Traoré Awa

Mauritanie: des femmes présentent le journal en rappant

C’est la première fois que la présentation de cette édition d’information, lancée il y a près de deux ans, est confiée aux dames. Le journal est toujours présenté en rappant.  Depuis Nouakchott, je vous invite à débuter cette semaine avec un plateau d’information en plusieurs langues.

crédit photo :  Journal Chi Taari rappé

J’ai eu un coup de cœur, en suivant ce journal à la sauce rappée, où des mauritaniennes prennent le micro pour nous raconter leur actualité, l’actualité de ce pays où la chaleur s’installe peu à peu, sans doute à cause du réchauffement climatique. Un numéro spécial  du journal rappé qui célèbre à sa façon le 8 mars 2017, journée de la femme.

Un autre talent de mes collègues dames qui se fait découvrir à travers un concept repris en Mauritanie par Liman Kane alias Monza, un des tenors du rap national. Voilà le menu de cette édition présentée dans une ambiance rappée, avec humour, classe, à voir ici donc ce spécial JT consacré en bref à entrepreneuriat et foot féminin:

 


Mauritanie: des cours pour lutter contre les violences faites aux femmes

En République Islamique de Mauritanie, des cours d’auto-défense sont désormais proposés par l’application ProjetTaxisecure aux femmes pour se prémunir des violences.

Des séances de self défense. Crédit photo : Projet Taxisecure Self Défense.

Pour lutter contre les violences faites aux Mauritaniennes, les initiateurs du projet Taxisecure au départ une application mobile, un des lauréat de la 1ère édition de Mauri app Challenge initié par l’Association Hadina Rim TIC, ont mis en place cette initiative dénommé Taxisecure Self Défense en Mauritanie.

Ce sont des cours d’initiation à des techniques d’art martiaux pour se protéger devant d’éventuelles menaces. Certaines jeunes filles y prennent goût, et suivent des séances de formations gratuites, depuis sept mois, dans le but de devenir de futures formatrices. Cette idée fait son chemin.

Sall Harouna Ibrahima du haut de ses 26 ans d’expérience en tant que prof d’arts martiaux mise sur ces talents, afin de montrer que l’auto-défense est aussi un sport féminin dans une république islamique comme la Mauritanie.

Dioully Diallo Oumar du projet Taxisecure Self Défense, espère une forte adhésion des parents des bénéficiaires de cette action au nom du droit à l’autodéfense.Un outil aussi de promotion du sport féminin.

Ce projet sera t-il un outil redoutable de protection des jeunes filles et des femmes en général en Mauritanie? Un souhait important, promesse de reines d’Afrique.


Mauritanie: Mariage, les castes ont la peau dure

Voilà le titre d’un reportage vidéo réalisé par la consœur Halima Diagana sur les problèmes de mariage entre caste en Mauritanie.Un reportage réalisé dans le cadre d’une série de formation des journalistes sur les droits humains en Mauritanie, initiée en 2006 par la GIZ. Une production qui livre des témoignages exprimant souvent la complexité du mariage entre deux amoureux de caste différents, pour qui pourtant, l’amour n’a pas de frontière, ni couleur et odeur.

La photographe Medina y raconte son idylle . Alors qu’elle rêvait de se marier avec son homme, elle a été conseillée par sa grande sœur qui lui fait savoir qu’avant de se marier avec un homme, « il faut savoir s’il est noble ou non ». Un conseil qui la touchant et l’agaçant à la fois selon sa confidence. Par peur de confrontation, elle renonça à son amour, pour ne pas « perdre » sa famille. La journaliste Zeynebou y relate, la bataille d’une de ses proches pour l’homme qu’elle aime, après de nombreux difficultés, la famille accepta cette union. Salimata Sy de l’Association des Femmes Chefs de Famille(AFCF) fait savoir que le problème de mariage entre caste en Mauritanie est « un phénomène de société qui affecte profondément nos populations ».

Face au poids de la tradition, souvent, certains renoncent à cet amour si rêvé au profit de l’entente familiale. Je vous invite à suivre ce reportage qui donne des frissons tellement les témoignages sont poignants.

 


Mauritanie : « Selfie mbalite » une initiative contre l’insalubrité

Voici, un concept qui fait le buzz actuellement sur le réseau Facebook mauritanien. Une semaine après son lancement sur la toile, le mouvement « Selfie mbalite » enregistre près de 400 like.

crédit photo « Selfie mbalite »

Selon ses initiatrices, Médina Ibrahima Ndiaye, créatrice de mode, photographe et Aminétou Mint Bilal, géologue, sont les conceptrices de cette initiative qui se veut une contribution citoyenne à l’assainissement de la ville de Nouakchott, en attendant que l’action se décentralise un jour.

Crédit photo « Selfie mbalite »

Dans un 1er temps, c’est un engagement, une alerte virtuelle qui consiste à travers le hashtag « Selfie mbalite » à montrer des dépôts d’ordures via son selfie, et à faire aussi une géo localisation des ordures pour faciliter « la tâche » à la CUN (Communauté Urbaine de Nouakchott) chargée du ramassage de ces déchets.

Ce mouvement qui se mobilise volontairement selon ses dires pour apporter sa touche à l’édifice entend aussi contribuer à l’éducation environnementale dans les écoles.

L’équipe de « Selfie mbalite »  descendra sur le terrain, à travers une journée de nettoyage ce 11 février. Ce mouvement aura-t-il un effet durable sur nos habitudes ?

A vos selfies !


Mauritanie : une bataille contre le cancer

Le cancer, un des maux des mauritaniennes est au cœur de l’actualité de ces derniers jours. Le monde a célébré la journée de lutte contre cette maladie le 4 février dernier. En Mauritanie, malgré le manque d’étude sur cette maladie, des voix se font entendre pour sortir de l’ombre cette maladie qui trouble le sommeil de beaucoup de femmes.

crédit photo via google

Selon l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé) : « Le cancer qui constitue la deuxième cause de décès dans le monde a fait 8,8 millions de morts en 2015« . Une raison de plus pour inciter à la prévention par le dépistage précoce , cheval de bataille de l’Association Mieux Vivre avec le Cancer Gynécologique (l’AMVCG) sous la houlette de Aissa Fall depuis 2007.

