Europe et passent deux jours dans la grande ville voisine de la mienne, bloquant les transports en commun, qu’ils ne prennent pas, pour un repas de gala, auquel les usagers des transports en commun ne sont même pas invités.

Je n’épiloguerai pas sur la visite sur la route de la soie de Xi Jinping (sans sa fille de 22 ans Xi Mingze qui “étudierait aux Etats-Unis”), mais l’exhibition de Michelle Obama a quelque chose de paradoxal en plein débat sur le nécessaire respect de la vie privée des personnes publiques.

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“Il est important que l’information et les idées circulent librement sur Internet et dans les médias”, a déclaré Michelle Obama dès son arrivée en Chine, renchérissant un peu plus tard un groupe de 200 étudiants de l’université de Pékin : “L’accès à l’information, notamment via Internet, est un droit universel”.

Je ne suis pas sûr qu’en exerçant ce droit universel, j’ai vraiment fait avancer votre connaissance sur la complexité du monde. Quant à ma perplexité en regardant ce même monde, elle n’a pas vraiment reculé.

(photos : Amanda Lucidon, Andy Wong, Petar Kujundzic)

C’est le même confrère, Serge, qui m’a adressé hier le lien vers un compositeur brésilien qu’il avait découvert récemment. Rodrigo Amarante sera pour sa part en tournée européenne en mai. Les lecteurs d’abcdetc l’auront eux aussi déjà découvert sur ces images filmées par … ses parents, au carnaval de Saquarema près Rio de Janeiro, en 1975 et 1976.

Merci Serge.

[vimeo 84752896 600 338]

PS : En 1975-76, je ne lisais déjà plus Martine. Faut pas exagérer. Mais je n’ai pas résisté au plaisir de me créer une couverture.


Ça ira mieux demain ?

Mine de rien, ce billet est le 1830e publié sur abcdetc depuis que ce blougui a choisi de tourner son regard vers le monde.

Et hier soir, au moment de le rédiger : la panne !

Non pas que la centrale nucléaire qui alimente mon ordinateur ait été victime d’un accident au moment où des dizaines de chefs d’état et de gouvernement s’apprêtaient à se réunir à La Haye pour un Sommet sur la sécurité nucléaire. Ce qui m’aurait fait au passage un bon angle pour traiter le sujet.

Pas non plus de panne d’ordinateur, malgré l’ancienneté de mon appareil (5 ans, vous pensez) programmé par son fabricant pour une obsolescence dont il ne m’a pas donné l’échéance au moment d’empocher mon chèque.

Pas plus qu’une panne d’Internet, comme en connaissent les Turcs, privés de Twitter par leur Premier ministre Recep Tayyip Erdogan, désavoué par le Président Abdullah Gül … sur son compte Twitter.

Pas vraiment une panne d’actualité, avec le lot quotidien de catastrophes, d’attentats, de manifestations, de guerre, de petits événements spectaculaires sans importance, de discours mis en scène, de petites phrases éphémères, d’images en pagaille.

Pas même une panne de radar comme ceux qui ont fini par retrouver le vol MH 370 quelque part au fin fond de l’Océan Indien.

Juste une panne d’inspiration et un peu de paresse pour aller compter les bombes nucléaires dans le monde, les condamnés à mort en Égypte ou les manifestants en Turquie pour soutenir le Premier ministre Erdogan. Supporters qui n’ont pas dû être mobilisés par Twitter, comme quoi il y a une vie sociale possible en dehors des réseaux éponymes.

Une impression de déjà vu, de déjà dit, de ressassement, de routine d’un monde en accéléré de sa folie insensée.

Un effet de la vieillesse, du printemps, des élections dans mon pays peut être, des particules fines, du mal de dent, du manque de sommeil, de la désillusion et des illusions qui tardent à renaître, d’un impondérable qui passait par là et que je n’ai pas vu venir.

Un ange peut être, dont je n’ai pas su traduire le silence.

J’ai donc ouvert sur mon ordinateur le dossier aux photos accumulées, dont la plupart ont jauni en quelques jours, dépassées par l’actualité qu’elles illustraient. Et j’y ai trouvé une photo encore rouge. Non pas du sang qui coule encore tellement. Juste du rouge de fête d’une eau colorée pour la holī, où se baignait un jeune Indien, à Dauji, 200 kilomètres environ au sud de Delhi, il y a tout juste une semaine.

holi

J’y ai plongé mon regard et je vous propose d’y plonger le vôtre. En répétant comme un mantra l’une des devises de ce blougui :

Quand tu ne trouves pas l’inspiration, tourne-toi vers l’Inde.

Je souhaite aussi au monde d’aller mieux demain.

(photo : Rajesh Kumar Singh)

Ce qui change et ce qui reste. Des devises en mantra aux démentis de la vie.

En proposant, il y a un peu plus de trois ans, 9 version d’Avec le temps toutes reprises par le même Léo Ferré, je pensais qu’aucune autre interprétation parmi les 156 recensés alors ne pouvait rivaliser avec l’originale et ses déclinaisons par son auteur.

Et puis hier soir, après l’errance de la recherche photographique et en cherchant une reprise d’India Song pour garder la tonalité indienne de ce billet, je suis tombé sur cette épure par Youn Sun Nah. Une véritable réinterprétation qui témoigne qu’il arrive vraiment que parfois même l’impossible n’existe plus…

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Voter avec ses pieds

Comme le disait poétiquement Pierre Desproges : “Comme disait Himmler en quittant Auschwitz pour aller visiter la Hollande, on ne peut pas être à la fois au four et au moulin !” Un œil sur Internet, une oreille sur les débats convenus des chaînes de radios ou de télévision, j’ai failli ne pas trouver le temps, hier soir, de vous préparer ce billet.

Mais je me suis repris à temps, avec l’aide des Espagnols.

Ainsi donc, le week-end où la France battait un nouveau record d’abstention près de (38 %) lors du premier tour des élections municipales, donnant une sinistre illustration démocratique à l’expression “voter avec ses pieds”, les Espagnols se retrouvaient à plusieurs centaines de milliers voire plusieurs millions de manifestants dans la capitale, après avoir marché pendant plusieurs semaines “pour la dignité”.

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Ces marcheurs s’étaient mobilisés depuis près d’un mois, à l’appel de 300 organisations et associations. Venus de 8 régions du pays, les manifestants ont convergé samedi 22 mars 2014 sur Madrid, pour dénoncer la “situation d’urgence sociale” dans laquelle est plongé leur pays.

