Fenosoa Sergia

Mieux comprendre les blogueurs, c’est possible

Quand on commence à tenir un blog, l’une des étapes les plus difficiles pour le blogueur est parfois d’ « avouer » à son entourage qu’il écrit. Pour certains, cela se fait tout naturellement. Pour d’autres cependant, c’est un peu plus compliqué. Ce qu’il faut savoir avant tout, c’est que ce n’est pas bon de bloguer tout seul…


À la découverte du food porn coréen de Nanou Rakoto !

À moins d’avoir vécu dans une grotte ces dix dernières années, vous savez certainement ce qu’est le food porn. D’ailleurs vous en avez sûrement déjà fait : photographier votre hamburger dégoulinant de fromage, faire un zoom obscène sur un morceau de pizza pour ensuite exhiber les clichés sur les réseaux sociaux. Nanou Rakoto, elle, en a fait une véritable passion et un art à part entière. Son dada : la K-food. Interview.

Nanou, parle-nous un peu de toi  !

Mon vrai prénom c’est Aina, mais j’ai choisi de signer mes photos Nanou Rakoto. Nanou, c’est un surnom donné par mes parents depuis ma naissance.

Faire des photos n’est pas mon activité principale mais j’y consacre beaucoup de temps. À part shooter des plats, il m’arrive de couvrir des événements familiaux, des soirées discothèques gasy* ou encore des concerts d’artistes.

Je suis aussi une amoureuse de musique rock. D’ailleurs je fais partie d’une petite communauté de metalhead gasy ici en France. Munie de mon précieux appareil, je ne manque jamais d’immortaliser ces moments où on se retrouve entre passionnés.

«DAKGANGJEONG», du poulet frit. Crédit : Nanou Rakoto
«DAKGANGJEONG», du poulet frit. Crédit : Nanou Rakoto

Comment t’es venue la passion pour la photographie en général…

Vers 2004, j’ai acheté un petit appareil photo sur un site de télé-achat. Je ne me souviens plus de la marque mais avec ses 5 millions de pixels, il avait assuré grave !

C’était aussi la période Skyblog, j’ai créé un compte où je partageais les photos que j’ai prises. Et en même temps à l’époque, je m’essayais timidement au montage et à la retouche.

C’est finalement en 2011 que j’ai décidé de m’offrir mon premier appareil photo au boîtier noir : un Nikon D5100. C’est là que l’aventure a vraiment commencé.

food porn corenn k-food
Quand Nanou improvise en utilisant quelques restes d’ingrédients dans son frigo : udon fraîche+pousses de soja+Kimchi+œuf sur le plat+panga frit. Crédit : Nanou RAKOTO

…et pour le food porn en particulier ?

Quand je me suis inscrite sur Instagram en 2014, la première chose qui m’a marquée, c’était les photos de nourritures. Woooow ! Il y en avait de très belles que, gourmande comme je suis, ça me donnait carrément envie d’essayer.

Du coup, chaque fois que j’avais un bon et joli petit plat de resto devant moi, la première chose que je faisais c’était de le prendre en photo, avec mon téléphone portable d’abord. Puis je le publiais sur Instagram. J’étais vraiment surprise car je ne m’attendais pas à ce que les gens réagissent autant à mes clichés. Et un jour j’ai eu l’idée : pourquoi je ne cuisinerai pas moi-même mes jolis petits plats ?

A partir de là, plus de plats de resto mais des plats que je préparais moi-même. C’était un vrai défi et aussi une occasion de vraiment apprendre à cuisiner, car croyez-moi, si je n’avais pas mon rice cooker, mon riz serait toujours mal cuit (rires).

Et puis un autre challenge de taille s’est présenté : il fallait que je trouve mon style car je ne voulais pas faire comme les autres. Il fallait que tous les détails du plat soient visibles et que la personne qui regarde la photo ait l’impression de le voir en vrai.

Une bonne soupe coréenne !
Une bonne soupe coréenne préparée par Nanou ! Crédit : Nanou Rakoto

Ce penchant pour la cuisine coréenne, peux-tu nous en dire plus ?

La cuisine coréenne est devenue pour moi une passion à part entière. Après avoir participé à quelques ateliers l’année dernière, j’ai décidé de m’inscrire à un vrai cours de « K-Food ». Le jeudi soir est devenu mon jour préféré de la semaine. En plus nous avons une prof, une vraie coréenne soit dit en passant, très sympathique. Alors à qui la faute ? Eh bien aux dramas coréens ! C’est peut-être nunuche ou ringard pour les autres mais moi je l’assume entièrement : je suis une K-drama addict et ça a commencé en 2013.

Vous voyez dans les K-dramas, il y a toujours des scènes où les acteurs mangent. Comment peut-on résister à ça ? (rires) Les plats ont tous l’air tellement délicieux que ma curiosité a pris le dessus. Alors quand il y a des conférences ou des événements sur la K-food, j’essaie d’être toujours présente.

Mon frigo ne manque jamais de Kimchi (un plat d’accompagnement typiquement coréen à base de choux fermentés et très épicés), de pâte de piment et de pâte de soja qui sont deux des ingrédients de base de presque tous les plats coréens. Et dans mon placard, je garde toujours de l’huile de sésame, de la sauce soja, des graines de sésames, etc.

En ce moment, je suis aussi des cours de coréen et j’en ai pour deux ans ! Fighting moi 🙂 !

plat coréen
Canard laqué+cresson+œuf sur le plat. Crédit : Nanou Rakoto
raymun soupe coréenne
Rabokki (ramyun+Tteokbokki+œuf dur+ravioli au porc&kimchi). Crédit : Nanou Rakoto

Qu’est ce qui t’a le plus séduit dans la gastronomie coréenne ?

Presque tous les ingrédients utilisés dans un plat coréen ont chacun leurs fonctionnalités. Ils n’ont pas seulement été choisis parce qu’ils avaient de bonnes saveurs ou parce qu’ils se mariaient bien ensemble, mais parce qu’ils apportaient du bon pour le corps humain. Tout est calculé d’avance pour le bien de notre corps.

Tenez, le Kimchi par exemple : le chou (mélangé à de la poudre de piment, de l’ail, de la sauce d’huitre, etc.) n’a pas seulement été fermenté pour qu’il se conserve bien mais parce qu’il sera ainsi plus riche en bactéries lactiques (bon pour le transit) et sera aussi anti-cancéreux.

k-food boulette de riz
JUMUK BAP (boulettes de riz), l’équivalent de l’onigiri japonais, avec des feuilles de sésames ! Crédit : Nanou Rakoto
TANGPYEONGCHAE
Le TANGPYEONGCHAE, une salade à base de gelée de haricot mungo. Crédit : Nanou Rakoto

Les secrets d’un food porn réussi, selon toi ?

Pour moi un food porn est réussi quand il arrive à faire saliver quelqu’un rien qu’en regardant la photo !!

Sinon un dernier petit message pour ceux qui nous lisent ?

Je dirais juste que si vous avez une passion ou même plusieurs, vivez-là(les) à la fois pleinement et raisonnablement. Ça vous fera un bien fou, ça vous permettra d’oublier tous les soucis du quotidien, et ça vous permettra de vous évader. Just enjoy life guys !

mofo baolina plat malgache
Nanou cuisine aussi très bien des plats malgaches, voici le mofo baolina. Crédit : Nanou Rakoto

Merci à Nanou de nous avoir partagé sa passion. Pour voir plus de photos, je vous renvoie vers sa page facebook :).

 

 


*discothèque gasy : lieu de rendez-vous des jeunes malgaches en France pour s’amuser et s’évader du stress quotidien



Une piscine d’intégration pour les nouveaux étudiants en informatique

Samedi 15 décembre 2018. 16h20. Dans le centre-ville, Analakely, règne une ambiance de désordre pré-électorale avec les cris des propagandistes qui retentissent jusqu’à nos oreilles. Et moi, je me trouve à quelques mètres de là, dans les entrailles de l’immeuble CCIA, assistant à l’un des événements les plus marquants de l’histoire du numérique à Madagascar.

La première école d’alternance à Madagascar

« Une école du numérique créée par les entreprises, pour les entreprises ». Voilà comment se définit l’Ecole Supérieure des Technologies de l’Information (ESTI), mise en place à Antananarivo en 2016. Projet pionnier dans le secteur du numérique, il s’agit de la première école d’alternance à Madagascar.

Pendant une année, les élèves apprennent les bases en informatique et acquièrent les connaissances nécessaires pour pouvoir être opérationnels en entreprise dès la deuxième année. C’est le principe même de l’alternance qui, soit dit en passant, est tout à fait différent d’un stage.

Quand on sait que le digital est le centre névralgique de tout secteur d’activité, et que de plus en plus d’étudiants malgaches choisissent de s’orienter vers le numérique, on ne peut que féliciter l’ouverture d’établissements dans ce genre.

Piscine d’intégration

La cérémonie couronne les trois jours durant lesquels les 82 nouveaux élèves de première année ont appris les bases du langage de programmation Python. Ça me parle un peu car l’année dernière, grâce à une autre initiative, j’ai pu moi-même prendre deux jours pour m’initier au coding. Et c’est fou le nombre de trucs qu’on peut apprendre en 48 heures.