Avec les moyens du bord, l’AMVCG a pu célébrér cette journée mondiale ce 7 février en tenant une conférence thématique en allant à la rencontre des étudiants de l’école de santé pour débattre du dépistage précoce du cancer. Ces échanges pourront t-ils freiner  « l’évolution » du cancre comme le souhaite de tous ses vœux, la patronne de l’AMVCG?


Mauritanie : Associations de migrants Entre défense de migrants et défis de reconnaissance

Entre le devoir d’association, la défense des droits des migrants et la nécessité d’une reconnaissance légale, le chemin des associations de migrants en Mauritanie reste semé d’embuches. Les secours aux membres sont difficiles du fait des  difficultés de survie financières, car au «pays d’un million de poètes», ces ressources sont aussi rares que l’eau dans le désert. Dans ces conditions, un leitmotiv traverse toutes les associations : «l’union fait la force».  Mais depuis des années les tentatives de regroupement qui sont menées se heurtent aux défis de la reconnaissance juridique par les autorités.

crédit photo https://amelochevoyage.com

En 2010, les toukaranké (migrants en bambara) se sont mis ensemble pour faire naitre la Fédération des associations de migrants de l’Afrique de l’Ouest (FAMAM) en Mauritanie. Les membres étaient ressortissants des 15 pays de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). Ils s’étaient retrouvés avec pour objectif de faire entendre les voix des communautés migrantes de cette région et leur première action a été des plus symboliques. Ce fut d’organiser un don de sang, comme pour mêler leur liquide vital à celle de la population d’accueil. Depuis lors, tout s’est arrêté. La FAMAM s’est engagée dans un processus de reconnaissance administrative,  mais ses responsables n’ont pas pu dépasser l’étape de « l’enquête de moralité qui n’a jamais eu lieu. On ignore jusqu’ici pourquoi», explique Ibou Badiane. En tant que secrétaire général de cette fédération, il est installé en Mauritanie depuis plus de 20 ans,  où il s’est intégré, il peine à trouver les raisons de ce blocage.

L’objectif de la FAMAM n’a cependant rien de subversif. Il s’agit simplement de sensibiliser les migrants sur les conditions de vie de séjour en Mauritanie et défendre leurs droits « sur la base des bonnes relations avec nos pays». Depuis six ans cette procédure peine à aboutir et la Fédération se meurt à petit feu faute d’activité. Peut-être la démarche a pu susciter des inquiétudes, dans la mesure où « on avait à défendre certains droits », explique une source proche de l’organisation. Car la situation des migrants n’est pas toujours idyllique ici.

La FAMAM n’étant pas reconnue et ne pouvant pas agir ouvertement, les abus de droit et leurs conséquences s’accumulent au fil des ans. Un des moments difficiles reste sans doute celui des rafles, que certains migrants qualifiaient de « périodes dramatiques». Au bout de six ans d’attente d’une régularisation qui tarde à se faire jour, l’absence de concertation a entrainé un découragement au sein des membres. Premier vice-président de la FAMAM, Dr Cheikh Tidiane Thiongane estime que l’idée de la création de cette fédération «était une bonne idée. Il fallait se réunir, car les Ouest Africains étaient les plus fatigués parmi les immigrés. On a donc eu un bon départ». Chaque communauté était représentée dans cette instance qui fut la première du genre en Mauritanie. Son action devait englober la promotion des droits des migrants, l’assistance dans les contentieux juridiques, mais surtout une sensibilisation destinée à faciliter leur insertion.

Un docteur d’Etat établi à Nouakchott, qui fut membre de l’Association des ressortissants sénégalais en Mauritanie (ARSM), la première associations du genre dans ce pays, note que le travail à réaliser à l’époque était important. «Il fallait autant lutter contre l’analphabétisme des migrants que contre le manque de représentativité et de crédibilité des présidents d’association». La FAMAM s’était donc organisée «pour avoir un leadership fort et éviter les influences politiques. La Fédération devait aussi se prendre en charge financièrement, en mettant en place des activités génératrices de revenus et éviter la dépendance de la main tendue à nos ambassades».

Mais la FAMAM n’a pu faire toutes ses preuves et peine à rester crédible. Ressortissant malien, laveur de voiture, Oumar trouve que «ces associations ne peuvent résoudre aucun problème, pas plus que l’ambassade. Elles ne sont pas solides. Elles doivent faire respecter les conventions liant nos pays à la Mauritanie, mais avec elles aucun de nos problèmes n’est résolu. Il faut apprendre à se défendre soi-même en cas de soucis. Le principal problème qu’on rencontre tient à l’obtention de la carte de séjour ou à l’appui pour le retour des ressortissants n’ayant pas de moyens ou qui sont malades. Deux problèmes qui sont là, entiers».

Restée longtemps en léthargie,  la FAMAM se meurt. Les réunions se sont arrêtées, ouvrant la porte à la traversée du désert. «Pourtant elle aurait bien pu travailler avec les autorités mauritaniennes pour l’allègement des conditions d’obtention du titre de séjour. Elle aurait pu aussi palier aux problèmes internes des associations ayant souvent des leaders contestés pour manque de confiance», note Ibou Badiane. Pour que le vide ne s’installe pas trop autour des migrants, les laissant sans organisation, l’Association Mauritanienne de défense des Droits de l’homme a créé un Comité de concertation et de communication à travers lequel ils discutent dans des réunions mensuelles. «C’est un créneau à exploiter», témoigne Ibou Badiane. Car, face aux entraves à « la libre circulation des personnes et des biens, quel que soit leur statut, il y a un besoin important de suivi, de plaidoyers et d’assistance juridique ».

La FAGSEM au secours des sénégalais

Faute d’avoir ce regroupement régional à travers la FAMAM, les communautés ne sont pas restées inactives. Des tentatives émergent çà et là. La  Fédération des associations et regroupements des Sénégalais (FAGSEM) existe ainsi depuis février 2014. A sa tête, Assane Guèye. Une des priorités de son organisation est de faire face aux «nombreux problèmes sociaux » qui assaillent la communauté sénégalaise. Les ressources financières proviennent des frais d’adhésion (5000um), des cotisations mensuelles (2000um) et du soutien de bonnes volontés à travers la vente de carte de solidarité, ce qui permet de panser bien des «plaies». «L’ambassade du Sénégal est maintenant  plus à l’écoute», avec des avancées liées à la gratuité de la déclaration de naissance, note la vice-présidente de la FAGSEM chargée de la condition féminine, Yacine Dibo, mais pour le vice président Souleymane Ndiaye il faut rester en veille constante car les urgences se manifestent tout le temps. La dernière en date est relative à l’obtention de la carte d’identité biométrique de la CEDEAO. Elle fait office de carte électeur et permet la circulation des personnes et des biens dans l’espace communautaire.