Leur programme est bien plus clair que la plupart des professions de foi reçues ces dernières semaines dans nos boîtes aux lettres ou que la “feuille de route” de notre prochain gouvernement d’après remaniement post-électoral. Il se résume en 4 points :

  1. Refus du paiement de la dette,
  2. Arrêt des coupes budgétaires,
  3. Rejet des gouvernements au service de la Troïka (CE, BCE et FMI),
  4. Un “travail et un toit pour tous” (le chômage atteint 26% et les expulsions se multiplient).

Si les médias espagnols (ou français) ont préféré minimiser le nombre de manifestants et zoomer sur les violences qui ont terni la manifestation, “encadrée” par 7 000 policiers, la réalité du nombre (comme du ras-le-bol…) n’en demeure pas moins et les responsables espagnols ne pourront pas toujours ignorer les voix de ces marcheurs.

Comme devraient cesser de le faire nos politiciens locaux…

Car à trop longtemps rester sourds aux voix de ceux qui réclament une alternative aux plans de rigueur (même rebaptisés pacte de confiance), ils risquent de subir un jour le vote des pieds… au cul !

(photos : Gérard Julien, Paul Hanna, Pedro Armestre, Andres Kudacki, DR)

Un peu de bonheur (feliz en espagnol), en direct de Montréal, avec une vidéo que m’a transmise la mère toute (et légitimement) fière d’un des saxophones de Les Guerres d’l’amour. Je suis donc heureux d’accueillir en avant-première sur abcdetc, un groupe prometteur dont le mot d’ordre est :

Au début fallait être fort et dominer, là il faut être intelligent pis futé, demain il faudra AIMER !!

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Big Bangs

Les deux informations sont arrivées cette semaine et je trouve qu’elles se complètent bien.

Je n’ai pas tout compris à la première. Il faut dire que mes compétences scientifiques sont plus que limitées. Mais j’ai quand même compris que ça y est : les premiers instants du Big Bang ont été captés aux confins de l’univers par une équipe de physiciens étasuniens. Même si ça m’étonne toujours qu’on puisse trouver un ou plusieurs confins à un univers infini et que le même univers infini ait une origine, je reste fasciné par une telle découverte qui donne à l’humanité dérisoire que nous sommes des nouvelles des toutes premières origines d’un monde dans lequel elle est si peu de choses…

Pour les béotiens de mon genre, la découverte du Big Bang est plutôt bien expliquée chez mes confrères de FranceTV.

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L’autre nouvelle nous vient de la NASA, par l’intermédiaire du Guardian relayé par Rue89. D’écho en écho, l’étude des chercheurs de l’Institute for Policy Research & Development nous révèle un autre Big Bang. Encore à venir. Celui qui attend notre civilisation si elle poursuit dans le scénario dans lequel elle s’est installé depuis quelques années et où elle se vautre, avec même une accélération comparable à celle de l’inflation cosmique, expansion exponentielle de cent millions de milliards multipliés par cent millions de milliards, soit cent suivi de 32 zéros.

Bon d’accord, ça c’est moi qui l’ajoute, fasciné (encore oui) par ce nombre étourdissant. N’empêche… Nous sommes assez mal barrés si nous ne changeons pas de trajectoire et ne bâtissons pas une civilisation plus stable, moins inégalitaire et dévoreuse des ressources de sa planète, nous préviennent les auteurs de l’étude menée sous la direction de Nafeez Ahmed.

Avoir la même semaine des nouvelles du tout début – probable – et de la toute fin – possible –, ça donne quand même un sacré vertige. Et à réfléchir. Enfin j’espère…

(photo DR – Philippine International Pyromusical Competition)

C’est une reprise de reprises que je vous propose aujourd’hui, puisque la chanson a déjà fait l’objet d’une mosaïque du samedi il y a un peu plus d’un an. Mais Bang Bang (My Baby Shot Me Down) collait bien avec ce qui précède. J’ai juste changé les vidéos qui ne marchaient déjà plus… Internet est instable et impermanent.

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Les interprètes du jour :

  1. Cher, qui en est l’interprète originale en 1966. Veuillez m’excuser pour le décalage entre le son et l’image, mais je n’ai pas trouvé mieux…
  2. Nancy Sinatra, qui l’a reprise tout de suite après
  3. Raquel Welch et toute la nostalgie qui l’accompagne
  4. Dalida, une fidèle de cette rubrique
  5. Mina, avec la plus jolie robe de cette mosaïque
  6. Sheila (que j’ai donc retrouvée)
  7. Ania Dąbrowska
  8. Emily Peal
  9. et… Cher, quelques années plus tard. Le changement c’est tout le temps !


Mal-traitance

Nous ne sommes pas tous traités de la même manière.

Pour empêcher le passage en force du volet “services” du traité de libre échange avec la Chine (l’ECFA, signé en 2010), plusieurs centaines d’étudiants ont envahi mardi soir le parlement taïwanais. Soutenus par plusieurs centaines d’autres de leurs camarades à l’extérieur du bâtiment, ils en ont bloqués les issues et se sont installés, encerclés par les forces de l’ordre, mais munis de provisions – et même de quelques tournesols – pour tenir un siège de plusieurs jours. Hier soir, au moment où j’écrivais ce billet, ils n’avaient toujours pas été délogés et réitéraient leur ultimatum au Président Ma Ying-jeou pour qu’il “renvoie” à la Chine un pacte qui “ne doit pas être approuvé sans un débat et un examen minutieux du Parlement”.

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Ce texte, qui ouvre davantage Taïwan à la Chine, a été signé en juin 2013 par Pékin, mais se heurte depuis à une opposition qui craint que “Taïwan soit vendu à la Chine”. Le président taïwanais a vu dans cette malheureuse aventure commerciale chuter sa cote de popularité à moins de 10 %.

Ce n’est pas chez nous que cela arriverait.

François Hollande, qui doit être ravi d’apprendre qu’il y a président plus impopulaire que lui, ne semble pas craindre grand chose de l’opposition au Transatlantic Free Trade Area (TAFTA) dont si peu de personnes ont entendu parler. De l’opposition comme du traité. Il a d’ailleurs rappelé lors de sa visite à Barack Obama en février dernier qu’il souhaitait que cet accord soit signé au plus vite sans que cela ne provoque trop de remous dans l’opinion.

