aidara

Référendum constitutionnel : le brasier de la majorité et les étincelles de l’opposition

Certes, la marche organisée le 15 juillet dernier par les partis de l’opposition pour un boycott massif du référendum constitutionnel du 5 août 2017, a été grandiose. Elle a drainé des milliers de personnes et a fait la UNE de l’actualité pour une journée. Mais, ce n’est qu’une simple étincelle, circonscrite dans la seule ville de Nouakchott. A côté, le feu ardent jamais éteint d’une majorité qui sillonne depuis des semaines chaque portion du territoire. Avec l’apothéose d’une tournée présidentielle qui va donner encore plus de carburant aux tribus et aux factions requinquées dans toute leur plénitude.

Marche de l’opposition du 15 juillet 2017 à Nouakchott

La grande marche de l’opposition du 15 juillet 2017 a vécu. Ne reste plus que quelques écrits résiduels encore pendants sur les files d’une actualité mourante, alors que les manifs sans interruption du pouvoir, qui fait feu de tout bois, ne se sont jamais taris. Piètre combat entre David et Goliath, entre une opposition en manque de souffle et un régime déterminé à faire passer ses amendements constitutionnels.

Rien que dans la méthode et dans l’étendue des masses embrassées, la démarche des deux camps donne largement battue une opposition sans vision, ni tactique de jeu. Comme si elle se suffisait d’une simple action d’éclat avant de retomber dans sa léthargie. L’opposition risque de passer de nouveau à côté de la plaque, comme c’est le cas depuis le début de son bras-de-fer avec le régime de Mohamed Abdel Aziz. En fait, les erreurs cumulées du temps des Accords de Dakar en 2009 semblent imprimer un cachet d’échec à un consortium opposant en perte de vitesse, aussi bien sur le plan des idées que sur celui du combat partisan.

Eclats contre brasier

D’actions d’éclat en actions d’éclat, les actions ponctuelles de l’opposition, qui réussit toujours de belles prouesses en termes de mobilisation, ne sont jamais capitalisées, pour être installées dans la durée, ni portées au-delà des limites de Nouakchott. Comme si le reste du pays était abandonné au pouvoir qui s’y promène avec allégresse. En fait, le discours de l’opposition, pourtant d’essence populiste, semble avoir été réservé à l’élite, laissant en rade un capital de colère national qui ne demande qu’à être cueilli, mais qui ne trouve hélas pas de preneurs, sauf…le pouvoir !

Bien sûr qu’il y avait foule, déboulant de toutes les artères au cours de cette soirée du 15 juillet 2017 où le Forum national pour la démocratie et l’Unité (FNDU), plus le RFD et quelques mouvements comme IRA et les Forces progressistes du changement, décidèrent de faire une démonstration de force. Une marche dont il ne reste plus que des images qui alimentent les souvenirs, avec un satisfecit moral pour les organisateurs. Et cela s’est arrêté là. L’approche est puérile et se répète d’année en année, sans résultat. L’on annonce un scénario du même type, aujourd’hui, mardi 18 juillet. Quoi après ? Mystère et boule de neige. Les têtes pensantes de l’opposition n’ont encore rien prévu pour la suite de l’histoire, sinon demander aux populations de rester chez eux, le jour du vote. Quel entrain ! Ceux qui pensent pouvoir bouleverser l’histoire politique du pays agissent avec une naïveté si déconcertante.

Opposition morte

En fait, la Mauritanie traîne depuis quelques années une opposition attentiste, qui croit que le pouvoir va lui être offert sur un plateau d’argent sans qu’un œuf ne soit cassé. Les exemples de bravoure illustrés ici et là sur le continent ne semblent nullement leur avoir inculqué la vérité toute crue qu’en matière politique, «il n’y a pas de cadeau » et que «les droits s’arrachent ». Mais, il faut des sacrifices, de l’engagement, de l’honnêteté et de la sincérité. Toutes vertus qui semblent absentes chez l’élite politique qui végète à la tête de l’opposition mauritanienne.

Pouvoir fort
Pendant ce temps, un large boulevard s’ouvre pour le pouvoir. Meeting sur meeting, du Triangle de la misère aux fiefs anciens de l’opposition dans ce foyer de l’opportunisme qu’est la «Guibla», jusqu’aux tréfonds du Brakna, le pouvoir se promène, avec ses ministres, ses hauts fonctionnaires, ses généraux, ses troubadours et ses ouailles. Nul discours discordant ne vient ainsi perturber ses harangues solitaires. Depuis hier, le président Mohamed Abdel Aziz est venu donner de l’eau au moulin de ses supporters, avec une visite populaire à R’Kiz, tandis que le parti au pouvoir, l’Union Pour la République (UPR) réussissait une manif grandeur nature à quelques encablures de là, à Mederdra. Un à un, les bastions de l’opposition et du RFD d’Ahmed Daddah, tombent comme des noix murs. Ne reste plus à celui qui avait conquis le Trarza, en 2007, que le souvenir d’un haro lointain, dont il ne reste que d’amères traînées blanches.

Cheikh Aïdara


Référendum constitutionnel : les divergences qui minent le FNDU

De  boycott en boycott, le Forum national pour la démocratie et l’unité (FNDU), principale coalition de partis radicalement opposés au pouvoir, s’est effrité. Il est aujourd’hui en  marge du processus politique, totalement empêtré dans ses propres contradictions et ses divergences. Participer ou boycotter le référendum constitutionnel prévu le 5 août 2017 constitue actuellement la pomme de discorde qui divise ses dirigeants.

Plusieurs mois de réunions, de concertations et de conciliabules ne sont pas parvenus à décanter la situation au sein du plus grand rassemblement d’opposants en Mauritanie, le FNDU. Résultat, aucun consensus ne s’étant dégagé par rapport à la participation ou non au référendum constitutionnel prévu le 5 août 2017, huit partis ont décidé le boycott, alors que les autres ont décidé le vote pour le NON.

D’un côté, les faucons, comme le Rassemblement des forces démocratiques (RFD), champion es-boycottage. Le parti d’Ahmed Ould Daddah, le plus radical parmi les membres du consortium d’opposants, refuse tout compromis avec le pouvoir. Ses boycotts répétés à tout processus électoral et à tout dialogue avec le régime, a fini par le vider de ses principaux ténors qui, après de longues traversées du désert sans espoir de voir le bout du tunnel, ont tout simplement migré vers les rivages plus cléments du pouvoir. Aujourd’hui, le RFD qui était le principal parti d’opposition jusqu’en 2014, est absent des conseils municipaux comme au sein du Parlement. Un suicide politique dans lequel il s’enfonce jour après jour, année après année. Sur la même symphonie surfe le parti Union pour l’alternance démocratique (UNAD) d’Abdel Ghoudouss Ould Abeidna, actuellement en exil.

De l’autre côté, les participationnistes, comme la Convergence nationale démocratique (CND) de l’ancien bâtonnier de l’Ordre national des avocats, ex-ministre de la Justice sous la transition 2005-2007, Me Mahfoudh Ould Bettah qui prône la participation au référendum pour le vote du NON. C’est aussi l’option prise par les Islamistes de Tawassoul ou encore l’Union des Forces du Progrès (UFP).

Entre les deux camps, beaucoup de partis hésitent à choisir la bonne option.

Pour le camp des boycottistes, participer au référendum du 5 août équivaudrait à légitimer un processus illégal, confirmé par certains constitutionnalistes. Cet avis se base sur le fait que le président Mohamed Abdel Aziz, bloqué par le Sénat qui avait rejeté le projet de loi constitutionnel, ce qui mettait fin définitivement au processus, a usé d’un subterfuge anticonstitutionnel pour contourner la loi fondamentale.

Pour les tenants de la participation, boycotter ce serait laisser le champ libre au pouvoir pour consacrer le fait accompli. Ils estiment qu’en désertant le champ de la bataille politique, on permettrait au OUI de l’emporter. Il faudrait au contraire, d’après eux, se battre en faveur du NON pour faire barrage au référendum envisagé.

Cette analyse serait fondée sur une tendance jugée large de l’opposition sociale aux amendements proposés. La majeure partie de la population mauritanienne serait ainsi défavorable au référendum. Un capital politique que l’opposition ne doit pas laisser fondre, selon les partis favorables à la participation.

Il faut dire que le Recensement administratif à vocation électorale lancée depuis quelques mois par la Commission électorale nationale indépendante (CENI) rencontre d’énormes difficultés. Les populations refusent tout simplement de s’enregistrer et les rangs au niveau de ses cellules décentralisées affichent une faible affluence. D’où les reports successifs des délais impartis. Certains soutiennent que la date du 5 août pourrait même être repoussée face au désintérêt manifeste du corps électoral.

Du côté du pouvoir, c’est déjà la panique. Le gouvernement s’est ainsi lancé dans la bataille, en obligeant les ministres et les hauts cadres de l’administration à descendre dans l’arène de la mobilisation populaire pour pousser les votants à s’inscrire. Des pressions seraient même exercées sur les fonctionnaires et les agents de l’Etat. Même dans les concours ouverts, le reçu de recensement au référendum est exigé. Certains trouvent ainsi dans la prolifération anormale des concours d’entrée dans les corps et les centres de formation professionnelle un subterfuge destiné à obliger les jeunes à se faire recenser.  La jeunesse, principale cible des autorités, semble en effet très peu intéressée par le référendum constitutionnel.

Sous le bassinet, une impitoyable guerre de tranchée entre le Sénat, dont la liquidation est prévue dans la future constitution et le gouvernement. D’où les refus tantôt des Sénateurs de recevoir certains ministres, allant dans certains cas, jusqu’à même boycotter le gouvernement, et de l’autre, des ministres qui refusent parfois de comparaître devant le Sénat. Un bras-de-fer sans ménagement s’est ainsi engagé depuis la fronde des Sénateurs qui obligèrent le pouvoir à tomber dans le piège de l’illégalité constitutionnelle. Qui emportera la guerre ? Les jours et les mois à venir, édifieront certainement mieux l’opinion publique nationale et internationale.

Cheikh Aïdara


«Le président de la FFRIM a aligné des contre-vérités lors de son interview » Dixit Moussa Ould Khairy, Président du FC Tevragh-Zeina

Au cours de l’interview qu’il a accordée à la chaine TV de la Fédération Mauritanienne de Football (FFRIM), Ahmed Ould Yahya, se serait attaqué au FC Tevragh-Zeine et à son président Moussa Ould Khaïry. Nous avons recueilli l’avis de ce dernier qui considère que «le président de la FFRIM a aligné des contre-vérités qu’il faut rétablir dans leur authenticité »

Moussa Ould Khairy, Président du FC tevragh-Zeina

Le monde sportif qui est de plus en plus inquiet face à la crise qui secoue actuellement le football national, a suivi avec intérêt la sortie du président de la FFRIM Ahmed Ould Yahya. Que vous inspire son intervention ?

Il faudrait tout d’abord que l’opinion publique nationale et internationale sache que le président Ahmed Ould Yahya, n’a pas apporté des sous avec lui, lorsqu’il fut élu à la tête de la FFRIM. Si le football mauritanien est arrivé aujourd’hui au stade où il est, c’est grâce à la volonté politique et au président de la République, Mohamed Ould Abdel Aziz. Jamais fédération, dans l’histoire du football national, n’a bénéficié en effet d’autant de moyens financiers et matériels de la part de l’Etat, que la fédération actuelle.

Je pense qu’Ahmed Ould Yahya s’entête à défendre l’indéfendable et on ne sait plus s’il est président du FC Nouadhibou et son avocat attitré ou s’il est président de la fédération mauritanienne de football, auquel cas, ses fonctions lui dictent la neutralité et l’équité dans les conflits de type juridique qui opposent les acteurs nationaux. Des instances ont été choisies pour traiter ces différends et de par ses fonctions, il doit éviter d’empiéter sur les prérogatives des organes indépendants de la fédération.

Le président de la FFRIM récuse pourtant, comme vous et vos supporters le pensent, la moindre inimitié envers le FC Tevragh-Zeina que vous dirigez. Pour preuve, il dit vous avoir donné le championnat de 2011 malgré la décision du Tribunal arbitral des sports (TAS) qui avait tranché en faveur du FC Nouadhibou. Que répondez-vous ?

C’est la première contre-vérité. La dernière journée du championnat en 2011 a été marquée par la double confrontation entre FC Tevragh-Zeine et la SNIM d’un côté et de l’autre, entre le FC Nouadhibou et Imraguen. Le FC Tevragh-Zeina et le FC Nouadhibou étaient presque à égalité de point. Si le FC Tevragh-Zeine gagnait son match ou faisait un match nul et si le FC Nouadhibou perdait ou faisait un match nul, le FC Tevragh-Zeine remportait le championnat. Le FC Nouadhibou n’avait qu’un choix, gagner son match en cas de match nul de FC Tevragh-Zeine. Ce qui lui fut le cas, car le FC Tevragh-Zeine et la SNIM s’étaient quitté sur un nul. Le FC Nouadhibou devait impérativement gagner son match face aux Imraguens. On s’acheminait vers un match nul 1 but partout, lorsque coupe de théâtre ! Dans les dernières minutes du jeu, l’un des défenseurs des Imraguens, Pape Sakho réclama le ballon de son gardien. Ce dernier lui passa la balle pour la relance. Mais au lieu de ça, Pape Sakho contrôla sa balle, se dirigea tranquillement vers ses propres camps et marqua un but. Puis, il ôta son maillot et jubila avec les joueurs de FC Nouadhibou qui le portèrent en bandoulière. Le match se termina ainsi. Le but fut validé mais tout le monde s’attendait à une enquête et à des sanctions contre le joueur et le FC Nouadhibou, car il y avait manifestement quelque chose de pas clair dans ce match.

