A.B. Ladji Coulibaly

Chinoiseries dans l’Université Bling-Bling (5e partie): La bourse d’étude et le secours financier, de grandes énigmes

L'argent et le diplôme. Ph.google.
L’argent et le diplôme. Ph.google.

La bourse en Côte d’Ivoire, c’est le Kouadio. Les anciens savent le sens et l’histoire de ce synonyme. Cette affaire de Bourses et d’aides financières est une grande énigme. Logiquement et avant tout c’est une histoire de mérite, de chance et de réseau car, dans ce monde, tout est possible. D’Henri Konan Bédié (HKB) à Alassane Ouattara (AO ou ADO) en passant par Guei Robert (BoB) et Laurent Gbagbo (LG), les bourses des étudiants n’ont pas eu l’honneur et la chance de suivre les courbes des slogans en vogue à l’ère de chacun de ces historiques Président de République ivoirienne. Les bourses n’ont pas progressé, pourtant sous Bédié le progrès devrait assurer le bonheur de tous, sous Guei, elles ont échappé aux ballais ; sous Gbagbo, elles n’ont pas été refondées. A l’ère d’AO, elles n’ont pas encore emprunté, malgré les péages augmentés, les autoroutes et ponts de l’émergence.

Bien au contraire depuis la mort du père de la nation Félix Houphouët Boigny, Bourses d’étude et Aides financières sont devenus moins fréquentes. La fréquence de payement des bourses et allocations universitaires est passée de la mensualité à l’annuité ; du mois à l’année. Au lieu de venir comme un bon cycle menstruelle mensuellement pour permettre à l’heureux étudiants qui l’a de vivre décemment et d’être moins inquiet, elles viennent désormais une fois par an, comme des hirondelles et toutes cumulées, pour évacuer les dettes cumulées que l’étudiant bénéficiaire est obligé de contracter en gagent sa bourse qui va venir, mais Dieu seul sait quand?

Pour ceux qui s’interrogent sur le montant des bourses ivoiriennes, elles se présentent selon 3 paliers : 1ere et 2e année 240.000FCFA en raison de 20000/mois ; Licence 3 et Master 1 : 480.000FCA en raison de 40.000 FCFA/mois et du Master à la dernière année de Thèse, 60.0000 FCFA en raison de 50.000FCFA/mois. Obtenir la bourse exige d’avoir le courage et la patience et la persévérance que doit avoir le turfiste ou le joueur de loterie, mais aussi et surtout de consentir à beaucoup d’effort de travail. Pour bénéficier d’une aide, il faut compter sur la chance ou et surtout les réseaux. Si les conditions d’obtention des bourses sont liées à l’excellence des résultats académiques, les conditions d’obtention des aides restent encore floues pour tous ceux qui ne sont jamais rentrés dans le secret de l’organisme d’attribution qui est la Direction des orientations et des bourses (DOB).

Les réseaux kif kif des Arsène Lupin du système…

Depuis quelques années le système des demandes des bourses et aides universitaires est informatisé. La DOB, il faut le dire est à féliciter pour cet extrême effort de modernisation. Ce système permet de contrôle, mais aussi d’éviter les doublons. C’est-à-dire à une même personne d’obtenir deux fois la bourse la même année. Cela se peut pour diverses raisons et statut de ces personnes. Mais il y a toujours des gens qui veulent obtenir ce à quoi ils n’ont pas droit et ce par tous les moyens qui s’offrent à eux. De même il y a toujours des gens dans l’administration qui sont prêt pour des pourcentages allant de 20% à 80% de la somme aue l’étudiant percevra. Pour garantir qu’ils ne seront pas doublés par ces derniers, des documents originaux, comme les diplômes sont confisqués ou des reconnaissances de dettes – sans motifs spécifiques –  sont signées. Et gare à l’étudiant qui se jouera les Petit Bodiel. Le système est bourré de véritables dealeurs. Des voyous qui volent, rançonnent avec l’élégance d’Arsène Lupin et la maladresse du blackiste sorti d’une prison de la Capitale. Ils sont capables autant capable de vous rendre heureux en reprenant le gros de votre bourse, mais aussi de faire disparaitre les bourses des longs absents sans que personne ne sache qui a fait quoi.

Les images éclatées des acteurs du système

On peut ainsi identifier les Gourous qui font le réseau. Généralement ils sont les bureaux de la DoB. Tout le monde le sait, mais il n’y pas de preuve. Ils y a les démarcheurs et rabatteurs, qui ont toujours des réseaux. Ce sont les petits des gourous, des syndicalistes véreux… Il y a les Opportunistes  qui profitent de leur appartenance à des groupements d’étudiants, notamment le groupe des handicapées, et qui sont prêts à même faire passer des personnes sans handicap pour les leurs. Enfin, il y a les Clients et les Clientes du système. Les prêts à tout. Mais, il faut aussi comprendre que les coûts des fascicules imposées par les enseignants, les coûts augmentés des inscriptions, des chambres en résidences universitaires, des repas sur le campus, des nombreuses difficultés que connaissent les étudiants,…ne leur laissent point souvent le choix.

Les vautours du système

Faux dossiers, fausses signatures, argent disparu. Volatilisé. Ce qui se passe aujourd’hui à propos des primes des Éléphants footballeurs, existe aussi au niveau des Bourses et aides universitaires. Il y a des vautours qui font disparaître mystiquement des bourses d’étudiants qui ne pointent pas présent au moment du payement. Des vautours. Ces charognards dont les complices sont dans l’ombre montent de faux dossiers pour faire du mal à des étudiants. Cette année 3 amis ont été malheureusement victimes de ces bandits de nos administrations. De faux dossiers ont été montés pour le retrait de leurs bourses à leur place. Et quand ils se sont pointés au guichet, avec tous les documents qui les autorisent à entrer en possession de leur dû,  tout heureux, tous les calculs faits, tous les projets dessinés au prorata de la somme à retirer, PATAPOUF. Tout a chamboulé. L’argent avait déjà été retiré pour eux, mais en inconnu. Et tous les faux documents à eux présentés, prouvaient belle et bien qu’ils avaient retiré le fric. Et pourtant il n’en était rien. Ils ne savaient rien. Ils ne s’étaient même jamais présentés au guichet avant ce jour. Ils ont été considérés comme des voleurs qui reviennent toujours sur les lieux du forfait. Apres, il y a eu des réunions. Les Directeurs, se sont retroussé les manches pour mettre au pas leurs personnels. Des enquêtes ont été promises et nos amis, sont repartis chez eux, les poches vides, chagrinés, impuissants. Il faut observer à coté les petits vautours que le système a ramenés. Il s’agit des nombreux nouveaux syndicats estudiantins qui se pointe le jour des payements et qui exige, juste après le retrait une somme sur le montant, pour un quelconque combat qu’il aurait mené pour les étudiants. Avec eux, il faut obtempérer au risque de se voir dans un mouvement de violence, exproprié de son trésor.

Du bon vieux temps à maintenant

Autrefois, me disait un paternel, on poursuivait les étudiants en janvier pour leur remettre leurs bourses du trimestre précédent. C’était la belle époque. L’époque où chaque mois, le bousier passait à la caisse pour recevoir ce qui devrait lui permettre de vivre, d’étudier convenablement. Houphouët avait tout mis en œuvre pour que l’étudiant soit considère comme un homme de valeur. Oui on peut comprendre qu’à cette époque, ils étaient aussi une denrée rare. Mais depuis, tout a changé. Les bourses ne sont plus régulières et l’Etat n’assure plus le versement mensuel. Cela est désormais une tradition, Le Kouadio se verse en une seule fois par an. Et les chanceux n’ont que le temps d’admirer leur fric pour le voir ensuite s’échapper ou disparait au fil des règlements des dettes qu’ils ont cumulé. L’étudiant boursier ivoirien vit de crédits, de dettes, de rêves, de calculs dans la patience du versement de cet argent que certains n’hésitent pas à qualifier de « maudit ».

Comment l’université nouvelle celle du nouveau départ, n’a pas pu s’organiser pour penser à programmer les bourses, de sorte qu’elles soient régulières ou même virés directement dans des comptes bancaires. Cela aurait permis de mettre des étudiants à l’abri de la dépendance…

A bientôt. Car le meilleur reste à venir.


Chinoiseries dans l’Université Bling-Bling : Les Restaus ‘U’ et le « Only for dog ». (4e partie)

A l’Université FHB de Cocody, les étudiants résidents au Campus et/ou non éprouvent d’énormes difficultés pour trouver à manger. Les restaus U qui ont survécu à la réhabilitation ont du mal à satisfaire quantitativement, mais surtout qualitativement les étudiants. D’ailleurs ces entreprises de restauration qui ont raflé l’appel d’offre, n’ont rien de philanthropes. Business, profit sont leur leitmotiv. On s’imaginerait qu’elles font de leur mieux, face à la masse d’étudiants qui prend d’assaut chaque jour les entrées du bâtiment C du Campus ancien de l’UFHB. Si la qualité n’est jamais au rendez-vous, la quantité reste insuffisante quand on imagine le parcours du combattant qu’il faut effectuer pour se faire servir. Il est à remarquer qu’à l’ouverture des Universités ivoiriennes, dans la ville d’Abidjan, seuls les restaurants des campus de Cocody, d’Abobo-Adjamé ont repris du service sur les environs six (6) existant avant la fermeture. Selon les échos des menus, les étudiants pouvaient se donner le loisir d’emprunter un bus, traverser Abidjan pour aller se restaurer soit à la cité de Port-bouet, soit à celle d’Abobo et revenir au cours. Cette époque pas trop loin de maintenant est révolue. Maintenant il faut faire le rang. Faire le long rang au bout duquel il y a un plateau, un plat selon un menu de 3 proposition et un fruit si l’étudiant est arrivé tôt. Faire le rang est même une activité qui peut occuper toute une matinée. Ceux qui viennent de loin, et qui sont abonnées au restaurant, sont déjà présents dans la file dès 10h. Ils préfèrent attendre 2h dans une file pour le plaisir de leur panse. Dans tous les cas, ils n’ont pas le choix.

La furie des concepteurs

Avoir le choix dans cette université est une option de luxe et de privilégiés. En pensant la nouvelle université, les concepteurs, n’ont pas considéré l’étudiant. Disons qu’ils ont mis l’étudiant à un piédestal que lui-même ne peut ni se le permettre ni se l’imaginer. Les concepteurs ont oublié que l’ère d’Houphouët Boigny où être étudiant avait de la valeur, était un souvenir que seuls de vieux nostalgiques se permettaient souvent de ressasser quand ils sont replet. Car l’étudiant avait un statut social tétanisant, enviable, respectable. Sa simple carte brandie pouvait, selon la chanson du zouglouman Bilé Didier, emballer des cœurs de jeunes filles en quêtes de sensation fortes. Les concepteurs ont détruit tous les restaurants privés qui soutenaient si on peut le dire les Restaurants Universitaires et qui offraient du travail à quelques vieux diplômés désillusionnés et déçus du système ou attendant d’avoir la somme nécessaire pour s’acheter un concours. Les concepteurs ont en lieu et place construit des restaurants de luxe que l’étudiant lambda ne peut qu’admirer avec envie l’écriteau présentant le menu les prix en face et avaler, avant de continuer tristement son chemin, quelque salive.  A l’époque avant la fermeture, les restaurants privés et surtout garbadrome, servaient de lieu de rendez-vous de quelques étudiants qui avaient le privilège d’avoir un billet de 1000 FCFA en poche par semaine. Ils pouvaient même se permettre d’inviter une de ses étudiantes dont la simple vue des fringues et l’imagination de combien ils pourraient coûter, effraye le novice. Mais tout a été rasé et remplacé par l’inaccessible ou le difficilement accessible. Les pauvres vendeuses de beignets qui font le bonheur des étudiants, sont traqués comme les animaux de brousses après l’annonce de la disparition du spectre d’Ebola, par les quelques CRS corrompus affectés à la surveillance des aires universitaires. Finalement, ont transformé les campus en désert.

D’avant à aujourd’hui ; les menus ‘Only for dog’

On a toujours raconté qu’a une certaine époque, l’Université avait des restaurants universitaires enviables. « On avait les ticket, le café matin, le bus, la buanderie, on avait un statut. Le matin, quand je sortais, quelqu’un attendait de récupérer la clé pour mettre de l’ordre dans la chambre et refaire le lit ». Ce vieux qui relate nostalgiquement ces bons moments au campus, tombera des nus s’il découvre à quoi ressemblent le campus et les restaurants U depuis au moins 20 ans. Maintenant on sert le « Only for dog ». Confier votre clé à un prétendu homme de service, il dépouillera le contenu. La buanderie, ça n’existe plus. Et le reste, pas la peine même de l’évoquer. Rien donc n’a changé. Ce qui est marquant dans les restaus U ivoiriens des universités du « départ nouveau », c’est la fréquence des menus identiques. Comme si les cuisiniers n’avaient pas le choix de la variation…varier. Les restaurants U ont des menus mélodieux dignes des restaurants parés d’étoiles, mais se limitent à 4 types de sauce. La sauce légume est la plus acceptable et très populaire. Elle ressemble aux soupes collectives des années des crises de 1929-1930. La sauce gougouassou ou aubergine reste acceptable, mais à désirer. La sauce gombo sec se liquéfie au repos. Il ne faut pas souvent s’y hasarder. Enfin la fameuse sauce graine et son arrière-gout de graines issues des plantations industrielles du pays, que même le gombo sec ajouté n’étouffe pas. Les restaurants U proposent des plats spécifiques. Si c’est le riz grand classique, vous êtes sauvez. Si c’est l’attieké, imaginez qu’on l’a au moins réchauffé 2 ou 3 fois pour le rendre mangeable. Si c’est du placali, la patte à coller les affiches est mieux, les assiettes retournent en majorité inachevées. Quand c’est de l’igname bouillie, le tubercule de mauvaise qualité reste sans gout. Les pattes spaghetti ressemblent à des menus de camps de formation scoute ivoiriens. Enfin, les fruits sont souvent de la banane ou des oranges de la pire des qualités. Aucun gout, aigre à mort, sans jus. Tous les stocks invendus des marchés sont servis aux futurs cadres du pays. Les responsables des restaus U ne choisissent que des produits de très bas prix. Pourtant les repas servis dans ces restaurants bénéficient de la subvention de l’Etat.

La situation ailleurs

Les adeptes pour justifier leur choix en matière de lieux de restauration avance que le restaurant U est hygiénique et équilibré. Ils n’ont pas absolument tort, si un plat avec une sauce dans lequel baigne un morceau de poison mal cuit hâtivement à la vapeur ou un morceau de poulet mal grillé et un fruit suffit pour dire que le repas est équilibré. Toutes fois, pour le prix qu’un plat de Restau U coûte, la qualité devrait être revue. Le repas coûte environ 600 FCFA (1Euro). L’étudiant paye un ticket subventionné à 200 FCFA. Dehors avec 200FCA impossible d’avoir un garba, mais avec 500FCFA on peut s’offrir, si on à ce pécule, un bon repas, chez une bonne dame. A une certaine époque la différence entre le prix d’un repas dit subventionné au restau U et dans un restaurant privé (au Palmier ou ailleurs) était 50 FCFA. L’étudiant pouvait se permettre de ne pas aller poireauter dans les longues files devant les restaurants U. Mais l’Université du nouveau départ, n’est pas une université pour les enfants dit « des pauvres » ; ceux delà la classe de masse. L’ex-ministre de tutelle CISSE BACONGO, disait fièrement à la télévision nationale RTI1 que « ce qui est cher est ce qui a de la valeur ». Les frais d’inscription qu’il a abusivement augmenté n’ont rien changé à la qualité de la vie universitaire. Ni des maîtres, ni des apprenants. Bien au contraire, il n’a fait que augmenté la souffrance des ivoiriens. Mais lui ne le sais pas. C’est un privilégié. Il est Ministre. Il a oublié. Au palmier, il faut avoir au moins 500FCFA. Le coup des plats variant entre cette somme et 1500FCFA ne donne pas la possibilité à tous de manger rapidement pour reprendre les cours. Or cette somme dans un contexte d’émergence est un luxe pour les étudiants. Ceux qui n’ont pas cette somme vont au restaurant U ou se content soit d’un gbozon, soit d’une prière. D’après un passant le Palmier est  désormais faits pour les « uns », parce qu’on ne veut pas que l’étudiant présente des signes d’aisance, alors on le réduit à des repas communautaires. C’est aussi cela l’émergence doyodoyo, dans l’université blingbling ou tout a augmenté. Mais les bourses sont restées tel. Ce régime aime prendre, encaisser, mais quand il s’agit de donner, il calcule. On parlera des bourses. Bientôt. Shaloom.


