Alain Amrah Horutanga

Le nomade des temps modernes

crédit photo : www.gefco.net
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A quoi servirait la fibre optique quand il n’y a pas suffisamment d’électricité ? Bon, ce n’est vraiment pas ma préoccupation pour l’instant. Pour l’instant, je suis un nomade. A la manière d’un nomade Masaï, je vais aussi à la recherche du bon pâturage. Je suis parfois forcé de transhumer avec mon troupeau : des gadgets électroniques que je porte pour aller s’alimenter en énergie électrique, comme un Masaï. Mais les buts poursuivis diffèrent. Le mien est plutôt insolite en plein 21ème siècle, je me déplace pour trouver un lieu où il y a de l’électricité. Je procède parfois par des appels téléphoniques qui ont en commun quelque chose ressemblant à :

« Allô ! Bonjour, je voulais savoir si vous avez de l’électricité ? » Mais très souvent ce sont des sms que j’envoie. Les appels coutent chers, en plus il y a whatsapp.

Quand la réponse est négative, je pense à un resto pas trop cher et qui possède un générateur. Je m’achète une limonade, une seule afin de ne pas se faire chasser par le maitre du lieu. Mais très souvent les prises sont toutes occupées car tout le monde veut soit recharger la batterie de son téléphone ou surfer sur le net. Là, je ne suis pas le seul à pouvoir envier cette herbe. Il est aussi important de demander s’il y a une prise libre avant de s’acheter quelque chose. Je vais où l’herbe est verdoyante. Avec mon troupeau électronique à la recherche une prise pour recharger les batteries des téléphones, ordinateurs et profiter également pour mettre en ligne un billet de blog. Le restaurateur croyant peut-être que la note qu’il te fera sera conséquente, il pourrait te trouver une prise très rapidement. Une astuce de plus. Mais un conseil précieux : ne revient pas de sitôt au même lieu car il te reconnaîtra. Si tu lui avais faussé affaire après que tu n’aies consommé qu’une limonade, cherche ailleurs car la prochaine fois il ne gaspillera pas son temps pour une limonade. Le premier arrivé est toujours servi prioritairement, c’est la règle communautaire.

Après plusieurs tentatives infructueuses, je rebrousse chemin quand il le faut et je vais attendre tranquillement que le courant revienne.


Morituri

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La Médaille d’Honneur, la plus distinctions militaire des États-Unis d’Amérique

J’ai toujours admiré les personnes qui se sacrifient pour une cause noble et surtout quand la cause défendue l’est aussi au profit des générations futures. Cet extrait est tiré d’un de mes slams « Morituri »* que je dédie aux hommes intègres du Burkina Faso tout en pensant que la transition sera bien gérée. Ne nous décevez pas comme la Libye.

 

Il est des jours où l’on croit perdre les pédales.

Des jours où à la vie, on ne pige que dalle.

Des jours où l’on gagne de l’estime sans médaille

Des jours où rien ne peut ébranler le mental.

Des jours où l’on se sent pousser des ailes

Pour un envol à destination, le ciel.

Alors pourquoi craindre un cercueil ?

* Morituri est un mot latin signifiant « ceux qui vont mourir ». Il est utilisé dans la phrase : « Ave Cæsar, morituri te salutant ! » (« Salut César, ceux qui vont mourir te saluent ! »)


Recrudescence de l’insécurité à Bujumbura : témoignages

On constate aujourd’hui l’insécurité prendre des proportions inquiétantes dans certains coins du Burundi. Des témoignages rapportés par les médias locaux font état d’hommes armés en tenue militaire et policière qui commettent des exactions au grand dam de la population. Cette situation pousse certains citoyens à croire qu’il s’agirait des jeunes du Parti au pouvoir qui auraient été formés en R.D. Congo.

A Bujumbura, les cas des agressions physiques et des vols sont tous les jours rapportés et commentés sur les réseaux sociaux. Des hommes armés des machettes et couteaux, habillés en manteaux noirs, sèment la terreur dans les quartiers de Bujumbura.


Je vais apporter mon témoignage mais aussi ceux de certains de mes amis.

Si certains se font agresser généralement la nuit ou au petit matin, moi je m’étais fait agresser en fin de journée entre 17h45 et 18h00 dans le quartier de Kinindo, au sud de Bujumbura, il y a de cela trois ans. Un groupe de neuf personnes s’était approché de moi me demandant de l’argent pour s’acheter du chanvre : « tupe za ganja »*. En voulant me débarrasser d’eux avec un billet de 1000 f, ils ont sauté sur moi comme des bêtes en furies en m’assenant des coups de poing et des coups de pied. Ces bandits m’avaient pris mes téléphones et mon porte-monnaie. C’était visiblement des jeunes habitant le quartier.

