Elorac

Journée internationale de la Terre: donner l’exemple

Aujourd’hui, 22 avril, l’UNESCO célèbre la Journée internationale de la Terre nourricière. C’est un événement qui nous concerne tous, où que nous soyons sur la planète. Pour marquer cette journée, dirigeons-nous vers le Monvert Nature Walk.

La Journée internationale de la Terre nourricière ou le Mother Earth Day est célébrée chaque année le 22 avril depuis 1970. Le thème 2015 choisi par l’UNESCO est « A notre tour de donner l’exemple ».

Cette Journée nous rappelle que, chacun d’entre nous doit agir pour notre planète afin que nous avancions dans la bonne direction. C’est à notre tour de montrer la marche à suivre à nos dirigeants. Pour nombre d’entre nous, le changement climatique constitue un problème lointain, mais en réalité il affecte déjà populations, animaux et lieux autour du monde. (…). A notre tour de donner l’exemple. (Source: l’UNESCO).

L’un des très bons exemples que j’ai constaté dans mon île est celui du Monvert Nature Walk, à Forest-Side. Placé sous l’égide du Ministère de l’Agro-industrie et de la sécurité alimentaire, Monvert est un parcours de randonnée, mais aussi un lieu de conservation de plantes endémiques rares. L’accès y est gratuit et le site, très bien entretenu, est constitué de deux parties: un Visitors Center, à visée pédagogique, et un espace en pleine forêt dédié à la randonnée.

 

visitors1

Le projet du Monvert Nature Walk a été initié en 2001, et le site a été ouvert au grand public en 2006. Je suis allée à la rencontre de Monsieur Antish Boochia, Forest Conservation and Enforcement Officer à Monvert, et il sera mon guide lors de la visite.
Nous commencerons par l’excellent et très instructif Visitors Centre, qui est une mine d’informations. Nous apprenons d’avantage sur les forêts mauriciennes, sur les plantes endémiques (exclusives à l’Ile Maurice) et indigènes (qui se retrouvent sur les toutes les îles de l’Océan Indien), et sur la faune et la flore mauricenne.

 

visitors2ok
L’intérieur du Visitors Centre est une mine d’information sur la faune et la flore mauricienne.

Après la partie théorique, place à la pratique! Je suis Monsieur Boochia qui m’emmène voir des spécimens de plantes rares – dont je ne connaissais la plupart que de nom! Bois de ronde, Bois de natte, Bois de carrotte (qui sent vraiment la carotte!), Bois chandelle, Queue de rat (avec une fleur en queue de rat!), etc, les noms sont quasiment tous exotiques et explicites. Quelle ne fut pas ma fierté en voyant un spécimen du Trochetia, la fleur nationale de mon pays:

troch1ok
Le trochetia, fleur nationale de l’Ile Maurice.

Mais aussi quelle ne fut pas mon émotion en admirant un rare spécimen du Bois d’ébène noir. Cet arbre endémique à l’Ile Maurice, célèbre pour son précieux bois noir recouvrait jadis tout le pays. Mais il fut exploité par les Hollandais au 18ème siècle. Aujourd’hui, il n’en reste que quelques specimens.

eben1ok

eben2ok
Un jeune spéciment du Bois d’ébène noir, au centre de l’image.

Tout comme le Bois d’ébène, plusieurs autres plantes en danger de disparition se trouvent au Monvert Nature Walk. Un espace leur a spécialement été aménagé. On y retrouve des espèces endémiques comme le Palmiste boucle, ou encore des espèces indigènes comme le Bois raisin.

danger1ok

Prochaine étape de la visite: la serre où poussent orchidées et fougères!

ferneryok

L’Ile Maurice possède près de 260 espèces de fougères et près de 86 espèces d’orchidées. La fougerai abrite des plantes qui sont, pour la plupart, en danger de disparition, car remplacées par des espèces exotiques.

fern2

La dernière étape de la visite est la plus dure, puis ce qu’il s’agit de la randonnée! Un parcours étendu sur 73 hectares de forêt s’offre à nous! Au terme de cette enrichissante visite au Monvert Nature Walk, je tiens à saluer le travail effectué par tous les Forest Conservation and Enforcement Officers, ainsi que par les 15 personnes qui assurent l’entretien du site. Leur travail permet à tous d’admirer la riche biodiversité de l’Ile Maurice.

En cette Journée internationale de la Terre nourricière, je souhaite que mes futurs enfants et petit-enfants puisse également admirer cette biodiversité.
Notre Terre est notre Mère, protégeons là!


Ile Maurice: un dimanche dédié à la déesse Kali

Outre ses plages de rêve, l’Ile Maurice est souvent promue pour son caractère pluri-religieux. Aujourd’hui, j’ai choisi de découvrir et de partager avec vous un moment de ferveur et de prière. Direction le Maha Kali Temple Association, au centre de l’île, à Commerson, Curepipe.
1coverok
En ce dimanche d’avril, pas de grande fête hindoue à l’horizon… Je me rends à une séance de prière hebdomadaire comme il y en a dans tous les temples à travers l’île. La prière d’aujourd’hui est divisée en quatres parties et sera officiée par un pandit (prêtre hindou).

1. Prières au dieu Ganesh

Cette première partie est consacrée à Ganesh, le dieu représenté par une tête d’éléphant. Cérémonie de bénédiction et de purification à l’eau, ainsi que bénédiction d’un autel d’offrandes marquent cette étape.

1ganesh_ok
Les offrandes au dieu Ganesh.

2. Prières à la déesse Kali

La divinité Kali a donné son nom au temple. Elle est considérée comme la force qui détruit les esprits mauvais et qui protège les dévots. Kali est souvent représentée nue et la langue tirée, portant un long collier. A mon arrivée au temple, la déesse était habillée d’un vêtement orange. Lors de cette étape, les vêtements de la déesse seront changés (de l’orange au noir); puis on lui versera des offrandes sur la tête. Tour à tour : eau, lait, yaourt, miel, ghee (beurre clarifié), safran, entre autres. Et tout cela au rythme des chants des dévots.

2kali-orangeok

2_yaourtok
Plusieurs offrandes à la déesse Kali.

 

Kali sera ensuite revêtue de beaux vêtements rouges:

Le pandit Acharya Mohan Prasad Saklani auprès de la déesse Kali.

3. Rituel du feu

Le pandit et quatre devots se réunissent autour d’un feu. Celui-ci est ravivé à l’aide de morceaux de bois, ainsi que d’autres offrandes (havan samagri, huile, sucre, graines de sésame, entre autres). Tout comme la fumée qui s’émane du feu, les prières montent également aux cieux vers les dieux.

