Alain Amrah Horutanga

Blog camp : comment créer un blog ?

Since childhood, she was curious. At 15, she lived in Kigali in Rwanda since 2001 until 2003 when she did her own research to make a liquid pepper using a pepper not yet processed into other products and the people of Kigali liked her pepper because It was a pepper of good flavor and quality when they eat it with food, it was excellent.

 

In 2003, she left Kigali to return to Burundi in her native country because of the poor conditions of realization of her project with some inhabitants of the region where she led this project. Rwandans tried to make this transformation of pepper by referring to how it made this liquid chillies but in vain and nicknamed AKABANGA but consumers of it evoke that they could not reach the quality of pepper that ‘she has reached.
After arriving in Burundi, she struggled to restart her project in Burundi due to lack of financial, technical and material resources and began slowly but inefficiently. She was able to receive Fr. 200,000 and bought used materials such as flasks, oil, labels and peppers in the fields.


A 1360 dollars, je te vends le Burundi

Il ne s’agit pas de vendre la beauté des collines verdoyantes de Teza, ni les palmiers à huile qui longent à perte de vue le majestueux lac Tanganyika. Ce n’est pas non plus un concours de rédaction pour vanter ce qu’il y a ou reste de beauté dans un pays au bord des crises. Eh oui, des crises. On parle souvent de la crise entendue sous sa forme générale, qualifiée à tort ou à raison de « politique ». Mais cette crise politique a engendré avec elle d’autres crises : financières, psychologiques, sociales…

On murmure en ce moment qu’on peut vendre une partie de l’expression souveraine d’un État au prix de 1360 dollars seulement. C’est possible : le Burundi a été privé de son droit de vote à l’ONU pour 1360 dollars pour non-cotisation. 1360 pauvres dollars.

Que s’est-il réellement passé pour que le Burundi ne puisse pas s’acquitter de 1360 dollars aux Nations Unies et perdre ainsi son droit de vote ? La réponse ne peut pas venir de moi. Mais pour 1360 dollars, vous pouvez acheter toutes les voix du Burundi pour toutes les sessions à venir au sein de l’Organisation des Nations Unies. Promis !

Effet de la crise ou des crises ?

Nos autorités ont toujours brandi l’état de pauvreté « extrême » de notre pays pour dispenser le Burundi de plusieurs cotisations et obtenir quelques faveurs supplémentaires. « Nous sommes un pays très pauvre », dit la chanson. Le sommes-nous au point de ne pas de payer une cotisation de 1360 dollars ?

Au Burundi, il faut s’attendre à tout. Le ridicule ne tue pas.

Au Burundi toujours, on aime faire profit partout, même quand il s’agit de prendre le peu destiné aux pauvres et en remettre une partie à l’autorité. Là où ça sent l’argent, ça sent aussi le vol, le détournement, la corruption… Mais qui peut être intéressé pour mettre 1360 dollars dans ses poches et jeter la honte sur notre pays à travers le monde ?

Avec la crise économique « imposée » et les mesures d’austérité prises récemment par le gouvernement, les Basumirinda* peuvent frapper n’importe où. Il ne faut pas s’attendre à ce qu’ils nous fassent des cadeaux. Un Nsumirinda* est prêt à faire des sacrifices démesurés pour se satisfaire et ce, au détriment de 12 millions de Burundais.

Aussi et tant qu’on y est, cette crise politico-sécuritaire a emmené d’autres formes de crises. L’amnésie en fait partie. Peut-être que le jour où il a fallu débourser la somme, la personne a eu la « malchance » d’entendre pendant plus de 40 minutes le passage du Président et il a oublié les millions de francs BU dans sa voiture. Peut-être qu’avec la précipitation et les embouteillages qui suivent le passage du convoi présidentiel, un pickpocket s’est emparé de la somme. Même cette dernière option est devenue plausible.

Mais alors, peut-on laisser tomber notre droit de vote pour 1360 dollars ?

Non. Posons un geste citoyen. La nation nous appartient à tous. C’est le nom du Burundi qui est en jeu, et non celui de Nkurunziza et son gouvernement. Faisons un geste citoyen, sauvons notre dignité #For1360dollars. Merci de faire passer le message.

*Basumirinda : égoïstes, pluriel
*Nsumirinda : égoïste, singulier


Il nous faut un dictionnaire politique

Au nom de quel peuple parle-t-on ? Quand certains voient les morts, d’autres voient les vivants. En politique, c’est difficile de comprendre le jeu qui se joue, les mots employés, les hyperboles, les euphémismes, les litotes, etc. Il nous faut donc un dictionnaire politique afin d’éviter le pire. Les mots en politique n’ont forcément pas les mêmes sens que chez le commun des mortels. Nous vivons déjà dans deux mondes parallèles. Ce qui se dit n’est souvent pas ce que l’on fait.

Après deux mois de contestation sur fond de violence et de semblant de front commun contre la 3e candidature de Pierre Nkurunziza, il faut avouer que l’opposition politique, une partie de la société civile et une partie de l’armée (putschiste du 13 mai) ont échoué à faire partir Pierre Nkurunziza par tous les moyens. Il a enfin obtenu ce mandat, son troisième. On en reparlera en 2020 ? Si le mouvement armé se déclarant « libérateur » n’y arrive pas. Déjà au lendemain des élections de 2010, un autre mouvement de « restauration de la démocratie » voyait le jour. Que sont devenus les leaders ? Je n’en sais rien.

La mise en place de la nouvelle Assemblée nationale au Burundi n’avait laissé personne indifférent. Au petit matin du 27 juillet, le principal opposant du président Nkurunziza, Agathon Rwasa, élu de la circonscription de Ngozi lors de la dernière législative avait appelé au boycott des élections et n’a ensuite pas reconnu les résultats. Il a toutefois avait siégé au Parlement avec ses sympathisants aussi élus lors de la dernière législative. Actuellement, il est vice-président de l’Assemblée nationale. Il était candidat indépendant à la présidentielle pour le compte de la coalition « Amizero y’Abarundi » (littéralement l’espoir des Burundais), une coalition des extrêmes avant tout.

Une coalition qui vole en éclats ?