Après les trois jours d’initiation, les nouveaux L1 ont pu finaliser leur propre projet qui varie de la création d’une application fonctionnelle au pilotage d’un drone ! Une représentante de l’ITESCIA Paris a été sollicitée pour superviser l’événement.

La piscine d’intégration était une mise en bouche de ce qui les attend tout le long de l’année. Ceci étant, il n’était pas question d’apprendre plusieurs langages en quelques jours mais d’avoir un résumé de tout ce qu’il y a à maîtriser, le tout avec un projet très concret. Vous imaginez, des élèves en L1 qui peuvent déjà créer une appli !

Durant la cérémonie, les trois premiers sortants de l’ESTI se sont vu décerner leur diplôme de Licence pour les parcours « Réseaux et systèmes » et « Intégration et Développement ».

« Les filles sont aussi capables que les garçons »

Quand on parle du numérique, il y a toujours en filigrane l’éternelle question du genre : encore trop peu de filles osent se plonger dans cette filière pourtant si prometteuse. Pour l’ESTI, tout l’enjeu est alors de démystifier ce secteur pour attirer davantage la gent féminine. D’après les responsables, l’université compte aujourd’hui 20% de femmes, ce qui est déjà un très bon point, mais encore très loin du quota visé. Durant son discours, la représentante de l’ITESCIA l’a bien martelé : « Les filles sont aussi capables que les garçons et les garçons sont aussi capables que les filles ! ».

Aujourd’hui, plus que jamais, le digital ouvre des portes et continuera d’en ouvrir pour les téméraires qui se lancent dedans. Moi personnellement, ça me fait toujours chaud au coeur de voir des filles se lancer dans le numérique et maîtriser la programmation informatique. Elles, elles ont tout compris ! 🙂


Bref, j’ai essayé la danse bretonne !

L’association Solidarité Trégor Madagascar a récemment organisé un atelier de danse bretonne à l’Alliance Française d’Antananarivo. L’occasion pour moi de m’initier à cette pratique gestuelle mondialement connue. J’ai donc testé pour vous. 🙂 

À part la crêpe bretonne, je ne connais absolument rien de la Bretagne, cette région en forme de péninsule dans l’Ouest de la France. Mais comme moi, vous avez certainement déjà vu leurs pas de danses quelque part dans un film ou un clip. Pour le cliché, ce sont de petites femmes en costumes folkloriques, tabliers brodés et coiffes bigoudène, sautillant joyeusement sur un air de cornemuse. Vous me suivez ? Non ?

Cette petite vidéo vous rafraîchira la mémoire :

La Bretagne et la danse

Vous l’aurez compris, la danse est un élément fort de l’identité bretonne : il existe pas moins de 500 variantes locales. C’est dingue quand même ! Ce qui est sûr c’est que les bretons adorent danser. Pour eux, toutes les occasions sont propices pour partager ce plaisir commun : durant les travaux agricoles, les événements familiaux (mariages, inauguration de maison), les événements religieux…

Pour moi, toutes les cultures sont bonnes à être découvertes. Et cette danse m’a toujours impressionnée, tant par son rythme que par sa singularité. Voilà pourquoi je me retrouve aujourd’hui dans cette salle à marteler désespérément le sol avec mes pieds (Lol), à exécuter des pas ressemblant étrangement à des claquettes, tout cela au milieu d’une vingtaine de Bretons et de Malgaches réunis.

La danse bretonne, un vrai sport

Sous les instructions bienveillantes de notre professeur du jour, nous commençons l’échauffement par un rond de Saint-Vincent. On se tient par les petits doigts, un pas en avant, un pas de côté, un pas en arrière… Et on tourne en cadence dans le sens des aiguilles d’une montre. Très basique ! Malheureusement pour moi, ça se corse rapidement quand on enchaîne avec le An-dro (la ronde), le cercle circassien, le kost ar c’hoat, la gavotte, et la Kas a-barh. Le niveau ne cesse de monter. Très vite je transpire, je sue. Arghhh !! Décidément la danse bretonne, c’est du sérieux !

Selon les figures, nous formons une ronde, une chaîne ouverte, une quadrette, ou un couple. Le plus difficile quand on débute est d’arriver à synchroniser les mouvements des mains avec ceux des pieds. Et pour que ça ne parte dans tous les sens, c’est tout un travail de coordination entre danseurs. À un moment donné, notre chorégraphie ne ressemblait plus à rien, mais alors rien du tout. 🙂 Chaque apprenti interprète les pas à sa manière et le spectacle devient juste hilarant ! Mais on s’amuse beaucoup et c’est tout ce qui compte.

Une fois dans le tourbillon du rythme, on entre en transe et on oublie presque qu’on danse avec de parfaits inconnus rencontrés il y a à peine quinze minutes. C’est sans doute là l’esprit de la danse bretonne : une danse de communion et d’ouverture aux autres.

Les musiciens – dont quelques membres du groupe Les Souillés de fond de cale – nous accompagnent de leurs instruments quelque peu atypiques : accordéon diatonique, biniou (cornemuse bretonne), flûte traversière, bombarde, guitare folk, et guitare basse. L’ensemble offre une symphonie très agréable, bien qu’assez bruyant par moments.

Des similitudes entre les deux cultures

Harisoa Sage est la présidente de l’Association Solidarité Trégor Madagascar. Pour la petite histoire, elle quitte Madagascar – sa terre natale – en 2002 pour s’installer définitivement en Bretagne. Pour s’intégrer dans son nouvel environnement, elle apprend la langue et la danse bretonne. Aujourd’hui, Harisoa est passée maître dans cette dernière discipline et c’est avec beaucoup de passion qu’elle partage son savoir-faire aux quelques curieux venus s’inscrire à l’atelier.

« Je remarque qu’il y a beaucoup de similitudes entre la culture bretonne et la culture malgache. D’une certaine façon, pratiquer cette danse me permet de ne pas oublier Madagascar. » me confie-t-elle.

Toujours selon Harisoa, toutes les danses que nous avons apprises peuvent se pratiquer pendant le fest-noz ( littéralement « fête de nuit » en breton), l’un des piliers de la culture bretonne. C’est un grand bal regroupant une centaine voire un millier de personnes qui vont passer la soirée à danser sur de la musique traditionnelle, le tout dans une ambiance très conviviale. Depuis 2012, le fest-noz est inscrit au patrimoine culturel immatériel de l’humanité par l’Unesco. Une belle reconnaissance internationale pour la culture breizh !

En tout cas voici ce que j’ai retenu à la fin de l’atelier : la danse bretonne est une danse traditionnelle mais tellement moderne finalement. Loin d’être réservée au cercle intime des connaisseurs, elle tend les bras à quiconque veut passer du bon temps (en famille, entre amis, ou entre inconnus aussi). Moi j’ai adoré et j’en redemande. À quand un fest-noz à Antananarivo ? 🙂


Les tabous liés à la grossesse à Madagascar

Lundi dernier, je m’arrêtais devant un petit étalage d’épices dans un marché du centre ville.

« Bonjour, je voudrais un peu de gingembre s’il vous plaît ! »

Je tends la paume de ma main pour que la vendeuse puisse me passer les gingembres, mais elle les met directement dans mon sac à moitié ouvert, ignorant royalement ma main tendue. Elle a dû lire l’étonnement sur mon visage car elle a vite rétorqué, souriante :

« C’est parce que vous êtes enceinte. Il ne faut pas vous remettre les gingembres dans la main, sinon votre bébé aura un orteil en trop. »

Euh okèèè !

Sur le coup, je ne savais pas trop comment réagir. Mais j’ai tout de même pris la peine de la remercier avant de partir.

Arrivée chez moi, une réflexion digne d’un maître Shaolin s’imposait. Je devais absolument faire deux choses :

  • Premièrement : me mettre au régime. Parce que non, figurez-vous, je ne suis pas enceinte !!!! Le truc c’est que dernièrement, un peu trop de graisse s’était accumulée au niveau de mon bide. Je ne savais pas à quel point cette partie de mon corps était saillante jusqu’à ce qu’il m’arrive cette histoire.
  • Deuxièmement : écrire un billet sur les tabous liés à la grossesse à Madagascar. J’en ai souvent entendu parler autour de moi mais je n’y ai jamais prêté attention. Aujourd’hui, il fallait que je partage au monde cet aspect unique de ma culture.