Il faut dire que les négociations sont menées directement par la Commission européenne , sans que les Parlements nationaux ne soient même informés du contenu de l’accord destiné à lever les “obstacles réglementaires inutiles au commerce”.

Une nouvelle brillante illustration de la démocratie européenne en marche…

Étudiants d’Europe, réveillez-vous !

(photos : Sam Yeh, Ashley Pon, Wally Santana, DR)

Pas facile d’être Citoyen du Monde dans sa version libérale. Pas évident non plus d’être citoyen européen. Et Français ? Pas plus, selon Disiz (dont je me souviens quand il était … La Peste) et qui rappe la Complexité française dans son tout dernier album Transe-Lucide.

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Succès démocratique ?

Alors qu’en France les prochaines élections promettent de voir encore la progression de l’abstention et du vote blanc (toujours pas considéré…), il reste des pays où la démocratie a du succès…

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En Afghanistan par exemple où, malgré les talibans qui menacent de perturber “de toutes leurs forces” le scrutin, il y a foule ces derniers jours pour s’incrire sur les listes électorales en prévision des élections du 5 avril, qui doivent désigner le successeur du fort peu recommandable, moyennement fiable et fort corrompu, Hamid Karzaï, auquel la Constitution interdit de briguer un 3e mandat. Neuf candidats sont encore en lice pour lui succéder, tous des hommes. Parmi eux, seul Zalmai Rassoul a choisi une femme comme colistière : après avoir été la première femme à gouverner une province, Habiba Sarabi pourrait ainsi devenir la première vice-présidente dans un pays où les femmes n’ont retrouvé le droit de vote que depuis 2001, et s’en sont régulièrement trouvées dépossédées depuis par des hommes qui utilisaient leurs cartes d’électrices à leur place, où les réunions électorales séparent les femmes des hommes, où la burqa n’a pas toujours cédé sa place au voile, où les mentalités évoluent aussi lentement que le retrait des troupes étrangères…

Mais la candidature d’Habiba Sarabi et l’espoir qu’elle représente a incité les femmes à s’inscrire en masse sur les listes électorales. Qui débordent. On compte 21 millions d’inscrits dans un pays qui compte 12 millions d’électeurs potentiels.

On ignore si la démocratie et Habiba Sarabi sortiront victorieuses du scrutin du 5 avril. La fraude électorale promet de se maintenir à un bon niveau…

(photos : Anja Niedringhaus, Rahmat Gul, Massoud Hossaini, S. Sabawoon, Omar Sobhani)

Le programme des festivals d’été commence à nous parvenir.

Je crois que je m’éloignerai encore cette année de la colline qui prie dans la ville voisine de la mienne, pour aller en bord de mer à Saint-Nazaire, où les 22e Escales proposent encore une affiche alléchante pour un prix plus raisonnable (34€ les deux jours !)

Parmi la riche programmation, une place spéciale est réservée cette année à la Turquie, avec notamment Ilhan Ersahin.

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Le côté rassurant de la “catastrophe”

Ainsi donc, dix jours après la disparition du vol MH370 entre Kuala Lumpur et Pékin, le monde est toujours sans nouvelle du Boeing 777 et des 239 personnes qui se trouvaient à son bord quand il s’est littéralement … volatilisé, moins d’une heure après son décollage.

Une fois encore, les médias nous ont relayé, relaté et délayé la douleur, l’inquiétude et la colère des familles des victimes, comme si c’était la nôtre et que, dans un monde traversé d’indifférence, nous soyons tout à coup devenus tous frère, mère, tante ou cousin de ces disparus inconnus et anonymes pour 99,9 % des Terriens.

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Mais cette manière de nous “impliquer” dans l’actualité est somme toute banale.

C’est autre chose qui m’a frappé.

A une époque où chaque téléphone portable est localisable à quelques centaines de mètres près, où nos GPS nous localisent dans chaque recoin du monde, où des milliers d’informations sur chaque individu se baladent dans des milliers de fichiers, où chacun de nos clics sur Internet est enregistré, comme nos conversations ou celles d’un ancien président de la République ou d’une actuelle chancelière allemande ou d’autres “grands” de ce monde… Je trouve plutôt rassurant de savoir qu’il est encore possible de faire disparaître un avion de plusieurs tonnes et ses 239 occupants, sans parvenir à localiser sur quelle piste parmi les 634 possibles il a bien pu atterrir.

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C’est mon côté optimiste, teinté d’un peu de cynisme, je vous l’accorde.

(photos : Manan Vatsyayana, Lai Seng Sina, Damir Sagolj, Sutanta Aditya, Ted Aljibe, Rahman Roslan, Edgar Su, Wong Maye-E, Halim Berbar, DR)

Les homonymes sont parfois espiègles. Ainsi, Zachary Richard ne parlait pas d’avion quand il disait que “Voler c’est pas beau” dans son tube planétaire Travailler c’est trop dur que trop de personnes attribuent encore à Julien Clerc.

Bref.

Plus de 35 ans après, le plus francophone des chanteurs américains nous revient de Louisiane avec son 20e disque, Le Fou. Et s’il laisse toujours “le bon temps rouler” aujourd’hui il nous invite en plus à Laisse[z] le vent souffler.

[vimeo 54047868 600 338]


Réciproque

Si vous suivez l’actualité, en plus de ce blougui, vous savez sûrement ce qu’est un selfie.

Cette forme moderne de l’autoportrait qui signe et souligne le narcissisme d’une époque, jusqu’à une indifférence à l’autre qui confine à l’horreur, n’a pas encore touché l’équipe d’abcdetc. Et pas seulement pour des raisons de faiblesse de l’appareil photo de mon smartphone. Je peux donc vous promettre, en plus de la gratuité sans publicité de cet espace, que vous n’y verrez jamais mon selfie.

Gardons l’œil disponible pour regarder le monde.

Après cette longue introduction digressive, je dois avouer que je n’ai pas trouvé le terme qui désigne la photographie réciproque représentée sur la photo du jour. Elle a été prise le 14 mars dernier à Nabi Saleh, près de Ramallah, en Cisjordanie, après une manifestation des habitants du village contre la colonie voisine de Hallamish.

reciproque

Est-ce par défiance, pour le souvenir, pour échanger autre chose que des coups ou de balles en caoutchouc, pour se voir comme semblables plus que différents, je ne sais… que ce manifestant palestinien et ce soldat israélien se sont photographiés mutuellement ? On ne distingue pas le visage du palestinien, mais l’Israélien ne sourit guère, ce qui contredit un peu mon hypothèse d’un geste de sympathisation.