On avait déjà observé des dissensions au sein de cette coalition à l’hémicycle de Kigobe. Deux camps se dessinent : ceux qui doivent honorer les manifestants morts pour ne pas siéger et ceux qui ne veulent pas décevoir ceux qui les ont élus. Tous issus de la même mouvance.

« Des Burundais ont été élus la Coalition Amizero y’Abarundi. Il ne faut pas les décevoir, ils peuvent être récupérés par d’autres formations politiques. Il faut que notre voix soit entendue à l’Assemblée nationale même si nos propositions peuvent être rejetées », déclare Agathon Rwassa.

Quand je dis que les mots des politiciens sont difficilement accessibles, il faut le croire. Des élections qu’on ne reconnait pas, des élections auxquelles ils n’ont pas participé… Comment cela est-il possible de siéger ? Je suis perdu. Et quand l’autre camp, de cette même coalition, joue avec la carte « compassion » ma petite intelligence me dit que je suis sonné. Sachant qu’en 2010, des Burundais perdaient la vie et étaient persécutés par les mêmes personnes, ceux-là mêmes qui refusent de participer aujourd’hui dans les institutions de l’Etat l’avaient pourtant fait en 2010. Alors là, le ridicule n’existe pas. En ce temps-là, Agathon Rwasa et son parti avaient boycotté ces élections comme une grande majorité de l’opposition. Sérieusement, Amizero y’Abarundi ?


La peur comme solution à l’absence des projets de société?

Au Burundi, les rumeurs qui annoncent l’enfer sur ses terres ne cessent d’enfler sur les réseaux sociaux. L’application de messagerie Whatsapp devient une voie où toute sorte de mise en garde, terrifiantes les unes des autres, abondent en grand nombre. Il y a certainement des gens qui veulent voir le pays à l’agonie. Certains médias attisent sur cette flamme. Les conséquences ne se font pas attendre : les déplacements massifs de certains citoyens dans les pays voisins, au Rwanda notamment.

Tous les ingrédients sont réunis pour perdre le bon sens et surtout celui de la critique. L’université du Burundi, lieu hautement intellectuel, n’en est pas épargnée. Les étudiants ne veulent pas voir des policiers au sein de l’université. La cause un media de la place faisait état d’un plan macabre : éliminer physiquement tout opposant au troisième mandat du Président Nkurunziza, d’où qu’il soit, même au sein de la seule université publique du pays (selon leur source). Et si la présence de cette police était plutôt justifiée pour anticiper à une éventuelle attaque des islamistes d’Al Shebab qui menace le Burundi présent en Somalie ? Garissa devrait nous servir de leçon.

Du président qui fuirait le pays en pleine nuit, des généraux opposés au troisième mandat de Nkurunziza tués sur Facebook, des manifestations instantanées çà et là et du coup réprimés dans le sang, des armes retrouvées chez untel ou untel autre, le cocktail est à la fois explosif et difficile à passer si on garde le bon sens. Non, ce n’est pas l’effet poisson d’avril qui se prolonge, elle a plutôt commencé tôt, si c’est le cas. Toute l’année 2015 pourrait être un gros poisson d’avril pour le Burundi, attendons voir.

La peur qui nous hante, nous gouverne en même temps. On agit prudemment. On se méfie du voisin à cause de ses fréquentations, ses agissements, ses dernières sorties et quelque fois de son appartenance ethnique. Voilà ce dernier point qui nous renvoie aux années sombres de notre histoire déjà écrite à l’encre rouge sur une feuille noire. Impossible de la lire aux nouvelles générations. Eh oui, c’est vraiment une question de génération.

Nous revoilà à quelques jours des élections, aucun projet de société sous nos yeux, ni dans nos mains. C’est un leurre peut-être, et d’ailleurs comme la plupart des intellos de Bujumbura, de croire que les Burundais votent majoritairement les projets les mieux adaptés et réalistes qui leur sont présentés. Non, chacun a déjà, dans sa tête, fait le choix. Mais entre-temps le seul projet de société que nous offrent nos leaders ou nos politiques est unique, inique et identique, la peur, la terreur dans tous ses états. Prions !


Au rythme du pays

La dérision est aussi un autre mode de survie. Dans notre quotidien, l’évocation des problèmes d’un pays avec sourire aux lèvres n’est devenue que chose banale .

Tout comme la mort qui est venue se greffer aux côtés de nos nombreux problèmes depuis des lustres, la dérision nous habite. Tant qu’y a la vie, nous continuerons à se moquer d’elle. Ce qui ne tue pas nous rend fort, dit-on. Mais la dérision, elle, nous rend invincibles. Vous avez surement constaté que l’Africain malgré les mauvaises passes, manie toujours bien l’art du rire et de la parole ironique. Quand bien même rien ne va, il affirmera que « tout va bien ». Pour le constater, il suffit de vous rendre dans un hôpital par exemple, voir un patient sous perfusion, souffrant de la malaria parce que son quartier est une fabrique à moustique et que le chef de son quartier a vendu les moustiquaires qui étaient destinées à ses administrés, vous dire à la fin « tout va bien. »

Est encore plus symbolique, son optimiste : « tout finira par s’arranger. » Que le ciel soit nuageux, grisaillé, son optimisme n’a pas d’égal à première vue. C’est de l’ironie à l’état pur et à la sauce pimentée par un discours politique toujours rassurant qui a fini par avoir des effets sur nous, la population. Intériorisé involontairement, ce discours passe en boucle et est devenu presque une salutation et cela à nos dépens.

Les mots changent de sens

Les mots usités des citoyens au quotidien n’ont pas toujours le même sens quand ils sont employés par les politiques. En République Démocratique du Congo par exemple, le mot « politique » usité par un citoyen ordinaire peut être synonyme de mensonge ou de promesse non tenue.

La conception de la politique a changé chez certaines personnes au point de devenir l’art du mensonge. Il se peut que vous vous perdiez dans une conversation congolaise et pourquoi pas burundaise, tant qu’on y est, parce que quelqu’un aurait dit « la politique est l’art du mensonge. » La politique a perdu sa définition de noblesse « l’art de gouverner ». Si la gouvernance et le mensonge font bon ménage, alors pourquoi les dissocier ? Elles ont les mêmes effets après tout.

