Ecclésiaste Deudjui

Cybersexualité : panorama des faux Blancs

L’autre jour j’entrais moi au cyber pour changer ma photo de profil Facebook (n’est-ce pas tout le monde est déjà devenu Charlie ?). Je suis tombé sur une ancienne voisine qui se plaignait, car depuis des années sur Internet elle n’a pas encore pu trouver le Blanc idéal…

J’ai rapidement consulté sa liste de prétendants sur Messenger, et je lui ai dit en seule phrase : « Je sais où se trouve le problème ! »

 

les brouteurs, escrocs cybernétiques sur internet
Les brouteurs, escrocs cybernétiques sur Internet

 

1-       LES MAGHRÉBINS ET LES ARABES, C’EST JUSTE POUR PERDRE LE TEMPS

Tu crois que tu vas obtenir quoi en chattant avec un Maghrébin, hein ? Ou bien avec un Qatarien ? Ce sont des gens qui viennent sur Internet seulement pour discuter, parce que chez eux on interdit la cigarette et les boîtes de nuit. Et tu crois qu’il va sauter une de ses cinq prières par jour pour aller te faire un Western Union ?

 

2-       LES MEXICAINS ET LES LATINOS, C’EST JUSTE POUR PARLER FOOTBALL

Entre nous, qu’est-ce que tu peux bien attendre d’un Colombien ou d’un Vénézuélien ? Tout ce qui les intéresse, c’est le trio d’attaque du Barça qui est 100 % sud-américain (Messi, Suarez, Neymar). Et en plus de ça vos heures ne coïncident même pas. Quand tu veux déjà lui citer tous les problèmes d’argent que tu as ici au pays, il te répond qu’il veut dormir, car chez lui il est déjà 3 h du matin…

 

3-       LES PAKISTANAIS ET LES LIBANAIS, C’EST JUSTE POUR FANTASMER

Voilà alors les Blancs kaki qu’il faut éviter à tout prix. Un Pakistanais ou un Libanais, c’est quelqu’un qui « bâche » sur la moto comme un Camerounais. Et si tu lui demandes 100 francs CFA pour aller acheter quelque chose, il va te donner 100 francs CFA net-net, sans le moindre surplus.

Et tu crois que ce sont ses frères de l’autre côté qui sont différents ?

 

4-       LES CHINOIS ET LES CORÉENS, C’EST JUSTE POUR INVESTIR

Voici alors le grand-frère des faux Blancs (tellement faux qu’ils sont même jaunes) ! Lorsque tu discutes avec un Coréen sur Messenger, il va tout de suite te demander la TVA sur les produits alimentaires…

Et puis les Chinois on les connaît déjà, ce sont leurs sœurs qui vendent les beignets-haricots dans tous nos carrefours. Ce sont leurs oncles qu’on croise dans les tourne-dos du sous-quartier. Et puis, avec eux, même 5 francs CFA ne cherche jamais son petit-frère…

Donc oublie !

 

affiche du film "Le Blanc d'Eyenga 2", qui raconte les péripéties d'une chercheuse de mari sur internet
Affiche du film « Le Blanc d’Eyenga 2 », qui raconte les péripéties d’une chercheuse de mari sur internet

 

LES VRAIS BLANCS, CE SONT LES NOIRS

J’ai donc tenu la main de mon ancienne voisine, et je me suis mis à lui parler des autres Blancs. Les Espagnols et les Italiens, c’est surtout pour la découverte d’une autre culture. Les Français et les Portugais, c’est exclusivement pour la baise. Les Américains et les Russes, ce n’est qu’une affaire de contre-espionnage. Et tous les autres Blancs c’est juste des pervers, des touristes, et parfois même des néocolonisateurs. Alors qu’il y a plein de Noirs à côté de toi qui sont prêts à tout pour te rendre heureuse…

 

Ecclésiaste DEUDJUI

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Pourquoi un homme «aime» une femme

N’allez pas croire que je veux vous séparer de votre partenaire hein, pardon. Je dis seulement ce que je pense. Je vois des gens ici qui s’arrachent les cheveux lorsqu’ils ont perdu un amour, et je me demande à quoi ça sert. Parce que les raisons qui t’amènent à aimer une femme, elles ne sont même pas sentimentales pour commencer…

 

l'amour est beau quand on rencontre la "personne idéale"
L’amour est beau quand on rencontre la « personne idéale »

 

1-       Le hasard

Dis donc ! Tu es là tu veux t’arracher les cheveux, tu dis que tu ne peux plus vivre sans la fille. Tu faisais comment avant ? Hein ? Est-ce que vous êtes jumeaux ? Tu ne l’as pas rencontrée par hasard en allant chercher quelque chose chez le boutiquier ? Ou bien dans une boîte de nuit, ou bien dans un bar, ou bien dans ton ancien collège, ou bien dans un carrefour ? Et si le jour-là tu n’avais pas décidé de sortir, tu serais là en train de respirer gaillardement ?

« On rencontre une femme au hasard, donc on l’aime aussi au hasard »

 

2-       La génération

Pour aimer une femme, il faut que vous soyez nés dans une même période de l’histoire. Tu aimes telle fille parce qu’elle est née à la même époque que toi. Si elle était née dans les années 1760, elle serait peut-être la cousine de Napoléon ; et toi tu serais là en train de boire tes bières sans même savoir qu’elle n’a jamais existé…

« C’est notre âge qui sélectionne toutes les femmes qu’on aura le droit d’aimer »

 

3-       L’espace

Hormis la contingence temporelle, il y a aussi la contingence spatiale. Pour que tu aimes une femme, il faudrait que vous soyez dans le même rayon géographique. Tu n’as pas encore remarqué que beaucoup de Camerounais qui vivent au pays épousent aussi des Camerounaises qui y vivent aussi? Hein ? Tu ne réfléchis pas ? Peut-être bien que si on t’envoie en Finlande, la femme de ta vie sera une Finlandaise !

« Dis-moi où tu habites, et je te dirais qui tu aimes »

 

4-       La société

Par « société » je veux dire éducation, religion, culture, voisinage, etc. On aime une femme parce que la famille peut l’accepter. Parfois c’est parce qu’elle est conforme à notre religion. Souvent aussi c’est parce qu’on n’a pas trouvé mieux ailleurs… Dans tous les cas on aime une femme parce qu’on voit les autres aimer aussi, et on s’arrange à ce qu’elle corresponde aux canons –du moment– de la société dans laquelle on se (re)trouve…

« La plupart des gens ne tomberaient pas amoureux, s’ils n’avaient jamais entendu parler de l’amour »

 

quand on "aime" une femme, on veut rapidement lui mettre la bague au doigt
Quand on « aime » une femme, on veut rapidement lui mettre la bague au doigt

 

Pourquoi un homme « aime »  une femme ?

En un mot comme en mille, la femme parfaite n’existe pas ! C’est nous qui la créons, c’est nous qui la façonnons, c’est nous qui la choisissons. C’est nous qui décrétons si elle nous sera indispensable ou indésirable…

On s’arrange pour oublier ses défauts, on refuse de voir ses lacunes, on veut se convaincre qu’elle est la plus belle créature du monde… Et qu’on l’aime. On lui dit tous les jours qu’elle est la femme la plus magnifique de l’univers, mais elle-même sait que ce n’est pas vrai… On dit qu’elle est notre « âme sœur », comme pour justifier notre choix alors qu’il y a plein d’autres femmes qui lui sont supérieures et qui sont peut-être même nos vraies âmes sœurs !

 

Ecclésiaste DEUDJUI

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Quoi que les Camerounais te disent, il ne faut pas les écouter

Hum ! Quand je dis souvent que la langue camerounaise est l’une des plus complexes au monde, les gens pensent toujours que je blague. N’est-ce pas voilà un Français qui s’est fait escroquer l’autre jour, à cause d’une erreur de sémantique ? Les arnaqueurs lui ont dit : « On est ensemble, attends-nous là, on arrive. »

Et l’imbécile s’est mis à les attendre sur place comme un idiot…

 

Les Camerounais (dé)tournent les mots pour atteindre leurs objectifs
Les Camerounais (dé)tournent les mots pour atteindre leurs objectifs

 

QUAND ILS DISENT « merci beaucoup », IL NE FAUT PAS TE RASSURER

Ici chez nous, le merci n’a rien à voir avec un remerciement. Et quand on ajoute « beaucoup » à côté, ça veut dire que la personne est très-très-très énervée. Si quelqu’un te dit « merci beaucoup », il faut vite te dépêcher d’aller réparer toutes tes erreurs…

 

QUAND ILS DISENT « tu m’as bien regardé ? », IL NE FAUT PLUS LES REGARDER

N’est-ce pas si tu es nouveau tu vas commencer à le regarder des pieds à la tête ? Alors qu’il attend plutôt que tu ne le regardes plus ?

« Tu m’as bien regardé ? » est une expression d’indignation. Ça veut dire que même si je viens de te demander le transfert de 250, ne pars pas croire que je suis à 250 francs près…

 

QUAND ILS DISENT « j’arrive », IL NE FAUT JAMAIS LES ATTENDRE

Ou c’est Jésus-Christ qui nous a contaminé oooh ! En tous cas quand un Camerounais te dit qu’il arrive, ça veut dire qu’il n’arrivera jamais. Mais s’il ajoute « attends-moi là ! », ça veut dire qu’il va revenir avec une arme bien tranchante…

De toute façon si un Camerounais te dit qu’il arrive et que tu restes là pour l’attendre, c’est ton problème !

 

QUAND ILS DISENT « ne me dis pas », IL FAUT PLUTÔT LEUR RACONTER

Voilà encore un paradoxe du langage camerounais. Quand quelqu’un te dit « ne me dis pas », c’est pour te dire de tout dire. C’est la formule que nos kongosseuses utilisent dans les sous-quartiers et dans les centres de beauté, pour malparler des gens à longueur de journée. « Çaaaaaaah ! Donc vrai-vrai il sortait avec les deux femmes-là au même moment ? Ne me dis pas ! »

 

QUAND ILS DISENT « mon frère, je suis où ? », IL NE FAUT PAS LES ORIENTER

Ce n’est pas la peine d’aller chercher ta boussole si un gars te demande où il se trouve. En réalité, cette question est beaucoup plus philosophique que géographique. On l’utilise pour démontrer qu’on est négligeable dans ce pays qui écrase tout sur son passage, et qu’on est prêt à tout accepter. On l’utilise aussi quand on est en train de quémander quelque chose : « Trouve-moi même 200-là mon frère. Je suis où ? »

 

Les Camerounais mentent sans avoir froid dans le regard
Les Camerounais mentent sans avoir froid dans le regard

 

QUOI QUE LES CAMEROUNAIS VOUS DISENT, IL NE FAUT PAS LES ÉCOUTER

Donc voilà, je comprends maintenant comment on a entourloupé le Français d’autrui. Achouka ngongoli, ça va lui apprendre à prendre toutes nos phrases au premier degré.