J’avais quand même envie de croire, de manière un peu plus optimiste que ce à quoi je vous habitue souvent, qu’il était possible qu’un jour l’Israélien et le Palestinien se sourient, dans une terre partagée autrement que par un mur et le morcellement d’un territoire. Se parlent autrement que par des roquettes ou des bombes interposées, comme ils s’en tiraient et en tombaient sur Gaza au moment où a été prise cette photo à quelques kilomètres.

Mais qui se soucie de la paix en Palestine quand nous sommes tellement occupés à nous faire peur avec la Crimée ?

(photo Abbas Momani)

Je trouvais que l’exergue de sa biographie allait bien avec l’image du jour. Aussi, je vous ai fait un copier-coller avec un peu de traduction au passage.

“L’art naît de la tension. Et cette tension, Naomi Wachira la sent chaque jour en tant qu’Africiane vivant aux Etats-Unis. C’est la tension de tout artiste déchiré entre deux mondes, et la seule façon de la surmonter est de créer quelque chose qui comble le fossé. C’est pourquoi les chansons de Naomi sont si pleines d’espoir ; elles visent un avenir meilleur pour nous tous.”

Et comme je ne parvenais par à choisir, j’ai décidé de vous offrir 4 chansons. Ça plaira aux lecteurs(trices) qui aime les mosaïques.

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Circulation alternée : alternative

Chez abcdetc, on ne voyage pas que par l’intermédiaire des images du monde.

Ainsi, ce week-end, j’ai voyagé jusqu’à Paris où, grâce au pic de pollution, j’ai pu encore voyager dans le métro, gratuitement pour m’inciter à ne pas utiliser la voiture que je n’ai pas. D’après les nouvelles que j’ai eues de la région lyonnaise où je réside habituellement, les transports y sont restés payants. Mais ça n’aurait rien changé : j’ai une carte d’abonnement.

Bref.

Ce matin, les portillons parisiens vont se remettre en action, même si la pollution règne encore, mais pour continuer le combat, la circulation alternée sera mise en place. Ce qui va être pratique pour certains banlieusards avec les mauvaises plaques, obligés de laisser la voiture au garage et de payer leur ticket de RER.

C’est en cherchant le sujet du jour que j’ai trouvé ces photos qui tombent à pic (de pollution). Elles nous viennent de Chine, où la pollution ne cesse de culminer et où le seuil d’alerte est régulièrement dépassé. Et pour des années, si la croissance chinoise se poursuit à ce rythme.

cochon-00

C’est pour raisons de santé que cet éleveur de Chongqing a eu l’idée d’emprunter le dos d’un de ses porcs en guise de moyen de locomotion. Pratique, tout terrain, pas beaucoup plus lent qu’un 4×4 coincé dans les embouteillages, maniable, adapté à tous les temps à condition d’avoir un parapluie et plus digeste qu’une voiture, le cochon pourrait cependant être généralisé comme moyen de transport.

Si la Chine en est le premier pays consommateur et abrite la moitié du cheptel porcin de la planète, avec près de 500 millions de bêtes, on sait nous aussi fabriquer du porc, ce qui résoudrait en plus nos problèmes de déficit commercial. Surtout au moment où Peugeot devient chinois.

Quant à ceux qui ne mangent pas de porc et répugnent à son contact, je suis sûr que ça marche aussi bien avec une vache, une chèvre ou un chameau. Ou un cheval… Tiens, voilà une idée d’avenir.

(photos : DR)

J’ai profité de mon voyage à Paris pour aller assister au concert d’anniversaire d’Elliott Murphy. Lequel vient de sortir un nouveau disque, Intime. Ça tombe bien : ce blougui l’est aussi un peu.

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Pole position

J’ai eu un instant de doute et de vertige, comme si le temps s’écoulait plus vite et que j’avais pris 5 ans en une année.

C’est à cause du Figaro (et des autres) qui m’a annoncé cette semaine les 25 ans du web moins d’un an après m’avoir invité à en célébrer … les 20 ans ! J’ai cru un instant que les prophéties d’un monde en constante accélération s’étaient réalisées et je suis allé me regarder dans la glace pour voir si j’avais vraiment vieilli autant en si peu de temps.

Une fois rassuré je me suis rassis (de rasseoir pas de rassir) devant cet écran pour finir ce billet, en me demandant ce que j’allais pouvoir dire de nouveau sur ce nouvel anniversaire qui arrivait si vite.

Je vous épargne les détails de l’historique de l’Internet, du World Wide Web (le fameux www) et des batailles de navigateurs que vous trouverez résumés sur la page wikipedia ad hoc qui vous permettra de noter également les prochains anniversaires sur votre agenda. Comme je vous épargne mes commentaires sur la croisade pour les libertés sur Internet menée par … Marc Zuckerberg, qui ne p’apparaît pas comme le mieux placé pour parler de respect de la vie privée.

Que dire alors ? De quoi parler pour marquer cet anniversaire ?

Cette interrogation n’est que stylistique car, le jour même où Le Figaro (et d’autres) m’invitait à célébrer l’anniversaire du web, j’ai trouvé (sur le web) les étranges images qui illustrent cet article. Elles nous viennent de Hanovre, en Allemagne, où se déroulait jusqu’à hier le CeBit, salon des nouvelles technologies, de leur avenir. Et un peu du nôtre aussi.

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Un peu… Car si le salon avait pour thème cette année la sécurité informatique, les visiteurs y étaient accueillis par de mignon(ne)s robot(e)s (Tessy et Tess) faisant une démonstration de … pole dance !

Et voilà comment d’anniversaire en anniversaire, on en revient toujours plus ou moins au sexe, compagnon d’Internet depuis les premiers jours. Plutôt moins que plus en l’occurence. Car même si la société Tobit Software affuble ces robots d’escarpins et de prothèse mammaires aussi crédibles que celles des stars hollywoodiennes ou d’ailleurs, elle ne parvient pas à rendre cette danse moins ridicule et moins éloignée de tout érotisme qu’elle ne l’est dans la réalité.

