Fofana Baba Idriss

Avec le Blog, osez franchir le Rubicon en Côte d’Ivoire…

FRANKO, le Camerounais, ne le dira jamais assez bien dans sa célèbre chanson « Coller la petite »: « la vie appartient à ceux qui ne dorment pas ». Autrement imaginé, dans un contexte local propre à la Côte d’Ivoire, on pourrait dire que « la blogosphère appartient à ceux qui ne chôment pas ». Quoi de plus normal, d’autant plus que l’adage dit que : «qui veut aller loin ménage sa monture ». C’est dans cette vision que, depuis la tenue de l’Assemblée générale constitutive de l’Union nationale des blogueurs de Côte d’Ivoire (UNBCI) à la Maison de la Presse d’Abidjan, le 7 décembre 2015, les choses sont allées plus vite qu’on ne pouvait l’imaginer.

Un pas décisif et irréversible…

Avec Moussa Bamba à sa tête – alias ‘’Behem’’, les activités de l’UNBCI ont été lancées le vendredi 8 janvier 2016, à l’occasion d’un afterwork à l’hôtel ‘’Emlys’’ à Cocody Les Deux-Plateaux. Le lendemain se tenait une formation des aspirants* au blogging. Ces rencontres ont tenu toutes leurs promesses, à en juger par le nombre de personnes ayant répondu aux invitations et aux adhésions qui ont suivies.

Au micro, le président de l'UNBCI s'adressant au vice-président lors du lancement des activités de l'association ©Yefien Com
Au micro, le président de l’UNBCI s’adressant au vice-président lors du lancement des activités de l’association ©Yefien Com

D’ailleurs, certains observateurs avertis n’ont pas manqué de dire que « ce pas décisif » devrait être « irréversible » pour l’UNBCI. Effectivement, passés les ‘’moments festifs’’, le compte à rebours est lancé : place au travail et à la réflexion. Et, en la matière, l’UNBCI n’entend pas faire dans la dentelle. Le premier responsable de l’association de blogueurs ivoirien/ne/s, – qui revendique à ce jour une cinquantaine de membres – ne dira pas le contraire. A en croire Moussa Bamba, « le blog est longtemps resté l’apanage d’une certaine élite. Alors qu’en théorie, il est possible à tous d’avoir un blog et de l’animer ».

Le blog, un moyen d’insertion ?

Si pour le président de l’Union, le blog, de nos jours, est un formidable outil d’expression et d’insertion dans la société, « l’UNBCI entend donc aller à la rencontre des toutes les couches socio-professionnelles afin de les inciter et les initier au blogging ». Des actions ont déjà été entreprises dans ce sens. Dès après la formation des aspirants au blog, l’UNBCI organise son 1er #MeetUp* le samedi 30 janvier 2016. Autour du thème : « Bloguer en communauté: quel intérêt?« , il rassemblera notamment les intervenants Obin Guiako (web entrepreneur) et David Capo-Chichi (membre Akendewa).

Organisation du 1er MeetUp de l'UNBCI le samedi 30 janvier 2016 ©
Organisation du 1er MeetUp de l’UNBCI le samedi 30 janvier 2016 ©

Cette tribune sera l’occasion pour les participants de connaître : « les avantages d’appartenir à une communauté de blogueurs et éventuellement les inconvénients d’être dans une communauté ». Au sortir de cette rencontre, chacun pourra se faire son opinion sur ce qu’on pourrait appeler ‘’la vie en communauté web’’. Même si, en vérité, « l’union fait la force ».

Vers les Assises du blogging

C’est pourquoi, après ce MeetUp, l’UNBCI souhaite associer tous les acteurs de la blogosphère ivoirienne pour jeter les bases d’un secteur jusque là dépourvu de textes. En d’autres termes, il s’agira de faire les « Assises du blogging » en Côte d’Ivoire afin que, désormais, il y ait un cadre formel et réglementaire (si possible législatif) pour l’exercice des métiers du numérique. Le vice-président de l’UNBCI, Marck Andy, avait abordé la question le 16 janvier 2016 lors d’un entretien à l’Emission TIC et TEC de Radio Côte d’Ivoire (que vous pouvez réécouter ici).

https://soundcloud.com/rti-c-te-divoire/tic-et-tech-du-samedi-16-01-2016

Il est clair que pour ce genre d’activité, inhabituelle au pays des Éléphants et même ailleurs, ce ne sera pas seulement l’affaire de l’UNBCI. Les autorités ivoiriennes, à travers le Ministère de l’Economie Numérique, la Haute autorité de la communication audiovisuelle (HACA), le Conseil national de la presse (CNP) et les professionnels des médias, la Commission TIC de l’Assemblée nationale, la société civile, les organisations de défense des droits de l’homme et tous ceux qui pensent pouvoir apporter leur expertise, devront être impliqués à l’occasion de ces #AssisesDuBlog pour aboutir à une définition viable. C’est lorsque tous les contours du blogging seront définis que « n’importe qui ne fera pas n’importe quoi ».

FBI

Un visuel annonçant les Assises du blog en Côte d'Ivoire ©UNBCI
Un visuel annonçant les Assises du blog en Côte d’Ivoire ©UNBCI

 


En période électorale : être journaliste, blogueur et bon militant…

S’il est vrai que le journaliste ou le blogueur a besoin de liberté pour s’exprimer, pour informer ; il n’en demeure pas plus vrai qu’il n’y a pas de liberté sans responsabilité. Surtout, en période électorale – sous les tropiques – où le militantisme bat son plein. On assiste à des  »dérives langagières » de part et d’autre selon le média ou le canal utilisé par Pierre ou Paul pour Monsieur Tout-le-Monde. Tout simplement, avec sa plume, on devient le chantre de l’homme politique.

En cette année électorale 2015, plusieurs contrées, notamment africaines dont la Côte d’Ivoire (Présidentielle = 25 octobre), la Centrafrique, le Burkina, la Guinée, etc., et Haïti (Présidentielle = 25 octobre), semblent avoir la même préoccupation : celle d’élire un ou plusieurs dirigeants pour conduire le développement du pays. C’est donc une période charnière où tout peut basculer dans le bon sens ou virer au pire. Alors que l’élection devrait consacrer le changement, l’alternance à la tête de nos pays; l’occasion de cet exercice démocratique se fait toujours dans la douleur, dans les pleurs, dans la tortue et dans la mort… On ne le dira jamais assez ! Ces moments d’élections, sous les tropiques, sont devenus les passages les plus difficiles pour les populations du fait de l’insouciance des hommes. Ceux qui refusent de servir la cause nationale.

Pour ma part, je pense que les travailleurs de la plume, plus spécifiquement les acteurs de l’information que sont les journalistes et les blogueurs, ont un rôle éminemment important à jouer ; non pas en tant que militant de parti politique, mais militant des valeurs universelles, militant de la vérité, véri-fiable… Ces militants de la plume qui ne se contentent pas de la vérité officielle, mais qui chercheront à cerner la réalité au plus près.

Selon « 24heures dans une rédaction », le journaliste est un acteur social, mais il n’est pas un acteur politique au sens commun du terme bien que son rôle social ait un impact politique : « Les valeurs qui forment le socle de son action professionnelle sont les valeurs de l’universalisme : la paix, la démocratie, la liberté, la solidarité, l’égalité, l’éducation, les droits de l’homme, les droits de la femme, les droits de l’enfant, le progrès social, etc. » Cela montre à quel point les écrits du journaliste devraient contribuer aux transformations sociales, politiques, et non servir comme une arme de destruction massive.

Ces images ont fait le tour du monde, à la suite des élections de 2010 en Côte d'Ivoire. Ph: Issouf Sanogo (AFP)
Ces images ont fait le tour du monde, à la suite des élections de 2010 en Côte d’Ivoire. Ph: Issouf Sanogo (AFP)

En Guinée, le sang a commencé à couler dès qu’on a parlé d’élection présidentielle. Et continue de couler à travers des plumes, des écrits. Comme le disait le blogueur, Alimou Sow sur Facebook, le samedi 10 octobre 2015 : « Faire preuve de discernement face à la masse d’informations qui circulent actuellement sur Internet au sujet des événements en Guinée est plus qu’un devoir civique ». Pour lui, « ceux qui colportent de fausses informations, écrivent sur des rumeurs, incitent à la haine et à la division et feignent d’être sourds aux messages de paix entendront tonner dans le Tympan, demain, la redoutable leçon de l’histoire ».

A ce stade, je m’interroge s’il faut prendre au sérieux ou pas les écrits de certains acteurs engagés de la plume sur les réseaux sociaux ? Sur Facebook, il s’avère que chacun est libre de s’exprimer, de dire ce qu’il veut ou pense. D’ailleurs, de nos jours, les grandes déclarations des hommes politiques ou d’hommes d’Etat se font sur les réseaux sociaux avant qu’elles ne soient reprises par et dans les médias traditionnels. Si des journalistes et des blogueurs prennent ces propos pour argent comptant, ne faudrait-il pas prendre en compte leurs propos qu’ils tiennent entre les lignes sur ce même canal ? Sinon, doit-on pratiquer le journalisme dans un organe de presse et faire du militantisme politique sur les réseaux sociaux tout en restant journaliste?

A en croire « 24heures dans une rédaction », si le journaliste milite au nom des valeurs universelles, il ne devrait jamais militer en faveur d’intérêts catégoriels, sectoriels, individuels ou partisans ; sinon il tombe dans la confusion des genres, aliène sa liberté et compromet le crédit de confiance que les lecteurs accrochent à son indépendance. Autrement dit, s’il adhère à un parti politique – ce qui est son droit citoyen – il doit s’interdire de mettre sa fonction au service de son parti et, en particulier, de relayer les prises de son obédience politique.

C’est tout comme le journalisme d’opinion, toujours selon « 24heures dans une rédaction », qui ne fait pas exception à cette règle. « Il arrive souvent que le journaliste militant pour les valeurs de l’humanisme soit conduit à s’opposer ouvertement à un pouvoir qui les bafoue ou les nie. Il le paye, parfois de sa vie ». Non sans souligner que, « même dans les cas de tensions extrêmes, il ne saurait s’affranchir des règles déontologiques qui lui imposent de respecter toutes les convictions, toutes les croyances, toutes les formes d’expressions, y compris celles qui prétendent museler les siennes ». Allez donc comprendre que le journaliste militant, attaché aux valeurs universelles, met un point d’honneur à donner la parole à ses adversaires et à faire preuve de tolérance à leur égard dans ses analyses et ses commentaires.

Contrairement à certaines langues, le journalisme est un métier de la communication, au sens plain du terme. Et Yves Agnès ne croit pas si bien le dire dans son Manuel de Journalisme : « Le Journaliste n’est pas un artiste livrant son œuvre à ceux qui voudront bien l’admirer. Il travaille au service du public. Il n’est pas la source de la nouvelle, il ne fait que la répercuter, que la livrer à d’autres sous forme accessible qui est le langage journalistique ». Pour lui, il n’y a pas d’« exercice illégal » du journalisme comme pour la médecine. On peut donc être un bon « amateur » et écrire occasionnellement dans un journal, voire en éditer un soi-même. Car, nombreux sont les blogueurs qui commentent l’actualité sur leur blog personnel. Savoir informer correctement est donc un métier. Il n’est donc pas prétentieux de sa part en affirmant que le travail journalistique est une « expertise », qui assure l’authentification de la nouvelle.

Les femmes togolaises, toutes en rouge, s’associent à la douleur de leurs sœurs nigérianes. Ph DR
Les femmes togolaises, toutes en rouge, s’associent à la douleur de leurs sœurs nigérianes. Ph DR

Yves Agnès va plus loin dans son ouvrage pour souligner que ‘’le journaliste fait en permanence un travail de création, plus à la manière de l’artisan, qui produit un objet dans un registre déterminé, que de l’artiste ou de l’écrivain qui laissent libre cours à leur spontanéité, à leur imagination’’. Comme pour dire que : «Le journalisme est certes une profession ‘’intellectuelle’’, mais au sens le plus banal du terme : le ‘’produit fini’’ est le résultat d’une démarche intellectuelle et il s’adresse à l’intellect du destinataire, grâce à un savoir-faire ».

C’est pourquoi je suis encore en phase avec les propos de la journaliste Lydia Cacho. Elle est encore plus pertinente, lorsqu’elle lance la célèbre phrase, qui laisse entendre que « le journalisme est un flambeau qui éclaire le monde ». Car, pour elle, un bon journalisme nous permet non seulement de comprendre ce qui se passe dans nos communautés, mais aussi de révéler ce qui empêche le plein respect de nos droits. Cela est d’autant plus vrai qu’il va de soi qu’un journalisme responsable découvre, révèle, éduque et aide à forger l’opinion..

Tous ceux qui pratiquent ce métier, comme Lydia Cacho, devraient alors s’en rendre compte, lorsqu’elle dit que : « Le bon journalisme allume une flamme qui illumine le monde, une flamme qui donne naissance à de nouvelles idées, qui crée des mouvements de solidarité mondiale et sensibilise le plus grand nombre sur la tragédie de la douleur humaine provoquée par les hommes ». C’est aussi ça, la responsabilité des travailleurs de la plume en période électorale. Les journalistes et les blogueurs peuvent éviter des tragédies sanglantes à nos pays en militant pour les valeurs qui doivent faire la fierté de la société humaine, en restant eux-mêmes. A mon humble avis, je dirais qu’écrire ce n’est pas de détruire, mais c’est de construire ; c’est d’apporter quelque chose à l’humanité en bien.

FBI


Blogosphère et liberté d’expression en Haïti

Pour la première fois, le Bureau régional de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) pour les Pays de la Caraïbe (BRPC), en partenariat avec le Centre PEN-Haïti, a lancé une activité en faveur des blogueurs en Haïti, autour du thème : « Blogosphère et liberté d’expression », le samedi 28 mars 2015.

Le modérateur de la Table ronde, Baba Idriss Fofana, au micro © OIF-BRPC
Le modérateur de la Table ronde, Baba Idriss Fofana, au micro © OIF-BRPC

Considéré en général comme un « espace de liberté » et d’interaction sur la toile, le « blog » est devenu aujourd’hui un moyen d’expression, de démocratisation et de participation citoyenne surtout pour beaucoup de jeunes dans les pays du sud. Désormais, ceux qui ont moins ‘’droit à la parole’’ veulent se faire entendre et participer plus ou moins à la construction ou au développement de leur pays par cet outil du web 2.0.

Ces dernières années, on le voit, le blogging prend de plus en plus une place prépondérante dans le quotidien des jeunes de certains pays d’Afrique francophone, notamment au Sénégal, en Côte d’Ivoire, au Togo, au Bénin, au Burkina, au Cameroun, en Guinée, au Mali etc.

Répartition des mondoblogueurs dans 70 pays dans le monde © Infographie Mondoblog
Répartition des mondoblogueurs dans 70 pays dans le monde © Infographie Mondoblog

D’ailleurs, avec la plateforme « Mondoblog », propulsée par l’équipe « Atelier des médias » de Radio France internationale (RFI), qui compte à ce jour plus de 600 blogueurs, participe à cet effet à « l’émergence d’une blogosphère francophone internationale et dynamique ». L’enjeu étant de contribuer à un développement du contenu francophone de qualité sur Internet.

Une vue de quelques participants © OIF-BRPC
Une vue de quelques participants © OIF-BRPC

L’OIF, Organisme des chefs d’Etats et de Gouvernement des pays francophones, n’est donc pas en marge de tout ce qui concerne le numérique, sa pratique. Tout en s’appuyant sur le document : « Horizon 2020 : Stratégie de la Francophonie numérique », définit lors du XIVe Conférence des chefs d’État et de gouvernement des pays ayant le français en partage, en 2012, l’organisation se donne les moyens de « contribuer à l’émergence d’une société de l’information démocratique, inclusive, ouverte et transparente qui favorise la diversité culturelle et linguistique et l’intégration de la Francophonie dans l’économie numérique ».