Chinoiseries dans l’université bling bling: le quai Cissé Bacongus, quai des Indignes

« Le spectre de la mort rôde autour de là, là où on essaie de sauver des vies. Il y a l’entrée d’une faculté de médecine, la sortie d’une morgue de CHU, l’entrée d’un hôpital universitaire, la devanture de trois groupes d’Eglise : méthodiste, catholique et évangélique. Tout est bon pour que la mort se balade, flâne… » (Extrait de La première ordonnance du médecin Président, Nouvelles en cours de finition)

Qui connaît Alpha Blondi ? La méga star du reggae ivoirien. Sa chanson à propos des accidents sur le sujet le boulevard VGE résonne en écho quand on se retrouve devant l’édifice rocambolesque. Le quai ou la gare de bus SOTRA, le plus scandaleux de l’histoire de notre Université dans son contexte d’émergence. Sa construction a nécessité de mettre au dehors de l’enceinte de l’université UFHB les étudiants, de les soumettre aux aléas du temps, de troubler la quiétude des malades du CHU, la tranquillité des écoles méthodistes. Il fallait montrer aux étudiants que le régime avait changé. Il fallait  aussi leur en vouloir pour les exposer à tant de déboires, tant d’inconfort, tant d’humiliation. Le ministre Cissé Baconco, maître à penser de l’université du « départ nouveau » devrait être animé d’une rengaine amère contre la gente estudiantine pour prendre cette décision.

Avant la crise et en prélude à la Coupe du monde 2010, MTN avait réhabilité cet espace. Il était nickel. L’Etat pouvait faire des économies en l’épargnant dans son projet de réhabilitation. D’ailleurs, il n’y avait absolument rien à retoucher là, car tout venait à peine d’être refait. Le sol, les hangars. Tout était beau et Yello. Les amoureux pouvaient même le choisir comme premier lieu de RDV avec leur nouvelle trouvaille (c’est valable pour toutes les directions). Mais il fallait bien justifier les dépenses. Il fallait dire à quoi l’argent a servi. Il fallait donner une raison de travail à la société qui a raflé l’appel d’offres. Le coin a été rasé, dégoudronné et regoudronné. Un préau abritant des bornes de recharge électrique y a été construit. L’édifice est tellement minuscule que les vigiles affectés à sa surveillance s’ennuient à mourir. Aussi, faut-il noter que les concepteurs de l’université du « nouveau départ » ont estimé que les étudiants n’avaient pas besoin de tant de privilèges, de tant de luxe, de tant d’amour, de tant de confort. Il fallait les booter en dehors de ces beaux lieux tronquez pour un abri de deux splendides bus bleus offerts par Bolloré à la Côte d’Ivoire pour dire merci. Merci d’avoir obtenu un autre marché juteux. On présume que chacun des acteurs ivoiriens en recevra les gouttes dans un compte caché quelques part. Une part de la commission. Une part du win win.  On se croirait dans les récits gênants de Pierre Péan.

Les Blue bus

Deux bus bleus aux belles sonorités occupent désormais la place de l’ancien quai. Là où des milliers d’étudiants se retrouvaient pour expier leur galère dans l’attente des bus. La FESCI n’aura plus l’occasion d’y démontrer ses talents timocratiques cachés d’une armée de réserve du pouvoir défait par les urnes et les armes en 2011. Les petits vendeurs n’auront plus l’occasion de proposer leurs historiettes aux étudiants déjà paumés par le système qui les oblige à photocopier et à acheter des fascicules. Désormais, il faut traverser ce désert brûlant pour rejoindre le quai d’embarquement et débarquement, situé à l’autre bout du Boulevard des universités et admirer au passage, le mouvement de va- et-vient des Blue bus offert gracieusement par la société Bolloré à la Côte d’Ivoire, en reconnaissance des marchés obtenus. Pour 2 bus, toujours immatriculés comme des véhicules ordinaires, on ne sait pourquoi, alors que tous les véhicules qui portent le nom de l’université ont une plaque jaune et sont immatriculés D45 ;  il y a eu une cérémonie digne de l’époque Mobutu. Le président de la République y était him self avec toutes les institutions et l’armada de protocoles, de voitures, de logistique… pour réceptionner le minuscule, mais symbolique cadeau. Imaginons les dépenses que cette présence a dû engendrer.

Les restes d'un bric à brac monté à la hate (Ph.ABC)
Les restes d’un bric-à-brac monté à la hâte (Ph.ABC)

Au début, on exigeait 100 FCFA pour le trajet. Les étudiants déjà énervés par les réformes longues et incongrues, les augmentions injustifiés, les manques d’infrastructures, la chaleur, la faim, la soif, préféraient marcher et substantiellement économiser 100 FCA. Bagatelle mais nécessaire somme pouvant acheter un gbozon. Les bus chômaient. Ils circulaient vides et en ordre comme dans un aéroport. Personne n’y prêtait attention. Ceux qui les empruntaient étaient considérés comme des privilégiés, des paresseux, ou des curieux qui voulaient juste goûter au confort de ces machines de luxe et dont on ne sait la pérennité réelle. Un jour, le bon Allah, dans sa compassion et sa mansuétude a touché le cœur des autorités qui avaient fixé les règles afin qu’elles se ravisent et comprennent qu’elles exagèrent un peu et que même si la raquette était revenue en force à tous les niveaux de l’Etat, les étudiants n’étaient pas le bon public. Alors les bus bleus sont devenus gratuits. Les étudiants s’y bondent, surchargent sans que les conducteurs, plutôt occupés à faire le faro au volant de ces bolides de bijoux, ne soient rigoureux en matière de respect de limitation de place. On imagine un peu la durée de vie de ces engins, qu’on ne répare que dans les entrepôts de Bolloré à Vridi.

Le quai très prêt émergent

Les étudiants ont été éjectés de l’enceinte de l’université, certainement pour dire qu’on ne veut pas de vous. Durant des mois, ils s’agglutinaient sous soleil, pluies, le long de l’Université méthodiste de Cocody et souvent à l’entrée des urgences du Centre hospitalier et universitaire de Cocody. Les directeurs de ces établissements se sont plaints. Pour l’un, le bruit devrait indisposer les enfants du primaire du CMP, empêcher les parents de garer convenablement pour déposer et reprendre les enfants. Pour l’autre, le patron du CHU, la position devant un hôpital de ce renom et de surcroît le partage du parking de l’entrée des urgences avec des bus de la SOTRA n’étaient point commodes pour les malades et même pour les étudiants eux-mêmes qui en cas de colère de la nature ne pouvaient trouver d’abris.

Des Etudiants attendent le bus au nouveau quai (Ph.ABC)
Des étudiants attendent le bus au nouveau quai (Ph.ABC)

Le ministre fit la sourde oreille. Digne et juste attitude pour lui certainement de rééduquer les étudiants à la discipline, de leur faire comprendre l’âpreté de la vie qu’ils n’ignorent point déjà et que cela faisait partie des conditions pour espérer un jour réussir ; ou qu’à la sortir de ces épreuves, les pauvres étudiants feront preuve de discipline, de respect, qu’il seront doux comme des chevaux récifs pacifiés ou des FRCI satisfaits après le versement de milliards d’arriérés dans leurs comptes bancaires… Résultats : des pieds cassés, des bras coupés, des morts au cours des bousculades pour avoir une place dans le bus. Et comme d’habitude,  ils sont arrivés dans leurs bolides avec des faux airs compatissants promettant le meilleur dans l’avenir, avec leurs cortèges bruyants. Que fut ce meilleur ? Même endroit, des appâtâmes métalliques ont été construits. Gauche assemblage de fer, de tôle et de béton. Une gare fabriquée à la hâte et avec beaucoup de faux sérieux qui s’est écroulée aussi vite et avec la même vitesse prise pour sa construction. Encore une chinoiserie qui sabote le beau projet du président AlasscO. Le sait-il ? Qui sait ? A force de penser pour les autres, j’ai raté tous les bus. Même le dernier ne viendra plus. Retournons squatter au campus. Bien avant, il faut se remplir la panse. A quelle sauce sera-t-on mangé ?


Les chinoiseries de l’émergence : Universités Bling Bling et le Wifi des Akpanis (Deuxième partie)

Une nuit à l'UFHB, les étudiants cherchent le Wifi (Ph.badra)
Une nuit à l’UFHB, les étudiants cherchent le Wifi (Ph.badra)

« Court après le vent, et tu attraperas des ombres ». Cherche le Wifi et tu seras akpani.

L’Université Bling Bling du « départ nouveau », a ceci de particulier, qu’il a créé une nouvelle espèce d’étudiant. L’étudiant chercheur geek aux attitudes de chauve-souris. Émergence obligeant, il a désormais soit un ordinateur portable dans le gros sac qu’il trimbale, soit une tablette chinetock ou originale et/ou un téléphone androïde d’une génération quelconque. Il passe son temps à se faire voir sur Facebook et à télécharger des films, clips vidéo, musiques… Il a l’air très occupé à chercher quand il a une de ces machines entre les mains. Il est In, et très choco. Il épouse et adopte les innovations de son temps. Fréquenter une bibliothèque, lire un livre sont les cadets de ses soucis, même s’il en a la volonté. De toutes les façons, il sait que internet peut répondre à toutes ses questions et préoccupations. En plus, avec l’effectif mortel connu des universités, il a la ferme conviction qu’aucun enseignant, en tout cas pas un au nombre de ceux qui sont déjà énervés par les revendications infructueuses, ne perdra le temps à vérifier les sources de quoi que ce soit. Cela est relatif. Il y a toujours des exceptions.

Le projet de connecter les espaces universitaires ivoirien est la preuve que nos chères universités ont évolué dans le sens où, comme il n’y a pas l’ombre d’une bibliothèque dans ce vaste territoire universitaire d’Abidjan, internet devient une solution alternative pour la recherche. A Cocody, les étudiants sont devenus les rivaux de leurs maîtres en la matière. Ils cherchent, non pas la science, mais le petit signal qui ouvre les portes du monde: le wifi.

Deux syllabes euphoniques qui égayent les cœurs. Au commencement, les signaux aux noms bizarroïdes et enchanteurs avaient envahi le campus. WifimoovUFHB par-ci, WifiorangeUFHB par là. Les noms des signaux étaient nombreux, mais le débit médiocre. Les étudiants ont dû apprendre la patience du chasseur chercheur. Le wifi qui était censé pouvoir connecter cinquante mille (50.000) étudiants à la fois, se trouve incapable d’en satisfaire au moins 1000. Il a très tôt montré ses limites en commençant à se faire rare comme l’eau dans les robinets dans certaines communes du pays. Dans le fond, c’était un appât à mettre au compte des iniques arguments brandis pour justifier l’augmentation des inscriptions. Les architectes penseurs de l’Université du « départ nouveau » ont pensé juste. Ils savaient que l’introduction de cet appât modifierait les comportements des étudiants ivoiriens qui commencent à s’intéresser aux TIC. Ils ont réussi à bluffer et berner les naïfs et l’opinion avec des signaux illusoires, qui certainement ont couté des millions reversées dans les comptes bancaires d’une de ces nombreuses entreprises crées pour la circonstance.

A Cocody, les étudiants cherchent le WIFI comme des Akpanis cherchent un arbre sûr dans la commune du Plateau. Des chauves-souris, ils sont devenus. Tous et toutes. Les Akpanis sortent la nuit. Les Apkanis, vivent en communauté. Les Apkanis chassent en groupe. Nos amis les étudiants aussi. Pour avoir le Wifi, il faut s’armer de patience et de courage. Souvent, faut-il faire du café noir son allié pour chasser le sommeil. Les quêteurs de wifi sont à la fois très matinaux et noctambules. Dormir c’est se pénaliser soit même car la loi premier arrivé, premier servi est une réalité aux lieux où le wifi se signale. Le wifi permet d’admirer un pan de la beauté de la grande mascarade de l’émergence universitaire dans son élan effréné d’interconnexion depuis son top nouveau départ. Devenus stoïques et insensibles aux piqûres des moustiques filles et garçons, jeunes et les encore nombreux vieux jeunes étudiants, dans toutes les positions dignes du répertoire kamasoutra, mais en mode recherche de wifi, se laissent aller.

Il y a quatre (4) coins points stratégiques pour espérer avoir le petit signal. Quatre coins lumineux qui attirent ces geeks comme la lumière attirent les insectes et les salamandres le soir d’une pluie.
#1 – Le premier point se trouve sous le perron de la Présidence de l’Université. On y trouve un wifi qui fonctionne le jour. Vous y trouverez des étudiants assis et concentrés qui captent de bons signaux sans pouvoir avoir le débit espérer.
#2 – Le second, est situé à l’esplanade du couple d’amphis A et B à la faculté de Biosciences. Parait-il que ces amphis sont connectés à d’autres amphis de l’Université Alassane Ouattara de Bouaké. Surement ce motif justifie la présence du signal, presque net en ce lieu. Et grâce à lui, ces deux amphis n’ont plus besoin de Les étudiants s’y retrouvent entre 4h et 8h du matin, pour finaliser les travaux maisons avant l’heure des débuts de cours.
#3 – Le troisième coin est la devanture de l’amphithéâtre C de l’UFR Chimie-Biologie-Géologie, est dit-on la zone où le wifi serait stable. Pour cette raison, cette partie de l’UFHB est apprécié des étudiants friands de téléchargements.
#4 – Enfin, le coin, le quatrième et le plus populaire est à l’URF Mathématiques, salle de l’IRMA. Ce lieu ne désempli pas. La nuit le spectacle des écrans dans l’obscurité ressemble à celui d’un ballet stupéfiant de lucioles en chaleur. Le jour, ce sont les positions des hommes qui attirent l’attention de tout passant. Le Wifi y est très stable et la pelouse toujours bien tondu. Assis, debout, couchés, marchant ou arrêté, en solitaire ou en groupe, on y trouve toute catégorie d’individus : les étudiants normaux et anormaux, des policiers, des normaliens, des polytechniciens, des élèves, les cireurs, les petits commerçants…

Cette histoire de wifi ne doit pas être simple. Une chose est sure, dans les Universités, le wifi de très basse qualité occupe bien les étudiants qui n’hésitent pas à se priver de sommeil pour juste pouvoir se connecter. Peut-être que c’est parce que c’est gratuit, qu’il y a tant d’abonnés dévoués ? Ces derniers mois, de nombreux trous ont été creusé sur l’espace de l’UFHB et de nombreux tuyaux enterrés pour parait-il couvrir tout l’espace universitaire de réseau internet. En espérant que ce sera mieux, ceux qui n’ont pas de PC, vont au quai, attendre le bus. Là encore, un autre spectacle de souffrance acceptée se donne. A bientôt.

Des images…

Etudiants en quete de Wifi
Etudiants en quete de Wifi

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Les chinoiseries de l’émergence : les universités bling-bling et le système LMD

Entrée de l'UFHB (Ph.Google)
Entrée de l’UFHB (Ph.Google)

Il y a trop de chinoiseries dans tout ce qui se dit, s’inaugure ici et là au pays des éléphants. Le cas des universités est remarquable. De la réhabilitation aux nombreuses réformes, beaucoup de choses vont mal dans l’enseignement supérieur, mais on ne constate aucun écho dans nos médias, comme si l’Etat veut museler ses échecs dans ce secteur.

Cela fait au moins 4 bonnes semaines que les enseignants des universités publiques ivoiriennes sont en grève. Aucun bruit sur la situation hormis l’annonce par le ministre de tutelle Gnamien Konan que les syndicats seront reçus par le premier ministre. Pour faire diversion comme à l’habitude de ce gouvernement, le ministre a annoncé la création d’un fonds pour la recherche doté d’une enveloppe de la ridicule somme de 500 millions de FCFA. Diantre, ce ministre prendrait-il les universitaires pour des enfants qui se ruent en classe quand l’odeur de l’argent est rependue ? Fonds de la recherche pour quelle utilité ? Il s’agissait de donner des réponses aux préoccupations des enseignants et non on encore de répandre de la poudre de promesse pour détourner si maladroitement les attentions. A l’évidence, l’argumentaire n’a pas été efficace. La grève qui continue est qualifiée d’illimitée.

La situation commence à turlupiner, à inquiéter quand on sait que l’Université de l’émergence n’a pas réussi le pari de la stabilité des années universitaires tellement les problèmes se sont accumulés au fil des années de fermeture, des hautes performances fabriquées aux examens du BAC… Mais bon, c’est aussi cela, la Côte d’Ivoire sur les sentiers de l’émergence, où tout doit s’accommoder avec les anciennes habitudes qui restent têtues. Rien dans le fond n’a changé. Rien ne s’est amélioré. On a simplement reporté la souffrance en fermant durant deux ans les universités aux motifs, combien nécessaires et urgents de les réhabiliter.

L’émergence se construit sur fond de promesses et en mode doyodoyo. L’Université ivoirienne « du nouveau départ » est une université bling-bling, toute l’humanité le sait. Heureusement que sous nos cieux tout ce qui brille n’est pas de l’or. Réhabilités à coup de milliards, mais encore inachevés, comme quelques chantiers de l’émergence inaugurés pompeusement et bruyamment. La réalité africaine a très vite rattrapé ces hauts lieux du savoir, version SOLUTION et les replonge progressivement dans les réalités d’avant crises : grèves incessantes, menaces d’année blanche, absences d’infrastructures doublées d’une augmentation exponentielle des coûts d’inscription jusque-là difficile à justifier.

 #DLMD vs #LMD

Dans ce tourbillon de trouble dans les universités bling-bling, une réforme : celle du LMD. On entend par là Licence Master, Doctorat. Le passage de l’ancien système DEUG, LICENCE, MAITRISE, DEA, DOCTORAT, vieux de plus de 40 ans aux systèmes LMD a fait l’objet de plusieurs séminaires coûteux, dits séminaires de réflexion, dans des luxueux hôtels de la première capitale du pays. Ce passage n’attendait que la bonne opportunité pour s’effectuer. Et la crise a offert cette opportunité. Et le LMD a divisé le monde universitaire sur la nécessité de son application dans les conditions actuelles que traversent les universités.

