Alain Amrah Horutanga

Pas de noms pour nos avenues

Dans une ville où les quartiers sont plutôt énumérés que nommés (quartier 1, 2, etc.), les avenues aussi ne font pas exception. Quand bien même les quartiers sont nommés, ils ont en commun le même nom. Pour les distinguer on y ajoute un numéro comme pour les rois et les papes (Nyakabiga 1, 2, etc.).

rue deux

La ville de Bujumbura a une caractéristique particulière, soit les avenues portent des noms des mois de l’année (en français ou en kirundi), soit les jours de la semaine, mais pas toutes. Certaines avenues sont à l’image de l’histoire moderne du pays qui est exponentiellement marquée par la politique au point d’offusquer d’autres domaines de la vie d’un Etat. On ne peut pas rencontrer une avenue au nom d’une personnalité culturelle par exemple. Il est très aisé de se retrouver sur des avenues portant des noms des politiques que sur une avenue dédiée à un éminent professeur. Et même pour les politiques l’histoire nous rattrape. L’ancien parti unique, l’Uprona (Union pour le progrès national) s’est taillé la part du lion dans ce domaine (Mayugi, Nge5dadumwe…). On retrouve même certaines avenues portant les noms de ses organes, (JRR…).

La cité biblique

Les nouveaux quartiers à l’instar de Kinanira 4, ont vu leurs avenues portaient des noms. Mais cette fois il y a une nouveauté, une innovation. Il n’y a plus de première ou deuxième avenue à Kinanira 4 par exemple. Mieux que d’autres, ses avenues ont une spécificité, elles ont une saveur religieuse. Dans ce tout nouveau quartier, on se croirait dans la Bible. Les noms des avenues sont tirés de la Bible. Les lieux comme les personnages bibliques ont une autre vie à Bujumbura. Ainsi il existe une avenue Galilée, à Bujumbura et non pas à Nazareth, avenue Sinaï…

rue

La nouveauté

Dans cette même logique, l’autorité burundaise n’a pas manqué échapper à l’effet de mode en rappelant que nous sommes dans la communauté est-africaine, l’anglais est présent. David n’est pas seul, il est accompagné de son titre de roi, en anglais : King David. Salomon est aussi précédé de King. Ce qui a retenu toute mon attention dans l’appellation de cette avenue est la grosse erreur qui s’est glissée peut-être que c’est du franglais. Je crois que c’est « King Solomon » et pas « King Salomon ». Qu’en pensez-vous?

Qui est celui qui attribue des noms à nos avenues ?


Mon univers cité : la victoire ?

Le ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique a, pour la énième fois, prolongé les délais des réinscriptions. Doit-on comprendre par ces prolongations répétitives un aveu de faiblesse ou une probable victoire des étudiants ? Le gouvernement fléchira-t-il enfin?

Malgré les menaces de sanctions brandies par le ministre lors de sa dernière sortie médiatique, les étudiants des universités publiques ont fait la sourde oreille en ne répondant tout simplement pas à l’appel de cette autorité gouvernementale.

Selon certains poillissimes, le ministre aurait presenté sa demission ensuite  refusée pour la simple que le Président de la République n’est pas au pays (à confirmer).


Mon univers cité: tous dehors

Le ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique avait pris, en date du 13 Mars, la décision de renvoyer tous les étudiants des universités publiques chez eux annulant en même temps leurs inscriptions. Une décision prise par le ministre en réponse à la grève déclenchée par ces mêmes étudiants. Par cette grève, les étudiants manifestaient leur mécontentement après le décret présidentiel réorganisant l’octroi de la bourse.

Ce 14 mars date à laquelle les étudiants devraient vider le campus, je passais voir certains amis qui faisaient leurs valises. Je ne préfère pas reporter le contenu de la conversation mais sachez que c’était triste. Imaginez quelle voix peut avoir une personne qui n’a pas de famille dans la capitale, à qui on donne quinze heures pour vider le lieu ne sachant pas chez qui demander refuge. Imaginez aussi le discours qu’il peut vous tenir.

Restaurant
Il est 12h30, ce lieu est en temps normal noir de monde. Mais ce 14 mars, on pouvait entendre même une feuille morte qui tombait.

En allant jeter un coup d’œil sur la valve où était affiché ce décret, j’ai compris ce que pouvait ressentir certains étudiants. S’ils avaient le pouvoir de jeter un sort (un AVC par exemple) sur certaines personnes, ils l’auraient fait sans doute.

A vous de juger par ces images de notre cher décret en torchon où il était bon de chier dessus que de lire son contenu.

Pas possible
Ce « pas possible » est un exemple palpable d’indignation. Il s’agit de la copie du décret affiché à la faculté des lettres de l’université du Burundi.

Ce « pas possible » est un exemple palpable d’indignation. Il s’agit de la copie du décret affiché à la faculté des lettres de l’université du Burundi.
Ce « mauvais » est un autre exemple d’indignation. Il s’agit toujours de la copie du décret affiché à la faculté des lettres de l’université du Burundi.
Imigambi yanyu
« Cette décision n’engage que son auteur » c’est ce qu’on peut comprendre, sauf que l’auteur n’est pas n’importe qui.


Quand les Etats-Unis baisent le Burundi sur un SOFA pour des millions !