Malgré tout, pour M. Ndiaye, Sénégalais vivant en Mauritanie depuis 1996, il reste toujours nécessaire « d’amener toutes les associations à se fédérer ». Actuellement, les énergies sont déployées vers la mise en place d’une Fédération des associations des communautés étrangères en Mauritanie. Un comité provisoire existe, sous la direction Soma Coulibaly, un Ivoirien. « On veut d’abord avoir le récépissé, ensuite tenir nos activités, confie-t-il. Ce sera une instance suprême de toutes les associations des communautés étrangères reconnues ». «Aventurier», comme il se définit, depuis sept ans, ex-président de l’Association de la communauté des ivoiriens en Mauritanie reconnue en 2009, il lui parait important de « s’unir pour parler d’une seule voie et plaider en faveur de  la grosse priorité qu’est l’allégement de l’obtention de la carte de séjour».

 Professeur de métier, M. Coulibaly a été à la tête de la communauté ivoirienne durant six ans. Sa mission qui était de « mettre en place une communauté des Ivoiriens et faire en sorte qu’elle soit une des plus vues et des plus actives » lui sert de repère dans ses nouvelles fonctions. A la tête de la communauté ivoirienne, il avait pu faire venir l’humoriste Michel Gohou et a contribué à la tenue du tournoi de football de l’intégration, dont la 4e édition s’est déroulée en août 2016 en collaboration avec l’Association Multiculturelle pour un Avenir Meilleur(AMAM).

Les Mauritaniens ne sont pas en dehors de toutes ces tentatives de regroupement, notamment L’Association Mauritanienne des Droits de l’Homme (AMDH) qui, selon son secrétaire général Amadou Mbow, intervient notamment à travers  « Migrant en scène », une rencontre d’écoute et d’échange sur les attentes de ces migrants dont l’AMDH fait « remonter les préoccupations auprès des autorités ». Il note cependant une nécessité de « restructuration » de ces associations que  « les querelles de leadership empêchent d’évoluer», notamment avec les crises internes qui surgissent. Pour lui,  «les priorités résident dans la bonne organisation, une vision claire et des principes bien définis. Il faut que les associations se mobilisent pour avoir une influence et interpeller d’avantage la société civile», ajoute-t-il. Car sur le front associatif, il y a des urgences qui ne peuvent attendre plus longtemps. Ils interpellent aussi bien les migrants que les Mauritaniens. Ainsi, «la reconnaissance des associations en Mauritanie qui est régie par la  Loi n°64.098 du 9 juin 1964 est obsolète et a besoin de toilettage. La Stratégie nationale de gestion de la migration  date de 2010 mais elle est mal vulgarisée », note-il. Sur tout cela, il y a du travail à faire.

Awa Seydou Traoré

en collaboration avec l’Institut Panos Afrique de l’Ouest

source rimweb.net


Gambie: Jammeh aurait t-il accepté l’annulation des résultats si Adama Barrow était perdant contestataire?

Je ne sais pas pourquoi, mais l’acceptation rapide des résultats de la présidentielle du 1 er décembre dernier, par le président sortant, perdant, puis contestataire de l’échéance électorale,  Y.Jammeh, avait suscité d’intense questionnement en moi. Allait t-il se retirer sans faire d’histoire après 22 ans de règne si dénoncé ? cherchait t-il une porte de sortie à travers la reconnaissance de la victoire de son adversaire ?

Après avoir félicité son challenger, Adama Barrow, business jusque là, Yahya Jammeh qui avait reconnu sa défaite au lendemain du scrutin, est revenu sur ses propos une semaine après, dénonçant des irrégularités et demande ainsi la reprise de la présidentielle. Il défrayait ainsi la chronique et les réactions vives de l’ONU  se font entendre etc… . Depuis lors, tous les regards sont tournés vers Banjul. Cédera t-il pour une fois à la pression internationale ? Pas si sûr, après le recours déposé mardi dernier par son parti auprès de la cour suprême inexistante depuis un an selon des observateurs.

Aujourd’hui, encore « le président fondateur » conteste le résultat des urnes. Mais imaginons un seul instant, qu’elle aurait été la réaction de Y. Jammeh si c’est lui qui avait gagné cette élection du 1er décembre à la place de  Adama Barrow, est ce qu’il aurait toléré que ce dernier demande ré-comptage voire l’annulation des résultats ?

Non à mon avis.

 

 


Zeinebou Taleb Moussa, présidente de l’AMSME, lauréate mauritanienne du prix « Femme de Courage 2017 »

Un prix pour saluer le combat de l’AMSME ( Association Mauritanienne pour la Santé de la Mère et de l’Enfant ) contre les violences sexuelles depuis une dizaine d’années. Une association dirigée par Zeinebou Taleb Moussa, une sage femme de formation à la tête de cette structure dont l’Ambassade des Etats-Unis présente la candidature au prix international de Femme de Courage 2017.

A l’occasion de cette remise de prix au plan national le 8 décembre dernier à l’Ambassade Américaine de Nouakchott, Reines d’Afrique vous propose l’allocution de Zeinebou T.Moussa tenue  à cette occasion.

 


Séjour : rafles nocturnes de migrants au 5e

C’est devenu un spectacle fréquent, de jardin 5e vers Basra, chaque soir, dans plusieurs Pick-up des hommes en tenue raflent sur leur passage, des migrants n’ayant pas de carte de séjour, un papier dont l’obtention est un parcours de combattant très souvent.
ViviLnk
crédit photo
Comment font t-ils visuellement, pour détecter qui est migrant ou mauritanien ?, en tout cas, ces hommes « ramassent » des étrangers sans séjour  lors de patrouilles nocturnes. Certains, surpris par l’action, prennent place à bord de ces voitures, impuissants, le regard lointain, donnant l’impression de se jeter dans la gueule du loup.
« Il ya ramasse », voilà une expression ici pour signaler ces opérations de rafles qui surprennent, ces migrants de retour de boulot, de restaurant, ou en promenade dans ce quartier populaire.
Source : Rimweb


Tinalbarka rêve de devenir avocate pour défendre les personnes injustement condamnées

Elle a fui la violence au Mali. Tinalbarka, âgée de 16 ans: « Je m’appelle Tinalbarka. J’ai 16 ans. Je suis malienne. Ma famille a fui Bamako à cause de la guerre. Nous sommes arrivés ici, à Mbera, où je vis avec mes parents. Heureusement, j’ai eu la possibilité de faire des études parce qu’il y a des écoles dans le camp. Je me suis inscrite à l’école et je suis en troisième. Ce que je souhaite, pour mon avenir, c’est de terminer avec succès mes études, de manière à obtenir un diplôme et à pouvoir trouver un emploi. J’aimerais être avocate un jour. »

« Je rêve de devenir avocate parce que je souhaite aider les innocents, les gens accusés de crimes qu’ils n’ont pas commis. C’est pour cette raison que je rêve de devenir avocate. ».