Pour saupoudrer ce scandale tonitruant dans les annales du football, la fédération proposa un match de barrage entre le FC Tevragh-Zeine et le FC Nouadhibou, ce qui n’est nullement prévu dans les textes de la fédération. Pour dépasser cet incident, les dirigeants de FC Tevragh-Zeina acceptèrent cette entourloupette et se présentèrent pour le match de barrage programmé au Stade Olympique de Nouakchott. Mais l’adversaire du jour, en l’occurrence le FC Nouadhibou, boycotta le match et ne se présenta pas. Naturellement, le trophée du Championnat fut décerné à FC Tevragh-Zeina. Un mois après cet incident, Ahmed Ould Yahya est nommé président de la FFRIM. Une plainte est alors déposée auprès du Tribunal arbitral sportif de la FIFA (TAS) par le FC Nouadhibou qui réclamait le titre de champion. Le TAS donna raison au FC Nouadhibou.

Maintenant, si Ahmed Yahya se permet de dire que c’est lui qui a donné le trophée plus l’argent du championnat au FC Tevragh-Zeina,  c’est une contre-vérité, car c’est une autre fédération qui siégeait avant son arrivée, qui avait attribué le trophée et la prime de champion à Tevragh-Zeina. Vous pensez que le FC Nouadhibou va désister et donner un trophée au FC Tevrah-Zeine ?

Deuxième contre-vérité sur ce même point, lorsqu’il affirme que je me suis rendu au TAS avec une mission de la fédération. Je n’ai jamais posé le pied au TAS et je n’ai jamais parlé avec  ses juges.

Autre argument que le président de la Fédération avance pour démontrer qu’il n’a aucun problème avec le FC Tevragh-Zeine, le fait que ce club soit le seul parmi le bureau fédéral à être représenté par deux personnes, toi et ton Secrétaire général Brahim NDaw.

Contre-vérité encore. Le choix porté sur Brahim NDaw s’est fait sans l’avis du FC Tevragh-Zeina et je n’ai même pas été consulté. Brahim NDaw a été directement coopté par le président de la FFRIM uniquement pour ses compétences, doublé du fait que c’est un ancien joueur international et Secrétaire général d’un club. La preuve qu’il ne représente pas le FC Tevragh-Zeine au sein du bureau fédéral, son abstention au vote consacrant l’homologation du match FC Nouadhibou-Garde Nationale, alors que moi, en tant que son président, j’avais voté NON. D’ailleurs, ce serait un manque de respect notoire envers Brahim NDaw que de le rabaisser à ce niveau. Je pense que le président Ahmed Ould Yahya devrait s’excuser de réduire la présence d’un si bon technicien au sein de la FFRIM à une question de quota.

Ahmed Ould Yahya déclare également vous avoir cédé la primeur de la représentativité du pays lors de la Coupe Arabe de 2012, alors que ce n’est pas vous qui devez y être mais le FC Nouadhibou ?

Enième contre-vérité. En 2012, le FC Tevragh-Zeine avait remporté le doublé, Coupe et Championnat national de 1ère division et devait naturellement représenter la Mauritanie à cette compétition. Pour Ahmed Ould Yahya, c’est le FC Nouadhibou champion 2011 qui devrait représenter le pays à cette compétition, parce que la Coupe Arabe s’était arrêtée en 2010. Mais si on suit sa logique et si cette coupe était rétroactive, ce n’est ni le FC Nouadhibou ni le FC Tevragh-Zeina qui devait représenter la Mauritanie, mais la SNIM qui était championne en 2010. Donc, ce qu’il a dit n’est pas vrai. FC Nouadhibou n’a pas laissé, sur sa demande personnelle, la représentativité du pays à la Coupe Arabe 2012 au FC Tevragh-Zeine. Notre club en avait toute la légitimité.

Votre boycott de la finale de la Coupe Nationale n’est nullement justifié selon le président de la FFRIM, car le conflit qui oppose la Garde Nationale et le FC Nouadhibou ne vous concerne pas. Qu’en dites-vous ?

Tous les clubs sont concernés par le litige entre la Garde, FC Nouadhibou et la FFRIM. Tous, de la 1ère à la 2ème division, y compris évidemment le FC Tevragh-Zeina. Car, si la réserve légitime de la Garde aboutit, le FC Tevragh-Zeine reprendrait le titre de Champion de la Mauritanie, le FC Nouadhibou sera relégué en seconde division, des équipes comme Armée et Toujounine échapperont à la relégation. Si le FC Tevragh-Zeina a boycotté la finale de la Coupe du Président de la République en 2017, ce n’est pas pour faire plaisir à la Garde, ni pour des intérêts personnels, mais c’est pour sauvegarder la bonne moralité du football mauritanien et imposer le respect des textes de la fédération.

Le président de la FFRIM déclare que depuis la crise, des gens se réunissent ici et là, mais que ses gesticulations ne changeront rien à la donne. Vous y souscrivez ?

Reprocher à des citoyens mauritaniens de se réunir, c’est empiéter sur leur liberté. C’est aussi circonscrire leurs initiatives à des desiderata non fondés ou à une permission qu’on devrait leur accorder. Il faudrait que le président de la FFRIM apprenne à respecter les gens. Les Mauritaniens d’une manière générale et les dirigeants sportifs d’une manière particulière ont le droit de se réunir là où ils veulent et quand ils veulent. Cette immixtion dans le libre choix des autres rappelle une anecdote de Ould Hedar, célèbre poète du Trarza au 19ème siècle. Certains lui avaient reproché d’avoir refroidi Lebteït, une voix musicale maure. Il demanda : «Qui a créé Lebteït ? » On lui répondit : «évidemment, c’est vous !». Alors il leur dit, «donc, j’ai le droit de le refroidir ou de  le chauffer comme je veux».

Ahmed Ould Yahya, dans son interview, a-t-il apporté quelque chose de nouveau dans le cas du jeune Sahraoui Yacine par qui le scandale actuel est arrivé ?

Sur le cas du joueur Sahraoui, objet de la crise actuelle, Ahmed Ould Yahya n’a rien apporté de nouveau lors de son interview. Il a cependant avancé plusieurs contre-vérité, lorsqu’il affirma entre autres, que la Fédération avait repris le dossier du joueur des mains de la Commission discipline, car cette dernière n’arrivait pas à trancher. La réalité est qu’on n’a pas donné à cette commission la latitude de se prononcer sur cette affaire ni la possibilité de travailler selon les prérogatives qui lui sont conférées par les textes règlementaires de la FFRIM.

Qu’en est-il du cas du jeune Dellahi  que le président Ould Yahya a évoqué dans son interview ?

Dellahi était un joueur recruté par le FC Tevragh-Zeina avec  un contrat de deux ans, pour la saison 2014-2015 et 2015-2016. Fin 2015 début 2016, une photo circula sur les réseaux sociaux, montrant Dellahi et le président du FC Nouadhibou avec un commentaire comme quoi il avait signé avec lui. Comme il était mineur, les dirigeants du FC Nouadhibou croyaient que son contrat avec le FC Tevragh-Zeina était nul et non avenu. Donc, ils pouvaient le piquer sans conséquences. Ils ignoraient que les textes de la FFRIM autorisaient les clubs à contracter avec des mineurs si la durée de leur contrat n’allait pas au-delà de 3 ans. Ce qui était le cas de Dellahi. L’affaire fut portée devant le Bureau fédéral qui trancha en faveur du FC Tevragh-Zeina. Finalement, le cas de Dellahi s’est terminé par un compromis. Le FC Nouadhibou avait versé le montant du transfert du joueur au FC Tevragh-Zeina tout en s’engageant à verser au club 50% de ses contrats qu’il signerait dans les deux ans avec un club étranger.

En réalité, quelle symbolique attachez-vous au boycott de la finale de la Coupe cette saison ?

Le boycott de la finale de la Coupe nationale 2017 est un sacrifice que le FC Tevragh-Zeina a consenti pour le bien du football mauritanien, pour dire non à la forfaiture et non au viol des textes réglementaires de la FFRIM. Un geste qui a été d’ailleurs salué à sa hauteur par le milieu sportif mauritanien et qui continue de susciter le débat. Cet incident à teneur de scandale a ainsi permis à beaucoup de citoyens et à tous les amateurs de football de se rendre compte réellement de ce qui se passe au sein de la fédération.  Car, le FC Tevragh-Zeina a tout fait pour éviter le scandale en demandant aux responsables de la fédération de reporter la finale en attendant qu’une solution à l’amiable soit trouvée par rapport à la plainte de l’équipe de la Garde Nationale. En vain.

Cette affaire rappelle d’ailleurs le cas de la Concorde et l’immixtion flagrante de la FFRIM dans la gestion d’un club de football.

Propos recueillis par
Cheikh Aïdara


Troisième mandat pour Aziz : provocation ou intox

Le Premier ministre Yahya Ould Hademine persiste et signe : «le président Mohamed Abdel Aziz briguera un troisième mandat ». Le référendum constitutionnel pour lequel le gouvernement est en campagne ne viserait en définitive que ça : assurer au système en place une pérennité, profitant du fait que les gendarmes du monde, les Etats-Unis et l’Europe, trop pointilleux il y a quelques années sur le respect des normes démocratiques, ont aujourd’hui d’autres priorités. Un 3ème mandat pour Aziz : intox ou provocation ?

Le PM Yahya Ould Hademine en campagne

A Vejar, puis à Mbout, deux misérables patelins du «Triangle de la Pauvreté », le Premier Ministre Yahya Ould Hademine a repris sa trompette pour assurer devant des populations tannées par plus d’une décennie d’oubli, d’exclusion et de faim, que ce système qui leur maintien le couteau sous la gorge va encore rester ad aeternam. «Aziz briguera un 3ème mandat ! »Le pouvoir ne quittera pas en 2019 ! » Des affirmations que le chef du gouvernement a désormais l’habitude d’asséner dans toutes ses tournées.

Des propos banalisés par une grande partie de sa majorité qui estime que ce n’est là qu’une manière pour maintenir les populations sous le giron de l’Union Pour la République (UPR), le parti au pouvoir, que le départ de Mohamed Abdel Aziz pourrait effriter. En effet, il a été prouvé qu’à chaque fois que le Chef de l’Etat quitte le pouvoir, le parti sur lequel il s’adossait, part en miettes. Ce fut le cas du PRDS, parti omnipotent qui régna pendant 23 ans sur la Mauritanie sous le règne de Maaouiya Ould Sid’Ahmed Taya et qui fondit comme beurre au soleil à sa chute en 2005. Ce fut également le cas pour le parti ADIL, qui ne vécut que le temps d’une rose, s’évaporant en 2008, après seulement deux ans d’existence après l’éviction du président Sidi Ould Cheikh Abdallahi. L’UPR, formé par les mêmes têtes qui ont migré du PPM (parti unique des premières années d’indépendance) au PRDS et du PRDS à ADIL puis à l’UPR, craint ainsi un départ en ordre dispersé de ses ouailles au cas où le pouvoir serait remis en chandelle.

Pour d’autres, les paroles du Premier Ministre ne devront pas être prises à la légère. Elles seraient dictées par l’intéressé lui-même, qui pourrait revenir sur ses engagements solennels. En effet, à plusieurs reprises, sur les plateaux de télévision locale ou internationale, ou dernièrement, lors de la clôture des dernières «Journées de dialogue et de concertation », Mohamed Abdel Aziz a toujours affirmé haut et fort qu’il ne briguera pas un 3ème mandat.

Les changements intervenus dans la géopolitique mondiale seraient-ils à l’origine du revirement à 190 degré du président mauritanien ? Possible. Si au temps de Sarkozy ou de Hollande, ou encore sous Bush ou Barak Obama, et même dans le registre des institutions de Bretton Woods, le respect des principes démocratiques, celui des droits de l’homme ou de la gouvernance politique, était au cœur de la coopération internationale, la donne a bien changé sous Donald Trump, artisan d’un repli identitaire américain, avec son slogan «l’Amérique d’abord » ou encore sous Macron partisan d’une politique étrangère moins intempestive de la France dans les affaires intérieures des États africains.

L’exemple fleurissant des Chefs d’État africains, amateurs de tripatouillage constitutionnel et de présidence à vie , serait également assez inspirateur pour un Mohamed Abdel Aziz qui était à la recherche d’une entourloupette pour conserver le pouvoir . Face à une opinion vaincue par une décennie de disette forcée et une opposition défaitiste qui a depuis longtemps déserté le champ de la bataille politique, un large boulevard s’ouvre ainsi devant les militaires et devant Aziz pour faire sauter les verrous de la limitation des mandats présidentiels. En l’absence d’une morale mondiale, sorte d’épée de Damoclès qui était jusque-là suspendue sur la tête des dictateurs en herbe, plus question de fignoler.

L’actuel référendum qui porte sur des points puériles, ne serait en fait qu’un test avant-coureur d’ un autre référendum, le vrai cette fois-ci, pour faire de Mohamed Abdel Aziz un président à vie à la tête de la Mauritanie.

Mais de quels arguments le pouvoir actuel pourrait-il se prévaloir pour réclamer une prolongation ? La question est d’autant plus pertinente qu’en dix ans de règne, Mohamed Abdel Aziz a mené le pays vers la faillite économique, sociale, culturelle et morale.

Sur le plan économique, l’État ne vit plus que des raquettes imposées aux populations, à travers impôts et taxes excessifs, augmentation exponentielle des prix des produits essentiels, au point qu’aujourd’hui la faim a gagné les centres urbains. Sur le plan social, l’exacerbation des tensions intercommunautaires et l’ancrage du racisme d’État ont été les deux leviers sur lesquels l’actuel pouvoir s’est appuyé pour diviser les Mauritaniens et les empêcher de s’intéresser aux affaires publiques. La corruption gangrène aujourd’hui tous les rouages de l’État, avec une dilapidation sans précédent des ressources publiques, et une politique oligarchique qui ne profite qu’à une poignée de proches du pouvoir. L’État de droit n’est plus qu’un mirage. L’incarcération ces jours-ci du Sénateur Ould Ghadde, protégé par l’immunité parlementaire, et sur un simple ordre venu de la Présidence, serait le signe précurseur d’une dictature implacable qui ne cache plus son diktat sur la vie publique.  Les projets et programmes d’aide publique au développement sont livrés au sac des organisations internationales, alors qu’à la tête de l’État officient des départements ministériels vidés de toutes leurs compétences.