Une table ronde dans les hauteurs de Port-au-Prince (Thomassin 32) © OIF/BRPC
Une table ronde dans les hauteurs de Port-au-Prince (Thomassin 32) © OIF-BRPC

Consciente du fait que la jeunesse est la principale source d’innovation dans le numérique et qu’elle incarne son avenir, l’OIF en fait l’une de ses cibles prioritaires. C’est dans cet élan que le BRPC a, dans le cadre de ses activités de la « Quinzaine de la Francophonie » en Haïti, organisé une Table ronde sur « la  blogosphère et la liberté d’expression », dans les locaux du Centre PEN-Haïti.

A l'occasion de l'adresse du directeur du Bureau régional de l'OIF et celle du directeur du Centre PEN-Haïti © OIF-BRPC
A l’occasion de l’adresse du directeur du Bureau régional de l’OIF et celle du directeur du Centre PEN-Haïti © OIF-BRPC

Cette activité qui s’est déroulée en deux temps forts a enregistré la participation d’invités spéciaux dont Amélie Baron (correspondante de RFI), Gotson Pierre (patron d’AlterPresse), Wilney Taris (chef de la section communication du Sénat) et un public d’une quarantaine de jeunes haïtiens (femme et homme), venue d’horizon diverse, notamment de Port-au-Prince et des villes de province (Ouanaminthe, Cap-Haïtien, Gonaïves etc.).

Au cours de la table ronde ouverte dans la matinée avec les allocutions de Jean-Euphèle Milcé, directeur du CPH et David Bongard, directeur du BRPC, Gotson Pierre avec à son compteur plus de 15 années d’expérience dans le domaine de la presse en ligne (AlterPresse) a abordé plusieurs sous-thèmes, à savoir :

Gotson Pierre, fondateur de l'agence de presse haïtienne en ligne, AlterPresse, au micro © OIF-BRPC
Gotson Pierre, fondateur de l’agence de presse haïtienne en ligne, AlterPresse, au micro © OIF-BRPC
  • son choix pour la presse en ligne ;
  • l’évolution du numérique en Haïti ;
  • l’audience haïtienne sur internet ;
  • La vétusté de loi sur la télécommunication (la presse aussi) qui date de 1987, mais qui ne prend pas en compte le numérique ;
  • la différence entre blog et microblogging (facebook, tweeter etc) ;
  • bloguer en français et en créole ;
  • l’utilisation du blog comme moyen de communication par les associations et organisations syndicales en Haïti.

Amélie Baron, journaliste en Haïti depuis 2009 et travaillant pour plusieurs médias (RFI, Libération, Le Monde, Al Jazeera, AFP etc.) a partagé ses connaissances sur :

Amélie Baron, la doyenne des correspondants de presse internationale en Haïti, férue de tweeter, au micro © OIF-BRPC
Amélie Baron, la doyenne des correspondants de presse internationale en Haïti, férue de tweeter, au micro © OIF-BRPC
  • le journalisme citoyen ou de proximité;
  • la responsabilité des blogueurs à travers l’utilisation des outils numériques ;
  • la liberté d’expression dans l’exercice de son métier en Haïti ;
  • sa pratique du microblogging dans le cadre de ses activités journalistiques.

Puis Wilney Taris, communicateur et mondoblogueur a bien évidement parlé du projet « Mondoblog », à savoir :

Wilney Taris, mondoblogueur et communicateur au Sénat de la République d'Haïti © OIF-BRPC
Wilney Taris, mondoblogueur et communicateur au Sénat de la République d’Haïti © OIF-BRPC
  • comment devenir ‘’Mondoblogueur’’ ;
  • la particularité de cette plateforme (l’encadrement, responsabilité avec charte, session de formation virtuel (avec tutoriel) et présentielle) ;
  • les différentes sortes de blogues qu’on trouve sur la plateforme ;
  • l’évolution de Mondoblog dans les pays francophones ;
  • la création d’un Réseau de blogueur en Haïti.

Pour cette première partie, chaque intervenant a pu donner son point de vue selon le sous-thème abordé par les uns et les autres ce, en interaction avec le public.

L’après-midi a fait place à l’atelier d’initiation au blogging. Cette partie a été animée par Eric Bernard, spécialiste des Médias sociaux pour le développement (Mesodev) et Baba Idriss Fofana (Assistant en Communication au BRPC).

Eric Bernard, spécialiste des Médias sociaux pour le développement (Mésodev) © FBI
Eric Bernard, spécialiste des Médias sociaux pour le développement (Mésodev) © FBI

Le premier a fait une présentation visuelle sur « les blog en 80 tours » :

– les façons de bloguer différemment (pas que de l’actualité ou des opinions, mais aussi de blog scientifique, littéraire, mode etc.) ;

– les dimensions du blogging (blog individuel, entreprise, institutionnel etc), les types d’auteurs ;

– montrer que le blogging peut être aussi une compétence dans un métier (chargé de communication ou community manager) ;

– les outils : site web (blogger, ou CMS) mais aussi microblogging et médias sociaux.

Plusieurs personnes ont pris part à l'atelier d’initiation au blogging © FBI
Plusieurs personnes ont pris part à l’atelier d’initiation au blogging © FBI

Le second a également fait une présentation sur les ‘’pièges et astuces’’ pour la création de « Url » et l’édition d’un article de blog, notamment :

Lors de la deuxième partie de l'atelier d'initiation au blogging avec Baba Idriss F. © BRPC
Lors de la deuxième partie de l’atelier d’initiation au blogging avec Baba Idriss F. © BRPC
  • le choix de l’Url (ne pas choisir une adresse électronique qui pourrait limiter le champ d’action du blogueur à l’avenir) ;
  • le corps d’un billet ou article (titre, chapeau, intertitre pour aérer son texte) ;
  • l’insertion d’images (avec bonne taille et crédit photo), de vidéo ou audio pour animer son texte ;
  • l’insertion de lien vers des sources (prouver la véracité de que le blogueur énonce souvent).
Très content d'avoir pris part à cette rencontre autour du blog en Haïti, les participants ont encouragé la tenue d'un autre atelier de création de blog © BRPC
Très content d’avoir pris part à cette rencontre autour du blog en Haïti, les participants ont encouragé la tenue d’un autre atelier de création de blog © BRPC

Au terme de cette deuxième partie de la journée du 28 mars, qui a débuté à 10h et pris fin à 16h, la majorité des participants ont appelé de tous leurs vœux à la réédition d’un tel atelier (considéré par les organisateurs comme un avant-goût), dans l’espoir de pouvoir créer et administrer des blogs.

FBI

 

Visuel © Baba Idriss Fofana (OIF/BRPC)
Visuel © Baba Idriss Fofana (OIF/BRPC)


#RetroMondo2014 : les confidences de la blogueuse Awa Seydou à Abidjan

Il y a 12 mois, soit du 02 au 12 mai 2014, la troisième session de formation des Blogueuses et Blogueurs francophones de la plateforme, « Mondoblog », propulsée par l’Atelier des Médias de Radio France Internationale (RFI), se déroulait en Côte d’Ivoire, dans la banlieue d’Abidjan (Grand-Bassam) après Dakar, Sénégal, en 2013. Revivez quelques temps forts à travers cet entretien réalisé à l’Hôtel Tereso avec la Mondoblogueuse malienne Awa Seydou Traoré. Vivant en Mauritanie, elle tient le blog « Reine d’Afrique », dédié aux femmes. Ici, elle nous livre ses impressions sur la formation, le blogging et son séjour en Côte d’Ivoire pour la première fois.

Tes impressions sur les 10 jours de formation en Côte d’Ivoire ?

Awa Seydou, Hotèl Cheguiti Place (Mauritanie) © Dame Ba
Awa Seydou, Hotèl Cheguiti Place (Mauritanie) © Dame Ba

Ces 10 jours de formation, ayant réuni à peu près 70 blogueurs de divers horizon en Côte d’Ivoire, a été une expérience enrichissante qui nous a permis une fois de plus de mettre en pratique et en théorie l’accent sur l’apport du blogging. Comme quoi, c’est un moyen d’expression sociale, d’engagement. Bref, une voix pour la citoyenneté. Il a également été question de web journalisme. Nous avons mené des débats sur la relation « journaliste-blogueur ». A savoir quelle pouvait être la complémentarité qui existait entre ces deux pratiques. Nous avons eu droit à des présentations enrichissantes avec Philippe Couve, qui est considéré comme le père de l’émission « Atelier des Médias » et de la plateforme « Mondoblog ». L’organisation, Reporter sans frontières (RSF) nous a édifiées sur la sécurité informatique. Comme il fallait se mettre en sécurité sur le web à travers ses données personnelles. Ajouté à cela, il a été question de la « protection des journalistes ». En sommes, nous avons appris beaucoup de chose devant permettre à comprendre que le blogging pouvait être considérer comme un métier à part entière.

Comment tu as trouvé ton séjour en terre ivoirienne, pour la première fois que tu as foulé ce sol ?

Effectivement, c’est mon premier déplacement en Côte d’Ivoire. J’avais déjà visité plusieurs pays de la sous région, mais je n’étais jamais arrivée à Abidjan. Une capitale dont on entendait parler. On nous parlait des plats ivoiriens, de l’aloco, de l’attiéké etc. C’est un pays qui me faisait énormément rêver pour avoir joué un rôle très capital en tant que carrefour économique, des Affaires en Afrique de l’ouest. Et on se rend compte jusqu’à quel point, la Côte d’Ivoire essaye de se redresser malgré la crise qu’elle a connue.

Nouvelles formes de journalisme avec Pierre Romera, Mondoblog Abidjan 2014 © FBI
Nouvelles formes de journalisme avec Pierre Romera, Mondoblog Abidjan 2014 © FBI

 

En tant que femme, n’as-tu pas peur de bloguer en Mauritanie ?

Photo du journal facebook de Awa Seydou
Photo du journal facebook de Awa Seydou

Non ! Je pense que la Mauritanie évolue contrairement à plein d’idées reçues et clichés. Je ne dis pas que tout est beau. Beaucoup restent à faire. Mais de plus en plus, les Mauritaniens osent prendre la parole, faire des marches pour dénoncer ce qui ne va pas. Je pense que tout cela contribue à la liberté d’expression. En tout cas, la voix est libre pour donner accès à l’information. Le plus important n’est pas de bloguer. Il n’est pas aussi mauvais de bloguer.

Awa Seydou, avec un appareil photo en mains © Artowa Tsemha-Boulleys
Awa Seydou, avec un appareil photo en mains © Artowa Tsemha-Boulleys

Mais, c’est de bloguer pour la bonne cause. Il ne s’agit pas de prendre des informations ça et là pour raconter du n’importe quoi. C’est vrai que bloguer consiste à commenter, mais ces commentaires doivent être aussi justifiés, recoupés en quelque sorte comme le ferai un bon journaliste. Parce qu’il y a des informations ou des sujets tellement sensibles qu’il ne faut pas se contenter seulement de dire que c’est beau ou c’est vilain. Le plus important c’est de pouvoir justifier en quoi sa position peut apporter quelque chose de positive dans la marche du pays. Ce n’est pas de mettre le feu aux poudres. Notre position de blogueur doit servir à quelque chose d’important.

Réalisé par FBI, Abidjan 2014


4 ans après, toujours pas de mémorial des 3000 morts de la crise ivoirienne

11 avril 2011-11 avril 2015, il y a quatre ans, jour pour jour, nous étions sous le feu des balles assassines en Côte d’Ivoire. Une crise post-électorale née du refus de l’ex-président Laurent Gbagbo de reconnaître sa défaite dans les urnes au soir du 28 novembre 2010. Résultats : 3000 morts de part et d’autre…

Je ne reviendrai pas sur ma souffrance vécue – en tant que citoyen, journaliste, ‘’activiste’’ sur les medias sociaux – pendant ces moments de guerre fratricide qui ont mis la Côte d’Ivoire en lambeau et à genoux. Du plus simple des violations des droits humains… à la plus grave des violations du Droit internationale humanitaire (DIH). Ceux qui n’ont pas fui savent de quoi je parle. Mais, je me souviens des personnes tombées sous les balles des tueurs.

Officiellement, on nous a annoncé 3000 morts dans les deux camps qui se faisaient face. Des gens étaient chez eux, des balles perdues venaient mettre fin à leur vie. Des femmes étaient au marché, des obus venaient les exterminées etc. Bref, c’était la déchéance, l’horreur était à son comble.

Quatre ans après, les Ivoiriens essayent de tourner l’une des plus sombre page de leur histoire. Avec la mise en place de la Commission Dialogue, Vérité et Réconciliation (CDVR) beaucoup a été fait. Mais le plus dur reste à faire. Des cadavres sont encore dans des fosses communes…

En attendant, je demande qu’on se souvienne de nos morts. Même si nous ne pouvons pas les ressusciter. S’il est vrai que « les morts ne sont pas morts », nous avons l’obligation de construire un mémorial pour ces 3000 morts de la crise post-électorale de 2010 en Côte d’Ivoire. C’est un devoir de mémoire !

Kigali genocide memorial centre. © Weblizar thrillingafrica.com
Kigali genocide memorial centre. © Weblizar thrillingafrica.com

A l’image du « Kigali Genocide Memorial », à travers lequel les rwandais ont dit «plus jamais ça au Rwanda», faisons en sorte que les Ivoiriens disent aussi « plus jamais en Côte d’Ivoire ».

Je sais que la dernière phase du processus de réconciliation est le ‘’Mémorial’’, pour la constitution d’un symbole de la mémoire collective des Ivoiriens. Ce mémorial doit nous permettre, ainsi qu’à nos enfants, de savoir ce qui s’est réellement passé à un moment donné dans ce pays phare de l’Afrique francophone. Nous devons toujours avoir en mémoire que c’est suite à une élection présidentielle que nous nous sommes entre-tués. Et prendre conscience des actes que nous allons poser dans le présent comme dans le futur.

Car, nous voici encore à la veille d’une élection présidentielle, celle d’octobre 2015. Qui a envie qu’elle se transforme en une autre crise post-électorale en 2016 ? En tout cas, je ne suis pas partisan de cette thèse.

De grâce, comme le souligne la CDVR, « sortons du sentiment d’appartenance ethnique et communautaire pour déterminer un nouveau mode de coexistence pacifique fondé sur le développement de la démocratie et de l’esprit citoyen en Côte d’Ivoire ».

FBI


Zoom sur la ‘’Quinzaine de la Francophonie’’ en Haïti

«Ce que nous fêtons à l’occasion de la Journée du 20 mars, ce n’est pas seulement le partage d’une langue. Ce que nous fêtons, ce sont les missions, les valeurs et les revendications dont nous avons investi cette langue, année après année, à travers la Francophonie.» – Michaëlle Jean, SG de la Francophonie (2014-2018)


La SG de la Francophonie invite les jeunes aux débats sur le climat

Si la Secrétaire générale de la Francophonie, Michaëlle Jean, à quelque chose à cœur, depuis sa prise de fonction le 05 janvier 2015, c’est d’encourager les jeunes à s’investir pleinement sur la scène internationale afin d’apporter leur contribution aux discussions sur les enjeux mondiaux.

Madame Michaëlle Jean veut construire l'avenir de la Francophonie avec les jeunes. © michaellejean.ca
Madame Michaëlle Jean veut construire l’avenir de la Francophonie avec les jeunes. © michaellejean.ca

Et la première occasion qui s’offre à elle, c’est la 21ème Session de la Conférence des Parties à la Convention Cadre des Nations Unies sur les changements climatiques, dénommée, (CdP21). Avant ce rendez-vous planétaire sur le climat qui aura lieu du 30 novembre au 15 décembre 2015, à Paris (France), Michaëlle Jean, à décider d’inviter la jeunesse francophone à se prononcer sur le thème « J’ai à cœur ma planète ». D’abord, en participant à une grande consultation sur le développement durable dans la perspective du CdP21 pour faire connaitre leurs points de vue, leurs constats, leurs préoccupations sur l’avenir de notre planète. Ainsi, à l’occasion du 20 mars (Journée internationale de la Francophonie), la Secrétaire générale de la Francophonie dévoilera les messages clefs qui émaneront des jeunes, les premiers résultats de cette mobilisation de la jeunesse francophone pour lutter contre les changements climatiques.

