Mamadou Alimou SOW

Ramadan : la gêne des non-jeûneurs

Crédit photo: Melty.fr
Crédit photo: Melty.fr

Vingt-troisième jour du mois de ramadan 2012, vingt-troisième jour de pénitence pour Monsieur Alphonse (le prénom a été changé). Alphonse, comme son nom l’indique, est pourtant tout sauf un musulman. C’est un honorable jeune chrétien, droit comme un «i», qui ne rate pas la messe dominicale de la paroisse locale, fringué et parfumé comme seul un jeune chrétien peut l’être. A priori, il n’est donc pas concerné par l’observation du mois de ramadan. Il ne jeûne pas. Mais c’est tout comme.

Car depuis le début de mois saint de ramadan, Alphonse fait quasiment comme les musulmans. Il mange très peu ou pas du tout dans la journée. Non sans en vouloir ou faute de ne pas chercher, mais parce qu’il éprouve toutes les peines du monde pour trouver à bouffer. Son statut de célibataire ajouté au fait qu’il vit à Labé (400 km de Conakry), une ville considérée comme berceau de l’islam en Guinée, ne plaide pas en sa faveur.

Chaque jour il passe de longues heures à quêter dans les quartiers un morceau à se mettre sous la dent ; il se heurte systématiquement à des échoppes hermétiquement fermées et des gargotes, jadis grouillantes de monde, tristement désertées. Ramadan oblige. Quand on est musulman, il est non seulement interdit de boire et de manger durant la journée, mais aussi de commercer des aliments cuisinés.

Même le pain on n’en trouve plus pendant la journée» témoigne Alphonse. «Quand tu demandes aux revendeurs et qu’ils te disent sèchement qu’il n’y en a pas, ça sous-entend souvent « tu ne vois donc pas que c’est le ramadan ?» se plaint-il. «C’est quand même dur d’avoir son argent en poche sans pouvoir s’acheter à manger», ajoute-t-il, un sourire narquois dans la voix.

Comme Alphonse, ils sont nombreux, les non-jeûneurs, à mener une vie de galérien pour trouver à manger par les temps qui courent en Guinée, pays à 90% musulman. Ici les gens sont ce qu’ils sont, pauvres et précarisés, mais l’observation du  jeûne du ramadan ne souffre d’aucun sabotage. Bars-cafés et gargotes ont les rideaux tirés, les boulangeries tournent au ralenti, ne servant du pain que la nuit. Et puisque chez nous le riz et le pain constituent l’aliment de base, bonjour la faim pour les malheureux non-jeûneurs.

Ces deniers sont constitués de malades, de personnes très âgées, d’enfants pas encore en âge de jeûner, certaines femmes enceinte ou nourrices et les non-musulmans. Une minorité laissée pour compte qui fait comme elle peut pour se nourrir durant les 29 ou 30 jours du mois; se contentant de l’eau, du pain sec ou bien de quelques fruits. Du menu fretin destiné à calmer leur fringale accentuée par une période de vaches maigres qui ne dit pas son nom.

Parmi ces non-jeûneurs, les malades, les personnes âgées et les jeunes enfants sont les plus touchés. Ils sont souvent oubliés par les jeûneurs plus préoccupés à préparer leurs propres repas du soir qu’à s’occuper d’autre chose. Du coup, ils se contentent d’un seul repas par jour, qui arrive souvent à la fin de la journée. Pour limiter les dégâts, certains, les non-musulmans, sont retournés à la cuisine.

C’est le cas d’Alphonse qui révèle avoir été obligé à jeûner une journée entière, faute d’avoir trouvé à manger.

Maintenant, je me suis acheté des pommes de terre et un peu de mayonnaise» soupire-t-il. Désormais, je me fais un petit plat et me barricade dans ma  chambre pour le manger.

Pour les autres, notamment les gosses des familles très modestes, c’est la résignation et les complaintes. Comme cette petite fille de 6-7 ans, que j’ai croisée l’autre jour en train de chanter pour elle-même :

Oh que la faim sévit ces temps-ci !

Tout est dit!


Mosquée Fayçal de Conakry, le vrai visage de l’indigence

Crédit photo: aminata.com
Crédit photo: aminata.com

[Mise à jour: cet article a été publié en aout 2012. Fin novembre 2013, les autorités ont lancé une opération de dégurepissement aux alentours de la Mosquée Fayçal en prélude à la tenue à Conakyr du somme de l’OCI.]

Fin de la prière du troisième vendredi du mois saint de ramadan 2012 à la mosquée Fayaçal de Conakry. L’immense esplanade de l’édifice est noire de monde qui se disperse dans un grand brouhaha.

Coincée entre les vendeurs à la criée qui battent le rappel des clients et la longue procession de véhicules rutilants des officiels, Aïssatou Diallo, 23 ans, – on lui donnerait 40 – fait la manche à grand renfort de lamentations. Assise à même le sol, sa main droite suspendue en l’air happe des billets de 500 francs guinéens, tandis qu’avec la gauche, elle tend un sein ratatiné à son bébé de quelques mois.