Voilà cette Mauritanie de la médiocrité, du vol, du sac et de la désunion sociale sur lequel règnent des fonctionnaires-commerçants véreux, mus par leurs uniques intérêts, que Yahya Ould Hademine cherche à faire imposer.

Et c’est certainement la peur d’un scénario à la Burkinabé, qui a poussé les autorités à censurer un film sur les «Dix jours qui ont précédé la chute de Blaise Compaoré », un film que le Festival «Ciné droit libre» en collaboration avec le Festival Assalamalekum projetait de présenter le 3 juillet dernier dans une des salles de l’Université de Nouakchott.

Cheikh Aïdara


Festival Assalamalekum : un dîner de gala pour clore la 10ème édition

Le Festival Assalamalekum aura vécu d’une si splendide manière. La clôture a été marquée, dimanche 9 juillet 2017, par un dîner-gala à «La Case » avec défilé de mode, culture culinaire et remise de récompense. Le tout en présence de Limam Kane Monza, Directeur du Festival et Dr.Jenny MBaye, Doctoresse en Politique culturelle et experte auprès de l’UNESCO, avec la présence honorifique de M.Ahmed Hamza, Président des Alliances Franco-Mauritaniennes, ancien président de la Communauté Urbaine de Nouakchott.

Mr.Mouls au moment de prendre son prix

Pendant onze jours, Nouakchott a vibré sous les musiques urbaines du Sud et le Hip-Hop dans ses foisonnements divers. Placé sous le thème des «Droits humains » la 10ème édition du Festival Assalamalekum a ainsi rempli son contrat. Il a offert à la jeunesse mauritanienne des espaces de rencontres et d’épanouissement où les réjouissances se sont mêlées aux actions studieuses. Pour la 1ère fois, le Festival «Ciné droit libre » du Burkina Faso a ainsi déposé ses valises à Nouakchott, sous la houlette de son coordinateur Abdoulaye Diallo, avec la projection de quatre films fétiches suivis de débats intellectuels.

Jenny, Monza, Hamza, Awadi et le Directeur de l’IFM

Les rideaux de cette 10ème édition sont ainsi tombés dimanche 9 juillet 2017, avec un somptueux dîner-gala au restaurant «La Case » en présence du Dr.Jenny MBaye, le président Ahmed Hamza, la star sénégalaise Didier Awadi et d’autres vedettes et acteurs culturels.

Les mannequins

En marge des somptueux plats offerts par la maison, les invités ont suivi un défilé de mode de haute facture présenté par Hoff Humanity one Family et sa maison de couture «IZI Création » ainsi que MIA Couture.

Un concert de musique malienne a été dégusté alors que s’ouvrait la moisson des récompenses. Le Directeur d’ Assalamalekum, Kane Limam Monza, a ainsi tenu à honorer tous ceux qui ont accompagné le festival pendant ses dix dernières années, les techniciens à l’image de Watt Diakité et Malik DIop, mais aussi Ahmed Seck, Cheikh Mr.X, les journalistes comme Houleye Kane, Aboubacry Kanté du «Journal Rapé», Ali Gadio, mais aussi Kaw alias Mamadou Kane, le maestro de l’organisation, sans oublier le grande MOULS, compagnon infatigable des premiers jours.
Rendez-vous la saison prochaine, avec la 11ème édition du Festival Assalamalekum.

Cheikh Aïdara

Jenny, Monza, Hamza, Awadi, le Directeur de l’Institut Français


Classement FIFA : La Mauritanie bat son record !

Jusqu’à ce jeudi 6 juillet 2017, le meilleur classement de l’histoire des Mourabitounes restait cette 85ème place de 1995. Après l’actualisation mensuelle du tableau des nations établi par la Fédération internationale de football, la Mauritanie est passée du 104ème au 81ème rang mondial, soit un bond exceptionnel de 23 places. Sur le plan africain, la sélection coachée par Corentin Martins est classée 16ème.

Mourabitounes

La victoire (1-0) au Botswana en éliminatoires de la CAN 2019 a permis cette belle progression des Mourabitounes, qui ont aussi profité des retombées des deux succès en amical contre le Bénin (1-0) et le Congo (2-1) en mars dernier.

Cette évolution notoire est le fruit d’un plan minutieux mis en place par la FFRIM. Ce projet comprend une augmentation du nombre de matches durant les jours prévus à cet effet dans le calendrier de la FIFA. Entre avril 2012 et juin 2017, les équipes nationales « A » et locale ont disputé au total 67 rencontres officielles et amicales (35 pour les « A » et 32 pour les locaux). À titre de comparaison, la Mauritanie n’a joué que 12 matchs entre 2008 et 2012 (7 pour les « A » et 5 pour les locaux), ce qui l’avait conduit, après une succession de résultats calamiteux et un forfait lors des qualificatifs à la CAN 2012, à la dernière place du classement FIFA (206ème).

Depuis son arrivée en juillet 2011 à la tête de l’instance dirigeante du football mauritanien, le président Ahmed Yahya s’est fixé comme objectif de redorer le blason de la Mauritanie et bouleverser la hiérarchie mondiale. La première récompense est arrivée en octobre 2015, quand les Mourabitounes ont intégré le top 100, qu’ils n’avaient plus fréquenté depuis 1996. La progression s’est poursuivie jusqu’à se hisser à cette historique 81ème place. Un rang qui pourrait encore s’améliorer après les trois matches de la sélection nationale locale prévus en juillet, contre le Sénégal (amical) et le Liberia (éliminatoires CHAN 2018).

Cheikh Aidara


Emploi et formation : les clauses sociales comme solution pertinente

Ateliers de formation technique et rencontres institutionnelles de haut niveau, lancés depuis le 3 juillet 2017 se sont articulés pendant trois jours, autour du processus dit «les clauses sociales », une approche innovante pour la formation et l’insertion socioprofessionnelle que la Mauritanie vient d’adopter avec l’aide du Bureau International du Travail (BIT). Pendant ce temps, s’ouvrait au Centre de Formation et de Perfectionnement Professionnel de Nouakchott (CFPP), l’Académie des Entreprises, une formation destinée à une quinzaine de techniciens du bâtiment sur les techniques de construction ancestrales.

Séance de test du dosage des matériaux préparés par les stagiaires avec le formateur
les stagiaires apprennent à malaxer les matériaux

En marge de l’atelier sur les clauses sociales qui battait son plein dans un luxueux hôtel de Nouakchott depuis le 3 juillet 2017, s’ouvrait au CFPP, une session spéciale destinée à une quinzaine d’entrepreneurs et de techniciens supérieurs du bâtiment, sous la supervision d’un expert. Les participants devront apprendre au cours de cette formation pratique, les techniques ancestrales de construction qui se seraient révélées plus adaptées à l’environnement social et au climat local. C’est la nouvelle approche trouvée par le projet pour l’Amélioration de l’employabilité des jeunes et des capacités des PME par le développement du sous-secteur du BTP en matériaux locaux et de la formation professionnelle dans les chantiers-écoles construction dit PECOBAT, un projet du BIT financé par l’Union Européenne. Ce projet vise la promotion de l’emploi comme stratégie de développement rural, à travers la participation des acteurs de la société civile et les autres acteurs au niveau local.

Cette formation sera suivie d’un Appel à proposition pour la construction d’écoles et de structures publiques et viserait en priorité les entreprises les plus performantes parmi celles actuellement en formation.

La plupart des participants avouent n’avoir jamais exercé dans le domaine de la construction traditionnelle, faite de boue, d’argile, de sable, de paille, comme le faisait leurs ancêtres. Ils trouvent l’expérience exaltante, dans la mesure où elle pourrait susciter le renouveau d’un type de bâtiment qui a déjà fait ses preuves dans le passé, aussi bien en termes de durabilité qu’en termes d’adaptabilité, avec un système naturel d’isolation thermique.

Dème Zakarya est titulaire d’un Master 2 en sciences d’ingénierie et matériaux de l’Université de Pô (France).

Dème Zakarya, stagiaire

Il  travaille en partenariat avec une entreprise de bâtiment basée à Nouadhibou mais très présente dans le Sud. Pour lui, il est tout simplement en train de réapprendre un autre métier. «C’est une formation qui me tient à cœur dans la mesure où elle me permettra de développer d’autres compétences » a-t-il déclaré. Selon lui, la construction en terre pour un habitant de la Vallée est un savoir à développer, surtout dans un contexte marqué actuellement par le développement des énergies renouvelables, mais surtout par un marché du BTP de plus en plus concurrentiel.

Sidi Mokhtar Ould Sidi Mohamed est lui chef d’entreprise de bâtiment «Les Bâtisseurs » basée à Nouakchott.

Sidi Mokhtar, stagiaire

Il avoue n’avoir jamais travaillé avec les matériaux locaux de construction. Il trouve que le projet tombe à pic et qu’il permettra de remettre en selle une pratique du BTP local tombé en désuétude et qui compte aujourd’hui peu de connaisseurs. «Avec les Appels à proposition pour la construction d’édifices publics à base de matériaux locaux à l’intérieur du pays, ajoutés à cette expertise nationale qui est en train d’être formée, je pense que le savoir des anciens sera remis au goût du jour pour la revitalisation du patrimoine national d’abord et puis ensuite, pour le bien-être des populations, qui pourraient acquérir des demeures moins coûteuses et mieux adaptées à leur environnement ».

 Les clauses sociales comme solution pertinente

Pendant qu’au CFPP se poursuivait l’Académie des Entreprises, une formation destinée aux entrepreneurs et techniciens du bâtiment sur les techniques ancestrales de construction (à base d’argile, sable, paille, etc.), s’ouvrait à l’hôtel Wissal de Nouakchott un atelier de sensibilisation sur les clauses sociales. L’objectif de cette approche est de favoriser la formation et l’insertion socioprofessionnelle, notamment chez les jeunes et les femmes.

ouverture de l’atelier en présence de l’Union Européenne et du BIT

L’atelier, organisé par le BIT en partenariat avec le Ministère de l’Economie et des Finances, représenté par la Cellule d’Appui à l’Ordonnateur National du FED, avec le financement de l’Union Européenne, cherche à promouvoir le concept dit de «clauses sociales » qui est une approche visant à favoriser l’accès à l’emploi de publics éloignés du marché du travail. Cet outil qui a fait ses preuves dans les pays européens, cadrerait, selon certains intervenants, avec les priorités du gouvernement mauritanien, qui place l’emploi au cœur de ses politiques sociales. Avec un taux de chômage officiel de 12,8% en 2016 (19,3% et 21% chez les femmes et les jeunes), trouver des opportunités de travail aux sans emploi, à travers l’amélioration de la commande publique, devient le souci cardinal des autorités mauritaniennes.

L’objectif de cette rencontre, qui s’achève le 6 juillet 2017, est de «montrer à tous les acteurs qui interagissent dans le cadre de la lutte contre le chômage, que la clause sociale d’insertion ou de formation est un outil qui peut favoriser l’accès à l’emploi de publics éloignés du marché du travail et promouvoir l’insertion et la formation » selon Sidi Mohamed, expert au BIT-Mauritanie dans une note de presse diffusée à l’occasion. Avec cette méthode, le BIT compte aider les pouvoirs publics à lutter contre l’exclusion sociale des jeunes et des femmes sur le marché de l’emploi.

A noter que l’atelier a été rehaussé par la présence du chef de la coopération de l’Union Européenne (UE) M. Hans CHRISTIAN et le Conseiller Technique du Projet Chantier-École et Point focal du Bureau International du Travail (BIT) en Mauritanie, M. Federico Barroeta, ainsi que plusieurs autres personnalités

Cheikh Aïdara


«Nouakchott, ville créative africaine» : le coup de pinceau a été donné

Dans une atmosphère bon enfant, Mamou Daffé, président d’Arterial Network, Kane Limam Monza, président du festival Assalamalekum et le 3ème vice-président de la Communauté Urbaine de Nouakchott (CUN), ainsi que plusieurs invités d’honneur, ont donné le vendredi 30 juin 2017, le premier coup de pinceau sur la fresque marquant le lancement du programme «Nouakchott, ville créative africaine » soutenu par Arterial Network.

C’était en marge d’une cérémonie officielle tenue dans la splendide salle des délibérations de la municipalité de Nouakchott. Une cérémonie qui a été ouverte par M.Thiam, 1er vice-président de la commune. Dans son discours, il a appelé les acteurs culturels mauritaniens à se regrouper au sein d’une structure forte et unie pour peser sur les décideurs, au lieu de partir en rang dispersé. Auparavant, le 3ème vice-président de la CUN, a présenté les excuses de Madame la présidente, Maty Mint Hamady qui devait assister à l’ouverture solennelle de cet évènement marquant pour sa ville. Il a réaffirmé la volonté ferme des élus de Nouakchott à accompagner le programme dans toutes ses dimensions, réitérant l’appui effectif qu’ils ont toujours apporté au porteur du projet, Assalamalekum Culture et son promoteur, Kane Limam Monza dont le 10ème anniversaire bat son plein.

Le président d’Arterial Network, Mamou Daffé a quant à lui fait la genèse du réseau africain des acteurs culturels qu’il préside et les objectifs visés à travers la mise sur pied du programme «Villes créatives d’Afrique», dont la phase pilote 2017-2019, concerne cinq capitales africaines, parmi lesquelles Nouakchott. Selon lui, ce projet vise à donner aux villes et à leur patrimoine historique une plus grande visibilité sur le plan régional et international, tout en contribuant à la promotion des arts et de la culture à travers un meilleur positionnement des acteurs. Mamou Daffé s’est dit heureux d’assister à cet évènement. Il a remercié la Communauté Urbaine de Nouakchott pour sa collaboration active dans ce cadre et le soutien qu’elle apporte au développement culturel de la ville.

Pour sa part, le promoteur du Festival Assalamalekum et de Assalamalekum Culture qui porte en bandoulière ce programme, Kane Limam Monza, a déroulé les principales étapes qui seront suivies dans l’exécution du projet sur les deux années, de 2017 à 2019. Il s’agira selon lui, à la fin du cycle d’exécution du programme, d’identifier un circuit historique de Nouakchott en faisant revivre ses anciens sites. A la fin du programme, Nouakchott se dotera d’une «Maison d’Afrique pour la culture », un espace pluridisciplinaire pour la production, la diffusion et la distribution des œuvres artistiques et culturelles, mais aussi pour la formation et l’apprentissage.