Mais pourquoi une telle consultation ?
https://youtu.be/8nBQSKIutT4
Disons le clairement. Notre planète est en ébullition. Nous sommes en proie à toutes sortes de menaces, du genre catastrophes humanitaires. Du nord au sud, aucun pays, aucune race n’est à l’abri du changement climatique. Qui n’a pas constaté les perturbations de saison dans sa zone ?

Et pourtant, ce n’est ni la méchanceté de l’autre. Nous sommes victimes de nos propres modes de vies et nos consommations quotidiennes, qui émettent de grandes quantités de Gaz à effet de serre (GES). Oui, parce que nous jetons des ordures par ici, déposons des déchets par là. On assiste à la des destructions de nos forêts, de la faune, de la flore. Et après, on n’a plus d’eau, de sol cultivable : bonjour la famine, les maladies, la mort.

Evolution des températures et de la concentration en CO₂ depuis l'an 1000 (Source : GIEC)
Evolution des températures et de la concentration en CO₂ depuis l’an 1000
(Source : GIEC)

Voyez-vous à quel point l’aggravation de cet effet de serre joue un rôle de premier plan dans le changement climatique ? Chacun de nous doit en être conscient : nous devons diminuer dès aujourd’hui nos émissions de gaz à effet de serre pour notre survie. Pourquoi nous les jeunes devons prendre conscience ?

Nous ne sommes pas sans ignorer que plus d’un milliard de personnes vivant sur la planète sont des jeunes. Et les 15 à 29 ans représentent le quart de la population mondiale. Parmi ceux-ci, l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) dénombre à ce jour plus de 245 millions de jeunes dans l’espace francophone. En plus, à en croire l’Institution, les prévisions nous disent que la population des jeunes francophone de l’Afrique subsaharienne sera multiplié par quatre d’ici 2050, en passant de 84 millions à environ 276 millions de jeunes. Vous imaginez ce futur ?

logo pour Consultation de la jeunesse francophone sur le climat. © OIF
logo pour Consultation de la jeunesse francophone sur le climat. © OIF

Si nous convenons que nous sommes l’avenir, ‘’nous devons avoir à cœur notre planète’’ en la préservant pour notre futur, pour nos progénitures. Nous ne devons pas être partisans de la destruction de notre environnement, de notre écosystème, de ce bas monde parce que nous avons une autre vie heureuse à vivre.

En Afrique, on a coutume de dire que lorsqu’un vieillard meurt, c’est une bibliothèque qui brûle. Mais si nous les jeunes, laissons tout brûler, tout détruire autour de nous, nous n’aurons plus d’eau, plus de forêt. Ce sont les ‘’bibliothèques’’ qui vont vivre sans les jeunes.

La COP21 sera organisée à Paris, sur le site Paris-le Bourget qui présente sur le plan logistique la meilleure capacité d’accueil et d’accessibilité pour les délégations officielles, la société civile et les médias. © diplomatie.gouv.fr
La COP21 sera organisée à Paris, sur le site Paris-le Bourget qui présente sur le plan logistique la meilleure capacité d’accueil et d’accessibilité pour les délégations officielles, la société civile et les médias. © diplomatie.gouv.fr

C’est pourquoi, j’invite mes amis, mes frères et sœurs, les jeunes francophones à s’inviter à cœur joie à la campagne « j’ai à cœur ma planète », en allant sur le site https://jeunesse.francophonie.org/actualite-jeunesse/vous-avez-coeur-la-planete-participez-la-consultation-en-ligne-sur-le-climat, pour faire entendre sa voix, partager les solutions innovantes devant permettre aux pays francophones vulnérables de s’adapter aux impacts négatifs attendus des changements climatiques et œuvrer pour la réduction des émissions des Gaz à effet de serre (GES).

Car, l’objectif de cette consultation initiée par la SG de la Francophonie, Michaëlle Jean, est de recueillir l’avis de la jeunesse francophone afin de produire une déclaration de haut niveau qui sera diffusée au sein des réseaux et durant la CdP21.

Et au dire de l’OIF, toute organisation ayant fait preuve d’un engagement et d’une expertise remarquable pourra être invitée à la Conférence de la jeunesse qui se tiendra en amont de la conférence internationale sur le climat à Paris. Le mot est lâché !

FBI


«1 Ivoirien, 1 ordinateur + 1 connexion internet» à quel prix monsieur le président?

Laissez-moi dire ! Au-delà des fracas médiatiques, du séduisantissime des Ivoiriens à travers le projet présidentiel : « un citoyen, un ordinateur + une connexion internet », au finish on n’a rien compris… mais on nous a emballé !

Actuellement, en 2015, le pays des Eléphants serait à la 120ème place sur 144 pays en termes de maturité numérique. Et dans cinq ans, selon notre PRADO (Président Alassane Dramane Ouattara), la Côte d’Ivoire sera un pays émergent. Pour y parvenir, des sachant croient savoir que le secteur des TIC (Technologie de l’information et de la communication) sera l’un des meilleurs créneaux. Vrai ou faux ?

En tout cas, le PRADO ne croyait pas si bien dire : « selon diverses études réalisées par l’Union Internationale des Télécommunications et la Banque Mondiale, pour un pays comme la Côte d’Ivoire où le nombre d’abonné à la téléphonie mobile est passé de 16 millions en 2010 à 21 millions en 2015, une progression de 10% du nombre de personnes ayant accès à internet haut débit peut générer un accroissement du Produit intérieur brut (Pib) de 1 à 1,4 points par an ».

Image de l'Agence nationale du service universel des télécommunications-Tic (Ansut)©
Image de l’Agence nationale du service universel des télécommunications-Tic (Ansut)©

Malheureusement, l’Ivoirien moyen n’a pas les moyens de se nourrir convenablement (trois fois par jour), à fortiori s’acheter « un ordinateur plus une connexion internet ».

Lors de mon passage en 2013 au Campus 2 de l’Université Alassane Ouattara de Bouaké (UAO) qui n’était pas encore connecté à internet, pour l’Université d’été Bouaké E-school time (BEST13), organisée par l’agence E-voir, Je n’ai pas été surpris d’entendre un étudiant de 3ème année dire : « Je préfère utiliser mes 200 francs Cfa (0,30 €) au resto que d’acheter une heure de connexion internet ». Le Blogueur Florent Youzan, spécialité en ‘’Logiciels Libres’’, peut témoigner de cela.

Tout simplement je voudrais souligner que les chiffres parlent, mais la réalité du terrain saute aux yeux. Avec le chômage grandissant, les couches défavorisées qui parviennent à se connecter (avec 4 Gigas de données à 15.000* francs Cfa), sont obligées de vivre du jour au lendemain dans la faim. Chose qui a en quelque sorte encouragé le phénomène de cybercriminalité ou le ‘’broutage’’, qui a pignon sur rue aujourd’hui en Côte d’Ivoire.

Offre promotionnelle d'un opérateur de téléphonie mobile en Côte d'Ivoire.
Offre promotionnelle d’un opérateur de téléphonie mobile en Côte d’Ivoire.

C’est fort de tout cela que l’actuel président ivoirien, Alassane Ouattara, a reveillé son ‘’vieux projet’’ de campagne 2010 au moment où l’on s’achemine vers la campagne présidentielle de 2015. Quatre ans après son accession au pouvoir d’Etat, il a pris son courage à deux mains, le jeudi 19 février 2015, pour procéder au lancement officiel du projet : « un citoyen, un ordinateur + une connexion internet ». Ceci devrait, selon le gouvernement ivoirien, permettre à environ 500.000 familles de bénéficier de kits micro-ordinateurs avec accès à internet, avec la construction d’un réseau national en ‘’fibre optique’’ d’ici juillet 2015.

Comme d’habitude sous les tropiques, la cérémonie s’est déroulée sous les grands projecteurs de la Nation. On a même eu droit aux ‘’messages de propagande’’ des plus fanatiques sur les réseaux sociaux. Tellement l’affaire faisait grand bruit que j’ai sursauté de mon lit pensant qu’on distribuait gratuitement à « un ivoirien, un ordinateur + une connexion internet ». Or, j’étais en brousse.

Lors du lancement du projet "un citoyen, un ordinateur + une connexion internet", le jeudi 19 février 2015, à l'hôtel Ivoire. ©PRCI
Lors du lancement du projet « un citoyen, un ordinateur + une connexion internet », le jeudi 19 février 2015, à l’hôtel Ivoire. ©PRCI

En vérité, le PRADO, connu pour ses largesses par certains, appelé encore l’enfant prodigue par d’autres, qui donne sans compter, ne fera pas d’offrande cette fois-ci. C’est plutôt un ‘’commerce gouvernemental’’ qui sera développé à travers son projet, « un citoyen, un ordinateur + connexion internet ». Comme dirait l’autre. « Ce sont les mêmes qui vont s’enrichir encore ». Les intéresser et non les paupérisés vont devoir acheter le ‘’package’’ à des prix réduits, dit-on, de 20 à 48%, à des points de vente dédiés, variant entre 168.000* à 249.000* francs Cfa TTC pour les ordinateurs et de 50.000* à 196.000* francs Cfa pour les Tablettes.

Sincèrement. A ces prix-là, ce ne sont pas les « 49% de pauvres » (en Côte d’Ivoire) qui feront plaisir au PRADO en achetant ses ordinateurs. A l’heure où « l’argent ne circule pas dans les ménages, parce qu’il travaille pour l’émergence », des éclairés ont compris le projet « un citoyen, un ordinateur + une connexion internet » comme un ‘’concept gouvernemental’’. Ceux qui ont vite fait de sauter devraient déchanter, parce que le père Noël ne leur offrira pas ça, cadeau.

Chers frères et sœurs. Ce que vous ne savez pas, c’est que le Gouvernement se voit dans « l’obligation d’accorder la priorité à la sécurité des biens et des personnes, aux services de base que sont l’accès à l’eau potable, à l’électricité, à la santé, à l’éducation, aux infrastructures routières ». Oui, parce que c’est à ce ‘’coup’’ que notre PRADO pourra éviter la ‘’bombe sociale’’.

Attendez ! Et si on nous donnait du boulot, des ordinateurs gratuitement à l’école, dans les universités, au travail, au marché, au champ, au village en 2020, quand on sera émergent, quant l’argent va circuler à nouveau… Qu’en pensez-vous ?

FBI

*1 euro = 655 francs Cfa en Côte d’Ivoire
*1 dollar = 500 francs Cfa en Côte d’Ivoire


Rapts d’enfants en Côte d’Ivoire, ce que vous ne savez pas !

Des érudits aux abrutis. Chacun y va de ses analyses et de ses commentaires sur le phénomène d’enlèvements d’enfants en Côte d’Ivoire. Sur les réseaux sociaux, certains n’hésitent pas à faire des propositions, même biscornues, pour contrer la nouvelle ancienne gangrène qui fait rage aux pays des Éléphants. De quoi s’agit-il?

A la date du 30 janvier 2015, selon la police ivoirienne, en moins de deux mois, « 25 enfants ont été enlevés et tués dans le pays, dont cinq corps retrouvés mutilés ». A plus de 10.000 kilomètres de la Côte d’Ivoire, je me demandais bien ce qui se passe dans mon pays, quel est ce #BokoHaram qui menace ma Côte d’Ivoire ? Suivez mon regard…

Crime de sang !

Dans ma vadrouille sur facebook, où l’affaire défraie la chronique, me voilà sur une publication d’un patron de presse. Se prononçant sur le tristement célèbre phénomène d’enlèvements d’enfants, le directeur général de Fraternité Matin, Venance Konan, souligne en titre de son post : « sacrifices pour la fortune ».

Des écoliers ivoiriens, dans le viseur des tueurs. Ph: Dr
Des écoliers ivoiriens, dans le viseur des tueurs. Ph: Dr

S’interrogeant de savoir « Pourquoi ces rapts et ces horribles meurtres ? », le Dg de ‘’Fratmat’’ répond en terme : « Parce qu’en cette année 2015, dans ce pays qui aspire à l’émergence économique, dans ce pays où le plus humble parmi les humbles dispose d’un téléphone portable, il existe encore des personnes qui sont convaincues que pour acquérir la fortune ou la puissance, il faut procéder à des sacrifices humains. On avait cru que ce genre de pratiques relevait d’un passé lointain, d’un temps que peu d’entre nous ont connu, celui où nous vivions dans l’obscurité et dans l’obscurantisme. L’obscurité a sans doute reculé dans nos villes et dans bon nombre de nos contrées, mais hélas pas encore l’obscurantisme avec tous ses ravages ».

Soumaïla-Bakayoko-Docteur-en-criminologie-et-enseignant-chercheur à l'université de Cocody. Ph: DR
Soumaïla-Bakayoko-Docteur-en-criminologie-et-enseignant-chercheur à l’université de Cocody. Ph: DR

Tout comme le patron du journal gouvernemental ivoirien, Soumaïla Bakayoko, docteur en criminologie, qui s’est confié à « gbich.com » révèle que « les enfants sont les plus touchés par le phénomène, parce que c’est le corps sain, pur et innocent qui fait que toute pratique mystique a beaucoup de chance de réussir ». Ce criminologue croit savoir que l’une des raisons qui poussent des gens à enlever des enfants trouve son fondement dans des pratiques mystiques appelées crimes rituels ou rituels sacrificiels de certaines personnes dans le but d’avoir des pouvoirs, du matériel, du prestige. Des choses éphémères qui ne peuvent s’obtenir qu’à travers des organes d’homme et du sang humain.

L’arme des criminels !

Assurément, les criminels ont plusieurs cordes à leurs arcs pour arracher les enfants à l’affection de leur sien ? A en croire certaines informations publiées sur ‘’rfi.fr’’, « souvent, les kidnappeurs sont des proches, des domestiques. A Gagnoa, c’est une personne qui s’est fait passer pour un membre de la famille éloignée pour s’introduire dans la maison ». Et ce n’est pas tout. Sur les réseaux sociaux, il paraît que les criminels ont bien d’autres manières d’opérer :

"Non aux enlèvements", une infographie qui circule bien sur les réseaux sociaux. Ph: DR
« Non aux enlèvements », une infographie qui circule bien sur les réseaux sociaux. Ph: DR

« Les voleurs d’enfants arrachent maintenant les enfants de force aux grandes personnes ; Ils se présentent dans les écoles, ce faisant passer pour des parents d’élèves préalablement ciblés. Ce, sur présentation de cartes d’accès falsifiées ; En l’absence des parents et des grandes personnes, ils sonnent aux portes, se faisant passer pour des visiteurs ou agents recenseurs, s’introduisent ainsi dans les domiciles pour enlever les enfants ».

Des indignations !

Des actes ignobles que la Première dame de Côte d’Ivoire, Dominique Ouattara condamne avec la plus ferme énergie : « En l’espace de deux mois, une vingtaine d’enfants a été enlevée, mutilée et assassinée dans notre Pays. Des enfants qui pour la plupart jouaient près de chez eux, dans l’insouciance de leur bel âge. Des enfants qui se trouvaient sur le chemin de l’école à la poursuite de leur avenir ont été violement arrachés à l’affection de leur famille. Des actes ignobles que je condamne avec la plus ferme énergie ».