 

Ici chez nous si une fille te dit « laisse-moi », ça veut dire qu’il faut plutôt la caresser.

Ici chez nous si un homme appelle sa femme « la bonne dame », ça veut dire qu’elle est plutôt mauvaise.

Ici chez nous quand tu as beaucoup d’argent, les gens disent que tu as un peu.

Ici chez nous quand les gens te demandent si tu vois clair, ce ne sont pas des opticiens, c’est seulement pour savoir si tu t’en sors.

 

On déforme la réalité, on masque les mots, on dit le contraire de ce qu’on pense. Et tant pis pour ceux qui nous écoutent sans réfléchir…

 

Ecclésiaste DEUDJUI

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alcoolisme : faire-quoi faire-quoi, ils vont vous amener à boire

Hum ! Le gouvernement camerounais m’amuse hein. J’entends dire partout qu’ils veulent faire passer une loi contre le terrorisme. Ils connaissent quoi dans le terrorisme ? On leur a dit que c’est seulement Boko Haram ?

Depuis 1948 et l’arrivée des Brasseries, il y a un groupe de terroristes qui sèment la terreur dans toute la population camerounaise. Voici leurs méthodes :

 

distraction préférée des Camerounais, le bar. Crédit: Ecclésiaste DEUDJUI
distraction préférée des Camerounais, le bar. Crédit: Ecclésiaste DEUDJUI

 

« ON T’A OPÉRÉ ? »

Ça c’est leur phrase préférée. Lorsqu’ils t’invitent à leur table, ils te balancent cette question-là pour te fragiliser, et pour t’amener à prendre une grande bière. Même lorsque tu leur dis que tu es sous traitement antibiotique, et qu’il te faut de l’eau minérale, eux ils restent de marbre : « Un malade vient chercher quoi au bar ? Si tu es malade tu pars te coucher à la maison… »

 

« ON NE DOUBLE PAS LE JUS »

Si par mégarde tu as réussi à commander un jus d’ananas devant ces nouveaux terroristes, eh bien sache que c’est ta première et ta dernière bouteille. Mais oui ! Tous les Camerounais savent qu’on ne double pas le jus ! Sois tu changes la couleur de ta bouteille dès que tu finis, sois tu rentres tranquillement te coucher chez toi ; et tu laisses les vraies personnes faire leurs affaires. Dis-donc ! On t’a vraiment opéré ?

 

« TU LÈCHES SEULEMENT ? »

Voilà alors ce qu’ils disent quand ils ont réussi à te faire rester à leur table, et à remplacer ta bouteille de jus par une bouteille plus sombre… Entre-temps ils prennent la peine de t’observer, pour voir si tu bois rapidement ou pas. Histoire de te faire comprendre que si tu crois que tu vas siroter une bière pendant que nous sommes déjà à 5 ou bien à 6, hum, comment te dire ça… TU AS MENTI !

 

« ON EST OBLIGÉS DE PAYER, MAIS ON N’EST PAS OBLIGÉS DE FINIR »

Ça c’est quand ils ont réussi à te convaincre de boire rapidement, et que tu te demandes comment tu vas enchaîner avec les trois autres bouteilles qu’ils ont ajoutées devant toi. C’est alors qu’ils te disent ça pour te rassurer, parce qu’ils sentent que tu paniques un peu. On n’est pas obligés de finir, ne t’inquiète pas, il faut boire à ton rythme.

Mais petit à petit tu te retrouves en train de « finir » toutes ces bières…

 

« LE REMÈDE DE LA BIÈRE C’EST LA BIÈRE »

Ici c’est le matin. Vous avez déjà bu pendant toute la soirée, et tu ne sais par quel miracle tu as réussi à boire toutes ces grandes bouteilles… Tu as la gueule de bois, tu es bourré, tu es fatigué, tu ne vois même plus très bien, il te faut de l’eau fraîche ou une bouteille de jus bien congelée.

Mais nos terroristes t’en empêchent, ils te disent que le remède de la bière c’est la bière ! Ou on apprend ça dans quelle école de médecine oooh ? En tous cas ils te convainquent, et te voilà qui dit à la serveuse de t’ajouter deux médicaments bien glacés sur la table…

 

Tous les jours les brasseries du pays ravitaillent les bars camerounais
Tous les jours les brasseries du pays ravitaillent les bars camerounais

 

FAIRE- FAIRE-QUOI FAIRE-QUOI, ILS VONT NOUS AMENER À BOIRE

Donc c’est comme ça, la population camerounaise boit plus qu’elle ne se cultive. Elle se saoule plus qu’elle ne s’informe. Et elle s’abrutit plus qu’elle ne s’éduque…

 

Au Cameroun, il y a des terroristes d’un nouveau genre. Ils t’intimident, ils t’hypnotisent, ils te conditionnent, ils t’impressionnent. Tout ça pour t’amener à boire…

Ils te conseillent de ne pas boire la bière des femmes (massa ! c’est encore quelle qualité de bière ?)

Ils te demandent quel est ton record dans les alcools (est-ce que tu peux même finir un casier ?)

Ils veulent savoir si tu as déjà bu les vrais whiskies, les vrais scotchs, les vraies liqueurs, les vrais vins rouges…

Ils se multiplient tous les jours, ils sont de plus en plus nombreux, ils sont partout, ils sont incontrôlables.

 

Et ils ont réussi à prendre tout un pays en otage !

 

Ecclésiaste DEUDJUI

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Au Cameroun, l’espérance de vie est de 90 minutes

Tant pis pour ceux qui n’aiment pas le football ! Moi j’ai fait un constat qui est clair, c’est que la vie d’un Camerounais ressemble de plus en plus à un match du championnat français. Mais c’est vrai ! Il y a la période d’observation, il y a les interruptions intempestives, il y a les coups de pieds arrêtés, il y a les hors-jeu et tout le tralala. Il y a même les prolongations, quand notre chef de l’Etat tente de s’éterniser au pouvoir…

 

des jeunes sans emplois qui s'adonnent aux jeux-vidéos

 

LA PÉRIODE D’OBSERVATION

Ça c’est quand l’arbitre donne le coup d’envoi, c’est-à-dire à ta naissance. Dans un match du championnat français tu as presque 25 minutes pour étudier le jeu de l’adversaire, mais ici chez nous on te donne jusqu’à 14-15 ans. Le temps d’apprendre comment il faut te bagarrer dans la cour de récréation, comment il faut mémoriser nos proverbes à la con, comment il faut mentir à tes parents et à tes grands-parents, comment il faut escroquer tes camarades de classe, comment il faut insulter la maîtresse d’école.

Cette période-là est très-très importante pour nous autres, parce que si tu la loupes tu vas croire que tous les Camerounais sont honnêtes. Et on va te remplacer avant même la 1ère mi-temps…

 

LES INTERRUPTIONS INTEMPESTIVES

N’est-ce pas je vous ai dit que c’est comme dans le championnat français ? Ennuyeux ? Donc même si le vent fait seulement semblant de te frôler, l’arbitre va sauf que interrompre le jeu. Chez nous ici, on va plutôt siffler la fiesta ! Pour un oui pour un non, on organise de grandes manifestations. Tu te maries, tu célèbres ! Tu divorces, tu célèbres ! J’ai même déjà vu des femmes ici qui ont carrément déterré leur vie de jeune fille…

Sérieusement, les Camerounais font la fête pour n’importe quoi. Et c’est comme ça qu’ils peuvent perdre la possession de balle à tout moment. Tu vois un gars qui était déjà (multi)millionnaire, mais le-voilà qui recommence sa vie à zéro parce qu’il avait tout dépensé dans l’anniversaire de sa cousine…

 

LES COUPS DE PIED ARRÊTÉS

Ceci alors c’est le cœur du jeu. Quand l’équipe du Cameroun exerce un pressing haut (coupures d’électricité, eau non potable, formalités administratives, factures…) sur ta vie, il faut savoir rester calme et résister. Car si tu n’arrives pas à bien gérer les temps forts et (surtout) les temps faibles de ta vie, c’est que tu as déjà perdu le match ! Les coups de pieds arrêtés qu’on subit au Cameroun, il y en a plusieurs :

Les pénaltys : ça c’est quand le gouvernement vient détruire ta maison sans même te dédommager.

Les coups-francs directs et indirects : ça c’est quand tu as des problèmes avec ton bailleur qui veut t’expulser là-là-là, ou quand tu viens de perdre ton 4ème emploi.

Les corners : ça c’est quand tu tombes malade et que tu dois te rendre dans nos hôpitaux mortifères. Hum ! Il y a de simples corners qui finissent par des buts encaissés hein…

Les remises en jeu : ça c’est fréquent, et ce n’est pas vraiment grave. C’est quand les impôts viennent pour sceller ta boutique, ou quand la police t’interpelle en route. Tu relances simplement le jeu en leur donnant une ou deux bières…

 

LES HORS-JEU

Voilà enfin une partie du jeu qui peut te faire apprécier le football. Le hors-jeu, c’est quand tu te crées une occasion inattendue dans la défense imperméable du Cameroun, et que si tu es fort tu réussis même à marquer le but (construire une maison, faire un enfant, épouser une femme, aller à l’étranger). Un pari sportif peut te mettre en situation de hors-jeu. La feymania peut te mettre en situation de hors-jeu. Un vol dans les deniers publics peut te mettre en situation de hors-jeu. Un cambriolage à main armée peut te mettre en situation de hors-jeu. Même la nzatt (le hasard) peut te mettre en position de hors-jeu, parce que je vois des gars ici qui refusent les buts que eux-mêmes ils ont marqués avec les filles…

 

dans nos marchés, ça cafouille de gagne-petits

 

LA VIE D’UN CAMEROUNAIS, C’EST COMME UN MATCH DE FOOTBALL

Donc c’est comme ça ici, les Camerounais vivent pendant 90 minutes. Ceux qui sont malhonnêtes marquent des quintuplés avec leurs immeubles. Ceux qui sont bons parleurs marquent des doublés ou des triplés avec leurs mariages. Ceux qui sont dans le gouvernement marquent plus de 30 buts avec leurs enfants. Et ces enfants marquent plus de 50 buts avec leurs voyages…

 

Dans la vie d’un Camerounais, on déteste le temps additionnel. En général on a déjà soixante ans dans les arrêts de jeu, on n’a pas de pension retraite, et on s’inquiète pour l’avenir de ses enfants.

On repense encore à cette fameuse mi-temps il y a trente ans, quand on pensait encore qu’on allait changer le cours de la rencontre, et obtenir au moins le point du match nul…

Qu’est-ce que nous étions naïfs !