Elle implore la pitié, elle inspire la pitié.

Un peu plus loin, sous le regard bienveillant de leur frère Abdoulaye,  Rougui et Amizo, deux jumelles de huit ans, tiennent à bout de bras un plateau quasi-vide. Seuls quelques billets de 100 francs y sont jetés par les passants boudeurs.

En dépit de la coïncidence du vendredi et du mois de ramadan, tous deux saints, la générosité des fidèles musulmans à l’égard des indigents est timide. Une générosité qui se mesure à l’aune de la pauvreté qui frappe la majorité des Guinéens.

En effet, selon une récente étude rendue publique par l’Institut national de la statistique, 55% de la population guinéenne vit avec moins d’un dollar américain (6000 GNF) par jour, c’est-à-dire en dessous du seuil de pauvreté ! Les salaires sont maigres, les poches trouées. Mendicité ne fait plus recette.

Pour toucher du doigt la véracité de cette étude, il n’y pas meilleur endroit que les alentours de la Grande mosquée Fayçal de Conakry. Charriés par la misère extrême et la faim, des dizaines de gueux, pour la plupart infirmes, venus des quatre coins de la Guinée ont échoué-là, espérant trouver une âme charitable pour nourrir leur ventre vide. Certains comme Aïssatou Diallo viennent temporairement, le temps d’un vendredi, d’autres ont carrément élu domicile dans les parages (…).

C’est le cas de Daouda Yansané, 28 ans, qui traine une plaie purulente à la cheville droite. Venu de Kindia (135 km de Conakry) il y a deux mois pour rendre visite à son frère Fodé Camara, paraplégique, Daouda a fini par se sédentariser. Comme son frère, il squatte les fondations de la passerelle qui enjambe l’Autoroute Fidel Castro au niveau de la mosquée, dans un abri de fortune fait d’épaves de congélateurs et des restes de bâche. Sans eau, nitoilettes.

Pour faire leurs besoins, ces SDF sont obligés de traverser la cour de la mosquée pour rejoindre la forêt classée du cimetière de Cameroun, à environ un kilomètre de là. Mais ça, c’est pendant la journée. A la nuit tombée, chaque mètre carré à l’alentour du campement est une toilette par excellence. Résultat : une odeur âcre empeste l’atmosphère.

Avec parfois un revenu de 5.000 francs par jour, Daouda et Fodé mangent de façon aléatoire. Une à deux fois quand la journée a été bonne, rien dans le cas contraire. Dans de telles conditions, l’observation du ramadan c’est pour les autres. Daouda avoue ne pas jeûner.

Parmi la centaine de personnes qui squatte les lieux, dont des femmes enceintes, il y a aussi Fatoumata Camara. Une mère-poule de 40 ans qui vit dans un taudis avec ses huit poussins (filles et garçons) dont un seul va à l’école. Ce depuis deux ans ! Frappée de cécité, elle a fui son Forécariah natal, abandonnant son époux malade, pour se réfugier sous cette passerelle à la merci des intempéries. Certains jours, comme ce vendredi, la famille mange «trois fois comme en temps normal», sourit Fatoumata, enchantée, qui fait la comptabilité du jour, aidée de l’un de ses garçons. Elle a récolté 70.000 GNF depuis le matin. Une belle moisson, comparée aux jours ordinaires où c’est souvent le ventre vide, les moustiques et la pluie pour toute la nuit.

Comme Aïssatou Diallo, Fodé Camara et Daouda Yasané, Fatoumata Camara implore les autorités guinéennes pour lui trouver un abri plus décent et de quoi manger et nourrir sa marmaille. Tous espèrent ainsi, avec l’aide de Dieu, retrouver la santé, un minimum de protection et de dignité humaine. Leur appel étouffé par le bruit des véhicules qui roulent sous la passerelle sans s’arrêter sera-t-il entendu ?


Tourisme de proximité, dans mon quartier [Sangoyah]

Une vue de Sangoyah

Ce sont les vacances en Guinée. C’est surtout l’hivernage à Conakry. Période pendant laquelle la capitale guinéenne ressemble plus à Londres qu’à une ville du sud du Sahara. Ça flotte comme vache qui pisse, transformant les rigoles des quartiers en de véritables rivières urbaines. La fourniture du courant électrique reste soumise à la célèbre règle du «Tour-Tour». «Conakry électricité, c’est chacun son tour, comme chez le coiffeur». Vous connaissez la chanson. Merci Tiken Jah Fakoly.

Bref, pas l’endroit idéal pour passer les vacances les pieds secs sur du sable fin, se prélassant sous les rayons d’un soleil taquin. Rien à voir par ici, circulez. Les vacances à Conakry c’est surtout pour la famille et… les boites de nuit.

