Ecclésiaste Deudjui

Steve Jobs : un visionnaire

Steven Jobs nous a quittés le 06 octobre 2011 de suite du cancer qui le rongeait depuis plus de dix ans. Et si tous reconnaissent en lui un artiste, un révolutionnaire et un homme d’affaires brillants, il faudrait d’abord saluer l’extraordinaire visionnaire qui a changé les usages de millions de personnes à travers le monde. N’est-ce pas nous sommes déjà à l’i-Phone 6 ?

 

Le côté noir, c’est que Steven (Steve pour les intimes) Jobs était loin d’être une personnalité exemplaire. Pour le prouver, il n’y a qu’à rappeler son éjection de la firme Apple au milieu des années 80, société qu’il avait pourtant créée avec son compère de toujours, l’électronicien Stephen Wozniack. Et pour cause, les employés et les actionnaires lui reprochaient son comportement désinvolte, presque dilettante. Bien que millionnaire en dollars, il lui arrivait d’entrer au bureau les pieds nus, une culotte jean sur les fesses, un tee-shirt froissé sur les épaules. Il rabaissait ses programmeurs en les faisant se sentir inférieurs, il les asphyxiait de travail. Par ailleurs, il était également connu pour ses humiliations lors des entretiens d’embauche, lorsque des demandeurs d’emploi venaient lui solliciter un poste et qu’il disait à ceux-là qu’ils n’avaient rien à faire dans son entreprise Apple.

Et puis, l’autre côté noir de Steve Jobs, c’est qu’il n’était pas non plus un père exemplaire dans sa jeunesse. Il a mis une dizaine d’années à reconnaître sa première fille, Lisa. Il avait abandonné la mère, la méconnaissant, l’humiliant, ne lui accordant que de maigres pensions alors qu’il était déjà très riche à l’époque…

Mais outre ces maladresses impardonnables, c’est un informaticien de génie, un homme d’affaires de talent, un révolutionnaire avisé, bref, un visionnaire, que le monde entier a perdu en cette soirée du 06 octobre 2011. D’abord parce que, en 1976, alors qu’il est encore étudiant, il persuade son copain Wozniack (surnommé le magicien Woz) de monter une société de vente de cartes d’ordinateurs ; ce sera Apple. Jobs est un artiste et un hippie. Derrière ce dessein mercantiliste qu’incarne Apple, se cache une vision révolutionnaire de la société de consommation et du monde en général. Il veut changer les mentalités, il veut changer les habitudes, il veut changer les humains. Et pour cela, son instrument sera l’outil informatique.

C’est grâce à lui si nous utilisons aujourd’hui la souris de façon usuelle, car à l’époque une telle idée rebutait les constructeurs d’ordinateurs. C’est grâce à lui si nous avons un mode graphique aisé, car Jobs pensait que la simplification de l’informatique allait simplifier le travail des humains. C’est grâce à lui si nous utilisons des écrans tactiles, des iPod, des iPad, des téléphones intelligents, etc…

En 1997, Steve Jobs est de retour dans la société qu’il avait fondée 20 ans plus tôt. Il initie plusieurs projets d’envergure qui rehaussent la marque, revalorisent le Macintosh face au PC de Microsoft, introduisent l’entreprise dans le monde de la téléphonie mobile, de l’internet, des baladeurs…

Mais malheureusement, et tout le monde le sait, il est atteint d’un cancer qui l’oblige à faire plusieurs retraits de la scène publique. Ce qui ne l’empêche pas de présenter les grandes innovations, pour finalement se retirer définitivement en 2010, après une vie mouvementée entièrement consacrée à l’art et à l’avancée des technologies informatiques.

Steve Jobs s’est donc finalement éteint le 06 octobre 2011, de suite de ce cancer qui le rongeait tant, à l’âge de 55 ans. Il sera difficile d’oublier sa personnalité excentrique mais affirmée, personnalité qui créait sans cesse, personnalité qui inspirait, personnalité qui osait. Dans les bureaux de Apple, il y avait des pianos, des sculptures, des tableaux. Les ordinateurs qu’il fabriquait avait tous une identité : le Macintosh, le Lisa, l’Apple I, l’Apple II…

Enfin, on n’oubliera jamais deux phrases clés du génial visionnaire. La première, c’est quand il recruta un ancien directeur commercial de Pepsi en lui demandant s’il voulait continuer à vendre l’eau sucrée toute sa vie, ou alors s’il voulait contribuer à changer le monde…

La deuxième, c’est lorsqu’il reprit l’idée du mode graphique des laboratoires Xerox pour la faire installer sur ses propres machines. A l’époque, il s’était justifié en disant que les grands esprits imitent, et que les génies s’approprient.

Il venait alors de s’approprier le monde…

 

Ecclésiaste DEUDJUI


Avatar : beaucoup de bruit pour rien

A force de les lire, on a fini par les croire ! Les statistiques, bien entendu. Les records. James Cameron a battu James Cameron. Le record d’entrée en salles de Titanic battu en brèche ! On a fini par les croire, et c’est comme ça que tout le monde (enfin, presque) a voulu voir Avatar parce que si tout le monde l’a vu, c’est qu’il est forcément génial. Et pourtant…

 

S’il faut lui attribuer un mérite, le long-métrage de Cameron est avant tout un chef-d’œuvre sur le plan technologique. Et principalement sur la 3D, car avec des lunettes adaptables c’est le premier film qu’on peut visionner en ayant l’impression de faire partie de la mise en scène. C’est également une réussite sur le plan cinématographique. Parce qu’il ne faut pas oublier que le cinéma, c’est d’abord de la cinématographie. Et sur ce coup, chapeau bas à l’équipe du film : couleur parfaite, photographie impeccable, déguisements réussis, effets spéciaux à la hauteur, cadrage, plans et mouvements de caméra irrésistibles… on ne parle pas du jeu des acteurs car aucun d’entre eux n’est à reprocher, même si personne ne se dégage spécialement !

 

Ceci dit, Avatar n’est pas le film spectaculaire que les journaux et les critiques nous ont tant vanté. Outre les mérites techniques attribués ci-haut, ça reste un long-métrage à l’intrigue plate. Ça reste une pâle copie de Matrix. Ça reste une guerre du Viêtnam revisitée. Et s’il fallait qu’il y ait des habitants sur une autre planète, pourquoi fallait-il qu’ils soient humanoïdes ? Pourquoi fallait-il qu’ils soient des êtres primaires ? Comme si ce sont toujours les terriens (pour ne pas dire les Américains) qui doivent apporter la lumière aux autres et jamais l’inverse ?

 

On a vu plein de films plus élaborés « scénaristiquement » que Avatar. On a vu beaucoup de films moyens avec des personnages plus développés, plus complexes, plus épais, plus humains que dans Avatar. On a déjà eu des effets spéciaux plus impressionnants que des tyrannosaures Rex remodelés. Avatar est un « movie » hollywoodien comme on en produit une quinzaine par année. C’est un bon film, mais c’est tout. Sa réussite fulgurante vient du nom de son réalisateur, et surtout du fait qu’il soit le détenteur des précédents records en salles.

Sa réussite vient aussi de sa stratégie commerciale. Et sur ce point le titre du film l’y a bien aidé, car « avatar » se dit « avatar » dans la plupart des langues du monde, y compris en Scandinavie et au Danemark.

 

Enfin, le succès de « avatar » vient aussi de la révolution sociale internet dans laquelle nous vivons, avec les smileys sur Messenger, les avatars dans Second Life, les profils sur Facebook, les miniblogs sur Twitter, les vidéos sur Dailymotion etc… C’est fascinant pour nous de voir nos représentants numériques prendre des risques à notre place, mais si on y réfléchit… on avait déjà vu tout cela dans Matrix !

 

James Cameron aurait mieux fait de rendre son film un peu moins long : 1h45 tout au plus, au lieu de ces 2h30 d’impatience et d’ennui total. Il aurait été malin de ne pas utiliser une musique qui ressemble à celle que l’on retrouve dans Titanic. Il aurait dû épurer les longues scènes inutiles qui peuplent le scénario et qui n’apportent rien à l’épaisseur de son œuvre. Il aurait dû rendre la civilisation Na’vi plus crédible, en l’éloignant au maximum des civilisations humaines. Il aurait dû s’écarter de l’idée de révolution, et faire comme il l’a si bien réussi en 1997 avec Titanic : raconter une histoire simple avec des personnages crédibles !

 

Les histoires de fin de civilisation saupoudrées d’une pinte d’amour et d’héroïsme qui finissent par une ravageante révolution guerrière ? Non merci.

 

Ecclésiaste DEUDJUI


Comment est mort Ben Laden ?

A l’heure où la lutte contre le terrorisme connaît un net regain d’intensité, nous avons bien voulu revenir sur la plus grande traque de l’histoire. Laquelle traque a abouti à l’une des opérations les élaborées de toute l’histoire de l’armée américaine : l’assassinat de Ben Laden en 2011…


ça s’appelle un executive order, lorsque les forces spéciales américaines déploient une opération dans laquelle il leur est demandé de tuer physiquement un individu.Depuis la loi Reagan dans les années 80’, qui interdit aux soldats américains de tuer des ressortissants étrangers lors d’une opération commando, il n’y a que le président américain qui a le droit de donner cet ordre-là. Et c’est ce que Barack Obama a fait sans hésiter, le vendredi 29 avril, lorsque les services secrets l’ont assuré de la présence de Ben Laden dans une villa de la petite ville pakistanaise d’Abbotabad.

Tout commence en 2003 à la prison de Guantanamo, lorsque des détenus de Al Qaïda dénoncent un des messagers personnels de Ben Laden, et dont ils ne connaissent que le nom de guerre. Après plusieurs années de filature, la CIA finira par retrouver l’identité officielle de ce messager, pour finalement localiser sa résidence en août 2010 dans la ville militaire d’Abbotabad. Très vite, ce qui était au départ un espionnage transitoire s’avère rapidement être une trouvaille bien étrange. D’abord, la résidence du messager occupe une surface huit fois plus grande que les autres résidences du quartier. Ensuite, les barrières font 5 mètres de haut et sont équipées de barbelés. Puis, le ‘fort’ ne possède que deux entrées qui sont ultra-sécurisés. Sans oublier que le bâtiment a trois étages, et que pourtant aucune des fenêtres ne donne sur l’extérieur. Enfin, la résidence ne possède ni téléphone, ni internet, ses habitants sont très discrets, ils brûlent eux-mêmes leurs ordures au lieu de les confier aux éboueurs…

La suite on la connaît, plusieurs mois de traques nocturnes, de survols de drones, de planification de l’attaque, et surtout de silence. Car s’il faut bien avouer une chose, c’est que Barack Obama a rehaussé son image de commandant des armées sur ce coup-là. Lui que les américains jugeaient trop timide, voire timoré, pas assez courageux, a fait montre d’une patience sans borne, et d’une discrétion de tous les instants. Jusqu’au vendredi soir où, avec la certitude la présence de Ben Laden, il a donné l’ordre de mettre sur pied l’assaut. Et de capturer l’ennemi juré des États-Unis Mort ou Vif. Surtout mort !