Cheikh Aidara


Lancement «Nouakchott, ville créative » : une cérémonie sans cachet officiel

Ni la Présidente de la Communauté Urbaine de Nouakchott (CUN) Mme Maty Mint Hamady, qui s’était fait représenter par des seconds couteaux, ni le Ministre de la Culture, ni aucun staff de son département n’ont pris part au lancement du programme phare d’Arterial Network, «Nouakchott, ville créative».  C’était le vendredi 30 juin 2017 au siège de la CUN, malgré la présence à la cérémonie d’une grande personnalité de la culture africaine, Mamou Daffé, président d’Arterial Network, qui ailleurs dans le continent africain est reçu par les plus hautes autorités.

Un faux-fuyant, un simple coup de fard ! La mise à disposition par la CUN aux promoteurs du Festival Assamalekum d’une salle, mais sans la présence de la première responsable, a laissé un goût amer aux nombreux participants venus assister au lancement du programme «Nouakchott, ville créative d’Afrique ».  Ce programme est pourtant un véritable cadeau, fruit de la diplomatie d’un acteur culturel, Kane Limam Monza, offert gracieusement à la Présidente de la CUN et au ministère mauritanien de la Culture, mais qui ont refusé de l’accepter sans tact, sans diplomatie et sans politesse. Et dire que l’évènement a été rehaussé par la présence d’une haute personnalité de l’envergure de Mamou Daffé, président d’Arterial Network, lequel  n’eut même pas le privilège d’une rencontre avec un officiel mauritanien durant son bref séjour. Ce qui rappelle une autre bourde. Celle du refus de la ministre chargée de la Communication de recevoir Jean-Kouchner, président de l’Union de la Presse Francophone (UPF) lors de sa visite il y a quelques mois à Nouakchott. Bourde qu’elle regrettera après son départ, en avouant qu’elle ne savait pas «l’envergure de cette personnalité ».

Ignorance, incompétence ou racisme ? Le Festival Assamalekum n’est-il pas une «affaire de Kwars » qui ne mérite ainsi aucun égard de la part d’un pouvoir dominé aujourd’hui par une poignée de Baathistes aigris dont la répugnance par rapport aux Noirs et à l’Occident, est le principal moteur qui alimente depuis ces dernières années l’industrie de la haine raciale en Mauritanie ? N’est-ce pas d’ailleurs l’arrogance idéologique des tenants de ce système baathistes au faîte aujourd’hui du pouvoir mauritanien, qui a valu au pays le Rapport cinglant de Philip Aston, Rapporteur des Nations Unies sur la torture, lorsqu’à Genève, son travail fut qualifié de «mensonger » par le représentant officiel de la Mauritanie lors de son réquisitoire contre le régime en place ? Aston, ne fut-il pas écœuré par l’accueil fade des gouverneurs et des préfets, qui lui lançaient par interprète interposé et avec mépris au cours de ses visites de terrain, «dites-lui que l’esclavage n’existe plus en Mauritanie et que d’ailleurs nous sommes un pays souverain ». Un des préfets poussera d’ailleurs le mépris jusqu’à le recevoir débraillé, avec sur le corps un simple boubou en coton sans rien dessous.

C’est ce pouvoir, dont le département chargé de la Culture a déjà claqué 9 milliards d’UM (il reçoit chaque année 1% des recettes fiscales de la Douane), sans qu’on sache où ils ont été investi, qui se permet pourtant de dépenser plus de 60 milliards d’UM par an pour un festival sans intérêt dans des villes anciennes de plus en plus oubliées et miséreuses.

Lundi 3 juillet s’ouvrira le festival de poésie, qui célèbre exclusivement la culture arabe et dont le rayonnement ne dépasse guère le périmètre où il sera organisé. Nous verrons si le ministre de la Culture, son staff ou la présidente de la CUN  le boycotteront. Ou, s’ils n’accorderont pas des millions d’ouguiyas de soutien à ses promoteurs, là où ils ont refusé de verser le moindre khoums à un festival hip-hop qui fait bouger la jeunesse, attire plus d’une trentaine de stars internationaux, des dizaines de structures culturelles africaines venues du Sénégal, du Mali, de la Guinée, du Niger, du Burkina Faso, du Maroc, de la France et des Etats-Unis d’Amérique.

Cheikh Aidara


Monsieur Mamou Daffé, Président d’Arterial Network : «Il faut que la culture africaine arrive à se nourrir de ses propres ressources»

Au cours de son bref séjour à Nouakchott pour assister au lancement du projet «Nouakchott, ville créative d’Afrique » le vendredi 30 juin 2017, M.Mamou Daffé, Président du réseau africain de la culture, Arterial Network, qui finance le programme «Villes créatives d’Afrique» a bien voulu répondre à nos questions. Entretien.

Mamou Daffé, Président Arterial Nework

Le Festival Assalamalekum fête ses dix ans et lance l’un des projets phares d’Arterial Network sur les villes africaines, quelle réflexion vous inspire ces deux évènements ?

Sur le Festival Assalamalekum, je n’ai que des mots de remerciement et de satisfaction. Je parle souvent des acteurs africains conscients et engagés, qui s’affirment, s’expriment et s’émancipent et je pense que ce festival fait partie de ces acteurs de la jeunesse africaine en marche avec peu de moyens. Il a suffi à ses promoteurs de se retrousser les manches. Je crois que mon ami Monza et ses collaborateurs ont bien compris que le développement ne viendra pas du dehors mais du dedans. Je pense que leur expérience est à saluer car je connais bien la scène culturelle africaine, ses défis et ses difficultés. Croyez-moi, tenir dix ans un festival, il faut être très fort. Aussi, je tiens à féliciter Monza et son équipe pour leur engagement et leur abnégation mais aussi surtout pour leur apport à l’action culturelle en Mauritanie. Sincèrement, je leur dis bravo !

Quant au projet sur les villes, cinq capitales africaines ont été sélectionnées pour cette phase pilote,  parmi lesquelles Nouakchott  qui vient d’ailleurs de lancer son programme. La particularité de ce projet est qu’il permet de placer des capitales africaines sur la sellette internationale en ce qu’il leur offre de la visibilité, à elles, à leurs artistes et à leurs artisans, mais aussi à leur patrimoine culturel et artistique. Aujourd’hui, Nouakchott est sur la carte de la scène culturelle grâce à cet évènement. Ce projet implique un partenariat public-privé qui contribuera sans aucun doute à booster la créativité et l’innovation, avec de forts impacts sur le développement économique et social.

C’est pourquoi il est question de gouvernance culturelle, ce qui implique une étroite collaboration entre les acteurs culturels et les institutions publiques, car les uns ne pourront pas marcher sans les autres. Si difficulté, il peut y avoir, ce sera certainement liée à une différence de lecture et d’approche qui aurait pu être résorbée s’il existait dans nos pays une véritable éducation sociale, basée sur l’enseignement de l’éducation culturelle et artistique dès le primaire. Car plus il grandit, plus l’enfant prend conscience des dimensions humaines et intellectuelles que renferment l’art et la culture, ce qui peut façonner sa personnalité et le rendre moins crispé et plus ouvert.

Vous avez parlé dans votre intervention lors du lancement du programme «Nouakchott, ville africaine créative» de diplomatie culturelle et vous développer en même temps des politiques ambitieuses pour les villes, avez-vous réellement les moyens de ces politiques ?

Le continent africain regorge de ressources et il est immensément riche. L’Afrique a beaucoup d’argent. Il suffit juste que les  Africains réfléchissent ensemble et mettent en commun leurs ressources pour relever tous les défis. Je fais un clin d’œil en passant à l’Union Africaine qui a mis la culture au cœur de ses préoccupations à travers l’idée d’un financement de la culture africaine par des ressources africaines. Nous avons à Arterial Network un projet de Fonds culturel africain qui sera lancé bientôt à Abidjan. L’idée est d’arriver à pousser l’Afrique à partager et à mobiliser ses ressources, tirées du continent. Je salue au passage l’idée innovante de la Chancelière allemande et du président tchadien, de mettre en place un Plan Marshall pour l’Afrique.  Toutes ces initiatives peuvent constituer autant d’initiatives majeures pour porter des programmes comme celui lancé par Arterial Network pour les villes. Mais il faudrait que nous Africains, nous nous réorientons sur nous-mêmes, sur ce que nous avons, sur ce que nous savons et devons faire, tout en nous ouvrant à de nouvelles formes de collaboration. Nous ne sommes plus de simples observateurs sur ce qui se passe, mais des sujets. C’est pourquoi, nous devons anticiper par une coopération plus réfléchie avec les autres. Nous travaillons à Arterial Network, à impulser la volonté et l’engagement de l’homme africain d’abord.

La diplomatie culturelle est extrêmement importante. La culture est aujourd’hui une arme d’influence pour les Nations. C’est ce que les pays émergents ont compris, eux qui commencent à soutenir quelques fois le développement de la culture chez nous dans une sorte de coopération qu’ils appellent le «Soft Power ». Ne dit-on pas d’ailleurs que l’économie du futur, sera l’économie de la culture. Beaucoup de pays l’ont d’ailleurs déjà compris. Car, en termes de dimension humaine, tous ces conflits et ces crises qui secouent le continent auraient pu être évités, car leur source est purement culturelle. La culture devait ainsi être valorisée en tant que facteur de paix, d’unité et de rapprochement entre les peuples et les Nations. Les artistes ouvrent chaque jour des brèches dans le champ des possibilités et pourraient grâce à leurs actions permettre à l’Afrique de se développer. Oui, la diplomatie culturelle est aujourd’hui une arme pour le continent.

Vous avez entendu les artistes se plaindre des difficultés qu’ils rencontrent. Comment réellement promouvoir la création et la créativité artistique pour que les acteurs culturels puissent s’épanouir réellement par leur art ?

Vous savez, les difficultés que rencontrent les artistes et les acteurs culturels n’est pas un phénomène propre à l’Afrique. La culture touche à l’âme. C’est une chose très complexe et cela a toujours créé des difficultés et des incompréhensions partout dans le monde. Il faut se mettre au-dessus de ces difficultés. Nous sommes tous obligés de marcher ensemble. On dit que l’Afrique est pauvre, en réalité elle est divisée. Il faut qu’on arrive à trouver un terrain d’entente, un compromis pour construire le futur et notre destinée commune. C’est possible, car entre le contenant et le contenu, il y a toujours l’harmonie. Sur l’échelle de la pensée humaine, il faut que les plus forts soutiennent les plus faibles pour qu’ils puissent évoluer ensemble.  Je pense que nos messages ont été bien compris par les artistes mauritaniens.

En définitive, la culture est la solution pour beaucoup des maux dont souffre le continent. Nous pensons aujourd’hui que les principales difficultés en Afrique peuvent être surmontées par l’art, la musique et les autres formes d’expression culturelles qui constituent de véritables vecteurs de rassemblements.

S’il y a un bilan à tirer de votre mandat qui tire à sa fin à la tête d’Arterial Network, quelles sont les principales réalisations que vous pouvez citer ?

Je pense que j’ai vécu une aventure extraordinaire à côté de mon ami Monza et des autres membres du Comité de Pilotage d’Arterial Network. Nous sommes en gros satisfaits de tout ce que nous avons pu voir de l’Afrique, un continent qui s’affirme, s’exprime et s’émancipe. Un continent qui essaie avec toutes ses ressources d’achever la décolonisation des mentalités et la décolonisation tout court. Nous avons vu l’émergence d’un nouveau type d’Africain plus confiant, et cela est extrêmement important. Le combat, ce n’est pas seulement celui de l’argent, mais cette construction citoyenne et mentale. J’ai vu des frères qui s’engagent aujourd’hui avec leurs moyens, pour leur cité et pour leur ville. Et ils réalisent des choses extraordinaires.

Il faut dire que 80% des projets sur lesquelles nous sommes engagés sont des projets financés par nous Africains. Avant notre arrivée à la tête d’Arterial Network, nous n’avons jamais pu tenir une réunion sans l’argent des autres. Aujourd’hui, nous faisons tout nous-mêmes et nous décidons nous-mêmes des actions à entreprendre. Les réseaux sont fonctionnels, sans compter les projets et programme que nous avons lancés, dont les «Villes créatives d’Afrique». Nous avons réformé notre programme de plaidoyer dans le secteur culturel et pour le continent. Nous avons été sur toutes les scènes internationales. Aujourd’hui, nous sommes un groupe fortement engagé pour le continent.

Cette unité africaine dont on parle, nous l’avons déjà réalisé sur le plan culturel et nous sommes beaucoup plus en avance que les Etats. Aujourd’hui, je me sens mauritanien. Pour vous dire que l’intégration, nous l’avons déjà entamé à travers nos réseaux. En tant que président d’Arterial Network, je ne peux que me réjouir de la sympathie que m’ont témoignées les membres d’Arterial Network.

Propos recueillis par
Cheikh Aidara, journaliste
SG du Festival Assalamalekum et Arterial Mauritanie


Plainte contre la Mauritanie au Parquet de Paris : tracasseries en vue pour certains fonctionnaires

Le gouvernement français est sur le collimateur des défenseurs des droits de l’homme mauritaniens, en l’occurrence, le mouvement IRA et ses avocats belges. Ils accusent Paris d’ignorer les nombreuses plaintes portées contre certains fonctionnaires mauritaniens accusés d’exécutions extrajudiciaires dans les années 90 et d’actes de tortures. Ces derniers continueraient ainsi à se rendre en France en mission, pour des villégiatures ou des soins, sans inquiétudes. C’était lors d’une conférence de presse animée le jeudi 22 juin dernier au Parlement européen à Bruxelles.