Je me suis donc renseignée et re-renseignée, allant jusqu’à saouler mon entourage avec mes questions de blogueuse désespérée. Finalement, quelques lectures (dont le joli billet de Lalah) et dix verres de jus de gingembre après, j’en étais venue à dresser cette petite liste d’interdits – parfois insolites – s’appliquant aux femmes enceintes. Liste non exhaustive bien sûr :

  • Ne pas recevoir un œuf dans la main, ne pas en mettre dans la poche sinon le bébé naîtra muet ;
  • Ne pas porter de citrouille sur la tête – dans un panier par exemple – sinon le bébé sera chauve ;
  • Ne pas irriguer une rizière et ne pas enjamber une hache sinon le bébé aura un bec-de-lièvre ;
  • Ne pas recevoir de gingembre dans la main, ne pas en mettre dans la poche sinon le bébé aura des doigts ou des orteils en trop; il lui poussera des excroissances de chair sur d’autres parties de son corps ;
  • Ne pas refermer entièrement le couvercle d’une marmite sinon le bébé sera muet ;
  • Après avoir mangé du foie de volaille ou de zébu, ne pas se toucher avec les mains « sales », sinon le bébé aura de grosses taches noires sur le corps ;
  • Lors d’une dispute, les parents ne doivent pas se menacer avec une faucille/« antsim-bilona » (genre de couteau courbé avec lequel on coupe le gazon) sinon le bébé sera bancal ;
antsim-bilona couteau courbé
La faucille/ « antsim-bilona », genre de couteau courbé qui sert à couper le gazon. Crédit : Fenosoa Sergia
  • Ne pas recoudre un vêtement troué au risque de rendre l’accouchement difficile ;
  • Ne pas mettre de sel dans sa poche sinon le bébé sera morveux toute sa vie (ma mère a dû enfreindre celui-ci 🙁  ) ;
  • Ne pas porter de foulard/cache-nez, ne pas attacher de tissu autour de la taille sinon le cordon ombilical s’enroule autour du cou du bébé ;
  • Ne pas se disputer trop souvent avec une personne particulière au risque de voir le bébé devenir son portrait craché ;
  • Ne pas se moquer du handicap des autres sinon le bébé aura le même.

En parlant de handicap, ma grand-mère m’a racontée une petite anecdote là-dessus. Un cas qu’elle a vu de ses propres yeux quand elle habitait encore à Manakara : une femme de leur village était enceinte (appelons-la Ranoro). Un chien qui boitait (appelons-le Boris) passait souvent dans sa cour. Ranoro détestait voir Boris parce qu’il avait ce handicap, ça l’agaçait. Comme pour exprimer son mépris, elle lui donnait des coups de pieds, lui lançait des pierres tout le temps. Quand l’enfant de Ranoro vint au monde, il devint lui aussi boiteux. Comme Boris. Preuve que certains interdits sont bien à prendre au sérieux !

Dans la culture malgache, il existe de nombreux types de « fady » (tabous). Les transgresser signifie injurier les « Razana » (ancêtres divinisés). C’est donc courir le risque de voir un malheur s’abattre sur soi ou sur sa famille. Et même si la plupart de ces « fady » n’ont aucune explication scientifique et rationnelle, ils ont bien traversé les époques et sont toujours d’actualité.

Pour le cas de la femme enceinte, libre à elle de les respecter ou pas. En 2018, c’est surtout une question de conviction.

Toujours est-il que les conséquences – censées être néfastes – ne se produisent que très rarement, pour ne pas dire jamais. En tout cas c’est ce que j’ai pu constater avec les grossesses de quelques proches. Des tantes à moi ont délibérément ignoré ces préceptes et leurs bébés sont nés parfaitement « normaux ». Je pense donc qu’il y a du vrai quelque part uniquement pour ceux qui y croient.

Enfin bref ! Si moi je crois ou non à ces tabous ? Mmmmh je ne suis pas vraiment superstitieuse… Mais quand une gentille vendeuse tente de nous sauver – mon bébé fictif et moi – des griffes d’un gingembre maléfique, alors oui je veux bien la croire ! 🙂


À Madagascar, les bidonvilles sont des instruments de propagande

Impossible de passer du côté d’Ampefiloha sans remarquer l’immense bidonville de La Réunion Kely et ses milliers d’habitants qui baignent dans les ordures. Presque tous les jours, je l’aperçois de loin. En cette veille d’élection présidentielle à Madagascar, j’ai voulu donner la parole à cette frange oubliée de la population, qui aujourd’hui est partagée entre espoir et résignation. 

Situé en plein cœur d’Antananarivo, le bidonville de La Réunion Kely abrite quelque 2000 personnes vivant dans une misère extrême. C’est l’un des quartiers les plus pauvres de la capitale malgache. Ici, on trouve une centaine d’abris de fortune construits en sachets plastique. Les habitants vivent au milieu des rats et des ordures. L’odeur nauséabonde du canal d’évacuation d’eaux usées à proximité vient accentuer le chaos. Un triste spectacle !

Ampefiloha Antananarivo
Les « maisons » faites en sac plastique et en cartons à La Réunion Kely. Crédit : Fenosoa Sergia

Conditions de vie difficile

Avec sa femme et ses trois enfants, René, 47 ans, occupe depuis 2010 un petit taudis insalubre de 5m². Comme la plupart des habitants de ce bidonville, il vit de la collecte de déchets dans les bacs à ordure et gagne environ 5000 Ariary par jour (un peu plus d’un euro). « C’est à peine suffisant pour nourrir ma femme et mes trois enfants. Pour arrondir mes fins de mois, je glane quelques articles dans le dépotoir d’Andralanitra pour les revendre après. Tenez, ce poste radio par exemple, je l’ai récupéré dans les poubelles et je l’ai réparé moi-même. » ajoute-t-il en brandissant fièrement l’objet.

marché de la Réunion Kely Ampefiloha
Tous les jours, René étale ses « produits » à même le sol. Devant lui, la fameuse radio (en rouge) qu’il a réparée. Crédit : Fenosoa Sergia

Non loin de là, deux enfants défèquent à l’air libre sous le regard impassible des adultes. Une scène banale dans ce quartier où les initiatives d’assainissement sont quasi-inexistantes. « On trouve une toilette publique à l’entrée du bidonville, où il faut débourser 100 Ariary pour faire ses besoins. Mais ici, des gens préfèrent utiliser cette somme pour s’acheter à manger et viennent se soulager aux abords du canal. Au moins, là c’est gratuit. » me confie Célestine, vendeuse de rue.

Pas de papiers

Dans ce quartier défavorisé, la plupart des habitants sont originaires des régions rurales et sont dépourvus de papiers d’identité, pièces pourtant indispensables pour être inscrits sur la liste électorale. Bon nombre d’adultes ne pourront donc pas voter cette année. Mais les rares personnes qui possèdent leur CIN iront-elles le faire ?

Sur un bout de tissu sale étalé à même le sol, Mariette, la cinquantaine, dispose en petits tas quelques mangues ramollies par le soleil. « Oui je possède une carte d’identité et je vais voter car c’est mon droit. Ça fera peut-être évoluer notre situation ! » lance-t-elle tout sourire, mais sans trop d’assurance dans sa voix. En effet, Mariette sait vaguement qu’il y aura des élections d’ici peu, mais elle ne connaît ni la date exacte du scrutin, ni le nom du candidat pour qui elle « veut bien » voter.

Bidonville Antananarivo
La revente d’articles récupérés rythme le quotidien des habitants du bidonville. Juste à côté : le canal d’Andriantany. Crédit : Fenosoa Sergia

Instruments de propagande

Un lieu insalubre et « oublié » mais qui n’en reste pas moins un instrument de propagande efficace pour les responsables étatiques. Rappelons qu’à Madagascar, le premier tour de l’élection présidentielle se tiendra le 7 novembre 2018, avec 36 candidats en lice. Les propagandes seront officiellement lancées le 8 octobre prochain et comme toujours, les bidonvilles et les bas quartiers seront le théâtre des défilements des candidats : discours démagogiques, actions qui resteront sans suites.

Les habitants de La Réunion Kely sont souvent les bêtes de foire de toute cette mise en scène masquée en « fidinana ifotony » (descente sur le terrain). Jusque-là, les passages sur place des dirigeants et des diverses associations ont uniquement servi de propagande. Mais ça ne semble déranger personne si leur misère peut bien faire un peu de publicité pour les politiciens, trouvant ainsi l’occasion de faire quelques dons pour redorer leurs blasons. Les pauvres constituent un super instrument de marketing chez nous ! On leur tend un peu de vivres à Noël, on leur offre quelques tentes neuves suite aux cyclones, mais personne ne se soucie de leur situation sur le long terme.

La preuve est sous nos yeux : les dirigeants malgaches se sont succédés, mais les bidonvilles eux n’ont pas bougé d’un iota. Au contraire, les occupants augmentent chaque année.

enfant dans les bidonvilles Madagascar
La déscolarisation règne aussi à La Réunion Kely. Crédit : Fenosoa Sergia

Des habitants résignés

Les riverains avouent avoir du mal à s’extirper de cette pauvreté et sont aujourd’hui résignés. « Que pouvons-nous faire, nous les pauvres à part attendre qu’on nous vienne en aide ?  Moi, je n’espère rien du futur président. Depuis que je suis ici, trois présidents se sont succédés au pouvoir et notre vie est toujours la même. » regrette Ramasy.

Avant de rajouter, le visage amer :

«Ici, nous survivons au jour le jour, et parfois c’est au-dessus de nos forces. Il y a quatre mois, une voisine est tombée malade car elle n’avait plus rien à manger. Et la mort a vite eu raison d’elle… » 

En cette veille des élections présidentielles, j’en appelle aux candidats et/ou aux autorités étatiques. Cessez-donc d’instrumentaliser cette frange vulnérable de la population en leur faisant des promesses que vous ne tiendrez jamais. Vos élections vous les gagnerez d’une manière ou d’une autre. Mais pensez un peu à ces gens qui, eux, ont tout perdu.

Vous vous targuez d’aimer votre patrie, raison pour laquelle vous vous présentez aux élections. Alors voici l’occasion de nous le prouver par des actions concrètes ! Pour citer l’illustre Père Pedro : « On ne lutte pas contre la pauvreté avec des paroles. » Et puis personnellement, je n’en peux plus de voir des séquences de La Réunion Kely illustrer les reportages sur Madagascar. C’est tellement désolant. Il faut vraiment faire quelque chose. Et vite.