Justement. S’il n’est pas clairement établi que le Pentagone voulait absolument abattre le leader d’Al-Qaïda, il est également avéré que la mort de ce dernier ne les embarrasse pas plus que ça. Un Ben Laden vivant aurait eu droit à des procès qui auraient perturbé les élections américaines de 2012, suscité des prises d’otages avec revendication de sa libération, provoqué des attentats suicides et des manifestations de foule exigeant qu’il soit rapidement libéré… Sans oublier que Guantanamo est en train d’être fermé, et que les américains n’aiment pas trop incarcérer les terroristes sur leur territoire.

Donc, Barack Obama en sort grandi, et ce 10 ans après les attentas du 11 septembre. Surtout, l’opération tombe à point nommé, à un moment où les mouvements de contestation sont légion dans le monde arabe. De quoi faire passer la pilule plus facilement. Surtout que dans le fond, ce que les populations de ces régions aimaient chez le fondamentaliste Ben Laden, ce n’était ni le terroriste ni l’intégriste, mais l’anti-américain qui osait défier l’arrogance des gouvernements successifs d’Outre-Atlantique.

Enfin, il reste des questions. Il reste à savoir pourquoi la télé pakistanaise s’est amusée à diffuser un photomontage d’un Ben Laden abattu de déflagrations en plein visage, avant de le retirer quelques heures après. Il reste à savoir pourquoi les américains s’amusent à ne montrer aucune photo d’un Ben Laden mort, silence qui risque d’attiser une nouvelle fois les théoriciens du complot, qui pensent déjà que cet assassinat n’est pas réel et qu’il s’agit là encore d’une autre fumisterie yankee.

Il reste à se demander pourquoi les États-Unis annoncent avoir immergé le corps sous mer, expliquant vouloir être en règle avec les rites religieux musulmans, que l’ennemi ce n’est pas l’islam mais le terrorisme, ratiocinant qu’il fallait éviter un mausolée ou un lieu de rassemblement à ce terroriste impardonnable, etc, mais des doutes subsistent quand même. Parce que dans la religion musulmane, on ne jette pas le corps à la mer, mais on le renvoie à la terre nourricière c’est-à dire qu’on l’enterre. Ensuite, parce qu’un ennemi public numéro un de cette envergure, on ne se débarrasse pas de son cadavre comme ça. On peut donc légitimement penser que les soldats américains ramèneront la dépouille mortuaire sur leur territoire, pour le garder dans un endroit quasiment inaccessible.

Et le terrorisme, continuera-t-il ? Bien sûr que oui. Ses organisations seront certainement affaiblies, voire légèrement démobilisées, mais il faut rappeler que Ben Laden avait cessé d’être le financier, le commandant de guerre, et l’idéologue depuis longtemps. La nébuleuse Al-Qaïda est une pieuvre sans queue ni tête, à tel point que ses différentes branches sont totalement indépendantes. En plus, on peut craindre une résurgence du sentiment anti-américain ou anti-occidental, conduisant à des actions criminelles de masse. Pas obligatoirement immédiatement, même dans les mois ou les années à venir…

Il reste des tas d’autres questions, mais on n’aura jamais réponse à tout. C’est à peine si on sait ce qui s’est exactement passé dans cette villa d’Abbotabad, où on nous dit que les tirs ont duré près de 40 minutes. C’est à peine. Et pourtant, 40 minutes ou pas, Ben Laden est finalement mort comme il l’avait toujours souhaité, en martyr. Mais avouons qu’on l’y a un peu forcé quand même !

 

Ecclésiaste DEUDJUI


Alain Mabanckou: apologie de son crack

Je ne suis pas Platon et Mabanckou n’est pas Socrate. Mais je voulais quand même vous dire (en deux mots) ce que je pense de ce génie littéraire…

 

L’autre jour j’ai fini de (re)lire Verre Cassé pour la 7ème fois, et, au vu du plaisir que je ressens à chaque fois, je me suis dit qu’il fallait absolument que je partage le talent de son auteur, Alain Mabanckou.

 

Avant de revenir sur le fameux Verre Cassé, je rappelle que Mabanckou est l’auteur de plusieurs autres livres à succès, à savoir « Demain j’aurai vingt ans », « Black Bazar », « African Psycho », « Mémoires de Porc-épic », « Le sanglot de l’homme Noir ». Avec un point commun au travers de toutes ces œuvres, le non-respect du conformisme et des règles grammaticales…

 

Pour donner une idée, Mémoires de porc-épic a remporté le Prix Renaudot en 2006 alors que le texte est écrit uniquement avec la virgule, que les paragraphes sont interminables, et que les premières lettres de chaque phrase sont tout le temps en minuscule…

 

Ce procédé avait déjà fait recette dans Verre Cassé en 2005, best-seller, livre qui relate les mésaventures d’un bar, Le Crédit a Voyagé, au travers du personnage ubuesque de Verre Cassé, soûlard invétéré, irresponsable matrimonial et mauvais enseignant, auprès de qui les clients du bar racontent leurs galères quotidiennes ainsi que leurs caractères lubriques et excentriques.

 

Dans Black Bazar, c’est la négritude parisienne que Mabanckou passe au peigne fin, décrivant au passage la vie artificielle des Africains de l’Hexagone.

 

Tout le contraire de African Psycho et Demain j’aurai vingt ans, deux romans qui se passent en Afrique villageoise et dans lequel le personnage central affiche une fausse naïveté qui fait merveille. Dans le 1er il s’agit dune parodie de American psycho (Bret Easton Ellis) version bantou-isée, et dans le second l’auteur nous offre une plongée au cœur de son enfance intime, sa mère qui l’a élevée toute seule, son père adoptif qui le considérait comme son propre fils…

 

Nul doute que ce Mabanckou-là est un génie. Sinon comment expliquer les centaines de références qu’il évoque à chacun de ses romans, et qui dévoilent sa culture générale intarissable ? Comment expliquer que son personnage principal puisse être un porc-épic, et que malgré tout on y croit quand il nous plonge dans les méandres du totémisme des traditions subsahariennes ? Comment comprendre qu’il écrive tout un livre, Verre Cassé, avec seulement la virgule comme signe de ponctuation ? Et que, dedans ce cafouillis de verbiage, on y retrouve la vie, le désordre, l’Afrique, l’amour, la joie, le bonheur, avec l’intertextualité pour nous saupoudrer tout ça ?

 

Et puis aussi, tous ses livres sont dédicacés à sa propre mère, Pauline Kengué, disparue depuis 1995. Ma maman aussi se prénomme Pauline. Mais ce n’est pas (seulement) pour ça que je trouve cet écrivain vraiment (très) exceptionnel…

 

Ecclésiaste DEUDJUI


Bienvenue sur la planète Cameroun…

La planète Cameroun me fait beaucoup rire hein, mais c’est le chez moi.

Je vais commencer par quoi et laisser quoi ? Dire que c’est le Cameroun dans tout son ensemble qui me fait rire ? Ou alors pleurer ? Dire que je le déteste tout autant que je l’adore ? Que, tous ici, nous rêvons parfois d’y partir dans le seul but de pouvoir s’offrir le luxe de « revenir » ?

 

Bon beh je vais quand même le dire, la planète Cameroun c’est le chez moi. C’est le chez nous. Ce qui se passe dans notre triangle national-ci est in-racontable. C’est à peine si c’est vivable. Voilà, j’ai trouvé, c’est « survivable ».

 

Quand j’étais petit, j’entendais les gens dire que le Cameroun c’est le Cameroun. Et jusqu’aujourd’hui, je me demande toujours pourquoi est-ce que cette lapalissade n’est vraie que pour mon cher pays. Hein ? Pourquoi est-ce que les gens ne disent jamais que le Gabon c’est le Gabon ? Ou les Seychelles les Seychelles ? Ou la France la France ? Ou la Papouasie Nouvelle-Guinée la Papouasie Nouvelle-Guinée ? Je m’interroge.

 

En plus c’est clair que nous ici nous nous comprenons sans mot dire, dans cette jungle urbaine, parce que notre vie c’est notre vie, notre parler c’est notre parler ; nos coutumes ce sont nos coutumes, etc… Je n’invente rien, n’importe quelle tautologie dans mon pays devient une formule philosophique très universelle […]

 

D’abord, pour te raconter le chez moi et les « Camerounautes », je vais préciser deux choses : de un, le langage qui est utilisé ici est le meilleur ingrédient pour essayer de capter nos atypiques modes de vie. Chez nous le français il est élastique, chez nous quand tu multiplies un adjectif ou un adverbe dans une phrase, tu lui donnes plus-plus de force ; chez nous on mélange all the languages dans un mismo paragrafo. Chez nous quand tu utilises un verbe, en réalité c’est que tu vas accomplir l’action contraire. « Je ne te dis pas ».

Laisse tomber, chez moi c’est… très-très-très compliqué.

 

De deux (je ne m’égare pas ; tu me connais même ?), le Cameroun est un pays très difficile à comprendre. Les Camerounais alors c’est grave. C’est pourquoi moi je ne passe pas par derrière, je pense que si quelqu’un doit changer cette planète extraordinaire, ça doit d’abord être les Camerounautes eux-mêmes…

 

En tous cas moi je dis hein, chez moi il y a la pauvreté, la famine, le banditisme, la sous-scolarité, le chômage, la corruption, la saleté, l’incivisme… Ouf ! Ça c’est ce que les Blancs ils connaissent. Même les petits Asiatiques, on leur dit en classe que l’Afrique noire c’est le bordel, c’est le foutoir. D’accord.

Mais chez moi c’est aussi la vie, le vivre, la joie de vivre, la joie, le bonheur, l’espérance, la simplicité, la complicité, l’aspiration à l’émergence en 2035 (on sera là ?).

 

Chez moi il y a un président de la république qui est presque comme un dieu. Pardon, c’est Dieu qui est presque comme notre président de la rue publique. Chez moi il y a les Lions Indomptables qui ne savaient même plus miauler, avant que Njié Clinton n’arrive. Chez moi il y a des mouvements révolutionnaires tacites, des sociétés civiles non civiques, parce que les Camerounais aiment trop leur vie pour la risquer sous les coups ou sous les balles. Pourquoi je tremble même pour dire ça : LES CAMEROUNAIS SONT DES LÂCHES !

 

Chez moi il y a parfois la misère et la pauvreté, pendant que d’autres détournent l’argent du contribuable pour s’enrichir et devenir multimilliardaires en euros et en dollars. Tu me parles de quoi ?

 

J’ai vu les gens souffrir ici, j’ai vu des femmes qui cherchent le mariage avec la torche, j’ai vu des pères qui bastonnent leurs fils, et des fils qui étranglent leur propre père… J’ai vu les vendeuses de nourriture souffrir, et souffrir encore. Ce n’est pas une vie la vie qu’elles vivent. Ce n’est pas une vie la vie que les prostituées vivent. Ce n’est pas une vie la vie que les débrouillards vivent, des gens qui sont docteurs en biochimie alimentaire mais qui croupissent sous l’effet du chômage incessant.