Il y a ceux que cela peut arranger. A l’origine, ce système devait résoudre l’adéquation formation emploi, rendre plus compétitifs les diplômés qui sortent des universités, d’homologuer les diplômes et de les rendre plus crédible… LMD a fait des heureux. Dans certaines facultés l’introduction des disciplines sportives a vu la transformation de certains enseignants en professeur de sport. La rumeur dit qu’à l’UFR CBG de l’UFHB, au lieu de recourir aux services d’un professionnel du sport, un enseignant du département, jeune docteur plein d’énergie, se serait transformé en prof. de sport pour la circonstance, afin de bénéficier du volume horaire dévolu. Une autre rumeur renchérit en laissant entendre qu’une fois sur les aires de sport, l’éminent jeune professeur reconverti n’a pas trouvé mieux que de se souvenir des actes de ses profs. d’EPS du lycée : 10 tours du terrain de football, deux équipes de foot constituées, et hop l’ECUE est validée. Une autre rumeur répandue de cette UFR annonce qu’un autre doyen, armé de ses expériences linguistiques constituées pendant ses nombreux voyages, s’est transformé en enseignant d’anglais. Pendant son enseignement, tout se faisait en français. La cerise sur le gâteau d’après cette rumeur, c’est que pendant la composition, les questions étaient en français et les étudiants devaient répondre en anglais… Mais bon, ce sont souvent ces bonnes rumeurs, souvent fondées, souvent mal fondées qui circulent pour détendre un peu les mines… Sans aucun doute, LMD arrange aussi les enseignants paresseux, déjà spécialiste dans la vente de fascicules. Selon ce qu’on peut entendre souvent : « Le système veut que l’étudiant travaille et compose les 75 % de l’enseignement et qu’il ne revient qu’une marge d’intervention de 25 % à l’enseignant. » Ce nouveau slogan est un passe pour ne plus donner de contenu aux enseignements. Mais bon c’est aussi cela la réforme.

En face, il y a les irréductibles de l’ancien système. Pour ces derniers, une belle femme fera toujours l’objet de critiques si le regard commun lui découvre un petit défaut. La bouche de l’Ivoirien dira « cette fille est jolie hein, elle sort de l’eau comme Mami Wata, mais son pied est un peu tordu, ses lèvres sont un peu noires, son point de beauté là est mal placé… ». Ces petits défauts qui entachent une beauté divinement innocente…Voilà des petits points que la langue de l’Ivoirien ne peut taire. C’est aussi ça la liberté. Allez demander un service dans un décanat où à la scolarité centrale. Selon votre interlocuteur, vous serez servi. « Je suis en L2 » pour dire en 2e année. Vous pourrez entendre « quelle L (Licence) ? Tu es en DEUG 2, vos diplômes internet là fatiguent les gens ici hein ». Dans le fond personne n’a tort. L’étudiant se plie et subit le système, l’agent de l’administration, qui a encore ses fiches organisées selon l’ancien système est troublé et énervé quand il doit rester dans une ancienne logique pour effectuer des tâches d’une autre logique, de tout adapter.

 Les diplômes mal accordés

Un exemple loufoque et délirant. Les étudiants admis à l’ENS cette année ont rencontré de nombreuses difficultés aux services des diplômes de la scolarité de l’UFHB et ont reçu pour la même promotion des diplômes différents. Pour être précis deux types de diplômes. La Maîtrise n’existant plus et le Master 1 n’étant pas un diplôme, mais un niveau dans un cycle, l’université FHB a été dans l’obligation de transformer les Master 1 en Maîtrise et de délivrer, selon les heures d’arrivée au guichet des attestations ou des certificats. Kouadio et N’Goran sont normaliens au cycle des professeurs de lycée. Ils ont tout deux soutenu leur Master 2, qu’ils ont donc validé la même semaine de l’année 2014. Lorsqu’ils se présentent à la scolarité pour demander leur diplôme, afin de constituer les dossiers d’inscription à l’ENS, Kouadio qui fut le premier, a reçu un document dit certificat d’admission en maîtrise, sans aucune trace, ni mention des Unités de valeurs (UV) validées. L’agent administratif avance qu’il y avait trop de matières et qu’elles ne pouvaient toutes être répertoriées sur le diplôme. Ils ont dû donc trouver ce raccourci pour délivrer les diplômes urgents. Deux jours après, N’Goran se rend au même lieu pour la même requête. Il recevra quelques semaines plus tard, son diplôme, le même que Kouadio, mais avec ses UE obtenues, ses mentions et les dates d’obtention. Comment voulez-vous qu’une université soit crédible si elle délivre pour des circonstances identiques des documents différents. N’est-ce pas là une porte que l’UFHB ouvre aux faussaires? Ce n’étaient là que des exemples loufoques, disais-je.

Il n’y a pas que le LMD  dans nos universités qui ont du mal à fonctionner. Un jour peut-être la levure prendra. Pour le moment, il faut s’accommoder, s’accrocher. Certes sous Alassane Ouattara, le pays se réveille. Les chiffres parlent d’eux même. Mille ponts par-ci, mille routes par-là, le quotidien de l’Ivoirien ne change pas. Rien n’est gratuit. L’autoroute qui était censée faire circuler l’argent qui travaillait a entraîné une augmentation douce des tarifs de transport. La réhabilitation des universités a conduit à ce qu’on sait, des propositions indécentes. Les universités publiques qui jusque-là sont incapables d’offrir des services de qualité ont des coûts d’inscription qui rivalisent avec ceux des universités et grandes écoles privées… Les infrastructures croulent sous le poids des effectifs qui vont grandissant. Payer n’est rien. Mais il faut consommer pour ce qu’on paye et en être satisfait. Il paraît que le LMD s’accompagne de Wifi pour régler la question des places dans les amphithéâtres. Mais ce WiFi est-il fonctionnel ? Peut-il permettre la connexion de 50 000 postes comme prévu ? Asseyons-nous dans le gazon de luxe de l’UFHB, et testons…


Cote d’Ivoire, le malaise dans l’éducation nationale se fait grandissant…

''L'Etat travaille pour vous'' slogan populaire accompagnant chaque chantier du PRADO
 »L’Etat travaille pour vous » slogan populaire accompagnant chaque chantier du PRADO

La rumeur court, monte, s’installe. Les enseignants ivoiriens sont mécontents du Chef de l’Etat qui a fait des promesses et oublié de les tenir aux dates indiquées. Parole d’homme libre. Que vaut l’honneur si la parole ne se tient pas ? Que vaut l’honneur si les phrases ne sont lancées que pour susciter des acclamations ? Qu’est ce qui a changé dans le fond, si on ausculte les anciens régimes ? Promesses, farine, roublardise. Ceux qui n’ont point d’armes, qui ne peuvent donc pas effrayer la tranquillité du palais du Plateau, depuis plus de deux semaines sont chez eux. Le terme le plus populaire est de dire qu’ils sont en grève. Une grève doucement brutale qui vient perturber une année scolaire, elle-même déjà minée de reformes. Toujours des reformes. Chaque année, ses réformes. Souventes fois con-venantes, souventes fois incongrues.

A Yamoussoukro, capitale politique, les écoles secondaires publiques affichent vides. Les élèves en colère, ont même manifesté. Abidjan, capitale économique, depuis le retour des congés de printemps, il n’y a pas cours dans les lycées et établissements d’enseignement public. Les élèves de quelques établissements bruyants de Yopougon et d’Attecoubé, se sont organisés pour aller déloger leurs camarades des établissements privées, qui continuent de recevoir les cours pendant qu’eux sont à la maison, à attendre, à subir les caprices des enseignants dont le salaire n’a pas bougé d’un iota. Il y a eu des actes sporadiques de violence, passés sous les boisseaux du silence volontairement ou involontairement. C’est selon.

Le constat est réel. La situation est critique. La télévision nationale n’en a fait aucun cas. Elle n’en a cure, trop préoccupée à pomper sans se lasser les programmes de visites présidentielles. Elle est focalisée sur ces tournées aux senteurs de précampagne du Président de la République. Le Président est en mouvement. Ses ministres avec. Seul en Afrique on s’est familiarisée avec ces façons de faire. Les ministres sont en Mission avec le Président. La République est en mouvement, avec elle, les cortèges kilométriques et dispendieux qui l’accompagnent.

 Visites futiles ou utiles ; normales et anormales? Une région a-t-elle nécessairement besoin de recevoir un Chef d’Etat pour avoir des routes re-profilées, les draps de ses hôtels  lavés à la machine, les écoles repeintes abusivement, les routes balayées sommairement, les caniveaux curés nuitamment, la chefferie réorganisée rapidement, quelques pierres placées l’une sur l’autre en guise d’inauguration de ceci ou de cela ? Dans tous les cas, la Cote d’Ivoire est familiarisée à ce scénario. A l’époque du Président Houphouët, les indépendances tournantes étaient des occasions de développement régional. A notre époque, les fils continuent l’œuvre du père. Promesses d’écoles, d’universités, de ponts, de routes, d’hôpitaux, de riz, de soupe, d’assiettes pleines…Promesses de milliards sur fond de campagne.

Les situations auxquelles les enseignants se réfèrent

En 2014, le 18e jour de novembre, une mutinerie synchronisée d’environ 8400 Ex-Forces Nouvelles (FAFN) absorbés au sein des Forces Républicaines de Cote d’Ivoire (FRCI) a montré selon la Lettre du Continent N°695 que l’armée restait « talon d’Achille » du pouvoir d’Abidjan. Une réclamation d’arriérés de statut remontant à 2009. Le pouvoir a activé immédiatement tous les leviers pour satisfaire ces « gens de Soro » qui « sérieusement commencent à fatiguer » le Président. La grande muette a grandement ouvert la bouche. Le Ministre de l’Intérieur Hamed Bakayoko, est monté au créneau, dans une campagne de communication, d’appel à l’apaisement, de promesse passée en boucle sur les médias nationaux, notamment, le Télévision nationale. Des appels à l’apaisement sur fond de pardon, de négociations. « Le Président vous a compris » avouait-il. Très vite. La situation a été réglée.

 Jusqu’à présent les indemnités de correction des examens scolaires de 2014 n’ont pas été versées. « Pourtant ces primes ne valent pas « deux milliards »…que le Président a offert aux Eléphants, suite à leur victoire à la CAN 2015 » fulminent quelques grévistes. On se demanderait alors l’école a toujours été l’ambition de la République. Selon la LC695, dans un aveu qui frisait le «désarroi», face à la mutinerie de fin 2014, le Président disait que « Les gens de Soro commencent à me fatiguer ». De quels cotés faut-il ranger ces enseignants  du secondaire? Qui est leur commanditaire ? Ils ne sont pas des orphelins assurément. Ou bien le sont-ils ? Dans tous les cas,  ce ne sont que des citoyens désireux de faire leur travail et de voir les promesses qu’on leur fait, se tenir.

Pourtant, il ne s’agit que de savoir motiver…ses anciens camarades et collègues

Parmi les facteurs contextuels qui affectent la performance, le  contexte motivationnel est  important. Les enseignants se plaignent en Côte d’Ivoire  depuis longtemps, des inégalités dont ils sont victimes si on compare leur traitement à d’autres corps de métiers. Les indemnités de logements par exemples, qui varient entre 40000 et 50000 FCFA sont en dessous de ceux des hommes en tenue, malgré les différences de diplômes et de temps de formation. A l’Ecole Nationale d’Administration, les élèves administrateurs étudient dans le confort des salles climatisées. Ils bénéficient d’un présalaire régulier variant entre 70000 et 120000 FCFA pour des niveaux d’entrée variant entre le BAC+0 et BAC+4. Dans les CAFOP, la bourse des élèves instituteurs stagiaires est de 20000FCFA. Une bourse qui vient comme la pluie au sahel. A l’INFAS où se forment les futurs infirmiers et sages-femmes la bourse avoisine 70000FCA pour le même diplôme exigé à l’entrée qu’au CAFOP, c’est à dire le BAC. Les élèves de l’Ecole Normale Supérieure (ENS) perçoivent une bourse variant entre 40000 et 50000 FCFA en lieu et place de 90000 FCFA il y a quelques années. Une bourse cisaillée à l’origine, qui vient fragmentée, partitionnée pour des raisons que seul Allah sait. Cette institution forme des futurs Educateurs, Enseignants, Inspecteurs recrutés sur la base de niveau Bac+2 et Bac+4. Des cadres encostumés qui étudient dans la chaleur de salles pourtant réhabilités à coup de millions sous l’administration du Ministre Bacongo…Déjà un semestre, et les bourses à l’ENS ne sont pas encore payées. « Il faut être patient », selon le rassure le Professeur Valy Sidibé, Directeur de l’ENS.

Ce sont semble-t-il des injustices, qui s’observent déjà depuis le traitement des uns et des autres dans les écoles de formation. Elles peuvent se comprendre, chaque métier ayant ses avantages et privilèges. Là n’est pas la raison des mécontentements actuels. C’est l’absence de réactions. Ce mutisme du Ministère de tutelle qui pourrait se traduire par « on en a marre de vous maintenant» ; c’est le silence complice de l’Etat et de tous ses médias qui depuis plus de deux semaines mentionnent aucunement la situation qui prévaux dans le secteur éducatif ivoirien. Pourtant dans ce contexte d’émergence très en vogue, l’école, est une clé sure du développement.   Si enseigner, c’est  croire  tout de même,  avec  l’humanisme moderne,  en  la perfectibilité de l’homme. Il y a des silences qui se peuvent être interprétés comme foutaise surtout que dans  un  contexte  de  massification, la formation des citoyens de demain devrait été une priorité.

La ministre de l’éducation nationale et de l’enseignement technique (MENET), l’honorable, Kandia Camara Kamissoko, devrait entreprendre des démarches pour ne serait-ce que pour rassurer les parents d’élèves et s’inspirer de ce propos de Jean-Pierre Chevènement, ancien Ministre français de l’Education Nationale qui loin de nobéliser le métier de l’enseignant lui donne ses lettres de noblesse. «  Je sais ce qu’est le métier d’enseignant. J’en connais les servitudes, mais j’en mesure aussi l’importance capitale aujourd’hui, pour l’avenir du pays. (…) Je sais  combien vous êtes attachés à la qualité du service publique de l’éducation nationale. Je mesure les compétences et les efforts qu’exige ce service éminent. (…) Il faut qu’une plus juste place soit faite aux enseignants dans la nation, à la hauteur de leur responsabilité et de la difficulté grandissante de leur métier. » Disait-il.

Ce lundi 23 mars, les étudiants à l’Université Felix Houphouet Boigny ont manifesté pour revendiquer de meilleurs conditions d’études et dire non au projet d’invalidation d’une année académique au département de Physique Chimie. Les nombreux CRS déversés dès la mâtinée sur le campus de Cocody ont dispersé les manifestants. La rumeur monte que les jours à venir verront l’entrée en scène des instituteurs. Si cette rumeur est fondée, elle risque encore de fragiliser cette fin de mandat de AO marquée par les nombreux Appels faits soit depuis Daoukro soit depuis un Pont. Certes, il a fait de son mieux. Il ne faut pas ignorer les efforts déjà consentis, les acquis. Certains attendent simplement que ses Ministres prennent au moins le soin de réagir, quand il y a un problème. C’est une simple preuve de considération…Car Ministre, enseignants, ne sont que des collaborateurs, des anciens collègues, des acteurs sans lesquels le projet émergence 2020 serait inconcevable? Shalom

 

 

 


Cher velo, Merci pour ces moments

Ph.Eric M/BF2009
Ph.Eric M/BF2009

Mon vélo. Dans mon pays, seuls les élèves et étudiants d’Abidjan ont le privilège d’emprunter le bus, les gbagkas, les woroworo… pour se rendre à l’école…

 Moi, le Bac m’a fait découvrir la capitale. Avant, je ne me déplaisais point dans ma petite ville de l’intérieur du pays où avoir un vélo, une mobylette, était un privilège, une raison d’amitié…

A Grand-Lahou j’avais un vélo. J’en rêvais depuis l’enfance…je n’eus qu’un cadre sans pneu que mon cousin avait bien voulu m’offrir. Le cadre de son vieux vélo d’enfance, n’a servi qu’à être enfourché sur place…Un vélo immobile. Je dirai, un cadre de vélo…Et j’ai appris à faire du vélo en volant quelque fois celui que feu tonton Jack, lorsqu’il venait voir papa…Je l’ai regardé longtemps, je l’ai poussé longtemps, j’ai réussi après longtemps à le monter et un jour, j’ai réussi pour la vie, mes premiers coups de pédale, au CM1, au détriment de la souffrance de mon entrejambe.

En 5e, j’eu enfin un vélo. Mon vélo n’était pas beau, il n’avait aucun charme. Il n’était pas à la mode. Il n’était pas de mon âge. Personne ne l’enviait, à côté des VTT flambants neufs d’Alfred et d’Amos, des BMX extra d’Aristide, de Patricia…

 Avec lui, je ne pouvais prétendre séduire aucune fille, seul son porte bagage pouvait servir à les transporter. En retour, un simple merci me revenait comme récompense.