 Je ne savais pas du tout ce que SOFA signifiait. Les choses se sont clarifiées au fil du temps. J’ai fini par comprendre que c’était un accord militaire permettant aux Etats-Unis de déployer des forces armées dans un pays étranger. Je ne pouvais penser que ce genre d’accord existait. Mais une question m’est venue à l’esprit : et si un jour on leur demandait la pareille, ils nous l’offriraient . Des Burundais débarquant à Hawaï avec le même type d’accord. Même dix mille ans après, cette hypothèse se caserait toujours dans le domaine de l’impossible, j’en suis sûr. Certains voient en cet accord un retour en arrière, une forme déguisée de la colonisation et surtout l’ébranlement de la souveraineté du Burundi. Oh ! Le Prince Louis Rwagasoré devrait se retourner dans sa tombe. S’il y a moyen, que son fantôme plane sur cet accord. On peut ainsi résumer le sentiment de certains Burundais. Pays vendu à quelques millions ? Certains le pensent forcément. Mais il n’y a rien d’alarmant. Ce genre d’accord existe et ce n’est peut-être pas le Burundi qu’on vise ! Retenons notre souffle et… regardons à côté de nous (la République démocratique du Congo, très riche et instable ou encore la Tanzanie, au nom de lutte antiterrorisme). La guerre des influences ? Il y a la Chine qui quadrille le Soudan du Sud aussi. Ceux qui s’intéressent à la géopolitique, à la stratégie… nous monterons sûrement des théories, mais à la fin ce sont eux, les Américains, qui sortent toujours vainqueurs. C’est comme ça même dans les films.

Qu’est-ce qu’un SOFA ?

Status Of forces Agreement, en toutes lettres. D’après ce que j’ai compris, un SOFA est une entente juridique entre deux pays dont l’un demande à établir des troupes militaires sur le territoire de l’autre. Il se concentre particulièrement sur les problèmes juridiques visant les activités des personnels militaires et leurs biens.

C’est bien la question juridique qui pose problème dans ce cas. De l’avis de certains médias, c’est une première dans l’histoire des SOFA qu’un accord de ce genre se passe entre deux Etats. Même étant faible, on ne peut pas se rabaisser jusqu’à ce niveau-là. Voici donc certaines dispositions de cet accord.

C’est comme si des super hommes débarquaient chez dénigrant votre justice, votre souveraineté, vos institutions, votre autorité sur tes propres possessions. Ce qui nous rappelle la colonisation où il y avait des lois pour les Blancs, différentes de celles réservées aux indigènes et que même la compétence des juridictions avait une couleur. Mais cette fois la compétence prend la marque du drapeau étoilé. « Ce qui ne s’achète pas avec de l’argent s’achète avec beaucoup d’argent » disaient les Guignols. Il est encore plus facile de soudoyer l’affamé, mais un jour il  rassasiera et quand il aura acquis des forces,  il voudra remplacer à sa table la Primus par le vin et il sera gourmand de plus en plus jusqu’à mordre la main de celui qui le nourrissait.


Une école pas comme les autres


Deux grandes réformes ont vu le jour dans l’espace éducatif Burundais aussi bien dans l’enseignement supérieur que primaire. Les études supérieures ont pris la forme LMD  (Licence, Master et Doctorat), l’école primaire est passée de 6 ans à 9 ans en adoptant pour qualificatif « Fondamentale ». Aujourd’hui on parle de l’école fondamentale pour designer l’ancienne école primaire.

Certaines personnalités avaient salué ces mesures pendant que d’autres les avaient fustigées parce qu’il n’était pas temps. Pour certains esprits avisés, l’insuffisance des moyens plaidait plutôt pour un renvoi (aux calendes grecques ?) parce que notre pays est très pauvre et ce depuis 1962, année de l’indépendance. D’ailleurs la pauvreté c’est notre marque de richesse si je m’en remets encore aux propos de nos dirigeants. Il fallait construire de nouvelles salles de classe.

Et moi dans cela ? Rien. Je n’avais ni critique, ni éloge pour ces réformes. Je suis le peuple donc je subis. Je ne suis pas l’inventeur de « parfois les images parlent un peu plus que les mots ». Il suffit  alors de voir de vous-même les images qui suivront pour comprendre le pourquoi de ce billet et prenez votre temps.

Dans la commune de Musaga près du lycée municipal, à la première avenue, se trouve une école primaire ou fondamentale aujourd’hui et dont le nom m’échappe encore. Peu importe. Il y a un temps, par amour pour les belles images que nous offre le pays, j’avais voulu raconter cette première année fondamentale de l’école fondamentale sur ce blog. L’école m’avait intrigué et non pas pour son architecture mais plus que cela, la concentration des écoliers. A voir cette image ci-dessous vous vous poserez surement la même question que moi.

Ecole fondamentale

 Un mois après la rentrée scolaire donc au mois d’octobre voici ce qu’elle était.

Comment peut-on étudier dans de telles conditions ? Un massacre collectif pour une partie de l’avenir de demain, la jeunesse. L’extérieur s’offre directement à l’écolier d’où il apprend à reconnaître les klaxons de toutes les marques de voitures plutôt de d’entendre la jolie voix de sa maîtresse. La concentration devient difficile dans ce vacarme. J’allais vous épargner du décor de la scène. Mais il y a ceux qui ne connaissent pas la première avenue de Musaga. Voici comment se présente le décor :

La première avenue de Musaga est pratiquement dernier arrêt bus partant de Musaga vers le centre-ville. Trois, voire parfois quatre bus peuvent attendre quelques grosses minutes remplir au moins la moitié des places vides du véhicule sans clients. Si une personne habillée en dimanche pointe son nez, c’est la bagarre générale. Un potentiel client qu’il faut à tout prix qu’un convoyeur l’intéresse à monter dans son bus  » iyi ni salo  » ou encore  » umuntu umwe gusa » alors qu’il y a encore 15 places vides. Le client coincé entre trois convoyeurs ne sait plus quel bus prendre. Un le tirant par la main gauche et un autre s’occupant la droite mais le troisième a l’important avec lui, le sac en main ou le panier. Une scène à laquelle il faut absolument assister.

À côté de cette école il y a aussi un débit de boisson et en face un studio de copiage des musiques et films. Le pire est que l’école n’est pas clôturée et elle est au bord de la route à 5 m d’une des routes les plus dangereuses. Je me passe d’une possibilité d’accident de roulage qui verra un ivrogne ou pas venir percuter une classe de cette école.

Une solution a été trouvée pour ces fenêtre il fallait juste… Ça se passe sans commentaire, trois mois plus tard les images ont encore à nous raconter ! 