 

Ce n’est pas une vie que celle de nos pauvres bendskineurs, ces types qui conduisent des motos taxis et à qui on donne cent francs seulement pour une (très) longue distance. Tu ignores quoi ? Ce n’est pas une vie la vie des call-boxeuses, ces filles qui s’asseyent sous le soleil du matin jusqu’au soir, avec leurs téléphones-là qui sont volumineux comme les parpaings de quatorze, et avec lesquels on passe nos coups de fil(ature). Ce n’est pas une vie, ce n’est pas une vie.

 

Les intellectuels on les emprisonne, les journalistes on les embrigade, les écrivains on les embastille et on les étouffe. Les adversaires politiques on les admoneste. Si je te parle de tout ce qui se passe dans le petit pays-ci hein (pas le chanteur de Makèpè), hum, tu vas sauf que t’étonner. Tu vas te demander comment est-ce que nous faisons pour faire semblant de nous en sortir, pour poster nos photos de bonheur sur Facebook ou sur Twitter, avec tous les sous-problèmes que nous avons ici. Nous sommes 22 millions de personnes, mais on a plus de 22 milliards de problèmes…

 

Et puis si tu veux tu me crois, si tu veux tu ne me crois pas. Je t’ai déjà dit que chez nous ici c’est très compliqué. Mais tu vas voir, si tu t’abonnes sur mon blog (https://achouka.mondoblog.org), tu vas voir comment je vais te « dé-compliquer » tout ça…

 

Ecclésiaste DEUDJUI


Mais que vaut la vie camerounaise ?

Je suis encore sous le choc du décès de notre compatriote en Algérie, le footballeur Albert Ebossè. Aux dernières nouvelles, la FIFA serait très émue de ce drame qu’a subi le football international. La CAF aurait d’ailleurs décidé de frapper fort, et de condamner sévèrement toute forme de vandalisme dans les stades. En sus, la fédération algérienne de football aurait décidé d’accorder une indemnité de 100.000 dollars (environ 50 millions de FCFA) à la famille du défunt, en plus de faire percevoir à celle-ci l’intégralité du salaire du joueur tout au long de la durée restante de son contrat…
Mais ce n’est pas tout ça qui m’intéresse.

Qu’ont dit les autorités camerounaises de ce drame ? Qu’a fait le ministère (clandestin) des sports ? Où sont passées les SYNAFOC (syndicat national des footballeurs camerounais) et autres associations de protection des droits des joueurs ? Que va faire le comité provisoire de (a)normalisation ?
Les uns passent le temps à se positionner pour la présidence de la FECAFOOD (fédération camerounaise de nourriture), les autres à proroger leur mandat à la tête de certaines commissions, et au final personne ne s’intéresse au sort du pauvre footballeur décédé sur la pelouse de Tizi Ozou

Nous qui aimons trop prendre les exemples chez les étrangers, pourquoi on ne prend jamais l’exemple de leur communautarisme, de leur nationalisme, de leur chauvinisme, de leur altruisme ? Pourquoi on ne remarque jamais leur sollicitude lorsqu’un Américain est pris en otage, ou lorsqu’un journaliste Français est retenu prisonnier au Mali, en Syrie, en Afghanistan ? Ou décapité en Algérie ? Pourquoi on n’imite pas les Espagnols et les Russes qui demandent des enquêtes claires et nettes, chaque fois qu’un quelconque de leurs ressortissants est concerné par un crash d’avion ? Pourquoi on ne fait pas comme les Anglais, qui conseillent à leurs compatriotes de ne pas voyager vers les pays atteints d’une épidémie ? Ou comme les Allemands, qui regroupent tous les Germaniques pour les évacuer d’un pays en train d’entrer en situation de crise ? Pourquoi on ne fait pas comme Tsahal, l’armée israélienne, qui a pour devise : « Israël ne laisse jamais personne derrière » ?

Chez nous c’est le silence, chez nous c’est le je-m’en-foutisme, chez nous on continue comme si de rien n’était. Chez nous le Président de la République n’a rien à dire sur la vie d’un Camerounais. Ça ne l’émeut en aucune manière. Chez nous, même si tu es Charles Ateba Eyéné, on rafistole ton enterrement et on passe à autre chose.

POURQUOI NOTRE VIE EST-ELLE SI NÉGLIGEABLE ?
Pourquoi est-ce que nos autorités nous font ça, hein ? Pourquoi est-ce qu’on nous donne l’impression que nous sommes des étrangers sur notre propre territoire ? Que tout ce que nous abattons ici sur terre, ça ne sert à rien ? Que la nationalité que nous avons, ça ne nous apporte que des tracasseries et de l’indifférence ? Pourquoi est-ce qu’on nous donne l’impression que nous sommes des orphelins de notre Nation ? Qu’un Sénégalais peut te mettre en prison dans ton propre pays, quand bien même c’est toi qui aurais raison ?
A quoi nous servent nos ambassades à l’étranger ? Pourquoi est-ce qu’elles ne disent rien, quand on expulse les Camerounais de la Guinée Equatoriale, manu militari ?

Il y a trois mois on a appris qu’un compatriote avait été assassiné en pleine rue, en Chine. Rien. Après cela il y a eu le décès tragique de notre jeune humoriste, Koulibaly System. Encore rien. Et puis, on a vu comment Abega Théophile est parti dans l’indifférence, de même que Louis-Paul Mfédé. On a vu comment Jean-Miché Kankan n’est pas honoré dans son propre territoire. On voit comment nos jeunes frères se meurent dans le désert du Sahara, lorsqu’ils partent dans ce qu’ils appellent « l’Aventure »…

Albert Ebossè, moi je te dis R.I.P (rest in peace, repose en paix). Je te dis de ne pas regarder notre gouvernement, on est habitués à son apathie. Tu es parti te battre en Algérie parce que le pays-ci est dur. Ici on ne te proposait rien, comme on ne propose jamais rien à personne. Même à nos soldats on ne propose rien, pourtant ce sont eux qui nous protègent contre Boko Haram ou contre la crise centrafricaine.

Je comprends maintenant pourquoi beaucoup de « frères » changent de nationalité, lorsqu’ils réussissent à sortir de ce foutu Triangle. Mais je n’ai toujours pas la réponse à ma question : « Que vaut au juste la vie camerounaise ?… »

 

Ecclésiaste DEUDJUI


À quoi sert l’argent des Camerounaises ?

Bon ! Laissons un peu nos Lions-là comme ça dis-donc. Nous aussi on exagère. Tchaï ! Que celui qui n’a jamais fait une erreur dans son boulot leur lance le premier caillou. Que celui qui n’a jamais commis une faute professionnelle les agresse à l’avenue Kennedy, comme on a fait à Stéphane Mbia l’autre jour. Partout où on passe, on entend : « remboursez les 56 millions ! » « remboursez les 56 millions ! ».  « Remboursez les 56 millions qu’on vous a donnés pendant le Mondial… »

Vous-mêmes là, depuis que vous donnez l’argent à vos femmes du dehors, est-ce que vous leur avez déjà demandé de rembourser ça un jour ? Hein ? Et est-ce que vous avez même d’abord vu ce qu’elles ont fait avec ?

L’ARGENT DU TRANSPORT
On est là on ne fait que dire « les Lions, les Lions, les Lions ». Ooh ! Ils ont bloqué un avion pour réclamer leurs primes. Ooh ! Ça a causé un surplus de 200 millions au contribuable. Ooh ! Leur transport coûte très-très cher. ET ÇA FAIT QUOI ?
N’est-ce pas souvent ta voisine que tu dragues vient te voir, et tu lui donnes l’argent du taxi ? Alors qu’elle habite à zéro mètre ? N’est-ce pas souvent tu vas voir une autre dans son propre quartier, mais que c’est toi qui paye son taxi alors que c’est toi qui t’est déplacé ? Tu a payes ton taxi pour aller payer son taxi ? N’est-ce pas souvent tu dépenses ton argent de contribuable pour la faire venir de Mbalmayo à Bafoussam ? Alors que c’est elle qui voulait te voir ?… Je n’arrive toujours pas à comprendre comment les femmes camerounaises n’ont jamais l’argent pour se déplacer, et pourtant on les retrouve partout à la fois !

L’ARGENT DU CRÉDIT
Les Lions au moins, eux ils nous appellent quand ils sont à l’extérieur. Une fille camerounaise t’a déjà appelé un jour ? Que ça a commencé comment ? Pour qu’elle fasse sonner ton cellulaire, il faut qu’elle ait besoin de ton aide. Il faut que tu lui aies promis quelque chose, ou pire, que tu sois un numéro inconnu… Ce sont elles qui font justifier l’invention du CallMeBack. Ce sont elles qui peuvent causer avec toi pendant des heures et des heures au téléphone, à condition que ce soit toi qui appelles. Ce sont elles qui te demandent le crédit à longueur de journée, et puis quand tu envoies on ne prend même pas la peine de te saluer avec : « Tu vas m’excuser hein, je n’ai même pas su que c’était toi qui avait envoyé ça. »
Donc tu avais aussi demandé à quelqu’un(s) d’autre(s) ?

L’ARGENT DES BEIGNETS
Entre nous, depuis que les femmes prennent l’argent des beignets-là, est-ce que tu as déjà vu une femme manger les beignets avec ? Il y a entourloupe. Nos camerounaises sont les premières à dire qu’elles ont faim, qu’elles ont envie manger. Si c’est toi qui veux payer, on va te demander d’acheter quatre chawarmas avec cinq cuisses de porc. Lorsque tu leur donnes l’argent pour acheter, elles n’ont plus trop faim tout à coup. Elles achètent alors juste une ou deux brochettes pour te voiler les yeux, et le reste d’argent va au fond de la caisse (si, si, elles ont une caisse dans leurs poches !). Nos Lions au moins quand ils mangent l’argent du contribuable, on voit où ça part : vins mousseux, champagnes, caviars, moutons et méchouis entiers, poulets rôtis, farotages à gauche à droite. Avec l’argent de la femme, nièttttt !

L’ARGENT DES COURS
Il y a beaucoup de filles qui prennent l’argent des répétitions et qui ne répètent jamais rien. Yeuch ! Comment tu peux demander l’argent des cours, alors que tu ne fréquentes même pas ? Alors que toute ta pension est déjà payée ? Quand nos Lions vont dans les stages bloqués pour apprendre à faire une bonne passe, eux au moins ils apprennent vraiment. Tout le monde vient aux entraînements à l’heure, et personne n’a même le droit de sortir. Ça c’est un investissement dont on voit où ça part. Même si après ça ils vont nous ramener un zéro point(é) à la coupe du monde…

L’ARGENT DES HABITS
Tu as déjà marché avec une fille qui n’a pas cinq francs sur elle, et qui subitement s’achète deux paires de chaussures ? Là là là ? Les Camerounaises ne s’amusent même pas un peu avec l’argent du nyanga. Elle te dit qu’elle a besoin du crédit de 250, mais elle va au salon se coiffer pour quatorze mille. Elle te dit que depuis le matin elle n’a pas mangé, mais quand elle va au marché elle rentre avec deux survêtements Kim Kardashian. Elle te dit qu’on risque la mettre dehors à l’école, à cause des frais d’inscription, mais ce sont les talons compensées que tu veux voir dans sa penderie ? Ce sont les penderies que tu veux voir ?
Sur ce point au moins je dois être honnête, et reconnaitre que nos filles ne sont pas différentes des Lions Indomptables. De même que Puma habille nos chats-tigres sans demander un centime à la Fecafoot, de même une camerounaise te demande l’argent des mèches juste pour la forme. Que tu le lui donnes ou pas, tu la verras avec la greffe brésilienne le lendemain !