 

En réalité, on a assisté au match de notre vie comme si on était des spectateurs, parce que l’aire de jeu ne nous permettait pas de s’exprimer. Nous étions des attaquants, mais nous passions tout notre temps à nous défendre ! On prenait des cartons jaunes avec le choléra et le paludisme, et on voyait notre entourage prendre le rouge direct, dans des accidents vasculaires de la circulation…

On multipliait les contestations arbitrales, on revendiquait nos droits civiques (bourses, salaires, etc), on contredisait les résultats électoraux. Avant de comprendre que l’arbitre de la partie ce n’était pas la Justice, c’était plutôt l’Injustice ! Et que ses deux assistants c’étaient la Corruption généralisée et l’Impunité la plus totale…

 

Au Cameroun, l’espérance de vie n’est que de 90 minutes. Mais bizarrement, personne ne souhaite que ça s’allonge.

 

Ecclésiaste DEUDJUI

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Comment impressionner une Camerounaise ?

J’ai un ami qui a failli se suicider l’autre jour. Il était sur le pont du Wouri (le 2e), je l’ai trouvé bizarre… Je lui ai saisi la main avant de lui demander ce qui n’allait pas. Il m’a appris que sa copine venait juste de le quitter et qu’il était déçu par l’amour.

Ma réponse a fusé, si c’est seulement pour ça, viens je vais te dire comment tu peux récupérer ta Camerounaise…

 

avec une voiture, c'est plus facile de séduire les Camerounaises
Avec une voiture, c’est plus facile de séduire les Camerounaises

 

1-       ACHETER UNE VALISE À ROULETTES

Mais bien sûr ! Au lieu d’aller risquer sa vie sur un pont qui est encore (et toujours) en construction, il ferait mieux d’aller s’acheter une valise à roulettes. Le genre de valise que quand tu roules ça sur le goudron, les filles croient seulement que tu sors tout droit de l’aéroport. Même s’il n’y a rien à l’intérieur, peu importe. Si tu veux même tu gardes tes bâtons de manioc là-dedans. Ce qui compte, c’est que de loin tu ressembles à un voyageur !

 

2-       CHANGER SA PHOTO DE PROFIL SUR FACEBOOK

Mais tu ne vois pas comment les gars font ? C’est quoi cette histoire que tu ne changes jamais ta photo de couverture ? Les filles vont te remarquer comment ? Il faut te filmer avec David Eto’o (Samuel c’est trop compliqué), il faut te filmer dans le bureau de ton meilleur ami, il faut profiter quand ton oncle prend sa douche dans la salle de bain, pour aller rapidement te filmer dans son salon Louis XIV…

 

3-       DEMANDER LE PRIX DU CARBURANT

Mais pas n’importe comment hein, dis donc. Il faut être technique. Il faut montrer à la petite que l’augmentation du prix de l’essence, ça t’énerve jusqu’àààààààà… Comme ça même si tu n’as pas encore de voiture, elle va au moins comprendre que ça fait déjà partie de tes projets.

 

4-       ACHETER UNE PUCE NEXTTEL

Même si les Vietnamiens viennent d’arriver, ça fait quoi ? Il te faut une puce Nexttel coûte que coûte ! Comme ça, ça va t’obliger à acheter un 4e téléphone chinois, en plus de ton Orange (j’ai pas dit pamplemousse), de ton MTN (vaut mieux que deux tu l’auras), et de ton téléphone Camtel (je rigole, personne n’utilise Camtel au Cameroun…).

Nos filles aiment bien quand leur gars s’assoit quelque part en déposant cinquante téléphones sur la table !

 

5-       BOIRE LA GRANDE GUINNESS

Mais je dis hein, on t’a opéré ? C’est même normal que tu cherches à te suicider… Comment tu veux gagner le respect d’une Camerounaise, et surtout son cœur qui est dur comme le caillou-là, si tu te mets à boire les jus d’ananas lorsque tu es avec elle ? Il faut lui montrer que tu es un Homme, un vrai ! Soit tu enchaînes 3 ou 4 grandes Guinness devant elle, soit tu lui promets que si on te laisse toute une journée du matin jusqu’au soir, tu pourras finir tout un casier de Beaufort ordinaire de façon tout à fait extraordinaire…

 

les gars jouent les caïds dans les soirées, pour impressionner les filles
Les gars jouent les caïds dans les soirées, pour impressionner les filles

 

COMMENT IMPRESSIONNER UNE CAMEROUNAISE ?

Donc voilà, voilà ma part de conseils que je peux donner à l’enfant d’autrui. Ou qui lui a même dit que l’amour existe encore oooh ! En tous cas, pour impressionner une Camerounaise, c’est la chose la plus facile du monde. Tu peux t’adosser sur une grosse moto, tu peux utiliser un passeport ou une carte de crédit périmés, tu peux passer à la télé dans les émissions où on tend le micro à l’homme de la rue (vous entendez même ? Homme-De-La-Rue !).

Tu peux dire à la fille que tu habites à Bonapriso, ou bien à Santa Barbara. Tu peux lui dire que tu connais le cousin de la mère de la femme qui taille le gazon dans les jardins de la présidence de la République, et elle va seulement tomber sans glisser. Tu peux utiliser des mots savants qu’elle ne comprend même pas très bien (ni toi-même d’ailleurs). Tu peux marcher avec des formats A4, ou pourquoi pas avec des classeurs et des photocopies, pourvu que tu lui donnes l’impression d’être quelqu’un de vraiment très intelligent.

Tu peux te promener avec de gros écouteurs Beat for Dre, ou avec des tablettes iPad et des iPhones, pour(vu) qu’elle sente que tu es un gars qui n’est pas né de la dernière technologie.

 

Dis donc ! Il y a quoi de compliqué dans cette histoire ?

 

 

Ecclésiaste DEUDJUI

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Rituels funéraires : les Bamilékés ont tout compris

Les Bamilékés ont compris la mort !

Cette idée m’est venue toute seule, comme un miracle. Ça m’est venu aux funérailles de ma belle-sœur. Les gens dansaient tout autour de moi, et d’autres battaient dans un tam-tam qui ne leur avait pourtant jamais rien fait de mal…

Sérieusement, ça m’est apparu comme la Vierge Marie apparaît souvent à certains esprits lubriques ! Il y avait des ténors qui tapaient dans le tam-tam, donc, et puis il y avait un rang qui était en réalité un cercle. Les gens entraient dans ce cercle en désordre, et puis en ressortaient. De temps en temps ils reprenaient en chœur les paroles des animateurs, en patois, et puis ils accéléraient la cadence de leur danse qui consistait à taper les pieds dans la terre, et qu’on appelle au Cameroun le bend-skin.

Il était minuit trente.

 

enterrement du cercueil

 

Dans nos enterrements et dans nos funérailles, les gens arrivent de tout le pays. Ils prennent leur voiture personnelle et ils accélèrent en compagnie de leurs enfants. Ceux qui n’ont pas de véhicule prennent les cars, les cargos parfois, les racolages. Ils voyagent comme ils peuvent, ils s’asseyent en petits chauffeurs dans les coasters ou sur les escaliers dans les gros porteurs, peu importe. L’essentiel c’est d’arriver au deuil, parce qu’il ne faut surtout pas manquer l’enterrement au village…

Chez nous les Bamilékés, on se salue comme si la veille nous nous étions vus, pourtant il y a parfois dix années qui nous séparent. Et la dernière fois, c’était déjà à un enterrement…

Chez nous au village, quand on se retrouve dans une cérémonie funéraire, on passe le temps à rigoler. On oublie que la vie en ville est difficile, on se rend compte de la chance qu’on a d’être encore sur ses quatre membres. On ne sait pas si le prochain enterrement ou bien le prochain recueillement, ce sera en l’honneur de notre mémoire…

On passe le temps à manger et à boire de la bière. Il y a toujours des femmes qui sont en train de préparer le repas sur les feux de bois et qui lèvent la tête et te demandent si tout va bien. Il y a la gastro-entérite qui n’est pas loin de te (re)prendre parce que tu mélanges toutes les nourritures et que tu ne te laves même pas les mains. Il y a les petits neveux de la famille qui te montrent déjà comment on boit la grande Guinness… Il y a des villageois qui viennent te faire des présentations de telle ou telle personne avec leurs dents jaunâtres, et puis vous vous esclaffez ; vous bavardez. La nuit venant, vous somnolez comme vous pouvez sur des chaises bancales ou bien sur des tables mal équilibrées…

Chez nous quand tu meurs on tape le tam-tam deux fois. D’abord la nuit pour le vrai deuil, ensuite le matin pour dire au revoir à tous ceux qui sont venus pour apporter leur soutien.

La nuit, tu vois comment les gens entrent en transe. Ils accompagnent les batteurs comme un seul homme, comme une seule personne. Ils entonnent des chants funéraires et mortuaires comme pour commémorer la disparition d’un être cher, d’un être très-très-très cher…

Alors qu’il est 2 heures du matin, dans un coin perdu du globe, tu te sens fier d’être bamiléké. Tu t’en fous de ton costume ridicule qui est là pour te protéger du froid. Tu te moques de la poussière que tu soulèves avec tes pas de danse grotesques. Tu donnerais tout ce que tu possèdes pour communier avec le reste des danseurs, si et seulement si ça pouvait ramener tous ceux qui nous ont quittés…

Chez nous les Bamilékés, le deuil de chacun c’est le deuil de n’importe qui. Le deuil de quelqu’un c’est le deuil de tout le monde. Si tu regardes bien les yeux des gens pendant les rituels, tu vas voir que tout le monde pleure. Derrière notre apparente crédulité face à la mort, il y a une grande tristesse que nous essayons de camoufler. Il y a que nous ne voulons pas accepter le sort qui nous est réservé, et que c’est pour cela que nous disons NON à la mort en disant OUI à la vie. C’est pour cela que nous banalisons l’existence pendant nos funérailles : en buvant, en dansant, en mangeant, en s’amusant, en bavardant. Et en oubliant !

Chez nous quand on pleure pour le mort, en réalité on pleure pour toutes les morts du monde !

À LA FIN, IL N’Y A MÊME PAS DE FIN. Il y a des gens qui tirent des coups de fusil traditionnel, lesquels coups symbolisent des marques de déférence envers le défunt. Il y a les proches du disparu qui portent des chapeaux bizarres sur la tête, et qui partent se mettre à genoux devant les notables de la chefferie. Il y a des gens qui cessent de danser et de pleurer et qui poussent des cris stridents en mettant une main sur la bouche, et l’autre main pointée vers le ciel…

À la fin, c’est chacun qui rentre chez lui avec ses remords et ses chagrins, sans même dire au revoir à personne, en se demandant à quoi ça sert de courir pendant toute la vie, si c’est pour se coucher ainsi pendant toute la mort…

 

victuailles pendant les funérailles

 

Les Bamilékés ont tout compris !

J’ai cessé de me moquer, et de railler. Je comprends maintenant pourquoi tous les week-ends tu les vois sur les axes lourds, aller dépenser toutes leurs économies de la semaine.

C’est parce que les deuils de chez nous, ça ne concerne pas seulement la mort, ça concerne aussi (et surtout) la vie.