Ecole fondamentale

Je sais qu’il y a pire que ça ailleurs dans ce cher Burundi mais celle-ci a eu le malheur d’être plus près de moi et à la fois visible sans avoir à gravir ses milliers de collines. Ces images ont été prises en cachette avec mon téléphone dans un bus. J’adore mon pays qui protège et éduque ses filles et fils gratuitement et fondamentalement aussi.

 


Le fonceur

A tous ceux qui croient et qui sont conscients que la vie est un combat. En ce moment où se pointe 2014 et où nous sommes appelés à faire une rétrospective de l’année 2013 qui prend fin, si elle n’a pas été bonne alors ne vous découragez pas. « Tant qu’y’a la vie, y’a espoir. » Vive 2014.

En route vers la réussite, le chemin qui m’y mène est parsemé d’embûches. J’y laisse sueur, sang et larmes. La première a salé ses lacs. Ses fleuves et ses rivières laissent circuler le rouge de mon sang. Lorsque l’une des larmes tombe dans l’un de ses vastes océans de désolation, la terre et ciel s’agitent, c’est la tempête. Ses bornages qui me servent d’appuis portent mes empreintes. Son air sent mon haleine et dans ses entrailles, j’y ai laissé ma merde. Il semble que, désormais sur tous ses coins et recoins, il porte mon ADN.

coq

Tous les jours, le maître coq se moque de moi, en entonnant ce chant de malheur :

coooocooriiiiiiicoooooo.

Ce chant entonné et repris par les tous les autres animaux de son espèce me rappelle combien long est ce chemin. Je me passe de son chant et je continue mon combat. Je bouche mes oreilles tel un sourd. Mais quand ses moqueries transpercent mes tympans, elles se retraduisent en des encouragements comparables à ces chants des stades de football qui poussent les acteurs à se surpasser, à aller au-delà de leurs limites.

Mais parfois aussi, je me résigne tel un esclave enchaîné quand tout semble être contre moi. J’accepte la défaite d’une bataille tout en n’envisageant pas celle de la guerre. Esclave de mon but aussi, ce dernier m’enchaîne. Je joue au sourd quand on me dit que je n’y arriverai jamais. Je joue au muet en ne répondant que par mes actes. Les défaites m’encouragent un peu plus que les victoires. Je suis un fils, un descendant de la race des vainqueurs.


Révision constitutionnelle : si j’étais le législateur (acte 2)

Je précise d’emblée qu’il s’agit tout simplement d’une fiction montée afin répondre à la question de savoir à qui devrait profiter la révision constitutionnelle. Je respecte les institutions de l’État ainsi que sa constitution (même si je ne l’ai jamais approuvée). Je ne peux non plus prétendre avoir le droit d’initier une quelconque révision constitutionnelle. Seuls le Président de la République, l’Assemblée Nationale et le Sénat peuvent prendre une telle initiative (art. 297 de la constitution). Mais puisque la question est toujours d’actualité, parlons-en !

Comme on le sait, l’État est très puissant et ceux qui le meuvent peuvent être tentés de détourner cette puissance à des fins personnelles et oublier l’intérêt général qui doit guider son esprit d’où la présence dans des nombreux textes de certaines limites. Pour des raisons d’intérêt général toujours, on retrouve une certaine hiérarchie des textes et au sommet la Constitution qui est la loi fondamentale. La tentation de s’éterniser au pouvoir est grande chez nos dirigeants. Mettre la constitution à sa taille semble être la mode. Tout recours devant une juridiction sensée faire respecter cette loi est peine perdue. La décision est connue d’avance et est toujours en faveur de la formation politique au pouvoir. Les exemples ne manquent pas. Au pays de Lumumba, on supprimera le deuxième tour des élections présidentielles ce qui permettra au président actuel d’être réélu avec moins de 50 % des voix exprimées au premier tour. On se rappellera encore du Conseil constitutionnel ivoirien qui invalidera les résultats des élections présidentielles dans certaines circonscriptions favorables à Ouattara. Quant à notre Cour Constitutionnelle, l’invalidation des mandats de 22 députés dissidents du CNND-FDD (Conseil National pour la Défense de la Démocratie-Forces de Défense de la Démocratie) nous laisse dubitative sur son indépendance. Et dire que cette Cour devrait, peut-être et si cela se confirme, se pencher sur la question d’une probable troisième candidature de l’actuel Président de la République, ça craint.

Constitution-p
Le dialogue est aussi un deal politique

Le dialogue  réclamé par les partis de l’opposition ne sera qu’un énième rapport de force entre les politiques où chacun tirera le « drap-peuple » de son côté et à la fin, on finira par avoir des brèches permettant aux uns et aux autres, une fois au pouvoir, de nous jouer le même tour, nous le vrai peuple. Il est important de souligner que ce rapport de force nous protège aussi quelque part, mais il ne va rien résoudre parce nous peuple, nous ne participerons pas directement à ce dialogue. Un exemple frappant dans la constitution qui est le résultat d’un autre dialogue se retrouve dans la composition du Conseil Supérieur de la Magistrature, de son fonctionnement et de ses attributions qui ne peuvent en aucun cas garantir l’indépendance de la Magistrature et de surcroit, l’indépendance de la justice. Cette constitution est une œuvre issue d’un long processus de dialogue inter-burundais, mais qui s’avère être plutôt un deal politicien.
La question des quotas ethniques dans la composition du gouvernement est un autre exemple frappant et prouve ce qui est dit haut, un deal. 60% des hutus et 40% des tutsis (art. 129) comme quoi le Burundi ne comptent que des hutus et des tutsis. Tout en oubliant que l’élément commun à la base à la guerre civile et qui aboutirait au fameux accord d’Arusha était l’exclusion. Quelle place pour les minorités ?
L’œuvre humaine n’est pas parfaite et la loi fait partie de ces œuvres humaines. La constitution de 2005 qui est l’aboutissement d’un long processus de négociation à Arusha n’échappe pas aux critiques mêmes les plus acerbes.
Si j’étais législateur et soucieux du peuple, je porterais mon attention à alinéa. 3 de l’article 209, les articles 217 et 219 de la constitution. J’ajouterai une disposition interdisant toute révision qui portera atteinte à la limitation des mandats du Président de la République à l’instar de la Constitution de la République Démocratique du Congo dans son article 220.