L’ARGENT DE POCHE
Il s’agit d’une poche de kaba. Le genre de poche qui arrive jusqu’aux genoux d’une fille de un mètre quatre-vingt seize. Parce que l’argent de poche d’une camerounaise, ce n’est pas pour sa poche ! C’est pour le nyanga, c’est pour la nourriture, c’est pour ses balades, c’est pour les voyages, c’est pour ses enfants et sa propre famille. Mais détrompes-toi, tu n’es pas compté là-dedans ! Alors que quand nos gars de la Tanière touchent leurs primes du Mondial, ils te signent quand même des petits autographes de temps en temps. Tu ignores quoi ?

Après vous allez accuser nos Lionceaux, en disant qu’ils sont trop gourmands et qu’ils demandent beaucoup trop. Si quelqu’un doit rembourser, ce sont d’abord nos Cameruineuses. Elles n’ont jamais l’argent, mais elles vivent mille fois mieux que nous. Elles sont comme les employés de la Fecafoot. On leur donne l’argent tous les jours et on ne voit même pas ce qu’elles font avec.
N’est-ce pas voilà Samuel Eto’o qui était en train de pourchasser Nathalie Nkoah, pour qu’elle lui rembourse tout sont argent ? Ça ce n’est que le commencement d’une révolution qui va bientôt s’étaler sur tout notre territoire…

 

Ecclésiaste DEUDJUI


Les prostituées ne sont pas des destituées

Je ne sais pas ce qui m’amène à vous parler de ce sujet, mais c’est parce que j’entends beaucoup de choses qui me font parfois mal aux oreilles. C’est comme quand tu vois un journaliste ventru qui n’a jamais pratiqué aucun sport, et qu’il se permet de dire que Samuel Eto’o est un mouilleur… Tsuip !

Moi j’entends des choses qui me dérangent. J’entends des bien-penseurs camerounais se permettre de juger nos compatriotes. J’entends des gens défendre les droits des homosexuels, et pas celui des homosexuelles. J’entends des gens se battre corps et âme pour les droits de l’homme, et en aucun cas pour les droits de la femme. Mais ce qui me fait le plus mal, c’est quand j’entends une fille dire que le jour où elle aura raté sa vie, c’est quand elle deviendra une prostituée…

Revenons sur terre. Les filles de la rue, ce sont d’abord des filles. Et si leur métier perdure depuis des centenaires et même des millénaires, c’est parce que ce sont les hommes qui les maintiennent dans cette déchéance. Et c’est parce qu’il y a beaucoup d’hommes qui ont besoin de leur présence.

Revenons sur terre. Moi je ne suis pas là pour vous dire ce que vous voulez entendre. Il faut d’abord savoir qu’une prostituée est d’abord et avant tout une femme. Elle n’a jamais rêvé de pratiquer le métier qu’elle exerce. C’est la difficulté de la vie qui l’a amenée à vendre le seul bien que Dieu lui a donné sur terre : son corps !

Une prostituée, c’est une fille qui a aimé auparavant. Beaucoup. Arrêtez de les (aperce)voir comme des personnes sans cœur. Une prostituée c’est une fille qui a donné tout son cœur à un homme, puis à un autre, puis à un autre encore. Une prostituée c’est une fille qui a fait des enfants, en rêvant qu’elle allait vivre éternellement avec le(s) père(s) de ces enfants. Une prostituée c’est une fille déçue, une prostituée c’est une fille déchue ; une prostituée c’est une fille qui ne croit plus en l’amour ni au mariage, c’est une fille qui se moque des vertus et des valeurs. Mais la grande question est ailleurs : POURQUOI EST-CE QU’ELLES SE COMPORTENT DE CETTE FAÇON ?

Moi je dis hein, il faudrait qu’on descende un peu de notre piédestal. N’est-ce pas on a un (bon) boulot, comment est-ce qu’on ne va pas leur parler fort ? N’est-ce pas on a un petit-ami qui est (à peu près) sérieux ? N’est-ce pas on a des parents qui nous appellent de temps en temps pour savoir si tout va bien, pour nous conseiller, pour nous consoler, pour nous réconforter ? N’est-ce pas on a des amis qui sont présents ? N’est-ce pas on a des voisins conciliants, compréhensifs ? N’est-ce pas on a fréquenté, on est allés à l’école jusqu’à-jusqu’à, et qu’on rêve même de continuer ça de l’autre côté ? N’est-ce pas on nous a donnés un fonds de commerce pour vendre notre tomate au marché central, ou nos habits, ou nos chaussures ? Qui peut encore nous parler fort ?

Et si nous n’avions pas tout ça, que serions-nous devenus ?

Moi je m’insurge contre cette stigmatisation, cette incompréhension, cette destitution. LES PROSTITUEES SONT DES ETRES HUMAINS COMME LES AUTRES !…

Il faut qu’on essaye de les comprendre un peu plus, voire de les sortir de là le plus tôt possible. Et puis, si vous voulez seulement prendre ça dans ma bouche, TOUTES LES CAMEROUNAISES SONT DES PROTITUEES :

  • – Il y a la serveuse qui va aller passer une nuit avec toi parce que tu lui as offert deux ou trois bières
  • – Il y a la secrétaire qui va te faire les (mauvaises) choses dans ton bureau, parce qu’elle espère que tu vas lui faire un avancement
  • – Il y a la voisine du quartier qui sort avec toi, uniquement pour que tu lui donnes à manger chaque jour (mais toi tu ne le sais pas)
  • – Il y a ta camarade de promotion, Jeanne-l’école devant l’éternel, qui te trouve souvent irrésistible, parce que parfois tu lui permets d’avoir la moyenne lors des examens de rattrapage…

Je vais citer qui et laisser qui ? La mère de ton enfant, qui est avec toi uniquement parce que tu vas t’occuper de son rejeton(s) ? La fille du village, qui est prête à t’épouser uniquement parce qu’elle veut découvrir la ville de Douala ? Ta seconde ou ta troisième épouse, qui se fiche pas mal de ta gueule, mais qui accepte de te partager parce qu’en fait, ce sont tes biens qu’elle voudra partager après ton décès ?

Toutes les camerounaises sont des prostituées !
D’ailleurs, on les appelle les Cameruineuses. Tu drague une fille le lundi et le mardi c’est son anniversaire. Comment vous appelez ça, hein, si ce n’est pas du péripatétisme ?

Alors en un mot comme en mille, je vous demande pardon, essayez de comprendre ces pauvres filles. C’est tout un lent processus qui les amène à se positionner devant le poteau. Ou bien derrière. C’est toute une déchéance progressive, un abandon complet, une pauvreté indescriptible, qui leur font perdre toutes les valeurs.
C’est toute une déconsidération de la société qui fait en sorte que elles-mêmes, elles se déconsidèrent. Et qu’elles se rangent de l’autre côté, du côté de la drogue, du côté de la vénalité sexuelle, du côté des insultes et des bagarres, du côté sombre que chaque être humain possède tout au fond de lui…
Essayons plutôt de les aider et de les tirer de là, au lieu de les vilipender et de les destituer.

Que celui qui n’a jamais péché leur jette la première pierre !

 

Ecclésiaste DEUDJUI



Musique camerounaise : il faut sauver le soldat copyright

Vraiment de Dieu ! Quand quelqu’un va encore parler, n’est-ce pas on va dire que les Camerounais bavardent beaucoup ?
L’autre jour sur Equinoxe télé, j’écoutais Raymond Tcheunga se plaindre de la condition des artistes Camerounais.

  • –    Il paraît qu’on a offert 102 guitares à 102 artistes du terroir, comme si tous nos musiciens étaient des guitaristes. Et comme s’il n’y avait que 102 guitaristes au Cameroun…
  • –    Il paraît que pour leur payer leurs droits, on les aligne en rang comme des enfants de l’école primaire. Et que les répartitions n’obéissent à aucune logique.
  • –    Il paraît que de temps en temps on les embarque dans les meetings du chef de l’état, et qu’on leur balance de l’argent pour qu’ils chantent jusqu’à-jusqu’à… comme des griots…

MAIS DE QUI SE MOQUE-T-ON ?

Moi j’ai vraiment mal quand je pense à la condition des hommes de musique dans ce pays. Parce que jusqu’à preuve du contraire, on ne les place pas à leur juste valeur.
Comment se fait-il qu’on rencontre nos hommes de culture dans des cabarets banals, dans des baptêmes insignifiants, et dans des cérémonies impopulaires ? Comment se fait-il qu’on en rencontre dans des lieux publics, qui vendent les maillots des Lions Indomptables ? Comment se fait-il que tout le monde puisse leur offrir à boire ? Et qu’ils comptent sur notre farotage pour (sur)vivre ? Et qu’on les serre comme des sardines dans les taxis ?…

Les problèmes qui tendent à clochardiser nos hommes de scène sont non seulement identifiables, mais en plus ils ne sont pas insolubles : il y a la piraterie, il y a l’escroquerie, il y a la xénophobie, il y a l’incompétence.

Il y a que les chansons de Mani Bella, on entend ça partout mais elle n’en touche même pas un centime dans son propre pays…
Il y a que les chansons que tu as passé des mois et des mois à composer, on trouve ça dans tous les carrefours à 200 FCFA le CD…
Il y a que quand nos mécènes organisent des concerts culturels, ils mettent en avant les musiciens étrangers du Nigeria ou bien de la Côte-d’Ivoire
Il y a que dans les bars on joue les chansons des artistes sans demander leur avis. De même que dans les boîtes de nuit, de même que dans les restaurants, de même que dans les chaînes de télé, de même que dans les enterrements, de même que dans les mariages et dans les campagnes d’entreprises…

Il y a que les gens qu’on met là-bas en haut pour recueillir les droits d’auteur, ils ne font pas leur travail comme ils devraient. Et c’est ainsi qu’ils ont fait dissoudre la SOCINADA, la SOCILADRA, la CMC, puis la SOCAM, à force de se remplir les poches au détriment de leurs affiliés qui demeurent misérables.

POURQUOI EST-CE QUE LES CAMEROUNAIS SONT SI EGOÏSTES ? POURQUOI EST-CE QUE LES ÊTRES HUMAINS SONT SI MECHANTS ?

