Moussa Magassa

La belle mère à la barre

Victime d’abus de confiance et de voie de fait, Kiatou D traîne les enfants de son défunt mari devant le tribunal de la commune II du district de Bamako. La plaignante se défend comme elle peut face à des héritiers décidés à la mettre à la porte.

La confiance ne s’accorde plus aisément de nos jours. Elle peut donner souvent lieu à un procès lorsqu’elle est abusée. Habillée dans un ensemble orange et un foulard bleu tombant sur son épaule gauche, Kiatou D dans un geste désinvolte replace son sac sur son épaule droite toutes les cinq secondes. Très excitée, elle s’adresse au juge Mamadou Sylla assis de l’autre côté de la barre. « Apres la mort de mon mari, j’ai remis sa carte bancaire à Aboulaye T, son fils aîné pour qu’il la garde en sécurité. J’ai appris plus tard, qu’il a retiré chaque mois la pension de son père sans que je ne le sache », explique Kiatou D. « Ah bon ? » laisse entendre le juge qui reprend ensuite les dits de Kiatou D pour que le public comprenne clairement la situation. « Merci ! C’est exactement ça ! », reprend Kiatou D comme pour signifier au juge qu’il est bien dans les faits. De temps en temps, Kiatou D murmure dans les oreilles du plus jeune de ses avocats. Elle l’aide surement a bien préparé sa défense. « Sa sœur, elle me mène la vie dure chez moi », affirme la plaignante. Un ronronnement assourdissant parcours la salle d’audience. « Silence ! », égosille le garde debout devant la porte d’entrée.

Barre des témoins du tribunal.

Moussa T dit Boua est décédé en avril 2013 en France où il s’est rendu pour les soins. Marié à Kiatou D en 2008 avec qui il n’aura pas d’enfant, Boua est décédé pendant sa retraite. Par le passé, le défunt a eu deux familles ; une au Mali et une autre en France. Divorcé d’avec sa première épouse depuis 1977, Moussa T a eu quatre enfants avec sa première femme dont Aboulaye T.

Kiatou D continue, « depuis la mort de Boua, personne ne s’est jamais préoccupée de moi. Ma nourriture, mes frais d’électricité, j’ai dû y faire face moi-même. Pendant, ce temps, Aboulaye T retire chaque mois la pension de mon mari », assène-t-elle. Plus de 6 millions de Fcfa précisément soit 400 000 Fcfa chaque mois depuis avril 2013, indique l’assignation élaborée par les avocats de la plaignante. « Ce n’est pas tout, lui (Aboulaye T) et sa sœur Kadiatou T, (debout également à la barre au côté de son frère) veulent me faire quitter la maison où j’ai vécu tout ce temps avec Boua », déclare-t-elle en pointant l’index droit en direction de Kadiatou T qui sans lui jeter un regard, hoche lentement la tête en signe de protestation. La plaignante ne s’arrête pas pour autant, « elle vit chez moi et m’a interdit l’accès à la cuisine. De mèche avec Aboulaye, elle m’a coupé l’électricité. J’ai dû m’installer un nouveau compteur »,  « Ah bon ? » questionne du regard le juge. Et de reprendre une fois de plus les dits de la plaignante. « Merci ! », enchaîne Kiatou D, visiblement satisfaite que le juge partage ses émotions. Encore fallait-il s’en assurer. Elle enchaîne, « elle m’a rendu la vie infernale, infernale et infernale », assène-t-elle en défiant Kadiatou T du regard. « Oh là madame, c’est à moi que vous devez vous adresser et à personne d’autre. On n’est pas dans une arène ici alors modérez vos propos ! », rappelle à l’ordre le juge. « D’accord maître ! Pardon !», s’excuse-t-elle. « C’est président ! » reprend le juge. « D’accord, d’accord président », reprend-t-elle au bout d’un sourire forcé. « Avez-vous des questions maîtres ? », lance le juge aux avocats de la défense qui en cœur répondent ensemble « non ! »


La drague : l’autre visage du jeune malien

A Bamako, les demoiselles foisonnent les rues. Toutes aussi belles que coquines, elles ne sont pas toutes faciles à approcher la première fois. Plus qu’un comportement, la drague est un art dans ce pays où les demoiselles n’ont plus confiance aux mecs.

« Je ne suis pas intéressée, je n’ai pas ton temps, arrête de me harceler » sont des phrases qui arrêtent net Hamidou dans ses tentatives de séduction à Bamako. Comme lui, nombreux sont les jeunes hommes qui se font rejeter en longueur de journée par les belles demoiselles de la capitale affectueusement appelées « Bamako jolie den » pour leur charme unique en Afrique et dans le monde.

Très mobiles, elles sont dispersées à Bamako : dans les restaurants, à la bibliothèque, au marché, à la piscine et même en circulation, il est impossible d’échapper à la tentation de ces créatures méticuleusement sculptées par Zeus et Cupidon. Rayonnantes tel le soleil de midi, les filles de Bamako sont aussi attirantes que la fleur pour l’abeille ! Pourtant, les approcher pour la première fois nécessite un savoir-faire à la fois ingénieux et sans reproche. Comme le dit Bintou, journaliste, « la première impression compte énormément ».

Scène de drague à Bamako. Crédit Photo Jeuneivoiromalien
Scène de drague à Bamako. Crédit Photo Jeuneivoiromalien

Aussi banale soit la drague, elle est pourtant difficile par moment. « Il faut se poser mille questions avant d’effectuer le premier pas », explique Sékou Toure, agent comptable, « sinon tu risques de tout rater dès le début. Pour éviter de souffrir il faut se renseigner » explique le spécialiste. Pour Bintou, c’est un fait, « personnellement, il y a des comportements que je ne tolère pas », témoigne celle qu’on appelle la « Bibiche » connue pour rendre fous ses prétendants. D’un air sérieux Bibiche explique qu’elle a horreur d’un mec qui se vante ou qui lui offre une grosse somme dès la première rencontre. « Ça prouve qu’il n’est pas sérieux », lance-t-elle.

Taquine et espiègle, Mimi est une fille touareg au teint clair. Quand elle sourit elle fait des victimes. Un corps superbe à la forme de guitare, Mimi ne passe jamais inaperçue. « J’adore sentir les yeux m’épier, ça m’excite ! explique-t-elle. Son secret : « je ne blague pas avec mon style », dit-elle. Emmitouflée dans son voile, Mimi s’asperge généralement de fragrance fleurie. Un fard à paupières par-ci, un lip gloss par-là qui donne à ses lèvres une sensualité qui ne laisse personne indifférent. Grâce à sa méthode, les hommes s’entichent facilement  d’elle. Une fois que s’est fait, elle les utilise et les jette plus tard comme une vielle serviette usée. Pour elle, tous les hommes sont les mêmes. Elle résume la gente masculine à deux mots : « malhonnêtes et infidèles ». Comme le pense Hamidou une femme comme Mimi n’est pas une proie facile. Pour ce jeune homme, toutes les femmes se valent : « elles sont toutes des proies faciles, il suffit juste de savoir comment faire » explique-t-il.

Le secret d’Hamidou c’est le sourire, « je souris à toutes les filles qui m’intéressent. Si le sourire est partagé alors je fonce » raconte-t-il. Par ailleurs, il ajoute qu’il faut au préalable avoir un un véhicule afin de mettre toutes les chances de son côté, « et si vous travaillez dans une entreprise reconnue, ça marche à coups sûr », témoigne Hamidou.

Ousmane Dansoko, journaliste, explique quant à lui qu’il y’a une différence entre les Maliennes et les étrangères, « les Maliennes n’aiment que l’argent et rien d’autre». C’est pourquoi, il emploie une autre méthode avec les étrangères, « avec elles, il faut être soigné dans son habillement, être cohérent dans ses dires. Peu importe si vous êtes pauvre» raconte-t-il, « ce qui n’est pas le cas avec les filles ici », se presse-t-il d’ajouter.

A Bamako comme dans plusieurs villes d’Afrique, les jeunes filles et les mecs se regardent avec méfiance. Chacun est sur ses gardes et croit être le plus malin. Du coup, plus personne n’accorde sa confiance facilement. Face aux réalités du terrain, face à la diversité des demoiselles, la drague est devenue un art difficile à Bamako. Les obstacles qui se dressent dans l’atteinte des objectifs fixés ne sont pas toujours faciles à contourner. Comme le dit l’autre, il faut s’attendre à tout lorsque tu décides de déplier le tapis de séduction devant une demoiselle à Bamako. Soit elle vous aime tel que vous êtes (très rare), soit elle vous use juqu’à ce qu’il ne reste plus rien de votre personne. La victime termine ainsi le nez dans sable et la face au soleil.


Foutez la Paix à la Libye!

Trop c’est trop! Que la France, les USA et la Grande Bretagne arrêtent de foutre leur merde partout! Après le ballet de Nicolas Sarkozy dépeint comme « le président français le plus pro-américain depuis la Seconde guerre mondiale », place aux idéaux démesurés de Barack Obama pour semer  la terreur dans ce pays autrefois tranquille.

Bon Dieu! que veulent ces puissances à la Libye? Attirés par l’odeur du pétrole de très bonne qualité, ces pays dits « exemples de démocratie » continuent de recourir à des stratagèmes peu orthodoxes pour s’adjuger la manne pétrolière des Libyens comme ce fut le cas en Irak et en Afghanistan. Après avoir participer à l’assassinat du Colonel Kadhafi à travers la reconnaissance Conseil national libyen (CNL) comme seul représentant légitime du pays, ces puissances sans vergogne continuent de mettre le feu à la poudre en Libye. Sans surprise, l’Union Africaine dirigée par ces esclaves des temps modernes (chefs d’Etat africain), n’a même pas cligné des yeux lorsque la CIA montait et organisait la destitution de Kadhafi. De toutes les manières, il est claire qu’on ne peut rien attendre d’une organisation pareille, aujourd’hui dirigée par Idriss Deby Itno, critiqué par le peuple tchadien qui lui reproche sa mauvaise gestion. Mais ça, c’est un autre sujet. Pour revenir à la Libye, les manœuvres de puissances occidentales ont occasionnées tuerie en masse et instabilité. Plus personne ne vit normalement en Libye, certains dans la mesure du possible tentent d’y survivre. Même là, certains pays continuent d’y foutre leur nez! Des bombardements par ci, des affrontements par là. Des familles divisées, endeuillées, des enfants devenus orphelins etc. apparemment ce n’est toujours pas suffisant pour ces puissants! Mais moi, je crois que oui! A moins qu’ils souhaitent que la Libye disparaisse de la terre. Franchement, je suis dégoûté de tous ces coups bas pour des intérêts dépourvus de toute humanité.