A bon entendeur, salut !


Mon premier voyage à Nosy Be

Tout récemment, j’ai eu l’opportunité de découvrir Nosy Be, une île située au large de la côte nord-ouest de Madagascar. C’est la plus connue des îles malgaches et certainement la plus belle aussi. Rien que ça! Je vous raconte.

C’est la toute première fois que je pars en voyage dans la partie nord de Madagascar. Comment vous dire, c’est tellement loin en voiture. 900km depuis Antananarivo bon sang ! 18 heures de trajet. Heureusement que l’état de la route est relativement « potable » : à Madagascar, si un bout de goudron a survécu sur la chaussée, et que cette dernière présente seulement dix nids-de-poule toutes les kilomètres, vous pouvez remercier le ciel.

Question voyage, je suis une adepte du « Plus c’est loin, mieux c’est ! ». Mais là j’avoue que le corps ressent les kilomètres accumulés : jambes de bois, cernes sous les yeux, pieds ankylosés. Faire le trajet en voiture n’est pas de l’auto-flagellation, c’est juste qu’ici à Madagascar, tout le monde ne peut pas se payer un voyage en avion. 🙂

Nosy Be, une île à la beauté renversante !

Une fois sur place, je me rends compte que toutes ces heures de voyage en valaient vraiment la peine. La douce brise qui caresse ma peau et le parfum suave de la mer m’annoncent que nous sommes bien arrivés à destination. On a droit à un joyeux « Bienvenue à Nosy Be ! » qu’on se croirait propulsé dans un de ces films tournés à Hawaï. Il ne manque plus que les colliers de fleurs autour du cou pour compléter le tableau. 🙂

Johnny, notre guide, nous accueille à la descente de notre bac avec son discours bien rodé. Le genre de message prédéfini qu’on balance aux touristes un peu trop crédules : « Ici, c’est une île propre, les gens ne jettent pas leurs ordures dans la rue, même pas un petit sachet. »

Dans les rues de Nosy Be
Le bajaj, principal moyen de transport à Nosy Be. Crédit : Fenosoa Sergia

Nosy Be est une ville accueillante, très touristique au demeurant, et où les bajaj – ces véhicules à trois roues importés d’Inde – sont rois. Elle est propre certes, mais pas aussi propre que l’a décrite Johnny. Les nosy-béens sont des gens sympathiques, visiblement habitués à la présence de vacanciers sur leur terre. Egalement appelée l’île aux parfums, Nosy be a la cote auprès des personnalités célèbres qui y viennent pour un court séjour. D’ailleurs, nous avons droit au bateau de Bill Gates amarré non loin du port.

Le bateau de Bill Gates à Nosy Be
Le bateau de Bill Gates aperçu au large des côtes de Nosy Be. Crédit : Fenosoa Sergia

Pour moi, l’île est un mix de couleurs et de sensations : le bleu de la mer, le vert de la végétation luxuriante, le sable doux sous les pieds, le goût des crevettes au lait de coco, les fruits tropicaux, le chant mélodieux des makis. Je n’ai pas les mots pour l’expliquer mais si le paradis existait à Madagascar, ce serait incontestablement sur ce petit bout de terre !

Embarcation à bord du bac à Ankify

Le port d’Ankify est situé à 20km d’Ambanja, dans la partie Nord de Madagascar. C’est là qu’il faut prendre le bac pour rejoindre le port de Hell-Ville, chef-lieu de Nosy Be. La mer étant encore calme durant la matinée, c’est le moment propice pour la traverser. A 8h30 du matin, le port pullule de voyageurs. Les passeurs crient depuis leurs bateaux, on racole les nouveaux arrivés, on hurle des numéros aux guichets.

Avec deux grosses voitures et une soixantaine de passagers, nous embarquons à bord de l’engin, parés de nos gilets de sauvetage. Moteur pétaradant, c’est parti pour une heure et demi de voyage avant d’atteindre Nosy Be. Le bac tangue dangereusement sur l’eau et tout ce que j’ai avalé il y a une heure semble vouloir sortir de mon estomac. Je suis décidée à m’endormir quand tout à coup, au beau milieu de la mer, un spectacle inattendu se produit sous mes yeux : trois « gros poissons non identifiés » surgissent hors de l’eau et replongent ensemble avec une synchronisation parfaite. Le trio exécute le même numéro pendant une dizaine de secondes et c’est tout simplement ma-gni-fique. On crie derrière moi : « Des dauphins !!! » Oh oui c’est vrai ! C’est la première fois que j’en vois. #emotion

(Pas de photo pour les dauphins car j’ai été prise au dépourvu.)

Vue depuis la cabine de pilotage de notre bac. Crédit : Fenosoa Sergia

 Visite des îlots et tour de l’île en voiture

Sur les douze îlots qui constituent l’archipel de Nosy Be, nous avons pu visiter Nosy Komba et Nosy Tanikely en les ralliant à la vedette rapide. J’ai surtout apprécié les belles plages de Nosy Tanikely : l’eau est d’un bleu turquois apaisant et translucide, comme on en voit uniquement dans les décors de carte postale. Et bien sur, on peut y pratiquer la plongée sous-marine. Moi qui suis une piètre nageuse, je n’ai pas eu d’autre choix que de barboter au bord de la mer et laisser le soleil me calciner la peau.

Plage Nosy Tanikely
Plage de Nosy Tanikely. 🙂 Crédit : Fenosoa Sergia

Le parc de Nosy Komba quant à lui, recèle une mine d’or pour les amoureux de faune et de flore. On y trouve des lémuriens, des tortues géantes, des serpents, des lézards et une pléthore de plantes endémiques.

Après la visite des deux ilôts, retour à Nosy Be pour faire un tour complet de l’île en voiture. L’occasion de découvrir le village de Marodoka, la maison hantée, le grand marché de Nosy Be, les plantations et les distilleries d’ylang-ylang (cette plante dont l’essence est très prisée par les marques de cosmétiques internationales), la fameuse plage d’Andilana, l’aéroport de Fascène, quelques vestiges de l’époque coloniale, et enfin les lacs sacrés qui sont tous liés à une légende locale.

Lac sacré à Nosy Be
Un lac sacré, la baignade y est interdite. Crédit : Fenosoa Sergia

La visite se termine vers 17h30, sur la terrasse panoramique et bondée de touristes du Mont Passot – le plus haut sommet de Nosy Be. C’est un véritable lieu de prédilection pour admirer LE coucher de soleil, celui qu’on voit une seule fois dans sa vie. Je me surprends à ôter mes lunettes de soleil pour ne pas perdre une seule miette du spectacle. De temps en temps, il faut savoir se libérer des selfies à tout bout de champ pour profiter pleinement de l’instant présent…

coucher de soleil mont passot
Coucher de soleil vu du Mont Passot. Crédit : Fenosoa Sergia

En tout cas voici mon verdict : Nosy Be, c’est l’endroit incontournable pour les amateurs de farniente et les bons vivants !

Il y a quelques années, elle était réservée aux seuls touristes étrangers et aux Malgaches de la classe aisée. Mais grâce à la multiplication des offres de vacances à petit prix sur Nosy Be, la destination est désormais plus accessible à tous les budgets.

 


Un petit tour au Manga Mania Festival à Antananarivo

Samedi 12 mai 2018, 9h00 :
Je suis en route pour assister au Manga Mania Festival / K-pop Super Show, 7ème édition qui se tient pendant trois jours ici à Antananarivo. D’après ce qu’on dit, c’est the place to be pour tous les fans de culture asiatique et les passionnés de mangas. Otaku qu’ils disent ! Je ne suis pas vraiment une adepte du trio Japon/Corée/Chine, mais je m’autorise une petite visite sur place, pour le plaisir. 🙂

Avec une amie, on décide de débarquer assez tôt en prévision d’une éventuelle loooongue file d’attente au guichet. Raté!

Manga Mania Festival Madagascar
Crédit : Fenosoa Sergia

Une fois arrivées dans le gymnase qui abrite le festival… que dire sinon qu’il y règne une effervescence de malade! 🙂 Dans la foule, je vois surtout des geeks, des individus masqués et déguisés, quelques travlos… le tout avec de la musique japonaise en fond sonore. C’est évident : les visiteurs sont dans leur élément !

Premier arrêt sur un stand où je fais connaissance avec Yakitori, Makisushi, Onigiri, Tempura et Korokke. Les membres d’un groupe de boysband? Nooon ! Il s’agit de plats typiquement japonais cuisinés pour l’occasion. Je goûte au Korokke. Comment vous dire…

  • C’est une composition de pommes de terre finement découpées, agrémentée de viande hachée et pannée
  • C’est un tas de purée de pomme de terre enveloppé de miettes de pain rassis ?

En tout cas, c’est succulent !

Korokke
Le korokke. Crédit : Fenosoa Sergia
L'onigiri
L’onigiri. Crédit : Fenosoa Sergia
Tempura
Tempura. Crédit : Fenosoa Sergia
Yakitori
Le yakitori. Crédit : Fenosoa Sergia

Après on s’arrête sur un instant sur le stand de cosplay de Hime no Cosplay. Ces costumes appartiennent sans doute à des personnages de mangas bien précis, mais je ne saurais dire lesquels.