De gauche à droite : Birame Dah Abeid, Louis Michel, G.H.Beautier et W.Bourdon (Crédit photo : Aïdara)

Nouakchott serait certainement en mauvais termes avec l’ancien et puissant président de la Commission européenne, Louis Michel, pour que ce dernier charge avec autant de hargne la Mauritanie, «accusée de toujours entretenir l’esclavage», pointant du doigt non seulement l’Etat mauritanien mais aussi la résignation des victimes. On se rappelle des attaques virulentes que la presse mauritanienne (voir le blog de X Ould Y : https://x-ould-y.blogspot.be/2006/12/louis-michel-est-un-corrompu.html) avait décoché contre Louis Michel, l’accusant de corrompu, lors de sa visite à Nouakchott le 27 octobre 2006 en tant que membre de la Commission européenne sous José Manuel Barroso. A la suite de ses déclarations lénifiantes envers le CMJD, Messaoud Ould Boulkheir, président de l’Alliance populaire progressiste (APP) et farouche opposant, avait répliqué : «si les observateurs européens sont de la même trempe que Louis Michel, alors il n’y a rien à espérer d’eux».

Ainsi, le 22 juin 2017, lors de la conférence de presse animée au Parlement européen par les avocats Me Georges Henri Beautier et Me William Bourdon, en compagnie de Birame Dah Abeid, président du mouvement IRA, Louis Michel s’est-il rebiffé quand l’Union européenne fut accusée de soutenir «une faction de l’extrême droite mauritanienne, esclavagiste, qui domine les franges défavorisées » ou lorsque le contribuable européen est invité à être plus vigilant car son argent servirait à «engraisser et solidifier un système politique dépositaire d’idées suprématistes et antidémocratiques en Mauritanie». Il a répliqué sèchement «l’Union européenne finance des projets et des programmes de développement en Mauritanie mais ne soutient pas financièrement ni ne donne de l’argent directement à l’Etat mauritanien».

Nonobstant cette offensive institutionnelle enclenchée contre le gouvernement mauritanien, par une approche financière et économique tendant à lui couper les cordons de la bourse européenne, et celle lancée contre la France pour son laxisme, Birame Dah Abeid et les deux avocats de la Fondation pour l’Egalité des Chances en Afrique, Me Beautier et Me Bourdon, ont également contre-attaqué en déposant une énième plainte contre des fonctionnaires mauritaniens auprès du Parquet de Paris. Ils comptent ainsi sur les dispositions de la loi sur la compétence universelle pour épingler des «tortionnaires » mauritaniens nommément cités dans une plainte que les avocats ont reçu des victimes. Il s’agit principalement des 13 détenus d’IRA qui avaient été arrêtés lors de l’affaire dite «Affaire Gazra Bouamatou». Cinq de ses ex-prisonniers sont d’ailleurs à Bruxelles pour rencontrer la société civile, les élus et journalistes en Europe, notamment en France, en Allemagne, en Belgique, en Hollande, en Italie et en Espagne.

Cette nouvelle plainte en France viendrait ainsi s’ajouter, selon les avocats, à celles déjà déposées auprès de la Cour africaine des droits de l’homme et auprès des Rapporteurs spéciaux des Nations Unies, notamment le Rapporteur spécial sur la torture et autres peines ou traitements inhumains et dégradants.

Pour l’instant, Nouakchott accuse le coup. Selon plusieurs observateurs, la Mauritanie pourrait bénéficier encore de la «compréhension» de son allié français, notamment sous le mandat commençant du nouveau président de la République Emmanuel Macron. En effet, l’axe Nouakchott-Paris semble s’ouvrir sur un nouveau type de rapport plus pragmatique, basé sur les intérêts de Paris notamment dans le domaine de la lutte contre le terrorisme au Sahel et les prospections de la société Total.  Contrairement aux gouvernements précédents qui se sont succédé à l’Elysée, les problèmes sociaux internes à la Mauritanie pourraient bien passer en second plan. La preuve, l’accusation portée par IRA contre le consul de France à Nouakchott. Ce dernier est accusé d’avoir entravé le voyage de cinq militants d’IRA, victimes de tortures, qui devaient se rendre à Bruxelles pour témoigner devant le Parlement européen. Ce qui les a obligés à se rendre à Dakar.

Cheikh Aïdara

Depuis Bruxelles


Le FC Tevragh-Zeina revient sur la finale boycottée : « Nous ne sommes mus que par le souci de faire respecter les textes »

Le Maire de Tevragh-Zeina et présidente d’honneur du club, Mme Fatimetou Abdel Maleck est revenue sur le scandale de la finale de la Coupe du Président de la République remportée sur tapis vert le dimanche 18 juin dernier par le FC Nouadhibou après le boycott du FC Tevragh-Zeina.

Table officielle ; au milieu la maire de Tevragh-Zeina et à sa droite le président du club (Crédit photo : Aïdara)

« Nous investissons des sommes importantes de nos contribuables pour participer au rayonnement de notre football et promouvoir les jeunes pour leur permettre de s’épanouir loin des chantiers tordus de la délinquance et du terrorisme et nous ne pouvons pas accepter que les textes qui régulent le jeu soient faussés« . C’est en ces termes que la Maire de Tevragh-Zeina s’est exprimé avant de souligner que si c’est la loi de la jungle qui doit désormais régir le football dans le pays autant orienter les ressources de la commune vers d’autres sports populaires.

Lui emboîtant le pas, Moussa Ould Khairy devait revenir en détail sur la réserve portée par l’équipe de la Garde Nationale contre le FC Nouadhibou, faisant ressortir le caractère frauduleux de la licence attribuée au joueur contre lequel la réserve à été portée. « En temps normal ce jeune ne devait pas obtenir une licence de football qu’il a obtenu de manière détourné à l’insu même de la Ligue Nationale l’organe chargé de la validation des licences football« .

Pour ceux qui reprochent au FC Tevragh-Zeina son boycott de la finale trouvant qu’il n’est pas concerné par la réserve de la Garde, il répondra qu’au contraire cette affaire doit concerner l’ensemble des clubs mauritaniens. « Nous assumons toutes les conséquences de notre démarche mais l’essentiel pour nous était de frapper les esprits et tirer la sonnette d’alarme sur la pente dangereuse que notre football était en train d’emprinter » a-t-il martelé.

Les arguments étaient percutants, convainquants et inattaquables, même pour les plus sceptiques parmi les journalistes. Il n’y avait plus de doute. La réserve portée par la Garde étaient sans appel et la gestion du dossier par la fédération irrégulière. « Jouer la finale dans ces conditions, c’était tout simplement cautionner une forfaiture » assénera Moussa Khairy. Pour Mme le Maire « l’adversaire du FC tevragh-Zeina à la finale c’était la Garde » soulignera-t-elle avant de conclure « sinon, s’il n’y a plus aucun respect des règles autant réorienter nos ressources vers « Lekrour » (jeu traditionnel réservé aux femmes).

Cheikh Aidara


La FFRIM sur la sellette de la justice internationale : à l’affaire de la Concorde, succèdent le dossier de la Garde et la colère des acteurs du football national

Les instances du football mondial, la FIFA et la CAF notamment, se rendent compte de jour en jour que le titre de «bon élève de la classe », jusque-là attribué à la Fédération mauritanienne de football (FFRIM) n’est qu’un faux vernis.

La veille de la finale, le 17 juin 2017, le président de la FFRIM menace le FC Tevragh-Zeina de représailles s’il ne dispute pas la finale
De gauche à droite : Pape Amghar, Baliou Diagana, Ahmed Yahya, Mohamed MBeirick et Massa Diarra (Crédit photo ; FFRIM)

Les plaintes se succèdent jour après jour, devant les juridictions spécialisées de la FIFA et de la CAF en une cadence inquiétante de la part de clubs mauritaniens pour fustiger la mauvaise gestion du football mauritanien. La finale non jouée de la Coupe du Président de la République pour l’édition 2016-2017, une première dans les annales du football national, constitue en cela la goutte qui a fait déborder le vase. Immixtion dans le fonctionnement des clubs et confiscation d’associations, jalonnent ainsi le fonctionnement d’une fédération rompue dans la violation de ses propres textes et règlements.

Affaire de la Concorde

L’affaire la plus rocambolesque est celle de la Concorde. Voilà un club qui a été confisqué d’une manière illégale par le Président de la FFRIM avec la complicité de trois ex-membres du club pour masquer le détournement de 75.000 Euros issus du transfert de deux joueurs obtenu aux termes d’un contrat signé avec Levante UD, un club de 2ème division espagnole.

Ce scandale avait été largement commenté à son temps, en 2016, par la presse sportive nationale. Pour suivre la chronologie des faits, voir le lien : https://cridem.org/C_Info.php?article=695776.

A rappeler que le Président de la FFRIM serait directement impliqué dans cette affaire, dans la mesure où c’est lui qui avait exigé du club espagnol le transfert de l’argent dans les comptes de la fédération et non dans celui de la Concorde comme il était stipulé dans le contrat. Pour contraindre les Espagnols à se plier, il avait brandi une menace, celle de ne pas délivrer les CIT (Certificats internationaux de transferts) des deux joueurs, Aly Abeid et Hacen El Id, tout en déclarant que les dirigeants légitimes de la Concorde, en l’occurrence le président Dr.Bâ, n’étaient plus responsables du club. Cette dernière affirmation est paradoxalement rétroactive, car elle a été annoncée le 9 novembre2016, bien avant que le Dr.Bâ ne soit convoquée le 18 novembre 2016 puis sanctionnée le 29 novembre.

Dans la foulée, la fédération va imposer un comité de normalisation en choisissant arbitrairement 6 membres dirigeants du club. Quatre parmi ses membres démissionneront en mettant en exergue l’illégalité de ce comité. Ce qui n’empêchera pas la fédération de maintenir le comité opérationnel avec les deux membres restant, en violation de la règle la plus élémentaire en matière démocratique, la loi de la majorité. Ce sont d’ailleurs ces deux membres auxquels s’ajoutera un troisième qui aideront la fédération à faire main basse sur les  75.000 Euros de Levante UD sur la base de documents falsifiés. C’est suite d’ailleurs à cette affaire de la Concorde, que le club espagnol Levante UD, qui s’apprêtait à recruter Teguedi, Tangi et Dellahi, s’est désisté. Depuis lors,  il n’a plus essayé d’enrôler des joueurs mauritaniens.

Traînée par la Concorde devant la Chambre civile du Tribunal de Nouakchott pour cette affaire de 75.000 Euros du transfert de ces joueurs, la FFRIM a été sommée le 28 février 2017 de restituer cet argent plus les frais de justice y afférents. Mais la Concorde a fait Appel et a réclamé des dommages et intérêts.  Le verdict est attendu ces jours-ci. Mais Dr.Bâ ne compte pas s’arrêter là. Il promet de porter l’affaire au Pénal pour attaquer les trois membres qui avaient émis de fausses factures à l’origine du transfert des 75.000 Euros.

La Concorde n’est cependant pas le seul club que le président de la FFRIM a arraché à ses dirigeants. Il y a également l’affaire du club AJR de Moustapha Camara, qui s’est vu spolié de son équipe qu’il avait bâti avec beaucoup d’efforts.

Affaire de la Garde

L’affaire de la Garde n’a plus besoin d’être détaillée, tellement elle avait occupé et occupe toujours le devant de l’actualité sportive nationale. Voire le lien :

https://aidara.mondoblog.org/2017/06/10/affaire-garde-nationale-fc-nouadhibou-succession-dactes-delictuels/

Le dossier est aujourd’hui pendant devant le Tribunal Arbitral Sportif (TAS) qui va l’examiner en présence des avocats des deux parties, celui de la FFRIM et celui de la Garde nationale.

Contrairement aux rumeurs qui avaient évoqué la clôture du dossier pour vice de procédures, l’affaire sera bel et bien traitée par les autorités sportives internationales. Avec un dossier en béton aussi solide, l’avocat de la Garde ne manquera pas de démontrer toute l’arrogance d’une fédération qui fait fi non seulement des lois nationales en matière d’état-civil, mais aussi des textes qui régissent son fonctionnement.

Pour le secret de l’instruction, rien ne peut encore être dévoilé dans cette affaire mais l’avenir nous fixera sur le déroulé de cette plainte dont le verdict pourrait bouleverser la donne sportive au niveau national. Sans compter que la Garde se réserve le droit d’activer elle aussi l’aspect pénal de l’affaire, car il y a eu falsification de documents administratifs et de licence de football.

La grogne au sein des acteurs

Plusieurs clubs de football de 1ère et de 2ème division sont tellement écœurés par la gestion partisane de la FFRIM, que beaucoup pensent jeter l’éponge. En effet, beaucoup de dirigeants se demandent «pourquoi s’investir dans le football, si les jeux sont pipés et si les textes ne sont pas respectés».

Ainsi, le Championnat national pour la saison 2017-2018 pourrait réserver bien des surprises.
En effet, l’équipe de Tevragh-Zeina qui avait boycotté la finale de la Coupe nationale cette année pour s’insurger contre la gestion illégale de la réserve portée par la Garde contre le FC Nouadhibou, mais aussi les équipes de Toujounine, de l’Armée nationale, reléguée en seconde division et qui se sentent frustrées par le parti pris du président de la FFRIM pour son équipe, le FC Nouadhibou, tout aussi reléguable en seconde division, sont remontées contre l’instance dirigeante du football national. Il en va de même pour d’autres clubs comme la Police, ou encore certaines ligues nationales. Que dire alors des 14 clubs de seconde division injustement écartés de toute décision au sein de la Fédération, après le coup d’état contre le Statut de la FFRIM perpétré par le nouveau président pour verrouiller les textes et se maintenir ad aeternam à la tête de la fédération.

Les succès de l’équipe national ne sont pas imputables au Président de la FFRIM

Comme si on lui avait délivré un chèque en blanc eu égard aux performances du football mauritanien, le président de la FFRIM se croit tout permis. Ainsi, à chaque fois que des critiques légitimes lui sont faites sur la base de sa gestion personnelle du football national, ses supporters mais aussi certains naïfs de bonne foi, lui cherchent des circonstances atténuantes en brandissant les bons résultats des équipes nationales. C’est le lieu d’observer que d’abord, sans club, il n’y a pas d’équipes nationales, mais aussi que sans la volonté politique, de telles performances n’auraient pas été réalisées. S’il y a des mérites à distribuer par rapport aux avancées constatées dans le football mauritanien, il faudrait rendre hommage aux dirigeants des clubs de football. Sans les efforts consentis par ces dirigeants, en termes financiers, matériels et techniques avec beaucoup d’investissements propres, les équipes nationales n’auraient pas eu de bons joueurs pour afficher de bons résultats.