Aujourd’hui, je constate un fait. Dans cette jeunesse qui se cherche une place au soleil malgré les promesses non tenues des politiques, la résignation semble prendre le dessus. J’ai entendu trois personnes différentes prononcer cette phrase : « je vais bien au rythme du pays.» Et cela, après avoir demandé comment elles allaient. Aller bien au rythme du pays, signifie tout simplement que ça ne va pas.


O tempora, o mores

Il existe des entretiens qui fixent ta bouche ouverte tel un hippopotame qui bâille.

Il y a quelques mois, j’ai fait une brève rencontre avec un monsieur « responsable » comme on le dit pour tout père de famille. C’était un samedi, après l’hebdomadaire travail communautaire. Samedi est aussi ce jour où certaines personnes s’adonnent aux activités sportives dans l’avant midi pour maintenir leur forme ou encore évacuer quelques gouttes résistantes d’alcool dans leur sang. Un après-vendredi, jour de dot.

Les sièges de la place de l’indépendance (mon lieu de rendez-vous), étaient presque tous occupés par des groupements sportifs, sauf un. A cet endroit, les branches d’un gros arbre faisaient ombrage au soleil. Un lieu idéal pour souffler. Je venais de parcourir mes dix kilomètres en joggant sous un soleil de plomb.

« Bonjour », le saluais-je chaleureusement à la Burundaise : une poignée de main virile. Je m’asseyais confortablement à côté de lui profitant de l’ombre créée par l’arbre au-dessus de ma tête. Intrigué par la nature qui était à la fois douce et clémente en ce lieu lieux, dure et pénible au-delà de l’ombre, je scrutais les notifications Facebook, Twitter. L’homme en tenue de sport également, lançait la conversation : « Vous n’êtes pas un Burundais ? » Et moi, j’étais surpris par ce vouvoiement.

Cette question résonne presque tous les jours dans mes oreilles parce que j’ai l’habitude de saluer les gens en Français. Chose incompréhensive quand on est Burundais. Malgré ma poignée de main virile à la burundaise, la langue m’a trahi pour me pousser à une longue explication afin de justifier ma « Burundité ». Habitué à cette question depuis maintenant huit ans, je vis avec comme ma deuxième identité. La réponse était la même : Longue. Je vous en épargne. Satisfait des explications, il profitait pour se lancer dans un slalom des questions. « Attendez-vous quelqu’une ? C’est une Burundaise ? Tu sais qu’elles (Burundaises) sont toujours en retard ?

Malgré mes innombrables refus de la tête, il reformula sa question autrement mais qui allait dans le même sens me rassurant surtout qu’il n’y avait pas de honte à avoir, j’étais devant un responsable et père de famille (entendez par là une conversation entre père et fils). Selon lui, j’étais jeune et j’avais bien le droit d’avoir des petites amies. « Alors, c’est une fille que tu attends ? Elle est en retard, je constate » ; Ses yeux rivés sur mon téléphone qui venait alors de sonner. Un SMS. « J’attends plutôt un groupe de personnes », lui répondais-je.

Mais il insistait et son insistance s’apparentait à une torture parce que j’eus fini par lui dire ce qu’il n’était pas censé savoir : « Elle ne vit pas ici. » tout en indiquant dans ma tonalité que je ne voulais pas parler de cela. Mais il s’obstinait et voulait à tout prix avoir la réponse à laquelle il s’attendait.

-Tu peux toujours avoir une autre. C’est d’ailleurs une belle occasion qu’elle soit actuellement loin de toi. Elle ne saura rien de ce qui se passe ici.

J’avais envie de lui dire : « oui monsieur, j’en ai trois autres d’ailleurs » pour qu’il me laisse tranquille mais il enchaina avec son exemple :

– Moi, je suis marié et ça ne m’empêche pas d’avoir une autre en dehors du mariage mais je le fais sans que ma femme ne le sache.

Surpris de voir avec quelle aisance il s’exprimait, l’enfant devant lui que j’étais, regrettais le temps où tout ainé était un éducateur, un bon conseiller perpétuant des valeurs. Que fait-il de son devoir de fidélité ? Comment un père de famille pouvait tenir de tels propos à son fils? Je voulais aussi à mon tour lui demander s’il avait une fille dans sa famille, lui demander sa main pour avoir un droit à l’infidélité mais il me restait encore un brin de respect envers sa personne.


Territoire occupé (revisité par une lectrice)

Minuit,

Les étoiles prenaient congé. Je plongeais nuitamment dans les profondeurs de son cœur où j’allais, comme un voleur, m’accaparer de la plus grande richesse qu’il possède, l’amour. J’avais peur que les étoiles filantes ne me poursuivent et me rattrapent sur la route de ma nouvelle aventure. Mes yeux trahissant mes envies de conquête brilleront de mille et une couleurs rendant l’arc-en-ciel jaloux.

Plume à l'eauSon cœur perdu et casé dans les ténèbres du doute ne pouvait être accueillant. Comment forcer la barrière d’épines où des vaillants conquérants avaient échoué ?

La lune qui lui tenait compagnie était au service du chagrin et des regrets. Par complicité, le vent lui soufflait aux oreilles une mélodieuse oraison qui l’écartait du champ magnétique de l’amour.

J’emmenais avec moi une cohorte de mots et de gestes. J’étais le poète à la recherche du bonheur et son cœur en était le passage obligé. Sur le côté de mon arme, ma plume, on pouvait lire : J’entrerai, je bloquerai toutes les issues et j’écrirai en lettres d’or « territoire occupé ! »

Insatiable lectrice

Ces mots, j’aurais voulu les graver dans son cœur pour que plus jamais il ne batte pour une autre personne que moi. Que son cœur, son front, que ses yeux, le bonheur que j’y inscris reflète ces mots : territoire occupé.

Son cœur, son bonheur, mon appartenance à elle, son appartenance à moi, ne vous regardent en rien. Notre amour est hors du droit, hors de vos limites, de mon patriarcat et de votre féminisme.

Je suis elle, elle est moi. C’est ma vie qu’elle vit quand elle rit. Elle touche mon cœur : « ici c’est chez moi », murmure-t-elle. Je touche délicatement son sein : « ici c’est chez moi » répondis-je, ému.