La Première dame ivoirienne entourée des enfants pendant la noël 2014. Ph: DR
La Première dame ivoirienne entourée des enfants pendant la noël 2014. Ph: DR

Pour la first lady ivoirienne, qui combat le travail des enfants, « c’est une épreuve douloureuse et cruelle, qu’aucun parent ne devrait subir ». Tout en s’insurgeant contre ces enlèvements d’enfants dans son pays, « en tant que mère, grand-mère et Première Dame de Côte d’Ivoire », elle a appelé les autorités à mettre tout en œuvre afin que cela cessent, en faisant de ce phénomène « une priorité nationale ». « Je veux que cela cesse. Des mesures dissuasives vigoureuses doivent être prises sans attendre. J’en appelle à la réactivité et au pragmatisme de Monsieur le Ministre d’Etat, Ministre de l’Intérieur ; de madame la Ministre de la Solidarité, de la Famille, de la Femme et de l’Enfant, ainsi que de tous leurs collègues, qui doivent faire de ce problème, une priorité nationale », interpelle Mme Ouattara.

Le parti au pouvoir ne dit pas le contraire. Joël N’Guessan, porte-parole du Rassemblement des républicains (RDR), demande « une réponse forte et énergique » de la part des autorités ivoiriennes. Ajoutant que « ces enlèvements qui ne sont ni plus ni moins que des actes d’assassinat sur des mineurs doivent trouver en face une réponse forte et énergique ». « Nous ne saurions tolérer, que ceux-là même qui constituent l’avenir de la Côte d’Ivoire soient l’objet de crimes crapuleux », poursuit l’ancien ministre ivoirien.

Des accusations !

Dans certains quartiers, des enfants ont été armé de sifflet pour sonner l'alerte en cas d'attaque. Ph Ouattara Madi Adja
Dans certains quartiers, des enfants ont été armé de sifflet pour sonner l’alerte en cas d’attaque. Ph Ouattara Madi Adja

Ces cris semblent avoir été entendus par les autorités ivoiriennes. 1500 hommes ont été déployés à Abidjan (1000 policiers, 300 gendarmes et 200 militaires), qui seraient dotés de moyens conséquents pour contrer le phénomène d’enlèvements d’enfants. Malgré tout, la psychose s’est emparée du pays. Des voix, notamment des pro-Gbagbo, incombent la responsabilité de ces enlèvements à l’actuel régime d’Abidjan.
A cet effet, ils annoncent des « marches de protestations » et des « opérations de retrait d’enfants dans les écoles » en Côte d’Ivoire. Au dire Roger Odissan, « il a fallu qu’on arrive à 21 tueries pour que le gouvernement Ouattara réagisse ». Pour cet internaute, « le président de la République n’est pas monté au créneau pour situer la gravité de cette affaire». « Mais nous les parents dont les enfants sont en danger de mort, que devons-nous faire pour que l’opinion internationale se rendre compte de la gravité de ces crimes rituelles qui semblent être organisés par les tenants du pouvoir », accuse Roger Odisan sur facebook.

Et de poursuivre : « Au vu de tout ce qui précède que devons-nous faire ? 1. Arrêter de faire partir nos enfants à l’école. Je crois que si nous prenons cette décision le gouvernement et l’opinion internationale prendront au sérieux cette affaire ; 2. Ne plus amener les coupables dans un commissariat, nous devons leur faire ce qu’ils ont fait subir à leur victime ; 3. Organiser des marches et faire des sit-in pour dénoncer ces tueries ; 4. Il faut dénoncer toutes les tueries sur les réseaux sociaux pour qu’on en fasse une large diffusion ».

La fameuse opération dite de "retrait des enfants des écoles ivoiriennes", sur la toile.
La fameuse opération dite de « retrait des enfants des écoles ivoiriennes », sur la toile.

Abondant dans le même sens, le ‘’nébuleux’’ Boga Sako Gervais (c’est selon) qui a flirté avec l’ancien pouvoir, aujourd’hui président de la Fondation Ivoirienne pour les Droits de l’Homme et la vie Politique (FIDHOP), annonce des jours sombres en Côte d’Ivoire. Exilé en Belgique, il dénonce « l’incapacité ou la complicité des autorités ivoirienne ». En plus, l’homme exige « la démission des Ministres de l’Intérieur et de la Famille, pour leur incapacité notoire à mettre fin au phénomène des enlèvements d’enfants en République de Côte d’Ivoire » et « invite les populations ivoiriennes à adhérer très massivement à la grande ‘’Opération de retrait de nos enfants des écoles’’, qui se déclenchera dans tout le pays, du lundi 2 au vendredi 6 février 2015, pour protéger nos enfants et protester contre l’inaction des gouvernants face à ce phénomène d’enlèvement des enfants».

Quant à Keith Aboulaye, internaute pro-Ouattara, il accuse plutôt les parents, les forces de sécurité, les agents de mairie, les nounous et à la société civile qui ont brillé par leur silence depuis les premières heures. « La responsabilité incombe aux parents, aux forces de sécurité, aux agents de mairie, aux nounous et à la société civile qui depuis les premiers cris de cœurs, avaient laissé perdurer cette situation en fermant les yeux comme si de rien (…)», dénonce-t-il sur sa page facebook.

Les auteurs !

A la question de savoir quels sont ces personnes, qui aspirent tant à la richesse, au pouvoir cette année 2015, en Côte d’Ivoire en sacrifiant les progénitures des autres ? Le Groupe des organisations féminines pour l’égalité homme-femme en Côte d’Ivoire (GOFEHF), argue que « ces pratiques sont des crimes, des rituels ordonnés par des prescripteurs jouant le rôle de médecins (mais qui en fait sont des marabouts, des féticheurs et autres mystiques) à leurs clients ici dénommés commanditaires ou malades en quête de pouvoir politique et de richesse à tout prix ».

Une délégation du GOFEHF à l'ONUCI. Ph: ONUCI
Une délégation du GOFEHF à l’ONUCI. Ph: ONUCI

Pour sa part, la cellule de communication et d’information du Mouvement pour la promotion des Valeurs nouvelles en Côte d’Ivoire (MVCI) essaye de lever le voile à son niveau. Dans une déclaration publiée sur des forums facebook le vendredi 30 janvier 2015, le MVCI titrait « Pouvoir du sang : mythe ou réalité ».
L’organisation politique rappel que pendant des années jadis, à la veille de certaines cérémonies rituelles traditionnelles ou électorales, des parents développaient déjà à cette époque, « la théorie de la vigilance autour des enfants. Laissant planer le spectre du trafic de sang humain ». Aujourd’hui, appuie le MVCI, « le phénomène semble avoir été amplifié avec l’avènement des cybercriminels, à la recherche d’un hypothétique bonheur à travers ce qu’ils appellent « ZAMOU », une pratique fétichiste macabre mise à nue au grand jour, grâce aux réseaux sociaux ».

Cette assertion est en partie soutenue dans un article publié par Radio France Internationale (RFI) sur son site internet. « Avant d’être tués, les 20 enfants ont été mutilés. Leurs têtes ont été tranchées ou leurs parties génitales enlevées. Des pratiques qui rappellent la sorcellerie, notamment chez les brouteurs, les cybercriminels ». Aussitôt dit, on a assisté à la « fermeture de 550 cybercafés, à l’interpellation d’environ 1000 personnes et à l’arrestation de trois (3) suspects » par les autorités ivoiriennes.

Cependant, des internautes s’attaquent à cette façon de mener la lutte anti-rapt. Dans un post facebook, Jean-Louis Gayandet martèle ceci : « Enlèvements et assassinats d’enfants, la gendarmerie ferme 150 cybercafés et met aux arrêts 94 personnes ! Vous voulez nous distraire ou bien ! Les brouteurs ont des tablettes et la connexion à la maison ». Selon lui, « ce ne sont pas les seuls brouteurs qui font ça ! ». Il demande plutôt d’explorer aussi « la piste des intouchables du pays ?».

Dans la même veine, le MVCI pense que la cybercriminalité n’est rien d’autre qu’un effet collatéral de qui se passe en Côte d’Ivoire. D’ailleurs, ce mouvement politique déplore la stratégie de communication des autorités ivoiriennes au sujet des enlèvements. Car, selon cette structure, le gouvernement peine à rassurer le peuple, qui croit à tort ou à raison qu’au-delà des criminels brandis par la Police à la télé, ce cacheraient de gros « poissons ». « Hélas! Pur hasard ou simple coïncidence ? Comment comprendre que face à un tel drame, la Cybercriminalité, effet collatéral de certaines agressions et enlèvements d’enfants, la priorité de nos décideurs, au vu des enjeux sécuritaires, est d’engager des dépenses de prestiges en dotant la Police de deux engins volants. Comme si les défis sécuritaires actuels étaient aériens !».

Récupération politique!

De son côté, Djamana Tigui, refuse de croire que ces enlèvements sont le fait de cybercriminels ou d’hommes politiques à la recherche de gloire. Pour lui, c’est une ‘’organisation’’ mise en place, par des gens tapis dans l’ombre, pour affaiblir le régime Ouattara. C’est pourquoi, sur facebook, il n’hésite pas à lancer un ‘’appel cru’’ au Ministre d’Etat, ministre de l’Intérieur et de la Sécurité (MEMIS), Hamed Bakayoko, afin qu’il mette les cameras de surveillances à contribution: « Je ne crois plus seulement à ces cas seulement. Mais je crois en plus de ces cas qu’il y a une volonté quelque part de créer des psychoses un peu partout dans le pays. A quelles fins, je ne sais pas. Je crois seulement que les ennemies du pays ne sont pas forcement les seuls qui attaquent les frontières ou les bases des FRCI, il en existe à l’intérieur qui souhaitent quelque chose et cette chose passe par un maximum de psychose sur les populations. Il y a peu, c’était uniquement les enfants, mais depuis quelques jours, il y a le cas des femmes et peut être pour bientôt des vieillards, jeunes et adultes. Cher MEMIS Hamed Bakayoko, fais parler les caméras, car cette organisation est entrain de nous affaiblir. C’est autre chose… STP ouvre encore plus les yeux, ils sont là et veulent tout gâter… ».

Embouchant la même trompette, Cherif Mamadou imagine que c’est un « plan diabolique » des ennemis du pouvoir qui veulent reprendre le pouvoir. Il évoque même le fameux « l’article 125 » où des gens ont été brûlés par le feu sous l’ancien régime Gbagbo. « A l’effet de saboter le grand travail du PRADO (Président Alassane Ouattara) et surtout de troubler la quiétude des Ivoiriens en cette période d’année électorales des ‘’politichiens’’ ont surement planifié ces crimes. Ces opposants de l’émergence de notre pays, ont déjà prouvés leurs sadismes par les mutilations de nos soldats à la frontière Libérienne. Tuer ou enlever les enfants ne sont que des formalités pour des gens qui ont eu le plaisir diabolique d’utiliser l’article 125 contre des humains ».

Si la ministre de l’Education nationale, Kandia Camara, n’abonde pas dans le sens de ses prédécesseurs, toutefois, elle affirme que le phénomène d’enlèvement d’enfants est une ‘’déclaration de guerre’’ : « Ils tuent, séquestrent, mutilent, enlèvent nos enfants, je considère cela comme une déclaration de guerre, les acteurs du système éducatif et moi, ne pouvons rester silencieux face à cette barbarie ».

Pour Hussein Kouamé, Attaché de presse du Président de l’Assemblée nationale de Côte d’Ivoire, « ce ne sont pas tous les sujets de sociétés qui doivent être sujets à récupération politique ». S’adressant aux « Politiciens de Facebook », le journaliste appelle à la solidarité : « Soyons au moins solidaires dans le malheur. Ne faisons pas de la récupération politique dans cette affaire d’enlèvements d’enfants. En France quand il y a eu l’affaire de #‎CharlieHebdo‬ on a vu tous les leaders politiques réunis autour de François Hollande pour trouver des solutions et défendre la République ».

Manipulations et rumeurs !

Et pendant que la psychose s’empare du pays, les rumeurs et la manipulation gagne le cœur des ‘’sans cœur’’ sur les réseaux sociaux. Des crimes d’enfants commis dans certains pays comme le Ghana, le Gabon ou ailleurs sont brandis (à travers des images) comme ayant été perpétrés en Côte d’Ivoire. En témoigne le post d’Alfred Adou Konan : « Non à la manipulation. Plusieurs photos circulant actuellement sur les réseaux sociaux sont identifiées comme des crimes crapuleux à l’encontre d’enfants en Côte d’Ivoire. Bien que nous ne saurons nier l’existence de tels crimes, il convient de relever que ces photos proviennent de faits n’ayant pas eu lieu en Côte d’Ivoire. Les auteurs de la divulgation de ces photos ayant pour unique objectif de créer et d’entretenir la psychose au sein des populations et fragiliser l’action gouvernementale contre le phénomène d’enlèvements d’enfants », s’insurge l’internaute.

Capture d'écran de commentaires malveillants sur les enlèvements en Côte d'Ivoire.
Capture d’écran de commentaires malveillants sur les enlèvements en Côte d’Ivoire.

Comme lui, le président de la République ivoirienne, Alassane Ouattara, de retour du 24e sommet de l’Union africaine (UA) à Addis-Abeba, en Ethiopie, le samedi 31 janvier 2015, a fermement condamné les enlèvements d’enfants. « C’est inacceptable, indigne de la Côte d’Ivoire, indigne du climat apaisé que nous voulons pour nos concitoyens dans notre beau pays ».

Ensuite, le chef de l’Etat a déploré l’utilisation des réseaux sociaux par des personnes pour créer la psychose à travers les rumeurs et les fausses alertes :« Je retiens que c’est une situation qui a été volontairement amplifiée par les réseaux sociaux».

Mais le comble, aujourd’hui, c’est que d’innocentes personnes sont victimes de lynchage gratuite parce qu’ils ont voulu être généreux quelques part. Bill redoute que le problème se transforme en un règlement de compte entre des personnes qui se détestent. « Le phénomène d’enlèvement d’enfants dans notre pays est une réalité, mais si nous ne faisons pas attention, nous allons causer plus de problème avec les rumeurs surtout attention au règlement des comptes ». Notant que, selon un rapport de police, dans la journée du jeudi 29 janvier 2015, sur les six cas signalés, tout s’est avéré rumeur et mauvaise dénonciation.
« Cela a causé l’arrêt des cours dans les écoles et des lynchages gratuits. Une fille a failli laisser sa vie à cause de son propre enfant. Un monsieur qui tentait de faire traverser des enfants sur une route dangereuse à leur demande a subi un traitement inhumain. Un homme pourchassé pour vol a été pris pour un enleveur… Faisons très attention pour ne pas tuer des innocents et laisser les vrais responsables », rapporte Bill sur un forum facebook.

Le Directeur de l'INFS avec son jeune frère Traoré Aboubacar. Ph: MT
Le Directeur de l’INFS avec son jeune frère Traoré Aboubacar. Ph: MT

De son côté, Sam Cooper appel à la vigilance face à certaines pratiques visant à paralyser le pays. « La psychose s’est emparée de la ville, elle bouillonne en certains endroits car des officines obscures ont décidé d’injecter le venin de la rumeur dans la cité en vue de la paralyser. Comme une traînée de poudre, des écoles se vident par endroit non pas qu’il y ait une menace mais simplement parce que des individus à la petite cervelle et aux intentions lugubres voulant jouir des malheurs que vivent certaines familles ont donné dans l’intox. Ces pratiques on ne peut plus maléfiques, « vampiristes » et d’un autre âge s’inscrivent dans ce dessein de créer le chaos. Envoie d’Sms incitant à la chienlit, la toile mise à rude épreuve avec des images à vous couper le souffle et venant de d’autres cieux. Une panoplie d’informations fausses ».
A en croire cet internaute, « les gens doivent rester vigilants et éviter de tomber dans un guet-apens. Car à trop tomber dans l’émotion on perd la raison ». C’est l’exemple du jeune frère du directeur de l’Institut national de formation sociale (INFS), Mamadou Traoré qui a été bastonné parce que pris pour un enleveur d’enfants. Dans une publication sur sa page facebook, il raconte sa ‘’folle journée’’ à la rescousse de Traoré Aboubacar qui s’est finalement retrouvé sur un lit d’hôpital après son lynchage.

Mesures à prendre !