On s’offusque lorsque des individus indignés choisissent les armes comme moyen de se faire entendre. On oublie qu’on les oblige très souvent à choisir cette voie. Il faut que ces grandes puissances comprennent que lorsque la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme flanque en son article premier que : «tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits», les peuples moins développés ne sont pas exclus y compris la Libye, Syrie, Afghanistan etc. On en a marre qu’ils utilisent, ces termes que seulement, lorsque ça les arrangent. Personnellement, j’en ai plus qu’assez de toute ces manœuvres illégales. Foutez donc la paix à ce pays qui tente difficilement de construire un avenir radieux pour la future génération. Il y a tellement de secteur dans lequel, la France, USA et Grande Bretagne peuvent investir pour satisfaire leurs intérêts (TIC, le nucléaire etc.) alors foutez la paix à la Libye. Laissez ce peuple surmonter leur difficulté, en nettoyant eux même, la merde que vous avez laissez.

Ville de Benghazi, Libye, 24 avril 2016. Photo AFP
Ville de Benghazi, Libye, 24 avril 2016. Photo AFP

En Afrique comme au Maghreb, on a compris vos intérêts pour la promotion de la démocratie même si nombreux sont encore les puissances européennes qui sont loin d’être des exemples de démocratie. On n’accepte que vous brandissez  au fronton de nos États, « respecter les droits de l’homme », mais je n’accepte pas que ces puissances alimentent des guerres dans nos pays. Je suis certain, qu’aucun individu qui tient à son continent, n’accepterait pareil agissement y compris les citoyens français, américains ou anglais. Alors, encore une fois, foutez la paix à la Libye.


« Train littéraire », première escale de la littérature africaine à Bamako

Lorsque Grand Corps Malade, slameur et poète français, a relaté dans son tube le « voyage en train » toutes les étapes importantes de l’amour, il n’a sûrement pas pensé que son texte inspirerait des amoureux de la littérature, nichés dans un continent lointain du globe. Encore moins des écrivains maliens.

C’est pourtant ce tube qui a inspiré la création d’une activité littéraire dénommée « Train littéraire » à Bamako, la capitale malienne. Initié par Birama Konaré, promoteur de Binthily Communication et fils de l’ancien président Alpha Oumar Konaré, « Train littéraire » se veut une activité 100% littéraire. Premier dans son genre au Mali, il se tient désormais chaque dernier jeudi du mois. Je rappelle que Birama Konaré est lui-même écrivain. Le jeune auteur a écrit plusieurs œuvres, dont la dernière a été publiée récemment aux éditions L’Harmattan. Il s’agit de la nouvelle Les marguerites ne poussent pas dans le désert. Issu d’une famille qui partage le goût de l’écriture, notamment du côté de sa mère, Adame Ba Konaré, elle-même auteure, Birama Konaré souhaite, à travers ce concept, donner de la visibilité aux auteurs maliens, y-compris les jeunes auteurs en quête de modèle. Dans une salle aménagée pour l’occasion, au premier étage du restaurant « la Gare », sise Bamakocoura, non loin de l’hôtel de ville, s’est tenue la première activité « Train littéraire » ce jeudi 28 juillet. Sur les murs de la salle de réception, sont estampillés les noms de grands auteurs maliens et étrangers ; tous ceux qui ont marqué de près ou de loin la littérature africaine. De Maryse Condé à Léopold Sédar Senghor, en passant par Aimé Césaire, l’esprit de tous ces grands auteurs semble se retrouver dans cette salle devenue désormais le point de rendez-vous des rencontres littéraires à Bamako. A bord du train pour le premier voyage littéraire, un grand nombre d’invités, tous piqués par le virus de la littérature. Un seul critère pour participer au « train littéraire » : « il faut uniquement que votre œuvre ait été publiée par une maison d’édition », précise Birama. Pour un début, les auteurs maliens sont prioritaires.

La première oeuvre présentée lors du train littéraire. Ecrit par N'diaye Bah
La première oeuvre présentée lors du train littéraire. Ecrit par N’diaye Bah

« La Saga des Rois Maudits » ou « le Cimetière des Illusions ». Ancien ministre de l’artisanat et du tourisme (2002-2011) sous le régime du président Amadou Toumani Touré, N’Diaye Bah est le premier auteur malien convié à bord de ce voyage littéraire. Auteur du roman la « Saga des Rois Maudits » ou « le Cimetière des Illusions », paru en 2016 aux éditions L’Harmattan, l’auteur développe un style classique et clair pour relater des faits à cheval entre deux mondes : le vécu et la fiction. Dans son œuvre, il pose la problématique de la bonne gouvernance en Afrique, qu’il nomme en Bambara « le Fasoba ». Un récit, axé sur le mode de transmission de pouvoir en Afrique, interpelle le lecteur sur les événements qui ont marqué l’histoire politique du « Fasoba », émaillée de vive contestation de part et d’autre. L’œuvre est aussi un éveil de conscience pour la nouvelle génération et une source de leçons pour les nouvelles autorités africaines.


Bamako : les flics véreux foisonnent nos rues

Des rues non bitumées, des feux tricolores dysfonctionnels, des panneaux de circulation invisibles, aucun panneau d’éclairage. Pourtant un agent de police véreux se cache derrière une foule impressionnante d’usagers. Il attend sagement sa proie : les conducteurs de moto. Telle est en général, l’image de la circulation dans la capitale malienne.

Comme d’habitude, cela ne gêne personne. On contribue même par ignorance à encourager l’augmentation des flics marrons. Selon un sociologue, la majorité des jeunes qui postulent chaque année au concours d’entrée à la Police n’ont qu’un seul objectif. Ils souhaitent tous finir au bord des routes où ils feront pis que leurs aînés, c’est à dire racketter le plus de personne possible ; en général, les conducteurs de moto Jakarta (modèle de moto apprécié des Maliens).

Un scène de corruption flagrante au grand marché de Bamako. L'usager tend un billet à l'Agent de Police. Crédit photo Malijet
Un scène de corruption flagrante au grand marché de Bamako. L’usager tend un billet à l’Agent de Police. Crédit photo Malijet

Comment ça marche ?  Certains agents de police, à travers leurs agissements, sont la preuve palpable que le Mali est loin d’être un pays sérieux. Déployés sur les artères où la circulation est plutôt dense à longueur de journée (le grand marché d’Haraïda, l’artère principale de Magnamougou, le 3è pont de Moussabougou), nos agents de Police se frottent très souvent les mains pendant leur service. Toutes les occasions sont bonnes pour ces hommes en uniforme de se faire de l’argent. Si la logique voudrait qu’un agent de Police déployé sur le terrain se tienne dans une position visible et dissuasive afin d’éviter que les usagers ne violent le code de la route, à Bamako, c’est le contraire. Dans son uniforme bleu et noir, le policier Bamakois préfère plutôt se cacher derrière la foule dans les grands marchés ou il décide simplement de se mettre derrière une pancarte vétuste hors d’usage sur les grands artères. Il y a lieu de se demander ce qu’il fait dans cette posture. C’est simple : c’est un agent aussi véreux et vicieux que le chef de poste qui lui a notifié de se positionner là afin de racketter le maximum de conducteurs de moto. Le sifflet suspendu aux lèvres, d’un bond, il saisit le guidon du jeune homme qui passe le feu rouge. Sans attendre qu’il réagisse, il se presse de retirer la clé de la moto. Désormais, le conducteur est obligé de le suivre.

Chaque fois que le feu passera au rouge, c’est entre 3 et 5 usagers qui sont aux mains d’un ou plusieurs agents de police. Pourtant, les feux tricolores, en général, ne marchent plus. Mais ça, ce n’est pas ce qui les intéresse. Généralement pressé, bien que sans grande raison, le Malien lambda, aux mains de la Police, se met à négocier l’obtention de sa moto. Je rappelle que rares sont les flics maliens qui savent réellement ce que c’est qu’une contravention et les conséquences qu’elle implique. A Bamako, ce n’est pas grave, puisqu’un billet de 1000 Fcfa pourrait régler l’affaire. D’un geste brusque, le flic véreux attrape le billet que lui tend son pigeon. Et voilà, le tour est joué. Place donc au suivant. Durant toute la journée, le même scénario se répétera avec d’autres personnes. Le soir tombé, le groupe ira faire le compte au chef de poste qui partagera enfin le butin selon sa convenance. On passera ensuite la soirée à réfléchir à un nouvel emplacement inconnu ou oublié des conducteurs pour le jour suivant.

Ce qui est certain, qui que vous soyez, vous débourserez cet argent si vous souhaitez vaquer à vos occupations. Mais si vous avez un carnet d’adresse important, un coup de fil pourrait remédier à cette scène de corruption pratiquée sur la place publique.

Il y a les uns et il y a les autres. Un soldat est-il au dessus de la loi ? Oui, à en croire les agents de police dans les rues de la capitale malienne. On le sait, dans tous les pays du monde, la police est chargée de veiller au respect des normes dans la cité. Les agents de police déployés sur le terrain, notamment sur les points stratégiques de certaines zones, veillent au respect strict du code de la route. A Bamako, la réalité est toute autre. Ce n’est plus un secret pour personne, le Malien est un être humain atypique. Un peuple atypique aux gestes et attitudes très souvent considérés comme révolus dénudés de raison. Sinon, comment expliquer qu’il soit permis à un soldat de violer toutes les règles du code de la route sans être inquiété ? « C’est moi qui décide, je fais ce que je veux. Je ne l’arrête pas un point c’est tout », avait coupé court un agent de Police qui avait laissé passer un militaire alors même que le feu affichait rouge. L’usager qui lui avait fait le reproche venait ainsi de compliquer sa situation. Car il savait que 1000 Fcfa ne pourrait plus régler son problème. Il se mit donc à consulter le répertoire de son téléphone portable à la recherche d’un contact qui le sortirait de cet embarras. Il avait intérêt à connaitre une personne haut placée, sinon, c’était entre 5000 et 10 000 Fcfa pour le flic ou sa moto Jakarta serait conduite au poste. Ce que redoute tout le monde parce que là bas, la corruption a atteint un autre stade.


Père, je ne suis pas encore « Président du Mali »

A l’occasion de la fête internationale des pères, je voudrais te rendre hommage pour ta contribution inestimable dans ma vie actuelle. Merci d’avoir faire de mon existence, une suite logique de tes enseignements. Bonne fête des pères à toi papa !

Il y a six ans que le tout puissant te rappelait auprès de lui. A l’époque j’étais adolescent mais je me rappelle encore aujourd’hui de ce lundi noir comme si c’était hier. Je venais d’être admis au Bac Blanc. Le seul joueur de l’équipe de Basketball du lycée, à Abengourou, dans le royaume de l’Indenié à l’Est de la Côte d’Ivoire. Toi, père tu étais à Bamako hospitalisé depuis quelques jours à l’hôpital du Point G. Hélas je ne m’étais pas rendu comptes de la gravité de la situation.