Le pape devient-il un homme ordinaire ?

Les récents attentats en France ont ouvert la voie à une polémique sur l’étendue ou plutôt sur les limites du droit à la liberté d’expression. Toutes les tendances religieuses confondues sont divisées entre le droit de blasphémer ou pas. Il faut rappeler que la plupart des États du monde sont laïcs.

La dernière sortie médiatique du pape François fera tâche. Son prédécesseur, le pape Benoit XVI avait reçu des vives critiques après ses déclarations sur les préservatifs qui lui a presque valu sa démission (évènement très rare).

Sa Sainteté, apôtre de Pierre, dans sa sortie médiatique, semble cautionner la violence en insinuant par un exemple : « si un grand ami parle mal de ma mère, il peut s’attendre à un coup de poing, et c’est normal. On ne peut provoquer, on ne peut insulter la foi des autres, on ne peut la tourner en dérision!»

Le premier acte (parler mal de sa mère) n’est pas physique mais il renvoie à une vengeance faisant appel à la violence physique (s’en prendre à l’autre par coup de poing). Si on doit appliquer la loi du talion je trouve que l’offense, s’il y a lieu, n’est pas équivalente à la sentence. Que faut-il comprendre ? Quand on sait que les caricaturistes (blasphémateurs) n’avaient qu’un crayon et les assaillants, la kalachnikov. Il a par ailleurs reconnu que nul ne peut tuer au nom de Dieu.

Le pape a réagi comme un humain

On peut aussi le pardonner du fait que de son discours ait été tenu en dehors de l’église (en avion) car selon la Bible, Jésus a proscrit la vengeance. Je prends les propos de Jésus, rapportés par l’évangile. Matthieu 5, 38-40. « Vous avez entendu qu’il a été dit : Œil pour œil, dent pour dent. 39 Mais moi je vous dis de ne pas résister au méchant. Si quelqu’un te frappe sur la joue droite, tends-lui aussi l’autre. 40 Si quelqu’un veut te traîner en justice, et prendre ta tunique, laisse-lui encore ton manteau. »

Une bourde de plus ?

Cette vengeance que semble cautionner le pape en trouvant normal la réaction, en pareil cas, n’est pas proportionnelle. Elle est encore plus dangereuse que le « Œil pour œil, dent pour dent ». Car cette loi du talion a le mérite de répondre à l’acte provocateur ou offensant par un acte de vengeance de même nature et de même valeur.

N.B. Il fallait une condamnation (une sentence) pour que s’applique la loi du talion

Retrouvez cette image ici


Territoire occupé

Minuit,

Les étoiles prenaient congé. Je plongeais nuitamment dans les profondeurs de son cœur où j’allais, comme un voleur, m’accaparer de la plus grande richesse qu’il possède, l’amour. J’avais peur que les étoiles filantes ne me poursuivent et me rattrapent sur la route de ma nouvelle aventure. Mes yeux trahissant mes envies de conquête, brilleront de mille et une couleurs rendant l’arc-en-ciel jaloux.

Plume à l'eauSon cœur perdu et casé dans les ténèbres du doute, ne pouvait être accueillant. Comment forcer la barrière d’épines où des vaillants conquérants avaient échoué?

La lune qui lui tenait compagnie était au service du chagrin et des regrets. Par complicité, le vent lui soufflait aux oreilles une mélodieuse oraison qui l’écartait du champ magnétique de l’amour.

J’emmenais avec moi une cohorte de mots et de gestes. J’étais le poète à la recherche du bonheur et son cœur en était le passage obligé. Sur le côté de mon arme, ma plume, on pouvait lire : J’entrerai, je bloquerai toutes les issues et j’écrirai en lettres d’or « territoire occupé ! »


Pourquoi #JeSuisCharlie

Manifestation #JeSuisCharlie devant l'ambassade de France au Burundi
Manifestation #JeSuisCharlie devant l’ambassade de France au Burundi

En réponse à toutes ces personnes qui trouvent qu’être Charlie est un acte irrespectueux envers les morts africains.

« Es-tu aussi Charlie ? » C’est une question taquine qui se faisait presque accompagner de… pourquoi ne parlez-vous pas Boko Haram au Nigeria ? Ici même en face, au Congo, c’est combien de morts par jour, combien de viols ? Alors pourquoi le monde devrait pleurer la mort de dix-sept Français ? En guise de conclusion vient « Vous êtes encore sous la colonisation. »

Je vais essayer de me justifier en répondant à ces « frustrés » de la colonisation qui ont toujours pour ennemi l’Occident même plus de cinquante ans après les indépendances.

Charlie, la goutte.

Qu’est-ce que Charlie pour moi ? C’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase, le rien qui manquait pour que le vase plein de larmes que le terrorisme et l’intégrisme religieux ont fait couler à l’humanité, déborde. C’est l’occasion pour s’indigner contre toute forme de barbarie.

Il y a eu des attentats du 11 septembre aux USA, il y a eu des attentats à Londres, à Madrid, à Nairobi à Kampala, etc. Au Moyen-Orient, en Somalie et au Nigeria, les scènes de désolation font partie du décor. Mais lequel de ces évènements cités a eu un tel écho ? Jamais une onde d’indignation n’avait atteint une telle proportion. Certes les réseaux sociaux ont contribué à ce que cette vague aille au-delà de sa rive mais la campagne #BringBackOurGirls qui semble s’estomper nous prouve que seuls les réseaux ne suffisent pas.

Manifestation #JeSuisCharlie devant l'ambassade de France au Burundi
Manifestation #JeSuisCharlie devant l’ambassade de France au Burundi, le 11 janvier

Voici donc une occasion de surfer sur cette vague d’indignation pour dénoncer la terreur qu’une bande d’ignorants nous livre tous les jours. Pourquoi devrais-je être interdit de me photographier ou photographier certains lieux (natures, bâtiments, monuments…) dans mon propre pays ? Pourquoi devrais-je accepter de vivre comme un prisonnier parce que certaines routes, certains lieux me sont interdits d’accès à cause des Al Shebab. Pour tout cela, je suis Charlie.