Cosplay Madagascar
Crédit : Fenosoa Sergia

Puis on fait un petit break sur le stand des origamis. Narindra Thony, membre du club Fujisan et expert en origami, nous explique brièvement l’histoire de ces bouts de papiers joliment pliés, et notamment de l’orizuru rendue célèbre grâce à la légende des mille grues… Selon lui, cet art représente un patrimoine précieux dans la culture nippone et est bien plus qu’un simple divertissement. En deux temps trois mouvement, il nous montre quelques règles de bases pour réussir un cœur en origami et on repart avec un organe en papier.

Le pliage en papier origami
Crédit : Fenosoa Sergia
Origami
Crédit : Fenosoa Sergia
L'art de la calligraphie
Un expert en calligraphie, membre du club Fujisan. Crédit : Fenosoa Sergia

Tant qu’à y être, pourquoi ne pas s’essayer au cosplay ? En substance, c’est l’art de donner vie aux personnages de manga qu’on affectionne. Allez, j’enfile un kimono et je pose pour quelques photos souvenir.

Cosplay Madagascar
Crédit : Fenosoa Sergia

Nous faisons aussi un petit tour du côté des geeks et des gamers, car oui, la frontière est mince entre l’univers manga et les jeux vidéos.

jeux vidéo Madagascar
Crédit : Fenosoa Sergia
Manga Mania Festival K-pop Super Show
Crédit: Fenosoa Sergia

Tiens, il y a du mouvement dans la grande salle. On nous annonce au micro le « lancement des masques et t-shirts ». Des groupies surexcitées se massent devant la scène et lèvent les mains pour attraper les articles tant convoités. Et quand on annonce enfin le lancement du « T-shirt BTS », l’hystérie de la foule atteint son paroxysme. Visiblement ces quelques mots font « tilt » dans toutes les têtes présentes sauf dans la mienne. 🙂

Manga Mania Festival Madagascar
Crédit : Fenosoa Sergia

Quatre personnes sont carrément à fond dans la lutte. Elles se disputent et s’arrachent le butin (aka le fameux t-shirt BTS). 🙂

manga mania festival madagascar
Crédit : Fenosoa Sergia

S’ensuit une chorégraphie « just dance » diffusée sur le grand écran. Les fans de K-pop et de J-pop se déchaînent sur le dancefloor et une ambiance type Gangnam Style s’installe !

k-pop super show madagascar
Crédit : Fenosoa Sergia

Quelques minutes après, un groupe de rock interprète une « chanson » (l’appellation me semble ici inappropriée) en mode scream, une technique vocale utilisée par les musiciens de métal. Explication pour les profanes : le soliste crie, hurle, grogne et offre du plaisir aux oreilles les plus averties. 😉 Et encore une fois, des fans en délire s’attroupent devant la scène, mais cette fois pour le headbanging. Excusez la qualité pourrie de ma photo.

headbang
Crédit : Fenosoa Sergia

Dans un coin, une petite pancarte discrète où on peut lire « Otaku in Love » est accrochée sur une porte. Décidément, les organisateurs du Manga Mania Festival ont pensé à tout. L’Otaku in love est une rencontre pour les célibataires fans de manga, un peu à l’image du speed dating. J’espère que ça a marché pour ceux qui sont venus tenter leur chance. 🙂

Otaku in love Madagascar

Pour conclure ? Depuis un moment, je constate à quel point la culture nippone/coréenne est ancrée dans la vie des jeunes malgaches. L’engouement que suscite cet événement en est une preuve évidente. Ils deviennent de plus en plus nombreux à troquer les séries américaines contre les dramas, à préférer BTS à One Direction. Quoi qu’il en soit, le vent de culture asiatique est en train de laisser ses empreintes à Madagascar et ce n’est pas pour nous déplaire… Je dis bravo aux organisateurs et vivement la 8ème édition !

P.S : Pour le plaisir des yeux, voici un aperçu vidéo des précédentes éditions du Manga Mania Festival. Bon visionnage. 🙂


Les films d’horreur, ma plus grande phobie !

Aujourd’hui, j’avais envie de vous souffler un petit trait de ma personnalité, comme ça, au feeling : ma phobie des films d’horreur. 😮

S’il y a bien une chose que vous devez savoir sur moi, c’est que je suis une grande froussarde. Ou du moins filmement parlant. Oui je suis terrifiée par les films d’horreur. Je ne les supporte pas. Je fais tout simplement des cauchemars et je n’arrive pas à fermer de l’œil de la nuit après avoir eu la mauvaise idée d’en regarder un. Film d’horreurophobie ?

Il serait cependant injuste de ma part de mettre tous les films d’horreur dans le même panier. Disons que je suis surtout allergique aux histoires qui ont rapport avec les esprits, les fantômes, les démons, les revenants, et j’ai une aversion maladive pour les maisons hantées et les poupées possédées. Brrrrrr. Donc en gros les films d’épouvantes et les thrillers paranormaux.

Pendant que les autres se délectent devant Annabelle 2, Conjuring, Paranormal Activity, Insidious, Les innocents, L’Exorciste et que sais-je encore, moi, je préfère de loin me noyer dans l’alcool. Lol

Cette hypersensibilité – comme j’aime l’appeler – a sans doute une explication scientifique : je pense que j’ai une très bonne mémoire visuelle qui imprime facilement toutes les images que je vois, avec une certaine préférence pour les images morbides. Elles sont stockées quelque part dans mon cerveau pour pouvoir ressortir au bon moment : quand je vais aux toilettes la nuit, quand je me retrouve dans un lieu sombre, quand je suis seule chez moi, ou quand le vent souffle les rideaux sans explication. (Débile oui 😉 )

La dernière fois que j’ai osé regarder une séquence de Annabelle 2, je n’ai pas dormi durant trois nuits de suite. Bref, chaque fois je me fais le défi d’aller jusqu’au bout d’un film et de le voir en entier, chaque fois j’ai le trouillomètre à zéro :

Pour surmonter ça, j’ai tout essayé : regarder le film d’horreur en plein jour (parce qu’il n’est pas question de le faire la nuit), le mater avec la famille, couper le son et regarder uniquement les images, tenir la main de quelqu’un pendant toute la séance… mais ça ne marche pas.

En dernier recours, je jette un œil sur les making-of qu’on trouve sur internet pour me donner du courage. Ben oui, c’est quand même rassurant de se dire qu’il y avait bien un tournage derrière tout ça, que c’est juste une mise en scène avec des effets spéciaux. Jusqu’ici, c’est l’option qui marche le mieux pour moi. Un exemple ? Voici un making-of du film The Conjuring : 

Voilà voilà, ces quelques lignes pour vous résumer ma phobie actuelle. En espérant que je ne sois pas la seule! 😀


C’est l’histoire d’amour entre trois jeunes malgaches et Madagascar

Les circonstances parfois imprévisibles de la vie ont fait que nos chemins se sont croisés. Et depuis, je ne peux qu’être admirative devant leur détermination. Njara est l’exemple parfaite de la femme de fer qui ne recule devant rien pour atteindre ses objectifs, Faso est le mec débrouillard à la sauce David Laroche, Hery est le cerveau calme mais dangereux. Aujourd’hui, rencontre avec les trois jeunes fondateurs de la startup Hanorah qui ont fait de leur amour pour Madagascar le moteur de leur carrière.

Armés d’une passion commune pour le voyage et le tourisme, Rasolondrazao Hery (Hery), Rasoandraibe Njara (Njara), Rahetimazava Fahasoavana (Faso) ont eu l’idée de créer Hanorah Travel, un tour opérateur basé à Antananarivo.

Hanorah, donner une image plus positive de Madagascar

Pourquoi un tour opérateur ? Ils répondent : « Nous avons eu la chance de découvrir plusieurs régions de Madagascar et les gens sont loin d’imaginer toute la beauté naturelle de notre île. Nous voulons faire vivre la même expérience aux étrangers pour qu’ils gardent un souvenir positif de leur séjour et aient de nouvelles visions de Madagascar. Nous aimons notre pays et la mise en place de Hanorah est un moyen pour nous de partager cet amour. »

montagne de madagascar
Vue imprenable du sommet des montagnes à Madagascar. © Avec l’aimable autorisation de Hanorah

Dans l’équipe, Faso a eu maintes fois l’opportunité de voyager à l’étranger et de voir ce qu’il y a de « beau » ailleurs. Mais il est formel : « Madagascar n’a rien à envier aux autres pays ! »

Ceci dit, la seconde raison invoquée n’est pas moins capitale : un tour opérateur créé par des Malgaches, c’est assez rare à Madagascar, la plupart étant créé par des vazaha (étrangers). Sans vouloir tomber dans le chauvinisme, ils veulent prouver au monde que les jeunes Malgaches peuvent faire de grandes choses pour leur pays. Et pour ce faire, ils sont conscients qu’il faut créer soi-même ses opportunités et « ne pas attendre d’être riches pour entreprendre ». D’ailleurs depuis peu, ils ont entrepris les démarches pour pouvoir œuvrer dans le secteur formel, parcours semé d’embûches dans un pays au contexte difficile comme Madagascar. Mais c’est désormais chose faite !