Et puisque c’est le Ramadan et que ces lieux sont momentanément désertés même par Satan, je vous convie à une ballade de proximité pour découvrir mon quartier Sangoyah. Pour ce, chaussez vos «Lammaye Parr» new look, version 2012 des fameuses «Lalla Yara», ces chaussures plastiques devenues une véritable légende dans les villages de Guinée où elles empruntent le nom de «Sögölö Kotthiou» (Diable de gravier) dans certains hameaux de la Région du Fouta. Des «tout terrain» qui se vendent comme de petits pains en ce moment.

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Que peut-on faire de Twitter entre Guinéens ?

Je rentre fraichement du Maroc. Un séjour de cinq jourspour participer au premier Forum de l’étudiant guinéen au Maroc auquel j’étais invité comme « jeune journaliste-blogueur guinéen». C’était du 29 juin au 1er juillet 2012 à Casablanca. Un évènement organisé sur le thème «La jeunesse face aux défis de la Guinée» qui a connu une forte participation des Guinéens de tous bords et qui s’est achevé sur une note de succès.

Je suis intervenu sur le thème «Eau, Energie et TIC en Guinée : Enjeux et perspectives». Juste une quinze de minutes d’intervention (on était plusieurs sur le même thème) pour livrer un témoignage : mon expérience laborieuse de blogueur dans un pays qui manque d’électricité et qui ne compte que 95.000 internautes, dont 42.000 utilisateurs de Facebook et moins de 10 comptes Twitter actifs !

Si j’ai été content de dénoncer cette situation devant nos dirigeants et pester contre certaines de leurs politiques rétrogrades consistant à rebâtir des Maisons des Jeunes dans les quartiers de Conakry où l’on taperait du tam-tam au lieu du clavier, j’ai été plutôt heureux de faire profiter mon expérience d’utilisateur du réseau de microblogging Twitter. A ce niveau, je mets la modestie en poche pour vous révéler qu’à l’heure actuelle je suis la seule personne physique tweetant régulièrement à partir de la Guinée à avoir près de 700 Followers (Abonnés) ! @witterlims

 

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Boubacar «Sanso» Barry, le handicap comme force

 

Boubacar "Sanso" Barry
Boubacar « Sanso » Barry

Il aurait pu faire comme ces nombreuses personnes physiquement diminuées qui squattent les principales artères encombrées de Conakry à tendre la sébile pour leur survie. Parce qu’on lui avait signifié qu’il n’était «pas évident», «pas possible» qu’il réussisse, que son destin était de devenir un «Karamoko», un marabout. Il aurait pu, comme ses pairs, accepter cette image stéréotypée selon laquelle le handicap est synonyme de «précarité», «d’indigence», donc «d’échec». Mais ça, c’est méconnaitre la détermination, l’opiniâtreté et la fougue de «Sanso», né Boubacar Barry il y a de cela 30 ans.

Sourire éclatant, les biceps musclés par les efforts de locomotion, il ne manque à ce garçon que deux jambes pour soulever des montagnes. Ses jambes à lui sont ramollies par une impitoyable poliomyélite qui l’a à jamais cloué au sol depuis l’âge de quatre ans. Ce qui n’empêche pas Boubacar «Sanso» Barry de rejoindre chaque matin, à bord de son tricycle motorisé, le bureau du site d’informations guineeconakry.info où il officie en tant que rédacteur depuis septembre 2010.

C’est que lorsqu’on est armé de la ferme volonté de réussir, lorsqu’on se fixe comme défi de «prouver qu’entre le handicap physique et l’échec social il n’y a pas de fatalité», on met toutes les chances de son côté. Et l’on fait fi de «cette conception dévalorisante, ces stéréotypes, ces préjugés et cette attitude figée du Guinéen» à l’égard des handicapés. Tout ce qui caractérise «Sanso», l’ainé d’une fratrie de six frères et sœurs, fils d’un modeste commerçant et d’une ménagère, échoués à Maferinyah (75 km de Conakry) voilà un quart de siècle, loin de leur Boulliwel (Mamou) natal.

Il manque, certes, des jambes à Boubacar Barry, mais pas d’admiration de la part des proches et amis que l’ont côtoyé et attribué, sans qu’il ne sache trop pourquoi, ce sobriquet de «Sanso», déformation de la prononciation du nom de Fernando Sancho (1916-1990). Un acteur espagnol de films westerns américains qui jouait souvent le crapuleux bandit mexicain, comme dans Django tire le premier (1967) ou encore Un pistolet pour Ringo (1965). Des films que «Sanso» n’a encore jamais visionnés.