L’Afrique ses morts et ses dirigeants

Certains m’ont reproché d’être un vendu à la solde de l’Occident. Certes, Il est vrai qu’on nous ponde un spécial à longueur des journées sur attentat à Boston qui fait deux morts pendant que chez nous en Afrique un millier de personnes meurent tuées tous les jours (j’exagère mais en additionnant les morts de la R.D. Congo, du Nigeria, de la Somalie, Centrafrique et de la Libye on atteint facilement ce nombre) cela se passe sans commentaire. Une indifférence que nous-mêmes Africains, créons.

A Beni une vingtaine de personnes meurent alors que la télévision Nationale Congolaise passe son temps à glorifier un Président de la République qui offre une ambulance à un hôpital public signé « Don du Chef de l’État ». Si la télévision parle de Beni, elle passe pour une brève comme si c’était normal que les gens de ce coin meurent sans qu’on ne parle d’eux. Si vous croyez être Kivu sans être Charlie, vous n’avez rien compris. Acceptez que les autres puissent être des Charlie. Le terrorisme est un cancer pour l’humanité.


Là où le Père Noël ne passera pas

Dans ce petit coin du monde, le Père Noël ne foulera pas le sol. Aurait-il peur que ses rennes finissent grillés par le feu qui couvre la ville. Aurait-il aussi peur qu’on ne lui ôte la vie dans cette région où tuer est un acte du quotidien ?

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Ce n’est pas le bout du monde et pourtant le Père Noël, tout comme la joie et la gaieté, semble être parti pour l’éternité. Les rues de la désolation sur lesquelles les enfants assistent tristement à des cérémonies funèbres incessantes portent les fruits du malheur. L’enterrement d’un père, d’un frère, d’une sœur ou d’une mère, le viol d’un nourrisson ou d’une vieille dame font partie de la vie de la ville. Tout est en ruine. Les bombes passent par là. Les fils du diable y résident-ils ?

Les familles décimées qui attendent madame Justice agonisante souffrant de la corruption et du cancer du favoritisme, n’ont plus qu’un espoir : la réanimer par les prières. Et Dieu entend-il leurs prières ? Le météorologue de la place avait annoncé des nuages chargés de sang. Et que les vents violents accentués par les cris de détresse empêcheraient, avec la complicité de la couche d’ozone, les prières de monter droit vers les cieux.

Orphelins dès leur naissance,même le sourire ne semble plus faire escale sur leur visage, laissant place permanente à l’amertume et aux torrents de larmes qui coulent sur leurs joues. « La vie n’est qu’une mort occupée à faire le ménage ailleurs, il reviendra vers nous », disait l’intellectuel de la ville abattu par une hache un soir de réveillon. Il était d’ailleurs écrit sur son cœur ouvert : « Voici celui qui aurait pu vous sauver. »

En écrivant ces mots, je pense aux petits chrétiens syriens et irakiens persécutés aujourd’hui. Je pense à ces enfants de Beni en RDC qui vivent la peur au ventre. Je pense à ces enfants du Nigeria otages des inconscients. Je pense également à ces petits Pakistanais tués récemment. Ma pensée va aussi aux petits Palestiniens qui naissent et grandissent dans un environnement de violence et de haine. Je pense à tous les enfants du monde qui se retrouvent dans des camps de réfugiés, de déplacés ou dans les prisons. Ils ne liront pas ce billet, mais quand nous dévorerons la cuisse du poulet de Noël, pensons à eux. Ils ne sont pas responsables de ce qu’ils vivent.

 


Le vote est un droit

Ces derniers temps, j’ai comme l’impression d’avoir offensé des millions de burundais pour avoir dit à certains que je renonce à mon « droit de vote ». De tous ceux qui m’ont regardé comme un virus très virulent, personne n’a voulu savoir quelle serait la cause de ce comportement. Quel drame ! Je suis désolé peuple burundais de vous avoir autant offensé.

En commentant à un post de Roland Rugero sur Facebook, j’ai donné ma position (ramasseur de balles) mais ensuite un commentaire d’Arnaud Nganji m’a poussé à sortir de ma réserve. Moi, qui voulais être discret sur mon positionnement parce que j’encourage les autres à exercer ce droit qui s’universalise de plus en plus.

La sagesse populaire nous apprend que ne pas faire un choix est un choix. Après cette maxime, suis-je toujours obligé de donner les avantages d’un droit pour qu’enfin on me regarde comme un humain ?

Je ne suis pas un mutant.

 » Je vote toujours, par respect pour les gens qui ont tant donné pour que je puisse avoir ce droit. Ils ont payé de leur vie ma liberté de choisir mes dirigeants. Pour eux, j’irai toujours voter ! ! » Arnaud Nganji

Je suis content d’être ressortissant d’un pays où le vote n’est pas une obligatoire. Je pense, à mon humble avis que ceux qui ont donné leur vie pour que nous ayons ce droit de vote, avaient à l’esprit une idée claire : ceux qui ne se retrouveraient pas dans un quelconque programme ne puisse être contraints de voter. D’où l’abstention. Actuellement un courant de pensée prône sa prise considération. D’ailleurs on peut renoncer à l’exercice d’un droit, c’est l’essence même d’un droit.

N.B : Pour le vote d’une loi, il y a trois possibilités : le pour, le contre et l’abstention.

En quoi mon abstention heurterait-elle l’estime de ces hommes et femmes qui ont lutté pour que nous ayons à faire le choix de nos dirigeants?


Je sais désormais où elle va

Vous avez certainement connu des moments où l’inspiration s’envole. Vous vous demandez à chaque fois où elle est partie ? J’ai trouvé où la mienne allait passer son temps.