Quelle différence y a-t-il entre le réseau de téléphonie Leo et un coiffeur de Nyakabiga ?

Quelle différence y a-t-il entre le réseau de téléphonie Leo et un coiffeur de Nyakabiga ?

Aucune du tout. Ils sont tous pareils ! Tous les deux peuvent bien renvoyer ton programme au temps de l’imparfait et l’incinérer dans royaume des Si-Je-Savais. Ce réseau tout comme le coiffeur a le mérite de bien user des Si-je-Savais parfaitement à l’imparfait qui de surcroit porte valablement son nom. Les gens adorent ce réseau au point que son slogan ne fait même pas objet de publicité « foutu réseau !». On s’attendra peut-être à un si Je-Savais accompagné de « j’aurai dû acheter une autre carte sim », pour Leo et le second à un Si-Je-Savais accompagné de j’aurai dû ne pas aller chez ce coiffeur de Nyaka (Nyaka pour les intimes). La question je la pause ainsi pour trouver un lien entre les deux. J’aurais pu dire ce qui les rapproche? Une chose certaine qui les rapproche est l’incertitude dans le chef de chacun. Pour le réseau arrivait à offrir un service sans se plaindre et pour le coiffeur de Nyaka, l’incertitude à venir à bout des cheveux sans incident majeur voire même mineur.

Tout dépend aussi de l’urgence. L’urgence en question ne m’avait pas permis de réfléchir à une chose : les coupures intempestives de l’électricité à Buja. Sans réfléchir, je traverse la route et je me dirige droit vers le salon du fameux coiffeur de Nyakabiga, très accueillant par contre et je m’installe. On me passe trois fois la tondeuse et là … coupure d’électricité. Pire, il n’y a pas de générateur et j’ai un rendez-vous à 14 h. Que faire attendre ou sortir sa tête du salon, parcourir Nyaka afin de trouver un autre salon de coiffure disposant d’un générateur ou encore se rendre à Bwiza, plus proche de Nyaka. Toutes les options avaient son côté pas joli-joli. Mais il fallait trouver la moins mauvaise. Soit accepter que le monde extérieur te considère fou en sortant avec une coiffure digne d’un fou ou soit retarder le rendez-vous. Ce côté pas joli-joli pourra entacher ma petite réputation. La deuxième option était beaucoup plus douce. Mais à ce moment où je prends cette décision le réseau me joue son tour de magie. La conclusion est simple il n’y a pas de différence entre les deux. La suite est que j’avais fini par accepter de me promener avec cette coiffure que j’ai ensuite baptisée : au gré du coiffeur et de Leo. La Regideso (entreprise publique chargée à la distribution d’eau et de l’électricité) aussi y est pour quelque chose.


Révision constitutionnelle : en route vers une démocratie à l’africaine (acte1)

 

Les pays africains ne se ressemblent pas et il n’y a rien de nouveau sous notre soleil… depuis les indépendances. Des présidents fondateurs aux présidents héritiers, l’Afrique reste égale à elle-même. Et le Burundi veut jouer dans la cour des grands.Constitution-p

« …Devant le peuple burundais, seul détenteur de la souveraineté nationale, moi, (énoncer le nom), président de la République du Burundi, je jure fidélité à la Charte de l’unité nationale, à la Constitution de la République du Burundi et à la loi et m’engage à consacrer toutes mes forces à la défense des intérêts supérieurs de la nation, à assurer l’unité nationale et la cohésion du peuple burundais, la paix et la justice sociales. Je m’engage à combattre toute idéologie et pratique de génocide et d’exclusion, à promouvoir et à défendre les droits et libertés individuels et collectifs de la personne et du citoyen, et à sauvegarder l’intégrité et l’indépendance de la République du Burundi. » art. 106 de la LOI N°1/010 DU 18 MARS 2005 PORTANT PROMULGATION DE LA CONSTITUTION DE LA RÉPUBLIQUE DU BURUNDI.

Faudrait-il goûter aux délices du pouvoir pour ne plus se souvenir de son serment et même de son combat ? Nous sommes habitués à l’hypocrisie politique qui veut que les textes soient faits pour tous, mais en réalité ils ne sont faits que pour nous petit peuple sans voie de recours, non pas pour en jouir, mais le contraire, pour subir ses effets. Rien ne peut empêcher un dirigeant africain à poursuivre son ultime objectif : l’éternité de son pouvoir.

Vers d’autres mandats ?

S’il est encore vrai que l’exception côtoie le général pour confirmer la règle, moi je préfère être dans l’exception. Dans cette dernière catégorie, très fermée, au moins on vous prend en exemple. On vous invente toutes sortes de qualificatifs pour vous rapprocher de l’idéal. Malheureusement nous tombons du mauvais côté de la règle, le général. Et pourtant notre système de cohabitation peut toujours faire des jaloux de l’autre côté de la Kanyaru. Quelle nation n’a-t-elle pas loué les montagnes des questions rasées à Arusha afin de venir à bout de cette rivalité des nez ?

Il arrive parfois que je me plaigne de l’absence du Burundi sur les médias internationaux, mais maintenant deux jours c’est trop sans que la RFI ne parle du Burundi, la BBC est devenue un média local. Il n’y a pas longtemps que les médias internationaux parlaient moins de nous parce qu’on était à la marge de la mode pendant que certains s’isolaient pour arrêter des stratégies afin d’exister et surtout d’être à la Une. On avait perdu le goût des chiffres, on n’offrait ni du sensationnel, ni des morts, ni des cannibales, il n’y avait pas de villages incendiés, des femmes violées et surtout aucune autorité étatique poursuivie par CPI (Cour pénale internationale). Il n’y avait pas coup d’État où un opportuniste capitaine se dresse en chef devant ses généraux et toutes les institutions en étant à la fois celui qui fait la loi et la loi, celui qui décide de la vie ou de la mort d’un citoyen. Mais depuis un certain temps, on commence à jouer sur le même terrain qu’eux. Je ne veux pas que mon président fasse demain la chronique de Mamane. Je ne veux pas ressembler au Cameroun, je ne veux pas être la Libye, je ne veux pas être le Congo, la Gambie. Je ne veux pas non plus être le Rwanda. Non je veux ressembler au Sénégal, au Ghana, à la Namibie…oui pour la révision constitutionnelle, mais en faveur de qui ?