Est-ce que ça ne vous fait pas plaisir de suivre votre musique dans votre voiture ? Est-ce que ça ne vous émeut pas d’écouter des chansons mélancoliques lors de vos funérailles ? Est-ce que vous n’êtes pas satisfaits le samedi, lorsque vous vous déhanchez en boîte de nuit sur la piste de danse ? Est-ce que les chansons de Grâce Decca, ou de Ben, ou de Dora, ne vous ont pas aidés à embrasser votre partenaire, avec plus de passion et plus de tendresse ?

Moi je suis choqué parce qu’il n’y a pas de vie sans la musique. Et encore plus parce qu’il n’y a pas de musique sans musiciens. Sans la musique, la vie serait une erreur (Nietzsche). Moi je suis outré parce que je sais comment on compose une chanson. Je sais comment ça prend du temps. Je sais comment ça dépend de l’inspiration, et que si cette inspiration te vient à 4h du matin, tu es obligé de te lever à 4h du matin pour travailler.
Je sais comment les artistes ont envie de nous transmettre un message. Et qu’ils abandonnent tout pour se consacrer à cette mission. Je sais comment Mathématik nous conseille, comment Fingon Tralala nous amuse, comment Petit-pays nous émerveille, comment Lady Ponce nous fait bouger…

Je sais comment en écoutant Talla André-Marie, tu te demande pourquoi est-ce que ce type-là a perdu la vue. Je sais comment Richard Bona s’élève, et qu’il nous élève avec lui. Comment Dina Bell nous fait fantasmer, nous fait rêver, nous fait aimer. Je sais comment le petit Martino Ngallè explore tous les genres de musique, et que dans tous ces genres-là il essaie de laisser son empreinte.
Je vais citer qui et laisser qui ? Erico ? Narcisse Pryze ? Longuè Longuè ? Annie Anzouer ?
Je sais comment quand tu écoute les X-Maleya, tu as seulement envie de continuer à vivre sur cette planète…

Alors je vais le dire en un mot comme en mille, IL FAUT SAUVER LE SOLDAT COPYRIGHT AU CAMEROUN ! Il faut donner à nos musiciens ce qu’ils méritent, sans jalousie et sans complaisance. C’est pour cela que ça s’appelle les DROITS d’AUTEURS, ça veut dire que ce sont d’abord des droits. Il faut faire des répartitions équitables, il ne faut pas que ça ait les yeux.
Il faut construire une maison de la culture. Il faut une école des Beaux Arts. Il faut arrêter avec ces conflits syndicaux et ces bagarres, et ne mettre en avant que l’intérêt de l’artiste.

Bon Dieu ! J’ai l’impression qu’au Cameroun, tout le monde adore la musique mais que personne ne l’aime !…

 

Ecclésiaste DEUDJUI


Pourquoi les Camerounais adorent détester Paul Biya

L’autre jour, peu avant que notre Nkukumah s’en aille aux Etats-Unis faire des salamalecs devant Barack Obama, j’entendais les gens commenter ses commentaires à propos de Boko Haram : « Nous avons vaincu le maquis, nous avons dominé le multipartisme, nous avons chassé la colonisation, donc ce n’est pas le petit BH-là qui va nous dépasser… »

Hum, les gens m’amusent hein, tout le monde est subitement devenu pro Boko Haram. Tout le monde est subitement devenu expert en terrorisme islamiste, tout le monde est subitement capable de vous expliquer pourquoi l’attaque contre Ahmadou Ali, et non pas contre Bello Bouba Maïgari, Cavaye Yeguié Djibril, ou encore Issa Tchiroma, le raisonneur de service…
C’est chacun qui se met à expliquer que « Pombia » a tort, qu’il devait dire ceci, et non pas cela, qu’il devait d’abord partir à Washington avant de revenir à Mvo’omeka. C’est chacun qui se met à te démontrer par A+B que l’armée camerounaise n’est pas en train de bien mener ce combat contre la peur. Qu’elle a de mauvais généraux, un piètre ministre de la défense, un service des renseignements défectueux, et surtout, surtout, un chef suprême des armées très-très-très incompétent…

Qu’est-ce qu’on cherche même au type-là, franchement ? Bon, d’accord, il est né en 1933, ce n’est pas une qualité de nos jours, mais est-ce que c’est alors un défaut ? Pourquoi est-ce que tout ce que le père-là (disons le grand-père-là) fait est mauvais à priori ? et ensuite à posteriori ? Pourquoi est-ce que quand il dit quelque chose, on ne l’écoute même pas mais on sait déjà que c’est mal pensé, et que c’est même irréfléchi et irraisonné ?

Je ne me pose pas en défenseur de ce monsieur, mais il est fort de constater que jusqu’à preuve du contraire, PAUL BIYA EST ENCORE L’HOMME DE LA SITUATION DANS CE PAYS ! C’est peut-être dommage, mais c’est la réalité.

Il faut voir avec quel punch notre président a géré la crise sociale en février 2008, alors que dans un autre pays nous serions entrés dans une guerre civile à durée indéterminée. Depuis 1992 et les événements des villes mortes, depuis la guerre camerouno-nigériane pour la presqu’île de Bakassi, j’ai appris à respecter le talent politique de cet homme, son expérience en stratégies, et sa force intérieure, pour ne pas dire son charisme. On dit que ce n’est pas lui qui a amené la paix parce qu’il n’a pas trouvé la guerre, d’accord. Mais Hitler aussi n’avait pas trouvé la guerre. Qu’est-ce qu’il en a fait ensuite ?…

Les Camerounais aiment trop bavarder : ce sont des bêp-bêpeurs. Je suis surpris que, rien que pour contrecarrer Paul Biya, les gens passent leur temps à parler de Ahidjo. Il y avait vingt mille usines, il y avait des stades de football, il y avait les bourses estudiantines, les salaires, les éclairages publics. Bien sûr ! Et même ceux qui n’étaient pas encore nés en 1990 te parlent des plans quinquennaux, de l’UNC, du coup d’état de 84. Ils te disent qu’il y avait l’éducation civique dans ce pays-ci, qu’il y avait la sécurité, et que même quand un bandit entrait chez toi il ressortait en te demandant si tout va bien… Foutaises !

Les Camerounais adorent critiquer : ce sont des critiqueurs. Paul Biya n’est pas un diable. Il faut cesser de croire que tout ce qu’il touche devient mort. C’est un rancunier, d’accord, mais il faut aussi se dire que monsieur-là tient à son pouvoir tout autant qu’il tient à l’avenir de cette Nation.
Les Occidentaux lui ont demandé la démocratie, il l’a mise sur pied (si, si, le Cameroun est un pays démocratique. Ce sont les opposants camerounais qui ne le sont pas). Les Blancs lui ont dit qu’ils ne veulent plus entendre parler de la torture, qu’il faut instaurer les droits de l’homme, il a dit yes. Il a même aussi ajouté les droits de la femme… Les Américains lui ont imposé la liberté d’expression, il est même allé jusqu’à la liberté de penser, d’insulter, de vilipender, de jalouser. Il a libéralisé les radios et les chaînes de télé. Il est même allé jusqu’à officialiser Afrique Média, c’est vous dire !

Et donc les gens utilisent ces libertés-là pour se mesurer à lui, et pour transformer son expérience en résurgence. Comme on ne peut pas l’approcher directement (il est presque comme Dieu. Pardon, c’est Dieu qui est presque comme lui), tout le monde se met à deviner ses pensées. On le critique sur tous les sujets. Et comme il ne dit rien, on en rajoute, on surenchérit.
Ceux qui sont ses collaborateurs lui racontent des bobards. Ils lui disent que le pays va bien, que les Lions Indomptables vont gagner la prochaine Coupe du Monde. Et puis on l’idolâtre, et puis on le portraiture, et puis on fantasme sur lui, et puis on dit que c’est lui qui a mis sur pied tel ou tel projet, et puis on dit que c’est grâce à lui que notre cousine a accouché, et puis on l’aime en silence, on se dit « Paapa ! on dit comme ça hein, mais on ne sait pas vraiment ce qui va se passer quand le type-ci ne sera plus là. »
Et ça fait déjà 32 ans que ça (per)dure…

Jusqu’à preuve du contraire, Paul Biya est la seule personne qui a la carrure pour diriger ce pays ! Et c’est lui qui en a voulu ainsi. Et mon avis c’est qu’on devrait plutôt l’accompagner dans sa sortie, l’aider dans son travail, plutôt que de lui jeter des peaux de banane. Il l’a dit lui-même lors de son discours de fin d’année, les Camerounais sont des égoïstes.
Ce n’est pas de sa faute si votre femme vous a quitté. Ce n’est pas de sa faute si vous n’avez pas obtenu votre permis de conduire. Ce n’est pas de sa faute si le pays est dur, si vous n’avez pas de talent ni de diplômes, si vous n’avez pas l’esprit d’initiative. Ce n’est pas de sa faute si on vous a licencié, si vous n’avez pas de moyens mais que vous vous engagez à pondre des enfants à gauche et à droite.
Etes-vous certain qu’après lui votre situation va s’améliorer ? ou empirer ? Vous avez vu ce qui s’est passé en Libye ? en Irak ? en Egypte ?

Alors arrêtez de détester le type d’autrui pour rien comme ça…

 

Ecclésiaste DEUDJUI


Paul Biya ne nous a pas donné la paix : c’est la bière !

Hum, les Camerounais m’amusent beaucoup. Depuis que l’affaire de Boko Haram-ci a commencé au Nord, c’est tout le monde qui est subitement devenu un stratège militaire. Il y a des gens qui te disent comment est-ce qu’on doit protéger les frontières d’un pays. Il y a des experts qui te décortiquent comment fonctionnent les mouvements terroristes. Il y a des « économes mixtes » qui te démontrent par B+A que cette guéguerre a une incidence directe sur notre économie, parce que c’est à cause de cette guérilla qu’on a par exemple augmenté le prix du carburant…

Moi ça me fait beaucoup rire. Les gens sont là ils parlent de la guerre, de la guerre. Est-ce qu’ils savent même que c’est la bière qui nous a donné la paix ici au Cameroun ?

LES BARS
Les bars camerounais sont de véritables lieux de pèlerinage. L’entrée est gratuite, on peut s’asseoir où on veut ; et en plus on peut tapoter les fesses de la serveuse. Les bars camerounais c’est pour tout le monde. Tu es riche ooh, tu entres. Tu es pauvre ooh, tu entres. Tu as l’argent pour boire ooh, ou tu n’as pas ooh, c’est la même chose. Ce sont des endroits où les chômeurs peuvent venir passer du temps, puisqu’il n’y a pas de jardins publics dans ce pays. C’est là-bas que tu peux aller voir ton match de football ou bien ton film, puisqu’il n’y a plus de salle de cinéma dans cette république…

LES MANIFESTATIONS
Est-ce que tu as déjà imaginé une manifestation au Cameroun sans la bière, hein ? Même dans tes rêves les plus fous ? Que ce soient les anniversaires, les soutenances universitaires, ou les cérémonies villageoises ? Même si c’est le baptême d’une fille de 14 ans, on va sauf que consommer la bière. Même si c’est l’enterrement d’un pasteur qui était vierge, on va sauf que boire tout ce qui mousse. Même si c’est la nomination d’un évêque, tant pis pour Dieu, on va sauf que avaler nos bières jusqu’à-jusqu’à…

LA DRAGUE
Comment draguer une cameruineuse sans l’amener dans nos bons vieux snack-bars ? Pour qu’elle avale ce que tu racontes, il faut aussi qu’elle avale ses 33 Export. Tu ignore quoi ? Combien de couples se sont formés dans les buvettes, autour d’une cuvette ? Grâce à l’alcool, combien de gens timides ont réussi à dire à la personne qu’ils aiment, qu’ils l’aiment très fort ? Et à lui faire de beaux enfants après ?