 

 

Plume à l'eau

 

Mon inspiration prend la forme d’une plume. Elle s’envole au gré du vent. Voltigeant aux côtés des rapaces, elle se confond parfois aux feuilles des manguiers. Dans ma course avec le temps, elle se fait le plaisir de figer mon imagination dans une chambre aux mots assourdissants. Elle enchante la mélancolie afin qu’elle me tienne compagnie. Je lâche la prise comme dans une lutte où ma cervelle est prise à partie. Elle vole avec les sacs plastiques qui font partie du décor de la ville, sillonnant les rues à ses aises. Elle zigzague entre les voitures jusqu’au Tanganyika se plaisant à cette vie de fugue ignorant le danger la guette, l’eau. Elle essaie de toutes ses forces à pagayait pour revenir à la rive sans conviction. Excellente dans la manipulation, Elle se laisse alors emporter par la vague. Elle vogue alors au gré des vagues jusqu’à la plage où j’irai la retrouver, la réanimer pour la ramener à moi.

On s’aime.


Parfois la tentation et la foi peuvent faire bon ménage

A Bujumbura, il y a des hommes qui ont vraiment intégré la citation « la nature a horreur du vide » jusqu’à moelle épinière, au point qu’ils se sont emparé des berges de certaines rivières de la capitale afin que la nature ne reprenne ses droits. Mais têtue qu’elle est, elle prend toujours le dessus sur ceux qui s’entêtent et qui ne prennent pas en considération ses nombreux avertissements

Église construite sur la berge de la rivière Kanyosha et qui menace de s'effondrer
Église construite sur la berge de la rivière Kanyosha et qui menace de s’effondrer

Parmi ces maisons qui sont construites sur les berges vides des rivières, il y a aussi des maisons dites de Dieu, comme l’illustre aussi la photo. Ce hangar à O cm du lit de la rivière, est une église évangélique. Ils n’existent plus d’espaces vides qui séparent la rivière de l’église car l’église même est une partie de la berge. La question qui peut être posée est la suivante : Dieu empêchera-t-Il la catastrophe ou bien le Diable versera sa colère un dimanche en plein culte ? En tout cas pour les croyants, en cas de catastrophe, le diable portera le costume de coupable mais entre-temps Dieu « protège » les fidèles.

L’occupation des berges par certains citoyens peut laisser croire que ce domaine n’est pas règlementé. Il existe un code de l’eau. Le texte d’application n’a-t-il pas encore été élaboré ? Si le texte d’application existe. Qu’est-ce qui expliquerait le rythme croissant des constructions dans les zones tampons ? Pourquoi cette indifférence ? Comment, dans le cas opposé, expliquer que depuis 2012 il n’y ait toujours pas de textes d’application ? Dans tous les cas il y a une négligence constatée de la part des pouvoirs publics. Le code de l’eau prévoit des zones tampons dans lesquelles il est interdit de construire.

N.B : Une zone tampon s’étend sur 25 m de chaque côté d’une rivière.


Le fonctionnaire burundais, maître du temps

Les services publics burundais laissent à leurs bénéficiaires un problème organisationnel de taille ; le temps. Une question pince souvent les lèvres de ses usagers : combien d’heures un fonctionnaire burundais travaille-t-il par jour?

Le fonctionnaire burundais se distingue sur un point intéressant : il est toujours en retard. Il arrive à son lieu de travail à 9 h au plus tôt et 10 h au plus tard. À 11 h il n’accueille plus personne alors qu’il est censé travailler jusqu’à 12 h. Ce comportement trouve également sa place dans le secteur privé où la pratique s’installe petit à petit.

Le gong unique qui commence officiellement à 8 h pour prendre fin à 15 h 30, a entièrement subi une « réforme » sans qu’un texte ne soit à la base. La pause de 30 minutes peut aller au-delà de deux heures. Et il ne s’agit pas des fonctionnaires qui font les deux gongs. Pire, c’est quand vous vous rendez dans un hôpital public : les médecins ne sont, presque tous, jamais là. Ils préfèrent offrir leurs services chez les privés. Malheur aux pauvres qui doivent recourir aux hôpitaux publics.

Comment parviennent-ils à réduire les sept heures en trois ?

Une des prouesses du fonctionnaire burundais est sûrement celle de réduire les heures de travail sans se faire sanctionner. Une sanction relèverait d’une injustice aggravée vu que même le chef de son service se livre à cet exercice.

Il arrive au travail à 9 h, il passe son temps à saluer tout le personnel de tous les services présents dans son bâtiment (du chef au subalterne ou du subalterne au chef). Ensuite en bon croyant qu’il est, il grattera quelques autres minutes sur notre temps pour la prière afin de remercier Dieu qui lui a donné ce travail ou de Lui demander une promotion. Il prend un peu de temps pour lire quelques versets bibliques après sa prière. Ce rituel terminé, il ouvre enfin les premiers dossiers. Dossiers qu’il a lui-même emmenés de chez lui, remis la veille par un frère, un proche ou tout simplement un homme d’affaires qui ne voulait pas faire la queue et suer comme les autres dans des bureaux parfois mal aéré et sans lumière. Ce service ramènera au fonctionnaire la bière de la soirée.

A 10 h, il appelle le premier citoyen en tête de file (Mon Dieu, petit détail précieux, si la file s’était constitué sinon c’est une bousculade sans qualificatif qui s’ensuivra). A 11 h, il n’accueille plus sauf s’il y a une ou deux personnes qui vont le bercer avec quelques billets de banque. Selon lui, il est temps de faire sa pause. Si c’est un fonctionnaire à gong unique, c’est entre 13 h et 13 h 30 qu’il reprendra du service pour finir à 14 h ou 14 h 30. Si le fonctionnaire est à deux gongs, il reprendra le travail à 15 h et finir à 16 h 30.

Pendant qu’il accueillait, le chef aussi appelait de temps en temps pour pouvoir prendre en priorité le dossier d’untel parce qu’il est du parti ou encore son frère ou encore un ami avec qui il partage les bières les soirs ou encore il aurait reçu une promesse quelconque.

Au début de son mandat, l’actuel président de la République, n’hésitait pas à faire des visites surprises dans les ministères et autres institutions publiques pour constater les retards, mais aussi les problèmes auxquels ils faisaient face. Les fonctionnaires retardataires étaient réprimandés. Mais ce temps-là est révolu, il appartient désormais à l’histoire.


Connaissez-vous la cause des éclipses ?

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Il y a longtemps, très longtemps que le soleil et la lune vivaient ensemble les jours comme les nuits. Les balades ainsi que leurs soirées romantiques se passaient sans problème au-dessus des têtes des hommes. Ils s’affichaient partout. Tout allait bien jusqu’au jour où un évènement très malheureux et  déplorable se produisit.