4. Rituel de l’aarti

L’aarti est le rituel qui concluera le pooja (la prière). Le pandit fait circuler, parmi toutes les personnes présentes, un plateau de cérémonie consacré à la déesse Kali. Tour à tour, chacun des dévots se passe le plateau et invoque la bénédiction divine. L’aarti est accompagné du son des cloches et de chants rituels.

Le pooja se termine par un délicieux repas végétarien servi à tous ceux présents:

Pour conclure, je tiens à remercier chaleureusement Sunil et son épouse, Sadna, qui m’ont accueillie avec beaucoup de bienveillance et de générosité au Maha Kali Temple Association.

Merci beaucoup à Sunil et à son épouse, Sadna, de m’avoir accueillie.

Merci également à l’Acharya Mohan Prasad Saklani pour ses précieuses explications.


L’Ile Maurice : 47 ans d’indépendance

Aujourd’hui 12 mars 2015, l’Ile Maurice célèbre ses 47 années d’indépendance et ses 23 ans d’accès au statut de République. C’est l’occasion pour moi de célébrer mon pays, qui entre douleurs et victoires, a réussi à s’imposer comme Tigre de l’océan Indien. Mo pays, mo fierté.

En ce 12 mars, l’Ile Maurice s’est drapée de ses plus beaux atours. Le quadricolore est fièrement arboré, le Motherland (l’hymne national mauricien) raisonnera et les célébrations officielles se dérouleront au Champ-de-Mars, comme le veut la tradition. Le Champ-de-Mars est le plus ancien hippodrome de tout l’hémisphère sud ; et c’est là-bas que le drapeau mauricien fut hissé en haut du mât pour la première fois en mars 1968 :

Mars 1968 marqua la fin de 158 ans de colonisation britannique (qui commença en 1810). Mais avant d’être une colonie britannique, l’Ile Maurice avait déjà une bien riche histoire. Elle fut découverte au 16e siècle par des navigateurs arabes qui la nommèrent Dina Arobi (que l’on pourrait traduire par l’Ile abandonnée). Puis ce fut au tour des Portugais de s’intéresser à l’île, ils la baptisèrent Ilha do Cirne (soit, l’Ile du Cygne). Mais les premiers à établir une colonie sur l’île furent les Hollandais. Ils y restèrent de 1668 à 1710 et la nommèrent Mauritius en hommage à leur roi Maurice de Nassau, Prince d’Orange. Ensuite, ce fut la colonisation française de 1710 à 1810, période pendant laquelle la colonie s’appelait l’Isle de France. Et en 1810 place aux Britanniques, et retour au nom hollandais : Mauritius.

La période coloniale britannique fut marquée par l’abolition de l’esclavage et par l’immigration en masse de travailleurs venus de Chine et principalement d’Inde. Depuis, l’Ile Maurice a hérité beaucoup de la Grande Péninsule, tant au plan culturel, gastronomique, religieux que linguistique. D’ailleurs, l’invité d’honneur dans le cadre des festivités de ce 12 mars 2015 n’est nul autre que le premier ministre indien, Narendra Modi.

Le Premier ministre indien Narendra Modi à l'aéroport mauricien. Crédit photo: Press Information Bureau India.
Le premier ministre indien Narendra Modi à l’aéroport mauricien. Crédit photo: Press Information Bureau India.

Aujourd’hui 47 ans après l’accès à l’indépendance, je suis fière de dire que je suis Mauricienne. Je suis fière d’appartenir à ce petit paradis multiethnique et multilingue. Par contre, il n’est pas tous les jours facile d’être Mauricienne dans l’île. Le pays a connu plusieurs épisodes de violences et d’émeutes à caractère ethnique, les principales étant en 1968 et 1999. Et aussi, comment oublier le cruel dépeuplement et l’exil forcé de l’archipel des Chagos en 1968. L’archipel est, aujourd’hui encore, territoire britannique et héberge la célèbre base militaire américaine de Diego Garcia.

L’Ile Maurice est un jeune pays de 47 ans. Il panse encore certaines plaies et se construit. Heureusement, comme le montre cette publicité locale, certains éléments d’un mauricianisme émergent déjà:

Mo kontan mo zil! Mo pays, mo fierté!


Ile Maurice: femmes et actualité un 8 mars

En ce dimanche 8 mars, le monde célèbre la Femme. Le thème 2015 choisi par l’Organisation des Nations Unies (ONU) est  « Autonomisation des femmes – Autonomisation de l’humanité : Imaginez ! » ou en anglais Make it Happen!

Aujourd’hui, l’ONU nous propose d’imaginer un monde « où les femmes et les filles peuvent exercer leurs choix. Elles doivent pouvoir participer à la vie politique, acquérir une éducation, bénéficier de revenus, et vivre dans des sociétés exemptes de violence et de discrimination. »

International Women's Day  

Aujourd’hui, on parlera des femmes, de la cause féminine et du féminisme en long, en large, et de travers. Comment célébrer cette journée sur mon blog? Parler de la situation de la femme mauricienne en 2015? De l’égalité homme-femme à l’Ile Maurice? Des associations dite-féministes dans mon pays? Non. Tout d’abord parce que cela me paraît trop cliché, trop déjà-vu. Et ensuite, parce que je ne me sens pas légitime à parler du féminisme. Je suis d’avis qu’il existe plusieurs féminismes, chaque femme se les approprie et les vit subjectivement…

Le cadre de ce billet étant posé, attaquons-nous au vif du sujet! Je célèbrerai cette Journée de manière directe et factuelle, à travers le prisme de l’actualité locale. Voici donc trois femmes mauriciennes, aux parcours divers et variés, qui sont aujourd’hui au premier plan de l’événement:

1. Nandanee Soornack

Nandanee Soornack, femme d'affaires et activiste politique, actuellement omniprésente dans l'actualité mauricienne.
Nandanee Soornack, femme d’affaires et activiste politique, actuellement omniprésente dans l’actualité mauricienne.

Femme d’affaires et activiste politique, Nandanee Soornack connait un succès phénoménal en affaires. Issue d’un milieu modeste et partie de rien, mais bénéficiant de coups de pouce de la providence, elle est aujourd’hui à la tête d’un véritable empire.

En rouge et noir, avec d'mposantes lunettes, Nandanee Soornack est souvent présente en carricature de presse. Dessins signés POV.
En rouge et noir, avec d’mposantes lunettes, Nandanee Soornack est souvent présente en carricature de presse. Dessins signés POV du journal l’express.