D’autre part, si les succès d’un président de fédération, parce que ses équipes nationales et ses clubs gagnent au niveau international, devaient le mettre au-dessus des lois et de la justice, le président de la Fédération espagnole de football, Angel Maria Villar ne serait pas aujourd’hui en prison pour malversations. Avec lui, les équipes et les clubs espagnols ont tout raflé, coupes du monde, coupes UEFA, Ligua, etc.  Mais qu’ont gagné les équipes et clubs mauritaniens, malgré les milliards dépensés, depuis que Ould Yahya dirige la FFRIM ?

Cheikh Aïdara


17ème AG de la FFRIM : des innovations et des réformes

La 17ème Assemblée générale de la Fédération mauritanienne de football (FFRIM) s’est réunie samedi 17 juin 2017 au siège de la fédération, en présence de représentants du ministère des Sports et des acteurs concernés.

Le président de la FFRIM montrant la maquette du futur Stade Cheikha Boidya (Crédit photo : FFRIM)

Après les échanges d’allocution, entre le président de la fédération, Ahmed Ould Yahya et le Directeur de la Haute Compétition au Ministère des Sports, Baliou Diagana, l’Assemblée a adopté plusieurs réformes, pour la saison 2017-2018. Ces réformes lui ont été soumises par un groupe de travail constitué de la fédération, du Directeur technique national et des représentants de la Ligue nationale de football.

Ainsi, la 1ère Division est rebaptisée  «Super D 1» et la 2ème Division, «Super D 2» avec un Championnat régional qui va devenir une sorte de troisième division. En plus, une nouvelle compétition sera créée et concernera les moins de 20 ans. Elle regroupera les équipes réserves de la Super D 1.

«Augmenter la compétitivité des championnats, le nombre de matchs qui passera de 400 à 1.500 par saison » seraient les objectifs de cette réforme, selon le président de la FFRIM qui dit ne pas ignorer les dépenses supplémentaires que ces aménagements vont coûter aux clubs. «Mais nous sommes obligé de continuer à développer le football » a-t-il souligné.

Parmi également les projets à venir, la réhabilitation du stade Cheikha Boidya pour une capacité de 8.000 spectateurs, la construction d’un hôtel et d’une mosquée dans l’enceinte de la fédération, ainsi que l’ouverture en novembre prochain d’une Académie nationale.

La rencontre a connu vers la fin, un échange houleux qui fera sortir le président de la fédération de ses gongs. L’affaire de la réserve portée par la Garde Nationale contre le FC Nouadhibou a refait surface, portée par le président de la Garde Nationale. Déjà, un front hostile à l’actuel président s’est ouvert et paradoxalement,  elle vient des institutions des forces armées et de sécurité, Armée, Police et Garde.

Cheikh Aidara


Revue à mi-parcours de portefeuilles : des ministres à la Banque Mondiale

Dans un retournement de situation inédit, le Ministre chargé du Budget et le Secrétaire général du Ministère des Finances se sont rendus vendredi 16 juin 2017 au siège de la Banque Mondiale pour la revue à mi-parcours du portefeuille des projets financés par cette institution de Brettons Woods, oubliant qu’ils ont affaire à un organisme d’appui et non à leur tutelle. En sus de n’avoir pas osé froisser les pontes de la Banque Mondiale en les conviant sur un terrain sous souveraineté mauritanienne, le gouvernement mauritanien n’a pas jugé utile de convier les ministres responsables des secteurs soumis à la revue à mi-parcours, encore moins la société civile et la presse.

Réunion au siège de la Banque Mondiale à Nouakchott pour la revue à mi-parcours des projets financés en Mauritanie (Crédit : AMI)

Ce qui ne ressort pas de cette réunion de révision à mi-parcours du portefeuille des projets financés en Mauritanie par la Banque Mondiale, selon plusieurs avis, c’est la participation citoyenne dans le suivi des politiques alors même que les départements sectoriels concernés en ont été exclu. Comment dans ces conditions, la Banque Mondiale compte-t-elle mener à terme ses nobles objectifs pour la Mauritanie, à savoir, l’avènement d’une gouvernance efficace, responsable et ouverte pour mettre fin à l’extrême pauvreté et promouvoir une prospérité partagée., si son action n’est pas portée par des institutions solides et fortes.

Selon certains observateurs, la revue à mi-parcours qui vient d’avoir lieu est symptomatique des relations entre la Mauritanie et la Banque Mondiale, et qui se traduit toujours par le déplacement des ministres vers son siège, comme si ces ministres ne représentent pas un gouvernement et que la Banque Mondiale n’est pas un simple partenaire. Ce qui pousse ces observateurs à déclarer que «la tenue de la revue à mi-parcours des programmes doit se faire dans la dignité, avec la participation de tous les secteurs concernés et de la société civile». Ce sont là, soulignent-ils, l’unique gage pour le développement du pays et sa prospérité. Les financements de la Banque Mondiale n’auront leur impact, selon cette réflexion, que s’ils apportent un changement qualificatif dans la vie des populations et s’ils sont orientés vers des projets rentables à fort impact sur la croissance économique, l’emploi, les exportations et la réduction de la pauvreté. Ainsi, pour certains mauritaniens, «la gouvernance locale constitue le levier principal de réussite des projets mais malheureusement, elle demeure le maillon faible du portefeuille national auprès de la Banque Mondiale » donnant l’exemple du Programme National Intégré pour la Décentralisation, le Développement Local et l’Emploi des jeunes (PNIDDLE) comme «l’exemple parfait de projets imposés et non souhaités».

Certains analystes sont persuadés qu’il est nécessaire que les projets financés par la Banque Mondiale soient mieux coordonnés avec l’Aide au développement pour simplifier les procédures et  arriver à  une meilleure intégration tout en évitant les doublons. «Ce renforcement devrait se faire en harmonie avec les projets et programmes nationaux portés et appuyés par les autres coopérations » fait-on constater.

A noter que la revue à mi-parcours du portefeuille de la Mauritanie auprès de la Banque Mondiale qui a eu lieu vendredi dernier s’est penchée sur 19 projets répartis entre plusieurs départements ministériels, Santé, Education, Environnement, Energie, Pêches, Bonne Gouvernance, Décentralisation, Agriculture, Elevage et Secteurs sociaux. Le coût global du financement de ces projets a atteint la bagatelle de 319 millions de dollars pour la période allant jusqu’en 2020, dont 32 % déjà décaissés.

Le gouvernement était représenté par le Ministre Chargé du Budget, Mohamed Ould Kembou et le Secrétaire général du Ministère des Finances,  Mohamed Ould Ahmed Aida. Ould Kembou soulignera dans son allocution à cette occasion, l’importance du partenariat entre la Mauritanie et le Groupe de la Banque Mondiale, ainsi que le rôle majeur que ce dernier joue dans le développement du pays. Lui répondant, le Représentant résident de la Banque Mondiale, Laurent Msellati a rappelé l’intérêt de cette réunion au cours de laquelle, dira-t-il en substance, un diagnostic commun des problèmes sera établi ainsi que la faisabilité des projets, mais aussi leur exécution dûment constatée par les experts superviseurs de la présente revue.  Plusieurs directeurs centraux de divers ministères avaient pris part à la rencontre.

Cheikh Aïdara


Coupe nationale de football : la finale n’a pas eu lieu

Sans beaucoup de surprise, la finale de la Coupe Nationale de football édition 2016-2017 n’a pas eu lieu. Le FC Tevragh-Zeina a boycotté la cérémonie pour protester contre la violation des textes réglementaires et le triste sort qui a été réservé à l’évocation portée par l’équipe de la Garde Nationale contre le FC Nouadhibou. Un scandale qui secoue le milieu footballistique et qui devrait susciter normalement une enquête de la FIFA et de la CAF.

La veille de la finale, le 17 juin 2017, le président de la FFRIM menace le FC Tevragh-Zeina de représailles s’il ne dispute pas la finale. De gauche à droite : Pape Amghar, Baliou Diagana, Ahmed Yahya, Mohamed MBeirick et Massa Diarra (Crédit photo ; FFRIM)

Coup de tonnerre dans le ciel du stade Cheikha Ould Boidya du Ksar ! La finale prévue dans la soirée du dimanche 18 juin 2017 n’a finalement pas eu lieu. Sur le terrain, seuls les joueurs du FC Nouadhibou caracolaient tandis que leur adversaire du jour, le FC Tevragh-Zeina, était dramatiquement absent. Quelques éléments de l’équipe déambulaient dans les couloirs du stade. Sur les gradins à demi dégarnis de la tribune officielle, le ministre des Sports et le Wali de Nouakchott-Ouest, en compagnie du président de la Fédération mauritanienne de football (FFRIM) Ahmed Ould Yahya et quelques-uns de ses collaborateurs. Le boycott de l’équipe de FC Tevragh-Zeine était désormais consommé. Ni la maire Fatimetou Mint Abdel Maleck, présidente d’honneur du club encore moins  son président Moussa Ould Khaiy, n’avaient répondu présents.

Le cafouillis était ainsi visible parmi les membres de la fédé présents, à l’image d’Ahmed Yahya qui allait de l’oreille de Pape Amghar, le président de la Ligue nationale de football, à celle de son Secrétaire général, Ould MBeirick. La moitié du maigre public qui avait fait le déplacement désertera d’ailleurs les lieux, peu avant que le Secrétaire général de la fédération ne constate les faits.

Coup de sifflet de l’arbitre Ould Mgheïvri, puis un but symbolique marqué sans enthousiasme, suivi d’un Ola désuet des joueurs du FC Nouadhibou sacrés vainqueurs de la Coupe nationale de football.

A la place de la finale qui n’aura finalement pas lieu, un match de gala, entre le FC Nouadhibou et l’ASAC Concorde, qui reçut le trophée de champion de la Mauritanie des mains du Ministre des Sports, suivi par celui attribué au vainqueur de la Coupe nationale perdue sur tapis vert par le FC Tevragh-Zeine. Aux vacarmes enthousiastes des supporters du FC Nouadhibou répondaient les sifflets et les huées de l’autre partie du public.

Mais pourquoi le FC Tevragh-Zeina a-t-il boycotté la finale de la Coupe nationale de football ? Cette question, l’organisation faîtière du football mondial et sa pendante africaine devraient bien se la poser. Pour peu que la FIFA ou la CAF mette à part leurs amitiés avec le président de la FFRIM pour sauvegarder l’image de leurs institutions, une enquête devrait être ouverte suite à ce scandale pour démêler les écheveaux d’une crise qui perdure depuis le 17 mai dernier, suite à la réserve portée par l’équipe de la Garde Nationale contre le FC Nouadhibou et bottée en touche par le bureau fédéral de la FFRIM.

Pour l’honneur du football mauritanien

Du courage, le FC Tevragh-Zeina en a eu pour booster le baromètre de la colère du milieu footballistique à son summum. En refusant de disputer cette finale face à une équipe disqualifiée par les textes de la FFRIM, le FC Tevragh-Zeine refuse tout simplement de cautionner une forfaiture en remettant un chèque en blanc à une fédération qui dépasse de plus en plus toutes les lignes rouges. La colère est d’autant plus grande que le football mauritanien risquera de pâtir des conséquences prévisibles de ce boycott.

En décidant de sécher la finale, le FC Tevragh-Zeine mesure bien les risques immédiats qu’il court, relégation, suspension, amendes… La maire de Tevragh-Zeine en est bien consciente elle qui se sent complètement découragée par la situation de non-droit qui prévaut aujourd’hui au sein du football mauritanien. «A quoi bon investir de l’argent, perdre son temps et son énergie si aucune règle n’est respectée et si, par un coup de tête, on peut t’arracher indûment tes droits ! A quoi bon continuer alors ? Autant, investir dans la pétanque ou dans tout autre sport qui n’est pas le football » s’est-elle rebiffée.

Cette réaction de la maire était intervenue au cours d’une réunion tenue le 17 juin dernier, juste après l’Assemblée générale de la Fédération. Autour de la table, pas moins de sept présidents de clubs, celui de  la Garde Nationale, de la Police, de Tijikja et d’Aïoun, le nouveau promu à la 1ère Division en plus du président du FC Tevragh-Zeine, ainsi que les présidents de Toujounine et de l’Armée Nationale, tous les deux relégués cette saison en seconde division.

Un pacte de solidarité a été tissé cette nuit, pour soutenir Tevragh-Zeina contre toute répression qui sera jugée illégale, car pour l’ensemble des signataires de ce pacte, ce qui est en jeu, c’est l’avenir du football mauritanien et la transparence du jeu, dans le fair-play et le respect des acteurs. Ce qui ne semble pas être le cas aujourd’hui.

Rien ne va au sein du pouvoir

Mais la grande question qui se pose est de savoir d’où le président de la Fédération Mauritanienne de Football (FFRIM) tient-il tout ce poids au point de tenir tête à trois généraux parmi les plus influents du pays et à une élue du parti-Etat. En effet, Ahmed Ould Yahya défie aujourd’hui le Général Ould Meguett de la Police, le Général Misgharou de la Garde et le Général Ould Ghazwani de l’Armée nationale, sans compter la Maire de Tevragh-Zeina. Des institutions fortes,  dont les équipes ne sont pas sorties indemnes de la gestion chaotique et unilatérale de la FFRIM durant cette saison 2016-2017. Cette grande question, l’opinion publique nationale se la pose encore avec incrédulité, car les généraux cités sont des proches du président de la République, Mohamed Abdel Aziz.
Cela voudrait-il dire finalement, que l’ex-colonel Cheikh Ould Baya, le soutien indéfectible du Président de la FFRIM est plus fort et plus entendu par le président Mohamed Abdel Aziz que tous les généraux en activité réunis ? Selon un ancien arbitre international, «quelque chose cloche indubitablement au sein de l’appareil de l’Etat, car cette situation dépasse tout entendement». Fin connaisseur des rouages du football mondial et africain, il semble dubitatif quant à une réaction éventuelle de la FIFA ou de la CAF dans cette affaire au vu des amitiés qui les lient au président Ahmed Ould Yahya. Ces deux institutions semblent tout aussi gangréner par les passe-droits que leurs affiliés.