Les hommes qui avaient reçu le feu de Prométhée étaient devenus très intelligents. Ils avaient inventé beaucoup de choses et ils n’étaient pas moins arrogants vis-à-vis du soleil et de la lune. Ils avaient réussi à organiser la société en se partageant les tâches. C’est ainsi que des catégories professionnelles sont nées, les journalistes, les avocats, les médecins, les menuisiers, etc.

Au fil du temps, une nouvelle espèce dans la race humaine est apparue. L’idée de la théorie de l’évolution de Darwin a toute son importance ici. Cette espèce doit ses origines de l’évolution économique des États. On les appelle les argentivores. Ils n’ont pas de couleur et parfois même aucune éthique ni morale. Ils sont noirs, blancs, jaunes, verts, rouges, etc. Ils ne juraient que par un mot : profit.

Tous servent un maître. Ils l’ont élevé au rang des dieux, le tout-puissant argent, comme on l’appelle. C’est de là qu’ils tirent le nom des argentivores. Cette espèce était la seule vraie race supérieure, elle est toujours d’ailleurs. Elle concentre entre ses mains non seulement les richesses, mais aussi elle peut décider de la vie et de la mort de l’ensemble des autres peuples. Elle décide de la marche du monde.

Les maux causés par cette race avaient fini par exaspérer le soleil puisqu’elle mettait en péril l’équilibre écologique. Il ne dormait plus tranquillement. Il se demandait comment faire pour les priver de bienfaits de ses rayons parce qu’il estimait qu’ils ne les méritaient pas.

Les hôpitaux ne pouvaient plus soigner les malades tant qu’ils ne seraient pas rassurés d’avoir en retour de l’argent. La justice n’existait plus. On vendait des procès à coup de feuilles imprimées dans les banques ou les hôtels de monnaie. On gagnait un procès grâce aux contacts influents ou au nombre de zéros qui accompagnaient un chiffre sur un chèque. Il n’y avait plus de la compassion. Les actes posés par les hommes n’avaient plus un caractère gratuit et tout se passait au grand jour. Ce qui se perd à droite se récupère à gauche, comme on le dit aujourd’hui. Elle avait érigé les mauvaises habitudes en coutume.

Quand la lune accompagnait le soleil dans ses journées, le soleil déplorait le comportement de cette nouvelle espèce. Il lui montrait à quoi le monde ressemblerait dans les années à venir. Les hommes avaient oublié un code d’éthique : le respect de la vie. Le soleil n’avait qu’une idée en tête : « Tout raser » pour laisser place à une nouvelle espèce.

La douceur de la lune prenait le dessus sur l’exaspération du soleil. Elle prenait les hommes en pitié et plaidait toujours en leur faveur. Mais un jour le soleil fit une confidence à la lune :

– Demain, je détruirai la race humaine.

Le lendemain, la lune était aux aguets guettant le soleil. Au moment où cet évènement allait se produire, la lune s’interposa entre la terre et le soleil.

– Tu ne feras pas cela, répondit la lune en toute franchise

Ce fut la première éclipse solaire. La terre s’assombrissait du coup. Les hommes pris de panique se cachèrent, chacun dans son coin, ne voulant pas assister à ce qu’ils pensaient être la fin du monde. Cette interposition scella le divorce de deux. Depuis ce jour, la lune ne quittait plus le soleil de l’œil.

De temps en temps, la lune envoie une étoile pour espionner leur père, le soleil. Ce sont ces étoiles filantes que nous voyons pendant la nuit. Quand l’exaspération du soleil atteint son paroxysme, la tentation de détruire la terre devient grande, c’est ainsi que la lune apparaît et s’interpose pour empêcher que les rayons ultraviolets émis par le soleil ne nous détruisent.


La prise du pouvoir par les militaires : le mode opératoire reste le même

Photo crédit : https://ivoirebusiness.net
Photo crédit : https://ivoirebusiness.net

Les militaires parviennent presque toujours à leurs fins, c’est une qualité qui leur est reconnue. De Mobutu dans les années 1960 à Ziga, aujourd’hui au Burkina Faso, le mode d’emploi, les ingrédients et la technique restent les mêmes pour une « révolution à la kalachnikov » ou une récupération par les hommes qui la portent quotidiennement. Des hommes que rien ne peut fléchir lorsque leurs objectifs n’ont pas encore été atteints. Ils préfèrent plutôt mourir en essayant de les réaliser que de laisser expirer leurs ambitions dans le monde des rêves. Ils ont pour devise « mourir, mais mourir en essayant. »

L’Afrique reste encore un continent où le virus « militaire au pouvoir » n’a pas encore été complètement éradiqué malgré toutes les balises mises en place par l’Union Africaine pour le prévenir. Même en cas d’apparition dans un pays donné, les moyens drastiques qui l’accompagnent pour enrayer sa propagation sont colossaux ; mais elle persiste toujours.

L’arrivée de la génération consciente

Aujourd’hui, le monde a changé, l’Afrique aussi d’ailleurs. Si les anciens se sont contentés de bouter dehors le colon, la génération qui a suivi, la deuxième, s’est résignée. Elle a pleuré ses sur les restes de ses rêves évanouis. Ensuite, il est venue une autre génération, la troisième qui n’a pas connu de colon blanc et sa chicote. Cette troisième génération a plutôt avalé des gaz de son propre père mais elle ne s’est jamais découragée dans ses revendications. Elle sait lire, compter et écrire. Elle s’informe, elle connaît le prix de son pétrole, de son or, de son café, de son cacao… Elle décide elle-même de la personne qui devra conduire sa destinée. Mais certaines pratiques restent orthodoxes comme la prise de pouvoir par les militaires.