Pièce maîtresse d’un scandale politico-financier, Mme. Soornack est définitivement la femme qui marque l’actualité mauricienne en ce 8 mars. En une des journaux, sur toutes les lèvres, en carricature… elle est partout à Maurice, tout en étant hors de Maurice.  Et pour cause, refugiée en Europe depuis le début du mois de décembre 2014 (mois des élections générales), Nandanee Soornack est sous le coup d’un  »arrest on arrival »,  soit une probable arrestation dès son arrivée sur le sol mauricien. Rentrera à Maurice? Rentrera pas? Nandanee Soornack tient l’actualité en haleine.

En une des journaux ce dimanche 8 mars, Nandanee Soornack tient l'actualité mauricienne en haleine.
En une des journaux ce dimanche 8 mars, Nandanee Soornack tient l’actualité mauricienne en haleine.

Pourquoi cet accueil? En grande partie, parce que la femme d’affaires est une intime de l’ancien Premier ministre (PM) mauricien, Navin Ramgoolam, lui-même actuellement empêtré dans une affaire de complot et de blanchiment d’argent.

Sa proximité avec l’ex-PM aurait valu à Nandanee Soornack des privilèges, plus ou moins douteux, expliquant ainsi sa fulgurante ascension en affaires. Son principal terrain de jeu: l’aéroport international Sir Seewoosagur Ramgoolam où la dame régnait en véritable maîtresse et où les boutiques hors-taxe étaient ses poules aux oeufs d’or.

Une sombre affaire qui est loin d’être au goût de tous.

2.  Aurore Perraud

Aurore Perraud, Ministre de l'égalité des genre à l'Ile Maurice.
Aurore Perraud, Ministre de l’égalité des genre à l’Ile Maurice.

Institutrice, travailleuse sociale et femme polique, Aurore Perraud est aujourd’hui Ministre de l’Egalité des genres, du développement de l’enfant et du bien-être de la famille. Elle a été élue en tête de liste dans sa circonscription lors des dernières élections générales en décembre 2014.

Aurore Perraud marque l’actualité mauricienne en ce 8 mars d’une part grâce à ses fonctions de Ministre, et d’autre part grâce à son parcours personnel. En pratiquement dix ans, Aurore Perraud a gravi une à une les échelons de la sphère politique. Une formidable source d’inspiration et de motivation pour les jeunes femmes qui souhaitent participer activement à la vie politique mauricienne.

Voici un clin d’oeil publié dans les journaux de ce dimanche qui ne manquera pas de faire plaisir aux femmes de la république de Maurice :

Bonne fête à toutes les  femmes mauriciennes!
Bonne fête à toutes les femmes !

3. Ameenah Gurib-Fakim

La chercheuse Ameenah Gurib-Fakim sera la première femme à assumer les fonctions de Présidente de la République de Maurice.
La chercheuse Ameenah Gurib-Fakim sera la première femme à assumer les fonctions de Présidente de la République de Maurice.

Femme de sciences, biologiste, la Professeure Ameenah Gurib-Fakim rayonne au milieu des plantes, et autres bonsais. La chercheuse au CV impressionnant a été lauréate du prix L’Oréal Unesco 2007.

Ameenah Gurib-Fakim marque l’actualité mauricienne en ce 8 mars, car elle est pressentie pour être la future Présidente de l’Ile Maurice,  soit la première femme à occuper ce poste depuis 1992, année où Maurice est officiellement devenue une république.

Pionnière en matière de recherches sur les plantes endémiques des îles de l’Océan Indien, Ameenah Gurib-Fakim est reconnue au niveau international. Nous la retrouvons ici lors d’un enrichissant Ted Talk:

En ce 8 mars 2015, les femmes sont présentes dans l’actualité mauricienne. Une présence pour des raisons variées – certaines moins louables que d’autres, mais qui dénote une certaine forme de pouvoir au sein de la vie mauricienne.

Femme d’affaire, femme politique, femme de science, etc, chaque femme mauricienne a la capacité d’être multiple et plurielle.


Longue vie au français mauricien!

Peut-être que certains d’entre vous, chers lecteurs, resteront perplexes à l’opinion que j’exprime dans ce billet. Pas de panique car cela est tout à fait normal. Et pour cause, en cette Journée internationale de la langue maternelle, j’ai choisi de célébrer l’une des miennes : le français mauricien!

L’Ile Maurice est un pays multilingue où se côtoient plusieurs langues diversement pratiquées, chacune ayant des valeurs sociales et/ou symboliques bien distinctes. Tout cela m’a fascinée et c’est naturellement que j’ai choisi de me spécialiser en sociolinguistique à la fac. Le français mauricien se situe dans un continuum linguistique qui va du créole mauricien au français standard – comprenez par là français de France, voire de Paris, voire encore des médias parisiens….

 

Le continuum linguistique dans lequel se trouve le français mauricien.
Le continuum linguistique dans lequel se trouve le français mauricien.

Bien que plusieurs de mes compatriotes pensent que le français mauricien n’existe pas, j’opte pour l’inverse. Il existe bel et bien avec son accent, ses particularités lexicales et ses expressions types. Le français mauricien est loin d’être une entité figée. Au contraire, c’est avec beaucoup de liberté et de fluidité que cette langue s’enrichit d’emprunts. C’est avec tout autant de liberté, d’intelligence et de facilité que les Mauriciens se baladent entre les deux pôles du continuum, selon les interlocuteurs et les contextes – parlant tantôt un créole francisé, tantôt un français créolisé!

Quant à moi, c’est avec une mari fierté et avec beaucoup de malice que je parle le français de mon île. Une phrase type serait : « Ayo j’ai mari faim! Attends-moi au bus-stop un coup, je vais acheter une paire de dholl-puri, je reviens. »

Un incontournable de la cuisine mauricienne: le dholl-puri.
Un incontournable de la cuisine mauricienne: le dholl-puri.

Et j’entends déjà la réaction de certains puristes de mon île et d’ailleurs qui s’offusquent : « Mais quelle est cette phrase ? Ce n’est pas du vrai français! On n’utilise pas cela en France! »

Et alors? On est à l’Ile Maurice et je revendique le droit d’utiliser le français de mon pays. Une langue vivante, croustillante et, au combien, amusante!

De plus, la question du pseudo vrai français, se révèle être une véritable boîte de Pandore que je préfère ne pas ouvrir. Par exemple, en quoi est-ce que le basque, le français mauricien, le français québécois ou le breton seraient de faux français ? Voire moins français que le vrai français?