Peut être que la prochaine étape dans 20 ou 25 ans, qui verra le remplacement par des robots de l’internaute lui même (c’est à dire de nous…), parviendra à idéaliser l’avenir des nouvelles technologies, quand des robots s’exciteront devant leur écran ou s’exhiberont d’autres robots. A la vitesse où va le monde, je ne serai pas là pour assister à ce sinistre spectacle !

REUTERS PICTURE HIGHLIGHT

Sean Gallup, John MacDougall

Après Águas de Março de la semaine dernière, une autre chanson qui parle de Mars, mais pas forcément de saison.

C’est en pensant à cette chanson de David Bowie et en cherchant les reprises qui en avaient été faites, que j’ai appris l’étrange histoire de Life on Mars ? et de sa “filiation” avec Comme d’habitude…

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Bref. Les neuf versions d’aujourd’hui sont interprétées par :

  1. David Bowie, bien sûr
  2. Barbra Streisand
  3. Anggun
  4. Cæcilie Norby
  5. The Ukulele Orchestra of Great-Britain
  6. Yann Tiersen et Neil Hannon
  7. Arcana Has Soul
  8. Joe Jackson, qui avouait qu’il aurait aimé l’écrire…
  9. Seu Jorge, dans une adaptation en portugais


En couleurs…

Parmi les marronniers d’abcdetc, figure en bonne place la Holî (होली) indienne. Voir ici les versions 2013, 2012 ou 2011 pour les nouveaux lecteurs ou ceux qui ne s’en lassent pas.

Cette semaine, parmi les centaines de photographies du monde que je parcours chaque jour pour vous tirer la substantifique moelle de ce billet quotidien, j’ai trouvé la première image du jour qui montrait un fabricant de couleur pour la Holî en pleine action.

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C’est beau comme métier que de fabriquer des couleurs me suis-je dit, avec cette pointe d’optimisme qui ne ma caractérise pas toujours. Juste avant de tomber sur la deuxième photo du jour, d’autres couleurs dans un autre pays.

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Los Pintados (Ceux qui sont peints) envahissent les rues de San Mateo Ozolco, dans l’état de Puebla, au Mexique. Pendant cette forme de carnaval local, ils se peignent le corps et menacent d’en faire de même avec les habitants ou les touristes qui refuseraient de leur donner une pièce de monnaie. La légende accompagnant l’image me disait qu’il y a 62 ans que dure cette coutume. Internet m’apprenait par ailleurs que Los Pintados existent depuis plus de 500 ans et que c’est ainsi que furent désignés par les conquistadors les indigènes des terres où ils débarquaient. Aux Philippines.

Mais à cette époque, je doute que Los Pintados aient pu obtenir une seule pièce de leurs envahisseurs. Pas plus aux Philippines qu’en Amérique centrale.

Et puis, en cherchant d’autres images des Los Pintados du Mexique, je suis revenu en Espagne où j’ai croisé Los Pintadas. Un groupe de mères de Montserrat dans la région de Valence, qui ont défilé nues et peintes puis posé pour un calendrier érotique afin de financer un bus pour le ramassage scolaire de leurs enfants.

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Que 500 ans après, les descendantes des conquistadors reprennent un nom donné par leurs ancêtres à des indigènes un peu méprisés pour chercher, chez elle, un peu de cette richesse confisquée par certains… Comme dans un rêve en accéléré, les couleurs du monde se sont mélangées dans ma tête et je n’ai pas su que dire en conclusion.

Vivement le printemps. Et le retour de la Holî en couleurs…

(photos : Diptendu Dutta, Alfredo Estrella, Fernando Bustamante)

Avec déjà deux passages (ici et ) sur abcdetc, la Chiva Gantiva participe aussi d’une certaine tradition de ce blougui. Mais c’est toujours un plaisir de retrouver ces Colombiens de Bruxelles. Leur dernier disque, Vivo, est paru le jour de mon anniversaire. mais c’est de leur précédent qu’est extrait ce morceau qui colle bien avec l’ambiance carnavalesque et colorée du jour.

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Mort naturelle

C’est en trouvant la photo que j’ai appris l’existence du bonhomme et sa mort.

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La légende qui l’accompagnait expliquait : “Un cortège funèbre pour l’influent vice-président d’Afghanistan, Mohammad Qasim Fahim, a eu lieu à Kaboul mardi. Fahim, commandant de premier plan dans l’alliance qui a combattu les talibans, a été plus tard accusé avec d’autres chefs de guerre de ciblage des zones civiles pendant la guerre civile du pays. Il est décédé dimanche à 57 ans.”

L’homme était toujours “influent” selon La Croix, “influent et controversé” pour Libération, “puissant et redouté” dans les pages du Monde, qui tous trois utilisent le même portrait pour illustrer leur article. Je vous laisse le choix du titre où vous irez découvrir la photographie du sympathique bonhomme décédé de “mort naturelle”.

Ce qui est plutôt méritoire pour un homme qui a combattu pendant la guerre contre les Soviétiques (1979-1989), la guerre civile (1992-1996) puis la lutte contre le régime des talibans (1996-2001). Et qui a été, comme le soulignent aussi mes confrères, le bras droit du commandant Ahmed Shah Massoud. Qui n’a pas eu la chance de mourir de mort naturelle le 9 septembre 2001. Assassinat auquel Mohammed Qasim Fahim en serait pas complètement étranger. Mais rien n’est prouvé. Et les Afghans ont eu droit à trois jours de deuil national pour pleurer la mort de leur vice-président.

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Pendant ce temps, le pays se répare tout doucement et les armées étrangères s’apprêtent à l’abandonner à son sort. Et les derniers soldats qui patrouillent ne sont plus vraiment redoutés ni influents ni puissants. Ils font juste sourire les enfants pendant que leurs parents processionnent.

(photos : Massoud Hossaini, Scott Olson)

Une musique pas si funéraire et pas vraiment de circonstances, en provenance de Namibie, avec Jackson Wahengo, le plus célèbre guitariste du pays.