Ma naissance

Ce jour-là n’était pas un jour comme les autres. Quelque chose d’inhabituel allait se produire. Des pleurs et des sourires s’étaient produits sur la même scène sans que ceux-là ne blessent personne. C’était le clou du spectacle. Un jour de début d’une histoire, de mon histoire. Un jour où la terre et le ciel avaient laissé de côté leur rivalité. Ils coalisaient, harmonisaient leurs efforts pour la réussite du produit qu’ils devaient fabriquer. Ils donnaient ainsi naissance à un spermatozoïde sans histoire dans une famille aussi sans histoire. Quand les uns sollicitaient la grâce du ciel, les autres invoquaient les noms des ancêtres. Leurs expériences étaient basées sur des faits vécus. Ils avaient tout un tas d’interdits du genre : ne pas croiser les doigts, ne pas invoquer le nom d’un ancêtre qui était peu sociable… mais il fallait faire avec. J’étais devant un très grand portail lequel j’attendais qu’il s’ouvre, soit de soi-même, soit que quelqu’un d’autre le fasse… mais pas moi. En effet, je ne savais pas ce qui se trouvait de l’autre côté du portail. Je craignais. J’avais la peur de l’inconnu. J’avais déjà attendu très longtemps que quelqu’un vienne l’ouvrir pour moi. Neuf mois exactement que j’attendais. Je ne pouvais plus tenir. Mon monde se rétrécissait. Alors il fallait frapper fort pour que quelqu’un de l’autre côté, s’il y en avait, entende mon cri de détresse, mon appel au secours.

Mon monde était semblable à celui d’un poisson. Tout autour de moi de l’eau d’où je tirais mon oxygène. J’avais passé plusieurs jours nez face au portail et ce dernier avait fini par lâcher. Mais pas facilement. Mon obsession à se faire entendre par quelqu’un de l’autre côté prenait des proportions démesurées. Et comme la nature n’aime pas qu’on la force, j’avais, par cette obsession, créé toute une série d’événements monstrueux. Certains beaucoup plus violents et qui sont allés jusqu’à déstabiliser toute une organisation, toute une nature, tout simplement ce monde dans lequel je baignais. Quand j’avais compris que personne ne passerait par là et que ce portail était ma seule sortie, j’avais cogné fort, tellement fort au point que le magma terrestre avait subi des secousses et il s’était mis à gronder. Le portail s’ouvrit tout seul et il se renferma aussitôt. Mon bassin perdait ces eaux, mais il y en avait encore pour me garder en vie quelques heures. Ces eaux d’où je tirais mon oxygène allaient me manquer. De l’autre côté, l’homme en vert que j’avais vu vivait à l’air libre. J’ai pensé que les gens de l’autre côté avaient profité de la brève ouverture pour créer un passage afin de voler mon eau. La lumière était trop éblouissante dans ce monde-là. La fermeture de ce portail était mon premier baptême, le tout premier avertissement de la Faucheuse « il fallait sortir ta tête que je t’étrangle » me soufflait-elle. C’est elle qui était passée de l’autre côté lors de la brève ouverture. Elle riait me disant en passant « bientôt ton bassin va se vider et si tu y restes, tu mourras d’étouffement. Ton espace se rétrécira. Apprends, de l’autre côté, à tirer l’oxygène de l’air ». Et là j’ai pris conscience du danger qui me guettait.

J’avais décidé de sortir le plus rapidement possible avant que les eaux ne se vident de mon bassin. Vivre de l’oxygène tiré de l’air, c’est seulement dans l’autre monde que c’est possible.

Au lieu de me laisser franchir tranquillement le portail, la faucheuse me déclara la guerre… à jamais. J’implorais toutes les forces divines connues et inconnues, tous les Saints terrestres et célestes pour qu’ils me viennent en aide, car elle s’était plantée devant le portail. Elle soufflait un vent fort à contre sens pour que le portail ne s’ouvre pas m’empêchant ainsi de le franchir. Elle voulait que je m’étouffe dans mon monde qui perdait ses eaux. Quelque temps après, la perte des eaux avait fini par m’affecter. Je me débattais comme un poisson attrapé à un hameçon aussitôt tiré de son élément vital, l’eau. Ne maîtrisant pas parfaitement mon propre milieu c’est là que j’avais foutu le bordel. J’avais frappé sur toutes les façades et cogné encore plus fort qu’au début ce grand portail pour que les gens  entendent mon cri d’impuissance et de désespoir.

Et à la faucheuse de me dire : « Je reviendrai un jour et comme toujours je sortirai vainqueur bien que tu l’aies échappé belle. Insistant sur « dans ce monde-ci je sors toujours vainqueur. En naissant, on est déjà vieux pour mourir. »

Le portail s’ouvrit après ces paroles, mais il a fallu un coup de « pousse ». J’entendais quelqu’un dire « pousse, pousse … je vois la tête ». Je sortais mon nez en premier pour respirer mon premier bol d’oxygène dans l’air et là j’ai été recueilli dans deux grosses mains ; moi pleurant.

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Aujourd’hui, j’ai écrit à la Faucheuse en ces termes

« Je suis sûr que tu m’auras un jour, mais pas aujourd’hui! Je fais attention à moi et je sais que tu profites souvent des faux pas. Je fais attention de ne pas en commettre… tu gagneras sûrement, mais il faudrait que j’aie des cheveux blancs, que je perde mes forces, que je n’aie plus mes jambes pour courir au cas où tu prendrais le dessus sur moi, que je perde aussi mes dents pour ne pas avoir à recourir à ma dernière stratégie : ne pas te mordre. »

Joyeux anniversaire à moi-même !