En cette Journée internationale de la langue maternelle, je n’aurais pu trouver meilleure plateforme que Mondoblog! N’ayons pas honte de nos langues. Parlons-les! Célébrons ensemble leur richesse, ainsi que la richesse de la diversité linguistique créolophone et  francophone!

Longue vie aux langues!


Vive la radio !

Aujourd’hui, vendredi 13 février, le monde célèbre la Journée mondiale de la radio. Le thème de cette année choisi par l’Unesco est «Les jeunes et la radio». Comme bon nombre d’entre vous, je suis également une fan de la radio et il ne passe pas une journée sans que je ne me branche à une station locale ou internationale. Merci Internet !

Dans mon pays, l’Ile Maurice, nous avons plusieurs stations qui émettent en diverses langues : créole mauricien, français, anglais, bhojpuri et hindi, entre autres. La chaîne nationale de radio-télévision est la Mauritius Broadcasting Corporation (MBC), qui existe depuis 1944.  Le monopole de la MBC a pris fin en 2002, année qui a vu la libéralisation des ondes mauriciennes. Aujourd’hui, il existe trois radios libres locales : Radio One, Radio Plus et Top FM.

La radio, et de surcroît, la musique ont toujours eu un rôle important dans ma vie quotidienne. Ecouter la radio est, pour moi, un formidable moyen de m’instruire, de m’informer, de me détendre et de m’ouvrir à l’altérité, où qu’elle soit. Je me suis amusé à faire une petite infographie résumant tout cela :

Infographie musique

Je suis certaine que vous avez, vous aussi, vos chaînes de radio préférées. A vous tous, excellente Journée mondiale de la radio !


L’Ile Maurice célèbre l’abolition de l’esclavage : oui, mais…

Les chaînes de l’esclavage ont été symboliquement brisées le 1er février 1835, mais les chaînes physiques, elles, sont toujours là en 2015 !

 

Le soleil jaillit sur l'esclave nouvellement líbéré.
Le soleil jaillit sur l’esclave nouvellement líbéré.

En ce dimanche 1er février, mon pays célèbre l’abolition de l’esclavage. En effet, cela fait 180 ans que les chaînes de l’esclavage ont été brisées. Cette décision prise en 1835 par le pouvoir colonial britannique découle du Slavery Abolition Act de 1833. Elle marqua un tournant dans l’histoire et le futur de l’Ile Maurice.

Bien qu’aboli depuis 1835 l’esclavage, et ses séquelles demeurent présents dans la mémoire collective locale. En témoignent plusieurs ségas aux paroles explicites:

Cassiya -Rev nou zancet : disan lesklavaz monte desan dan mo lekor, sa fer mwa rapel tou bann kriyote ziska bliyé langaz ki ti pe koze*

* Le sang de l’esclavage monte et descend dans mon corps, cela me rappelle toutes les cruautés [subies] jusqu’à en oublier notre langue

 

– Nwar nwaresklavaz enkor dan memwar,  nou descendans ti derasine zot ti pren depi dan l’Afrik, condition missié la ki ti imposé, bokou disan finn  koule, nu gran fami finn soufer**

** l’esclavage est encore dans les mémoires, nos [ancêtres] ont été déracinés de l’Afrique. Les conditions du maître étaient imposées, beaucoup de sang a coulé, nos ancêtres ont souffert.

Sans oublier la fameuse chanson Alimé Difé de Carino  qui mentionne si bien la montagne du Morne :  « Si montayn le Morne ti ena la bous, li tia rakont nou kombien disan ki finn koule, kombien esklav finn swiside dan le passe*** »

***Si la montagne du Morne avait une bouche, elle nous raconterait combien de sang a coulé et combien d’esclaves se sont suicidés dans le passé.

Le Morne

La montagne du Morne, haut lieu lié à l'esclavage.
La montagne du Morne Brabant, haut lieu lié à l’esclavage.

Située à l’extrême sud-ouest de l’Ile Maurice, la majestueuse montagne du Morne Brabant est étroitement liée à l’esclavage. L’histoire raconte que les esclaves marrons (donc en fuite) s’étaient réfugiés au sommet de la montagne afin d’échapper aux traitements inhumains infligés par leurs maîtres. Ils vivaient ainsi dans les sommets – une vie dure et dangereuse, mais qui néanmoins avait un léger goût de liberté. Selon la légende, au moment de l’abolition de l’esclavage, des soldats vinrent annoncer la nouvelle aux fuyards. Ces derniers, pensant que les soldats étaient venus pour les emprisonner et les ramener à leurs maîtres, se seraient jetés du haut de la montagne, préférant la mort à l’esclavage… De par sa richesse culturelle, historique et archéologique, la montagne du Morne fut décrétée patrimoine mondial de l’humanité par l’Unesco en 2008.

Un patrimoine mondial interdit d’accès!

Cependant, le Morne est patrimoine mondial depuis 7 ans, mais il est inaccessible aux… Mauriciens!! En effet, ce sont principalement les touristes et les clients des hôtels de luxe des alentours qui ont accès à la montagne.

Il existe malheureusement un litige au sujet du Morne. Les terrains aux alentours de la montagne avaient été loués à bail à des particuliers, mais ceux-ci refusent de retourner ces terrains à l’Etat. Ils préfèrent maintenir leur accès exclusif à la montagne, tout en le monnayant à travers un cercle fermé de moniteurs de randonnée ou d’hôtels de luxe. Ces derniers capitalisent sur le fait que la montagne soit inscrite à l’Unesco, mais ils se gardent souvent de mentionner la tragique histoire de l’esclavage, mettant plutôt en avant le côté pittoresque du site.  Ceci fait le bonheur des touristes étrangers et autres privilégiés qui peuvent jouir de ce patrimoine.

En tant que Mauricienne lambda, j’y suis allée et je n’ai pas pu accéder à la montagne. Voilà ce que j’ai vu :

Impossible pour moi d'accéder à la montagne, qui est pourtant classé patrimoine mondial de l'Humanité de l'UNSECO.
Impossible pour moi d’accéder à la montagne, qui est pourtant classée patrimoine mondial de l’humanité de l’Unesco

Profit v/s Patriotisme

J’ose espérer que ceux qui ont la mainmise sur l’accès à la montagne privilégieront un jour le patriotisme au profit, et laisseront leurs compatriotes accéder à ce lieu riche de mémoire et d’histoire.