A la place du colt de Fernando Sancho, Boubacar «Sanso» se sert, lui, d’un stylo pour analyser et décrypter l’actualité nationale et africaine sur son site, dont l’un des fondateurs n’est autre que Justin Morel Junior, l’éloquent ex-ministre de la communication du gouvernement Lansana Kouyaté (2007). Rencontre entre un communiquant chevronné et un aspirant journaliste passionné. Le résultat est une amitié soudée qui fait que le premier, par magnanimité, accueille le second sous son toit depuis juillet 2011. Il le «dépose» également au bureau, certaines fois. La pluie peut rouler des tonnerres désormais.

De ces amitiés cimentées dans la sincérité, Boubacar «Sanso» est un habitué. La convivialité du personnage y force.

Septembre 2000, faute de lycée à Maferinyah, le jeune homme débarque à Conakry, après sa réussite au Brevet d’Etudes du Premier Cycle (BEPC). Direction le quartier de Gbesssia où il se lie d’amitié avec Abdoulaye Diallo dont la famille l’adoptera et l’hébergera pendant 11 ans (septembre 2000-juillet 2011). Gratuitement. Puisqu’il est nécessiteux, mais surtout attachant.

Opiniâtre, convivial, attachant donc. Mais aussi doué. «Sanso » a du neurone. Il le prouve au compte du lycée Bonfi en 2002 au Baccalauréat première partie Sciences sociales, où il s’aligne deuxième de la République ! Un an plus tard, en 2003, il fait un peu moins en se classant 36ème de la République au Bac 2. Lauréat par deux fois, «Sanso» n’ira pourtant pas au Maroc comme les autres candidats «normaux». Handicapé et fils de pauvre, ça ne pardonne pas. Tu te fais «oublier», «parce que j’étais naïf peut-être », sourit-il.

Il se contentera, la mort dans l’âme, d’une inscription en sociologie à l’Université Gamal Abdel Nasser de Conakry après sa réussite au défunt Concours d’accès aux Institutions d’Enseignement Supérieur. Pas parce qu’il tenait à aller au Maroc, non, mais parce qu’il avait opté pour la filière Droit avant d’être orienté, malgré lui, en Sociologie. Orientation qu’il ne regrette pourtant pas aujourd’hui. «Si c’était à refaire, je le referais». Puisque celle-ci l’a mené vers sa passion : la communication et le journalisme.

Un métier qui lui permet de s’évader, de partager, mais aussi de se retrouver dans son élément, son passe-temps étant le débat, son modèle Nelson Mandela pour la capacité incomparable de l’ancien leader de l’ANC à pardonner. Une qualité dont il a besoin au quotidien dans une société où les gens dits « normaux » n’éprouvent majoritairement aucun égard pour les handicapés. Ni dans la recherche de l’emploi, encore moins dans les transports en commun. Puisque «pour les gens normaux, handicap est égal à l’aideur, ce qui n’attire pas toujours de la sympathie» analyse «Sanso»

Celui qui a soutenu un thème de mémoire de 60 pages, en compagnie d’un ami handicapé, Diané Ousmane, sur le thème «Handicapés et emplois en Guinée : cas des diplômés des Institutions d’Enseignement Supérieur de Conakry » en sait quelque chose. Cela lui a permis de comprendre que les «personnes normales illettrées ont une conception inconsciente, culturelle du handicap. Elles ne cherchent pas à comprendre notre quotidien, notre vie». Cette catégorie-là est pardonnable. Par contre, les personnes lettrées, l’Etat en premier, qui en sont suffisamment informées, sont inexcusables» s’insurge «Sanso».

De même que pour l’emploi et la mobilité, il est conscient que la vie sentimentale des handicapés est encore plus compliquée. Même s’il aspire à fonder une famille. Juste deux conditions qui ne sont pas encore réunies : trouver la personne compatible et le minimum de matériel pour vivre.

On l’a vu, Sanso est un battant, il y arrivera non ?


La malédiction du sac plastique

Ça y est, elle est là, la saison des pluies. Pas besoin de vous faire un dessin sur les grosses averses qui arrosent Conakry durant les 4 mois d’hivernage que nous connaissons. Et quand je dis averses, je ne parle pas de ces crachins au Sénégal qui provoquent pourtant régulièrement des inondations dans la banlieue de Dakar, déclenchant un vif émoi des Sénégalais qui se sahélisent jour après jour. Une seule de nos tornades, la moins puissante, réduirait leurs maisons en une boue torrentielle. Avec quatre mètres de pluie par an à Conakry est dans sa banlieue tentaculaire, ça ne rigole pas.

Notre capitale est donc habituée aux flottes déchainées. Tout comme aux montagnes d’immondices qui l’ensevelissent. La ville est si crade qu’elle se confond à une poubelle urbaine géante que même le commandant «Resco» Camara ne gouverne pas. Et quand la pluie tombe, il se passe un curieux phénomène de redistributions des ordures à la tête desquelles trône le fameux «forê sac» (sac plastique).