Les funérailles de chez nous, c’est pour se poser la question : « Et puis quoi ? ». C’est pour célébrer les morts, les personnes disparues il y a dix ans, il y a vingt ans, il y a trente ans, il y a quarante ans. C’est pour leur dire qu’on ne les oubliera jamais. C’est pour remercier nos ancêtres, qu’on n’a jamais vus, mais dont on sait qu’ils seront toujours là. C’est pour revoir les membres de la famille, car on ne sait jamais à quel moment ils nous diront adieu. Ou que nous leur dirons adieu.

La vie est ainsi faite, et c’est comme ça.

Alors les Bamilékés mangent, les Bamilékés rient, les Bamilékés dansent, les Bamilékés s’amusent. Les Bamilékés chantent pendant toute la nuit, et ils pleurent en même temps. Les Bamilékés préservent la seule chose qui pour eux a encore un sens dans ce monde pourri, et qui s’appelle la Transcendance.

Tout le reste n’est que fioriture.

 

Ecclésiaste DEUDJUI

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Dictionnaire amoureux de la drague camerounaise

 

Dernièrement encore je discutais avec une camarade Allemande. Elle nous reprochait d’être si abrupts dans la drague, d’être moins romantiques, et de ne pas du tout savoir comment est-ce qu’il faut s’adresser à une femme.

Quoi ça ? Nous les Camerounais, ne pas savoir comment il faut s’adresser à une femme ?

J’ai tout de suite décidé de lui démontrer qu’elle avait tort…

 

l'amour c'est de trouver la bonne personne

 

« BONJOUR MA CHÉRIE »

C’est à cause de cette phrase d’attaque qu’elle prétend que nous sommes des goujats ? Hein ? Elle ne sait pas que nous ici, nous brisons la glace avec des marteaux piqueurs ? Qu’est-ce qu’il y a même d’anormal à appeler quelqu’un « ma chérie », même si c’est la première fois qu’on la rencontre ?

 

« TU BOIS QUOI ? »

Déjà il y a le tutoiement qui surgit à l’improviste, mais c’est tout à fait normal. Ici chez nous, on tutoie n’importe qui n’importe comment : dans le taxi, dans les bureaux, dans les restaurants… Et en général c’est même pour t’insulter.

Donc si un gars te demande ce que tu bois, il faut plutôt retenir le verbe boire. Et puis la boisson n’est qu’un prétexte, c’est juste un moyen de s’asseoir dans un bar pour discuter. Car il n’y a pas d’espaces publics dans notre Cameroun !

 

« JE TE REMARQUE QUELQUE PART »

Mais évidemment qu’il te remarque, puisqu’il vient de te voir il y a cinq secondes… Où est le problème si tu ne l’avais jamais vu (aupar)avant ?

J’avoue que c’est un peu bateau quand même comme méthode, parce que ça manque d’improvisation. Mais je trouve que ça reste une marque de considération considérable, parce que les gars qui s’en foutent passent directement à la phrase suivante.

 

« ON PART VOIR LA MAISON ? »

Je dis hein, c’est la maison d’Elvis Presley à Graceland ? Pourquoi est-ce que les Camerounais aiment parler de leur maison comme ça aux filles, comme s’il s’agissait d’un monument historique ! C’est une nouvelle maison ? Il y a quoi dans la maison-là qu’on n’a jamais vu nulle part ?

Mais il ne faut pas trop mal le prendre, parfois c’est simplement parce qu’ils ne savent pas s’y prendre…

 

« MA MAISON N’EST PAS UN MUSÉE »

Ça c’est quand la fille refuse de l’embrasser sur la bouche, alors qu’elle était simplement venue pour « voir la maison ». C’est là que le gars lui sort alors les formules philosophiques du genre « Un garçon n’est pas l’ami d’une fille ». Si on te dit que c’est le gars-là qui était muet pendant toute la soirée, tu vas sauf que mettre ta main au feu de bois…

 

« TU ÉTAIS OÙ ? ET AVEC QUI ? »

Même si le ton de ces questions est en général péremptoire (et parfois suivi d’une bonne gifle), il faut les prendre comme des marques d’affection. Parce que le Camerounais moyen ne sait pas dire « Je t’aime » à sa copine. Pour connaître ses sentiments, il faut (sa)voir s’il est jaloux ou pas. Et s’il est radin. Car on n’est jamais radin avec La Femme qu’on aime…

 

« MON SANG NE COLLE PAS »

Ça c’est la formule des tripatouilleurs. « Mon sang ne colle pas avec ta famille », « Mon sang ne colle pas avec le mariage », « Mon sang ne colle pas avec les enfants… »

Si un gars commence déjà toutes ses phrases de cette façon, il faut le quitter. C’est simplement quelqu’un qui a déjà obtenu ce qu’il voulait, et qui cherche une échappatoire pour se départir de vous.

S’il veut commencer son baratin-là, il faut lui répondre : « C’est le super-glu ? Est-ce que ça avait d’abord collé un jour ? »

 

deux dragueurs se disputant une conquête

 

POURQUOI DRAGUE-T-ON AU CAMEROUN ?

Donc voilà, les Camerounais sont des mauvais dragueurs. Ils ne savent pas dire à une femme qu’ils l’aiment, ils ne savent pas la faire rêver, ils ne savent même pas la faire respecter dans leur entourage…

Les Camerounais draguent comme ils vivent, c’est-à-dire en désordre, c’est-à-dire à l’improviste, c’est-à-dire sans vraiment savoir ce qu’ils recherchent…

Les Camerounais draguent les femmes parce que c’est le seul moyen pour eux d’accéder à l’acte sexuel…

 

Les Camerounais ne sont pas respectueux, les Camerounais ne sont pas honnêtes. Ils draguent parfois les femmes pour leur argent. Ils engrossent les filles du quartier et ils déménagent ensuite. Ils séduisent les femmes dans la rue, ils multiplient les conquêtes, ils leur font miroiter monts et merveilles…

Dans la vraie vie ils sont des crapauds, mais dans la drague ils se font passer pour des princes.

 

Tsuiiiiiiip ! Est-ce que quelqu’un peut alors m’aider à traduire tout ceci en allemand ?…

 

Ecclésiaste DEUDJUI

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Cameroun : il faut supprimer la philosophie en Terminale !

 J’ai le droit de proposer norr ? Puisqu’on dit tous les jours à la radio que le Cameroun nous appartient nous tous ! Alors, même si le ministre-prisonnier-là ne va pas m’écouter, je propose qu’on garde le Probatoire mais qu’on supprime la philosophie en terminale. En voici mes raisons :

 

élèves de terminale C au lycée classique de Bafoussam. Copyright: Ecclésiaste DEUDJUI
élèves de terminale C au lycée classique de Bafoussam. Copyright: Ecclésiaste DEUDJUI

 

NOTRE PHILOSOPHIE FORME DES « INTELLECT-TUEURS »

Je vous ai déjà parlé de cette race d’intellectuels qu’on a ici au pays, et qui nous tuent plutôt l’intelligence. Je suis parti du constat que quand un Camerounais en cravate veut te démontrer quelque chose, il te parle en latin. Est-ce qu’il y a le latin dans les langues Camerounaises ? Je ne comprends pas cette manie que pour parler d’économie, de football ou bien des bendskineurs, nos administrateurs doivent te citer des gens que tu ne connaissais même pas avant. Et qui sont déjà morts pour la plupart…

Quand on leur parle du prix du plantain au marché (ou du pétrole), ou de la raréfaction des bouteilles de gaz, ils te répondent que « Descartes avait dit que… », « Socrate avait dit que… ». Dis-donc ! Est-ce que nous sommes dans la Grèce antique ici ? Ou même dans la France du 17ème siècle ? Si Descartes disait qu’il « était » parce qu’il était en train de « penser » quand il le disait, c’était parce que ses enfants avaient suffisamment de quoi manger à la maison…

Nous, pas !

 

Le problème avec la philosophie camerounaise en terminale, c’est qu’elle n’a rien de philosophique ! Elle est plutôt rhétorique, elle est plutôt sophiste (voire sophistiquée), elle est plutôt linguistique. Elle est plutôt bavardage, elle est plutôt « blabladage ». Elle permet à nos différents ministres de jouer avec les mots, et de (ne pas) répondre à nos préoccupations par des tournures langagières (n’est-ce pas ils ont appris la maïeutique ?)… Elle leur permet de se pavaner à la télévision, de frustrer les petites gens, et d’aligner des citations alors que ce n’est même pas ça qu’on leur a demandé…

La seule chose qu’ils ne savent pas, c’est qu’ils ne savent rien !

 

 

TOUS LES CAMEROUNAIS SONT DÉJÀ PHILOSOPHES

Est-ce qu’il y a besoin d’une école pour apprendre à philosopher au Cameroun(ais) ? Est-ce qu’il y a besoin d’une université pour nous apprendre à s’interroger sur notre « nous » ? Sur l’Univers ? Sur le Monde ? Sur la Mort ? Et sur Dieu ?

Les Camerounais sont déjà assez philosophes comme ça, je vous assure ! Ils sont déjà assez matures pour comprendre le sens des questions : « Tu me connais même ? », « Où est l’homme ? », « Je sais ? », « Tu es qui ? », « Moi quoi ? ». Ils sont déjà assez pertinents pour te dire que « Le Cameroun c’est le Cameroun », et que si toi tu essaies de dire la même chose avec un autre pays, eh bien cette phrase n’aura plus du tout aucun sens…

 

Le concept le plus complexe de la philosophie, c’est-à-dire l’Existence (qui précède l’essence), nous l’intégrons tous les jours dans notre langage, sans même nous en rendre compte… Nous sommes toujours en train de nous étonner, de mettre des questionnements dans nos réponses, et de parler de la Mort et du Futur comme si c’étaient des sujets très ordinaires…

En ce qui concerne Dieu, nous L’avons partout : dans les crânes, dans les objets, dans la nature… Nous Le multiplions parfois. Nous sommes des animistes polythéistes, nous sommes des transsubstantiationnistes… Nous importons même les dieux des autres, et nous leur trouvons une place dans notre panthéon qui n’a jamais cessé de s’agrandir…

Ce n’est pas de la philosophie religieuse, ça ?

 

IL N’Y A PAS D’ÂGE POUR PHILOSOPHER

Et donc, et je le redis comme je le pense, il faut supprimer la philosophie en terminale ! À la limite, il faudrait la mettre au cours préparatoire ou à la maternelle. Il ne faut plus qu’elle soit considérée comme une matière d’élite, et que nos gars de la Terminale cessent de l’utiliser pour mieux draguer les filles de la cinquième…

Il faudrait qu’on démontre à nos types qui ont de longues cravates là, que ce n’est pas leur long français de la Sorbonne qu’on mange. Et que si la philosophie ne sert pas à faire avancer une communauté, eh bien il ne sert à rien qu’on l’instaure dans nos enseignements…

 

le ministre Owona, un des pontes du régime actuel
le ministre Owona, un des pontes du régime actuel

 

Car être philosophe, c’est seulement s’interroger sur son propre avenir. Être philosophe, ça ne veut pas dire qu’on a quarante-quatre diplômes. Être philosophe, c’est être moral, c’est être bon, c’est être généreux, c’est être humanitaire…

Être philosophe, c’est avoir de la mesure dans toute chose (Protagoras), et non pas de la démesure, comme tous ces charognards qui nous engloutissent l’argent du contribuable.