Le comble est que cela s’est passé à moins de 100 mètres du poste de police du bureau communal de ladite commune. Sachant qu’ils étaient toujours au même endroit, j’ai couru jusqu’à la commune où j’ai demandé à voir l’officier de police. Il sort en me demandant ce qui n’allait pas. Je lui narre le déroulement de l’agression. A ma grande surprise, il me dit qu’il ne peut rien faire, qu’il y a toujours eu des bandits de ce côté-là et c’est là m’est arrivée à cause de mon imprudence. J’insiste en lui disant qu’ils sont toujours là et il me répond « je ne vais pas risquer ma vie, ni celle de mes hommes ». Imaginez la déception. Quelle est la mission d’un policier au Burundi?

Les amis

Pendant que j’avais encore mal aux côtes, un proche me rapportera une info comme quoi un de nos amis venait d’être poignardé et qu’il était hospitalisé. Il avait été agressé presque au même endroit que moi et vraisemblablement par le même groupe. Il avait eu la mauvaise idée de se défendre pendant qu’il se faisait dépouiller. C’était tout le malheur. Mais heureusement pour lui aucune partie vitale n’avait été touchée. Après ces deux faits, ce quartier était devenu pour moi le lieu le plus dangereux de la capitale et pourtant c’est un beau quartier apparemment paisible. Il faut se méfier des apparences.

Il y a deux semaines qu’un ami vivant en plein centre-ville, a vu surgir derrière lui un groupe de jeunes l’accusant d’être un « imbonerakure.» On l’a assaini des coups et ils lui ont pris tout ce qu’il avait comme objet de valeur. Il n’est même pas Burundais. Il revenait d’une boite de nuit.

* Donnes nous de quoi acheter du chanvre


Une photo avec le crocodile ? Non merci

Le crocodile du musée vivant avec lequel il est possible de se photographier
Le crocodile du musée vivant avec lequel il est possible de se photographier

Quand on visite le musée vivant de Bujumbura, il y a un guide et qui fait son boulot comme d’habitude : il vous guide. Il vous fournit quelques explications et informations intéressantes sur certaines espèces animalières présentes. Vous pouvez aussi lui poser des questions auxquelles il vous répond gentiment et sans ambages. Mais dans la suite de la conversation, il vient un moment où vous visitez les crocodiles et il vous dit :

– Si vous payez 1000 Fbu*, vous pouvez entrer dans l’enclos de ce crocodile et prendre une photo avec lui

– What ? pensant qu’il y avait peut-être une erreur du récepteur et je fais semblant.

Oui monsieur, le récepteur reçoit cinq sur cinq. Vous avez bien entendu qu’il est possible de prendre une photo avec un crocodile. Et donc pour être bien sûr d’avoir entendu, il ajoute en vous rassurant :

– Il n’y a pas à s’inquiéter, il est fainéant. C’est le plus fainéant de tous les crocodiles vivants ici. Il ne bouge que pour manger.

Alors je questionne mon être en ces termes après ces paroles rassurantes venant du guide :

– Et si ma tête ressemblait à son mets favoris ? Je lui servirai donc de nourriture !

Voyant qu’il y avait toujours une hésitation de mon coté, il s’avança, ouvrant la barrière en m’invitant à le suivre dans l’enclos où se reposait tranquillement le crocodile.

– Non, merci. Je ne veux pas de photo avec lui. Un animal reste un animal.

Il touche l’animal, le caresse et du coup il me vient à l’esprit la triste l’histoire de l’ivoirien Dicko Toké, le dompteur des caïmans, qui avait défrayé la chronique. Je la lui raconte. Il fut surpris et tétanisé.

*Franc Burundais


L’eau gaspillée à Buja, recherchée à Goma

 

L'eau courante

L’eau c’est la vie, dit-on. Personne n’ignore que sans eau la vie est impossible mais elle ne porte toujours pas cette qualité en tout temps et à tout lieu. Elle peut aussi s’avérer être la mort si elle est polluée ou si elle est impropre à la consommation. Ce qui est désormais appelé « or bleu » est reparti de façon inéquitable aux Terriens. Elle est aussi devenue une source de conflits dans certains coins du monde et au pire instrument de domination et de pression.

Cette inégalité dans la répartition est devenue au fil des ans un élément créateur de conflits. Les exemples sont légion dans le bassin du Nil et dans le Moyen-Orient. La guerre pour un puits, une rivière, une oasis est devenue monnaie courante. L’Afrique sahélienne nous offre un bel exemple, malheureusement. La pomme de discorde souvent est un point d’eau.

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Il existe aussi des pays où la ressource est abondante mais encore impropre à la consommation pour toute sa population, comme au Burundi. Dans quelques centres urbains et villes, il n’est pas rare de voir de l’eau coulée des fontaines publiques ou des robinets à longueur des journées. Une situation vraiment lamentable quand on sait que presque un citoyen sur deux n’a pas accès à l’eau potable dans ce pays. Et pendant ce temps, dans la capitale Bujumbura, le gaspillage de cette importante ressource ne cesse de croître comme nous le voyons sur la photo ci-dessus prise dans le jardin de la place de la révolution. Un clin d’œil à la ville de Goma dans sa campagne #GomaVeutdelEau. A Buja, on la gaspille.