Pourquoi les crapauds sautent-ils ?

Il y a longtemps, très longtemps que les crapauds marchaient en se servant de leurs pattes. C’était l’époque où les hommes avaient le même niveau d’intelligence que les animaux. Ils chiaient partout et ne couvraient pas leurs excréments. Ils ne pouvaient construire des latrines. A cette époque Dieu n’avait pas encore révélé aux hommes ce qui deviendra l’une des plus grandes inventions : les latrines. Le sol était pauvre parce que les géants comme les dinosaures et les ascendants de Goliath avaient appauvri la terre quand ils existaient encore. Ils l’avaient longtemps exploitée. Alors il fallait du fumier pour l’enrichir. Les hommes déposaient un peu partout les restes de nourriture que le corps rejetait, comme le font les poules et les autres animaux actuellement. Tous les animaux sur terre devraient marcher et c’était un devoir. Les oiseaux volaient dans les cieux, mais quand ils venaient sur terre pour chercher à manger ils marchaient. C’était aussi valable pour tous ceux qui vivaient dans les fleuves, les rivières et les océans. Sur terre on devrait marcher. Certains oiseaux même prirent goût à la marche et ils finirent par rester sur terre comme les autruches, les poules… et depuis ils ne volent plus. Ils ne voulaient surement plus entendre les autres se moquer d’eux « tu auras beau voler, mais un jour, vivant ou mort, tu retourneras à la terre. » C’est la terre qui fournissait à tous, la nourriture. Les crapauds, par devoir et par respect à la terre nourricière, marchaient aussi.

Un jour Dieu convoqua une réunion où le premier de chaque espèce vivante était convié. Lors de cette réunion, Dieu décréta une nouvelle règle « multipliez-vous ».

Des années passèrent, des siècles aussi toutes les espèces réussirent à accroître leur progéniture sauf les crapauds. Leur nombre était resté stable. Le premier des crapauds trop vieux, dévoré par le temps était dans son lit de mort, à l’agonie. Mais il avait encore quelques forces pour mimer et gesticuler. Les êtres, œuvre créée par Dieu, vivaient longtemps au-delà de cinq siècles. Dieu passait évaluer son œuvre tous les cinq cents ans. Il fallait trouver la cause qui rendait impossible la croissance de l’espèce crapaud. Le Soleil qui était l’une des plus anciennes des créations jouait le rôle de consultant à tous les maux. Dans une lettre adressée à l’espèce crapaud, le soleil faisait mention des nouvelles maladies et qui apparaissaient fréquemment depuis la grosse vague multiplicative des êtres.

«  Chers crapauds, au nom de Dieu et de la Terre qu’il nous a léguée, je vous salue… suite à votre préoccupation, j’ai constaté que depuis le dernier décret les eaux dans lesquelles vous pondez sont infectées par les microbes. Cette infection vient de vous. Vous les infectez et vous les polluez. Vous y entrez avec une multitude des microbes essentiellement des excréments que vous rencontrez. Ces microbes se multiplient à une très grande vitesse au point que je me demande si Dieu ne pourra revenir sur son décret lors de l’évaluation de l’ensemble de son œuvre. Maintenant, sur chaque bout de centimètre carré on trouve du ca au carré (ca+ca=caca). Et c’est dû à la liberté de chier un peu partout… »

Mais il était interdit de chier dans les eaux. L’eau c’est la vie, mais c’est aussi un grand vecteur des maladies. Suite à la correspondance, le premier des crapauds réunira sa famille élargie, il y avait même sa grande cousine la grenouille et à l’unanimité ils prirent la décision de sauter pour éviter le plus de ca au carré. Et depuis les crapauds et les grenouilles sautèrent, ils sautèrent et jusqu’à oublier qu’ils marchaient avant.


Bujumbura: des accidentés voués à la mort

Un accident  un camion militaire, un vélo, une moto et une voiture-taxi
Un accident impliquant un camion militaire, un vélo, une moto et une voiture-taxi. il y avait deux personnes gravement blessées.
Le cycliste à l'agonie
Le cycliste à l’agonie

Si tout chemin mène à Rome ne pourrions-nous pas dire que tout accident de roulage, au Burundi, mène nécessairement à la mort?

Le camion militaire et le taxi  (voiture)
Le camion militaire et le taxi (voiture)

 

Les accidents de roulage au Burundi sont fréquents comme partout ailleurs mais le comble et  l’inadmissible dans notre pays ce sont ces personnes qui arrivent dans les hôpitaux directement dans les morgues. Sans compter les nombreux cas où les médecins des hôpitaux publics voient certains des accidentés mourir dans leurs mains par négligence ou intervention tardive, il y a aussi ceux qui meurent par manque de secours de la part des populations environnantes.

Est-ce un manque de compassion ? Une perte des valeurs d’entraide et de secours ?

Le premier acte, en cas d’accident au Burundi, est de se faire vider les poches. Un portable, quelques sommes d’argents voire même la disparition des papiers attestant l’identité qui sont là les butins des premiers arrivants au lieu de l’accident. Voilà les  premiers secours. Ensuite vient un attroupement qui n’aura pour rôle que constater les dégâts, établir les responsabilités, évaluer les dégâts oubliant que les accidentés saignant et baignant dans leur sang ont besoin d’un médecin. Quelle image de solidarité ? Le pire serait aussi d’aller dans un hôpital public parce que là la mort est assurée.

Des personnes indifférentes observent et passent
Des personnes indifférentes observent et passent

 

Ces images ont été prises en cachette après un accident de roulage. C’est un  accident impliquant un camion militaire qui a percuté une voiture-taxi, une mototaxi et un vélo-taxi.


Que faire d’autres avec un préservatif?