Être philosophe, c’est se demander ce qu’on peut faire pour que notre pays avance, et aussi quel est le pays que nous allons laisser à notre pauvre progéniture.

Être philosophe, c’est simplement être quelqu’un qui pense, quelqu’un qui est calme, quelqu’un qui est sage, et qui essaie de dire les choses aux autres de la manière la plus simple possible.

Mais j’ai l’impression qu’il n’y a jamais eu de véritable philosophe au Cameroun !

 

Ecclésiaste DEUDJUI

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À quoi servent les sportifs au Cameroun ?

J’ai regardé la finale de la coupe du Cameroun l’autre jour. Normalement, cet événement soporifique est censé clôturer la saison sportive dans notre pays. C’est là que tu apprends que notre chef de l’Etat est bel et bien à Yaoundé. C’est là que tu découvres que dans notre championnat de football, il n’y a pas de prolongations. C’est là que tu te rends compte que, en dehors des Lions Indomptables, il y a beaucoup-beaucoup d’autres sportifs dans notre pays-ci ; et que le gouvernement a forcément prévu quelque chose pour les reconvertir…

 

équipe de basketball du championnat national

 

LES BASKETTEURS DEVIENDRONT DES RACKETTEURS

Franchement, je ne vois pas d’autre reconversion. Façon dont nos basketteurs-là évoluent dans l’anonymat, et sur des parquets en plus (pour s’habituer à voir les juges), c’est forcément pour devenir des pickpockets ou bien des gens qui dévalisent dans le noir…

Dites-moi : vous avez déjà vu un joueur de basket camerounais ? Vous pouvez me citer une seule équipe de notre championnat local ? Il y a même un championnat local ?

Quand on organise une coupe d’Afrique de cette discipline, nos Lions « in-dunk-tables » arrivent là-bas au compte-goutte. Et c’est chacun qui paye son billet d’avion, en espérant que la FECABASKET va le rembourser un jour un jour…

 

LES VOLLEYEURS DEVIENDRONT DE BONS VOLEURS

En réalité, ils seront surtout là pour accompagner les basketteurs dans les cambriolages. Pour les couvrir, je veux dire. Parce que s’il y a moindre pépin avec la victime, ils vont lui sortir une gifle que hein… hum… elle va sauf que voir les étoiles.

Parce que nos volleyeurs quand ils smashent le ballon, ils mettent toute leur rage là-dedans. On dirait que c’est à cause de cette balle qu’ils n’ont pas mangé depuis quatorze jours…

 

LES HANDBALLEURS DEVIENDRONT DES EMBALLEURS

D’après le plan de notre gouvernement, voici alors ceux qu’on va reconvertir sans problème. Vous-mêmes vous ne voyez pas qu’il y a de plus en plus de beignetariats dans ce pays-ci ? Et puisqu’on nous a interdit les plastiques (non ?) biodégradables, qui d’autre peut nous aider à emballer nos beignets-haricots correctement ? Mieux que ces gars qui ont le poignet aussi agile ?

 

LES PONGISTES DEVIENDRONT DES PLONGEURS

Nos gars qui jouent au ping-pong-là, c’est surtout pour travailler dans les grands restaurants et les service-traiteurs. À la plonge, bien sûr. On les aime parce qu’ils seront rapides, surtout que les assiettes d’aujourd’hui ont presque la même forme que les anciennes raquettes…

Et puis, s’il y a manque de personnel, n’est-ce pas ils ont aussi passé toute leur vie à servir ?

 

LES JOUEURS DE TENNIS DEVIENDRONT DES VENDEURS DE TENNIS

Le plus important dans le lawn tennis, ce n’est ni la raquette ni le tennis : c’est la tennis ! Vous ne voyez pas les glissades de Rafael Nadal sur terre battue ? Vous croyez qu’il aurait fait ça s’il avait porté une tennis chinoise ?

Et donc je dis que notre gouvernement a bien réfléchi, nos joueurs de tennis vont tester les nouvelles chaussures pendant les compétitions nationales (tu les as déjà vu à Roland Garros ?). Et si ces chaussures-là sont résistantes, ils vont les revendre à la tombée de la nuit dans la plupart de nos carrefours…

 

LES KARATÉKAS DEVIENDRONT DES KATIKAS

Mais c’est logique norr ? Il nous faut des katikas qui vont nous effrayer avec leur ceinture rouge. Sinon comment tu veux que les parieurs-là soient disciplinés ?

Ça encore, c’est une très bonne idée de notre gouvernement. Les judokas, les karatékas, les nanbudokas, les kung-fukas, etc… Si vous n’avez pas de boulot après avoir effectué tous vos katas, eh bien c’est simple, vous deviendrez des katikas !

 

LES NAGEURS DEVIENDRONT DES NOYEURS

Quels nageurs même ? Il y a une piscine olympique dans le territoire-ci ? N’est-ce pas quand nous on veut se baigner, on part sauf que risquer nos vies dans les marigots du village ? N’est-ce pas si tu vas dans une piscine publique, c’est seulement parce que tu veux draguer les filles en bikini ?

Sur ce point précis je pense que notre gouvernement a mal réfléchi ! La seule chose que nos nageurs d’ici peuvent faire, c’est se noyer d’abord eux-mêmes…

 

maigre public devant un match du championnat de football

 

À QUOI SERVENT LES SPORTIFS AU CAMEROUN ?

Et donc je dis comme ça hein, mais à vrai dire je ne suis pas du tout disert… À quoi servent les sportifs au Cameroun ? À amuser la galerie ? À honorer les présidents de clubs ? À enrichir les SG des fédérations ?

Pourquoi est-ce que le sport n’existe pas dans ce pays, que ses stades n’existent pas, que sa politique n’existe pas ?

Est-ce que nos gens-là se demandent même ce que nos sportifs mangent ? Ce qu’ils boivent ? Est-ce que là-bas en haut, on sait même qu’ils n’ont pas de prime d’entraînement, qu’ils n’ont pas de visibilité, mais que malgré tout ils se battent pour continuer à exercer leur (com)passion ?

Pourquoi est-ce que nos cyclistes deviennent des vigiles, que nos sauteurs deviennent des soudeurs, et que nos lanceurs de javelot deviennent, bon gré mal gré, des bendskineurs ? Pourquoi est-ce que les rugbymen deviennent des agresseurs ?

 

Peut-être même qu’il faudrait qu’on revienne aux fondamentaux, je me dis, et qu’on fasse asseoir tous nos administrateurs ; pour leur expliquer ce que c’est que la discipline sportive. Pour leur démontrer que ça participe du rayonnement d’une république. Pour leur expliciter que ça contribue à l’épanouissement de la population. Pour leur faire savoir que le sport, aussi incroyable que cela puisse paraître, est un vecteur inégalable de préservation de la paix sociale, et de consolidation de l’unité nationale.

 

Mais bon, eux ils préfèrent que nos sportifs demeurent ainsi mendiants et misérables, au détriment des rêveries de toute une génération.

Mais ça fait déjà trop longtemps qu’on les a laissés faire…

 

Ecclésiaste DEUDJUI

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Les Camerounais promettent le ciel et la lune, mais ils te donnent la terre

Aujourd’hui je suis triste !

Je suis en train de me demander si, par hasard, nous ne sommes pas la génération sacrifiée dont on parle dans les livres d’histoire…

 

On nous avait promis le changement, puis l’émergence, ensuite on a promis de changer notre émergence…

On nous avait promis les « Objectifs du Millénaire », puis la « Santé pour tous en l’an 2000 », mais ça fait déjà 14 ans que nous sommes entrés dans ce fameux millénaire, et depuis lors nous sommes toujours autant malades !

 

Je ne suis pas triste à cause de ces grands manitous. À la limite, ils ne font que leur job (mentir). Ce qui me gêne, c’est de vivre dans une société où tout le monde te fait des promesses à tort et à travers !…

 

rappeur qu'on utilise pour les propagandes politiciennes

 

LES GARÇONS PROMETTENT LE MARIAGE, MAIS À LA FIN ILS TE DONNENT LA GROSSESSE

Combien de jeunes filles dans nos citadelles sont-elles enceintes, avec des jeunes pères qui ont disparu ? Les garçons camerounais sont des menteurs, ce sont des prometteurs ! Ils te disent qu’ils vont t’épouser, qu’ils vont rencontrer tes parents, et que si tu tombes en grossesse ce ne sera pas grave, parce qu’ils seront toujours là… Faux ! Ils disparaissent comme l’éclair, ni vus ni connus. Ils disparaissent en même temps que tes règles douloureuses…

Idem pour nos ventripotents omnipotents, je veux dire nos administrateurs, qui trompent leurs épouses avec leurs petites du dehors, et qui promettent à ces dernières qu’ils vont divorcer un jour-un jour (vous voyez, ils disent un jour deux fois)…

Je vous le dis par expérience, les filles, ils ne divorceront jamais !

 

LES POLITICIENS PROMETTENT LE MANAGEMENT, MAIS À LA FIN ILS TE DONNENT LE MANGEMENT

Nos politiciens sont tous pareils ! Qu’ils soient de l’opposition, ou bien de l’opposition à l’opposition, ils promettent toujours les mêmes-mêmes choses… Et avec une désinvolture déconcertante, ils ne réalisent jamais leurs promesses…

On a fini par ne plus croire à ces espiègles en costard-cravate, parce qu’on les voit seulement lorsque les élections approchent. Ils arrivent devant nous, bourrés de bouteilles de bières, et ils nous tympanisent que le paradis c’est pour bientôt, qu’il faut seulement qu’on remplisse notre bulletin dans l’urne correctement !

Une fois qu’ils sont (re)élus, on ne les revoit plus jamais !

 

LES HOMMES D’AFFAIRES PROMETTENT LES BONS BUSINESS, MAIS À LA FIN ILS TE DONNENT LA « FEYMANIA »

Quand je dis hommes d’affaires je parle des « feymen », bien sûr, mais aussi des publicitaires, des chefs d’entreprises, mais également des petits commerçants et même des bayam-sellam… Au Cameroun, le commerçant te dit toujours que son article c’est le haut de gamme. Si c’est une chaussure, il te dit que c’est ta pointure. Un chapeau, ça a exactement la forme de ta tête. Un pantalon, ça alors, on dirait que c’est Dieu lui-même qui a couturé ça pour que ça te suffise net-net-net-net…

Les feymen et les hommes d’affaires, ce sont des menteurs ! Une fois qu’ils ont ton argent en poche, ils se fichent pas mal du service après-vente. En tous cas, quand tu réussis à les revoir… Et si tu veux les invectiver, ils vont te sortir un proverbe que tout le monde connaît : « erreur for mboutoukou na damé for boss »

 

LES CAMERUINEUSES PROMETTENT LA SINCÉRITÉ, MAIS À LA FIN ELLES TE DONNENT LA DÉLOYAUTÉ

C’est bien beau de vilipender les gars ! C’est bien beau de les indexer, de les invectiver, et même de les tancer. Mais les filles alors… Combien de trahisons nous causent-elles ? Combien de fois elles te disent qu’elles sont amoureuses, qu’elles t’aiment pour ce que tu es, et puis un beau jour tu les retrouves en train de dire les mêmes choses à une autre personne ?