Parents greet their daughter Tinalbarka a sixteen years old refugee from Mali, as she leaves family tent to attend classes at secondary school in Mbera refugee camp. ; Background information: Tinalbarka is an 16 years old refugee from Mali and a role model among her peers in Mbera refugee camp.Tinalbarka dreams to become a lawyer to help the most vulnerable. Since mid 2012 due to civil conflict in Northern Mali, more than 49,000 Malian people sought refuge in Mbera refugee camp in Mauritania. The malian conflict is now in its fourth year and it has become a protracted situation despite signature of the Algeri peace agreement in 2015. No massive scale return are hence envisaged in years to follow.
La jeune Tinalbarka, âgée de 16 ans, est devenue l’un des défenseurs acharnés de l’école et un modèle pour les jeunes du camp de réfugiés de Mbera, en Mauritanie. Touareg, elle fait partie d’une tribu nomade originaire du nord du Mali. Malgré les accords de paix conclus en 2015, la situation demeure tendue au Nord-Mali. À la suite d’affrontements ethniques, sa famille a de nouveau été obligée de prendre la fuite.

Le taux d’analphabétisme est encore élevé au sein de la population nomade du camp, notamment chez les filles. Le HCR s’est tout particulièrement attaché à sensibiliser les familles à la nécessité d’envoyer leurs enfants à l’école et à organiser des cours d’alphabétisation et de calcul pour adultes. Grâce aux récentes campagnes destinées à promouvoir l’éducation pour tous et l’intégration des filles, le pourcentage de filles inscrites dans les six écoles primaires du camp est aujourd’hui presque identique au pourcentage de garçons.

Dans le cadre des campagnes destinées à promouvoir l’éducation dans le camp, Tinalbarka a présenté un sketch qui met en scène une jeune fille bien décidée à aller à l’école, contre la volonté de ses parents. Contrairement à ce qui se produit dans le sketch, le père de Tinalbarka, Amano AG Issa, membre du célèbre groupe « Tadiazt », encourage la jeune fille à réaliser son rêve, qui est de devenir un jour avocate. Pour soutenir Tinalbarka et la scolarisation féminine, Tadiazt donnera un concert destiné à promouvoir l’éducation et l’intégration des filles à Nouakchott, lors de la Journée mondiale 2016 du réfugié.

Montrez votre solidarité #Aveclesréfugiés comme Tinalbarka en signant la pétition dès aujourd’hui.

Source: https://www.unhcr.org/refugeeday/fr/tinalbarka-histoire/


Bac mauritanien: la désillusion de Rama

Elle faisait ainsi le bac pour la 3e fois. Elle espérait vraiment l’avoir cette fois- ci. Et tout avait bien commencé pour cette jeune mauritanienne au sourire radieux qui n’aime pas trop se connecter sur le réseau facebook, de peur d’en être accro.

bac

Ce jour là ,j’ai pris part à un atelier avec Rama.C’est à la suite d’un texto qu’on lui apprends qu’elle a passé son bac, une réussite tant attendue par celle qui voulait obtenir un bac C. Mais un de ses prof lui conseilla de tenter sa chance en série D.

Un texto et la joie de Rama était étincelante, très vite ,depuis l’annonce, elle ne cessait de sourire sans cesse en disant  » jai eu le bac, j’ai eu le bac, Maman, tu es au courant que j’ai mon bac!!! » et des félicitations venaient de partout et il était question d’arroser comme il se doit cette réussite. L’annonce de la délibération a fait le tour du réseau social facebook.

Malheureusement, la joie de Rama fut de courte durée, après un tour sur le site du ministère de l’éducation nationale, elle apprit qu’elle a été ajournée. Elle bascule donc de la joie à la tristesse sans rien comprendre de ce qui lui arrive me dit -elle faisant semblant de supporter ce choc et de croire enfin qu’elle a raté le bac pour la 3e fois, alors que ses deux copines l’ont eu après deux round.

Aura t-elle la force de refaire le bac? après cet échec digne d’un feuilleton, où des gens se sont vus admis sur le site du ministère de l’éducation avant de déchanter à cause d’un piratage contre ce dit site selon de nombreux commentaires.

 


Mali : rencontre avec l’activiste Fatouma Harber

« Je ne faiblis pas parce que je suis sûre que je ne perds pas mon temps » tel est l’une des déclarations fortes de cette blogueuse dans ce coup de cœur du mois. Cette activiste qui « milite pour un seul parti, le Mali » nous parle de son engagement , de son regard sur son pays qui travers une crise sécuritaire sans précédent. Avec des mots, elle nous parle des maux du MALIBA.

crédit photo
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Reines d’Afrique : Comment est né ton engagement?

Mon militantisme est né d’un amer constat. La jeunesse malienne est tombée dans les travers. Elle se contente de faire du suivisme, où de profiter des biens de papa. Alors que c’est à elle qu’il revient de se battre pour redresser ce pays qui est fortement menacé de partition Je suis partie de Twitter. Je me suis retrouvée dans le blogging et l’activisme par patriotisme.

Reines d’Afrique: Quelles sont des difficultés de cet engagement ?

C’est une difficulté matérielle d’abord car être Web activiste C’est être connectée en permanence, influencer dire la réalité, la dépeindre.

Le Mali est le pays où l’internet de mauvaise qualité que nous avons coûte extrêmement cher malgré les difficultés.

Reines d’Afrique: Et ton engagement est intact !!!