Mon vélo, c’était un babaniconko. Littéralement bon arrivée papa du champ en Dioula. Un vélo de marque Peugeot comme on en trouvait souvent en Afrique de l’ouest…A cause de sa grandeur et de ma taille, on me surnommait : Le corps flottant…

Je flottais réellement sur mon vélo, mais il me permettait d’aller vite et d’être à l’heure à l’école. Il me permettait d’être dans le club des propriétaires de vélo de mon lycée…il me permettait d’avoir des amis et de rendre des services, selon la demande et l’offre…Et oui…Un vélo est un vélo…

Mon vélo ne demandait qu’un seul carburant, la force des mollets de mes pieds. Il ne pouvait donc pas polluer et faisait de moi un environnementaliste sans que je ne le sache.

 En pédalant, il forgeait mes muscles et me donnait la santé. Je ne le savais pas. Mais c’était bien une réalité…Faire du sport sans le savoir, sur le chemin de l’école, sur les sentiers battus, en campagne…

Mon taco, il en reste encore le cadre. Je l’admire souvent dans le fond de la cuisine noircit de fumée ma mère. Durant 6 longues années, il a rendu plus de service à moi, à mes amis, à mes voisins, à mes enseignants, à mes animaux, à mes plantes, à l’humanité…, qu’il n’eut lui-même de repos…

Mon vélo avait trois grosses cicatrices que la mauvaise peinture dont je l’avais paré pour masquer ses quelques laideur, avait de la peine, à cacher. Soudé 3 fois en 3 endroits du cadre…Mais…du lundi au vendredi et quelques samedis, il me conduisait rek à mon lycée ; à mes réunions des scouts ou en excursion dans un village environnant où jamais je n’aurai imaginé aller seul avant…

Chaque soir, pédalant tout essoufflé, le siège arrière occupé par un sac de pila-ria, de tubercules, de feuilles de patates ou de graminée, pour mes cobayes, mes lapins, il me ramenait de longues distances.

Les dimanches, il me conduisait au champ, pour chercher le fagot de Maman, la bas au loin sur les routes d’Agoudam…

Corps flottants, mon vélo fit de moi, un cascadeur, qui n’avait que pour seul exploit que de faire des dérapages en pleine vitesse…Oui grâce à lui, j’étais tombé amoureux. Amour juvénile. Blandine, Rose…de noms charmants de femmes charmantes…

Cascadeurs, Pit le cascadeur, m’étais-je surnommé dans mes correspondances…mes lettres sécrètes, savamment dissimulées avant l’arrivée de tous dans leurs casiers…Elles prenaient, lisaient, s’imaginaient qui était ce Pit le cascadeur…Je n’avais aucune idée de l’inspiration de ce surnom farfelu, mais mon ami Gonsan et moi, nous marions bien, jusqu’à la découverte de nos gamineries,

On me respectait au final, parce que mon vieux vélo donnait envie d’avoir un vélo…Il était toujours propres et bien graissé…

Et grâce à lui, une communauté de mécaniciens était devenue mes amis…j’avais même des gardes du corps… des protecteurs…On avait rien…On était que des gamins de lycée. Minuscules gamins de lycée, mais on avait ces vélos.

Je ne suis plus au vélo…Mais mon vieux taco, a marqué mon enfance…Warren, Bruno, Soualio, Gérard, Eric…Compagnons d’une époque que le vélo a marqué…


Environnement: La Francophonie consulte la jeunesse

Logo de la consultation (Ph.OIF)
Logo de la consultation (Ph.OIF)

                                                                                                                                                                                                                                                                                                 Le Président Abdou Diouf, n’est plus officiellement depuis le Sommet  tenu en décembre dernier à Dakar, Secrétaire générale de la Francophonie. Mme Michaelle Jean, nouvelle SG, comme lui, a inscrit la jeunesse francophone du monde entier aux nombres de ses premières actions et priorités.

 En effet elle a entrepris, pour les écouter, de lancer une consultation sur l’un des grands projets qui mobilisent actuellement le monde entier : le changement climatique dont le thème est « J’ai à cœur ma planète ». Les résultats de cette consultation seront dévoilés à l’occasion de la célébration de  la Journée internationale de la Francophonie et dans le cadre de la conférence sur le climat prévu à Paris en décembre prochain.

A travers cette consultation, Mme la Secrétaire générale souhaiterait que les jeunes de l’espace francophone se mobilisent et s’expriment  pour faire connaitre leurs points de vue, leurs constats, leurs préoccupations sur l’avenir la nôtre planète. Elle dévoilera les messages clefs qui émaneront des jeunes et les premiers résultats de cette mobilisation pour lutter contre les changements climatiques le 20 mars prochain.

 Pour se prononcer, merci de suivre le lien suivant :

https://jeunesse.francophonie.org/actualite-jeunesse/vous-avez-coeur-la-planete-participez-la-consultation-en-ligne-sur-le-climat.


ENS d’Abidjan, la grève des enseignants paralyse le début des examens

Les élèves de l’Ecole normale supérieure d’Abidjan, ont été mis ce lundi 9 mars 2015 devant les faits dont ils avaient informellement connaissance. La rumeur circulait en sourdine depuis un moment, annonçant une possible grève qui compromettrait le calendrier des examens des premiers semestres prévu du 9 au 14 du mois en cours. Ce lundi, jour d’examen, aucune salle n’était ouverte, aucune disposition ne semblait être prise pour un début effectif des évaluations comme la plupart des normaliens s’y attendait plus ou moins. La raison : les enseignants de cet établissement de formation des professionnels de l’enseignement seraient entrés en grève pour réclamer les 11 % de prime de correction et les allocations de recherche du dernier semestre.

N’ayant aucune information officielle, les normaliens étaient partagés entre optimisme et pessimisme jusqu’au point d’information à l’initiative de la Délégature générale. Au cours de ce rassemblement, le directeur général, le professeur Sidibé Valy a invité les normaliens à être sereins et à continuer à mieux se préparer pour les évaluations qui « ne peuvent pas ne pas avoir lieu », avant de situer le contexte de cette grève qu’il considère comme incivique et indigne des enseignants de son établissement.

Selon ses propos, il ne s’est point « barricadé » refusant une quelconque discussion avec le groupe des enseignants qui confisquent notes et épreuves. Encore que les 11 % réclamés ainsi que les primes de recherche revendiquées par certains ne relèvent pas de sa période de direction. Il ne pouvait donc pas s’engager dans une discussion vu qu’il ne dispose ni d’argent ni de raisons valables.

Le professeur Vally, après quelques attalakou de son parcours « de bon enseignant sorti major de promotion de l’ENS dans les années 70, de bon directeur de département », a rappelé à son auditoire que « quand les éléphants se battent, les lièvres doivent s’éloigner ». Cette métaphore devrait être comprise comme un conseil aux élèves. En clair , ces derniers doivent éviter de se faire manipuler et éviter aussi tout acte de vandalisme.

Pour le professeur Vally, cette grève est opportuniste, car « nous sommes en période électorale, et les gens pensent qu’ils peuvent tout se permettre… » Le rôle de l’enseignant est de faire son travail. Aucun comportement ne viendra faire obstacle à la mission qu’il s’est assignée. Refusant « l’humiliation » dont il dit avoir horreur, Vally Sidibé s’est défini « comme le ruisseau au bord de la voie. Si à l’aller le voyageur ne s’y abreuve pas, à son retour, il marquera nécessairement un arrêt » a-t-il martelé avant d’informer les élèves, qu’il œuvrait pour qu’à l’issue de cette semaine, la question des bourses soit réglée.

Cette annonce a suscité une grande réaction d’ovation chez ces normaliens, qui depuis 5 mois attendent avec une patience de félin en chasse, le versement de leur bourse. En dehors des frais d’inscription qui seront déduits, la rumeur court que le service des examens et concours retranchera 5 000 FCFA par session pour des Inscriptions pédagogiques, sans oublier cette autre, qui annonce que la SGBCI prélèvera à chacun de ses clients normaliens, la somme de 25 000FCFA comme frais d’ouverture de compte.

La situation à l’ENS se normalisera sûrement bientôt. Le DG, avant de prendre congé de son auditoire a invité chacun à demeurer prêt.


Rugby : 4e pont entre la Côte d’Ivoire et la France

10376061_593658927431201_8973048940132159788_nEn lançant le Tournoi de Rugby international  des fitinis d’Abidjan et de Salaise sur Sanne (TRIFAS), le samedi 10 janvier 2015, Yakouba Koné a donné le top départ d’un processus de coopération culturelle, sportive et de formation des jeunes ivoiriens et français, dans le sport des Garçons Piles : le rugby.

C’est à Treichville, stade de Biafra, l’un des rares déjà dans le pays, aménagé et mal entretenu pouvant accueillir ce type d’évènement, que environ sept (7) écoles de rugby du pays, la presses, les parents, amis et amoureux de la balle ovale, se sont retrouvés, à l’appel du Directeur de la structure WARRA 15 les grains de baobab, pour le lancement du tournoi qui se déroulera en 2016.

 Aventures humaines, Yacouba Traoré, veut faire des bords de la lagune Ebrié dans 1 an, la Capitale de la balle ovale. Le vaste projet que sa structure concocte depuis plusieurs années permettra à des jeunes d’école de rugby de l’hexagone de se frotter aux réalités du rugby en Afrique et inversement. Ce programme d’échange de jeunes est à la fois un projet de formation, de découverte et de mutualisation d’expériences. Le tournoi annoncé mobilisera plusieurs pays de la sous-région et d’autres continents. En Attendant 2016, le promoteur invite les autorités du pays à soutenir cette action.

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Côte d’Ivoire : Décembre des Lumières et des Pétards

Lumieres devant la mairie à Abobo (Ph.Badra)
Lumières devant la mairie à Abobo                            (Ph.Badra)

C’est désormais une habitude, dans ce pays. Ne rien trouver de mieux que d’offrir à coup de millions, chaque fin d’année un spectacle de lumière et de pétards aux populations. De mémoires d’ivoiriens, le premier spectacle offert par l’Etat de Côte d’Ivoire fut funeste. Les langues de serpents ont vite conclu aux rites sacrificiels pour bénir le nouveau pouvoir d’Abidjan. Ensuite, tirant les leçons de cette expérience macabre, l’Etat a opté pour la décentralisation du spectacle. Ce fut la lumière et les feux d’artifices pour toutes les communes et villes du pays. Cette stratégie visait à éviter les encombrements et embouteillages humains au Plateau le soir du 31 décembre.

Abobo, la fameuse commune martyre a eu son spectacle. Il parait que ce spectacle n’avait d’égal. Même ceux respectivement offert par le Président de l’Assemblée nationale à la ville de Ferké, ou à la ville de Grand-Lahou par  le député Djaha Jean, ne pouvaient prétendre rivaliser avec les lumières d’Abobo dans lesquelles quelques ivoiriens toujours farfouilleurs ont décelé des symboles francs maçonniques.  Dans tous les cas, les ornements lumineux ont ébloui la commune du député, maire, ministre Tounkara.

Abobo a eu depuis, quelques routes. Certainement, et dit-on, pour dire merci aux villages Ebrié qui dans le fond avaient manifesté une certaine proximité à la LMP. Aujourd’hui Akeikoi est fière et Abobté a un beau bitume. Le Président en plus de ces routes a promis de  l’eau pour tous et un bain pour chacun à l’horizon 2020.

Mais dans le fond, il faut dire qu’Abobo, il n’y a pas eu de changements majeurs. Et les lumières installées pour cette fin d’années ne peuvent que mettre en relief sous d’autres couleurs ce qui le jour ne prends plus le soin de cacher. Les lignes de bus n’ont point évolué, ce qui d’ailleurs faits l’affaire des gbakas, la nouvelle gare dite internationale chôme faute de clients, les lacs sont encore présents et l’ombre des microbes planent toujours, les FRCI occupent toujours les résidences universitaires et semblent s’y plaire… Malgré tous ces aspects, la vie continue. Le peu qui a été fait doit satisfaire.

Pour cette fin d’année, les ivoiriens ont ressorti les arsenaux qui avaient littéralement disparu depuis le coup d’Etat de 1999 par feu le Général Guei Robert : les pétards. Quand on dit que le Dioula exagère dans tout, c’est simplement reprendre avec beauté cette phrase d’Amadou Kourouma  l’anus de l’Hyène sent. Et quoi! Est cela prendre la coupe au sens de Billy Billy, le courageux peureux ? Depuis l’ouverture du nouveau pont, les ivoiriens ont renoué avec les pétards. Partout dans les rues, comme si la licence était accordée, les explosifs de toutes formes, de tous calibres, de tous les couts ne manquent pas dans les assiettes des vendeuses, de mes sœurs dioula. Et ils se vendent comme des petits pains. Ainsi depuis une dizaine de jour, Abidjan est rythmé par les sons d’éclatement de pétards qui rappellent d’autres sons entendus pendant la crise post-électorale.

Pétards ici, pétards par là. Les communes et quartiers où sont mes frères battent le record de bruits qui déchirent sans élégance tous les petits moments de repos, de tranquillités. Il faut dire que cette situation profite à tous les petits voleurs et braqueurs disposant d’une arme à feu ; car les sons entendus ne différèrent en rien de ceux que produire une arme réelle. Selon une dame, « alors qu’on était quiet à la maison, pensant que c’était des pétards, des malfrats ont dévalisé la boutique du quartier. » Et une autre de déplorer le danger que ces joujoux pourraient constituer pour les enfants. En espérant que le PrADO envisage déjà une solution.

Voilà 2014 qui s’en va. Tranquillement. Marqué par les scarifications de nombreuses promesses faites, mais à moitié non satisfaites par les hommes du pouvoir. 2014 fut une année de grandes décisions ou solutions à quelques situations vites passées aux oubliettes comme c’est toujours le cas dans cette Afrique où les vilaines habitudes sont teigneuses.

–  Il y a eu le péage. La route qui était censé faire circuler l’argent dans les poches des ivoiriens toujours plaintifs et à plaindre, n’a fait qu’augmenter la colère des voyageurs. Les prix du péage n’ont pas évolué d’un iota malgré les plaintes des populations. Les usagers de l’autoroute paye, quant à eux pour les transporteurs, les coûts de passages, car les tarifs des tickets de toutes les compagnies devant emprunter cette belle voie, ont augmenté d’au moins 100FCFA.

– Il y a eu les fameuses interdictions : de téléphoner au volant, de fumer dans les lieux publics, d’utiliser les sachets en plastique. Les policiers ont traqué, jusqu’en se lasser très vite. comme à leur habitue, ils aiment courir vite oubliant qu’ils s’essoufflent très vite face à la beauté de dame racket et ses sourires envoutant. On fume désormais en public, ont téléphoné au volant…la période de la mode des traques policières est déjà dans les oubliettes. Encore, les sachets circulent, car « quand on interdit, on propose de solutions : création d’espace fumeurs par exemple » confie un fumeur.

– Il ne faut pas mettre sous le boisseau les nombreux admis au CEPE  au BEPC à 80 points. Nombreux admis, très peu orientés. Comme si le Ministère de l’Education nationale voulait faire plaisir aux parents en programmant des succès de masse. A l’enseignement supérieur, le spectre d’un Ministre,  qui aime à penser et croire que ses fantasmatiques visions ses rêves sont des prophéties.  M. Gnamien Konan qui dont le rêve publique est de faire de tous les ivoiriens des informaticiens comme lui – alors qu’il y a une quantité de diplômés en informatique qui chôment dans ce pays – annonce des reformes à l’Université qui ne manquent pas de critique de la part des enseignants, étudiants, parents : Projet de mathématisation et d’informatisation des Lettres, projet de licence en 4 ans, projet de faire de tous les étudiants les anglophones…Personne ne sait d’où il tire son inspiration, mais ce Monsieur est un cas à psychanalyser. Car jusqu’à présent nos chers universités n’ont pas l’ombre d’une bibliothèque encore moins de laboratoires équipés. Ne le sait-il pas ? Ou bien Gnamien Konan, l’enthousiaste voudrait-il que les scientifiques poussent comme des champions?

–  Aussi, il y a le Pont de tous les espoirs. Promis depuis plus de 25 ans et réalisé en 25 mois. HKB le petit ruisseau de Daoukro est fièrement immortalisé. Les journalistes adorateurs vont nous tuer un jour par leur verve savoureuse. Le pont promis entraine une autre promesse. Le patron du PDCI a réitérer son soutien sans faille à son frangin aux solutions. Gbagbo de sa prison hollandaise devrait se dire «Diantre, comment un violé peut-il tant aimer son violeur ? » C’est aussi cela l’amour non ? Le pont est une merveille que nous allons devoir payer durant 30 ans au concessionnaire. L’Afrique devra apprendre à faire confiance à ses propres Ingénieurs. Ce pont se trouve être la nouvelle route directe et discrète pour le PRADO quand il rentrera de ses nombreux pérégrinations et ballades internationales.

– Avant le pont, il y a eu la Révolution acte 2 chez nos voisins et frères balafrés. Le printemps burkinabé. Depuis Beau Capitaine Compaoré a, pour utiliser cet euphémisme diplomatique, démissionné pour venir communier avec les caïmans ingrats de Yamoussoukro où il a trouvé refuge. Le beau Blaise semble avoir été piqué par le virus des voyages Magellantiques. Apres avoir posé ses valises, il a déjà en un temps records effectué un tour pour manger du bon couscous avec le Roi du Maroc. Ce qui est sûr on est ensemble. C’est la famille. Et il y a toujours une solution dans ce pays.