Longtemps j’ai essayé de t’écrire. Chaque fois, les mots m’ont manqués. Désormais tu reposes au cimetière du point G, loin de ta famille, tes amis, tes enfants à qui tu as offert tout ton amour et ta compassion.

Mon père lors d'une fête musulmane.
Mon père lors d’une fête musulmane.

Six ans après, tu es encore ancré dans nos cœurs. Personnellement, je me surprends souvent à rêvasser sur nos instants de partage.

J’avais 12 ans lorsque j’ai été admis au collège. Tu étais heureux de me présenter au premier venu comme ta fierté. Tu n’hésitais pas une seconde à te réveiller avec moi dès 5h du matin pour ensuite m’accompagner à l’école. Durant 7ans, tu te vouais à cet exercice sans jamais te lasser.

Te rappelles-tu père de cette matinée pluvieuse où tu as insisté pour m’accompagner au lycée malgré les dernières gouttes de pluie ? Lorsque nous avons été aspergés par l’eau stagnante sur l’artère principale du lycée, tu étais rouge de colère. Les insultes et reproches que tu faisais à l’égard du conducteur incitaient d’avantage chez moi un sourire moqueur. Parce que quelque part, la scène m’avait donné raison.

Aujourd’hui, j’ai satisfais certaines de tes attentes mais père je ne suis pas encore « Président du Mali » comme tu l’as toujours souhaité. Je ne sais pas si je le deviendrai un jour mais je promets de faire mon mieux pour te rendre d’avantage fier de moi.

Je suis par moment confus lorsque je me rappelle de cette question que tu me posais très souvent: pourras-tu me rendre tout ce que j’ai fait pour toi un jour? Non, père! Plus maintenant puis que tu n’es plus de ce monde. Mais je te promets que je ferai mon mieux pour que tes enfants et ta femme soient comblés. Je m’efforcerai chaque jour à relever ce défi. Peut-être que je serai « président du Mali » un jour. En attendant ce jour, je m’investirai à œuvrer pour ma famille, mon entourage et mon peuple entant que digne fils de la nation malienne.

En ce jour spécial, où le monde entier célèbre les pères, je voudrais que tu saches que tu es le meilleur des pères que j’ai connu. Tu es pour moi une référence, un exemple et une source intarissable dans laquelle je puise chaque jour mon espoir de faire de ma vie un exemple pour la génération future.

Repose en paix père!

Et merci pour tout!


A Bamako, elles pensent et respirent le mariage !

C’est connu, à Bamako, la capitale malienne, il ne se passe pas une journée sans qu’un jeune homme ne se prenne au visage la célèbre phrase utilisée à tout bout de champ par les demoiselles du coin : « Est-ce que tu vas me marier ? » Même lorsque vous êtes rempli de pensées positives, elles ont toujours cette façon de vous arrêter net dans votre lancée.

Il est clair qu’au Mali, comme partout en Afrique, les femmes sont plus nombreuses que les hommes. C’est ce constat qui pousse les religieux à promouvoir la polygamie sous toutes ses formes, car ici, on dit que « toutes les femmes doivent avoir un mari ». Un message très bien compris par certains hommes qui, sans considération ni égard, satisfont leur libido en mariant une femme chaque année. Une fois au foyer, le mari, sans grande surprise, traite ses femmes comme des animaux (pas d’argent pour le marché, retard dans le paiement de loyer, les enfants ne sont pas scolarisés…). Bref, aucun avenir pour le couple. Pourtant, elles veulent toujours qu’on les marie, peu importe les conséquences.

Portrait d'un mariage.
Portrait d’un mariage.

Apparemment la nouvelle génération de femmes a très bien compris le message qui est souvent répété ici (le fameux : « toutes les femmes doivent avoir un mari »). Toutes les jeunes filles de Bamako, qu’elles soient belles ou laides, grosses ou minces, grandes ou courtes, n’ont qu’une phrase à la bouche : « Est-ce que tu vas me marier ? » Déjà au premier rendez-vous, vous pouvez savoir si c’est une fille qui aime l’argent ou si elle cherche plutôt une relation sérieuse. J’avoue que la deuxième hypothèse commence à se faire rare par ici. Même si vous en trouvez, il est difficile de s’en assurer tellement elles se ressemblent toutes. Un ami m’a confié un jour, que lorsqu’il est face à une demoiselle qui ne vit que pour l’argent, c’est-à-dire qui est prête à tout pour se remplir les poches, il joue au jeu. Pour lui c’est la méthode idéale bien qu’elle exige beaucoup de patience.

Un véhicule arrange tout

Elles sont généralement attirées par les gars qui ont un véhicule. Peu importe qu’il lui appartienne ou pas. Ce qui les intéresse, c’est le buzz qu’elles feront après que ce dernier a passé la voir dans son quartier. Pour cela, elles savent s’y prendre. Le rendez-vous est fixé à une heure où tout le quartier est dans la rue. Comme ça, après le départ de celui-ci, elles seront au centre des débats dans les grins (groupe informel de discussion) et les concessions.

Une des filles que je connais à failli se suicider lorsqu’elle a appris que son « man » (expression désignant le petit ami), avec qui elle avait passé les meilleurs moments de sa vie, n’était rien d’autre qu’un plombier. Le gars s’était fait passer pour un cadre dans une agence de communication de la place. Il s’arrangeait avec un ami qui travaillait sur place pour recevoir cette dernière. C’est aussi le véhicule de l’ami en question qui passait la chercher chaque week-end. La pauvre ! Elle a failli y rester.

Comportement suspect égal réaction suspecte !

Tout le monde à Bamako (notamment les jeunes hommes) sait désormais ce qu’il faut faire pour convaincre une demoiselle de sortir avec vous. Il faut lui dire « Oui » et jamais « Non ». Tu veux m’acheter une moto Jakarta ? « Oui chérie ».  Tu veux m’acheter une maison ? « Oui chérie ». Tu peux me faire un transfert par Orange Money ? « Oui chérie »… Et lorsque vous avez satisfait à toutes ces demandes, elles se disent qu’il est alors temps de demander ceci : Tu veux me marier ? Là aussi, le gars lui dit « Oui »… parce qu’il continue à jouer le jeu.

Finalement, elles veulent le mariage et les gars, eux, veulent autre chose.


Marché de Bamako : scènes ordinaires dans le grand bazar

Dans les grands marchés de la capitale malienne, c’est le désordre. Commerçants, chauffeurs, piétons, tous s’y retrouvent pour des raisons particulières. Les uns sillonnent les grandes artères avec le regard dans le vide, les autres (les plus nombreux) déambulent avec des marchandises à la main. Ils hèlent chaque passant au coin de la route. Si vous êtes nouveau à Bamako, évitez dans la mesure du possible les grands marchés.

Les rues sont bondées de monde, des Sotrama (véhicules de transport public) en brochette, des motocyclistes vissés à la poignée de leur engin, effarés et impatients, tous s’agitent. Impossible de différencier le piéton du marchand. Dans ce désordre, certains sont exténués et ont l’injure facile. D’autres par contre se réjouissent de cette affluence et de l’effervescence du lieu, certainement les habitués du coin… Les 40 degrés de chaleur ne changent en rien les habitudes quotidiennes.
Sur la voie de circulation jonchée de sachets plastiques, quelques vendeurs ambulants installent leurs marchandises sur une vieille bâche. Plus loin, un vieillard excédé interpelle un jeune homme qui bloque la voie avec son chariot, il lui demande de respecter le code de la route,« laissez-moi tranquille ! Il n’y a aucune règle dans ce pays » s’exclame le jeune homme. Le vieil homme, un peu dépité, abandonne et continue son chemin. Cheveux et barbe grisonnants, le vieil homme porte sur son dos des ustensiles de cuisine fourrés dans une sacoche. Une louche en aluminium à la main, et deux autres accrochées à la sacoche, il traîne avec difficulté ses pas.

Vue sur le centre du grand marché d'Haraïda. Crédit photo Jeuneivoiromalien
Vue sur le centre du grand marché d’Haraïda. Crédit photo Jeuneivoiromalien

Le chauffeur d’un tacot semble suffoquer. La sueur dégouline à grosses gouttes sur son visage. Bloqué depuis une dizaine de minutes, il est particulièrement irrité. Il appuie alors en continu sur le klaxon. L’énervement est contagieux, s’ensuit donc, un concert de Klaxons qui s’empare de la zone. Cinq minutes plus tard, un gros camion qui servait  de barrière a fini par dégager la voie. Son chauffeur copieusement savonné s’est contenté d’afficher un large sourire, comme pour dire qu’il est désolé.

Confortablement assise sur la banquette arrière d’un taxi, une cliente, la vingtaine, les cheveux châtains, des yeux marron, s’essuie le visage avec une serviette. Bientôt, plus rien ne reste de son maquillage. Exaspérée par la chaleur à bord du taxi, elle lance par moment des bribes de reproche au chauffeur, apparemment lui aussi est sur les nerfs. Pourtant, il ne dit rien. Lorsque le véhicule finit par stationner une minute plus loin, près d’un immeuble en reconstruction, le chauffeur sort brusquement de son taxi, les yeux écarquillés, le sourire narquois. Il questionne maintenant sa cliente qui visiblement n’avait plus son porte-monnaie. Le bras droit posé sur la portière à moitié ouverte, il pointe par moment un doigt vers la cliente. Visiblement, le chauffeur est convaincu que c’est une mise en scène. Il réclame avec ardeur son argent. Après plusieurs interventions, lorsque, le chauffeur finit par se calmer, un témoin de la scène retrouve comme par magie le portefeuille perdu entre deux sièges. Sans dire merci, le chauffeur empoche l’argent et démarre en trompe. « Je déteste ce marché » rechigne un autre témoin, très dégoutté.


Mali : les scolaires donnent vie au musée

Depuis 2012, la fréquentation du musée national a été divisée par plus de trois. Aujourd’hui, les groupes scolaires constituent l’essentiel des visiteurs.

Dans la cour, le gazouillement des oiseaux dans les arbres se mêle aux discussions de deux manœuvres assis sous un arbre. Des arbres alignés donnent aux allées en forme de serpent une particularité à la fois moderne et traditionnelle. Des bâtiments en pierre dure, construits avec des équipements modernes abritent quatre salles d’exposition, une administration et un espace réservé pour la technique. C’est à croire que le musée n’est plus aussi fréquenté que par le passé. Selon Salia Mallé, Directeur Général Adjoint du musée, les visites ont connu une baisse importante depuis la crise du Nord en 2012.