Le jour où Dieu cligna les yeux

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Ceci est un extrait d’une fiction (embryonnaire) inspirée des évènements de l’histoire récente du Burundi. En ce jour de commémoration du 21ieme anniversaire de l’assassinat du président burundais Ndadaye Melchior, j’ai choisi cet extrait. Cette date rappelle aussi les massacres qui ont suivi sa mort.

… Ils étaient aux aguets, attendant un clignement d’yeux du coté de Dieu, La Sentinelle pour mettre en pratique le plan concocté depuis des mois. C’était un secret de polichinelle. Même Johnny, le perroquet du voisin répétait sans cesse la chanson : « À feu ! À sang ! Nous voulons la tête de SE Barundi1». L’hymne des ogres avait remplacé celui de l’unité…

La tension était palpable, largement au-dessus de la moyenne. Les cœurs battaient à la cadence des pas militaires, à la vitesse des « je-m’en-fous »2, au rythme des crépitements de balles, répondant aussi aux détonations des grenades. Les battements cardiaques étaient en parfaite harmonie avec les obus qui passaient au-dessus de nos toits. Aucun oiseau ne chantait ce matin-là. Ils étaient pourtant nombreux à traverser le ciel la veille, dans la soirée. Ils avaient quitté le delta de la Rusizi pour s’abreuvaient ailleurs parce que l’eau était souillée. Et pourtant ils adoraient faire le touriste à cet endroit. Les hirondelles3 qui faisaient la pluie et le beau temps de tout le peuple s’étaient réfugiés dans un silence de cimetière.

Il était interdit de sortir son nez dehors. Quand il était long on l’aplatissait et quand il était aplati on l’allongeait. C’était la raison pour laquelle personne ne sortait chercher les haricots pour les enfants ou de l’herbe pour les lapins. Tout le monde avait peur de l’inconnu. On ne savait pas si une machette, une serpette, une houe, une balle perdue d’une mitrailleuse ou une kalachnikov bien garnie allaient nous accueillir à la sortie.

Ma terre-mère était en feu. Le voisin pleurait. Mais on ne pouvait voir ses larmes qui s’asséchaient aussitôt grâce la chaleur que dégageait le feu. La fumée épaisse aveuglait tout le monde au point qu’aujourd’hui personne ne peut raconter avec exactitude ce qui est arrivé au voisin. « Il a disparu dans la fumée, emporté par les évènements. » Les rivières en sang et pleines de cadavres avaient fait le bonheur des poissons et des crocodiles. Elles offraient un paysage apocalyptique du pays. Gustave, le géant crocodile, et sérieux témoin n’est plus pour passer à la barre. Comme lui, des témoins et certains ogres disparaissent sous le poids de l’âge. Ils ne viendront jamais nous dire combien de vies, ils ont ôtées…

1 Littéralement c’est le père des Burundais. Le chef de l’État.
2 Des jeeps militaires.
3 le surnom de l’équipe nationale du Burundi


#BAD2014 : une pilule facile à avaler, le sort des Pygmées

L’histoire lointaine du continent africain nous apprend que les premiers habitants de l’Afrique équatoriale sont les pygmées. Mais aujourd’hui la destinée de cette population autochtone est entre les mains des dominants bantous. Quelle place occupent-ils dans le paysage politique, social et culturel des États?

crédit photo : www.edirisa.org
crédit photo : www.edirisa.org

Les Pygmées ont été réduits presque à l’esclavage dans certaines régions d’Afrique. Leurs semblables humains se sont transformés en prédateurs les obligeant à fuir. Aujourd’hui, ils sont menacés d’extinction. Vivant essentiellement de la cueillette et de la chasse, cette population voit chaque jour se réduire son espace vital. Les États concernés ne se soucient pas de leur sort. La plupart réfugiés dans les forêts voient l’homme « moderne et civilisé » sans scrupules les poursuivre jusqu’à leur dernier retranchement, la forêt. La forêt qui est à la fois un supermarché et une pharmacie à ciel ouvert, se réduit chaque jour sous leurs yeux.

La convention relative aux peuples indigènes et tribaux (1989) et la déclaration sur les droits des peuples autochtones (2007) ne sont pas efficaces puisqu’elles sont, dans la pratique, constamment violées et dépourvues de sanctions palpables.

Le Burundi et sa Constitution ambiguë

Certains États, à l’instar du Burundi, ont pris des mesures plus ou moins louables dans la promotion des peuples autochtones, mais le chemin reste encore très long. Les Twa, peuple pygmée du Burundi, trouvent leur compte dans la gestion de la chose publique. Quoi qu’il en soit, les mesures prises ne répondent pas aux exigences du principe d’égalité.