Les chaînes de l’esclavage ont été symboliquement brisées en 1835, mais les chaînes physiques, elles, sont toujours là en 2015!


L’ethnicité ou la complexité de la société mauricienne

Dans le cadre des prochaines législatives à l’Ile Maurice, ce 24 novembre est le Nomination Day. Concrètement, il s’agit du dépôt officiel de candidature de ceux qui brigueront les suffrages le 10 décembre. C’est la première fois depuis 1968 les Mauriciens peuvent déposer leur candidature sans être contraints de déclarer leur appartenance ethnique.  

Les vagues d’immigration successives à l’Ile Maurice ont poussé l’administration coloniale britannique à créer et imposer des classifications ethniques artificielles. Ces catégories ont été maintenues après 1968, année de l’accès à l’Indépendance. La Constitution de 1968 reconnaît officiellement quatre « communites » (traduit en « communautés » à l’Ile Maurice) ou ethnies :

1. les Hindous,
2. les Musulmans,
3. les Sino-Mauriciens
4. la Population générale (qui semblerait inclure tous ceux présents sur l’île avant l’arrivée des britanniques).

L’Ile Maurice des années 60 et 70 était fortement marquée par la division culturelle du travail. C’est à dire “l’assignation d’individus à des types d’emplois et de rôles spécifiques sur la base de traits culturels observables » (Poutignat et Streiff-Fenart, 1995). C’est ainsi que chaque “ethnie » s’est quelque peu constituée une sorte de niche, par exemple le commerce pour les Sino-mauriciens ou la presse écrite pour la Population générale. Ces niches étaient toutefois en interdépendance. Cependant, loin d’estomper les frontières ethniques, le contact inter-ethnique les maintient en tant que  » fondations mêmes sur lesquelles sont bâtis des systèmes sociaux plus englobants” (Barth, 1995).

Une 'laboutik sinwa' (boutique chinoise) typique dans les rues de la capitale, Port-Louis.
Une ‘laboutik sinwa’ (boutique chinoise) typique dans les rues de la capitale, Port-Louis. Crédit: Ile Tropicale.

Le casse-tête des ethnonymes

Comme il existe officiellement non pas deux, mais quatre ethnies à l’Ile Maurice, les notions de frontières ethniques sont fortement présentes dans la société mauricienne. Chaque groupe a besoin de co-exister avec les autres, mais aussi de se différencier afin d’exister face aux autres.  L’ethnonyme est le nom donné à une entité ethnique qui constitue une population (Carpooran, 2010 ).  Nous pouvons faire la  distinction entre l’auto-ethnonyme et l’hétéro-ethnonyme :

« (…) on peut distinguer l’auto-ethnonyme, le nom par lequel un groupe s’auto- désigne, de l’hétéro-ethnonyme, terme par lequel un groupe est désigné de l’extérieur. Il y a encore lieu ici de faire la nuance entre l’hétéro-ethnonyme officiel, reconnu ou imposé par l’Etat, et l’hétéro-ethnonyme populaire, utilisé dans le parler courant, mais n’ayant pas de reconnaissance officielle. » (Carpooran, 2010) (Gras de CR).

A l’Ile Maurice, les ethnonymes actuels sont des hétéro-ethnonymes car ils ont été imposés par le pouvoir colonial britannique. Il existe des hétéro-ethnonymes officiels, ceux de la Constitution, et des hétéro-ethnonymes populaires, avec toutes les connotations péjoratives que ces derniers peuvent véhiculer. Toutefois, nous pouvons mettre en avant l’artificialité de ces ethnies et remettre en question les critères sur lesquels elles ont été établies le lieu d’origine ? La religion ?

Le cliché de la publicité mauricienne: représenter plusieiurs 'ethnies' sur un même cliché. Crédit: MNIS Mauritius.
L’exemple type de la publicité mauricienne: représenter plusieiurs visages et plusieurs ‘ethnies’ sur un même cliché. Crédit: MNIS Mauritius.

Lascar, Malbar, Blanc-bec

Il subsiste ainsi beaucoup d’ambiguïtés car, par exemple, les Musulmans (hétéro-ethnonyme populaire : lascar) et les Hindous (hétéro-ethnonymes populaires : malbar, indien) sont originaires d’Inde. Notons par ailleurs que le système indien de caste structure également la catégorie « Hindou » de l’Ile Maurice. L’ethnicité et, par ricochet, les castes influencent aussi le système étatique mauricien.

Par ailleurs, la catégorie « Population générale » est encore plus complexe car elle est constituée d’un continuum qui va du « Blanc » (descendant de colons européens) au « Créole » (descendant d’esclaves africains et malgaches). Un hétéro-ethnonyme populaire du Blanc est blanc-bec. Depuis quelques années, un autre ethnonyme plus politiquement-correct a émergé pour qualifier ce groupe : celui de « Franco-mauricien ». Toutefois, ceci pose problème car les familles « blanches » sont pour la plupart d’origine européenne, mais ne sont pas forcément d’origine française uniquement. Par ailleurs, toute personne phénotypiquement blanche n’est pas forcément considérée comme un « Blanc ».

Chacun porte son histoire sur sa peau

Les choses ne sont pas plus simples à l’autre extrême du continuum car il existe plusieurs catégories de Créoles. Nous avons, d’une part, la catégorie « grands créoles » (hétéro-ethnonymes populaires : mulâtres, métisses, créoles-Racing [1], créoles-déclaré [2]) qui se rapprocheraient du pôle Blanc et qui seraient donc plus ou moins clairs de peau, voire qui seraient de phénotype blanc; et d’autre part, les « petits créoles » (hétéro-ethnonymes populaires : créoles malgaches, nation, créoles mazambiques, gros créoles) qui tendraient vers le pôle « Créole » et qui auraient la peau plus ou moins foncée. De plus, les « Chagossiens » (hétéro-ethnonyme populaire : îlois) qui ont été déportés de leur archipel natal par les Britanniques pendant les années 60 et qui ont été contraints de vivre à l’Ile Maurice dans des conditions difficiles, figurent aussi dans la catégorie Créole.

Pour conclure, signalons que la catégorie « Population générale » est aussi le réceptacle de quelques variantes du métissage, par exemple le « Créole-lascar », mélange de Créole et de Musulman, le « Créoles-chinois », mélange de Créole et de Sino-mauricien ou le « Madrass- baptisé », qui peut-être soit un mélange de Créole et d’Hindou originaire de l’état de Tamil Nadu, soit ce même Hindou de foi hindoue qui se serait par la suite converti au christianisme.