Les filles Camerounaises sont des trompeuses, elles sont même déjà comme des trompe-l’œil. Elles te font miroiter une vie commune, un dévouement marital, une passion amoureuse. Mais à la fin elles te donnent un chagrin dévastateur !

 

vendeur ambulant camerounais

 

LES CAMEROUNAIS TE PROMETTENT LE CIEL ET LA LUNE, MAIS À LA FIN ILS TE DONNENT LA TERRE

Donc voilà, c’est pour cela que je suis triste. Parce que j’essaie encore d’avoir un brin de parole dans ce pays-ci, mais comme tout le monde ment, tout le monde pense que je mens aussi. J’essaye encore de donner de la valeur à une promesse, parce que je sais tout ce que cela implique.

Quand tu promets un truc à quelqu’un, il se projette dessus, et il fait des plans par rapport à la promesse que tu lui as faite.

Quand tu promets un truc à quelqu’un, toi tu peux l’oublier, mais lui pas !

Quand tu promets un truc à quelqu’un, la première chose qu’il fait, c’est qu’il te croit.

 

Mais ici tout le monde promet pour promettre. On te dit de nous prêter un peu d’argent, et qu’on va te rembourser à la fin du mois. On te dit que tu es la plus jolie fille qu’on n’a jamais vue, et qu’on va t’épouser dès que la poule aura des dents. On te dit que si tu veux trouver du travail dans les heures qui suivent, il faut venir avec quatre chèvres et quatre poulets… On te dit que… On te dit que…

Parce que les Camerounais sont tous comme ça, c’est dans leur sang. Les Camerounais aiment promettre le ciel et la lune, mais à la fin, c’est toujours la terre rouge qu’ils te donnent…

 

Ecclésiaste DEUDJUI

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Et si je vous disais que Dieu est un Camerounais ?

N’ayez pas peur hein, je ne suis pas là pour vous parler des doctrines agnostiques. Nôôô ! Je ne suis pas là pour revenir sur le concile de Nicée (en l’an 325), lors duquel la déité de Jésus avait été votée comme si on élisait un nouveau maire… Non moi.

Je ne suis pas là pour vous parler de Vishnu ou de Krishna, d’ailleurs je n’y connais pas grand-chose. Je sais juste que dans toutes les religions, quelles que soient les époques et quelles que soient les traditions, les dieux ont toujours eu les mêmes caractéristiques : Omniprésence, Omnipotence, Omniscience, Capacité à faire des miracles, Intemporalité, Religiosité.

Et je sais que nous avons un homme ici au Cameroun qui réunit toutes ces caractéristiques…

 

satan contre jésus

 

OMNIPRÉSENCE

Le type que je vous dis-là, il est vraiment omniprésent dans notre pays. Ou du moins dans nos esprits. Tu ne peux pas entendre deux Camerounais causer pendant trente minutes, sans que son nom ne revienne. Tu as des problèmes oooh, c’est de sa faute ! Tu n’en as pas oooh, c’est toujours de sa faute ! Je me demande même ce que les gens vont encore dire quand le type d’autrui ne sera plus là.

 

OMNIPOTENCE

L’omnipotence alors c’est sa chose ! Il sait tout faire. N’est-ce pas il est en même temps sportif numéro un, juriste numéro un, pacifiste numéro un ? N’est-ce pas c’est lui l’homme le plus dynamique du pays ? Et le Camerounais le plus jeune ? N’est-ce pas en même temps il a tous les pouvoirs ? C’est lui qui nomme au Sénat, à la Cour Suprême, à la Chambre d’organisation des élections ?

Qu’est-ce qui peut même le dépasser ? Quand il y a moindre problème à la Fécafoot ou à la Socam, on l’appelle sauf que pour le secours… Vous n’avez pas vu quand les Lions boudaient en pré-mondial pour les primes ? Qui leur a trouvé des milliards sur place-sur place ? Et un jour non ouvrable, s’il vous plaît !

 

OMNISCIENCE

Si c’est pour ça alors, le type-là est l’homme le plus intelligent du monde ! Vous n’écoutez pas souvent nos administrateurs à la télé ? Que ce soient nos députés, nos ministres, nos ambassadeurs, tout ce qu’ils entreprennent a été inspiré par le type que je vous dis là. Et ils sont toujours en train de le remercier.

C’est pour cela que je pense que ce gars-là a toujours eu de brillantes idées. Il maîtrise à la fois l’économie, la culture, le sport, les hydrocarbures, la physique nucléaire, et même les nouvelles sciences qui sont très pointues et qu’on appelle les nanotechnologies…

 

CAPACITÉ À FAIRE DES MIRACLES

Voilà alors son vrai point fort ! De même que Moïse avait divisé les eaux du Jourdain comme par enchantement, de même mon type que je dis-là peut faire disparaître tous les véhicules de la circulation. Quand il veut se déplacer, c’est comme si on avait lancé l’opération « rien ne bouge ». Et puis quand il doit prendre un avion, les aéroports passent en mode « personne ne décolle, personne n’atterrit ».

Vous-même dites-moi si ça ce ne sont pas des miracles de niveau ecclésiastique…

 

INTEMPORALITÉ

Je vais encore vous expliquer quoi sur ce point ? Vous-mêmes vous ne le voyez pas à la télé ? Est-ce que vous avez même l’impression que ça fait déjà longtemps que vous le connaissez ? Est-ce que vous avez même l’impression que vous allez vous séparer de lui un jour ?

Je dis hein, le type-là maîtrise le temps comme nous on maîtrise les boissons qui moussent. Il peut te laisser dehors pendant trente ans, et un beau jour il te barricade comme si vous vous étiez vus hier ! Pour ça au moins je lui donne le café. Il n’est pas comme nos papys du village qui n’ont soixante ou soixante-deux ans, mais qui sont déjà finis comme les funérailles…

 

RELIGIOSITÉ

Tout ce que j’ai dit en haut-là ne sert à rien, si après tout ça tu n’as pas des gens qui croient en toi comme un Dieu. Et ainsi il y a des gens qui croient en mon type, qui pourraient même donner leur vie pour mon gars-là. Il y a des gens qui lui souhaitent longue vie (vie éternelle), qui le trouvent irremplaçable, et qui le nominent même chaque année pour l’attribution du Nobel de la paix.

Il manque seulement qu’on lui dédie une cathédrale dans nos capitales politique et économique…

 

affiche de campagne de biya lors des élections présidentielles de 2011
affiche de campagne de biya lors des élections présidentielles de 2011

 

Et donc, pour toutes ces raisons, je me demande souvent si Dieu n’est pas un Camerounais par hasard. Pour toutes ces raisons, je veux savoir si c’est mon type-là qui fait comme Dieu, ou alors si c’est Dieu lui-même qui essaie d’imiter mon type-là.

Parce que le gars est beau, il est fort, il est propre, il est intelligent, il est imprévisible, il est miséricordieux.

Mais le test ultime, c’est que les vrais dieux sont censés régner pendant des siècles et même des millénaires…

Ecclésiaste DEUDJUI

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Si Biya veut l’émergence, il doit organiser une grande fiesta

L’autre jour, j’ai assisté à un mariage. Et pendant que les mariés s’échangeaient leurs microbes, moi j’étais tranquillement en train de penser à Paul Biya. Le type-là nous avait dit en 1982 qu’il y aurait la rigueur et la moralisation. En 1990, il nous a plutôt parlé du bout du tunnel. Et puis, à l’orée 2004, il a enchaîné avec les géantes ambitions et les gigantesques réalisations…

Moi je dis hein, c’est très facile de développer le Cameroun. Quand je regarde comment le mariage-là s’est déroulé l’autre jour, je me dis que Paul Biya devrait organiser une fiesta comme ça. Parce que dans les cérémonies camerounaises, il y a tous les ingrédients de l’émergence : concentration, ponctualité, rigueur, générosité, compte rendu, calendrier, travail, objectif communautaire, fierté, bilan, etc.

Voici donc ce que notre président devrait nous dire :

 

paul biya lors d'une manifestaton dans une chefferie camerounaise
Paul Biya lors d’une manifestation dans une chefferie camerounaise

 

1-      Le port en eaux profondes de Kribi, c’est pour faire venir les cadavres !

Mais bien sûr ! On aurait dû y penser plus tôt. Vous êtes là vous dites aux ouvriers que ce port, ça devrait servir à l’économie. Ils font quoi avec l’économie ? Vous leur dites que ça va servir pour les transits internationaux, et que ça va beaucoup délester le port de Douala. Résultat : les travaux avancent lentement ! (ils avancent ?)

Il faut leur dire que ce port, c’est pour faire venir les cadavres ! Et que comme ça, ça ne va plus retarder les deuils de nos gars qui sont morts en Occident. Les Camerounais sont très concentrés sur les histoires de deuil, de morgue et de transfert de macchabées. Si tu leur dis que le port de Kribi va accélérer les procédures et que les corps arriveront en express, mofmidé ! Ils vont te livrer le chantier-là en moins de quelques jours…

2-      Les mines de diamant de l’Est, c’est pour le « bijoutage » de nos filles !

Vous croyez qu’on aurait facilement abandonné nos minéraux comme ça, aux Sud-Coréens, si on nous avait dit que ces minéraux pouvaient servir à maquiller nos filles d’honneur ?

Les Camerounais(es) aiment le bijoutage, c’est-à-dire le parement de bijoux. Tu vois un gars qui n’est pas fiancé, mais il a déjà quatorze bagues sur ses phalanges ! N’en parlons même pas de ses bracelets ni de ses colliers… Et dans « mon » mariage c’est ce que j’ai constaté, tous les officiels et tous les invités étaient ornementés jusqu’ààààààà…

Si Paul Biya veut vraiment qu’on exploite notre sous-sol, il doit nous mentir que c’est pour maquiller les garçons d’honneur lors de nos anniversaires…

3-       L’aménagement des routes, c’est pour la circulation des limousines !

Vrai-vrai hein, je ne blague pas. On n’a pas de routes dans ce pays, mais on a des limousines à chaque mariage. Et elles sont de plus en plus longues, ces limousines qu’on loue et sous-loue à coups de centaines de milliers.

Il faut dire à nos gens des Travaux publics (ministères et autres délégations urbaines) de construire les routes et les axes lourds, parce que ça va faciliter la circulation des limousines ; et que dans ces limousines on pourra ainsi mettre les mariés, et aussi les filles qui reçoivent leur première communion.