Et personne ne te paye parce que tu défends ton pays Je ne faiblis pas parce que je suis sûre que je ne perds pas mon temps. J’ai orienté beaucoup. Je lutte pour que la communauté des blogueurs du Mali soit un organe important de notre société civile.

Reines d’Afrique: ce combat  avance t-il ?

Oui. Nous avons tenu nos premiers blocamp, nous avons un programme fourni de formation dotation en matériel, pour nos blogueurs, mais nous n’avons toujours pas de partenaire solide.

Reines d’Afrique: Le blogueur est t-il de plus en place écouté au mali ?

Oui ! Concernant les sujets sur lesquels je m’exprime le plus, j’interviens sur plusieurs radios nationales et internationales, Kledu , Mikafo, La voix de l’Amérique .Je joue mon rôle quand il faut mettre un Blogueur en contact avec des amis journalistes de France24.

Reines d’Afrique: On sent votre engagement, votre patriotisme dans tous vos posting, comment faites- vous pour garder le moral ?

 Je me ressource dans ma famille, j’ai une petite fille, je vis chez moi Tombouctou avec mes deux parents et mon conjoint. Mes amis cela,  m’aide beaucoup pour garder le moral.

Même s’il faut reconnaître que je suis une personne qui se décourage ou s’attriste peu facilement. Je pense que ma force, c’est ce moral, je crois en moi, En la jeunesse, je me dis qu’il ne faut pas baisser les bras, que je dois lutter pour que ma fille trouve ce pays que j’aime. Que je puisse lui apprendre à l’aimer aussi sinon autant.

Reines d’Afrique: Comment vois-tu cette jeunesse aujourd’hui, la relève est elle en marche?

 Concernant la jeunesse malienne. Je suis bien sceptique Elle se déséduque – mot que j’ai inventé exprès pour le Mali .Le niveau du jeune malien baisse beaucoup. La majorité se contente du peu. Elle est en train de tomber déjà dans les travers des vieux qui font tout pour rester jeunes et accaparer les postes que ces jeunes devraient avoir.

Reines d’Afrique: Quel est ton regard sur la situation politique social et militaire du pays?

Je pense que ces trois réunis dans les mains du mauvais homme risque de faire disparaître notre pays si les maliens ne réagissent pas. Notre but c’est une paix véritable. Pas une entente entre le président du Mali et les indépendantistes du MNLA ou les islamistes du HCUA.

Quand 2 éléphants se battent, c’est l’herbe qui est écrasée. Nous populations du Mali entier sommes cette herbe. J’espère que mes frères de Kidal s’en rendent compte. On ne peut réclamer le développement en prenant des armes et en détruisant les faibles infrastructures de développement présents.

Reines d’Afrique: Pour finir parle-nous de ton pépinière TIC Sankoré labs

 Sankorelabs est un espace de coworking. Un centre de formation en informatique et un espace de transformation sociale

Nous avons pris Sankore qui était l’université de référence en Afrique et dans le monde au 15e  siècle à Tombouctou. Et le Labs couvre toutes nos activités. Nous avons plusieurs projets dans le domaine de la  vulgarisation des TIC au Mali, notamment codeml pour former plus de 1000 jeunes à Tombouctou, à l’informatique à l’Internet et aux réseaux sociaux Mais aussi au codage.

Nous faisons par ailleurs le coaching et la formation en entrepreneuriat, le leadership L’incubation des jeunes startup à Tombouctou malgré cet état d’insécurité qui date de 2012  .Et qui je pense ne doit pas nous empêcher d’avancer.

 


Aissata Lam : une mauritanienne d’exception

Elles sont diplômées des universités occidentales, ont des opportunités d’emploi dans les plus grandes capitales, mais c’est dans leur pays natal qu’elles décident de déposer leurs valises. Fini le rêve européen ou américain, le “african dream” attire de plus en plus de jeunes attirés par les économies fleurissantes et la douceur des villes africaines. D’Abidjan, à Cotonou, en passant par Dakar et Nouakchott, les portraits que nous partagerons retracent la trajectoire des repats (diminutif de rapatrier, par opposition a expatriés).

Aissata Lam est l’exemple parfait d’une afropolitaine. Née en Mauritanie, grandit en Côte d’Ivoire où elle s’installe avec sa famille avant d’aller passer le baccalauréat en France, et poursuivre ses études entre le Canada et les États-Unis. Ce riche parcours fait d’elle une Third culture Kid, comme elle aime à se définir, se distançant des singularités et divisions entre l’ici et là-bas, entre le traditionnel et le moderne. Elle conjugue les identités, complexes et multiples, sans cohérences entre le pays de naissance, le pays d’origine, le pays de résidence, le pays de nationalité et le pays d’adoption. “Je me sens locale à la fois en Mauritanie bien entendu, mais aussi en France, à Montréal, à Abidjan. L’expression Home is where the heart is prend tout son sens pour moi. Je me sens local Presque partout où je vais. Sans barrières ni frontières.”

Frantz Fanon disait aux générations africaines : Chaque génération doit dans sa relative opacité, découvrir sa mission, la remplir ou la trahir. Au-delà des questions d’identités donc, c’est à cet appel, à ce sentiment fort et indomptable, celui de devoir poser sa pierre à l’édifice, de contribuer au développement et à l’autonomisation des sociétés africaines que Aissata a répondu. C’est dans son pays d’origine, là où elle n’a que peu vécu et pour lequel elle a de belles ambitions qu’elle décide de poser bagages.

Aissata 1

 Après son baccalauréat obtenu en France, elle poursuit ses études supérieures à HEC Montréal où elle gradue d’un Bachelor en Finance corporative et affaires internationales.

Son engagement académique l’emmène à participer aux compétitions inter-universitaires internationales, aux jeux du commerce et simulations dont elle termine inévitablement finaliste. Ces multiples activités ainsi que son introduction à la jeune chambre de commerce de Montréal font germer l’idée d’une plateforme offrant des opportunités similaires aux jeunes Mauritaniens.