LES AFFAIRES
Je ne t’apprends rien sur les clients qu’on invite dans les restaurants, sur les fournisseurs qu’on nous présente autour d’un vin ; ni sur les négociations qui se font  dans les minibars des hôtels 4 étoiles…

Alors cessons de dire du n’importe quoi. Cessons de critiquer nos militaires qui font déjà du mieux qu’ils peuvent. On a déjà assez de chance que cette guerre-là soit –pour le moment– marginale. On a de la chance de garder le sourire, de boire notre bière de temps en temps, et de demander aux autres si on les a opérés. On de la chance de pouvoir raconter notre vie au premier venu, qu’il soit Anglophone ou Francophone, qu’il soit du Nord ou du Sud, de lui soumettre tous nos problèmes, et puis qu’il nous dise que ça va aller. Qu’il n’y a pas de problème.
On a de la chance d’avoir nos capsules gagnantes, qui sont parfois plus précieuses que la bouteille elle-même. Et puis, même si Paul Biya passe tout son temps à l’étranger, ça fait quoi ?
Je t’ai déjà dit que ce n’est pas lui qui nous donne la paix ici dehors…

Ecclésiaste DEUDJUI


Mais que se passe-t-il dans les églises réveillées ?

Pas plus tôt qu’au mois de mai, j’entendais des gens proférer que « Le Cameroun sera champion du monde 2014 » (sic). Hum, je précise hein, ils étaient culottés comme ça parce qu’on n’avait pas encore été déculottés par le Mexique (0-1), puis la Croatie (0-4), puis le Brésil (1-4).
Il paraît qu’il y a un certain TB Joshua, un [faux] Prophète, qui leur avait fait avaler cette chimère. Et moi je me suis dit non, non, non, mille fois non. Il ne faut pas que les églises réveillées nous endorment. Je m’explique.

DÉNOMINATION
Une église réveillée, ça ne veut pas dire une église qui ne dort jamais. C’est une confrérie improvisée qui ne repose que sur son leader spirituel, c’est-à-dire le pasteur. Les églises réveillées ne réinventent pas la religion, ni les textes sacrées : elles les réinterprètent. Et elles doivent partager leur « savoir » dans la condescendance, dans le mysticisme et dans la transe, dans la terreur, dans la vénalité et dans la durée. Pour espérer se faire une réputation pérenne et atteindre le plus grand nombre, il leur faut une appellation qui marque les esprits et qui témoigne de leur proximité avec le Seigneur. D’où le florilège de désignations bidons qu’on retrouve sur les pancartes dans nos sous-quartiers et dans nos ruelles.

INTERPRÉTATION
Un bon pasteur c’est avant tout un bon parleur et un bon dragueur. C’est quelqu’un qui a pour mission de décrypter les textes sacrés. C’est quelqu’un qui a de la prose et de l’emphase. Il ne faut pas se tromper sur leur argumentation, ce sont des gens qui lisent la Bible quarante fois par jour. Et qui parlent très bien français ou anglais. Et pour chaque verset d’un chapitre, ils peuvent te ressortir cinquante leçons de vie. Les pasteurs sont en perpétuelle réinvention de leurs discours, car ils ont l’obligation de paraître nouveaux à chacune de leurs interventions. Et quand ils veulent te convaincre de rejoindre définitivement leur congrégation, ils ne partent pas loin : ils prennent les exemples sur toi et ta famille.

FIDÉLISATION
La première chose pour qu’une église réveillée ait pignon sur rue, ce sont les fidèles. La stratégie est donc d’organiser les premiers rassemblements avec les membres de la famille et les amis du pasteur, puis de laisser faire le bouche-à-oreille. Les futurs prosélytes seront accueillis avec ferveur, et on les chouchoutera et on les nourrira (si, si). Afin que le néophyte ne se pose pas beaucoup de questions (qui pourraient l’amener à déserter), les séances de prière ont lieu quasiment tous les jours, et on lui demande de venir chaque fois avec le maximum de personnes de son entourage.

COTISATION
Quand le groupuscule d’illuminés a déjà atteint un nombre non négligeable, disons une cinquantaine, le pasteur passe à la phase financière. Il achète de gros registres pour ses bilans comptables. Il faut que les fidèles cotisent parce qu’il faut qu’on ait une cathédrale parce qu’il faut que notre église se développe parce qu’il faut que Dieu lui-même voit comment nous-là on se bat tous les jours… blablabla blablabla. Les leaders spirituels ont réussi à transformer la zakat qu’on trouve dans le Coran, en un revenu à fort potentiel économique. Prenez seulement 10% des revenus de cent mille fidèles, ça fait combien ? Et puis on raconte à ces fidèles que le taux fixé n’est pas fixe, qu’on peut aller au-delà si on aime trop Dieu (jamais en-deçà), et qu’on peut y ajouter des offrandes en nature et des victuailles (riz, chèvres, viande, poisson, etc.). Tsuip ! Tout ça va dans la poche du prédicateur.

PROLIFÉRATION
Les témoins de Jéhovah ne viendraient pas frapper à votre porte à Mvog-Atangana-Mballa, s’ils étaient restés tranquillement dans leur Massachussetts pour diffuser leurs enseignements. Ils ont des documents qu’ils éditent régulièrement (Tour de Garde et Réveillez-Vous !) et qu’ils s’attèlent à faire parvenir dans tous les recoins de la planète, au travers de leurs multiples évangélistes. C’est le schéma d’expansion préférentiel de nos églises nouvelles, qui s’implantent à Bépanda, à Bonabéri, à Bonamoussadi, à Makèpè, puis qui sortent de Douala pour aller édifier un lieu de culte à Yaoundé, puis à Bafia, puis à Garoua, puis sortent ensuite du Cameroun pour aller s’implanter en Afrique du Sud ou bien en Côte-d’Ivoire… Je l’ai toujours dit, les églises réveillées sont comme les virus.

PRÉDICATION
Le marché des églises nouvelles est tellement concurrentiel que pour s’en sortir et grappiller quelques cotisants, le pasteur doit faire preuve de plusieurs ingéniosités. L’une d’elles c’est la prédication. Entre-nous, qui n’est pas fasciné par quelqu’un qui est capable de te dire ce qui va se passer demain, après-demain, et même l’année prochaine ? Et qui ensuite va venir t’expliquer pourquoi rien de tout cela n’est arrivé ? Donc ces confusionnistes doivent haranguer à haute voix, proposer des devinettes et des charades, prouver aux fidèles qu’ils ont quatres-yeux, qu’ils voient tout ton avenir en un tour de main. Et puis, quand l’Argentine gagnera la coupe du monde et non le Cameroun, ils te diront que c’est le CHAMPION noor, n’est-ce pas ça commence par C et ça finit par N ? Ce n’est pas ce que je vous avais [pré]dis ?

THÉATRALISATION
Si tu veux voir le vrai théâtre, pas ce qu’on nous montre à canal 2 tous les jours, il faut aller dans les églises réveillées. On dirait que les pasteurs-là font exprès. Il y a un type qui parle en français et un autre qui traduit en anglais. Et celui qui traduit fait exactement les mêmes gestes que celui qui parle en français. Paapa, c’est la chorégraphie ? Et donc le francophone fait de grands gestes, il vocifère, il se balance à gauche et à droite sur les estrades, et son compère shakespearien fait les mêmes choses. J’ai parfois envie de [sou]rire devant ces chapelles, mais il paraîtrait que Dieu nous voit tous. Alors les deux messieurs descendent dans les allées de la salle, ils sautillent, ils transpirent, ils s’essuient la sueur sur le visage, ils se baladent entre les fidèles, ils énumèrent des anecdotes, et tout ça finit toujours par « Au nom de Jésus ! ». Goebbels avait raison de dire que si vous répétez une connerie assez souvent, eh bien les gens l’avalent !

INVOCATION, INCANTATION, EXORCISATION
Dans la foulée de la théâtralisation, on enchaîne avec les conversations. Ceux qui ont été émerveillés par ces pasteurs sportifs et déterminés à chasser le démon, sont appelés à faire don de leur âme au seigneur Jésus-Christ. Et donc on prie pour eux, on invoque les saints esprits. Puis on chante en commun, parce que chanter une fois, c’est comme prier dix fois. Et dans la foulée encore, on passe aux exorcisations. C’est là que tu vois ce qu’on te raconte souvent, que y a des gens qui s’évanouissent dans la salle. Le pasteur te met la main sur le front, et tu tombes seulement comme une mangue qui vient de mûrir. Wèèkè ! Comment est-ce que les gens peuvent être si naïfs ? Et l’envoyé de Jésus commence à te réciter des prières, suivi et imité par les voix en chœur de toute la salle : « paludisme, sors de cette salle ! », « paludisme, sors de cette salle ! » ; « tuberculose, sors de cette salle ! », « tuberculose, sors de cette salle ! ». Et je vous épargne toutes les autres soixante maladies qu’il va citer, qu’il va chasser, qu’il va éradiquer, qu’il va exorciser. Du diabète à la blennorragie en passant par les accidents cardio-vasculaires. Et pourtant quand lui-même il sera malade, le pasteur, c’est plutôt le médecin de l’hôpital général qu’il va aller voir…

EXPLICATION
Le dénominateur commun de toute cette mascarade, c’est la pauvreté. Je ne blâme pas les pasteurs, ils ne font que ce qu’ils peuvent pour s’en sortir. Avant ça ils avaient tenté de devenir enseignants, on leur a fermé les portes. Ils ont voulu devenir animateurs ou journalistes, et on leur a barré la voie. La vie était tellement difficile qu’ils ont décidé de monter leur propre business. A mes yeux ils ne sont différents des marabouts ou des arnaqueurs, encore moins des dirigeants de la Fecafoot ou bien de notre gouvernement.
C’est la pauvreté qui fait ça. Matérielle ou mentale. Les gens qui vont dans ces prieurés-là, c’est parce qu’ils sont dans le désespoir et le manque de réconfort. C’est parce que parfois ils sont seuls ou esseulés. Au moins là-bas, dans ces asiles ecclésiastiques, ce n’est pas comme dans l’église catholique où tu n’es même pas certain que tu vas rencontrer le pape un jour. Et d’ailleurs même que leur pape-là ne sera jamais un Noir…
Dans nos nouvelles églises qui fleurissent et qui pullulent, tu es le bienvenu. Même si tu as quatre enfants avec quatre pères différents, on te montre que tu n’es pas différente. Les gens là-bas s’acceptent, ils s’entraident, ils essaient de s’entre-aimer. Ils ne se jugent pas. Ils sont contents de se retrouver les jours de culte, ou la nuit pendant les veillées messianiques. Et ils se racontent leurs actualités. Ils parlent avec le pasteur, les yeux dans les yeux, et celui-ci leur dit que ça va aller.
C’est la pauvreté qui fait ça. Non seulement le Cameroun est dur, mais en plus il est mauvais. Il est sévère et méchant, il est impitoyable. Alors bon sang, si on a la chance de tomber sur un groupe de gens qui peuvent changer notre vie, même s’ils nous demandent notre salaire, si on a la chance de tomber sur quelqu’un qui dit qu’il est un prophète comme Isaïe ou bien Josué, comment voulez-vous que les camerounais refusent ? Si on a la chance de voir enfin quelqu’un qui vous promet de très belles choses, qui vous rassure que vous êtes beau, que votre place est au ciel à la droite du seigneur, comment voulez-vous qu’on résiste ? Si on a la chance de voir enfin quelqu’un qui nous raconte des histoires drôles, qui nous encourage à supporter toutes les misères et les injustices du quotidien, pourquoi est-ce qu’on devrait lui tourner le dos ? Hein ? Et dans ce cas qui devrait-on écouter à sa place dans ce pays ?