Face à la montée en puissance des lynchages d’innocents, des rapts d’enfants, certains ont décidé d’adopter des mesures par précaution. C’est le cas du Blogueur ivoirien Cyriac Gbogou. Sur sa page facebook, on peut lire : « Avec la psychose concernant les enlèvements de enfants qui gagne du terrain, voici les précautions que je vais prendre: -Évitez de me renseigner dans un quartier ; -Eviter de jouer avec les enfants de mon quartier ; -Eviter de me promener en 4×4. Car si quelqu’un n’aime pas ton crâne, il peut t’accuser « d’enlever les enfants » ». Qu’à cela ne tienne !

Les messages des enfants, en proie aux enlèvements. Ph: DR
Les messages des enfants, en proie aux enlèvements. Ph: DR

Le GOFEHF (groupe d’organisations féminines) propose plutôt des mesures au Gouvernement ivoirien pour mettre fin à la saignée. Dans une déclaration dont j’ai reçu copie le vendredi 30 janvier 2015, le GOFEHF demande, entre autre, de « mettre en place, de façon urgente et systématique un comité de crise au plan national ainsi que des sous-comités dans les communes d’Abidjan et à l’intérieur du pays » ; de procéder au « recensement des marabouts, féticheurs et autres mystiques, la réglementation et le contrôle de leurs activités » et souhaite « l’interdiction systématique et formelle des véhicules à vitres opaques et plaques banalisées ». L’application de ces mesures pourront-elles sonner la fin de ces crimes de sang en Côte d’Ivoire?

Un enfant porteur d'un message aux ministre de l’intérieur ivoirien Hamed Bakayoko.
Un enfant porteur d’un message aux ministre de l’intérieur ivoirien Hamed Bakayoko.

En attendant, je dirai qu’on pouvait éviter tout ce qui se raconte, tout ce que vous venez de lire, si tout le monde avait pris l’affaire au sérieux. En Côte d’Ivoire, on a tendance à tout minimiser. Dans mon pays, « on ne bat pas le fer quand il est chaud ». On laisse faire. Et, après, « on se transforme en donneurs de leçon », « on joue les médecins après la mort », ou « on agite le chiffon rouge ». Et pour finir, « on est obligé d’appeler la Cour pénale internationale (CPI) » pour effrayer les tueurs. C’est dommage…

Du nanti au nécessiteux. Vous devez retenir cette citation d’Albert Einstein: « Le monde est dangereux à vivre non pas tant à cause de ceux qui font le mal, mais à cause de ceux qui regardent et laissent faire ». Dieu nous regarde !

FBI


De #CharlieHebdo à #BokoHaram : ma lettre aux présidents africains

Rassurez-vous messieurs les –intouchables– présidents africains. Sans vous caresser dans le sens du poil, je ne serai pas virulent dans cette lettre ouverte. Je serai plutôt moins emphatique en vous disant, vis-à-vis, qu’on a été fier de vous l’autre jour sur les bords de la Seine.

Aux cheveux du ‘’malade’’, vous avez donnez le meilleur de vous, surtout lors de la marche du dimanche 11 janvier 2015 contre les terroristes à Paris. Le monde entier vous a vu. De Macky Sall à Aly Bongo en passant par Ibrahim Boubacar, Mahamadou Issoufou, Faure Gnassingbé et Yayi Boni, main dans la main, vous avez condamnez avec force les trois jihadistes qui ont endeuillé la ‘’Grande France’’ en ôtant la vie à 17 êtres humains. BRAVO messieurs les intouchables !

Mais de retour dans vos pays d’origine, en Afrique, le continent malade de sa misère, de sa famine, de sa pauvreté, de sa corruption, de ses coups d’Etats, de ses guerres, et de ses terroristes, depuis que vous avez foulé le sol à l’aéroport, vous êtes engouffrés dans vos voitures présidentielles. On ne vous voit que sur nos petits écrans de télévision. Vous sembliez être plus familier au rue de Paris que dans les rues de Bamako, Dakar, Libreville et N’Djamena, là où vous êtes réputés être les ‘’dieux’’. C’est quand même paradoxal non !

#StopBokoHaram

Ah, on vous comprend. Vous ne voulez pas que le peuple barbare, sauvage, primitif vous touche. Ah non, Boko Haram peut s’en prendre à vous comme les Anti-Balaka ont enlevé le ministre de la Jeunesse en Centrafrique ce dimanche. C’est vrai. Vous avez peur de Boko Haram. C’est pourquoi vous refusez de vous faire voir à tout bout de champs dans le pays. Qu’à cela ne tienne !

Les présidents nigérian, tchadien, camerounais, nigérien et béninois réunis autour de François Hollande. Ph: (AFP)
Les présidents nigérian, tchadien, camerounais, nigérien et béninois réunis autour de François Hollande. Ph: (AFP)

Nous voulons vous voir marcher dans nos rues contre Boko Haram. De la même manière que vous avez marché contre les trois Jihadistes en France, nous la voulons aussi en Afrique. Si vous refusez de dire la vérité au peuple opprimé, et bien, sachez que le monstre de l’Afrique c’est Boko Haram. Ils ont exterminé au moins 13.000 personnes. Mais vous ne dites rien. Même entre vous présidents africains, vous ne parlez pas le même langage. En plus, on observe le silence coupable de la communauté internationale. Qu’est-ce qui se passe messieurs les intouchables? Pourquoi vous refusez de porter assistance aux africains en danger ? Mais quand c’est la ‘’Grande France’’, vous vous mêlez sans qu’on ne vous y mêle.
Il est vrai que, comme le dise certaine voix, Boko Haram est une affaire ‘’nigériano-nigériane’’. Mais l’attentat des frères Kouachi à Paris n’est-elle pas une affaire franco-française ?

le président malien, à la marche du dimanche 11 janvier 2015 à Paris. Ph: DR
le président malien, à la marche du dimanche 11 janvier 2015 à Paris. Ph: DR

Et pourtant, si la 1ère puissance économique africaine (Nigéria) reste sa zone de prédilection, il n’en demeure pas moins que la secte islamiste autoproclamé vol de pays en pays, notamment dans la région du bassin du Lac Tchad. Aujourd’hui, le Cameroun paye aussi un lourd tribut de cette forfaiture.
Malheureusement, nos présidents semblent échouer dans la démarche à suivre. Comment comprendre que le courant ne puisse pas passer entre deux Etats africains qui partagent la même douleur, le même mal qui est Boko Haram ?

Deby à la porte des étoiles !

Oui, il se dit sur les antennes de Radio France Internationale (RFI) que Goodluck Jonathan et Paul Biya sont en froid. Une fois de plus, la péninsule de Bakassi serait à la base de leur guéguerre. Voilà que nous assistons, impuissamment, à un manque d’action commune contre la mafia de Boko Haram. Où est donc passé cette Union à l’africaine ? « Celle qui veut cacher le soleil avec son logo, qui n’organise que des rencontres de papotage sans rien de concret », dixit des africains.

#StopBokoHaram
#StopBokoHaram

C’est grave d’entendre des autorités gouvernementales nigérians et camerounais, sur les ondes de RFI, se rejeter la ‘’paternité’’ de la secte islamiste Boko Haram. Finalement, c’est le président tchadien, Idriss Deby qui vient au secours avec son Armée au Cameroun en appelant à la mise en place d’une Coalition africaine. Normal, lorsqu’on voit des réfugiés camerounais de plus en plus au Tchad et qu’on constate que Boko Haram devient un frein dans la desserte du Tchad via un port camerounais, M. Deby ne pouvait faire autrement que d’accompagner ses hommes à la porte des étoiles…

Quoi que l’Armée camerounaise n’ait jamais pris la poudre d’escampette face aux tueurs de Boko Haram comme l’Armée nigériane détale sans cesse. On s’interroge de savoir, avec l’arrivée des soldats tchadiens en renfort au Camerounais, ce que peuvent réellement ces deux pays francophone face à la secte islamiste qui devient de plus en plus violente?

Le Nigeria doit montrer un autre visage face à Boko Haram, trop c'est trop! Ph: naijaurban
Le Nigeria doit montrer un autre visage face à Boko Haram, trop c’est trop! Ph: naijaurban

Selon les propos d’un géopoliticien français que j’ai écouté sur RFI, dans l’émission « Débats africains » d’Alain Foka, « il serait impossible, si le Nigéria qui est le siège de Boko Haram ne s’implique pas, ce sera de la politique de fiction que de dire que le Tchad et le Cameroun parviendront à venir à bout de Boko Haram ».

Non assistance à personnes en danger !

C’est à croire que les autorités nigérianes sont insensibles aux enlèvements, violes et tueries de la nébuleuse Boko Haram fait subir aux écoliers, aux enfants, aux femmes, aux paysans et aux villageois. Il paraît que l’Armée nigériane n’est pas en phase avec les populations, parce qu’elle ne répond pas aux cris de détresse des pauvres civils. Qu’est-ce qui explique cela messieurs les présidents ?

La vérité serait que « le Nigéria est vaste pays miné par la corruption. Pendant que le pouvoir se trouve dans sa zone de confort, très éloigné du feu de Boko Haram, les soldats, eux, ne reçoivent pas leurs soldes le moment venu. Et lorsque les populations sont attaquées l’armée ne vient jamais à son secours ». Mais diantre ! Messieurs les intouchables, sachez que vous ne pourrai jamais gagner une guerre sans le soutien des populations ; encore en les torturant.

Des dizaines de jeunes filles ont été enlevées par Boko Haram au Nigéria. Ph DR
Des dizaines de jeunes filles ont été enlevées par Boko Haram au Nigéria. Ph DR

D’ailleurs, dites nous qui arme Boko Haram ? On connaît la rhétorique. Vous allez nous dire encore que c’est la Libye du pauvre Mouammar Kadhafi. Toujours les mêmes ‘’maux’’ à la bouche. Or c’est faux. La vérité est que Boko Haram continue de s’armer au Nigéria. Vous n’allez pas nier que votre armée se montre de plus en plus fébrile face aux terroristes parce que vous ne les payer pas. C’est dommage. Les soldats nigérians qui osent fait front à Boko Haram sont anéantis à la minutes et leurs armes sont récupérées. Ne rigolez quand je vous dirai que ‘’l’organisation Boko Haram’’ est presque mieux structurée, équipée et plus combative que la ‘’soldatesque’’ que nous voyons aujourd’hui.

Pour terminer, messieurs les intouchables, je vous dirai faites ce que vous voulez, comme vous voulez à la tête de nos Etats. Mais nous attendons de vous voir dans les rues pour la marche contre Boko Haram. Sinon, messieurs les intouchables, c’est nous qui allons marcher pour dénoncer votre « deal avec Boko Haram » dans toute l’Afrique. A bon entendeur…

FBI


Affaire #CharlieHebdo : Tous pour ou contre la France ? (acte 1)

La division est en train de prendre le dessus. Alors que certains croyaient que « l’Affaire Charlie Hebdo », c’est-à-dire l’attentat contre le journal satirique français, commis par des terroristes ou jihadistes (c’est selon) le 7 janvier 2015 à Paris, allait déclencher une vraie bataille contre ces malfaiteurs d’un autre nom. Que nenni !

La une de Charlie Hebdo après l'attentat du 7 janvier 2015 par des Djihadistes.
La une de Charlie Hebdo après l’attentat du 7 janvier 2015 par des Djihadistes.

Une semaine après le carnage, nous assistons plutôt à la naissance, ou à la montée en puissance de deux fronts. ‘’Anti-islamophobes’’ et adeptes de la ‘’liberté d’expression’’ se sont déclarés une guerre à fleurets mouchetés depuis la parution du ‘’Numéro des survivants’’ de Charlie Hebdo (qui s’arrache comme de petit pain), le 14 janvier 2015, avec en grande une, l’image du prophète Mahomet (S.A.W). Ailleurs, on assiste à une volée de bois vert contre l’autre camp.

Ce qui a mis le feu aux poudres…

Protestation au Mali contre la une de Charlie hebdo. Ph: Malijet
Protestation au Mali contre la une de Charlie hebdo. Ph: Malijet

Vendu à plus de 5 millions d’exemplaires, notamment en France, le ‘’numéro des survivants’’ n’a pas fait que des grincements de dents en Afrique, côté ouest. La caricature du prophète des musulmans a occasionné des marches de protestations au Mali, au Sénégal, en Mauritanie, au Niger et au Pakistan où le drapeau français et des effigies du président français sont partis en fumée.

Au Niger, dans les protestations, les choses sont allées de mal en pire. Ph Afp
Au Niger, dans les protestations, les choses sont allées de mal en pire. Ph Afp

Mais la où ça plus fait mal, c’est chez notre très cher président Mahamadou Issoufou qui a vu son pays à feu et à sang. A en croire à des commentaires sur les réseaux sociaux, cette énième caricature du prophète serait à l’image d’un pénis dessiné. Vrai ou faux ? Je n’en sais rien.


Mais il n’en fallait pas plus pour que des Nigériens, très remontés contre les ‘’nanzara’’ (terme pour désigné les blancs en malinké), incendient quatre églises. Bien plus, la colère de mes frères nigériens a occasionné la mort de cinq personnes dans l’affaire #CharlieHebdo. Vous imaginez l’ampleur des dégâts ? Sommes-nous en proie à une guerre des religions ?

En guise de protestation contre la une de Charlie Hebdo  des drapeaux français ont été brûlés à Karachi. Ph: Rtl
En guise de protestation contre la une de Charlie Hebdo des drapeaux français ont été brûlés à Karachi. Ph: Rtl

Pour moi, s’il doit y avoir une troisième guerre mondial, elle devrait avoir lieu contre les terroristes et non entre les chrétiens et les musulmans. C’est pourquoi nous devons faire preuve de beaucoup d’humilité dans les actes qu’on pose. Il ne faut surtout pas pousser jusqu’au dégoût, ne pas se montrer trop fort pour s’attirer plus d’ennemis, plus fort.

Hollande monte en France et chute en Afrique !

Hausse spectaculaire de popularité de François Hollande après les attentats de Charlie Hebdo. | AFP
Hausse spectaculaire de popularité de François Hollande après les attentats de Charlie Hebdo. | AFP

Curieusement, le président François Hollande est monté de plus de 20 points selon les derniers sondages en France où il était au plus bas de l’échelle. Contrairement dans une partie de l’Afrique, où l’homme avait pignon sur rue, il ne serait pas prétentieux de dire que la côte de popularité du N°1 français (à/ou) pourrait baisser de plus de 50 points dans les prochains sondages de « TNS-Sofres » ou « IFOP » sous les tropiques. Faut-il s’en réjouir ?
Des millions de français dans les rues de Paris pour dire non au terrorisme, oui à la liberté d'expression. source Ph: France soir
Des millions de français dans les rues de Paris pour dire non au terrorisme, oui à la liberté d’expression. source Ph: France soir

Je suis d’accord avec la marche des 4 millions de personnes en France, le dimanche 11 janvier 2015, pour dire oui à la liberté d’expression. Mais je dois me rendre à l’évidence que ma liberté à des limites, elle s’arrête là où celle de l’autre commence. Doit-on dire que toutes les croyances sont respectées en France avec la déclaration du N°1 de l’Eglise catholique?
Le pape François a dénoncé la une des survivants de Charlie Hebdo. Ph: Afp
Le pape François a dénoncé la une des survivants de Charlie Hebdo. Ph: Afp

Car le pape François ne croyait pas si bien dire : « Il faut respecter la religion de l’autre ». Sinon, il n’y aura pas de « dialogue entre les religions » comme le préconise la Francophonie. Et cela est plus que jamais une réalité. Si les musulmans considèrent que « caricaturé le prophète Mahomet est un blasphème », il faut accepter cela comme tel. Il ne faut pas aller contre cette ‘’différence’’. « S’exprimer librement est un droit fondamental, mais n’autorise pas à insulter la foi d’autrui », estime le pape, interrogé après l’attaque contre « Charlie Hebdo ».
Caricature d'un internaute sur facebook.
Caricature d’un internaute sur facebook.