Élève remarquable, Aissata obtient son diplôme et rentre tout de suite sur le marché du travail montréalais. Elle s’implique avec le bureau de l’Unicef à Montréal, encore étudiante, et y continue quelques temps après les études avant de travailler comme underwriter (analyste de risque) pour une compagnie Américaine de services financiers et assurance, Liberty Mutual.. C’est alors que, toujours en poste, mais avec l’aide de sa sœur, Aissata se lance dans une aventure de réflexion, de rencontres, de rédaction de plan d’affaire, dont l’issu nous ai aujourd’hui connut. Un an et demi plus tard, en dépit de tous les obstacles, celle qui était pourtant perçue comme ‘pas assez Mauritanienne’ (celle qui se trouve à l’intersection du genre et de la couleur ‘femme et noire’) lance avec ses collègues qu’elle considère aujourd’hui comme sa deuxième famille, la Jeune Chambre de Commerce de Mauritanie, une des structures les plus prometteuses du pays.

Mes années d’expérience à Montréal ont été fructueuses en terme d’expérience et d’apprentissage. Mais j’avais l’impression de ne pas contribuer à grand-chose dans ce monde. J’ai donc pris la décision de m’impliquer dans quelque chose qui ferait une différence, qui contribuerait véritablement au développement de mon pays. La jeunesse est la pierre angulaire de ce développement, étant une force créatrice et innovatrice. Les perspectives d’espoir et de changement transitent par entrepreneuriat des jeunes. Et pourtant, les taux de chômage élevé frappent la jeunesse dans le monde et en particulier en Afrique subsaharienne. C’est un drame puisque cette jeunesse est versatile, pouvant être à la fois source d’opportunités et bombe à retardement.

Mais Aissata ne s’arrête donc jamais ou plutôt elle personnifie le ‘ nul n’est impossible’. Prochaine étape : la très prestigieuse université Harvard où elle décide de poursuivre sa Maîtrise en Finance, avec un mémoire faisant échos à sa présidence de la JCC de Mauritanie (Micro-financement et le financement des PME). Durant sa rédaction elle est emmenée à faire du terrain en Mauritanie. C’est par ces allées et venues, lui permettant de s’imprégner du local, de se faire des contacts, de s’y construire une histoire et de ‘ briser la glace’ comme elle le dit, que son processus de retour se concrétise progressivement.

Je voulais rentrer en Afrique et préférablement à Nouakchott pour continuer notre projet de la Jeune Chambre de Commerce Mauritanienne.

Le retour, elle l’a voulu. En effet, même si ici (là-bas) ce ne sont pas les opportunités qui tarissaient, ce sentiment pressant, l’appel de la terre ne la lâche pas. Aissata postule dans la foulée à la FAO. Tout va très vite.

Lors du vol ‘retour’ elle nous dit avoir été animé de confiance et d’excitation. En même temps, privilège ou damnation des enfants de la third world culture, rien n’est définitif ; c’est sans doute ce qui facilite le retour, qui n’est plus perçu/vécu comme un emprisonnement, mais une fenêtre d’opportunité.

Le choix du retour : le champ infini des possibles

Son choix du retour n’était pas définitif. Il ne le sera certainement jamais puisque Aissata reste une nomade. Mais deux ans, Aissata nous parle d’un cercle vertueux qui se crée en Mauritanie, où la jeunesse consciencieuse se dresse et rêve pour elle. La JCC de Mauritanie est aujourd’hui reconnue pour son apport à l’économie et l’innovation du pays.

C’est une Plateforme de jeune professionnels et entrepreneurs. Ils organisent des activités pour les stimuler et les aider à cheminer dans leurs carrières. Le tout est de mettre des outils à leur disposition car cheminer tout seul dans le monde de entrepreneuriat ou dans la carrière professionnelle est chemin de longue haleine. Plusieurs types d’activités et d’événement sont proposés : Il y a des 5 à 7, des formations, des activités pour mettre en relation les membres avec des gens de l’industrie.

Dans la foulée de leurs initiatives, Aissata et ses collègues créent la cérémonie ‘Mauritaniennes d’exception’. Une initiative qui souhaite rétablir le juste mérite des femmes mauritaniennes, au-delà des perceptions. Globalement perçues comme inactive, femme au foyer, soumise. Pourtant, elle fait l’expérience tous les jours, dans son travail, sur le terrain, de leur force et leur contribution indispensable au bien-être commun. Que soit dans l’agriculture, entrepreneuriat social, l’éducation, les femmes mauritaniennes sont présentes. Elles travaillent trop souvent dans l’ombre, souvent oubliées, parfois opprimées et très peu célébrées. Force invisible dans un pays qui fait rarement les manchettes et qui pourtant a tant à offrir par sa culture riche et métissée.

En plus de gérer son organisme, la JCCM, Aissata travaille à la FAO sur des projets de lutte contre la pauvreté, liés à l’agriculture et l’alimentation. Je m’occupe de la thématique de l’Inclusion financière (Micro-finance et Protection Sociale), on est souvent sur le terrain, dans des settings ruraux. C’est là que se trouvent les bénéficiaires des projets. Il s’agit de créer des écosystèmes financiers  pour rapprocher les communautés vulnérables, qui n’ont pas accès aux banques ou institutions financières formelles ;des exemples d’innovation dans ce secteur est le warrantage, un mécanisme pour pallier aux fluctuations du marché local en période de soudure ; tenant en compte la volatilité du calendrier agricole et de la saison des pluie. Cela permet de limiter les effets de la sécheresse et d’exercer des activités source de revenue et de stabilité pour les familles.

Ses journées-type, débutent très tôt immanquablement par une prière, l’écoute de Bossa Nova, et sont rythmées par la dégustation de cafés (grande amatrice de café). Puis le boulot, où l’environnement varie selon qu’elle se trouve sur le terrain ou au bureau.

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Un style de vie des plus agréables

Le choix du retour n’est pas simplement motivé par des raisons économiques. Le retour chez soi signifie aussi l’accès à un certain confort. Pour Aissata s’est l’occasion de renouer avec une vie simple et agréable, où l’amour du continent rythme chacune de ses activités. Tenante d’une Afrique unie et sans frontières, elle part à l’aventure, à la découverte des trésors du continent, du Sénégal à l’Éthiopie.

Des virées dans le désert, des road trip à Dakar, des brunchs à la place tous les dimanches avec ses amies, Nouakchott rempli la jeune femme d’un étrange sentiment de liberté. Paradoxale, diraient certains, quitter l’occident pour trouver la liberté en Mauritanie, pays musulman et dit traditionaliste. À cette prétention, Aissata répondrait que c’est cette liberté qui lui plaît, celle de faire des projets qui comptent, de pouvoir faire la différence, tout en profitant des bonheurs de la vie. Les longues heures de travail de 9 à 9h, elle l’a connu, pour avoir travaillé en finance corporative. Son choix est fait. Celui de pouvoir visiter Saint-Louis en lisant Senghor, organiser des événements avec les jeunes de chez elles et aller sur le terrain.