Un groupe d'enfants à l'entrée du musée national du Mali à Bamako. Crédit photo Jeuneivoiromalien
Un groupe d’enfants à l’entrée du musée national du Mali à Bamako. Crédit photo Jeuneivoiromalien

Non loin une Sotrama immobile et pleine de marionnettes se dresse à côté de l’unique restaurant du musée. Sur le gazon soigneusement entretenu, un groupe de lycéens espiègles immortalise l’instant. Une heure avant, les lycéens avaient aussi visité les salles d’exposition, a expliqué un des visiteurs.

Dans la foulée, une centaine d’enfants, âgés de 3 à 5 ans, se dirigent vers la salle « Mali Millénaire ». Guidés par cinq adultes, deux au-devant et les trois autres par derrière, les enfants ne cachent pas leur joie de pouvoir s’évader des salles de classe. Soigneusement vêtus, des baskets aux pieds pour la majorité, quelques jeunes filles portent en bandoulières une gourde d’eau. Les plus téméraires s’échappent par moment. Ils sont aussitôt rattrapés par un adulte sous les regards amusés des visiteurs. « Ils sont là pour visiter les salle d’exposition », explique un agent de sécurité, un peu amusant.

De 30 000 à 40 000 visiteurs par an avant la crise, le musée national compte aujourd’hui environ 19 000 visiteurs, selon Salia Mallé. Il ajoute que les chiffres pourraient être revus à la baisse pour l’année 2016.

Un nuage d'échantillons de Bazin suspendus à un fil. Crédit photo Jeuneivoiromalien
Un nuage d’échantillons de Bazin suspendus à un fil. Crédit photo Jeuneivoiromalien

Les enfants pénètrent dans la salle d’exposition. Amusés, le regard dans le vide, ils touchent à tout. Sur les murs, plusieurs échantillons de Bazin enrôlés dans un rectangle conçu en bois font face à une collection soigneusement protégée par des vitres. En face, diverses couleurs de Bazin en amidon, soutenu par des fils, flottent dans l’air. Cette collection de pièces semble être un jouet pour ces bambins. A gauche, une affiche scotchée sur le mur annonce l’arrivée dans la chambre d’exposition pour coton. Trois gros rouleaux de textile confectionnés à la main reposent sur une grande table. Des fils en étoffe, des laines par-ci, des lins par-là et des chanvres regroupés sous une vitrine exposent l’un des aspects importants de la culture malienne. Pourtant, les enfants, tel un éclair, visiteront la salle sans grand intérêt. Un peu plus loin,  un rideau de laine déboule à même le sol. En face de la salle du Bazin se trouve la salle des masques, exposés de façon aérée et moderne. Ils courent le long du couloir sous l’œil vigilant des encadreurs. Les masques exposés dans des vitrines effraient certains qui courent s’enrôler aux jambes d’un adulte. D’autres, la majorité, dans un mouvement désinvolte, relie chaque couloir sans broncher.

Une fois dehors, libres, ils se taquinent les uns les autres. Les guides demandent aux plus turbulents de rester ensemble mais trop tard, une dizaine de petits garçons se reposent sur le gazon moite. « Ce spectacle, on en rencontre chaque jour ici », raconte un autre agent.

Le groupe de bambins venu pour la visite guidée regagne les portes de sortie. Plusieurs autres se préparent à vivre les mêmes instants.  « Le partenariat avec les établissements scolaires sauve en fin de compte le musée », reconnait le responsable chef de la salle d’exposition.


Mali-Mariage collectif à Banamba: une tradition de l’union

L‘édition 2016 du mariage collectif à Banamba s’est tenue ce mercredi 4 mai dans tout le cercle de Banamba (région de Koulikoro). Ce sont près de 110 couples qui ont été mariés dans tout le cercle.

Dans le chef lieu, une centaine de nouveaux couples ont scellé leur union dans le centre d’Etat civil, en présence d’une foule sortie massivement pour l’occasion. Le Mali fait désormais partie des rares pays qui continuent à célébrer plusieurs mariages simultanément à une date précise de l’année. Cette particularité culturel, le pays de Soundiata Keita le doit à la ville de Banamba qui, selon Mamadou SIMPARA chef de village, a décidé de suivre les traces de ses ancêtres; celle de perpétuer les coutumes et les traditions à travers le mariage.

Pour ce vieillard de quatre-vingt-dix ans, la particularité de la localité se trouve dans la volonté de ses fils à célébrer ensemble les mariages sans aucune distinction basée sur le statut social et le rang qu’occupe l’individu dans la société. L’édition 2016 de cet événement culturel était placé sous le signe de l’union et la paix.

La confrérie "Sankira" portant haut la chèvre reçu en guise de sanction chez un marié
La confrérie « Sandika » portant haut la chèvre reçue en guise de sanction chez un marié. Crédit Photo Jeuneivoiromalien

 

Faits et traditions
Le soir du mardi 3 mai à Banamba, c’est l’effervescence. Un véritable remue-ménage s’opère dans chaque quartier des neuf communes de Banamba. Regroupé en confrérie, les jeunes de chaque quartier tiennent chacun de leur côté une réunion. L’objectif, préparer les visites du matin chez les différents mariés du groupe. A l’aube du mercredi 4 mai, un groupe constitué d’une vingtaine de jeune homme sillonne les concessions du quartier « Sandika ». Ils rendront visite à chaque nouveau marié du quartier afin de sacrifier ainsi à une tradition dénommée « Dangônô Kalan » soit la confection de façon traditionnelle d’une tunique en coton pour la mariée du jour. Ayouba Simpara est le chef du groupe. Il nous explique comment ça marche: « chaque jeune doit obligatoirement faire partie du groupe. Il faut payer 500 Fcfa pour y adhérer. Le Marié qui ne fait pas partie du groupe offre une chèvre au groupe. Ce n’est pas tout. Chaque marié doit être rasé, s’il refuse il doit offrir de la cola au groupe ». Il faut rappeler que la tunique est confectionnée par l’ensemble du groupe, tous munis d’une aiguille et d’un fil à coudre. Une fois la tunique faite, le groupe déjeune à domicile avant de se diriger vers une autre concession. Kantara Diabate, griot du groupe explique que cette tradition existe depuis des siècles, « nous l’avons hérités de nos pères et nos enfants ferons pareil ». Organisés et structurés, les groupes obéissent à des règles. Tel est le cas du retard. Chaque membre de la confrérie en retard paie au groupe la somme de 200 Fcfa. Le marié quant à lui paie 1000 Fcfa.

Les couples du jour en attente de la célébration du mariage. Crédit photo Jeuneivoiromalien
Les couples du jour dans la salle de celebration de la mairie de Banamba. Crédit photo Jeuneivoiromalien

Place à la mairie
Tels les dimanches à Bamako, ce mercredi à Banamba était aussi jour de mariage avec des couples issus de toutes les communes du cercle. Pour Mamadou SIMPARA dit N’Fa, député élu à Banamba, cet aspect constitue l’une des innovations de l’édition 2016 du Mariage collectif qui autrefois était célébré en une fois pour tous les couples dans un lieu de grand rassemblement. Un par un, les couples font leur entrée dans la Mairie accompagnés des témoins et d’un griot. Ali Simpara, maire de Banamba est chargé cette année de célébrer l’union de 105 couples. Tâche difficile car la salle de célébration de la mairie n’arrive plus à contenir le monde. Pourtant, deux heures plus tard, les mariés sont unis pour la vie. Chaque couple repart avec à la main des présents offert par Gandour CI et Universelle Beauté, partenaires de l’événement. A l’issu d’un tirage au sort, les couples se voient ainsi offrir un lit, une armoire, une télé, un Salon complèt et plusieurs autres présents.

Grâce à la ville de Banamba, le Mali conserve ainsi une partie de ses traditions ancestrales.


Mali-Eau et électricité : c’est quoi le problème ?

Depuis le début du mois, la population de la capitale Bamako subit en cette période de chaleur des coupures répétées de l’eau et de l’électricité. Entre gronde des consommateurs et cette situation difficile non encore solutionnée, le ministère de l’énergie et de l’eau joue le pion de l’apaisement. Retour sur la situation actuelle.

Lundi 25 avril, il est 19h, tout Kalabancoro, au sud-est du district de Bamako est dans le noir. Après plusieurs séances de coupure répétées, Energie du Mali (EDM) a finis par concrétiser la crainte des riverains.  « Comment dormir dans ces conditions ? » se questionne Madou Doumbia qui visiblement n’en pouvait plus de cette situation. Dans les rues, les familles, les quartiers, c’est le remue-ménage et chacun retourne aux moyens d’éclairage d’autrefois. Un peu plus loin dans le nord-est de la capitale, Baco Djicoroni Golf, les riverains attendent de pied ferme, l’heure fatidique à laquelle où l’eau coulerait du robinet ; 23h. Dans cette zone de la capitale considérée comme l’un des quartiers luxueux du district, les barils, les seaux d’eaux et les bidons de 10 litres attendent sagement le temps d’être remplis. La capitale malienne est depuis le début du mois soumise à un programme de coupure répétée tant en eau qu’en électricité.  « C’est du n’importe quoi tout ça ! Dis qu’en cette période de chaleur nous n’avons ni eau ni électricité dans nos foyers », se plaint Oumou Diarra, ménagère. Comme elle, nombreuses sont les personnes qui disent ne pas comprendre la calvaire des pénuries d’eau et du délestage qui intervient chaque année à la même période. Pourtant, au niveau du ministère de l’énergie et de l’eau, on explique à qui veut l’entendre que les dispositions avaient été prises afin d’éviter que la population ne subisse encore une fois pareille situation. La construction de la nouvelle centrale à Dar Salam, la réhabilitation par anticipation d’un groupe de Sélingué, la distribution d’eau potable dans les quartiers les plus affectés, la réalisation du projet de Kabala sont autant de dispositions prises par le gouvernement afin de favoriser l’épanouissement de la population, se justifie-t-on au niveau du ministère de l’énergie et de l’eau. Pour le département, le problème actuel ne serait donc que passager. On évoque également l’attaque terroriste de l’hôtel Radisson Blu survenue le 20 novembre qui aurait coûté la vie au chef de projet de la nouvelle centrale de Dar Salam. Une tragédie qui a donc freiné le bon déroulement des projets de l’année 2015-2016 du département dans le cadre du renforcement de la production d’eau et de l’énergie.

File indien à la recherche d'eau potable dans un quartier périphérique de Bamako.
File indien à la recherche d’eau potable dans un quartier périphérique de Bamako.