[highlight][/highlight]deux préservatifs à la place des habituels élastiques en caoutchouc

Je ne suis pas à bout de mes surprises en ce qui concerne les fonctionnalités du préservatif (la capote). Je savais qu’un préservatif pouvait servir de récipient dans lequel on pourrait remplir plus de 50 litres d’eau. Je savais encore qu’il pouvait  faire un ballon d’air ou servir en la fabrication d’un ballon de football. Mais, jamais je n’avais vu ce sachet plastique, servir dans la fabrication d’une lance pierre. Réalisation made in Burundi. Voici quelques photos prises à l’aide d’un téléphone.

 

un oiseau abattu avec cette arme à préservatif
un oiseau abattu avec cette arme à préservatif

 

Ce sont les petits qui ont eu l'idée de se servir des préservatifs
Ce sont les petits qui ont eu l’idée de se servir des préservatifs

Lance-pierre

Lance-pierre


Les hommes seulement… quelle discrimination?

bwiza 4ème

Cette photo illustre la méconnaissance de certains principes fondamentaux en matière commerciale des commerçants burundais ! Il ne s’agit pas d’un trucage d’ailleurs, c’est clair. Si je pense à toutes les fois que je suis passé sur cette avenue sans avoir lu l’intégralité de cette pancarte mais… je me demande comment cela est arrivé?

Jamais, je n’avais fait attention à cette consigne restrictive ou plutôt limitative des droits de la femme. Quelle discrimination ? Mais entre-temps, cette phrase en dessous semblait émouvoir un ami, et dire que c’est lui qui m’a invité à ouvrir grandement mes yeux qui ne servent presque plus à rien. Pour lui c’est impossible que cela tienne parce que, il y a à côté, une des boîtes les plus branchées de la capitale, Escotisse.

Imaginons une femme à la quatrième avenue de Bwiza, il pleut abondamment, dans un Burundi où la méfiance devient la règle, où l’on craint, dit-on, soit ces peintres qui ont pour matières premières «  les excréments humains » ou soit encore ceux qui usent  « du sang » pour décorer les permanences de partis politiques, à 23 h30, ces heures où l’on dit que des Imbonerakure montent la garde parce que les policiers sont débordés et cela depuis l’incendie du marché central et que le seul endroit où elle pourra reposer sa tête c’est exactement l’hôtel RUCUNDA plus proche pour elle, mais elle trouve «  seulement les hommes ». Il n’y a pas de taxis, parce c’est un mercredi sans lundi méchant ou encore de mardi repos.


Lampedusa, l’hécatombe : quelques témoignages

https://medias.lepost.fr/ill/2007/09/07/h-4-1013750-1189157629.jpg« On n’a plus de place, ni pour les vivants ni pour les morts » a déclaré, effondrée, la maire de Lampedusa, Giusi Nicolini. « C’est une horreur, une horreur; ils n’arrêtent pas d’apporter des corps ». C’est une pluie de témoignages, révélateurs de l’ampleur du drame qui s’est abattu sur place.

Le premier ministre somalien, Abdi Farah Shirdon  a présenté ses condoléances aux familles des victimes du drame de Lampedusa, en ces termes : « Je tiens à exprimer mes sincères condoléances à ceux qui ont perdu des êtres chers et des amis dans ce tragique accident. Je tiens également à remercier et à féliciter les mesures prises par les garde-côtes italiens, il ne fait aucun doute que leur réaction rapide a permis d’éviter de nouvelles pertes de vies ». Tout en reconnaissant implicitement la part des gouvernants dans cette catastrophe. « En tant que gouvernement, nous devons continuer à bâtir sur les réalisations déjà faites pour rendre la Somalie un endroit sûr, endroit stable et attrayant pour vivre, de sorte que ces jeunes qui fuient leur pays vont rester et participer à la reconstruction de leur pays ».

Ce message intervient après le naufrage d’un bateau, avec à son bord plus de 500 immigrants, en majorité des Somaliens et Érythréens. Le bateau était parti des côtes libyennes pour rejoindre l’Italie. L’accident s’est produit à 550 mètres de la côte.

« Il y a encore plein de cadavres. On ne peut pas dire combien; ils sont tous serrés les uns contre les autres, on ne voit que les premiers », a expliqué à la chaîne SkyTG24 l’un des sauveteurs, Giovanni de Gaetano, visiblement sous le choc.

« C’était tragique de voir les corps des enfants » a déclaré Pietro Bartolo, un responsable sanitaire de l’île. Selon lui, Lampedusa « n’a pas assez de cercueils » et a dû en faire acheminer par avion.

Un pêcheur, Rafaele Colapinto, a expliqué être venu en aide à des migrants : « On a vu un océan de têtes, on a mis une demi-heure pour embarquer chacun d’entre eux, car ils glissaient à cause du gazole ».

Rome a décrété vendredi « deuil national » et une minute de silence sera observée dans toutes les écoles ainsi qu’avant tous les matchs de football du championnat.

Le bateau de pêche a commencé à prendre l’eau et « de peur qu’il ne coule, les migrants ont enflammé une couverture pour attirer l’attention, mais cela a provoqué un incendie, puis le navire a chaviré », selon M. Alfano ; vice-premier ministre italien.

Une jeune Érythréenne encore en vie a été retrouvée parmi les cadavres déposés dans un hangar, après qu’un sauveteur a remarqué qu’elle respirait encore. Placée en réanimation à l’hôpital de Palerme, en Sicile, elle se trouve dans un état grave, déshydratée, en hypothermie, atteinte d’une pneumonie après avoir ingéré, comme les autres victimes, du gazole échappé du bateau.


Quand un burundais discute foot avec un camerounais ça donne…

 

Amoureux du sport en général et du football en particulier, j’ai été le dindon de la farce des camerounais à Nice. Le ballon rond n’est pas roi au Burundi, d’après ce que semblait dire un lion indomptable à mon égard « non, faut pas parler foot, burundais, buvez votre lait là mélangé au sang ». « Avez-vous un joueur au Burundi ou une équipe de football ? ». À ces phrases, il n’y avait rien à dire tout était presque vrai. Ce discours tenu, affaiblissait ma position. Tout partait d’une phrase peut-être déplacé ? Je n’en sais rien ! Mais monsieur le lion, je ne bois pas du lait au sang.