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Aficionado de Jacques Brel, connaisseuse de peinture et de photographie, elle accorde une importance toute particulière à l’esthétisme au-delà des canons et conventions. Ses photographies, son style vestimentaire, son goût de la littérature, son épicurisme sont autant de signes de la diversité qu’elle porte en elle et de la soif de découverte qui l’anime.

Au départ, Nouakchott est très réticente à la diversité nous dit Aissata. Le sentiment d’isolement est donc un des plus fort dans les premiers mois. Mais petit à petit on fait de belles découvertes, de belles amitiés. Il faut garder l’esprit ouvert et se faire des amis, souvent des repats également, qui partagent les mêmes expériences. Il ne s’agit pas de se distancer de la société mauritanienne ! Bien au contraire, si nous sommes rentrés c’est pour se faire accepter comme étant d’ici, malgré nos parcours différents. C’est aussi pour participer du mieux qu’on peut à notre société, celle pour qui nous vibrons tellement. Nous adoptons ce que j’appelle la Coping Strategy. Mon mental health est important et si je veux être heureuse à Nouakchott il faut que je sois dans un environnement ou je m’épanouis. Et s’il le faut et si je le veux, je m’enferme chez moi, à écouter Jacques Brel tout le weekend.

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2 ans après : le reality check

À part aller flâner à la librairie et chercher des anciennetés dans les magasins vintages, il ne me manque rien, ironise Aissata. Motivée par les défis qu’offre la ville de Nouakchott. Il se crée un cercle vertueux dans le pays où les jeunes locaux ou repats s’encouragent à faire plus, à faire mieux. Dans quelques années, avec beaucoup d’effort et des convictions, il n’y aura plus autant de barrières à s’y installer.

Le retour est une expérience à vivre pleinement avec toutes ses imperfections ! Vous réaliserez que l’expérience humaine vaut le détour ☺. C’est certain que tout n’est pas rose, tout le temps.  Je me retrouve souvent très en colère face à certaines situations auxquelles je ne suis pas habituée, mais j’essaie de toujours prendre du recul. La circulation, des règles de conduite de base, faire la queue. Bref, des principes de citoyenneté qui m’ont été inculqués très jeune, et qui s’imprègnent comme référence. Il faut simplement se rendre compte qu’il existe différents référentiels, ne pas juger, prendre du recul et avancer.

En définitif, l’Afrique je la vois, sans frontière, acoustique et belle. Notre slogan à la jeune Chambre c’est ‘Osez vous propulser’ ! Je pense que l’Afrique est sur un trampoline et que si elle met la force nécessaire…sky is the limit.

Source afriknow.org


Nouakchott: Pauvre , Mariem, une mère de 7 enfants

Mariem, la trentaine, au foyer, est mère de 7 enfants. N’ayant personne pour garder ses enfants, elle le fait elle-même. Son mari est vendeur de friperie, il passe ses journées au marché. Il y a des jours, où trouver même du pain est un parcours du combattant selon Mariem. J’ai rencontré cette dame au quotidien précaire lors d’une sortie récente de la Marmite du partage dans la commune d’Arafat à Nouakchott.

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Le jour où Mariem n’a rien, sa cousine Maguette qui habite dans ce gazra (habitat de fortune) lui vient en aide. Ce soir là, Mariem était soulagée car elle était une des bénéficiaires de l’opération de distribution de repas de la marmite du partage qui se rend depuis 5 ans durant ses sorties pendant le ramadan dans un des quartiers précaires de la capitale pour faire la cuisine et ensuite la distribuer aux pauvres. Une façon de faire une rupture collective du ramadan, de permettre à ces nécessiteux de bénéficier d’un repas du soir en bonne et due forme, une façon de faire voir l’extrême  pauvreté dans laquelle vivent des gens.

Des moments intenses de partages , d’échange, de brassage, de réflexion , de plaidoyer , de terrain, que l’on a envie de tirer en longueur. Comme on dit, chaque bonne chose a une fin, une journée de cuisine, ou de distribution de kits, j’image le regard de Mariem qui aimerait que cette journée dure des jours, des mois, pourvu qu’elle reçoit un secours constant pour faire face à la précarité. Elle aimerait bien développer un commerce, mais faut de moyens ce projet risque de ne pas se faire dans l’immédiat.

Pour Mariem, difficile de joindre les deux bouts, sans formation, sans travail et une charge familiale.

Histoire à méditer

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Cette fille n’aime pas son mari

Ce dimanche, quand j’ai vu une fille  désormais Madame en larme , j’ai perdu tout d’un coup l’envie de boire mon thé, Ataya comme on dit par ici. A 21h cette petite fille pleurait encore, refusant de rentrer chez son mari, parce qu’elle ne l’aime pas, parce qu’elle a peur de ce monsieur. Elle a peur de cet inconnu avec qui elle doit désormais partager sa vie, mais ses parents en ont décidé ainsi, ils ont préféré la donner en mariage à cet âge là.

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crédit photo

Donc peu importe son bonheur, son choix, son épanouissement moral, il faut qu’elle soit mariée à un homme deux fois son aîné. Pourquoi marier une fille à cet âge ? C’est comme si elle débarquait dans un nouveau monde, son regard perdu en dit long sur la souffrance qui la ronge. La vue de cette fille m’a vraiment bouleversé ce soir là . Va t-elle s’habituer à sa nouvelle vie ou va t-elle tenter de fuir ? Ses parents peuvent t-ils comprendre qu’elle n’est pas encore prête à ce mariage (polygamique en plus) ? pourraient-ils lui laisser le temps de grandir, de vivre ses rêves, de les assumer dans la maturité d’esprit ?

Monsieur est là, il dit qu’il est lassé de ses pleurs. Monsieur conduit sa vieille moto et donne l’ordre à la petite fille de rentrer avec lui, mais sans aucune forme de dialogue, bref sans courtoisie. Choquée, je lui ai dit que la brutalité ne résout rien. Traînant ses pas, la fille le suit, accompagnée par une de ses cousines « impuissante » devant ce mariage voulu par les parents de la mariée, qui espère pourtant partir de ce foyer polygamique. Partir… mais comment ?