– En 2014, il y a eu des bruits de bottes de quelques mécontents de la grande muette. Ces bruits n’ont pas laissé indifférents le Brave-Tchè. Mais il n’y a pas pas de problème sans Solutions aux pays des éléphants. En parlant d’Elephant, il faut dire aussi dire que sportivement l’année fut marquée par une tension en Pro Drogba et Pro Yaya. Malgré ces tensions et toutes les frayeurs, les pachydermes footballeurs se sont fait abattre par les Lions indomptables avant d’obtenir in extremis une hypothétique qualification pour la prochaine CAN.

– En 2014 il y a eu Ebola et Boco Haram, mais Dieu merci, en dehors des rumeurs, le pays a été préservé grâce à un achat massif et national de toutes les couleurs de Solutions hydro-alcooliques. Enfin, en 2014 il y a eu l’ouverture du fameux procès de Simone la terrible avec ses 82 amis coaccusés. On a pu la voir enfin. Les sauces d’Odienné doublées du foutou manioc des odiénnéka,  la prière et le recueillement depuis ses geôles luxueuses ont renforcé la noirceur de son teint d’ébène et ramollient son regard de lionne.

–  2015 arrive, au galop, avec une escorte démesurée. Un quinquennat est vite passé. Les microbes agissent encore, le racket s’est accentué sur les routes et dans les hôpitaux, l’école est aux cœurs de nombreuses reformes expérimentales et incessantes, les éléphants ont comme à leur habitudes réussi à se qualifier pour la prochaine CAN, les 1 millions d’emploi promis n’ont pas été atteint. Mais 2015 est l’année d’élection. De nouvelles promesses viendront galvaniser encore l’ardeur des votants. C’est aussi ça la vie.

Paix et amour pour tous les éléphants/


Décembre, mois du volontariat et du bénévolat : l’Afrique à l’honneur

5e promotion de VIF (Photo-FB OIF-VIF)
5e promotion de VIF (Photo-FB OIF-VIF)

Le 5 décembre de chaque année est consacré à la célébration, partout dans le monde des actions que mènent les volontaires et les bénévoles pour la création d’une monde meilleur. Cette fin d’année 2014, est particulière. L’Afrique semble être honorée doublement.

Alors que l’Organisation internationale de la Francophonie, qui vient de clore, à Dakar au Sénégal la session de préparation interculturelle de sa 6e cohorte de volontaires internationaux, qui s’est tenue du 21 au 29 décembre, l’Union Africaine, commence ce 1er décembre, à l’autre bout du continent, dans la corne de l’Afrique, à Debrezeit, en Ethiopie la formation de pré-déploiement de la 5e promotion du Corps des jeunes volontaires de l’Union Africaine.

A Dakar, ils étaient 50 jeunes francophones venus d’une vingtaine de pays membres de l’espace francophone a être informé et formé sur les valeurs de la Francophonie. Ils seront déployés sur les 5 continents pour un mandat de 12 mois et mettront leurs savoir-faire et leurs savoir-être au service de leurs structures d’accueil. En retour, ils bénéficieront d’un encadrement d’experts et de professionnels. Encadrement qui leurs permettra à l’issue de la période de déploiement d’orienter leur carrières professionnelles.

Au centre de Développement des jeunes de Bonita en Ethiopie, ils sont 50 jeunes africains venus de l’Afrique et de la Diasporas. Ils parlent français, arabes, anglais et portugais, mais partagent la même vision : celle de faire de l’Afrique par leur engagement un continent qui bouge positivement. A l’issue des deux (2) semaines qu’ils passeront en Ethiopie ils se familiariseront avec les valeurs chères à l’Union Africaine, notamment, le panafricanisme, le leadership, le sens du service…et retourneront dans leurs pays d’origine pour attendre la date de leur déploiement.

Le Corps des Jeunes volontaires de l’Union africaine lancé en 2010, et le Volontariat international de la Francophonie adopté en 2004, sont des programmes nés de la volonté des chefs d’Etats et de gouvernements au cours de leurs différentes réunions. Ils visent à donner aux jeunes la possibilité de valoriser leur savoir faire et compétences, d’avoir une première expérience ou de consolider leurs expériences à l’international dans des espaces multiculturels et multi-linguistiques.

Pour plus d’information :

Volontariat international de la Francophonie (VIF) § Corps des jeunes volontaires de l’Union Africaine (CJVUA)


Ahmadou Kourouma, repose désormais en terre ivoirienne

Ahùadou Kourouma (Ph.Google)
Ahùadou Kourouma (Ph.Google)

«Allah, disait-il, fait ce qu’il veut, il n’est pas obligé d’accéder à toutes les prières des pauvres humains. » Il a tout de même accédez à la dernière volonté du fils de Boundiali, c’elle d’être enterre chez lui. Il a tout de même accédez à la dernière volonté du fils de Boundiali, c’elle d’être enterre chez lui. Certes, les termites de Boundiali ne se régaleront point de ses restes elles se mordront les pinces d’apprendre des nouvelles du nouveau repas de leurs confrères des bords de la lagune Ebrié, mais il repose désormais dans son pays, qui n’est nullement ailleurs que chez lui.

Ahmadou Kourouma, l’auteur du Soleil des indépendances, repose depuis ce vendredi 14 novembre au cimetière de Williamsville, à Adjamé une des communes de la capitale économique ivoirienne. Décédé en France en 2003, le Ministère de la culture et de la Francophonie, depuis deux ans, selon les propos du Ministre Maurice Bandama, a travaillé pour le rapatriement de sa dépouille et son inhumation définitif en sol ivoirien. Ainsi, le mercredi 12 novembre, sa dépouille est arrivée en Cote d’Ivoire.

 Avant d’être inhumé définitivement, il a reçu le 13 novembre à l’Ecole Normale Supérieure d’Abidjan, un hommage littéraire et scientifique des immortels de l’ l’académie des sciences, des arts, des cultures d’Afrique et des diasporas africaines (ASCAD)  et un autre culturel et artistique à L’Institut national supérieur des arts et de l’action culturelle (INSAAC). Une des rue de la commune de Cocody a aussi été baptisée du nom de l’écrivain.

Sa vie a été comme celle du héros de ces deux derniers romans, un voyage, une pérégrination dans le monde.  Né à  Boundiali au nord de la Cote d’Ivoire, il commence l’école à Bamako au Mali avant d’être expédié comme tirailleur sénégalais de 1950 à 1954 en Indochine. A son retour il étudie en France les mathématiques. A ^partir de 1960 il se positionnera comme l’un des premiers écrivains à décrier la dictature des Président africain. Fuyant la colère de papa Houphouët Boigny, il part en exil en Algérie (1964-1969), au Cameroun (1974-1984) et au Togo (1984-1994) avant de revenir vivre en Côte d’Ivoire.

En souvenir de lui, Au Pays des Éléphants, choisi quelques une de ses plus belles paroles, lues ça et là dans quelques uns de ses ouvrages.

– « La principale institution dans tout gouvernement avec un parti unique est la prison.» (En attendant le vote des bêtes sauvages)

– « Partout dans le monde, une femme ne doit pas quitter le lit de son mari, même si le mari injurie, frappe et menace la femme.»

– « Ce n’est pas par ses discours et ses gesticulations, mais par le silence et le sérieux que le sage se distingue dans une assemblée.»

– « Il ne faut jamais verser du jus de viande dans la gorge d’une hyène et lui demander de le recracher.» (En attendant le vote des bêtes sauvages)

–  « Le proverbe est le cheval de la parole, quand la parole se perd, c’est grâce au proverbe qu’on la retrouve. » (En attendant le vote des bêtes sauvages)

–  « Quand, au moment de la séparation entre deux individus personne ne ressent de regret, la séparation est arrivée trop tard.» (En attendant le vote des bêtes sauvages)

–  « C’est comme ça dans les guerres tribales : les gens abandonnent les villages où les hommes pour se réfugier dans les forets où vivent les bêtes sauvages. Les bêtes sauvages, ça vit mieux que les hommes. » (En attendant le vote des bêtes sauvages)

–  « Quand on a dit que l’anus de l’hyène sent mauvais, on a tout dit. »

–  « Il existe deux sortes de cécité sur cette terre : les aveugles de la vue et les aveugles de la vie. »

–  « Allah fait ce qu’il veut, il n’est pas obligé d’accéder à toutes les prières des pauvres humains. (Allah n’est pas obligé)

–  « Il y avait une semaine qu’avait fini dans la capitale Koné Ibrahima, de race malinké, ou disons-le en malinké : il n’avait pas soutenu un petit rhume… » (Le soleil des indépendances)

–  « Comme tout Malinké, quand la vie s’échappa de ses restes, son ombre se leva, graillonna, s’habilla et partit pour le lointain pays malinké natal pour y faire éclater la funeste nouvelle des obsèques. Sur des pistes perdues au plein de la brousse inhabitée, deux colporteurs malinké ont rencontré l’ombre et l’ont reconnue. L’ombre marchait vite et n’a pas salué. » (Le soleil des indépendances)

–  « Les soleils des Indépendances s’étaient annoncés comme un orage lointain et dès les premiers vents Fama s’était débarrassé de tout : négoces, amitiés, femmes pour user les nuits, les jours, l’argent et la colère à injurier la France, le père, la mère de la France. Il avait à venger cinquante ans de domination et une spoliation. Cette période d’agitation a été appelée les soleils de la politique. Comme une nuée de sauterelles les Indépendances tombèrent sur l’Afrique à la suite des soleils de la politique. Fama avait comme le petit rat du marigot creusé le trou pour le serpent avaleur de rats, ses efforts étaient devenus la cause de sa perte car comme la feuille avec laquelle on a fini de se torcher, les Indépendances une fois acquises, Fama fut oublié et jeté aux mouches. » (Le soleil des indépendances)

–  « Le genou ne porte jamais le chapeau quand la tête est sur le cou. » (Allah n’est pas obligé)
–  « Toute épreuve pour un peuple ou bien sert à purger des fautes ou bien signifie la promesse d’un immense bonheur. » (Quand on refuse on dit non)

–  « Quand on dit qu’il y a une guerre tribale dans un pays, ça signifie que des bandits de grand chemin se sont partagé le pays. » (Allah n’est pas obligé)

– « Ils se sont partagé la richesse; ils se sont partagés le territoire; ils se sont partagés les hommes.

–  » Ils sr sont partagé tout et tout et le monde entier les laisse faire. Il y avait au Liberia quatre bandits de grand chemin: Doe, Taylor, Johnson, El Hadji Koroma et d’autres fretins de petits bandits. Les fretins bandits cherchaient à devenir grands. » (En attendant le vote des bêtes sauvages)

– « Un homme est aussi un chien errant en quête perpétuelle de sa nourriture. » (En attendant le vote des bêtes sauvages)

RIP


Cote d’Ivoire, faut-il dire OUI aux OGM?

Photo des participants à l'Atélier sur les OGM en RCI (Ph.JVE-CI)
Photo des participants à l’Atélier sur les OGM en RCI (Ph.JVE-CI)

La question des organismes génétiquement modifiés (OGM) reste une des plus sensibles depuis la fin du 20e siècle même si elle est presque détrônée par la question de l’homosexualité.  Depuis l’avènement des OGM dans l’agriculture, dans les années 90 et la volonté de diffuser leur utilisation, des vagues de mouvements se sont érigés contre. On a mobilisé partout, cultivateurs et consommateurs à se lever pour défendre leurs intérêts. Les tiraillements sont encore vifs en Europe, et l’Union européenne s’est même divisée sur la question comme on pouvait le voir à la Une du journal Lemonde.fr du 12 juin dernier.

 La Côte d’Ivoire a déclaré son intention au cours de la présentation du rapport 2013 du Service international pour l’adoption des applications agro-biotechnologiques (Isaaa) son intention de promouvoir les Cultures Génétiquement Modifiées (CGM), en raison des avantages que présente cette option d’après une publication du quotidien Le Mandat. Selon M. Coulibaly Siaka Minaya, qui représentait le ministre ivoirien de l’agriculture Mamadou Sangafowa Coulibaly «La modernisation de l’agriculture ivoirienne doit obéir à une chaîne de valeurs dont le premier maillon demeure la recherche scientifique ».

Cette annonce qui se passe de commentaire semble ne pas rencontrer l’adhésion de toutes les organisations protectrices de l’environnement en Cote d’ Ivoire. Nous avons demandé l’avis de M. Ange David BAIMEY, Sociologue, militant écologiste, membre de lONG JVE Côte d’Ivoire et Chercheur à l’ONG Internationale GRAIN.

Mais OGM (Ph.Google)
Mais OGM (Ph.Google)

APDE : Monsieur Baimey, la Côte d’Ivoire vient de signer son entrée  dans le cercle des pays qui ont choisi de promouvoir les OGM selon des réactions vue sur les réseaux sociaux, cette décision, semble inappropriée et injustifiée. Est-ce aussi vote avis?

Je pense que c’est une déclaration qui pour le moment engage celui qui l’a faite. Car cette question ne concerne pas que le secteur de l’agriculture seul  mais en grande partie ceux  de l’Environnement, de la Recherche et prioritairement même celui de la santé. Et donc je ne pense pas que le cadre de la présentation d’un rapport est idéal pour aborder de telles questions. Sauf si on m’apporte la preuve que cette déclaration est interministérielle ce qui n’est pas le cas.

Et nous, militant écologiste, militant des droits de l’homme et responsable d’Organisation Environnementale disons que pour une question si cruciale et si importante et engageant la vie de millions d’ivoiriens, cela aurait été du ressort des plus hautes autorités de notre pays de venir et nous expliquer les tenants et les aboutissants de cette volonté de conduire l’agriculture ivoirienne vers cette impasse.

Cette intention, en plus d’être inappropriée et injustifiée comme déjà l’opinion et les medias sociaux le montrent est également déconnectées des réalités sociaux économiques et aussi sanitaires de notre Pays.

Pour nous cette intervention est une provocation à l’endroit des Agriculteurs Ivoiriens en cette Année 2014 déclaré par les Nations Unies comme Année Internationale de l’Agriculture Familiale.

APDE : C’est quoi au juste les CGM ? Et dans quelles conditions réelles, un pays, peut-il y recourir ?

Pour faire simple, c’est une culture ou un organisme vivant dont le patrimoine génétique a été modifié par l’action de l’homme.

Pour embrouiller l’esprit des uns et des autres et faire diversion, l’on parle ici de CGM. On essaie de ne pas dire OGM mais c’est bien vers là-bas que veulent nous conduire les autorités.C’est donc de la diversion puisque l’appellation CGM est la plus répandue.Les CGM sont les Cultures Génétiquement Modifiées. Ici on me dira qu’on ne parle pas d’Organisme donc ‘’ ca peut aller’’ comme on dit a Abobo et que donc, nos escargots, nos cabris et nos moutons ne sont pas concernés. Mais cela est bien faux car nous connaissons très bien la stratégie de diffusion des acteurs derrière cette question. En parlant de CGM, on veut commencer par introduire ces manipulations génétiques dans des cultures telles que le coton ou l’hévéa et on dira qu’etant donne que celle-ci ne touche pas à l’alimentation quotidienne, on pourrait y aller.

Or c’est là le piège car par cette introduction toute la chaîne alimentaire sera déstabilisée par ces poisons.

APDE : Si on écoute les autorités du pays, ne pensez-vous pas que cette décision, qui s’imposera aux ivoiriens, est à saluer puisqu’elle va conduire des recherches pour arriver à l’autosuffisance alimentaire réelle?

Cette décision ne s’imposera pas aux Ivoiriens car nous allons lutter contre ces OGM et dénoncer cela au plus haut niveau comme étant une grave violation du droit à l’alimentation et également une violation de nombreuses Conventions Internationales que notre Pays a signées.

Notre Pays a ratifié de nombreux Traités et instruments juridiques tels que La Convention sur la Diversité Biologique (CDB) qui comme la Convention sur les Changements Climatiques fait partie du package de Rio 92. Et récemment comme vous le savez le Président de la République était à New-York au sommet BKM et son intervention était en faveur du Développement Durable et de la protection de l’environnement. Nous pensons donc que les actions à la suite de cette rencontre ne pourraient être contraires aux propos du chef de l’Etat. Les OSC ont salué ce message et regardent les autorités sur cette question des OGM. Et nous savons que les Gouvernants écoutent. Si les industriels du plastique ont pu obtenir de mettre entre parenthèse une décision salutaire comme l’interdiction des sachets plastiques ici en Côte d’ivoire alors que certains pays comme le Rwanda, la Somalie le Gabon et bien d’autres ont mis en application cette loi, ce n’est pas le peuple ivoirien qui ne sera pas écouté!

APDE : Combien de pays au monde ont adopté cette mesure? Pouvez-vous nous en dire les raisons ?

Nous dénombrons selon les chiffres de 2013, environ 27 Pays au monde qui se sont adonnés aux CGM. Mais des Pays comme l’Allemagne, la Pologne, la Suède et la France refusent les OGM. Les raisons évoquées par les Pays qui s’adonnent aux OGM sont entre autre raisons vous verrez la soi disant volonté de nourrir de plus en plus d’humains, mais cela n’est pas exacte car une grande quantité de ces aliments sont utilisés pour faire du carburant au bénéfice des voitures et des moteurs d’industries. Comment pouvons-nous arriver à cette immoralité, prendre des aliments qui doivent nourrir les humains pour en faire de la nourriture pour voiture ?