Hanorah, faire découvrir des sites inédits sur la Grande Île

Hanorah propose des circuits dans tout Madagascar pour le bonheur des voyageurs et des amoureux de la nature. Au programme : découverte de sites encore inexplorés par le grand public, trekking (randonnée itinérante en montagne), snorkeling (randonnée aquatique), birdwatching (observation d’oiseaux)... et autres termes « touristiques » dont il m’a fallu faire des recherches pour en saisir tout le sens. 🙂

allée des baobabs morondava
L’allée des baobabs à Morondava. © Avec l’aimable autorisation de Hanorah

Mais assez parlé, place aux preuves. Pour vous donner un petit aperçu de tout ça, voici une petite vidéo réalisée par Anthony Imp avec l’équipe de Hanorah dans le cadre de son tour du monde. C’est parti pour une incroyable balade à Antananarivo, une descente du fleuve Tsiribihina en pirogue, une virée à Morondava et plus précisément à l’allée des baobabs, et un petit détour à Nosy Be et Nosy Komba :

Si vous avez la chance de lire ces lignes et que vous n’avez pas encore mis les pieds sur la Grande Île, c’est le moment ! D’ailleurs Madagascar figure parmi les plus belles destinations 2018. (Ok, là j’admets que je fais un peu de pub. 😉 )

Etant moi-même une passionnée de voyage, je soutiens à fond l’initiative de la team Hanorah car elle est louable à mon sens. C’est toute une invitation à voyager au cœur d’un Madagascar à la beauté naturelle époustouflante et sans égale, loin des clichés négatifs qu’on peut s’en faire. Ceux qui sont venus le savent très bien!

Fenosoa Sergia


Rencontre avec Annie Mun, illustratrice passionnée

Pour commencer en beauté cette nouvelle année, j’ai pensé partager avec vous quelque chose de beau sur ce blog.

Oui! Comme l’image ci-dessous, fièrement esquissée par l’artiste malgache Annie Mun :

manga annie mun
Crédit : Annie Mun

Annie – de son vrai nom Annie Andriantsivelany – fait partie de cette jeune génération de talents qui font leurs preuves « dans leurs coins » et qui n’attendent qu’à être découverts par le public. J’ai déjà eu maintes fois la chance de la voir dessiner, il lui arrive parfois de griffonner avec désinvolture sur un papier… le résultat est toujours bluffant.

Aujourd’hui, quand on découvre ses croquis, on voit des « œuvres d’art » : on ne comprend pas forcément le message mais on apprécie le travail, et on le ressent jusque dans nos tripes. Et puis on devient tout simplement accro en découvrant la jolie petite bouille qui se cache derrière le crayon. 🙂

De mon regard de profane, ses œuvres style manga dégagent à la fois toute la douceur d’un marshmallow et toute la violence d’un hara-kiri.

dessin manga
Crédit : Annie Mun

Interview.

Annie, peux-tu te présenter et nous dire ce que tu fais ?

Je suis ingénieure de formation (ingénierie de l’hydraulique) et je compte bientôt décrocher mon diplôme. Mais voilà, dernièrement je suis devenue illustratrice freelance, un peu malgré moi parce que des gens sont venus faire des requêtes via ma page Facebook. J’ai signé quelques petits contrats mais je n’oserais pas affirmer pour autant que je suis une illustratrice professionnelle.

Parle-nous de ta passion pour le dessin

Cette passion remonte à l’enfance mais je ne saurais donner de date exacte. Cependant, j’ai eu des épisodes de ma vie où je ne dessinais pas du tout. Cela pouvait durer 2 à 3 ans. Depuis la fin de l’année 2016, je m’y suis remise activement. J’ai commencé la peinture et l’aquarelle et j’ai créé une page au début du mois d’octobre 2017 pour partager mes œuvres.

dessin manga
Crédit : Annie Mun

Tu adoptes un style en particulier ?

Pour les dessins de personnages, je suis très influencée par le style manga. Cependant, j’aime aussi explorer d’autres genres.  J’adore dessiner des doodles, des mandalas, des cieux étoilés.

Quels outils utilises-tu pour dessiner ?

Je fais des dessins en digital et des dessins traditionnels à la main. Pour le premier, j’utilise Adobe photoshop et Illustrator. Je dessinais à la souris au début mais j’ai récemment acquis une tablette graphique qui devrait nettement améliorer mes performances en digital. Juste le temps de bien m’habituer à l’utiliser.

 

ladies of nature manga
Crédit : Annie Mun

Une question un peu cliché mais je la pose quand même 🙂 , d’où te vient ton inspiration ?

L’inspiration peut me venir de n’importe où : en regardant des images sur Facebook, en me baladant, en écoutant une chanson ou en lisant un livre. Mais je dessine rarement des histoires personnelles. Juste des perceptions.

baobab de madagascar
Crédit : Annie Mun

Des artistes/dessinateurs que tu admires ?

Il y en a pleins, vraiment, malgaches et internationaux. Disons que mes préférés du moment sont Ilya Kuvshinov en digital et Heikala en peinture. J’apprécie aussi Dwa, Veemo, Cakechoz, Vanii Suki, Richianny… Je tiens à préciser que ce sont des artistes que j’admire mais je n’essaye pas de m’identifier à eux, ni de copier leur style.

Tu as des messages à faire passer à travers tes oeuvres ?

Pas sur tous. Mais oui, il y a beaucoup de dessins avec des messages ou des émotions que je veux transmettre. Cependant, je laisse rarement de description au-dessus pour laisser libre cours à l’interprétation de chacun.

annie mun
Crédit : Annie Mun

Un petit message pour nos lecteurs ?

Le secteur de l’art à Madagascar est honteusement négligé. Beaucoup de personnes considèrent qu’être artiste n’est pas un « vrai boulot » et pourtant beaucoup de Malgaches sont talentueux et font de leur mieux pour percer dans ce domaine, donc ne les critiquez pas, ne crachez pas sur leurs rêves. Soutenez les artistes malgaches !

 

Plus tard, Annie Mun projette de créer son propre portfolio et souhaite faire sa propre exposition. On lui souhaite tout le succès qu’elle mérite! 🙂

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Fenosoa Sergia



Noël difficile pour les Malgaches cette année !

C’est sur un air de jingle bells, jingle bells … que je rédige les premières lignes de ce billet sur mon smartphone, en serrant les fesses sur un morceau de bois qui sert de strapontin, dans un bus bondé qui me ramène au travail.

C’est officiel, nous voici en plein mois de décembre, mois de festivités et d’enchantement. Youhouu !! 🙂 Je songe à écrire un billet sur le sujet depuis le mois de septembre, période à laquelle je commence à écouter en boucle des cantiques de Noël pour accélérer le temps.

A Antananarivo, le décor se met peu à peu en place : les bazars de Noël s’installent un peu partout, les devantures des grands magasins affichent leurs promos, les embouteillages deviennent monstres, les vendeurs de sapins sillonnent les rues d’Analakely et de Behoririka pour vendre leurs sapins aux ménages les plus chanceux, les rues sont ornées par des guirlandes électriques qui seront certainement volées cette nuit, etc. En un mot, ça sent la fête.

Pour la majorité des Malgaches cependant, ça sent surtout le sapin ! Cette année, l’effervescence est moins palpable. Les Malgaches n’ont pas vraiment le moral pour faire la fête. Pourquoi ? La mort de Johnny nous a tellement affectés. lol

En fait, toutes les conditions sont réunies pour nous permettre de passer des fêtes misérablement inoubliables. Après la saga de la peste pulmonaire qui a sévi du mois d’août jusqu’au début du mois de novembre, la dèche n’a pas voulu nous épargner en cette veille de fin d’année.

Voyez-vous, l’Ariary, notre monnaie nationale, connaît une chute sans précédent. Ce qui entraîne, entre autres, une flambée générale des prix de tout ce qu’on trouve sur le marché. Ça touche en particulier les produits de première nécessité, dont le riz, qui est à la base de notre alimentation. Le kilo s’achète désormais à 2500 Ariary contre 1500 Ariary l’année dernière. Par ailleurs, le prix du carburant a aussi augmenté. Dans ce contexte, le Malgache moyen a un peu de mal à joindre les deux bouts au quotidien.

Je vous vois déjà objecter  : « mais Noël c’est surtout un moment de partage et de joie passé en famille ! ». Mais oui, essayez donc de partager votre joie en famille le ventre vide, devant une marmite tout aussi vide et vous comprendrez de quoi je parle.

Dois-je vous rappeler que Madagascar fait partie des pays les plus pauvres au monde ?  90% des Malgaches vivent sous le seuil de pauvreté. Ici, sapins, boules, guirlandes et autres fioritures symboliques ne sont pas à la portée de tous. Les achats de Noël risquent donc d’être réduits au strict nécessaire : bouffe simple et jouets pour les enfants. Décidément, l’esprit de Noël devient un luxe inaccessible pour la population

Heureusement, à Madagascar, nous n’avons pas tellement l’habitude de nous offrir des étrennes et des cadeaux à Noël comme on le fait dans d’autres pays. De toute façon c’est impossible car nous n’en avons tout simplement pas les moyens. Chez nous, la pratique veut que les parents offrent des jouets aux enfants qui croient encore au Père Noël, et qu’on offre un présent appelé « Solombodiakoho » à l’aîné de la famille. Point barre.

