Noirs et Arabes, c’est pareil. Pourquoi le foot changerait–il cela ?
Ridicule et inconscient est celui-là qui en veut à mort à son prochain juste pour un fichu match de football qui a mal tourné. Nous agissons toujours comme si la vie du Noir n’a pas de prix alors même que Noir et Arabe sont tous des nègres.
Cela fait plus d’une heure que je suis assis face à mon ordinateur, les doigts crispés et les idées confuses. Les mots me viennent difficilement non pas que je n’ai rien à dire, mais simplement parce que cette chasse à l’homme ouverte aux Noirs en Tunisie dans la nuit du samedi et dimanche dernier me consterne. Je suis furieux non pas parce que cet acte me révolte en tant que noir de la peau, encore moins parce que ce n’était juste qu’un match de football. Non rien de tout ça. Mais voilà, je deviens furax juste à l’idée qu’un Arabe bastonne et malmène un Noir qui a trouvé refuge chez lui juste pour un ridicule match de football qui a mal tourné. C’est aussi révoltant que pitoyable.
Image illustrative. Photo Google
Lorsque l’autre affirmait que les Blancs se battent toujours, car ils ont fait fausse route. Il est clair que l’Africain souffre aussi bien d’une telle perdition. En tant qu’Africain, en vouloir à un être simplement pour sa couleur de peau… Quelle différence y a-t-il entre vous et moi ? Ne suis-je pas un humain comme vous ? Lorsqu’on me taxe d’être un Noir, pensez-vous que vous êtes épargnés ? Ou bien auriez-vous oublié cette protestation contre le mépris général que nous nommons « racisme », cette naïveté de vouloir qu’on nous respecte en dépit de tout, alors même qu’un Arabe n’en fait pas moins à l’égard d’un Noir. Est-ce cela le traitement de faveur que les Africains s’obstinent à réclamer au monde ? Si tel est le cas Béhanzin, Gamal Abdel Nasser, Soundiata Keïta, Léopold Sédar Senghor doivent avoir du mal à reposer en paix dans leur tombe.
Avez-vous oublié que Noirs, Arabes et basanés sont parqués comme des bêtes dans les camps de la forteresse européenne, à Lampedusa ? Nous nous écrasons sur les mêmes barbelés dressés par l’Espagne à Melilla dans une Afrique encore en partie occupée et coupée. Lorsque nous nous exilons en France, aux Etats-Unis, en Allemagne, en Angleterre, en Espagne ou encore en Italie, les ratonnades nous frappent indifféremment Noirs et Arabes sans distinction aucune parce que nous sommes tous Africains. C’est la main gauche qui lave la main droite qui lave l’autre en retour. Chacun bouche de ses doigts les trous de la jarre afin que celle-ci ne se vide pas de son contenu. Alors que cesse cette attitude lâche dépourvue de toute raison et assumez vos torts, vos inconduites et foutez la paix à ceux-là qui ne demandent qu’à vivre dans la quiétude dans vos pays.
Moussa Magassa