Situation actuelle

Interpellé jeudi 21 avril dernier à l’hémicycle par les députés dans le cadre des « questions d’actualité », Mamadou Frankaly Keïta, ministre de l’énergie et de l‘eau a fait le point de la situation. Selon lui le problème du déficit d’eau est uniquement lié à l’absence d’investissement. « Alors que le plus gros réservoir d’eau au Mali était de 5 millions de litres d’eau par jour en 1960, aujourd’hui, nous sommes en train de construire deux réservoirs qui font 20 millions de litres par jour », annonçait-t-il le 22 avril lors d’une conférence de presse. Selon le rapport 2015 de la Direction nationale de l’hydraulique, le taux d’accès en milieu urbain et semi-urbain est passé de 68,7% en 2014 à 70,0% en 2015. Alors que le taux national est lui également passé de 63,8% en 2014 à 65,3% en 2015. En milieu rural, on note également une amélioration (de 61,8% à 63,3% entre 2014 et 2015). Ces chiffres attestent donc de l’amélioration des conditions de production et distribution d’eau, bien que, les attentes de la population demeurent encore grandes. Selon le ministre, le gouvernement a pu mobiliser, en deux ans, plus de 230 milliards de Fcfa pour renforcer l’approvisionnement de la ville de Bamako en eau potable et plus de 20 milliards pour les villes de Kati, Koutiala, Koulikoro et Sikasso. Quant à l’électricité, il est clair que là aussi l’offre est inférieure à la demande. Le district de Bamako enregistre en période de chaleur des déficits de 20 à 30 MW. « Puisse que nous n’avons pas de réserve alors il y a des coupures çà et là. Mais par le biais de l’interconnexion, la Côte d’Ivoire fournis actuellement au Mali 50 MW », a expliqué Tiona Mathieu Koné, chargé de communication de l’EDM Sa. Il ajoutera que le Mali a lancé  la location de 50MW dont 30 MW pour Kati, 10 MW pour Sikasso et 10 MW pour Koutiala.

Solutions et Perspectives

Pour Boubacar Kane, Président Directeur Général de la Société Malienne de Gestion de l’Eau Potable (SOMAGEP SA), les perspectives bien qu’inquiétantes sont bonnes. Comme lui le ministre Mamadou Frankaly Keïta est convaincu que le calvaire des pénuries d’eau prendra fin avec la construction de la station de Kabala qui va doubler la capacité de production de la ville de Bamako et combler le déficit entre l’offre et la demande qui s’élève à plus de 150 millions de litres par jour. En attendant sa réalisation prévue pour fin 2018, « l’opération citerne » qui a pour but de distribuer gratuitement l‘eau potable dans les quartiers les plus affectés tels que Moribabougou, ATTbougou sont toujours en cours pour soulager les populations. « On dit nous apporter de l’eau mais en réalité on nous met en palabre car tout le monde veut en avoir », raconte Sita qui attend depuis des heures l’arrivée des citernes dans le quartier de Moribabougou. Quant à la qualité de l’eau de la SOMAGEP, Boubacar Kane affirme qu’il respecte les normes de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS). Almoustapha Fofana, Directeur Général du laboratoire des eaux confirme que l’eau produite par la SOMAGEP subit non seulement un traitement avant d’être injecté dans le réseau, mais aussi un contrôle périodique se fait par le Laboratoire National de Eaux. Par ailleurs, du côté de l’EDM Sa, on se dit conscient de l’urgence de la situation, « le Mali peut dans les années à venir se satisfaire en électricité si tous les projets en cours tels que la construction de centrale à Ségou, Kita, Sikasso sont réalisés dans le temps », a affirmé Tiona Mathieu Koné. Il est clair que la situation sécuritaire du pays en dit long sur le climat d’investissement. Qu’à cela ne tienne, les pénuries d’eau et les délestage constituent encore aujourd’hui le calvaire de la population. Les regards sont désormais tournés vers le gouvernement pour une prise en compte rapide de la situation.


#LibresEnsemble: le football facteur d’union

A Bamako, les rencontres de la ligue des champions et d’autres événements footballistiques sont inscrites dans les calendriers des aficionados qui se retrouvent en permanence pour partager ces instants inoubliables. L’ambiance qui y règne témoigne de l’importance du vivre ensemble autour d’un post téléviseur. Rien de plus pratique qui pourrait servir d’exemple à la campagne du  #LibresEnsemble.

Plus qu’un jeu, le football est un véritable moment de retrouvaille entre aficionados du ballon rond notamment lors des grands rendez-vous tels que la coupe d’Afrique des nations, la coupe du monde ou la ligue des champions. C’est également pendant cette période que les fans d’un même club se retrouvent devant le poste téléviseur, assis autour d’un verre de thé, dissertant sur les actions marquantes des événements passés dans un langage, par moment, assez vulgaire et grossier. Mais le plus important, c’est le match et rien ni personne ne peut changer cela, «même ma grande mère ne me ferait pas rater le match de Messi », témoigne Kadiatou membre du fan club dédié au joueur et assez connu pour accorder de l’attention à sa mami.

Logo de la campagne #LibresEnsemble
Logo de la campagne #LibresEnsemble

Ce mardi 12 avril, une fois de plus le Paris Saint Germain (PSG) affronte le club Manchester City lors du match retour des quarts de final de la ligue des champions. A Bamako, l’ambiance est de taille. Abou Diop, commerçant et fervent supporté du PSG a enfilé un T-Shirt du PSG. Il porte également en bandoulière un sac sur lequel est tamponné le logo du Réal de Madrid. C’est donc clair, celui là est un supporteur des deux clubs. Contrairement à ces habitudes, il a quitté la boutique plutôt aujourd’hui. Comme lui nombreux sont les personnes qui attendent avec impatience les rencontres pareilles et qui aménagent leur calendrier pour savourer ces instants qui deviennent généralement le sujet à discussion de la semaine.

A Bacodjicoroni Golf, les boutiques ont presque toutes fermées, celles encore ouvertes accueillent les passants qui finiront par former un cercle autour du post téléviseur de Hassane, le boutiquier du quartier. Occupant l’une des  places de devant, à la main une télécommande, Yacouba se chargera de zapper  toutes les dix minutes afin que l’assistance s’informe simultanément sur l’évolution des deux rencontres de la soirée. Mais il est conscient qu’il n’est point apprécié de tous.  «Bah on ne peut pas plaire à tout le monde hein! », lance-t-il au visage à chaque fois que surgit une critique de la foule sur ce qu’ils qualifient très souvent de comportement «exagéré ».  Supporteur du Barcelone Fc, Yacouba tient coûte que coûte à suivre la rencontre entre le réal et le Wolfsbourg. Comme tout catalan, il souhaite que le Réal soit battu. Le triplet de Christiano Ronaldo lui aurait porté le coup fatal, me suis je dis, au terme de la rencontre.

L'ambiance lors d'un match de football en Afrique. Crédit Photo Lequipe.fr
L’ambiance lors d’un match de football en Afrique. Crédit Photo Lequipe.fr

A Kalabancoro plateau, un autre quartier périphérique de Bamako, le grin du gérant du cyber café, Wesh, s’est dispersé il y a une heure. Chacun est allé de son côté en fonction de son appartenance à une équipe. L’objectif est d’éviter qu’ils en arrivent à la main à l’issu d’échanges et d’insultes de tout genre. Car il faut l’avouer le football commence à prendre une autre tournure dans mon pays. L’an dernier, il a fallu l’intervention d’un vielle homme du quartier pour éteindre le feu qu’avait allumé la rencontre entre le Barcelone et le Réal de Madrid.

Quatre vingt dix minutes plus tard, c’est la fin du match. Les uns et les autres reviennent sur le lieu du grin. Les premiers sont les madrilènes qui n’hésitent pas à se targuer la poitrine, tout en rappelant le génie de l’homme du match, Christiano Ronaldo.  «C’est un génie, pas besoin de trop parler, il est né avec pour lui», hèle Madou, torse nue qui semble s’adresser à un catalan, encore croupi dans l’ombre.  Du côté du PSG, c’est la déception couplée de tristesse, « c’est aberrant, je suis dépassé. Je ne comprends pas comment Manchester City a pu nous battre » se questionne Abdoulaye, un peu déçu par la prestation de son équipe. Quant à Abou Diop, il est allé au lit sans pour autant dîner parce que déçu de la prestation du PSG. Apparemment l’unique but de la rencontre aura porté le coup fatal aux parisiens. C’est sûr que demain, il ira tard au boulot et en reviendra tôt. Le réal sort donc la tête haute de la rencontre tandis que le PSG est écarté aux portes des demi-finales.

Le lendemain, le Barcelone crée la surprise au grand bonheur des madrilènes. Face à l’Atlético de Madrid, Lionel Messi et ses collègues ont comme le dit les ivoiriens «donné bouche» aux madrilènes » qui ne se sont pas fais priés pour rappeler les compétences de Christiano Ronaldo la veille. Ainsi, à Bamako comme partout dans le monde, le niveau d’adrénaline est le même lors des grandes rencontres footballistiques de ce genre. Une chose est certaine, le football est capable de déplacer les montagnes, mieux il peut réunir des clans divisés en une fraction de seconde.  Ce côté particulier du ballon est ce qui donne un sens au vivre ensemble pour un monde meilleur. Il est évident que la campagne du #LibresEnsemble a tout son sens lors d’un match de football. Et ça se passe à Bamako très souvent!


Pourquoi aller à l’aéroport si on ne peut aller en France? (1)

Hum, affaire d’aéroport! Il faut l’avouer,  le malien lambda en général, l’aventurier en particulier, ne plaisante pas avec le voyage en avion. Chaque année, ils sont des milliers à braver l’océan pacifique pour se rendre en Europe. Parmi ce chiffre, environ une vingtaine séjourne chez le vieux Diarra,  le temps d’obtenir un passeport et de se mettre en route. Celui qui a donc pris l’avion pour se rendre en Europe, n’est pas à négliger dans mon pays.

Le vieux Diarra

A soixante-dix ans, il est de retour au Mali après avoir passé plus de la moitié de sa vie en France. Retraité, cet ancien migrant se rend une fois à Paris pour mettre en règle ses papiers afin de continuer à recevoir sa pension.

Ainsi, le domicile du vieux Diarra sert de refuge à tous ces jeunes qui voient  en lui un modèle. Lors d’une conversation avec Sory, aujourd’hui dans un camp de réfugié en Italie, après avoir travaillé cinq ans en Algérie pour se payer la traversée, il me disait ceci:« il faut que nous réussissons nous aussi dans la vie. Pour cela, nous devons mieux faire que le vieux Diarra ».En d’autres termes, il est normal qu’ils usent des mêmes méthodes que lui pour atteindre l’Eldorado. Courageux, téméraires parfois idiots, tels sont les caractères de ces jeunes piqués par le virus de l’immigration.