Le melting-pot mauricien est bien plus complexe qu’il n’y parrait!


[1] Créoles-Racing : du nom du « Racing Club », club de loisir et de sport crée pour et par les Mulâtres.

[2] Créoles-déclaré : Si l’on devait compléter cette expression créole, ce serait « Kreol deklar Blan », autrement « le Créole qui se prend pour un Blanc ». Ceci met en avant un système de pigmentocratie (Arno & Orian, 1986; Chan Low, 2008) qui tendrait vers un idéal de blanchitude, souvent lié à la francophonie (Robillard, 1993). « Comme chacun porte son histoire sur sa peau, l’on s’obstine par là à tromper la mémoire et à nier la réalité. On finira par se laisser prendre à sa propre tentative de dissimulation : le Noir ne verra plus qu’il est noir, le métis se prendra pour blanc. Quand au Blanc, il sera incité à se prétendre de souche noble. » (Arno & Orian, 1986 ).

Références:

ARNO, T., & ORIAN, C., (1986) : Ile Maurice : une île multiraciale, Paris, L’Harmattan

BAGGIONI, D, et ROBILLARD (de), D., (1990) : Ile Maurice, une francophonie paradoxale, Coll, « Espaces Francophones », L’Harmattan, Paris.

BARTH, F., (1995) : Les groupes ethniques et leurs frontières, PUF, Paris.

CARPOORAN, A., (2010) : « Ethno-glossonymie et gestion des langues à Maurice », Télescope, vol 16, no.3,

CHAN LOW, J., (2008) : « Une perspective historique du processus de construction identitaire à l’Ile Maurice » IN LIVE, Y-S., et HAMON, J-F., (dir), Interethnicité et interculturalité à l’Ile Maurice, Kabaro no. IV, Université de la Réunion, L’Harmattan.

POUTIGNAT, P., et STREIFF-FENART, J., (1995) : Les théories de l’ethnicité, Paris, PUF.

ROBILLARD (DE) D., (1993) : « L’expansion du français à l’Ile Maurice : dynamisme stratificatoire, inhibitions ethniques » IN BENIAMINO, M., & ROBILLARD (DE) D., (Eds), Le français dans l’espace francophone, Tome I Champion-Slaktine.


Le 17 ou Curepipe ma ville

Comme les législatives arrivent à grands pas (le 10 décembre!), les listes des investitures de divers partis politiques ont été dévoilées.  Tous les partis peuvent présenter un maximum de trois candidats par circonscription. C’est l’occasion pour moi de vous présenter ma circonscription et ma ville : Curepipe !

Curepipe, le temps des élections.
Curepipe, le temps des élections.

Dans le cadre de législatives, l’Ile Maurice est divisée en 20 circonscriptions. Celles-ci ont été établies en 1966 (Mauritius [Electoral Provisions] Regulations 1966), soit deux années avant que l’Ile n’ait accédé à son indépendance. Cependant, il semble exister une sorte d’incohérence   autour des critères sur lesquels ces circonscriptions ont été ‘découpées’ et créées : géographie physique, démographie, frontières naturelles ou artificielles, ethnicité ? Si bien que plusieurs rapports ont été publiés dans le but de proposer un re-découpage à jour et équilibré des circonscriptions. Le dernier en date est le Mauritius Electoral Boundaries Commission Report publié  en 2009. Cependant, les recommandations de ce rapport n’ont pas été adoptées.

Conséquemment, nous nous retrouvons avec 20 circonscriptions datant de 1966 et qui sont pour le moins hétéroclites :

Les 20 circonscriptions de l'Ile Maurice. Crédit photo: Le Mauricien.
Les 20 circonscriptions de l’Ile Maurice. Crédit photo: Le Mauricien.

Je suis originire de la circonscription 17 Curepipe-Midlands et ma ville se nomme Curepipe. Elle se situe au centre de l’ile sur les hauts-plateaux. La ville de Curepipe comprends également plusieurs quartiers et cités (Casernes, Forest-Side, La Brasserie, cités Atlee, Joachim, entre autres). Loin du cliché «Ile Maurice-ensoleillée », Curepipe est réputé pour sa grisaille, sa fraîcheur en hiver et sa pluviosité tout le long de l’année ! Et oui ! Curepipe ressemble souvent à ça :

Curepipe sous les eaux! Crédit photo: Cecilia Hurhungee.
Curepipe sous les eaux! Crédit photo: Cecilia Hurhungee.

Une ville chargée d’histoire

Curepipe est aussi une ville chargée d’histoire. En 1867, alors qu’une épidémie de malaria se propageait à Port-Louis, la capitale, les colons français et leurs descendants choisirent de s’établir à Curepipe. Le pouvoir économique de ce temps étant aux mains de ces derniers, Curepipe devint alors une ville riche et prospère. Elle est ainsi la première ville de l’île à bénéficier de l’électricité, d’où le surnom Ville Lumière. Le quartier général du Central Electricity Board se trouve aujourd’hui encore au centre-ville de Curepipe. Outre l’électricité,   Curepipe a été pionnière dans bien des domaines :  première galerie marchande (Magasins Guillemin, aujourd’hui Arcades Currimjee), premier supermarché (Prisunic), premier lycée français, premier KFC, entre autres.

Pour conclure, je vous invite à découvrir quelques lieux incontournables de ma ville :

La municipalité de Curepipe.
La municipalité de Curepipe.

 

L'église Sainte Thérèse.
L’église Sainte Thérèse.
La bibliothèque Carnégie
La bibliothèque Carnégie


Le 10 décembre

Pourquoi titrer un billet 10 décembre, alors que nous sommes au mois de novembre?

11

Non, ce n’est pas que je souhaite anticiper les célébrations de la Journée internatinale des droits de l’homme. Quoi qu’en y réfléchissant, bien, ce serait l’occasion pour moi de célébrer le droit au vote… Et cela tombe bien, car  mon pays ira aux urnes le mercredi 10 décembre.

C’est officiel, l’Ile Maurice vivra au rythme de la politique pendant le mois à venir. En ce beau dimanche 9 novembre 2014, je souhaiterais partager avec vous la une des principaux hebdomadaires de mon pays. Voici donc ce que l’on peut lire aujourd’hui :

101

Ces hebdomadaires nous donnent un avant-goût des semaines qui suivront. Actualité politique oblige, ils titrent tous sur la liste des candidats de l’alliance Parti Travailliste-Mouvement Militant Mauricien (PTr-MMM). Cette sacro-sainte liste de 60 noms a été dévoilée hier. Sur 23 ministres sortant, 11 n’ont pas reçu de ticket (comme on le dit dans mon île), soit pas d’investiture.