D’ailleurs, je voudrais dire à quel point je suis d’accord avec ceux qui disent que « la liberté n’est pas du libertinage ». Nous pouvons éviter les conflits si nous arrêtons de remuer le couteau dans la plaie de l’autre, si nous arrêtons de faire ce que l’autre n’aime pas. Cela n’est pas une faiblesse. C’est le vivre ensemble qui le commande.

Ce qu’il faut éviter !

#JeSuisCharlie parce que je suis contre le #terrorisme et l’#IslamismeRadical. Mais #JeNeSuisPasCharlie si c’est pour créer des tensions, des divisions ou une guerre religieuse dans le monde. C’est le lieu pour moi de rappeler que ce n’est pas la première fois que le journal satirique français fait l’objet d’attaque pour la même cause. En 2011, le journal avait déjà été la cible d’un incendie criminelle qui n’avait pas fait de victimes. Aujourd’hui, en janvier 2015, caricaturistes, journalistes et policiers ont été décimé au sein de la nouvelle rédaction par des jihadistes.

Des têtes fortes de Charlie Hebdo sont tombées suite à l'attentat. Ph DR
Des têtes fortes de Charlie Hebdo sont tombées suite à l’attentat. Ph DR

J’ai mal pour mes confrères. J’ai mal pour toutes les 12 personnes tuées dans cette barbarie. J’imagine que la marche des 5 millions de français ne pourra pas les réveiller, encore la vente du ‘’numéro des survivants’’ à 7 millions d’exemplaires. Mais les Français peuvent atténuer ou stopper le mal en France et soulager cette autre partie du monde en colère, en ne tombant pas dans la provocation.

FBI


Alerte, journalistes cherchent protection à Abidjan !

La une de quelques journaux ivoiriens. Ph: Dr
La Une de quelques journaux ivoiriens. Ph: Dr

Sommes-nous de retour avec les ‘’escadrons de la mort’’ ou du moins les ‘’microbes’’ (la nouvelle appellation), contre les journalistes et dans les rues d’Abidjan ? Je ne sais pas s’il faut utiliser la langue de bois. Sinon, je répondrai « Oui », par l’affirmatif.
https://youtu.be/okKSTwa8q_U
Depuis l’espace caraïbe où j’ai posé mes valises, il y a quelques jours, j’ai été brutalement réveillé par le cri de mes confrères, le lundi 15 décembre 2014. Comme un ‘’rêve cauchemardesque’’, je voyais les ‘’microbes’’ pourchasser les hommes à la ‘’plume, étiquetés’’. Lesquels appelaient les organisations de défense des droits de la corporation à leur secours.
Et c’est dans la matinée que je me rends compte que je n’étais pas aussi maboul lorsque j’aperçois un message annonçant la ‘’fermeture’’ d’un organe de presse à Abidjan après une conférence de rédaction, sous haute protection policière :

« En raison de menaces de mort reçues ce matin (lundi 15 décembre 2014) par des collaborateurs du directeur général de L’Eléphant déchaîné et après une réunion avec le personnel tenue au siège sous protection policière et en attendant d’y voir un peu plus clair et de prendre des mesures sécuritaires, la décision a été prise de suspendre la parution du journal jusqu’au jeudi 18 décembre 2014 ».

Et dire que le même jour, le rapport annuel de la Presse Emblème Campagne (PEC) publié le lundi 15 décembre à Genève, faisait état de la mort d’au moins 128 journalistes dans 32 pays. Voyez-vous ? Ça fait peur parce que le bilan est macabre. Qu’est-ce qui se passe pour que nous soyons dans le viseur des marchands de la mort ? La raison est toute simple. « Ils écrivent du n’importe quoi » ! Ah bon, vous reconnaissez que « c’est du n’importe quoi », et vous voulez continuer de nous utiliser… Qu’à cela ne tienne !

Et pourtant, nous ne sommes plus libres de travailler librement, d’informer librement et de critiquer librement. Oui, quand ‘’ça’’ ne les arrange pas, ils sont les premiers à remuer ciel et terre pour dire que « les journalistes ne font pas leur travail ». Mais quand ils sont logés à la ‘’bonne place’’, pour faire du « n’importe quoi » ils refusent systématiquement qu’on en parle dans la presse.

« Si tu oses », on te fera disparaître comme Désiré Gnonsio Oué en 2013, Jean Hélène en 2003, Guy André Kieffer en 2004… et si tu as la chance, tu seras comme Assalé Tiémoko (journaliste et DG de l’Éléphant Déchaîné) qui ayant échappé de justesse à la mort le vendredi 12 décembre 2014, 72 heures avant les menaces de mort reçu par ses journalistes, n’a eu qu’une cheville tordue.

Assalé Tiémoko Aontoine, patron du journal ivoirien l’Éléphant Déchaîné. Ph: Dr
Assalé Tiémoko Aontoine, patron du journal ivoirien l’Éléphant Déchaîné. Ph: Dr

Son témoignage : « L’affaire est très sérieuse. Les gens m’attendaient dans les environs de mon domicile. Un véhicule de type 4X4 de marque ML320, je ne peux te donner le numéro de la plaque, c’est déjà entre les mains de la justice. Je me rendais au bureau à pieds pour mon émission de 7H52 sur RFI et c’est devant les locaux de la Sodeci à Angré, alors que j’avais des écouteurs dans les oreilles et que j’attendais de traverser la route que ce véhicule qui venait derrière mois alors que je n’étais même pas sur la route, était à deux doigts de me rentrer dedans quand quelque chose m’a dit de me retourner et c’était déjà le contact. Mais grâce à Dieu, par un prompt mouvement, ce sont mes bras qui sont rentrés en contact avec le devant du véhicule et j’ai pu reculer pour éviter qu’il touche une partie vitale de mon corps mais sur le coup, ma cheville s’est tordue. Ayant manqué leur coup, ils ont accéléré en direction du 22è arrondissement. J’ai alors traversé la route et j’avais si mal à la cheville que je ne pouvais plus avancer. C’est en ce moment que j’ai vu le même véhicule revenir en vitesse encore dans ma direction et braquer brusquement à droite dans mon sens mais j’étais derrière une voiture garée devant l’agence SIB et ils ont continué leur chemin, manquant de renverser une femme qui allait au travail. J’ai réussi à relever le numéro de la plaque. Je suis allé au bureau en taxi faire l’émission et après je suis allé à l’hôpital pour une radio de ma cheville. Heureusement, elle n’a révélé qu’un traumatisme du au choc mais pas de déboitement d’os ou de cassure. On m’a prescrit des anti douleurs et je suis rentré à la maison rédiger ma plainte contre les deux occupants du véhicule dont déjà, mes sources m’ont permis de savoir à qui il appartient…».

Que c’est dur d’être journaliste sous les tropiques. Alors que, chaque jour que les jours s’égrènent, en Côte d’Ivoire, nous nous vantons d’être sur le chemin de la démo(n)cratie retrouvée, que l’indice d’insécurité a baissé « jusqu’à 1,18 ». Mais quand on guette les journalistes que diront les gens vers la fin ?

FBI


50 volontaires OIF pour séduire le monde francophone

Le 18 novembre 2014, 50 jeunes (56 % de femmes et 44 % d’hommes) de 18 nationalités, venus de 26 pays de l’espace francophone, issus de la promotion 2014 du programme de Volontariat international de la francophonie (VIF) ont posé leurs valises à Dakar, au Sénégal, pour une session de préparation avant d’aller en mission de 12 mois dans moins de 30 pays, sur les 5 continents.

Les 50 meilleurs jeunes de l’espace francophone (sur 1700 candidatures) ont été réunis à Dakar, capitale du Sénégal, par la Direction de l’éducation et de la jeunesse de l’Organisation internationale de la francophonie (OIF). Ce sont les lauréats du programme de Volontariat international de la francophonie (VIF), lancé par l’OIF depuis quelques années. Logés à l’hôtel ‘’Le Virage’’, depuis le 18 novembre dernier, les VIF de la promotion 2014 n’ont pas eu un séjour de tout repos.

Les VIF 2014 ont suivi plusieurs formations lors de la session de préparation de Dakar. © Théo
Les VIF 2014 ont suivi plusieurs formations lors de la session de préparation de Dakar. © Théo

En marge des activités du 15e Sommet de la Francophonie, qui consacre le départ du secrétaire général Abdou Diouf de la tête de l’organisation le dimanche 30 novembre 2014, les VIF de la promotion 2014 ont reçu plusieurs formations sur des modules, notamment le « Volontariat, l’interculturalité, le leadership professionnel, la communication, l’entreprenariat, le développement personnel, prévention Vih-Sida ». Tout cela, avant d’être projeté dans leurs différents pays de mission ou d’affectation.

12 mois d’expérience à l’étranger !

Echanges entre VIF et l'un des organisateurs du prochain Forum de la langue française en 2015 Liège. © Théo
Echanges entre VIF et l’un des organisateurs du prochain Forum mondial de la langue française en 2015 à Liège. © Théo

Selon Monique Vilayphonh, responsable du programme de Volontariat à la direction de l’Education et de la jeunesse au sein de l’OIF l’objectif de cette formation : « C’est de préparer les Volontaires à vivre une expérience interculturelle, de travailler à l’étranger, d’explorer les différents styles de leadership, d’améliorer leurs aptitudes, d’apprendre à travailler en groupe, de développer les principales qualités et le rôle d’un leader, de préparer un projet professionnel, de mieux connaître la Francophonie et la francophonie ».

La Responsable du Programme VIF à l'OIF. © Théo
La Responsable du programme VIF à l’OIF. © Théo

En clair, ces 50 volontaires sont affectés pour une période d’un an sur les cinq continents. Ils vont avoir l’opportunité de mettre en pratique leurs compétences au service d’un projet qui servira aussi bien leur structure d’accueil que leur propre parcours professionnel et personnel.

Les VIF ont formé des sous groupes pour travailler durant la session de préparation à Dakar. © Théo
Les VIF ont formé des sous-groupes pour travailler durant la session de préparation à Dakar. © Théo

Mais avant, soulignons que les 10 journées des 50 VIF de la promotion 2014, au pays de la Téranga, n’ont pas été rythmées, seulement, par les cours en classe. Le lundi 24 novembre, ils ont été au Grand théâtre national de Dakar, pour prendre part à l’inauguration du village de la Francophonie, par le premier ministre sénégalais Mohamed Ben Abdallah Dione, et l’administrateur de l’OIF, Clément Duhaime. Profitant de l’occasion, le numéro 2 du secrétaire général sortant, Clément Duhaime et le directeur de l’Education et de la jeunesse de l’OIF, Ma-Umba ont rencontré les 50 VIF. Ces deux responsables se sont familiarisés avec les jeunes qu’ils appellent les ‘’futurs leaders’’ de l’espace francophone.

En attendant le départ…

L'Administrateur de l'OIF, Clément Duhaime a rencontré les VIF au Village de la francophonie, en marge du 15ème Sommet à Dakar. © Cyril Bailleul-OIF
L’Administrateur de l’OIF, Clément Duhaime a rencontré les VIF au Village de la francophonie, en marge du 15e Sommet à Dakar. © Cyril Bailleul-OIF

En attendant de rencontrer le N°1 de la Francophonie (avant le choix de Michaëlle Jean), Abdou Diouf, et les opérateurs directs ou partenaires de la Francophonie, notamment TV5-Monde, la Confejes, la Confemen et l’AUF les jeunes volontaires n’ont pas manqué de se fondre dans la capitale pour faire du tourisme.

Les VIF 2014 n'ont pas boudé leur plaisir en allant sur l'île de Gorée. © Théo
Les VIF 2014 n’ont pas boudé leur plaisir en allant sur l’île de Gorée. © Théo

Accompagnés d’anciens VIF, de retour d’une visite guidée sur l’île de Gorée, des sous-groupes se sont constitués, soit pour se rendre au Monument de la renaissance africaine (15 étages), soit pour voir de visu le ‘’Lac Retba’’, plus connu sous le nom de ‘’Lac Rose’’. Un site touristique qui doit sa renommée à sa teinte qui vire du rose au mauve en fonction de l’intensité des rayons solaires.

Après l'île de Gorée, le Lac rose est l'endroit le plus visité au Sénégal. Ph: DR
Après l’île de Gorée, le Lac rose est l’endroit le plus visité au Sénégal. Ph: DR

A écouter certains d’entre eux, « c’est le moment de profiter de Dakar, parce que bientôt ce sera les missions de 12 mois hors du pays ou du continent d’origine où il va falloir bien travailler pour mériter la confiance de son lieu d’affectation». Tout en gardant à l’esprit que « ce qui se passe à Dakar, reste à Dakar« .

Des VIF 2014 au sommet du Monument de la renaissance africaine à Dakar. © FBI
Des VIF 2014 au sommet du Monument de la renaissance africaine à Dakar. © FBI
Le Monument de la Renaissance Africaine (MRA), la nuit à Dakar. © FBI
Le monument de la Renaissance africaine (MRA), la nuit à Dakar. © FBI

Notons que les 50 VIF, de 18 nationalités différentes, iront en mission dans 26 pays francophones. Ils sont considérés comme « la crème des crèmes », dont votre serviteur FBI (la recrue de la Côte d’Ivoire). A en croire, les responsables dudit programme, sur plus de 1700 candidatures reçues, ce sont les meilleurs qui ont été sélectionnés sur la base de leurs compétences, leurs qualifications et leur motivation d’aller à la rencontre d’autres cultures.

Bon à savoir : Michaëlle Jean, nouvelle patronne de l’OIF

C’est la deuxième fois que le Sénégal abrite un Sommet de la Francophonie. Une rencontre qui a eu pour thème « Femmes et jeunes en francophonie : vecteurs de paix et acteurs de développement ». C’est le quatrième sommet en Afrique, après 1989 à Dakar (3e Sommet), 1995 à Cotonou (6e Sommet), 2004 à Ouagadougou (10e Sommet).

A l'ouverture du XVème sommet de la Francophonie à Dakar, une trentaine de chef d'Etat et de gouvernement était présente. © OIF
A l’ouverture du XVe sommet de la Francophonie à Dakar, une trentaine de chefs d’Etat et de gouvernement était présente. © OIF

Si depuis le 24 novembre, les activités du XVe sommet se tenaient officiellement au Grand Théâtre national, baptisé ‘’Village de la francophonie’’, il faut dire qu’elles avaient déjà commencé le 22 novembre avec la compagnie de ‘’Théâtre Royal Luxe’’, parrainée par l’Institut français. Elle animait différents quartiers populaires avec le spectacle ‘’Dakar-Dakar’’, tandis que des compétitions sportives se déroulaient à ‘’Fass’’, ‘’Ouakam’’ et ‘’Pikine’’.

Pour ce qui est de la tenue du Sommet, c’est le Centre international de conférence de Diamniadio (CICD), rebaptisé Centre international de conférence Abdou Diouf (Cicad) par le président Macky Sall, qui a accueilli l’événement mondial, le samedi 29 novembre 2014, à l’ouverture de la rencontre. Un hommage que le numéro un sénégalais a voulu rendre à l’homme d’Etat qui a servi le monde francophone pendant 12 ans (2002 à 2014).

Suite au choix de la canado-haïtienne, Michaëlle Jean à la tête de l'OIF. © OIF
Suite au choix de la Canado-Haïtienne, Michaëlle Jean à la tête de l’OIF. © OIF

Pour sa succession, cinq candidats étaient à la ‘’manœuvre’’. Au cours de la matinée du dimanche 30 novembre, jour de l’élection du nouveau SG de l’OIF, le nom de la candidate canadienne d’origine haïtienne, Michaëlle Jean, était sur toutes les lèvres. Au finish, un consensus s’est fait autour de sa personne. Elle a été élue nouvelle secrétaire générale de l’OIF.

Née en Haïti en 1957, Michaëlle Jean a grandi au Canada où sa famille s’est réfugiée, fuyant le régime Duvalier. Elle a été universitaire, avant de devenir journaliste et animatrice à la télévision publique. De 2005 à 2010, elle a occupé le poste honorifique de gouverneure générale du Canada (renonçant de ce fait à sa nationalité française acquise par mariage).