Aussi faut-il surtout savoir que cette question est poussée par des multinationales qui font fortune dans ce business. Ces multinationales possèdent des brevets sur les cultures et vont se faire encore plus d’argent  sur toute une chaîne d’activité qui part de la vente des semences aux bénéfices sur des droits de propriété. Et cela bien entendu au détriment de la santé des populations, de leur souveraineté alimentaire et de leur liberté de choisir leur semence. Les OGM ne sont rien d’autres que des poisons lents qu’on fait ingurgiter aux peuples

APDE : Des Etats européens, qui sont des puissances économiques et de fortes sociétés de consommation, font à travers de multiples pub, le lobbying du Bio, la Côte d’Ivoire qui se veut en voie d’émergence, ne va-t-elle pas ramer à contre-courant des modèles Européens en adoptant les CGM ?

Bien sur la Cote d’Ivoire va se mettre à dos plusieurs nations et pays qui ont compris la nécessité d’épargner à leur population les mirages des OGM. Aujourd’hui, tout le monde se tourne vers l’agro écologie ; tout le monde prône le « zéro pesticide » tout le monde veut manger sain et manger Bio car comme le disent les médecins ; la nourriture est le 1er médicament de l’homme.

Economiquement la Cote d’Ivoire ne sera pas gagnante dans cette aventure car nos fruits et légumes tel que la banane, l’ananas subiront un rejet sur les marchés de ces Pays.

APDE : Est-ce que le milieu des organisations de la société civile et de protection de l’environnement compte dans le futur annoncer des actions pour interpeler le gouvernement ? Si oui, comment compter vous y prendre et pour quel résultat ?

Oui  au niveau de la Société Civile Ivoirienne des actions sont envisagées pour exprimer l’opposition à cette intention. Le secteur agricole représente environ 22% du PIB du Pays, ce n’est donc pas un secteur avec lequel il faut jouer en voulant le soumettre aux hésitations du génie génétique qui a montré ses limites à travers le monde.

Tout comme nous, nos partenaires au niveau international ont été consternés par cette intention et nous nous organisons à tous les niveaux pour dire Non !

Une Organisation comme la COPAGEN qui lutte depuis plus de 10 ans pour la protection du patrimoine génétique a lancé une Pétition et nous soutenons cela.

Les Jeunes Volontaires pour l’Environnement ont aussi entamé un travail de mobilisation et bientôt un travail d’information sera engagé également. Avec le Réseau Climat et Développement, une plateforme de plus de 75 organisations de la Société civile Francophone avec à sa tête le RAC-France et ENDA TM une action sera conduite.

Le Probo Koala a été un grand malheur pour le Cote d’Ivoire et a entamé une descente aux enfers de notre environnement, les OGM viendront finaliser ce travail macabre et nous ensevelir.

APDE : Ange David BAIMEY, Merci/


Tu cherches ta diaspora? Laisse-moi te dire où la trouver et à quoi elle sert

Avec des expatriés en plein Europe de l'Est (Ph.Badra)
Avec des expatriés en plein Europe de l’Est (Ph.Badra)

Il paraît que l’Afrique a atteint 100 millions d’utilisateurs de Facebook. Wouahou, que c’est  un bien beau score pour le créateur de ce réseau social et son business! Un ami, à propos de ce record africain estime que ce n’est que le début. Ce chiffre va aller crescendo.

Je parie que parmi ces millions de comptes, il y a au moins une bonne partie consacrée aux brouteurs, c’est-à-dire ceux qui arnaquent quelques Blancs fortunés ou pas, qui se font passer pour des cons à plumer. Il y a aussi un bon nombre de comptes créés pour chercher son blanc ou sa blanche. Il y a des comptes créés pour le bon usage et enfin pour ne pas allonger la liste, il y a ceux qui créent des comptes, dans le seul but de demander des devises étrangères, des montres, des ordinateurs portables, des parfums…chaque jour aux parents qui sont derrière l’eau : un membre de la famille qui soit se cherche encore en travaillant au noir, soit mène une vie paisible parce qu’ayant ses papiers, ses enfants et une bonne femme. Ou enfin, au parent qui a véritablement réussi en intégrant la haute société et qui n’hésite pas à dire quand il revient dans son pays ou un autre du continent pour une quelconque raison : « Je vais en Afrique », comme si l’Afrique, ce continent de 54 Etats et gouvernements, était un pays.

Un ami qui fait forcément partie des trois catégories de diasporas citées dessus semble chercher sa diaspora. C’est-à-dire ses parents. Ceux qui viennent précisément du même pays que lui, car à l’étranger, tous les Africains s’appellent : mon frère. Lui, je parie que la solitude a motivé son avis de recherche. Si ce n’est la solitude, alors c’est le constat amer d’une diaspora ivoirienne bien en lambeaux qui le choque. Dans sa solitude, dans son isolement, au pôle Nord, il refuse le propos injuriant qui considère l’Afrique, comme un pays. ‘Je vais en Afrique?’. Combien d’expatriés européens en Afrique, qui en fin de mission ou en partance pour leurs vacances, disent, « je vais en Europe » ? Combien ? Ils disent avec précision : « Je vais en France », « Je vais à Genève », « je vais à Istanbul »…

Tu as raison mon cher. Mais combien de personnes pensent comme toi. Je jure qu’il est meurtri dans son cœur, lui le super organisateur, quand il voit que ceux dont on se moque ici en Côte d’Ivoire et qu’on taxe de moins développés chez eux sont plus solidaires, plus organisés à l’étranger que l’Ivoirien. Je pense qu’il n’a pas d’autre choix que de choisir ses amis parmi les autres Africains et de fuir ses compatriotes. Ils vivent dans un semblant de suffisance, ils vivent dans la méfiance et dans le mépris. Un mépris que les sourires hypocrites ont du mal à dissimuler souvent. Je ne me tromperais pas en disant, encore, que lui aussi a remarqué que l’Ivoirien n’aime pas  »gâter son nom ». Mais ne nous éloignons point du sujet. Je voudrais t’aider à retrouver ta diaspora et te dire à quoi elle sert. Ce que je dirai est relatif. Chacun son point de vue, sa façon de voir et de vivre les choses. Ma réponse est subjective, personnelle. C’est pourquoi elle est mienne.

Ta diaspora, tu la ne trouveras jamais, comme tu l’espères. Tu la trouveras là ou il y a les fesses, l’alcool et les débats politiques. Dans les clubs, dans les boîtes de nuit, dans les boutiques chics…

J’ai été en Turquie, à Istanbul, ville de plus de 17 millions d’habitants. Pays entre l’Europe et l’Asie et qui demande son entrée dans l’UE. Les deux rares Ivoiriens que j’ai vus m’ont été présentés par un Guinéen. Un Alpha. Mon ami Alpha, rencontré dans mes pérégrinations au détour d’une rue, devant son étable de montres. Après l’achat d’une montre, il m’a offert une deuxième chinoiserie à la moitié du prix de la première. Il m’a demandé les nouvelles et m’a invité avec insistance à lui tenir compagnie durant la vente. Il m’a filé les bons plans pour Africain. Le lendemain, il m’a introduit dans sa communauté. Nous avons pris le thé, parlé de politique, mangé du riz. De l’appartement de 24m2 où ils vivaient à 13 à la résidence du Guinéen qui avait le plus réussi à Istanbul, Alpha m’a introduit comme si j’étais un frère en visite d’Etat. Le lendemain, il m’a fait faire le tour de la ville. Mes deux frères ivoiriens étaient trop fiers de quitter leur appartement, pour faire découvrir la ville à cet autre frère ivoirien qui se disait en vacances. Ils étaient trop occupés à câliner leurs jouvencelles turques. M’accompagner serait abandonner un instant de plaisir. Les autres vendaient l’été et travaillaient l’hiver dans les fabriques. Eux dormaient et se bronzaient l’été et travaillaient l’hiver. Diantre, ne devais-je pas aussi me permettre de dire que je suis en vacances? « Alors mon frère, si tu es en vacances, il faut que tu nous reçoives. » J’ai vite compris qu’ils avaient évalué mon potentiel financier et qu’ils me dépouilleraient de mes petites économies et même peut-être de mon billet retour… Mon ami  Alpha, le Guinéen, lui m’avait reçu, m’avait plongé dans l’ambiance africaine. On a parlé dioula, peul, mano, wolof, sosso… On a plaisanté et ma seule dépense à son endroit fut le prix d’un bon kebab, rien de plus. Pour lui l’argent est sacré et au pays on en avait besoin. Alpha, durant les 3 jours de notre rencontre était toujours dans la même chemise, les mêmes chaussures, le même jeans. Mes frères, eux, avant de me mettre à la porte de leur appart ont dû mettre quelque chose de chez Zara. Bref…Tu vois  ta diaspora voulait « abuser de moi ».

J’ai été en Moldavie. Pas loin de l’Ukraine et de la Russie. Là où c’est chaud en ce moment. Là-bas on parle russe, roumain et français. Connais-tu la Moldavie? Les Noirs y sont rares. Je dirais très rares. Tu comprendras que quand on est rare quelque part, la nécessité du regroupement devient un réflexe. Mais ma diaspora pense autrement. Dans ce bled, une musique de Magic System, me fit sortir de moi. Quoi? Les magiciens ici? Allah est Grand. Des gens qui ont de la peine à s’imaginer qu’un pays du monde s’appelle Côte d’Ivoire, joue du Magic System. Mais il y a de quoi être fou un instant, crier et danser en pleine ville. Ici, ma diaspora était des footballeurs. Ils venaient de remporter le Championnat national. Ma diaspora donnait une fête. Il y avait des filles, belles à couper le souffle, de la musique, tu sais, de l’alcool. Là encore, j’ai été introduit grâce à des amies camerounaises et sénégalaises. Des communautés très bien organisées pour résoudre les problèmes de scolarité, d’appartement, de nourriture, de santé, de loisirs. Les miens étaient trop occupés à se tailler des pipes, à danser en montrant leurs caleçons de marque Dolce, Nike, Kenvelo…Ma diaspora a à peine levé la tête pour me considérer. Chacun était un peu occupé à danser, boire et guetter sa Moldave. Ils n’avaient pas tort. Dans ce bled, le froid tue. Quand la vodka viendrait à manquer, une femme ferait l’affaire dans cette prison de pays, où sortir est aussi difficile qu’entrer. Dans ce coin, ma diaspora se prélasse au soleil quand il n’y a pas de rencontre de football ou école. Les autres grouillaient en dehors de l’école et des stades.

J’ai été à Québec. Comme on le dit. Là où tu sais. La première catégorie de ma diaspora était constituée de tous ces cadres du pays, qui s’inventent des missions au compte de l’Etat.Toujours cravatés et prêts à aller faire les boutiques, lécher les vitrines et à prolonger le séjour. Ils ne sont pas de la diaspora, mais ce sont des gens qu’on rencontre. Cette diaspora ou ce type d’individus, quoi que proche de moi professionnellement n’avait pas mon temps. Moi j’aime trop les choses d’en bas. Je suis trop émotif, j’aime trop l’Afrique, pardon la Côte d’Ivoire. Je compte mes dollars, je les convertis d’abord en Cfa avant d’engager toute dépense. Eux ils dépensent, c’est l’Etat qui paie. Alors le hasard et le destin me mettent devant un autre type de diaspora dans une supérette de Laval. Une fille que le Bon Dieu a bien dessinée. Jolie et innocente. Elle cherchait un boulot de vendeuse pour les vacances. Au moins une qui veut se rendre utile. Une, deux, trois, quatre… questions, la go s’est éclipsée, pensant sûrement que j’étais un espion de Ouattara – comme ils aiment souvent à le dire tout bas – ou que je voulais lui demander un complément de dollars pour m’acheter un sandwich avec toutes les taxes qui vont avec à Québec. Mais non ma chérie. Moi je ne cherchais que la chaleur du pays. Nostalgique de l’accent ivoirien. Enfin, quand j’eus la bonne nouvelle, qu’il y a des endroits pour ma poche, j’ai vite sauté dans le Métrobus fait de retrouver DOLLARAMA. Youpiiiiiii. Tu connais bien ce coin. Un endroit que Dieu a inspiré aux Canadiens pour les Africains de ma clique. C’est le seul endroit où les gens comme moi peuvent se permettre de remplir un chariot de souvenirs et chinoiseries pour nos parents très en attente toujours de quelque chose quand ils apprennent que tu as voyagé. J’ai rencontré en cet endroit ma diaspora. Elle est facile à dénicher. Elle ne fait jamais le premier pas, elle  attend que tu agisses, sinon elle se casse la main dans la poche. Dans tous les cas, personne ne mange chez quelqu’un. J’ai vu des jeunes, des étudiants. Mais tu sais, j’ai eu une intuition. Quelque chose me disait que c’était ma diaspora. Vêtus comme le DJ Molaré ou le Yorobo 2 fois coramane, ils étaient tous flanqués de filles belles comme le diable. Ils scrutaient les rayons les plus chers de Dollarama, quand tu sais qu’à Dollarama tout est entre 1 et 2 dollars.  Encore quelques questions d’usage, un échange entre fiers éléphants. Les petits vivaient en dollars. Mais j’avais ma calculette convertisseuse. Voilà encore ta diaspora. Là-bas on ne va pas se chercher. C’est trop loin. Aucune barque aux côtes du Maroc ne peut y conduire quelqu’un. Là-bas, on va justifier et gaspiller la richesse mal acquise de papa. As-tu vu ta diaspora ? Quittons cet endroit.

Passons. T’ai-je déjà parlé de ma diaspora sud-coréenne ? Le bonheur et la nécessite m’ont conduit au pays de Samsung, de Kia, de LG. Séoul. Ha Séoul ! Sept heures de différence horaire. Le déboussolement total. Un coin perdu de la terre où les gens aiment travailler. A Séoul, il y a les Nigérians. Eux ils sont partout. Et je ne doute pas qu’il y ait des Sénégalais aussi. Mais nos frères anangos ne se mêlent jamais aux autres. Leur couleur, leur accent, leur allure de gourou les distinguent des autres chercheurs; Eux, ils sont dans le business, les kens de millions. Nous on s’amuse. Dieu merci, j’étais loin de Séoul. À Iksan. Un village où l’université est dix mille fois plus belle et plus sérieuse que toutes les universités peintes à coup de milliards de FCfa par Bacongus et sa clique d’augmenteurs d’inscription pour fabrique d’enfants de pauvres. Wonkwang Univerity fait rêver. Je vous assure. J’y ai vu pour la première fois de ma vie, ce qu’on appelle gazon synthétique. Ne m’en voulez pas. Je viens d’ici. Je viens d’Afrique. Et dans mon pays, je n’en avais jamais vu, jamais foulé. Dieu merci ma diaspora était africaine. Une dizaine. Mais eux parlaient anglais. Moi aussi. Quelquefois, je m’en sors bien. Quand Allah m’inspire, c’est fluide, comme l’eau de la bagoué à Boundiali. Là je ne te dis pas. On applaudit le Noir quand il entre dans un bus ou un super marché. Noir exquis, Noir exotique. Ma couleur je t’adore. Tu fais souvent de moi, un objet de curiosité. Les deux Gabonaises qui avaient le malheur d’être dans cet isolement à mourir pour leur études ont sauté, jusqu’à toucher le ciel à la vue d’autres frères de couleur. On partageait le repas, on allait danser le soir. On revenait ivre. Pour quelques uns bien sûr. Mais moi. Ma diaspora. Mon seul ivoirien ne daignait me visiter que quand il voulait voir mon Haïtienne d’amie et de voisine d’hôtel. Ha, elle avait de ses rondeurs ensorcelantes comme les Ivoiriens les aiment. Son sourire faisait fleurir les fleurs d’hibiscus encore boutons. Sa peau était d’une douceur de soie de premier choix. Hum. Tu vois, cette magnifique créature était la seule raison suffisante pour ma diaspora de se rapprocher de moi. Je ne plains pas ma diaspora à ce niveau hein. Tu sais une fille coréenne n’est pas facile à conquérir. Alors faut faire entre nous quoi. Mon amie été belle comme l’Hélène de Ménélas que Paris a ravie, charmante comme Circé et marchait comme Pocahontas. Tu vois ce qui attire ma diaspora ? Mais n’oublions pas le point de départ. Ma diaspora est toujours surprenante, mais se trouve là où j’ai indiqué au début.