Crédit photo Jeuneivoiromalien
Crédit photo Jeuneivoiromalien

L’année dernière, Abou est revenu au Mali après avoir passé dix ans en Espagne. Pour l’occasion, sa femme qui avait quitté le village, trois jours avant, s’était parée de  ses plus beaux habits pour se rendre à l’aéroport accompagnée du frère cadet d’Abou du nom d’Amadou. Selon les rumeurs, ce dernier était le père du dernier garçon de sa belle-sœur, mais il avait tenu à être là quand même pour accueillir son aîné. A l’aéroport, le constat est surprenant. Elles sont nombreuses les familles qui attendent de l’autre côté avec impatience le retour de l’enfant prodige, allé explorer le continent européen. Les femmes et les enfants veulent impressionner à tout prix le héros de la famille. On se fait mal pour deux ou trois heures, juste pour les yeux de cet époux parti depuis si longtemps.

« Ce n’est pas grave, je l’enlèverai une fois de retour à la maison » avait rétorqué Soukoura à Amadou qui, visiblement, souffrait le martyr du haut de ses escarpins mal ficelés dont la taille ne convenait plus à ses pieds. Pour rien au monde, elle ne les aurait enlevés et Amadou le savait mieux que personne.

Trois heures plus tard…       

Soudain, un grincement de pneu se fit entendre. C’était l’avion qu’attendait tout ce beau monde qui venait de fouler la piste d’atterrissage de l’aéroport international du président Modibo Keita-Senou de Bamako.

« Enfin, c’est bientôt la fin du calvaire », me suis-je dis dans un long soupir.

 A suivre…


Minusma : incapable de protéger ses troupes

Déployé depuis 2013, la mission de l’ONU n’en finit pas de perdre des hommes sur le terrain. Une question revient toujours: pourquoi la Minusma n’arrive-t-elle pas à protéger et encadrer ses troupes?

L’attaque du vendredi 12 février a été l’une des plus meurtrières qu’ait connue la Mission des Nations unies pour la stabilisation du Mali (Minusma) depuis son déploiement en juillet 2013. Sept casques bleus guinéens étaient tués après qu’une voiture piégée puis des roquettes aient été lancées contre le camp de Kidal qui les abritait. Une perte qui a ramené sur le tapis la question de la sécurisation du personnel militaire de la Mission, particulièrement celui déployé au nord du pays. Depuis octobre 2013, environ 70 casques bleus sont morts, dont 42 au cours d’attaques ciblées, affirme Olivier SALGADO, porte parole adjoint de la Minusma. Malheureusement, le bilan ne cesse de s’alourdir.
La Minusma déployée sur le terrain après une attaque.Crédit photo AFP
La Minusma déployée sur le terrain après une attaque.Crédit photo AFP

« La Minusma a du mal à se sécuriser elle-même », affirmait le maire de Kidal, Arbakane Ag Abzayack, après l’attaque du 12 février. Pourquoi ? Parce que « les casques bleus sont déployés dans des zones où les djihadistes sont très actifs », expliquait à Jeune Afrique Jocelyn Coulon, directeur de recherche sur les opérations de paix (ROP). « Les terroristes et les groupes armés très actifs au Mali cherchent un impact médiatique important. Or, cibler la Minusma, l’une des missions de l’ONU les plus médiatisées en Afrique, attire l’attention », poursuit-il. Pourrait-on cependant mieux protéger les hommes au front ? Oui, assurent les familles des soldats guinéens morts lors de la dernière attaque. Elles sont convaincues que le niveau de protection n’est pas à la hauteur pour une mission onusienne qui était déjà la plus meurtrière pour les casques bleus. « Parce qu’ils sont Africains ? » En 2014, l’armée tchadienne, elle aussi durement frappée au Mali, soulevait les mêmes critiques. Aujourd’hui, cette même armée est entrain de s’entre tuer dans cette région à risque du Mali. En effet, ce jeudi 25 février, selon des sources sures (Minusma), un militaire tchadien a ouvert le feu sur un médecin, lui aussi tchadien pour des raisons jusque là inconnues faisant deux morts.

Même s’il est claire que les raisons qui poussent les soldats à s’entre tuer en zone de guerre sont en générale la femme et l’alcool.  Pour Radhia Achouri, porte-parole de la Minusma, cette situation s’explique. « Nous reconnaissons que le système de sécurité n’est pas parfait mais nous sommes, nous aussi, limités par notre mandat ». Elle précise cependant que la Minusma dispose de ressources humaines et matérielles suffisantes pour mener à bien sa mission. « Nous avons un dispositif de sécurité dissuasif et réactif. Je veux parler des forces de police et de la brigade spéciale en terme humain, et de plusieurs sacs plastiques remplis de sable, des véhicules blindés et des hélicoptères d’attaque en terme de matériels », affirme-t-elle. Un ballon dirigeable avec des capteurs qui permet de détecter les mouvements, drones et détecteurs de mines viennent compléter ce dispositif. La Minusma serait la seule force qui possède un tel arsenal de sécurité. Pourrait-on alors imaginer des offensives des casques bleus pour prévenir les incursions meurtrières des djihadistes ? Non, car le mandat actuel de la mission ne le permet pas, et si l’on en croit son nouveau patron, le Tchadien Mahamat Saleh Annadif, « pas besoin d’un mandat plus robuste ». Il a cependant assuré qu’un « dispositif sera bientôt mis sur pied pour sécuriser Kidal ».
En attendant, que le bon Dieu ne nous vienne en aide, elles sont nombreuses, les familles qui pleurent chaque semaine la mort de leur parent, hélas!
Voilà ce que j’en dire moi. Pour un mandat qui continue encore à faire grincer les dents parce ne prenant pas réellement en compte le mal du nord Mali, le terrorisme, la mission de l’ONU au Mali, Minusma a comme l’armée malienne montré son incapacité à lutter contre ses «fous de Dieu», qui n’hésitent pas à se faire sauter pour prouver à Al Quaïda leur foi. Une chose est certaine, autant les couleurs du Mali seront immaculées du sang versé de ses soldats mort pour la nation, autant l’ONU continue à accumuler un grand nombre de morts de soldats envoyés à l’abattoir. Témoin de son irresponsabilité flagrante qui appelle une reforme urgente en son sein.


Festival accoustik Bamako: un max de « selfie »pour Gary Dourdan

Warrick Brown de la série Les Experts, est à Bamako depuis bientôt une semaine. Gary Dourdan, le mauvais garçon au corps de rêve qui fait tant rêver les « nanas », a donc décidé d’atterrir dans la capitale malienne à la demande du maestro de la kora, Toumani Diabaté. Il prend part depuis le 27 janvier à la première édition du festival accoustik Bamako, qui durera jusqu’au samedi 30 janvier. Loin de s’attendre à des centaines de fans, Gary Dourdan a été surpris de l’accueil qui lui a été réservé à Bamako.

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« Sérieusement, je me demande par moment, ce qu’elle peut lui trouver à ce gars. C’est vrai non ! En plus d’être en faillite, c’est un ancien drogué », a lancé un journaliste lors de sa conférence de presse du mardi 26 janvier à l’hôtel Onomo de Bamako.

Bon, pas étonnant qu’il monte sur ses grands chevaux, cet éternel insatisfait. En gros, il lui envie de n’avoir jamais su comment s’y prendre avec les dames.

Pour l’occasion, ses fans (les femmes, pour la plupart) avaient concoctée à l’avance un plan d’approche, car la star ne pouvait pas être approché par tous. Alors, celles dont la famille ou le père a de l’influence, avait mise en avant la méthode dite « relationnelle » ; c’est-à-dire, elle connait un tel qui connait un tel, proche de Gary ou de quelqu’un de son staff. Cette catégorie n’avait pas de soucis à se faire, car il  fallait juste être patient et attendre que la seconde catégorie dite «coïncidence ou chance »  finisse de faire son numéro, pour ensuite aller faire la rencontre du héros dans les salons VIP (Very Important People).

Mais Il y a mieux. Certaines sont allées jusqu’à prendre un billet d’avion pour uniquement venir le voir à Bamako. « Je n’aurais manqué ça pour rien au monde, j’ai demandé une permission de deux jours pour simplement avoir enfin l’opportunité d’être proche de lui », a témoigné la fille d’un ancien premier ministre du Mali. Une seconde, que voulait-elle dire par « proche de lui » ? La réponse ne se fit pas attendre, car à peine la conférence de presse terminée, Gary Dourdan a disparu. Vingt minutes plus tard, il était en face d’autres personnes qui n’arrêtaient pas tour à tour de poser avec lui en mode « selfie », y compris la fille du premier ministre.

En une heure de conversation avec les officiels et leurs invités (filles, parents, amis et collègues) Gary Dourdan avait fait autant de selfie qu’il en était lassé. Il trouvait par moment des excuses pour s’extirper de la salle. Du genre, « je transpire » donc je ne veux pas vous salir. La conférence de presse terminée, Gary Dourdan pouvait enfin dire ouf pour l’instant.

Que croyait-il ? Les filles maliennes savent aussi reconnaître et apprécier un beau mec au corps de rêve. Et ça, il l’avait compris à ses dépens.

Le soir du 27 janvier, Gary Dourdan, accompagné d’artistes de renom tels que Tony Allen et son groupe et Toumani Diabaté, a donné le ton du concert d’ouverture au Conservatoire des arts et métiers multimédia Balla Fasséké. La star haïtienne, venue sur la scène dans une chemise transpirante et provocatrice, a suscité des cris de joie de la part de ses fans. Ce n’était pas tout. Cerise sur le gâteau, Gary, avant, pendant et après sa prestation sur scène, n’a pas arrêté de faire des « selfies ». Une chose est certaine, si après Bamako il adore toujours les « selfies » alors, c’est qu’il a certainement des origines maliennes car nos demoiselles sont folles de « selfies ».


L’état d’urgence à la malienne

Instauré pour contrer les menaces qui planent sur la sécurité des personnes et de leurs biens, l’état d’urgence, qui prorogé avec l’accord unanime du parlement, jusqu’au 31 mars prochain sur l’ensemble du territoire malien, suscite toujours le débat. Aucun constat de renforcement du dispositif de sécurité, ni de mesures restrictives de libertés publiques ou individuelles à l’ordre du jour. Pourtant, le territoire national est  en état d’urgence. Un mélange de style d’article de journal et de billet de blog pour apporter une explication à ces nombreuses interrogations. 