Pour les Malgaches, le must est plutôt le « akanjo krismasy » et le « kiraro krismasy », comprenez « vêtements de Noël » et « chaussures de Noël ». Le jour de la Nativité, petits et grands se mettent sur leur trente-et-un pour aller à l’église. C’est l’occasion d’exhiber aux autres (et au petit Jésus) nos plus beaux habits. C’est drôle car plus nous sommes pauvres, plus nous accordons de l’importance à l’apparence et aux signes extérieurs de richesse. Certaines familles, aussi nécessiteuses soient-elles, économisent de nombreux mois juste pour pouvoir s’acheter de nouveaux habits et de nouveaux souliers. Plus malgache tu meurs ! 🙂

Quoi qu’il en soit, cette année nous fêterons Noël, comme d’habitude. Puissent mes compatriotes profiter pleinement de cette fin d’année car 2018 – année de l’élection présidentielle – est encore incertaine. Entre magouilles politiques, propagandes et actions opportunistes, rien ne nous garantit le meilleur.


Petite balade à Antsirabe

La ville d’eaux, la ville thermale, le royaume des pousse-pousses, la capitale malgache des fruits et légumes, la capitale du Vakinankaratra : j’ai nommé Antsirabe ! Ce n’est pas la première fois que je me rends dans cette petite ville, mais je ne me lasse jamais de la redécouvrir encore et encore. Aujourd’hui, je vous y emmène faire une petite balade improvisée. 🙂

Pour moi, Antsirabe (littéralement « là où il y a beaucoup de sel ») reflète à elle seule toute la beauté des Hautes Terres malgaches. Située à seulement 170 km au sud d’Antananarivo, c’est un endroit très prisé par les tananariviens, mais pas que. Elle est établie à 1500m d’altitude en plein cœur d’une cuvette volcanique, ce qui en fait l’endroit où il fait le plus froid à Madagascar. Excusez d’avance pour la mauvaise qualité des photos, elles ont été prises au vif sur mon humble smartphone.

antsirabe
Le premier constat est sans appel : Antsirabe est une ville calme et paisible. Quand on a l’habitude des brouhaha et des embouteillages quotidiens de Tana, le silence est presque inquiétant. cc:Fenosoa

 

Quand on crève la dalle à Antsirabe, on avale un petit truc vite fait. Oh tiens, justement une gargote qui propose du « composé ». 🙂  cc:Fenosoa

 

composé à madagascar
Pas de chichi, allez on déguste un petit « composé » à 500 Ariary. Le mélange est un peu désordonné mais n’en est pas  moins appétissant. 🙂 cc: Fenosoa

 

pousse pousse antsirabe
Les pousse-pousse sont à Antsirabe comme les taxi jaunes le sont à New York. C’est même l’une des principales attractions touristiques du lieu. cc:Fenosoa

 

pousse pousse antsirabe
Haha! J’en vois justement un à mon nom. Yeah! 🙂 cc:Fenosoa

 

centre thermal antsirabe
Et on poursuit vers Ranomafana, le centre thermal qui fait la renommée de la ville. Beaucoup viennent ici pour suivre une cure thermale. Il paraît que ça peut guérir beaucoup de maladies… cc:Fenosoa

 

Centre national de crénothérapie et de thermo-climatisme d'Antsirabe
« Ranomafana Ranomamelona » se traduit comme : « l’eau thermale, l’eau qui donne la vie ». Officiellement, le centre est appelé « centre national de crénothérapie et de thermo-climatisme ». Allez savoir ce que ça signifie …. Ne me demandez pas non plus pourquoi le petit garçon du coin est en cagoule parce que je ne sais pas! cc:Fenosoa

 

centre thermal antsirabe
Et donc voici le bâtiment de soins, toujours dans le centre thermal Ranomafana. cc:Fenosoa

 

avenue de l'indépendance à antsirabe
Il est temps d’aller voir l’avenue de l’indépendance…. Nous voici juste devant le monument qui rappelle les premières notes de l’hymne national malgache. cc:Fenosoa

 

hotel des thermes
On ne passe pas à Antsirabe sans admirer l’Hotel des Thermes. Cette infrastructure historique a bien conservé son charme de bâtiment colonial : toiture à quatre pans couverte de bardeaux, étages, colonnes et arcades, galerie couverte, ou varangue. cc:Fenosoa

 

hotel des thermes antsirabe
Et on redescend un peu pour admirer l’Hotel des Thermes, d’en bas cette fois. Il fait  partie des hôtels les plus luxueux de la ville. cc:Fenosoa

 

poste antsirabe
En parlant de charme colonial, on dirait bien que c’est carrément toute la ville qui a gardé cet aspect. cc:Fenosoa

 

la gare d'antsirabe
Et voici tout au fond : la gare. Aujourd’hui, la ligne ferroviaire entre Tana et Antsirabe est uniquement utilisée pour le transport des marchandises… Qu’est ce que vous regardez vous trois ? 🙂 cc:Fenosoa

 

balade en cyclo pousse à antsirabe
On en profite pour faire un petit tour en cyclo-pousse. Je trouve que c’est nettement mieux que les simple pousse-pousses tirés à pieds. Ici au moins, le tireur se la coule douce sur son vélo et on se sent moins coupable de faire courir un homme pieds nus sur l’asphalte brûlant. 🙂 cc:Fenosoa

 

gastronomie pizza antsirabe
Et on passe alors devant la Gastronomie Pizza. Si vous voulez, c’est un peu la chaîne de pizzeria la plus connue à Madagascar… Héhé, elle a l’air de bien s’amuser la petite dame. 🙂 cc:Fenosoa

Notre balade touche déjà à sa fin. Enfin, pas entièrement car j’ai oublié une chose essentielle : comme je l’ai mentionné au début de ce billet, Antsirabe est aussi connue pour être la capitale des fruits et légumes à Madagascar. Ici, on a de la chance car on peut se permettre le luxe de manger bio tous les jours. En fait, ce n’est même pas un luxe, les Malgaches mangent systématiquement bio sans le savoir.

fruits malgaches
Allez, on en profite pour acheter quelques « voandalana » (litt. « fruit du voyage »). Comme c’est la saison, les pommes et les pêches sont à l’honneur. cc:Fenosoa

 

katsaka et solovole à antsirabe
A quelques kilomètres d’Antsirabe, sur le chemin du retour vers Antananarivo, on fait une petite halte devant ces marmites pour acheter du maïs et du « solovolo » (fait à base de purée de maïs). Un vrai régal! cc:Fenosoa

 

vendeurs de maïs à antsirabe
Dès qu’une voiture s’arrête, une armée de vendeurs vient prestement s’agglutiner tout autour en criant: « Katsaka madama a! » (Madame, prenez du maïs!) cc:Fenosoa

Voilà voilà! J’espère vous avoir donné envie de découvrir davantage la charmante ville qu’est Antsirabe. Au final, je dirais qu’elle est idéale pour la famille qui recherche la quiétude, pour les vacanciers surmenés, pour les touristes affamés d’authenticité, pour l’artiste en panne d’inspiration, ou tout simplement pour ceux qui veulent se ressourcer le temps d’un weekend. Et simple curieux ne pas s’abstenir ! 🙂


J’ai appris à coder, voici ce que j’en pense

Pip, variable, path, boucles, git , indentation, coloration syntaxique, balises de template, SQLite… Voilà des mots vides de sens pour moi mais qui ont rythmé ma journée du 12 novembre 2017, lors de l’atelier Django Girls Antananarivo. Comme je vous en avais parlé dans mon précédent billet, j’ai pu assister à un atelier d’initiation à la programmation qui a pour but d’inciter plus de femmes à se lancer dans les TICs.

Pour faire court, programmer c’est créer une suite d’instructions données à l’ordinateur pour qu’il puisse le lire et l’appliquer. Pendant l’atelier, nous avons travaillé sur le framework web Django qui est écrit en Python. Encadrées par des coachs passionnés, les participantes ont suivi un tutoriel bien élaboré, le tout dans une ambiance agréable et détendue. 🙂

Entre excitation et angoisse

C’est la toute première fois que je touche à des lignes de code et vous n’imaginez pas les sentiments qui peuvent se bousculer dans mon esprit de profane : tantôt de l’excitation, tantôt de l’angoisse, de la jubilation, du dégoût, du plaisir… Bref, tout y passe !

Le plus dur a été de m’habituer à la petite « fenêtre noire » qui peut paraître terrifiante au début (parce qu’on ne comprend pas grand-chose à ce qui y est écrit). Mais au fil de l’apprentissage, on finit par s’y habituer et elle fait moins sa maligne, la fenêtre.

lignes de code
Exemple de « fenêtre noire » avec des lignes de code. Crédit photo: Fenosoa Sergia

D’abord, il y a pas mal de « bidules » qu’il faut installer sur le PC avant de pouvoir commencer. Après moult manipulations, j’ai enfin pu écrire mes premières lignes de codes. Et c’est l’extase totale! Je m’entends pousser des « oohhh ! » et des « wouahhh ! », tant ce qui se passe sur mon écran me fascine.