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Tour du monde électoral

Les élections se suivent mais ne se ressemblent pas…

Les électeurs salvadoriens étaient appelés au urnes dimanche pour départager les candidats au second tour de l’élection présidentielle. Et question départage, ils ont été plutôt limités, puisque les résultats (encore provisoires) donnent 50,11% des voix à Salvador Sanchez Ceren, vice-président sortant et ancien commandant de la guérilla marxiste du Front Farabundo Marti de libération nationale (FMLN), et 49,89% à son adversaire, Norman Quijano, candidat de l’Alliance républicaine nationaliste (Arena, droite) et ancien maire de San Salvador. Soit 6.634 d’écart. Moins que les bulletins blancs et nuls !

Devant ce score serré, le président du Tribunal suprême électoral (TSE), Eugenio Chicas, a demandé aux deux candidats d’attendre les résultats définitifs et un nouveau décompte avant de se proclamer vainqueurs.

En vain.

“Nous n’allons pas permettre que le tribunal électoral nous vole notre victoire”, s’est enflammé Norman Quijano, avant de mettre en cause l’impartialité du tribunal “acheté et corrompu”. “Nous n’allons pas permettre des fraudes style Chavez ou Maduro”, a-t-il ajouté en référence au Venezuela dont il accuse son adversaire de s’inspirer. Notre décompte établit clairement que nous avons gagné”, a-t-il prévenu, avant de menacer : “Nos forces armées sont attentives face à cette fraude.”


Salvador Sanchez Ceren lui a demandé, ainsi qu’à ses partisans, de “rester tranquille et de respecter la volonté du peuple salvadorien”, annonçant pour sa part que le président Mauricio Funes avait pris des mesures “avec la police nationale civile pour garantir la tranquillité du peuple salvadorien”.

Forces armées contre police nationale civile, l’issue du scrutin s’annonce encore incertaine.

Les résultats devraient être moins contestés le 6 avril prochain au Costa-Rica voisin, puisque Johnny Araya, le candidat de la droite au pouvoir, a annoncé mercredi dernier qu’il renonçait à disputer un second tour où les derniers sondages ne le créditaient que de 20,9 % des intentions de votes. “La campagne pour le second tour se présente comme très difficile et semée d’obstacles. La prudence recommande de ne pas dépenser des millions en propagande, réunions et meetings. Nous respecterons les dispositions constitutionnelles, mais je m’abstiendrai de toute activité électorale”, a-t-il expliqué.

Son adversaire Luis Guillermo Solis est donc assuré d’être le prochain président mais il a refusé de se déclarer vainqueur avant le scrutin. “Je me sens fort honoré que certaines personnes pensent que je suis président du Costa Rica. Je ne le suis pas. Pour le devenir il faut un vote”, a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse où il a averti que “le pire ennemi” de la démocratie est l’abstention électorale.

Toutes ces mésaventures électorales ne menacent pas Kim Jong-un. Pendant que l’Amérique centrale se débattait dans des péripéties électorales, le leader nord-coréen a en effet obtenu 100% des suffrages lors des législatives de dimanche. Sans abstentions…

De quoi garantir encore la tranquillité de son peuple guère menacé … par la démocratie.

(photos : Juan José Lopez, Henry Romero, Juan Carlos Ulate, Alberto Font,
KCNA, Korean Central News Agency, 조선중앙통신, Agence centrale de presse nord-coréenne)

Sans rapport avec ce qui précède mais un peu avec abcdetc…

Le regard sur le monde des Têtes Raides, titrent mes confrères de RFI-musique en ouverture de l’interview de Christian Olivier, auteur-compositeur-chanteur et “écriveur” du groupe qui fête ses 30 ans d’activités avec un nouveau disque, Les Terriens.

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Monacal

Dans mes moments de doute ou de détresse, lorsque je me demande encore ce que je ferai quand je serai grand (et si je le serai un jour), il m’arrive d’envisager de me tourner vers la vie monacale pour y trouver un certain apaisement ainsi qu’un espace méditatif et productif de fromage, de liqueur ou de bière. Avec peut-être quand même une connexion à Internet pour poursuivre ce blog.

Bref.

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Pendant que des milliers de Japonais manifestaient encore ce dimanche à la veille du troisième anniversaire du tsunami et de la catastrophe nucléaire de Fukushima qui lui succéda, Yasuhiro Koike était encore à la tâche.

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Depuis la catastrophe, ce moine bouddhiste du temple Seitaiji d’Higashimatsuyama a entrepris de sculpter des statues de la divinité Kannon, déesse de la miséricorde, qu’il donne aux familles des personnes mortes ou disparues en souvenir des êtres chers. En trois ans, il a créé environ 250 statues. C’est dire s’il lui reste du travail : le bilan du séisme est de près de 19 000 victimes et il ne cesse de s’alourdir !

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Mais Yasuhiro Koike n’a que 72 ans et encore toute la vie devant lui. Et sans doute une foi aussi solide que le bois dans lequel il taille ses statues.

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Finalement, je ne sais pas si je pourrais être moine avec mes maigres talents de sculpteur (comme de fromager ou de brasseur) et mes convictions aussi approximatives que mes croyances sont vacillantes*.

(Photos : Junji Kurokawa, Koji Ueda)

* Entre le début de ce billet et sa conclusion, je suis allé voir Ida, que je vous recommande si vous ne l’avez pas encore vue. Au-delà d’une pureté cinématographique qui touche à l’absolu, ce film parvient à montrer l’indescriptible de cette croyance convaincue que je ne possède pas…

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Pas facile d’enchaîner après Jean-Sébastien Bach et son Ich ruf zu dir, Herr Jesu Christ (Je t’appelle, seigneur Jésus-Christ) qui est à la fois la bande son de la bande annonce et le générique de fin d’Ida.

Sans transition et tout en contraste, je vous invite donc à danser au son de la kora de Sekou Kouyate accompagnée du chant de Joe Driscoll. Les deux bonhommes avaient été invités sur abcdtec il y a un peu moins d’un an pour la sortie de leur nouvel album, Faya. Mais je ne vous avais alors pas offert le morceau titre de l’album. Voilà qui est fait.

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Douze fois par an

Encore une histoire de femmes. Au pluriel…

Quelques jours avant le 8 mars, je suis tombé sur les images du reportage de Navesh Chitrakar sur la pratique du Chaupadi, une coutume ancestrale selon laquelle les femmes doivent se tenir à l’écart du reste de la société pendant leurs règles. Bannies une fois par mois, comme l’écrit le photographe, ces femmes ne sont pas autorisées à entrer dans les maisons ou les temples, à utiliser les sources d’eau publiques, à participer à la vie de leur village, à simplement toucher les autres. Elles s’éloignent alors de leur village (Legudsen dans l’ouest du Népal), dormant dans des abris de fortune, à la merci des maladies, des attaques d’animaux ou des incendies qui parfois se déclenchent dans ces hangars souvent insalubres.