Le «forê sac» ! Le sac plastique est à la ville de Conakry, ce qu’est la hernie inguinale pour un homme : vilaine et gênante. Cette calamité pour l’environnement est aussi omniprésente dans notre capitale que les armées de mouches et de moustiques qui l’enserrent. La faune urbaine est complétée par les contingents de grenouille qui élisent domicile dans les flaques d’eau formant des chorales nocturnes pour rivaliser avec le raffut des chiens errants qui ont survécu au  plan génocidaire de l’ancien ministre de l’Élevage, Mouctar Diallo.

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Ces quartiers de Conakry où l’on ne crie pas «wéé té fa»

Quartier éclairé - Crédit photo: Alimou Sow
Quartier éclairé – Crédit photo: Alimou Sow

Ce soir-là, elle n’en revenait presque pas! Venue passer le weekend en famille, ma cousine était tout baba de voir nos gamins du quartier sautiller, gambader, taper des mains et pousser des stridents «wéé té fa» (youpi, la lumière) pour saluer l’arrivée de la fée électricité dans nos foyers. Tout aussi hébétée de constater, 10 minutes après, les visages qui s’empourprent et les quolibets qui fusent à l’endroit d’Electricité de Guinée (EDG) après le délestage. Ma cousine a perdu l’habitude du yo-yo de notre courant rebelle. Et nous, on était effarés de son étonnement!

Ma cousine a du bol. Elle habite Cimenterie, un quartier de la banlieue-est de Conakry qui abrite un centre émetteur et une usine (Ciments de Guinée) grâce auxquels le courant ne manque quasiment jamais dans le coin.

Elle se la raconte en nous expliquant qu’elle a toujours du lait frais, de l’eau glacée, du jus, des légumes et des fruits dans son frigo. Que sont ventilo est toujours sur «ON», qu’elle peut préparer une sauce pour 2-3 jours, repasser ses habits au fer électrique, chauffer de l’eau au thermoplongeur si ça lui chante. Elle explique, avec force détails, les séries et films qu’elle s’est tapés ou qu’elle peut mater à tout moment de la journée ou de la nuit. Bref, ma cousine nous prouve qu’elle a de la lumière, qu’elle baigne dans la lumière.

Un moment on se demandait si elle disait vrai, si elle vivait réellement à Conakry, tant son monde illuminé est féerique. Irréaliste à nos yeux.

Eh oui, en dépit de l’obscurité légendaire dans laquelle est plongée notre capitale Conakry à tout moment de l’année, ce depuis plus de 50 ans, il y a des quartiers bénis dans la banlieue. Des quartiers où les enfants de crient pas «wéé té fa» le soir ; cette rengaine qui célèbre le retour du courant dans les foyers un jour sur deux, un jour sur trois, quatre, cinq, etc. Ou une heure sur 48. Impossible de le prévoir. Ceux qui sont chargés du dispatching, ou plutôt les délestages, doivent avoir été des gamins qui ont raté leur vie à force de jouer au Nintindo ou à la Tetris. Tant ils aiment appuyer sur les boutons. Un moment, c’est «courant fa», un moment c’est «ä siga» par leur volonté.

A place des carrés qu’ils agençaient sur leur Game Boy d’enfance, c’est du matériel électroménager chèrement acquis que ces pyromanes EDGistes font péter à longueur de journée. S’ils ne s’amusent tout simplement pas à déclencher des incendies meurtriers à distance, comme dans Super Fireman!

Il existe donc à Conakry des quartiers ou des secteurs éclairés en permanence. Des rares coins qui, à la nuit tombée, se détachent et forment, à travers leurs villas cossues, des ilots de lumière dans notre océan d’obscurité. Cimenterie, Kipé, Bellevue, Dixinn-Landréyah, Kountiyah, Camp Alpha Yaya Diallo. Des endroits célèbres dont les habitants se plaisent à prononcer le nom avec emphase quand ils indiquent à quelqu’un où ils habitent. Récemment, un collègue m’a demandé dans un chat Facebook comment ça allait à Conakry. Je le supposais être à Dakar ou New-York avant qu’il ne me révèle qu’il vit à Kipé !

Cela m’a immédiatement rappelé ce spot publicitaire, devenu populaire, qui passait à la RTG comparant deux marques de tôle. Ça se terminait par la phrase : «vraiment, tôle c’est pas tôle». Vraiment, quartier c’est pas quartier !

Ici, l’on ne se réveille pas à 1H du mat’ pour brancher son téléphone. Ici,  il y a longtemps que la crise immobilière a explosé. Il faut être un «grand quelqu’un» pour loger dans ce «Tanga Nord» de Conakry, ville cruelle par ses extrêmes. Pas de classe moyenne dans la capitale guinéenne. Il y a d’un côté les extrêmement riches, snobes et peu nombreux, de l’autre les extrêmement pauvres, plus denses, affables et hypocrites.