Et lorsque l’on parcourt les journaux, chacun y va de son analyse: réactions, profils, palabres (racontards ou bruits de coulisse, en créole). Cependant, trois axes reviennent dans la presse lors du décryptage de cette liste de potentiels ministrables: ceux qui n’ont pas reçu d’investiture, les nouveaux venus et le nombre de candidats de sexe feminin. 11 femmes bénéficient d’une investiture de l’alliance PTr-MMM. Celle-ci a d’ailleurs organisé un congrès à l’intention des femmes, ce matin.

Alors que la coalition Ttr-MMM a présenté sa liste de candidats, l’Alliance Lepep, ainsi que tous les autres partis, ont jusqu’au lundi 24 novembre, jour du Nomination Day, pour finaliser et officialiser la leur.

Il règnera une ambiance particulière à l’Ile Maurice lors des prochaines semaines!

J -30.


Ile Maurice : de séga en slogan

Le séga représente la culture de mon pays. Tirant ses origines du temps de l’esclavage, le séga mauricien a longtemps souffert de dévalorisation sociale, tout comme l’était la langue dans laquelle il était chanté : le créole. L’histoire du séga est empreinte de douleur, mais aussi de vie et d’espoir.

Aujourd’hui, le séga s’est affranchi des préjugés socio-coloniaux, s’est modernisé, et a même réussi l’exploit de s’exporter. En effet, les Mauriciens et la diaspora mauricienne de par le monde sont friands de soirées ségas. Chantés en créole, les ségas représentent un puissant vivier linguistique, si bien que des paroles de séga peuvent devenir (ou populariser) une expression dans la vie courante (pik so ourit, ar nou non, bater bis, pour en citer quelques-uns). Caméléon, mais unificateur et fédérateur, le séga est partout à l’Île Maurice : aux fêtes, en publicité, en politique.

Le séga et la politique

L’histoire d’amour entre le séga et la politique a commencé aux débuts des années 70, soit peu après que l’ancienne colonie britannique a accédé à son indépendance. Cette période marque également les débuts du Mouvement militant mauricien (MMM) de Paul Bérenger, et du fameux séga Soldat Lalit Militant interprété par Siven Chinien. Depuis sa sortie au début des années 70, ce séga est devenu le chant emblématique du MMM. Il est, aujourd’hui encore, toujours diffusé lors des rassemblements politiques de ce parti, sans oublier le morceau Krapo Kriyer de Nitish Joganah. La mémoire collective mauricienne associera aussi la chanson Celimène de David Martial à Sir Gaëtan Duval du Parti Mauricien Social Democrate (PMSD). Celimène deviendra à l’occasion C’est li mem. Les ségas à la gloire de l’actuel Premier ministre Navin Ramgoolam, sont également populaires : Navin nu liberater, Cozer Navin, Navin pa kile, entre autres.

Avec les Élections générales qui se tiendront bientôt, le pays est actuellement en campagne électorale. Comme à l’accoutumée, chaque campagne produit son cru de ségas – les partis politiques rivalisant d’ironie, de créativité et d’humour… et oui, il en faut bien!! Et cette année, c’est l’Alliance Lepep (MSM- PMSD- ML) qui a lancé les hostilités avec le séga Viré Mam. Celui-ci est en passe de devenir un slogan de campagne.

La réplique de l’Alliance de l’unité et de la modernité (PTR-MMM) ne s’est pas fait attendre, et elle s’est faite par le biais de l’organe de presse du PTR, Advance :

Plusieurs spin-offs font également leur apparition, à l’instar de cette vidéo publiée aujourd’hui. Celle-ci est toujours dans l’esprit Viré Mam, mais reprend cette fois le séga d’Alain Ramanisum Viré, viré mama :

Nous sommes au tout début de la campagne électorale, et d’autres ségas nous attendent ainsi que de nouvelles surprises musicales.

Souhaitons que ces viré, déviré, révirer, re-dévirer ne mènent pas à la dérive!


L’Ile Maurice se fait belle pour Divali

Aujourd’hui est jour de fête dans mon île ! En effet, ce soir l’Ile Maurice se parera de lumières pour célébrer comme il se doit la fête de Divali.

Divali représente symboliquement la victoire du bien sur le mal, celle de la lumière sur les ténèbres.
Divali représente symboliquement la victoire du bien sur le mal, celle de la lumière sur les ténèbres. Crédit photo: PhotoPin.

J’ai la chance d’être née et de vivre dans une île multiculturelle où se métissent les traditions venues d’Afrique, d’Europe et d’Asie.  Et aujourd’hui sera célébrée l’une des plus importantes fêtes hindoues : le Divali.

Divali, Diwali ou Deepavali est sans doute l’une des fêtes les plus connues et les plus populaires. Elle est célébrée chaque année par la diaspora indienne à travers le monde. Mot d’origine Sanskrit deep signifie lumière et avali signifie rangée, donc littéralement série de lumières.

Aussi connue comme la Fête de la lumière, Divali représente symboliquement la victoire du bien sur le mal, celle de la lumière sur les ténèbres. Cette définition est pour le moins rapide, j’en conviens, et je m’en excuse. Pour ceux et celles qui souhaitent en apprendre davantage sur la signification de Divali, je vous invite à cliquer ici.

A l’Ile Maurice, Divali est jour férié. Les familles se préparent bien avant le moment tant attendu : grand nettoyage de la maison, achat de vêtements neufs, confection de gâteaux traditionnels et autres sucreries. Ici, un des incontournables est sans doute le gâteau patate ! Il s’agit d’une succulente galette de patate douce fourrée de noix de coco.  Ce soir les maisons seront illuminées de guirlandes électriques, mais aussi de diyas (lampes traditionnelles en terre cuite, qui ont malheureusement tendance à être oubliées, modernité oblige!).

Divali à Maurice se célèbre dans la joie, le partage et la douceur. Le partage des sucreries entre familles, amis et voisins reste un des moments forts des célébrations.

A tous mes amis de l’Ile Maurice et d’ailleurs, je vous souhaite Happy Divali !


Ile Maurice: meetings et bataille des foules!

Hier, 12 octobre, n’était pas un dimanche comme les autres à l’Ile Maurice! Hier était jour de meeting!