Ce qui est qualifié d’avancée n’est qu’une goutte dans un océan des problèmes. Dans un pays où la forêt n’existe pas, les Pygmées du Burundi ont appris à se sédentariser. Ceux qui ne le sont pas encore, le gouvernement les encourage à le devenir en leur octroyant des terres cultivables, chose qu’ils n’ont jamais possédée. La poterie reste leur activité principale. La Constitution de la République du Burundi fortement greffée de l’accord d’Arusha, a réservé quelques places à la communauté Twa au parlement où ils sont cooptés.

Pour ce qui est de l’exécutif quelle que soit l’interprétation à donner à l’article 129 de la Constitution l’exécutif reste exclusivement une affaire de Hutu et deTutsi.
Article 129

« Le gouvernement est ouvert à toutes les composantes ethniques. Il comprend au plus 60 % de ministres et de vice-ministres hutu et au plus 40 % de ministres et de vice-ministres tutsi… »

Tout en admettant que l’exécutif soit composé de Hutu, Tutsi et Twa, s ’il est à 99 % composé de Twa, les Hutu et les Tutsi se partageront le 1 % restant à hauteur de 60  % et 40 %. Ce qui est improbable quand on connaît réellement les appétits des uns et des autres pour le gâteau Burundi. La réalité sociopolitique du pays me pousse à affirmer que les Hutu et les Tutsi se sont partagé « constitutionnellement » le pouvoir en excluant toute une communauté.


A la paix

colombe-paix-Aujourd’hui je prends la peine de t’écrire. Ce n’est pas avec un grand plaisir que je le fais. Mais avec un cœur qui ne supporte pas du tout ton absence à certains lieux. Ce vide que tu as laissé a été fatal pour la Centrafrique, pour le Mali, pour la Libye, pour la Palestine, pour l’Ukraine, etc.
Je trouve que tu es parfois égoïste et sans pitié. Je ne sais pas comment tu fais pour être comme un diamant. Tu as un cœur dur comme un diamant, tout le monde te veut comme un diamant et tu es aussi rare qu’un diamant en Palestine. As-tu autant peur de ces hommes qui te détestent pour te réfugier ailleurs?
Personne ne connait ton adresse exacte toi qui règnes un peu partout. Tu règnes en France, aux USA, en Australie… comme une reine. Mais où trouver ta résidence, ton château ? As-tu peur d’un complot de Boko Haram pour quitter le Nigeria ? Crains-tu l’État islamique pour quitter l’Irak et te fondre dans le silence?
Ces mots ne te parviendront certainement pas. Mais je veux que tu te répandes sur toute la terre. Règne en Centrafrique, règne en République Démocratique du Congo, règne en Palestine, règne en Ukraine, règne en Afghanistan règne en Irak, règne au Mali, règne en Libye et règne aussi chez moi, au Burundi. Étends ton pouvoir sur tous les territoires. Prends possession des terres arides comme fertiles. Règne en maitre.
Si tu passes ton temps sur internet, tu trouveras peut-être ces mots en ton nom. Alors règne !


L’Afrique des Grands Lacs ou le désenchantement

On pouvait espérer mieux pour nos « bébés démocraties », mais ils sont morts presque dès leur naissance. Les seigneurs qui dirigent notre contrée en ont décidé autrement. L’immaturité politique de certains gouvernants serait-elle à la base de ces décès ? Pendant que la mayonnaise prenait, ils étranglaient chaque bébé avec son propre cordon ombilical : la Constitution.

Nos seigneurs sont intelligents même quand ils ne le sont pas, ils sont entourés d’hommes intelligents. Ils mettent sur pied une panoplie de stratégies pour justifier la macabre démarche. Certains ont échoué. Mais leurs espoirs ne se sont pas pour autant estompés. Il y avait au départ une brèche. Prévue ? Cette brèche est une sorte de plan B qu’il faut forcer, agrandir parce qu’il débouchera sur la même voie que l’autre, un troisième mandat. En attendant la réforme constitutionnelle pour l’éternité.

D’autres encore, sans scrupules, crient à haute voix même à ceux qui ne veulent pas les entendre que la Constitution en vigueur ne répond plus aux besoins actuels, qu’elle a été maintes fois violée et qu’elle est issue de la belligérance. Il y a une Constitution adaptée pour la paix et une autre pendant la guerre, si on devait s’en tenir à cette analyse aussi superficielle que ridicule. Enfin un bon travail pour cet intellectuel. Ces conseillers savent tourner leurs méninges pour le « peuple ». Joli boulot n’est-ce pas ?

Il y a aussi ceux qui se taisent. Ceux qui n’ont pas besoin de provoquer la population en mesurant sa tension. Ceux qui ne peuvent pas se soucier de la réaction du peuple moins encore celle de l’opposition. Ceux qui n’ont pas besoin de savoir si la tension monterait ou descendrait. Ce peuple sait depuis longtemps qu’il n’y a tout simplement pas de successeur pour le chef. Dans ce pays-là c’est « ce que chef veut, peuple veut et Dieu approuve. » La volonté du chef c’est la volonté du peuple. C’est le pouvoir du chef pour le peuple.