 

Ecclésiaste DEUDJUI


Portrait-robot de la panthère camerounaise

Massa ! Pendant la Coupe du Monde, j’entendais seulement les lions, les lions, les lions. Il y avait Samuel Eto’o qui était en train de devenir écrivain petit-à-petit ; Il y avait Roger Milla qui va bientôt créer sa part de parti politique, un nouveau SDF (Social Democratic Football) ; il y avait Volker Finke qui ressemblait de plus en plus à un alien mutant, surtout lorsque la pluie le mouillait…

Dans nos forêts camerounaises, il n’y a pas que nos lions (des lionceaux à vrai dire), dis-donc : il y a aussi nos panthères. A la différence que ces panthères, elles, on les rencontre surtout dans les grandes villes et non dans les stades.

Schématisons : la panthère camerounaise, c’est une fille qui ne t’aime pas mais qui te fait accroire que si. Mais la définition ne s’arrête pas là, parce que sinon ce serait trop facile. Essayons donc de catégoriser :

  • La jeune panthère : c’est une fille adolescente, 18 ans maximum, élève ou pas, qui voit ses grandes sœurs aller dans les boîtes de nuit et rentrer avec des chawarmas, et qui envie tout ça. Elle est prête à montrer ses dents avec tous les jeunes yorobos qui lui font la cour devant le beigneitariat ou la cafétéria, pourvu que ceux-ci lui offrent un repas ou bien le ticket d’entrée à la kermesse d’un collège populaire.
  •  La panthère school : ce n’est pas vraiment une panthère à la base. C’est une fille qui fait première ou terminale, ou alors qui débute à l’université. Ses anciennes relations d’amour lui ont forgé l’idée que l’amour n’existe même pas, mais que les hommes peuvent les aider à atteindre certains objectifs. La panthère school sait donc comment sourire avec un mougou, comment obtenir un stage grâce à lui, comment bien gérer ses fins de mois, comment utiliser ce dernier pour les cours de répétition des matières difficiles. Elle ne déteste pas le gars, mais elle ne l’aime pas.
  • La panthère du kwatt : celle-là, la dernière fois qu’on la vue en tenue de classe c’était… enfin, on ne l’a jamais vue en tenue de classe. Elle est toujours au quartier, elle traînaille, elle a déjà deux ou trois enfants sous les bras (avec des pères différents, bien sûr !), et elle boit la bière comme pas possible. On l’aime bien au quartier parce qu’elle libère. Tout le monde est déjà passé sur elle, et tout le monde peut y repasser s’il veut, pourvu qu’il ait deux bières et un poisson braisé à lui offrir. C’est le type de panthère le plus capable d’aimer, bizarrement, parce que même si elle a quarante petits amis, au fond d’elle elle espère toujours qu’un homme viendra l’aimer comme dans les séries brésiliennes, sans faire comme les autres qui ont semé les enfants et qui ont disparu dans la nature…
  • La panthère waka : pas la peine de s’y attarder, il s’agit de la prostituée qui fait le poteau. Tu l’appelles à n’importe quelle heure, même à 2h du matin, elle te dit qu’elle arrive. Pourvu seulement que tu aies son argent de transport.
  • La panthère boit-le-vin : elle c’est une fille de tout âge qui a déjà son gars qu’elle aime vraiment (mais qui ne l’aime pas). Alors quand tu l’invite elle est toujours là, elle boit le vin jusqu’à-jusqu’à, mais si tu crois que tu vas soulever sa jupe un jour, hum, comment te dire ça… tu rêves !
  • La madame panthère : ici c’est une femme qui bosse, qui fait ses affaires, qui touche quatre fois ce que tu gagnes, mais elle joue toujours à la pauvrette quand elle est avec toi. Elle profite de ta présence pour réaliser ses fantasmes. « Béé, on ne part pas au cheval blanc aujourd’hui ? », « Béé, tu avais dit qu’on partait à Kribi quand ? », « Béé, le maguida du carrefour-là, il fait toujours son bon poulet-braisé là ? » Pfff ! C’est une femme, une dame, qui est parfois mariée, et qui a ses enfants qu’elle encadre sagement. Elle ne t’aime pas, elle ne boit pas beaucoup. En fait, tu es utile pour elle parce que grâce à toi son argent des loisirs ne part pas dans les loisirs…
  • La panthère de la maison : il s’agit de ta propre femme ou de ta propre titulaire. Wèèè, ne me regarde pas comme ça. Tu ne savais pas que toutes les femmes sont des panthères, même tes propre sœurs ? Donc la femme de la maison ne t’aime pas comme tu penses, désillusionnes-toi. Si elle devait choisir, elle prendrait David Beckham ou bien Zlatan Ibrahimovic. Mais puisque c’est toi qui paye ses factures… Elle s’efforce de t’aimer, elle essaie tous les jours. Tu lui offres quand même un toit, elle en est consciente. Elle te trompe tous les jours dans son cerveau, mais elle ne couche quand même pas avec n’importe qui. Elle est contente que tu lui aies offert un grand mariage, et surtout que grâce à toi on l’appelle « madame tel ». Mais tente alors de perdre ton boulot tu vas confirmer le code !
  • La lionpantigresse : ça c’est le terminator, c’est le hélélé. La lionpantigresse est une lionne + une panthère + une tigresse. Elle te boit le vin jusqu’à-jusqu’à, et elle ne boit que ce qui coûte cher : c’est les Heineken que tu veux voir, c’est les 16-64, c’est les Carlsberg ? Avec son propre argent elle n’achète que l’eau en sachet SAWAWA, mais quand c’est toi qui offre elle demande les cuvettes de canettes… La lionpantigresse est toujours sûre d’elle. Elle porte les greffes brésiliennes. Elle n’a pas de sentiment. Si tu n’as pas d’argent tu dégage. Elle est jolie, elle est sexy, elle est fashion. elle fait la manucure et la pédicure et le gommage. Ce n’est pas étonnant, ce n’est pas elle qui paye. Il y a des hommes d’affaires qui lui donnent l’argent rien que pour se faire belle. Elle se maquille à chaque seconde. Elle fait l’amour de temps en temps, mais pas trop. Sauf si tu mets un gros paquet d’argent sur la table. Si la lionpantigresse rit à une de tes blagues, estimes-toi très heureux ; car tu pourras peut-être devenir… son ami.

Ecclésiaste DEUDJUI


Comment Samuel Eto’o est devenu la risée des Camerounais

On dit comme ça hein, c’est avec beaucoup de peine que j’ai appris que Samuel Eto’o prenait sa retraite internationale. D’aucuns se sont moqué en disant que c’était son 3ème caprice de star, d’autres que c’était le gouvernement qui l’avait forcé à se retirer ; mais la grande question est ailleurs : COMMENT UN JOUEUR AUSSI EXTRAORDINAIRE A RÉUSSI À DEVENIR L’OBJET DE TOUTES LES PLAISANTERIES ?

Sur le plan du jeu et du talent individuel, les Camerounais sont tous unanimes : Samuel Eto’o est l’un des plus grands footballeurs africains de tous les temps ! Il aurait même pu (et dû) remporter le Ballon d’Or européen en 2006, mais ça c’est une autre histoire…
Je me souviens de son transfert au Real Madrid en 1997. Cet événement avait été retransmis en direct à la CRTV. Je me rappelle que lors du Mondial 1998 en France, il était le plus jeune joueur de la compétition. J’ai encore en mémoire ses débuts tonitruants pendant la CAN 2000 au Ghana-Nigéria, où il était parti comme remplaçant de Joseph-Désiré Job, avant de terminer meilleur buteur de l’épreuve…

Samuel Eto’o c’est un génie. Qui peut dire qu’il a oublié les conditions dantesques dans lesquelles nous avons remporté les jeux Olympiques en 2000 ? À 3h du matin ? En éliminant le Brésil à 9 contre 11, le Chili de Zamorano, et l’Espagne des Puyol, Xavi, et autres Victor Valdès ? Qui peut dire qu’il a oublié son but fantastique en 2003, face au Brésil de Ronaldinho ? C’est avec ce numéro 9 que nous avons remporté la CAN 2002 au Mali, sans encaisser le moindre but durant toute la compétition.
A titre de rappel, c’est lui qui détient le record de buts marqués à la CAN, le record de sélections en équipe nationale du Cameroun, où il est également… le meilleur buteur de l’histoire…

COMMENT ALORS UN JOUEUR AUSSI FANTASTIQUE PEUT-IL PRENDRE SA RETRAITE DANS L’INDIFFERENCE ?

SON ARGENT :
A son arrivée à Anzi Makachkala, Samuel Eto’o figurait parmi les sportifs les mieux rémunérés de la planète ! Ce qui a peut-être exacerbé les jalousies des uns et des autres, les camerounais voyant en lui un magicien ou un sorcier, mais jamais un travailleur. Il s’est ainsi mis à se mêler de tout et de rien, à offrir des montres à ses coéquipiers, à sortir des artistes de prison, à faire soigner des pontes de notre régime, à payer pour organiser des réunions à la FECAFOOT, à faire chambre à part (et repas à part) lors des regroupements et des stages, à marcher avec des gardes du corps.

SON EGO
Un homme qui parle de lui à la troisième personne du singulier, ça fait toujours bizarre. Eto’o Fils a toujours pensé qu’il était plus grand que l’équipe des Lions Indomptables, et peut-être même plus grand que le Cameroun. Il appelle tout le monde « Papa », mais il se sent plus grand que Roger Milla, et il y a des Camerounais qui ne supportent pas ça.