A ce jour, le Mali a connu quatre situations d’état d’urgence. Décrété pour la première fois en juillet 1990 après l’éclatement d’une rébellion touarègue dans les régions de Gao et de Tombouctou, l’état d’urgence a de nouveau été instauré en 2013, à partir du 12 janvier au moment de l’offensive des djihadistes sur la ville de Konna, et cela pendant 6 mois. La mesure a été décrétée après l’attaque du 20 novembre à l’hôtel Radisson Blu de Bamako pour 10 jours, et de nouveau le 21 décembre pour la même durée. Le hasard du calendrier a fait que deux fêtes importantes, le Maouloud et Noël, entraînant des regroupements humains importants facteurs de risques, étaient célébrées en même temps, ce qui est sans doute l’une des raisons de l’état d’urgence, qui a occasionné de nombreux débats portant sur le timing de la décision, intervenant la veille du Maouloud 2015. Après la longue explication du ministre de l’Enseignement supérieur, Me Mountaga Tall, le 30 décembre à la télévision nationale, d’autres justifications suivront, notamment celle du ministre de la Sécurité et de la Protection Civile, le colonel Salif Traoré. Dix jours après, l’état d’urgence était à nouveau prorogé, cette fois-ci pour 3 mois, ce qui a nécessité, conformément à la loi, une validation par l’Assemblée nationale, réunion en session extraordinaire.

Le discours politique, bien qu’hésitant au début, consiste à dire que cette mesure garantit la sécurité des personnes et des biens, et qu’elle n’a pas pour objectif de restreindre les libertés individuelles, ou de confiner les Maliens à l’austérité, Selon Maître Abdoulaye Sidibé, avocat, « l’état d’urgence reste un régime restrictif des libertés publiques ou privées pouvant être appliquées par décret ou par la loi sur tout ou une partie du territoire de la République, soit en cas de péril imminent résultant d’atteintes graves à l’ordre public, soit en cas d’événements présentant par leur gravité le caractère de calamité publique ». Une explication corroborée par Amadou Mahamane Sangho, du ministère de la sécurité, qui ajoute que l’état d’urgence permet de renforcer les pouvoirs des gouverneurs dans les régions et des préfets dans les cercles, qui pourraient après évaluation de la situation prendre des mesures qui modifieraient sensiblement l’exercice des libertés publiques et des libertés individuelles. Ce n’est pas tout, ajoute l’avocat, les mêmes autorités peuvent interdire des activités à haute intensité de risques ou procéder à des perquisitions de jour comme de nuit. Pourtant, personne n’a osé interdire la célébration du Maouloud, qui raîne pourtant des dizaines de milliers de musulmans.

L’état d’urgence dans la pratique

Dans la réalité, depuis l’instauration de cette mesure le 20 novembre, une centaine d’assignations et de perquisitions ont été menées par les forces de l’ordre. Pour des raisons sécuritaires, le ministère de la sécurité et de la protection civile n’a pas voulu communiquer de chiffres précis. Qu’à cela ne tienne, malgré les réactions mitigées de la population, l’état d’urgence a permis de modifier et muscler le dispositif de sécurité sur toute l’étendue du territoire national, notamment dans la capitale. En effet, les contrôles ont été renforcés aux abords des grands hôtels comme le Radisson ou le Salam, dont l’accès a été restreint au grand public. Les lieux de cultes ont également subi des conséquences, notamment les églises, particulièrement le soir de la veillée de Noël et du réveillon du 31 décembre. Selon, quelques fidèles, l’entrée des églises catholiques et protestantes a été interdite aux véhicules, avec des fouilles rigoureuses des forces de l’ordre. Par ailleurs, dans les aéroports, cette situation prend réellement son sens, à en croire, le message adressé aux voyageurs, il y a quelques jours. Il leur est recommandé de s’y rendre avec une heure supplémentaire d’avance, en raison du caractère minutieux et long de la fouille des véhicules et des personnes. Malgré tout cela, l’état d’urgence n’est pas respecté par tous. La Minusma, qui est censée jouer un rôle sécuritaire, a parrainé un méga concert le jeudi 7 janvier au stade Mamadou Konaté, et le rappeur Akon a prévu un concert le 16 janvier au Stade Modibo Keïta de Bamako.

Sérieusement me croyez-vous? L’état d’urgence au Mali dans la réalité c’est le laisser aller total. On fait ce qu’on veut, comme on veut, et quand on veut. Les Bars et les boites de nuit sont pris d’assaut les soir par les fêtards.  Une patrouille aussi timide qu’invisible sillonne les rues par moment sans conviction. C’est cela la réalité actuellement et non les beaux discours de journaliste comme c’est écrit là haut. Mais bon on doit vivre non!

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Vue sur la rue princesse de Bamako malgré l’état d’urgence.

Gouverneurs et préfets en première ligne

L’état d’urgence étant un cadre général, il appartient aux autorités administratives de décliner le plan d’opération après évaluation de la situation sécuritaire. Dans le district de Bamako, la compétence est dévolue au gouverneur du district. « Le gouvernorat est à l’œuvre avec les autres acteurs (maires) pour décliner une feuille de route. D’autres dispositions devraient suivre pour compléter le dispositif actuel, indique encore Hadi Traoré, gouverneur du district de Bamako. À cet égard, le ministère de la sécurité a aussi procédé à des remises de véhicules et d’équipements à certains corps comme la police ou la gendarmerie ces derniers jours. « On voit que des efforts sont faits par les autorités pour mettre les forces de l’ordre dans les meilleures conditions pour parer la menace terroriste. Cela dit, beaucoup reste encore à faire, notamment en termes de renseignement et de maillage territorial », admet ce commissaire du 14ème arrondissement de Bamako, dont les hommes étaient en première ligne lors de l’attaque du Radisson. C’est d’ailleurs un appel de l’intérieur de l’hôtel qui avait poussé ces derniers à réagir promptement, et tôt, dans la matinée du 20 novembre 2015.

Oui c’est cela, jusqu’à quand va t-on continuer à chanter l’exploit des forces armées maliennes lors de l’attaque de l’hôtel Radisson Blu. Là on parle d’état d’urgence bon Dieu. Qu’ils le comprennent enfin. Le gouverneur quand à lui après m’avoir presque fermé à nez la porte de son bureau, il s’est finalement résigné à m’expliquer la situation en ces mots que j’ai dû améliorer pour le journal, « vous savez jeune homme nous sommes actuellement au travail pour faire l’état des lieux et prendre les mesures qu’il faut parce que, actuellement, rien n’est fait. C’est pourquoi on se dit qu’il n’y a pas d’état d’urgence ». C’est dire que quatre jours après la prorogation soit quatorze jours après la ré-instauration de l’état d’urgence, le gouverneur du District n’avait jusque là pas encore levé le petit.

Désormais, tout l’enjeu réside dans la capacité de réaction rapide face au danger. Bien que le gouvernorat et le département de la sécurité restent convaincus d’être en situation exceptionnelle, « l’écart entre la théorie et la réalité du fonctionnement du dispositif reste grand. En cause, le manque de responsabilité et les lacunes dans le suivi constant des mesures sur le long terme », décrie ce gradé qui a requis l’anonymat. Si le guide spirituel, Ousmane Madani Cherif Haïdara a bel et bien fait le plein au stade du 26 mars à l’occasion de la célébration du Maouloud 2015, le risque était énorme quant on sait que les 750 hommes mentionnés pour sécuriser les fidèles n’ont pas tout à fait été au rendez-vous. Cela dit, réaffirme Hadi Traoré, gouverneur du district, personne ne devrait être surpris si des rendez-vous culturels comme le festival sur le Niger venaient à être interdits, car peu importe le procédé d’instauration de l’état d’urgence, le plus important, est que le gouvernement prenne les mesures nécessaire pour garantir la sécurité de la population. Mieux, la responsabilité du gouvernement l’incite à prendre davantage de mesures persuasives afin que la notion même d’état d’urgence soit réellement intégrée par tous les Maliens.

Croyez le ou non, au Mali, il y a d’un coté, les religieux qui imposent leur volonté au gouvernement parce que soutenus par une foule de personne dont la conscience a été gommé par les prêches. De l’autre, il y a les gens comme moi qui tant bien que mal essaient de respecter les normes préétablies parce que convaincus que l’Etat de droit, c’est aussi possible au Mali. Malheureusement, c’est la deuxième catégorie qui est vue d’en bas. On dira que la société bouge quand même. Oui, mais le mouvement pour celui qui veut bien le voit est régressif.


Retour de TIDOU : l’éternel migrant

Depuis un certain moment, l’immigration est au cœur des débats au niveau mondial. Entre souffrance et espoir, parce que convaincu de trouver une vie meilleure à l’autre bout du monde, chaque jour des milliers de personnes bravent les dangers de l’océan atlantique. Certains, après avoir menés une vie difficile dans leur pays d’accueil, arrivent tant bien que mal à se construire une vie au bercail. D’autres, par contre, n’y retourneront jamais. Tidou est un migrant qui, de retour au bercail après quarante années de services loyaux à la France, s’indigne contre une nouvelle génération d’africains qui souhaitent toujours partir. J’ai décidé de vous rapporter une partie de ses discussions dans un style poétique avec un jeune homme, malheureusement resté dans un naufrage sur les côtes libyennes.

Caricature d'un tirailleur sénégalais. Crédit photo Jeremy Dumond_files
Caricature d’un tirailleur sénégalais. Crédit photo Jeremy Dumond_files

 

Je suis désormais en droit de fouler mon sol, ma terre, mon Afrique chérie. J’y atterrirai par avion, comme un touriste ou un chef d’entreprise, mais je resterais à jamais un migrant.

C’est mon historie comme celle de millions d’autres, hier, aujourd’hui, demain?

Economique ou refugié, où est la différence pour l’exilé? Je suis un homme, j’ai un nom, une famille, des rêves. Est-ce de ma faute à moi si j’ai dû quitter ?

Je ne pense pas, non.

Economique ou refugié, où est la différence pour celui qui t’ouvre les bras ? Tu le sais, toi ?

Tu es jeune, tu as fait des études, tu écris dans un grand journal de presse. Explique-moi si quelqu’un y comprend quelque chose ?

Tu veux partir, toi ? Tu es prêt à laisser ta peau pour vivre quoi là-bas ? La même histoire que moi ? Attends j’te raconte un peu !

L’intégration, oh ! Difficile à avaler ce morceau qui m’est jusqu’à ce jour resté dans la gorge, mais une vie est une vie et je n’ai pas gâché la mienne, j’en suis fier.

Je ne suis peut-être pas une star, mais dans mon quartier j’étais une vedette et des amis, j’en avais énormément. C’est le vieux TIDOU qui te parle, mon p’tit.

Manger et boire à satiété, vivre en paix, voir grandir ses enfants sans avoir peur pour eux chaque matin, chaque nuit, c’est la chance que je me suis offerte, même s’il faut en payer le prix.

Laisser son village loin derrière et sentir dans son cœur le poids de l’exil tout en faisant bien son travail, c’était mon choix et j’en suis fier.