Pourquoi pas les cercueils lors de nos enterrements ?…

4-     Le 2e pont sur le Wouri, c’est pour avoir une belle vue sur le Nngondo !

Je vous dis. Depuis que la zone industrielle s’est étendue là-bas à la base Elf, le Ngondo a subi un vrai contrecoup ; parce que les gens qui y viennent ne savent même plus où se tenir. Il faut que Paul Biya nous mente, qu’il nous dise que le nouveau pont sur le Wouri, ce sera un peu comme une mezzanine sur les festivités du Ngondo.

Et alors là tu vas voir les ouvriers s’empresser, tu vas voir comment ils vont tout faire pour que le chantier-là soit livré quatorze mois à l’avance ! C’est-à-dire avant la fin décembre, juste avant la prochaine manifestation culturelle de nos peuples sawas…

 

cérémonie de remise des voeux à la première dame chantal biya
Cérémonie de remise des voeux à la première dame Chantal Biya

 

Il faut que Paul Biya organise une grande fiesta !

Et donc c’est comme ça ici, nous sommes dans le folklore permanent. Nous sommes dans l’esbroufe et dans les futilités. Nous sommes concentrés quand il s’agit d’un mariage, quand il s’agit des funérailles, quand il s’agit d’une remise de médailles, quand il s’agit d’une inauguration, quand il s’agit d’une fête nationale. Nous sommes toujours prêts à travailler les jours fériés…

Nous sommes mobilisés pour réussir le gâteau d’anniversaire, pour aménager le couvert du service traiteur ; et pour ne pas se tromper sur le nombre des invités…

Nous sommes focalisés pour trouver le bon DJ, pour sous-louer la bonne salle, avec les bons artistes, avec les bons humoristes, avec le bon présentateur. Nous sommes tous beaux, nous sommes tous fiers, nous sommes tous déterminés.

Et quand la cérémonie commence, nous nous entraidons. Nous sommes généreux envers les inconnus, on leur offre à boire et à manger. On jette de l’argent sur les longs discoureurs et sur les danseurs. On félicite les concernés et on leur donne des cadeaux, car pour la première fois de notre vie nous ne sommes vraiment pas jaloux.

À la fin, on rentre chez nous tout heureux et tout souriants, en attendant la prochaine soutenance ou bien le prochain anniversaire…

Tsuip ! Si Paul Biya veut vraiment que le Cameroun se développe, il doit dire aux Camerounais que le futur pape se rendra chez nous en 2035. Qu’on ne connaît pas encore la date exacte ni même la ville, mais qu’on sait seulement que ce sera au mois de janvier.

Et vous verrez alors comment tous les Camerounais vont se mettre au travail.

 

Ecclésiaste DEUDJUI

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Faits divers: tous les Camerounais sont des sanguinaires !

On rit comme ça hein, mais les Camerounais sont des vampires !

Je suis parfois frappé que nos journaux télévisés commencent par des accidents de circulation. Je suis souvent interloqué quand dans la presse nationale, ce sont les histoires de sorcellerie qui occupent la page de couverture. Je suis toujours très déconcerté quand dans nos films, sur les réseaux sociaux et dans nos radios, ce sont les affaires de meurtres, de mœurs, de trafics d’organes et de mysticisme, qui ont la cote ici dehors…

 

La société camerounaise est pervertie ; pas à cause de la pornographie, mais à cause de la sauvagerie.

Il n’y a qu’à voir dans nos vidéos-clubs (il n’y a plus de salles de cinéma) : nos adolescents adorent les scènes d’éventration, ils adorent les scènes d’édentation. Ils sont même capables de manger leur pain chargé pendant un film d’horreur…

 

Nous sommes tous des sanguinaires, et c’est déplorable. C’est pourquoi les histoires comme celles de Vanessa Tchatchoua ont eu un succès médiatique. Qui avait volé son bébé ? Hein ? Nous aimons les histoires morbides, et c’est pourquoi nous regardons les émissions comme Regard Social qui nous exhibent les sujets tabous, les faits divers, et qui nous exposent des malformations physiques de certains Camerounais.

Nous aimons entendre qu’il y a des crimes rituels à Mimboman, que là-bas on enlève les parties des filles et qu’on part les revendre à l’étranger. Nous aimons les choses mystiques, nous aimons le monde irrationnel. C’est pour cela que le livre de Charles Ateba Eyéné (La dictature des loges…) a été un best-seller.

 

Comme Petit-Pays avait dit, c’est dans le sang. Et donc, chaque fois que je suis dans un bus camerounais, je regarde vers le sol et je me secoue la tête. Qu’est-ce que nous cherchons même au juste ? Il suffit que le chauffeur ralentisse un peu, pour que tous les passagers se lèvent de leur siège, en espérant qu’il y a eu un accident au-dehors. Et puis c’est des mains sur la tête, c’est des « j’avais bien dit que la voiture-là roulait à vive allure », c’est des bavardages à n’en plus finir, sans aucune compassion, mais avec une espèce d’assouvissement, de soif étanchée, de ce sentiment bizarre que Florian Zeller a appelé La fascination du pire…

 

Des Camerounais se réjouissant d'un accident de camion brassicole
Des Camerounais se réjouissant d’un accident de camion brassicole

 

Je ne veux pas être de ce monde-là, je suis une âme sensible. Je suis encore de ceux qui refusent de participer aux justices populaires. Tu sais, la justice où on déchiquette un être humain en pleine rue, et où tout le monde lui lance des pierres à la figure. Moi je refuse ça, je suis contre. Je ne suis pas un sanguinaire. Je suis de ceux qui ne fantasment pas sur les conteneurs qui ont écrasé les bendskineurs, ou sur les cargos qui ont jeté leurs passagers dans une rivière à PK8.

Je suis de ceux qui pensent que le camion qui avait éradiqué les usagers à Ndokoti, eh bien ce n’était pas du tout un truc à voir !

 

Mais nous sommes rares, malheureusement, dans ce pays qui a le goût du sang. Nous sommes rares à revendiquer une éthique plus juste, et à réclamer que nos enfants soient épargnés par de telles images. Nous sommes une minorité à demander que les journaux télévisés commencent par un vrai journal, et que les histoires macabres soient diffusées dans une tribune qui s’appellerait alors « Faits Divers ». Je parle des maisons qui s’effondrent, des élèves qui entrent en transe, des fillettes qui avortent, des villageois qui étêtent leur propre frère, des trains qui déraillent, des inondations, des éboulements… et des pères qui (ac)couchent avec leurs propres filles…

 

Tous les Camerounais sont des sanguinaires, je t’ai dit ! Tous les Camerounais peuvent regarder un accidenté grave en buvant tranquillement leur bière. Tous les Camerounais vont te dire en rigolant que leur voisine est décédée, en accouchant. Tous les Camerounais vont te dire que les morguiers de nos hôpitaux couchent avec tous leurs cadavres. Tous les Camerounais vont t’avouer que tel ministre, tel député, tel président de la république, avant d’être là où il est là, a d’abord versé le sang de trois de ses cousines.

 

Et le pire dans tout ça, c’est que toutes ces histoires lugubres vont faire bien rire les autres…

 

Ecclésiaste DEUDJUI

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4 novembre 1982 : et si Ahidjo n’avait pas démissionné…

Le mois dernier j’ai fait un papier sur les Camerounais de ma génération, c’est-à-dire ceux qui ont presque trente ans (Cf. Le Renouveau des trentenaires). C’était parce que je sentais poindre ce fameux 6 Novembre, qui marque à la fois les 32 ans de gouvernance de l’Homme-Lion, les 29 ans de folklores RDPCistes, mais surtout, surtout, le départ du tout premier président du Cameroun…

 

Je n’étais pas né hein, pardon, on m’a seulement raconté. Mais il paraît que la nouvelle de sa démission avait sonné comme un choc sur les ondes du Poste National, quand le président Ahmadou Ahidjo avait annoncé qu’il se retirait du pouvoir.

Je n’étais pas né hein, attention ! Mais on rapporte que malgré sa dureté, malgré sa sévérité, les gens avaient beaucoup pleuré quand il avait dit à la radio : « Je me retire définitivement de la Présidence de la République, mais soyez rassurés, parce que je vous la laisse entre de bonnes mains… »

 

Moi je n’ai pas connu le président Ahidjo. Tout juste, je peux me prononcer sur son choix d’avoir choisi son premier ministre pour lui succéder. Mais quand même, quand je pense à ce qui se passe au Burkina Faso, quand je me rappelle ce qui s’est passé pendant les révolutions maghrébines, je me dis que nous, ici, nous aurions peut-être connu pire si Ahidjo n’avait pas démissionné…

 

32 ANS DE POUVOIR ALLAIENT ÊTRE 52 ANS DE POUVOIR…

Notre premier président a pris le pouvoir en 1960. S’il n’avait pas démissionné, on serait aujourd’hui en train de fêter ses 52 ans de pouvoir ! Et donc il aurait battu le record de Kadhafi et de Omar Bongo de plus de 10 ans…

 

LE SDF ET LES PARTIS D’OPPOSITION N’ALLAIENT PAS EXISTER !

C’est bien vrai que les pays africains ont senti souffler la démocratie au début des années 1990, mais ce n’était pas forcément du goût de leurs dirigeants. Si Ahidjo était resté au pouvoir, qui sait si l’UNC (le seul parti à la l’époque) n’aurait pas été érigé en parti-Etat ? Avec comme corollaire les interdictions de manifester, la censure dans les médias, et une répression violente des mouvements d’humeur. Rappelons que de son temps, il y a eu les maquis Bamilékés et Bassa’a, qui ont causé beaucoup-beaucoup de morts…

 

LA CAPITALE ALLAIT ÊTRE GAROUA

Dis-donc ! On peut dire tout ce qu’on veut sur notre Régime, il y a quand même les bons côtés. Et quoi de plus sexy que de boire sa bière quand on veut, où on veut ? Mais surtout à Douala et à Yaoundé ? La force de notre Renouveau est qu’il nous permet de vivre comme nous le voulons. Si la capitale était Garoua, qui sait si des mouvements extérieurs n’auraient pas tenté de convertir le Grand-Sud ? de force ? Au lieu de ça on peut se divertir le samedi soir, et même les six autres soirs, on peut avoir un pasteur qui en réalité n’est que le voisin, et on peut rêver aussi de partir découvrir le reste du monde…

 

investiture de Paul Biya le 06 Novembre 1982, après la démission de Ahidjo.
investiture de Paul Biya le 06 Novembre 1982, après la démission de Ahidjo.