Aujourd’hui, la famille du football mauritanien est profondément divisée. La gestion illégale du dossier de la Garde Nationale semble être la goutte qui a fait déborder le vase. En sus d’avoir frauduleusement délivré une licence trafiquée,  en dehors des procédures normales à un joueur étranger, avec un numéro national imaginaire en violation des textes sur l’état-civil mauritanien, le bureau fédéral s’est arrogé le rôle de première et dernière instance de jugement, en mettant en berne les compétences de la Commission spécialisée. Le tout pour les beaux yeux du FC Nouadhibou, le club intouchable du président de la Fédération de football. Un diktat que certains clubs refusent désormais d’entériner.

Cheikh Aïdara

 

Suite au forfait du FC Tevragh-Zeine : la FFRIM fait des mises au point

Suite au forfait enregistré par le FC Tevragh-Zeïna, en finale de la Coupe de SEM le Président de la République, prévue ce dimanche 18 juin 2017 au Stade Cheikha Ould Boïdiya, devant l’opposer au FC Nouadhibou, la Fédération Mauritanienne de Football tient à apporter quelques éclaircissements au public sportif :

v  La finale ayant été programmée officiellement, toutes les parties concernées ont été saisies du programme global, conformément à la réglementation en vigueur à la Fédération Mauritanienne de Football en matière d’organisation des compétitions nationales.

v  La Fédération Mauritanienne de Football n’a reçu aucune correspondance officielle, voire privée, du FC Tevragh-Zeïna au sujet d’un éventuel forfait. Ce qui a été pour le moins surprenant, car loin de répondre aux règles de déontologie et de convenance de la part d’un grand club censé être un exemple de professionnalisme et d’organisation.

v  Cet agissement confirme une volonté délibérée de sabotage de la part du club, car, ses représentants ont assisté à la réunion technique habituelle d’avant-match organisée dans la matinée. Et, ils n’ont à aucun moment, évoqué de manière implicite ou explicite, la probabilité de forfait.

v  Conformément à la réglementation internationale en vigueur en la matière, l’arbitre international FIFA, Monsieur Lemghaivry Ali, désigné pour officier la rencontre, a constaté le forfait qui confère au FC Nouadhibou le droit de remporter la Coupe du Président de la République édition 2017 devant le forfait de l’équipe adverse.

v  La Fédération Mauritanienne de Football tient à affirmer que les commissions compétentes de la FFRIM statueront sur le cas et prendront les mesures qui s’imposent, en parfaite conformité avec la réglementation sportive. La Fédération Mauritanienne de Football confirme également l’obligation pour tous de se plier à la volonté des règlements et des dispositions du cahier des charges, approuvés et signés par tous les clubs mauritaniens au début de chaque saison sportive.

Face à cet agissement, qui vise en toute apparence à entraver la dynamique actuelle que connait notre football – unanimement appréciée aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur – et à nuire à sa renommée en cette conjoncture particulière, la Fédération Mauritanienne de Football rassure l’opinion sportive nationale que de tels agissements n’affecteront en rien l’élan continu et les efforts déployés pour promouvoir notre football.

v  La marche de notre football vers des lendemains meilleurs est inexorable, et ce ne sont pas des obstacles du genre, qui entraveront cette marche. Car, nous estimons, que ni l’ordre des priorités, et encore moins le timing, ne laissent le temps à la Fédération Mauritanienne de Football de s’occuper des détails, alors qu’une adhésion massive autour de l’équipe nationale est plus que jamais requise, pour occuper l’honorable place qui nous revient dans le concert des grandes nations du football du continent, au moment où notre équipe nationale franchit le premier palier vers ce noble objectif.

Par conséquent, nous assumerons notre entière responsabilité devant Allah, et devant l’opinion sportive nationale, pour continuer cette œuvre à laquelle nous croyons fermement, afin de traduire dans les faits l’ambition, du reste légitime, qui anime notre public sportif de voir son football réaliser de grandes performances. Rien, et alors rien, n’ébranlera notre ferme  volonté et notre farouche détermination d’atteindre cet objectif.

 


Coupe nationale de football : la finale aura-t-elle lieu ?

Pour la première fois dans l’histoire du football mauritanien, une finale de la Coupe nationale pourrait ne pas avoir lieu. Nonobstant cette éventualité, la fédération mauritanienne a distribué des cartons d’invitation et ameuté la presse pour une finale prévue le dimanche 18 juin 2017 à 23 heures au Stade Cheikha Boidya du Ksar. Mais la question liée à la participation du FC Tevragh-Zeina reste posée, car cette finale face au FC Nouadhibou est illégale et frauduleuse aux yeux d’une bonne partie de l’opinion publique nationale.

Le public reste circonspect

Habitué à faire passer les nombreuses forfaitures de la fédération mauritanienne de football sans remous, le président Ahmed Ould Yahya a lancé ses invitations pour la finale du dimanche 18 juin entre son club, le FC Nouadhibou et le FC Tevragh-Zeine. Pour un large pan de la scène sportive, le président cherche à faire oublier le cas de Cheikh El Weli Yacine, joueur Sahraoui du FC Nouadhibou frauduleusement considéré comme Mauritanien ainsi que la réserve portée contre lui par l’équipe de la Garde Nationale et restée sans suite.

Le président de la fédération pique une crise

Sans doute torturé par une grave crise de conscience, après avoir piétiné les textes de la fédération et dessaisi la Commission de Discipline d’un litige relevant de son ressort, le président de la fédération mauritanienne de football, serait tout en nerf, depuis l’inédit vote du 13 juin dernier entérinant la forfaiture autour de la licence frauduleuse de Cheikh El Weli Yacine.

En effet, le président de l’équipe de la Garde Nationale qui s’était présenté à la fédération, pour récupérer le P.V de réunion du Bureau fédéral qui le déboutait de sa réserve, a essuyé une provocation en règle de la part du président Ahmed Ould Yahya.

Mais le président de l’équipe de la Garde avait bien appréhendé les desseins de Ould Yahya et choisit de ne pas répondre à ses provocations. Il se rendit auprès du Secrétaire général, poursuivi par les insultes et les invectives du patron du foot mauritanien. Médusés, le personnel administratif et même les plantons furent à la fois sidérés par la violence verbale du président de la fédération que par le calme olympien et le sang froid du président de l’équipe de la Garde. Ahmed Ould Yahya avait tout simplement pété les plombs.

La gestion malhonnête de la réserve portée contre le FC Nouadhibou et la colère inédite ressentie par le président de la Fédération parce que certains contestent son diktat, le pousseront même, à défier des institutions aussi respectables que la Garde Nationale, l’Armée et la Police. A l’intention du président de la Garde, il dira «vous ne jouerez pas la finale et le FC Tevragh-Zeina ne prendra pas le championnat, car tant que je serais président de la Fédération, le FC Nouadhibou ne tombera pas ». En effet, si le dossier litigieux de Cheikh El Weli Yacine avait suivi la voie normale, le FC Nouadhibou se retrouvera la saison prochaine en seconde division, car l’équipe perdrait chacun des 22 matchs auxquels le joueur en question a participé.

Pour l’équipe de l’Armée, envoyée en deuxième division et qui pourrait remonter en D1 si l’épineux problème du joueur Sahraoui avait été soldé dans les normes, Ahmed Ould Yahya a promis qu’il l’enverra elle et l’équipe de la Police dans les poubelles de l’histoire. A propos de l’équipe de la Police, le mépris du président de la Fédération de football vis-à-vis d’elle est allé jusqu’au refus d’inviter la présidente du club lors de la visite du président de la FIFA en février dernier à Nouakchott. Cette dernière avait d’ailleurs violemment contesté cette injustice, car tous les autres présidents de club avaient reçu des cartons d’invitation à cette occasion.

La FFRIM, une propriété personnelle

Depuis que ses amis l’ont installé sur les rennes du football mauritanien, Ahmed Ould Yahya a grignoté année après année des pans de pouvoir, s’entourant d’une équipe d’obligés qui lui obéissent au doigt et à l’œil, qu’il peut même insulter quand il le veut, monnayant salaires mirobolants et voyages de complaisance. Ainsi, parmi les membres du Bureau fédéral qui coiffe le football mauritanien, l’écrasante majorité ne dirige aucun club et ne doit sa présence dans ce staff que par le libre-arbitre du président de la fédération qui leur a attribué à chacun un poste de responsabilité et les avantages qui l’accompagnent.

Bien entendu, à la moindre saute d’humeur, il peut les dégommer et les renvoyer dans la rue. Aussi, Ahmed Ould Yahya tient-il tout ce beau monde par le cordon de la bourse. Pas étonnant dans ce cas, qu’ils aient tous voté, à l’exception du président de FC Tevragh-Zeina, sur le faux et l’usage du faux, lors de la sombre nuit du 13 juin dernier mettant illégalement fin à la réserve de la Garde Nationale.

Grisé par ce pouvoir exceptionnel sur les hommes et une richesse subite hors norme, Ahmed Ould Yahya a développé une certaine suffisance qui lui fait prendre des vessies pour des lanternes et ses propres plaisirs pour de la réalité. Le destin a voulu également qu’il ait joué un grand rôle dans l’élection du nouveau président de la FIFA, Infantino, notamment dans la zone Afrique, grâce à l’intelligence et à la roublardise toutes mauritaniennes.

Une longue amitié naitra de cette complicité qui a été récompensée il y a un peu plus d’un mois par un poste au sein du Bureau de la Confédération africaine de football (CAF). Aujourd’hui, Ahmed Ould Yahya est président de la Commission juridique au sein de la CAF. Paradoxalement, il est le chantre des violeurs des textes et règlements de la fédération qu’il préside. Pas étonnant s’il peut aujourd’hui décréter qui va jouer en finale et contre qui, où la jouer et quand.

Seul maître à bord d’une fédération dont il a verrouillé les textes pour rendre sa succession pratiquement impossible, Ahmed Ould Yahya a plongé aujourd’hui le football mauritanien dans des lendemains incertains.

A quoi bon former des clubs de football, payer des joueurs, engager des dépenses exorbitantes, si l’on n’est pas certain d’obtenir les fruits du mérite, s’il n’y a aucune règle de jeu, si par vote à mains levées d’une assemblée entièrement soumise et réduite à l’esclavage, on peut t’arracher tes droits ? Cette réflexion est en train de se développer parmi les présidents de clubs.

Ainsi, le football mauritanien a entamé sa descente dans l’enfer des magouilles et malversation qui entachent d’ailleurs le foot mondial. Si l’on sait que même les arbitres, dont la désignation pour des matchs internationaux dépend de la seule volonté du Bureau fédéral, ne sont pas à l’abri des pressions pour faire gagner ou perdre telle ou telle équipe, sans compter les matchs arrangés entre clubs.

Cheikh Aïdara


Birame Dah Abeid : «Nous continuerons à attaquer ces codes négriers de la fausse version Malékite locale, et Aziz n’a qu’à agrandir ses prisons »

En déplacement au Canada puis en Belgique, le président de l’Initiative de résurgence du mouvement abolitionniste (IRA), Birame Dah Abeid, est revenu sur les dernières actualités en Mauritanie, notamment l’adoption par le Parlement de deux lois qui semblent viser particulièrement son organisation, la loi contre le discours raciste et la loi pénalisant tout discours contre le rite Malékite. Birame est aussi revenu sur ses relations avec la diaspora mauritanienne à l’extérieur, le renouvellement du Barreau des avocats et la rupture des relations diplomatiques entre la Mauritanie et le Qatar.

Birame Dah Abeid (Crédit photo : IRA Mauritanie)

L’Assemblée Nationale en Mauritanie vient d’adopter deux lois, l’une pénalisant tout discours contraire au rite Malékite dans le pays et l’autre qui condamne les propos jugés haineux et racistes.  Le mouvement IRA qui a brûlé en 2012 à titre symbolique des livres du rite malékite et qui est accusé d’extrémiste semble ainsi tout désigné par cette offensive. Qu’en pensez-vous ?

Birame Dah Abeid : la dernière loi concoctée par le régime et adoptée par le Parlement mauritanien est taillée sur mesure pour contenir et museler les aspirations à l’affranchissement du joug esclavagiste des esclaves et anciens esclaves. Elle vise aussi à museler, intimider et faire taire, la contestation populaire contre les inégalités raciales, contre les pratiques esclavagistes et les discriminations. C’est une loi qui vise à rendre effectif l’encerclement du mouvement IRA Mauritanie et ses dirigeants.

C’est une loi qui vise à accentuer la pression sur les militants d’IRA et les envoyer en prison. Elle vise, selon l’extrême droite arabo berbère obscurantiste, raciste et afrophobe, à maintenir le statu quo, à prémunir cette faction contre toute forme de contestation et préserver leurs privilèges indus à travers la gestion désastreuse et unilatérale du pays, afin qu’ils puissent continuer à garder le pouvoir et contourner la mobilisation trop forte autour du mouvement IRA qui s’était traduite en 2014 par le vote massif et surprenant en faveur du candidat abolitionniste. Cette loi vise enfin à maintenir un mur entre les populations et l’expression démocratique, mais aussi à les éloigner davantage du courant abolitionniste pour l’empêcher d’accéder à des postes électifs.

Ce qui est visé ici c’est notre discours et nos attaques en règle contre le code et le rite esclavagiste de la version locale du Malékisme mauritanien adopté par les groupes esclavagistes et racistes, qui n’a rien à voir ni avec le rite Malékite originel ni avec  l’Islam. Nous continuerons à attaquer ces codes négriers, à les dénoncer. Nous les refusons haut et fort. Le régime de Mohamed Abdel Aziz n’a qu’à agrandir ses prisons. Nous sommes prêts à faire des sacrifices.