Dans le Bus, vers les collinettes en compagnie de Yehni Djidji, trois camerounais à nos cotés. Entre temps en Afrique, c’est l’actualité footballistique qui est sur toutes les lèvres. En France, c’est un Benzema qui se fait chambrer par les 70 millions de sélectionneurs (français) sans compter aux Africains qui soutiennent aussi cette sélection. Ces lions se réjouissaient de « non titularisation de Samuel Eto’o ».

– J’attendais ce jour où un sélectionneur du Cameroun laissera Eto’o sur le banc de touche, disait l’un.

– En tout cas c’est une très bonne nouvelle ! Un autre répliquant avec un visage plein d’allégresses.

Et l’hirondelle, que je suis, je pris la défense d’un autre lion en mode, Eto’o gazouillement.

– Vous n’êtes pas reconnaissant envers Eto’o qui a fait mieux que lui pour l’équipe du Cameroun ?

De ces gazouillements, les lions indomptables me prirent à parti, sans défense solide, je m’attaquai au fiasco de leur équipe qui va faire de la figuration en coupe du monde et le dernier en date en Afrique du Sud. J’ai mis un accent particulier à leur parcours catastrophique pendant cette campagne éliminatoire pour le Brésil. Heureusement pour eux, qu’ils ont Hayatou, Vice président de la FIFA. (Référence au match de Togo).

Tout cela était avant que je ne leur dise que je concourais dans la catégorie littérature. Ils étaient d’accord que seul dans le domaine culturel qu’on pouvait rivaliser. Qu’on les battrait en tambours aussi. Heureusement que sur ce point il était en accord avec la réalité. J’ai dit qu’on avait Francine Niyonsaba. Pour eux, on ne peut qu’exceller dans ce genre d’exercice parce que les burundais boivent du lait.  Si seulement, ils pouvaient deviner que le burundais d’aujourd’hui ne peut se permettre un tel luxe.  Non monsieur, vous avez bien d’hommes de culture très respectables que nous envions aussi.

Nous n’avons pas d’équipe nationale, comme la votre mais on en a une, les hirondelles ! Nous n’avons  jamais eu de joueurs connus à la stature d’un Joseph-Antoine Bell, d’un Cyrille Makanaky, d’un Roger Milla  mais nous formons nos onze à notre façon ! Nous jouerons le CHAN auquel vous ne prendrez part, éliminé par la République Démocratique du Congo. Et c’est fut la goute qui déborda le vase.

Mon amie l’ivoirienne déçue par ces éléphants qui ne remportent toujours pas de CAN (génération Drogba) ne pouvait rien pour moi.


Où va-t-on ?

 

visioncongo.com
visioncongo.com

 

En 2005 la course de chez moi, Kinanira, au centre ville, était à 150f et en septembre 2013 elle passe de 300f (officiellement 330F) à 350f !

Je sais que personne n’est en mesure de répondre à cette question et même le gouvernement. Il peut nous refaire le refrain érigé peut-être aujourd’hui en hymne « nous sommes pauvres ». Il peut nous faire comprendre qu’actuellement les matières premières sur le marché international se vendent non plus à prix d’or mais peut-être à prix de vie. Quand on essaie de survivre par tous les moyens (même en acceptant parfois la corruption) on peut se demander jusqu’à quand et à quel rythme les burundais serreront leurs ceintures ? Je sais, cher gouvernement que le Burundi est l’un des pays les plus pauvres du monde (une fierté et un honneur après plus de cinquante ans d’indépendance) et que le Burundi ne produit pas de pétrole, d’or, de diamants… mais enfin où va-t-on ?

Fraichement débarqué de « l’enfer doux francophone Niçois », j’ai tout de suite compris qu’aucun lieu de cet enfer, terre, ne brule plus qu’au Burundi. Pour cette fois, il ne s’agit pas de guerre. Mais nos francs qui réduisent en cendre. Tous les matins, le démon souffleur de pauvreté, attise le feu pour nous accabler de meilleurs des malheurs qui soient. Chaque jour c’est une nouvelle plaie. Une plaie qui verra le lendemain un couteau doublement tranchant la remuer d’avantage. Aujourd’hui, c’est le prix du transport en commun et demain qui sait ? Après une très longue dispute entre moi et le convoyeur de bus, j’ai cru avoir rêvé. À 350f la course mais depuis quand ? Depuis que j’etais absent ! À titre de comparaison, en 2005 la course était à 150f et en septembre 2013 elle passe de 300f à 350f ! Un jour viendra-t-il où ce démon souffleur de feu des malheurs se fatiguera ?


Surprise : Francine et Antoine ne courront pas pour le Burundi.

 

 

Comme pour les jeux de la francophonie, la désormais célébrissime athlète burundaise, championne d’Afrique et détentrice de la meilleure performance mondiale de l’année ne courra pas le 800 m aux jeux de la francophonie comme cela l’a été pour le championnat du monde. En effet, elle ne s’est pas encore remise de cette même blessure qui l’avait privée de participer au championnat du monde à Moscow pendant que tous les burundais attendaient son nouveau sacre internationale. Pour une fois encore, une  autre médaille de plus qui s’envole, celle des jeux de la francophonie. J’imagine grande la déception, de tout un pays. Dans cette ligne droite de mauvais sort il y a aussi l’étoile montante burundaise du 800m masculin, demi-finaliste au championnat du monde à Moscow, dans les cadres du championnat du monde. Antoine Gakeme qui a connu une crise de paludisme à son arrivé à Nice, hospitalisé directement. actuellement sous traitement, il a déclaré forfait vu qu’il n’a plus suffisamment de force pour les entrainements avec le lot des médicaments qu’il prend.