Écoute-moi jeune homme ! Si j’avais eu le choix comme toi, je serais resté, construire la paix pour mes enfants, puisque ces pays riches financent les guerres qu’ils condamnent ensuite.

Si j’avais eu le choix, comme toi, je me serais battu ici pour les sans voix au lieu de me taire là-bas.

Et si j’avais eu le choix, comme tu en as la chance aujourd’hui, j’aurais à travers ma plume donné à la démocratie son sens, hélas perdu dans nos pays.

Ça t’amuse plus on dirait ! Hum ! Hum ! Hum ! Tu as raison, car ça n’a rien d’amusant crois-moi. J’avais un objectif et une priorité, c’est ce qui a fait de moi ce que je suis aujourd’hui.

Celui dont on est fier et qu’on cite en exemple dans les mosquées et dans le village. Tu vois, je profite donc de mon choix. Or, la réalité est tout autre aujourd’hui mon garçon.

Mais je ne t’apprends rien.

En ce 21è siècle, que penses-tu aller chercher de l’autre côté, là-bas, que tu ne pourrais construire ici, dis-moi. Ne vois-tu pas que les portes sont fermées pour toi. Ne sois pas dupe, mon garçon, ton bonheur c’est ici et nul par ailleurs.

Toi qui a eu la chance d’étudier Senghor du Sénégal, Thomas Sankara du Burkina, Modibo Keïta du Mali, Kwamé N’Kruma du Ghana, tu devrais savoir qu’ils étaient fier, eux, de construire l’Afrique.

Un siècle plus tard, on se souviendra à jamais d’eux. Et toi aussi, si tu fais le bon choix, non le meilleur des tous, je dirais : rester au pays et dire non pour une fois à l’immigration.

Ceci est un appel à la nouvelle génération africaine en général et du Mali en particulier. Si partir était une solution dans le passé, aujourd’hui, la réalité est malheureusement différente. Rester pour construire son pays ou risquer sa vie pour un idéal qui dans très souvent des cas, n’est qu’utopie. 


La peur de ma vie dans le Boeing 767 de Ethiopian Airlines

Départ brusque.

Ce fut la peur de ma vie à bord du Boeing 767 d’Ethiopian Airlines. Deux fois j’ai eu peur mais j’ai cru que la seconde fois était mon dernier jour sur la terre. Attendez, je vous raconte! Il est 3h du matin lorsque j’ouvris les yeux ce matin du 7 décembre, jour de mon retour à Bamako après dix jours de formation à Dakar avec l’équipe RFI dans le cadre de la formation Mondoblog. Toute la journée du 6, je n’ai cessé de me retourner la période où je serai à bord du Boeing 767 qui me ramènerait à Bamako.

Première expérience inquiétante.

Il faut dire que pour une première expérience dans un avion, la durée du vol Bamako-Dakar le vendredi 27 novembre dernier m’était encore restée dans la gorge. Des secousses à n’en pas finir. Du hublot où j’étais assis, rien de bon ne me venait à l’esprit. Tous les passagers sans exception me paraissaient suspects. L’attentat de l’hôtel Radisson Blu de Bamako en était pour quelque chose, je crois. Plusieurs fois, j’ai eu envie de vomir mais rien ne me vint, heureusement, sinon mon voisin l’aurait pris en plein visage vue que c’est à lui que je m’accrochai à chaque inquiétude. A 1h 45 plus tard, nous atterrîmes tant bien que mal à Léopold Sedar Senghor. Je remerciai Dieu et ma mère pour ses bénédictions.

Toute la soirée à l’hôtel, j’interpellai mon colocataire sur les secousses bien qu’il a fait partie du voyage. Mais ce qui l’avait plutôt marqué, lui, c’était différent. Il s’indignait plutôt de la qualité du service gastronomique à bord qui, pour lui, était à chier. Bon on n’avait pas les mêmes problèmes, me suis je dis.

Peur- Boeing 767- Ethiopian Airlines- Dakar- Bamako
Des passagers troublés et indécis. Crédit photo: Ivo Dicarlo

Mais revenons au voyage du retour sur Bamako.

Départ 1, raté.

Il est 4h 25, lorsque nous arrivons à l’espace Thialy, lieu de RDV pour l’aéroport. Le bus qui devait nous conduire était déjà parti avec un autre Blogueur de la RDC Congo. Nous avons donc pris un taxi après avoir traîné avec difficulté nos bagages jusqu’au goudron. Comme si cela ne suffisait pas, le chauffeur du taxi emprunte une ruelle sans lumière qui semble-t-il est un raccourcis. Qui lui dit que nous sommes pressés! Me suis-je étonné un instant. Grâce à Dieu, ici aussi il y eu plus de peur que de mal.

Venue tôt pourquoi faire?

A l’aéroport Léopold Sedar Senghor. Il est 5h du matin. Le personnel d’Ethiopian Airline s’installe à peine à leur bureau. Certains ne sont pas encore bien réveillés, d’autres, munir d’un stylo et d’un badge font semblant de remplir un document. Cette fois ci nous n’eûmes pas à enlever nos chaussures et ceintures au contrôle de police. Les Sénégalais ne sont pas aussi paranos que les maliens. Bon ils n’ont pas les djihadistes chez eux, c’est normal!

Embarquement à problème.

7h 10. on accoure à l’arrêt du mini bus pour faire le rang. Bientôt tout le monde est installé dans le Boeing, enfin presque, sans compter quelques-uns qui jouent encore aux habitués des vols. Comme si on pouvait vraiment s’habituer aux instants où la mort pointe son nez à chaque moment pour vous rappeler qu’elle existe aussi. Du genre, « he ho je suis là ».

Nous devions décoller à 8h de Dakar pour atterrir à Bamako à 9h 45 minutes. Dix minutes plus tard, nous sommes toujours là. Le bruit alourdissant du moteur de l’avion me fout la trouille. Là, c’est sûr je suis parano autant qu’un individu au milieu d’une fusillade en zone de guerre. Cinq minutes plus tard, c’est bon on va décoller, l’écran d’en face me dicte latitude à observer avant, pendant et durant le vol. Très important pour quelqu’un, comme moi, qui n’avait jamais fait de l’avion auparavant.

Entre surprise et inquiétude.

Les impressions avant le décollage sont presque les mêmes, que vous soyez novices ou pas. J’attachai ma ceinture à casser mon dos et me saisis fermement du levier de telle sorte que deux lutteurs sénégalais ne sauraient m’arracher à mon siège. « Vas-y tu peux te détendre maintenant »,  a lancé mon voisin qui s’est sûrement dit qu’il fallait me remonter le moral. Dix minutes plus tard, alors que j’avais pris un mal fou à me convaincre que ce vol était beaucoup mieux que celui du 27 novembre, on nous signale que le Boeing doit retourner sur Dakar faute d’un problème technique.

Peur- Boeing 767- Ethiopian Airlines- Dakar- Bamako
Des véhicules de sapeur pompier sur le tarmac. Crédit photo JeuneIvoiroMalien

Soudain, silence dans l’avion!!!

Sur les visages des interrogations. Mais qu’est ce qui a bien pu se passer pour que cela arrive. La peur avait gagné les cœurs. Le temps semble s’être arrêté pour nous. Durant 35 minutes le Boeing 767 fera le tour sur lui-même au-dessus de l’atlantique. Les commentaires vont bon train. Pendant ce temps, mon voisin et son voisin d’à côté dissertent à foison sur  leurs mésaventures similaire. Mais, franchement, ils ne pouvaient pas s’abstenir de nous foutre plus la trouille actuellement, ceux là hein! Et moi je restai figé, les yeux allant dans tous les sens, je tenais coûte que coûte à écouter les avis des uns et des autres, prendre note de chaque mot et impression. Mes doigts tremblaient, je transpirais malgré la climatisation à bord. Par moment, j’affichais un sourire à ma voisine de derrière, cette pauvre dame d’une soixantaine d’année qui avait perdu depuis plusieurs minutes tout son bon sens. Et lorsque le Boeing 767 de l’Ethiopan Airlines se posa au sol, un ouf de soulagement se laissait entendre. Tous se sont levés, prêt à débarquer. Oumou Sangaré, la diva de la musique malienne, l’équipe nationale espoir de football et les entraîneurs et toutes les autres grandes personnalités à bord  ne voulaient plus entendre parler de cet avion. Pourtant, nous embarquerons 1h 45 minutes plus tard lorsque l’équipage nous rassurâmes que la panne technique avait été réparée.  Pourquoi nous l’avions fait, personne ne savait vraiment.

Un autre essaie avec les passagers à bord.

On nous avait rassuré que tout allait bien. « Nous sommes des professionnels et nous ne saurions délibérément mettre en danger votre vie. La panne a été réglée et croyez-moi nous pouvons y aller maintenant », nous avait rassuré une responsable de la compagnie. Nous avons donc accepté d’y croire bien que plus personne n’était réellement convaincu à part l’entraîneur de l’équipe nationale du Mali des moins de 23 ans. Pour lui, si on devait tous mourir ce lundi 7 décembre à bord d’un avion alors ce serait le cas sinon nous serions présent le jour suivant. Un avis loin d’être partagé par les athées et même quelques croyants qui ont certainement pensé toute suite qu’il était fou. Moi j’écrivais pour ne pas trop stressé. 11h 45, le même avion décolla. Du hublot de mon siège, j’ai sentis toute suite que ça été une mauvaise idée d’être resté dans cet avion car je pouvais remarquer que les ailes de l’avion avaient des difficultés à se déployer mais si je ne pouvais partager cette information autour de moi de peur que la bonne dame de derrière ne me zèbre de questions auxquelles je ne saurait répondre. Moins de 20 minutes, on nous appris que l’avions ferait une fois de plus demi-tour sur Dakar. Et c’est là que tout se complique pour nous. Contrairement à la première fois, nous avons failli pour de vrai s’écraser. Je ne sais plus combien de personne avaient pleuré lorsque l’avion perdit son équilibre au dessus de l’atlantique mais la tristesse et la peur se lisaient réellement sur les visages. Même le coach avait cessé de faire son numéro. Tous suppliaient le bon de Dieu afin que nous atterrîmes sur le tarmac de l’aéroport de Dakar saint et sauf. Nos prières furent entendu car à 12h 15 c’était la fin du suspense. Certains applaudirent tandis que d’autres insultèrent l’équipage pour avoir mis nos vies en danger.

J’ai eu peur, peur à pisser dans mon froc! Un avion est différent d’un bus surtout lorsque que celui-ci tombe en panne. Nous avions eu de la chance. Et personnellement, je ne cesserai de remercier Dieu et ma mère pour ses bénédictions. Mais une chose est certaine, s’il m’est donné de choisir prochainement une compagnie aérienne pour mon voyage, c’est claire que Ethiopian Airlines ne figurait plus jamais dans ma liste.