Je dénonce ainsi l’hypocrisie du gouvernement mauritanien et celle de l’assemblée nationale mauritanienne, deux institutions monocolores dirigées par un seul groupe minoritaire, le groupe de la faction de l’extrême droite arabo-berbère qui a fondé sa vision, sa politique et son mode de vie sur les pratiques racistes et esclavagistes. Je considère qu’au lieu de criminaliser le discours des défenseurs des droits de l’homme et des abolitionnistes, un discours fêté, primé et reconnu sur toutes les scènes internationales crédibles et spécialisées comme les Nations Unies qui ont décerné au président d’IRA le Prix des Nations Unies pour les droits de l’homme en 2013, au lieu de criminaliser ce discours qui est conforme au droit international et à la paix mondiale, il faut criminaliser les pratiques esclavagistes et les crimes racistes qui ont été commis et qui continuent à être commis par les tenants de ce pouvoir, en menant une tentative de génocide contre les Noirs, en particulier contre l’élément Peulh et qui s’est étalé sur plusieurs années à partir de 1986, avec des milliers de morts et des centaines de milliers de déportés, des centaines d’exécution sommaires et extrajudiciaires commises de la manière la plus ignoble et la plus inhumaine, à Inal, à Azlat, à Jreïda, à Walata, à Wothie, à Sorimalé, à Tiguint, un peu partout sur le territoire national.

Le gouvernement qui criminalise le racisme doit d’abord commencer par ouvrir les charniers, mener les enquêtes sur les tueries et les crimes collectifs qui ont visé les populations mauritaniennes et dont les exécutants et les concepteurs, sont toujours au pouvoir, que ce soit au sein des corps militaires ou dans l’appareil civil gouvernemental. Avant de criminaliser les discours racistes, il faut d’abord criminaliser et réprimer les actes racistes et esclavagistes commis quotidiennement et qui continuent de ronger la communauté Haratine et pratiqués par les dignitaires au pouvoir, qu’ils soient officiers de police, officiers de l’armée, magistrats, hauts fonctionnaires ou membres du gouvernement, et que l’on retrouve aussi dans les segments tribaux, au sein des élus du pouvoir.

Vint pour cent (20%) de la population mauritanienne continue à souffrir de l’esclavage le plus ignoble, le plus inhumain et le plus médiéval. Ce gouvernement qui prétend criminaliser le discours raciste doit criminaliser ces actes qui continuent d’être perpétrés au quotidien.  Il doit lever l’impunité accordée aux criminels de l’esclavage qui sont au sein du pouvoir et qui sont connus de tous, et dont les actes sont dénoncés par les membres d’IRA, les exposant à la prison, à la torture, aux exactions et aux enlèvements extrajudiciaires. Un gouvernement ne peut pas criminaliser un discours raciste alors que lui-même mène une politique et une gouvernance raciste, avec une justice et un parlement raciste. C’est ridicule et je dis aux tenants du pouvoir : vous ne trompez personne et vous ne faites peur à personne.

Nous continuerons notre discours et si ce discours est considéré comme raciste par le régime hors-la-loi de Mohamed Abdel Aziz ainsi que la horde de racistes et d’assassins qui le soutient, ce discours est validé par les populations mauritaniennes et la communauté internationale qui comprennent notre discours et l’acceptent, car notre discours est un discours de paix, de droit et de justice.

Je réitère en guise de réaction cet appel à la communauté nationale et internationale, à tous les Mauritaniens imbus de l’avenir de ce pays. La Mauritanie, qui devait se conformer à la législation internationale et naturelle, celle de la liberté de culte, vient maintenant s’inscrire en faux contre les lois internationales qu’elle avait ratifiées et qu’elle prétend observer. La Mauritanie s’inscrit également contre la loi musulmane qui donne la liberté de rite à tous les musulmans. La Mauritanie contrairement à tous les pays musulmans, vient également s’inscrire en faux contre les enseignements de l’Imam Maleck Ibn Aness qui lui-même a refusé catégoriquement que sa conception de la loi musulmane soit imposée aux autres musulmans. Il a toujours dit qu’il est un être humain et qu’il est passible d’erreurs et qu’il ne prétend pas que ses enseignements supplantent les enseignements du Prophète Mohamed (PSL) ou les commandements du Livre Saint.

Je considère que pour le régime mauritanien, ainsi que pour les segments esclavagistes et racistes qui gravitent autour de lui, la loi sur le Malékisme est une pure façade destinée à instrumentaliser  la religion pour régler des comptes politiques et sociaux, blanchir les crimes sur l’esclavage et le racisme. Je pense que ce qui vient d’être esquissé par le régime raciste, esclavagiste, fanatique et xénophobe de Mauritanie, c’est une façon de protéger des codes négriers et de fornication, des codes d’exploitation et Jahilistes qui n’ont rien à voir avec les principes d’égalité et de justice de l’Islam.

Je réitère notre position originelle, et nous savons que ceux qui sont visés par cette loi, c’est le mouvement IRA mais aussi toute cette population humble qui commence à goûter aux fruits de l’émancipation, de l’affranchissement et de la liberté retrouvée. Nous pensons que c’est une loi obscurantiste et réactionnaire. Nous ferons barrage à cette loi par nos corps et par notre détermination, toujours dans la ligne pacifique conforme au droit international et national. Nous promettons au régime de Mohamed Abdel Aziz, à tous les racistes et les bourreaux qui gravitent autour de ce régime, que nous mènerons une lutte et une résistance sans merci.

 

Le site Al Akhbar vient de publier une information selon laquelle le Premier ministre Yahya Ould Hademine aurait déclaré, je cite : «« Nous avons pris soin de ne pas installer le débarcadère de Ndiago et le canal de Lemseidi dans la Vallée, malgré que les avantages économiques seraient plus considérables dans la vallée. L’Etat a une vision stratégique claire qui s’agit de ne pas développer les zones de la Vallée du fleuve Sénégal. Car il est probable que dans l’avenir cette partie de la Mauritanie devienne une terre exclusive aux Noirs. Elle pourra même être arrachée pour les Noirs. La question des Noirs est le plus grand défi dont fait face l’Etat mauritanien ». Pensez-vous réellement que le Premier Ministre puisse tenir de tels propos et dans tel cas, comment jugez-vous cette déclaration ?

Birame Dah Abeid : concernant cette question relative aux propos particulièrement ignobles et sidérants du Premier Ministre du régime de Aziz à l’encontre des Mauritaniens, car s’en prendre à la Vallée et à ses populations, c’est sans prendre à tous les Mauritaniens sans exception, je pense que ces propos sont indignes et ne nous surprennent malheureusement pas de la part d’un régime qui réclame l’héritage de la tentative de génocide sur les Noirs , celui des crimes racistes et esclavagistes qui continuent à user des prérogatives de son gouvernement, de son parlement, de ses appareils militaires et sécuritaires, de ses médias, de ses mosquées, pour justifier tous ces crimes inhumains, tous ces passifs lourds qui ont endeuillé les communautés nationales et qui continuent à perpétuer ce genre de pratiques et de stigmatisation des populations à cause de leur appartenance ethnique et de leur couleur.

Je pense qu’on connaît bien ce gouvernement, ses exactions contre les populations de la Vallée, ses tentatives de les exproprier de leurs terres, comme le chemin de l’apatride qu’il a ouvert à tous les citoyens pour les démunir de leur nationalité et de leur citoyenneté. Nous savons aussi que ce régime a fait beaucoup de mal à toutes les populations mauritaniennes. Ce que le Premier ministre vient de dire est une preuve supplémentaire de l’incurie de ce gouvernement. Ces propos rapportés par Al Akhbar, qui est un site très crédible, n’ont pas été démentis ni par le Premier Ministre ni par le gouvernement, car ils ne peuvent certainement pas le faire car Al Akhbar détiendrait peut-être des preuves sûres. Ces propos ne sont que le reflet de la nature raciste et anti-Noir du régime de Mohamed Abdel Aziz depuis son usurpation du pouvoir et c’est cette politique que nous avons toujours dénoncé et continuerons à dénoncer. Ils prouvent davantage que nous avons raison dans notre lutte contre ce pouvoir réfractaire à tous les droits, le droit national mauritanien et le droit international.

Je lance un appel aux populations de la Vallée et aux populations mauritaniennes sur l’ensemble du territoire à se mobiliser pour ne pas accepter la politique de la division contre les populations. Le dressage des populations les unes contre les autres, la communauté maure contre la communauté Peulh, les populations Pulaar contre les populations haratines, c’est ça la politique de ce pouvoir qui attise les dissensions ethniques et raciales pour se maintenir. Ce qui doit être visé, c’est la lutte contre le régime de Mohamed Abdel Aziz, en adoptant la position du mouvement IRA contre les injustices et les dérives de ce pouvoir. Ces errements et ces atrocités du pouvoir ne doivent pas être imputés à une communauté mais à ce système qui nous gouverne. Il ne faut jamais tomber dans le piège du pouvoir qui voudrait qu’une partie de la population mauritanienne impute ces dérives et les problèmes qu’elle rencontre à une autre communauté. C’est ça que cherche le pouvoir que nous devons tous combattre, lui et ses soutiens ainsi que ses laudateurs.

Il est question ces jours-ci du renouvellement du Barreau mauritanien, l’un des alliés des défenseurs des droits de l’homme, dont IRA. Quelle lecture faites-vous de ce renouvellement ?

Birame Dah Abeid : pour ce qui est du renouvellement du Barreau de l’Ordre National des Avocats, je veux souligner ici que ce barreau est la seule citadelle qui est restée depuis toujours intransigeante et intraitable face à l’instrumentalisation des dictatures militaires qui se sont succédé à la tête du pays et qui sévissent de nos jours de la manière la plus dangereuse sous la dictature de Mohamed Abdel Aziz.

Je rends hommage à ce barreau et aux avocats mauritaniens qui sont restés toujours dignes et conformes à leur déontologie et à leur mission de défendre coûte que coûte tous les prisonniers d’opinion et de conscience qui ont été persécutés par les dictatures militaires.  Je rends personnellement hommage au bâtonnier Cheikh Ould Hindi qui depuis sa prise de fonction n’a jamais lésiné sur les moyens, sur les trajets  et les déplacements pour défendre les prisonniers d’opinion d’IRA Mauritanie.

Il a été partout présent lui et ses confrères du barreau mauritanien pour tirer ces prisonniers des conditions difficiles d’emprisonnement arbitraire. Il a été à Rosso, à Nouakchott, à Aleg, à Zouerate. Je lui rends hommage comme je rends hommage à tous les doyens du barreau, à tous les jeunes avocats qui tous n’ont jamais hésité à répondre présents pendant les heures tardives de la nuit et à subir les déplacements lointains, pour procurer la défense compétente et nécessaire à nous défenseurs des droits de l’homme qui avons toujours eu maille avec la justice. Je réitère notre soutien, nos amitiés et notre reconnaissance au barreau des avocats mauritaniens.

Nous lançons un appel à l’ensemble de la classe politique pour contribuer à notre lutte et faire en sorte que le gouvernement mauritanien et son régime préservent l’indépendance et l’originalité du barreau mauritanien, car c’est un acquis pour toutes les populations, toutes tendances politiques et civiles confondues, car tous peuvent un jour être inquiétés par des poursuites, à cause de leur opinion ou de leur position politique.

IRA est une organisation très active à l’extérieur. Quelles sont ses relations avec la diaspora mauritanienne ?

Birame Dah Abeid : nos relations sont très bonnes avec  toute la diaspora mauritanienne sur tous les continents.  Nous pensons que la crème des cadres expatriés mauritaniens agissent au sein d’IRA, le soutiennent et contribuent à la bonne marche de cette organisation, que ce soit au grand jour ou avec obligation de réserve et en douceur. Aux cadres expatriés, toutes ethnies confondues, je les remercie pour leur contribution effective et régulière qui a permis l’essor d’IRA à l’extérieur.

Je profite aussi de cette occasion pour soigner ce que les manipulations et les mensonges de certains segments du régime mauritanien, le secteur des Renseignements Généraux en particulier, ont pu gâcher entre IRA et d’éminents cadres mauritaniens à l’extérieur. Je veux nommer Mohamed Abba Ould Jeilani et Abdoul Diagana, qui ont été mêlés par la malice des services de renseignements à  des controverses à propos du mouvement IRA. Des propos malencontreux et des appréciations malheureuses ont pu être à l’origine d’une distanciation entre nous et ces deux éminents cadres. Je profite de cette occasion pour tendre la main à ces deux compatriotes et leur exprimer tout mon regret pour ces malencontreux incidents.

Quelle lecture faites-vous de la rupture diplomatique des relations entre la Mauritanie et le Qatar ?

Birame Dah Abeid : concernant la rupture des relations diplomatique que le régime de Mohamed Abdel Aziz a orchestré contre le Qatar, je pense que mon amour propre en tant que Mauritanien a été tout simplement froissé, traîné dans la boue quand je vois que la souveraineté de mon pays, ses relations extérieures avec des pays frères est sacrifié au profit d’une diplomatie du mercenariat, où les responsables de notre gouvernement agissent en commerçants en termes de profits pécuniaires.

Il est particulièrement regrettable la dévalorisation et la manière dont nos dirigeants appréhendent la chose publique et notre souveraineté nationale. C’est regrettable qu’une partie du monde puisse acheter avec de la monnaie sonnante et trébuchante notre position souveraine qui relève de notre souveraineté. Une aberration et une catastrophe morale, un degré extrêmement bas de la destruction de nos valeurs de la part du régime qui nous dirige ! Et c’est un point de non-retour, un point qui dénote de notre manque de maturité et de vision stratégique réfléchie.

Quand un domaine de souveraineté aussi important que les affaires étrangères et les relations internationales devient un domaine de tractations monétaires en argent sonnant et trébuchant, comment en tant que Mauritaniens, pouvons-nous soutenir et souffrir toute cette dévalorisation. Nous dénonçons vigoureusement de telles pratiques.

Propos recueillis par
Cheikh Aïdara