J’ai surtout découvert la joie de pénétrer dans les tripes de mon ordinateur et de m’aventurer dans les voies impénétrables du web. D’ailleurs, c’est fou le nombre de choses qui peut se produire derrière cette page web qui s’affiche sur votre écran.

En milieu de journée, quelques complications et blocages surviennent, mais le feeling reprend immédiatement le dessus. Après quelques sueurs froides, je dois avouer que c’est très gratifiant de voir l’ébauche de l’application web que j’ai créée s’afficher sur l’écran.

Logique mathématique

Qu’on se le dise, la programmation informatique peut être fun et accessible à tout le monde… mais à condition de maîtriser une certaine base en mathématiques. Etant plus littéraire que scientifique, je ne raisonne pas vraiment avec cette logique, c’est très dommage car je mets plus de temps à assimiler des choses basiques (comme les fonctions par exemple). Comme je regrette d’avoir fui les maths pendant tout le collège et le lycée !

Même si, en principe, les participantes sont toutes des « débutantes », le niveau est loin d’être homogène. Le tutoriel Django guide les codeuses dans les grandes lignes, mais avec un peu de curiosité et de créativité, certaines peuvent parvenir rapidement à bidouiller des codes de manière autonome.

Que faut-il retenir ?

C’est un peu compliqué au début mais ce n’est absolument pas impossible. Si vous savez prendre les choses du bon côté, c’est même un exercice stimulant et amusant pour le cerveau. J’encourage les plus réticents à se lancer parce qu’il y a de nombreux intérêts à apprendre à coder.

En voyant toutes ces jeunes filles passionnées s’atteler à la tâche, je me dis que, finalement, il reste un espoir pour Madagascar. Grâce à des initiatives de ce genre, plus de femmes oseront se lancer dans les nouvelles technologies, tout en sachant que le secteur TIC est plus que jamais porteur de développement.

« Je suis fascinée par la programmation depuis un bon bout de temps, mais je n’ai jamais osé toucher à des lignes de code avant aujourd’hui. Maintenant, j’ai davantage confiance en moi et je pense pouvoir continuer en autodidacte. De plus, j’aimerais orienter ma future carrière vers les technologies, la programmation est donc un point à ne pas négliger » déclare l’une des participantes. Visiblement, le message est bien passé.

Ce fut un moment riche en échange et en partage et donc en rencontres ! D’ailleurs, je profite de ce billet pour faire un petit clin d’œil aux membres de l’équipe « Dorothy Vaughan », avec qui j’ai travaillé pendant tout l’atelier.

Je termine ces lignes sur cette jolie photo de groupe, prise juste après l’événement. Les cerveaux sont un peu fatigués mais ça en valait vraiment la peine.
Yay! Souriez les filles! 🙂

django girls antananarivo
Les participantes à l’atelier. Crédit photo : Tahina Rakotomalala


Ingahy be, le tireur de pousse-pousse

Ceci est un récit fictif.

« Tu n’as pas oublié ta gourde ? », me lance ma mère tout en aidant ma petite sœur à enfiler son tablier rose bonbon. Distraite, je ne lui réponds pas. Je suis occupée à lorgner la pendule accrochée dans la salle de séjour. 7h30. Je cours regarder par la fenêtre : ponctuel comme tous les jours. Il est là, assis sur une monticule de gazon près de sa pousse-pousse, mâchouillant un brin d’herbe.

« Il », c’est Ingahy be, ou du moins, c’est ainsi que nous aimions l’appeler. En malgache, ce nom signifie « le vieillard ». Avec son humble véhicule à traction humaine, pieds nus, il venait nous prendre quotidiennement, ma sœur et moi, pour nous amener à l’école puis nous ramener à la maison.

Dans la ville d’Antsirabe, la température est en moyenne de 18°. Durant l’hiver austral, qui s’étend de juin en août, il fait encore plus froid. Mais qu’il vente, qu’il pleuve ou qu’il grêle, lngahy be, le fidèle et dévoué, n’a jamais manqué un seul de nos « rendez-vous ».

Malgré son âge avancé, il n’avait rien à envier aux autres tireurs de pousse-pousse, qui étaient souvent plus jeunes et plus forts. Son atout à lui, c’était sa bonne humeur inébranlable. Le vieillard ne rouspétait jamais, toujours prêt à rendre service en échange d’un modique salaire.

Sa simple bonne humeur ne suffisait pas à ma mère. Quand Ingahy be la transportait en pousse-pousse pour faire ses courses en ville, la tension montait d’un cran quand elle rentrait à la maison : « Ingahy be est trop vieux, il ne tire pas assez vite ! » Avec ma sœur, on se contentait de rire sous cape. Le fait qu’il se déplace lentement ne nous a jamais posé de problème. Quelque part, cela nous fascinait et nous amusait à la fois.

Pendant les trajets, quand le véhicule montait une légère pente, le vieil homme suait, transpirait et s’essoufflait littéralement avant d’avoir atteint le « sommet ». Il avait du mal à respirer mais se ressaisissait aussitôt, stoïque. Ma sœur et moi étions encore trop jeunes pour comprendre qu’il souffrait visiblement d’un problème quelque part dans ses poumons.

Quand nous arrivions trop en avance à l’école, il garait l’engin sous un jacaranda en fleurs devant le portail et nous racontait des anecdotes sur sa jeunesse, à la campagne de Fandriana, dans la province de Fianarantsoa. Beaucoup de ses histoires nous faisaient bien rigoler, ma sœur et moi, et ça le rendait encore plus joyeux de nous voir éclater de rire.

Chaque fois qu’il évoquait sa jeunesse, Ingahy be nous parlait de Sahondra. Sahondra, c’est sa bien-aimée qui l’a quittée un peu trop tôt pour aller « là-bas ».  A l’époque, nous ne pouvions pas encore comprendre la subtilité des jeux de mots. Que voulait-il dire par là ? Là-bas où ça ? Pourquoi n’allait-il pas rejoindre Sahondra s’il l’aimait ? Voulait-il qu’on lui paye les frais de taxi-brousse parce qu’il n’avait pas assez d’argent ?

Les seuls moments où il affichait une mine triste, c’était quand il parlait d’elle. Les yeux d’Ingahy be se mettaient à briller de mélancolie et les fossettes sur ses joues ridées se creusaient davantage, comme s’il se débarrassait du masque joyeux qu’il portait tous les jours. Chaque fois qu’on lui posait des questions pour en savoir plus, il nous lançait systématiquement un gentil : « Allez, il est temps d’y aller, votre maîtresse vous attend ! »

Et puis un jeudi, Ingahy be n’est plus venu. Ni le jour d’après, ni les suivants.

Nous n’avons jamais su comment il s’appelait réellement, s’il avait de la famille, s’il avait des enfants, des petits enfants…

Ses rares amis tireurs de pousse-pousse nous affirmaient qu’il était décédé. Pour moi, c’était impossible. Il s’était juste décidé à rejoindre Sahondra « là-bas », enfin.


Qu’est-ce qui se cache derrière les billets de blogs ?

Ça y est ! Le blogueur a sorti un nouveau billet tout frais, prêt à être dévoré par ses lecteurs. Vous commencez à lire et vous vous délectez du contenu. Vous ne le savez peut-être pas mais derrière cet article que vous avez entre les mains, il peut s’en cacher des choses. Vous êtes curieux de savoir ? Vous tombez bien, aujourd’hui, je vous emmène faire un petit tour dans les coulisses des billets de blogs, en gifs. 🙂 

Dans le blogging, comme dans toute autre activité, la plus grande partie du travail s’opère en silence en « arrière-boutique ». Etre blogueur, c’est bien joli, mais c’est surtout un immense investissement, tant matériel que personnel. Le chemin est souvent long entre l’idée qui naît et l’article que vous voyez publié sur le blog.

Par où commencer ?

Maintenir une fréquence de publication n’est pas toujours évident. Comme vous l’aurez deviné, la muse de l’écriture (communément appelée inspiration) ne tombe pas du ciel, il faut parfois littéralement l' »invoquer ».

Tenez, moi par exemple, quand vient le moment fatidique où je dois pondre un article, il y a certains jours où mes neurones cessent tout simplement de fonctionner. Mon cerveau, remplacé par un abricot sec, semble avoir pris congé de ma boîte crânienne. Je m’efforce quand même de creuser, encore et encore, mais rien n’y fait.

En fait, c’est un peu comme essayer d’essorer un linge sec en espérant qu’une goutte d’eau puisse encore en tomber.

Et donc : derrière chaque billet de blog se cache souvent beaucoup de pression et beaucoup de fatigue…

Des nuits blanches successives…

Des journées entières passées à taper comme un zombie devant une page blanche et à faire des recherches parfois louches sur Google…

Quelques sacrifices personnels et parfois un gros investissement pécuniaire…

Et beaucoup de temps passé à craquer devant un ordi et à galérer avec la connexion internet…

Maintenant, vous avez une petite idée de ce qui peut se produire derrière l’article que vous lisez. Pourquoi on fait tout ça ? Ben parce qu’on vous aime et qu’on est un peu sado-maso aussi, au fond. D’ailleurs, en écrivant celui-ci, ça m’a pris un temps fou pour sélectionner les bons gifs, mais ça m’a plu d’écrire sur le sujet.

Pour conclure ? Quand on tient un blog, on s’éclate bien plus qu’on ne galère. C’est moi qui vous le dis!