Un mode opératoire séculaire

Un mode séculaire qui a fait et continue à faire ses preuves partout où il a élu domicile. Quand bien même elle soit de passagère dans un État donné, il reste encore efficace. La première étape est de dissoudre le gouvernement et le parlement ainsi tous les honorables sont renvoyés à la maison. Mais la crème de la crème c’est la suspension de la constitution. Il se crée alors un vide juridique qui mettrait en péril les intérêts supérieurs de l’État que seul un corps discipliné peut maitriser. Comme la discipline a toujours régné chez les militaires, ils deviennent donc naturel que ce soit eux qui reprennent le pouvoir. Seule la discipline acquise au cours des années fera office de constitution. Ce sont donc les seuls à pouvoir diriger mais dans un chaos qu’ils ont eux-mêmes créé. Le tour est joué. Tout cela réuni, les civils attendront les prochaines élections qui seront organisées dans « les brefs délais. »


Le Burundi n’est pas le Burkina Faso

Si les médias et les spécialistes du droit pouvaient s’attarder et mener un débat autour de notre Constitution, je n’aurai pas écrit ceci. J’ai l’impression qu’à chaque fois qu’on parle de mon pays concernant sa Constitution et son Président au niveau international, la question est traitée avec certaines légèretés «… en dépit de la limitation des mandats à deux… » très simple à dire mais qui s’est attardé sur cette constitution ?

Le monde s’est levé un beau matin où le peuple des hommes intègres s’est levé comme un seul homme pour barrer la route aux velléités d’un Président voulant s’octroyer un mandat de plus. Un troisième ? Pas vraiment. Cela fait 27 ans que Blaise Compaoré est au pouvoir et il n’était pas à sa première tentative (deux septennats 1992 à 2005 et deux quinquennats dont le dernier devrait prendre fin en novembre). L’exercice de modification des constitutions semble être son sport favori.

Ce qui s’est passé le 30 octobre 2014 aux pays des hommes intègres s’est avéré être aussi une aubaine pour les populations de certains pays africains. L’exemple burkinabé a été brandi comme une menace aux présidents qui seraient tentés par une aventure de révision constitutionnelle, pour un ou plusieurs autres mandats de plus. Les médias ainsi que certains intellectuels y sont allés de leurs analyses en procédant parfois par des raisonnements analogues.

Le politologue burundais Salathiel Muntunutwiwe déclare à une chaine de télé privée : « le Burundi devrait respecter la constitution pour éviter ce qui s’est passé au Burkina Faso. »
Pour le cas du Burundi, fort malheureusement, il ne s’agit pas d’une question de non-respect de la constitution et moins encore celle de sa révision comme cela était le cas au Burkina Faso. Comme on le sait, la tentative de modifier la constitution burundaise avait échoué. J’étais parmi ces personnes à dire que Nkurunziza n’avait pas besoin de modifier la constitution pour forcer un troisième « mandat », pour plusieurs peut-être. La constitution burundaise elle-même est ambiguë sur la nature du premier mandat. Les détails plus loin. Télécharger ici la constitution de la République du Burundi

Pacifique Nininahazwe, la figure de proue de la société civile burundaise va jusqu’à comparer Pierre Nkurunziza à Blaise Compaoré. Ces analyses susciteront un débat intéressant sur les réseaux sociaux. Une comparaison que j’ai personnellement trouvé un peu plus déplacée. Une partie de son analyse est rapporté par RFI.

Le scénario à la sénégalaise

Je peux tout de même rappeler qu’une partie de la population burundaise prévoyaient un scenario à la sénégalaise « un troisième mandat qui bouterait dehors le briguant par le biais des urnes. » Pour ce qui est du Sénégal, il faut admettre que la réalité juridique était tout autre. Elle veut qu’une loi ne rétroagisse pas sans devoir la stipuler expressément. Ce principe est souvent invoqué pour ce qui est des lois pénales à ma connaissance. Ceci dit, le scénario à la sénégalaise reste encore à la portée des Burundais. Il faut quand même reconnaitre que la constitution burundaise donne place à deux interprétations différente concernant la nature du mandat 2005-2010.

Le Burundi et sa constitution ambiguë ou presque

Parmi les détracteurs de Pierre Nkurunziza, il y a ceux qui avancent que l’exception invoquée à l’article 304 de la constitution n’est qu’une exception en rapport au mode électoral et non une exception par rapport au mandat présidentiel. L’article 304 de la constitution :
« A titre exceptionnel, le premier Président de la République de la période post-transition est élu par l’Assemblée Nationale et le Sénat élus réunis en Congrès, à la majorité des deux tiers des membres. Si cette majorité n’est pas obtenue aux deux premiers tours, il est procédé immédiatement à d’autres tours jusqu’à ce qu’un candidat obtienne le suffrage égal aux deux tiers des membres du Parlement.
En cas de vacance du premier Président de la République de la période post-transition, son successeur est élu selon les mêmes modalités prévues à l’alinéa précédent.

Le Président élu pour la première période post-transition ne peut pas dissoudre le Parlement.»

Pour certains des partisans du président actuel, l’article 304 se suffit à lui-même seul pour renforcer l’idée d’exception (d’abstraction) faite au premier mandat et donc ne pas seulement lié au mode du scrutin. Le premier président post-transition ne peut pas dissoudre le Parlement. A la lecture de l’article 96 de la constitution, le président actuel reste encore éligible quand on sait qu’il a été élu pour la première fois par le parlement.
« Le Président de la République est élu au suffrage universel direct pour un mandat de cinq ans renouvelable une fois »

L’accord d’Arusha

Certains pensent que l’accord d’Arusha a une valeur constitutionnelle. Ce qui est une erreur à mon avis. Ce n’est pas parce que la loi portant promulgation de la constitution fasse référence à l’accord d’Arusha qu’il le devient. Si l’on admet cette donnée cela veut dire que les parties signataires sont tout simplement des personnes supra-Étatiques. Pourquoi supra-Étatiques ? La constitution fait référence au peuple Burundais tandis que le préambule ainsi que les préambules de ses cinq protocoles de l’accord d’Arusha font référence aux parties qui étaient alors belligérantes. Enfin pourquoi avoir fait appel directement au peuple pour l’adoption de la constitution dans ce cas-là ?

Analyse intéressante est à télécharger : L’éligibilité de l’actuel Président de la République du Burundi aux élections présidentielles de 2015 : une analyse juridique par Stef Vandeginste

Accord d’Arusha pour la paix et la réconciliation au Burundi à télécharger