SA VIE PRIVEE
Comment comprendre qu’un personnage qui doive s’ériger en modèle, en exemple, s’érige plutôt en contre-exemple ? Samuel Eto’o, c’est un coup de tête dans la gueule d’un journaliste, c’est les photos de son ex-copine sur internet, c’est des mots d’oiseaux avec les membres de la fédération, c’est des grèves organisées pour revendiquer les primes de match, c’est des choix de joueurs, des choix d’entraîneurs, c’est des immixtions dans le fonctionnement du ministère…

SES RESULTATS
Depuis qu’il est capitaine (et on sait dans quelles conditions), le Cameroun a raté 2 CAN qui ont eu lieu en Afrique centrale. On est rentrés bredouilles (avec 0 point et des valises de buts) de 2 coupes du monde consécutives. On ne fait même plus peur au Cap-Vert. Le football camerounais est rentré si bas dans le ranking mondial, que les Camerounais s’en prennent à leur idole et à leur mascotte, Samuel Eto’o Fils. A quoi sert-il d’avoir l’un des meilleurs joueurs du monde, qui est pourtant excellent en Europe, si ça ne nous permet pas de gagner les moindres matches ? Et surtout, pourquoi ce capitaine n’a-t-il jamais été décisif, comme il pouvait l’être par le passé ?…

Samuel Eto’o, nous on t’adore. On te critique parce qu’on te préfère. Tu es notre meilleur sujet de conversation. On profite de ton nom pour draguer les filles. Tu es un être exceptionnel, un joueur fabuleux, même si les Camerounais sont trop égoïstes pour te le dire. On aurait seulement voulu que tu sois moins bavard, moins pédant, moins ambitieux. On aurait voulu que tu sois humble, et que tu laisses tes aînés faire ce qu’ils ont à faire. On aurait voulu que tu sois sérieux comme en Europe, car c’est toi-même qui avais dit que tu vis là-bas, mais que ton cœur dors ici. Et que tu travailles comme un Noir pour vivre comme un Blanc.
Samuel Eto’o, tu as réussi à devenir la risée de la population. Tout le monde parle de toi n’importe comment. Personne ne te respecte. Voilà maintenant que tu annonces ta retraite internationale, et que ça n’émeuve pas grand-monde. Voilà que des gens se permettent de dire : « il attendait quoi depuis ? » Voilà que d’autres disent qu’on t’a forcé à quitter les choses, qu’on t’a retiré le brassard sans même demander ton avis, et qu’on t’a écarté de la liste parce que tu es le « principal fauteur de troubles »

Avouons que tu l’as un peu cherché quand même, même si nous n’oublierons jamais tout ce que tu as fait pour notre pays…

 

Ecclésiaste DEUDJUI


Cameroun : comment gagner la Coupe d’Afrique 2019 à Yaoundé ?

N’est-ce pas l’autre jour j’ai appris que le Cameroun allait organiser la canne à sucre 2019 ? Pardon, je voulais dire la CAN 2019, la coupe d’Afrique de football. Il paraît que les gens de la CAF-là ont annoncé ça en plein 2h du matin. Comme si son président (un Camerounais) ne pouvait pas supporter jusqu’au matin pour nous annoncer la « bonne » nouvelle…

             Vrai-vrai hein, j’ai d’abord cru que je rêvais. Quoi ça ? Le Cameroun, organiser une Coupe d’Afrique ? C’est la sorcellerie ou quoi ? Depuis que je suis né je n’ai jamais vu un joueur « Blanc comme le rose » évoluer dans un de nos stades. Et puis, depuis toujours les camerounais réparent leur vieille télé à l’approche des grandes compétitions. Parce que eux-mêmes ils savent que la CAN peut se dérouler partout-partout dans le monde (même au Qatar, je te jure !), mais pas au Cameroun…

La dernière fois qu’on a organisé le machin-là, les images étaient encore en noir et blanc. D’ailleurs les gens suivaient la plupart des matches à la radio. Il paraît que Ahidjo n’était même pas au courant quand le sultan Mbombo Njoya avait soumis notre candidature, et qu’il avait dû rafistoler à la dernière minute.
Il paraît aussi qu’il avait confié l’argent pour qu’on le donne à celui qui allait le transmettre à celui qui allait le remettre à l’arbitre de la demi-finale, mais que comme la chaîne était trop longue, l’argent n’était pas arrivé à temps dans les poches de l’homme en noir (qui en l’occurrence n’était pas Blanc) ; et donc, l’arbitre vexé, l’équipe du Cameroun avait été défaite par l’équipe du Congo, traumatisant ainsi toute une génération au stade omnisports Ahmadou Ahidjo de Yaoundé…

J’ai d’abord cru que je rêvais quand on m’a dit que le Cameroun allait organiser la canne à sucre 2019. Pourtant la seule fois où je rêve en même temps sur le Cameroun et sur le football, c’est quand je rêve qu’on a une bonne équipe. Et en général je me réveille brutalement, pour constater que même le petit Cap-Vert nous fait déjà peur, pour voir la Croatie balkanique nous dominer 4 buts à 0, pour voir Assou-Ekotto se crêper le chignon avec Benjamin Moukandjo en pleine Coupe du Monde. Tsuiiiiip !

SI ON VEUT VRAIMENT REMPORTER CETTE COUPE D’AFRIQUE QUI AURA LIEU ICI CHEZ NOUS, IL FAUT A TOUT PRIX QU’ON REVIENNE A NOS FONDAMENTAUX. Je m’explique :

             NE PAS TOUCHER A NOS INFRASTRUCTURES
Je dis hein, c’est quoi cette histoire-là que les chinois veulent nous construire des stades ? Qui leur a dit qu’on veut ça ? LAISSEZ NOS STADES TELS QUELS. Comme ça quand les adversaires vont vouloir déborder Nicolas Nkoulou, il va soulever la poussière avec ses deux mains et ceux-ci vont tirer hors de la cage…
Dis-donc ! Comment on va gagner les Ghanéens-là qui sont vifs comme l’éclair, s’ils savent à l’avance comment le ballon va rebondir ? Ou alors si le terrain est délimité ? Ou alors s’il n’y a pas un arbre au milieu de la pelouse ? Et puis si on n’arrive pas à marquer en première période, on pourra compter sur la tombée de la nuit pour frapper dans les buts, quand le gardien adverse ne verra plus bien à cause de l’obscurité dans le stade. Krkrkrkrkrkrkr.

RAPPELER SAMUEL ETO’O EN 2018
Pas tout de suite quand même ! Le gars-là a trop semé la zizanie  dans l’équipe-ci. Mais je suis « pour » qu’on le rappelle en 2018, de préférence par décret présidentiel, comme on avait fait pour Roger Milla en 1990, et pour Patrick Mboma en mil neuf cent 2004. Même si on ne le fait pas jouer, il faut qu’on le rappelle pour conserver au moins les sponsors Tangui, Puma et Orange. Et puis, il n’aura que 39 ans donc il sera encore plus jeune que ceux qui évoluent dans l’équipe aujourd’hui…

             RESOUDRE LE PROBLÈME BOKO HARAM
Hum ! Je ne veux pas que l’affaire du Cabinda qui a eu lieu en Angola-là nous arrive. En 2010, Les rebelles avaient failli tuer Adebayor. Imagine si le Nigeria part jouer son match à N’Gaoundéré et que les gars-là attaquent dans le stade. Pardon oooh. Résolvez vite le problème des gens-là, sinon on va sauf que regarder tous les matches à la télé.

             SUPPRIMER LE PROBLÈME DES PRIMES
Pour moi c’est pas compliqué : pas de prime de match aux joueurs avant la finale ! On les donne aux femmes des ministres.

             FERMER LES BOÎTES DE NUIT
Franchement si on veut gagner la CAN 2019, la première mesure c’est de fermer les boîtes de nuit. Tu as déjà vu quand un Lion (in)domptable entre dans une discothèque ? Il boit, il fume, il met les filles sur ses genoux, et après il rentre avec elles pour faire des choses que la mémoire de mon grand-père m’interdit de dire ici.
Il faut fermer les boîtes de nuit  pendant 4 ans et demi, et il faut fermer les auberges qui vont avec.

             AUGMENTER LA TAXE SUR LA TONDEUSE
Si on veut avoir une équipe du tonnerre, il faut faire comme les gars de 82’. Aoudou, Emmanuel Kundé, Thomas Nkono, Kaham Michel… Tu voyais les cheveux des gens-là ? C’était comme la forêt. Tu voyais aussi leur barbe ? Et laisse-moi te dire qu’ils ne se brossaient même pas les dents. C’est pour ça qu’ils sont rentrés de la coupe du monde avec zéro défaite (et avec zéro victoire aussi, mais ça personne ne le dit).
Quand un joueur laisse pousser sa « chabalité » ça le rend influent dis-donc ! Surtout un défenseur. Il faut que nos joueurs arrêtent d’être élégants comme Aurélien Chedjou et Stéphane Mbia qui baissent leur short tout le temps. Mofmidé ! vous croyez que le nom Lions-là on a donné ça au hasard ? Vous croyez que le lion de la forêt peigne sa crinière chaque matin ?
Il nous faut des gens comme Benjamin Massing qui te tacle jusqu’à ta godasse sort du stade. « L’homme passe, le ballon ne passe pas. Le ballon passe, l’homme ne passe pas ». Il nous faut des Mbappè-Leppé qui te tchouke le ballon en étant au centre. Il nous faut des vrais gars, je te dis, c’est quand même la Coupe d’Afrique des Nations.

Donc voilà, voilà ma part de tactique là-bas. Je pourrais ajouter qu’il faut libérer Iya Mohamed de prison, qu’il faut prolonger le comité de (a)normalisation, qu’il faut suspendre le championnat camerounais, qu’il faut voter le RDPC en 2018, qu’il faut mettre un sélectionneur Noir et le payer comme un Noir, mais avec ce que j’ai dit-là on peut déjà gagner la CAN.
Et si vous êtes trop paresseux pour appliquer cette simple recette, essayez au moins de faire comme Ahidjo : confiez l’argent pour qu’on le donne à celui qui va le transmettre à celui qui va le remettre à l’arbitre de la demi-finale…

                                                                                                                                                               

Ecclésiaste DEUDJUI


Attachez vos Saintitudes !…

Bonjour !

Ou bonsoir, c’est selon. Ou bon après-midi aussi, j’imagine qu’il y a quelqu’un qui est à table en ce moment. Moi aussi j’aurais bien voulu y être, mais bon, l’homme propose et Paul Biya (mon président) dispose…

Enfin bref, bonjour ! Je suis ravi de rejoindre votre superbe communauté, même si j’aurais dû le faire plus antérieurement (paresse, quand tu nous tiens). Et donc, j’ai décidé de vous raconter la magie, de vous parler de la planète Cameroun, parce que, Allah, je jure sur la tête de mon grand-père qui est déjà décédé, ce que je vois dans le petit pays-ci (pas le chanteur hein) me dépasse seulement.
Nous sommes 22 millions de personnes, mais on a plus de 22 milliards de problèmes…

Alors, autant en (sou)rire. Vous ne trouvez pas ? krkrkrkrkrkrkr