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Certaines sont mortes à cause de cette tradition, interdite par la Cour suprême du Népal en 2005, mais pourtant encore transmise et imposée de femme en femme.

Certaines se révoltent, comme Rupa Chand Shah, qui donne des cours de sensibilisation et de désobéissance dans les écoles.

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Deux jours après avoir trouvé ce reportage, j’en ai reçu un autre par l’intermédiaire de la lettre d’info de Vidéo Volunteers. Dans un village de l’état de Chhattisgarh, dans le centre de l’Inde, Janadai Nag est la première femme à avoir refusé une tradition d’éloignement similaire. “Je n’ai pas honte de mes règles…. Si une tradition a des effets néfastes, nous devrions avoir le le droit de la refuser”, revendique la jeune femme.

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Combien de femmes en révolte et désobéissance faudra-t-il encore pour que disparaissent les traditions néfastes remplacés par de nouvelles coutumes de respect commun ?

Et combien d’hommes pour les accompagner dans la voie du respect ?

(Question subsidiaire du jour : combien d’hommes, en occident comme ailleurs, ne touchent pas leur femme pendant ses règles et combien de femmes ne se laissent pas toucher ?)

(photos : Navesh Chitrakar – Vidéo : Sarwat Naqvi, Video Volunteers)

Puisque je lui ai emprunté le titre du billet, il était courtois de l’inviter dans cette rubrique. Surtout que c’est aujourd’hui que paraît le nouvel album de Jeanne Cherhal, Histoire de J. (comme JR ?) dont est extrait L’Échappé

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Carte de vœux pour aujourd’hui (et demain)

Journée de la femme ou Journée des Femmes. Avec ou sans majuscule ? Au singulier ou ou plurielle ? Et pourquoi pas au pluriel à journées ?

Je doute parfois de pouvoir changer le monde ou les choses, comme me le propose aujourd’hui le site de l’ONU HeForShe qui entend mettre en lumière “Des hommes qui veulent changer les choses” mais qui ne relaie que les tweets ou les vidéos. Je laisserai donc ce billet flotter dans son espace.

Comme les mots flottent un peu sans que je sache vraiment les saisir aujourd’hui.

Je laisse donc tomber tout le folklore mélangé aux bonnes intentions, dont j’espère qu’elles auront autant de durée que d’impact. Et je me contenterai d’une carte de vœux. Au singulier à peine plurielle.

Pour cette enfant croisée naguère dans le pays de mon enfant fille.

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En leur souhaitant, à l’une comme à l’autre, de grandir dans un monde où elles puissent exister pacifiquement. Qu’elles trouvent la place qu’elles désirent. Que leur travail soit reconnu au même titre que celui des hommes. Que leur soit épargné la violence des gestes, des mots, des regards, des situations d’inégalité. Qu’elles puissent aimer et être aimées librement, en réciproque encore plus qu’en égalité. Qu’elles aient des enfants si elles le désirent et qu’elles puissent les mettre au monde et les élever dans la douceur, la sécurité affective et matérielle. Qu’elles ne deviennent jamais les esclaves de leur vie quotidienne, des tâches répétitives que leurs compagnons oublieraient de partager, sans rendre une autre femme esclave pour les accomplir à leur place. Qu’elles aient le choix de leurs émotions, de leurs déplacements, de leur liberté d’être. Qu’elles changent le monde en compagnie de ceux qui voudront bien le changer avec elles. Qu’elles continuent de croire, envers et contre tout, puis à l’endroit et avec tous. Qu’elles vivent, vivent, vivent…

Avec ma tendresse renouvelée pour l’une et mes remerciements pour ce sourire infini donné par l’autre, il y a trois ans – déjà ! – devant le Taj Mahal…

(photo : JR – abcdetc)

Une chanson de saison, même si le soleil du jour est radieux : Águas de Março d’Antônio “Tom” Carlos Jobim, fut élue meilleure chanson brésilienne de tous les temps en 2001 et reprise des centaines de fois…

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Je vous en ai âprement sélectionné neuf versions, interpétées par :

  1. Elis Regina
  2. La même Elis Regina accompagnée de … Antônio Carlos Jobim
  3. Le même Antônio Carlos Jobim, en compagnie cette fois de Miúcha
  4. Mina, pour une reprise en italien
  5. Sole Gimenez, en espagnol
  6. Georges Moustaki, en français
  7. David Byrne et Marisa Monte, en anglais
  8. Rozina Pátkai, en VO depuis la Hongrie
  9. Mônica Passos, dans l’une des dernières reprises… et le clip le plus (d)étonnant


Jet d’encre

Les lecteurs les plus fidèles (et possédant la meilleure mémoire) se souviennent peut-être qu’abcdetc évoqua naguère de Subrata Roy.

S’il ne figure pas dans le classement des milliardaires Forbes (où Bill Gates a retrouvé la première place), Subrata Roy règne pourtant sur le plus important conglomérat indien, deuxième employeur du pays derrière les chemins de fer nationaux avec 1,1 million de salariés. Le Groupe Sahara se compose de plus d’une centaine de sociétés dans des secteurs aussi divers que l’immobilier, la production cinématographique, la presse, la télévision, l’hôtellerie (il possède entre autres l’Hôtel Plaza de New York et le Grosvenor House de Londres), la finance, l’aviation, le commerce de détail, avec plus de  1 000 Q Shops – ou Quality Shops – dont 315 ont été inaugurés le même jour, le 1er avril 2013, faisant entrer le groupe une nouvelle fois dans le livre des records… Sahara India Pariwar (qui se présente comme “la plus grande famille du monde” sur son site Internet) possède également 42 % de l’écurie de Formule 1 indienne Force India, quelques équipes de badminton, de cricket, de hockey et de polo et, après avoir été le sponsor officiel de l’équipe indienne de cricket championne du monde en 2011, est devenu celui de l’équipe du Bangladesh depuis 2012.