Ces endroits sont en général favorisés par des installations qui requièrent une présence permanente du courant électrique (Cimenterie, Camp Alpha Diallo) ou accueillent un hôte de grande marque.  C’est le cas de Kipé qui avait l’honneur d’héberger le plus grand suzerain du royaume. Jusqu’à une nuit de fin juillet 2011, quand des soldats fêlés sont venus défoncer la hacienda présidentielle au lance-roquettes. Echaudée, Sa Majesté a fini par rejoindre le palais Sékoutouréyah, plus sûr, au cœur de Tanga Nord (Kaloum) où le courant ne coupe pas, ou rarement. Le prési parti, le jus est resté. Au grand bonheur des ex-voisins.

C’est ça aussi Conakry où le développement se fait par affinité ou par bon voisinage. Un bon matin ton voisin, simple Directeur, dont le groupe électrogène qu’il allume chaque soir t’empêche de dormir, est bombardé ministre ou ambassadeur. Quelques jours après, ton coin enclavé sent l’odeur du bitume. Avec un peu de chance, il fait disparaitre le refrain «wéé té fa» du répertoiremusical discordant des gamins de ton ghetto.


Conakry, une capitale au bord de l’AVC

Malgré quelques efforts pour améliorer les conditions de circulation, Conakry vit dans un état de crise permanent.

Prenez une bande de terre de 36 km de long sur 5 km de large. Placez-y 2,3 millions de personnes. Tracez deux axes principaux de circulation qui la traversent et se rejoignent à son extrémité, où sont concentrés les pôles d’attraction. Vous obtenez Conakry, la capitale guinéenne.

Théoriquement, circuler à Conakry est simple : le matin, tout le monde « descend » à Kaloum, le centre administratif et sa proche banlieue ; le soir, tout le monde prend le sens inverse. Mais dans la pratique, c’est un véritable casse-tête. Le réseau viaire se réduit à l’autoroute Fidel-Castro et à la route Le-Prince, qui épousent la forme linéaire de la ville. Toutes deux sont reliées par une douzaine de transversales, pour la plupart en mauvais état. Résultat : un engorgement permanent.

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Comment le « Thiep » de Marième m’a tué !

Comme une mouche sur un cadavre de trois jours d’un buveur de Bil-Bil, ce breuvage alcoolisé avec lequel les Camerounais se gargarisent après chaque repas, je rentre d’un séjour de 10 jours au Sénégal repu de «Thiep». Vous savez ce plat mythique de la gastronomie du pays de la Teranga (Hospitalité) que les Guinéens désignent sous les noms ronflants de «riz au gras» ou «riz-gras». En pays peul, on rencontre même les acceptions « Li-gras » ou « Guiri-gara » ! C’est selon qu’on est lettré ou analphabète inspiré.

Dix jours durant lesquels j’ai pu apprécier toute la saveur exquise du Thiep sénégalais.  L’original, l’authentique, le vrai Thiep. Celui de Marième, l’épouse de mon ami bienfaiteuTeur

Du Thiep version guinéenne, j’en avais mangé chez moi en Guinée à la maison, chez le voisin, au resto ou à l’occasion des cérémonies de baptême, de mariage, ou d’accueil de pèlerins qui rythment la vie de mes compatriotes. J’avais apprécié aussi le goût au citron du «Benna Tchin», version gambienne, à la faveur de mes multiples vacances au pays de Yayah Jammeh, The Big Man.

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Yayah n’est « Jammeh » photogénique !

Je l’ai échappé belle !  

Il a fallu de peu pour que j’apprécie le luxe de la prison ultra-sécurisée Mile 2 de Banjul dans laquelle croupissent de nombreux opposants et anciens compagnons du président gambien, son Excellence Docteur Alhagie Yayah Abdul-Azziz Jemus Junkung Jammeh alias The Big Man (excusez du peu).  Non pas parce que je sois un opposant à son régime, encore moins un ami, même ancien. Limite, je suis son beau-frère à cause de ma sœur Zeinab Suma (maroco-guinéenne), l’ex-première dame qu’il a fini par chasser au profit d’une autre liane tropicale du nom d’Alima Sallah.

Mais pourquoi donc je l’ai échappé belle? Parce que j’ai tout simplement osé photographier un portrait du président sur un panneau publicitaire !

C’était ce lundi 19 mars, à Bwiam une localité située à environ 100 km de Banjul la capitale où je me rendais. Profitant d’un arrêt de mon taxi à un check-point, je sors mon appareil photo pour fixer une image de Yayah Jammeh sur une pancarte, histoire d’enrichir ma banque d’images de blogueur. Rien d’insolite, la photo montre juste un Jammeh après la présidentielle de novembre 2011,  harnaché de son éternel boubou blanc, un coran à la main pavanant devant des femmes squelettiques auxquelles on fait dire dans la légende de la photo «Nous femmes gambiennes, aimerons le président Yayah Jammeh pour toujours».