 

Oui, en un mot comme en mille, personne ne sait ! Si Ahidjo n’avait pas pris son micro ce 4 novembre 1982, on ne serait pas là en train de fêter le 6 novembre avec le RDPC. On ne serait pas là au carrefour en train de boire nos bières et de bloquer la circulation. Si le 4 novembre la radio n’avait pas annoncé que notre président se retirait, peut-être que nos Lions Indomptables n’auraient jamais été champions d’Afrique. En 1984, en 1988, en 2000, puis en 2002. Si Ahmadou Ahidjo n’avait pas confié son poste à ce jeune fonctionnaire aux dents longues, Paul Biya, peut-être que notre pays aurait basculé dans le chaos, dans la gabegie, et dans une successivité de coups-d’états…

On ne sait pas.

 

Et au lieu de ça nous sommes toujours en train de nous plaindre, de nous plaindre. Pourtant nous avons la paix, pourtant nous avons la nourriture, pourtant nous avons les jolies femmes. Pourtant nous avons la liberté d’orientation religieuse, et même la liberté de penser. Pourtant nous avons la liberté de critiquer…

 

En tous cas je vous ai déjà dit hein, moi je suis dehors en train de boire ma bière !

 

Ecclésiaste DEUDJUI

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Non, le cinéma camerounais n’est pas mort !

On dit comme ça hein, les Camerounais-là bavardent beaucoup. Ils disent qu’il n’y a pas de salle de cinéma dans ce pays, mais ils sont toujours en train d’acheter les billets pour aller voir les films camerounais à Douala Bercy…

L’autre jour c’était Le Blanc d’Eyenga 2 qui devait y passer. Ce qui est sûr, c’est que c’est un film de Noir ! Le réalisateur est en même temps réalisateur, acteur, promoteur, cadreur, metteur en scène. Le réalisateur a promis qu’il va produire (il est aussi producteur) des films au prix d’une bière, mais on a payé plus de 10 bières sans pour autant avoir une seule image…

 

Et là moi je dis stop ! stop ! stop ! Les Camerounais n’ont pas besoin d’aller perdre leur temps (ni leur argent) dans les salles de cinéma (qui n’existent pas), parce que NOUS AVONS DEJÀ LE VRAI CINÉMA TOUS LES JOURS AUTOUR DE NOUS. Je m’explique.

 

LE DÉCOR

Si tu as déjà habité à Doualawood ou à Yaoundéwood, tu dois savoir que nos décors ici sont très changeants. Tu peux sortir le matin avec un parapluie, et puis tu l’oublies dans un bar parce que la tornade a laissé la place à un soleil ardent. Tout ça dans la même journée. Et c’est très pratique pour réaliser n’importe quel type de scène.

 

LES COSTUMES

Ce sont les habillements que tu veux voir ? On trouve tous types de costumes dans nos ruelles. Les filles qui s’habillent sexy, qui mettent des dos-nus, des matelots et des minijupes. Des pseudo-intellectuels, qui portent des lunettes pour se montrer plus intelligents. Et puis, question coiffure, la palme d’or revient à nos magistrats qui sont noirs comme le charbon, mais qui portent des perruques blanches comme la neige…

 

LES ACTEURS

Le vrai cinéma camerounais, il est partout autour de nous. Les acteurs sont les vendeuses de nourriture, les bendskineurs, les call-boxeuses. Tous ces gens-là sont doués comme pas possible, lorsqu’il s’agit de jouer leur rôle. Tu entres dans un taxi et une femme t’insulte pour rien comme ça ! Tu te promènes dans un marché et un commerçant essaye de t’entourlouper. Tu te rends dans une entreprise, ou un service public, et on te fait clairement savoir que tu n’es pas le bienvenu !

 

LE SCÉNARIO

Nos scénarios (les gens aiment dire scénarii pour se rendre plus intéressants) sont imprévisibles. Tu pouvais savoir, toi, qu’on peut se chamailler avec son propre professeur ? Tu pouvais imaginer qu’on puisse tromper sa femme avec sa propre sœur ? Et puis celle-ci avec une autre cousine ?

Quand tu vis au Cameroun, chaque seconde est inattendue. Tu peux subitement devenir ministre sans t’y attendre, tout comme tu peux te retrouver prolétaire ou non grata en moins de 48 heures. Regarde Samuel Eto’o, regarde Marafa Hamidou, regarde nos anciens ministres. Regarde un ancien opposant farouche qui est devenu porte-parole du gouvernement qu’il combattait…

 

LES BRUITAGES

Les fonds sonores de toutes nos scènes, ce sont les bavardages. Le matin, à midi, le soir, la nuit, c’est le kongossa. Que tu dormes ou que tu te réveilles, tu vas entendre les gens chuchoter autour de toi. Les acteurs camerounais sont toujours en train de malparler d’autres acteurs. Et puis quand ils se retrouvent, ils sont incohérents. Les dialogues dégénèrent rapidement en esclandres. « Tu me connais même ? » « Tu es né quand ? » « on t’a dit que c’est ta sale maman qui m’a accouché ? »…

 

NON, LE CINÉMA CAMEROUNAIS N’EST PAS MORT !

Moi je pense que nous n’avons pas besoin de salles de cinéma dans ce pays ! Et je pense que nous avons même le meilleur cinéma du monde, parce que ce que nous vivons ici est exceptionnel !

Le Cameroun est une salle de cinéma géante, où les spectateurs sont eux-mêmes des acteurs. Où le scénario n’est jamais connu à l’avance. Où tu peux voir les actions en 4D. Où il y a des catastrophes permanentes, des accidents de circulation, des homicides « un » volontaire…

Le Cameroun est un film qui tourne presque au ralenti, et qui n’a pas d’acteur principal. Tout le monde rêve paradoxalement d’être le méchant. On veut prendre la place des autres, on veut être les califes à la place des califes qui sont déjà là.

Et ça fait déjà plus de cinquante ans que ça perdure…

 

The End.

 

Ecclésiaste DEUDJUI

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Comment fabrique-t-on les intellectuels au Cameroun ?

L’autre jour j’étais moi tranquillement en train de regarder mes émissions du dimanche. N’est-ce pas ce sont les débats ? Vous ignorez quoi ? Le dimanche si tu captes une chaîne camerounaise, tu vas sauf que voir les gens en costume-cravate. Surtout aux environs de midi. Tu vas tomber sur des gens qui portent des lunettes bien nettoyées, sur des gens qui ont des chemises bien carrelées.

Le dimanche, ce qui me plaît dans nos télévisions, c’est que tous les panélistes sont très intelligents. Ils vont te démontrer qu’ils ont fréquenté jusqu’à-jusqu’à, et qu’ils ont tous les diplômes du monde (Bac+40 en général). Ils peuvent même te prouver par B+A que l’Etat a ajouté le nom « Professeur » dans leur acte de naissance…

 

À L’ECOLE PRIMAIRE

Pour comprendre pourquoi nos intellectuels (j’ai du mal à l’écrire sans guillemets et sans guillotine) sont si incohérents dans leurs raisonnements, il faut remonter à leur prime enfance : c’étaient des bagarreurs dans la cour de récréation, c’étaient des gens qui regardaient par la fenêtre quand le maître expliquait la leçon.

Nos intellectuels, c’étaient des adolescents qui visaient les goyaviers pendant les grandes vacances. Ils avaient un jeu favori qui consistait à lancer les cailloux sur les câbles de la SONEL, et ils pouvaient jouer à ce jeu jusqu’à la tombée de la nuit.

 

AU SECONDAIRE

Au lycée ou au collège, nos intellectuels étaient surtout des grévistes. Au lieu de choisir entre la C ou bien la D, ils ont passé leur adolescence à militer pour la suppression du Probatoire. Ils n’avaient jamais ouvert un livre, sauf si celui-ci était inscrit au programme. Et c’est en Terminale, avec la Philosophie, qu’ils se sont dits un jour en se réveillant : « Je connais Descartes, donc je suis intelligent »

 

À L’UNIVERSITÉ

À la Fac, hormis la bourse dont ils ont bénéficiée, nos manitous d’aujourd’hui étaient surtout des flagorneurs et des répétiteurs. Ils ont validé leurs UV en pensant que leurs professeurs étaient des gourous spirituels. Megde ! En plus, le fait de draguer les filles du collège (donc de l’étage inférieur) leur faisait penser qu’ils étaient vraiment brillantissimes.

Qu’est-ce qu’ils étaient naïfs !

 

CONCLUSION

En fait, tout ça c’est pour dire une seule chose, c’est que nos intellectuels du Cameroun ne sont pas des intellectuels ! Ce sont des « intellect-tueurs », c’est-à-dire des gens qui nous tuent l’intellect. Ce sont des gens qui n’inventent rien, qui ne proposent rien, qui n’imaginent rien. Ce sont des gens qui font de long discours pour ne rien dire de bon.

Ce sont des gens qui sont comme des marchandises, parce qu’ils viennent à la télévision pour montrer combien ils ont de cravates. Ou de séminaires. Ou de séjours en Hexagone.

 

QU’EST-CE QUE C’EST QU’UN INTELLECTUEL ?

Un intellectuel c’est quelqu’un qui réfléchit, qui propose, qui invente. Qui cherche à laisser quelque chose à la postérité. Qui ne critique pas pour critiquer.

Un intellectuel, c’est quelqu’un qui concourt pour être prix Nobel de l’Economie, ou de la Physique, ou de la Mathématique, par ses Travaux.

Un intellectuel, ce n’est pas quelqu’un qui s’agrippe à ses postes de fonctionnaire ou bien de salarié, mais plutôt quelqu’un qui est capable de démissionner si ses idées ne sont pas prises en compte.

Un intellectuel, c’est quelqu’un qui est capable de monter lui-même ses propres projets.

Un intellectuel, ce n’est pas forcément quelqu’un qui est riche ou bien habillé. C’est quelqu’un de modeste, qui vit dans le partage, et qui n’est jamais vraiment satisfait de ses connaissances.

 

Et pourtant tu vas les voir dehors, nos pseudos-penseurs d’ici, créer des partis politiques, alors qu’ils cherchent juste la Mangeoire.

Après tu vas les voir dans les bibliothèques, écrire des livres de 450 pages qui ne disent rien à l’intérieur.

Après tu vas les voir à la FECAFOOT, incapables d’établir un simple calendrier du championnat. Ou bien un simple échéancier des primes de matches.

Après tu vas les voir dans nos ministères, se mettre à genoux dès que les petits Blancs arrivent.

Après tu vas les voir dans les carrefours, essayer d’épater les bendskineurs, avec leur long français de la Sorbonne qu’ils ne comprennent pas bien eux-mêmes.

Après tu vas les retrouver au Brésil pendant 30 jours de Coupe du monde, alors qu’ils sont censés avoir du travail ici au Cameroun.

Après tu vas les voir à l’Assemblée Nationale, voter des lois bidons, puis se rebiffer eux-mêmes en moins de quatorze jours.

Après tu vas les tamponner dans les grandes entreprises, en train de pianoter sur internet à la recherche de sites pornographiques.

Et pourtant ce sont des directeurs, et pourtant ce sont des administrateurs.

 

Tsuip ! Les intellectuels Camerounais sont simplement des diplômés illettrés…

 

Ecclésiaste DEUDJUI