L’une des premières à se lancer en campagne, elle avait misé sur son profil multiculturel pour gagner. Son projet pour la francophonie est surtout culturel et économique, nous dit-on. Bon vent au successeur de Diouf, qui va devoir mener le combat d’une « francophonie économique », après celui de la diversité culturelle.

FBIYAY

Lien sur la « Stratégie jeunesse de la Francophonie 2015-2022 » adoptée au XVè Sommet de Dakar

Un aperçu de l'article, sur la Session de formation de la Promotion VIF2014 à Dakar, dans le quotidien ivoirien "Le Mandat".
Un aperçu de l’article, sur la Session de formation de la Promotion VIF2014 à Dakar, dans le quotidien ivoirien « Le Mandat ».


L’ONU lance la traque des mercenaires des crises ivoiriennes

Des experts de l’ONU révèlent l’utilisation des mercenaires dans les crises ivoiriennes. Ils exhortent le gouvernement à traquer les auteurs en vue de mettre fin à ce phénomène transfrontalier.

Flash-back sur les années de braise en Côte d’Ivoire. Certes, les crises ivoiriennes sont derrière, mais, les politiques vont ‘’forcément’’ s’inspirer de ces quelques pages sombres et tristes de l’histoire du pays pour éviter de retomber dans les mêmes erreurs. Des agissements du passé qui ont emmené les Ivoiriens à s’entretuer.

C’est dans ce souci d’aider la « terre d’Eburnie » à panser ses plaies, qu’un groupe de travail de l’Organisation des Nations unies donc des experts indépendants ont séjourné durant quatre jours en Côte d’Ivoire. Ce séjour abidjanais a été riche en rencontres avec des membres du gouvernement, des députés, des autorités judiciaires, des représentants de la société civile, la communauté diplomatique et des agences onusiennes.

A l’issue de ces entrevues, Patricia Alias et Anton Katz  du  groupe de travail onusien ont reconnu que lors de la rébellion armée de 2002 et la crise post-électorale de 2010-2011 en Côte d’Ivoire, les parties en conflit ont eu recours à des mercenaires. L’information a été livrée, le vendredi 10 octobre 2014.

Selon eux, « les informations sont très cohérentes, tous les rapports disent qu’il y a eu des mercenaires, des milices et des groupes armés qui ont lutté des deux côtés, pendant les deux crises ».

Des recommandations…

Au dire de ces experts en 2002, sous la présidence de Laurent Gbagbo, une rébellion armée favorable à Alassane Ouattara a coupé littéralement la Côte d’Ivoire en deux parties pendant près d’une décennie. Les élections de sortie en 2010 ont été marquées par des violences ponctuées par une guerre entre forces pro-Gbagbo et forces pro-Ouattara qui ont fait au moins 3 000 morts dans le pays.

Face à une telle situation, le groupe de travail qui affirme n’avoir eu aucune preuve de la présence de mercenaires aux mains de la justice ivoirienne a invité le gouvernement à « renforcer le processus d’enquêtes relatives aux violations des droits de l’homme, à poursuivre leurs auteurs et à s’assurer que les victimes obtiennent réparation ». Tout en insistant sur le ‘’phénomène transfrontalier’’ du mercenariat, le groupe de travail onusien croit savoir qu’il « ne peut être combattu qu’avec l’étroite collaboration avec d’autres pays en particulier les pays limitrophes ».

Pour ce faire, les envoyés des Nations unies ont recommandé à la Côte d’Ivoire et aux pays ouest-africains de « renforcer leur coopération régionale afin de lutter contre les mercenaires et leur impact négatif sur les droits de l’homme ». Non sans recommander, également, l’adoption de la Convention internationale contre le recrutement, l’utilisation, le financement et l’instruction de mercenaires. Ce travail entamé par le groupe onusien vise à présenter un rapport de sa mission avant septembre 2015, au Conseil des droits de l’homme des Nations unies.

FBI


Le jour où j’ai pris les armes de l’armée française…

Après 12 ans, l’Opération Licorne va prendre fin le 31 décembre 2014. Mais les soldats français ne quittent pas le sol ivoirien. On annonce la montée en puissance de la force qui travaillera dans le cadre d’une Force d’intervention d’urgence sous-régionale, à partir de 2015. C’est dans le souci de conserver leur aptitude à un engagement immédiat, que les militaires et journalistes ont été emmenés sur un champ de tir pour une manœuvre militaire. Mon reportage !

Arrivée des journalistes et diplomates, qui pour la plupart ont été transportés par char sur le champ de tir. Ph: FBI
Arrivée des journalistes et diplomates, qui pour la plupart ont été transportés par char sur le champ de tir. Ph: FBI

Lomo Nord. Situé à 4 heures de route d’Abidjan, dans le département de Toumodi, ce village abrite le camp Lieutenant-colonel Saboret (Lcl) de l’Armée française en Côte d’Ivoire. Cette emprise de la force Licorne est un complexe permettant d’effectuer des tirs à toutes les armes (missiles et mortiers 81 et 120) ainsi qu’aux armes de bord jusqu’au canon de 105 mm et à partir d’hélicoptères. C’est sur ce terrain, une savane herbeuse, qu’a lieu ce vendredi 26 septembre 2014, une démonstration de tirs réels des militaires français.

Le colonel Paul Sanzey, Commandant la Force Licorne, donne les consignes aux invités du jour. Ph: FBI
Le colonel Paul Sanzey, Commandant la Force Licorne, donne les consignes aux invités du jour. Ph: FBI

C’est en présence d’une dizaine de journalistes de la presse écrite, de la Radio et de la télévision ivoirienne (Rti), convoyés dans la matinée, que la manœuvre débute pour environ 50 minutes. Dans son mot de bienvenue, le colonel Paul Sanzey, Commandant la Force Licorne, indique que la démonstration de ce jour vise à donner un aperçu d’un mode opératoire possible, la reconnaissance offensive en terrain ouvert, modulable en fonction de la menace identifiée, du terrain et, plus généralement du cadre d’engagement. Il insiste également sur la combinaison des effets des feux et de la manœuvre, qui sont la plus-value d’une armée moderne et la clef de sa capacité de dissuasion conventionnelle.

Effroyable scène…

Avec des casques et jumelles, diplomates et journalistes assistent à la manœuvre militaire. Ph: FBI
Avec des casques et jumelles, diplomates et journalistes assistent à la manœuvre militaire. Ph: FBI

« La séance à laquelle vous allez assister aujourd’hui, est une manœuvre à tirs réels mettant en œuvre l’ensemble de la gamme de moyens dont dispose la Licorne à l’heure actuelle. Organisés pour l’exercice sur la base d’un sous-groupement tactique interarmes à dominante infanterie, ces moyens permettent de remplir une palette large de mission allant de l’assistance aux forces armées ivoiriennes à l’engagement sur des théâtres de combat », explique le Commandant de la force Licorne (Comandfor).

Les tireurs d'élites (Te) ont joué leur partition. Ph: FBI
Les tireurs d’élites (Te) ont joué leur partition. Ph: FBI

Comme scenario, sur le champ de tir, les unités reçoivent une mission de reconnaissance offensive sur un axe situé dans la vallée de Lomo Nord. Le volume de force engagé est celui d’un sous-groupement tactique interarmes, à dominante infanterie avec des appuis. C’est-à-dire : d’une section d’infanterie sur un Véhicule de l’avant blindé (Vab), d’un peloton blindé sur ‘’Erc’’ 90 et Véhicule blindé léger (Vbl). Celui-ci est composé d’une section appui avec un groupe missile Antichar (Milan), d’un groupe mortier de 81 mm et d’une équipe de tireurs d’élite (Te). L’ennemi à rencontrer sera d’environ 80 éléments, avec plusieurs blindés.

En compagnie du Commandant de la Licorne, le ministre ivoirien Paul Koffi, sous le charme de la démonstration. Ph: FBI
En compagnie du Commandant de la Licorne, le ministre ivoirien Paul Koffi, sous le charme de la démonstration. Ph: FBI

Le sous-groupement qui manœuvre, est composé d’unités appartenant au 27ème Bataillon de Chasseurs Alpin d’Annecy (brigade d’infanterie de Montagne) et du Régiment d’infanterie de Chars de Marine de Poitiers (9ème Brigade d’Infanterie de Marine). Il était placé pour la durée de l’exercice, sous les ordres du Capitaine Aurélien de la Soujeole du 27ème Bataillon BCA.

L'ambassadeur du Canada, Chantal de Varennes, prête à prendre une arme. Ph: FBI
L’ambassadeur du Canada, Chantal de Varennes, prête à prendre une arme. Ph: FBI

La manœuvre a consisté, pour lui, à dérouler l’avancée de ses unités sans se laisser retarder. Toute résistance rencontrée devait être traitée immédiatement, et l’action de l’unité relancée au plus vite. Il s’agit, au fond, de bousculer l’ennemi en jouant de la complémentarité des unités et des différentes armes disponibles. C’est ce spectacle aux bruits assourdissants, commenté au fur et à mesure par le Comandfor de la Licorne, qui a été offert aux autorités ayant effectué le déplacement. Au nombre desquels, le ministre ivoirien en charge de la Défense, Paul Koffi Koffi, des ambassadeurs dont Georges Serre de la France en Côte d’Ivoire, Chantal de Varennes du Canada, Davide Tonge de la Grande-Bretagne, et des diplomates de l’Allemagne, de la Belgique, de l’Espagne, des Etats-Unis d’Amérique et de l’Union européenne.

Ce qui m’a marqué !

L'ambassadeur de la France, Georges Serre, face à une arme lourde. Ph: FBI
L’ambassadeur de la France, Georges Serre, face à une arme lourde. Ph: FBI

C’est à la fin de la manœuvre militaire, au moment d’effectuer une visite guidée sur la zone de tir pour avoir une idée précise du matériel de guerre et les hommes qui les manœuvrent, que j’ai pris les armes de l’armée française. Je n’étais pas la seule personne à le faire. D’éminentes autorités que j’ai citées se sont également saisies d’une arme pour, juste, apprécier l’engin mortel fabriqué par les occidentaux. Ainsi, la Licorne venait de nous présenter sa nouvelle force de frappe ! Mais quel intérêt pour nous, la Côte d’Ivoire, de participer à une opération de charme ?

Le ministre ivoirien chargé de la Défense, répondant aux questions des journalistes, à la fin de la manœuvre. Ph: FBI
Le ministre ivoirien chargé de la Défense, répondant aux questions des journalistes, à la fin de la manœuvre. Ph: FBI

A la question des journalistes de savoir si cet exercice de la Force Licorne s’inscrirait dans le sens d’un lobbying pour rééquiper l’armée ivoirienne, qui souhaite la levée de l’embargo sur les armes, le ministre ivoirien en chargé de la Défense a été on ne peu plus clair : « Bien sûr. Nous avons besoin de rééquiper l’Armée ivoirienne, notamment la gendarmerie et la police. Ce sont les forces de première et deuxième catégorie, mais aussi l’armée régulière. La levée de l’embargo est partielle. Mais il y a un armement auquel nous pouvons disposer. Naturellement, il est bien de voir la qualité de ces armes qui ont été mises en œuvre par les soldats de la Licorne ». Vous avez tout compris. La Côte d’Ivoire se repositionne dans les armes…

FBI


Côte d’Ivoire, le projet de candidature unique ne fait pas l’unanimité

L’appel du président du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (Pdci), Henri Konan Bédié, à soutenir la candidature unique du Président Ouattara, candidat du Rassemblement des républicains (Rdr) en 2015, ne fait pas l’unanimité. A travers une déclaration, le Mouvement des forces d’avenir (Mfa), membre de l’alliance au pouvoir, refuse de se laisser dicter une ‘’ligne de conduite’’ sur le sujet.

Cinq jours après avoir « pris acte de la déclaration du Président Henri Konan Bédié », appelant à soutenir la candidature du Président Alassane au sein du Rassemblement des Houphouëtistes pour la démocratie et la paix (Rhdp), le 17 septembre 2014, les choses ont pris une autre tournure au Mouvement des forces d’avenir (Mfa).

Dans une déclaration invitant les membres du Bureau politique à une rencontre « exceptionnelle », le mardi 23 septembre, le parti dirigé par Innocent Anaky Kobenan se dit ‘’indigné’’ par l’« Appel de Daoukro ». Selon lui, le Mfa est ‘’autonome’’ et ne peut se ‘’laisser dicter une ligne de conduite’’ sur un sujet aussi important qu’une présidentielle par le leader d’un autre parti. Surtout, a-t-il souligné, lorsque la direction du MFA n’a été ni informée, ni consultée. Le comble, le discours de Bédié a été prononcé au cours d’une manifestation à laquelle le Mfa dit n’avoir pas été invité. « L’appel de Daoukro ne touche donc pas le Mfa et ne l’engage en rien », a déclaré Anaky. D’ailleurs, l’homme ne s’arrête pas en si bon chemin.

Le président-fondateur du Mfa, qui se dit signataire de l’alliance politique du Rhdp née officiellement le 18 mai 2005 à Paris, croit savoir que la « Convention jumelée du Pdci et du Rdr au sein du Rhdp » annoncée par le Président Bédié jette « le trouble dans ta lecture politique du parcours du Rhdp depuis la victoire aux élections présidentielles de 2010 et surtout depuis le 11 avril 2011 où le pouvoir d’Etat est revenu effectivement à Alassane Ouattara, élu avec l’appui de tout le Rhdp ». Et, à l’ancien député de Kouassi-Datékro de s’interroger : « Daoukro ne vient-il pas confirmer, par la voix autorisée du Président Konan Bédié, que le Rhdp nouveau, se ramène qu’aux seuls deux partis, le Pdci et le Rdr ? ».

Que de récriminations…

En 2010, le Rhdp a fait gagné le président Ouattara. Ph; Dr
En 2010, le Rhdp a fait gagné le président Ouattara. Ph; Dr

C’est pour tenter de trouver des réponses appropriées que l’ancien ministre des Transports va convier ses ‘’camarades’’ du Bureau politique du Mfa à ‘’se prononcer sur la présence du Mfa en tant que parti politique au sein du Rhdp’’. « Tu devras le faire librement, sans aucune contrainte, et sans te laisser brider par des considérations matérielles ou pratiques qui ne font jamais avancer ni les partis politiques, ni les Etats. (…) Camarade, même si le parti pris inique à l’endroit du Mfa alimente chez toi une colère et une indignation totalement légitimes, tu devras faire l’effort de dépasser le marigot du partage des dépouilles pour te placer dans un cadre purement politique et national ; car c’est d’abord et avant tout, l’intérêt de la Côte d’Ivoire et de ses populations, surtout les plus modestes et démunies, qui ont toujours porté le Mfa », indique-t-il dans la déclaration publiée le lundi 22 septembre.

Au dire du président Anaky, cela fait plus de deux années que trois des partis de l’alliance Rhdp (Pdci, Mfa, Udpci) réclament des « réglages » au chef de l’Etat, Alassane Ouattara. Car, a-t-il dénoncé, l’option initiale de « rattrapage » a fait la part « abusivement belle » au Rdr et à ses alliés dans le partage effectif des responsabilités au sein de l’appareil d’Etat. « C’est à cette aune que tu es à ce jour invité à évaluer l’alliance du RHDP aujourd’hui au pouvoir et à laquelle le MFA appartient. Mais nos soucis sont-ils également partagés ? Sommes-nous sensibles aux mêmes frémissements de notre société et de notre peuple ?», s’est doublement questionné le N°1 du Mfa.