J’en oublie peut-être…

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Cette belle aventure a commencé en 1978, quand, selon la légende, Subrata Roy aurait littéralement fait du porte-à-porte pour trouver des investisseurs, acceptant les dépôts des plus modestes de ses compatriotes, chauffeurs de taxi ou réparateurs de chaussures, qui lui versaient parfois quelques roupies…

C’est pour avoir poursuivi sa collecte auprès des plus pauvres que Subrata Roy est aujourd’hui poursuivi par la justice, laquelle lui reproche d’avoir collecté illégalement des fonds auprès de 22 millions de petits investisseurs du monde rural. En 2012 le groupe a été condamné à rembourser les “investissements”, plus 15 % d’intérêts, soit 240 milliards de roupies (2,8 milliards d’euros).

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Pour avoir tergiversé à honorer cette dette, puis refusé de comparaître le 26 février dernier pour “raisons familiales” à honorer cette dette, Subrata Roy a été arrêté puis incarcéré, ainsi que deux autres dirigeants du groupe Ashok Roy Choudhary et Ravishankar Dubey, jusqu’à ce qu’ils proposent une “solution concrète” de remboursement.

Les dernières nouvelles en provenance de la prison de Tihar m’apprenaient que ce prisonnier un peu particulier avait eu droit au menu habituel des détenus (chapati, 250 g de légumes et 90 g de dal) mais qu’en raison de son âge avancé il bénéficiait d’un lit qui lui évitait de dormir à même le sol.

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Quant à Manoj Sharma, l’avocat qui a jeté de l’encre au visage de Subrata Roy en le traitant de voleur à son arrivé à la Cour suprême mardi, je n’ai pas réussi à savoir s’il avait obtenu un lit dans cette même prison de Tihar où il a été incarcéré après cette agression. C’est d’ailleurs un récidiviste. En avril 2010, il s’était attaqué au leader du Congrès, Suresh Kalmadi, impliqué dans une affaire de corruption autour des Jeux du Commonwealth. Avec une autre arme : une pantoufle.

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A propos de pantoufles et d’encre, j’ignore si c’est le confort des unes ou le manque de l’autre, mais je n’ai trouvé aucun article dans les journaux français sur l’arrestation de Subrata Roy. Juste la reproduction de la photographie de son encrage ici ou .

Quant au record battu en mai dernier, il tient toujours. Avec 121 653 personnes chantant leur hymne national, l’Inde devance toujours le Pakistan qui n’a réuni “que” 56 263 participants samedi 1er mars à Lahore pour battre le record des agitateurs de drapeaux… Et sans chanter !

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(photos : page facebook de Subrata Roy, Prakash Singh, Ravi Kanojia, Arun Sharma, Altaf Qadri, Anindito Mukherje, Rana Sajid Hussain)

La plus indienne des chanteuses anglaises, Susheela Raman, sort lundi prochain son nouvel album, Queen Between. Prometteur. Assez frustré de trouver que des ébauches de vidéos officielles, je vous ai finalement déniché cette session d’enregistrement de Corn Maiden.

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Tout me manque

“J’aimerais rentrer à la maison…”

Lorsque je me rêvais écrivain, jadis, j’avais écrit une nouvelle qui se terminait par ces mots : “J’aimerais rentrer à la maison…” Je ne crois pas depuis être vraiment retourné chez moi, mais j’ai un toit, un lieu pour me retrouver avec moi même ou avec les autres, une chambre, une cuisine, un espace… Et les clefs dans ma poche qui me permettent d’y revenir et d’en empêcher l’accès à d’autres.

Je n’avais jamais pensé depuis ces mots de jadis à l’importance de ces clefs. Même lorsque j’étais arrivé en Palestine un jour de Nakba, où les Palestiniens défilent en brandissant les clefs de leurs maisons perdues, qu’ils ont été forcés d’abandonner quand ils ont été contraints à l’exil. Et si les migrants me touchent toujours, me renvoyant à la rudesse de la vie qui les a obligés au départ vers l’inconnu, vers le rêve d’une vie “meilleure”, je n’avais jamais rapproché ce long voyage de cette phrase : “J’aimerais rentrer à la maison…”

Jusqu’à croiser les images de Bradley Secker.

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Ce jeune citoyen européen, qui réside à Istanbul et arpente le monde pour le photographier, a entrepris une série d’images sur la Nakba syrienne après avoir croisé, à l’été 2013, un Syrien qui lui montrait les clefs de sa maison qu’il avait dû fuir à cause de la guerre. Depuis, il en a photographié plusieurs dizaines. Ou plutôt, juste leurs mains et les clefs qu’elles tiennent. Accompagnant chaque image de clef du nom et de l’âge de son propriétaire, de son lieu de résidence, du temps écoulé depuis qu’il a dû s’enfuir. Chacun a également défini sa maison d’un mot.

Dans leur simplicité, leur esthétique, leur sobriété, ces photos m’ont touché. Semblant soudain décrire mieux – ou tellement différemment – que les images de destruction, de blessés, de mort et de désolation, la souffrance, la tristesse, l’insupportable violence de l’impuissance face à l’horreur.

Cela aurait pu être une série du dimanche. Mais je ne voulais pas tarder à partager ces images avec vous. Pour partager l’émotion et vous appeler à participer au projet participatif de Bradley Secker qui cherche 1 400 € pour financer un livre à partir de la centaine de photographies qu’il a réalisées. Il a pour le moment atteint 70% de son objectif…

Je vous remets le lien si vous souhaitez l’accompagner.

Quant au titre du billet du jour, c’est l’évocation de sa maison par Rashed, le dernier de la série de photos que j’ai sélectionnées pour vous, et qui dit juste : “Tout me manque”. Moi auquel ne manque rien de matériel, qui mange à ma faim et dors dans un lit, me lave chaque matin sans souci d’alimentation en eau et m’habille de propre, j’ai aussi été ému de l’évocation de ce dénuement. La tristesse des autres ne console jamais de la sienne, mais oblige parfois à (ré) apprendre à goûter les joies élémentaires et les plaisirs simples d’une existence en paix.

Merci, à vous qui me lisez, de m’y aider.

(photos : Bradley Secker)

Home is where the heart is, dit un dicton.

Sofia Georgieva et Viktoriya Mancheva vivent à Londres d’où ils nous offrent une musique … bulgare. Leur groupe s’appelle Zemela qui signifie “terre”. C’était aussi le nom porté par la déesse thrace de la terre et de la fertilité.

J’aimerais vivre sur une terre que je rends fertile.

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