La région des Grands Lacs est certainement celle où on n’apprend rien de l’histoire. J’ai l’impression de vivre un cauchemar qui se situe autour des années 90. Les mêmes démons refont surface (opposition muselée ou forcée à l’exil. Activistes emprisonnés, intimidés ou assassinés). Certaines histoires paraissent comme tirées d’une fiction. L’originalité est que ceux qui luttaient contre les pouvoirs autoritaires dans les années 90 sont apparemment atteints du même virus que les « dictateurs  » d’hier et qu’en plus de ce virus un symptôme les caractérise, l’amnésie.

La sagesse populaire nous apprend que les mêmes maux produisent les mêmes effets ! Faisons attention oh! On peut changer de Constitution au Burkina Faso, forcer un troisième mandat au Sénégal, mais le faire dans la région remettrait à néant tous les acquis, surtout la fragile paix qui semble régner.

Hé mon Dieu, Tu as des sérieux concurrents. Si seulement Tu délègues Ton pouvoir, comme Tu l’as fait pour Tes prophètes à l’un d’eux, il Te déposera du trône.


Ma vendeuse de fruits

 

Elles ont choisi de rester après l’incendie du marché central de Bujumbura. Elles; ce sont certaines femmes, généralement vendeuses des fruits et légumes, qui ont continué à exercer leur métier aux alentours de cet ancien marché.

La police qui use parfois de la violence ne leur fait pas de cadeau, elle détruit tout à son passage. Mais celles qui parviennent à échapper avec leurs marchandises jouent, avec la police tout le long de la journée, « au chat et à la souris ».

Avec un capital de moins de 20 000 francs burundais (moins de 10 euros), elles se lèvent très tôt (4 h du matin), pour aller se procurer les fruits ou légumes à 50 voire 80 kilomètres de Bujumbura. Ensuite elles reviennent les écouler au centre-ville. Elles n’hésitent pas à braver la police. Toutes les histoires autour d’elles sont extraordinaires. Le courage et la persévérance de ces femmes m’avaient inspiré un texte. En voici un extrait.

Elle se lève très tôt le matin défiant le sommeil,
Se hâtant d’arriver à destination avant le soleil.
Elle court perdant ses gracieuses formes.
Mourir ou survivre, elle connait par cœur, la norme.

Elle gagne toujours ses courses.
Quand la police la pourchasse, elle fonce.
Elle sprinte atteignant vitesse de la lumière.
Même Usain Bolt ne fera pas le poids, lui l’homme éclair.

 


Lamentations

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Ce petit texte est dédié à tous ceux qui vivent d’une manière ou d’une autre les injustices sur cette terre des hommes. Ce n’est pas une malédiction proférée à nos bourreaux. C’est juste ce genre de paroles qui nous viennent à l’instant T quand une injustice se commet à notre égard ou à l’égard de nos semblables et qu’elle touche notre sensibilité.

Mon sang refroidira ce bitume chaud.

Celui-là même qui a épuisé les dernières forces de mes tripes.

Qui sont ceux qui ont mordu aux fruits de mon labeur ?

Ma sueur s’évaporera,

S’envolera telle une fumée,

Bravera la pesanteur,

S’élèvera au-dessus de leurs têtes,

Formera un nuage gris,

Suivra une pluie de grêles

Qui détruira tout ce qu’ils possèdent.

Pourquoi vous êtes-vous nourris de mon blé ?

Les fruits de mon labeur volés,

Croyiez-vous étancher votre soif de nuire ?

Chacun de ces fruits assèchera davantage vos gorges,

Troublera votre semblant de quiétude,

Bouchera vos veines,

Ensuite vous étouffera.

En dernier ressort,

Vous prononcerez mon nom

 En guise d’adieu.

 


Antoine Gakeme et son parcours

Spécialiste du 800m, Antoine Gakeme est aujourd’hui la figure masculine sur qui reposent les espoirs de tout un pays. Antoine 2

Classé 10ème aux derniers Championnats du Monde d’athlétisme à Moscou en Russie, Antoine compte marquer les esprits cette année aux 19èmes Championnats d’Afrique d’Athlétisme qui se tiendront du 10 au 14 aout à Marrakech, au Maroc.  « À défaut d’une médaille, j’améliorerai mon chrono. Je m’entraine durement  pour qu’on joue le Burundi Bwacu (l’hymne nationale du Burundi) au Maroc. »

Natif de Musongati dans la province de Rutana, Antoine porte déjà très tôt le nom d’un des plus grands athlètes burundais « Comme un présage, on me surnommait déjà Nkazamyampi, à l’école primaire ! » Cet athlète hors pair voit en son ancien directeur du lycée Nzosaba Clément qui fut aussi son entraineur, son véritable mentor « il a été le premier qui a cru en moi. »

Ses débuts et son ascension

Il se fait remarquer pour la première fois en une compétition nationale en 2008 où il représentera Gitega lors des championnats nationaux d’athlétisme inter-scolaire. Il obtiendra la 2ème place sur 800m. Une place synonyme de qualification pour les championnats d’athlétisme inter-scolaire de la Communauté Est-Africaine organisés au Rwanda. Il échouera au pied du podium « j’avais quand même amélioré mon chrono de deux secondes passant de 1’ 55’’ à  1’ 53’’ », reconnaissant que la qualité de la piste y était pour quelque chose dans sa performance.