J’ai vécu en Roumanie. A Bucarest. Beau pays, une belle capitale. Les filles en été sont sublimes, elles marchent comme des princesses. En hiver, elles sont chaleureuses. Mon hiver en Roumanie fut cruel. Mais excitant. Là, ma diaspora était étudiante. J’ai pu la retrouver grâce à la diaspora guinéenne et sénégalaise. Toujours disponible. Bien organisée. Solidaire. Les Guinéens ne font point de distinction entre forestier ou Peul ou pro ceci ou pro cela. Je ne sais quoi encore. Un Guinéen à l’étranger est un fils du pays, un frère. Les Gambiens se mélangent aux Sénégalais. Personne ne parle de sa particularité. Tous sont unis par l’origine, par la langue, par la religion. Avec cette diaspora, j’ai fait ramadan, tabasky et tous les vendredis qu’Allah m’a permis de connaître dans ce pays. Quand j’eus l’occasion de rencontrer ma diaspora, des fils et filles cachés de ministres, de préfets, de directeurs qui ont des comptes en milliers d’euros, les premiers échanges furent autour de bonnes bières, de bons vins, en compagnie de belles gos. Une diaspora hypocrite qui admet selon des critères ethnico-géographico-politico-religieux. D’abord mon nom. Ensuite ma religion. Le nom, malheureusement dans mon pays te met dans la catégorie des pros ceci ou pros cela. La méfiance les conduisait à choisir leurs mots, les sujets de conversation. Et quand ils s’égaraient, j’entendais « vieux père, on ne parle pas de toi hein. » Des jeunes qui n’ont pas encore digéré une défaite qui ne les concerne même pas directement. Eux ils ont eux la chance de s’enfuir au Ghana. Mais que dire de ceux qui sont morts, qui ont perdu leur concours, leur travail, leur père…pour un conflit idiot. J’avais une diaspora de luxe. Femmes, clubs, appartements privés et individuels. Chacun dans son chacun quoi. Il ne faut pas s’étouffer quand on sait que papa, chaque mois enverra 1000 euros au moins comme argent de poche. Des inconscients qui pouvaient boire 300 euros nuit et appeler à 4 h du matin pour aider à régler la facture avec une carte bleue en attendant le mandat paternel. Ma diaspora pouvait se permettre de prendre de vacances hors du pays hôte. Alors qu’à côté, la diaspora sénégalaise vivait en communauté. Les Guinéens même m’ont plongé dans une ambiance de sauce arachide tous les jeudis. Les miens étaient abonnés aux fastfoods réputés : Mac Donald, Spring times, KFC, etc. Tu vois ici ma diaspora gaspille. Elle s’en fiche. Et quand elle rentrera, elle trouvera un boulot grâce à papa.

Voudrais-tu que j’allonge la liste en te parlant de ma diaspora parisienne? Elle n’a jamais eu le temps pour moi. Elle se plaignait de mes appels trop nombreux. Elle habitait toujours loin et ne donnait des rendez-vous dans des endroits publics : Place St.Michel, Moulin Rouge, etc. Elle est toujours préoccupée par les questions inessentielles. Elle est méfiante. Elle passe son temps à poster des vidéos d’injures sur Youtube. Elle est organisée en groupes idéologico-politique et ethnico-religieux. Ne faut pas perdre son temps. A Paris, faut chercher ton groupe. Voilà. Moi elle m’énerve. Mais dis-toi qu’elle contribue idéologiquement à alimenter les débats à distance. Et quand elle amasse une bonne fortune, elle s’achète un billet moins cher pour aller frimer au pays dans des voitures de luxe. Ce n’est pas ADO seul qui va faire émerger le pays hein.

Devrais-je te saouler encore avec ma diaspora hollandaise ? Elle à la chance d’être à côté d’un président ivoirien. Elle peut de temps en temps lui apporter même de la bouillie de riz, de mil, de mais. Je parle de Seplou, du Lumumba ivoirien, du Mandela du siècle, lui qui a si bien compris la démocratie qu’il se retrouve dans une cage de luxe. Comme le père et le fils sont en un même endroit, ma diaspora ivoirienne est divisée en RHDP et LMP. Les héros et les zéros. Les aigris et les heureux. C’est ainsi la vie. Une dualité. Ma diaspora critique le Blanc qui l’héberge, qui lui offre le toit, la sécurité, la nourriture, le travail. Elle est bien consciente qu’elle est dans un pays de droit, statut qu’elle refuse à la Côte d’Ivoire, pour la simple raison que celui qu’elle aime est en cage. Si tu te trouves en ce pays, n’oublie pas tes couches hein.

Bon mon frère. Je suis épuisé. Si dans tout ça tu n’as pas encore trouvé ta diaspora, on peut plus rien faire pour toi.

Ta diaspora sert à dilapider l’argent amassé par nos gouvernants sans scrupule. Aux dernières nouvelles on apprend que le fils d’un ministre d’Etat de la République est rentré en Jet privé et a été accueilli avec tous les protocoles dignes du rang de son père. Vois-tu, les hommes sont pareils. C’est le peuple qui est idiot.

Ta diaspora est là, elle t’attend, elle t’appelle, mais retiens qu’elle est encore à rechercher la réponse à des questions futiles : « Tu viens de quelle région ? Tu es de quelle religion ? Qui a réellement gagné les élections ? » Pourtant, elle devrait savoir que jamais un vainqueur ne finit en prison. Si l’origine devrait être condition d’intégration, alors cher ami, reste dans ton coin. Parce que ton nom dit tout? Il dit que tu viens du Nord, même si ce n’est pas important. Il dit que tu es musulman, même si c’est pas évident. Il dit que tu es rebelle ou RDR ou frère de FRCI, même si c’est à vérifier. Comme si RDR ce n’est pas ivoirien, FRCI ce n’est pas l’armée nationale… Mais bon, c’est essentiel pour certains. Les préjugés et les stéréotypes ne sont pas seulement faits pour les autres. Entre fils d’un même pays, d’une même nationalité, ils foisonnent. Dieu te garde et n’oublie pas de te protéger du blizzard. Car tu n’as pas encore trouvé ta diaspora et si tu meurs de froid. Ta diaspora restera sourde à tes SOS.


Côte d’Ivoire : comment on meurt chaque dimanche au CHU de Treichville

Entrée des urgences chirurgicales de Treichville (Ph.Badra)
Entrée des urgences  de Treichville en Côte d’Ivoire (Ph.Badra).

Dieu, disent les livres dits saints, créa le monde en six jours. Le septième, il décida de se reposer. Dimanche est devenu jour de culte pour la majorité des chrétiens. Dimanche dans les lieux de culte, on prie pour sauver des âmes. Dimanche, malheureusement, dans certains autres lieux comme les hôpitaux, ces structures destinées à soigner pour sauver des vies, quelques individus prient pour que viennent des malades amochés afin de les escroquer ou les laisser mourir. Ce n’est pas une généralité, encore moins une généralisation. Mais, quand le verre est dans le fruit, il n’est pas impossible que tout le sac soit contaminé. En Côte d’Ivoire, il n’y a rien qui étonne. Ou qui doit étonner. Dans toutes les structures hospitalières, l’ombre des voleurs de médicaments ou de froids soigneurs plane. Ces hiboux lugubres sont toujours les premiers à dire : « Il n’y a pas ceci ici, mais allez la- bas, ça coûte ceci », « la radio est en panne depuis X jours, voici l’adresse d’une bonne clinique où il y a une radiographie .» On émergence à double vitesse ou à double sens.

Des personnes de tout âge, tout sexe, toute catégorie sociale meurent gratuitement dans les CHU du pays faute de matériels et d’appareils fonctionnels et d’hommes conscients et sensibles aux malheurs des autres. Paresseux, veules, cupides, commerçants, sensibles à la limite de l’indicible, des médecins, des infirmiers, des brancardiers, des ambulanciers du service des Urgences chirurgicales du Centre hospitalier et universitaire de Treichville (CHU) ont démontré de manière sordide, qu’il est préférable de ne point avoir affaire à eux. Ils sont sadiquement aussi insensibles et humainement froids que certaines sages- femmes face aux parturientes comme le décrit bien Suy Kahofi.

Ce dimanche 7 septembre 2014, au petit matin, 19 jeunes, des amis qui rentraient d’une veillée d’hommage, ont été victimes d’un accident de circulation à la descente du pont de Gaule. Dieu merci, pas de décès, mais des blessés. Dieu merci, ils ont été secourus dans les délais et évacués vers les Centres hospitaliers et universitaires (CHU) de Treichville et de Yopougon. Si les 8 conduits au CHU de Yopougon, ont eu la chance d’être reçus et pris en charge, les 11 déposés par les pompiers au CHU de Treichville sont restés de 7 h à 12 h entre vie et mort. Ils ont eu le malheur d’être envoyés dans un CHU piteusement équipé et où règnent en dieux, quelques personnes sans scrupule des monstres froids au sens de Nietzsche.

Pas moins de 5 heures durant, ils sont restés tels que les pompiers les avaient déposés.  Dans leurs vêtements ensanglantés, leurs plaies ouvertes, ils se tordaient de douleur pendant que les DIEUX des Urgences chirurgicales étaient tranquilles dans leurs bureaux. Quelques-uns, faisaient semblant de se rendre utiles en remplissant des bons d’enregistrement. Comble du manque de professionnalisme alors que les pompiers avaient déposé 11 rescapés d’un accident, ils n’en avaient enregistré que 10. Où était donc passé le 11e malade?

La victime gisait seule, en cet endroit sordide, dans une pièce où on l’avait oubliée. Le jeune avait pris un gros coup de froid. La seule phrase consolante qu’un infirmier trouva à dire, «  ce n’est pas grave, on voit pire que çà ici au quotidien ». Il fallait donc attendre que le dernier miraculé soit enregistré pour enfin commencer la prise en charge. Tout ce temps pour enregistrer des accidentés et délivrer des bons de médicaments, indisponibles à la pharmacie du CHU. « Vous avez la moitié ici, le reste est disponible et payant à la pharmacie interne. Allez là-bas. »

Le CHU de Treichville, un hôpital et un centre universitaire de rang. Les CHU, il n’y en a que 5 dans le pays : 3 à Abidjan, 1 à Bouaké et le dernier à Korhogo, si je ne me trompe. Et le CHU de Treichville ne dispose pas de radiographie fonctionnelle. Diantre! « La radio est en panne depuis longtemps », affirme-t-on en chœur, avant d’indiquer l’adresse privée d’une clinique, où tout se trouve. Sur le dos des malades et prétextant des pannes, se développe un business florissant. La radiographie d’un hôpital de ce rang est en panne. Dans un pays qui se voudrait émergent et qui se targue d’être en train de construire un Institut de médecine nucléaire à Abidjan. Et on le dit sans l’ombre d’une quelconque honte. L’ambulancier, qui se pavane dans sa blouse et avec son air important, remet les bons de radio en murmurant avant de s’éloigner comme si une autre tâche urgente l’attendait. « On fait ça là bas. Cela fait 30 radios. Une radio fait 10 000F Cfa ». Imaginez le calcul qui leur fait se lécher les babines et se frotter les mains quand ils s’imaginent les ristournes qu’ils toucheront sur le client recommandé.

Dimanche, chacun est responsable de son malade (Ph.Badra)
Dimanche, chacun est responsable de son malade (Ph.Badra)

Dans le fond les hôtes du jour se sont comportés comme des dieux vautours. Comment se fait-il que le matériel élémentaire tombe toujours en panne dans nos institutions hospitalières? On se souvient que le décès d’une mannequin Awa Fadiga, au CHU de Cocody, par négligence et faute de scanner a fait des tollés révélateurs de ce que cache l’émergence. Mais là il y a eu des réformes conduisant à la fermeture d’un pan des urgences pour réhabilitation et remplacement du directeur. Mais, qu’est-ce que cela change véritablement au système ? Il y a eu ces mesures parce que le jeune mannequin avait des amis et parents influents, qui ont usé de tous les moyens pour révéler les erreurs du système sanitaire ivoirien et crier leur ras-le-bol. Mais imaginez tous ces moins nantis, ces inconnus qui à défaut d’argent meurent en silence dans ces institutions.

En Côte d’Ivoire, avoir des hôpitaux équipés relève du miracle. Et quand les équipements sont trouvés, cela est annoncé en pompe dans tous les médias pour montrer que le pays est au travail. Oui, le gouvernement travaille pour satisfaire les populations. Mais quand il s’agit de prendre soin de ce qui s’obtient difficilement, on tombe dans l’incivisme. Car être bon citoyen, ne consiste pas seulement à respecter les lois et à ne pas gaspiller l’eau et l’électricité. Un bon citoyen respecte aussi les efforts consentis par l’Etat. On a l’impression que les chers techniciens et médecins rêvent que les équipements de soins tombent rapidement dans la défaillance, afin qu’ils fassent de recommandations de radio ou d’examens dans des cliniques, où ils touchent des quotas sur les patients clients orientés ou envoyés. Pour preuve, dans ce pays, si votre malade doit faire un scanner, il vous revient de louer une ambulance pour le conduire dans une clinique privée, indiquée par le soin du médecin traitant, et de revenir de cette clinique avec votre malade dans l’établissement public afin de continuer ses soins.

Dans un autre cas, on vous indique sèchement qu’il y a panne, mais si vous rentrez dans le contexte, tout se dépanne miraculeusement ou on vous trouve une solution rapidement. Faites un tour au service de radiographie de l’hôpital militaire d’Abidjan (HMA). Si vous ne payez pas le passage, vous risquez de faire de belles racines dans la salle d’attente. Faites un tour aussi à l’INSP d’Adjamé, il y a des examens médicaux qui se font sans reçu. Leurs frais sont directement remis aux techniciens aux blouses dont les poches ont changé de couleur à force de voir les mains entrer pour y déposer des billets de banque et ressortir aussitôt.

Le CHU de Treichville, ne dispose pas de radiographie. C’est grave à entendre. On suppose que le CHU fait au moins des recettes. Comment ne pas réparer aussitôt une machine défaillante, vu qu’une radiographie est une nécessité pour une institution de ce genre. L’Afrique ne ressemblera pas de sitôt aux pays développés hein. ! Combien coûte une radio, pour qu’on n’en ait pas en réserve quand on imagine le nombre d’unités mobiles de radiographie qui sont mobilisées quand il s’agit des concours du CAFOP, de l’ENS, de l’ENA, de la Police.

Si des établissements qui organisent les concours mobilisent des unités mobiles appartenant quelquefois à des structures de privés, le CHU en cas de panne, ne peut-il pas recourir à ces unités mobiles ?

Les imbéciles qui se prennent pour des dieux…

Au CHU de Treichville les demi-dieux et monstres froids sont à la base, logés dans les accueils et les dieux au sommet. Le parcours du combattant commence déjà à l’accueil du service des urgences chirurgicales.

Le vigile à l’entrée se prend pour un dieu, parce qu’il a le privilège de pouvoir ouvrir ou fermer à qui il veut. Là encore il faut négocier,  »le gérer » pour voir son sourire et ses dents dont l’éclat de couleur rivalise avec son uniforme. Son prétexte : il est interdit de rester dans les couloirs. Oui cela est vrai, mais une fois géré, lui même gère et est prêt à trouver la raison suffisante de votre présence dans le lieu interdit, aussi nombreux que vous soyez. Il y a aussi le malin des brancardiers qu’il faut supporter. Eux se prennent pour des médecins, parce qu’ils ont des blouses. Pour entrer dans leur grâce et mériter leur bénédiction hypocrite, il faut les ‘‘voir » quand-ils finissent de transporter votre malade d’un point A à un autre dit B. Les ambulanciers quant à eux se donnent un pouvoir immense. Leurs services sont ultra obligatoirement payants. Il faut les voir se pavaner avec des airs d’affairés, mains gantées et cache-nez descendu au menton. Avant de décoller avec nos malades, ils ont exigé d’être  »vus » d’abord. Evidemment, il leur faut du carburant, sans quoi la machine ne peut se mouvoir. Enfin, avant de voir les médecins, qui n’ont jamais le temps, il faut passer entre les mains des aides-soignants (A.S) et infirmiers. Ceux-là ont le pouvoir de recevoir un malade, de prescrire des bons, de commencer la prise en charge. Ils sont les plus sadiques. Leur phrase fétiche : « Nous, on voit pire que ça tous les jours. » Ce dimanche, ces braves travailleurs sont  en boule d’être au travail, un jour où les autres sont à la plage ou au repos.  Ils ne manquent jamais de rappeler leurs conditions misérables de vie et de salaire

Aucun d’eux ne s’était donné la peine de nettoyer simplement les plaies ouvertes ou les corps mouillés de sang. Cinq heures après l’arrivée au CHU, il était impossible  d’avoir la moitié des médicaments prescrits pour les premiers soins dans la pharmacie de l’institution. La tension commençant à monter face à l’attitude insultante du personnel en présence, se moquant de l’inquiétude des parents du malade, il a été décidé de transporter les blessés vers le CHU de Yopougon, où les autres semblaient avoir été accueillis dans de meilleures conditions. Surprise ! Il n’y a pas d’ambulance. Le CHU qui se trouve dans la commune du ministre-maire Amichia et de l’honorable Ami Toungara, ne dispose pas d’ambulance. La seule ambulance qui se trouvait dans les parages ne pouvant transporter que 5 personnes, le transfert des autres a été effectué dans des véhicules personnels. Là encore, les agents qui ont conduit les malades en chaise roulante attendaient une récompense. Diantre encore ! ignorent-ils que le malheur n’arrive pas qu’aux autres?