Une de ces centaines de plaques à l’honneur du président qui  jalonnent la principale route du pays qui relie la capitale Banjul à la ville de Bassé à l’autre bout de cet intestin grêle qu’est la Gambie dans le ventre du Sénégal.

Mal m’en a pris. Trois policiers qui régulaient la circulation et deux agents de l’immigration ont fondu sur moi. Ils ont confisqué mon appareil photo avant de me conduire dans une espèce de taudis poussiéreux qui leur sert de quartier général.

«Pourquoi photographiez-vous Monsieur ? » m’interroge-t-on sans ménagement. J’explique que j’ai juste pris une image de la plaque montrant le président. L’un des policiers enchaine :

«Why do you snap du Big Man?» (Pourquoi tu photographies le Grand Homme). Je réponds, très poliment, que je ne savais pas qu’il était interdit de prendre en photo une photo du président. L’image prise est supprimée sur le champ. Ils inspectent l’appareil de fond en comble dans le but de voir si je n’ai pas d’autres photos similaires. Au moment où je croyais qu’ils allaient me lâcher enfin, surgit de nulle part un individu en tenue civile chaussé de simples repose-pieds. Un agent secret me révèlera-t-il plus tard. Il avait plutôt une gueule de milicien.  Il s’empare de ma carte d’identité guinéenne qu’on m’avait exigée, retire l’appareil photo et fonce dans une autre pièce. Quand je l’ai suivi, il a menacé: « nous allons t’enfermer à Mile 2, tu diras pourquoi tu photographies The Big Man ».

Je sens que  ça va se corser. J’explique alors que je suis journaliste, carte de presse à l’appui. Fallait pas. La fouille s’intensifie. Passeport, carte d’identité, carte de presse sont minutieusement épluchés et notés. Même ma carte de transport Passe Navigo de Paris que je trimballais est passée au peigne fin. Après m’avoir longuement interrogé, le milicien-agent secret passe un coup de fil à un supérieur à qui il explique qu’un journaliste guinéen a photographié The Big Man mais qu’ils ont noté mes références et supprimé l’image prise. « Que faut-il  faire maintenant ? » demande-t-il.

A cet instant, ma mémoire fait un flash-back sur l’assassinat en 2004 de Deyda Haydara directeur de The Point, de l’arrestation en 2006 de Chief Ebrima Manneh, journaliste au Daily Observer et du cas de nombreux autres défenseurs des droits de l’homme, journalistes, politiciens et militaires anciens compagnons de Jammeh portés disparus ou mis au vert. Je réalise que je suis en Gambie et que ça pourrait tourner au vinaigre.

Mon salut vient pourtant de ce coup de fil. L’agent me libère, apparemment sur ordre de son interlocuteur. Toutes mes affaires me sont restituées. Quand, après près d’une heure d’interrogatoire, je remonte dans le taxi, c’est le soulagement pour mes co-voyageurs qui avaient commencé sérieusement à se faire la bile pour moi.

C’est qu’il ne faut pas s’amuser avec Yayah Jammeh, le patron gambien dont l’image presque sacrée est omniprésente dans tout le pays. Depuis sa «réélection» en novembre dernier avec 72% des suffrages exprimés pour un quatrième mandat, on le voit partout sur des portraits géants le montrant en train de se recueillir sur un bout de chemin en campagne, ou en compagnie des jeunes gambiens désœuvrés et manipulés. Y en a un qui portait cette inscription : «Nous les jeunes, nous n’éliront pas uniquement le président Jammeh en 2011, mais nous mourront pour lui pour toujours ».

Lors de son investiture le 19 janvier dernier il a prévenu les Gambiens qu’il sera « plus dangereux »que durant ses 17 années passées au pouvoir.

Arrivé au pouvoir en 1994 suite au coup d’Etat qui a déposé l’ancien président Dauda Kairaba Jawara, ce militaire de l’ethnie minoritaire Joola est devenu un président fantasque régnant sans partage dans cette ancienne colonie britannique de 1,7 millions d’habitants. Ses discours à la GRTS, la télévision gambienne, sont de véritables sermons où il promet de libérer ou d’emprisonner qui il veut.

Yayah Jammeh à qui on prête des velléités royalistes depuis peu, a révélé aux Gambiens être un guérisseur du Sida. Il les nourrit désormais de biscuits vitaminés que son cortège distribue de Banjul, une capitale aux allures de champ de ruine, à Kanilai son village paradisiaque. Thank you Mister President.


Fötéta, ma foi !

On me l’avait pourtant dit, mais je n’y avais pas cru. A mon départ de Conakry pour Paris, quelqu’un m’avait discrètement soufflé qu’« une fois en Europe, tu seras obligé de tempérer ta ferveur religieuse ». Sa sentence me parut énigmatique, mais l’intéressé se borna à esquisser un sourire pudibond lorsque je lui demandai comment et pourquoi. En deux mois de séjour en France, j’ai largement pu vérifier la véracité de la confidence.