C’est lors de sa participation à l’édition suivante des mêmes championnats inter-scolaires  qu’il intéressera le club de la police nationale, Rukinzo. Remportant au passage la finale du 800 m. C’est le début de l’ascension jusqu’à faire sensation à Moscou aux derniers mondiaux. A Moscou, il bat ses records personnels à chacune de ses sorties mais au prix des contrôles anti-dopage intempestifs.  « Les journalistes du monde entier voulait me voir, il voulait savoir où je m’entrainais et j’étais tout le temps contrôlé » , renchérit l’homme qui prend pour idole, Vénuste Niyongabo. Il quittera Gitega pour s’installer à Bujumbura où il sera pris en charge par Rukinzo pour intégrer plus tard Muzinga, le club de militaire.

Le foot fut, dès ses premières années, son sport favori. « Quand j’avais le ballon je courais droit au but  mais j’avoue qu’on me reprochait souvent de laisser le ballon derrière à cause de ma vitesse de course », esquissant un sourire dont il détient le secret. Il a depuis définitivement mis une croix à la pratique du foot après une blessure qui a failli lui couter son bassin.

Antoine, l’officier militaire, l’étudiant et l’athlète

Il est dit qu’on ne peut pas poursuivre deux lièvres à la fois mais Gakeme est une exception à cette règle et il fait mieux. Il poursuit trois lièvres. Antoine est un officier militaire en formation à l’institut supérieur des cadres militaires mais il est aussi étudiant à l’université du Burundi  « J’ai validé mon premier semestre et j’attends les résultats du second semestre. Tout cela au prix des compétitions internationales que j’ai annulé.»

Quand il est question des choix, Antoine sait faire la part des choses. En 2012, il décide d’annuler sa participation aux 18èmes  Championnats d’Afrique d’athlétisme à Porto-Novo au Bénin. La formation militaire intensive l’avait épuisé  « J’avais des blessures partout. J’avais préféré passer toute l’année au repos sans compétitions ni entrainements.»

Les hauts et les bats

L’homme c’est aussi son histoire. Très  largement satisfait de son parcours, Gakeme a connu des périodes noires. « J’ai deux grands regrets. Mon premier c’est en rapport avec les jeux Africains à Maputo en 2011  au Mozambique* alors que je m’entrainais trois fois par jour. Mon deuxième regret est ma crise de malaria à Nice lors des jeux de la francophonie.»

Son meilleur souvenir reste sa performance à Moscou aux mondiaux d’athlétisme. « Je suis arrivé en étant le dernier. J’étais le 56ème sur 56 compétiteurs  et  j’avais frôlé la qualification pour finale en finissant 10ème.» Mais sa plus grande sensation émotionnelle fut le jour où il lui avait été remis, pour la première fois, des équipements aux couleurs nationales.

Lors de sa deuxième participation aux championnats nationaux inter-scolaire, le bus qui ramenait les athlètes de Gitega pour Bujumbura avait connu un accident. Tous les autres athlètes étaient blessés et avaient déclaré forfait, sauf lui. Il remportera la première place de la finale du 800 m. « Pour moi, il ne fallait partir sans remplir son devoir et il fallait réconforter mes amis par une participation. Gloire à Dieu, la victoire était au bout.»

 

*Le Burundi avait déclaré forfait pour Maputo.

 

 


Des prisonniers en ville

Un policier et son prisonnier à Bujumbura
Un policier et son prisonnier à Bujumbura

Il n’est pas rare, à Bujumbura, de faire une rencontre inattendue avec des hommes en vert. Il est possible d’apercevoir le contraste des bleus (policier burundais) à côté des verts (couleur de la tenue des prisonniers) tout le long d’une journée. Cette catégorie de personnes n’est pas celle qui arbore volontairement le vert dit de la « honte » tous les vendredis en soutien à l’activiste burundais des droits de l’homme, Pierre Claver Mbonimpa. Cette catégorie de personnes est celle qui purge des peines de servitudes pénales. Ce sont des prisonniers en provenance de la célébrissime prison de Mpimba à Bujumbura. La plupart d’entre eux se rendent auprès des médecins pour une consultation ou pour des soins curatifs d’une quelconque maladie.

Ce défilé des prisonniers les longs des principales artères de la capitale ne semble visiblement pas inquiéter les habitants de Bujumbura. Pour certains, il s’agirait de détenus en fin de peine. Pour d’autres encore, ces hommes en vert ne représentent aucun danger du fait que la plupart d’entre eux ont commis de petits crimes, voire des délits. On constate que ces prisonniers sont légèrement accompagnés. Un seul policier est commis à la sécurité ou la surveillance d’un prisonnier. Ces prisonniers se permettent de saluer des amis sur leur passage sans problème.