Ici on parle d’émergence

Depuis un certain temps, le mot émergence est devenu célèbre. Même Ebola n’arrivera pas à ternir son aura. Mais l’émergence, ce n’est pas forcement un pont, encore moins une autoroute. L’émergence ne se limite pas à prendre des mesures au cours des conseils, d’interdire les sachets plastiques, de casser toutes les installations anarchiques à Cocody et de faire semblant de ne pas voir ceux de Port-Bouét 2 à Yopougon. L’émergence ce n’est non plus des chiffres qui traduisent la croissance, sans que le peuple n’en ressente aucun effet. L’émergent ne devrait pas se limiter à peindre une université et augmenter les coûts des inscriptions sous prétexte que ce qui est « cher a plus de valeur ». Dans ce cas, ceux qui disent soigner mystiquement à 5 F Cfa, et qui passent toujours à Radio Yopougon, sont des idiots menteurs. L’émergence, ce n’est pas de dire à chaque apparition qu’on a transformé à titre d’exemple 100 centres hospitaliers régionaux (CHR) en CHU, 100 hôpitaux généraux (HG) en CHR, qu’on a transformé 1000 cases de santé rurale en HG… Il y a une infinité d’exemples hein !

Non! L’émergence doit être aussi dans le comportement des travailleurs ivoiriens. Les corps habillés, notamment les policiers, par exemple,. Ces derniers de doivent pas être vigilants que quand il s’agit de traquer les conducteurs qui conduisent en téléphonant ; les concours doivent être crédibles et les modes de recrutements moins népotistes…Dans les hôpitaux, l’essentiel pour le citoyen est de savoir, si le changement de nom et de statut – ce qui est simple à faire – s’accompagne des dispositions et aménagements en termes d’équipements que cela implique. L’émergence, c’est aussi le changement d’attitude. Dans nos hôpitaux on se permet de crier, d’insulter ou d’humilier les malades; on fait chanter les parents parce qu’on sait qu’on tient entre ses mains la vie d’un tiers. L’émergence c’est aussi d’avoir des hommes qui se souviennent de leur serment d’Hippocrate, hypocritement prononcé pour satisfaire à l’usage. L’émergence, ce sont des infirmiers qui savent lire et comprendre ce qui en plaque devant chaque CHU: Ne me dis pas ton nom, ne me dis pas ton ethnie, ne me dis pas combien tu as en banque, dis-moi simplement ton mal pour que je puisse faire mon travail. Celui que j’ai choisi par vocation en sachant toutes les réalités financières et sociales de ma corporation, celui que j’ai aimé parmi tant d’autres et auquel je suis arrivé par la force de mon esprit, et non malgré moi, parce qu’y a plus travail. »

Les amis, sont mal en point, mais Dieu merci, sains et saufs. Pour le reste, Dieu s’en charge.


Côte d’Ivoire; le carrefour Jacqueville entre émergence et immersion

Carrefour Jacqueville (Ph.Badra)
Carrefour Jacqueville et son décor d’eau et de sable  (Ph.Badra)

Jacqueville n’est pas loin d’Abidjan. Seulement 20 km environ de bitume et 30 minutes de voiture, si le bac, sempiternellement en panne et en retard, daigne se pointer à l’heure. C’est une ville propre et tranquille. L’histoire de la ville est liée à celle de pont. Aujourd’hui ce pont émerge, tandis qu’à quelques kilomètres, à l’entrée, la porte, pardon la voie d’entrée, s’enlise. Pour être fashion, immerge.

Les dernières pluies ont montré la précarité de l’urbanisation des grandes villes ivoiriennes un peu trop encore sous l’emprise du concept d’émergence, celles des voiries aussi. Les Ivoiriens ne cesseront de se plaindre de l’état piteux des voies mille fois colmatées, rafistolées par ces entrepreneurs bricoleurs abonnés aux boutiques chinoises. Dieu seul sait dans quelles conditions une entreprise se voit attribuer un marché. Du côté des hommes, chacun se jette la responsabilité de l’entretien des routes. La maigreur des budgets est souvent évoquée par les mairies pour se dédouaner. Qui des communes, des districts ou de l’Etat (FER, AGEROUTE et consorts) doit entretenir une route, ces chères voies dont les Ivoiriens sont si fiers?

Eau stagnante en pleine chaussé (Ph.Badra)
Eau stagnante en pleine chaussée (Ph.Badra)

Quid ? On sait que des cadres se battent pour que l’électricité, l’eau potable, les infrastructures sanitaires et éducatives arrivent dans leur hameau. Des fils d’une région se démènent pour que le goudron arrive. Et quand l’Etat, accède à leurs demandes et s’engage à exaucer leurs vœux, c’est la fête au village. On mange, on boit, on danse, on en profite pour se taper toutes les petites villageoises dont les yeux sont en feu à la vue d’Abidjanais, à la gloire du bon cadre qui a inspiré le Bon Dieu à inspirer les décideurs. Les cadres appellent les jeunes, les vieux et les femmes pour leur gaver l’esprit de tous les pendants du développement. Dans le fond, chacun cherche, un positionnement politique, pour s’enrichir au nom du développement.

La partie irritante de l’histoire, c’est qu’en Côte d’Ivoire, tout projet de développement est accueilli avec enthousiasme. Après, concernant particulièrement des charges liées à l’entretien des voiries, les grimaces font surface. On laisse le temps au sable d’engloutir les œuvres (comme la bretelle d’Adjamé-Liberté permettant de rejoindre le Latrille), on assiste passivement au passage des véhicules de tout gabarit. On permet aux eaux stagnantes de s’installer et de pernicieusement décoller progressivement le bitume toujours de mauvaise qualité, mais acheté tout de même à coup de milliards.

On évoque toujours les sorciers

Si des techniciens des mairies ne trouvent pas mieux que du grava ou du sable, pour colmater des nids de poules, ce sont des entrepreneurs ou opérateurs économiques qui utilisent du béton pour masquer des creux dans des voies dévastées par l’eau. Comment le béton peut adhérer au goudron ? On a recours à des solutions minables qui dévoilent toutes leur précarité lorsqu’un gbaka fou, ou un taxi banalisé (c’est désormais officiel, ils exercent en toute légalité, leur derrière étant bien soudé) s’y hasarde pour tester la qualité du boulot qui a causé tant de bouchons turlupinant ou d’une petite pluie pour bénir l’ouvrage, trop mal ou bien pensé. Tout se passe, comme si on se plaisait dans ce cercle vicieux et vicié de l’éternel recommencement, où on évoque toujours les sorciers et on incrimine le Bon Dieu d’avoir fait de nous des Noirs. Les discours fusent, les problèmes sont toujours traités avec urgence et priorité superficielles, mais rien dans le fond, au-delà du son, ne change.

Allez voir à Attecoubé ou à Abobo, qui ne sait pas qui sont les fameux microbes, qui ne connaît pas leur terreau ? Mais d’aucuns diraient qu’ils ont des mentors qui les protègent. Ha bon! La Solution aux phénomènes des microbes n’a-t-elle pas encore été trouvée? Ces microbes à qui ont fait des coups de pub dans les colonnes de nos médias sont t-’ils aussi tenaces qu’Ebola ? Possible.

Faites un tour à Adjamé du côté des rails d’Abrasse, ou à Port-Bouet 2… Tout le monde sait où on se chauffe les neurones,  fume officiellement l’herbe des dieux ou la poudre qui rend téméraire. Mais en dehors des mises en scène de descentes d’agents en tenue ou non pour prendre leur recette quotidienne (ou leur quota ou leur casso, pour parler comme les noussi ( et en dehors des simulacres de poursuite de quelques voyous surpris dans un lieu insolite, pour distraire un peu le quartier, rien ne présage la fin de ce commerce illicite…Chacun dans ce monde de solutions pense à la postérité. Et au milieu, il y a toujours des zélateurs pour faire gober les actions invisibles de Mr X ou Mr Y et de ce que promet l’émergence. « On passe la vie à espérer et on meurt en espérant » disait l’homme aux quarante écus de Voltaire. Il le faut bien, non ?

Les chiffres parlent, parlent et parlent

Bref c’est aussi çà l’émergence, concept plein de promesses et bien trouvé pour enterrer celui de la Refondation qui a mis dans les oubliettes,le slogan du progrès pour tous et le bonheur pour chacun. Émergence. Voilà bien le terme qui turlupine des Ivoiriens. Maître mot du projet présidentiel, les Ivoiriens alimentent les débats  en l’interprétant de diverses façons, souvent sans ironie. Tantôt, c’est une distraction et là-dessus, une chronique en fait un point, tant elle veut comme preuve les ponts, autoroutes et autres infrastructures, les hôpitaux qui se dessinent ici-et-là. Les chiffres parlent, parlent et parlent. Jusqu’à présent, rien de réellement concret pour la jeunesse. Sinon des promesses. On ne sait réellement pas comment s’attribue, et à quelle vitesse, les fameuses subventions du Fonds national de la jeunesse. On ne sait pas à quel stade est le fameux programme de volontariat national. De l’autre côté, l’AGEPE arbore sur ces murs nouvellement peints et pleins d’ions de plomb qu’elle est la solution au chômage. Il y a aussi la promesse simple que les concours se tiendront en 2015 après presque 4 ans d’attente. Ni ENS, ni ENA, ni INJS…Une chose est presque sûre : tout le monde sera au même pied d’égalité. Il n’y aura plus de listes de privilégiés venus de tel ou tel monument ou institution du parti au pouvoir. Hum.

L’Émergence obnubile les Ivoiriens. En effet, tout va bien. Le développement nécessite aussi des cures, des sacrifices, des injustices légitimes et légales. Mais il y a de petits détails qui énervent.  Des endroits du pays dont la vue peut faire enclencher un AVC, faire sortir un kôkô. Des p’ti coins oubliés, négligés, ou en attente de leur vaccin de l’émergence, qui crient au secours, qui agonisent ou même qui interpellent. Le meilleur des mondes, c’est encore loin. Je parle ici du carrefour Jacqueville. L’intersection qui nous oblige à quitter l’axe principal de la Côtière, cette route internationale.

Ceux qui empruntent la côtière, cet axe international qui relie les deux villes portuaires du pays Abidjan à San Pedro, peuvent témoigner que de nombreux efforts ont été faits pour que les milliers de poules qui y avaient fait leur nid déguerpissent. Tout a été presque colmaté. Presque; si on en juge le trajet Abidjan- Yocoboué. Pour le  reste, Dieu seul le sait. Mais n’allons pas loin. Marquons un arrêt aux portes de Jacqueville, ville du premier président de l’Assemblée nationale de Côte d’Ivoire, la grande chancelière, Henriette Dagri Diabaté.

Le sable, l’eau se sont installés sur le bitume et ont bouché les caniveaux. Ils ont englouti et détruit totalement le bitume de l’entrée de la région des Grands Ponts. Entre une station qui ne s’occupe que de son espace, un barrage FRCI dont on imagine encore la raison de la présence, une gare de 504 improvisée comme d’habitude et une espèce de marché où aucun aliment vendu n’est protégé des poussières, la dégradation choquante de la voirie est l’expression presque euphémique, faisant l’état de la situation.IMG_20130811_181015

Des trois voies ou portes d’entrée, seule celle du centre est encore praticable. La première du côté de la station-service est ensablée et la seconde, celle par laquelle tous les véhicules en provenance de la ville et en partance pour Abidjan devraient emprunter pour rejoindre la côtière a son ventre ouvert. Un gigantesque trou, où croassent des milliers têtards. Des jeunes avisés y ont planté des bâtons de bambou pour qu’aucun automobiliste ne s’y enlise par inadvertance, un soir où Delestron viendrait à frapper.

D’aucuns diraient que la responsabilité de l’entretien de cet endroit reviendrait au district d’Abidjan, car faisant partie de la zone de Songon, d’autres affirment qu’il n’en est rien. Il faut simplement que le président du Conseil régional des Grands ponts qui se trouve être un fils de Jacqueville, M. Gabriel Yacé, donne l’exemple en nettoyant devant l’entrée de sa maison. A ce jeu de ping-pong, qui aura l’attitude qu’impose l’émergence ? En attendant la fin des tapotements de balle et l’annonce des prochaines campagnes électorales, le carrefour Jacqueville continue d’offrir aux passants, son visage triste et désolé.


Côte d’Ivoire : 600 loups messagers de la paix à Tiassalé

Defilé des scouts à Tiassalé (Ph.Badra)
Défilé des scouts à Tiassalé (Ph.Badra)

Ils étaient environ 600 jeunes âgés de 8 à 12 ans et leurs encadreurs au lycée moderne de Tiassalé, ville OMD du pays, du 1er au 10 août 2014 pour la 5e édition du rassemblement national des tous petits du scoutisme catholique ivoirien (ASCCI) appelé Carnaloup. Venus des quatre 4 coins du pays et des 15 archidiocèses, les louveteaux ont répondu massivement présent au grand hurlement national lancé depuis Dabou, là où s’est tenue l’avant-dernière édition. Diminutif de Carnaval des louveteaux, le Carnaloup réunit tous les 4 ans les jeunes scouts âgés de 8 à 12 ans appelés louveteaux et louvettes et leurs encadreurs pour des activités dénommées chasses.

Cette cinquième édition avait pour thème  »Un monde de paix en faveur des droits des enfants. » Le programme concocté cette année par l’équipe nationale dirigée par l’Akela national Nelson Coffie P et son équipe a permis aux enfants logés dans 6 tanières, de vivre durant 10 jours dans l’ambiance de famille heureuse qu’on concède à la meute autre dénomination de la branche jaune, branche des louveteaux.

Les grandes chasses réalisées

Cette édition du Jamborée des louveteaux s’est déroulée autour des concepts de paix et de droits des enfants. Les tous petits accompagnés de leurs encadreurs, les vieux loups et les mères louves, se sont appropriés de ce concept et des valeurs qui les sous-tendent pour un monde plus équilibré. Ils ont donc notamment participé à des activités culinaires, sportives, de débrouillardise, de civisme, d’éducation et de sensibilisation des populations sur la nécessité et le devoir naturel de reconnaître et respecter les droits des enfants.

Atelier avec l'ONG EA (Ph Badra)
Atelier avec l’ONG EA (Ph Badra)

Ils ont été sensibilisés aux valeurs enseignées par le docteur Amadou K, membre de l’ONG Enfance en action. Une ONG de défense et de promotion des droits des enfants qui a bien voulu animer des ateliers pour lesquels les jeunes ont manifesté un grand intérêt. Afin de matérialiser leur compréhension du concept, les louveteaux à l’occasion d’un concours d’expression, ont réalisé 56 tableaux sur le thème des droits des enfants, de l’éducation, de la paix, de la solidarité… Des tableaux qui ont été présentés au défilé national afin de sensibiliser les populations.

M. le Prefet recoit une sizaine (Ph.Badra)
Le préfet reçoit des enfants  (Ph.Badra)

Il faut noter que les louveteaux ne se sont pas contentés d’assister à la célébration du 54e anniversaire de l’indépendance du pays. Ils ont enrichi de couleur cet anniversaire en ouvrant le défilé civil. Mâts, étendards, fanions, chacun arborant une superbe tête de loup. La prestation fut mémorable et plaisante au point que le préfet de Tiassalé a bien voulu recevoir en présence de ses enfants quelques louveteaux autour du thème des droits des enfants. Enfin les jeunes n’ont pas oublié d’accomplir le premier devoir du scout : devoir envers Dieu. Des temps de prière ont ponctué les aurores et les crépuscules des 10 jours du cantonnement.

Souvenirs et distinctions

Il est de coutume pour le commissariat national branche louveteau de l’ASCCI de distinguer des louvetiers qui se sont distingués au cours des grands événements. Initié il y a une décennie, le « loup d’or » distingue les meilleurs responsables de meute. Ces chefs qui se distinguent par la qualité de leur engagement et par leur aura inspirent les jeunes, mais aussi rassurent les parents.

Ainsi 13 louvetiers ont été donc honorés du « loup d’or ».

Cérémonie clôture, les Akela reçoivent leur distinction (Ph. badra)

En bonus : un aperçu du vocabulaire de la jungle

La meute est la branche des tous petits du scoutisme. Au sein de cette branche, la méthode d’apprentissage est le jeu. L’enfant joue dans un cadre symbolique taillé sur mesure à partir du Livre de la jungle de Rudyard Kipling. A la meute, le vocabulaire est particulier. Tout est symbolique et éducatif :                                                                            –   les chefs et animateurs d’unité prennent un nom symbolique d’un personnage du livre de la jungle: Akela est le vieux loup sage et solitaire, Baloo est docteur de la loi, il est bon conseiller et plein d’anecdotes et de proverbes. Bagheera, c’est la panthère noire, agile, technicien, il est féru d’idée de chasse pour mettre les jeunes en bon entrain;                        – le jeune de 8 à 12 ans s’appelle louveteau ou louvette;                                                        – la communauté s’appelle le clan. Et les équipes d’affinité, la sizaine;                                   –  le mode de rassemblement est le grand hurlement;                                                        –  les activités (match de foot, chasses au trésor, un concours, découvertes…) s’appellent chasses,                                                                                                                                  –  le lieu du rassemblement est le rocher du conseil ;                                                          –  le couteau c’est la dent, le feu c’est la fleur rouge…la liste n’est pas exhaustive.

 Prochain rendez-vous ?

La cinquième édition du Carnaloup a clos ses portes sans pouvoir passer le flambeau à une région scoute. Les rideaux sont tombés, les chasses bouclées. Le prochain rendez-vous, c’est dans quatre ans. D’après rumeurs des coulisses la région de Korhogo serait un candidat potentiel pour accueillir l’événement.