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Le Consul M’A TUER*!

Immergé dans le rythme de vie parisienne, un poil stressant, et victime du syndrome de la page blanche, je partage avec vous ce texte écrit après le refus de visa que m’a opposé le Consulat de l’ambassade de France à Conakry en aout. Je m’étais défendu de le publier à l’époque. Trois mois après, le voici déclassifié.

« Oh non, tu plaisantes » ! « Merde alors » ! « Incroyable, pourquoi ? » « C’est vraiment rageant »… Ah, qu’on peut en recevoir des réactions d’indignation des amis et des connaissances quand on se fait larguer pour un visa, même de court séjour !

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Lettre ouverte à Alpha Condé

Monsieur le Président,

J’avais pris sur moi la décision de n’aborder ici que des sujets sociaux avec humour et autodérision. Je le dis sous le contrôle des habitué(e)s de cette page. Mais, comme cet autre fouineur, depuis que j’ai fait cette découverte, objet de la présente lettre, ça me démange de vous en parler. Vous excuserez donc de cette digression…politico-diplomatique !

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RFI, cuisine interne

« Quand tu arrives à RFI, on te fait avaler une horloge » me souffle Laurent Sadoux. L’homme d’Afrique Midi à la voix caverneuse, « une voix qui me fait un terrible effet » de l’avis d’une fidèle auditrice de Guinée, esquisse un sourire victorieux en sortant du studio 158 de la Maison de la Radio. Trente minutes, montre en… tripes, pour annoncer la tombée de Bani-Walid aux mains des combattants du CNT, le ralliement à Ellen Sirleaf de Prince Johnson, le charcutier de Samul Doe, le procès de Malick Noël Seck, le « pourfendeur » de la candidature du « Vieux » Wade, etc. Le tout entrecoupé de jingles, courtes pauses et petites pubs dosées à la seconde près.

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Paris, RFI : pari réussi !

Bintou, d’origine burkinabée, est sans-papiers. Venue à Paris à la recherche d’une vie meilleure, elle est tombée sur un os. Pas de toit, pas de boulot, elle erre dans les rues de la ville au bord de la dépression. Pareil pour Shabat le Sénégalais, réduit à bidouiller de petits bracelets pour des touristes cassants… Les personnages de « Paris mon paradis » de la jeune cinéaste Burknabée, Eléonore Yaméogo, ont tous déchanté en émigrant à Mbengué (France) qu’ils prenaient pour un Paradis… Au lendemain de mon arrivée à Paris, je ne pouvais tomber sur mieux comme film! Le message est capté.

 


L’homme est un loup pour…l’animal !

web3u2free.com
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« Zen mon chat de 4 ans, s’est fait renversé [r] par une voiture hier après-midi. Le voisin nous a prévenu[s]. Je suis si malheureuse. Une partie de moi est partie avec lui. Je l’aimais tellement. Il me manque ». Ce commentaire de Céline posté sur chien.com laisse deviner  que la vie de Zen, son chat, était épanouie. En dépit du destin tragique qu’il a rencontré. Une existence pleine de tendresse et de câlins. Loin de la vie de chien que mène Dick, le chien galeux et mal-aimé qu’a voulu élever mon cousin. Lire la suite…


Le jargon des officiels guinéens

Depuis l’indépendance de la Guinée voici 54 ans, les officiels guinéens, à travers leur langage emblématique, ont écrit un véritable bréviaire d’expressions imagées. Extraits :

– Nous ne ménagerons aucun effort pour… : De Touré à Condé, cette expression a traversé les âges. C’est le leitmotiv de rares inaugurations d’édifices publics par les gouvernants, de remise de dons (encore plus rares, sauf en période électorale), de réception de doléances ou de lancement de programmes de développement foireux tous azimuts. Les ministres en sont les dépositaires agréés ; ils ne ménagent aucun effort pour sa perpétuation en maintenant le pays dans…l’ornièreLire la suite…


Les 10 commandements de la drague made in Conakry

La pratique de la drague à Conakry, comme partout ailleurs, obéit à des codes qui évoluent avec le temps. Voici 10 de ces codes tirés d’une petite enquête étoffée par mon expérience perso. A votre galanterie, prêt? Draguez!

  1. De la poésie, tu t’en passeras! C’est assez curieux de virer la poésie dans les relations amoureuses, mais y a bien longtemps que les meufs de notre capitale sont devenues imperméables aux : « je me noie dans le bleu des tes yeux » et autres « mon ange », style Roméo et Juliette. Tu peux mémoriser comme un disque dur toute l’œuvre de Shakespeare, tu risques de passer pour un minable rigolo en débitant vers et proses devant des minettes qui ont un cœur d’artichaut ! Elles préférent les entendre dans les chansons, les séries télé ou les lire dans un Harlequin.

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