 

Ville de Bujumbura
Ville de Bujumbura

Quelques questions peuvent être posées. Ne pourraient-ils un jour pas envisager des évasions à la suite de ces sorties ? Quel est réellement le niveau de dangerosité que représentent ces prisonniers ? À ces questions aucune réponse. Mieux vaut se taire en ce temps où le vert n’est pas le bienvenu et pourtant c’est une des couleurs du drapeau national.

 

#Vendredivert


Le mendiant

J’arbore les couleurs de la misère. C’est le blanc qui devient brun à force d’embrasser la poussière. Une poussière soulevée par les voitures, par des promeneurs dont certains secouent la terre pour un but, maintenir la bonne santé. Pendant que moi je la détruis en parcourant des kilomètres à la ronde, à la recherche d’un but. Que mon estomac joue son rôle. Que mon cœur continue à battre. Que je profite de la fraîcheur du Tanganyika tant qu’à certains endroits, les indésirables comme moi y ont encore accès. Que je profite de la gratuité des rayons de soleil. Que j’entende au loin les tambours battre. Que j’applaudisse à chaque passage du président. Bref, que je feigne de vivre.

J’arbore ce brun de la misère, celui de la poussière dont certains s’en débarrassent aussitôt le matin venu, avec une eau claire et propre pour leurs voitures ou d’un coup de brosse avec un peu cirage pour faire briller leurs souliers. Moi je trempe mes couleurs dans ces rivières boueuses : la Kanyosha, la Muha, la Ntahangwa.

Je serpente les sentiers du quotidien sans laisser de trace tel un oiseau dans le ciel. Je passe inaperçu et pourtant je passe tous les jours au même endroit où je reproduis les mêmes gestes pour qu’un regard me fixe, pour qu’un sourire croise mon front où est écrit « voici le fils de la misère ».

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Le monde me rend invisible parce que personne ne veut me voir salir leurs trottoirs, polluer l’air qu’il respire parce que je transpire la souffrance. Je pleure toujours en silence.
Des insolentes larmes brouillent ma vue. J’ai peur d’avancer au risque d’effleurer cet enfant si propre à qui sa mère demande d’avancer rapidement parce que je pue tous les vices. Parce que, pour eux, je ne suis qu’un petit voleur.

Ma voix ne se vend pas à prix d’or :

– « Msaada»*

« Kingorongoro »* ma récompense. Je vous chante tous les jours l’hymne de ma nation, de ma patrie : « Ndashonje »*.

 

*Msaada : aide (swahili)

*Kingorongoro : piece de monnaie (kirundi)

*Ndashonje : J’ai faim (kirundi)


Ban Ki-Moon « Lorsqu’elle perd son mari, la femme ne devrait pas perdre ses droits »

La région des grands lacs a été celle où les plus graves crimes contre l’humanité se sont commis après la Deuxième Guerre Mondiale. Les guerres fratricides qui ont secoué tour à tour le Burundi, le Rwanda, la République Démocratique du Congo n’ont pas épargné la femme. Comme des millions de vies emportées, elles ont laissé derrière elles une désolation sans nom. Les plus graves séquelles qui ne peuvent malheureusement pas disparaitre du jour au lendemain font encore l’actualité dans cette région du monde (viol, massacre, bande armée…).

Ces guerres n’ont non seulement pas décimé des populations entières, mais elles ont aussi engendré d’autres populations condamnées à vivre avec une douleur presque éternelle. Elles ont donné naissance aux orphelins, aux veuves, aux séropositifs…

Au Burundi, la veuve mène une vie très précaire surtout dans les milieux ruraux (80% de la population burundaise vit dans la campagne). La femme burundaise ne peut hériter de la terre puisque c’est toujours la coutume qui régit les régimes matrimoniaux. La veuve, elle voit son malheur s’amplifier après la mort de son conjoint ne sachant pas à quelle porte frapper. Pire seraient des situations où elle n’avait pas conçu d’enfants, où les enfants seraient décédés. Cette date devrait amener plus d’un à réfléchir sur la question afin d’avoir plus ou moins une société égalitaire.

La journée du 23 juin est dédiée aux veuves. Elle célébrée depuis 2011 grâce à la première Dame du Gabon, Sylvia Bongo. Le Gabon a porté aux Nations Unies un projet de résolution qui a été adopté par l’Assemblée Générale des Nations- Unies le 21 décembre 2010. Par cette journée, la communauté internationale s’engage à accorder une attention particulière à la situation des veuves dans le monde

« Lorsqu’elle perd son mari, la femme ne devrait pas perdre ses droits Pourtant, 115 millions de veuves vivent dans la pauvreté et 81 millions ont été victimes de violences physiques. Les filles mariées à des hommes beaucoup plus âgés sont particulièrement vulnérables. » Ban Ki-Moon, Secrétaire général de l’ONU.


Le rêve impossible : Et si NKURUNZIZA était la solution ?