Il déplore le fait que ni le chef de l’Etat, ni le Président Bédié, président du Présidium du Rhdp, n’ont évoqué un quelconque manquement du Mfa ou de ses dirigeants à la longue lutte commune dans l’opposition, entre 2005 et 2010, « le Mfa n’a été associé en rien à l’exercice du pouvoir Ouattara/Rhdp, en dépit des nombreuses interpellations ». Et pourtant, révèle Anaky : « le 26 novembre 2012, lors de sa tournée dans le Zanzan, le Président Alassane Ouattara, à l’escale de Koun-Fao, a assuré qu’il n’y avait aucun problème entre le président du MFA et lui. Mais rien n’a suivi jusqu’à ce jour, deux autres années plus tard ».

En attendant les conclusions de son Bureau politique de ce jour, le Transitaire tient à rappeler que « c’est à la Convention du parti, prévue fin 2014, que le Mfa adopterait une décision quant aux élections présidentielles à venir, étant entendu, qu’a priori, et comme pour toute formation politique digne de ce nom, l’option de base est la présentation d’un candidat propre aux élections ».

FBI


Tournée présidentielle, Ouattara sort l’épée

Suite au retrait prématuré du parti de Laurent Gbagbo de la Commission électorale, le chef de l’Etat Alassane Ouattara, menace de faire organiser l’élection présidentielle de 2015 par le ministère de l’Intérieur.

Après moult tergiversations, le principal parti d’opposition de Côte d’Ivoire, le Front populaire ivoirien (FPI) a décidé de se retirer de la Commission électorale indépendante (CEI). A l’issue d’un ‘’vote serré’’, organisé le samedi 13 septembre 2014, par le Comité central du FPI, 53 % (138) des partisans de l’ex-président Laurent Gbagbo contre 47 % (119) ont dénoncé l’élection de Youssouf Bakayoko à la présidence de la CEI.

Arrivée du Président Ouattara à Daoukro. Ph: Abidjan.net
Arrivée du président Ouattara à Daoukro. Ph: Abidjan.net

Alors que la première vice-présidente de l’Alliance à laquelle appartient le FPI, l’AFD (Alliance des forces démocratiques), Danièle Boni Claverie, avait déclaré, un peu plus tôt, lors d’une conférence de presse qu’il n’est pas question pour eux de ‘’démissionner’’ ou de ‘’quitter’’ la CEI. « Tant que nous n’aurons pas été entendus, nous suspendons la participation de nos représentants (FPI et AFD, ndlr) aux travaux de la Commission. Il ne s’agit pas pour eux de démissionner ou de quitter la CEI. Pour l’heure, l’alliance reste ouverte à toute reprise des discussions. Nous souhaitons que le gouvernement veuille bien respecter ses engagements et que tous les discours officiels sur la transparence ne demeurent point au stade des intentions ». Malgré cet « engagement »de l’ancienne ministre de la Communication ivoirienne, le parti fondé par Laurent Gbagbo a claqué la porte de la CEI pour de bon ! Une attitude qui fâche le président de la République, Alassane Ouattara.

Les caciques du Fpi, lors d'une Convention au Palais de la culture de Treichville.
Les caciques du FPI, lors d’une Convention au Palais de la culture de Treichville.

Dans la région du Iffou, où il était en tournée, le numéro 1 des Ivoiriens n’a pas porté de gants pourassener ses vérités à l’opposition. Répondant à ses ‘’détracteurs’’, notamment le FPI, qui pensent que le « malheur » est arrivé en Côte d’Ivoire (en 2010) par la faute de Youssouf Bakayoko, le chef de l’Etat dit « heureux » de la réélection de celui-ci à la présidence de la CEI. Puis, il a tapé du poing sur la table. L’ancien directeur général adjoint du Fonds monétaire international (FMI) a surtout demandé à l’opposition d’arrêter d’intoxiquer les populations ivoiriennes à ce sujet. « En cessant de faire croire que M. Youssouf Bakayoko est à la base de la crise postélectorale que notre pays a connue ». Pour lui, Youssouf Bakayoko, ancien ministre des Affaires étrangères, qui a été nommé à la tête de la Commission électorale, en février 2010 par Laurent Gbagbo, est un diplomate chevronné et expérimenté qui a fait du bon travail à la tête de la CEI.

 

En 2010, les partisans de Laurent Gbagbo ont tenté de bloquer les résultats de l'élection présidentielle. Ph: Dr
En 2010, les partisans de Laurent Gbagbo ont tenté de bloquer les résultats de l’élection présidentielle. Ph: Dr

Bien que les lieutenants de l’ex-président ivoirien, à La Haye, lui avaient pointé le fusil sur la trempe, révèle Alassane Ouattara, l’homme a pris son courage à deux mains pour donner les « bons résultats » de la présidentielle de 2010. « On lui a mis un fusil sur la trempe pour l’obliger à donner de faux résultats. Il leur a dit : « Mais si vous me tuez, qui va donner les résultats ? ». C’est comme ça qu’il a échappé à la mort et ensuite il a été exfiltré et a donné les résultats », rapporte un communiqué du service communication de la présidence ivoirienne rendant compte d’une audience accordée aux cadres et autorités traditionnelles du Iffou par Alassane Ouattara le lundi 15 septembre à Daoukro, dans la résidence de son allié au sein du RHDP (Rassemblement des Houphouétistes pour la démocratie et la paix), Henri Konan Bédié.

D’ailleurs, tout en plaidant pour un second mandat, le cinquième président de la République de Côte d’Ivoire a menacé de mettre fin à la mission de la CEI en confiant l’organisation des élections au ministère de l’Intérieur, si l’opposition continue de faire montre de sa ‘’mauvaise foi’’. Car, au dire du président Ouattara, « il n’existe pas de Commission électorale dans une démocratie ». Selon lui, « la Commission électorale est créée dans les pays en crise, les pays où il est nécessaire de mettre tout le monde ensemble pour palabrer« . Or, en Côte d’Ivoire, croit savoir Ouattara, il n’y a plus de palabres. « (…) Les élections de 2010 ont été reconnues par la communauté internationale et si ça continue, je laisse de côté la Commission électorale et je demande au ministère de l’Intérieur d’organiser les élections ».

Meité Ben Rassoul, partisan de ''Ib'', en exil au Ghana. Ph: Dr
Meité Ben Rassoul, partisan de  »Ib », en exil au Ghana. Ph: Dr

Cette réaction du président Ouattara, n’a pas laissé de marbre certains de ses concitoyens en exil au Ghana, à Tema. Très remonté, Timité Ben Rassoul, l’un des fidèles du sergent-chef Ibrahim Coulibaly alias ‘’Ib’’ (tué à Abobo pendant la crise postélectorale) ne croyait pas dénoncer la ‘’nouvelle posture’’ du chef de l’Etat, qui sort, désormais, du ton mesuré en brandissant l’épée contre l’opposition. « Les propos tenus hier à 19 h30 le 16 septembre 2014 par le P.R. Ouattara me désolent. Je refuse de croire qu’il était sincère en affirmant que si le FPI, la société civile et l’Eglise catholique se retiraient de la CEI, qu’il demanderait au ministre de l’Intérieur d’organiser les élections. Je note qu’une telle affirmation ne reflète pas sa personnalité encore moins sa volonté de réconcilier les Ivoiriens. J’ai l’impression que de nombreux conseillers de Ouattara ont peur de le conseiller. Ou bien Ouattara ne les écoute pas, ou bien les gens se résignent à le conseiller. Si j’étais l’un de ses conseillers, il y a certainement longtemps qu’il m’aurait chassé », martèle Ben Rassoul, sur sa page Facebook.

Pour lui, ‘’la disparition de la CEI constituera un repli démocratique’’. L’ex-compagnon d’Ib pense que « ni la société civile, ni l’Eglise catholique n’étaient dans la CEI qui a porté Ouattara au pouvoir ». Comme quoi, « l’opposition ne se limite pas au FPI ». « Autant de faits qui me renforcent dans la conviction que prononcer de tels discours choquants est oiseux et inopportun…même s’il reste entendu que Ouattara mérite un deuxième mandat ». Sans commentaire !

FBI


Côte d’Ivoire: les hommes de Ouattara donnent un « mauvais signale » avant 2015

C’est terminé. Le parti du président Alassane Ouattara, le Rassemblement des républicains (Rdr), a bouclé le vote de ses secrétaires départementaux, le samedi 6 septembre 2014. Au total, ce sont 120 nouveaux ‘’soldats’’ qui ont été élus par les militants du parti au pouvoir pour un nombre d’année indéterminé. Malheureusement, cette élection interne, qui devait sonner la mobilisation des militants du Rdr, à 13 mois de la présidentielle de 2015, a enregistré un faible taux de participation. Retour sur ce qu’on pourrait qualifier de boycott.

Rideau sur l’élection des nouveaux secrétaires départementaux du Rassemblement des républicains (Rdr). Dans l’ensemble, selon la direction du parti au pouvoir, le scrutin s’est déroulé dans de « bonnes conditions ». Or, il y avait trop de récriminations sur « la ‘’vieille’’ liste électorale (celle de 2008) qui a été imposée par le ministre Kafana Koné Gilbert, Secrétaire général adjoint chargé de l’organisation, de l’administration et du patrimoine ».

Cependant, le suffrage exprimé, par rapport au nombre d’inscrits, n’était pas l’effet escompté. L’on a assisté à une sorte de boycott de la part des électeurs, plutôt qu’à une mobilisation. Comme si l’enjeu n’était pas de taille. Alors que 239.000 électeurs étaient attendus, sur l’ensemble du pays, pour le renouvellement des premiers responsables locaux du parti Orange.
Ces derniers, bien que connus d’avance, à savoir « les commissaires politiques, les responsable Rjr, Rfr, les membres des bureaux de section et les 6 membres de chaque Comité de base » n’ont pas effectué le déplacement comme il fallait s’y attendre dans les bureaux de vote. A en croire une source proche de la direction du Rdr, à la rue Lepic, « la moitié des 239.000 électeurs n’ont pas voté ». Vrai ou faux ?

Le vide constaté…

Les militants du Rdr ne se sont pas mobilisés pour l'élection de leur responsable locaux. Ph: Dr
Les militants du Rdr ne se sont pas mobilisés pour l’élection de leur responsable locaux. Ph: Dr

A la vérité, le vide constaté le jour du vote dans plusieurs grands départements, considérés comme le bastion du Rdr, confirment l’assertion de notre source. A San-Pedro par exemple où il y avait 6 candidatures, sur 3.451 inscrits, seulement 749 ont pris part au vote, qui s’est soldé par la victoire de Bamba Mamadou. Même si le taux de participation s’est donc avéré très faible avec 22,97% dans la cité balnéaire.

Pareil du côté d’Abobo, l’une des grandes communes d’Abidjan avec un grand nombre d’électeurs. Sur les 10.639 inscrits dans la commune martyre, seulement 2.461 électeurs ont voté, dans les 7 lieux de vote, soit un taux de participation de 23,13% pour départager les 9 candidats en lice pour le poste de secrétaire départemental. Où, la liste ‘’Emergence’’ conduite par Yéo Klotcholoma a eu le dessus.

C’est tout comme à Yopougon. Seulement 27,7% des 10.604 électeurs se sont rendus dans les six lieux de vote pour choisir leur nouveau chef. Enfin de compte, Imbassou Ouattara a été réélu comme secrétaire départemental du Rdr. Même son de cloche du côté de Cocody. Dans cette commune chic, où 8 candidatures se sont déclarées, ce n’était pas la grande affluence. Les militants n’ont pas répondu à l’appel du parti. Seulement 24,5% des 1.126 inscrits ont fait le déplacement dans les bureaux de vote. L’élection s’est soldée par la victoire de la liste ‘’Réconciliation et nouvelle gouvernance’’ conduite par Diaby Ben Idrissa ET Koalla Célestin.

…rime avec les faibles taux!

Même ton à Adjamé. Sur les 4.000 électeurs, seuls 1.500 ont jugé le bien-fondé de cette élection du nouveau secrétaire départemental, en allant voter les 4 candidats. Ce qui, finalement, a vu la victoire de Soumahoro Farikou. Adiaké ne fait pas l’exception. Sur les 581 inscrits, 280 électeurs ont accompli leur devoir, soit 48,19% de taux de participation. Ce sont donc 42% des 581 qui ont choisi Kacou Edouard, candidat à sa propre succession, comme leur secrétaire départemental.
A Botro, sur un total de 787 inscrits, seulement 301 ont pris effectivement part au vote, soit un peu plus de 30% du suffrage exprimé où Kouadio Yao s’est taillé la part du lion. Il en est de même à Bouaké, dans cette grande localité où 7 candidats étaient en lice, le suffrage exprimé n’a été que de 27% avec l’élection de Ba Karamoko. Du côté de Yamoussoukro, la capitale politique, on s’attendait aux 2.200 inscrits. Mais seulement 758 ont exprimé leur vote, soit 34,45% de taux de participation.

A l’exception de quelques localités comme Toumodi avec 869 inscrits, 827 ont décidé de voter à 100% Mme Tamini Adjoua N’Gôh, soit un taux de participation élevé à 95,17%. Comme on le voit, dans la quasi-totalité des 120 localités à pourvoir, il n’y a pas eu d’engouement véritable pour l’élection des secrétaires départementaux du Rdr. Qu’est-ce qui peu bien expliquer cela ? Pourquoi les militants sont restés couchés, au lieu d’aller voter ? Devant autant d’interrogation, des proches de Ouattara ont trouvé quelque chose à dire. Et selon eux, la raison de ce ‘’boycott’’ est toute simple : « c’est parce que le jeu était pipé dans plusieurs endroits. La liste électorale était favorable aux anciens départementaux, candidats à leur propre succession ».

Qu’est-ce qui a provoqué ?

Dans la ‘’Cour commune’’, une fora du Rdr sur Facebook, gérée par l’honorable Mah Sogona Bamba, Alayi Konarey est sans appel. Selon ce « adorateur, qui « adore » Alassane Dramane Ouattara », la direction du Rdr a fait la part belle aux départementaux sortants en refusant d’actualiser la liste électorale qui date de 2008. « Devant cette situation, l’on est amené à se demander si les élections départementales ne vont pas au contraire cristalliser les positions », s’est interrogé Alayi Konarey.

Les statistiques des élections, publiées par le journal proche du Rdr, Le Patriote. Ph: Dr
Les statistiques des élections, publiées par le journal proche du Rdr, Le Patriote. Ph: Dr

A l’en croire, la plupart des secrétaires départementaux, candidat à leur propre succession, ont été élus sur la base de l’ancienne liste électorale. « En effet, les sortants qui étaient pour la plupart décriés par la base ainsi que leurs bureaux sont ceux-là mêmes qui étaient appelés à aller voter et qui constituaient le collège électoral. Dans ces conditions, peut-on croire que la direction voulait réellement donner le pouvoir aux militants de base?», s’est encore interrogé Alayi Konarey, avant de répondre en ces termes :

« Assurément non et je gage que les jours à venir me donneront raison car une bataille s’engagera entre les militants de base et leurs « responsables » qui sont réhabilités par une liste grâce à laquelle des morts ont voté, des personnes ont commis un délit d’usurpation d’identité et des militants moyennant des sommes d’argent ont accordé leur suffrage donnant ainsi une nouvelle habitude aux militants qui désormais demanderont, ce qu’on leur donne pour aller voter », a décrié l’internaute proche du pouvoir Ouattara.

Au dire de Alayi Konarey « les élections départementales, avec une liste favorable aux sortants est simplement le meilleur moyen que la direction a trouvé pour diviser les militants et réhabiliter tous les anciens départementaux partis en indépendants ». C’est à croire que le boycott observé par les militants à travers cette élection des départementaux démontre qu’ils n’étaient pas en phase avec la plupart des prétendants et la direction du parti.

Et pourtant, le parti du président Ouattara, le Rdr, s’attendait à une forte mobilisation de ses militants pour donner les prémisses d’une éventuelle réélection de leur mentor. A cette allure, faut-il s’attendre à une surprise en 2015 ? Le moins qu’on puisse dire, le Rdr doit revoir sa copie à l’endroit des militants au risque de préparer un fiasco. Sinon, comme aimait à dire l’ex-président Gbagbo, « le temps est l’autre nom de Dieu ».

FBI