En effet, cette journée a marqué le lancement de la campagne électorale! Les deux principaux blocs politiques qui s’affronteront lors de la prochaine joute électorale ont rassemblé leurs partisans respectifs afin de se livrer à une bataille des foules… A savoir lequel des deux blocs à rallié le plus  grand nombre de personnes!

Les affiches des deux meetings.
Les affiches des deux meetings.

Le PTR-MMM était à la ville de Quatre-Bornes et l’Alliance Lepep à celle de Vacoas. Et en ce lundi matin, les principaux groupes de presse de l’île s’en donnent à coeur joie. Pour évaluer en nombre l’assistance aux deux meetings, tous les moyens sont bons!

Comparatif de photos aériennes pour l’express:

Crédit photo: L'Express.
Crédit photo: L’Express.

Comparatifs de l’assistance pour le Défi:

Crédit photo: Le Défi Media Group
Crédit photo: Le Défi Media Group

Après près de 24 heures des deux meetings, un petit coup d’oeil sur les pages Facebook s’impose. Les photos y seront certainement différentes de celles des groupes de presse. Voici ce qu’on y voit:

Photos sur le Facebook du PTR-MMM.
Photos sur le Facebook du PTR-MMM.
Photos sur le Facebook de l'Alliance Lepep.
Photos sur le Facebook du MSM, l’un des partis d’Alliance Lepep.

Pour conclure, il semble que le but des meetings d’hier n’était que de tater le pouls, le terrain, l’ambiance, le mood… Bref, qu’une entree en matière!

J’ai hâte que l’on annonce la date des prochaines élections, ainsi que la liste de tous les candidats qui brigueront les suffrages!


Île Maurice: en campagne électorale!

Du nouveau et pas des moindres!

L’Assemblée Nationale mauricienne a officiellement été dissolue aujourd’hui, lundi 6 octobre 2014.

Que cela signifie-t-il ? Et bien, selon la Constitution mauricienne, le Premier ministre dispose d’un délai de 6 mois pour la tenue de nouvelles élections générales.

L’Ile Maurice est donc officiellement en campagne électorale! Deux principaux blocs s’affrontent:  d’un cote une alliance composée du Parti Travailliste (PTR) et du Mouvement Militant Mauricien (MMM) et de l’autre, l’Alliance Lepep, composée du Mouvement Socialiste Mauricien (MSM), du Parti Mauricien Social Démocrate (PMSD) et du Mouvement Liberater (ML).

Pour résumer, c’est donc le PTR-MMM v/s le MMM-PMSD-ML.

Prochaine étape : les grands rassemblements respectifs des deux blocs, ce dimanche 12 octobre 🙂


Bonne gouvernance: l’Ile Maurice en tête de l’Indice Ibrahim.

L’Indice Ibrahim de la gouvernance en Afrique ( IIGA ) fournit une évaluation annuelle de la qualité de la gouvernance dans les pays africains . L’Ile Maurice se classe en première place.

Port-Louis, capital de l'Ile Maurice.

Compilé en combinant plus de 100 variables à partir de plus de 30 institutions africaines et mondiales indépendantes, la IIGA évalue la gouvernance en Afrique. Avec un score de 81.7 points sur 100, l’Ile Maurice serait un modèle de bonne gouvernance dans la région africaine. Trois autres pays francophones font partie du Top 10. Ils sont le Cap-Vert (76.6 points), la Tunisie (66 points) et le Senegal (64.3 points).

La Fondation Mo Ibrahim

La Fondation Mo Ibrahim a été crée en 2006 par Mohamed Ibrahim, Anglo-Soundanais et entrepreneur dans le domaine de la télécommunication. L’Indice Ibrahim ambitionne d’évaluer objectivement la gouvernance des États. L’Indice est construit autour de quatre principaux axes : Sécurité et souveraineté du droit, Participation et droits de l’homme, Développement économique durable et Développement humain.


Bienvenue chez moi

gg

Chez moi c’est petit ! Beaucoup trop petit pour nous, car nous sommes nombreux. Il y a des jours où nous avons chacun notre chambre, d’autres pas. Nous avons tous la même mère, mais il paraît que nous avons chacun des pères différents ! Cela se voit et surtout, cela s’entend. Donc entre nous, bonjour la (non)ressemblance et les différences! Au sein de la fratrie, on se bagarre souvent. Mais qu’importe, nous sommes tous issus de la même matrice !

La fête des pères ? Pas pour moi, je ne connais pas le mien. Je sais juste qu’il a traversé les mers pendant des mois, avant de tomber sur… ma mère ! Non, ce n’était pas le coup de foudre. Non ce n’était pas l’amour au premier regard. C’est plutôt un regard hagard qu’il a posé sur elle. C’était ma mère, c’était mon père ; le résultat c’est donc moi ! Et une ribambelle de frères et sœurs. Ensuite d’autres pères sont arrivés, et il y a eu encore d’autres rencontres et d’autres enfants. Ainsi va la vie ! Cela a duré pendant des années. Et oui, ma mère a beaucoup travaillé ! Vous comprenez donc pourquoi c’est petit chez moi !

Parlons maintenant de mes frères et sœurs ! Etant chacun de pères différents, nous nous ressemblons que très peu ! Couleur noir, blanc, café au lait, caramel, cannelle, marron, crème brûlée, mousse au chocolat… – bref de toutes les couleurs que vous imaginez – nous nous déclinons en une multitude infinie de teintes ! Si bien que l’on demande souvent à ma mère : ‘Ou bann zenfan tou sa la ?’* Ah oui, j’ai oublié de vous dire ! Nos pères respectifs parlaient tellement de langues différentes, qu’on ne se comprenait plus ! Il fallait jongler entre les langues européennes, africaines, malgaches, indiennes, chinoises ! De ce melting-pot linguistique est née une langue créole. La nôtre ! Un savoureux cari-melanz des quatre coins de la planète : mo pou montre zot dans ene prosain biye !** C’est la langue que parle ma mère.

Ma mère, ma mère… que dire d’elle ? Elle en a vu – littéralement – de toutes les couleurs : l’esclavage, la colonisation, les inégalités et la corruption, en passant par les affrontements dits-ethniques. Les enfants sont parfois ingrats envers leurs mères. Comme toutes les femmes, ma mère s’est adaptée et a évolué au fil du temps. Elle est aujourd’hui indépendante. Nous vivons tous chez elle, dans ses 1 865km2!

Chez moi, c’est chez ma mère. Chez moi, c’est l’Ile Maurice !

* Ils sont à vous tous ces enfants?
** Je vous montrerai dans un prochain billet