Déçu par les résultats de notre équipe nationale senior de football, je me permets de proposer une solution plus ou moins radicale et qui se révèle pratiquement impossible à réaliser. Mais comme il est permit de rêver parfois, rêvons !

A l’heure de la grande fête mondiale de football où les yeux des amoureux du ballon rond sont braqués vers le Brésil, l’équipe nationale Burundaise des moins de 17 ans qui devrait croiser les bottines à l’équipe correspondante de la République Démocratique du Congo, se retire des éliminatoires de la CAN U-17.

L’équipe nationale senior est déjà out pour la CAN 2015 qui se déroulera au Maroc. Éliminés par le Botswana au premier tour des préliminaires des éliminatoires de la CAN 2015, les hirondelles avaient produit du bon jeu. Le score était nul et vierge à Bujumbura. Ce qui ne laissait pas présager une qualification au match retour en terre Botswanaise. Il fallait peut-être compter sur le facteur « chance » et comme on le dit si bien chaque jour n’est pas dimanche. Les chances sont aussi faites pour les autres. Le Burundi qui court toujours derrière une première qualification à une phase finale d’une Coupe d’Afrique des Nations (CAN) a échoué trop tôt. La faute aux attaquants. L’élimination des U-20 face aux lionceaux du Cameroun est aussi à prendre en considération.

Ceux qui se déplacent au stade pour encourager nos équipes nationales savent que le bon jeu est presque toujours au rendez-vous mais seule la réussite devant les buts manque encore. Ce qui compte dans un match de football, ce sont des victoires. Il manque à ces équipes des vrais renards de surface, comme on le dit.

Les défenses ont toujours été solides. Les exemples sont légions. Devant l’armada offensive ivoirienne, l’équipe senior n’avait encaissé qu’un seul but à Bujumbura (éliminatoires CAN 2012). Sans oublier d’autres exploits notamment celui face aux pharaons d’Égypte de l’époque.

Après ces nombreux échecs, le constat est que notre équipe nationale a un déficit au niveau offensif. Pourtant nous avons un attaquant redoutable, notre Président de la République. Les atouts ne lui  manquent pas. Les chiffres aussi plaident en sa faveur. Meilleur joueur et buteur avec son équipe Halleluya FC, Pierre NKURUNZIZA ne serait-il pas la solution? Evo MORALES, le Président Bolivien l’a presque fait.


Tout s’apprend

J’ai assisté à une investiture présidentielle il y a quelques semaines. Prestation de serment, main gauche levée, main droite posée sur le texte fondamental. Avez-vous déjà assisté, devant une haute cour, un homme jurant d’exercer ses fonctions en respectant les réglées établies? J’ai assisté à un discours d’investiture. Ce n’était ni plus ni moins que le programme de l’heureux élu. Comme des vrais chefs d’État les étudiants congolais du Burundi rivalisent d’imagination lors des investitures de leurs représentants.

 Il ne faut pas attendre tous les cinq ans au Burundi pour assister à une investiture. Chaque année les étudiants congolais des universités du Burundi organisent des élections. L’élection estudiantine est la copie conforme d’une élection d’un chef d’État. C’est le copier-coller du fonctionnement d’un État à régime présidentiel mais sans parlement avec en sa tête un président un vice-président ainsi qu’un gouvernement. Des statuts en guise de constitution et le règlement d’ordre intérieur ressemblant fortement à une loi organique

Du dépôt des candidatures passant par la campagne à battre jusqu’à la proclamation des résultats rien n’échappe à une organisation. Il est institué une commission électorale ad hoc au sein de la communauté avec en sa tête un président et des membres. Tous les ingrédients d’une campagne y sont : affichage des portraits des candidats, une campagne électorale où tous les coups sont permis, achat de vote comme achat de conscience, de l’argent qui coule à flots. Tous les coups sont permis. Comme pour dire que tout s’apprend dès le jeune âge !

 


De Cadillac à Cadulac

Les articles made in china aux noms des marques connues ou avec des noms qui s’apparentent à elles, sont toujours les bienvenus au Burundi. Des Nokia devenant Okia, des Samsung devenant Samkung, tout passe. L’article s’achète sans hésitation pour autant qu’il réponde à l’usage qui lui est destiné.

Cadulac

Pour une fois dans l’histoire de l’art de l’à-peu-près-la-marque, un burundais devance un chinois. Ne devrions-nous pas en être fiers? Du moment où sur les routes de Bujumbura on ne peut apercevoir une Cadillac made in USA, sur le Tanganyika il y a une Cadulac made in Burundi. 

Ce burundais a eu la bonne et ingénieuse idée, de se faire de l’argent en se construisant sa barque, une Cadulac (il n’y en a qu’une seule pour le moment). La petite balade sur le Tanganyika au bord de sa barque est payante. A vos poches ! Comme moi, vous n’aurez peut-être jamais la chance de monter dans une Cadillac mais grâce à lui vous avez la chance de monter à bord de sa réplique marine, la Cadulac.