Affaire à suivre

(NB: Choqué par cette histoire, un des visiteurs de cette famille a failli écraser son portable en entrant).


Mort d’un migrant malien à Nouakchott

Il se nommait Mady Boubou Coulibaly, malien, âgé d’une vingtaine d’années. Il cherchait à gagner sa vie en Mauritanie. Il est décédé loin, de son Mali natal le 9 mai dernier « suite à une course poursuite avec des éléments de la gendarmerie nationale », ayant pris peur   » il aurait sauté du haut d’un chantier pour atterrir sur des fers perchés » témoigne dans la matinée de ce lundi une source facebook. 

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crédit photo RMI INFO

Ce ressortissant décéda quelques heures plu tard à la suite de ses blessures à l’hôpital nationa. L’info fit alors le tour du réseau facebook où la photo d’hospitalisation de Mady a créée le buzz, une image bouleversante, des témoignages émouvants. Une nouvelle triste qui rappelle les conditions difficiles parfois des migrants notamment subsahariens sur cette procédure de carte de séjour instaurée en 2012.

A la suite de cette perte douloureuse, la communauté malienne a tenu un sit- in devant leur ambassade ce 11 mai pour attirer l’attention des responsables de l’ambassade sur le quotidien souvent difficiles de ses ressortissants qui ont choisi la Mauritanie comme pays d’accueil.

Mady dors en paix!!!!

 



Dé-féminisation de l’espacement des naissances : une stratégie d’atteinte des nouvelles utilisatrices de Planning familial en Mauritanie

La dé-féminisation du planning familial(PF) est un moyen  de bien être familial selon de nombreux mauritaniens rencontrés à travers ce reportage réalisé dans le cadre  de la production médiatique sur la planification familiale organisé par le Population Council et le Partenariat de Ouagadougou. Une initiative mise en place en 2011 dont la Mauritanie est membre.

 

Dispensaire kissal/ Crédit photo AST
Dispensaire kissal/ Crédit photo AST

La dé-féminisation qui est une approche genre de la PF si elle est promue en République Islamique de Mauritanie (RIM) permettra sans doute à la Mauritanie de contribuer à atteindre son objectif de 39000 nouvelles utilisatrices d’ici 2020 dans le cadre du partenariat de Ouagadougou dont le challenge est d’arriver à plus de deux millions d’utilisatrices de PF (d’ici 2020) dans la sous région.

Pour rappel, « la Mauritanie se caractérise par une croissance très rapide de sa population, avec un taux d’accroissement démographique de 2,4% par an, un indice synthétique de fécondité de 4,6 enfants par femme et une prévalence contraceptive de 10% en 2011 en ce qui concerne les méthodes modernes » selon le Plan national de développement sanitaire. S’exprimant sur cette donnée, Aliou Diop Président de la Coalition « Ensemble Espaçons nos naissances »  pense que « ce chiffre est moyennement élevé » d’où son plaidoyer pour action multi sectorielle. A noter que ce pays des « millions de poète » était classé 154ème sur 182 pays dans l’index de développement humain de 2009. Autant de raisons pour favoriser l’espacement des naissances à travers une approche genre ou dé-féminisée.

L’espacement des naissances : « « une affaire de tous ».

A Nouakchott, Aicha Diop, 32ans, est vendeuse dans son quartier à El mina. Mère de cinq enfants, depuis 7 ans, elle a convaincu son mari d’espacer leurs naissances afin dit-t-elle, d’avoir le temps de « se reposer  et de travailler » pour gagner aussi sa vie. Fatou explique avoir convaincu son mari de la nécessité de la planification qui permet à l’un et l’autre de vaquer à leurs occupations  le temps d’une pause, après le rapprochement de ses deux premières naissances. Depuis lors, elle a opté pour une pilule contraceptive gratuite qu’elle prend désormais au dispensaire Kissal. A 25 ans, Metou une habitante de Tarhil est accompagnée de son 3e enfant. Depuis 3ans, elle a fait le choix du planning dans ce dispensaire de proximité de Kissal à Elmina. Elle estime, l’air souriante que la PF appelée ici espacement de naissance est « une affaire de tous ».

Fatis Ba est une des six sages femmes du dispensaire Kissal. Cette assistance sociale de formation, depuis 2006, travaille dans ce dispensaire communautaire où les femmes « affluent » chaque début de semaine à la recherche de contraceptives telle que les pilules (données chaque trois mois), injectables, condom, implants (payant). Oumou, qui instaure un climat de dialogue avec les patientes pour « briser le tabou » note qu’il y a « une forte demande » pour les contraceptives par rapport au début. Un constat qui, selon elle, s’explique peut être par la gratuité des contraceptions , témoigne la sage femme pour qui « il est temps qu’on sensibilise les hommes sur la PF ». Cette source déplore le manque de relais communautaire pouvant relayer cette préoccupation de façon permanente.

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« Les hommes doivent savoir que la PF les concerne » selon Imam Abdoulaye Sarr

Une position partagée par Imam Abdoulaye Sarr pour qui « les hommes doivent savoir que la PF les concerne ». Pour cet interlocuteur, membre de la Coalition « Ensemble Espaçons nos naissances » il y a un manque de communication par rapport à la promotion de cette problématique suggère qu’ « il faut démystifier ce concept » afin que chacun contribue à sa vulgarisation.

Pour rappel, le PNDS (Plan national de développement sanitaire ) 2012-2020 « s’est fixé un objectif de prévalence contraceptive de 60% à l’horizon 2020 » d’après ses données. Une ambition qui pourrait se réaliser à travers « une forte plaidoyer au profit de la stabilisation de la famille », un vœu ardent de la sage femme Fatis Ba.

Sira Kamissoko sage femme depuis 1980,  à la retraite désormais, dans son cabinet à Teyarett  reçoit ses patientes. Elle nous fait savoir que « rarement des hommes accompagnent leurs femmes ; souvent il nous envoie leurs pièces d’identité pour prouver leur consentement » fait comprendre cette technicienne en gynécologie  qui précise que « dans les services publics, les contraceptions sont données gratuitement».  Un facteur qui doit inciter à une large planification. Les jeunes Ambassadeurs pour la santé de la reproduction/PF en Mauritanie et la société civile doivent aussi contribuer à ce processus de dé-féminisation à travers un focus sur l’approche genre.

Awa Seydou  Traoré

(Source Rimweb)